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IUFM de Bourgogne, site de Dijon
La correspondance scolaire :
Pourquoi et comment mettre en place des projets dans sa classe ?
Mémoire professionnel Professeur des Ecoles
Aude QUEMENEUR
Mémoire effectué sous la direction de Mr Carrière
Année 2005 N° dossier : 04STA00297
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Pourquoi et comment mettre en place des projets de
correspondance scolaire ?
Introduction p 1
I. Correspondre, c’est « être en communication » p 2
1. Vers une définition de la communication p 2
2. La correspondance d’hier et d’aujourd’hui p 3
a. la correspondance n’est pas un fait nouveau p 3
b. dans les programmes de 2002 p 4
3. La correspondance à travers les disciplines p 6
a. dans le domaine de la langue p 6
b. dans les autres disciplines p 7
c. au niveau des compétences transversales p 7
4. Dans les nouvelles technologies p 8
a. L’évolution des politiques p 9
b. Ce que l’on fait dans les écoles p 10
c. Ce qui a changé dans la correspondance p 11
II. Correspondre, comment ? p 13
1. Qui ? Avec qui ? p 13
2. Quels moyens utilisés ? p 15
3. Proche ou lointaine ? p 19
III. Projet de correspondance p 22
1. Pédagogie de projet p 22
2. Projets mis en place p 22
a. projet en CM p 23
b. projet en CE1 p 25
c. Bilan p 27
Conclusion p 30
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Introduction
Initiée dans les années 1920 par Célestin Freinet, la Correspondance Scolaire a
rapidement connu un vif succès auprès des enseignants soucieux d’ouvrir leur classe
sur le monde. Dans une pédagogie active et participative, cette pratique a trouvé un
écho favorable dans toute la France et au delà. Elle a traversé le siècle et les
frontières, ce qui prouve la valeur de ses intentions pédagogiques et éducatives.
A l’ère des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, de
nouvelles formes de communication et d’échanges voient le jour en particulier par le
biais d’Internet. Si les canaux de communication, les supports, les contenus évoluent
et se diversifient, les finalités et les enjeux restent les mêmes.
Dans un premier temps, l’idée d’un mémoire sur la correspondance à travers
les TICE m’attirait. Puis, j’ai pris de plus en plus conscience que ceci était qu’un
moyen parmi d’autres de communiquer et qu’il ne permettait pas de concrétiser un
projet, de manière satisfaisante. Les enfants ne perçoivent pas de la même manière,
un mail ou un envoi postal. Je me suis donc intéressée à toutes les possibilités
qu’offraient la correspondance scolaire.
Qu’est ce que la correspondance scolaire ?
D’abord, correspondre c’est « être en communication ». La correspondance scolaire,
c’est communiquer avec d’autres à partir de sa classe. Une classe peut échanger avec
une autre classe, c’est le principe classique de la correspondance scolaire. D’autres
possibilités s’offrent aux écoliers.
Cela m’amène à m’interroger sur :
Pourquoi et comment mettre en place des projets de correspondance scolaire ?
Pour répondre à cette question, dans un premier temps, un regard sur l’introduction de cette
pratique à l’école et leur place dans les Instructions Officielles situera le contexte. Une
réflexion sur les différentes pratiques de la correspondance servira de bases à la mise en place
de projet dans les différents stages effectués cette année.
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I. Correspondre, c’est « être en communication »
1. Vers une définition de la communication
Le langage est au cœur des apprentissages dans les programmes de l’école
primaire. La communication est un outil au service de cet apprentissage.
A quoi sert le langage ? Tout d’abord et avant tout à communiquer. Dans le
milieu si médiatique dans lequel nous vivons (à l’heure des nouvelles technologies
de communication, de la parole libérée et du discours permanent), il est entendu que
le langage, est avant tout voué d'abord à la communication.
Communiquer, c’est « transmettre un message », écrit ou oral. Si nous
dialoguons à deux, nous communiquons à plusieurs. De cet échange, chacun tire, un
enrichissement, puisqu’il peut alors accéder à un point de vue différent du sien,
susceptible de l’étendre et de le compléter. Elle est aussi une relation affective. En
communiquant, on n’échange pas seulement des idées mais aussi des émotions et des
sentiments. Communiquer, c’est être ensemble, c’est être uni.
Cependant, qui dit communication, dit compréhension mutuelle. Le récepteur
(celui qui reçoit le message) doit être en mesure de comprendre les informations
données par l’émetteur (celui qui envoie le message). Ils doivent alors disposer d’une
langue commune pour comprendre et décoder le sens du message. Il faut un langage
capable de précision, de rigueur.
La langue est donc un outil qui permet aux gens d’entrer en rapport les uns
avec les autres, et ainsi de s’ouvrir aux domaines de l’autre.
Les multiples objets d’échanges sur lesquels s’appuie la correspondance
scolaire placent l’enfant en situation d’émetteur et de récepteur. Ainsi, il développe
des aptitudes à la communication grâce auxquelles l’acquisition et la maîtrise des
savoirs lui deviennent possibles.
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2. La correspondance scolaire d’hier et d’aujourd’hui
a. La correspondance n’est pas un fait nouveau.
Déjà, en 1924, Célestin Freinet utilise la correspondance interscolaire : sa
classe (Alpes Maritimes) correspond avec une autre classe, celle de René Daniel
(Finistère), échangeant des textes, des lettres individuelles et collectives, des
albums et autres productions de la classe.
Dans la circulaire du 13 juillet 1977, Mr Pinet, directeur général de la
Programmation et de la Coordination, pour le ministre, insiste sur l’intérêt des
échanges entre classes. Il insiste sur l’intérêt de mettre en place des échanges de
correspondance individuelle ou groupée et sur les possibilités offertes dans ce
domaine.
Dans les Instructions Officielles de 1995, il est indiqué que la correspondance
est un outil pour produire de l’écrit. «L'élève doit pouvoir communiquer et
s'exprimer dans des situations variées : (...) élaboration d'un journal,
correspondance.... ».
En janvier 2001 a été lancée l'ouverture d'une plate-forme de cyber-
correspondance à destination de l’enseignement primaire. Appliqué à la rentrée 2001
pour le cycle 3 (dans un premier temps) dans une dizaine d’Académies, cela permet
aux classes volontaires d’accéder à un site sécurisé pour entreprendre des
correspondances par mail, « chat » ou forum avec d’autres établissements européens
du réseau EUN. C’est un service destiné aux élèves en vue d’échanges et de travaux
coopératifs internationaux. Cette plate-forme de cyber-correspondance proposera
trois services principaux :
- Une aide à la recherche de correspondants ;
- Des outils de communication (courrier électronique, chat, forum) ;
- Des thèmes de travail coopératif pour les classes ou les élèves individuellement.
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Au niveau de l’Europe, dans le cadre de généralisation de l’enseignement des
langues étrangères dès l’école primaire, en 2003, une proposition de loi visant à
jumeler des écoles françaises avec au moins une école européenne, a été adoptée.
« Outre une connaissance plus approfondie des langues étrangères dont l’apprentissage sera
rendu plus motivant en trouvant une application immédiate et concrète, ces échanges entre
écoliers renforceront les liens qui unissent la France et ses partenaires européens. Tout en
apprenant à mieux appréhender la diversité des cultures qui constituent l’Europe, les écoliers
seront autant d’ambassadeurs de la langue française à l’étranger. L’institution d’un tel
jumelage permettra également aux élèves du cours primaire de mieux se familiariser avec
l’utilisation des nouvelles technologies de communication, et en premier lieu d’Internet, dont
ils se serviront pour correspondre. »
b. Dans les programmes de 2002
Dans les programmes de 2002, nous retrouvons cet outil, à tous les
niveaux, ainsi que dans tous les domaines.
- En maternelle, dans le domaine de la maîtrise de langue, les élèves doivent
apprendre à l’aide, par exemple, de la correspondance à évoquer des
évènements en leur absence. « La progressive maîtrise de la compréhension de ce
langage passe par des activités mettant en jeu des situations d'échange avec les
familles ("livre de vie"), de correspondance interscolaire, en particulier par le moyen
du courrier électronique (l'enseignant est dans ce cas le lecteur des messages reçus).
Elles peuvent aussi s'appuyer sur l'échange de cassettes, l'usage de la radio ou de la
vidéo... Les discussions sur la signification des énoncés entendus permettent des
interactions identiques à celles qui ont lieu lors d'activités de production. »
- Au cycle 2, dans le domaine du « vivre ensemble », il est stipulé que la
correspondance peut être un moyen à utiliser dans le cadre de s’ouvrir aux
autres et dépasser l’horizon de l’école. Ainsi, « Le programme du domaine
"Découvrir le monde" comme l'apprentissage de langues étrangères ou régionales et
l'éducation littéraire et artistique offrent les bases d'un élargissement des repères
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culturels, d'abord dans l'espace et, dans une moindre mesure, dans le temps. La
lecture de textes, l'observation d'images, le recours à la toile et à la correspondance
électronique permettent aux maîtres de montrer à la fois la richesse et la diversité des
cultures du monde et l'unité de l'humanité, conduisant à de premières formes de
solidarités qui dépassent l'horizon étroit du groupe. »
De même, dans l’enseignement des langues, afin d’aider les élèves non
seulement à découvrir des faits culturels, « L'élève découvre l'environnement
matériel et culturel d'enfants du même âge dans les pays ou régions concernés ; il
repère des traits significatifs des modes de vie (habitat, codes vestimentaires, habitudes
culinaires, célébrations de fêtes...) ou de la communication non verbale. Cet
apprentissage prend appui sur l'observation de documents audiovisuels authentiques,
sur des correspondances scolaires utilisant notamment les technologies d'information
et de communication, en respectant la priorité donnée aux réalités sonores par rapport
à l'écrit, ainsi que sur l'utilisation de cartes et de mappemondes pour situer dans
l'espace les pays ou régions concernées. », mais aussi afin qu’ils se familiarisent
avec la diversité des cultures et des langues, « Comparer des comportements non
verbaux, des habitudes culinaires, des codes vestimentaires et la célébration de fêtes
dans différents pays permet de prendre conscience progressivement de la relativité des
usages. Toutes ces activités sont menées de façon à encourager la recherche et la
participation personnelle des élèves…L'intervention ponctuelle de locuteurs de ces
langues est favorisée. »
- Au cycle 3, dans le domaine de l’éducation civique, les programmes
s’intéressent à l’intégration à l’Europe, à la découverte de la francophonie ou
encore à l’ouverture vers les autres. « Les enseignants font découvrir l'Europe et
développent la curiosité de leurs élèves sur les pays de l'Union européenne dans les
séquences de géographie et dans celles consacrées à l'apprentissage d'une langue
étrangère. Ils encouragent les contacts directs (par correspondance ou courrier
électronique) avec d'autres classes d'enfants européens. »
De plus, dans le domaine des TICE, il est là aussi fortement conseillé de
correspondre afin que les élèves, dans le cadre du B2I, utiliser la messagerie
électronique.
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Dans ces extraits des programmes, la correspondance scolaire est fortement
conseillée aux enseignants, dans leur classe. Elle est présentée essentiellement comme
un outil de communication et d’ouverture vers les autres. Si la correspondance
scolaire offre une réelle situation de communication et d’échange, elle permet aussi
de développer des compétences langagières et scripturales à travers les messages à
émettre ou à recevoir. De nombreuses situations d’échanges peuvent avoir lieu dans
les autres domaines à partir de diverses situations problèmes ou non à résoudre afin
de développer les savoir-être et les savoir-faire dans une vraie situation.
3. La correspondance à travers les disciplines
a. dans le domaine de la langue
La correspondance scolaire permet en premier lieu de développer les
compétences linguistiques car, avant toutes choses, dans cette réelle situation de
communication et d’information, les élèves émetteurs adressent un message oral
ou écrit à des récepteurs.
A l’oral, le premier devra faire un effort sur les plans phonologiques,
sémantiques, syntaxiques et morphologiques pour se faire comprendre par le
deuxième (via la cassette audio, vidéo, la web-cam…). Ainsi, l’information sera
reçue correctement.
De plus, l’envoi de messages va mettre la classe face à des moments de débats,
de discussion sur l’objet du ou des messages. « Que va-t-on pouvoir dire ou
écrire ? Comment ? »
L’écriture, comme le langage oral, est fondamental dans l’acte de
communication. Elle impose des savoir-faire et des techniques. Pour les élèves, il
va falloir s’entraîner à traduire le langage oral en langage écrit. La
correspondance scolaire permet un travail sur différents types de textes outre la
lettre pour demander un renseignement (au musée par exemple), les textes
descriptifs (décrire sa classe, …), narratifs (raconter une sortie, une visite),
prescriptifs (fiches de jeux, recette, ), portraits (se décrire), les textes scientifiques,
l’écriture poétique…
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La lecture aussi est fondamentale, d’une part à travers la lecture des messages
des correspondants, d’autre part en instaurant des défis lecture (travailler sur des
mêmes livres puis tester la compréhension à travers des jeux). Enfin, pour écrire
un message, les élèves vont s’appuyer sur des lectures, sur des recherches
effectuées.
b. dans les autres disciplines
Le français n’est pas la seule discipline travaillée dans le cadre de la
correspondance. Grâce à l’échange de messages, on fait de l’histoire, la géographie,
les maths, les sciences, les arts visuels…
En math, à partir du cycle 2, de nombreuses situations sont des occasions
d’apprentissage (notions de distance, poids, durée…). L’absence des interlocuteurs
motive les élèves et finalise davantage les activités numériques. Le nombre sera un
outil efficace pour transmettre des informations sur la quantité ou la position à
travers des devinettes par exemple. Au cycle 3, on pourra échanger des énoncés de
problèmes. Le message exigera une extrême rigueur du fait de l’éloignement.
Dans le domaine « découvrir le monde », les classes présenteront leur lieu de
vie, les élèves découvriront de nouveaux milieux, ainsi ils compareront si l’une des
écoles se situe en ville et l’autre en milieu rural. Le fait de présenter sa commune va
permettre aux élèves de prendre conscience des richesses du milieu qui l’entoure et
de comparer des milieux. Pour rentrer dans la culture d’une autre région, d’un autre
pays, les élèves étudieront le folklore, l’art, les vestiges du passé…
c. au niveau des compétences transversales
Outre les compétences disciplinaires déjà évoquées dans la partie précédente, la
correspondance scolaire développe des compétences transversales.
La connaissance du monde ne passe pas seulement par ses propres yeux mais
aussi par le regard de l’autre. La correspondance permet aux élèves d’être confrontés
aux différences de cultures régionales, familiales, sociales, …Par là, elle favorise
l’éducation à la citoyenneté.
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A travers l’exemple suivant, nous remarquerons comment la correspondance
peut amener les élèves à réfléchir sur leur comportement de citoyen. La classe de
CE2-CM de l’école-château de Bioule correspondait avec des norvégiens, lorsque ces
derniers leur envoyèrent ce message : « Nous ne voulons plus vous écrire parce que vous
êtes Français et que votre gouvernement fait des essais nucléaires. » Les enfants se sont
alors renseignés sur le sujet, via la protection de la nature et des animaux. Dans la
classe un élève a écrit un plaidoyer pour la protection des pigeons, un autre a raconté
une battue à laquelle il avait participé. Ils en ont conclu que ce n’était pas une raison
de ne plus se parler. Ils ont déduit la même chose en ce qui concernait leur
correspondance et ont écrit aux Norvégiens pour le leur en parler. Ceux-ci sont alors
revenus sur leur message et se sont excusés de leur attitudes.
Grâce à la technique de la correspondance scolaire, l’enseignant éduque l’élève à
sa faculté de décentration nécessaire pour prendre du recul face à son message.
Naturellement, les élèves ont des difficultés à se mettre à la place du récepteur. Ils
agissent comme si celui-ci avait les mêmes références et les mêmes points de vue
qu’eux. Selon Mme Oriol-Boyer, pédagogue, la séparation physique entre l’émetteur
et le récepteur permet à l’enfant d’être plus objectif vis à vis de son texte. Cela permet
de mieux appréhender la situation de communication qui peut être difficile à
percevoir dans l’abstrait.
En travaillant de cette manière, on peut renforcer la cohésion du groupe : l’enfant
travaille alors avec et pour les autres. Cela favorise alors le travail en équipe et
développe l’esprit de coopération.
4. et les nouvelles technologies ?
A l’ère des Nouvelles Technologies et de l’Information et de la
Communication, de nouvelles formes d’échanges voient le jour dans les écoles.
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a. L’évolution des politiques
Face à l’évolution grandissante des nouvelles technologies dans les foyers
l’ordinateur se devait de faire son entrée dans les écoles afin que tous aient accès à cet
outil et que chacun ait les mêmes chances.
Dans les années 70, la France est l’une des premières à utiliser l’informatique
dans les lycées, suivent ensuite les Etats-Unis et le Royaume-Uni qui mettent en
place des politiques d’équipement des écoles dans les années 80.
C’est par le Plan Informatique pour tous de 1985, que commence réellement
une véritable politique de développement d’informatique dans les écoles
élémentaires françaises. Dès lors, l’informatique fait partie du programme de
technologie en CM. Ce plan est un échec, le matériel n’étant pas adapté. Son
utilisation était souvent liés à l’EAO (enseignement assisté par ordinateur). Mais,
il a permis de sensibiliser certains enseignants à ces nouvelles techniques.
En 1991, la circulaire n°91-117 du 14 mai "Informatique et nouvelle politique
pour l'école", définit la place de l'informatique à l'école et précise son articulation
avec la nouvelle politique pour l'école (NPE).
En 1995, les nouvelles technologies sont inscrites dans les programmes
scolaires .
Le 25 août 1997, dans son discours à Hourtin, Lionel Jospin place l'éducation
au coeur du programme d'action gouvernementale pour l'entrée de la France dans
la société de l'information : "la bataille de l'intelligence commence à l'école".
En novembre 1997, Claude Allègre et Ségolène Royal définissent un plan de
développement des technologies de l'information et de la communication dans
l'enseignement : équiper et mettre en réseau 70 000 établissements, sensibiliser et
former l'ensemble des personnels, développer des pratiques pédagogiques
innovantes, soutenir la création de ressources pédagogiques multimédias.
Dans les nouveaux programmes de 2002, le dispositif de soutien au
multimédia éducatif est renforcé : les TICE sont mises au service de la maîtrise des
langages et des mathématiques, de la rénovation de l'enseignement des sciences et
des technologies et de l'enseignement des langues vivantes.
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De plus, est créé le "Brevet Informatique et Internet" (B2i), celui-ci devant
être généralisé à toutes les écoles d'ici 2003. Par cette mesure, les élèves doivent
acquérir une formation leur permettant une utilisation raisonnée des nouvelles
technologies, et notamment de l'Internet.
Il existe plusieurs niveaux au B2I. C’est le premier niveau qui nous intéresse à
l’école primaire.
Les compétences à développer sont organisées en cinq domaines :
1. maîtriser les bases de la technologie informatique (vocabulaire spécifique,
maîtrise des outils et commandes tel que le clavier, la souris, savoir utiliser
et faire la différence entre un fichier, un document, un fichier, un répertoire).
2. adopter une attitude citoyenne face aux informations véhiculées par les
outils informatiques.
3. produire, créer, modifier et exploiter un document à l'aide d'un logiciel de
traitement de texte.
4. Chercher, se documenter au moyen d'un produit multimédia (cédérom,
dévédérom, site Internet, base de données de la BCD ou du CDI).
5. Communiquer au moyen d'une messagerie électronique.
Le 14 mai 2003, Xavier Darcos, ministre délégué à l'enseignement scolaire,
présente une communication en Conseil des ministres dans laquelle il annonce dix
mesures pour relancer l'utilisation des TICE à l'école et contribuer ainsi à la
construction d'une "République numérique".
b. Ce que l’on en fait dans les écoles
Un des buts de l’école primaire est de permettre aux enfants d’être acteurs dans le
monde qui les entoure. C’est pourquoi les Tice ont été intégrés progressivement dans
les programmes de l’école.
Mais, si les ordinateurs ont fait leur entrée dans les écoles depuis quelques
années déjà, parfois quelque peu sous la contrainte, son utilisation actuelle reste
limitée et relativement peu exploitée.
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Cependant, depuis les années 90, ce phénomène commence à régresser grâce à
une augmentation des ressources et au développement d’Internet et des outils
multimédias.
Aujourd’hui, les nouvelles technologies sont essentiellement utilisées par les
enseignants pour gérer leurs cours, fabriquer des outils pour les élèves et parfois plus
rarement pour correspondre avec d’autres professeurs. Leur usage est favorisé par la
présence d’enseignants motivés et expérimentés, ainsi que de logiciels pédagogiques
de qualité ; l’organisation interne et le projet d’école ; l’accès à des réseaux
informatiques.
Mais il existe également des freins à cette utilisation, comme les sous-
équipement matériel ou une formation insuffisante des professeurs, les problèmes de
maintenance (absence de personne ressource) et enfin le manque d’intérêt porté par
les enseignants, certains restent fidèles à leurs méthodes traditionnelles.
c. Ce qui a changé dans la correspondance
Comment les nouvelles technologies ont-elles transformé la correspondance
scolaire ?
Les enjeux et les conséquences de celle-ci ont été transformés. Dans un
premier temps, il y a eu l’apparition de la télématique avec le minitel. Avec Internet,
on observe une continuité de cette correspondance télématique, avec quelques
différences. Continuité d’abord par l’intermédiaire du Minitel où il existait, et encore
aujourd’hui, des réseaux de classes. Avec Internet, les réseaux se sont développés. Il
semble plus facile pour les classes de s’engager dans des correspondances et la mise
à disposition leurs travaux effectués en classe y est très facile, en créant de pages web
ou des sites. Malgré les contraintes techniques de l’outil, les messages sont
généralement clairs et circulent facilement. Ainsi, des classes transplantées peuvent
communiquer avec leurs familles ou leur école.
L’essentiel des différences entre la télématique et Internet vient des outils
utilisés et de la conception de l’information. L’accès à l’information et le rapport au
document en sont fortement bouleversés.
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Par rapport à la correspondance écrite, les nouvelles technologies permettent
quelques avantages. D’abord, le temps de transmission des messages est réduits. Ces
échanges vont avoir des influences sur le travail à mener en classe. On peut alors
éviter l’ennui des élèves face à l’attente d’une réponse. L’intérêt de cette
correspondance est constaté sur les correspondances à distance longue
(internationale, lointaine). Ensuite, l’outil informatique peut faciliter non seulement
les envois, mais aussi, la mise en page des travaux (correction automatique, insertion
d’image…) quelque soit l’envoi par électronique ou traditionnel.
Malgré tout, il est nécessaire de mettre en place des apprentissages de
manipulation pour mieux appréhender la machine, ce qui peut rebuter plus d’un. Il
est aussi obligatoire de posséder un matériel informatique adapté.
La correspondance scolaire constitue donc un outil au service des
apprentissages du point vue scolaire et du point de vue social. Les programmes de
l’école y font d’ailleurs de plus en plus référence. L’introduction des nouvelles
technologies change peu les implications de cette expérience. Ils permettent surtout
d’accélérer et généraliser le travail en collaboration effectué de manière
traditionnelle.
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II. Correspondre, comment ?
La correspondance scolaire offre des conditions particulières. Les élèves vont
communiquer avec d’autres personnes qu’ils ne verront pas de sitôt et peut-être
jamais.
1. Qui ? Avec qui ?
Ce système d’échange peut se faire à tous les niveaux de l’école. Lors
d’échanges entre deux classes, chaque système à ses avantages et ses limites.
Plusieurs cas de figure peuvent se présenter :
- les niveaux sont les mêmes, on peut alors travailler sur les contenus
d’enseignement.
- les niveaux sont éloignés, la correspondance prend alors une autre forme d’échange
(ex : les élèves de primaire viennent lire aux maternelles). Il semble que les
différences d’âge soient riches au niveau de l’entraide entre les élèves.
Il ne se limite pas aux élèves de cycle II ou de cycle III, comme certains pourraient le
croire. Elle est tout à fait possible en maternelle.
En effet, même en maternelle de nombreux projets sont mis en place. Pour ne
pas que l’intérêt s’estompe, il est nécessaire de varier les activités ( on donne des
nouvelles, on raconte la vie de la classe, on raconte des histoires entendues ou
inventés, comptines, chansons, …). Dans ce cas, il est nécessaire que les deux classes
soit relativement proches pour que les élèves puissent se rencontrer une ou plusieurs
fois, dans l’année, afin de concrétiser le projet.
Nous n’aborderons pas ici les liens qui existent entre les enseignants via
Internet même si ces échanges existent et progressent, ils sont pour eux d’une
grande aide, comme les forums de discussion, les listes de diffusion et différents sites
Internet sur l’éducation ou sites d’écoles…
Nous étudierons essentiellement les différents types de correspondance
possibles pour une classe. Ils sont nombreux.
En premier lieu, lorsque l’on parle de correspondance, nous pensons à un
échange entre deux classes :
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- une relation de classe à classe où l’on envoie des courriers ou des documents
collectifs. Chaque groupe donne des informations sur des thèmes généraux :
l’école, la commune, la région, le pays, la culture, la religion. On y raconte
aussi le vécu de la classe, les activités, les évènements…
- une relation de classe à classe complétée par des relations individuelles entre
les élèves. En plus des contenus indiqués au dessus, chaque élève échange
avec son correspondant. Les courriers sont alors plus personnels (soi-même, sa
famille, sa maison, ses loisirs).
- Les deux classes communiquent sans jumelages d’élèves. Mais, chaque enfant
s’exprime sur les thèmes de la relation individuelle, mais les destinataires est
l’ensemble des élèves de la classe. Il semble intéressant lorsque la différence
d’effectifs est importante.
Certains pensent que la correspondance individuelle est très difficile à mettre en
place à cause de l’effort de structure, de cohérence, de durée et de continuité.
L’échange collectif permet de travailler sur des projets entre les deux classes. Les
deux enseignants sont les piliers sur lequel repose la correspondance scolaire, même
si avec l’habitude, les élèves peuvent devenir autonomes et se responsabiliser.
En second lieu, nous n’y pensons pas forcément, mais les élèves d’une classe
peuvent communiquer autrement.
Dans le cadre d’un projet, les élèves vont écrire à des personnes ou des
organismes pour avoir des renseignements. Par exemple, ils écriront au musée afin
d’avoir les horaires pour y aller. Ce n’est plus l’enseignant qui monte son projet seul,
il profite de le faire en classe pour que les élèves prennent part entièrement au projet.
Les élèves peuvent aussi correspondre avec une personne, à partir d’un projet
particulier, par exemple avec un écrivain, un poète, un explorateur, un aventurier…
- Une classe de Rodez a rencontré un auteur de littérature de jeunesse à la
maison du livre de Rodez. Les élèves ont ensuite correspondu avec lui. « Il
nous dit quand il va publier un livre, il nous envoie aussi des photos, on lui pose des
questions sur ses livres, sur l’écriture, l’illustration…Maintenant, on connaît ses
secrets d’auteur, comment il trouve ses idées… »
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- Une classe des environ de Brest, lors du Vendée Globe Challenge, course de
monocoque traversant l’Atlantique, communiquait avec le P.C. de course
d’un navigateur. Ainsi, les élèves ont travaillé sur la géographie, la météo,…,
ils ont pu suivre chaque jour la course. Ils étaient très motivés par ce projet.
Tous les jours, ils prenaient des nouvelles de leur « chouchou ».
- D’autres ont échangé avec un poète afin de mieux comprendre l’écriture.
(Annexe 1)
Lors d’un voyage transplanté, les élèves pourront communiquer avec l’école et
les parents, pour donner des nouvelles, comme un carnet de bord journalier par
exemple.
Ces projets de communication se sont développés depuis quelques années
grâce au développement d’Internet. Par ce biais de nouvelles formes de
correspondance ont vu le jour. Nous les verrons plus en détails plus bas.
2. Quels moyens utilisés ?
Dans la correspondance, les élèves sont émetteurs et récepteurs. Il faut profiter
de cette situation pour les initier à toutes les formes que peut prendre la
communication. Les possibilités sont nombreuses, les supports disponibles sont
divers. Il est important d’adapter l’outil à la situation, le moyen à la tranche d’âge
visée.
Traditionnellement, la correspondance se fait par courrier postal
essentiellement écrit. Si l’oral est direct, improvisé, spontané, le code écrit est au
contraire un langage lent, réfléchi, dense. Certes, les élèves ne maîtrisent pas
totalement le français, ils peuvent malgré tout se reprendre, se corriger, affiner les
textes avant de les expédier.
En fonction de l’évolution technologique, l’école a vu apparaître de nouveaux
supports. C’est alors l’occasion, d’initier les élèves aux différentes techniques de
l’information et de la communication, par exemple, en sciences, traiter le thème de la
lumière, découvrir la chambre noire et l’appareil photo ou en arts visuels procéder à
des lectures d’images et travailler sur les plans en photographie.
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- Par la cassette audio, on peut d’obtenir un message enregistré sur lequel on
peut raconter une histoire, dire des comptines, ou obtenir l’intégralité d’un
entretien. La classe peut ré-écouter ce message audio et en sélectionner des
passages. C’est intéressant dans les classes maternelles où l’écrit reste limité et
où le langage oral est une priorité.
- Par la cassette vidéo, les élèves peuvent faire un petit film présentant la classe,
l’école, la commune. C’est un moyen d’aborder les techniques de montages
audiovisuels sachant qu’avec l’apparition de caméra numérique la technique
c’est simplifiée.
- Les photos permettent de réaliser des panneaux ou des dossiers et d’y ajouter
des légendes (la chronologie d’une action).
- Le fax est un outil simple et rapide mais le message doit rester court. Il permet
cependant d’enrichir des activités, renvoyer immédiatement. Mais il peut être
surtout intéressant de l’utiliser pour des travaux comme la préparation de
voyage scolaire, pour des demandes de documentation.
- Le minitel était et est encore utilisé mais l’Internet a pris de plus en plus la
place de cet outil.
En effet, les nouvelles technologies (TICE) peuvent donner un nouvel élan à la
correspondance télématique. Les Instructions Officielles comme nous l’avons vu plus
haut nous invitent à utiliser ces nouvelles techniques dans les divers domaines
disciplinaires. Sur Internet, on trouve de plus en plus de sites d’écoles qui présentent
leurs travaux, leurs projets, … En donnant leurs adresses Internet, ces écoles
favorisent la correspondance interclasse. La communication quasi-immédiate
favorise les échanges. L’intérêt et la motivation chez les élèves en sont renforcés
Grâce au Web, une classe peut passer une annonce, consulter des listes de
demandeurs de correspondants sur des sites scolaires. Les activités de
correspondance trouvent un prolongement intéressant à travers la messagerie
électronique. Ainsi, après le travail écrit sur brouillon, les textes écrits à l’ordinateur
sont envoyés aux destinataires. Cela nécessite quelques séances de découverte de la
messagerie et de son utilisation, une des compétences exigée par le B2I.
19
Dans l’organisation d’un défi lecture ou mathématique, l’instantanéité permet une
résolution, une validation et une correction plus rapide, face à la lenteur des allers-
retours des lettres postales.
Le courrier email permet une communication plus facile avec des écrivains, des
aventuriers, ….
Au cours des années 90, le développement d'Internet a permis l'essor de la
communication synchrone (à temps réel) et l'émergence de nouveaux outils. Le
classique échange d'informations par courrier électronique s'est vu concurrencé
par de nombreux moyens de discuter en direct. L'ancêtre IRC (date de naissance :
1988) a été suivi par de nombreux systèmes accessibles via le Web (ICQ, MSN et
autre chat). Déjà, des systèmes, utilisant le son et l'image (visioconférence)
viennent rivaliser avec les outils purement textuels.
Voici quelques exemples utilisant la correspondance via Internet de
différentes façons :
Exemple de correspondance par « clavardage » :
Ainsi, sur Internet, on retrouve plusieurs projet de « clavardage », c’est à dire de
communication en direct.
Sur cette page :
http://www.csdm.qc.ca/stejarc/clavardage/jeanclaude/pourquoi.html,
les enseignants exposent leur projet de « clavardage » entre des classes françaises et
québécoises, leur but étant de favoriser la collaboration entre les enseignants et
développer les compétences en écriture chez les élèves. Ainsi, les élèves vont se
donner rendez-vous sur un site à une heure précise (attention au décalage horaire).
Les thèmes de ces discussions sont, généralement, établis par les enseignants (contes,
géographie…). Les élèves écrivent en faisant des fautes du fait de la rapidité des
échanges. Les enseignants utilisent donc « ces brouillons » pour les retravailler
ensuite en français. A la fin de ce projet les enseignants ont pu remarquer une
amélioration de « l'aisance dans l'écriture, les idées et les automatismes à écrire les
mots courants » et les élèves sont plus à l’aise face à l’écran et au clavier.
20
Voici un autre exemple de communication entre deux classes à partir de l’IRC :
Une classe vient de remporter l’un des trois premiers prix du concours
«Histoires croisées franco-québécoises ». Des équipes jumelées se sont inspirées de
l’arrivée des premiers colons français en Nouvelle-France et de leur vie quotidienne
pour écrire une histoire à plusieurs voix. L’IRC a constitué le support des
échanges sur Internet : choix du thème, mise au point du déroulement de l’histoire,
vérification de la véracité des données historiques, conception et réalisation du site.
L’équipe québécoise, qui donnait rendez-vous au saut du lit à l’équipe française
sortant de déjeuner, s’est étonnée que, sur dix élèves français, deux possédaient un
accès Internet à domicile, alors que chez eux les proportions étaient inversées.
Tous ont apprécié cet outil parce qu’il leur a permis de débattre immédiatement des
questions à régler, de disposer en cours de session des documents à échanger. Ils ont
eu l’impression de gagner du temps pour réaliser des documents aboutis, mais ils ont
aussi appris à mieux connaître leurs camarades lointains. Certains ont prolongé le
contact hors du cadre éducatif.
Enfin, un dernier exemple traitant de la discussion sur un forum :
Il est intéressant de montrer que des classes échangent ensemble sur des
forums tel que le projet « Nos différences nous rassemblent … » (annexe 2). Des
classes s’y sont inscrites, elles échangent, donnent leur avis sur des sujets divers ou
encore posent des questions à d’autres classes qui pourront peut être y répondre.
A propos d’un article écrit par Catherine Ganet, dans les Clés de l’Actualité
junior, sur le sujet des enfants à la guerre, Amina, en CE2, à l’école de Fayssac, a
réagi:
« Je suis contre le fait que les enfants participent aux conflits armés. Les 18 pays qui ont envoyé
des enfants à la guerre doivent aujourd’hui respecter les droits de l’enfant. Tous les enfants de la terre ont
droit de vivre ensemble tranquillement, de grandir en paix, d’aller à l’école, de jouer, d’être en bonne santé
et surtout de ne pas être maltraités. Il faut proposer aux pays de faire une réunion pour parler des droits de
l’enfant. Demander de construire des écoles et d’engager des enseignants, de faire protéger le pays en conflit
par des soldats adultes ou d’envoyer des organisations mondiales pour les aider. Les enfants ont des droits
:Les droits de l’enfant. Je crierai haut et fort que ces droits doivent être respectés dans les 18 pays qui
transforment des milliers d’enfants en combattants, en esclaves sexuels, en porteurs ou en espions drogués,
malheureux et sans avenir. »
21
A la suite, d’autres élèves ont donné leur avis.
Ainsi, ce forum donne non seulement du sens à l’écrit, en mettant en place des réelles
situations de communication, mais aussi en améliorant les compétences de la langue
écrite.
Dans le cadre d’une correspondance annuelle, on peut envisager un échange
de messages plus fréquent, via Internet, concernant la vie de la classe. Parallèlement,
une correspondance traditionnelle avec courriers et colis postaux garde son intérêt.
Les échanges sont plus concrets et moins virtuels grâce à des envois plus volumineux
tel que des posters, des affiches, des cassettes audio ou vidéo…
Enfin, la correspondance, utilisant les TICE, ne se limite pas à l’utilisation d’Internet.
Les élèves peuvent avoir besoin de logiciels pour mettre en page leurs différents
travaux. (exposés, comptes-rendus de visite, ….), mélangeant photos, textes, sons.
Pour les adeptes de l’outil informatique, la correspondance scolaire est un
moyen d’utiliser et maîtriser les nouvelles technologies.
3. Proche ou lointaine ?
Chaque correspondance, proche ou lointaine a son intérêt en fonction du
projet que l’on veut mettre en place dans sa classe.
La correspondance proche a son intérêt du fait de la possibilité de se
rencontrer physiquement. En maternelle, il semble nécessaire de mettre une telle
correspondance, pour ne pas que les enfants rencontrent une démotivation. La
dimension affective est très importante ici.
En général, celle-ci est choisie lorsque dans le projet, plusieurs rencontres sont
envisagées.
La correspondance intranationale est une correspondance entre deux classes
plus ou moins éloignées en France. Une rencontre peut-être possible en fonction
surtout des possibilités financières des écoles. Ce n’est pas toujours facile à mettre en
place un tel projet, mais la diversité régionale peut-être d’une grande richesse pour
les élèves.
22
La correspondance internationale peut-être de deux types ; d’une part la
correspondance entre une classe française et une classe « étrangère », d’autre part,
entre une classe de métropole et une classe des DOM-TOM, ou d’un pays
francophone. Dans le premier cas, il semble difficile de trouver des volontaires pour
correspondre avec certains pays comme en Angleterre, en Allemagne, en Irlande, en
Italie, en Espagne. Par contre d’autres pays francophones sont très demandeurs
comme l’Afrique noire et même la Roumanie. Cette correspondance se développe
surtout grâce à Internet, les rapports aux distances se transforment alors, la recherche
de correspondant est plus facile grâce aux différents sites proposés sur le net. Dans le
cadre où la correspondance a lieu entre deux classes de langue maternelle différente,
la langue peut être un facteur de blocage. Cependant, certains enseignants en
profitent pour travailler une langue étrangère avec leurs élèves. Souvent, les deux
classes apprennent la langue de l’autre classe, ils peuvent alors essayer d’écrire dans
leur langue pour recevoir dans l’autre langue. Dans ce cas, il est évidemment
nécessaire que les deux enseignants aient des connaissances dans leurs deux langues
pour mieux aider les élèves. Ici, la possibilité de découvrir un pays différents, avec sa
culture, ses coutumes, …, est très intéressante. Les cadres culturels peuvent être très
différents, communiquer peut gommer quelques à priori qu’ont les enfants sur le
pays. La correspondance scolaire élargit leur vision du monde et donc y intègre une
dimension interculturelle.
Dans le cadre d’une correspondance francophone, l’apprentissage du français
va avoir un rôle de « miroir ». Ainsi, avec une classe québécoise, le « vieux français »,
avec ses expressions spécifiques, utilisé par les élèves, va permettre une recherche
avec les élèves français. Par ailleurs, l’étude de son milieu lié à la géographie ou à
l’histoire va, grâce aux différences entre les pays, amener les enfants à prendre
conscience de leur environnement par comparaison avec celui des correspondants et
mener une réflexion sur chacun d’eux. Il est nécessaire que l’échange soit basé sur le
« principe de réciprocité »et « d’enrichissement mutuel ».
Les différences entre ces types de correspondance sont liées à l’organisation et
à son fonctionnement. Il s’avère être moins aisé de mettre en place une rencontre
entre les classes, lorsque la distance est importante. C’est son inconvénient.
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Lorsque dans un projet, des rencontres, en dehors des rencontres
virtuelles, peuvent avoir lieu, le décalage entre l’imaginaire et la réalité se réduit
nettement. C’est pour tous l’aboutissement du projet. La préparation d’une telle
rencontre relance la correspondance. C’est un des temps fort du projet. Les apports
pédagogiques y sont nombreux : préparation sous toutes ses formes, exploitations
pédagogiques, implications de tous.
Parfois, les élèves se retrouvent ensemble lors d’une visite commune, à travers un
projet commun (la visite d’un musée). La durée de cette rencontre peut varier d’une
journée à plusieurs jours, en fonction de l’âge des enfants, des projets, des possibilités
financières. Catherine, enseignante à Libourne, souligne pour en avoir fait
l’expérience, l’importance du voyage échange entre les classes, l’effervescence du
projet et la richesse des rencontres. Une rencontre peut avoir lieu soit pour démarrer,
soit pour finaliser le projet.
24
III. Projet de correspondance
1. Pédagogie de projet
La correspondance scolaire s’inscrit dans le cadre d’un projet.
Un projet est, selon A. Hougardy, S. Hubert & C. Petit, « une tâche, définie et
réalisée en groupe, impliquant une adhésion et une mobilisation de celui-ci parce qu’il résulte
d’une volonté collective basée sur des désirs, aboutissant à un résultat concret, matérialisable
et communicable et présentant une utilité par rapport à l’extérieur ».
Le projet, discuté et décidé par le groupe (enseignant et élèves), doit être mené à
terme de façon concrète. Il doit répondre aux désirs des membres de la classe afin
que chacun soit impliqué dans une dynamique de projet.
L’enseignant entre dans cette dynamique, pour différentes raisons : sortir du
quotidien, d’une certaine monotonie, volonté de se re-mobiliser, ouvrir sa classe vers
l’extérieur.
La correspondance scolaire est un moyen de répondre à cette volonté, c’est un
fil conducteur à différentes activités liées par un « grand » projet. Ici, il y a deux
enseignants en projet. Ensemble, ils doivent préparer une démarche pédagogique
afin de préciser leurs projets, leurs attentes, leurs stratégies pour une réussite du
projet.
Les enfants, par définition, ont un besoin inné de communiquer. Les rendre
acteurs dans leurs apprentissages, cela leur permet d’entrer dans une pédagogie de
projet. Ceci réconcilie les enfants avec les apprentissages (apprendre et
compréhension du savoir). L’idée d’échanger avec d’autres des informations est
motivante et met l’enfant en projet. L’affectif aura alors un rôle moteur dans l’acte
d’écrire.
2. Projets mis en place
Face à toutes les possibilités qu’offre la correspondance, j’ai souhaité lors de mes
stages, mettre en pratique des projets de correspondance cette année afin d’y étudier
les répercussions sur les apprentissages et sur la motivation des élèves impliqués.
25
L’analyse des séquences m’a permis d’entrevoir les conditions pour un bon
fonctionnement.
Comment mettre en place un projet de correspondance scolaire ? Le temps
d’une année ? Le temps d’un stage ?
Je pense qu’il aurait été intéressant de mettre en place un projet à l’année, afin de
pouvoir étudier à long terme les effets de la correspondance. Mais, ne connaissant
que peu d’enseignants, je n’ai pas eu l’occasion de mettre en place un tel projet. De
plus, n’ayant pas de classe à l’année, cela n’était pas possible.
Dans le cadre de mes stages en responsabilité, j’ai donc essayé de mettre en place des
projets de correspondance pour une durée de trois semaines, l’un au cycle III, l’autre
au cycle II.
a. Projet en CM2
Au mois de novembre et décembre, j’ai effectué un stage en cycle III (CM1-CM2),
dans une école rurale à Arcenant, près de Dijon, avec une classe de 27 élèves. Nous
avions un ordinateur à notre disposition dans la classe. Celui-ci pouvait être relié à
Internet mais la configuration n’avait pas été installée. Jusque là, les élèves
n’utilisaient que très peu l’ordinateur. Le maître l’utilisait particulièrement pour ces
travaux de direction d’école. Après avoir reconfiguré l’ordinateur, nous avons donc
créé une adresse Internet de la classe.
Avec un autre PE2, en stage dans une classe de CM1-CM2 de 17 élèves d’une
ZEP de Dijon, nous avions préparé un projet sur le portrait dans le domaine de la
langue et en Arts Visuels. Dans le premier domaine, l’objectif était d’écrire un
autoportrait et en arts visuels, de réaliser son portrait, sur une feuille A5. Les élèves
des deux classes devaient s’échanger les autoportraits (écrit et dessinés), ils devaient
ensuite retrouver les dessins à l’aide des portraits écrits. Comme les élèves des deux
classes habitent des milieux différents, nous pensions que chaque classe pouvait se
présenter leur quartier ou leur commune, afin de mieux connaître les élèves avec qui
ils correspondaient. Les différences des milieux de vie des élèves étaient porteuses et
enrichissantes pour le projet.
26
En trois semaines, la correspondance scolaire est de courte durée, aussi, il a fallu
se lancer rapidement dans la production. J’ai donc présenté le projet de
correspondance aux élèves. Certains connaissaient d’ailleurs le principe pour l’avoir
déjà pratiqué l’année précédente. Dans le cas d’un temps plus long, la gestion du
projet pourrait se faire par les élèves, intégrée dans les tâches quotidiennes. Mais ici,
il était convenu d’échanger les portraits au début de la deuxième semaine de stage.
Nous étions donc pressés par le temps.
En français, les élèves ont d’abord travaillé sur le champ lexical du portrait, les
caractères physiques, moraux… à partir de différents personnages. Puis, ils ont lu
plusieurs portraits. Ils ont alors noté les éléments propres à ce type de texte. Enfin, ils
ont commencé la phase d’écriture. Apres une phase de réécriture, aidée par une grille
d’évaluation, certains élèves ont transcrit leur texte à l’ordinateur.
Par ailleurs, en Arts visuels, après avoir observé plusieurs portraits d’artistes, et
s’être observés dans un miroir, ils se sont dessinés sur une feuille A5. Leur dessin
devait être cohérent par rapport à leur portrait écrit. Cela n’a pas toujours été facile
pour tous.
Une fois les travaux des correspondants reçus, les élèves se sont beaucoup plus
investis au projet et ont apprécié le jeu des portraits. Ce n’était d’ailleurs pas toujours
facile, car certains, écrit à la main, étaient difficiles à lire. Il y avait parfois des fautes.
D’autres n’étaient pas cohérents avec les portraits dessinés. Sur dix-sept portraits,
nous avons hésité pour trois. Les élèves se sont rendu compte de l’importance de
l’écriture pour le lecteur. Par ailleurs, certains, à travers leur écrit, ont délivré des
émotions plus intimes, qu’ils n’auraient sans doute pas écrit autrement « Je n’aime pas
sourire car je trouve qu’il n’est pas beau » ; « Je n’aime pas le travail en groupe car je
m’énerve vite »….
Ensemble, nous avons réfléchi sur comment présenter nos communes (puisque
nous étions dans un RPI ). Nous avons fait une liste des anecdotes à raconter et de
lieux intéressants à raconter. Chacun devait choisir un sujet puis écrire un court
paragraphe de quelques lignes. Le lendemain, tous avaient écrit quelques lignes,
beaucoup avaient une page. Certains s’étaient renseignés auprès de leurs parents et
grands parents, d’autres ont apporté à l’école : photos, articles de journaux. ..
Quelques uns avaient fait des recherches sur Internet à la maison. J’ai été très
27
agréablement étonnée de la richesse et la variétés de leurs observations. Ceux qui
n’avaient pas trouvé de documents étaient les plus déçus. Grâce à ces recherches,
nous avons pu envoyer plus d’informations à l’autre classe que ce qui était prévu
(annexe 5). En retour, nous n’en avons pas reçu autant de la « classe
correspondante » et les élèves semblaient un peu déçus. Si nous avions continué, je
pense que dans le courrier suivant, nous leur aurions demandé davantage de détails
sur leur quartier, voir sur l’histoire, la géographie de Dijon…
Lors de ce projet, nous avons essayé d’intégrer les Tice dans les apprentissages
d’abord en leur faisant taper leurs textes à l’ordinateur. Et ensuite, nous l’avons reçu
le dernier message, sur messagerie électronique. Pour cela, en classe, par petits
groupes, nous avons appris à envoyer et recevoir des messages électroniques. Nous
avons créé une adresse pour la classe. Les élèves ont envoyé des messages à leurs
parents pour certains, à leurs amis pour d’autres.
Ce projet m’a renforcé dans l’idée que la correspondance est un facteur
important de motivation chez les élèves. Je pense que ce qui les a intéressés, ici, c’est
de pouvoir communiquer avec d’autres enfants de leurs âges qui ont les mêmes
centres d’intérêt. Ecrire à une autre classe donne du sens à l’écrit, les élèves écrivent
pour être lus par d’autres, d’autres qu’ils connaissent déjà un peu à travers leurs
portraits, ça semble les motiver aussi dans ce projet. Mais celui-ci n’a duré que trois
semaines, il faudrait continuer sur la durée pour rendre compte des réels effets.
Certains pourraient dire que ce n’est ici qu’une émulsion au début du projet, et que
la motivation des élèves s’observe à plus long terme, peut-être auront-ils raison, mais
cette expérience reste pour moi positive de ce point de vue.
(Annexes 3, 4 et 5)
b. Projet en CE1
Lors du deuxième stage en responsabilité, je n’avais pas d’exigence par rapport
au niveau car j’aurais pu mettre en place un autre projet en maternelle comme au
cycle 2. Finalement, j’ai été affectée en CE1, à Saint Appolinaire dans la zone urbaine
de Dijon, dans une classe de 22 élèves. Nous avions à notre disposition cinq
28
ordinateurs qui n’étaient pas reliés à Internet. Nous avons donc mis en place une
correspondance de type traditionnel.
Avec une collègue PE2, en stage dans une classe de 27 élèves de CE1, dans le
centre de Dijon, nous avons donc mis en place un projet de trois semaines
essentiellement basé sur l’étude de la lettre. Les objectifs étaient d’amener l’enfant à
maîtriser la lecture et l’écriture d’une lettre, de reconnaître et de déduire sa structure
particulière.
Là encore, la durée de la correspondance étant courte, nous nous sommes
rapidement lancées dans le projet. Ici, les élèves n’avaient pas l’expérience d’une
précédente correspondance. Il a fallu mieux expliquer le projet. Certains enfants ne
comprenaient pas que nous allions écrire à une autre classe qui, elle, répondrait à nos
questions. Nous avions convenu que ma classe écrirait deux lettres et l’autre une
seule.
La première semaine de ce stage nous avons beaucoup travaillé autour de la
lettre en maîtrise du langage et de la langue écrite. D’abord, nous avons lu quelques
lettres que nous avons observées pour mieux comprendre le rôle de chacun lors
d’une correspondance, puis nous avons travaillé sur le vocabulaire particulier à ce
genre d’écrits : expéditeur, destinataire, timbre, affranchir, signer, déchiffrer,
rédiger… Nous avons ensuite découvert les différents indices que nous indique une
lettre. Ensemble, nous avons réfléchi à ce que l’on doit mettre dans ce type de texte.
Puis, les élèves se sont entraînés à écrire une lettre aux correspondants, en tenant
compte des contraintes propres qu’elle requiert. Enfin, nous avons échangé sur ce
que l’on pouvait écrire aux correspondants, les questions que l’on se posait à leur
égard, … Nous avons alors écrit une lettre collective et définitive. Sous la dictée des
enfants, j’écrivais sur une grande feuille. Certains l’ont recopiée au propre (annexe 6)
et tout le monde a signé. Nous sommes allés à la poste acheter un timbre. Les élèves
étaient très fiers de leur courrier. Tous les jours, ils attendaient la réponse, en
guettant le facteur. Nous avions convenu d’envoyer la première lettre à la fin de la
première semaine, leur réponse devait arriver au début de notre troisième semaine.
En fait, pris par le temps sans doute, nous avons reçu le courrier l’avant dernier jour
du stage. Les enfants étaient très heureux de recevoir une réponse, mais il nous
restait que très peu de temps pour écrire notre dernier courrier. L’exploitation de
29
cette lettre s’est faite rapidement. Nous l’avons lu ensemble. Nous avons répondu.
Dans la classe, les échanges ont été très intéressants. Nous avons dû relire plusieurs
fois la lettre pour mieux écrire la nôtre. Parfois, des débats se sont instaurés. Les
élèves se sont expliqués mutuellement pourquoi il était important d’écrire telle
phrase ou poser telle question et pas une autre. Certains ont pu donner des stratégies
d’écriture aux autres. Je pense que cela a été très constructif pour tous.
Globalement ce projet a été très positif, notamment en ce qui concerne les élèves
et leurs apprentissages. Il m’a permis de me rendre compte de l’importance des
échanges oraux dans la classe. Cela a aidé les élèves en difficulté face à l’écriture. La
motivation a été un facteur important, de tels débats auraient-ils eu lieu sans ce
moteur ?
Cependant, j’ai regretté que le courrier retour soit arrivé à la fin du stage car je
n’ai pas pu l’exploiter comme je l’avais pensé. Lorsque nous mettons un projet en
place, nous devons nous y tenir, non seulement pour les enfants mais aussi pour les
enseignants qui attendent. C’est là que l’on comprend l’importance de la
communication entre les enseignants eux mêmes afin que tous soient au courant de
la situation du problème d’où en est le projet. A plus long terme, ce délai
supplémentaire n’aurait sans doute pas eu de conséquence, mais à court terme, il me
semble impératif que le délai prévu soit respecté.
(Annexes 6, 7, 8)
3. Bilan
Au cours de ce travail, j’ai rencontré quelques difficultés. Tout d’abord au
niveau des formateurs, certains, à juste titre, s’interrogeaient sur la possibilité
d’envisager la mise en place d’un tel projet, lors de cette année de stage. En effet, ne
pas avoir pas de classe attitrée cette année semblait se révéler un handicap au niveau
de la mise en place pratique du projet. Les classes qui nous accueillent ont parfois des
impératifs. Dans les deux cas ci, les enseignants m’ont laissé la liberté de mettre en
place de tels projets. L’un était d’ailleurs très intéressé pour continuer la
correspondance. L’autre, ayant d’autres projets en cours, m’a laissé conclure ce projet
à la fin des trois semaines.
30
Lorsque, autour de moi, j’ai parlé, dans les écoles, de mes différents projets, je
me suis rendu compte que certains enseignants avaient certaines craintes. Quelques
uns n’osent pas s’investir dans la correspondance de peur de ne pouvoir gérer tout ce
qu’elle implique. En effet, ils jugent l’élaboration d’un tel projet trop contraignant au
niveau des temps de préparation, en dehors du temps de classe, et des échanges de
travail en classe avec les élèves. D’autres collègues sur le terrain ou des échanges sur
Internet, passent outre ces idées, car les échanges se révèlent être très enrichissants
pour les élèves. Certains d’entre eux ont plusieurs correspondances en même temps.
D’ailleurs, ils n’estiment pas que la préparation soit trop importante. J’imagine
qu’avec l’expérience, ce temps de préparation diminue.
En ce qui concerne leur mise en place, la préparation de mes projets (CM, CE1)
ne m’a pas posé de problèmes, la courte durée en est une des raisons. Par ailleurs, les
échanges avec mes collègues m’ont aidée. En effet, il me semble, avant tout,
indispensable d’établir et de définir un projet (fréquence, le fond, la forme, …) entre
enseignants, et de respecter celui-ci, d’avoir des contacts le plus souvent possible,
pour tenir au courant le partenaire de la progression des travaux, pour planifier et
coordonner le travail. Si le délai est trop long entre chaque échange, la motivation
chez les élèves va en pâtir.
Comme nous l’avons vu plus haut de nombreuses techniques sont à
disposition de la correspondance scolaire, mais elles peuvent rebuter plus d’un. En
effet, le manque de formation des enseignants qui va en s’améliorant, ainsi que les
problèmes de maintenance du matériel,…, sont une réalité à prendre en compte.
Plusieurs d’entre eux, souvent passionnés et motivés, outrepassent ces problèmes.
Sur Internet, de nombreux projets sont proposés aux classes ; d’autres, déjà réalisés,
sont exposés comme exemple. Tout ceci donne des idées. J’espère que je pourrais
m’en inspirer l’année prochaine avec ma classe. Certains pensent qu’il est
indispensable de compléter cet échange virtuel par d’autres modes de
communications plus concrets comme l’envoi de lettres, de colis, de vidéo … afin de
diversifier les moyens de communication utilisés par les élèves.
Je pense qu’il faut faire attention aux dérives liées au multimédia : les
processus de prises d’indices, ne sont pas les mêmes lorsqu’il s’agit d’image ou de
texte écrit. La communication par vidéo n’a pas les mêmes exigences qu’un message
31
parlé. Il est nécessaire de veiller à ne pas perdre de vue la précision de la langue.
L’objectif est d’éduquer aux divers modes de communication tout en conservant les
bases fondamentales du langage.
En ce qui concerne l’évaluation, je me suis posée la question de savoir
comment évaluer ces activités. En trois semaines, il me semblait impensable de
l’évaluer. Mais à plus long terme, il est nécessaire, comme toute activité entreprise au
sein de l’école : d’abord, du point de vue des TICE, évaluer les compétences requises
par le B2I, ce qui ne semble pas être une difficulté ; par contre, évaluer des
compétences dans d’autres domaines apparaît être plus laborieux car le
développement de ces compétences se fait sur une année. On peut néanmoins
essayer à chaque étape d’évaluer une compétence particulière, comme le pluriel, ou
le temps des verbes… En ce qui concerne les compétences transversales comme
l’autonomie ou la vie sociale, l’évaluation reste difficile à « quantifier », on peut
imaginer demander à l’enfant de remplir une auto-évaluation guidée par des
questions simples. En outre, afin d’évaluer non les compétences des enfants, mais la
portée de l’expérience, on établira soit un questionnaire, soit une fiche libre pour
chaque élève, sur lequel il écrira ce qu’il pense de la correspondance et de ce qu’elle
lui a apporté.
Ce mémoire, par les recherches et par la mise en place de projets, m’a permis
de mieux réfléchir sur le sujet. Cela m’a convaincue de l’intérêt de la participation
des classes, à tous niveaux, dans un tel projet. Les élèves sont motivés. Ils sont
acteurs dans le projet. Les activités proposées sont différentes que dans un
enseignement traditionnel. L’enfant est au centre d’une activité authentique de
communication.
32
Conclusion
� La correspondance est-elle un simple accessoire pédagogique supplémentaire
dans la classe ?
Manifestement non. Non seulement, cet outil est intégré à l’école dans les
programmes, en particulier ceux de 2002, mais c’est aussi un moyen d’expression et
de communication, un outil de médiation et de socialisation, qui dynamise les
apprentissages, et est vecteur d’une éducation interculturelle.���
Cette spécificité pédagogique s’est développée et s’est diversifiée grâce à
l’arrivée d’Internet dans les écoles. Les nouvelles technologies font disparaître les
contraintes spatiales et temporelles. Cependant, Internet n’est pas une fin en soi, la
correspondance dite « classique » (par courrier postal) semble indispensable pour
que les élèves puissent donner réellement du sens à l’échange.
Cette expérience, à travers ces recherches et ces projets, m’a permis d’entrevoir
l’ensemble des possibilités qu’offre cet outil, mais aussi d’en observer quelques
limites. Lors de mes stages, j’ai voulu mettre en place des situations authentiques de
communication. Cette expérience positive m’amènera à recommencer dans le futur
sur un plus long terme.
Il faut cependant veiller à ne pas tomber dans le piège du résultat à tout prix
mais impliquer les élèves de façon à les faire progresser dans certains domaines
(dans lesquels ils peuvent avoir individuellement des difficultés) et c’est en cela que
réside la pédagogie du projet.
Cette pratique permet, non seulement de développer des savoirs, mais aussi
de générer des attitudes : en particulier, une attitude d’ouverture sur le monde grâce
à un besoin inné de communiquer et une curiosité naturelle chez l’enfant.
Alors, face à tous les matraquages médiatiques, la correspondance est un moyen
pour l’école, dans sa fonction d’éducateur, de donner à l’enfant des stratégies pour
construire par lui-même, sa propre « identité culturelle ».
33
Bibliographie
Programmes de référence
- Ministère de l’Education Nationale, Qu’apprend-on à l’école élémentaire, CNDP,
2002
- Ministère de l’Education Nationale, Qu’apprend-on à l’école maternelle , CNDP,
2002
Revue
- AC-TICE, « TICE et évolution des situations éducatives », avril 2001
- JDI, « Expression électronique », n°6, février 2001
- Le nouvel éducateur, « La correspondance au pied de la lettre », n°162, Octobre
2004
- Les cahiers pédagogiques, « Des classes ouvertes sur le monde, un rêve ? »n°362,
mars 1998
Site Internet
- http://education.gouv.fr, site officiel du Ministère de l’Education Nationale
- http://www.ac-nancy-
metz.fr/ia54/ienbriey1/doc_peda/divers/La%20Correspondance%20au%20s
ervice%20des%20Projets.doc, document pédagogique sur la correspondance
- http://www.educnet.education.fr/tech/communiquer/asynchrone.htm, les
différentes techniques de communication sur Internet
- http://www2.ac-toulouse.fr/rer-vere-gresigne/differences/accueil.htm,
projet coopératif inter-écoles intégrant l’utilisation des TICE
- http://www.csdm.qc.ca/stejarc/clavardage/jeanclaude/pourquoi.html,
projet de lecture et d’écriture en réseau
- http://www.cslaval.qc.ca/prof-inet/index.asp, site de projets de
communication, de télécollaboration
34