Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

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Invitation à la culture Invitation à la culture Guide d’élaboration de projet à l’intention du personnel enseignant Ce document vous permettra de trouver des outils qui vous faciliteront la tâche et il vous aidera à bien com- prendre ce que nous attendons des projets soumis dans le cadre du Concours québécois en entrepreneuriat et de la Mesure de sensibilisation à l’entrepreneuriat. Il est une invitation à vous laisser imprégner par la culture entrepreneuriale et à découvrir la passion qu’elle peut susciter chez vos élèves. 17-3784

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Invitation à la culture

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Guided’élaborationde projet àl’intentiondu personnelenseignant

Ce document vous permettra de trouver des outils quivous faciliteront la tâche et il vous aidera à bien com-prendre ce que nous attendons des projets soumis dansle cadre du Concours québécois en entrepreneuriat etde la Mesure de sensibilisation à l’entrepreneuriat. Il estune invitation à vous laisser imprégner par la cultureentrepreneuriale et à découvrir la passion qu’elle peutsusciter chez vos élèves.

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Invitation à la culture

Guided’élaborationde projet àl’intentiondu personnelenseignant

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Responsable du projetGiuliana TessierDirection de la formationcontinue et du soutienMinistère de l’Éducation, duLoisir et du Sport

AuteurDenis PelletierConseiller d’orientationProfesseur titulaire à l’UniversitéLaval (1966-1996)Président fondateur deSeptembre éditeur

CoordonnatriceHélène Plourde

InfographisteNathalie Perreault

Révision linguistique etlecture d’épreuvesMarc Bosquart

ISBN 2-550-45893-1

Dans cet ouvrage, la forme masculineest employée. Ce choix vise à ne pasalourdir le texte et ne reflète aucuneintention discriminatoire.

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Le présent document a pu être réalisé grâce à un appui financier obtenu dansle cadre du plan d’action triennal du Défi de l’entrepreneuriat jeunesse. Il visenotamment à mieux outiller le personnel enseignant, afin qu’il soit en mesure deguider les élèves dans la concrétisation de projets à valeur entrepreneuriale,conformément au volet 1 du Concours québécois en entrepreneuriat (CQE) etde la Mesure de sensibilisation à l’entrepreneuriat (MSE), volet Entrepreneuriatétudiant.

Le guide que nous vous proposons a été adapté au contexte de la réforme ducurriculum. Il permettra au personnel enseignant d’aider les élèves à développerle goût d’entreprendre et à inscrire leurs projets d’entrepreneuriat étudiantau CQE ainsi qu’à obtenir du financement pour ces projets dans le cadre de laMSE. Il se veut donc une sensibilisation à l’entrepreneuriat et à la cultureentrepreneuriale. Il s’agit d’une réflexion pédagogique sur ces sujets dansle cadre du Programme de formation de l’école québécoise, de la formationprofessionnelle, de la formation collégiale, du CQE et de la MSE.

Ce document vous permettra de trouver des outils qui vous faciliteront la tâcheet il vous aidera à bien comprendre ce que nous attendons des projets soumisdans le cadre du Concours québécois en entrepreneuriat et de la Mesure desensibilisation à l’entrepreneuriat. Il est une invitation à vous laisser imprégnerpar la culture entrepreneuriale et à découvrir la passion qu’elle peut susciterchez vos élèves.

N.B. : Ce document est un complément au guide administratif de la Mesure de sensibilisation à l’entrepreneuriat quevous trouverez à l’adresse suivante : www.inforoutefpt.org/entrepreneuriat . Il ne vise donc pas à se substituer à cedernier, mais plutôt à alimenter davantage une réflexion déjà bien entamée, à savoir ce qu’est une culture entrepre-neuriale, comment on la développe et comment elle peut se concrétiser à travers les projets de nos jeunes.

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PRÉAMBULE

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Introduction

L’entrepreneuriat en tant que valeur éducativeVue d’ensemble

Chapitre 1Éveiller le goût d’entreprendre

Les qualités entrepreneuriales1. La confiance en soi2. La motivation3. L’effort4. Le sens des responsabilités5. L’initiative6. La persévérance7. La solidarité8. L’esprit d’équipe9. La débrouillardise10.La détermination

Tableau – Quelques fondements de la culture entrepreneuriale (ressources émotives)

Chapitre 2Le sens du projet

Le projet de nature pédagogique

Le projet entrepreneurial

Prémisses du projet et accompagnement pédagogique1. Le projet : son unité2. Le projet : sa singularité3. Le projet : sa complexité4. Le projet : ses opportunités

Se construire un projet : son élaboration - sa mise en œuvreI. L’élaboration du projetTest POP1. L’analyse de la situation2. L’esquisse d’un projet possible3. La stratégie entrevue

II. La mise en œuvre du projet4. La planification5. La gestion des écarts6. L’évaluation et ses indicateurs

TABLE DES MATIÈRES

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Un projet entrepreneurial réussi : critères de réussite

Tableau – Quelques fondements de la culture entrepreneuriale (ressources cognitives)

Les compétences transversales et leurs composantes

Chapitre 3La relation entrepreneuriale avec le milieu

La vision et la connaissance du marché

Mesure de sensibilisation à l’entrepreneuriat et ressources interactionnelles

Ressources interactionnelles et développement entrepreneurial

Comment et où se construit le capital interactionnelLe milieu familialLa mise en réseauLe milieu scolaire et le monde du travail

L’exercice du projet entrepreneurial

De l’expérience du collectif et du leadership

Tableau – Quelques fondements de la culture entrepreneuriale(ressources interactionnelles)

En guise de conclusion

Annexe 1Les diverses étapes et composantes d’un projet entrepreneurial(Le diadème perdu)

Annexe 2L’économique : la base de l’entrepreneurship

Annexe 3Un comportement éthique est une sage décision d’affaires

Bibliographie

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On sait que l’entrepreneuriat a été désigné, avec l’orientation, comme l’un des cinq domainesgénéraux de formation. Ces domaines généraux correspondent en quelque sorte aux grandesproblématiques auxquelles on souhaite que l’élève puisse faire face au terme de sa formation.

Dans le cas de l’entrepreneuriat, il s’agit, pour l’élève, d’actualiser son pouvoir d’agir et de menerà terme des projets susceptibles de créer de la valeur. Celle-ci peut être sociale, culturelle,humanitaire, mais, le plus souvent, elle est d’ordre économique. Elle contribue alors à l’en-richissement individuel et collectif. L’entrepreneuriat a ceci en commun avec l’orientation qu’iltente de répondre à la question de l’insertion des jeunes dans la société selon un mode pro-fessionnel qui qualifie et selon un mode entrepreneurial qui rend autonome. En ce sens, l’entre-preneur définit l’objet qui va déterminer son propre avenir. 1

L’entrepreneuriat fait désormais partie des intentions éducatives du système scolaire québécois.Il s’agit bel et bien d’une reconnaissance officielle de la place de la valeur entrepreneuriale dansle milieu scolaire.

Cela étant dit, la question se pose de savoir en quoi l’entrepreneuriat constitue une valeuréducative. Certes, on connaît les raisons socio-politiques qui ont poussé à l’introduire dans leprogramme de formation : recrutement d’une relève entrepreneuriale dans un contexte de déficitdémographique, création d’emplois et maintien de la main-d’oeuvre dans les différentes régions,meilleure adaptabilité à la nouvelle économie, employabilité accrue (des qualités entrepre-neuriales sont exigées dans les grandes organisations), plus grande flexibilité au regard de lamondialisation des marchés et, surtout, moyen important de prospérité pour tous.

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INTRODUCTION

1. Selon la belle expression de Louis Jacques Filion (1999).

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Mais au-delà de la pertinence économique, par ailleurs non négligeable, il importe de savoircomment l’entrepreneuriat rejoint les préoccupations de l’enseignant. Autrement dit, la valeurentrepreneuriale est-elle imposée par l’extérieur ou appartient-elle à une logique inhérente à lapratique pédagogique elle-même ou aux finalités mêmes de la mission éducative? Dans les deuxcas, la réponse est affirmative.

L’entrepreneuriat en tant que valeur éducative

Une distinction s’impose. On peut définir globalement l’entrepreneuriat comme une fonction deproduction novatrice dans la sphère économique, qui entraîne la création d’entreprises et lamobilisation de ressources matérielles, financières et humaines. En ce sens, il ne peut être quela voie choisie par un petit nombre de personnes dans la société. Ainsi, il existe des formationsspécifiques dans ce domaine, où l’on apprend à élaborer un plan d’affaires et à lancer une entre-prise. Des ateliers d’éducation économique peuvent aussi former des entrepreneurs potentielsaux principes de base de la gestion.

Des activités organisées à l’école – comme la création d’une entreprise-étudiante ou d’unemicro-entreprise dans le domaine environnemental ou la mise en place de clubs d’entrepre-neurs – peuvent constituer des voies intéressantes pour un certain nombre de jeunes qui sesentent particulièrement concernés par un projet pour ainsi dire identitaire en rapport avecl’entrepreneuriat. Des écoles peuvent en outre en faire leur projet principal et s’instituer en« écoles-entreprises ». Ce sont des formules qui vont au-delà de la sensibilisation.

On peut définir aussi l’entrepreneuriat comme un ensemble de qualités et d’attitudes qu’onassocie habituellement à l’esprit d’entreprise. Quand on fait abstraction de l’entrepreneuriatspécifique (c’est-à-dire de ses aspects matériels et concrets) pour ne considérer que la pro-pension à entreprendre, il est clair que celle-ci, avec les caractéristiques qui l’accompagnent etavec les conditions qui en permettent l’émergence, constitue une culture dont la valeur péda-gogique n’échappe à personne et à laquelle il est éminemment souhaitable de permettre l’accèsdu plus grand nombre.

La culture entrepreneuriale serait en effet constituée de qualités et d’attitudes exprimant lavolonté d’entreprendre et de s’engager pleinement dans ce que l’on veut faire et mener à terme :autonomie, créativité, esprit d’initiative, confiance en soi, leadership, esprit d’équipe, sens del’effort, responsabilité, solidarité, persévérance. On pourrait donc considérer comme éducativeet propice au développement entrepreneurial toute activité pédagogique individuelle oucollective favorisant leur mise à contribution.

Il se trouve que l’esprit d’entreprendre, avec la culture qui l’accompagne, s’accorde aussi d’unemanière exemplaire avec les grandes visées du programme de formation et tout particulièrementavec le pouvoir d’action. Le Programme de formation de l’école québécoise, enseignementsecondaire, premier cycle (approuvé en 2004), présente, dans son premier chapitre, les troisgrandes visées de formation. Comme il apparaît dans la représentation ci-après, les interventionséducatives devraient tendre à favoriser chez l’élève une organisation évolutive et constructive desa vision du monde, de son identité et de son pouvoir d’action. Cela correspond globalement,dans l’ordre, à trois fonctions : connaître, choisir et agir. Il en résulte une dynamique qui est celledu développement des compétences, qu’elles soient disciplinaires, identitaires ou adaptatives, etqui mène à la réussite.

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Ces trois visées expriment toutes, chacune à sa façon, la valeur que notre époque accorde àl’autonomie et l’exigence d’autonomie que notre société impose aux élèves. Mesure-t-on ladistance qui nous sépare du temps où la conformité aux normes et l’obéissance à l’autoritéfaisaient de l’école un lieu d’instruction et d’enseignement magistral? La transformation n’est pasencore terminée, mais elle est tout de même largement « entreprise ».

L’idée de développer le pouvoir d’action desélèves implique que les apprentissages puis-sent se réaliser dans la perspective que laconnaissance devienne compétence. L’espritd’entreprise serait à la fois objet de formationet moyen pédagogique de motiver les élèves.

Ainsi, la culture entrepreneuriale serait toutà fait compatible avec le pouvoir d’actioncomme visée éducative et avec les pratiquespédagogiques où prévalent la participation, lacoopération et l’apprentissage par projet.

Telles sont en effet les caractéristiques del’esprit d’entreprise. Selon Paul Inchauspé(2004) :

« Pour cultiver le goût d’entreprendre, l’école doit développer chez l’élève le désir de son accom-plissement personnel, le désir de s’engager et celui d’assumer des responsabilités, le goût de laliberté, l’acceptation de l’effort, le désir de réussir et le courage de persévérer, le sens du travailen équipe et l’esprit de coopération (coopérer, c’est faire le travail avec d’autres).

Ce n’est pas là un petit programme! Mais ne pensez-vous pas que ces valeurs qui sous-tendentles attitudes qui sont à la base de l’esprit d’entreprise ne soient aussi les valeurs qu’une école,dans la logique même de sa mission qui est d’éduquer, c’est-à-dire de faire grandir et d’élever,devrait, chez les élèves et dès leur jeune âge, valoriser autant, sinon plus, que celle du respect?Et ne pensez-vous pas que cela est peut-être aussi important, sinon plus important, que d’in-culquer aux élèves et aux étudiants à la fin de leurs études, à la veille de leur entrée dans la vieprofessionnelle, le désir de créer leur entreprise et que de leur donner l’information nécessairepour le faire? »

C’est aussi le défi que se donne le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport en appuyant eten encourageant l’entrepreneuriat jeunesse au moyen de sa Mesure de sensibilisation àl’entrepreneuriat (MSE).

Constructiond’une visiondu monde

Structurationde

l’identité

Développementdu pouvoird’action

É L È V E

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Vue d’ensemble

Avant de nous engager dans l’exploration du territoire entrepreneurial, il serait bon d’en décou-vrir la « topographie » et d’indiquer le parcours que nous entendons suivre.

L’entrepreneuriat – ou, plus exactement, l’esprit d’entreprise – consiste essentiellement en unevolonté d’agir pour créer du changement, de la nouveauté, pour fixer des buts et réaliser desprojets. Défini en ces termes, il est clair que l’esprit d’entreprise ne peut faire autrement que demobiliser beaucoup de ressources personnelles.

Il mobilise en fait trois types de ressources : les ressources émotives, les ressources cognitiveset les ressources interactionnelles. 2

A) Les ressources émotives

Elles sont pour ainsi dire le moteur de l’action. L’esprit d’entreprise trouve en elles sa motivationpremière et son commencement. Quelles sont les valeurs, les qualités, les attitudes qui poussentainsi à l’action entrepreneuriale? Comment en vient-on à s’engager passionnément dans ce quel’on fait, à fournir une telle énergie et à faire preuve d’une telle capacité de travail? Quels sontles apprentissages et les expériences qui mènent à la confiance en soi et au besoin constant deréussir toujours davantage?

La compréhension de la dynamique sous-jacente au goût d’entreprendre nous fournit la possi-bilité d’agir pédagogiquement sur la réussite scolaire des élèves et sur l’intégration de la cultureentrepreneuriale dans la vie de l’école. Tout cela fait l’objet du premier chapitre.

B) Les ressources cognitives

C’est par elles qu’il est possible de concevoir l’action. En effet, toute action qui est non pasactivité de routine ou habitude mais invention, toute action qui veut faire advenir quelque chosequi n’existe pas encore ou apporte de la nouveauté à ce qui existe, bref toute action d’envergurefait appel à la créativité et nécessite du temps pour être accomplie.

Les ressources cognitives mobilisées dans l’art d’entreprendre servent à penser l’action, àdonner forme à l’avenir par l’élaboration et la mise en oeuvre d’un projet. La culture entrepre-neuriale est une « culture du projet ». Mais de quoi est constitué spécifiquement un projet denature entrepreneuriale? Comment se construit un tel projet et quel en est l’accompagnementpédagogique approprié? Qu’est-ce qu’un projet réussi et quelle évaluation peut-on en faire quisoit en même temps une appropriation méthodologique et une réflexion sur le pouvoir d’agir?

L’exercice que constitue un projet se révèle être le lieu par excellence pour mobiliser lescompétences transversales 3. C’est ce qui fait l’objet du second chapitre intitulé : « Le sens duprojet ».

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2. Le champ de l’entrepreneuriat foisonne d’études et de recherches, mais il demeure assez peu structuré. L’auteure Isabelle Danjou(2004) fait exception et explique l’entrepreneuriat par la mobilisation de ces trois types de ressources.

3. Voir le Programme de formation de l’école québécoise.

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C) Les ressources interactionnelles

L’esprit d’entreprise comporte aussi des aspects pratiques et matériels. On ne peut rien entre-prendre seul, avec uniquement l’énergie tirée de sa motivation, avec uniquement l’intelligence desa vision et de son projet. Le passage à l’acte implique une action concrète et la mobilisation desressources du milieu, particulièrement des ressources humaines, c’est-à-dire de ceux et cellesqui vont adhérer au projet et en devenir solidairement responsables.

L’expérience entrepreneuriale fait donc appel à la capacité de l’entrepreneur potentiel à se lieravec d’autres personnes dans un contexte de coopération et de leadership, d’imagination et depragmatisme. Puisque toutes les qualités ne peuvent se retrouver chez une même personne, ilpourra être amené à conclure des alliances ou à sceller des partenariats, à faire appel à descompétences et à se trouver des atouts complémentaires, que ce soit en matière de développe-ment, de gestion ou d’efficience organisationnelle.

L’acte d’entreprendre et de réaliser s’applique à quelque chose dans un milieu donné. Ilsuppose donc des connaissances, un savoir-faire, l’expérience d’un produit et d’un marché.Cela signifie réseautage, apprentissage de terrain, insertion dans la culture du milieu. Lesressources interactionnelles comportent la capacité de se lier aux autres et celle de mobiliser lemilieu au profit du projet à réaliser. D’où vient ce pouvoir d’action? D’une forme de personnalitédite « entrepreneuriale »? Et s’il venait plutôt du fait d’entretenir, avec l’environnement, unerelation spécifique qu’on pourrait qualifier d’entrepreneuriale, l’environnement étant considérécomme une source d’information, d’apprentissage, d’influence, de parrainage, de soutienmatériel, financier et humain? L’environnement perçu comme un lieu de ressources, l’écoleperçue comme un milieu exemplaire, tout cela fait l’objet du troisième chapitre.

La conclusion permettra, pour sa part, de répartir les visées de la culture entrepreneuriale entreles trois ordres d’enseignement en gardant l’ordre de présentation des ressources : émotives,cognitives, interactionnelles.

La distinction des trois sortes de ressources répond à un besoin de clarté et d’ordre, mais il nefaut jamais perdre de vue que distinction ne signifie pas séparation, mais plutôt emboîtement et,par conséquent, complexité de plus en plus grande.

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Quant à l’entrepreneur, tout ce qu’il peuten dire, c’est qu’il faut travailler fort pourréussir, mais il ne sait rien de l’énergie qui leporte. Il est une personne d’action et cetteexplication lui suffit puisque les résultatsqu’il obtient lui donnent raison. Même unéchec ne fait que le ralentir, avant de le diri-ger vers d’autres voies plus propices, letemps qu’il reprenne confiance en lui.

L’expérience entrepreneuriale mérite doncqu’on s’y intéresse pour elle-même. Pour toutdire, elle contient une grande valeur péda-

gogique, et il n’y a rien d’étonnant à ce qu’ellesoit associée à la mission éducative du Pro-gramme de formation de l’école québécoise,tout comme elle représente un avantage pourla réussite des études au collégial et favo-rise le cheminement de carrière. L’esprit quipousse à entreprendre, pour pouvoir êtreobjet et contexte de formation, doit livrer sanature essentielle et révéler sa dynamique.

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L’idée d’entreprendre s’appuie sur un état d’esprit, sur une attitudequi dispose à l’action et pousse à poursuivre des buts d’unemanière efficace et déterminée. Même si la notion paraît plutôtvague, l’état dynamique auquel elle renvoie constitue un phéno-mène que des chercheurs ont réussi à circonscrire. Ainsi, le champd’études qu’on appelle entrepreneuriat révèle des éléments d’une

grande valeur pédagogique et nous informe sur ce qui pousse quelqu’un àvouloir réussir et à s’accomplir.

Éveiller le goûtd’entreprendre

CHAPITRE 1RESSOURCES ÉMOTIVES

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La première génération de chercheurs quise sont penchés sur l’entrepreneuriat s’estappliquée à faire le portrait de l’entrepreneur.On croyait à l’époque que le goût d’entre-prendre avait quelque chose d’inné, qu’onl’avait « dans le sang » et qu’on en saisirait lavéritable nature si on connaissait les traitscommuns à l’ensemble des entrepreneurs.

Le professeur 1 et chercheur (1997) LouisJacques Filion a dressé une liste assezexhaustive de ces traits communs. On lestrouve dans le tableau suivant.

Caractéristiques le plus souvent trou-vées chez les entrepreneurs par les spé-cialistes du comportement

• Novateurs• Leaders• Capables de prendre des risques modérés• Indépendants• Créateurs• Énergiques• Persévérants• Originaux• Optimistes• Orientés vers les résultats• Flexibles• Débrouillards

• Besoin de réalisation• Internalité• Confiance en soi• Implication à long terme• Initiative• Apprentissage• Utilisation des ressources• Agressivité• Sensibilité envers les autres• Tendance à faire confiance• Argent comme mesure de performance• Tolérance à l’ambiguïté et à l’incertitude

L’impression que cela donne : plus on tenterad’établir avec précision le profil entrepre-neurial, plus grand sera le nombre de carac-téristiques identifiées. Chacun peut fairel’exercice d’y trouver un fil conducteur. Le

chercheur, non sans un certain amusement,nous fera comprendre que ces traits résul-tent sans doute de l’activité entrepreneurialeelle-même : un entrepreneur qui veut survivredans le contexte de la concurrence n’a pasd’autre choix que d’être créatif et novateur. Etquiconque met en jeu son capital va faire tousles efforts nécessaires pour sauver la mise eten sortir gagnant. Ce n’est pas le gène de lapersévérance qui fait décupler la capacité detravail de l’entrepreneur, mais l’enjeu per-sonnel et financier auquel il doit faire face. Iln’est pas victime de la situation : il l’a voulue.Par contre, l’adversité le met en état de sedépasser, ce qu’il ne déteste pas du tout.

Une publication récente (Rabbior, G., 1997,traduction 2005) de la Fondation canadienned’éducation économique contient une no-menclature similaire des qualités entrepre-neuriales :

Les qualités

• Le désir d’entreprendre• La conviction que l’on est capable d’in-fluencer ou de modifier le cours d’une vie

• La confiance en soi• La certitude que l’on saura se tirer de laplupart des situations

• Un certain amour de soi• La certitude que l’on pourra atteindre sesobjectifs

• Une bonne dose de connaissance de soi• L’enthousiasme et l’optimisme• La volonté d’agir• Le désir de prendre des initiatives• Un grand sens des responsabilités• La persévérance• L’intérêt pour le changement• Une forte motivation – Le désir de réussir• Une grande capacité de travail• Le désir d’entreprendre• Une prédisposition à apprendre plus• Le désir d’acquérir les connaissances per-tinentes

CHAPITRE 114

1. Titulaire de la Chaire d’entrepreneuriat Rogers-Bombardier, àl’École des HEC de Montréal.

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ÉVEILLER LE GOÛT D’ENTREPRENDRE 15

• Le désir d’acquérir l’expérience nécessaire• La capacité de mettre à profit les connais-sances et l’expérience

• Le fait d’être axé sur les objectifs• La créativité• Le fait de penser aux débouchés• L’acceptation des risques

En un sens, on ne peut pas dire, de tous cestraits, s’il est pertinent de les mentionner ounon. Mais c’est assurément trop pour uneseule personne! Cela agrandit le portrait plusque nature. Même s’il peut correspondre àquelques grands personnages du monde desaffaires, évoquer ceux-ci rendrait la notiond’entrepreneuriat presque mythique, voirehéroïque, alors que l’objectif poursuivi estsimplement de comprendre ce qu’est la cul-ture entrepreneuriale et la richesse éducativequ’on peut y trouver.

Ainsi, depuis près d’une décennie, le Con-cours québécois en entrepreneuriat a choiside faire apprécier les valeurs et les qualitésentrepreneuriales, non pas à travers la réus-site des autres, mais plutôt à travers celle desélèves eux-mêmes. Ce concours et la Mesurede sensibilisation à l’entrepreneuriat (MSE)suggèrent de concevoir et de réaliser desprojets qui, de par leur nature même, favori-seraient l’émergence des valeurs et des qua-lités entrepreneuriales chez les jeunes.

Ont été retenues les valeurs suivantes : lacréativité, la solidarité, le sens des responsa-bilités, l’autonomie, la confiance en soi, l’es-prit d’équipe, le leadership et la ténacité. Cesvaleurs sont définissables par les attitudes etles comportements qui les expriment.

Le nombre de valeurs retenues traduit le soucid’offrir des repères simples et clairs, compa-tibles avec les objectifs que poursuit l’école.En fait, le personnel enseignant ne peut êtreen désaccord avec aucun des traits proposés,mais il pourrait être enclin à les comprendreseulement dans la perspective éducative quiest la sienne. En d’autres mots, ces repères nedevraient-ils pas se voir attribuer un statut

spécifiquement entrepreneurial, de manière àce qu’on puisse les utiliser pleinement pouramener les jeunes de tous les ordres d’en-seignement à concevoir des projets?

Ces traits ont toujours leur pertinence, mais lemoment est venu de poser la question qui de-vrait nous faire aller plus loin : y a-t-il un lienentre toutes ces caractéristiques, un fil con-ducteur qui nous les ferait comprendre dansleur unité et leur cohérence sous-jacentes?Qu’ont donc en commun ces traits et fac-teurs qu’on dit communs aux entrepreneurs?Qu’est-ce qui les fait « tenir ensemble »?

Si nous parvenons à répondre à cette ques-tion, nous aurons accès à un des fondementsde la culture entrepreneuriale. Une premièrechose est évidente : à y regarder de près,toutes ces attitudes et tous ces comporte-ments sont nécessaires pour atteindre lesbuts que l’on poursuit. Voyons donc ce quecela donne si nous redéfinissons les termesdans la perspective que ces attitudes et com-portements servent à atteindre des buts. 2

1. Confiance en soi : se sentir capable defaire quelque chose

2. Motivation : vouloir faire quelque chose3. Effort : se disposer à travailler fort4. Responsabilité : faire ce qui doit être fait5. Initiative : passer à l’action6. Persévérance : terminer ce qui a été

commencé7. Solidarité : collaborer en vue d’un but

commun8. Esprit d’équipe : créer avec d’autres en

synergie d’action9. Débrouillardise : recourir à ses connais-

sances et à ses habiletés pour faire faceà l’imprévu

10. Détermination : se concentrer sur un butqu’on s’est fixé

2. Adapté de Dorothy Rich. Career Mega Skills, Sundistar inc.,New Orleans, 1999. La créativité, le leadership et le sens del’organisation ne sont pas inclus dans la liste, car ce sont descompétences plus que des qualités ou des attitudes.

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Au fond, les qualités et les attitudes entre-preneuriales sont celles qui rendent l’actionefficace, le terme action devant être entendunon pas dans un sens technique ou spécialisé,mais dans un sens personnel, comme la ca-pacité d’une personne à atteindre les butsqu’elle poursuit. Cela veut dire que toute per-sonne devrait apprendre ou avoir appriscomment il faut se disposer émotivementpour pouvoir atteindre ses buts. C’est en sorteune disposition fondamentale, une « attitudesouche » qui rend quelqu’un capable et con-fiant d’obtenir ce qu’il veut dans la vie.

C’est pourquoi des interventions pédago-giques en ce sens pourraient contribuer d’unefaçon significative à la culture entrepreneu-riale. Entreprendre consisterait à mener uneaction efficace en rapport avec des buts àatteindre individuellement ou collectivement.Comme l’efficacité de l’action dépend desressources émotives de la personne, c’estdonc parce qu’il y a volonté et déterminationqu’il y a réussite.

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Mais d’où vient cette motivation intense, d’oùvient cette exigence personnelle dans lapoursuite des buts à atteindre? En fait, legoût d’entreprendre viendrait du besoin deréussir et celui-ci se signalerait pas les mani-festations suivantes :– la capacité de faire des efforts intenses,prolongés, répétés, pour accomplir quel-que chose de difficile;

– la capacité de travailler dans une intentionspécifique et de tendre vers un but élevéqu’on veut atteindre.

C’est le chercheur J.W. Atkinson (1993) qui acompris que ce besoin de réussir créait latendance à entreprendre pour pouvoir éprou-ver le plaisir lié à la réussite.

Le plaisir en question provient, pour unebonne part, du fait d’avoir été capable desurmonter des difficultés. Celles-ci repré-sentent un défi qui mobilise les ressources

personnelles et qui procure, s’il est relevéavec bonheur, une intense satisfaction. Lesétudes de l’auteur ont porté précisément surles activités que choisit une personne quiéprouve le besoin de réussir. Ce besoin inci-terait en effet à opter pour des activités dedifficulté moyenne ou raisonnable (par oppo-sition aux activités très faciles ou très diffi-ciles à réaliser). Il obéirait également à unerègle d’ajustement en fonction du niveaud’aspiration : s’attaquer à une tâche plusfacile après un échec ou s’attaquer à unetâche plus difficile après une réussite.

Ainsi, grâce à cette forme de régulation de laréussite, les personnes qui ont l’esprit d’en-treprise savent maintenir et accroître leursentiment d’efficacité personnelle. Le besoinde réussite serait, par ailleurs, sans rapportavec la peur de l’échec qui, elle, inciterait àne rien entreprendre et même à ne pas sedonner de buts. Ici apparaissent plus évi-dents les liens entre le pouvoir d’agir et lastructuration de l’identité.

Pour que la personne éprouve le plaisir de laréussite, il faut deux autres conditions queYann Forner (1987, 2005) a su bien identifier :

A. La personne doit s’accorder le mérite durésultat et, pour cela, elle doit savoir qu’ily a un rapport étroit entre son activité et saréussite. Elle doit pouvoir constater quele but n’a pas été atteint par hasard, parchance ou pour une autre raison en dehorsde son contrôle. C’est ce que l’on nomme(Rotter, 1966) le « locus de contrôle in-terne ». Règle générale : si l’on croit en sonpouvoir d’agir, on peut vouloir augmenterson rendement par plus d’effort, par l’amé-lioration de sa manière de faire ou parl’acquisition de nouvelles connaissances etcompétences, même en demandant del’aide si nécessaire, l’important étant d’êtrela cause de l’effet souhaité, d’avoir laconviction de pouvoir surmonter lesobstacles. Cela nous amène à la deuxièmecondition.

CHAPITRE 116

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ÉVEILLER LE GOÛT D’ENTREPRENDRE 17

B. La personne qui entreprend doit en effetinscrire son action dans la durée puisqu’undélai est nécessaire avant qu’un but soitatteint. C’est grâce à la perspective tempo-relle, à l’idée du futur, que le présent peutêtre orienté dans une séquence efficace,dans un enchaînement moyen-fin, avec ceque cela suppose de persévérance et degratification différée, car la récompensepeut parfois être lointaine.

Quant à savoir à quel point un élève peuts’approprier le besoin de réussir, YannForner (2005) conclut ainsi :

Susciter la motivation à la réussite chezles élèves – et, au-delà, chez toute per-sonne en formation – pourrait per-mettre une telle intériorisation, maisavec des ressorts plus affectifs et moti-vationnels. La recherche du plaisir asso-cié à la réussite incite à l’action parcequ’à court terme elle permet de ressen-tir un agréable sentiment de fierté etparce qu’à plus long terme les accumu-lations de réussites développent l’es-time de soi, à deux conditions que nousavons rappelées : s’attribuer au moinspartiellement la cause de la réussite etagir dans une perspective temporelle.

Nous sommes donc en mesurede comprendre ce qui suscite legoût d’entreprendre. Il provientdes expériences de réussite vé-cues par l’élève – réussite tout àfait particulière, puisqu’elle sup-pose un certain degré de diffi-culté qui procure un plaisird’accomplissement et un senti-ment d’efficacité personnelle.Comme le plaisir dépend d’uncertain niveau de difficulté, leplaisir d’une première réussitene peut se renouveler que parune autre de plus grande inten-sité. De cette manière, l’équi-libre ou l’adéquation idéale entre défis etcompétences évolue constamment vers des

plateaux nouveaux. C’est ainsi que la person-ne qui s’accomplit par ses réalisations estmue par un processus autonome, la personneautonome se donnant continuellement denouveaux buts à elle-même, en gardant lamême énergie et la même disposition à entre-prendre. On dit de ces personnes qu’ellessont passionnées.

Ce constat rend évident qu’un des objectifs àpoursuivre doit être celui-ci : faire en sorteque l’élève puisse vivre des expériences deréussite, en le sensibilisant aux conditionspour qu’une action soit efficace, aux attitudeset principes d’action leur correspondant etaussi aux émotions agréables que suscite lefait d’atteindre les buts fixés.

Deci et Ryan (1987) ont pu vérifier que lamotivation augmente avec le sentiment decompétence. Autrement dit : qui peut veut.La conviction d’avoir en soi les ressourcesnécessaires fait oser davantage et donne legoût d’entreprendre.

Trop souvent dans le monde de l’éducation,nous avons supposé que la motivation semesurait uniquement par le niveau d’intérêtde l’élève. Mais l’intérêt ne garantit pas quel’élève va faire preuve de la détermination

souhaitée. En isolant le facteurintelligence, on a pu démontrerque c’est plutôt la motivationqui est en corrélation avec laperformance. L’intérêt conduitau choix, mais non à la réus-site. Cela se vérifie sur le plandes résultats scolaires, maisaussi, selon Yann Forner, demanière générale, c’est-à-direbien au-delà du domaine del’éducation, notamment dans ledomaine de l’insertion profes-sionnelle.

On pourrait avancer que le dé-veloppement de l’action entre-

preneuriale et de l’esprit d’entreprise, au lieud’être suscité par l’intérêt, l’est davantage par

Trop souventdans le mondede l’éducation,nous avons

supposé que lamotivation semesurait

uniquement parle niveaud’intérêt del’élève.

Page 19: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

le défi et le besoin de dépassement (compéti-tion avec soi-même) pour les raisons que l’onsait (accomplissement et sentiment accru deses compétences).

En fait, la perception de l’efficacité person-nelle se trouve à l’origine du goût d’entre-prendre. Cette perception, selon la théorie deBandura (1977), inclut la confiance en sapropre capacité à faire les efforts, à mobiliserses ressources cognitives et à accomplir lesactions nécessaires pour répondre aux exi-gences d’une situation.

Or, toujours selon cette théorie, « la percep-tion d’efficacité personnelle s’acquiert par lebiais des expériences personnelles, maisaussi par l’exemple donné par autrui : l’expé-rience vicariante, c’est-à-dire l’opportunité depouvoir observer un individu similaire à soi-même exécuter une activité donnée, cons-titue une source d’informationimportante influençant la per-ception d’auto-efficacité et donc,au-delà, l’adoption de comporte-ments ». 3

L’expérience vicariante nousfournit l’ouverture par où entre-voir l’action pédagogique. Si desélèves se retrouvent ensemblepour réaliser un projet collectif,ils auront à prendre des initia-tives, à proposer des buts et des moyens, às’engager solidairement dans des tâches com-plémentaires; ils devront coordonner leursactivités, travailler en équipe, s’encourager,échanger de l’information, gérer les con-traintes, consentir à faire des efforts pourrespecter les échéances. Chacun, étant uneressource pour lui-même et pour les autres,devra se mettre à l’épreuve dans une situa-tion globale inédite.

Il s’ensuit une responsabilité solidaire, unepart de devoir qu’impose, dans les circons-tances, l’urgence de faire ce qu’il faut, enfinla réussite partagée. Après cela, on se sentiraplus estimable et on fera un retour sur

l’histoire du projet et du groupe, sur lespoints forts, sur les points faibles qu’onpourrait améliorer et, surtout, on voudrarecommencer.

Sur le point de savoir si l’école peut favoriserle goût d’entreprendre, les enseignants quiont l’expérience des apprentissages par pro-jets et de l’enseignement coopératif peuventsans doute témoigner de l’impact de l’actionindividuelle et collective sur la motivation del’élève et sur le plaisir de la réussite.

Les qualités et attitudes entrepreneuriales, depar leur nature, demandent à être dévelop-pées dans l’action et sont pour ainsi direconnaturelles à l’exercice consistant à menerà bien un projet ainsi qu’à la mise en oeuvred’une pédagogie participative. En ce sens,leur développement sert à la fois le goût d’en-treprendre et le goût d’apprendre. Considé-

rons par conséquent les fichesqui vont suivre comme unepremière application pédago-gique de la culture entrepre-neuriale dans ses dimensionsémotives et affectives.

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En guise de rappel etde synthèse

Les qualités entrepreneuriales (voir le ta-bleau des pages 19 à 23) :– Les attitudes et leurs manifestations.– Les apprentissages à faire : besoin de réus-site, locus de contrôle, perspective tempo-relle.

CHAPITRE 118

3. Cité dans La passion d’accomplir ensemble (Isabelle Danjou,2004, p. 167).

Les qualitéset attitudes

entrepreneurialesdemandent à

être développéesdans l’action.

Page 20: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

ÉVEILLER LE GOÛT D’ENTREPRENDRE 19

1. La confiance en soi

Confiance en soi : se sentir capable de fairequelque chose.• Se percevoir positivement.• Être fier de ses réussites.• Miser sur ses aptitudes, ses habiletés et sescompétences.

• Être certain de ses possibilités.• Exprimer son point de vue, même s’il di-verge de l’opinion généralement véhiculée.

• Reconnaître ses forces et ses faiblesses.• Accepter les échecs et en tirer des leçons(accepter d’essayer à nouveau une choseque l’on n’a pas réussie la première fois).

Dispositions sous-jacentes ou attitudes

Confiance en soi et locus de contrôle interne :– Estimer qu’on peut atteindre ses buts grâceà sa compétence et à son habileté.

– Constater son efficacité personnelle suite àses expériences de réussite.

Exemple de projet 4

Des procéduriers informatiques (2004-2005)Les élèves ont fait l’inventaire des programmesexistant déjà sur les postes de travail du parcinformatique de l’école et à l’aide du pro-gramme Camstudio, ils ont fait une captured’écran de toutes les manoeuvres effectuées. Àl’aide de ces images ils ont bâti un procédurierinformatique pour expliquer, aux élèves et auxenseignants de l’école, comment utiliser cer-tains outils méconnus dans Word. Le jury aapprécié le fait que les enfants aient découvertle potentiel d’un logiciel et qu’ils aient transmisleurs connaissances dans leur milieu. Ils ontfait preuve de motivation, de persévérance etd’initiative.

Catégorie : Primaire (3e et 4e années)École De La Durantaye, CS de la Rivière-du-NordRégion des Laurentides

2. La motivation

Motivation : vouloir faire quelque chose.• Désirer en savoir davantage sur un sujetintéressant.

• Se féliciter de l’avancement du projet.• Avoir beaucoup d’initiative, apporter denouvelles idées.

• Rester enthousiaste dans la réalisation d’unprojet et continuer malgré les embûches.

• S’auto-discipliner et faire un peu plusd’efforts.

• Développer le goût d’apprendre.• Reconnaître que les efforts fournis à l’occa-sion d’un projet antérieur ont apporté beau-coup de satisfaction.

Dispositions sous-jacentes ou attitudes

Motivation et besoin de réussite :• Se donner des buts présentant une certainedifficulté.

• Avoir le goût du défi et anticiper le plaisirde la réussite.

Exemple de projet

Tours du Lac Duparquet (2003-2004)Expéditions en canot et kayak destinées àune clientèle aimant les sports d’eau et désiranten apprendre un peu plus sur les îles du LacDuparquet et leur histoire.

Le jury a considéré le fait que, grâce à sonprojet, cette étudiante avait créé son propreemploi et qu’elle avait développé un créneaudans sa région. De plus, elle s’est assurée d’unecertaine formation et elle a bien utilisé lesressources autour d’elle. Elle a déjà mis enapplication les valeurs entrepreneuriales quesont la créativité, l’autonomie, la confiance ensoi, le leadership et le sens des responsabilités.

Catégorie : Secondaire général (individuel et petitgroupe)Cité étudiante Polyno, CS du Lac-AbitibiRégion de l’Abitibi-Témiscamingue

Les qualités entrepreneuriales

4. Tous les projets cités en exemples dans l’ensemble de ce document ont été choisis parmi les projets présentés au Concours québécoisen entrepreneuriat, sans égard aux prix reçus, puisque le but est d’illustrer l’une ou l’autre des notions entrepreneuriales.

Page 21: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

CHAPITRE 120

3. L’effort

Effort : se disposer à travailler fort.• Accomplir des tâches déplaisantes avec uneattitude positive.

• Chercher à obtenir des résultats satisfai-sants pour soi et pour les autres.

• Se donner une méthode de travail pour faci-liter la réalisation du projet.

• Anticiper la satisfaction que l’on retire dutravail bien fait.

• Reconnaître que les vedettes (dans les do-maines sportif, artistique ou autre) ontbeaucoup travaillé pour obtenir le succèsqu’elles ont.

Dispositions sous-jacentes ou attitudes

Effort et besoin de réussite :• Estimer que les chances de réussirdépendent des efforts fournis.

Effort et perspective temporelle :• Tenir compte du futur dans les choses àfaire dans le présent.

• Différer la satisfaction immédiate au profitde la récompense à venir.

Exemple de projet

Les petits trésors (2004-2005)Production et vente, par des élèves ayant unhandicap visuel, de 400 pots de conserve etpréparation de semis pour la vente au prin-temps. Ils ont su créer un bon réseau d’entraideet de soutien et bien s’entourer pour assurer laréussite du projet. Les participants ont égale-ment su surmonter des difficultés addition-nelles et s’adapter avec brio aux obstaclesrencontrés. Comme ils l’ont mentionné eux-mêmes, ils ont uni leurs forces pour mieuxréussir.

Catégorie : Primaire (1re et 2e années)École Jacques-Ouellette, CS Marie-VictorinRégion de la Montérégie

4. Le sens des responsabilités

Sens des responsabilités : faire ce qui doit êtrefait.• Assumer et réaliser ce qui a été convenu parl’équipe, le groupe, l’organisation ou soi-même.

• Accomplir les tâches assignées en sachantque, si on ne les fait pas, cela peut avoir desrépercussions négatives pour soi-même oul’entourage.

• Classer par ordre de priorité les différentestâches à accomplir et déterminer les étapesde leur réalisation.

• Être reconnu pour sa capacité à mener àterme les tâches dont on est responsable.

• Ne pas se laisser impressionner par l’am-pleur d’une tâche et l’aborder avec con-fiance, même si on ne sait pas trop par oùcommencer.

Dispositions sous-jacentes ou attitudes

Sens des responsabilités et locus de contrôle :• Faire quelque chose par devoir après l’avoirchoisi.

• Maîtriser une situation à laquelle on s’estsoumis par volonté personnelle.

Exemple de projet

Les créactifs (2004-2005)Production et vente d’une gamme d’élémentsdécoratifs faits à partir de matériel recyclé,dans le but d’aider les gens victimes d’un feuqui avait fait rage dans la municipalité.

Le jury a souligné plusieurs éléments motivantson choix : la solidarité exprimée envers lacommunauté, l’envergure des réalisations, lesapprentissages et les acquis des élèves, la placeprépondérante des jeunes dans toutes lesétapes de la réalisation depuis l’étude de mar-ché jusqu’à la rédaction du dossier de candida-ture au Concours en passant par la productionde nombreux types de produits.

Catégorie : Primaire (5e et 6e années)École Intégrée de Pointe-du-Lac, CS du Chemin-du-RoyRégion de la Mauricie

Page 22: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

ÉVEILLER LE GOÛT D’ENTREPRENDRE 21

5. L’initiative

Initiative : passer à l’action.• Transformer un problème en action à entre-prendre.

• Ne pas se laisser figer par une situation.• Poser des questions, chercher des manièresde faire différentes.

• Être « partant », prêcher par l’exemple.• Assumer un certain leadership.• Être à l’affût des bonnes occasions.

Dispositions sous-jacentes ou attitudes

Initiative et locus de contrôle :• Penser qu’agir augmente ses chances deréussite.

• Penser qu’on peut apprendre par l’action.• Penser qu’il vaut mieux affronter la réalitéque l’ignorer.

Exemple de projet

Offre de services en dessin industriel(2004-2005)Services de dessin industriel destinés auxclients souhaitant fabriquer leurs propres in-ventions. Les dessins produits servent d’abordà la conception interactive de l’invention avecle concepteur, puis à sa fabrication. Il s’agit depermettre aux idées novatrices d’un inventeurde faire le pont entre la conception et la pro-duction. Le jury a souligné la créativité, l’en-tregent, l’initiative, l’autonomie et le sens del’organisation du promoteur. Il a, de plus, sudévelopper beaucoup de contacts avec le mi-lieu des affaires et créer un rapport de con-fiance avec les entreprises.

Catégorie : Formation professionnelle et Éducationdes adultesCentre de formation Rimouski-NeigetteCS des Phares, Région du Bas-Saint-Laurent

6. La persévérance

Persévérance : terminer ce qui a été commencé.• Faire preuve de constance dans ce qu’onentreprend.

• Inscrire son action dans la durée, la mener àterme.

• Faire encore et encore la même chose jus-qu’à l’obtention d’un résultat satisfaisant.

• Démontrer sa capacité à poursuivre un pro-jet jusqu’à ce qu’il soit réalisé.

• Passer par-dessus les frustrations et les pro-blèmes rencontrés et poursuivre l’objectifinitial malgré les embûches.

• Apprendre à pratiquer un nouveau sport ou àjouer d’un instrument de musique ou s’adon-ner à tout autre hobby qui demande dutemps avant que les résultats soient visibles.

Dispositions sous-jacentes ou attitudes

Persévérance et perspective temporelle :• Donner relativement plus d’importance àl’avenir qu’au présent.

• Appliquer à soi-même la fable de la cigale etde la fourmi.

• Croire que les événements de la vie sontsouvent prévisibles (locus de contrôle).

Exemple de projet

Voir plus grand (2004-2005)Dans le cadre du cours « projet intégrateur »offert aux élèves du 5e secondaire, l’instigatricedu projet vise l’amélioration des difficultés desélèves handicapés visuels en secondaire régu-lier à l’école Jacques-Ouellette en les amenantpasser trois jours à Ottawa. L’objectif est dedévelopper l’autonomie, le sens des responsa-bilités et le comportement social de ces jeunes.

Le jury a été impressionné par l’ampleur dudéfi, la charge de travail et la ténacité de lajeune fille, malgré les difficultés auxquelles ellea dû faire face en raison de son propre han-dicap visuel. Elle a fait preuve de beaucoupd’ouverture et de sensibilité envers les autres.Il s’agit d’un projet porteur d’espoir, véritablemodèle d’entrepreneuriat.

Catégorie : Secondaire général (individuel)École Jacques-Ouellette, CS Marie-VictorinRégion de la Montérégie

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CHAPITRE 122

7. La solidarité

Solidarité : collaborer en vue d’un but commun.• Accepter de se sentir responsable des choixet décisions du groupe ou de l’organisation.

• Partager des buts communs et collaborer àleur réalisation.

• Être compréhensif envers les collègues detravail.

• Porter attention aux sentiments des autreset les soutenir quand ils rencontrent desdifficultés.

• Participer de bon gré à une corvée.• Introduire un nouveau membre dans legroupe et faciliter son intégration.

Dispositions sous-jacentes ou attitudes

Solidarité et besoin de réussite :• Croire que l’on est une ressource pour lesautres.

• Croire que les autres peuvent apporterquelque chose.

Solidarité et locus de contrôle :• Estimer qu’on peut atteindre ses buts grâceà son efficacité personnelle et grâce auxrelations respectueuses et même cordialesétablies avec les autres.

Exemple de projet

Cocktail de reconnaissance (2004-2005)Organisation d’un cocktail de reconnaissancepour remercier les entreprises et les parte-naires de la ville qui ont aidé les jeunes dansleur programme d’insertion sociale et profes-sionnelle. Les jeunes ont monté une pochettede presse pour les médias, ils ont créé une pré-sentation multimédia des entreprises, despartenaires et des élèves en action, et ils ontdévoilé la nouvelle image d’I.S.P.J. lors ducocktail.

Le jury a souligné le fait que le projet est trèsbien adapté à la réalité des jeunes, qu’il com-porte un fort potentiel d’ouverture à la commu-nauté et qu’il contribue au rayonnement del’école. Centré sur le développement des qua-lités entrepreneuriales des élèves et sur leurgrande implication, le projet tient compte de lanouvelle approche orientante.

Catégorie : Secondaire (formation de type continu)École d’Iberville, CS de Rouyn-NorandaRégion de l’Abitibi-Témiscamingue

8. L’esprit d’équipe

Esprit d’équipe : créer avec d’autres en synergied’action.• Agir avec d’autres d’une manière concertée.• Travailler avec d’autres en tenant comptedes responsabilités de chacun.

• Apporter ses idées à un projet de groupe.• Accepter les critiques constructives.• Travailler pour atteindre l’objectif visé,tout en considérant l’opinion des différentsmembres du groupe.

Dispositions sous-jacentes ou attitudes

Esprit d’équipe et besoin de réussite :• Organiser les activités nécessaires pouratteindre les buts fixés.

• Être capable de faire preuve de méthode etd’organisation.

Esprit d’équipe et locus de contrôle :• Être capable d’agir sur le fonctionnementdu groupe.

Exemple de projet

Sacoutimi (2003-2004)Conception, fabrication et vente, par les jeunesen cheminement particulier de la PolyvalenteLafontaine, de sacs à oignons, de sous-platsaromatisés et de sacs à flûte faits à partir dejute récupéré.

Le jury a considéré qu’il fallait une petiteéquipe « allumée » pour penser à un projetaussi novateur. Il a été surpris par l’innovationdu produit, mais il a aussi été impressionné parla qualité de la vie coopérative manifestée dansle projet.

Catégorie : Secondaire général (collectif)Polyvalente Lafontaine, CS des Rives-du-SaguenayRégion du Saguenay–Lac-Saint-Jean

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ÉVEILLER LE GOÛT D’ENTREPRENDRE 23

9. La débrouillardise

Débrouillardise : recourir à ses connaissanceset à ses habiletés pour faire face à l’imprévu.• Reconnaître que les embûches font partiedu quotidien.

• Ne pas fuir les difficultés.• Prendre le temps de réfléchir à la meilleuremanière de résoudre un problème.

• Envisager les difficultés qui peuvent seprésenter dans la réalisation d’un projet etprévoir différentes solutions.

• Démontrer de la flexibilité et de la sou-plesse face aux changements.

• Être un adepte du « système D ».

Dispositions sous-jacentes ou attitudes

Débrouillardise et contrôle interne :• Estimer qu’on a les moyens d’improviser.• Considérer qu’on peut toujours voir autre-ment, agir autrement.

• Être capable de réagir en cas d’accident,d’imprévu, de refus, de défection.

• Savoir que la marge de manoeuvre est tou-jours plus grande qu’on croit.

Exemple de projet

Centre de santé (2004-2005)Après avoir constaté que l’équipement d’en-traînement dont dispose l’école ne sert passuffisamment, des étudiants des 4e et 5e secon-daire décident de former une coopérative pourréaménager l’équipement dans un local plusadéquat. Puis, réalisant que leur communautén’a pas accès à ce genre de services, ils déci-dent de rendre accessible leur centre de santénon seulement aux élèves mais aussi à tous lescitoyens de leur municipalité. Le jury considèrequ’il s’agit d’un bel exemple de ce que la coopé-ration peut faire pour animer le tissu sociald’une communauté.

Catégorie : Secondaire (collectif)École secondaire Vallée-des-Lacs,CS du Fleuve-et-des-LacsRégion du Bas-Saint-Laurent

10. La détermination

Détermination : se concentrer sur ce qu’on a àfaire.• Se concentrer sur un but qu’on a en tête.• S’auto-discipliner.• S’engager à atteindre des buts tout en con-trôlant les irritants (stress et émotions).

• Évaluer, en cours de route, si les efforts con-sentis entraînent les résultats escomptés.

• Élaborer un échéancier réaliste et stimulant.

Dispositions sous-jacentes ou attitudes

Détermination et perspective temporelle :• Penser à long terme en se donnant unevision motivante du futur.

• Bien organiser son temps chaque jour, afinde pouvoir s’occuper au maximum du but àatteindre.

• Savoir que faire son possible ne suffit pas,qu’il faut se fixer des priorités et ne pas sedisperser.

• Être capable de surmonter l’épuisement.

Exemple de projet

Exposition en ébénisterie (2003-2004)Organisation, dans un centre commercial, d’uneexposition des réalisations scolaires des finis-sants et finissantes en ébénisterie. Cette expo-sition permet aux étudiants d’obtenir une cer-taine reconnaissance de la part du public et deleurs proches face à l’application pratique desconnaissances et techniques acquises durant laformation. De plus, les étudiants ont créé unsite Internet pour promouvoir l’exposition et ilsespèrent en faire éventuellement un portailpour les finissants actuels et futurs. Le jury asouligné la qualité et l’envergure du projet, sansoublier l’excellente présentation du dossier. Ilsont été impressionnés par la démarche struc-turée du projet et son aspect accrocheur.

Catégorie : Formation professionnelle et éducationdes adultesCentre de formation professionnelle de Neufchâtel,CS de la CapitaleRégion de la Capitale-Nationale

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CHAPITRE 124

5. Les «manifestations » sont autant d’énoncés à utiliser lors de l’évaluation qui suit la réalisation d’un projet.

Quelques fondements de la culture entrepreneuriale (ressources émotives)

Qualités

Confiance :se sentir capable defaire quelquechose.

Motivation :vouloir fairequelque chose.

Effort :se disposer àtravailler fort.

Responsabilité :faire ce qui doitêtre fait.

Initiative :passer à l’action.

Locus decontrôle

• Estimer qu’onpeut atteindre sesbuts par sa compé-tence et sonhabileté.• Se percevoirefficace grâce à sesexpériences deréussite.

• Faire quelquechose par devoiraprès l’avoir choisi.• Maîtriser lasituation à laquelleon s’est soumis parvolonté person-nelle.

• Penser qu’agiraugmente seschances deréussite.• Penser qu’onpeut apprendre parl’action.• Penser qu’il vautmieux affronterla réalité quel’ignorer.

Besoin deréussite

• Se donner desbuts présentantune certainedifficulté.• Avoir le goût dudéfi et anticiper leplaisir de la réus-site.

• Estimer que leschances de réussirdépendent desefforts fournis.

Perspectivetemporelle

• Tenir compte dufutur dans leschoses à faire dansle présent.• Différer la satis-faction immédiateau profit de larécompense àvenir.

Attitudes Manifestations 5

• Se percevoir positivement.• Reconnaître ses forces et ses faiblesses.• Miser sur ses aptitudes, ses habiletés et sescompétences.• Être certain de ses possibilités.• Exprimer son point de vue, même s’ildiverge de l’opinion généralement véhiculée.• Reconnaître ses forces et des faiblesses.• Accepter les échecs et en tirer des leçons(accepter d’essayer à nouveau une chose quel’on n’a pas réussie la première fois).

• Désirer en savoir davantage sur un sujetintéressant.• Se féliciter de l’avancement du projet.• Avoir beaucoup d’initiative, apporter denouvelles idées.• Rester enthousiaste dans la réalisation d’unprojet et continuer malgré les embûches.• S’auto-discipliner à faire un peu plusd’efforts.• Développer le goût d’apprendre.• Reconnaître que les efforts fournis àl’occasion d’un projet antérieur ont apportébeaucoup de satisfaction.

• Accomplir des tâches déplaisantes avec uneattitude positive.• Chercher à obtenir des résultats satisfaisantspour soi et pour les autres.• Se donner une méthode de travail pourfaciliter la réalisation du projet.• Anticiper la satisfaction que l’on retire dutravail bien fait.• Reconnaître que les vedettes (dans lesdomaines sportif, artistique ou autre) ontbeaucoup travaillé pour obtenir le succèsqu’elles ont.

• Assumer et réaliser ce qui a été convenu parl’équipe, le groupe, l’organisation ou soi-même.• Accomplir les tâches assignées en sachantque, si on ne les fait pas, cela peut avoir desrépercussions négatives.• Classer par ordre de priorité les différentestâches à accomplir et déterminer les étapes deleur réalisation.• Être reconnu pour sa capacité à mener àterme les tâches dont on est responsable.• Ne pas se laisser impressionner par l’ampleurde la tâche et l’aborder avec confiance, mêmesi on ne sait pas trop par où commencer.

• Transformer un problème en action àentreprendre.• Ne pas se laisser figer par une situation.• Poser des questions, chercher des manièresde faire différentes.• Être « partant », prêcher par l’exemple.• Assumer un certain leadership.• Être attentif à la bonne occasion

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ÉVEILLER LE GOÛT D’ENTREPRENDRE 25

6. Les «manifestations » sont autant d’énoncés à utiliser lors de l’évaluation qui suit la réalisation d’un projet.

Qualités

Persévérance :terminer ce qui aété commencé.

Solidarité :collaborer en vued’un but commun.

Espritd’équipe :créer avec d’autresen synergie d’ac-tion.

Débrouillar-dise : recourir àses connaissanceset à ses habiletéspour faire face àl’imprévu.

Détermination :se concentrer surun but qu’on a entête.

Locus decontrôle

• Croire que lesévénements de lavie sont souventprévisibles.

• Estimer qu’onpeut atteindre sesbuts grâce à sonefficacité person-nelle et grâce auxrelations respec-tueuses et mêmecordiales établiesavec les autres.

• Être capable d’a-gir sur le fonction-nement du groupe.

• Estimer qu’on ales moyensd’improviser.• Considérer qu’onpeut toujours voirou agir autrement.• Être capable deréagir en cas d’acci-dent, d’imprévu, derefus, de défection.• Savoir que la mar-ge de manoeuvreest toujours plusgrande qu’on croit.

Besoin deréussite

• Croire que l’onest une ressourcepour les autres.• Croire que lesautres peuventapporter quelquechose.

• Organiser lesactivités néces-saires pour attein-dre les buts fixés.• Être capable defaire preuve de mé-thode et d’organi-sation.

Perspectivetemporelle

• Donner relative-ment plus d’impor-tance à l’avenirqu’au présent.• Appliquer à soi-même la fable de lacigale et de la four-mi.

• Penser à longterme en se don-nant une visionmotivante du futur.• Bien organiserson temps chaquejour, afin de pou-voir s’occuper aumaximum du but àatteindre.• Savoir que faireson possible ne suf-fit pas, qu’il faut sefixer des priorités etne pas se disperser.• Être capable desurmonter l’épuise-ment.

AttitudesManifestations 6

• Faire preuve de constance dans ce qu’onentreprend.• Inscrire son action dans la durée, la mener àterme.• Faire encore et encore la même chosejusqu’à l’obtention d’un résultat satisfaisant.• Démontrer sa capacité à poursuivre unprojet jusqu’à ce qu’il soit réalisé.• Passer par-dessus les frustrations et lesproblèmes rencontrés et poursuivre l’objectifinitial malgré les embûches.• Apprendre à pratiquer un nouveau sportou à jouer d’un instrument de musique ous’adonner à tout autre hobby qui demande dutemps avant que les résultats soient visibles.

• Accepter de se sentir responsable des choixet décisions du groupe ou de l’organisation.• Partager des buts communs et collaborer àleur réalisation.• Être compréhensif envers les collègues detravail.• Porter attention aux sentiments des autres etles soutenir quand ils rencontrent des difficultés.• Participer de bon gré à une corvée.• Introduire un nouveau membre dans legroupe et faciliter son intégration.

• Agir avec d’autres d’une manière concertée.• Travailler avec d’autres en tenant comptedes responsabilités de chacun.• Apporter ses idées à un projet de groupe.• Accepter les critiques constructives.• Travailler pour atteindre l’objectif visé, touten considérant l’opinion des différentsmembres du groupe.

• Reconnaître que les embûches font partie duquotidien.• Ne pas fuir les difficultés.• Prendre le temps de réfléchir à la meilleuremanière de résoudre un problème.• Envisager les difficultés qui peuvent seprésenter dans la réalisation d’un projet etprévoir différentes solutions.• Démontrer de la flexibilité et de la souplesseface aux changements.• Être un adepte du « système D ».

• Se concentrer sur un but qu’on a en tête.• S’auto-discipliner.• S’engager à atteindre des buts tout encontrôlant les irritants (stress et émotions).• Évaluer, en cours de route, si les effortsconsentis entraînent les résultats escomptés.• Élaborer un échéancier réaliste et stimulant.

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Nous voici face à une convergence que nousn’avions pas prévue : dans sa signification laplus actuelle, la pédagogie partage, avecl’orientation et l’entrepreneuriat, la pratiquedu projet.

La culture entrepreneuriale se veut doncune « culture du projet », une culturetoute particulière puisqu’elle vise à pro-duire de la nouveauté et du changement.Cela n’est évidemment pas le cas du pro-jet de nature pédagogique.

LE SENS DU PROJET 27

L’objectif à poursuivre est toujours le même : faire en sorte quenotre compréhension de la culture entrepreneuriale puisse êtremise en relation avec les conceptions et les pratiques pédago-giques actuelles. Nous sommes maintenant davantage en mesurede saisir le double rôle que joue le besoin de réussite dans lavolonté à la fois d’apprendre et d’entreprendre. Heureuse adéqua-

tion qui fait sentir plus que jamais la nécessité de favoriser l’activité et l’espritd’initiative des élèves. Que ce soit par l’enseignement coopératif, par la péda-gogie de la découverte, par la différenciation pédagogique ou par toute autreforme de participation, l’élève devient un sujet capable d’agir dès lors qu’il setrouve dans une situation ouverte où il doit faire des choix, dès lors qu’il doitréagir à une situation qui mobilise ses connaissances et ses habiletés. Il devientun sujet qui construit ses propres compétences et qui exerce son pouvoir d’agir(entrepreneuriat).

Le sens du projet

CHAPITRE 2RESSOURCES COGNITIVES

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Le projet de nature pédagogique

Selon Piaget, la «méthode des projets » s’ap-puie sur un processus naturel qui est celui del’action : poursuivre un but à plus ou moinslongue échéance et tout subordonner à saréalisation. C’est dans la mesure où il auraconçu lui-même un projet qui l’intéresse,c’est-à-dire qui engage toute sa personnalité,que l’enfant aura l’énergie qu’il faut pouracquérir les connaissances nécessaires etpour accomplir les actions utiles à sa réali-sation (dans G. Gosselin, 1994).

Fonctionner par projets est, dans le fond, unedémarche de recherche et de découverte oùles élèves se posent des questions et doiventessayer d’y répondre individuellement et col-lectivement. Autour d’un projet se concentreen effet l’activité d’une classe : rédiger et édi-ter un journal scolaire ou reconstruire unvillage médiéval ou faire revivre une journéede l’ancienne Rome. Souvent, les règles degrammaire, les connaissances en géographieet en histoire devront être mises à contribu-tion. En pratique, on aura l’impression, nonpas d’étudier la grammaire, mais plutôt des’appliquer à imprimer un journal écritcorrectement.

«Cette approche pédagogique, précise Pallascio(1992), est à la fois heuristique, car le sujet yapprend à chercher des réponses à ses ques-tions; intégrante, car elle est source d’inter-disciplinarité; et fondatrice, car elle est com-mune à toutes les disciplines. [Elle est]également sociale, car le sujet y est constam-ment en interaction avec d’autres…»

Le projet entrepreneurial

Le projet entrepreneurial doit être distinguédu projet de recherche qui conduit à un sa-voir ou à des apprentissages disciplinaires.C’est le cas bien connu d’une enquête quiaboutit à la mise en commun de l’informa-tion, à l’établissement d’un dossier, à l’élabo-ration d’une démonstration qu’on présente enclasse, à la mise en évidence des enjeux et àun débat sur les conclusions.

Au point de départ, le projet entrepreneurials’appuie sur l’idée d’une production, d’uneaction productive qui crée un bien, un ser-vice, un événement. L’événement peut êtreune exposition, un spectacle, une semainethématique, une production artistique, unsymposium, un festival, un concours ou quoique ce soit d’autre que les élèves auront àpréparer et à réaliser avec toute la motiva-tion et la compétence dont ils sont capables.

Apprentissage par projet =expérimenter et comprendre des concepts etdes principes par la réalisation de projets,de manière à construire un savoir dans le

champ illimité de la connaissance.

Projet entrepreneurial =produire de la nouveauté, innover, mener desactions en vue d’un bien, d’un service, d’unévénement à créer qui a une valeur dans le

milieu parce qu’il répond à un besoin.

C’est là sans doute la plus belle contributionque peut apporter la culture entrepreneurialeà la formation de l’élève : lui fournir l’occasiond’agir sur son environnement économique,

CHAPITRE 228

Projetpédagogique

•Constructiond’une vision

Projetd’orientation

•Structuration

del’identitéProjet

entrepreneurial•

Développementdu pouvoird’action

É L È V ESens du projet

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LE SENS DU PROJET 29

social, culturel ou communautaire. C’estpourquoi, dans les écoles et depuis plusieursannées, les élèves se voient proposer deprendre des initiatives d’ordre entrepre-neurial.

Ainsi en est-il des entreprises-étudiantesdans le cadre des J.E., des micro-entreprisesà vocation environnementale, des clubsd’entrepreneurs-étudiants et des formulescoopératives diverses qui sont autant d’op-tions retenues par les institutions scolaires.Ce sont là des initiatives qui relèvent d’uneformation spécifique à l’activité économiqueet aux rudiments de la création d’entreprise.

Par ailleurs la sensibilisation à la cultureentrepreneuriale, elle, vise tous les élèves.C’est ainsi qu’il faut comprendre sa place etsa pertinence dans la formation générale.Elle ne concerne pas seulement les 10 % desélèves qui deviendront entrepreneurs, maistous les élèves, car tous auront,au cours de leur vie, à participeractivement à diverses formesd’innovation et de changementdans leur milieu.

Rien n’empêche cependant quecette culture entrepreneurialepuisse amener un plus grandnombre d’élèves et d’étudiants àdevenir des entrepreneurs dans leur vie pro-fessionnelle. Pourquoi? Parce qu’ils aurontexpérimenté des projets, parce que l’art d’en-treprendre sera démystifié et devenu possibleet accessible, parce qu’ils auront pu recon-naître et développer leurs qualités entre-preneuriales.

Pour rejoindre 100 % des élèves, il y a deuxpossibilités :– amener les classes d’élèves à participerchaque année au Concours québécois enentrepreneuriat et à la Mesure de sensi-bilisation à l’entrepreneuriat;

– intégrer la culture entrepreneuriale dansles pratiques pédagogiques du personnelenseignant.

Nous sommes donc arrivés au moment dedéfinir l’essentiel de ce qui fait la cultureentrepreneuriale :– Le projet comme possibilité de faire adve-nir un futur souhaité.

– Le projet comme mode d’organisation dufutur.

– Le projet comme principe fondateur d’unedémarche d’innovation et de changement.

La meilleure façon de prédire le futurest de le préparer.

Dans les pages qui suivent, nous allons doncexposer la démarche entrepreneuriale : com-ment vient l’idée de créer une entreprise etpar quelles étapes cette idée est-elle conduiteà sa réalisation?

La culture entrepreneuriale crée du change-ment et de l’innovation. À partir du momentoù une initiative s’inscrit dans le monde éco-

nomique (ou autre), elle doitnécessairement demeurer pro-active, car elle doit constam-ment se survivre à elle-mêmeen mobilisant les ressources,surtout humaines, dans uneorganisation qui doit sans cesseinnover.

Il existe une littérature abon-dante sur la démarche entrepreneuriale, maisc’est l’ouvrage majeur de J.-P. Boutinet(1990) qui présente le modèle de projet leplus universel et le plus facilement utilisable.Aussi allons-nous nous inspirer largement dela structuration qu’il en a faite.

La meilleurefaçon de

prédire le futurest de lepréparer.

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Prémisses du projet etaccompagnement pédagogique

La démarche entrepreneuriale =démarche d’innovation et de changement +

le projet comme principe fondateur.

Un projet, pour être un véritable projet quientre dans le cadre de nos propos, doit réunirquatre conditions. Ainsi, on doit pouvoirapporter la preuve de :1. son unité;2. sa singularité;3. sa complexité;4. ses opportunités.

1. Le projet : son unité

Globalement, on peut dire qu’entreprendre,c’est participer. C’est être acteur à la fois del’élaboration du projet et de la réalisation duprojet. C’est être l’instigateur à la fois du butpoursuivi et de la démarche mise en placepour atteindre ce but. Celui-ci inspire unevisée à poursuivre et la démarche pourl’atteindre inspire un programme à réaliser.

On ne peut séparer projet-visée et projet-programme. Ainsi, le projet-visée doit êtrerappelé au cours de la réalisation du pro-gramme pour que celle-ci ne soit pas réduiteà une série d’objectifs ou d’opérations. Selancer dans un projet, c’est chercher à la foisà le concevoir et à le réaliser. Pour qu’un pro-jet soit homogène, il faut intégrer la concep-tion d’origine et l’action subséquente dans leva-et-vient entre réflexion et réalité.

Un défi de taille : intégrer la conception etl’exécution qui ne peuvent trouver leur unitéqu’à travers l’auteur ou les auteurs du projet.Les plus jeunes ne vont pas nécessairementtrouver seuls la visée originelle et originale etils ne vont pas non plus automatiquementconcevoir une organisation et une planifica-tion qui soient opérationnelles.

Important : l’innovation et le leadership vonts’apprendre graduellement et permettre, à lafin, de reconnaître facilement l’opportunitéd’affaire et de mettre en place l’organisationnécessaire. La vision entrepreneuriale, dansson aspect dynamique et structurant, repré-sente l’ultime compétence.

Développement entrepreneurial

L’unité d’un projet ne peut être assuréeque tardivement dans le développemententrepreneurial. En effet, l’entrepreneurdoit à la fois saisir une occasion, conce-voir une action novatrice en rapportavec une problématique de son milieu etexercer un leadership qui mobilise desressources matérielles, financières ethumaines. Exprimer ainsi l’intégration né-cessaire des différents éléments d’unprojet ne peut être envisagé que chez lesélèves qui préparent un projet d’insertionréelle en formation professionnelle, tech-nique ou universitaire.

Le Concours québécois en entrepreneuriat etla Mesure de sensibilisation à l’entrepre-neuriat

Il arrive assez fréquemment, surtout au pri-maire et au début du secondaire, que l’idéede se lancer dans un projet d’ordre entre-preneurial et de mettre en place l’organisa-tion nécessaire provienne d’un enseignantresponsable. Pourquoi pas? Idéalement, unpetit projet, conçu par une personne ou seu-lement quelques-unes, pourrait se prêter àcette exigence d’intégration. Mais lorsqu’ils’agit d’une classe ou d’un groupe de 15élèves ou plus, la prise en charge par l’en-seignant est largement justifiée pour la bonneet simple raison qu’il doit amener les élèves àprendre des initiatives et à assumer desresponsabilités dans la perspective de fairesurgir les qualités qui rendent l’action effi-cace. Ainsi, les projets « ambitieux » laissentde l’espace à ceux qui s’y trouvent impliqués.

CHAPITRE 230

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LE SENS DU PROJET 31

Malgré tout cela, des jeunes parviennent àconcevoir de tels projets. C’est pourquoi lesresponsables du concours, d’une part, etceux de la MSE, d’autre part, sont en droit des’attendre à ce que l’idée du projet et sa pla-nification soient le fait des élèves.

Exemple de projet

Agenda scolaire (2004-2005)

Conception et réalisation complète de l’agen-da de l’école par les élèves. Après avoir éva-lué l’actuel agenda et recueilli les commen-taires, les jeunes ont mis en place différentscomités : dessins et images, marketing,mise en pages, notes et communication,plan de l’école, règlements et code de vie, etc.

Le jury a remarqué la grande implicationdes jeunes à tous les points de vue, d’où l’ap-parition d’un fort sentiment d’appartenance.

Ces jeunes ont été critiques face à l’outilactuellement existant, ils ont pris l’initia-tive d’identifier les problèmes et ils onttrouvé les solutions. La structure du projetest bien développée et l’organisation du tra-vail, des responsabilités et des rôles est biendéfinie.

Catégorie : Secondaire général

École secondaire Frenette, CS de la Rivière-du-Nord

Région des Laurentides

Comme un projet est une unité en soi, il doitnécessairement intégrer l’élaboration etl’exécution. Il fait donc appel à des res-sources cognitives d’intégration. Cette notionrecouvre la plupart des compétences ditestransversales et s’inscrit, pour le collégial,dans la formation générale commune à tousles programmes en répondant à la triplefinalité : l’acquisition d’un fonds culturelcommun, l’acquisition et le développementd’habiletés génériques et l’appropriationd’attitudes souhaitables.

2. Le projet : sa singularité

Un projet n’est pas une abstraction. Il sert àpenser l’action. Mais l’action qui n’est quepensée n’est pas l’action réelle, car celle-cidoit composer avec la singularité de ceux quiy participent, avec les circonstances du mo-ment et avec les aspects matériels de l’es-pace et des lieux.

Cette notion de singularité souligne uneévidence : chacun des élèves impliqués dansun projet arrive avec son histoire person-nelle, ses particularités, ses manières d’agiret de réagir. Mais tous les participants vontêtre mis en présence les uns des autres. Ilsvont se comporter et comprendre la situationselon leurs particularités. Ils vont évoluerdans un contexte donné, dans une école don-née. Ainsi, le projet va voir le jour dans uneréalité concrète, singulière – dans la « maté-rialité d’entreprendre ». Tout ce qui va se pro-duire sera le résultat du rapport entre l’indi-vidu et son environnement. En ce sens, c’estl’action, sous l’effet de la mobilisation sus-citée par l’environnement, qui fait de chacunun acteur authentique.

En résumé, il est donc dans la nature duprojet d’être une sorte de scénario qui doitnécessairement se développer à chaqueinstant. De plus, un projet s’appuie sur la per-sonnalité et les particularités de chacun desparticipants, et il dépend des contraintes dulieu et du temps dans lesquels il s’insère.

Développement entrepreneurial

L’esprit d’entreprise n’a pas de sens sansl’expérience des aspects matériels relatifsà la réalisation d’un projet. C’est précisé-ment ce que réclament les jeunes de notretemps : apprendre dans et par l’action. Onconnaît la réflexion du peintre Magrittequi a écrit sur sa toile « Ceci n’est pas unepipe », alors qu’on l’a cependant sous lesyeux. Il a raison : c’est tout simplement untableau. Voilà la réalité.

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CHAPITRE 232

L’exigence de la « matérialité » fait ensorte que les connaissances et les habi-letés, étant sollicitées par la situation,créent une obligation d’agir et donc de s’yadapter de façon pertinente. Ainsi se trou-vent introduites les notions d’action effi-cace et surtout de comportement spon-tané. Tout devient matière à réflexion et àdécouverte de soi, tout devient besoin des’améliorer, d’acquérir des compétences etde se mettre à l’épreuve – parce que « c’estpour de vrai »! Il faut prendre le risque dese confronter à la réalité et d’en sortir plusconfiant en ses capacités d’adaptation.C’est cela qui crée le sentiment d’efficacitépersonnelle et aide à prendre consciencedes apprentissages qui restent à faire.

3. Le projet : sa complexité

Une activité simple, une tâche à accomplir,un problème dont la solution est évidente,une action dont le résultat est prévisible, toutcela n’a pas besoin de faire l’objet d’un pro-jet. L’exemple qui suit démontre bien cela :quelqu’un inscrit son projet au Concoursquébécois en entrepreneuriat et demandeune subvention dans le cadre de la Mesure desensibilisation à l’entrepreneuriat : « Nousavons loué un autobus pour amener despersonnes âgées à un spectacle de dansesfolkloriques. » Que faut-il en penser? Il est àremarquer tout d’abord que la notion de« projet » ne s’applique pas ici. De plus, on nesait pas à quel but est rattachée l’activité; onne sait donc rien de son utilité. Enfin, elle neprésente aucune incertitude ni complexité. Iln’y a pas lieu de bâtir un projet à propos dequelque chose qui doit se passer le lende-main. L’horizon temporel est à ce pointinexistant qu’il n’y a rien à planifier.

Si un projet peut être défini comme unevision qui sert à organiser le futur, c’est bienparce que le futur est incertain et en partieimprévisible, et c’est justement cela qui fait lavaleur du projet. Si celui-ci est bien conçu,réduisant le plus possible la portée des

facteurs qui pourraient lui être défavorables,il va produire l’effet recherché… ou, dumoins, cela entre dans l’ordre du probable.

La complexité et l’incertitude introduisentdans le projet une tension qui mobilise lesressources cognitives de l’analyse et de l’an-ticipation, de la créativité et du réalisme.Tout projet a pour fonction de gérer l’indé-termination d’une situation problématiqueconstituée de plusieurs éléments, facteurs etcontingences qui se conjuguent et s’entre-mêlent. Ainsi, la problématique qui entourele fait d’entreprendre rend impossible oupresque d’avoir en main toute l’informationet la connaissance qu’il faudrait avoir. Le pro-jet cherche à réduire cette incertitude sansjamais y arriver vraiment, puisqu’il y a tou-jours une part d’ombre qui demeure. C’estpourquoi on dit « se lancer en affaires, dansune carrière, dans la vie politique » : unesorte d’aveu qu’il y a risque, que des élémentsnous échappent, qu’on va quitter une zone deconfort, qu’il va falloir prêter une attentionvigilante aux conditions favorables et défa-vorables qu’on va rencontrer.

Développement entrepreneurial

Il y a ce mot de Paul Valéry : « Le trop sim-ple est faux, le trop complexe est inutili-sable. » À cet égard, on peut sans douteavancer que toute la problématique en-tourant un projet est rarement explicitéeparce que l’action prend toute la place. Ilfaut donc éviter la trop grande complexitéet la trop grande incertitude en recourantà des projets qui ont moins d’envergure.Dans tous les cas, le développement entre-preneurial est tributaire du pouvoir desmots, s’appuie sur le recours au langage etsur l’exercice du plan d’affaires.

L’action doit pouvoir se rattacher à uneproblématique et doit pouvoir être rappor-tée, racontée, pour que la pratique du pro-jet gagne en hauteur et en pragmatisme,en puissance et en profondeur : il fautdonc que l’entrepreneur soit tout à la fois

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LE SENS DU PROJET 33

entrepreneur-novateur, entrepreneur-organisateur et, surtout, entrepreneur-leader, parce qu’il doit pouvoir faire lasynthèse de tous les aspects du projet et leprésenter comme une véritable « vision ».

Le Concours québécois en entrepreneuriat

Le concours contribue à faire prendre con-science des paramètres qui composent unprojet. Il requiert en effet, dans le dossier decandidature, les éléments suivants :– Le projet raconté par des élèves (résumé

du projet, de ce qu’ils ont appris, desobstacles auxquels ils ont été confrontés);

et les réponses aux questions suivantes :– Quel est ou quels sont les buts poursuivis

par le projet?– Quelle est la situation ou la probléma-

tique concernée?– Comment le travail était-il organisé?– Y a-t-il eu un plan d’action (formation de

comités, répartition des tâches, calen-drier de réalisation)?

– Quelles étaient les ressources disponibleset qui a collaboré au projet?

– Quels ont été les résultats atteints?– Pour quelle raison le projet mérite-t-il de

gagner?

Ce sont là quelques-uns des éléments decontenu qui doivent être explicites aux yeuxdu plus grand nombre de participants.

Commentaire pédagogique

Le plan d’affaires 1 essaie de réduire l’incer-titude et de reconnaître la complexité en ymettant de l’ordre. Mais, dans une premièreétape, il suffit, surtout au primaire, de faire lerelevé, après coup, du nombre de points devue qu’il a fallu considérer et de la quantitéd’aspects qu’il a fallu prévoir. « Quelle est lapart qui était hors de mon contrôle? Qu’est-ce qui n’a pas été prévu? Qu’est-ce qui m’asurpris? Si c’était à refaire, que pourrais-jefaire de plus ou autrement? »

4. Le projet : ses opportunités

Le projet trouve son origine dans une actionà accomplir. Il commence à voir le jourquand quelqu’un se dit : « Dans la situation oùnous sommes, il doit y avoir une autre ma-nière de voir ou d’agir qui peut prendre laforme d’un projet. Nous pourrions ainsiaccéder à un nouvel état de bien-être, à unnouveau mode de fonctionnement, à uneliberté nouvelle. Nous pourrions tirer avan-tage d’une possibilité que nous ne faisonsqu’entrevoir actuellement. »

Témoignage d’un projet spontané

Le projet a pris forme lorsque j’ai parlé àmes élèves de la date de la rencontre d’infor-mations pour leurs parents. Un jeune a dità la blague : « Hé, ça serait le fun qu’on lafasse, nous, la réunion! » Tout de suite, lesautres enfants ont réagi dans le même sens.

Chaque enfant a donc choisi le sujet qu’ilvoulait aborder. Des équipes se sont for-mées. Les jeunes ont écrit leur texte. Ils ontplanifié la soirée, ont envoyé les lettresd’invitation et ont même préparé un goûter.J’ai vu des jeunes échanger des informa-tions, coopérer, prendre des décisions.C’était génial. (Primaire, 2e cycle)

L’exemple qui précède prouve qu’un projettrouve aussi sa source dans un environne-ment ouvert. Voilà en effet une enseignantequi a su reconnaître le potentiel contenudans un souhait spontané, puis repris et assu-mé par les autres élèves, tous portés par unevision optimiste. Se lancer dans un projet,c’est donc estimer que la réalisation est pos-sible – une réalisation aventureuse, originalequi, ici, a pris la forme d’une « réunion » dif-férente de toutes celles qui avaient précédé.

1. Un plan d’affaires fictif n’est pas admissible dans le cadredu Concours québécois en entrepreneuriat ni dans celui de laMesure de sensibilisation en entrepreneuriat. Le projet doit avoirété réalisé.

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Développement entrepreneurial

La capacité de saisir les occasions joue unrôle primordial dans la culture entrepre-neuriale. En fait, il s’agit d’une relation àl’environnement d’un type très particulier.Pour créer de la nouveauté qui soit « enprise » avec le milieu de vie, il faut un véri-table état d’éveil, une disposition à se sen-tir concerné par ce qui se passe autour desoi. Cela commence par une sorte d’origi-nalité ludique au primaire, prend la formed’une disposition à l’action novatrice ausecondaire, et, enfin, cela permet, plustard, l’émergence d’un projet entrepreneu-rial en rapport étroit avec les besoins dumilieu. En psychologie cognitive, on parlede « sensibilité aux problèmes ».

Commentaire pédagogique

L’interrogation porte ici sur le point de dé-part, sur l’idée initiale du projet. Comment unprojet naît-il? Il peut par exemple arriverqu’on doive élaborer un projet dans le butd’obtenir une subvention. Dans ce cas, faut-ils’en remettre à l’initiative de l’enseignant ou

à celle des élèves? L’enseignant préfère engénéral un projet qui sert bien ses objectifsdisciplinaires et ne veut pas risquer de selaisser déborder. Comme solution de com-promis, il est possible de laisser les élèvesdécider librement du projet, mais dans lecadre d’un thème donné par exemple, ou àl’intérieur de contraintes et de conditions detemps, d’espace et de budget strictementdéfinies.

Mais peu importe les modalités, le projetretenu devra être rattaché à une problé-matique bien identifiée et bien comprisepar tout le monde.

Un projet est un véritable projet quand il réu-nit les quatre conditions exposées ci-dessous.La question est maintenant de savoir com-ment se construit un projet.

CHAPITRE 234

1. Son unité

Elle est lié aux auteurs du projet; elle sedéveloppe au fur et à mesure de l’élabora-tion du projet. Elle associe la conceptionet la réalisation, marie l’idée à la réalité.

2. Sa singularité

Elle est liée à la fois aux contextes et auxparticularités des personnes, des lieux etdu moment. C’est l’incarnation du projet sil’on peut dire, avec toute la réalité qui lefait être.

3. Sa complexité

Elle est liée à ce qui est imprévisible,parce que le projet contient beaucoupd’éléments qui l’influencent. Elle requiertanalyse, mobilisation, audace d’agir mal-gré l’incertitude qui demeure.

4. Ses opportunités

Elles sont présentes dans l’environnementet nécessitent un état d’éveil, une sensi-bilité aux problèmes ou aux besoins dumilieu.

Quatre conditions fondamentales du projet

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LE SENS DU PROJET 35

Se construire un projet : sonélaboration – sa mise en œuvre

I. L’élaboration du projet

L’idée du projet doit bien commencer parquelque chose. Dans le cas de la classed’élèves qui a pris l’initiative de convoquer laréunion de parents, elle a surgi en un instantet elle est apparue aux autres comme allant desoi. C’est sans doute la manière la plus natu-relle et la plus spontanée de procéder, mêmes’il faut se demander par la suite à quellesituation problématique elle répond. C’est ceque certains chercheurs appellent la « confi-guration intuitive » du projet. Il y a même desidées d’entreprise qui naissent ainsi : une pos-sibilité est tout à coup perçue comme neuveet prometteuse. Elle correspond aux aspi-rations du concepteur – « ça me plaît », – àses compétences – « je suis capable » – et auxressources du milieu – « on peut y arriver »!

La configuration intuitive (Bruyat, 1993) semanifeste avec la même fugacité que le faitde saisir une occasion. C’est une sorte de« préconception » qui allume, chez le futurentrepreneur, un point focal qu’il mettra par-fois des années à transformer en une visiond’entreprise. À cet égard, il existe un testamusant dont l’auteur est inconnu. Il senomme le test POP. Il devrait être proposéaux élèves juste après qu’ils ont été sollici-tés à produire leur idée de projet. Il permetd’évaluer un projet de manière très rapide :

Test POP

P Est-ce que le projet est Possible avecles ressources dont vous disposez?

O Le projet est-il Original? L’idée vient-ellede vous?

P Est-ce que le projet vous Passionne?Serait-ce un Plaisir pour vous de leréaliser?

Pouvez-vous Persévérer et vous rendreau bout du projet?

Cela dit, l’élaboration du projet (projet-visée)comprend :1. l’analyse de la situation;2. l’esquisse d’un projet possible;3. la stratégie entrevue.

Pour sa part, la mise en œuvre du projet(projet-programme) comprend :4. la planification;5. la gestion des écarts;6. l’évaluation et ses indicateurs.

1. L’analyse de la situation

Comme il s’agit de produire un changement,de créer de la nouveauté sous une forme quilaisse des traces (un bien, un service, unévénement), il faut agir sur une situation quien a besoin. C’est donc l’analyse d’une situa-tion donnée qui va révéler ce qui est à pro-duire, ce qui va combler un manque, ce quiva corriger un dysfonctionnement. La problé-matique peut être technique ou matérielle,sociale ou humanitaire. Elle peut avoir unrapport avec le mode de vie, l’alimentation,l’état de l’environnement. Mais le seul faitque l’idée du projet se fonde sur l’observationet l’analyse d’une situation donnée fait ensorte qu’elle ne pourra pas être jugée arbi-traire ou futile, mais qu’elle aura bien plutôtune valeur éthique et significative pour lemilieu. Bref, l’entrepreneuriat prend tout sonsens dans sa mission implicite d’améliorer laqualité de vie ou la richesse collective, qu’ellesoit économique, culturelle, humanitaire ouécologique.

Le projet consiste à mettre en place la viséeet le programme permettant de faire advenirun futur désiré. Le projet doit donc plaire àcelui qui le pense (ou à ceux qui le pensent)et l’analyse de la situation doit permettre auconcepteur de s’y reconnaître : Que veut-il?Quelles sont ses aspirations, ses inclinaisons,ses valeurs? Pour pouvoir faire corps avecun projet, il faut vouloir celui-ci, parce qu’ilréalise la personne et la rapproche de cequ’elle cherche.

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Ressources cognitives

Deux ressources cognitives sont sollicitéespour l’analyse de la situation : la connais-sance de soi et la sensibilité au problème àrésoudre.

– La connaissance de soi est indispensablepour pouvoir s’interroger sur son effica-cité personnelle, sur sa mobilisation àrelever le défi et, surtout, sur sa détermi-nation à consentir les efforts nécessaireset à persévérer.

– Il faut également être sensible au pro-blème et avoir la capacité de repérer lespossibilités de changement que recèlela situation. La créativité doit donc êtremise au service de la situation, pour bienla cerner et bien l’analyser. Ce n’est pasparce qu’on a le projet de décorer unlocal que ce projet est créatif. Un projetest créatif s’il répond à un besoin d’inno-vation, et il devient « entrepreneurial »si la créativité qu’il requiert est pertinenteet appliquée à une situation qui en abesoin.

Accompagnement pédagogique

Il y a deux approches possibles pour l’en-seignant : demander aux élèves qu’ils pro-posent un projet ou le proposer soi-même.Mais peu importe pour ce qui nous con-cerne ici : dans tous les cas, il faut unesituation qu’on veut changer, une amélio-ration qu’on veut apporter, un produit, unservice ou un événement qu’on veut créer.

– Amener les élèves à faire l’analyse de lasituation visée par le projet.

– Procéder de manière à ce que chacunconstruise son opinion et exerce un ju-gement critique sur le sujet.

– Faire en sorte que la compréhension dubut visé soit formulée en une phrase,individuellement mais aussi collective-ment.

– Encourager les élèves à poser le plus dequestions possibles au regard des idées

de projet, des solutions envisagées, despossibilités d’action.

– Expliquer aux élèves qu’il faut entre-prendre un processus de découverte,qu’il faut produire de la nouveauté, del’innovation; leur proposer des mé-thodes qui génèrent de la fluidité, de ladiversité et de l’originalité.

– Faire débattre de la question en petitsgroupes, avec forum général ensuite sinécessaire. Le projet est-il réalisable?Quelles sont les idées de projet plusappropriées par rapport à la situationvisée?

– Faire identifier les ressources dont ondispose pour réaliser le projet.

– Faire en sorte que le projet soit « ou-vert », de façon à ce que chacun puisse ytrouver son compte, y « faire sa niche ». 2

– Dans les cas où l’idée même du projetdoit être trouvée, expliquer aux élèvesqu’il leur faut entreprendre un proces-sus de découverte, qu’il faut avancerdes possibilités d’action et trouver dessolutions en rapport avec la probléma-tique vécue, qu’il faut produire de lanouveauté et faire preuve d’innovation.

– Animer la classe de manière à faireressortir les idées les plus appropriées àla problématique visée. Que choisir?Qu’est-ce qui plaît le plus? Qu’est-ce quipromet le plus? Est-ce possible? Celareprésente-t-il un bon niveau de diffi-culté? Est-ce un défi qu’on a de bonneschances de pouvoir relever? À premièrevue, est-il raisonnable de s’engager danscette voie?

CHAPITRE 236

2. Les propositions d’accompagnement pédagogique du projetentrepreneurial selon les étapes d’élaboration et de réalisationsont largement inspirées d’un document de travail de LineHoude, responsable de l’approche orientante à la Commissionscolaire de la Capitale.

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LE SENS DU PROJET 37

2. L’esquisse d’un projet possible

Nous ne sommes pas tous sensibles auxmêmes situations ni aux mêmes aspectsd’une situation. Les buts à poursuivre doiventdonc être formulés à la lumière des valeurset des intérêts de chacun des intervenants. Leprojet doit correspondre à chacune des per-sonnes qui s’y engagent et tenir compte de laréalité. Cela veut dire qu’un projet commun àplusieurs devrait être choisi pour sa perti-nence générale et que chacun devrait aumoins pouvoir adhérer aux parties qui le con-cernent personnellement. Nous nous trou-vons donc devant la situation suivante : né-cessité de s’entendre sur un but commun etsituation à choix multiples permettant auxparticipants de se différencier et, en mêmetemps, de trouver un sens à leur participa-tion.

Accompagnement pédagogique

– Amener les élèves à identifier les qua-lités ou les forces nécessaires à l’ac-complissement des tâches; favoriser unquestionnement personnel en rapportavec les exigences spécifiques du pro-jet.

– Permettre aux élèves de choisir leurstâches en fonction de leurs intérêts.

– Proposer d’afficher les différentestâches sous forme d’offres d’emploi.

– Demander aux élèves de poser leurcandidature à l’aide d’une lettre deprésentation.

3. La stratégie entrevue

Une fois bien défini ce qui est recherché, sepose la question du chemin à suivre pour s’yrendre. Il n’est pas un chemin tout tracé et ilne doit pas être un chemin totalement impro-visé. Comment tenir compte des obstaclesdéjà perçus, des moyens de les contourner etdes résistances au changement qui ne man-queront pas de survenir? Comment prendreen considération les ressources et les solu-tions qui pourront se présenter dans le cou-rant de l’action? Il ne faut pas que ce soit unquestionnement défaitiste, mais plutôt l’ex-pression du besoin d’être confronté à laréalité. C’est encore une réflexion sur la si-tuation, mais, cette fois-ci, dans le rôle del’avocat du diable. Le but est de ne pas sefaire piéger, d’être sûr qu’on ne sera confron-té qu’à des obstacles surmontables. Cela s’ap-pelle la faisabilité du projet et la manière d’ypenser est de nature stratégique : commentprotéger le projet en toutes circonstances etface à l’imprévu et, surtout, comment mettreà profit les personnes ressources?

Accompagnement pédagogique

– Amener les élèves à prévoir les diffi-cultés qu’ils auront à surmonter, et àprévoir des moyens pour y faire face;les préparer à devoir résoudre des pro-blèmes et à se débrouiller.

– Encourager les élèves à se voir dansdes rôles où ils vont réussir, mais nonsans avoir surmonté certaines diffi-cultés.

– Annoncer aux élèves qu’ils auront à tra-vailler dans une situation parfois incer-taine. 3

3. « L’étudiant passe des années, du primaire à l’université, dansune relation de quasi-passivité par rapport à l’apprentissage.Ainsi, il évolue dans un système où les cadres de référence ontété si bien établis qu’il éprouve beaucoup d’anxiété dès qu’il seretrouve dans un système où tout n’est pas déjà clairementdéfini. » (L.-J. Filion, 1999)

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II. La mise en œuvre du projet

Il n’y a pas de culture entrepreneuriale sansculture organisationnelle. La mise en œuvrecommence par la décision d’avancer et par lepassage à l’acte.

4. La planification

Le passage à l’acte ne peut se faire en toutesécurité que s’il a été correctement prévudans le processus de planification. « Quoifaire? Comment le faire? » sont des questionsqui fournissent des balises nouvelles quipermettent de programmer les différentesphases de l’action à mener.

Tout projet qui requiert une répartition destâches, la formation de comités, l’établisse-ment d’équipes et leur coordination devientune expérience propice à la culture organi-sationnelle. Celle-ci a besoin de la directiond’un leader qui a le sens de la participation etde la concertation en rapport avec les déci-sions à prendre.

Ressources cognitives

Entrepreneuriat-innovation mais aussi, cettefois, entrepreneuriat-organisation : certainespersonnes en ont le génie! Le sens de l’orga-nisation fait appel à une grande part de lo-gistique afin de gérer les opérations, leséchéances, les coûts, les priorités. La mise enœuvre a également besoin d’un bon leader-ship. Il est nécessaire parce qu’on crée etentretient des situations de mobilisation parrapport aux ressources de chacun et à cellesde l’organisation. C’est pourquoi il faut unenvironnement stimulant, propice à la com-munication, générateur de rigueur, de syner-gie et de cet esprit d’engagement qui fait dechacun un acteur plutôt qu’un exécutant ouun figurant.

Témoignage au primaire

« Même si nous ne faisions partie que d’unseul comité, nous savions ce que chacunavait à faire. Nous avons alors présenté ceprojet aux autres élèves de l’école. Nous pou-vions leur expliquer tout ce que cela impli-quait et à quel point il fallait être plusieurs àtravailler pour avancer. Nous avons vu aussicomment il fallait s’y prendre pour être effi-caces. » – Projet élève, primaire (5e année).

Accompagnement pédagogique

– Permettre aux élèves de faire l’ex-périence d’une situation de travaild’équipe, les amener à identifier lesrôles qu’ils peuvent y jouer et à devenirconscients de la nécessité de prendreleurs responsabilités.

– Les élèves vont devoir travailler enéquipe (dans un secteur correspondantà certaines tâches) et être responsablesdu bon fonctionnement de leur secteur(importance de la solidarité et de la res-ponsabilité).

– La réalisation du projet permet auxélèves d’être les acteurs principaux àchacun des moments de la démarche(responsabilisation, autonomie, enga-gement).

– Demander aux élèves de trouver ou deprévoir des tâches à accomplir, desidées d’intervention.

– Les élèves ont à planifier leurs activitésdans leur secteur respectif et à prévoirle matériel dont ils auront besoin.

– Les élèves peuvent exercer une in-fluence sur d’autres membres dugroupe et les entraîner dans la réalisa-tion du projet (leadership).

– À la fin du projet, les élèves vont devoirvoter pour désigner la personne de leuréquipe qui s’est le plus impliquée.

– Pour sa part, le superviseur pourraaussi saluer les efforts des élèves qui seseront démarqués des autres.

CHAPITRE 238

Page 40: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

LE SENS DU PROJET 39

5. La gestion des écarts

Sur ce point, nous sommes confrontés à laréalité des faits. La gestion des écarts se rap-porte en effet à la réalisation du projet au furet à mesure que sont accomplies les tâchesplanifiées. Mais il se produit des imprévus quidérangent le plan initial. L’expérience entre-preneuriale comprend aussi le fait de s’en-tendre sur les ajustements à faire et de s’en-traider, en recourant à la débrouillardisenécessaire au regard de l’inattendu, de la dif-ficulté concrète, de l’erreur commise ou del’incident fortuit.

La volonté d’atteindre le but va de pair avecun regard critique porté sur l’avancement dela réalisation et avec la reconnaissance desécarts entre ce qui était visé et ce qui s’ac-complit. Toutefois, ce genre de contrôle se-rait trop rigide et même obsessif s’il voulait,de façon maniaque, la concordance parfaiteentre l’un et l’autre. Aussi, deux questions seposent : « Jusqu’où les écarts sont-ils accep-tables? Faut-il avoir la flexibilité d’infléchirle projet-visée pour l’adapter aux circons-tances? » Ces questions se posent souventdans le domaine de la gestion des ressourcesmatérielles et financières.

Accompagnement pédagogique

– À travers les succès et les difficultésvécus dans les étapes de réalisation, lesélèves ont l’occasion de développer leurestime d’eux-mêmes en prenant desresponsabilités à leur mesure et en s’en-traidant.

– À l’occasion, suggérer aux élèves de selibérer du stress en visualisant à l’a-vance ce qu’ils auront à faire.

– Les élèves devront faire face aux impré-vus et faire preuve d’esprit d’initiative. Ilsdevront proposer eux-mêmes les façonsde faire qui leur paraissent appropriées.

– Laisser les élèves tenter de résoudreeux-mêmes les difficultés et interveniren cas de besoin seulement.

6. L’évaluation et ses indicateurs

Un projet ne saurait vraiment être considérécomme réalisé qu’après l’évaluation que lesconcepteurs, participants et responsables enauront faite. L’importance pédagogique del’évaluation ne saurait échapper à l’ensei-gnant. Si l’expérience ne fait pas l’objet decommentaires approfondis, elle sera viteoubliée ou, du moins, réduite à n’avoir étéqu’« une activité le fun ». Sans retour à la pro-blématique initiale, à sa définition concrète, àsa verbalisation claire, et sans retour surl’expérience elle-même et son déroulement,qu’aura-t-on appris, que pourra-t-on conclureet déduire pour le futur?

Critères d’efficacité

« Jusqu’à quel point les objectifs d’actionfixés collectivement ont-ils été atteints par legroupe? Jusqu’à quel point les actions de cha-cun ont-elles été positives et ses responsabi-lités correctement assumées? »

Critères d’efficience

« Dans quelle mesure avons-nous fait lameilleure utilisation possible des ressourcesdont nous disposions? Qu’est-ce qui nous aété le plus utile et qu’est-ce qui nous a peuservi, collectivement et individuellement? Lescompétences du groupe ont-elles été mises àcontribution? Peut-on parler d’une synergied’action dans la réalisation du projet? »

Critères de cohérence

« En fonction des objectifs fixés, avons-nousposé les bons gestes, avons-nous choisi lesbonnes actions à faire? Avons-nous perdu devue les objectifs à poursuivre? Y a-t-il desélèves qui ont exercé un leadership? »

Critères de pertinence

« Jusqu’où le projet réalisé nous donne-t-il l’impression d’avoir accompli quelquechose d’important et de valable à nos yeux?

Page 41: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

Jusqu’où le projet réalisé crée-t-il un effetperçu comme positif par le milieu ciblé par leprojet? »

Accompagnement pédagogique dans la pers-pective du projet

L’évaluation peut prendre la forme d’uneréflexion collective sur la réussite du projetet sur les possibilités qui auraient permis deréussir encore mieux.

Il est nécessaire de découvrirensemble les règles du jeu, lescritères d’évaluation, les fac-teurs à considérer et les leçonsque, d’un point de vue opéra-toire et méthodologique, il estpossible de tirer de l’expérience.

Le questionnement devrait favoriser l’expres-sion la plus claire possible de ce qu’est la cul-ture du projet et la culture entrepreneuriale :en quoi l’« art du projet » permet-il d’innover,de produire de la nouveauté et d’améliorernotre qualité de vie? Le projet, c’est donnerune forme à l’avenir.

Accompagnement pédagogique dans la pers-pective de l’action efficace et des ressourcesémotives de chacun (qualités entrepreneu-riales)

– Pour mener à terme leur projet, les élèvesont dû faire preuve de ténacité et de per-sévérance. Il faudrait trouver une façon dereconnaître leur force de caractère et leurendurance, ainsi que le temps consacré autravail, peut-être en leur montrant simple-ment que cela ne passe pas inaperçu.

– Le projet terminé doit amener les élèves àévaluer leurs réalisations et leur progres-sion sur le plan personnel et sur le plan dutravail en équipe. Ils doivent égalementpouvoir évaluer les qualités de leurs co-équipiers.

Il existe donc quatre conditions à respecterpour qu’un projet soit un véritable projet :

son unité, sa complexité, sa singularité et sesopportunités. De même, l’avancement d’unprojet peut être résumé en six étapes : ana-lyse de la situation, esquisse d’un projetpossible, stratégie entrevue, planification,gestion des écarts et évaluation.

Un projet entrepreneurial réussi :critères de réussite

Une question demeure : qu’est-ce qu’un projet réussi?

« C’est un projet qui… » Cha-cun pourrait tenter de com-pléter le début de cette phrase.Dans cette optique, voici quel-ques indicateurs, un référentiel

pratique susceptible de fournir à l’éducateurun aperçu de sa compréhension de la cultureentrepreneuriale...

Pour qu’un projet entrepreneurial soit réussi,il faut tout d’abord qu’il soit réellement en-trepreneurial et non pas seulement heuris-tique. Il ne doit pas uniquement produire unsavoir mais générer une action. C’est ce quile distingue de l’apprentissage par projet. Lastructure est semblable, mais ce dernier neconduit pas à entreprendre une action nova-trice : il conduit à un travail d’enquête et àl’élaboration d’un savoir. Il peut néanmoinsdonner naissance à un produit culturel (parexemple une pièce de théâtre, un vidéorepor-tage ou autre chose, mais qui comporte unemise en marché et tout ce que cela implique).

Pour qu’un projet entrepreneurial soit réussi,il doit aussi se caractériser par une actionoriginale, inédite. Si une action se répète in-définiment (comme l’élaboration d’un recueilde recettes ou une levée de fonds), elle perdrapidement tout attrait, à moins qu’elle tenteexplicitement de renouveler le genre ou dechanger la manière de faire. De même, si leprojet lui-même se multipliait en diversesvariantes issues de la même intention, de lamême procédure ou de la même organisation,

CHAPITRE 240

Le projet,c’est donnerune forme àl’avenir.

Page 42: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

LE SENS DU PROJET 41

alors, aucune de ces variantes ne pourraitêtre considérée comme un projet puisqu’ils’agirait toujours de la même action. Ceserait le cas, par exemple, d’un projet derecyclage de papier pour la fabrication designets, puis de cartes de souhaits, de sous-verres, etc. Pour être entrepreneuriale, ilfaudrait que l’action soit novatrice et s’ins-crive dans une problématique économique,communautaire ou technologique, et répondeà un besoin du milieu, à la nécessité d’unmeilleur fonctionnement ou même à unsimple souhait de bien-être.

Pour qu’un projet entrepreneurial soit réussi,il doit également être mobilisateur. Il l’estquand il réunit beaucoup d’acteurs et d’exé-cutants, quand il va chercher des personnesressources étrangères au projet, quand ilutilise les médias, qu’il réunit des assemblées,qu’il rejoint une population. Un projet estmobilisateur quand il donne naissance à unproduit, un bien, un service ou un événementqui bénéficie d’un grand retentissement (cf. leprojet «Balles de laine » ci-dessous).

Enfin, pour qu’un projet entrepreneurial soitréussi, il doit impliquer une réalisation degrande envergure et se signaler par la gestionefficace des ressources matérielles et finan-cières et par la mobilisation des ressourceshumaines.

Toutefois, en ce qui nous concerne, un projetentrepreneurial réussi est celui qui est for-mateur pour l’élève en lui permettant demettre en valeur ses qualités et ses compé-tences entrepreneuriales, spécialement sonautonomie et sa responsabilité :– l’autonomie de l’élève peut être favoriséepar la marge de manœuvre que lui laissel’enseignant pour participer le plus pos-sible à toutes les étapes du projet et ainsimobiliser, d’une façon intégratrice, lesdiverses compétences transversales;

– la responsabilité solidaire de l’élève peutêtre favorisée par la manière dont l’ensei-gnant facilite son adhésion au projet-viséeet sa collaboration au projet-programme.

Exemple de projet

Balles de laine pour la Roumanie(2003-2004)

Il s’agit d’un atelier de tricot conçu pourvenir en aide aux enfants d’un orphelinaten Roumanie. 172 élèves de tous les niveauxy participent. Ils tricotent des carreauxpour la fabrication de couvertures ou desfoulards qui serviront aux enfants de l’or-phelinat. Les jeunes se sont associés à desfemmes plus âgées, expertes en tricot, quiles aident à réaliser leur projet. Cette asso-ciation a donc également eu comme avan-tage de briser l’isolement des personnesâgées qui ont contribué aux ateliers. Lesjurés ont été conquis. Voici leurs commen-taires : « Belle dynamique, belle mobilisa-tion, objectifs nobles, belle organisation dutravail. Bel exemple de partenariat entrel’école et la communauté, aspect intergéné-rationnel intéressant. Magnifique réussite,on sent l’émotion jusqu’ici. »

Catégorie : Secondaire général

École Joseph-François-Perrault, CS de la Capitale

Région de la Capitale-Nationale

L’évaluation pourrait donner lieu à une acti-vité très enrichissante, surtout chez les plusjeunes. Il serait en effet possible, en faisantun retour sur l’expérience, de leur enseignerle vocabulaire entrepreneurial et de nommerles valeurs et les qualités qui rendent l’actionefficace et qui font de chacun une personneengagée dans ce qu’elle fait. Ce serait éga-lement le moment de leur montrer tous lesrapports qui existent entre l’expériencevécue et leurs études et la réussite scolaire.

L’évaluation peut comporter des questions serapportant aux ressources émotives, auxressources cognitives mobilisées, à la cultureorganisationnelle, à l’expérience d’une res-ponsabilité solidaire et à celle de l’exercicedu leadership dans un contexte de coopé-ration et d’interdépendance.

Page 43: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

CHAPITRE 242

Plus formatrice encore serait une activitéconsistant à demander à chacun de raconterl’histoire du projet tel qu’il l’a compris etvécu, à son niveau, avec les émotions qu’il aressenties, les défis qu’il a dû relever, lesincertitudes qu’il a vaincues, les bons coupsqu’il a réussis, les moments de fierté et d’ac-complissement et, surtout, les conclusionsqu’il en tire pour un prochain projet.

L’histoire du projet peut êtreracontée, mais elle peut aussiêtre dessinée ou mise en vidéo;elle peut donner lieu à une com-position musicale, à la recons-titution scénique d’un événe-ment particulier survenu dansle cours de la réalisation duprojet. On pourrait même éla-borer d’autres formules pourrappeler l’expérience et s’ins-pirer notamment de la notiond’« intelligences multiples ».

Selon le principe de la vica-riance, l’observation, par unepersonne, d’un comportementchez quelqu’un qui lui ressemble ou d’uneperformance accomplie par quelqu’un qui ales mêmes caractéristiques qu’elle, la disposeà croire en son efficacité personnelle et luiinsuffle par conséquent l’idée d’entreprendre,de prendre des initiatives comme cellesqu’elle a pu observer. Bref, la culture entre-preneuriale serait contagieuse si les élèvesqui ont réussi l’expérience du projet entre-preneurial pouvaient en témoigner devantleurs semblables et leurs proches. Pourquoipas une tournée des meilleures histoiresentrepreneuriales dans les classes de l’écoleou même dans les écoles environnantes?

La cultureentrepreneuriale

seraitcontagieuse siles élèves quiont réussi

l’expérience duprojet

entrepreneurialpouvaient entémoigner.

Page 44: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

LE SENS DU PROJET 43

4. Pour avoir la totalité des consignes, consulter les accompagnements pédagogiques présentés aux pages 36 à 40.5. Voir la descrition complète des compétences transversales et leurs composantes aux pages 44 et 45.6. Voici quatre critères d’évaluation et leur définition : Efficacité : atteinte des objectifs; Efficience : utilisation judicieuse des ressources;Cohérence : actions entreprises pour atteindre les objectifs; Pertinence : bonne réception dans le milieu concerné.

Quelques fondements de la culture entrepreneuriale (ressources cognitives)

Élaboration(projet-visée)

Mise enœuvre(projet-

programme)

1. Analysede lasituation

2. Esquissed’un projetpossible

3. Stratégieentrevue

4.Planification

5. Gestiondes écarts

6.Évaluation

Qualité del’action

Motivation

ConfianceDétermination

EffortInitiative

Esprit d’équipeResponsabilité

DébrouillardiseSolidaritéPersévérance

Quelques consignes 4 d’accompagnementpédagogique (Chaque élève devrait être en mesurede…)

Proposer un projet :– Analyser la situation visée et donner son opinion.– Comprendre et formuler le but visé.– Poser le plus de questions possible sur le ou lesprojets avancés et débattre à propos de lafaisabilité du projet ou des projets.

– Identifier les ressources disponibles et la placequ’ils pourraient occuper.

Solliciter un projet :– Entreprendre un processus de découverte.– Identifier des actions possibles en lien avec uneproblématique identifiée.

– Identifier le projet le plus approprié, celui qui estpossible, prometteur, et qui présente un bonniveau de difficulté.

– Identifier les qualités ou les forces nécessaires à laréalisation du projet en lien avec les exigencesspécifiques du projet.

– Choisir ses tâches selon ses intérêts et sesaptitudes.

– Prévoir les difficultés.– Identifier des moyens pour les surmonter.– Se projeter dans des rôles où il réussira ensurmontant les difficultés.

– Faire face à des situations incertaines; tolérerl’ambiguïté.

– Expérimenter le travail d’équipe.– Identifier les rôles qu’il jouera.– Prendre ses responsabilités.– Être l’acteur principal à certains moments de laréalisation.

– Identifier et prévoir les tâches à accomplir.– Proposer des manières de faire.– Planifier ses tâches et prévoir le matériel nécessaire.– Exercer une certaine influence à l’intérieur du groupe.

– Choisir des responsabilités valorisantes et à samesure.

– Anticiper les étapes afin de contrôler le stress.– Faire face aux imprévus.– Faire preuve d’initiative.– Solutionner soi-même, ou en équipe, les difficultés.

Dans la perspective du projet 6 :– Réfléchir collectivement à la réussite du projet, à cequi aurait pu améliorer les résultats.

– Découvrir les critères, les éléments importants àconsidérer pour l’évaluation.

– Tirer des leçons sur le plan des opérations et de laméthodologie.

– Comprendre la culture entrepreneuriale et sescaractéristiques.

Dans la perspective de l’action efficace et desressources émotives de chacun :– Évaluer la progression et les réalisations au pointde vue personnel et du groupe.

– Identifier les qualités démontrées par sescoéquipiers.

– Prendre conscience des apprentissages et desqualités qu’on a pu expérimenter dans l’action.

Compétences transver-sales 5 en lien avec lesétapes du projet

1. Exploiter l’information.3. Exercer son jugementcritique.

4. Mettre en œuvre sapensée créatrice.

6. Exploiter les TIC.9. Communiquer de façonappropriée.

5. Se donner des méthodesde travail efficaces.

6. Exploiter les TIC.7. Actualiser son potentiel.9. Communiquer de façonappropriée.

2. Résoudre des problèmes.5. Mettre en œuvre sapensée créatrice.

6. Exploiter les TIC.9. Communiquer de façonappropriée.

8. Coopérer9. Communiquer de façonappropriée

2. Résoudre desproblèmes.

9. Communiquer de façonappropriée.

3. Exercer son jugementcritique.

7. Actualiser sonpotentiel.

9. Communiquer de façonappropriée.

Étapes du projet

Page 45: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

Les compétences transversales et leurscomposantes

1. Exploiter l’information

Systématiser la quête d’information• Se donner des stratégies d’investigation• En reconnaître l’intérêt et la pertinence• Cerner l’apport de chacune

S’approprier l’information• Sélectionner les sources pertinentes• Recouper les éléments d’information provenant dediverses sources• Juger de la validité de l’information à partir de critères• Dégager des liens entre ses acquis et ses découvertes• Discerner l’essentiel de l’accessoire• Rechercher de l’information complémentaire

Tirer profit de l’information• Répondre à ses questions à partir de l’informationrecueillie• Relativiser ses connaissances antérieures• Réinvestir l’information dans de nouveaux contextes• Respecter les droits d’auteur

2. Résoudre des problèmes

Analyser les éléments de la situation• Cerner le contexte, en percevoir les éléments déter-minants et les liens qui les unissent• Reconnaître les ressemblances avec des situationsanalogues résolues antérieurement

Mettre à l’essai des pistes de solution• Générer et inventorier des pistes de solution• En examiner la pertinence et en apprécier les exi-gences et les conséquences• Choisir une piste de solution, la mettre en pratique etjuger de son efficacité• Au besoin, en mettre une autre à l’essai

Adopter un fonctionnement souple• Effectuer un retour sur les étapes franchies• Reprendre certaines d’entre elles au besoin• Dégager les éléments de réussite et analyser lesdifficultés éprouvées

3. Exercer son jugement critique

Construire son opinion• Cerner la question, l’objet de réflexion• En apprécier les enjeux sur le plan logique, éthique ouesthétique• Remonter aux faits, en vérifier l’exactitude et lesmettre en perspective• Explorer différentes options et des points de vuepossibles ou existants

• S’appuyer sur des repères logiques, éthiques ou esthé-tiques• Adopter une position

Exprimer son opinion• Articuler et communiquer son point de vue• Justifier sa position

Relativiser son opinion• Comparer son opinion à celles des autres• La reconsidérer• Évaluer la part de la raison et de l’affectivité dans sadémarche• Reconnaître ses préjugés• Reprendre sa démarche au besoin

4. Mettre en œuvre sa pensée créatrice

S’imprégner des éléments d’une situation• En cerner les objectifs et les enjeux• Être ouvert aux multiples façons de l’envisager• Laisser émerger ses intuitions• Se représenter différents scénarios et en projeterdiverses modalités de réalisation

S’engager dans l’exploration• Accepter le risque et l’inconnu• Jouer avec les idées• Procéder par tâtonnement• Transformer les contraintes en ressources• Reconnaître les éléments de solution qui se présentent• Être réceptif à de nouvelles idées, à de nouvelles voies

Adopter un fonctionnement souple• Mettre à l’essai différentes façons de faire• Exploiter de nouvelles idées• Explorer de nouvelles stratégies et techniques• Exprimer ses idées sous de nouvelles formes

5. Se donner des méthodes de travailefficaces

Visualiser la tâche dans son ensemble• S’approprier l’objectif visé et en évaluer la complexité• Identifier les ressources disponibles• Imaginer différentes façons de faire• Anticiper la marche à suivre• Se représenter la meilleure façon de procéder

Réguler sa démarche• Mobiliser les ressources requises : personnes, matériel,temps, etc.• Adapter sa méthode de travail à la tâche et au con-texte et réajuster ses actions au besoin• Mener la tâche à terme

Analyser sa démarche• Examiner rétrospectivement sa démarche

CHAPITRE 244

Page 46: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

LE SENS DU PROJET 45

• En reconnaître l’efficacité et les limites• En évaluer les exigences• Imaginer des contextes de réinvestissement

6. Exploiter les technologies de l’infor-mation et de la communication

Utiliser les technologies appropriées• Réaliser des tâches variées en recourant aux res-sources technologiques.• Évaluer le potentiel des technologies et des réseauxdisponibles• Choisir les outils les mieux adaptés à la situation• Appliquer des stratégies d’interaction, de commu-nication et de dépannage, selon les besoins de la tâche

Tirer profit de l’utilisation de la technologie• Diversifier l’usage des TIC• En exploiter les ressources et les fonctions dans desapprentissages multiples• Reconnaître et utiliser dans un nouveau contexte lesconcepts et processus déjà connus• Anticiper de nouvelles utilisations• Respecter les valeurs et les codes relatifs à la pro-priété intellectuelle et au respect de la vie privée

Évaluer l’efficacité de l’utilisation de la technologie• Confronter ses façons de faire avec celles des autres• Reconnaître ses réussites et ses difficultés• Chercher les améliorations possibles dans sa manière defaire et proposer des avenues pour accroître son efficacité• Examiner la pertinence de recourir aux TIC en consi-dérant leur apport à la tâche

7. Actualiser son potentiel

Reconnaître ses caractéristiques personnelles• Identifier ses émotions, ses sentiments, ses valeurs, sesréférences et ses possibilités• Découvrir ses forces et ses limites• Juger de la qualité et de la pertinence de ses choixd’action• Reconnaître les conséquences de ses actions sur sessuccès et ses difficultés• Évaluer ses réalisations et sa progression

Prendre sa place parmi les autres• Reconnaître son appartenance à une collectivité• Confronter ses valeurs et ses perceptions avec cellesdes autres• Percevoir l’influence des autres sur ses valeurs et seschoix• Exprimer ses opinions et affirmer ses choix• Respecter les autres

Mettre à profit ses ressources personnelles• Se fixer des buts à court et à long terme

• Déterminer des critères de réussite personnelle, sco-laire et professionnelle• Fournir les efforts nécessaires• Persévérer pour atteindre les buts fixés• Manifester de plus en plus d’autonomie

8. Coopérer

Contribuer au travail coopératif• Évaluer à quel type de collaboration ou de coopérationse prête la tâche• Participer aux activités de la classe et de l’école defaçon active et dans un esprit de collaboration• Tirer parti des différences pour atteindre un objectifcommun• Planifier et réaliser un travail avec d’autres• Accomplir sa tâche selon les règles établies en groupe• Gérer les conflits

Tirer profit du travail coopératif• Reconnaître les situations qui se prêtent bien à lacoopération• En mesurer les défis ou les enjeux• Apprécier les retombées du travail coopératif sur soiou sur les autres• Évaluer sa contribution et celle de ses pairs• Cerner les améliorations souhaitables

Interagir avec ouverture d’esprit dans différentscontextes• Accueillir l’autre avec ses caractéristiques et recon-naître ses champs d’intérêt et ses besoins• Contribuer à l’échange de points de vue, écouterl’autre et respecter les divergences• Adapter son comportement aux personnes et à la tâche

9. Communiquer de façon appropriée

S’approprier divers langages• En connaître et en respecter les usages, les règles, lescodes et les conventions• En exploiter les ressources

Recourir à divers modes de communication• Analyser la situation de communication• Choisir un ou des langages appropriés au contexte et àl’intention de communication• Identifier les modalités de communication appropriéesau destinataire et à ses caractéristiques• Utiliser des langages adaptés à la situation

Gérer sa communication• Tenir compte des facteurs pouvant faciliter ou entraverla communication• Ajuster la communication en fonction de la réactiondes destinataires réels ou potentiels• Reconnaître les stratégies utilisées tout au long duprocessus ainsi que leur efficacité

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La vision et la connaissance dumarché

Dans un cahier portant sur le monde de laPME, on rapporte le commentaire d’un jeuneentrepreneur comptable : « Ceux qui réussis-sent comprennent bien le marché et ils onttrouvé un créneau, souvent dans leur propredomaine. Ce sont des gens qui ont une vision,mais qui, en même temps, connaissent bienle secteur industriel où ils comptent opérer.[…] Ça prend aussi de très bonnes capacités

de gestion les premières années, c’est cer-tain. Mais ce qui fait la différence, c’est vrai-ment de trouver la bonne idée et de s’asso-cier avec les bonnes personnes. » Trouver labonne idée et bien choisir ses partenairessont deux exigences qui demandent d’être enrelation étroite avec le milieu.

Bien sûr, nous sommes engagés dans uneanalyse particulièrement pointue, mais c’estprécisément elle qui va rendre clair le sensde l’entrepreneuriat.

LA RELATION ENTREPRENEURIALE AVEC LE MILIEU 47

Nous entrons maintenant dans ce qui fait la spécificité de la cul-ture entrepreneuriale. Certes, elle se révèle comme une volontéd’agir (ressources émotives) et comme une intelligence permet-tant d’élaborer un projet (ressources cognitives), mais encorefaut-il que celui-ci s’insère dans un milieu qui en a besoin et qu’ilpuisse être réalisé grâce aux compétences de ceux et celles qui

seront choisis et voudront s’impliquer dans l’aventure.

CHAPITRE 3RESSOURCES INTERACTIONNELLES

La relationentrepreneurialeavec le milieu

Page 49: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

Ainsi, la « fonction d’entreprendre », selonSchumpeter 1 (1935), est essentiellement unefonction d’innovation :– Production de nouveaux produits ou dé-couverte de nouvelles qualités propres àdes produits existants;

– Introduction de nouvelles méthodes deproduction;

– Introduction de nouvelles formes d’orga-nisation de l’industrie;

– Conquête de nouveaux marchés;– Accès à de nouvelles sources d’approvi-sionnement.

À l’évidence, l’innovation dont il s’agit ne doitpas être comprise comme une originalitéludique, une fantaisie pour se faire plaisir,mais bel et bien comme une nouveauté quicorrespond à un besoin, à un manque, à undysfonctionnement dans le marché, dans laproduction, dans les coûts d’exploitation,dans la chaîne de distribution, dans la stra-tégie marketing ou dans quelque autre do-maine.

Selon Kirzner (1973), l’oppor-tunité se présente quand il y aun dysfonctionnement dans unmarché, une imperfection ou undéséquilibre économique pou-vant être exploités par un entre-preneur qui, par son action,ramène alors le marché à unétat d’équilibre relatif. L’oppor-tunité consiste avant tout enune possibilité de profit due àl’existence d’une demande sol-vable et à la disponibilité desressources requises. La nou-veauté que saura alors mettresur le marché un entrepreneur possédant lacapacité de vigilance 2 peut se transformeren revenu. Cesson (1982) considère, pour sapart, les opportunités comme des « occasionsoù de nouveaux biens, services, matièrespremières ou méthodes d’organisation peu-vent être présentés et vendus à un coût plusélevé que leur coût de production. » Le para-digme de l’innovation n’est pas loin. 3

L’entrepreneur cherche à réaliser quelquechose de nouveau qui sera une réussite pourlui dans la mesure où cela sera bien reçu parle marché cible auquel il s’adresse. C’estdonc un projet qui doit reposer – car il fautminimiser les risques – sur la connaissanceet la fréquentation assidue du milieu qu’ilveut convaincre et séduire, sur une étude demarché et sur un plan d’affaires adapté.

L’entrepreneur doit considérer son milieucomme une ressource pour lui et se considé-rer lui-même comme une ressource pour sonmilieu. De plus, ces deux conditions doivent« coïncider » l’une avec l’autre.

Cette attitude faisant partie des ressourcesinteractionnelles dont doit disposer l’entre-preneur, on peut avancer que celui-ci secaractérise alors par sa disposition à consi-dérer son environnement comme une res-source qu’il peut mettre au service des butsqu’il veut atteindre.

Il faut être bien attentif et bien« éveillé » pour s’intéresserainsi à ce qui nous entoure etpour en repérer les insuffi-sances. L’idée de se lancer dansune entreprise ne jaillit pas seu-lement parce que l’occasion seprésente, cela ne suffit pas. Ellesurgit parce que l’entrepreneurpotentiel est en état d’éveil etque son esprit est préparé à larecevoir.

CHAPITRE 348

L’entrepreneurdoit considérerson milieucomme une

ressource pourlui et seconsidérerlui-mêmecomme une

ressource pourson milieu.

1. Il fut le premier à définir ce qu’est l’entrepreneuriat en tantque fonction inhérente à la vie économique.

2. Souligné par nous.

3. Extrait de la communication «Quatre paradigmes pour cernerle domaine de la recherche en entrepreneuriat », par ThierryVerstraete et Alain Fayolle (2004) : www.airepme.org

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LA RELATION ENTREPRENEURIALE AVEC LE MILIEU 49

Commentaires pédagogiques

Quelles conséquences pédagogiques peut-ontirer de cette notion d’opportunité à saisir etsurtout de l’état d’éveil qui la soutient etl’entretient? L’état d’éveil dont il s’agit neserait-il pas une manière nouvelle d’exploreret d’interpréter ce qui entoure l’élève ou l’étu-diant? Chaque discipline pourrait apporter sesquestions et ses propositions. Prenons l’exem-ple d’un bon livre à lire, à étudier, à com-menter. Pourquoi ne pas amener les élèves às’interroger sur ce qui fait le succès d’un livreen dehors même de sa qualité littéraire? Quesavent-ils de ce qui est en jeu et du conflit quiexiste entre les librairies et les grandes sur-faces? Que fait vraiment un éditeur? Commentdécide-t-on du tirage? Sous quels angles peut-on faire la promotion d’un livre? Les élèvespourraient même avoir l’idée de faire uneétude de marché, dans l’école même, pourmonter éventuellement un club de lecture…

Ainsi, il arrive que des élèves choisissent depublier leurs propres travaux sous forme derecueils, sous forme électronique ou en mon-tant des stands d’exposition. Pourquoi choi-sir une approche plutôt qu’une autre? Quiintéressera-t-elle? Et comment rejoindre leslecteurs potentiels dans leurs besoins et leursintérêts? Combien faut-il vendre de livrespour couvrir les frais ou pour faire des pro-fits qui permettent l’embauche de personnel?

L’état d’éveil peut aussi être favorisé par lamise en place d’une boîte à suggestions quirecueillerait les commentaires des élèves,selon les thématiques qu’on aurait détermi-nées en fonction des apprentissages à faire.L’état d’éveil, c’est aussi la possibilité d’asso-cier les contenus disciplinaires, par exempledans le domaine des sciences et des tech-nologies, avec des objets de consommationcourante, avec des entreprises qui fabriquentou des commerces qui vendent des produitsqui dérivent d’une invention ou d’un principetechnique particulier. Mais il faut évidem-ment toujours s’interroger sur la pertinencedu produit, sur la manière dont on le fabrique,

sur l’utilité qu’il doit avoir et sur ses applica-tions éventuelles. L’état d’éveil, c’est aussi lacapacité de remettre en question les méth-odes habituelles de mise en marché.

Toute cette réflexion entrepreneuriale peutconduire aussi à devenir un consommateuraverti, comme en témoigne le projet suivant.

Exemple de projet

La soirée des saveurs (2004-2005)

Création de l’entreprise Goutzi qui a pourbut d’organiser une soirée des saveurs pen-dant laquelle une quinzaine de producteurset de transformateurs de la région ferontdécouvrir leurs produits à la population. Ceprojet a permis aux élèves de développerleurs sens de l’autonomie, du leadership etde la débrouillardise.

Le jury a souligné la mise en valeur des mem-bres et des ressources de la région tout enfavorisant le réseautage et les partenariats.

Catégorie : Secondaire collectif

École secondaire La Découverte, CS de la Riveraine

Région du Centre-du-Québec

Somme toute, les produits et services quicomposent la vie quotidienne peuvent êtreautant d’objets d’interrogation… Et, s’ilfallait refaire la pharmacie du coin, quelsautres services pourraient être offerts à laclientèle? La pharmacie pourrait-elle êtreconçue différemment, aménagée de manièredifférente ou localisée ailleurs? Est-il pos-sible d’élargir sa vocation, d’améliorer sonimage de marque?

L’état d’éveil fait en sorte que le milieu de-vient une ressource pour l’élève et que celui-ci se sent interpellé, concerné par la réalitéqui l’entoure. Cette réalité, il découvre qu’ilpeut se l’approprier selon un mode créatif,novateur et stimulant et que celui-ci peut ledisposer à prendre des initiatives et desresponsabilités.

Page 51: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

La vision : plus qu’un projet

La rêverie d’abord, la recherche du possibleensuite, et puis le projet et enfin la vision,tout cela trace une ligne de développementqui va du simple au complexe, qui va du be-soin individuel au besoin collectif. Ainsi, cequi est d’abord originalité ludique, voirefantaisie pour se faire plaisir, devient inno-vation, créativité au service d’une situation,d’un contexte de société. Apparaît ainsi lasuite, enrichie et cumulative, des ressourcesémotives, cognitives et interactionnelles :rêverie – projet – vision. Mais comment s’éla-bore la vision et comment est-elle liée auxressources interactionnelles de l’entrepre-neur? Louis Jacques Filion (1999), des Hautesétudes commerciales (HEC) de Montréal, endonne une explication dans une conférencemajeure. 4 Il en ressort que la vision entre-preneuriale est comme la projection vers lefutur de ce qu’il faut apprendre aujourd’hui etaccomplir au jour le jour pour finir par arri-ver là où on a décidé de se rendre.

Ce qu’il faut apprendre, l’entrepreneur le faitgrâce à trois niveaux relationnels distincts :les proches, le réseau d’affaires (celui desactivités courantes) et les occasions infor-melles. Les entrepreneurs consacrent beau-coup de temps à celles-ci. Par exemple, ilsdiscutent avec des clients et des fournis-seurs, participent à des expositions indus-trielles, etc. Ainsi ce troisième niveau est-ilcelui de l’apprentissage, celui qui préparel’action. Ce qui apparaît très surprenant auxnouveaux entrepreneurs, c’est qu’ils doiventfaire de l’apprentissage par anticipation. Ilsassument ainsi un rôle d’« auto-formation ».Leur relation avec le milieu est une sourceconstante d’information, d’influence, de col-laboration et d’apprentissage. Cela enrichit lavision de l’entrepreneur et le rend plus apte àla réaliser.

Au fond, la vision, c’est le projet avec, enplus, la formation de terrain et l’acculturationde l’entrepreneur au domaine qu’il investit.Même s’il est scolarisé, voire très scolarisé,

l’entrepreneur n’a pas le choix : il doit fairel’apprentissage du milieu auquel s’adresseson idée de projet. Le projet se transforme eninteraction avec ce que l’entrepreneur dé-couvre, jusqu’à ce que se cristallise unevision qui entraînera la décision d’agir et demobiliser les ressources nécessaires. 5

Les affaires, explique Louis Jacques Filion(2005), la connaissance d’un secteur d’acti-vité, puis sa compréhension constituent lesassises du processus visionniste. Pour l’entre-preneur, il s’agit de comprendre l’évolutiondu secteur dans son ensemble. Afin de posi-tionner ses produits sur le marché, il doitpouvoir identifier les leaders, connaître lespolitiques de prix des concurrents, les confi-gurations de la distribution, les stratégies depromotion et de publicité en fonction dessegments de marchés visés, savoir qui faitquoi et être au fait de l’architecture des orga-nisations ainsi que des tendances lourdes et àcourt terme.

Les meilleurs indices permettant de pré-dire le succès d’une entreprise : la valeur,la diversité ainsi que la profondeur de l’ex-périence acquise par l’entrepreneur ainsique la connaissance qu’il a du secteurdans lequel il veut se lancer.

Bien évidemment, les considérations précé-dentes dépassent la simple initiation à la cul-ture entrepreneuriale. On voit se dessiner lafrontière délimitant ce qui relève d’une for-mation spécifique à l’entrepreneuriat. Pour-tant, il faut retenir que l’esprit d’entrepriseconduit inéluctablement à cette interactionavec le milieu dont la nature nous paraît plusmanifeste si l’on considère, entre autres, lescritères utilisés pour évaluer les projets àvaleur entrepreneuriale.

CHAPITRE 350

4. Filion, L.J., Tintin, Minville, l’entrepreneur et la potion ma-gique, Les éditions Fides, 1999.

5. De ce point de vue, l’entrepreneur pourrait être tenté de dé-savouer l’école qui l’a formé. Mais il serait plus judicieux del’amener à témoigner de son acharnement à comprendre au fur età mesure que s’est développée son activité entrepreneuriale, de lanécessité qu’il a ressentie de mettre ses compétences à jour et dela façon dont il a appris à utiliser le réseau auquel il appartient.

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LA RELATION ENTREPRENEURIALE AVEC LE MILIEU 51

Mesure de sensibilisation àl’entrepreneuriat et ressourcesinteractionnelles

Dans le cadre du Concours québécois enentrepreneuriat et de la Mesure de sensibi-lisation à l’entrepreneuriat, il faut savoir queles grilles d’évaluation des projets font unelarge part aux ressources interactionnelles,surtout dans le contexte d’entreprendreensemble. Voici, à titre d’exemple, les cri-tères qui permettent d’évaluer les aspectsnovateurs d’un projet et l’envergure des réali-sations qui doivent en résulter.

Aspects novateurs

– Le côté novateur des réalisations captel’intérêt.

– Il s’agit d’un produit ou d’un service meil-leur (meilleure qualité, meilleur prix, meil-leure adaptation à la clientèle, distributionplus adéquate, etc.) ou mieux conçu (in-vention améliorée, nouvelle présentation,solution nouvelle à un problème, etc.).

– L’idée, le produit ou le service s’inscritdans les tendances du marché et répond àun besoin collectif jugé important (et con-forme à l’éthique 6).

Une première lecture des aspects novateursne laisse aucun doute sur le fait que l’idéenouvelle, le produit ou le service doit corres-pondre à un besoin reconnu dans le milieuou s’inscrire dans les tendances du marché.

Qualité et envergure des réalisations

Il faut tenir compte :– de l’âge, des compétences et de l’expé-rience de l’élève ou de l’étudiant (ou dugroupe) et de leurs partenaires lors del’évaluation du projet;

– du profil de gestion adopté, de la structuredu projet (ressources humaines, informa-tionnelles, financières, etc.), du plan d’af-faires, des formes de financement, de laplanification, de la réalisation et de l’éva-luation finale du projet;

– du plan marketing adopté (Est-ce que l’ob-jectif marketing a été clairement défini?Est-ce qu’une stratégie de vente à étéélaborée? Est-ce que les circuits de distri-bution retenus permettent d’acheminer leproduit ou le service vers la clientèle viséedans les meilleures conditions possibles?);

– de l’impact des réalisations dans le milieu(scolaire ou communautaire) sur le planpédagogique, sur le plan social, sur le plande l’entrepreneuriat local (ou régional),sur le plan économique (financement d’ac-tivités étudiantes, création d’emplois étu-diants), etc.;

– du nombre et de la qualité des ressour-ces extérieures disponibles et effective-ment consultées (organismes respon-sables voués à l’entrepreneuriat, etc.);

– du cheminement fait par les participants,du profil de la clientèle trouvée et des ré-sultats atteints (en les évaluant en fonc-tion du nombre d’années d’opération).

Une première lecture de ce qui fait l’enver-gure des réalisations montre à l’évidence qu’ilest absolument nécessaire de commencer parl’élaboration d’un plan et d’une vision. Elleprouve aussi que la production d’un bien oud’un service ou l’organisation d’un événe-ment n’a de sens que par rapport à ceux à quiil est destiné. C’est pourquoi il faut concevoirun plan de communication et une stratégiede vente. Une telle entreprise ne va pas sansune culture organisationnelle, sans la mobili-sation des ressources de l’organisation, aussibien externes qu’internes, et tous les critères,d’une manière ou l’autre, concernent les res-sources interactionnelles du projet.

Exprimée de cette manière, l’évaluationapparaît peut-être complexe et un peu tech-nique. Il est par contre clairement indiquéqu’il faut prendre en considération l’âge etl’expérience des élèves. Étonnamment, onpeut s’attendre à beaucoup de la part desjeunes du primaire.

6. Voir l’annexe 3 (pages 77 à 79) pour connaître les notionsrelatives à l’éthique dans le domaine de l’entrepreneuriat.

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Exemple de projet

Bureau en petit (2003-2004)

Implantation d’une procure scolaire pourpermettre à tous les jeunes d’avoir accès àdes fournitures de qualité à des prix abor-dables. Ce projet a pour but de faire vivreun problème réel d’ordre mathématique àtous les élèves de 2e année, car ils sont tousimpliqués dans l’une ou l’autre des étapesdu processus, c’est-à-dire l’étude de marché,la liste des achats, l’inventaire, la publicité,la conception du catalogue, l’élaboration desprix, la vente et la comptabilité.

Le jury a été conquis par l’originalité,l’aspect novateur, la qualité etl’envergure des réalisations. Deplus, il a considéré favorable-ment l’objectif social poursuivipar les élèves et la contributiondu projet au développement desqualités entrepreneuriales quesont la coopération, l’espritd’équipe, la solidarité et le lead-ership. Le jury a également étésensible à la démarche précon-isée par le projet ainsi qu’aufait qu’il ait permis d’acquérirdes valeurs coopératives.

Catégorie : Primaire (1re, 2e et 3e

années)

École Cœur-Vaillant, CS des Découvreurs

Région de la Capitale-Nationale

Un tel projet à valeur entrepreneuriale estégalement une activité pédagogique car ilinclut, par principe d’infusion 7, des appren-tissages disciplinaires. Ici, il s’agit des mathé-matiques, mais il n’est pas rare que plusieursdisciplines soient mises à contribution dansde tels projets. De plus, dans le projet Bu-reau en petit, les réalisations demeurent etcréent une relation pratique, d’ordre écono-mique, entre les élèves, les enseignants etles parents… et les profits sont mesurables.

Dans ce cas, le résultat vient valider le projetet s’avère une source de fierté.

On privilégie habituellement la valeur nova-trice des projets entrepreneuriaux, mais,dans le cas présent, c’est leur rentabilité quidoit être prise en considération. Il faut savoir,à ce sujet, que les notions relatives à l’éco-nomie font parfois l’objet d’un apprentissageau primaire, notamment dans certains Étatsaméricains. On trouvera, en annexe, un textetrès succinct mais significatif sur les fon-dements de notre système économique.

Ressources interactionnelles etdéveloppement entrepreneurial

Si les élèves ont pu élaborer etmener à terme des projets plu-tôt « légers » tout au long duprimaire et du premier cycledu secondaire, ils sont plusaptes ensuite, grâce aux con-naissances et aux habilités ac-quises, à imaginer des idées deprojet plus avancées, plus sus-ceptibles d’avoir un impactdans le domaine qui est devenule leur. Ainsi, le fait d’avoiracquis une formation profes-sionnelle, technique ou univer-sitaire, permet de mettre en

œuvre des projets réellement profitables.

C’est pourquoi, en règle générale, les élèveset les étudiants ayant suivi de telles forma-tions présentent des projets qui se fondentsur des observations de terrain et sur uneconnaissance opérationnelle, leur plan d’af-faires faisant état des ressources interaction-nelles auxquelles ils prévoient avoir recours.

CHAPITRE 352

Un projetà valeur

entrepreneurialeest égalementune activitépédagogique

car il inclut desapprentissagesdisciplinaires.

7. Le principe d’infusion s’exprime ici par l’application d’unediscipline (dans le cas présent, les mathématiques) au contexted’une procure scolaire. Cela montre que la contextualisationfavorise l’apprentissage de la matière. Pour connaître les di-verses modalités de l’infusion, consulter L’approche orientante,la clé de la réussite scolaire et professionnelle, Septembreéditeur, 2004.

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LA RELATION ENTREPRENEURIALE AVEC LE MILIEU 53

Une étude réalisée récemment (2005) et por-tant sur les projets d’entrepreneuriat au collé-gial révèle que les étudiants aiment bienconcevoir des services à la population corres-pondant aux programmes spécialisés danslesquels ils sont inscrits : par exemple, un ser-vice de préparation de rapports d’impôts ouune étude de marché dans le cadre d’un DECen Techniques administratives ou la présen-tation d’un plan de petite embarcation dansun programme de Techniques de navigationnavale. Le projet OPTIMAX constitue un bonexemple d’un projet entrepreneurial conçu enrapport étroit avec une discipline particulière.« En fait, observe Lise Lecours 8, un étudiantqui perçoit concrètement la valeur des acquisrésultant de sa formation sera motivé àmener son projet à terme tout en s’éveillantaux possibilités de l’entrepreneuriat. »

Exemples de projet

OPTIMAX, entreprise-école (2004-2005)

Création d’une entreprise-école ayant pourobjectif de stimuler les étudiants lors deleur formation académique en établissantun lien entre la théorie apprise en classe etla pratique professionnelle sur le terrain.L’entreprise offre des services multiples,associés aux programmes techniques sui-vants : Techniques administratives, Techno-logies de l’électronique industrielle, Tech-niques de l’informatique et Technologies dugénie industriel. Le jury a souligné la forceet la polyvalence du projet : il est complet,bien monté, et il est facile d’évaluer sa via-bilité. De plus, il est doté d’une bonne struc-ture informatique et se rapporte à plusieurschamps de compétences. L’encadrement pardes personnes-ressources est bien pensé et lefinancement est solide. Le jury a beaucoupapprécié le projet et appuie fortement lesinitiatives de ce genre dans les établisse-ments scolaires.

Catégorie : Collégial

Cégep de Trois-Rivières

Région de la Mauricie

Création de pages Web pour petitesentreprises (2003-2004)

Création de pages Web pour différentesentreprises d’une région. L’objectif du projetest de créer des liens entre l’école et le mar-ché du travail. Par équipe de deux, lesjeunes ont dû rencontrer un représentant dechaque entreprise afin de recueillir les in-formations pertinentes à insérer dans lapage Web. Ils ont ensuite créé un plan afinde faire figurer les services les plus appro-priés dans le menu de départ de la paged’accueil.

Le jury a été sensible au fait que ce projet,en plus de faire appel à l’inforoute et auxnouvelles technologies de l’information, éta-blit un lien concret entre l’école et le marchédu travail. Il permet aux jeunes de sortir ducadre théorique de l’enseignement et d’appli-quer leurs connaissances aux réalités desentreprises auxquelles ils offrent des ser-vices.

Catégorie : Secondaire général

École secondaire Curé-Antoine-Labelle, CS de Laval

Région de Laval

Solena service « spray tan » (2003-2004)

Service de bronzage utilisant un nouveauprocédé qui consiste à asperger l’épidermed’une solution agissant sur les cellulesmortes de la peau, rendant celle-ci plus fon-cée instantanément, sans les dangers qu’en-gendrent les rayons ultraviolets.

Les jurés ont d’abord souligné la qualité duplan d’affaires soumis par les jeunes filles(belle présentation, photos explicatives, etc.).

Ils ont également décelé des qualités entre-preneuriales certaines chez les promotrices :leadership, esprit d’équipe, confiance en soiet autonomie. Le dossier contenait une

8. Dans un document de référence sur l’entrepreneuriat présentéau MELS (2005).

Page 55: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

bonne étude de marché et un état financiercomplet. Ces jeunes ont su exploiter les ten-dances actuelles du marché et choisir uncréneau prometteur. Il y avait beaucoup deprofessionnalisme et de « valeur ajoutée »dans ce dossier.

Catégorie : Collégial

Collège André-Grasset

Région de Montréal

Offre de service en dessin industriel(2004-2005)

Services de dessin industriel destinés auxpersonnes qui désirent donner corps à leurspropres inventions en fabriquant ce qu’ilsont imaginé. Les dessins produits serventd’abord à permettre au concepteur de pour-suivre son travail de conception de manièreinteractive et puis de réaliser concrètementson invention. Il s’agit de permettre auxinventeurs de « faire le pont » entre la con-ception et la production.

Le jury a souligné la créativité, l’entregent,l’initiative, l’autonomie et le sens de l’orga-nisation du promoteur. Celui-ci a, de plus,su développer beaucoup de contacts avec lemilieu des affaires et créer un rapport deconfiance avec les entreprises.

Catégorie : Formation professionnelle au secondaire

CFP de Matane, CS des Monts-et-Marées

Région du Bas-Saint-Laurent

Enfin, on peut constater que les ressourcesinteractionnelles sont généralement misesen œuvre plus explicitement lorsqu’il s’agitd’élèves de la formation professionnelle ausecondaire ou d’étudiants de la formationtechnique au collégial. Cela s’explique par lefait qu’ils disposent de connaissances spé-cialement adaptées à ce genre de situations.Celles-ci permettent une conception plusélaborée et une mise en œuvre plus opéra-tionnelle dans un secteur mieux connu. Mais,bien sûr, il y a des exceptions, notamment auprimaire, quand l’école fait intervenir la

formation à l’entrepreneuriat dans sa mis-sion éducative. C’est le cas de l’école Cœur-Vaillant de la CS des Découvreurs (déjà citéeprécédemment).

Une étude menée auprès d’entrepreneursqui ont lancé leur entreprise lorsqu’ilsétaient jeunes révèle qu’ils ont mis de cinqà dix ans avant de comprendre suffisam-ment le secteur dans lequel ils opéraient,même s’ils croyaient pour la plupart l’avoirbien compris un an ou deux après l’avoirabordé.

Que faut-il comprendre de l’esprit d’entre-prise, de sa concrétisation et de son insertiondans une conjoncture bien réelle? Il faut évi-demment que le potentiel entrepreneurials’exerce sur quelque chose à un momentdonné dans un contexte déterminé. C’estdans ce contexte que l’entrepreneur met enœuvre son capital interactionnel. Mais d’oùvient celui-ci? Comment se crée la relationentrepreneuriale?

Comment et où se construitle capital interactionnel

Le milieu familial

Le fait d’avoir des parents, des frères, dessœurs ou des proches qui dirigent leurpropre entreprise constitue sans doute lapart la plus significative de ce qu’on appelleles ressources interactionnelles. Il est bienétabli qu’une pareille proximité est propice àl’imitation, à l’acquisition de l’entregent né-cessaire et à l’assimilation progressive desrègles de ce milieu où on se rend des servicesréciproques et où on apprend à reconnaîtrel’autre comme une ressource apportant sonréseau de relations, ses informations d’initié,les avantages résultant de son appartenanceà divers milieux.

CHAPITRE 354

Page 56: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

LA RELATION ENTREPRENEURIALE AVEC LE MILIEU 55

C’est par identification que se construitla relation entrepreneuriale en pareil cas.L’exercice consistant à faire explorer, par lesélèves, des modèles qui leur plaisent ou deleur faire rencontrer des chefs d’entrepriseou de jeunes leaders ne peut qu’augmenter laprobabilité de les motiver. C’est encore plusvrai si cela est fait dans la perspective de leurpermettre de se lier avec ces personnes envue d’une action ou d’une exploration : invita-tion à un colloque, à une exposition, visited’un laboratoire, organisation d’une journéeen entreprise, etc.

La mise en réseau

Les jeunes issus de familles d’entrepreneurscomprennent plus rapidement que d’autresl’importance du réseau. Cette culture duréseau – qui est plus qu’un apport occasion-nel d’information – est le canal par où arri-vent les occasions, par où serecrutent les personnes compé-tentes et par où se scellent desalliances pour ainsi dire natu-relles. Le réputé Serieyx (2004),qui la fait de la prospective samanière de voir, nous incite àvivre en réseau :

« L’aptitude à vivre en réseausera elle aussi tout à fait essen-tielle dans le monde du travailde demain : à l’époque de larévolution de l’information,celui qui ne saura ni constitueret entretenir son réseau d’amis,de complémentaires, d’alliés, nis’insérer dans des réseaux decompétences pour y œuvrer en coopération,sera rapidement un homme professionnelle-ment condamné 9. /…/ Pour éduquer un com-portement “ d’acteur de réseau

„, on a besoin

d’une école interactive et ouverte; une écoleoù les professeurs démontrent sans cesse etactivement leur complémentarité; une écolequi entraîne les élèves à la coopération; uneécole qui accueille largement les autresacteurs de la société, les acteurs de l’entre-

prise, des collectivités locales, de l’État, dumonde artistique, etc. pour faire prendre con-science, à la fois, de la diversité de leur con-tribution, de leur égale noblesse et de leurégale nécessité…»

Le milieu scolaire et le monde du travail

Une culture entrepreneuriale devrait multi-plier les occasions de faire se rencontrerl’école et les milieux d’affaires, qu’ils soientindustriels, productifs, créatifs ou média-tiques. Tout projet pourrait se prêter à desconsultations. On devrait pouvoir considérerl’utilisation de ressources et de compétencesexternes comme une valeur ajoutée au projetentrepreneurial qu’on propose. La réalisationdu court-métrage Le diadème perdu – dont ladescription est présentée en annexe 1 (pages65 à 73) – témoigne de l’utilisation que l’onpeut faire de ressources externes (école de

cinéma, logiciel de montage,supervision des scripts par uncinéaste, etc.).

Les produits, les services, lesévénements qui résultent desprojets entrepreneuriaux éla-borés par les élèves ou lesétudiants devraient pouvoirbénéficier de l’encadrement deprofessionnels volontaires quise mettraient à la dispositiondes jeunes. Ainsi pourraient-ilsse familiariser avec la gestiondes ressources, avec la con-duite des campagnes promo-tionnelles, avec les manièresd’intéresser les médias, avec

les méthodes qui réduisent les prix de revientdes produits qui peuvent être fabriqués à l’é-cole, etc. Cette familiarisation devient alorselle-même une manière interactionnelle depenser et de collaborer globalement. 10

On devraitpouvoir

considérerl’utilisation de

ressources et decompétences

externes commeune valeurajoutée auprojet

entrepreneurial.

9. N.D.L.R. : « limité » serait plus juste.

10. Le principe de collaboration qui fonde en bonne partiel’approche orientante s’applique parfaitement bien à la cultureentrepreneuriale. Voir D. Marceau et M. Gingras (2001).

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Le recours à l’Internet et aux technologies del’information va aussi dans le sens inter-actionnel quand l’enseignant jumelle songroupe (ou ses groupes) avec une classe (oudes classes) et une école (ou des écoles)appartenant à d’autres milieux.

Cette idée de partenariat et de maillage estun concept ouvert qu’on n’a pas fini d’explo-rer. Il fait certainement partie de la cultureentrepreneuriale. Ce qu’on y met dépend desvaleurs pédagogiques des enseignants et nesuppose pas nécessairement une idéologieutilitariste sous-jacente. Il peut au contraireconsolider une philosophie progressiste.D’ailleurs, en y regardant de près, on peutaffirmer qu’il existe un entrepreneuriat scien-tifique 11, un autre qui est culturel, un autrequi relève des sciences humaines, un autreencore qui touche à la vie politique ou àl’économie sociale. Il reste aussi à explorerles possibilités de l’entrepreneuriat au regarddu développement durable.

L’exercice du projetentrepreneurial

Le fait d’apprendre à nouer des liens d’unemanière entrepreneuriale en élaborant desprojets semble de plus en plus perçu commele moyen le plus efficace de faire des appren-tissages en ce sens. Aussi, dans le cadre duConcours québécois en entrepreneuriat et dela Mesure de sensibilisation à l’entrepreneu-riat, combien de fois n’a-t-on pas vu des pro-jets mobiliser toute l’école, le milieu de vie etmême, plus largement, la communauté elle-même : expositions, concours, journées etsemaines thématiques, services informa-tiques, aide à des clientèles cibles, produitsculturels, tout cela témoigne de la vitalité desjeunes en train de réaliser un projet. Bref,l’exercice du projet ne va pas sans fairebouger des choses et sans laisser des tracesautour de lui. De plus, il donne à l’école unrôle plus central, plus intégrateur et plussignificatif au sein de la société. 12

L’exemple qui suit illustre bien ce que signifiecréer des liens de manière entrepreneuriale.Il présente des extraits d’un projet réalisé parun groupe d’élèves du secondaire qui, dans lecadre d’une recherche-action (GPSAO-2004)en adaptation scolaire, devait se charger dela mise sur pied et de la gestion d’une mini-entreprise : fabrication et vente de diversobjets susceptibles d’intéresser les élèves etleur entourage.

Exemple

[...] Puis un sondage a été réalisé auprèsdes élèves, de leurs parents et des membresdu personnel scolaire, dans le but de savoirquel genre d’objets décoratifs pourraientêtre fabriqués dans le cadre de la mini-entreprise avant d’être vendus aux per-sonnes intéressées. Les résultats de ce son-dage ont ensuite été repris dans le cours demathématique sous l’activité « Étude demarché » et les données ont été compiléespar les élèves afin de connaître les réponsesfournies par ces trois groupes de répon-dants, tous ensemble et chacun séparément.Pour ce faire, ils ont dessiné des diagram-mes circulaires. [Mobilisation du milieu :sondage, étude de marché, élèves, parents,membres du personnel scolaire]

Les élèves ont ensuite été préparés à visiterune entreprise de la région, à savoirShermag. Ils ont d’abord participé à l’acti-vité « Je bâtis mon entreprise » dans leurcours d’anglais; de la cadre de cette activité,ils devaient analyser le fonctionnement

CHAPITRE 356

11. Par exemple, le projet Effervescience, qui s’adresse auxélèves du deuxième cycle du secondaire et aux étudiants ducollégial, réunit notamment le mentor en affaires et le conseillerscientifique. Voir www.boiteascience.com

12. Exemple : « Le projet de la radio-école, une mobilisationexceptionnelle », par N. Gingras et S. Salesas dans L’approcheorientante, la clé de la réussite scolaire et professionnelle,Septembre éditeur, 2004, p. 73. Un autre exemple est celui duprojet intitulé La soirée des saveurs, soirée pendant laquelle unequinzaine de producteurs et de transformateurs de la région ontfait découvrir leurs produits à la population. Le jury a souligné lamise en valeur des ressources de la région et le fait qu’aient ainsiété facilités le réseautage et les partenariats. Ce projet incite à laconsommation locale et responsable. École secondaire LaDécouverte. CS de la Riveraine.

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LA RELATION ENTREPRENEURIALE AVEC LE MILIEU 57

d’une entreprise. Ils ont, de plus, été fami-liarisés avec le thème « Santé et sécurité autravail » dans leur cours de formation per-sonnelle et sociale. De même, les informa-tions nécessaires au bon déroulement de lavisite ont aussi été transmises aux élèves àce moment (ex. : consignes de sécurité, ori-gine et raison d’être de l’entreprise). [Lienécole-entreprise : cours de mathématique,entreprise, cours FPS]

L’activité suivante était la visite même del’entreprise. La préparation directe de cetteactivité et le suivi nécessaire ont été faitsdans le cours de formation personnelle etsociale. À cette occasion, lesélèves devaient rédiger unesérie de questions à poser auxtravailleurs et, après la visite,ils devaient faire le bilan decette expérience. Les objectifspoursuivis par l’ensemble de ladémarche étaient de permettreaux élèves de faire des liensconcrets entre la visite de l’en-treprise et ce qu’ils vivent à l’é-cole (ex. : création d’une entre-prise-étudiante) et d’identifierle rôle qu’ils aimeraient y exercer. Audépart, l’idée de la visite était en effet venuedu besoin, exprimé par les élèves, de voir deleurs yeux à quoi peut ressembler une en-treprise et de mieux comprendre son modede fonctionnement. [Lien école-entreprise :visite, questions aux travailleurs]

Dans le prolongement de cette activité, lesélèves devaient d’abord rédiger, dans leurcours de français, une lettre de remercie-ment et l’envoyer aux responsables del’entreprise Shermag. Ils devaient égalementremplir un questionnaire qui avait pourbut de vérifier quelles informations ilsavaient retenues de leur visite. Puis, lorsd’une autre activité réalisée dans le coursd’anglais et intitulée « Je connais mon en-treprise », ils ont été sensibilisés à nou-veau aux différentes constituantes d’uneentreprise et ils ont été amenés à établir un

parallèle entre cette entreprise et leurentreprise-étudiante. [Lien école-entreprise :rédiger une lettre] [...]

˜ ˜ ˜Ce qui précède n’est qu’un fragment de l’ex-périence entrepreneuriale (et orientante)qu’ont pu vivre des élèves du premier cycledu secondaire. Ce programme, s’il ne refaitpas le monde, n’en constitue pas moins unemobilisation significative pour un certainnombre d’enseignants, de parents, de chefsd’entreprise et de travailleurs. Le recours àdes ressources extérieures, les visites, l’en-quête-sondage – sans compter la production

d’objets, leur mise en marchéautour d’un événement et toutce qui peut s’ensuivre – con-tribuent à la valorisation desélèves eux-mêmes, à celle del’école et du réseau en train dese créer. Nul doute que leprincipe de collaboration soitnon seulement orientant maiségalement entrepreneurial.Pour le dire simplement, lesliens vont plus loin que la seuletransmission d’information :

une familiarité s’installe, une réciprocité deservices, une reconnaissance des rôles et descomplémentarités. L’accès aux ressourcesdevient plus facile et la culture entrepre-neuriale va de soi.

De l’expérience du collectif etdu leadership

À la question de savoir comment et où seconstruit le capital interactionnel, on ne peutfaire autrement que d’évoquer la situation quiexiste dans une classe.

« Chaque enseignant, observe Perrenoud(2001), perçoit presque à l’œil nu ce rapportau monde chez certains de ses élèves. Cesélèves vont prendre des initiatives, dire “ Ilfaudrait que…

„ou “ J’aimerais arriver à…

„ou

encore “ Je propose qu’on s’organise pour…„.

L’exercice duprojet ne va pas

sans fairebouger des

choses et sanslaisser destraces.

Page 59: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

Ils sont rapidement capables de concevoir desprojets, à la fois sur le plan de l’action indivi-duelle et de l’action collective. Ils passent àl’acte, quêtent des ressources, récoltent desinformations, cherchent les moyens de ré-soudre les problèmes, coordonnent les efforts,exercent un leadership. À l’autre extrême,l’enseignant reçoit des élèves qui ne s’au-torisent pas à exprimer le moindre souhait,parce qu’ils ne se donnent pas le droit, la com-pétence, la légitimité de vouloir transformer lemonde ou même de formuler un projet. »

Le texte de Perrenoud nous renvoie à laquestion de l’internalité et à celle de l’effica-cité personnelle. Qui peut se met à vouloir.L’expérience de la réussite et surtout l’ap-prentissage de l’action efficace peuventmener au goût d’entreprendre. De la mêmefaçon, pourquoi l’apprentissage du projet ausein de l’action collective ne serait-il pas cequi nourrit cette relation entrepreneuriale?

« Comment apprend-on à former des projets?[…] D’abord en participant à des projetsconduits par d’autres. On est alors “ pris dansle mouvement

„, sans avoir à porter tout seul

le poids de l’imagination et de la cohérence.On joue le deuxième couteau d’un projetavant de devenir chef de projet. Si l’on veutamener les élèves qui n’ont pas construit enfamille le rapport au projet, le plus urgentn’est pas de les individualiser en leur disantde s’inventer prématurément un projet per-sonnel, c’est de les embarquer dans des pro-jets collectifs. » 13

En effet, tout projet collectif oblige à coopé-rer et à partager des buts, à coordonner desactions, à négocier, à travailler solidairement.Aussi bien en classe que dans les activitésparascolaires, on ne trouve pas de meilleuresconditions pour apprendre la notion decollectif et la poursuite des buts.

Ainsi s’élabore tout au long du curriculum« un embarquement dans les projets collec-tifs » qui prépare à vivre dans la culture duprojet et du leadership partagé. C’est une

tendance actuelle, mais elle annonce vraisem-blablement ce que sera le monde du travaildes prochaines années. 14

Il faut mettre au compte des ressources in-teractionnelles, non pas le leadership quis’exerce selon le réglementaire et le contrac-tuel, mais le leadership partagé et transfor-mateur, celui qui se fonde sur une visionarticulée du projet et qui va chercher lemeilleur de chacun. 15

Pour l’enseignant qui voudrait favoriser chezles élèves une réflexion, une prise de con-science de certaines ressources émotives etinteractionnelles mentionnées dans le pré-sent document, il est possible d’utiliser unquestionnaire qu’on trouve en ligne. 16 Ilcomprend les thèmes suivants : énergie etengagement – motivation – atteinte des résul-tats – initiative et créativité – compétitionavec soi-même – leadership.

En réalité, la démarche entrepreneuriale s’ac-complit en interaction constante avec lemilieu puisqu’elle se rattache aux quatrenotions clés suivantes : opportunité – innova-tion – émergence d’une organisation – créa-tion d’une valeur. Chacune de ces réalitéscherche à « produire de la nouveauté », à telpoint que le changement s’impose à l’entre-preneur comme un mode de vie.

D’autre part, il se trouve aujourd’hui quecette exigence de changement n’appartientplus exclusivement à l’entrepreneuriat. Elleest presque devenue la manière de vivre detout le monde. L’urgence d’agir qui devraitcorrespondre à une situation exceptionnelleest devenue notre manière de vivre quoti-diennement. 17

CHAPITRE 358

13. Op. cit., Perrenoud (2001).

14. Julien, P.A. et R. Jacob (1999).

15. Pépin, Richard (2005).

16. Questionnaire d’auto-évaluation de mes qualités entrepre-neuriales : http://gpsao.educ.usherbrooke.ca/

17. Lire à ce sujet le petit livre de Saki Laïdi, La tyrannie del’urgence, coll. Les grandes conférences, Montréal, Fides.

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LA RELATION ENTREPRENEURIALE AVEC LE MILIEU 59

En ce sens, l’esprit de notre époque nousoblige à faire appel à la culture entrepre-neuriale. C’est elle, avec son sens de la mobi-lisation, qui peut nous fournir les moyens denous adapter avantageusement aux exi-gences qui se présentent à nous. Elle nousapprend à réagir par le sens de l’initiative etde la responsabilité plutôt que par le repli etla démission.

C’est aussi la culture entrepreneuriale qui,avec son sens du projet, nous donne le juge-ment nécessaire pour maintenir le cap sur lespriorités plutôt que de nous en laisser dé-tourner par toutes sortes de sollicitations.C’est encore elle qui, parce qu’elle nous rendvigilants face à notre milieu, nous gardeattentifs aux possibilités intéressantes quipeuvent se présenter dans notrevie personnelle et surtout pro-fessionnelle.

Si la culture entrepreneurialeest bien une valeur éducative,selon qu’il a été établi dès ledépart, elle nous révèle, enfinale, sa valeur adaptative parrapport à notre vie en société.

Quatrenotions clés :opportunité,innovation,

émergence duneorganisation,création d’une

valeur.

Page 61: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

CHAPITRE 360

18. Pour avoir la totalité des consignes, consulter les accompagnements pédagogiques présentés aux pages 36 à 40.19. Voici quatre critères d’évaluation et leur définition : Efficacité : atteinte des objectifs; Efficience : utilisation judicieuse desressources; Cohérence : actions entreprises pour atteindre les objectifs; Pertinence : bonne réception dans le milieu concerné.

Quelques fondements de la culture entrepreneuriale (ressources interactionnelles)

Élaboration(projet-visée)

Mise enœuvre(projet-

programme)

1. Analysede lasituation

2. Esquissed’un projetpossible

3. Stratégieentrevue

4.Planification

5. Gestiondes écarts

6.Évaluation

Qualité del’action

Motivation

ConfianceDétermination

EffortInitiative

Esprit d’équipeResponsabilité

DébrouillardiseSolidaritéPersévérance

Quelques consignes 18 d’accompagnement péda-gogique (Chaque élève devrait être en mesure de…)

Proposer un projet :– Analyser la situation visée et donner son opinion.– Comprendre et formuler le but visé.– Poser le plus de questions possible sur le ou lesprojets avancés et débattre à propos de lafaisabilité du projet ou des projets.

– Identifier les ressources disponibles et la placequ’ils pourraient occuper.

Solliciter un projet :– Entreprendre un processus de découverte.– Identifier des actions possibles en lien avec uneproblématique identifiée.

– Identifier le projet le plus approprié, celui qui estpossible, prometteur, et qui présente un bon niveaude difficulté.

– Identifier les qualités ou les forces nécessaires à laréalisation du projet en lien avec les exigences spé-cifiques du projet.

– Choisir ses tâches selon ses intérêts et sesaptitudes.

– Prévoir les difficultés.– Identifier des moyens pour les surmonter.– Se projeter dans des rôles où il réussira ensurmontant les difficultés.

– Faire face à des situations incertaines; tolérerl’ambiguïté.

– Expérimenter le travail d’équipe.– Identifier les rôles qu’il jouera.– Prendre ses responsabilités.– Être l’acteur principal à certains moments de laréalisation.

– Identifier et prévoir les tâches à accomplir.– Proposer des manières de faire.– Planifier ses tâches et prévoir le matériel nécessaire.– Exercer une certaine influence à l’intérieur du groupe.

– Choisir des responsabilités valorisantes et à samesure.

– Anticiper les étapes afin de contrôler le stress.– Faire face aux imprévus.– Faire preuve d’initiative.– Solutionner soi-même, ou en équipe, les difficultés.

Dans la perspective du projet 19 :– Réfléchir collectivement à la réussite du projet, à cequi aurait pu améliorer les résultats.

– Découvrir les critères, les éléments importants àconsidérer pour l’évaluation.

– Tirer des leçons sur le plan des opérations et de laméthodologie.

– Comprendre la culture entrepreneuriale et sescaractéristiques.

Dans la perspective de l’action efficace et desressources émotives de chacun :– Évaluer la progression et les réalisations au pointde vue personnel et du groupe.

– Identifier les qualités démontrées par sescoéquipiers.

– Prendre conscience des apprentissages et desqualités qu’on a pu expérimenter dans l’action.

Ressourcesinteractionnelles

– Identifier une situationproblématique.

– Repérer les besoins.– Anticiper les tendances– Élaborer une vision.– Adopter des comporte-ments de réseau.

– Évaluer ses compétencesen rapport avec le projet.

– Identifier les ressourcespossibles.

– Se mettre en moded’auto-formation.

– Procéder à une étudesur le terrain.

– Consulter, traiter diversessources d’information,monter un plan d’affaires.

– Se lier à des gens compé-tents.

– Prendre sa décision.

– Faire émerger uneorganisation de travail.

– Trouver les ressourcesfinancières, matérielles,humaines.

– S’assurer de la rigueurdans les opérations degestion.

– Communiquer sa vision.

– Donner à l’entreprise unfonctionnement souple,en interdépendance avecles ressources externes.

– Créer des conditionspropices à la communi-cation dans le groupe.

– Procéder à des évalua-tions de la productivitéet de la rentabilité.

– Prioriser la clientèle– Faire une évaluationcritique du projet, del’utilisation efficientedes ressources.

– Se tenir au courant dudéveloppement dusecteur et des politquesdes compétiteurs, etc.

Étapes du projet

Page 62: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

Il serait intéressant aussi, pour des raisonspédagogiques, d’associer le développementdes ressources émotives à l’enseignementprimaire, celui des ressources cognitives àl’enseignement secondaire, et celui des res-sources interactionnelles à la formation pro-fessionnelle, technique et préuniversitaire.

Sur le plan pratique, cela signifie que l’exercicedu projet, dans le cadre du Concours québé-cois en entrepreneuriat et de la Mesure de sen-sibilisation à l’entrepreneuriat, doit impliquerla mobilisation de toutes les ressources, maisque son accompagnement pédagogique pour-rait être différent selon l’ordre d’enseignement.

61

La question s’est imposée dès le départ : faut-il privilégier la sensibilisation à laculture entrepreneuriale plutôt qu’une formation spécifique à l’entrepreneuriat?On a préféré la première solution. Pourquoi? Pour permettre au plus grandnombre de profiter pleinement de la valeur éducative associée à l’esprit d’entre-prise, ce pouvoir d’agir qui mobilise des ressources émotives, des ressourcescognitives et des ressources interactionnelles.

Il est possible et utile de considérer que ces ressources correspondent, dans leurordre de présentation, à un schéma de développement entrepreneurial : d’abordles ressources émotives qui sont le moteur de l’action; puis les ressourcescognitives qui servent à concevoir l’action, à construire le projet; et, enfin, lesressources interactionnelles qui permettent de mener le projet à terme et del’insérer dans le milieu.

EN GUISE DE CONCLUSION

Page 63: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

L’accompagnement pédagogique devrait, auprimaire, se concentrer sur les qualités entre-preneuriales et l’apprentissage de l’actionefficace, avec ce que cela permet de ressour-cement émotif et motivationnel : le besoin deréussite, l’estime de soi et le sentiment de sapropre efficacité.

L’accompagnement pédagogique devrait, ausecondaire, se concentrer sur la compréhen-sion de ce qui constitue formellement unprojet, l’élève étant impliqué dans toutes lesétapes de sa conception et de sa réalisation.La culture entrepreneuriale s’acquiert ici parl’importance accordée à l’évaluation du pro-jet au terme de sa réalisation.

L’accompagnement pédagogique devrait, aupostsecondaire, se concentrer sur l’identi-fication d’une situation problématique et desopportunités d’affaires qu’elle permet, touten soulignant le lien avec le savoir spécialiséet les compétences acquises dans le cadre dela formation. La priorité devrait être accor-dée aux ressources du milieu, aux comporte-ments de réseau – informations,compétences, services – quipeuvent servir à la réalisationdu projet. Une attention parti-culière devrait être portée à lamobilisation des ressourceshumaines et au leadership exer-cé dans le groupe.

De plus, il se trouve que les res-sources correspondent, dansl’ordre, aux trois axes de déve-loppement du domaine général de formation«Orientation et entrepreneuriat », soit :

– Conscience de soi, de son potentiel et deses modes d’actualisation (plus spécifiqueà l’entrepreneuriat) :• motivation, goût du défi et sentiment deresponsabilité par rapport à ses succèset ses échecs;

• satisfaction à l’égard du travail bien fait.

– Appropriation des stratégies liées à unprojet :• visualisation de soi dans différentsrôles;

• stratégies associées à diverses facettesd’un projet;

• stratégies de collaboration et de coopé-ration.

– Connaissance du monde du travail :• nature et exigences des rôles sociaux,des métiers et professions;

• produits, biens et services associés àces professions;

• exigences du monde du travail.

Voici donc, mis en trois colonnes, une syn-thèse des ressources entrepreneuriales enrapport avec les trois ordres d’enseignement.

Une autre synthèse est disponible à la fin del’ouvrage (annexe 1 aux pages 65 à 76). Elleprésente et analyse un projet remarquablepar la motivation qu’il a suscitée et par l’im-pact qu’il a eu sur son milieu. Le texte est

celui-là même qui a été présen-té au concours, sans modifica-tion. En marge sont ajoutéesles références aux différentsconcepts de la culture entre-preneuriale (les étapes, lesressources, etc.).

On l’aura compris, cette invita-tion à la culture entrepreneu-riale propose une vision quidemande à être partagée. De

même, elle sera enrichie par les enseigne-ments d’ordre pédagogique qu’on voudra bieny trouver et puis mettre à l’essai.

EN GUISE DE CONCLUSION62

Cette invitationà la culture

entrepreneurialepropose unevision qui

demande à êtrepartagée.

Page 64: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

EN GUISE DE CONCLUSION 63

Ressources émotives :sources de l’action

(pour le primaire)

– Développer des dispositions àl’action efficace; attitudes etqualités nécessaires pour quel’élève puisse atteindre ses buts :confiance, motivation, effort,responsabilité, initiative, per-sévérance, solidarité, espritd’équipe, débrouillardise,détermination.

– Faire l’expérience de projetsindividuels et collectifs d’unniveau de difficulté approprié etde nature à faire vivre des situa-tions de réussite.

– Considérer l’idée du futur (pers-pective temporelle).

– Devenir conscient de son pou-voir personnel (internalité).

Accompagnementpédagogique :– Aider chaque élève à renforcer

sa confiance en lui-même et lesentiment de son efficacité.

Axe de développement :– Promouvoir la conscience de soi

et de son potentiel.

Ressources cognitives pourpasser à l’action

(pour le secondaire général)

– Développer le sens du projet etle mettre en rapport avec le goûtd’entreprendre et de produire dela nouveauté.

– Faire l’expérience de projetsindividuels et collectifs :• en participant à toutes leursétapes (unité);

• en vivant le processus entre-preneurial (singularité);

• en osant agir même dans l’in-certitude (complexité);

• en utilisant des ressourcesinattendues (opportunités).

Accompagnement pédagogique :– Soutenir le groupe si nécessaire

et, surtout, une fois le projetréalisé, évaluer celui-ci demanière à ce que sa méthodolo-gie et le vécu de l’élève soientformellement explicités.

Axe de développement :– Veiller à l’appropriation des

stratégies à développer parrapport à un projet.

Ressources interactionnellespour réaliser un projet etl’insérer dans un milieu

(pour la formation profesionnelleet la formation collégiale)

– Développer le sens de ce qu’estune relation entrepreneurialeavec le milieu et percevoir celui-ci comme une ressource permet-tant d’atteindre ses buts.

– Développer un état d’éveil con-duisant à la perception du milieucomme source d’informations etd’opportunités.

– Adopter une démarche d’auto-formation correspondant auxobjectifs à poursuivre.

– Adopter des comportements deréseau qui font du milieu unesource d’apprentissage, d’in-fluence, de compétence et decomplémentarité.

– Acquérir la capacité d’utiliser defaçon productive les ressourcesmatérielles et financières ainsique les systèmes d’informatiqueet de gestion.

– Intégrer ce qu’apporte la relationentrepreneuriale à la vision dece que sera l’entreprise.

– Exercer un leadership fondé surune vision de l’avenir enconstante adaptation.

– Concevoir une idée d’entreprisequi serait en rapport avec unsavoir spécialisé et des compé-tences acquises dans le cadre desa formation.

Accompagnement pédagogique :– Apprendre à utiliser les

ressources externes en matièrede consultation, à étudier unplan d’affaires de façon détail-lée, à considérer le projet identi-taire en envisageant l’orientationspécifique de l’entrepreneuriat.

Axe de développement :– Promouvoir la connaissance du

milieu.

Culture entrepreneuriale et accompagnement pédagogique

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65

Le texte qui suit présente un projet réalisé à l’école Marguerite-Bourgeoys(CS de la Capitale – Québec) dans la classe de M. Christian Bouchard,enseignant du primaire. Nous reproduisons ici (en partie) le document tel qu’ila été présenté par M. Bouchard au Concours québécois en entrepreneuriat,volet Entrepreneuriat-étudiant.

Vous trouverez divers éléments du projet (caractéristiques, étapes ou autresselon le cas) identifiés dans la marge.

ANNEXE 1

Les diverses étapes etcomposantes d’un projetentrepreneurial

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École : Marguerite-BourgeoysCommission scolaire de la CapitaleResponsable du projet :Christian Bouchard, enseignant

Le diadème perdu

Pour amener les élèves à développer des qualités entrepreneuriales,notre groupe-classe s’est donné comme défi de produire un court-métrage. Le scénario présente, au moyen d’un récit fictif écrit par lesélèves eux-mêmes, plusieurs aspects de la vie à l’école Marguerite-Bourgeoys. Ce film sera projeté en première à la fin de l’année auxdignitaires de l’école et de la commission scolaire, aux parents, amis etélèves de l’école.

Idée du projet

L’idée de base vient de l’enseignant et repose sur un fait historique quis’est déroulé à l’école, ainsi que du désir de mettre en valeur les dif-férents aspects de la vie à l’école Marguerite-Bourgeoys. En 1959, lareine Élisabeth II, lors d’un passage à Québec, manifeste le désir devisiter une école. Le choix de l’école Marguerite-Bourgeoys, fraîchementconstruite, s’impose alors de lui-même.

Le projet consiste donc à développer un récit fictif en respectant lescontraintes du schéma du récit. Tous les éléments du récit sont appor-tés par les élèves et vérifiés au niveau de la cohérence chronologique etlogique tout au long du processus d’écriture en atelier-classe. Ce récit aégalement comme prémisse de constituer une aventure plausible s’an-crant solidement dans le vécu quotidien des élèves. Il fait appel à uneréalité historique rapportée par le document biographique « La vie deM. Wilbrod Bhérer » et actualisée dans la section historique du site webde l’école. Cet exigeant travail d’écriture collective a mobilisé toutes lesénergies et les forces créatrices du groupe-classe pendant trois moisentiers, à raison de trois heures par semaine. Les compétences en écri-ture et en communication orale ont alors été sollicitées abondamment.

Étapes du déroulement du projet

Voici les principales étapes dans le déroulement de ce projet :

Écriture du scénario : les élèves se livrent collectivement à l’écrituredu scénario pendant une période de trois mois à raison de trois heurespar semaine. En groupe-classe, ils proposent des idées, discutent de lapertinence des éléments apportés par les parties, s’entendent pourapporter des modifications au besoin et sur le choix d’une solutionfinale.

Jeu de chaque plan du scénario : tout au long de l’écriture, lesélèves jouent à tour de rôle les différentes scènes du scénario au fur età mesure qu’elles sont écrites. Cela permet de concrétiser les différentséléments du schéma du récit au fur et à mesure de son développementet d’en permettre la vérification au niveau de la cohérence.

ANNEXE 166

ÉP : Analyse de lasituation

CPE : Sens du projet

ÉP : Esquisse d’unprojet possibleCPE : Prémisses duprojet

CT : 1. Exploiter l’in-formation / 3. Exercerson jugement critique /4. Mettre en œuvre sapensée créatriceQA : Esprit d’équipe

ÉP : Esquisse d’unprojet possibleCT : 7. Actualiser sonpotentielQA : Confiance

LégendeÉP : Étapes du projetCT : Compétences

transversalesQA : Qualités de l’actionCPE :Caractéristiques du

projet entrepreneurialRI : Ressources interactives

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ANNEXE 1 67

Consultation du site web « Ciné cours » : les élèves ont consulté le siteweb Cinécours qui offre de la formation à distance sur tous les métiersdu cinéma. Ils ont pu également lire un document provenant de diffé-rents sites web et rassemblant différentes informations sur les métiersdu cinéma ainsi qu’un glossaire des termes employés au cinéma.

Demande d’emploi : Chaque élève a consulté ensuite une série d’af-fiches présentant les différents corps d’emplois mis en évidence par laréalisation de ce film ainsi que les qualités personnelles requises pourles occuper. Chaque élève peut donc esquisser un parallèle entre lesqualités qu’il se reconnaît et les qualités particulières requises par lemétier qu’il préfère.

Visite d’un cinéaste : M. Louis Bélanger, cinéaste de renommée inter-nationale, est venu passer une journée complète en classe. Au cours decette rencontre, il a expliqué abondamment les différents métiers ducinéma, en relevant les aspects pratiques essentiels. Il a ensuite dirigéun atelier de révision du scénario écrit par les élèves. Au cours de cetatelier, les élèves ont pu discuter du processus d’écriture lui-mêmeainsi que de différentes scènes qu’il était souhaitable de modifier afinque le produit final reste un travail objectivement réalisable comptetenu des contraintes de réalisation en milieu scolaire. M. Bélanger nousa ensuite fait visionner différentes scènes de la bande originale de sondernier film Gaz bar blues ainsi que le passage résultant de montage etque l’on retrouve dans l’œuvre finie. Ainsi, pour plusieurs scènes detournage demandant un avant-midi de travail, les élèves ont pu voir leproduit fini, soit une scène d’une minute à l’écran. Cette expérience aété révélatrice de la somme de travail énorme qui est sous-tendue lorsdu travail sur un plateau de tournage et a provoqué une prise de con-science spectaculaire de la réalité du monde du cinéma. La dernièrepartie de cette rencontre a été réservée aux multiples questions desélèves.

Répétitions : Les comédiens se préparent activement aux répétitionssous la direction des metteurs en scène et du réalisateur.

Le tournage : Les équipes sont en place et tout se met en branle.Grâce à un plan de tournage précis, les différentes scènes sont tour-nées.

Test concernant les qualités développées par ce projet : À mi-chemin, les élèves ont complété un petit questionnaire afin de découvrirles qualités particulières qu’ils sont en train de développer dans l’emploiqu’ils ont choisi.

Le montage : Le bagage cinématographique imposant est dépouillégrâce à l’équipe de montage. Un logiciel spécialisé aide à réaliser cettetâche.

ÉP : StratégieCT : 6. Exploiter lesTICQA : Initiative

ÉP : Esquisse d’unprojet possibleCT : 7. Actualiser sonpotentielQA : Détermination /Planification

ÉP : StratégieCT : 2. Résoudre desproblèmesQA : Effort

ÉP : Gestion des écartsCT : 8. CoopérerQA : Effort / Initiative

ÉP : Gestion des écartsCT : 5. Se donner desméthodes de travailefficaces / 3. Exercerson jugement critiqueQA : Effort / Initiative

ÉP : Gestion des écartsCT : 3. Exercer sonjugement critiqueRI : Évaluer ses compé-tences en rapport avecle projet

ÉP : Gestion des écartsQA : Persévérance

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ANNEXE 168

Visite à l’école de cinéma : Une visite à l’école de cinéma de Québecest organisée. Les élèves ont déjà une certaine expérience du cinéma.Ils visitent une école de cinéma où ils peuvent mettre en parallèle leurpropre expérience vécue et ce que les écoles de métiers proposent.Cette prise de conscience les amène à se situer concrètement dans leurparcours et ils prennent conscience de leurs forces et faiblesses parrapport aux exigences du marché du travail.

Préparation de la première : Une date de présentation de la pre-mière est retenue. Réservation de la salle, du matériel de projection,préparation de la salle, vente symbolique de billets, présentation dufilm aux invités (invités de marque, personnel de l’école, invités de lacommission scolaire, parents, amis et élèves de l’école).

Remise de la bande originale : Chaque élève se voit remettre unecopie DVD du film.

Les buts poursuivis par ce projet

Le monde fascinant du cinéma offre un élément motivationnel in-croyable comme il me sera facile de le constater tout au long de ce pro-jet. L’entrepreneuriat fait partie intégrante d’un grand domaine généralde formation « Orientation et entrepreneuriat » contenu dans le nou-veau Programme de formation de l’école québécoise.

Un des buts poursuivis par le projet est le développement des qualitésentrepreneuriales des élèves du 3e cycle qui y participeront activement.L’enseignant invitera les élèves, tout au long du projet, à identifier leursqualités entrepreneuriales, à s’auto-évaluer et à se questionner sureux-mêmes.

Une collaboration et un partenariat entre les enseignants et les élèvesdu cycle en entier et une présentation aux élèves des autres cycles. Lenouveau programme encourage les enseignants et les élèves à colla-borer et à travailler ensemble. Le projet permettra à l’école d’êtreavant-gardiste à ce niveau en sollicitant la coopération de plusieursélèves du cycle afin de compléter l’équipe de comédiens. Une classed’adaptation (1re année déviation multiple) a également contribué enparticipant au tournage de plusieurs scènes du film. Le produit finalsera présenté en grande première à la fin de l’année devant tout le per-sonnel de l’école, les élèves et les parents et amis.

Le projet permettra également à l’école de créer une plus grandeouverture sur le monde car les élèves auront été en contact avecplusieurs domaines concrets du monde du cinéma. Ce film fait par desjeunes et à l’intention des jeunes leur permettra de saisir la réalité con-crète du marché du travail. Il permettra aux plus jeunes de découvrirdifférents aspects de la vie scolaire au 3e cycle.

ÉP : StratégieCT : 3. Exercer sonjugement critiqueQA : Débrouillardise /Solidarité / Persévérance

ÉP : Gestion des écartsCT : 5. Se donner desméthodes de travailefficaces / 8. Coopérer

ÉP : Analyse de lasituationCPE : Sens du projet

LégendeÉP : Étapes du projetCT : Compétences

transversalesQA : Qualités de l’actionCPE :Caractéristiques du

projet entrepreneurialRI : Ressources interactives

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ANNEXE 1 69

Ce projet permettra finalement aux élèves de structurer un peu plusleur identité, car ils auront à évaluer leur implication personnelle dansun travail d’équipe. Ils pourront ainsi apprendre à mieux se connaître età être davantage motivés dans leurs études, car ils auront été à mêmede vérifier que le monde appartient à ceux qui travaillent.

Pour conclure, ce projet a été une tentative d’amener les élèves àplonger dans la réalité concrète du marché du travail. Cette brèveincursion dans l’univers fascinant du cinéma leur a permis de se décou-vrir des forces, des goûts et des talents qu’ils pourront développer toutau long de leur vie, quel que soit leur domaine d’activité.

Aspects originaux et novateurs du projet

Les élèves de notre milieu se développent en milieu défavorisé. Lesproblèmes auxquels ils sont quotidiennement confrontés sont multipleset amènent, dans une proportion effarante, un pourcentage drama-tiquement élevé de démotivation et de décrochage scolaire. L’idéemême d’une incursion dans un univers qui fait rêver tout le monde aimmédiatement séduit l’ensemble des élèves et a suscité un regainincroyable de motivation tout au long de cette année scolaire. Lesélèves ont littéralement plongé dans ce projet et il ne se passait pasune journée sans qu’un élève vienne me voir pour discuter de tel ou telaspect du film, sans que je reçoive un courriel d’un élève qui me pré-sente ses idées à propos d’une des dimensions du tournage. Ce projetà même engendré différents projets secondaires. Une groupe de jeunesfilles a décidé de créer et de publier sur Internet un journal sur la viedes vedettes de cinéma. Un autre a décidé de tenir un journal de bordsur le tournage de notre film. Un autre encore a décidé de créer et demonter, en dehors des heures de cours, une petite pièce de théâtre (leMagicien d’Oz) qu’ils ont présentée aux différentes classes du 1er et2e cycle. Ce projet est vraiment novateur, que ce soit au niveau desmoyens techniques mis en œuvre (matériel et ressources techno-logiques et informatiques requis) ou des ressources externes (visited’un cinéaste à l’école et visite d’une école de cinéma) qu’il a sollicités.Les élèves ont été extrêmement sensibles aux efforts déployés parl’enseignant et la direction de l’école afin de mettre à leur portée uneexpérience unique et enrichissante. Ils ont répondu par un engouementet une motivation renouvelée qui nous ont étonnés. Cette expériencedemeure encore aujourd’hui une révélation autant pour les élèves quepour l’enseignant qui a été à même de constater qu’un projet stimulantet novateur est un moteur et un catalyseur incroyablement puissantpour stimuler la motivation des jeunes.

Organisation du travailVoir le tableau des tâches et l’échéancier de travail de la page suivante.

ÉP : Évaluation

CPE : Sens du projet

ÉP : Analyse de lasituationQA : Motivation /Initiative /Détermination

ÉP : PlanificationRI : Faire émerger uneorganisation de travail

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ANNEXE 170

Comités Nbre d’élèves Tâches

RÉALISATION 3 élèves – Diriger toutes les équipes qui se trouvent sur le plateau.– Avoir un œil sur tous les détails.– Être derrière la caméra ou donner des ordres de caméra.– Planifier les séances de répétition.– Nuancer et ajuster, si nécessaire, le jeu des comédiens.– Superviser le travail des comités.

COMÉDIENS 8 élèves – Retenir l’information.– Improviser.– Jouer les rôles.

CAMÉRAMANS 3 élèves – Assembler et manipuler soigneusement la caméra, selon les directives duET réalisateur.PHOTOGRAPHES – Prendre des photos en cours de montage pour le dossier de presse.

PRISE DE SON 2 élèves – Assembler et manipuler soigneusement le matériel nécessaire à la prise de son.– Agir en tant que perchistes au cours du tournage.

ÉCLAIRAGE 3 élèves – Assembler et manipuler soigneusement le matériel d’éclairage sous ladirection du réalisateur.

JOURNALISME 1 élève – Préparer un journal de bord du déroulement du tournage afin de rédigerpériodiquement des articles pour alimenter le journal étudiant.

ACCESSOIRTISTES 3 élèves – Voir à ce que les éléments du décor soient en place avant et après le tournage.ET TECHNICIENS – Aider au transport du matériel.DE SCÈNE

MAQUILLAGE 3 élèves – Voir au maquillage et à la coiffure de certains comédiens.ET COIFFURE

COSTUMES 1 élève – S’assurer que les comédiens portent les vêtements appropriés au regard dudéveloppement chronologique du film.

– Tenir un journal des costumes.

PRÉSENTATRICE 1 élève – Présenter le film lors de la première

PRÉPARATION DE 2 élèves – Vendre les billets pour assister à la première.LA PREMIÈRE – Aider à monter la salle.

– Placer les gens.

MONTAGE 1 élève – Assister l’enseignant lors du travail de montage.

Tâches des élèves

Échéancier de travail

ACTIVITÉS Sept. à déc. Janvier Février Mars Avril Mai Juin

Écriture du scénario �

Coordination des activités � � � � � � �

Jeu de chaque plan du scénario � � � �

Consultation du site web Cinécours �

Demande d’emploi �

Visite d’un cinéaste �

Appropriation du matériel �

Répétitions � � � � � � �

Test concernant les qualités � �développées par ce projet

Préparation de la première � �

Remise de la bande originale �

Page 72: Invitation a la culture entrepreneuriale - guide_fr

ANNEXE 1 71

Ressources disponibles pour réaliser le projet

Ressources humaines :Plusieurs personnes ont contribué à la réalisation de ce projet :une directrice;une adjointe à la direction;;une conseillère d’orientationun cinéaste;un menuisier;une enseignante.

Ressources matérielles et financières :La réalisation de plusieurs étapes du projet se fait en classe régulière,dans différents locaux de l’école, dans la cour de l’école ainsi que dansla résidence privée d’un membre de la communauté. Le coût d’achat dumatériel cinématographique s’élève environ à 1 500 $ et est défrayé parle budget de classe de l’enseignant. L’école accepte de fournir unepartie du matériel nécessaire à la réalisation de ce film en achetant unnouvel ordinateur au coût de 1 375 $ afin de compléter les opérationsde montage. Un autobus est également nécessaire pour nous permettred’aller visiter l’école de cinéma de Québec. Pour le lancement du film,l’école accepte de subvenir à la préparation de la salle et à la locationde l’équipement. L’ensemble du matériel de reprographie et d’art plas-tique, du matériel informatique et le prêt de locaux est une gracieusetéde l’école Marguerite-Bourgeoys.

Collaboration et partenariat pour la réalisation du projet

Comme mentionné précédemment, les élèves font partie intégrante duprojet. Les autres partenaires sont sans aucun doute l’équipe-école,dont l’équipe enseignante ainsi que la responsable locale en approcheorientante.

Évaluation

Les résultats du projet

Ce projet a permis aux élèves de se livrer à un exercice d’écriture trèsambitieux qui a nécessité, du début à la fin, un effort de discipline et decréativité. Le scénario produit a été soumis à l’examen d’un scénaristeprofessionnel de renom (M. Louis Bélanger) qui a loué la qualité du tra-vail d’écriture et qui a amené les élèves à se livrer à un exercice positifde révision du scénario. Ils ont développé certaines qualités fonda-mentales et nécessaires à tout travail d’envergure : la persévérance, lacoopération et la communication qui leur ont permis d’atteindre un butcommun dont les objectifs étaient très élevés.

De plus, ils ont acquis différentes compétences disciplinaires et trans-versales essentielles telles que :– Écrire des textes variés en explorant toutes les ressources de la

langue française;– Explorer une réalité historique qui fait partie de leurs racines, à

savoir le développement d’une infrastructure de leur milieu (écoleMarguerite-Bourgeoys);

– Découvrir, développer et mettre à profit leurs ressources person-nelles en établissant un parallèle avec la réalité du monde du travail;

RI : Trouver desressources financières,matérielles, humaines

ÉP : ÉvaluationRI : Recours àl’expertise

LégendeÉP : Étapes du projetCT : Compétences

transversalesQA : Qualités de l’actionCPE :Caractéristiques du

projet entrepreneurialRI : Ressources interactives

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ANNEXE 172

– Exploiter les technologies de l’information et des communicationsdans un domaine de pointe afin de réaliser une tâche significative etd’envergure.

Ce projet, qui a pris en cours de route une dimension inattendue enraison de l’entrée en scène de la spécialiste en communication de laCommission scolaire de la Capitale afin de publiciser l’événementauprès des médias écrits (Le Soleil), a permis aux élèves de prendreconscience avec plus d’acuité de la qualité de leur travail. Cet événe-ment a renforcé leur confiance en eux.

La publicisation de ce projet permettra également à l’institution de jeterun éclairage médiatique sur son projet d’école informatisée en sensibi-lisant les autorités concernées et les membres de la communauté àpropos du dynamisme mis en œuvre dans notre milieu par l’équipeécole afin d’amener nos élèves à parfaire leur formation.

Dans cette foulée, il n’est pas superflu de souligner l’apport considé-rable de nouveaux partenaires qui nous aident à concrétiser ce rêve pardes entrées de fonds substantielles : La commission scolaire de laCapitale – La caisse populaire St-Sauveur – Sun Canada.

Les élèves garderont sans nul doute un souvenir impérissable de cetteexpérience qui suscitera peut-être des aspirations nouvelles. Elle leuraura certainement permis de se découvrir eux-mêmes dans un contexteoù ils auront donné le meilleur d’eux-mêmes en réalisant une partie deleurs propres rêves.

La présentation de ce film couronnera sans nul doute une année d’ef-forts de la part de tous les acteurs de ce projet. La présentation auralieu vers le 1er juin 2004. Quatre cent personnes seront invitées : lesdignitaires de la CS de la Capitale, les élèves, les parents et les amis.

Raisons pour lesquelles ce projet mériterait de gagner auConcours québécois en entrepreneuriat

Je caressais ce projet depuis plus d’un an déjà. Au moment de l’entre-prendre en début d’année, la curiosité et l’intérêt étaient déjà trèsgrands. Rapidement, les exigences et les contraintes se sont manifes-tées. Ce qui aurait pu devenir facilement un défi insurmontable s’estavéré être une amusante aventure en raison de l’intérêt constant et dela formidable implication des élèves. En effet, c’est la première fois queje menais un projet d’une telle envergure qui a mobilisé, comme jamaisauparavant, les forces vives des élèves impliqués. Nous étions cons-tamment stimulés et poussés à aller plus loin par les élèves eux-mêmes, au point que les exigences de travail se sont, à ma grande sur-prise, transformées en passion débordante. De voir les élèves proposer

RI : Ressources média-tiques

RI : Ressourcesfinancières

RI : Élaborer unevision

LégendeÉP : Étapes du projetCT : Compétences

transversalesQA : Qualités de l’actionCPE :Caractéristiques du

projet entrepreneurialRI : Ressources interactives

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ANNEXE 1 73

des projets parallèles, discuter entre eux du projet dans la cour derécréation, se réunir en dehors des heures de classe pour pratiquer lesrôles, bref de les voir vivre des apprentissages réellement significatifsest une source de satisfaction incroyable. Avoir conscience ainsi d’êtreun acteur privilégié dans l’édification de toutes ces petites personnalitésest vraiment satisfaisant. Il faut souligner aussi l’important dynamismequi anime l’équipe-école. À l’aube de mettre sur pied la première écoleprimaire publique informatisée du Québec, nous sommes tous emballésde voir plusieurs années d’efforts se concrétiser. Souvent au cours de laréalisation de ce projet, les conversations entre collègues ont animé etéclairé ma réflexion sur la conduite de ce projet. Notre équipe-école ala chance de compter plusieurs personnes hautement compétentes auniveau des TIC. Cette expertise m’a souvent été utile dans l’utilisationet la manipulation de matériel de haute technologie. L’engouement demes collègues pour ce projet a été aussi une source constante de sti-mulation.

Mais ce qui, en conclusion, s’impose comme déterminant la réflexionengendrée par ce projet, c’est le haut niveau d’intérêt et d’implicationqui a animé les élèves tout au long de l’année. Loin de s’essoufflercomme on aurait pu le croire, cette motivation est devenue la bougied’allumage du projet. Ce sont les élèves, par leur niveau d’engagementet leur désir de conclure le projet, qui m’ont sans cesse poussé à allerplus loin. De tous les projets que j’ai conduits, jamais aucun n’a produitde tels résultats. Autant les élèves, les collègues et la direction del’école que les parents sont emballés par ce projet et suivent le chemi-nement des enfants avec grand intérêt. Les offres de collaboration sontnombreuses (tournage de scènes extérieures au domicile de certainsélèves).

N.B. : Une version complète de ce dossier est disponible sur le Web à l’adresse suivante :http://www.cscapitale.qc.ca/mg-bourgeoys/

Choisir le coin des jeunes – 3e cycle – classe de Christian – Le diadème perdu

RI : Élaborer unevision

RI : Évaluer le projet,l’utilisation desressources

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ANNEXE 274

Le but de l’étude de l’économique est d’aiderla société à décider comment créer, distri-buer et consommer les biens. Chaque activitéhumaine possède une dimension écono-mique. Chaque fois que vous vous demandezs’il y aura suffisamment d’argent pour payerle loyer ou l’hypothèque, que vous vousposez des questions sur l’augmentation desprix des aliments ou que vous décidezd’acheter certains produits, vous agissezcomme un décideur économique.

La plupart des gens désirent en savoir plus surl’économie. Il est essentiel de connaître cer-tains aspects économiques pour comprendrece qui se passe dans votre vie. L’économiquen’est pas toujours facile à déchiffrer et plu-sieurs adultes et jeunes gens pensent qu’il estdifficile de comprendre de telles notions.

En tant qu’individu, il est important de pou-voir évaluer l’impact de l’économie sur votrevie. En tant que propriétaire d’entreprise, ilest important de comprendre les termeséconomiques et la manière dont les change-

ments économiques affectent votre entre-prise. Vous n’avez pas besoin d’être un éco-nomiste chevronné, mais vous devez pouvoirévaluer l’impact des changements écono-miques et les effets sur votre ville, votreprovince, votre région et votre pays. De plus,vous devriez avoir une certaine idée de l’im-pact des économies changeantes dans lesautres pays du monde.

Examiner l’importance des clients pour uneentreprise. L’état de l’économie aura uneinfluence sur la quantité d’argent que lesclients dépenseront et sur leur choix d’achat.Cela n’est qu’un exemple de l’impact de l’éco-nomie sur votre entreprise.

Chaque personne a un rôle à jouer pour mo-deler l’économie. Les entrepreneurs donnentun exemple de la manière dont les activitésindividuelles peuvent créer des emplois ainsique des nouveaux produits et services quipeuvent être créés pour améliorer l’écono-mie. Lorsque les individus sont renseignés, ilspeuvent mieux participer au modelage de

ANNEXE 2

L’économique : la base del’entrepreneurship

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ANNEXE 2 75

l’économie. Une grande part de la compré-hension de ce qu’est l’économique est d’ap-prendre à «parler la langue ».

Survol des termes employés enéconomique

Le marché d’un produit ou service quel-conque se compose d’un certain nombre declients. Ces clients sont des gens ou desorganisations qui veulent acheter votre pro-duit ou service. Les entreprises vendent leurspropres produits ou services, mais elles sontégalement d’importants clients pour d’autresentreprises. Par exemple, si vous vendez descamions, vous pouvez cibler les proprié-taires d’entreprises qui constituent votre mar-ché de camions. La majorité de vos activitésde marketing seront concentrées sur lesentreprises qui utilisent des camions dans lecadre de leurs opérations. Et la plupart devos clients, dans votre créneau commercial,seront ces propriétaires d’entreprises.

Le prix que vous aller exiger pour vos pro-duits et services dépendra d’un certainnombre de facteurs. Premièrement, avant defournir ces produits ou services aux clients,vous devez être certain de pouvoir couvrirles frais. Certains des coûts sont fixes et nechangent donc pas, peu importe le nombred’articles que vous vendez. Ces frais fixescomprennent le loyer, l’assurance, un camionde livraison et le salaire du propriétaire.D’autres coûts sont variables : il s’agit desproduits que vous devez acheter, qui s’addi-tionnent à vos coûts et qui varient selon lenombre d’articles produits ou vendus. Cescoûts incluent les matériaux d’emballage, lesalaire des employés de production et lesfrais d’expédition.

Lorsque vous pensez au succès potentiel devotre entreprise, vous devez considérer la loide l’offre et de la demande, soit le nombred’articles comme les vôtres qui sont dispo-nibles sur le marché (l’offre) et le nombre declients qui désirent acheter ces produits (lademande).

Lorsque l’offre est peu abondante et qu’il ya un grand besoin de ce produit ou servicedans un marché particulier, on dit que lademande est supérieure à l’offre. Lorsquec’est le cas, ceux qui vendent déjà ce produitpeuvent exiger un prix élevé, car les genspaieront beaucoup plus pour cet article s’ilsle désirent vraiment. On peut dire, dans cecas, que la demande est forte.

Dans ce cas, les entrepreneurs saisissentsouvent l’occasion d’introduire un nouveauproduit qui répond aux mêmes besoins desclients. Ou bien ils peuvent tout simplementtrouver une façon d’accroître l’offre du mêmeproduit ou service. Dans tous les cas, aprèsavoir augmenté l’offre du produit pour lesclients, ils découvrent qu’ils ne peuvent exi-ger des prix aussi élevés parce qu’il y a main-tenant plus de compétiteurs. Dans ce cas,l’offre augmente et le prix décroît.

Lorsque l’offre devient trop élevée pour lademande, les propriétaires d’entreprisesbaissent les prix de façon à attirer desclients. Les entreprises doivent alors tra-vailler fort pour effectuer suffisamment deventes pour couvrir leurs frais et réaliser unprofit. Et certaines entreprises peuventmême être forcées de se retirer des affaires siles clients n’achètent pas chez eux à un prixqui couvrira leurs frais et qui leur permettrade réaliser un profit.

Les entreprises doivent également essayer deconserver leurs coûts aussi bas que possibleafin de réaliser un profit. L’un des coûts lesplus élevés entrant dans le prix d’un produitou service est le coût des travailleurs. Le ca-pital humain est le terme économique pourdécrire les gens qui fabriquent un produit oudonnent un service. Une augmentation de laquantité de travail effectué par les travail-leurs sans augmentation de salaire mène àune augmentation de la productivité de l’en-treprise. La productivité élevée qui en dé-coule maintient bas le coût des articles etaide à accroître les profits de l’entreprise.

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Parlons « économique »

L’activité suivante est conçue pour encou-rager les étudiants à penser aux affaires enrecourant à des perspectives et à des termeséconomiques. Lisez le cas qui suit puis, enpetits groupes, discutez des questions quifigurent à la fin de l’histoire en utilisant lestermes économiques expliqués à la pageprécédente.

En 1999, l’économie américaine était pros-père et plusieurs entreprises ont connu desproblèmes relatifs au manque de main-d’œuvre. Georges et Jean essayaient de déci-der s’ils devaient quitter leur emploi et fon-der une nouvelle entreprise qui semblait trèsprometteuse. Ils voulaient appareiller le be-soin de travailleurs au besoin que certainstravailleurs potentiels inexpérimentés et peucompétents avaient de trouver du travail. Ilslouaient un immeuble dans l’un des districtsà loyer modique d’une grande ville. Il étaitsitué sur une importante ligne de transporten commun, et ils ont pensé qu’ils pouvaientouvrir une entreprise à cet endroit.

Jean voulait être responsable de la vente deleurs services à des compagnies de la région.Georges gérerait le bureau, cherchant destravailleurs au besoin, prenant les mesuresnécessaires pour que ceux-ci soient conduitsau travail et payés à chaque jour travaillé,puis s’occupant de toute la paperasse admi-nistrative de l’entreprise.

La seule entreprise concurrente dans larégion ne fournissait pas le transport vers letravail et pour le retour à la maison et nepayait pas ses travailleurs à chaque jour. Lesbureaux de cette entreprise étaient situésdans le centre-ville, à environ 6,5 kilomètresde l’emplacement de Georges et de Jean.

À présent, ils veulent avoir votre avis sur leurpotentiel de succès de ce projet.

– Décrire le marché de l’entreprise deGeorges et Jean.

– Quels seraient leurs frais fixes?– Quels seraient leurs coûts variables?– Quel prix devraient-ils exiger de leursclients?

– De combien d’employés auront-ils be-soins? Combien à temps plein?

– Comment peuvent-ils encourager la pro-ductivité?

– Comment devraient-ils vendre leurs ser-vices aux clients potentiels?

– Comment la loi de l’offre et de la demandeaffecte-t-elle ce type d’entreprise?

– Comment attireront-ils les travailleurséventuels?

– Quels sont les principaux risques de cetype d’entreprise?

– Quel est le profit potentiel de ce type d’en-treprise?

– Quels conseils leur donneriez-vous pour ledémarrage de leur entreprise?

Partagez les idées de chaque groupe.Puis discutez de la manière dont l’éco-nomique affecte les décisions d’affaires.

(Ce problème a été publié dans Entrepre-News & Views et le texte est libre de droitsde reproduction afin de pouvoir être utilisédans les salles de cours. EntrepreNews &Views est publiée par le Consortium forEntrepreneurship Education, Columbus,Ohio)

Ce texte est disponible en anglais sur le Webà l’adresse suivante : http://www.entre-ed.org/

–teach/activitis.htm

Il a été traduit par François Belle-Isle deBelle-Isle Traduction technique inc.

ANNEXE 276

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L’éthique en affaires consiste à vous assurerque les plus hautes normes légales et moralessoient observées lors de vos relations avecles gens dans votre milieu d’affaires. Celainclut la personne la plus importante pourvotre entreprise, votre client. Un profit àcourt terme réalisé aux dépens d’un clientsigne la mort à long terme de votre entre-prise.

Une bonne réputation en matière d’éthiquebâtit la confiance des associés d’affaires etdes fournisseurs envers votre entreprise.De fortes relations avec les fournisseurs sonttrès importantes pour le succès de votre en-treprise. Considérez les problèmes que vouspourriez avoir si vous ne pouvez pas fournirce dont le client a besoin… au moment où ilen a besoin.

L’entrepreneur est un modèle pour ses em-ployés. Si vous mentez à vos clients, prenezde l’argent dans la caisse ou apportez à lamaison certains articles de l’inventaire ou desfournitures, il ne faut pas vous surprendre

si vos employés font la même chose. Lesmembres de votre famille peuvent voir l’en-treprise comme la leur et prendre des chosesqui appartiennent en fait à l’entreprise. Lesemployés peuvent percevoir cela commeétant un acte malhonnête s’offrant à leursbesoins d’une augmentation de salaire.

La communauté s’attend à ce que votre en-treprise œuvre de manière éthique, amélio-rant ainsi l’image de la communauté dans sonensemble. Si votre entreprise est située dansun centre commercial, par exemple, votrecode d’éthique aidera ou nuira à la circula-tion des clients pour les autres entrepriseségalement. Si vous avez la réputation de direaux clients tout ce qu’ils veulent entendre,peu importe la vérité, cela nuira éventuelle-ment à votre entreprise et aux autres entre-prises autour de vous. Bien qu’il ne soit pasillégal de mentir aux clients, ce n’est pas unebonne pratique d’affaire.

Le comportement éthique consiste tout sim-plement à prendre de bonnes décisions

77

ANNEXE 3

Un comportement éthique estune sage décision d’affaires

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d’affaires en se basant sur un « code d’é-thique » établi. Les entrepreneurs devraientétablir un code d’éthique et le mettre parécrit de manière à ce qu’il puisse servir decadre pour les décisions que l’entrepreneurest ses employés doivent prendre. Lors del’élaboration de ce code d’éthique, vous de-vriez considérer les points suivants :– Identifier les principes généraux qui con-duisent à des pratiques d’affaires justes.

– Vérifier, auprès de votre association indus-trielle, les normes de base à examiner.

– Prévoir que les questions éthiques n’ontpas toujours une réponse unique et par-faite.

– Écrire les énoncés spécifiques qui vousaideront, ainsi que les autres, à prendredes décisions éthiques au jour le jour.

– Développer votre code d’éthique en unepolitique écrite et en un manuel de procé-dures identifiant les principales règlesd’opération de votre entreprise.

– Former vos employés (et les membres devotre famille) à prendre des décisionséthiques concernant l’entreprise.

Votre code d’éthique s’appliquera à tous lestypes d’opérations d’affaires, comprenant lespoints suivants. Quels autres points pouvez-vous ajouter à cette liste?– La manutention de l’argent et des chèquesdes clients;

– La « négociation », sans permission, deprix spéciaux pour un ami;

– L’acceptation de cadeaux de la part desfournisseurs et des associés d’affaires;

– La vente de la marchandise endommagée– Les garanties sur les produits;– Les politiques de retour de la marchandiseachetée par les clients;

– Le retour de la marchandise chez les four-nisseurs;

– Le vol à l’étalage;– Les procédures comptables des ventes aucomptant;

– Le vol par les employés;– La couverture d’assurance adéquate pourprotéger l’entreprise et ses employés;

– Le respect des promesses publicitaires;

– La vérification de la marchandise reçuedes fournisseurs;

– La nécessité de garder les lieux propres etlibres de toutes substances ou germesnocifs;

– Les problèmes de performance des em-ployés;

– La vérité qui est due aux clients.

Utiliser les habiletés de prise dedécision pour les décisionséthiques

Les opérations quotidiennes d’une entrepriseexigent que chacun prenne des décisions entout temps. L’élaboration d’un code d’éthiqueet son application aux diverses situationssont importantes pour que se crée unebonne image de votre entreprise en matièred’éthique.

Tenir compte de la manière dont le pro-cessus de prise de décision vous aidera àaméliorer le succès de votre entreprise :1. Définir le problème exigeant une déci-sion. Nous sautons souvent aux conclu-sions sans même prendre le temps de cla-rifier le problème.

2. Considérer les autres solutions auxproblèmes. Il y a toujours plus d’une solu-tion à un problème. S’entraîner à penseraux diverses possibilités qui s’offrent ànous avant d’intervenir.

3. Identifier les conséquences des solu-tions alternatives. Les entrepreneursdoivent penser aux conséquences à courtet à long terme qui pourraient découler deleurs décisions.

4. Chercher de l’information complémen-taire si vous n’avez pas suffisamment d’in-formation pour prendre une décision.C’est ici qu’une politique de compagnie etun guide de procédures peuvent aider lesemployés à vérifier leur approche par rap-port à un problème.

ANNEXE 378

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ANNEXE 3 79

Activité de groupe

Demander à la classe de former de petitsgroupes d’environ huit personnes afin detravailler sur les idées relatives à l’éthiquelors de la prise de décision. Leur fournir del’information concernant l’entreprise servantd’exemple lors de l’activité. Cela pourrait êtreune entreprise locale, une idée de compagniede votre choix ou de leur choix, ou encore unéchantillon de plan d’affaires sur lequel ilsont travaillé dans le cours. Demander àchaque groupe de faire ce qui suit :1. Identifier les problèmes qu’un entrepre-neur pourrait rencontrer s’il dirige son en-treprise de manière conforme à l’éthique.

2. Développer un code d’éthique en 10 pointsapplicable à l’entreprise.

3. Discuter, à propos de l’entreprise retenue,de ce que devraient être les politiques etles procédures conformes à l’éthique.

4. Identifier un maximum de problèmeséthiques auxquels les employés pourraientdevoir faire face durant une journée detravail normale. Discuter des solutionspossibles aux problèmes. Considérer lamanière dont un code de procédures pour-rait aider les employés à prendre lesmeilleures décisions.

5. Les membres du groupe devraient alorsfaire un jeu de rôle durant lequel ils au-raient à faire face à un problème éthiqueavec un client, un fournisseur, un compéti-teur et le fils du propriétaire. Discuter desrésultats de l’exercice de jeu de rôle. Si né-cessaire, vous pouvez modifier votre coded’éthique à ce stade-ci de la réflexion.

6. Chaque groupe devrait présenter son coded’éthique à la classe et discuter des princi-paux résultats de leur réflexion.

Source : PACE, Unit 13 Business Management. PACE est dis-ponible auprès du Center on Education and Training forEmployment, The Ohio State University, Columbus, Ohio.

Ce texte est disponible en anglais sur le Webà l’adresse suivante : http://www.entre-ed.org/

–teach/activitis.htm

Il a été traduit par François Belle-Isle deBelle-Isle Traduction technique inc.

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