Introduction Au Bouddhisme

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    Introduction au Bouddhisme Introduction Fondateur: Bouddha Lieu: Inde Date: ~500 Avant JC Premires critures: Tipitaka (Tripitaka) But principal: raliser le Nirvana Figure Principale Bouddha

    A- Autres noms Shakyamouni (sage du clan des Shakya), Siddhartha Gautama (Nom donn la naissance)

    B- Activit: Fondateur du Bouddhisme C- Naissance : Prince

    Figures du Mahayana et du Vajrayana 1- Amitabha Bouddha

    Activit: Bouddha principal dans l'amidisme Pure Land et Shin (Mahayana) 2- Manjushri

    Activit: Boddhisattva reprsentant la Sagesse 3- Avalokiteshvara

    A- Autres nom/manifestations Pure Land (Mahayana): Un des assistants du Bouddha Amida (assis sa droite) Chine (Mahayana): Kuan Yin - Japon : Kwan non or Kannon- Boddhisattva reprsentant la Compassion Tibet (Vajrayana)

    - Chenrezig (Forme principale)- Aspect Masculin du couple qui donna naissance au peuple tibtain - Tara (manifestation)- forme fminine de Chenrezig - Le roi Songtsen Gampo (manifestation)- Apporta le Bouddhisme au Tibet - Dalai Lama (manifestation)- Chef spirituel et politique du Tibet.

    B- Activit : Bodhisattva de la Compassion Histoire du Bouddha Siddhartha (Bouddha) est n autour de 563 avant JC. dans la ville de Kapilavastu (situe aujourd'hui au Npal). Les parents de Siddhartha taient le roi Shuddhodana et la reine Maya, qui dirigeaient le clan des Sakyas. L'histoire de sa naissance est miraculeuse... Une nuit la

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    reine Maya rva qu'un lphant six trompes portant dans sa trompe une fleur de lotus rentra en elle par le ct droit, au mme moment un fils fut conu. Les Brahmanes (religieux) vinrent et interprtrent le rve de la manire suivante. Cet enfant sera soit le plus grand roi du monde soit le plus grand des asctes ( saint homme qui pratique l'abandon de l'go). Le futur enfant fut nomm Siddhartha, ce qui signifie "celui dont le but est accompli"" Plus tard quand la reine Maya tait en route pour la maison de son pre afin de prparer la naissance, elle fit arrter son chariot dans le jardin de Lumbini et s'appuya sur une branche d'arbre pour se reposer. A cet instant , Siddhartha sortit de son sein droit sans aucune aide. L'enfant marcha sept pas dans les quatre directions, et des fleurs de lotus surgirent l ou son pied touchait terre. Alors l'enfant dclara, "Je n'aurai plus de vie futures endurer, ceci est ma dernire incarnation. Maintenant puisse je dtruire et arracher les racines cause de la souffrance des renaissance successives." Sept jours plus tard la reine Maya mourut. Mahaprajapati, la soeur de maya s'occupa de Siddhartha. Le roi Shuddhodana vita Siddhartha toutes les formes de souffrance. Quand siddhartha eu 20 ans , il pousa Yasodhara, la fille de l'un des ministres, et un an aprs ils eurent un fils nomm Rahula (ce qui signifie "entrave" ou "empchement"). A l'ge de 29 ans, Siddhartha demanda son conducteur de char , Channa, de l'emmener deux fois hors de la cit sans l'assentiment du roi. Durant ces deux voyages, Siddhartha vit "Les quatre spectacles" qui changrent sa vie. Pendant son premier voyage, il vit la vieillesse, la maladie et la mort. Dans le second, il vit un saint homme errant, un ascte, sans possessions. Siddhartha commena questionner le saint homme, lequel tait ras, vtu d'une seule robe dchire jaune, et s'aidant d'un bton de marche. L'homme lui dclara, "Je suis... terrifi par la ronde incessante des vies et des naissances et ai adopt cette vie de pauvret afin d'atteindre la libration... Je cherche l'tat bni dans lequel la souffrance, la vieillesse et la mort sont inconnus." Cette nuit l, Siddhartha silencieusement embrassa sa femme et son fils, et ordonna Channa de le conduire dans la fort. En lisire de fort, Siddhartha sortit son pe incruste de joyaux, et se coupa les cheveux et la barbe. Il ta tous ses habits princiers et enfila la robe jaune des saints anachortes. Il ordonna Channa de rapporter toutes ses possessions son pre. A partir de ce moment Siddhartha erra travers le nord est de l'Inde, visitant des saints hommes, et tudiant les concepts de Samsara (rincarnation), Karma (loi de cause effet), et Moksha (dlivrance). Attir par les ides sur Moksha, Siddhartha s'installa sur les rives de la rivire Nairanjana, et pratiqua de svres austrits, restant constamment en mditation. Aprs six annes passes boire et manger juste suffisamment pour rester en vie, Son corps tait maci, et il devint trs affaibli. Cinq autres saints hommes se joignirent lui, esprant apprendre de son exemple. Un jour, Siddhartha ralisa que ces annes d'austrit n'avaient fait qu'affaiblir son corps, et qu'il n'arrivait plus mditer efficacement. Quand il marcha vers la rivire pour prendre son bain, il tait devenu trop faible pour avancer, et les arbres inclinrent leurs branches afin de le soutenir. A cet instant, une jeune fille nomme Nandabala vint et lui offrit un bol de lait et du riz, que Siddhartha accepta. A cette vue les cinq compagnons de siddhartha le quittrent. Rgnr par cette nourriture, Siddhartha s'assit sous un figuier (connu sous le nom d'arbre de la bdhi, ou arbre d'illumination) et rsolu de trouver une rponse la question de la souffrance. Pendant qu'il mditait, Mara (le diable) envoya ses trois fils et filles pour tenter Siddhartha avec la soif, l'apptit, le mcontentement, et la tentation des plaisirs. Siddhartha, inbranlable, entra dans une profonde mditation, et obtint le souvenir de toutes ses

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    naissances, comprenant l'infini cycle des naissances et des morts, et avec une certitude absolue il rejeta les passions et l'ignorance gnrateur de la naissance. C'est l, que Siddhartha atteint l'veil et devint le Bouddha (l'illumin). Dsirs et souffrances s'tant teint devenu Bouddha, il exprimenta le Nirvana... "Il y a un lieu qui n'est ni la terre, ni l'eau, ni le feu, ni l'air...qui n'est pas ce monde ou un autre monde, ni le soleil ou la lune qui ne va et vient, endurant naissance ou mort. C'est l'absolu fin de toutes les souffrances." Nanmoins plutt que de rejeter ce corps et cette existence le bouddha fit un acte de grand sacrifice. Il retourna vers le monde, dtermin partager son illumination autrui de manire ce que tous puissent mettre fin aux cycles des souffrances causes par le cycle incessant des renaissances. Bouddha vint la cite de Sarnath et retrouva dans le parc des cerfs les cinq asctes qui l'avaient quitt. Quand ils virent le bouddha, Ils ralisrent qu'il avait atteint le plus haut tat de saintet. Le bouddha commena leur enseigner ce qu'il avait appris. Il fit un cercle sur le sol avec des grains de riz, reprsentant la roue de la vie que l'on parcourt existences aprs existences. Cet enseignement fut appel le sermon du parc des cerfs, ou encore "La mise en mouvement de la roue de la Loi." Siddhartha rvla qu'il tait devenu un Bouddha, il dcrivit les plaisirs qu'il avait connu en tant que prince, et sa vie de svres pratiques asctiques. Aucun de ces chemins ne pouvait mener vers le Nirvana. Le chemin juste est la Voie du Milieu, qui consiste rester loin des extrmes. "Rpondre aux exigences de la vie n'est pas condamnable," enseigne le Bouddha. "Garder le corps en bonne sant est un devoir, autrement nous ne serons pas capable d'allumer la lampe de la sagesse et de garder notre esprit ferme et clair." Bouddha leur enseigna alors le Dharma, qui consiste dans les quatre nobles vrits et l'octuple sentier. Les cinq asctes et d'autres se joignirent au bouddha et l'accompagnrent partout. Comme de plus en plus les rejoignait, le Bouddha organisa une Sangha, une communaut de bhikkus (moines ordonns et plus tard de nonnes). La Sangha prserva le Dharma, et permit aux bhikkus de ce concentrer sur le but que reprsentait le Nirvana. A la saison des pluies ils s'installaient dans des Viharas (lieux de retraite). Upasaka, les disciples qui croyaient dans les enseignements du Bouddha, mais ne pouvaient suivre les strictes rgles de la Sangha, taient encourags suivre les cinq prceptes. Le Bouddha retourna son lieu de naissance Kapilavastu, son pre fut mortifi de voir venir son fils lui mendier de la nourriture. Bouddha embrassa le pied de son pre et dit, "Vous appartenez une noble ligne de roi. Mais j'appartiens la ligne des Bouddhas, et tous ont vcu d'aumnes." le roi Shuddhadana se remmora alors la prophtie des brahmanes et se rconcilia avec son fils. La femme du Bouddha son fils et plus tard son cousin Ananda rejoignirent alors la Sangha. Quand le bouddha eu 80 ans, un forgeron du nom de Cuanda lui offrit de la nourriture qui le rendit malade. Le Bouddha se forat voyager vers Kushinagara, il s'allongea sur le ct droit pour se reposer dans un bosquet d'arbres shala. Comme une foule de fidles se rassemblait, les arbres fleurirent et rpandirent des ptales sur le Bouddha. Le Bouddha dit Ananda, "Je suis vieux et mon voyage s'approche de sa fin. Mon corps est comme une charrette dlabre maintenu ensemble par quelques courroies de cuir." Trois fois, le Bouddha demanda si l'on voulait lui poser des questions, mais tous restaient en silence. Finalement le Bouddha dit, "Tout ce qui est cr est sujet au dclin et la mort. Tout est transitoire. Travailler pour votre libration avec diligence. Passant successivement par plusieurs tats de mditation, Bouddha dcda et atteint le Parinirvana (la cessation des perceptions et de la sensation).

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    Principales coles du Bouddhisme 1- Theravada (Hinayana)

    A- Littralement: Ecole des Anciens (Petit vhicule) B- Principaux points

    Les Quatre Nobles vrits Mditation Sage Bouddha

    C- Localisation: Asie du Sud Est 2- Mahayana

    A- Littralement : Grand Vhicule B- Principaux points

    Les Quatre Nobles vrits Mditation Bouddha Divin Bodhisattvas

    C- Localisation: Chine, Japon, et Core D- Subdivisions

    Pure Land Tian Da (Chine) ou Tenda (Japon) Bouddhisme

    - Influences du Confucianisme Chan (Chine) ou Zen (Japon) Bouddhisme

    - Influence du Taosme - Principaux points

    . Mditation

    . Chants

    . Dialogue Matre Disciple 3- Vajrayana

    A- Littralement : Vhicule de Diamant B- Principaux points

    Mditation Chants Eveil en une vie Dieux et dmons tibtains Visualisations Dbats philosophiques Rituels Yoga Pratiques tantriques sexuelles

    C- Localisation: Tibet Les Quatre Nobles Vrits 1- La vie est souffrance- dukkha

    A- La vie est souffrance B- La Maladie est souffrance

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    C- La Vieillesse est souffrance D- La peur de la mort est souffrance E- La Sparation de ce que l'on aime est souffrance F- Etre uni ce que lon naime pas est souffrance

    2- La cause de la souffrance est le dsir- tanha 3- Le remde est la suppression du dsir 4- Pour supprimer le dsir, il faut suivre l'octuple sentier Le Noble Octuple sentier 1- Croyance droite

    Comprendre les quatre nobles vrits 2- Volont droite

    Dcider de diriger sa vie correctement 3- Parole droite

    Ne pas mentir Ne pas critiquer les autres injustement Ne pas avoir un langage dur Ne pas exagrer

    4- Action droite

    Suivre les cinq prceptes 5- Moyens d'existence droits

    Gagner sa vie d'une manire qui ne nuise pas d'autres tres. 6- Effort droit

    Conqurir toutes les penses diaboliques S'efforcer de maintenir de bonnes penses

    7- Attention droite

    Devenir intensment conscient de tous ses tats corporels, motifs et mentaux 8- Mditation droite

    Une mdiation profonde afin de conduire au plus haut tat de la conscience (Illumination)

    Cinq prceptes 1- Ne pas tuer 2- Ne pas voler 3- Ne pas mentir

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    4- Rester chaste 5- Ne pas prendre de drogues ou boire des intoxicants Quelques lments sur le(s) Bouddhisme(s) C'est en quelque sorte une introduction au Bouddhisme que je propose essentiellement destin aux nophytes, avec quelques lments quantitatifs et d'analyse qui pourront galement leur tre utile. Ce texte n'est pas la vision d'une cole. Il essaie de prsenter de faon simple et directe les principales problmatiques lies au Bouddhisme. Il a pour objectif de rpondre un certain nombre de questions que se posent ceux qui commencent sur la Voie. Le Bouddhisme est-il une religion ? C'est un dbat qui fait fureur en Occident. Pourtant, si l'on pose cette question aux centaines de millions de bouddhistes vivant en Asie, cela leur paratra vident. Le Bouddhisme est leur religion. Il y a une liturgie, parfois un clerg, des moines, des chants, des actes de dvotions, parfois des divinits qu'il convient de craindre ou d'honorer, toujours beaucoup de respect pour les matres, qu'on les appelle lamas, gurus, sense ....... Bref, la rponse est claire, le bouddhisme est une religion. Le problme se pose en Occident et mme en Orient, l o sont implantes les grandes religions monothistes. Car si l'on considre que la religion correspond l'adoration d'un dieu rvl, alors l non, le bouddhisme n'est pas une religion au sens strict du terme. C'est alors une spiritualit, une voie de la sagesse. Le Bouddha historique n'est pas un dieu et n'est pas vnr comme tel. C'est un homme qui a trouv une "mthode" pour atteindre la conscience suprme, l'Eveil, le Nirvana. Ensuite les coles bouddhistes se disputent pour savoir si l'Eveil peut-tre atteint en une vie, s'il faut de nombreuses rincarnations pour cela, pour savoir mme si le concept de rincarnation est un concept valide, s'il faut tre moine, ou lac pour y parvenir etc... Les querelles doctrinales sont aussi nombreuses qu'il y a d'coles, et il y a des centaines d'coles bouddhistes diffrentes !!!!!!! Le bouddhisme peut donc au moins tre considr comme une spiritualit destine librer l'homme de ses passions et de l'emprise de son ego, par l'amour et la compassion. Ensuite, chaque cole dcline ses propres dfinitions et arrangements avec tout cela. Bouddhisme ou bouddhisme(s) ? Ou plutt, pourrait on dire, y a t'il un bouddhisme ? En France nous sommes un pays de tradition historique chrtienne et catholique. Il y a un Pape, une Bible, une Eglise, un Dieu.

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    C'est clair. Les protestants ont Bibles, temples, pasteurs, les juifs ont la Torah, les Synagogues, les Rabbins etc.... Ce qui est dconcertant pour nos esprits, c'est que tout cela n'existe pas dans le Bouddhisme. Il n'y a pas un Bouddhisme unique. Pour l'cole des anciens il y a bien le Tipitaka, la corbeille des textes, mais il n'y a pas de corpus textuel commun, pas une "bible" unique, pour le bouddhisme. Chaque cole a ses sutras (suttas) ou textes sacrs qui lui sont propres. Il n'y a pas de Pape, bien souvent pas d'glise au sens ou nous l'entendons, des moines mais peu de prtres, des grands matres spirituels "lacs" avec femme et enfants, des moines chastes mais qui ne sont pas des matres spirituels, des moines chastes et qui sont de grands matres spirituels, des coles qui prchent l'tude des textes sacrs en continu comme seul moyen de parvenir l'veil, et d'autres coles qui prchent que seule la mditation peut amener l'veil et que l'tude des textes est inutile, d'autres coles que les deux sont ncessaires......... Bref la voie parat trs complexe pour un nophyte. Et, ne nions pas l'vidence, elle l'est en effet !!!!!! Il n'y a donc pas UN BOUDDHISME, mais DES BOUDDHISMES, ou plutt, des coles bouddhistes et des matres qui rapportent et qui enseignent dans des traditions diffrentes. Pourtant, on sent bien que sous ces diffrentes coles, il y a bien le Bouddha, qui a donn la mthode pour arriver l'veil, un dharma, un enseignement, un sangha, une communaut des fidles: ce que l'on appelle les 3 joyaux. Et ce sont ces trois joyaux qui sont le socle commun des diverses traditions. Un matre disait que si plusieurs chemins mnent au sommet de la montagne, lorsqu'on arrive en haut l'on voit bien que tous ces chemins, mme si on les pense diffrents lorsqu'on les chemine, mnent en fait au mme but. Certains ajoutent mme qu'il faut suivre un seul chemin, et que si l'on va d'un chemin l'autre, on risque de cheminer mais de ne pas parvenir au sommet...... Le Bouddhisme, une religion la mode ? Aux Etats Unis comme en Europe, on dcouvre le bouddhisme depuis seulement 35 ans. Avant, l'tude des textes tait rserve quelques orientalistes rputs ou quelques rudits. L'arrive des matres tibtains, puis zen donner un nouvel essor au bouddhisme. Des temples ont ouvert, des sanghas se sont crs. Si l'on connat bien ces deux coles en France, les gros bataillons des bouddhistes en Asie appartiennent aux coles lies au thravada, ou aux coles Tenda, Nichiren, "Terre Pure", shingon..... Sur plus de 400 millions de bouddhistes, peine 6 millions pratiquent le bouddhisme tibtain (vajrayana) et peine 10% des bouddhistes japonais appartiennent l'une des deux coles principales du Zen. Cela remet en perspective quantitative le poids respectif de ces deux traditions, trs populaires chez nous. Pour autant, le Dala Lama, chef spirituel et temporel des tibtains, sans tre un "Pape" est galement considr comme un grand matre spirituel par les autres coles bouddhistes. Comme toute nouvelle spiritualit, le bouddhisme a commenc se diffuser par les lites (socio-conomiques, culturelles) pour se diffuser ensuite vers des couches toujours plus larges de la population. Si le bouddhisme a le "vent en poupe" en Occident, il n'en va pas de mme lorsqu'on regarde sa situation et son volution au sicle pass, le 20me sicle: Les trois grandes religions conqurantes, le christianisme, l'Islam et l'Hindouisme ont vu chacune leurs effectifs respectifs multiplis par trois entre 1900 et 2000. Or, il y a peu prs le mme nombre de bouddhistes dans le monde en 2000 qu'en 1900. Leur nombre n'a pas sensiblement augment sur cette priode. Si l'Hindouisme a chass le bouddhisme de l'Inde et si l'Islam la chass du Pakistan et l'a coup de l'Occident et de la Grce dans les sicles antrieurs, il est certain que

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    l'avnement du communisme en Chine et dans certains pays du sud-est asiatique au XXme sicle a t un lourd facteur explicatif de la non expansion du Bouddhisme. En Chine, le Grand Bond en Avant comme ensuite la Rvolution Culturelle ont anantit des dizaines de millions de personnes et parmi elles de trs nombreux bouddhistes pratiquants, moines et autres. Le chauvinisme Han fait montrer du doigt la "religion trangre", le bouddhisme, par rapport au confucianisme par ex. Nous n'oublions videmment pas le gnocide, ethnique et culturel, du peuple tibtain qui, avec plus de 1 500.000 morts et 90% des temples et monastres dtruits, constitue un des crimes les plus odieux du sicle pass. Le rgime sanglant des Khmers rouges communistes de Pol Pot a fait galement plus d'un million de mort en quelques annes, avec pour cibles principales les "bourgeois" c'est dire avant tout les lites culturelles et religieuses. Le Vietnam, rappelons le est galement un rgime communiste. La junte militaire au pouvoir en Birmanie opprime galement les bouddhistes sincres qui, autour de Aung San Su Kyi cherchent rtablir la paix et la dmocratie. Alors, comme on a pu le constater, si l'on considre en Europe et aux Etats-Unis que le Bouddhisme est la mode, cela dpend vraiment de quel point de vue l'on regarde, et cette expression rvle plutt l'europano-centrisme de ceux qui la formulent.... Voir la chronique "Le Bouddhisme et les autres religions dans le Monde" pour plus de dtails !... Que veut dire "Bouddha" ? En sanskrit, langue ancienne de l'Inde, o est n le bouddhisme, "Bouddha" veut simplement dire "Eveill". L'Eveil "Boddhi" est le but vis par tout "Boddhissattva" ("celui qui recherche l'Eveil"). La vie du Bouddha C'est le nom donn un homme Siddhrtha Gautama, qui est n dans le bassin moyen du Gange, dans le nord de l'Inde, vers 563 avant Jsus Christ. Gautama tait galement appelle "Sakyamouni", "Sage (de la tribu) des Sakya", nom du peuple dont son pre tait le "roi" et dont la principale ville tait Kapilavastu, plus de 200 kms au nord de Bnars (100 kms au sud du Tibet), o il passa toute sa jeunesse. Lorsqu'il prit conscience aprs trois expriences diffrentes, que l'homme souffrait, vieillissait et mourrait, il quitta sa femme, son enfant, ses biens, son rang et son palais pour devenir moine errant. Il part alors vers le Gange la recherche d'une voie qui rpondrait aux problmes de la souffrance ; il ne la trouvera ni auprs des lettrs brahmanes, ni auprs des " renonant ": il dcouvre la dsormais clbre "voie du Milier" et obtient l'Eveil sous un arbre bo (pipal) Uruvilva prs de Gaya. Quelques temps plus tard, Sarnath (prs de Bnars), dans le "Parc des Gazelles", il prononce son 1er sermon - devant 5 asctes dont il fit ses premiers disciples - qui devient la base de sa doctrine. Il passa le reste de son existence prcher, en faisant de trs nombreuses conversions et en organisant sa communaut de moines.

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    Aprs 40 ans d'errance et de prdications travers les provinces indiennes, il meurt 80 ans (vers 483 av. J.-C.) prs de Koushinagar (non loin de Gorakhpour), et sera incinr. Il entre alors dans la paix du "Parinirvana", l'Extinction complte Ses cendres furent divises en 8 lots gards dans 8 pays. En 1981, l'un d'eux (bote de 4 x 5 cm) aurait t retrouv au temple de Yunju, 75 km de Pkin. Le Bouddhisme se rpand Grce la conversion et au zle de l'empereur Aoka (milieu de IIIes. av. J.-C.), le bouddhisme se rpandit dans le sous-continent indien et Ceylan. Plus tard, il atteignit le Sud-Est asiatique et l'Insulinde par la mer, l'Asie centrale, la Chine (IIme sicle aprs J.-C.), la Core, le Japon (religion d'tat en 587), le Tibet (VIIes.) et la Mongolie (XIIIes.) par voie de terre. Partout, il sus s'adapter aux cultures et mentalits, et souvent devint dans les pays une religion que l'on pouvait pratiquer en plus de la religion autochtone. En Inde, il fleurit jusqu'au VIIIes., puis dclina et disparut aprs le XIIIes. Entre le Vme sicle et le 1er sicle le bouddhisme s'est rpandu, en se modifiant parfois sensiblement au contact des spiritualits autochtones au sud de l'Inde jusqu'au Sri Lanka. Au nord au Npal, puis en faisant un grand arc de cercle par le nord de la Chine jusqu' l'est de la Chine. Au vme et VIme sicle il touche la Malaisie et Singapour au sud, l'est les provinces de Canton, la Core puis le Japon. Au XIme XIIme sicle il touche tout le sud est asiatique, Birmanie, Thalande, Cambodge, Vietnam. Au XXme sicle il atteint l'Europe et les Amriques. C'est au milieu du IIIme sicle, sous le rgne du grand empereur Asoka que c'est affirme la vocation missionnaire du Bouddhisme. Aprs le concile de Pataliputra des missionnaires sont envoys dans les provinces indiennes et dans les pays voisins, Cachemire, Sri Lanka. Certaines ides bouddhiques ont pu la mme poque tre diffuses fort loin, srement au limites de l'empire grec. Au IIme sicle de notre re, le bouddhisme fait en Chine et en Asie centrale des progrs extraordinaires. C'est par l'intermdiaire des oasis d'Asie centrale que le bouddhisme parvint en Chine. Des chinois se rendaient au Cachemire pour tudier ce qu'on appelait le Dhyana, forme de yoga. En 518, 2213 ouvrages taient dj traduits. Ensuite la transformation du bouddhisme due entre autres la difficult de rendre en chinois les textes indiens, et la contamination du bouddhisme par le confucianisme et par le Tao, l'tude des coles diverses, relvent de l'histoire propre du bouddhisme chinois. La Core fut atteinte par le bouddhisme en 372. Celui-ci prospra rapidement mais fut perscut au XVme sicle et jusqu' la domination japonaise. C'est par la Core que le bouddhisme fut introduit au Japon. En 554 arrivent les deux premiers missionnaires bouddhistes, Tosa et Doshin. Le bouddhisme ne s'implanta solidement que lorsqu'il bnficia de la protection du prince ShotoKu Taishi. Le shinto, religion japonaise, en vint accepter le bouddhisme, religion par nature tolrante et bien souvent les deux religions en vinrent partager les mmes temples. Le bouddhisme fut porteur de l'influence chinoise et donc fut un puissant vecteur de civilisation. Le bouddhisme va au Japon se partager en de trs nombreuses coles diffrentes , sectes hinayanistes, mahayanistes, Tenda, Shingon, Jodo Shinsu, Zen.

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    Le bouddhisme arriva au Tibet au VIIme sicle. C'est Padmasambhava, Guru Rinpoch, qui introduisit en particulier des pratiques subtiles caractristiques du Vajrayana. Il est considr comme un grand magicien qui parvint triompher des prtres de la religion Bon, religion antrieure des tibtains. De trs nombreux textes sanskrits furent traduits en tibtain cette poque. Aprs de nombreuses volutions furent cres les 4 coles du bouddhisme tibtain. La 4me fut cre au XV sicle par un rformateur Tsonkhapa et dans la seconde moiti du XVIme sicle se fixe le double pontificat des glises tibtaines et mongoles : un Panchen Lama considr comme une incarnation du bouddha Amitabha et un Dala Lama incarnation du bouddha Avalokiteshvara, qui rside Lhassa. Au Cambodge le Grand Vhicule apparu la fin du VIIIme sicle. Le Cambodge adopta le Petit Vhicule au moment o le bouddhisme cingalais arriva. Celui-ci de langua Pali, se rclame des Anciens, Thravada. Il fut rnov au XIIme sicle. De la Birmanie le bouddhisme cingalais gagna la Thalande o les Tha (venus de Chine du Sud au XIIIme sicle) s'taient rallis au bouddhisme. Il gagna ensuite la Laos puis le Cambodge. Il est religion d'tat dans ces 4 pays. Les quatre nobles vrits Il faut bien reconnatre et comprendre que les concepts qui sous-tendent les 4 nobles vrits ont pris corps dans le corpus spirituel de l'Inde du Vme sicle avant JC. : 1 - Tous les tres vivants renaissent aprs la mort et traversent une srie indfinie d'existences parmi les hommes, les dieux, les animaux et les damns. 2 - A chacune de ces renaissances, sa part de bonheur ou de malheur est dtermine par la valeur morale des actes accomplis dans les vies prcdentes, selon une justice immanente, automatique et inluctable. Les 4 nobles vrits sont dcouvertes par Gautama lors de l'veil : 1 - Toute existence est souffrance, par nature pnible et dcevante, mme celle des dieux. 2 - L'origine de ce malheur est le dsir, la soif d'exister, qui conduit renatre. 3 - La cessation de ce dsir entrane celle de la renaissance et par l celle du malheur inhrent l'existence. 4 - Cette cessation, donc la Dlivrance du cycle des renaissances et des souffrances, est obtenue en suivant la Sainte Voie (mrga), l'Octuple sentier. L'octuple sentier L'octuple sentier c'est des ides, intentions, paroles, actes, moyens d'existence, efforts, attention et concentration mentale justes. La grande particularit du bouddhisme et la vraie rvolution qu'il entrane en se propageant est que cette doctrine s'applique tous et toutes, sans considration de classes sociales, en contradiction avec le systme de castes en vigueur en Inde, l'poque et jusqu'au XXme sicle...

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    L'aboutissement de cette Voie, c'est le nirvna (un tat de srnit imperturbable qui dure jusqu' la mort, aprs laquelle il n'y plus jamais nulle part de renaissance). Une notion essentielle : l'impermanence La doctrine du Bouddha enseigne en outre que tout, tres et choses, est impermanent, c'est dire transitoire, changeant, compos d'lments en perptuelle transformation, soumis un rigoureux enchanement de causes et d'effets. Tout a un commencement, une dure variable et une fin, il n'y a que des sries de phnomnes voluant plus ou moins rapidement et, par consquent, il n'existe ni me immortelle ni Dieu ternel, omnipotent et crateur. Le Culte bouddhique La vnration des premiers adeptes envers le Bouddha et ses enseignements par ses plus saints disciples s'est parfois transforme en culte, cause des habitudes religieuses des lacs, et parce que ses manifestations taient regardes comme des bonnes actions permettant de renatre dans des conditions agrables, parmi les dieux ou les hommes riches et puissants. Ce culte s'adressait d'abord au Bouddha Gautama, sa doctrine et sa communaut monastique, puis il s'tendit aussi aux divers bouddhas qui l'avaient prcd et aux bodhisattvas et bouddhas qui devaient lui succder. Les innombrables divinits indiennes, considres comme des protectrices zles du bouddhisme, parurent dignes de recevoir hommages et offrandes des fidles lacs. Ce culte fut parfois emprunt au culte indien prbouddhique, en retranchant ce qui tait incompatible avec la doctrine bouddhique et notamment avec sa morale (comme les sacrifices sanglants). Cela consiste en divers gestes et attitudes de vnration, en offrandes de fleurs, parfums, lampes allumes, musique et chants de louanges, en audition et rcitation de textes sacrs attribus au Bouddha (soutras), et en mditations (dhyana). A cela sajouta trs tt le culte des reliques et les plerinages aux lieux saints. Au cours des sicles, le culte s'est dvelopp et compliqu, parfois jusqu' l'exubrance, par l'adjonction de pratiques plus ou moins symboliques empruntes l'hindouisme. Les 3 "Vhicules" du Bouddhisme : Petit Vhicule (hnayna) : ainsi nomm par les adeptes des 2 autres vhicules - parfois non sans une certaine nuance pjorative ... - car il est le plus ancien des enseignements du Bouddha. Dans cette Voie, seuls les Moines peuvent atteindre le Nirvana : la Voie de la Dlivrance ne peut gure tre suivie jusqu'au bout que par les asctes mendiants (bhikshu), subsistant d'aumnes, soumis une discipline fort austre. Ces moines doivent pratiquer des exercices varis, appels en gnral " mditations " (dhyna) et apparents au yoga, pour affaiblir et supprimer erreurs et passions, obtenir la vision parfaitement claire de la ralit et la srnit parfaite du nirvna.

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    Le hnayna a compt une vingtaine de sectes, nes la plupart avant notre re et dont seul subsiste aujourd'hui le theravda, ou " Enseignement des Anciens " ; florissant au Sri Lanka, en Thalande et Birmanie, et nagure au Cambodge et au Laos ; la littrature en pali, langue indienne ancienne soeur du sanskrit, concerne surtout les moines (bhikshu) auxquels elle apprend la mthode pour devenir des arhants (hommes mritants), c'est--dire des saints ayant atteint le nirvna. Quant aux fidles, ils doivent pratiquer l'aumne, s'abstenir comme les moines du meurtre de tout tre vivant, de vol, de luxure, de mensonge et de l'usage des boissons enivrantes et par extension de toute substance toxique. Grand Vhicule (mahyna) : apparu la fin du Iers. av. J.-C., a produit de nombreux textes sanskrits. Exhorte ses adeptes devenir, non pas des arhants, mais des bodhisattva, en portant leur perfection (pramit) l'exercice des vertus, notamment en aidant et secourant les autres tres, sans pargner leur peine ni leur vie, et en retardant leur propre entre dans le nirvna jusqu' ce que tous les autres l'aient atteint eux-mmes. La plupart de ses fidles ont une vnration particulire pour le bodhisattva Avalokitevara, dont la compassion sans limite et toujours active leur sert de sauvegarde et modle. D'autres vouent un culte exclusif au bouddha mythique Amitbha (Lumire infinie), qui accueille, dans son paradis nomm Sukhvat, tous ceux qui ont eu mme une seule pense de respect son gard. coles de philosophie : Mdhyamika, fonde par Ngrjuna (IIIe s.), dmontre et enseigne que tout est " vide " (nya) de nature propre derrire le monde illusoire auquel croient et s'attachent les tres ; Vinavdin, fonde par Asanga (fin du IVe s.), rduit tout, tres et choses, la pure conscience (vijna) virtuelle, vide elle-mme de nature propre comme de tout contenu autre qu'illusoire: C'est ce que l'on appelle la vacuit. Les penseurs du mahyna voulaient aider leurs disciples se dtacher des objets, des passions et des erreurs en prouvant l'irralit de ceux-ci. En soutenant la thse de la vacuit de nature propre, intermdiaire entre l'tre et le nant, ils rejetaient l'accusation de nihilisme lance par les autres philosophes indiens. Tantrisme bouddhique : Beaucoup le considre, non pas comme un troisime vhicule, mais comme une branche du Mahayana, ce qui semble philosophiquement plus juste. Appel ainsi parce que sa littrature, en sanskrit, est constitue d'ouvrages nomms tantra (fil de chane). Ensemble de sectes nes du mahyna partir du VIIe sicle. Diffrentes les unes des autres par leurs doctrines et leurs pratiques religieuses, o l'on note une forte influence de l'hindouisme, qui subit la mme poque une volution parallle. Elles se distinguent du bouddhisme par un panthon (ensemble de dieux) riche et complexe et par des activits rituelles, o symbolique et magie exercent des fonctions dterminantes (principe d'identit universelle fond sur la doctrine de la vacuit).

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    Le bouddhisme japonais Ecoles & traditions

    Le Japon est un des grands pays de traditions bouddhistes. De nombreuses coles sont nes sur le sol japonais. Le Bouddhisme ZEN, trs connu en Occident, implant aux Etats-Unis par Sunryu Suzuki et en France par Taisen Deshimaru, connat un fort succs. De trs nombreux dojos ont clos en Occident et c'est l'une des coles les plus rpandues en Occident avec le Bouddhisme tibtain qui fait galement l'objet d'une chronique. Le bouddhisme a t implant au Japon par les matres chinois, via la Core, par vagues successives, depuis la Chine, entre le VIe et le XIIe s. Il comprend des ordres principaux, souvent diviss en plusieurs sous-ordres : Ritsu (Discipline) ; Hoss ; Kegon ; Tendai ; Shingon ; Yz nembutsu ; Jdo ; Jdo shin ; Rinza ; St ; Obaku ; Nichiren ; Ji. Le Bouddhisme Zen Les origines du Bouddhisme Zen : cole de mditation bouddhiste, connue en Chine sous le nom de Ch'an (japonais : Zen, du sanskrit : Dhyna, " mditation"). A partir du Ve sicle., elle est une des principales coles du Grand Vhicule. Un des fondements de cette pratique est mushotoku (c'est--dire la mditation sans objet (mot mot : sans recherche de profit)), en insistant sur la posture (zazen shikantaza), la respiration (concentration sur le hara, expiration profonde) et l'attitude de la conscience (penser sans penser, l'au-del de la pense (hishiry) : intuition et sagesse du corps influencent le corps et l'esprit dans la vie quotidienne). Il y a eu de nombreuses coles zen au fil des sicles au Japon. Depuis le XVIIme sicle, 3 coles subsistent au japon. L'cole Rinza : Le matre de la ligne est en Chine, Rinza, au Japon, Esa. Le Zen Rinza recherche l'veil (Satori) par la mthode des (Kan), textes paradoxaux qui dfient la raison. C'tait socialement plutt le Zen pratiqu par l'lite japonaise, famille impriale et samoura.C'est un zen trs martial, et donc souvent li aux arts martiaux. Il y a 5 758 temples rinza au Japon. L'cole Soto : Les matres en Chine : Tzan et Szan - qui ont donn leur nom la ligne; Japon : Dgen, qui introduit le zen soto au Japon au XIIme sicle). Pratique de la mditation silencieuse : On fait zazen sans tudier de kan. A une vision plus anti-intellectualiste. C'est le zen pratiquer le plus par les couches populaires. Ractualis partir des annes 20 par un matre japonais,

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    Kodo Sawwaki, qui voulut redfinir les principes fondamentaux du soto en revenant Dogen. Il y a 14 219 temples Soto au Japon. En France, un ancien disciple de Kodo Sawaki, Taisen Deshimaru, introduit le zen partir de 1967 jusqu' sa mort en 1982. Il fonde l'Association zen internationale au sein de laquelle sont regroups la quasi totalit des dojos zen de l'hxagone. Elle est dirige par les disciples de matre Deshimaru et plus particulirement par Michel Bovay et Roland Yuno Rech, galement responsable du dojo zen de Nice. D'autres dojo, hors AZI, se crent depuis quelques annes, soit par des anciens disciples, soit par des disciples de Shunryu Suzuki, soit en donnant au zen une allure moins japonaise et en voulant l'adapter plus notre pense occidentale, comme le fait le pratiquant franais Eric Rommelure. L'cole Obaku : La plus petite cole japonaise de la mme famille religieuse que le Rinza Zen. Matre : Ingen, Chinois) Compte 474 temples. D'autres coles zen sont galement prsentes notamment aux Etats-Unis comme le Sanbo Kyodan, mlange de Rinza et de Soto. Un bouddhisme zen plus engag, plus proccup par les questions sociales, et qui vient du Sanbo Kyodan, se dveloppe aux Etats-Unis galement autour de Bernie Glassman et de son Peacemakers Order. Le Bouddhisme de Nichiren Fond par Nichiren Daishonin (16-2-1222/13-10-1282). Nikk Shnin, son successeur immdiat, construit un temple. Taiski-ji, au pied du mont Fuji, o sont conserves plusieurs de ses reliques et notamment un objet de culte, le Da-Gohonzon, concrtisation du principe d'ichinen sanzen (une pense, trois mille dharma), autrement dit de la Loi de l'univers. Le bouddhisme de Nichiren se fonde sur les principes essentiels du Stra du Lotus, enseignement ultime du Bouddha Shakyamuni. Nam Myh Renge Kyo : invocation rcite pour la 1re fois en 1253 par Nichiren Daishnin et seul enseignement pouvant conduire tous les tres l'illumination cache dans leur coeur. Myh Renge Ky (titre du Stra du Lotus) est la " Loi merveilleuse " permettant de saisir le principe mystique dans sa propre vie et d'atteindre la boddhit (plein panouissement de l'tre). La doctrine : L'homme doit accomplir individuellement l'effort qui mne la boddhit. Le rsultat de cet effort, sur le plan social, est la prosprit des pays et la paix entre les nations. L'organisation : Plusieurs organisations religieuses au Japon se rclament de l'enseignement de Nichiren. La Nichiren Shsh est la plus importante, A soutenu la Ska Gakka jusqu'en 1991.

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    La Ska Gakka : Le 18 novembre 1930 est crre la Ska Kyiku Gakka (association de lacs mettant en pratique le bouddhisme de Nichiren) fonde par Tsunesaburo Makiguchi (1871/18-11-1944, philosophe et enseignant japonais, en prison, pour s'tre oppos la politique militariste japonaise pendant la guerre) et Josei Toda (1900/2-4-1958). En 1951, Josei Toda, donne le nom au mouvement et fait passer ses adeptes de 5 000 765 000. Le 5 mars 1960, Daisaku Ikeda (n 1928) est nomm prsident. En 1964 cration du parti politique Kmei-T (parti pour un gouvernement probe) volet politique de la SG. En 1974, le Kmei-T, se constitue formellement en parti politique distinct de l'organisation religieuse Ska Gakka, mais reste en fait soutenu par celle-ci. En 1975, fondation de Ska Gakka International (SGI) fonde aux USA. En fvrier 1983, la SGI est reconnue organisation non gouvernementale (ONG) statut consultatif l'Onu. Le 29 novembre 1991, la Nichiren Shsh et la Ska Gakka se sparent, l'organisation religieuse prtextant des " agissements incompatibles avec la doctrine de Nichiren ", et l'organisation laque dnonant la corruption des moines !!!! En France, la Sokka Gaka est class par le rapport parlementaire sur les sectes comme une secte dangereuse. Cela ne vaut videmment pas pour la Nichiren Shsh Dans le monde : plus de 11 000 000 de pratiquants pour la Sokka Gaka : (Japon 10 000 000, Amr. du Nord 500 000, Amr. latine 300 000, Sud-Est asiatique et Australie 900 000, Europe, Afrique et Moyen-Orient 30 000). L'Amidisme Amida est la forme sino-japonaise de 2 mots sanskrits, Amityus (" vie ternelle ") et Amitbha (" lumire ternelle ") : nom donn un bouddha, le moine Dharmakra, qui est vnr par les sectes Jdo, Jdo-shin et Ji (Japon, XIe-XIIe s.). Cette foi dans un bouddha particulier, Amitabha, est galement appel "Terre Pure" et est pratiqu en France essentiellement par des populations vietnamiennes, corennes et chinoises. Ceux qui invoquent le nom d'Amida pourront accder son paradis, sa Terre Pure, mme s'ils ne pratiquent pas l'Octuple Sentier. Cette pratique est trs simple puisqu'il suffit de rciter le mantra namo amida butsu. Cette rcitation continuelle a parfois provoqu l'admiration de certains matres zen. Le Bouddhisme sotrique On peut appeler ainsi deux coles japonaises nes entre le IXe et le XIIe sicle: le Tendai et le Shingon. Issues du Grand Vhicule et du tantrisme elles sont riches en rites et en iconographie.

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    L'Ecole Shingon : Shingon signifie "parole vraie", traduction du sanskrit "mantra". Cette cole a t fonde au VIIIme sicle au Japon par un moine dnomm Kuka, qui reut de ses disciples aprs sa mort le nom de Kb Dashi " le grand instructeur de la Loi". Il faut rciter le mantra "Sokushin-Jbutsu", qui signifie "devenir bouddha dans cette vie avec ce corps". Le shingon utilise beaucoup la nature comme modle pour expliquer le monde invisible de l'esprit. La pratique sert faire fusionner son esprit avec l'univers tout entier. C'est en pratiquant et en vivant la compassion pour tous les autres tres que l'on progresse dans la voie. En France l'cole Shingon est reprsente au temple Kmy-in (temple de la lumire pour la vie) dans le petit village de Villeuneuve les Gents en Bourgogne. Les vnrables de ce temple sont Yuka sense (docteur Billaud) et son pouse japonaise Ysen sense. Ils sont tous deux ordonns moines du Shingon depuis 1975.En 1980 ils ont reu le grade de "Dnpo-Kanj^" qui confre le grade d'Acharya, matre du Shingon. Ils ont fond le temple Kmy-in en 1989. Ils sont disciples de Matre AOKI Yuk. Thierry Mollandin, co-webmaster du Port@il du Bouddhisme et crateur de l'@nnuaire du Bouddhisme, est disciple de Yuka sense.

    Les quatre nobles vrits Catta Ariyasaccani

    Ce texte contient la totalit de la doctrine bouddhique synthtise en quatre principes fondamentaux. Il fut prsent par le bouddha lors de son tout premier sermon. Il sera prsent ultrieurement sous diverses formes, ainsi qu'abondamment dvelopp et comment dans les diffrentes sections des textes canoniques. 1 - Dukkha ~ dukkha ariya sacca ~ Cette premire vrit repose sur une simple constatation froide et implacable : le monde est souffrance* (dukkha). Cette souffrance ressentie par le sujet est la consquence ncessaire de l'existence individuelle. Dukkha, qui sera utilis tout au long de ces pages, est bien entendu beaucoup plus qu'une simple souffrance physique ou morale. Dukkha signifie aussi inachev, imparfait, interrompu, impermanent. Sous cet aspect d'impermanence, dukkha s'applique toutes les manifestations du monde physique, psychologique et mental. L'impermanence c'est le caractre transitoire de toute chose : une ide advient puis conduit une autre ou disparat, un sentiment dsagrable fait place un sentiment agrable et rciproquement, un tre nat, grandit, vieillit et meurt, la matire au contact d'autres lments se combine sous d'autres formes d'organisation dans un vaste processus de transformation, ...

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    Ce ne sont pas seulement les choses ngatives qui sont dukkha, mais tout ce qui est impermanent, plaisir et dplaisir sont dukkha, jouissance et restriction sont dukkha, appropriation ou renoncement sont dukkha. Dukkha a donc trois acceptations : la premire est la souffrance en tant que telle, la seconde est l'interruption de conditions ou d'tats heureux, la troisime est le conditionnement d'une chose par une autre (conception dveloppe dans la thorie des cinq agrgats). En effet, si la vision des vnements au travers de l'analyse suivant les cinq agrgats permet dj une meilleure comprhension de leur prgnance et des mcanismes l'oeuvre sur le sujet, c'est parce qu'ils sont des agrgats d'attachement. 2 - La cause de dukkha est l'attachement ~ dukkha samudaya ariya sacca ~ Le moteur principal de dukkha c'est la soif de l'existence. Le bouddhisme insiste bien sur le fait que la souffrance n'est pas le fruit d'une quelconque fatalit, ni l'expression d'une volont divine aveugle ou punitive. Il y a dukkha quant il y a manque, quand il y a volont d'obtenir, quand il y a perte ou interruption de jouissance, quand il y a in obtention de ce qui est voulu. La notion d'attachement est importante, car elle montre bien le lien et la dpendance d'une chose sur une autre. Il suffit, pour une raison ou pour une autre, que ce lien ne s'tablisse pas, ou qu'il s'interrompe ou que l'une ou l'autre des choses lies disparaisse, pour qu'il y ait dukkha. Cet attachement concerne aussi bien le dsir des sens, les lments matriels que les ides, les idaux, les penses, les thories ou les croyances. 3 - Dukkha cesse quand l'attachement cesse ~ dukkha nirodha ariya sacca ~ Il ne s'agit pas de rompre ou de briser brutalement l'attachement aux choses, il ne s'agit pas non plus de le nier ou de le rejeter, il ne s'agit pas de renoncer ou d'abandonner le monde pour s'enfermer dans une vie pure, mais abstraite. Il s'agit de se mettre l'abri de la souffrance en identifiant les processus de causalit l'oeuvre dans toutes nos actions et en particulier ceux qui conduisent dukkha. La cessation de dukkha ne peut tre durablement obtenue que par l'identification et la comprhension rigoureuse des processus de causalit. Il s'agit d'un travail de connaissance du monde, mais surtout de connaissance de soi. Il ne s'agit pas d'tre coup du monde, mais au contraire de dvoiler le mcanisme de causalit qui fait le monde. 4 - Il existe une mthode pour la cessation de dukkha ~ dukkha nirodha gmini patipad ariya sacca ~ La voie du bouddhisme prne la connaissance. Si elle est appele troisime voie, c'est parce qu'elle se situe entre-deux extrmes, constitus d'un ct par l'unique jouissance des sens physiques et de l'autre ct par l'auto radication de toute forme de sensualit par l'observation de pratiques asctiques et de nombreux interdits.

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    La vise du bouddhisme est plus haute que la simple cessation de dukkha, et entend arriver une libration complte de la souffrance. Cette ralisation consiste ne pas se placer dans une causalit subie. Ayant identifie la provenance et le but de nos sentiments, actes ou attirances, le sujet agit de manire contrler, orienter les effets de son action et de ce fait parvient viter la souffrance. Cette voie est appele l'octuple noble sentier. Note 1 : Nous traduisons ici dukkha par souffrance, de mme qu' chaque fois que l'objet de l'expos n'est pas de dvelopper dukkha, mais d'en donner une ide d'un simple mot. L'article sur dukkha montre que "souffrance" n'est pas une traduction compltement satisfaisante pour dukkha.

    L'octuple noble sentier ou la voie du milieu Ariya Atthangika Magga

    L'octuple noble sentier prconise huit conduites propres dvelopper l'attention et la connaissance. Son expos fait suite celui des quatre nobles vrits Il s'agit de : 1 La comprhension juste 2 La pense juste 3 La parole juste 4 L'action juste 5 Les moyens d'existence justes 6 L'effort juste 7 L'attention juste 8 La concentration juste Il ne faut pas limiter l'acception de "juste" (samm *) au sens d'quitable, mais au sens de prcis, de mesur et n'engendrant d'effets ngatifs. Juste, c'est aussi "ncessaire et suffisant", efficace. Juste, c'est encore "ni trop, ni trop peu" o on retrouve le juste milieu, c'est--dire la voie du milieu. 1- La comprhension juste ~ samm ditthi ~ Il s'agit de la comprhension dans toutes leurs implications des quatre nobles vrits. Il s'agit de la mesure du sujet qui peut se mettre non pas en retrait du monde, mais simplement distance. 2- La pense juste ~ samm sankappa ~ La pense est entendue comme un effort en soi et comme une action en puissance. La pense s'inscrit galement dans l'enchanement des causes et des actions. Aussi bien les penses

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    ngatives sont des ractions inadaptes aux problmes rencontres, aussi bien elles n'engendrent que des consquences aussi ngatives sinon plus. 3 - La parole juste ~ samm vc ~ La parole est une dpense d'nergie et s'inscrit immdiatement dans un rseau complexe de significations et d'interprtations. Chacun a pu mesurer la porte de mots mal placs (et pas ncessairement malveillants) et les consquences de paroles non explicites, mal comprises, mal nonces. Naturellement les paroles blessantes, humiliantes, insultantes, vulgaires et grossires sont viter et proscrire. 4 - L'action juste ~ samm kammanta ~ L encore chacun peut comprendre au quotidien les effets d'actions (ou le dfaut d'actions appropries) se faisant au dtriment de soi-mme, des autres ou de l'intrt gnral (la socit occidentale actuelle en est d'ailleurs le triste reflet). 5 - Les moyens d'existence justes ~ samm jiva ~ De tous temps, le bouddhisme s'est illustr dans une longue tradition non violente, proscrivant toute activit commerciale reposant sur l'asservissement ou la destruction. 6 - L'effort juste ~ samm vyma ~ L'effort juste, c'est l'ide d'un certain travail accomplir sur soi pour mettre en oeuvre les sept autres voies vers la cessation de dukkha. Il ne s'agit pas de s'anesthsier du monde ni de fusionner avec le monde, mais bien d'tre soi-mme. 7 - L'attention juste ~ samm sati ~ Avec l'attention juste et la concentration juste on pntre dans un champ smantique qui fait rfrence la pratique de la mditation. L'attention juste c'est prcisment de ne pas se faire absorber par ce qui vient du monde extrieur, de ne pas se faire branler ou heurter par ce qui vient du monde extrieur, mais simplement de noter que ce qui est extrieur quoi qu'il soit est justement dfinitivement et rsolument extrieur. 8 - La concentration juste ~ samm samdhi ~ La concentration juste renvoie une technique de mditation particulire qui tend mettre en application les quatre nobles vrits et l'octuple noble sentier au travers d'une connaissance rigoureuse des mcanismes percepto-sensitifs et cognitifs et qui vise la sortie de l'enchanement des causes et des effets. La mise en pratique de ces dispositions ne consiste videment pas devenir un bent, sympathique, souriant, naf, rserv, passif, timor et introverti. Non, c'est tout le contraire.

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    Nota : samm est quelques fois traduit par droit (droite), parfait (parfaite) ou complet (complte). Ces traductions placent l'acception dans une chelle de valeur qui n'est pas tout l'enjeu de cette dmarche. Le mot "juste", comme prcis, comme ncessaire et suffisant parat beaucoup plus appropri.

    Les cinq agrgats Pacakkhandha

    La notion des cinq agrgats est une tentative pour rendre compte de la constitution du sujet en tant qu' "tre". Pour la pense bouddhiste, ce qui fait "l'tre" ce ne sont qu'une combinaison d'nergies et de forces mentales et physiques en changement constant. Ces forces sont divises en cinq familles dites "cinq agrgats". Il y a un lien entre ces cinq agrgats et la premire noble vrit qui expose dukkha (la souffrance). En effet, les cinq agrgats sont les instruments mmes de l'attachement et donc de dukkha. La premire famille est l'agrgat de la matire ~ rpakkhanda ~ Il s'agit des quatre lments fondamentaux (l'air, la terre, le feu et l'eau), leurs diffrents tats (fluidit, solidit et mouvements) et leurs drivs. Par drivs, la pense bouddhiste dsigne les organes sensoriels et mentaux (la vue, l'oue, l'odorat, l'olfaction, le toucher) et les objets leur correspondant dans le monde (les formes visibles, les sons, les odeurs, les gots, le contact des objets avec le corps). A ces cinq modes de relation entre une facult et son pendant dans le monde, est ajoute un sixime avec l'organe mental d'un ct et les penses, ides ou conceptions de l'autre. La deuxime famille est l'agrgat des sensations ~ vedankkhanda ~ Toutes les sensations, qu'elles soient agrables, dsagrables ou neutres font partie de ce groupe. Ces sensations sont de six catgories : celles issues du contact de la vue avec les objets visibles, de l'oue avec les sons, de l'odorat avec les odeurs, de l'olfaction avec les gots, de l'organe mental avec les penses. La troisime famille est l'agrgat des perceptions ~ sakkhanda ~ La perception c'est l'identification et la reconnaissance des six catgories de sensations. La quatrime famille est l'agrgat des formations mentales ~ sankharakkhanda ~ Le bouddhisme met l'accent sur le lien entre formations mentales et volonts ou actions et intgre toutes les actions volitionnelles dans ce groupe (volition = action par laquelle la volont se dtermine). C'est au moyen du corps, de la parole et de l'organe mental que le sujet agit. De la mme manire que pour les sensations et les perceptions, les actions volitionnelles se rpartissent en six catgories (voir "agrgat de la matire).

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    Les actes volitionnels rentrent dans le schma du kamma, car ils font suite des actes antrieurs et engendreront leur tour d'autres actes. Ce ne sont bien entendu pas les sensations et les perceptions en tant que telles qui ont des effets karmiques. Le bouddhisme a dnombr cinquante deux activits mentales qui forment la famille de l'agrgat des formations mentales. Parmi les plus frquemment cites et qui elles ont des effets karmiques, on trouve : le dsir, la rpulsion, l'ignorance, la vanit, l'ide de soi, ... On trouve galement : la confiance, la dtermination, la volont, la sagesse, l'attention, la concentration, ... La cinquime famille est l'agrgat de la conscience ~ vinakkhandha ~ La conscience est comprise ici comme la comprhension d'une certaine constance d'un certain nombre de ralits ayant pour fondement les facults sensorielles et l'organe mental et ayant pour objet les donnes correspondantes du monde physique (formes visibles, sons, odeurs, sensations corporelles) ou mental (ides, penses). Il ne s'agit pas d'une identification, d'une reconnaissance fige d'une ralit immuable. Il s'agit tout simplement de prter attention au fait qu'il y a telle forme, tel parfum, telle sensation, sans y rajouter de valeur ni de jugement. Prter attention la simple apparition sensorielle d'une chose ou d'une pense sans "intervenir" dans le processus est une dmarche fondamentale dans la pense bouddhiste. Pour la pense bouddhiste, la conscience elle-mme rentre dans la catgorie des lments conditionns, est elle-mme en perptuel changement et est donc appele disparatre purement et simplement. Comme ces composantes de la conscience sont impermanents, ils sont leur tour dukkha. Il est important de noter que pour le bouddhisme la notion d' "tre" s'arrte l et qu'il n'y a rien d'autre dans la notion d'tre que l'ensemble des cinq agrgats. Il n'y a pas un autre "tre" ou un autre "moi" derrire ou autour des cinq agrgats qui prouveraient la souffrance ou le plaisir. Dans l'Anattalakkhana Sutta, ce sont les cinq agrgats qui sont successivement numrs comme n'tant pas le soi.

    Le Karma Il n'tait pas prvu priori de rdiger quoi que ce soit sur la notion de karma (en raison de son "exotisme" et de la difficult du sujet), jusqu' ce que j'entende des interprtations tellement errones qu'une petite mise au point m'a paru ncessaire. L'adhsion complaisante et insouciante de certains occidentaux, admirateurs passionns de l'Asie, des interprtations franchement abusives de cette notion de karma doit tre dissipe. Il est injuste de continuer justifier le sort difficile de certaines classes sociales en Extrme-Orient sous le prtexte que leurs actes antrieurs expliqueraient et lgitimeraient leur situation prsente. Il y a videmment l un conflit d'interprtation entre une composante de la

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    philosophie bouddhique et une justification socio-politique d'un rapport de classes dans une socit donne. Rien ne me parat plus tranger la pense bouddhique que de justifier le sort peu enviable, difficile, voire arbitraire, de certains "acteurs" sociaux sur le simple fait que leur karma ne serait pas "bon". Tout d'abord, la dynamique de la pense bouddhique n'est pas rgressive, ni rtroactive, mais projective, ensuite, l'intervention et l'action du sujet doivent permettre une matrise du cours des choses et non une "fatalisation" qui serait devenue implacable, enfin, il y a une rintroduction d'une espce de manichisme mdiocre entre "bon" karma et "mauvais" karma, qui n'a strictement rien voir avec la pense bouddhique. Si certains europens ont envie, malgr tout, de justifier et d'appuyer le fodalisme brutal et violent qui rgne encore dans la plupart des socits extrme-orientales (malgr l'habillage lgant du "raffinement lgendaire" et des "traditions millnaires"), qu'ils veuillent bien aller chercher ailleurs leur argumentaire. Au del de cet aspect, il est vrai que la notion de karma est diffremment vcue par les populations des diffrents pays o il s'est implant. En Asie du sud-est, les spcialistes du boudhisme ont juste titre distingu deux bouddhismes, le bouddhisme karmique et le bouddhisme nibbanique. Le bouddhisme karmique est le fait de larges parties de la population qui se proccupent surtout des effets karmiques des actions prsentes ou passes et de l'accumulation de mrites au travers de tout un ensemble de pratiques sociales en direction de la communaut bouddhiques. Qu'est-ce donc que le Karma ? On l'aura compris, le karma n'est pas cette forme de dterminisme qui conditionnerait l'existence des individus d'une vie l'autre et ce de rincarnation en rincarnation. Le bouddhisme n'est d'ailleurs pas catgorique sur la notion de rincarnation (cette notion est d'abord l'ide d'un principe de perptuation d'lments qui ne sont ni le sujet, ni l'tre, ni l'me - voir ce sujet l'article sur la notion d'anatta). Le karma, c'est simplement l'ide que ce qui est vcu par le sujet n'est pas forcment l'mergence d'une situation entirement nouvelle, mais peut tre le produit d'un ensemble d'actions, de faits, d'vnements vcus antrieurement par ce mme sujet. Le travail de connaissance consiste non pas trouver une explication arbitraire, mais remonter aux causes de la situation vcue pour mieux la comprendre et mieux la matriser. De la mme manire, les actes raliss aujourd'hui auront des effets plus tard, qu'on doit tre en mesure d'valuer. Cette vision historique du vcu antrieur du sujet comme dterminant dans la vie future, o les vnements ont d'autant plus d'importance que le sujet n'tait pas en mesure de se "dfendre" ou d'apporter des rponses appropries, est aussi l'un des lments fondateurs de la pense psychanalytique. L'aspect thrapeutique ne consiste pas effacer ou a radiquer, mais d'une part connatre et reconnatre ces vnements dans le pass au travers d'un travail sur soi et d'autre part dcouvrir la cohrence qui fait que ces vnements agissent dans la vie prsente. (Il y a naturellement un dveloppement cette mthode o le sujet doit accder un certain type de matrise qui doit lui permettre de faire en sorte que ces vnements ne soient plus pathognes).

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    .. Autres sources de renseignements .

    Bouddha Shakyamuni

    Le Bouddha Shakyamuni (vers 560 avant JC - vers 480 avant JC) ou "sage des shakya" (autre nom du bouddha historique) est n Prince Siddhrta Gautama Kapilavastu (sud du Npal actuel, 190 km l'ouest de Katmandou) dans le clan des Shakya dans le nord de l'Inde de l'poque. Jusqu' l'ge de 29 ans il vit une vie de plaisirs dans un palais l'cart du monde rel, lorsqu'il prend brusquement conscience de la ralit de la vie : misre, maladie, vieillesse, mort. Boulevers, il abandonne femme et enfants en 531 avant JC pour devenir ascte et se fixe comme objectif de librer l'humanit de la souffrance. Aprs avoir pass sept annes soumettre son corps toutes les privations et macrations sans parvenir l'Illumination, il comprend que seule la "voie du milieu" lui permettra de parvenir l'Eveil. Dcid ne plus bouger et s'abandonnant totalement la mditation assise, il atteint l'Illumination (bodhi) Bodh-Gay sous l'arbre pippal. Parvenu l'tat de Bouddha ("Eveill la vrit"), il acquiert la connaissance suprme de l'origine de la souffrance, obtient la dlivrance du cycle des existences ou Samsra, et la paix de l'extinction des passions, le Nirvna. Par compasssion l'gard de tous les tres, il reprend une vie d'errance et de prche pour dispenser son enseignement et assurer la fondation de sa communaut monastique. Jusqu' sa mort (Mahparinirvna, "grande totale extinction") en 480 avant JC, il ne va cesser de parcourir la rgion du bassin moyen du Gange et d'enseigner le Dharma ou Loi bouddhique.

    Les enseignements du Bouddha

    "N'acceptez pas mon enseignement par respect pour moi; examinez et dcouvrez la vrit" "Je vous ai montr le chemin, c'est vous de le parcourir" Bouddha Les 4 Nobles Vrits (Shitai en japonais) L'existence est douleur : naissance, maladie, mort, runion avec ce que l'on n'aime pas, sparation d'avec ce que l'on aime, non-obtention de ce que l'on dsire. L'origine de la douleur est dans la soif, les apptits/passions : soif de jouissance (dsirs), d'existence, d'inexistence. L'arrt de la douleur est l'arrt de la soif gnratrice des renaissances, associe au plaisir et la passion. Le "chemin qui mne l'arrt de la douleur" est une "voie octuple". C'est l le Dharma, la "Loi du Bouddha".

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    Elle a pour consquence : La notion de Karma (ou Karman; en jap. Gu ou Gyo) "Loi de l'acte". Chaque acte, bon ou mauvais, a des consquences sans fin dans la vie d'un tre. Les actions passes forment la ralit prsente et les actions prsentes dterminent le futur et le processus du Samsra (cycle des renaissances). La seule vise du bouddhisme est de s'affranchir de cette loi de causalit. L'Impermanence (en jap. Mujo) : les phnomnes de l'existence, la totalit des tres et l'homme lui-mme ne sont qu'une association passagre de divers lments ou agrgats (Skandha en sanskrit). Le "moi" comme tout le reste n'est qu'une illusion.

    Ces cinq agrgats (en jap. Goyin) sont: 1. Le corps 2. Les sentiments, les sensations 3. Les perceptions 4. Les motions 5. Les phnomnes de conscience

    L'octuple Voie (Hashodo en jap.) qui conduit l'extinction de la douleur Sagesse :

    Vues justes Pense (volont) juste

    Moralit :

    Parole juste Conduite juste Vie (et moyens de subsistence) juste Effort (et application) juste

    Concentration d'esprit : Attention juste (vigilance) Concentration juste

    Les 10 Prceptes (Kai en jap.); Les 5 premiers (Gokai) constituent les rgles de base : Ne pas tuer Ne pas voler Ne pas mentir (ou dformer la vrit) Ne pas avoir d'attitude immorale (ou une mauvaise sexualit c'est--dire ne pas commettre l'adultre, l'inceste ... ) Ne pas consommer de boissons enivrantes (ou user de drogues) Ne pas critiquer et ne pas mdire pour se mettre en valeur Ne pas s'admirer en mprisant autrui Ne pas tre avare, avide Ne pas se mettre en colre, ne pas tre passionn Ne pas blasphmer, ne pas critiquer les Trois Trsors

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    Les 3 Trsors L'Esprit pur (le Bouddha) Les Enseignements (Dharma) L'Assemble des croyants (Samgha; Sogya en jap.) Les Textes Le Bouddha a dispens son enseignement oralement. Les textes canoniques du bouddhisme ont t crits aprs sa disparition et forment ce que l'on appelle Les Trois Corbeilles (Tripitaka en Skt, Sanz en japonais). Ce sont : La Vinaya Pitaka ou Corbeille de Discipline (Ritsu en jap.) constitue la morale bouddhiste : elle nonce les rgles de la discipline monastique, les interdits et prceptes concernant les lacs. A ces derniers on demande d'observer les Cinq Prceptes (Gokai). Tous les bouddhistes doivent vnrer les Trois Trsors. La Stra Pitaka ou Corbeille des Stra (Ky en jap.). C'est l'enseignement du Bouddha travers ses discours, sermons ou entretiens avec ses disciples. L'Abhidharma Pitaka ou Corbeille de l'Etude sur la Loi. Ce sont des commentaires doctrinaux, approfondissant ou interprtant tel ou tel point de la loi, tel ou tel sutra, crits souvent sous forme de traits ou Sstra (Ron en jap.). Chaque cole a produit son abhidarma pour justifier ses positions. La langue du canon Hinayna est le Pali; pour le courant Mahyna c'est le sanskrit, traduit en chinois. Les deux courants partagent cependant le mme vinaya c'est--dire les mmes rgles monastiques.

    PROPAGATION DU BOUDDHISME Plan : Les quatres conciles Hinayana et Mahayana Progression vers l'Est Situation la mort du Bouddha Shakyamuni Aprs la mort de Shakyamuni, l'absence d'autorit centrale favorisa au sein de la Communaut une diversit de la pense bouddhique qui se dveloppa ensuite librement et se scinda au fil du temps en de nombreuses coles. Cette possibilit d'exploration de diffrentes voies tait aussi en accord avec le dtachement que le Bouddha professait l'gard de toutes les opinions et conceptions, puisqu'il s'tait lui-mme libr de toute tradition, pratique rituelle ou croyance.

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    Nanmoins, ses disciples voulurent prserver et transmettre ses enseignements. Quatre conciles (BUTTEN KETSUJ en jap.) se runirent dans les quatre sicles suivant la disparition du Matre. Les quatre conciles 1) Le premier concile se runit environ trois ans aprs sa mort (vers 477 avant J.C.) prs de RAJAGRIHA capitale du royaume de Magadha (en Inde du Nord) l'instigation d'un de ses disciples MAHAKSYAPA, soucieux d'viter l'effritement de la Communaut. Nous avons de ce concile un rcit mythique. Selon la lgende : D'abord le disciple PALI rcita le VINAYA., Puis NANDA rcita la totalit des sutras (il pronona pour la premire fois cette occasion la clbre formule liminaire qui caractrise les sutras "ainsi ai-je entendu ..." (evam may scrutam). Les premiers textes du Canon Bouddhique taient ainsi tablis et constituaient le point de dpart d'une immense littrature bouddhique. 2) Un sicle plus tard, (vers 377 avant J.C) un deuxime concile se tint VAISHL, au Nord de l'Inde. Un problme concret de pratique y tait soulev : des moines de cette rgion s'tant laiss aller une vie facile et la corruption, il s'agissait de formuler une condamnation nette de ces pratiques. Ce qui fut fait. Cependant cette occasion, une forme dure de la communaut s'opposa aux tenants d'une voie plus souple tourne vers le compromis et intgre dans la vie. 3) Lors du troisime concile, runi vers 340 avant J.C. PATALIPUTRA (nouvelle capitale du Magadha), les points de dsaccord furent plus fondamentaux puisque doctrinaux. Il s'agissait de la situation de l'ARHAT. L'tat d'arhat est celui vers lequel tend tout moine qui cherche, par l'ascse ou la pratique de l'enseignement de Bouddha, atteindre l'Eveil et son salut personnel. Un moine, du nom de MAHDEVA, contesta cet idal, affirmant que les arhats possdaient encore certaines faiblesses, qu'ils n'taient pas dbarrasss de toute trace d'ignorance, de souillure ou de passion et qu'il leur faudrait encore progresser sur la Voie. Surtout MAHDEVA disait que la pratique de la Voie n'avait pas de fin et que le salut personnel n'tait, comme le reste, qu'une illusion. Les moines devaient donc se librant de gosme, rester dans ce monde de douleur pour sauver tous les tres. MAHDEVA se pronona aussi pour une interprtation plus souple des rgles monastiques. La controverse avec les tenants du modle de l'arhat aboutit un shisme (le premier d'une longue srie) et la cration de deux coles qui se scindrent par la suite en diffrents sous-groupes: L'cole STHAVIRA, traditionaliste L'cole MAHASAMGHIKA, soutenant les thses de MAHDEVA. Certains voient dans cette cole les prmisses du mouvement Mahyniste.

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    4) Le quatrime concile s'est tenu vers 250 avant J.C. PATALIPUTRA (alors capitale de l'empire MAURYA), sous le patronage d'ASHOKA, souverain des MAURYA de 272 231 avant J.C. et premier unificateur de l'Inde. Converti au bouddhisme, il joua un trs grand rle dans son dveloppement en envoyant notamment des missionnaires aux confins de l'empire. On pense que c'est lors de ce concile que les ABHIDHARMA furent complts et intgrs au Canon Bouddhique. Ce concile a vu aussi s'exprimer des tendances contradictoires, contenant d'autres germes de scissions. Cette fragmentation de la Loi bouddhique va finalement permettre d'tendre le champ d'action de la pense bouddhique de nombreux domaines (logique, mathmatique, philosophie, mtaphysique, etc..) et contribuer son enrichissement. Nous verrons dans la page suivante l'clatement du Bouddhisme en deux grandes tendances Thravada ("l'cole des anciens") (aussi appel Hinayna "petit vhicule") et Mahyna ("grand vhicule"). Evolution : Hinayana et Mahayana Evolution vers deux grands courants C'est vers le premier sicle de notre re que certaines orientations vont se cristalliser pour former le grand courant Mahyna. Ces groupes de bouddhistes (plus particulirement prsents dans le Nord du Cachemire) se fixaient pour but de sauver tous les tres. Ils substituaient l'idal d'arhat celui de Bodhisattva (Bosatsu en jap.) "Celui qui deviendra plus tard un Bouddha", qui, anim de compassion, diffre son extinction pour aider les autres sur le chemin de l'Eveil. Ils appelrent leur enseignement le Mahyna (Daij Bukky en japonais) ou "Grand Vhicule", pour indiquer sa capacit conduire le plus grand nombre l'tat d'Eveil. Ils donnrent pjorativement le nom d'Hinayna (Shj Bukky en jap.) ou "Petit Vhicule" au courant traditionnaliste dont seule l'cole Thravada (Joza Bu en jap.) ou "Enseignement des Anciens" est encore reprsente de nos jours. Ce courant Hinayna, plus conservateur, runissait les moines qui, isols l'intrieur de leurs monastres, se consacraient au maintien des prceptes monastiques et leur salut personnel. Le Mahyna s'adresse un public plus large et se place au coeur des ralits sociales. Au sein de la communaut, laics et moines sont unis par des liens d'interdpendance et de dons mutuels. L'idal de Bodhisattva est accessible tous : chaque tre, religieux ou laic possde en lui la nature de Bouddha. D'autre part, le Mahyna dveloppe et approfondit certains points de la doctrine : les tres et les phnomnes de l'existence ne sont plus simplement douloureux, impermanents et interdpendants, mais ils n'ont mme pas de ralit; ils sont inexistants. C'est la loi de l'universelle vacuit (shnyat en skt., K en jap.). Initialement le courant Hinayna tait dominant. Des crits chinois vers 700 rapportent que des moines des deux courants vivaient dans les mmes monastres. Mais avec la propagation vers la Chine et la disparition du bouddhisme en Inde vers 800, le courant Hinayna devint

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    minoritaire et ne fut plus reprsent qu' Ceylan, en Birmanie, au Laos, au Cambodge et au Siam. Progression vers l'Est Enseign partout o se dplaaient les moines, le bouddhisme fit l'objet de nombreuses interprtations selon les langues et cultures locales. Ses premires diffusions grande chelle purent tre ralises grce l'aide et la protection : Du roi ASHOKA, de la dynastie des MAURYA au Nord de l'Inde, au 3me sicle avant J.C.(voir 4me concile), Des satrapes des royaumes grecs de la rgion du Gandhara, du nord de l'actuel Pakistan et de l'Afghanistan (points extrmes des conqutes d'Alexandre) Du roi KANISHKA, de la dynastie KUSHANA, qui rgna la fin du premier sicle de notre re sur le Nord de l'Inde et de la Haute Asie. Il emprunta ensuite la "route de la soie" aid par l'intensification des changes commerciaux de ces pays avec la Chine. Le bouddhisme rencontra sur son chemin des populations mouvantes et trs diverses, ce qui l'amena se simplifier et abandonner la partie philosophique, s'en tenant l'enseignement moral et la compassion. Au Tibet, Npal, Bhoutan (puis au XII-XVe siecles en Mongolie) il incorpora des croyances locales et donna le Bouddhisme Tantrique. En Chine, les premires traductions des textes bouddhiques du sanskrit furent approximatives car des concepts taostes furent souvent utiliss pour remplacer les concepts sans quivalent en chinois. Ce ne fut qu'aux 4me-5me sicles, lorsque les traducteurs devinrent plus rigoureux que la doctrine pus tre approfondie. Ainsi, KUMRAJVA fut un excellent traducteur d'un grand nombre d'crits bouddhiques en chinois.

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    Le Bouddhisme japonais

    3 priodes : NARA, HEIAN, KAMAKURA 1- La Priode NARA A- Introduction Les six coles de NARA C'est dans sa forme sinise que le bouddhisme gagna le Japon via la Core. Les six coles qui furent fondes durant l'poque Nara furent ainsi des transplantations d'coles chinoises dont on fit venir des matres au Japon. Les frontires entre les poques sont arbitraires : il arrive que les dates d'introduction de certaines coles de Nara soient antrieures cette priode. Contrairement aux priodes Heian et Kamakura, ces coles ne furent pas opposes les unes aux autres. Si chacune mit l'accent sur un point particulier de la doctrine ou dveloppa sa propre interprtation des stras, les lieux d'enseignement restaient ouverts, parfois partags par plusieurs coles et souvent frquents par les moines de toute obdience. B- Ecole SANRON ou Les Trois Traits Introduite en 625 par le moine Ekan venant de Core, elle s'implanta dans le monastre Hry-Ji, fond par le Prince Shotoku en 607. Cette cole se rattachait au courant mahyaniste cr par le penseur indien Ngrjuna (jap. : Ryj) au IIe sicle aprs J.C., sur la base de quatre traits crits en sanskrit dont trois composs par Ngrjuna (sur la base des sutras Hannya ou sutras de la Sagesse qui exposent le concept de la "non substantialit"): le Madhymikashstra (jap. : Chron) de Ngrjuna, le Dvdasadvarashstra (jap. : Jnimon-ron) Trait des douze portes, le Shatashstra (jap. : Hyaku-ron) Trait des Cent Vers. le Prajpramitshstra (jap. : Daichido-ron) Ces traits furent traduits vers 405 par Kumrajva. Selon cette cole, les phnomnes, comme la perception du "moi" n'ont pas de ralit propre; ils sont sans substance, vides (K en japonais) ils existent uniquement les uns par rapport aux autres. Affirmation ou ngation de la ralit du monde sont galement illusoires : c'est la "Voie du Milieu" (Madhymika) et ses huit ngations: ni naissance, ni mort; ni cessation, ni permanence; ni uniformit, ni diversit; ni dpart, ni retour. Ni l'affirmation de l'existence, ni celle du nant ne permettent d'accder l'absolu. L'Eveil se situe au-del de ces contraires.

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    C- Ecole JJITSU Introduite avec la doctrine Sanron, cette cole ne s'en distinguait pas fondamentalement. Elle tait fonde sur le trait sanskrit du Satyasiddhishstra (Jujitsuron en jap.; "de la perfection de la vrit") crit au dbut du IIIe sicle par le moine indien Harivarman (en jap. Karikastuba). Ce trait nonce deux niveaux progressifs d'apprhension de la vrit : la vrit du monde, qui reconnat l'existence provisoire des choses et les divise en 34 lments ou dharmas et 5 catgories, la vrit suprme qui est que le "moi" et les dharmas sont en dernire analyse vides et sans substance. Cette cole dfinissait 27 tapes pour se librer des dsirs et des illusions et atteindre le nirvna. D - Ecole Hoss Elle prnait une dmarche intermdiaire entre le Hnayana et du Mahyna appele le "moyen vhicule" ou Madhyyna. Elle se fondait sur l'enseignement du texte sanskrit Yogchryabhmishstra (jap. : Yugashijiron) crit au Ve sicle par l'indien Asanga (jap. : Muchaku) et traduit du chinois par Xuanzang. Les lments de cette doctrine furent apports au Japon en quatre occasions pendant une priode qui s'tale sur une soixantaine d'annes (de 653 716), par des religieux ayant tudi sous la direction de moines chinois de l'cole Fa Xiang. Le moine Dsh est considr comme le premier introducteur. Cette cole s'implanta dans le monastre du Kfuku-ji et au Yakushi-ji Nara. On enseignait aussi la doctrine Hoss au Hry-ji, bien que ce temple ft tout d'abord le centre d'tudes de l'cole Sanron. L'cole Hoss se rattachait la tradition indienne de l'cole Vijnnavda "Rien que Conscience", aussi appele Yogchra "Voie de l'Ecole Yogique" (o yog a le sens de mditation). C'tait une des deux principales coles mahyanistes en Inde (avec le Mdhyamika de Nagrjuna). Matreya (270-350) aurait t le fondateur de cette cole et serait l'origine du Yugashiji-ron (jap.; "Trait sur les tapes de la Pratique du Yoga"). Cette doctrine fut dveloppe plus tard par les lettrs indiens Vasubandhu (premire moiti du 5me sicle) et Dharmapla (530-561), respectivement auteurs du Yuishiki Sanj Ju (en jap.; "Trait en Trente Stances sur la doctrine Rien que Conscience") et du Jyuishiki ron (commentaire du prcdent). Pagode du Kfuku-ji cette cole se donnait pour but de clarifier la ralit ultime en analysant les aspects et les caractristiques des choses. Elle classait les phnomnes en cinq catgories (subdivises en 100 dharmas ou lments d'existence).

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    Souvent qualifie d'idaliste, elle soutenait le concept que tous les phnomnes naissent de la conscience (Vijnna en skt. et Shiki en jap.) et ne sont que les produits de l'esprit. Elle nie donc la ralit de la matire qui n'existe que parce qu'il y a une conscience qui la saisit. Elle identifie huit niveaux de conscience. Le huitime niveau, le plus profond (laya Vijnna), plus profond que la conscience ordinaire (qui serait une sorte d'inconscient ou de subconscient) constituerait l'unique et seule ralit. Le Yugashiji-ron explique les 17 tapes par lesquelles doivent passer ceux qui pratiquent la doctrine "Rien que Conscience" pour obtenir l'veil. Les textes fondamentaux de l'cole Hoss comprennent en outre le Stra Gejimmitsu "Stra de la Rvlation de l'Enseignement Profond et Secret". Il faut noter l'importance donne par cette cole la Logique Bouddhique. Malheureusement, les exercices spirituels ncessits par cette discipline, vont devenir une sorte d'exercice rhtorique de langage sotrique, des questions-rponses prpares, apprendre par coeur et rciter. Par ailleurs l'cole Hoss serait l'origine de la coutume de la crmation des corps (au Japon) et Dsh, l'introducteur de l'cole, mort en 700, fut le premier japonais inaugurer cette coutume. C'est l'impratrice Jit, fervente bouddhiste (qui monta sur le trne en 686 la mort de son mari l'empereur Temmu) qui fut le premier souverain demander se faire incinrer la manire bouddhique aprs sa mort (en 703). Ce qui fut fait. E- Ecole Kusha Cette cole enseignait un matrialisme admettant la fois la matire et l'esprit et se fondait sur les textes de l'Abidatsuma Kusharon, "Trsor des Analyses de la Loi", compos au Ve sicle par le moine indien Vasubandhu (en jap. Seshin). Cette cole transmise au Japon par les moines Chitsu et Chidatsu (de retour de Chine vers 658) ne fut jamais tout fait indpendante, mais constitua un complment et une sorte de premier niveau avant l'tude de l'idalisme d'Hoss. Elle enseignait aussi la non-ralit du "moi", mais attribuait une ralit propre aux dharmas (contrairement l'cole Hoss pour qui les dharmas sont illusoires). Son systme d'analyse de l'tre est trs affin et distinguait 75 dharmas, diviss en cinq catgories F- Ecole Kegon L'cole Hua Yan (jap. Kegon, "secte de l'argumentation fleurie") fut fonde en Chine par le religieux Du Shun et introduite au Japon en 736 par le moine chinois Daoxuan (jap. Dsen) (702-760). Quelques annes plus tard, le moine Simsang (jap. Shinj) du royaume coren de Silla, fit des exposs au Japon sur le stra Kegon. A ce titre, il peut tre considr comme un deuxime introducteur.

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    L'enseignement de cette cole reposait sur les textes sanskrits de l'Avatamshakastra (jap. : Kegon-ky,"sutra de la Guirlande de Fleurs") et du Dashabhmivibhshashstra (jap. : Jjibibasha-ron, de "l'explication en dix parties"). Le stra Kegon tait considr comme l'enseignement que le bouddha Skyamuni aurait prodigu immdiatement aprs son Eveil. En fait, comme les sutras du Grand Vhicule, il n'a t rdig qu'au dbut de notre re. Les mahyanistes expliquent cette rdaction tardive par le fait que les enseignements les plus profonds transmis par Skyamuni ses disciples directs, ne devaient tre rvls que lorsque le plus grand nombre pourrait les comprendre. La thorie de l'cole Kegon est fonde sur le principe que la "nature de Bouddha" est en toute chose (notion dj prsente dans le Sutra du Lotus). Elle met en avant l'ide d'un Bouddha universel englobant la totalit des bouddhas : l'ensemble de l'univers et tous les tres qui le constituent sont autant de manifestations du Bouddha Vairocana "Bouddha Solaire de Lumire et de Vrit" (appel Roshana Butsu l'poque de Nara , puis plus tard Nyorai). La terre du Bouddha Vairocana s'appelle "le Monde du Trsor du Lotus", lui-mme entour d'autres mondes habits par des bouddhas et de nombreux tres. La signification profonde du Stra du Lotus est que toutes les choses sont en constante relation et se donnent naissance les unes aux autres : l'un imprgne le tout et le tout est contenu dans l'un. Du fait de cette "compntration de l'un et du multiple", un grain de sable comprend tout l'univers, un acte tous les actes, un instant l'ternit. Cette doctrine joua un rle important sur le plan politique. Le pouvoir imprial y vit un modle pour l'organisation administrative de l'Etat : l'tre imprial reprsentant Vairocana ("le Bouddha Solaire", lui-mme assimil Desse Amaterasu) et les fonctionnaires tenant le rle des grands et petits bouddhas. L'empereur Shmu, qui rgna de 724 749, se dsigna lui-mme comme "l'humble serviteur des trois trsors". C'est aussi avec l'ide de s'attirer le puissant secours des bouddhas, qu'il prit un certain nombre de mesures pour faire du bouddhisme une religion nationale. Ainsi en 741, il ordonna la cration dans chaque circonscription administrative de deux temples-monastres d'Etat, l'un destin aux moines : les Kokubun-ji , l'autre aux moniales : les Kokubunni-ji. Pour donner une autorit centrale ces temples, il ordonna en 743 la construction Nara, du Tdaiji dont le btiment central, le Daibutsu-den, devait abriter une gigantesque statue de bronze dor, haute de 18 mtres, de Roshana Butsu. Avec ses 47 mtres de haut, ce btiment est considr comme la plus grande structure en bois du monde. La confection de la statue de Roshana Butsu, qui se termina en 752, montre la matrise des techniques d'alliages et de fonte qu'avaient acquise les artisans japonais. Sa structure suit exactement la dfinition de Roshana donne dans le Brahmajla Stra (Bomm-ky) nouvellement introduit par Dsen : sur chacun des ptales de lotus entourant le grand bouddha est reprsent un plus petit bouddha etc.. En 752, la crmonie de l'ouverture des yeux, qui marqua la conscration de la statue, fut un des grands vnements de cette priode.

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    G- Ecole Ritsu Tenant la discipline monastique (vinaya, jap. : ritsu) et la mditation comme les bases de la vie bouddhique, cette cole tait la plus proche du bouddhisme originel. Sa doctrine s'tait dveloppe en Chine et se rclamait du texte sanskrit de la Dharmaguptavinaya (jap. : Shibunritsu, "Rgles en quatre parties") compos par le chinois Daoxuan (jap. : Dsen, 702-760). L'cole Ritsu fut fonde au Japon par le moine chinois Jian Zhen (jap. Ganjin, 688-763) en 754. Des missaires japonais avaient t envoys pour l'inviter venir enseigner les prceptes au Japon. Il accepta en 742, mais ce n'est qu'aprs plusieurs tentatives infructueuses, au cours desquelles il perdit la vue, qu'il atteignit le Japon en 753. Il tait accompagn de nombreux disciples et d'artisans et apportait avec lui un certain nombre de reliques. L'cole Ritsu qu'il cra l'anne suivante, attachait une importance prioritaire la premire des Trois Corbeilles (Skt Tripitaka), la Vinaya (discipline, jap. Ritsu), et mettait l'accent sur l'observance des rgles monastiques. Ainsi, 250 rgles taient observer par les moines ordonns et 348 par les nonnes. La transmission des prceptes (skt Shla, jap. Kai ) devint aussi un lment dterminant du rite de l'ordination en la validant. La communaut monastique japonaise tant alors soucieuse de prouver l'authenticit de sa tradition, Ganjin cra en 754 au Todai-ji, la premire estrade d'ordination (kaidan en jap.). Il y confra les prceptes l'Empereur retir Shmu et de nombreux candidats la prtrise. En 761, il fit difier deux autres estrades d'ordination : l'une au Yakushi-ji dans la rgion de Shimotsuke et l'autre au Kanzeon-ji, dans la province de Tsukushi dans le Kysh. Ces trois estrades taient d'obdience hinayana. Entre temps, en 759, avec la protection de l'impratrice Kken (fille de l'empereur Shmu et qui rgna de 749 758), Ganjin fonda dans la priphrie de Nara le Tshdai-ji, qui devint le centre d'ordination et d'enseignement de l'cole Ritsu. H- Conclusion Un bouddhisme aristocratique Le bouddhisme que pratiquaient les six coles de Nara et leurs doctrines philosophiques ne furent vraisemblablement pas compris en dehors des religieux lettrs et de quelques personnes appartenant l'aristocratie. Le clerg bouddhique avait pour fonction officielle de prier pour la scurit et la prosprit de l'Etat et de la maison impriale. Cependant, certaines notions bouddhiques commenaient arriver jusqu'au peuple. Car d'autres moines, sans tre ordonns, ni avoir reu de formation bouddhique officielle, allaient dans les provinces, s'efforant par leur aide d'amliorer les conditions d'existence des gens. C'est ainsi qu'un moine de l'cole Hoss, Gyki (668-749) se mit sillonner le pays, vulgarisant le bouddhisme dans la population, tout en aidant construire des ponts, des rseaux d'irrigation, rparer les routes, obtenant un grand succs et des conversions. Ce type de comportement, peu habituel pour un moine, n'ayant gure l'approbation du pouvoir, les activits de Gyki furent interdites (il fut plus tard graci par l'empereur Shmu) .

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    La doctrine bouddhique interdisait aux moines et bodhisattvas d'approcher le pouvoir ou de se mettre son service. Pourtant, un moine, Dky (de l'cole Hsso), alla encore plus loin dans la transgression de ces rgles. Ayant gagn la confiance de l'impratrice Shtoku Tenn, il reu le titre de "Ministre des Affaires Suprmes" de la hirarchie civile. En 760, il osa mme se faire appeler "Prince de la Loi" et aurait aspir au rang d'Empereur. Aprs la disparition de l'Impratrice, il fut exil. Cet incident fut l'origine de la dcision d'carter dsormais les femmes du trne imprial et de la perte de prestige de la femme dans la socit. Dans le soucis de contenir les interfrences du clerg bouddhique dans les affaires de l'Etat la capitale fut peu de temps aprs transfre Heian-ky (,"Capitale de la paix et de la tranquilit"; actuelle Kyt ). La prfiguration des Ecoles des priodes Heian et Kamakura La plupart des coles de Nara dclinrent ou disparurent plus ou moins brve chances. L'cole Hsso tablie au Kfukuji continua cependant se maintenir grce aux liens ancestraux tisss avec la puissante famille Fujiwara . De nombreux lments qui servirent de base aux coles bouddhistes des priodes Heian et Kamakura avaient dj atteint le Japon pendant la priode Nara; ainsi : Ganjin (687-763) avait aussi tudi la doctrine de l'cole chinoise Tientai (jap.Tendai ) et en avait apport les crits. Dsen avait aussi tudi le Chan (Zen ) et eu Kukai (fondateur de l'cole Shingon ) comme disciple en 743. Le Jujubibasha Ron (commentaire de Ngrjuna sur un chapitre du Stra Kegon, qui tait le texte fondamental de l'cole Hsso) mentionne pour la premire fois le "salut d la bont du bouddha Amida" et affirme que la rcitation du nom de ce bouddha conduit l'Eveil. Ce chapitre sera considr comme d'une grande importance par les coles amidistes de l'poque Kamakura. La "culture de l're Tempy" Le bouddhisme de l'poque Nara eut une influence dcisive dans le domaine de l'art, o l'inspiration religieuse imprgna la peinture et surtout la sculpture (argile, laque ou bronze). Ces crations originales empreintes d'un nouveau style national, furent dsignes sous l'appellation de "culture de l're Tempy"; une priode qui s'tend en fait au-del de l're de l'Empereur Shmu (729-749). Au cours de son rgne, l'Empereur Shmu avait runi une immense collection de meubles, d'instruments de musiques, d'armes, de peintures, de sculptures, d'objets en laque, en cramique ou en mtal provenant du Japon, de Chine et de diffrentes rgions d'Asie. Ces trsors furent lgus au Tdai-ji par sa veuve l'impratrice Kmy et runis en 756 avec les objets ayant servi la conscration du Grand Bouddha, dans le Shso-in, un grand btiment lev cet effet aux abords du Tdai-ji. Le Shso-in devint ainsi le plus ancien muse du monde.

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    2- La priode Heian A- Introduction Le dbut de la priode Heian La priode Heian s'tend approximativement sur quatre sicles. De 794 anne o la cour impriale dmnagea dans sa nouvelle capitale : Heian-Ky (,"Capitale de la paix et de la tranquilit"; actuelle Kyt ); 1185, lorsque la puissance des Taira (, Heik) dclina et que le pays tomba sous la domination du pouvoir militaire tabli par Minamoto no Yoritomo Kamakura (qui ouvre la priode dite Kamakura ). Au dbut de cette priode et jusqu'au IX sicle, la culture et l'art japonais taient sous l'influence de la dynastie chinoise Tang (618-907). La civilisation japonaise entra dans une phase nouvelle en 894 lorsque les relations avec la Chine furent interrompues. Cette anne charnire marque une vritable frontire avec le dveloppement d'un sentiment d'indpendance. Au dbut de la priode Heian, la socit japonaise ne diffrait pas fondamentalement de ce qu'elle avait t pendant la priode Nara (710-784). Progressivement des changements profonds aussi bien sur le plan politique que culturel vont se dvelopper. La dcomposition du pouvoir imprial La dernire partie de l'poque Heian, du X au XII sicle, vit l'abandon presque total de l'ancien systme de gouvernement selon des codes admnistratifs : le Ritsuyo kokka. Le systme fut pervertit par l'existence de plus en plus importantes des zones exemptes de taxes (les shoens) devenant striles pour l'Etat et saignant blanc le systme. Le pouvoir a t monopolis par les membres du clan Fujiwara qui donnrent les rgents successifs (868 1086). Il