Intelligence & Sentiments - ekladata.comekladata.com/aWrZDdblrDKkO4QGn4HjMqsvJ5s.pdf · «...

138

Transcript of Intelligence & Sentiments - ekladata.comekladata.com/aWrZDdblrDKkO4QGn4HjMqsvJ5s.pdf · «...

Intelligence&Sentiments

DumêmeauteurauxEditionsSharonKena

TombolaSurnaturellel’intégrale

SuzanneWilliams

Intelligence&Sentiments

«LeCode de la propriété intellectuelle et artistique n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 del’articleL.122-5,d’unepart,queles«copiesoureproductionsstrictementréservéesàl’usageprivéducopiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtescitations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, oupartielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite »(alinéa1erde l’articleL.122-4). «Cette représentationou reproduction,parquelqueprocédéque cesoit,constitueraitdoncunecontrefaçonsanctionnéeparlesarticles425etsuivantsduCodepénal.»

©2016LesEditionsSharonKena

www.leseditionssharonkena.com

«L’intelligenceestunvernisquirecouvrelessentiments

maisnelestransformepas.»

GustaveLeBon

Tabledesmatières

~1~Rencontre

~2~Attirance

~3~Nouveaujob

~4~Rapprochement

~5~Attraction

~6~Relationdurable

~7~Ultimatum

~8~Détournements

~9~Compatibilité

~10~Excuses

~11~Rabibochage

~12~Emménagement

~13~Famille

~14~Déménagement

~15~Discussionétrange

~16~Traître

~17~Miseaupoint

Unanplustard

~1~Rencontre

Angy

***

—Photocopiezcesdocumentsencinqexemplaires,etramenez-lesavecuncafé.

Mon boss me jeta à la figure une liasse de feuilles que j’attrapai au vol et je quittai le bureau.L’ambianceypesaitpluslourdqueduplomb.

—Est-cequ’un«s’ilvousplaît»l’écorcherait?marmonnai-jeentremesdentsserrées.

Dans le couloir, j’avisaimamontre.Huit heures et quart. La journée commençait à peine et jemedirigeaisdéjàverslephotocopieur,monsecondlieudetravail,enquelquesorte.

Depuis deux jours,mon employeur, aussi connu sur le nom de Rodrigue Lopez, était sur les nerfs.J’ignoraistoutdelaraisondecetteeffervescencegénérale,maiscequisepréparaitsemblaiténorme.

Jebossaiscommeassistantededirectionpourcepromoteurimmobilierdepuiscinqans.C’étaitmonpremier job, et pas vraiment le Paradis...Mon patron, un sale conmisogyne,me prenait plus pour sabonneàtoutfairequepoursonassistante.S’ilavaitpumefairerepassersonlinge,çafigureraitsurmafichedeposte.Justeaprèsallerluicherchersondéjeuneràmidipétant.

Comme un automate bien huilé, j’ôtai le trombone, je plaçai les feuilles dans le photocopieur, jeprogrammailaquantitéetjelançailetoutavantdemedirigerverslasalledereposàcôté.

Jesaluailescommerciauxquibavardaienttranquillementetjeremplisungobeletdecafédanslequelj’ajoutaideuxsucres,avecunsouriremalsain,ainsiqu’unetouillette.

—Hé,Angy,m’appelaGreg,tudînesavecmoisamedisoir?

—Unévènementquin’estpasprèsd’arriver,commentai-jeenquittantlapièce.

Desriresbruyantss’élevèrentdansmondos.Depuisquelquesmois,Gregm’invitaitaumoinsunefoispar semaine et à chacunede ses tentatives je refusais.C’était devenuun jeu, unpetit plus qui égayaitcertainesdemesjournéeslonguesetternes.Jesaisisaupassagelesfeuillesetjeregagnaimonbureauàl’entrée de celui demon boss. En plus de faire les photocopies et de servir le café, j’accueillais lesvisiteurs.

D’un geste expert et inconscient, j’agrafai les documents. Je me demandai si je devais glisser mapropositiondepartenariatavecungroupementd’artisansde revêtementde solde la région.C’étaitunnouveauprojetquej’avaispréparédansmoncoin.Depuisledébut,jetentaisdefairepasserplusieursdemesidées,maisillesavaittoutesrefusées...sansleslire.

Aprèsunecourtehésitation, je leposai sur lapile. J’attrapai lecaféet j’entraidans sonbureau. Jesavaisqu’unjourmonentêtementmerapporteraitdesennuis,maisjenepouvaispasm’enempêcher:jedevaismontrercequejevalais.

Ilmepritlegobeletdesmainsetilavalaunegorgée.Jedéposailesdocumentspendantqu’ilgrimaçait.Sonvisagerondetgrassouilletseplissaétrangement.

—Combiendesucresavez-vousmislà-dedans?!

—Lamoitiéd’un,commed’habitude,mentis-jeavecmonmeilleurairdeSainte-Nitouche.

Il grommela quelque chose à propos du fait que les femmes et les chiffres faisaient deux, avant dereportersonattentionsurlepilotdefeuilles.

—Qu’est-cequec’estqueça?m’interrogea-t-ilensesaisissantdemondossier.

—Unepropositionde...

Illerangeaàlaverticale,directementdanssapoubelle,sansenavoirluuneligne.Jerelevailementonet je pris surmoi pour nepas l’ouvrir. Il continuait deparcourir les photocopies une à une.Peut-êtrevérifiait-ilsij’avaisglissédescopiesdemonpostérieurdansunmomentd’inattention.Lorsqu’ilarrivaaubout,ilmejetaunregardquejepréférainepasinterpréter.

—Arrêtezdeperdrevotre tempsavecça. Jenevouspayepaspourécriredesâneries.Allezdoncpréparerlasallederéunion,nousseronscinq.

Jememordislalanguepournepasrépliquerquemapairedeseinsnem’empêchaitpasd’avoirautantdematièregrisequen’importequi,puisjequittaisonbureau.Cetypeétait insupportable.Jenesavaispasencorepourquoijenecrachaispasdanssoncafé.Ah,si...Saletédeconscience!

Aprèsêtrepasséeparlaremise,j’entraidanslasallederéunionpourydisposerdesbouteillesd’eau,desverresetdesserviettes.Jem’assuraiquetoutétaitenplacepuisjepartisdirectementdanslazonedescommerciaux.Cyril,leresponsabledeceservice,pourraitsûrementm’éclairersurcequisetramait.

—Salut,dis-jeenmelaissanttombersurlachaiseenfacedesonbureau.

Cyrilmesouritlargement.Ilavaitlacinquantaineetdesqualitéshumainesquimanquaientcruellementà notre boss. C’était lui qui m’avait expliqué, lors de mon premier jour, comment les chosesfonctionnaient ici.Et, accessoirement, c’était aussigrâce à luiquecette sociétén’avait pasmis la clésouslaporte.Lesclientsl’adoraientetiln’avaitpassonpareilpourcalmerlesplusdifficiles.

—Salut,Angy,quoideneuf?

—Laroutine...ilvientencorederefuserundemesprojetssanslelire.

Jefaisaistoujoursminedeprendreçaàlalégère,mêmesinoussavionstouslesdeuxquec’étaitfaux.J’avaisprésentépasmaldemes idéesàCyril, il lesavait trouvées intéressanteset ilconnaissaitmoninvestissement.

—Tu ne devrais pas perdre ton temps ici, répéta-t-il pour lamillième fois. Tu as un potentiel quiserviraitsûrementplusailleurs.

Siseulementjen’avaispasautantbesoindemonsalaire,jel’auraisfaitdepuisperpète.Maisj’avaisdesresponsabilitésetjenepouvaispasycouper.Mesfraisfixesnemepermettaientpasdemeretrouverinscriteàpôleemploipouruneduréeindéterminée.

—Tusaisquivientnousrendrevisiteaujourd’hui?

Cyrilposasescoudessurlebureau,unemimiqueprudentesurlevisage,avantdemerépondre.

—Uncabinetdeconseilenstratégieetorganisation.Àcequ’ondit,lesmeilleursdansleurdomaine.Rodriguepensequ’ilspeuventnousaiderànousdévelopper.

Ilanticipamaréactionetilsereculadanssonfauteuil.

—Quoi?!Avectouslesprojetsquejeluiaiproposésetqu’iln’apaslus,ilpayeunesociétépourça!C’estsurréaliste!

Cyrilmejetaunregardcontrit,commetouteslespersonnesalentour.J’avaislégèrementhausséleton...

—Cen’estpas très logique,mais tusaiscomment ilpense...Jedoispartir, ilsnevontpas tarderàarriver.

—Amène-moi,s’ilteplaît,demandai-jesuruncoupdetête.

Ilhésitaavantd’acquiesceretdeselever.

—Jeluiexpliqueraiquetuprendsdesnotespourfaireuncompterendu.

Jefonçaidansmonbureaupourrécupérermoncahieretunstylo,puisjegagnailasallederéunionoùjem’installaiàboutdesouffle.J’étaislapremière,ilsn’allaientpastarderàarriver,etdecettemanièremonbossnepourraitpasmediredequitterlapièce,pasdevanteux.

Jetrouvaiunepageblancheetjenotaibiensagementladateenhautàdroite.Laportes’ouvrit.Jemelevaimachinalementet jemanquaidemerasseoirlorsquejel’aperçus.Monsouffle,pourtantredevenunormal,seheurtaetjel’observaiavecattention:grand,blond,latrentaine,unvisaged’angesuruncorpsderêveetunregardquidéshabillaitlapersonnevisée.Là,toutdesuite,jemesentisaussinuequ’àmanaissance.Cetypeneressemblaitenrienà l’idéequejemefaisaisd’ungratte-papierquiprodigueraitdesconseilsbateauxàquiluiendemanderait.Ilmerappelaplutôtcesaffichespublicitairespoursous-vêtementsmasculinsquimelaissaientpensivequandjelesdétaillaistroplongtemps.

Laporteclaquaetjedétournaimonattentiondecemannequin,encostumeprobablementsurmesure,tant il respirait laqualitéet laperfection.Àcôtéde luise tenaitunautrehomme,àprioride lamêmetrempe. Sauf qu’il était plus petit, brun et qu’il n’avait pas ces prunelles perçantes. Ni cette chose...

attirante,quimedonnaitunefurieuseenviedeledétaillerànouveau.Derrièreeux,jevisCyrilchuchoterquelquechoseàl’oreilledenotrebossquin’avaitpasl’aircontent.Xavier,lemaîtred’œuvre,sejoignitànotrejoyeusetroupe.

—TylerLewis,seprésentaleblondauregarddebraiseavecunlégeraccentanglais.

Jeserrailamainqu’ilmetenditavecuntempsderetard.Unedoucechaleurremontalelongdemonbras.

—AngéliqueLegrand,répondis-jeavecunevoixaussiposéequepossible.

Sesdoigtsrestèrentdanslesmienspendantquesonattentiondérivaitunefractiondesecondeversmabouche. Mon pouls s’emballa et il me relâcha pour que je puisse saluer celui qui l’accompagnait.Heureusement, rien ne se produisit avec ce dernier. Il me parut seulement sympathique avec son finsourirequiflottaitsurseslèvres.

—OliverWilson,dit-ilaveclemêmeaccentenplusprononcé.

Super,nousavionsdeuxAnglaisquiressemblaientplusàdestopsmodèlesqu’àdesconseillerspournousprésenterdesprojetsd’optimisationpourlasociété...Jen’étaispaspourlejugementphysique,maisce Tylerm’avait perturbée et je n’arrivais pas àm’ôter de la tête son regard quime faisait tremblerjusquedansmapetiteculotte.

J’inspiraipourréprimerlefrissonquimeparcourutl’échinelorsquejel’observaisortirsonordinateurportable de sa sacoche. Sesmains étaient dangereusement habiles, il semblait avoir l’habitude de cegeste.Avantquemonespritnevagabondedavantage,jeprismonstyloetjem’appliquaiànoterlalistedesparticipantsàcetteprésentation.Toutlemondes’installaetjesentisleregarddésapprobateurdemonpatronm’effleurerplusieursfois.Direquejenefaisaisquelejobpourlequelilm’avaitemployée!

—Messieurs,désirez-vousuncafé?proposacérémonieusementceluiquisignaitleschèquesàlafindumois.

LesdeuxBritishacquiescèrent,etsanssurprise:

—MademoiselleLegrand,veuillezdoncenpréparercinq.

Jerebouchaimonstyloenplaquantunsourireartificielsurmonvisage.

—Bienentendu,jerevienstoutdesuite.

Jequittailapièceavecunairdégagé,maisdèsquelaportefutferméejepartisfairecesfoutuscafésàlavitessedelalumière.Pasquestiondelouperunemiettedecequiallaitsedire!

Jechargeaiunplateauetjeretournaidanslasalleaveclesboissonssansenavoirrenverséunegoutte.Jepourraistoujoursmereconvertirenserveusedechocs’ildécidaitdemevirerpourluiavoirimposémaprésence.

Leblondinet,aliasTylerLewis,levaunsourcilamusédevantmapromptitudeetilattrapaungobeletnonsansm’avoirdérangéleshormonesavecsonregard.Apparemment,ilpréféraitsoncafésanssucre.

Informationquej’enregistraisanssavoirpourquoi.

Contrairement à ceque jem’étais imaginé, ce fut l’autrequi commença laprésentation.Aprèsnousavoir fait un vague topo sur leur boîte, il nous passa un bilan de la société, de ses forces et de sesfaiblesses.Riendenouveausouslesoleil,maisjem’appliquaiàprendredesnotes,meforçantàignorerl’homme qui me troublait étrangement. Quand il continua avec les propositions de méthodes demodernisation,de réductiondescoûts etdepartenariats, je reconnuscertainesdemes idées.Tournéesdifféremment,maisellesétaienttoutdemêmelàpourlaplupart.Etdirequ’ilpayaitquelqu’unpourça!Dans le schémaqu’ilsdessinaient, certainspointsme firentgrincerdesdents. Jen’étaispas idéaliste,mais j’avaisvraimentdumalavec le remplacementd’humainspardes logicielsoudesmachines.Pireencore : privilégier les grosses entreprises parce qu’elles étaient soi-disant plus avantageuses surcertainsélémentsquelespetitsartisans.

— Ne trouvez-vous pas que votre plan de restructuration est un peu exagéré ? lâchai-je presqueinvolontairement.

Le brun, Oliver, quitta des yeux sa présentation pourme considérer. Tout comme son acolyte dontj’auraisbienévitéleregardpénétrant.

—Enquoiest-ilexagéré?demandacedernier.

Jedécidaidenepas tenircomptede lamimiqued’avertissementdemonpatronet je luidonnaimafaçondepenseravecdespointsdéveloppésetclairs.J’enprofitaimêmepourglisserquelquesprojetsdemoncruquin’avaientpasétéappréciésjusque-là.Toutçasousleregardattentifdemoninterlocuteur.

—Jevoisquevousavezlonguementréfléchiàlaquestion,dit-ilfinalement.Certainesdevosidéessont intéressantes,mais ellesmanquentde recul. Il est trèsnobledevouloirdonnerdesemplois etdepasserpardespetitsartisanspour leurpermettrededévelopper leurschiffresd’affaires,maiscen’estpaslameilleuresolutionpourrendreuneactivitérentable.Lescoûtsdepersonnels...

Je détestais ce genre de discours depuis toujours et cet homme réduisait à néant mon self-control.C’étaitlapremièrefoisqu’unetellechosem’arrivait,soussesprunellesj’avaisl’impressiondeneplusm’appartenir.

—Sanscefameuxpersonnel,vousneseriezsûrementpas...

—Angy,çasuffit,mecoupaCyrilenmefaisantlesgrosyeux.

Jeserrailesdentsetjereprismonstylosousleregarddesdeuxconseillers.J’auraisjuréqu’ilsétaientamusésparlasituation.

À la finde la réunion, l’ambianceétaitélectrique.Monbossne tardapasàmeconvoquerdanssonbureauavecundoigtmenaçantpointésurmapetitepersonne.

—Jecommenceàenavoirassezdevosputainsdesautesd’humeur,cracha-t-il.

C’étaitlatroisièmefoisendixminutesqu’ilmerépétaitça.Ilétaitrougedecolèreetjefaisaismonpossiblepourmefairediscrète.

—Vousêtesvirée,décida-t-il.

Sous le choc d’entendre ces paroles que personne ne souhaitait se voir adresser un jour, je mecramponnaiàmachaise.

—Quoi?!Maisjevousaiditquej’étaisdésolée!

—Jemecontrefichedevosexcuses!hurla-t-il.Jenesaispascequim’aprislejouroùjevousaiengagée!Vousn’êtesmêmepasbonnepourfaireuncafécorrect!

Je réalisaivraiment,avecun tempsde retard,que jevenaisdeperdredéfinitivementmon job.Sanspossibilitédefairemachinearrière.Vusouscetangle...

—Votre café, vos photocopies, votre déjeuner, vos corrections demails bourrés de fautes, et j’enpasse,vouspouvezvouslescollerlàoùlesoleilnebrillejamais!Vousn’êtesqu’unenfoirédemisogynequineméritepaslachancequ’ilad’êtreentouréd’employésaussidévoués!

Ilviradurougecoquelicotaubordeauxsoutenu.Pourvuqueçanesoitpaslesigned’unanévrisme,jenevoudraispasavoirsamortsurlaconscience.

—Quittezcebureauimmédiatement,emballezvosaffairesettirez-vous!

—C’estcommesic’étaitfait,dis-jeavecmonsourireleplusserviable.

***

Sidireàmonpatronsesquatrevéritésm’avaitfaitdubien,çan’avaitpasarrangémasituation.Monpréavis sautapour fautegrave, aumême titrequemes indemnités. Jeme retrouvaisdonc sansemploi,avecassezd’argentdecôtépourtenirtroismois.Quatreenmeserrantlaceintureauderniercran.Bref,j’enétaisarrivéeàlasituationquejevoulaiséviter...

Heureusement, j’étais une battante et il en fallait plus pour me mettre à terre. Dès le lendemain,j’imprimai une ramette deCVque je distribuai auxquatre coins. J’étais de nouveau sur lemarchédutravailetbiendécidéeàmefaireuneplacequimedemanded’utilisermamatièregrise.

Depuisquejem’étaisretrouvéeàlaportedemonancienjob,jerevivais.Chaquematinjemelevaisavecunbutetunevolontéquej’avaisbriméependantdesannées.Mêmesil’angoissedulendemainetdel’étatdemesfinancesétaitprésente,c’étaitrevivifiant.

—Jel’aieu!J’aiétéretenuepourlejob!criai-jeenrentrantchezmoi.

Jeretrouvaimacolocataireallongéesurlesol,àlaparallèleducanapé.

—Qu’est-cequetufaisparterre?

Elleserelevapéniblementenmelançantunregardperdu.Cynthiaetmoipartagionscetappartementdepuisplusd’unan.Nousétionsaussiprochesquedespersonnesélevéesensemble.

—Figure-toiquejedormais,j’aibossétoutelanuit,grommela-t-elle.

Cynétaitbarmaiddansl’undesendroitslesplusbranchésdelaville.Elleadoraitsonboulotetellesupportaitplutôtbiendevivreàl’enversdesautres.Sonairronchons’envolafaceàmonsourirequimefaisaitmaltantilétaitlarge.

—Tuaseulejobd’assistantededirection?

—Oui,jubilai-je,etdevinequoi?…Mabossestunefemme!

—Angy,soupira-t-elle,tuesincroyable.Çafaitàpeinedeuxsemainesquetut’esfaitvirer...

—Justement,neperdonspasdetemps,onfêteçacesoir.Jesuisembauchéedansdeuxjours!

***

—Angélique,enavez-vousterminéaveclamiseenformedeladocumentationtechnique?

JelevailatêteversÉvelyne,manouvelleboss.Ellenemelaissaitpasuneminutederépit.C’étaitunetravailleuseacharnéequiavaiteusonposteuniquementgrâceàsonintelligenceetàsonendurance.Ceconstatavaitétérapideetelleenattendaitautantdemoi.J’adoraisça!

—Voilàlaversionimprimée,dis-jeenlaluitendant,etvousavezleWorddansvotreboîtemail.Hum,jemesuispermisd’ajouterdesannotationssurquelquesincohérences.

Elle haussa un sourcil parfaitement épilé. Craignant à nouveau de me faire virer pour mes prisesd’initiatives,jem’empressaidetempérer.

—Jelesaimisesenmoderévision,vouspouvezsimplementlesrefusersiçane...

—Sivosremarquessontaussipertinentesquesurledernierdossier,vouspouvezd’oresetdéjàlesvalider.

Jemeretinsdesourirebêtementetj’acquiesçai.Aprèsunmoisàtravailleràsescôtés,jepouvaisdéjàaffirmerqu’elleétaitl’opposédemonancienpatron.Ellesefichaitéperdumentdecequiremplissaitmessous-vêtementsetellemefaisaitcroulersousleboulot,levrai.

— J’ai une réunion de dernièreminute, je ne pourrai pas assister au débriefing des tests de notrenouvelleversiondulogiciel,vouspourriezvouslibéreretyalleràmaplace?

—Oui,bienentendu,jevousferaiuncompterendu.

Ellehocha la têteavecunsouriresatisfait. J’ouvris sonemploidu tempspourconstaterque j’avaiscinqminutesderetardsurcetteréunionimprévue.Merde!

Jemerechaussaiàlava-vite... tropvitepuisquejelesinversai.Tantpis, j’attrapaidequoinoterauvolet jefilai.Depuiscenouveaujob,jenevoyaispluslesjournéespasser,c’était lepiedintégral.Jedevraispeut-êtreadresserunelettrederemerciementàmonancienpatron,sanssonlicenciementexpressjen’aurais jamais trouvécetteplace.Pendantmespetitesfouléesenthousiastesdans lescouloirs, j’eusunepenséepourlesconseillersquim’avaientpermisdemefairevirer...Avantdeperdrel’équilibresurmeschaussures inversées.J’envoyaivalsermoncalepinetmonstylo,et jemeretrouvaidansdesbrasquejebénis.

—Vous?lançaunhommeàl’accentsobritish.

Jelevailatêtepourrencontrerceregardpénétrantettellementuniquequiavaitenvahimesrêves.

—Vous,répétai-je,surprise.

~2~Attirance

Tyler

***

Ellequittamesbrascommes’ilsétaientaussibrûlantsquelesflammesdesEnfers.Puiselleramassases affaires tandis que je l’observais avec un certain amusement. Jamais je n’aurais cru revoir cettefemme...etpourtant,j’étaisalléjusqu’àretournerchezlepromoteuroùelletravaillaitsousleprétextedediscuterdecertainsdétailsparfaitementinutiles.

Elle fronça légèrement son petit nez avant de passer unemain nerveuse dans ses cheveux châtainsclairs.

—Qu’est-cequevousfaitesici?demanda-t-elle.

Je lui souris en décidant que jeméritais bien de jouer un peu avec elle. Je n’avais pas oublié saprestationlorsdelaprésentation.Elledutlesentir,carellefutimmédiatementsursesgardes.

—Jeviensdispensermesconseilsquipriventd’emploiunepartiedelapopulation,expliquai-je.Etvous?

Elle hésita avant de répondre. L’idée qu’elle tourne sept fois sa langue dans sa bouche me laissapenseur.

—Jetravailleici,vuquej’aiperdumondernierboulotàcausedevous.

Sesyeuxchocolatmedévisagèrent.Cenefutpasdelarancœurquej’ylus.

—Auvudestâchesquevousdemandaitvotreancienemployeur...

—Vousnesavezriendemonemploiprécédent,alorsn’allezpasvousimaginerquegrâceàvousj’aieulachancedetrouverunmeilleurjob.

Ok, donc dans une logique toute féminine, je pouvais en conclure qu’elle le pensait.Derrière elle,j’aperçusÉvelynequi sedirigeaitversnous. Je sautai sur lesquelques secondesen tête-à-têtequimerestaientavecelle.

—Voulez-vousdîneravecmoicesoir?

J’eusàpeineletempsd’appréciersastupéfactionquenousn’étionsplusseuls.

—MonsieurLewis,vousavezfaitconnaissanceavecmonassistante.Angélique,jenevousprésenteplusnotrepatron.Oh,etvoiciOliverWilson,sonassocié,ajouta-t-ellealorsqu’Olinousrejoignait.

Ellepinçaleslèvresavantdehocherlatêteendirectiond’Évelyne.Olimejetaunregardsurprisqu’ilfitnaviguerentreelleetmoi.

—Partezdevant,j’arrive,lançai-jeendonnantdiscrètementuncoupdecoudeàcedernierpourqu’ilcomprenne.

IlentraînaÉvelyneavecluidanslasallederéunion.Elledevaitbiensedemanderpourquoijevoulaisdiscuteravecsonassistantequejen’étaispascenséconnaître,maisçan’avaitpasd’importance.

—Vousn’allezpasmevirer,hein?s’inquiéta-t-elle.

Sonairtourmentém’enlevatouteenviedejouer.Çaprovoquamêmeenmoiunbesoindelaprotéger,unepulsionquejeneressentaispassouvent.

— Je n’ai aucune raison demettre à la porte une personne si elle est compétente, répliquai-je. Enrevanche, j’aurais aimé que vous répondiez à ma question avant d’apprendre que cette sociétém’appartenait.

Sesépaulescrispéesserelâchèrentd’uncoup.Ellesemblaitunpeuplusdétenduemaintenantqu’ellesavaitquejenelajetteraispasdehors.Jesentismêmesonassurancereveniràgrandspas.

—Jen’acceptejamaisdedîneravecdesinconnus.Aumieux,jeprendsuncaféaveceux,maisilfautpourçaquenousayonsquelquechoseencommun.

La moue qui se dessina sur sa bouche attira mon attention. Elle entrouvrit ses lèvres quand elles’aperçutdemamanœuvreetjevissonsouffleseheurterlégèrement.Jerelevaimonregardverslesienetjeluirépondisd’unevoixrauqueàcausedel’excitationqu’ellefaisaitnaîtreenmoirienqueparsaprésence.

—Etvouspensezquenousn’avonsrienencommun?

Maintenantc’étaitellequifixaitmabouche.Jenepusm’empêcherdesourire.Ellefronçalessourcilspour adopter une attitude plus dure qui ne faisait quem’attirer davantage. Je n’étais pas habitué à cequ’unefemmemedisenon,cettenouveautéavaitquelquechose...d’intéressant.

—Àpartêtreenretardàuneréunion,non.

Cette femmeavaitune répartiequimedonnait l’impressiondeperdreune taillede sous-vêtement àchaquefoisqu’ellemeparlait.

—C’estunbondébut,jepassevouschercheràladébauche,décidai-je.Àtoutàl’heure.

Jeneluilaissaipasletempsderépondreetjepartis,masacochehabilementplacéedevantlehautdemonpantalon.Sijevoulaisgagnerfaceàelle,ilfaudraitquejeprenneleschosesenmain.

***

La réunion dura une éternité. J’étais coincé entre une Évelyne nerveuse face à mon comportementinhabitueletOliquimejetaitdesregardscurieux.Jen’échapperaipasàdesexplications.

Dansnotretriod’associés,c’étaitluileplusperspicace.Parmoment,jelepensaisdotéd’unvéritablesixième sens ou d’empathie. Il y avait aussiConnor, qui avait une capacité incroyable à se créer desréseaux dans tous les secteurs. Son truc, c’était clairement le relationnel. Nous avions nos domainesrespectifs,nousapportionschacunnotrepierreàl’édifice,etànoustroisnousétionsredoutables.

—Cettefemmeavecquitudiscutais,cen’estpaslamêmequecellequi...commençaOliàpeineaumomentoùj’enclenchailapremière.

—Neposepaslaquestionsituconnaislaréponse,lecoupai-je,surladéfensive.

Oli leva les mains en secouant la tête. Je changeai de vitesse en malmenant le levier. J’ignoraispourquoiparlerd’elleavecluimerendaitsinerveux.Jedevaisavoirl’airridicule.

—C’estl’assistanted’Évelyne,lâchai-jefinalement,etjel’aiinvitéeàdînercesoir...Àvraidire,jeneluiaipaslaissélechoix.

MalgrémonenviedemetournerversOlipourvoirsonexpression,jemebornaiàfixerlaroute.

—Ehbien,monvieux,çaneteressemblepasd’inviterdeforcedesinconnuescommeça,etjen’aipasbesoinde te rappelerquec’est l’unedenosemployées,mêmesiellenebossepasdirectementaubureaudeconseil.

C’étaitpilelediscoursquejenevoulaispasentendre.

—Alors,nemelerappellepas,grognai-jeendéboîtantsurlagauchepourdoublerunbus.

Onroulaquelquesminutesensilencependantlesquellesjemedemandaisencorecequim’avaitprisdel’inviter.Etçamemettaitsérieusementlesnerfsenpelote.

—Ty,j’airemarquéqu’elleteplaisaitlejouroùnoussommesallésvoirsonconnarddeboss,etc’estunegrossecoïncidencequ’onlarecroise...

—Mais?

—Maisrien,jeveuxsimplementsavoircequetuattendsd’elle.

Jesoupiraienm’arrêtantàunfeuetjedécidaienfindemetournerversOliavecuneexpressionneutre.Àl’intérieur,j’étaispauméetilnetarderaitpasàledécouvrir.

—TupensesqueConnorettoiseriezd’accordpourqu’onprenneunenouvellechefdeprojet?

Oliseretintdifficilementdesourire.

—Tusaistrèsbienquenouscherchonsdéjàquelqu’un,etsic’estcequetuveuxd’elle,pourquoipas?

Jem’abstinsderépondreàsonsous-entenduàpeinevoilé,dumoins,tantquejeneseraispassûr.

***

Jusqu’au dernier moment, je pensais qu’elle ne sortirait pas de ces foutus bureaux. J’étais aussinerveuxqu’unpuceaupoursapremièresoiréeentête-à-tête.Lorsqu’ellem’aperçut,ellelevalementonetsedirigeaversmoid’unpasrésoludanssontailleurajustéàmerveille.L’imagedelafemmelibreetsûred’elleétaitbienimitée,audétailprèsqu’elleserraitsonsacàmainàenfairecrierlecuir.

—Unegrosseberlinenoire,dit-elleendésignantlavoiturecontrelaquellejem’appuyais,pourquoiçanemesurprendpas?

Jem’écartaidelacarrosserieenappréciantsonregardsurmoncorps.

—Roulerdansunesportivenecollepasavecmapersonnalité,etjen’aipasderaisondegarderuneépavesijepeuxmepayerunebelleAllemande.Etvous,qu’avez-vouscommevoiture?

EllepointadudoigtunepetiteFrançaisepastoutejeune,maisbienentretenue,vuedel’extérieur.

—Pourquoi ça neme surprendpas ? lui retournai-je avec la condescendanced’une tête à claques.Allons-y.

C’étaitlatroisièmefoisquenousnousvoyionsetvoilàqu’ellechangeaitdéjàmonattitude.J’appuyaisurleboutondelafermeturecentraliséeetnousmontâmesdanslevéhicule.Nouséchangeâmesquelquesbanalitéssurlarouteavantd’arriveraurestaurant.Latensionentrenousétaittellementfortequelorsquenousquittâmeslavoiture,jemedemandaisiçaavaitétéunebonneidéedel’inviter.

Lecoupd’œilquejejetaiàsesjambesparfaitesmerappelaquej’étaisprisonnierdemeshormones.Elle se tortilla en serrant les cuisses, cette réactionme confirma qu’elle subissait lamême chose. Leserveurnous conduisit à notre table.Elle ouvrit la carte en évitant unenouvelle fois le contact visueldirect.

—Nerveuse?demandai-je.

Ellelaissaéchapperlemenuqu’ellerattrapadejustesse.

—Oui...Non!Enfinpeut-être,s’embrouilla-t-elle.Pourquoim’avez-vousinvitée?

Lavoirdanscetétatmedonnadel’assuranceetjemedétendiscontreledossierdemachaise.

—Pourquenousfassionsconnaissance,répondis-je.Etaussipourvousfaireuneproposition.

Elleécarquillalesyeuxetj’éclataideriredevantsaminedéconfite.Jen’avaispasbesoindeliredanssespenséespoursavoircequiluitraversaitl’esprit.Ellerougitetcemalentendumemitàl’étroitdansmonpantalon.

—Précisez,marmonna-t-elle,honteuse.

Leserveurarrivaetoncommanda.Lorsqu’ilnouslaissa,sonregardchocolatseplantadanslemienavecimpatience.

—Jenefaisdepropositionsquesijesuiscertainqu’ellesserontacceptées.

—Quelleprétention!

Elleétaitfaussementscandalisée,justecurieuse.

—Est-cequevousoffrirunemploiàlahauteurdevoscompétencesestprétentieux?

Les entrées arrivèrent. Je vis à peine le serveur, j’étais bien trop occupé à essayer d’anticiper lespenséesdelafemmeassiseenfacedemoi.Ellepiquadanssonassietteavantdem’interroger.

—Quelemploi?

—Etsinousfaisionsconnaissanceavant?

—C’estunesorted’entretiend’embauche?

—Onpeutlevoircommeça.

Macuriositérassasiée,jepourraispeut-êtrelatrouverbanale.

—Jedois répondre à vosquestionspour un jobdont je ne sais rien alors que je suis satisfaite dumien?

J’allaisdevoirjouerserré.

—Vousavezdeschosesàcacher?

—Absolumentpas.

Doncelleenavait.

—Alorsvousneverrezpasd’inconvénientsàcequenouspoursuivions.

— Seulement si vous répondez aussi à mes questions. Je tiens également à connaître mon étrangeemployeurquim’inviteàdînersousleprétextedemeproposerunnouvelemploi.

Jehaussaiunsourcil,amuséparsaperspicacité.Siellevoulaitjoueràcejeu,pourquoipas.

—Trèsbien,ceseradonnant-donnant.

Ellehochalatête,satisfaite.

—J’aitrente-deuxans,jenesuispasmarié,jenel’aipasétéetjen’aipasd’enfant.Jevisdanslecentre,mesfréquentationssontclassiquesetj’aimelegolf,débitai-jeenlalaissantbouchebée.Àvous.

Son dossier aux RH ne m’informait pas de ce genre de chose, et j’étais impatient d’entendre sesréponses...mêmestressé.Maisest-cequ’unefemmeheureuseavecunhommeréagiraitcommeçafaceàuninconnu?

—Cenesontpasmesétudesquivousintéressent?

—Après,balayai-jed’ungestedelamain.

— J’ai vingt-huit ans, pas demariage inscrit àmon palmarès ni d’enfants, juste des petits copainshorribles. Je vis en périphérie etmameilleure amie est aussima colocataire. À côté de ça, j’ai desloisirsdefille :shopping,vernis, fringues,et tout le reste, répondit-elleenrespectantscrupuleusementl’ordredanslequelj’avaisdonnémesinformations.

Unsoulagement inconsidérém’envahit,elleétaitcélibataire!J’étais ridicule...Ellemorditdansunecarotte,jeréalisaiquec’étaitàmoideluidirequelquechose.

—Bien...J’ailaissétomberlesystèmescolaireàseizeanspourdespetitsboulots.J’aiquittéLondrespourParisàvingtansavecOliver,quevousconnaissez,etConnor,notretroisièmeassocié.Nousavonsmontéseulsnossociétésetnousnedevonsnotresuccèsqu’ànous-mêmes.

Le pétillement de curiosité dans son regard se fit plus fort. C’était justement ce que je voulais, luidonnerenvied’ensavoirplussurmoi.

—Pourquoi avez-vousdécidéd’arrêter l’école si tôt ? J’ai lu sur Internet quevous étiezungénie,pourquoiavez-vousfaitceschoix?

Ainsielles’étaitrenseignéesurmoi...bien.L’éclatdesatisfactionqu’elleaperçutdansmonregardluifitpincerleslèvres.Elleenavaitditplusqu’ellenel’auraitsouhaité.

—Répondezàmesquestions,etj’enferaiautant.

Elleplissalesyeux,maisserésigna.

—J’aifaitBTSactioncoparmanqued’inspiration,ensuitej’aitrouvémonjobd’esclaveetj’ysuisrestéecinqans,maintenantvoussavezoùj’ensuis.

Jebrûlaid’enviedeluidemanderpourquoielleavaitgardésonancienboulots’ilneluiplaisaitpas,maisjenevoulaispasperdrelefilduplanquejevenaisdemetracer.

—J’ai arrêté l’école car cen’était paspourmoi.Àmonépoque, les surdoués étaientplus souventconsidéréscommedesélémentsperturbateursquedesélèvesayantbesoind’uneattentiondifférente.

Jem’attendaisàcequ’ellemetraiteànouveaudeprétentieux,maisnon,ellesecontentadehocherlatête.

—VousavezvraimentunQIde180?

Sionm’avaitdonnéunepièceàchaquefoisqu’onm’avaitdemandéça,jeseraisdeuxfoisplusriche.

—Oui,maisnousnesommespaslàpourdiscuterdelatailledemonintellect.Jeveuxensavoirplussurvous.

Ellefronçalessourcils,perdue.

— J’ai déjà passé un entretien pour mon travail actuel, mon CV est aux RH, j’ai répondu à vosquestions,j’ignorequoivousdiredeplus.Çaseraitplutôtàvotretourdemeparlerdujobquevousmeproposez.

Jemeressaisisenmerappelantquej’étaisiciavecellepourdiscuterboulotetnonpaspourunrendez-vousgalant.Leserveurnousportaleplatetnouspapotionsplustranquillementdelasociétéetduposteque je souhaitais lavoiroccuper, ainsiquedesmissionsqui le composeraient.Elleposait lesbonnesquestions au bon moment et elle n’hésitait pas à me dire ce qu’elle pensait de mes idées. C’étaitrafraîchissantetplaisantdenepassimplementêtreapprouvé.Peuàpeu,nousnousdétendionsetnousparlionsdetoutetderienenoubliantlarelationemployé-employeur.Lorsqueleserveurnousdemandasinousvoulionsdescafés,elleétaitaussisurprisequemoidelavitesseàlaquelleétaitpasséeladernièreheure.

—Vousn’avezpas encore réponduàmaproposition, lui rappelai-je en avalant unegorgéedemonexpresso.

—Votreoffreestintéressante,etjevousremerciedelaconfiancequevousplacezenmoi,maisjesuisbienàmonposteactuel.Évelyneestunbourreaudetravailetellemedonnedestâchesdeplusenplusimportantes,jepensequ’ilestbienpourmoidecontinuerdanscesens.

Jemasquaimadéception,maisçaauraitététropfacilequ’elleacceptesansquejedoivebatailler.Jesentismonnouveaucostumedeconnardcondescendantfairesonretour.

—Jelaisseleposteouvertjusqu’àcequevouslepreniez.

—Cequevousêtesbuté,soupira-t-elle.

Je lui souriset je surpris son regardsurmabouche.Elle secoua la têtepour se ressaisir.C’était laconfirmationqu’ellevoyaitenmoiautrechosequ’unemployeur.Parfait,jenedemandaisqueça.

—JeparsàNewYorkpourunesemaine,àmonretourjerenouvelleraimaproposition,expliquai-jeenlevant lamain pour l’arrêter alors qu’elle comptaitm’interrompre.Non seulement j’insisterai pour leposte,maisenplusjemettraitoutenœuvrepourvousséduire.Vousmeplaisezénormémentetjevoisquejenevoussuispasindifférent.Sachezaussiquelefaitquevoustravailliezounonpourmoin’ychangerarien.

Elledigéramonpetit discours, le souffle court sousmon regardque jedevinais intense.Mais si jeparaissaissûrdemoienfaçade,jen’enmenaispaslargeàl’intérieur.Ellesecomposaunmasquepincé,c’étaitbonsigne,etellebutunegorgéedecafé.

—Je vous répondrai lamême chose à ces deux propositions.Ma vie est très bien comme elle estactuellement,etjenecompterienychanger...

Jenesavaispassielleallaitledireoupas,alorsjeprislesdevantsetjeterminaisaphrase.

—Pourlemoment.

~3~Nouveaujob

Angy

***

Tyler,non!MonsieurLewism’avaitramenéejusqu’àmavoiture.L’ambiancedétenduedumilieudurepasavaittotalementfichulecampaprèssadoublepropositionfinaleemploi-séduction.Pendanttoutlecheminduretour,jemerepassaienbouclecequ’ilm’avaitdit,jen’arrivaispasàoublier.

Qu’est-cequiavaitpumetrahirpourqu’ilsentemonattirance?Jem’étaispourtantbiencomportée.J’avais pris soin de ne pas le toucher par accident quandmesmains ne demandaient que ça ou de ledéshabillerduregard.Ok,j’avaislouchédeuxoutroisfoissurseslèvres,maisilnepouvaitpasl’avoirremarqué.Si?J’allaisdevoirmetrouverunhommerapidementsijenevoulaispasluitomberdanslesbras.Çafaisaitplusd’unanque jen’avaispasessayéd’avoirune relation, ilétaitpeut-être tempsderecommencer...Maispasaveclui!Nonseulementilm’attiraitbeaucouptrop,maisilétaitmonpatron,etsurtoutiln’auraitpastoutacceptédemoi.Jel’avaiscomprisquandj’avaisfaitcesquelquesrecherchessurInternet.

Après avoir tourné un quart d’heure pour trouver une place, je rentrai enfin chez moi. Cyn étaitallongéesurlecanapéenjogging-chaussettes,satenuelorsqu’elleétaitdereposetqu’ellenevoulaitpassortir.

—Raconte,exigea-t-elleenbondissant.

Ellemefixadesesgrandsyeuxbleusimpatientstoutenbaissantlesondelaséried’unemaindistraite.

—C’étaitbizarre,résumai-jeenm’affalantàcôtéd’elle.

Aprèsl’invitationforcéedemonboss,j’étaisalléeàlaréunionoùj’avaiseudumalàmeconcentrer,puisj’avaisappeléCynthia.Jeluiavaisrapportémarencontreetellem’avaitboostéepourquejesoisprêteàl’affronteraudîner.Sanselle,jemeseraisprobablementdéfilée...

—Bizarrecomment?

—Ilm’aproposéunjobdanssasociétédeconseil.

Ellefitunemoueàlafoissceptiqueetdéçue.Undrôledemélangequiluidonnaitunairétrange.

—Maistuasdéjàunboulotdansunedesesboîtes,c’estnul.C’esttout?

Jemeredressaiunpeu,sesparolestournanttoujoursenboucledansmatête.

— Il voulait qu’on fasse connaissance, et... oh, et puis zut, ilm’a avouéque je lui plaisais et qu’ilcomptaitmeséduire.

Cette fois, Cyn en ouvrit grand la bouche. Je lui apportais probablement plus de distraction et desurprisequelasériequ’elleregardait.

—Quoi?!Tonbosst’afaitdurentre-dedans?Attends,tum’asracontéqu’ilétaitsupercanon,oùestlemalaise?Àmoinsquecesoitgenreunepromotioncanapé?Maisnon,cen’estpaslogique,pourçailfaudraitque...

Elles’emballaitcarrément.

—Respire, calme-toi. Je lui ai réponduque je n’étais pas intéressée.Çan’irapasplus loin. Jenecomptepasaccepterlejob,mêmes’ilestsacrémenttentant,etencoremoinsmeglisserdanssesdraps...

Mêmesil’idéeétaitdiablementséduisante.

—Tunet’ensortiraspassifacilement,magrande,onvadiscuterdetoutça...etjeveuxlesmoindresdétails!

Cyndécidad’étudierlecomportementdemoncavalierd’unsoircommeuneadodequatorzeans.Auboutd’uneheured’unincessantquestions-réponses,elleenconclutqu’ilvoulaitbienmemettredanssonlit,maisquecequej’avaisentêtel’intéressaitaussi.Jepartismecoucheravecl’espritplusembrouilléquejamais,etças’enressentitdansmesrêvesquimelaissèrentuneimpressiondebordelloufoqueàmonréveil.

Lelendemain,aubureau,Évelyneétaitd’unehumeurmassacrante.Ellemedonnaencoreplusdeboulotqued’habitude.Pourtoutdire,ellemefitcroulersouslaquantitéetellenetransigeaitpassurlaqualiténilesdélais.Lemoindreécartlarendaitexécrable.Jamaisjen’avaisvuquelqu’uns’énerverautantpourunevirgulemalplacée...

Quandjepusenfinprendremapausedéjeuner,ilétaittroisheuresdel’après-midi.J’avaisl’estomacdans les talons. J’attrapai mon sac avec l’intention d’aller me chercher un sandwich... pour pouvoirmangerdevantmonordinateur.Jenotaiquelorsqu’Évelyneétaitdemauvaisehumeur,elleoubliaitdesenourrir.

—Jevousramènequelquechose?

Elle secoua la tête sans quitter son écran des yeux. Je sortis de notre bureau, soulagée de pouvoirm’aérerunpeul’esprit.

Danslescouloirs,jefussurprisederecroiserl’associédeTyler.Qu’est-cequ’ilfaisaitencorelà?Enunmoispasséàbosserici,jenelesavaisjamaisvus,etmaintenantvoilàquec’étaitlecasdeuxjoursdesuite.

—Bonjour,mademoiselleLegrand,mesalua-t-ilavecentrain.

—Bonjour,monsieurWilson,luiretournai-je.

Lapolitesseyétait,maissansl’accentanglaismontonparaissaitfroid.

—Nousn’avonspaseuletempsdefaireconnaissancehier.Commentvoussentez-vouscheznous?

Àsonregardrieur,jelesoupçonnaid’êtreaucourantdesintentionsdesonassocié.Àmoinsqu’ilnefassequesonboulotdepatronetquejefusuntantinetperturbéeparmeslonguesheuresàbossersouspressionetsansinterruption.

—Trèsbien,j’aimebeaucoupcequejefaisici.

Mêmesic’étaitunejournéeharassante.

—Vouspartezfaireunecourse?demanda-t-ilenavisantmonsac.

—Jevaismechercherdequoidéjeuner.

—Jen’aipasencoreeuletempsnonplus,çanevousdérangepassijevousaccompagne?

—Non,maisjecomptaisseulementprendreunsandwichetrevenirtravailler.

—Parfait,unjambon-beurremetentebien.

Nous quittâmes les bureaux ensemble et cet Anglais à l’accent prononcé s’avéra d’une excellentecompagnie. Il me posa des questions sur mon poste, puis nous discutâmes simplement. De retour auboulot,nousnousséparâmes.Jemesentaisplusdétenduequandjem’assisderrièremonordinateur.

—Vousavezl’airdebonnehumeur,remarquaÉvelyne.

Cette idée semblait la contrarier. Est-ce qu’on pouvait demander à sa boss si samauvaise périodeavaitcommencé?Parcequesic’étaitlecas,j’allaisteniruncalendrieràjouretplacermescongésàcemoment-là.

—Çafaitdubiendesortirunpeu,dis-jeendéballantmonsandwich.

—Cen’étaitpasmonsieurWilsonavecvous?

Jelevailatêtedemonrosette-beurrepourremarquersonairdésapprobateur.

—Si,c’étaitlui.

—Jenesavaispasqu’ildevaitveniraujourd’hui,marmonna-t-elledanssoncoin.

Les jours passèrent et Évelyne fit tout son possible pourme pousser à bout enme donnant trop detravailpourtroispersonnesréunies.Lasituationempiraitdejourenjouretjedevaismêmerapporterdu

boulotchezmoipournepasêtrecontraintededormiraubureau.J’avaisdûreculerlesvisitesàmonfrèreetça,c’était lesignequeçanepourraitpascontinuercommeça. J’avais recroiséOliverdeuxfoisoùnous avions essayé de bavarder. C’était assez difficile à cause du manque de temps. Aujourd’hui, ilm’avaitproposédedéjeuneravecluidansunbaràsushis.J’avaistentéderefuserl’invitationparcequej’avais tropdeboulot,mais il n’avait rienvoulu entendre et il comptaitmêmeparler àÉvelynede lasituationdanslaquelleellememettait.Jedoutaisqueçaarrangeleschoses,bienaucontraire.

—Oliver,s’ilteplaît,neluidisrien,jegère.Çavabienfinirparsecalmer.

Unaircompatissantsepeignitsursonvisagetandisqu’iltrempaitsonsashimidanslasaucesoja.Àsademande,nousavionsoptépourletutoiementetjepréféraislargement.Ilyavaitquelquechoseenluiquilerendaitsympathiqueetabordable.

—J’imaginequeTylert’enadéjàparlé,maisoncherchequelqu’unaubureaudeconseilpourétudierlesprojetsqu’onnoussoumet.Situveuxpasserunentretien,çapeuts’arranger.

—Ilm’enatouchédeuxmotsetj’airefusé,répondis-jed’untonquinepoussaitpasàréclamerdesdétails.

—Pourquoi?demanda-t-ilmalgrétout.Cejobseraitunechancepourtoi,etjesuiscertainquetut’ensortiraishautlamain.

Depuisquej’avaisditnon,lasituationavaitévolué:Évelynemesurchargeaitdetâchesinintéressanteset c’était commesi elleneme faisaitplusconfiance. Jen’étaispas stupide, j’avais conscienceque jedevais ce changement de cap à l’attitude de ses boss envers moi, mais je ne pouvais rien y faire.Contrairementàcequ’elledevaitpenser,jen’avaispasdansl’idéedecoucheravecnotrepatronpourluipiquersontravail,ouquelquechosedanscegenre-là.

—Jesais,mais...maisjenesaispas.Jevaisyréfléchirànouveau.

OliversemblaravidemareconsidérationpourleposteetonsemitàpapoterautourdeLondres.Entant que natif et amoureux de cette ville, ilme fit voyager à travers ses souvenirs des sites à visiterincontournables.

Nousretournionsaubureauuneheureplustard,rassasiésdesaumon,dethonetderiz.Jem’attendaisàtrouveruneÉvelynefurax,à laplace j’étais faceàunTylerbiencalédansmonfauteuil,une liassedepapiers dans les mains. Ah oui, une semaine s’était écoulée... et il était toujours à tomber avec sescheveuxblondsetsoncorps...stop!Pourlemoment,jedevaismecontenterdemasquerlasurprisedesaprésence.

—Bonjour,dit-ilaprèsquesonregardm’aittranspercée.

S’iln’arrêtaitpasde faireça, jecontinueraisdemeridiculisercommeà l’instant,où je restai figéecommeunecruche.Est-cequejebavais?

—Bonjour,merepris-jeenrangeantmonsacdansl’armoireprévueàceteffet.

Ilposalesfeuillessurmonbureauetilselevapourvenirseposterenfacedemoi.MonDieu,ilfaisaitplusd’unetêtedehautquemonpetitmètresoixante-cinqpourtanthonorable,etiltranspiraitlapuissance.

Ilsuffisaitqu’ilsoitprèsdemoipourquejenemereconnaisseplus:cettechoseramollieetfrissonnantenepouvaitpasêtremoi.

—Onaperdusalangueouc’estl’émotiondemerevoir?demanda-t-il.

Voilàqu’ilmereprenaitdehaut!Riendetelpourmefouetterlesangetmeremettreenaction.

—Nil’un,nil’autre.Quefaites-vousici?SivouscherchezÉvelyne,jenesaispasoùelleest,dis-jeententantdelecontournerpourregagnerl’abridemonbureau.

Ilm’arrêtaenposantsamainsurmonbrasnu.L’effetfutsidérant,j’eneusunechairdepoulequinepassapasinaperçueetmonpoulss’emballaplusquederaison.Etlà,jeneparlequedesaspectsvisiblesquirésultaientdececontact.

Latempératuredanslapiècegrimpadeplusieursdegrésquandjecroisaisonregardtroublant.Jemedégageai,maisjeneluifispasl’honneurdem’éloigner.

—C’estvousque je cherchais, dit-il d’unevoixunpeuplusgravequed’habitude.Voici le contratd’embauchepourlepostedechefdeprojet.

Ilmedésignalespapiersqu’iltenaittoutàl’heure.

—Vousêtespersuadéàcepointquejevaisaccepter!m’indignai-je.

Cetypeavaitl’artetlamanièredefaireréagirmonsystèmenerveux.Ilmesouritd’unairdétendu.Cequ’ilm’agaçaitàêtretoujoursaussiàl’aiseetsûrdelui...

—Non,j’espèreseulementquevousaurezlebonsensdesaisircetteoccasion.

Àforcequ’onmelerépète,j’avaisvraimentconsciencedepasseràcôtédelachancedemavie.Ilyavaitça,etÉvelynequicontinueraitàm’enfairebaver.Cedernierpointnerisquaitpasdes’amélioreravecletemps...

—Sij’accepte,ilyauneconditionnonnégociable.

Sonregardsefitplusintenseetjen’osaiimaginertoutcequiluitraversaitl’esprit.

—Laquelle?

—Jeneveuxpastravaillerdirectementavecvous.

Pourlebiendemaconcentration,entreautreschoses,jedevaisresterleplusloinpossibledelui.

—Pourquoicela?

—Parcequejepréfèregardermesdistancesavecvous.

Il s’approchad’unpaspourenvahirmonespacepersonnel. Jeprisdeplein fouet sonodeur fraîcheentrel’adoucissantetlamenthe.Jedusreleverlatêtepournepasmeretrouveràfixersespectoraux.

—Intéressant,soupira-t-il.Maisnousseronstoutdemêmeobligésdenouscroiseretdecollaborersurlesprojetscommuns.

Jesentaisquecetteidéeluiplaisaitetmalheureusementpourmoijen’yétaispasnonplusinsensible.J’avaistoujoursaimébosseravecdesgensintelligents, j’apprenaisénormémentàleurcontact.Etaveclui,jem’imaginaisdéjàfairedesheuressupplémentaires.Non,reprendrelefildelaconversationétaitplusprudentquedecontinuersurcettevoie.

—JepourraistravailleravecOliver,tentai-je.Nousnousentendonsbienetjesuiscertainequenousferionsunebonneéquipe.

Cettesuggestionluifitfroncerlessourcilsetils’éloignapourattraperlaproposition.

—CeseraConnoroumoi,trancha-t-ildurementenmetendantlesdocuments.

Saréactionmedéstabilisa,jemeraidis.

—N’importequisaufvous,m’entêtai-je.

—Parfait,ceseradoncConnor.Cedétailréglé,vouspouvezaccepter.LeserviceRHs’occuperadevotretransfert.

Jeprislespapiers,unstyloetjesignaiaprèsavoirrapidementparcourulesparagraphes.Toutsemblaiten règle,etvu lesalaireproposé,monbanquierallaitêtrecontent. Je lui tendis lamoitiédes feuilles,l’autreétantpourmoi.Illesattrapaenfrôlantmesdoigts.Celaprovoquaunpicotementsurmapeauetmonsouffleseheurta.

—C’estbiencequejepensais,dit-il.Àdemain.

***

Cynn’enrevenaitpasquej’aisigné,toutcommemoi.Onpassalasoiréeàdiscuteretàspéculersurcequeseraitmonavenirprofessionneljusqu’àcequeçadérapeimmanquablementsurlefaitquedéjàdeuxde mes trois boss soient des canons. Même si Oliver ne me faisait pas l’effet de Tyler, il fallaitreconnaîtrequec’étaitunbelhomme.Legenrequifaitaussiseretournerquelquesfillesdanslarue.JecroisailesdoigtspourquelefameuxConnorsoitjustenormal.

Le lendemain, j’étais à l’accueil demon nouveau lieu de travail à huit heures trente, soit avec unedemi-heure d’avance. L’impatience m’avait tenue éveillée une grande partie de la nuit. Sur place,l’hôtessemeremitunbadgeetdesfournitures,puiselleappelaConnor.L’hommequimerejoignitétaitdetaillemoyenne,roux,bienbâti,etheureusementpourmoiiln’avaitpaslecharmedeTyler.

—MademoiselleLegrand,jevoussouhaitelabienvenue,dit-ilenmeserranténergiquementlamain.JesuisConnorBenson.

—Merci,monsieurBenson.

Il me sourit, creusant des pattes d’oies aux coins de ses yeux. Il avait le même âge que ses deuxassociés,cesridesprovenaientprobablementdel’expressiondesabonnehumeur.

—Appelons-nousparnosprénoms,ceseraplusagréable.

J’acquiesçaiavecjoie.Jedevinaiqueluietmoinousentendrionsàmerveille.

Connor commença par me faire visiter les locaux dans leur intégralité, puis il prit le temps dem’expliquercequ’ilattendaitdemoi,commentilaimait travailleret l’organisationqu’onallaitsuivre.J’étaisplongéedanslegrandbainetsurexcitéepartoutescesperspectives.Connormeconfiarapidementun premier dossier dans lequel jem’immergeai.En plus d’avoir une certaine autonomie et des tâchesintéressantes,j’avaismonproprebureau!Commentest-cequej’avaispusongeràrefuserceposte?

Ontoqua,jerépondistimidementetTylerentra.Ah,voilàpourquoij’avaishésité.Ilétaitéblouissant.Cebeaugosseàlagueuled’angerisquaitdemecauserunarrêtcardiaqueàchaquefoisquejelevoyais.

—Bieninstallée?

Lesourirequimemonta jusqu’auxoreillesétaitdéjàassezsignificatif,mais jehochai la têtequandmême.

—Salut,Angy!

Oliversejoignitànousetjemelevaipourluifairelabise.Cethommeétaitunouragandefraîcheuretd’enthousiasme.JesurprisunregarddeTylerpeuaimableendirectiond’Oliver.Cedernierl’ignora.

—Tuasprisuneexcellentedécision!Jesuisheureuxquetuaiesaccepté.Tuesicipourluisouhaiterlabienvenue,Ty?

Tylerpinçalégèrementleslèvresavantderépondre.

—Dois-jeterappelerquec’estmoiquiluiaieproposéleposteenpremier?rétorqua-t-ilàsonami.

OliversemblaittotalementimperméableàlamauvaisehumeursubitedeTyler.

—Inutile,jemesouvienstrèsbiendenotrediscussion,répliquaOliveravecunsourireencoin.Angy,ondéjeuneensemble?

—Ok,répondis-jeenentendantTylergrincerdesdents.Onretourneaubaràsushis?

Oliverhochalatête.

—Jepasseteprendretoutàl’heure.Ty,tuviensavecnous?

—Non, jem’en voudrais de vous déranger.Nous avons une réunion,Oli, allons-y avant d’être enretard.

Cederniermelançaunregardamusé,ilsavaitparfaitementcequ’ilfaisaitetilétaitclairqu’iljouaitavecsonami.

***

Lesjourssuivants,jem’adaptaiàmonnouveauquotidienetcefutsansgrandedifficulté.Connorjouaittrèsbiensonrôledementor,OlivermedétendaitetTylervenaitdetempsentempsdansmonbureaupourdesquestionsenrapportaveclesdossiersquejetraitais.Ok,c’étaitunpeupluscompliquéqueçaaveccedernierdanslamesureoùiln’avaitpassonpareilpourchatouillermoncaractère...etlereste.Maisàpartça,cejobétaitunrêve,encoremieuxqu’avecÉvelyne.Pourvuqueçadurepluslongtemps!

Danslasociété,ilyavaitseulementdeuxautreschefsdeprojetettroisassistantsadministratifsavecquijefisconnaissance.Toutlemondesemontraaccueillantetagréable.Jeméditaisurtoutcelaenmefaisantcouleruncaféàlamachinedanslehalld’entréequandjevisTylerveniràmarencontre.

—Nousdéjeunonsensembleaujourd’hui?

Ilmeposaitlaquestionassezsouvent,etlaréponseétaittoujourslamême.

—Non,désolée,jenepeuxpas.

—EncoreOliver?

—Non,jepréfèreseulementévitertoutquiproquo.

J’attrapaimaboisson fumanteet lamonnaieque jem’apprêtai à remettredans la fente.Gardermesdistancesavecluin’excluaitpaslapolitesse.

—Vousvoulezuncafé?proposai-je.

—J’acceptel’invitation,disonscesoiràdix-neufheures,aprèsladébauche,lança-t-ilavecunlargesourireàtomber.

J’ouvrislabouche,incapablederétorquer,etiltournalestalons.Ilmeplantaiciaveclasensationdem’êtreencorefaitavoir...Lerestantdemajournéerisquaitd’êtrepluscompliquéaveclaperspectivedecequim’attendait.

À l’heure prévue, Tyler entra dans mon bureau. Toujours impeccable dans son costume malgré lalonguejournéeàlaquellenousvenionsdefaireface.

JetravaillaissurundossierimportantpourConnor,uneétudedeprojetdechambresd’hôtesdansl’unedesplusbellespartiesde l’Irlande.C’était très intéressant,etmalgré l’inquiétudequeprovoquaitmonrendez-vousavecTyler,j’avaispuavancer.

—Prête?demanda-t-il.

—Sijevousdisquejepensaisquevousplaisantieztoutàl’heure,vouschangeriezd’idée?tentai-je.

J’avaispassédutempsavecluisurdesdossierscommunsetj’avaiseubeaucoupdemalàmaintenirunedistanceconvenable. Il trouvait toujoursunmoyendemeprovoqueroudemefrôlerpourmefairefrémir, tout en brillant par son intelligence. Ce type-là était impossible à cerner... et diablementirrésistible.Ilritavantdesecouerlatêteetjemerésignaiàéteindremonordinateur.

—Angy,tuasterminélapartiesurleshôtelsdéjàenplace?demandaConnorenentranttêtebaisséedansmonbureau.

—Oui,j’aitoutenregistrésurleréseau.

—Oh,génial,dit-ilenlevantlenezdesondossier.Tiens,qu’est-cequetufaislà,Ty?

—J’essayedecomprendrepourquoiAngyvoustutoie,toietOli,alorsqu’elles’entêteàmevouvoyer.

Sonregardsifortm’interrogea.

—Parcequ’euxm’ontproposédelestutoyer,répondis-jeenoptantpourlaneutralité.

Connorluitapadansledos.

—Héoui,denoustroistuastoujoursétéleplus...conventionnel!

Ilséchangèrentunsourirecomplice.Depuisquejetravaillaispoureux,j’étaisadmirativedevoircestroisamissibiens’entendre.

—Alors je vais y remédier, déclara-t-il en s’approchant.Angy, tu voudrais bienme tutoyer, s’il teplaît?

Ilattrapamavesteetlaposasurmesépaules,laissantsesmainsuntoutpetitpeupluslongtempsquenécessaire.Jesentisuneforceetunechaleur,toutesdeuxagréables,sediffuserdansmoncorpsàtraverscepointdecontact.

—Oui,biensûr,acceptai-jeenvoyantunenouvellebarrièretomber.

—Vousallezquelquepart?nousinterrogeaConnor.

—Angym’ainvitéàprendreuncafé,précisaTyleravecunlargesouriresatisfait.

J’interceptaileregardsurprisdeConnoretjehaussailesépaules.

—Onpeutdireça,grommelai-je.

Tylernousconduisitdansunbarnonloinduboulotoùnousdécidâmesdeboireunverre.Lacaféinen’étaitplustropappropriéeàcetteheure.

—TuasdéjàvisitéLondres?

—Unpeu,pendantunvoyagescolaireaucollège,répondis-je.Maisjenemesouvienspasdegrand-chose,onpassaitplusnotretempsàfairelesimbécilesqu’àécouterlaprof.

Lafatigueetl’alcoolaidant,jerisenmerappelantnotrepauvreenseignantequitentaitd’attirernotreattentionenvainàgrandscoupsd’anecdotesplusfarfelueslesunesquelesautres.C’était l’époquedel’insouciance...Cequeçamesemblaitlointaind’uncoup!

—C’estagréabledetevoirdétendue,commentaTylerenm’observant.J’aimebeaucouptonrire.

Je lui lançaiun regardd’avertissement. Jenevoulaispasqu’ilcontinuesurcechemin.Saprésenceétaitdéjàbienassezdifficileàsupporter.

—PourquoiParis?demandai-jeàmontour.

—Cettevillem’a toujours fasciné,expliqua-t-ilenprenantunegorgéedebière.Sonpatrimoine,saculture, sonhistoire…Jepenseenêtreplusamoureuxque laplupartdesParisiens.OndevraitalleràLondresunweek-end,jepourraistefairevisiteretnousverronssituenasunebonneimpression.

Commel’idéeétaitséduisante,proposéecommeça,surletondelaconversation!Jen’osaiimaginercequeçaseraitdepasserquarante-huitheuresavecluialorsqu’ilmettaitsimplementmesnerfsetmoncorpsàrudeépreuvequandilétaitdanslesparages.

—Mercipourl’invitation,maisjepréfèredécliner.

—Pourquoi?

—Jetel’aidéjàdit,jetiensàgardermesdistancesavectoi.

—Pourquoi?s’entêta-t-il.

«Parcequetumefaisdel’effet»n’étaitpasuneréponseacceptable.

—Est-cequejedoisterappelerquetuesmonboss?

Danslegenrebanal...

—Sic’estcequitedérange,tunerefuseraispasundéplacementprofessionnel.

Iln’yenavaitpasauprogrammepourmoi,doncjenecouraispasderisque.

—Çaneseraitpaslamêmechose.

—Parfait, dans ce cas nous décollons pour l’Irlande la semaine prochaine.Connor ne peut pas selibéreretjesaisquetuconnaisledossierdeschambresd’hôtesparcœur,alorstuleremplaceras.

Celle-là,jenel’avaispasvuevenir.

—Mais...

—Pasdemais,tuastravaillédessusplusqu’aucund’entrenous,ilestlégitimequetuparticipes.

Vucommeça,çasemblaitlogique...maisiln’étaitpasdugenreàlaisserleschosessefaireauhasard.Etjepréféraisnepasavoiràpassertropdetempsseulaveclui.Cetteidéedevoyagesentaitlepiègeàplein nez. Il passait déjà son temps àme draguer à samanière et au bout de quelquesminutes j’étaiscapabled’envisagerd’entrerdanssonjeu,alorspendantdesheures...jefiniraisprobablementdanssonlit.

—Jesupportemall’avion,mentis-je.

Tylerbutunenouvellegorgéedebièreetjedevinaidanssonregardquemonmensongenel’avaitpastrompé.

—Pourquoitut’obstinesàmefuir?

Envoilàunebonnequestion!SelonCyn,jemettaisdesdistancesentrenousparcequ’ilmeplaisait.Ilfaudraitvraimentêtretordupourfaireuntruccommeça...ousimplementmoi.Mesrelationsprécédentesn’avaient pas été communes et elles s’étaient toutesmal finies.Assez pourme donner à réfléchir surl’idéedefaireentrerdumondedansmapetitevie.

—Jenetefuispas,sinonjeneseraispasiciavectoi.

—Parfait,lança-t-ilenattrapantsonportefeuille,danscecasallonsdîner.

Iljetaquelquesbilletssurlatableetilseleva.Jel’imitai.Nousquittâmeslaterrassepourrejoindrelarue.

—Pourquoitesinvitationsn’incluentpaslapossibilitédemedemandermonavis?

—Parcequetudiraisnon,répliqua-t-ilavecévidence.J’envisaged’ailleursdeneplus teconsulterpourleschosesquejepenseêtrebienpourtoi.Oui,voilà,jevaisfaireça.

Ildéliraitouquoi?Avantquejenelevoievenir,ilm’attrapaparlatailleetilposaseslèvressurlesmiennes, enpleinmilieude la rue.Moncerveau s’arrêtade fonctionner,moncorps frissonnaet je luirendissonbaiseravecenthousiasme.Saboucheétaitdouce,chaudeetdélicieuse,avecunarrière-goûtdehoublon.Lorsquesalanguerencontralamienne,j’agrippaisescheveuxpourmieuxlesentir.J’envoulaistellementplus...Etjeneparlaispasdelasaveurdelabière.

Quand les remarquesdespassants se firent entendre,Tyler relâchanotre étreinte. J’avais été surunnuageetlachutefutviolente.

—C’étaitquoi,ça?!balbutiai-je.

—Uneprised’initiativeunilatéralequiafinalementétéadoptéeparlesdeuxparties.

Je ne pouvais pas dire le contraire, même si je trouvais cela totalement déraisonnable. D’un paschancelant, j’entrepris de le suivre jusqu’à sa voiture. J’étais partagée entre l’excitation et la

stupéfaction.Jevenaisd’embrassermonbossaulieudelerepousser,etbonDieu,cequ’ilétaitdoué!

—Nerecommencepas,l’avertis-je,àpeineiltournaitlaclédanslecontact.

Jeperçussursonvisagel’ombred’unsourire.

—Tunepeuxpasjugermafaçond’embrassersurcetéchantillon,l’environnementnes’yprêtaitpasetc’étaitplutôt...rapide,plaida-t-il.Jepensequenousdevrionsrefaireunessai.

Sonregardrestaitrivésurlaroute,maisjenotaiàl’absencedetensiondanssesmembresqu’ilétaitdétendu.C’étaitinjuste,ils’amusaitalorsquej’étais...déboussolée.Etc’étaitsafaute!

—Tu nem’écoutes pas ! Je viens de te dire de ne jamais recommencer ça. Je ne veux pas que tum’embrasses!

Non,vraiment,jenelesouhaitaispas.Enfin,moncerveaupréféraitqueçanesereproduisepas,alorsque mon corps... Nous nous arrêtâmes à un feu et il tourna vers moi son regard intense. Je dérivaiinévitablementversseslèvres,memaudissantd’êtresifaible.Parcequeoui,jerêvaisdel’attireràmoipourgoûterdenouveauàsabouche.Ilsouritetjemerencognaidansmonsiège.Ilavaitautantconsciencequemoiquej’envoyaisdessignauxcontrairesàmespropos.

—Allonsdîner,répliqua-t-ild’unevoixgraveetpuissantetrahissantsonétat.

Tylerm’amenadansunrestaurantquejeneconnaissaispas,enfaisantcommesiriennes’étaitpassé.Cequejenommaicomme«l’incident»dansmatêtem’avaitperturbéeunepartiedurepastandisqu’ils’efforçaitdemedétendre.Auboutd’unmoment,jem’étaissentiemieuxetlevinn’yétaitpaspourrien.LorsqueTylermeraccompagna,ilsecontentadedéposerunbaisersurmajoueetdemesouhaiterunebonne nuit. Je croisai les doigts pour qu’il ait vraiment compris cette fois qu’il ne fallait pas qu’ilm’embrasse,ouqu’iltentedemeséduire.J’étaistropfaiblepourluirésistermoi-même.

Ce soir-làCyn bossait, j’étais seule. Jeme débarbouillai avant dememettre directement au lit. Jecomptaisbiendormir,nepluspenseràTyleretàseslèvres,maisc’étaitmissionimpossible.Dèsquejefermaislesyeux,jevoyaissonregard,etlorsquejebougeais,lesdrapsmerappelaientl’effetqu’ilmefaisait. Je n’enpouvais tellement plus que je craquai, jeme soulageai en songeant à lui. Je trouvai lesommeilaveclavisiondeTylergravéedansmespaupièresetlecorpsdétendu.

~4~Rapprochement

Tyler

***

JebataillaisavecConnordepuisplusd’unquartd’heurepourluifaireentendreraison.Maraison,plusexactement.Sijem’accrochaisencoreunpeu,jeréussiraisàleconvaincre.

—Pourquoi? s’entêta-t-il.Leschambresd’hôtesen Irlande,c’estundossier important,onprocèdetoujoursensembledanscegenredecas...etlàtumedemandesdenepasveniravectoipouramenerAngyàmaplace!

Ilcroisalesbrasensetassantdanssonfauteuil.J’avaisenvied’enfaireautant,maisçan’auraitpasétédansmonintérêtdelebraquer.Jevoulaisvraimentpassercesquelquesjoursavecelle,seulementàdeux. J’étaisprochedeConnor,mais il ne comprendrait pas commeOliver cequ’Angyprovoquait enmoi,mêmesijetentaisdeluiexpliquer.

—Jepensequeceseraformateurpourelle.Etpuisellebossebienetelleapresquemontécedossiertouteseule,argumentai-je.SanscompterquetudoisrendrevisiteàquelquesinvestisseurspotentielsenEspagne.Çatedégageradutempspourça.

Connorm’observalonguement.Ilpressentaitquelquechose,maisilneditrien.

—Ok,soupira-t-il,emmène-laavectoi.

Jeluiadressaimonpluslargesourire.Impossibledelereteniràlaperspectived’avoirAngypourmoiseulpendantquelquesjours.Àmevoirainsi,lesdoutesdeConnornetarderaientpasàsetransformerencertitudes.

—Jeterevaudraiça,lançai-jeenluicollantunetapedansledos.

—J’ycomptebien,marmonna-t-ilendétournantsonattentionverslafenêtre.

Jem’apprêtaisàsortirquandilmerappela.

—Ty,c’estokpourl’Irlande,maispasquestionquetumelapiques.C’estmachefdeprojetetelleestcompétente.

Jerisdevantsonairinflexibleetjemedisquej’avaisbienfaitdelesfairebosserensemble.Connor

avaitenluiquelquechosedechaleureuxquiattiraitlesautres,maismalgrécelailconservaitcettebullequi empêchait quiconquede trop se rapprocher.Endehors d’Oli etmoi, bien sûr.Et c’était pour celaqu’ilyauraittoujoursunesortedebarrièreentreAngyetlui.Dugenredecellequimepermettaitdenepassurgiràl’improvistepourmettrefinàdesdoutesstupides.

Jerepartisdoncdansmonbureauoùjem’installai,satisfaitd’avoirobtenul’accorddeConnor.S’ilavaitinsistépourvenir,jen’auraispaspul’enempêcher,maisjel’auraisconvaincud’amenerAngyavecnous.Çaauraitcompliquélasituation,maisj’auraisbientrouvéunmoyenpourpasserdutempsentête-à-têteavecelle.Cependant,est-cequenousaurionspuallerjusque-làoùjelevoulais?Çaauraitétémoinscertain...Laquestionneseposaitplus,jel’auraispourmoiseul.

—Qu’est-cequiterendd’humeuraussijoyeuse?demandaOliensurgissantdansmonbureau.

J’avaisététropdistraitparmespenséespoursongeràfermerlaporte.

—Jenepeuxplussifflertranquillementdansmonbureausansquecelasignifiequej’aieuunebonnenouvelle?

Il étrécit son regard avant de fermer derrière lui.Quand il se lançait,Oli pouvait être pire qu’unefemmequisepensedouéed’undondepsychanalyse.Àladifférenceque,lui,ilmettaittoujoursdanslemille...

—Angy?

Jehochailatête,unpeuréticentàaborderlesujetaveclui.Rienqu’entendresonprénommemitaugarde-à-vous. Comment une femme que je connaissais depuis si peu de temps peut avoir une telleinfluencesurmoi?

—Ellem’aracontéquevousaviezdînéensemblehiersoir,précisa-t-il.

Jenecachaipasmasurprise.

—Ahbon?Etqu’est-cequ’ellet’aditd’autre?

Olipinçaleslèvrespourseretenirdesourire.

—Qu’elleallaitt’accompagnerenIrlandeàlaplacedeConnor,ajouta-t-ilavecunregardsuspect.Çan’apasdûêtrefaciledeleconvaincredelalaisserleremplacer...

— Je trouve qu’elle te raconte beaucoup de choses, marmonnai-je en sentant encore cette foutuejalousiem’étreindre.

Jetournailatêteversl’écrandemonordinateurenfaisantminedetravailler.Peut-êtrequ’ilpartiraitetqu’ilarrêteraitdem’observercommeça.

—C’estparcequejedoissavoirbienm’yprendreavecelle,déclara-t-ilauboutd’unmoment.

Jepivotaibrusquementversluipourrencontrersonregardbrillant.Soitilyavaitunsous-entendudanssaphrase,soitjecomprenaisdetraverscequ’ilvoulaitdire.Quoiqu’ilensoit,lesimaginerensemble,

luientraindel’embrasser,de...nomd’unchien,quecetteimagefaisaitmaltantjelatrouvaisrévoltante.Oliéclatasubitementderireetjemerenfrognai.Jedétestaisavoirlerôledupantin.

—Tuverraistatête...Lajalousienetevapas,monami!

—Oli...

—Oui?

—Tagueule.

Ilpinçaleslèvrespourtenterdesecontenir,envain.

—Benquoi?!dit-ilenriant,c’estlavérité.Tucrèvesdejalousieparcequ’ellemeconfiedeschosesetqu’elletefuitcommelapeste.

S’ilcherchaitàmefaireenrager,ilétaitsurlabonnevoie.J’avaisconsciencequ’ellem’évitait,maisjesentaisquec’étaitparcequ’elleétaitautantattiréeparmoiquejel’étaisparelle.

—Alors, si tupensesqu’ellenem’appréciepas,explique-moipourquoions’estembrasséshierenpleinerue?grognai-je.

Olisecalmapourdebonetunsouriremachiavéliquenaquitsursonvisage.Ilm’avaitamenélàoùjenevoulaispasaller.ÀquoibonavoirunQIaussiélevéquelemiensic’étaitpoursefaireavoirdecettefaçon...

—Jelesavais!Elleavait l’airbizarrecematinquandonaparlédetoi.Maintenantquevousavezenfinopéréunrapprochement,tuvasfairequoiavecelleenIrlande?

Jepassaimesdeuxmainsdansmescheveux,cettequestionm’avaittenuéveillétoutelanuit,ouplutôtlesnombreuseshypothèsesquej’avaisdisséquées.Ça,etlesouvenirdeseslèvres.

—Jenesaispas.Jevaisprobablementlafairevenirdansmachambre,etluiproposerde...jouerauScrabble.BonDieu,maisçaneteregardepas,Oli!

Ilselevadesachaise,paslemoinsdumondevexé.

—JetesouhaitedejouerlameilleurepartiedeScrabbledetavie,répliqua-t-ilavecunclind’œil.

Satisfaitd’avoirobtenudesréponses,Oliquittamonbureaupourregagnerlesien.

***

Depuisqu’onavaitdînéensembleetjusqu’àmaintenant,dansl’avionquinousamenaitenIrlande,jen’avais fait aucune allusion autre que professionnelle ou amicale à Angy. Je m’étais bien tenu, et ça

n’avaitpasétésimple,pourqu’ellenerefusepasd’embarquerauderniermoment.Pendant tout levol,elleavaitvoulurepasserledossierdanssonintégralité.Jel’avaisbiensagementécoutéeenessayantdenepastenircomptedelamanièredontellesepenchaitversmoi,dufrissonquil’avaitparcourulorsquej’avaisaccidentellementfrôlésamainentournantunepage,nimêmedesondécolletébonàdamnerunSaint.

Arrivéàl’hôtel,j’envisageaideluifairelecoupde«ladernièrechambredisponible»etquedoncnousaurionsdû«partagerlelit»,maiselleétaittropfinepourça.Jemecontentaid’yprendrenosdeuxréservationsetdelarejoindreprèsdel’ascenseuràcôtédenosbagages.Jeluitendissaclédontellesesaisitavecunsourirenerveuxenmeremerciant.

—Troisièmeétage,luiindiquai-jeenmepenchantpourattrapernossacs.

Elleeutlamêmeidéeaumêmemoment,etc’estainsiquenousnousretrouvâmestousdeuxlebusteenavant, nos visages à quelques petits centimètres l’unde l’autre.Bloqués dans cette position, aucundenousdeuxn’osaitbouger.Monregarddérivaversseslèvresentrouvertesd’oùjesentissonsouffletroprapides’enéchapper,puisverslavueimprenablesursesseins.Voilàquej’étaisdenouveauàl’étroit...

Biendécidéànepasdevoirsubirsesesquivestoutleséjourpourunsimplebaiser,j’attrapainossacsetjemeredressaipourappelerl’ascenseur.Nouspénétrâmesdanslacabinevide.Elleétaittroublée,ellenecessaitderéajustersonchemisieretdetortillersesdoigts.

Sansunmot,nousnousséparâmespourpartirchacundansnotrechambre.Ellessetrouvaientl’uneenface de l’autre. Une heure plus tard, je toquai à sa porte, et elle ouvrit presque immédiatement. Sessourcilsétaientfroncés,commesielleétaitpréoccupée.

—Prête?demandai-je.

Elleredressalesépaules,levalementon,puiselleacquiesça.Sonassuranceétaittotalementfeinteetlefaitqu’elleévitemonregardnemeplaisaitpas.

—Prête.Oupresque.Onn’apasparlédelamanièredontnousallionsprocéder.

Je l’observaipendantqu’elle refermait saporte. Jeprofitaide son inattentionpour ladétailler.Sonprofilmettaitenavantsonfront,puissonpetitnezbiendroitetseslèvrespleines.Unemèchefolledesescheveuxrabattusenarrièrecouraitdanssoncou.Cedétailnefitqu’accentuermonenviedelatoucher,jecrochetaimesmainsderrièremondos.Elleétaitbelle,c’étaitcertain,maiselleavaitaussicettechosenonidentifiablequimeplaisaittant.Quelquefoisj’arrivaisàpercevoircettedifférencedanssonregard,cetteessencequimepoussaitverselle.

Lecliquetisdelaserrurequel’onfermemeramenasurTerre.

—Jevaisfairelaprésentation,lançai-je.

Ellesetournaversmoiavecuneminedéconfite.Maintenantelleacceptaitdem’affronterdirectement,mêmesicen’étaitpaslebutdemamanœuvre.

Depuis toujours, nous avions notre façon de procéder. Sur nous trois, c’était Connor qui faisait leshow.Ilavaitcesensdurelationnelquimettaittoutlemondeàsespieds.S’iln’étaitpaslà,c’étaitOli.

Sinonmoi, pour finir. Je n’étais pas ungrand fande la prise deparole enpublic,mais je n’étais pasmauvais,mêmesijen’avaispasl’aisancedeConnoroulecharmed’Oli.C’étaitmonintelligencequimepermettaitdebriller.

—Maisc’estmoiquiaileplustravaillésurcedossier,contra-t-elleencontenantmalsadéception.

C’étaitlavérité,maisjen’étaispassûrqu’ellesoitcapabled’assurerunetelleprésentation.Elleétaitencorebeaucouptropspontanée.Sonmanquederetenueétaitloind’êtreunequalitéenpublic.

—Denousdeux,c’estmoiquimaîtriselemieuxl’anglais.

Mon motif n’était pas le meilleur, mais il était certain. Nous étions toujours dans le couloir et jepouvaismaintenantaffirmerqu’ellemetoisait.Sonregardflamboyaitetseslèvresseserraientenmêmetemps que ses doigts autour de son sac àmain. Je serrai un peu plus fort mes doigts dansmon dos.Pourquoiest-cequ’elleétaitsibelleencolère?

—Cen’est pasun argumentvalable, s’indigna-t-elle. Jeparleun trèsbonanglais, j’ai énormémentbossésurcedossieretjerefusedefaireànouveauofficedepotiche!

Savoixavaitlégèrementdéraillésurlederniermot.Jecomprenaissonbesoind’êtresurledevantdelascèneaprèsleboulotqu’elleavaitfourni,maisellevenaitunefoisdeplusdemeprouverqu’ellenepouvaitpas secontenir.Lepire, c’étaitque sonmanquede self-controlm’atteignait et jemesurprisàrépondreplusviolemmentquejenel’auraisfaitentempsnormal.

—Pasquestion,jerefusequetufassescetteprésentation,rétorquai-jeenhaussantletonàmontour.Tuaspeut-êtreunbonniveaud’anglais,maistuexplosesdèsquequelquechoseneteplaîtpas.Tupourraisgâchertouttontravailenagressantl’undeceshommess’ilavaitlemalheurdetecontrarier.

Ellefitunpasversmoiavantdemecrachersaréponse,horsd’elle-même.

—Impossible,personnenem’agaceautantquetoi!

—Etest-cequetusaisaumoinspourquoi?

Jem’approchaid’elle.Sapoitrinemetouchaitpresque.Nousétionstouslesdeuxessoufflés.

—Parcequetum’attiresbeaucouptrop,avoua-t-elleavechargne.

Latensionquenousnousefforcionsdecontenirdepuistroplongtempsexplosa.Jelaplaquaiaumurenme jetant sur sa bouche. Je retrouvai sa douceur et rapidement je reprismesmarques en caressant salangueaveclamienne.Mesmainsvagabondèrentsursoncorpspendantquelessiennesm’ébouriffaientlescheveux.Ellerépondaitàmeslèvresavidesavecautantd’empressementquemoi.J’avaistellementenvied’ellequeçamefaisaitmal,etj’appuyaimonérectioncontresonventrepourqu’ellelasente.Ellegémitdansmabouche.

Mes doigts se glissèrent dans sa poche d’où je sortis la clé de sa chambre. Je m’attendais à toutmoment à ce qu’elle proteste, mais lorsque je m’écartai d’elle, je pris de plein fouet ses prunellesfiévreuseset impatientes.D’unemainpresque tremblante, jedéverrouillai laporte. Jeme tournaiverselleetjepaniquaiintérieurementenvoyantsonairhésitant.

—Pasquestiondefairemachinearrière,déclarai-jed’unevoixrauqued’excitation.

Son regard chercha quelque chose dans lemien. J’anticipai son recul en lui attrapant le bras aussidoucementquepossible.Chosecompliquéedanslamesureoùjenepensaisqu’àluifairel’amourauplusvite.Cesimplecontactlamitentranseetellemesautadessus.Dansl’élan,laporteclaquaetcefutellequimefitbasculersurlelit.Voilàquiétaitprometteur!Ellesepositionnaàchevalsurmoi,medominantdesahauteur.Elleétaitmagnifique,toutedécoifféeetlesjouesrosesd’excitation.

—Nousallonsêtreenretard,merappela-t-elle.

Mondeuxièmecerveaumonopolisanttoutemonattention,jeprisdutempsavantdecomprendrequ’elleparlaitdenotreprésentation.

—Ons’enbalance,grognai-jeenlaretournantpourlaplacersousmoi.Ilspeuventbienattendredanslamesureoùnousavonsdequoileurfairegagnerdescentainesdemilliersd’Euros.

Jereprispossessiondesabouchepourqu’ellenepuisseplusprotesteretjel’embrassaijusqu’àcequenousenperdionshaleine.Monérectionnetardapasàvenirfrottersonentrejambe.Malgrél’entravedenospantalons,ellegémitense tortillant.Sesmains seglissèrent sousmavesteetelleentrepritdemel’ôter.Unefoisl’opérationréalisée,jemeredressaipourlaregarder.Elleavaitunsourirecoquinsurleslèvres et ses cheveux étaient répandus sur le couvre-lit. Lentement, je déboutonnai son chemisier enfrôlantsapeauultra-sensibleet réactive.Àchaquecaresse,ellese retenaitdegémir,maissachairdepoulenepouvaitêtredissimulée.

Sonsoutien-gorgeendentelleblanchememitausupplice,ilcontrastaitparfaitementaveclacouleurdesapeauetcequ’ilcontenaitseraitlemeilleurcadeauquej’aijamaisdéballé.Quandjeremarquaiqu’ils’enlevaitparledevant,jenemefispasprierpourl’ouvrir.Sesseinsétaientmagnifiques,etsespointessedressèrentdavantagelorsquejeleseffleurai.

Ellem’observaittandisquejegravaischaquedétaildesoncorpsparfaitdansmamémoire.Jeposaima paume sur l’un de ses seins, pile la bonne taille pourmoi. Je lui pinçai le téton, elle se cambraimmédiatement. Je plantaimon regard dans le sien et j’infligeai lemême traitement à l’autre, elle semorditlalèvre.Jesaisiscetteinvitationetjemepenchaisursapoitrinepourprendrel’undesestétonsentremes lèvres et le lécher. Son souffle se heurta tandis que j’aspirais la petite pointe et que je lemordillais.Jamaisjen’avaisgoûtédeseinsaussidoux,niaussichauds.Jeleuraccordaidoncunegrandeattentionqu’elleencourageaens’agrippantàmescheveuxetengémissant.

Lorsque les coutures demon pantalon furent sur le point de céder, jeme redressai totalement pourdéboutonnerlesienetglissermamaindanssaculotteassortieauhaut.Ellefermalesyeuxetelleinspiraprofondémentquandjel’effleurai.Sansménagement,j’enfonçaideuxdoigtsenelle.

—Tuestrempée,susurrai-je.

Elleseresserraautourdemesdoigts,jemevoyaisdéjàenelle.Jelesretiraisoussaprotestationetjeladéshabillaicomplètement.Allongéesurlelitetofferte,elleavaitlecorpsleplusparfaitquejen’avaisjamaisvu.

—Ettuesmagnifique,constatai-je.Encoremieuxquecequej’imaginais.

Etcombiendefoisjel’avaisimaginéeenprenantmadouche...Ellemesourittimidementetellefronçalessourcilslorsquesonregardparcourutmoncorps.

—Debout,ordonna-t-elleenseredressantàsontour.

J’obéis avec une excitation au sommet. J’étais heureux qu’elle prenne enfin un peu le contrôle.Totalementnuefaceàmoi,elleentrepritdemedéshabillerencommençantparmachemise.Elleglissalentementsesmainssurmesabdominaux,détaillantlehautdemoncorpsàsafaçon.

Elle poursuivit avec mon pantalon, totalement absorbée par sa tâche. Je lui passai l’obstaclechaussuresetchaussettesenlesôtantmoi-même.Ilnerestaitplusquemonboxer.Ellesemitfaceàmoi,affrontamon regard avecun sourire en coin et plaça sesmains surmes fesses.Demanière tout à faitcalculée,ellelebaissaens’agenouillantelle-même.J’étaisdéjàaucombledel’excitation,sielletentaitquoiquecesoit,jecraquerais.

Biendécidéàcequecemomentneseterminepasplustôtqueprévu,jemepenchaipourlasaisirparlesbrasetjelarelevaipourl’entraînerverslelitoùjel’allongeai.

Monérectionmefaisaitsouffrir,etlasavoirnueetprêteàmerecevoirn’aidaitpas.Maisnousétionstoutproche,ilrestaitundétailàrégler.

—Monderniertestremonteàquelquesjours,jesuisclean,annonçai-je.

Elleseredressasurlescoudesetjedusserrerlespoingstrèsfortpourpatienterletempsqu’ellemeréponde.Elleétaitleplusgrosfantasmequejen’aiejamaiseuetj’étaistellementdurquejesupporteraisdifficilementderetournerdansmachambrepourchercherunpréservatif.

—Rien à signaler demon côté non plus, dit-elle enme dévorant de ses prunelles, et je prends lapilule.

—Parfait,jepréfèrequeriennenoussépare.Lessensationsserontencoremeilleures.

Unerougeurapparutsursesjouesetellemefitsignedudoigtdelarejoindre.Jeglissaiungenouentresesjambes.J’avaisréellementenviedeprendremontemps,maismoncorpss’yrefusait.Elleécartalescuisses, je me penchai sur elle pour l’embrasser et je la pénétrai d’un coup. Elle se cambra et ellesoupirapendantquesoncorpss’habituaitàmoi.

—Enfin,soupirai-je.

Ses yeux se rivèrent aux miens et je commençai à bouger. Elle était tellement étroite que je lasoupçonnai de ne pas avoir fait l’amour depuis un longmoment. Encore un paramètre quimettaitmarésistance à rude épreuve...Mais je ne souhaitais pas la décevoir, je voulais qu’elle se souvienne denotrepremièrefoiscommed’unmomentagréable.

Elleenroulasesbrasautourdematailleetsesmainsvinrentcaressermesfesses.Jem’enfonçaiplusprofondément en elle, c’était divin. Je me penchai pour prendre son sein droit entre mes lèvres etj’entreprisdelemordiller.Ellehaleta,maiscen’étaitpassuffisant.Jenousretournaipourlapositionnerà cheval surmoi, elle cligna des yeux, surprise,mais elle semit rapidement à bouger. Je plaçaimonpoucesursonclitorisenobservantsaréaction,ellefermalespaupièresetrejetasatêteenarrière.Bien.

Jemeredressaipourreprendreundesestétonsdansmaboucheetjel’aspirai.Ellegémitbruyamment,parfait,etelleaccéléralemouvementdeseshanches.Unrâles’échappademagorge.Jepressaiplusfortmonpoucecontresonpetitboutondechair,enmecalantsurlerythmequ’ellenousimposait.Jelasentistrembler,sesmouvementsdevinrentsaccadésetelleseresserraautourdemonsexe.Ilnem’enfallaitpasplus pour suivre.La jouissance nous emporta tous les deux et elle s’écroula surmoi. Profitant de cetinstant, je laserraidansmesbraset je l’embrassaisur lefront tandisquenousnousremettionsdenosémotions.

Enfin,j’avaisfiniparl’avoir!

***

Nous arrivâmes à notre rendez-vous avec plus d’une heure de retard. Je prétextai un problème detransportetunnumérodetéléphoneerronépourjustifierqu’onnelesavaitpasprévenus.

Pendantqu’onserhabillait,Angyavaitgardé lesilenceetelles’étaitobstinéeànepascroisermonregard.Dans le taxi, nous étions tombés d’accord pourmener la présentation ensemble. Une solutiontellementévidente,etpourtantjenem’envoulaispasdenepasl’avoirtrouvéeplustôt,sanscettedisputenousn’aurionspassautélepas.

Toutsepassatrèsbienetjefussurprisparsonanglaispresqueimpeccable.Sonpetitaccentfrançaisnem’avaitpaslaisséindifférent,cequirenditlesheurescompliquées.Parfaitementàl’aiseaveclesujet,ellecharmaleshommesfaceànousquil’écoutaientavecuneattentionconstante.

—Allonsdînerpourfêterça,proposai-je.

—Ok,accepta-t-elleencontemplantunpointauloinderrièremoi.

JeprofitaiquenousnoustrouvionsdansleComtédeKerry,leplusadorablecoindel’Irlande,pourimproviserunebaladeenvoitureenpartantendirectiondu restaurant. Jecommentaiquelques lieuxetellesedétenditenobservantlabeautédupaysage.

Arrivésaupub,jelaguidaijusqu’àunetable.Ellefrémitlorsquejeposaimamaindanssondosetelletentahabilementde s’enéloigner,mais je résistai en lui agrippant lahanche.Elle s’assit demauvaisehumeur.

—Salut,moic’estEmma,noussalualaserveuse,qu’est-cequevousvoulezboire?

LajovialitédelajeunefemmearrachaunsourireàAngyetoncommandadeuxGuiness.Onrestadansle silence leplus total jusqu’à cequ’onnous amène lesboissons. Jedécidaideme lancer... enmêmetempsqu’elle.

—Ilfautque...

—Tyler,ce...

Onsetutetjerencontraisonregardhésitant.

—Vas-y,cédai-je.

Ellesoupiraetavalaunegorgéedebièreavantdeselancer.

—Cequi s’estpasséentrenous toutà l’heure... c’étaitunaccident,et jepréfèrequ’onoublie. J’aibesoindecetravailetjen’aipasenviededevoirlequitterparcequej’aicouchéavectoi.

—Leboulotn’arienàvoiraveccequis’estpassé,répliquai-je.

—Qu’onleveuilleounon,si.MêmesijebosselaplupartdutempsavecConnor,onsecroisetouslesjoursetonauradesdossiersencommun.C’étaituneerreuretçanesereproduirapas.

J’avaisenvisagél’idéequelamettredansmonlitcalmeraitmonattirancepourelle,maisçaavaiteul’effetcontraire.Jeladésiraisencoreplusqu’avant.

—Çanet’apasplus?demandai-je.

—Laquestionn’estpaslà...

—Réponds-moi,s’ilteplaît.

—Çaaétégénial,çateva?

—Pourquoiçatecoûteautantdeledire?Onestdeuxadultes,attirésl’unparl’autre,etonapasséuntrèsbonmomentaulit.Pourquoinepourrait-onpasrecommencer?

Sonvisage se ferma, aumêmemoment elle croisa ses bras sous sa poitrine.Qu’est-ceque j’auraisaiméprendrel’undesestétonsdansmabouchepourlasentirànouveausecambrercontremoi!

—Parcequ’onneseconnaîtpas...

—Jesuisunlivreouvert,contrai-je.

—Tuesmonemployeur...

—Jesuislarged’esprit.

—Arrêteça!Onnepeutpasrecommencer,c’esttout,alorsn’enparlonsplus.

Jen’insistaipas.Pasparcequ’ellemeledemandait,maissimplementparcequejesavaisqu’ellenepourraitpasresteréloignéedemoibienlongtemps.Notreattiranceétaitdecellequines’estompaitpas,elleneferaitques’amplifier,jusqu’ànousforceràrevenirl’unversl’autre.

~5~Attraction

Angy

***

—Cyn,jecroisquetunecomprendspasbiencequejetedis...J’aicouchéavecmonboss,cen’estpasgénial,c’estjustecarrémentflippantcommesituation.

Ellemebalançauncoussinavantd’éclaterderire.Elleprenaitçaàlalégèrealorsquej’étaishypersérieuse.Jeluiavaistoutracontéetelleavaittrouvéçacool,quejem’envoieenl’airaveclui.

—Parcequetuaseulemeilleurorgasmedetavie?

—Jen’auraisjamaisdûteledire,merenfrognai-je.

—N’aiepashonte,mabelle,ilsnesontpasnombreux,ceuxquiréussissentvraimentànousfairejouir.Aumoinsc’étaitunboncoup.

—J’auraispréféréquecenesoitpaslecas...

—Pourquoituluttesautantcontrelui?Ilteplaît,tuluiplais...alors,profitez.C’estpossibledesortiravecsonbosssitoutsepassebienetquelesrèglessontclairesencasderupture.

Jesoupirai,leproblèmeétaitplusprofond.

—Ilestintelligent,diablementintelligent,ilnecomprendraitpas.

Jen’avaispasbesoind’endirepluspourqu’ellesaisisselesensdemonangoisse.Cynenroulaunbrasautourdemesépaules.

—Oh,c’estçaquit’inquiète.Tuaspeurqu’ilnel’acceptepas?

Jehochailatête.Monfrèreétaitunobstaclequebeaucoupdemesexn’avaientpasréussiàsurmonter.

—Mêmesijen’aijamaisétéautantattiréeparquelqu’un,jenepourraispassupporterqu’illerejette.Ilestmaseulevéritablefamille.

—Jesais,soupira-t-elle.Hé,j’aiuneidée,tum’asditquetut’entendaisbienavecsonpote,Oliver,pourquoitunetenteraispasd’enapprendreplusauprèsdelui?

Jeréfléchisàsapropositionquin’étaitpasmauvaise.Jemesentaisàl’aiseavecOliveretilétaitlemeilleuramideTyler,siquelqu’unpouvaitmerenseignersursesintentionsc’étaitbienlui.Aprèstout,jen’étaispeut-êtrequ’uncoupenpassant.Ouais,l’espoirfaitvivre.

***

Aprèsunweek-endprincipalementpasséauprèsdemonfrère,jesuivisleconseildeCynetj’invitaiOliver à déjeuner avecmoi dès le lundimatin. Tyler avait occupémes pensées, nuit et jour, et je necessais de revivre ce qui s’était passé dans la chambre d’hôtel avant notre rendez-vous.Ça avait ététellement intense. Et puis j’avais réfléchi, et j’avais eu peur. J’avais couché avecmon employeur, etsûrementl’undeshommeslesplusincapablesd’acceptermaseulefamille...

Jem’étaismentienmerépétantquejeregrettaiscequ’ils’étaitpasséentrenous,quej’auraispeut-êtrepu l’éviter, jusqu’à tomber d’accord avecmoi-mêmepour dire que ça serait arrivé tôt ou tard. Jemeconvainquisaussiquej’avaisprislabonnedécisionenchoisissantdenepasentamerunerelationaveclui.Résultatdetoutcetravailsurmoi-même:j’étaisrestéeenferméedansmonbureautoutelamatinéepouréviterdelecroiser.Jenesortisqu’àl’heuredudéjeuner,enrasantlesmurspourtenterdefusionneraveclapeinture.

—C’étaitbienl’Irlande?demandaOliver.

Jemanquaidem’étoufferavecmonburritoenremarquantsonairamusé.

—Tym’aracontéquevousaviezfaitunesuperéquipe,poursuivit-ilenvoyantque jenerépondaispas.

—Euh,oui,laprésentations’estbiendéroulée.

JebusunegrandelampéedeCoca.

—Etsitumedisaiscequetuveuxsavoir.

Jemetortillaisurmachaise.Oliveravaitunecapacitéeffrayanteàperceràjourlesgens.Toutàcoup,jedoutaiquecesoitunebonnechosedepasserparsonmeilleuramipourobtenirdesrenseignements.

—Rien,rien,jenechercherienàapprendreenparticulier.

—Angy, tss, tss, tss,onseconnaîtmieuxqueça...Etpuis j’étaisavecTyler toutela journéed’hier,alorsj’aiunepetiteidéedecequitetracasse.

Jerougisenmedemandantjusqu’àquelniveaudedétailsilsétaientallés.

—J’ignorecequi sepasseentrevousdeux,maisçan’apas l’air simple.Tyestquelqu’und’assezsecret,ilmaintientunecertainedistanceaveclesgensquil’entourent.Ilatoujoursétécommeça,mêmeavecmoi...Maisc’estaussiquelqu’undedéterminéetjenel’aijamaisvurésoluàcepointdansl’idée

d’obtenirquelquechose,ouplutôtquelqu’un.

Jenesavaispassij’avaisdéjàétéaussimalàl’aisedetoutemavie.

—Ilm’adéjàeue,marmonnai-je,lesjouesenfeu.

Oliveréclataderireetjemedéridaiunpeudevantsabonnehumeur.

—Cequevouspouvezêtrecompliquéstouslesdeux.

—Aucontraire,j’aiessayédetoutsimplifierenluidemandantd’oubliercequis’étaitpassé.

Oliverm’adressaunregardindulgent.

—Tyn’étaitpasjustedéterminéàtemettredanssonlit,maisilnelesaitpasencorevraiment.

Voilàquiéclairaitmalanterne...

***

De retourde cettepausedéjeuner étrange, je reprismaplacederrièremonbureauet jem’absorbaidansmonboulot.Enfindejournée,jereçusuncoupdefildel’accueilquim’annonçaitqu’ilyavaitunelivraisonpourConnor,maisquecederniernerépondaitpasautéléphone.Enmêmetemps,çaauraitfaitloindepuisl’Espagne...Jedescendis,lelivreurétaitencorelà,attendantqu’onluisignesonpapier.Jelesaluai et je me retins de demander à l’hôtesse pourquoi elle n’avait pas simplement tamponné ledocumentetrécupérélepaquetelle-même.

—Bonjour,j’aiuncolispourmonsieurConnorBenson,annonçal’hommeàlachemised’unegrandeenseignedetransport.

—Ilestactuellementendéplacement.

— Je ne suis pas censé le donner à quelqu’un d’autre, expliqua-t-il en s’accoudant au comptoir del’accueil.

—Je travailleavec lui, jepeux leprendremaintenant,çavouséviteraderefaireune livraisonplustard.

—Çanemedérangepasderepassersic’estvousquirevenez,répliqua-t-ilavecunregardgourmand.

Je fronçai les sourcils et je remarquai que ce type qui me faisait du rentre-dedans était du genredragueur avec son sourire de pub de dentifrice et sa casquette posée sur ses cheveux savammentdécoiffés.Unemainseglissaentre le livreuretmoipourattraper lestyloetsigner.Je levaiunregardsurprisversTylerquiaffichaitunvisageonnepeutplusmenaçant.

—Laissezcecolisàl’accueil,Connorviendralechercheràsonretour,dit-ilsèchementaulivreurquinerétorquapas.

Ses prunelles pénétrantes se posèrent surmoi, et malgré la colère qu’il dégageait, une envolée depapillonspritplacedansmonestomac.

—Angélique,dansmonbureau.

Ilpartitcommeunefuséeetjen’eusd’autrechoixquedelesuivreenmodepetitefoulée.Pasfacileavecdestalonshauts.Tylers’arrêtadevantlaporteetilmefitsigned’entrer.J’avançaiavecunecertaineappréhension, il ferma derrière lui. Je restai plantée aumilieu de cette grande pièce auxmurs gris etblancs,simplementoccupéparunbureauetdumatérielinformatique.Lerangementyétaitquasimilitaire.Jeréalisaiquec’étaitlapremièrefoisquejepénétraidanssonbureau.

—Assieds-toi,ordonna-t-ilavecsonaccentplusprononcéqued’habitude.

Savoixclaquadanslesilence,jedevaisavouerqu’ilétaitimpressionnant.Sonregarddur,saposturetendue,sesépaulescontractées,toutenluirespiraitlafroideuretjenesavaispaspourquoi.Jem’installaisurl’unedeschaisestandisqu’ilprenaitplaceenfacedemoi.L’inquiétudegrimpaenmoi.

—C’étaitquoi,ça?

Jeclignaidesyeux,necomprenantpaslaquestion.

—Aveclelivreur,précisa-t-ilenserrantlesdents.

—Jen’auraispasdûrécupérercecolis?l’interrogeai-je,incertaine.

Tylerfronçalessourcils.

—Jemefichedececolis,jeteparledufaitquetuflirtaisaveccetype!

Ilfrappalebureaudupoing,ilavaitdesdifficultésàcontenirsajalousie.JeneconnaissaispasTylerdepuislongtemps,maiscen’étaitpaslapremièrefoisquecesentimentl’emportaitsursonself-control.Je n’avais jamais supporté la possessivité, çame ramenait au rôle d’objet.Ma colère remplaçamesdoutesetmescraintesfaceàTyler.

— Premièrement, je ne flirtais pas avec le livreur, il s’est simplement montré un peu dragueur,commençai-jesèchement.Deuxièmement,sijeveuxflirteraveccetypeoun’importequelautrehomme,j’en ai totalement le droit. Troisièmement, je t’interdis deme faire une scène, ou tout ce qui peut enapprocher.

J’étaisàboutdesouffled’avoirparléavecautantd’empressement.Tyleravaittoujoursunregarddur,ilselevaetilfitlentementletourdesonbureau.Jenemelaissaipastromper,c’étaitlecalmeavantlatempête...Ils’assitsurlachaiseàcôtédelamienneetilposasescoudessursesgenoux.

—Jesuistotalementconscientquelefaitd’avoircouchéavectoinemedonneaucundroit,avoua-t-ilà contrecœur.Mais réponds sincèrementàcettequestion : comment réagirais-tu si tumevoyais flirteravecuneautrefemmesoustonnez?

Sonregardseplongeadanslemien,ilattendaitlavérité.

—Ok...j’auraisdumalàlesupporter,soupirai-je.

Tylerposasesdoigtssurmacuisse,monsouffleseheurta.

—Tusaispourquoiaucundenousdeuxn’arriveàtolérerça?

Jesecouailatête,incapabledesortirunmottantj’étaisfocaliséesurlachaleurdesamainquifiltraitàtraversmonpantalon.

—Parcequ’ilyacetteattiranceennous,cesentimentinexplicable.Tusenscommecesimplecontactnousperturbe,ajouta-t-ilendéplaçantsamainversmongenou.Etcommeilnousmanquequandiln’estpluslà.

Il retira ses doigts et je ne pouvais qu’approuver ses propos, le vide était bien présent. Il medévisageaitavecsonregardsipénétrant.Jefrémisetjemepenchaiverslui,totalementhypnotisée.Ilnebougeapasd’unpoucetandisquejem’approchai.Ilréagitseulementquandjeposaimeslèvressurlessiennes.Ilmepritparleshanchessansromprenotrebaiseretilmetirasursesgenoux.Emportéeparletourbillondemesémotions,jel’embrassaiàenperdrehaleine,sentantmoncorpss’échauffer.Sesmainsseglissèrent sousmonhautpourmecaresser, je retinsungémissement enme rappelantqu’onétait auboulot. Jemedécrochaide lui,mais jenequittaipasses jambesoù j’étaiscoincéeàcausedubureaudansmondos.

—Maintenantquetathéorieducontactestprouvée,jepeuxretournertravailler,déclarai-jed’unevoixtremblante.

Le souffle de Tyler sur mon visage attira mon attention une fraction de seconde sur ses lèvresentrouvertes,mauvaiseidée...Jelevailesyeuxverssonregardbrûlant,pireinitiativedelajournée!

—Jenecroispasavoirassezdéfendumathéorie,répliqua-t-ild’untimbrerauquededésir.

Ilmesoulevapourm’asseoirsursonbureau,puisils’éloignapourfermerlaporteàclé.Jeserrailescuisses par anticipation, je n’avais aucunement dans l’idée de l’arrêter. Face à lui, toutesmes bonnesrésolutionsétaientanéanties.

—Quepenses-tud’approfondirleschoses?proposa-t-ilenrevenantversmoi.

Ilattrapamesjambespourlesécarteretilseplaçaentreelles,leregardremplid’impatience.

—Jecroisqu’ilseraitintéressantquenoustravaillionstouslesdeuxsurlesujet.

Jelesaisisparlaceintureetjel’amenaiàmoijusqu’àcequenouséchangionslepluslongbaiserdetous ceux que nous ayons échangés. Il se débarrassa de sa veste de costume en deux coups d’épaulesavantdemedélesterdemonhautquejetrouvaisaussidetrop.Letissun’étaitpasaussiagréablequesesmains. Jem’attaquai ensuite à sa chemise en dévorant sa bouche avide de lamienne. Quand elle futtotalementdéboutonnée,jecaressaisonventremusclépuissespectorauxsibiendessinés.MonDieu,cethomme était la perfection incarnée. Il s’écarta demoi pour terminer de faire tomber le vêtement et ilcontournasonbureau,alorsquej’étaistoujoursposéedessus,haletante.Jesursautailorsquejesentisses

mains dégrafer mon soutien-gorge, j’étais à fleur de peau. Puis il frôla chacun de mes seins pouraccompagner leboutde tissudanssachute.Jesoupirai tandisqueses lèvresvinrentà la rencontredemoncou.Ilmetiraenarrièrejusqu’àcequejesoistotalementallongéeetilmecaressaenrefaisantletour.Sonvisagegraves’orientaversmonpantalonencorebienàsaplace.Ilreposasesmainssurmesgenouxet il les remontaversmescuisses,ensepenchantpourvenirprendremon tétondroitentreseslèvres. Jeme cambrai tandis qu’il lemordillait sansménagement. Sa bouche se retira,me laissant unsentiment de vide, pour redescendre lentement surmon ventre, puis versmon nombril et enfin elle seheurtaàmonpantalonqu’il s’occupaitdéjàdedéboutonner. Je soulevai les fessespour lui faciliter latâche et finalementme retrouver totalement nue face à lui,mes chaussures ayant atterri au sol avec lereste.Tylerserelevapourm’observer.

—Tuesunfantasmevivant,chuchota-t-il,pluspourluiquepourmoi.

Pourmoi,c’étaitlui,lefantasmevivant.Ilétaittellementbeau,ethabiledesesmains,desabouche…Àtelpointquej’étaisdéjàenfeuetprêteàlerecevoir.

—Déshabille-toietviensmerejoindresurcebureau,dis-jeenmeredressant.

Il sourit devantmon impatience et il déboutonna lentement son pantalon. Son regard était à la foisemplidedésiretdedéfi.Sedemandait-ilsij’iraisjusqu’auboutcettefoisencore?

—Debout,ordonna-t-ilenmelaissantletempsdem’exécuter.Tourne-toi.

J’obéis,nueetfrémissante.Lerebordglacédubureautombaitpilesurlapartielapluschaudedemonanatomie.Undétailperturbanttantilétaitstimulant.

Jelesentisseplacerdansmondos,unedesesmainssesaisitdemagorgepourmeforceràtendrelecouenarrière.Ilmemordillal’oreille,provoquantunsoubresautdélicataufonddemoi.

—Mmh,cequetuessensible,susurra-t-il.

Ilmepenchaenavant,dansunepositionàlafoisvulnérableetdiablementexcitante.J’entendislebruitdu tissupuis j’oubliai tout lorsqu’ilmepénétrad’uncoupde reinspuissant, l’amenant loinau fonddemoi. Jenepus reteniruncrique j’étouffai avecmonbras. Il commençaàbouger lentement, lesmainscrispéessurmeshanches,puisilassurasapriseenattrapantmescheveuxetilmepilonnasursonbureau.Le bruit de la chair qui claque emplissait la pièce. Je dusm’accrocher au rebord tant les sensationsétaientintenses.Jeserrailesdentspournepashurlerdeplaisir,maisjenepouvaispasempêcherdeuxoutroisgémissementsdem’échapper.Quandilaccéléra,jesentisqueçamontait...

—Plusfort,soufflai-je.

Ilposaunemainsurmondosetilaccédaàmarequête.Jemismonbrasdevantmaboucheetjememordispournepasexploserbruyamment.Ilgrognaàsontour,puisildonnalesdernierscoupsdereinsquil’amenèrentloindanslaspiraledelajouissance.Tylers’écroulasurmondos,sontorsesegonflantaurythmedesarespirationsaccadée.

Il déposa un baiser dans mon cou et il se releva rapidement. J’en fis de même, mais mes jambesmanquaientdemelâcheràtoutmoment.Tyleravaitdéjàreboutonnésonpantalonetnousnousrhabillions

ensilence.Jedétestaiscemomentdegêne,oùl’onréalisaitcequ’onavaitfait...

Jevenaisànouveaudecoucheravecmonboss,j’avaisencorecédéàcetteattraction.Jem’envoulais,et à la fois je savais que je n’aurais pas pu résister. Je jetai un coup d’œil à Tyler qui me tournaitmaintenant ledos.Ilétaitabsorbépar lavuequeluiprocuraitsafenêtre.Cetteattitudemeperturbaauplushautpointetjequittaisonbureausansquenouséchangionsmêmeunregard.Ilnesemblaitpasplusenclinquemoiàassumercequ’ilvenaitdesepasser.

~6~Relationdurable

Tyler

***

Toutelasemaine,nousnousétionsévitésavecuneapplicationeffrayante.C’étaitunvéritableballet.Quandj’avaisréaliséquej’avaiscédéàmespulsionsdansmonbureau,çanem’avaitpasplussurprisqueça, cette femmeme faisaitperdre le contrôle.Cequi avait été leplusdur à encaisser, c’étaitquej’avais ressenti unbien-êtreque jen’aurais jamais cru atteindreun jour.Laprendreunenouvelle foisauraitsimplementdûsatisfairecettefoutueattractionentrenous,deuxfoisauraientdûsuffire!

Jevidaismon troisièmeverredewhiskyquandOlidébarquachezmoi.Luiaussi, j’avaisessayédel’éviter cette semaine.Leproblème,c’étaitquenousnenousétionspasmisd’accordetqu’il insistaitpourmefaireparler.

Ilavisalabouteilleàmespiedsavantdepartirdanslacuisineetdereveniravecunverrevide.Ilseversaunedoseraisonnabled’alcooletils’assitdansunfauteuil.

—Tucomptesboiretoutleweek-end?demanda-t-ilenavalantunegorgée.Parcequejenesuispascertaindepouvoirtesuivreplusdequelquesheures.

Jemeservisunenouvellelampéedewhisky,çam’aidaitàmoinsréfléchir.Cettefemmememettaitlecerveauenébullition.Enfin,plusqu’ilnepouvaitl’êtred’habitude.

—Jesuisadulte,jefaiscequejeveux,marmonnai-je.

Olisecaladanssonfauteuil,ilnepartiraitpasdesitôtetjeleconnaissaistroppournepassavoircequesonairsérieuxsignifiait.Quandilétaitcommeça,ilessayaittoujoursdem’avoiràl’usure.

—TuesaucourantducambriolagedelabijouterierueAl...

—Oli,tut’enfous...

Unsourireamusésepeintsursonvisage,jevenaisdemefaireavoir.

—Etalors ?Toi aussi, tu t’encognes.Mais si j’aborde le sujetAngy, tuvas te fermercommeunehuître.

Simplemententendresonprénommefitleverlecoudesihautquejevidaimonverre.

—C’estbienceque jedisais ! Je teparled’elleet tu tesaoules.Ellen’estpasmieuxquandnotrediscussionteconcerne...

—Tu lui as parlé demoi et elle s’est noyée dans l’alcool ?! répliquai-je plus vivement que je nel’auraisvoulu.

J’étaispitoyable,Olidevait se frotter lesmains intérieurement. Il adoraitpsychanalyser lesgens, etdansmonétatactuelj’étaislecasidéalpourlui.

—Non,elleaengloutiunénormehamburger,uneassiettedefritesetunfondantauchocolat.

Àchacunsesdérivatifs...Quoiqu’ilensoit,ellecommemoin’étionsplustrèsbiendansnotrepeaudepuisqu’ons’étaitrencontrés.Danstoutemavie,j’avaisfaitlaconnaissancedebeaucoupdefemmes,etaucunenem’avaitmisdanscetétat.LejouroùConnoraacceptélecontratdesonancienpatron,j’auraismieuxfaitdelelaisseryaller...Jen’enseraispaslà:dansmonsalonàviderunebouteilledewhisky.

—Jenecomprendspascommentçaapuenarriverlà,soupirai-je.

Oliappuyasescoudessursesgenouxetilmelançaunregardcompatissant.

—C’esttoutleproblème,tucherchesàsaisirquelquechosequines’expliquepas.

Jefronçailessourcilsetjeposaimonverre,sansmeresservir.Saremarquemefitressentirlebesoinurgentd’avoir les idéesclaires.Si jenecomprenaispascequim’arrivait, jenesortiraispasdecettespiraleinfernaledanslaquelleAngyétaitaucentre,avectouteunepaletted’émotionsautourd’ellequimepercutaientlesunesaprèslesautres,sansrelâche.Ilétaitnécessairequejeparleàquelqu’undecequ’ilm’arrivait,etOliétaitmonmeilleurami,ilcomprendrait,etsurtoutilm’aideraitàcomprendre.

—Cettefemmemeretournecomplètement,depuislepremierjouroùjel’aivue!Quandellen’estpaslà, j’ai envie de la voir. Quand je suis avec elle, j’ai envie de la toucher tout le temps, de lui fairel’amour et de ne plus la laisser repartir.Mais d’un autre côté, c’est totalement irrationnel, jeme suistoujourspassédessentimentsetlescoupsd’unsoirmesuffisaient.Jenecomprendspas,etpourtantj’enaibesoin.Jedoisarriveràdécryptercespulsionsquim’envahissentàchaquefoisquejepenseàelle,etlescontrôler...Jesaisquetuasraisonetquecen’estpaspossible,maisjefonctionnecommeça.Situm’enlèvesmalogiqueetmacompréhension,ilnemeresteplusrien.

Dépassé,jemeprislevisageentrelesmains.L’alcoolralentissaitmesgestes,jemesentaisengourdi.

— Tu n’as pas pensé que ce que vous étiez en train de vivre, c’était ce que beaucoup de monderecherchait?

Jesecouailatête,perdu.

— Tu me parles d’elle comme d’une femme exceptionnelle, de la seule qui ait réussi à te faireraisonneravecautrechosequetaqueue.Etelle,ellen’arriveplusàêtrecohérentelorsqu’ils’agitdetoi.Quandellenefuitpaslesujet,elles’emballeetellebafouilleàchaquefois!Vousnepouvezpasvousempêcherdevousjeterl’unsurl’autrelorsquevousêtestouslesdeux.Oui,tonbureauestjusteàcôtédumienetladiscrétionn’estpasvotrefort...Bref,cequejeveuxdire,c’estqu’ilfautquetuouvreslesyeuxouqu’ellelefasse,maisçavaêtrenécessairesitunetienspasàdeveniralcooliqueetelleobèse.

Ouvrirlesyeuxsurquoi?Notreattirancecommune?Monbesoindelatoucher?L’enviedel’avoirprès demoi quime tuait lorsqu’elle n’était pas là ?Cette sensation tellement agréable quand ellemesouriait?Mahaineenverslesautreshommesquilaregardaient?…Merde,j’étais...Sivite?Non...Lastupeursepeignitsurmonvisage.

—Ilcomprend!Çayest!Jen’auraispascruqueceseraitsirapide,semoquaOli.UnQIde180n’estpasdetroppourdécouvrirqu’onaeuuncoupdefoudre.

—Non,non,non,non,pasquestionqu’unetellechosem’arrive.Jen’aipasdeplacepourunefemmedansmavie!Jetravailletroppourça,etjesuissatisfaitdemasituationactuelle.Pourquoiest-cequejevoudraisqueçachange,hein?paniquai-je.

Oliterminatranquillementsonverreetillereposasurlatable.

—Temorfondreettenoyerdanslewhiskyensongeantàcellequit’obsèdeterendaussiheureuxquedetoutfairepourl’avoirprèsdetoi?Sielleétaitici,tucroisquetuseraisdanscetétat?Decequej’aientendu,vousavezsacrémentaimévotredernierpetittête-à-tête.

Jen’allaispasnierquenousavionsprisnotrepied,etquelquepart,j’étaiscontentqu’ilaitsuqu’elleaussi.Çaéclaircissait sesnon-possibilitésavecAngy....Putain, j’étais encoreplusatteintque jene lepensaissijecommençaisàvoirunrivalenOli.Ilfallaitquejetrouveunmoyendecontrôlerneserait-cequemajalousie.

—C’estbon, j’ai saisi.Mais je faisquoimaintenant?Aprèsplusieurs joursà l’ignorer, je reviensdanssonbureauetjeluiproposequ’ondîneensemble?Putain,j’aisacrémentmerdé!

Olinefitaucuncommentaire,c’étaitlogique,j’avaisfoirémesdébutsavecelle,maisjecomptaismerattraper.Oui, c’était ça la solution, j’incluraisAngydansmavie.Elle seraitmaLilyet je serais sonJohn,iln’yavaitpasd’autrepossibilité.Commentest-cequej’avaisfaitpournepascomprendreçaplustôt!J’auraispupasseràcôtédelafemmedemaviesansm’enrendrecompte,quelidiot!

—Çanevapasêtreévident, elle apeur...vraiment,déclaraOli encroisant sesmains. Jen’aipasréussiàcomprendred’oùçavenait,maiselleaune trouillepaspossibled’avoirune relationnormaleavectoi.

—J’arriveraià la fairechangerd’avis,mebutai-je. Je rattraperaimesconnerieset je la rassureraipourqu’elleentredansmaviesansrisque.

***

Lelendemainfutdifficile.Oliétaitrestéjusquetarddanslanuitetlabouteilledewhiskys’étaitvidée,ainsi que sa petite sœur.Mon crâneme faisait souffrir, mais tant pis, ces quelques heuresm’avaientpermisdecomprendrequejenepouvaispaslaisserAngypartir.Cetteconclusionvalaitbientouteslespiresgueulesdeboisréunies!

Nesupportantplusderesterenfermé,jequittaimonappartementpourrespirer.Plusjem’éloignaisdemonquartieretpluslesruesétaientremplies.Généralement,lesamedijetravaillais,celui-ciseraituneexception.Jen’étaispasenétatdemeconcentrer.

L’airfraismefitdubienetjemarchaipendantuntrèslongmoment,allantlàoùmesjambesdécidèrentdemeconduire.Quandilcommençaàpleuvoir,j’étaistroploindemonappartementpoursongeràfairedemi-tour,alorsj’entraidansungrandcentrecommercial.Iciaussi,çaferaitl’affaire.

Jemebaladaidanslagalerie,mespenséestoutestournéesversAngy.Olim'avaitconfiéqu’elleétaiteffrayéeà l’idéed’entamerunevéritable relation,mais sansenconnaître la raison. Jeme forçaiàmeconcentrer sur le sens de la phrase plutôt que de tenter de comprendre comment il avait pu lui faireavoueruneinformationsiprivée...Elleavaitpeur,maisdequoi?Del’engagement?Jenecomptaispaslademanderenmariage!Dechangerseshabitudes?Héalors,moiaussi,nouspourrionsprogressertouslesdeux !Àmoinsque cene soit autre chose,maisqu’est-ceque çapouvait être ? Il pouvait existertellementdecausesàcela...

Jem’appliquaisàéliminertouslesobstaclesquandl’impossibleseproduisit.Jelarepéraiavecuneautrefemme,assiseauBen&Jerrydevantcequiavaitdûêtreuneénormeglace.Jemismoncerveauenveille, et jemedirigeaidroitvers sapetite table.Toutes les autres autourétaientdésertes,mais raresétaientlespersonnesquidévoraientdeslitresdecrèmeglacéeàdixheuresdumatinunsamedi.

Elle levason regardversmoi,commesi je l’avaisappelée,et jevis la surprisesepeindresursonvisage.Cequ’elleétaitbelle...Puiscefutl’inquiétudequibrilladanssesyeux.L’autrefemmes’aperçutdesonchangementd’attitudeetellesetournaversmoienmedétaillant.EllerevintversAngyàquielleposa une question, cette dernière acquiesça. Je n’étais plus qu’à quelques pas de leur table, et plusdéterminéquejamais.

—Angy,quellebonnesurprisede te trouver ici,déclarai-jealorsqu’unplansedessinaitdéjàdansmonesprit.

Elleenrestabouchebée.

—Cynthia,seprésentacellequil’accompagnait.Sacolocataire.

—TylerLewis,répondis-jemachinalementsansquitterAngydesyeux.

Jeserrailamaindelajeunefemmequisouriaitdetoutessesdents,unairmalicieuxquinefutpassansmerappelerOliquandilavaitquelquechoseentête.

—Prenezmaplace,Tyler,déclara-t-elledevantlevisagesidérédesonamie.Angy,jevaisdanscemagasinqu’onarepéréunpeuplushautdanslagalerie.Tusais,celuiquinetedisaitrien.Jeseraideretourdansunquartd’heure.

Ellenouslaissatouslesdeux.CetteCynthiameplaisaitdéjàbeaucoup.Elleétaitl’amiequiforçaitàaffronterleschosesenface,làencorecenefutpassansmerappelerOli.

Angycroisasesbrassoussapoitrineetellesefermafaceàmoi.Jedétestaislavoircommeça,sursesgardes,maisjenepouvaisquemelereprocher.Sij’avaisétémoinscon,nousn’enserionspaslà.

—Tacolocataireal’airgentille.

—Ellel’étaitjusqu’àmaintenant,grommela-t-ellesansdesserrerlesdents.

Ellem’envoulaitplusquejenelepensais.Qu’àcelanetienne,j’allaisredresserlabarre.Pourcela,jedevaismemontrerfranc,etdirect.Lesnouvellesbasesdenotrerelation.

—Pourquoiest-cequetum’asévitécettesemaine?

Ellefonçalessourcilsetellepinçaleslèvres.

—Jeteretournelaquestion,répliqua-t-elle.

Elleacceptaitd’enparler.Unbonpoint!

—Parcequejenesuisqu’unimbécile,etjetiensàteprésentermesexcuses.

Ellem’observaensilence,lasurprisepeintesursestraits.

—J’accepte,dit-elleauboutd’unmoment.

—J’ensuiscontent,maistun’aspasréponduàmaquestion.

— Je t’évite parce que c’est mieux comme ça. Je t’avais prévenu que nous devions garder nosdistances,ettunem’aspasécoutée.Cevoyaged’affaires,cette...convocationdanstonbureau,c’étaitdetrèsmauvaisesidées.Onferaitbiendetoutoublieretdes’ignorerlepluspossiblejusqu’àcequeçasecalme.Etsiçan’arrivepas,jedémissionnerai.

Lacolèreprit ledessusà l’évocationdu faitqu’elleveuillecouper lespontsavecmoi,mais jememaîtrisai.Seulemamâchoirecontractéepouvaitmetrahir,jemeforçaiàladesserrer.

—Ilsembleraitquetuasbienréfléchiàlaquestion,répliquai-jeavecuneneutralitéartificielle.

—Oui,etjepensequ’onsefaciliteleschosesenagissantcommeça.

—Jen’aipasditquej’acceptaistonchoix,précisai-je.

Sesprunellesflamboyèrentetelleperditlecontrôle.

—Parceque tu croisque c’est uneproposition?!Quand tum’as laisséepartir de tonbureau, sansmêmeunregard,tuaspristadécision!Jerefusedemefairesauterparmonbosspourqu’ensuiteilfassecommesijen’existaispas!

Quelquespassantsdanslagaleries’arrêtèrentpournousobserver,Angyrougitjusqu’auxoreilles.

—Bref,tuvoiscequejeveuxdire,marmonna-t-ellepluscalmement.

Oui,jecomprenais,jel’avaisfrappéeenpleindanssonamourpropreetjenepouvaispaslablâmerpoursaréaction.

—Laisse-moit’expliquer...

—Jesensquejevaisrire,essayedoncdejustifiertoncomportementdeconnardfini.

Elleétaitbelleencolère, j’avaisenviede la toucher,de l’embrasser,et jedétestaisqueçamesoitimpossibleoumêmel’idéequ’ellepuissemerejeter.

— C’est bien mérité... Mais si tu prenais le temps de m’écouter, je t’ai présenté mes excuses,répliquai-je en levant lamainpour la calmer alorsqu’elle allait protester.Tout ça, çanous est tombédessus.On n’a rien géré du tout. Jusqu’à hier, j’étais incapable de voir plus loin que lesminutes quisuivaientavectoi,maismaintenant,c’estdifférent,jesaiscequejesouhaite.Etc’esttoi.Jeneveuxpasqu’onsecacheauxyeuxdesautres,qu’onseposedesquestionsàn’enplusfinirsurcequisepasseentrenous.Onpeutavoirunerelationdecouplenormale.

Jem’attendaisàcequ’ellesoitsurprise,ouàcequ’ellemegueuledessusànouveau,maisellen’enfitrien.Ellerestafigéecommeunestatuependantunmomentquimesemblainterminable.

—Cen’estpasunebonneidée,finit-elleparlâcheravecunmanquedeconvictionévident.

— Je n’ai pas dit qu’elle l’était, je pense seulement qu’il faut qu’on se laisse une chance commen’importequelhommeouquellefemmequiserencontrentetquiseplaisent.

Elle médita ma requête. J’étais plus tendu que jamais, et suspendu à ses lèvres que je brûlaisd’embrasser.

—Jevaisyréfléchir.

Jen’enattendaispasmoinsvenantd’elle.

~7~Ultimatum

Angy

***

QuandCynrevint,elleéchangeaquelquesmotsavecTyler.Jen’avaispaslamoindreidéedecequ’ilss’étaientracontés,j’étaisencoresouslechocdesapropositionetmespeursmeparalysaient.Jesursautailorsqu’ildéposaunbaisersurmajoue,puisjemeretrouvaiseulefaceàmonamie.

—Tum’avais dit qu’il était canon, t’étais loin de la vérité ! Ce type est une bombe nucléaire, ilpourraitravagerunquartiertoutentierd’unseulclind’œil!

Elleétaittouterougeetelles’éventaitdelamain.Jenel’avaisjamaisvudansunétatcomparable.Ok,Tylerétaitàtomber,maisc’étaitchassegardée.Enfin,pourlemoment.Oupas.Argh,mêmemespenséeslesplussimpless’embrouillaient!

—Cyn,situnetecalmespastoutdesuite,jetebalanceunverred’eauàlafigure.

—Jalouse?demanda-t-elleavecunsouriredontjen’étaispascomplice.

Jeroulaidesyeux,absurde...

—Jenepensepasqu’ilyaitdequoi,soupira-t-elleplussérieusement.Cetypeestdinguedetoi.Tuverraislesregardsqu’iltelance!Àtaplace,çam’intimiderait.Ilesttellement...waouh.Enfin,tulesaisdéjà.

—Tuesvraimentallédanscemagasinoutuastraînédanslecoinpouressayerd’entendrecequ’ilmedisait?lasoupçonnai-je.

Ellesoupiracommefaceàuneenfantquinevoulaitpasadmettreuneévidence.J’enviaisacapacitéàassumerparfaitementtoutcequ’ellefaisait.

—Àtonavis?N’importequellemeilleureamienet’auraitpaslaisséecomplètementseulefaceàuntypequiteretourneàcepoint.

—Ilnemefaitpaslemoindreeffet,grommelai-je,demauvaisefoi.

Cynpritsonairagacé.J’étaisvraimentstupidederéagircommeçaavecelle.

—Ahnon,nejouepasàça!Jet’airamasséeenlarmessurlesoldelacuisinelejouroùilt’abaiséedanssonbureau.Ettouslesautressoirsquiontsuiviparcequevousêtesassezconstouslesdeuxpourvousignoreretvousfairesouffrir.

Jebaissailatête,soudainementhonteuse.

—Ok,tuasraison,maisjepensequejedevraisdémissionner,çaseraitplusprudent.

Cynthiaplissalesyeux.

—Dequoivousavezparlé?

Jebloquailacarapacequitentaitdem’envelopper,Cynétaitmonamieetmonsoutien.Etpuisellenemelâcheraitpastantquejeneluiauraispasrépondu.

—Ils’estexcuséetilm’aproposéunerelationnormale.

Ellesouritdetoutessesdents.Iln’yavaitaucuneraison.

—C’estgénial!Ànosâges,oncherchetoutesleprincecharmant,ettoituledénichesauboulot.J’ailusurInternetquetrentepourcentdescouplestrouveraientl’amourautravail.

—Cyn,jem’enbalancedesstats.Tyler,c’estloind’êtreunbellâtremondainetcul-serré!

— Tout de suite... Je ne parle pas du béni-oui-oui deCendrillon. Mais d’un mec, un vrai... quin’hésiteraitpasàtefaireprendretonpieddanssonbureau.

Mesjouess’échauffèrentàl’évocationdecemoment.

—Etaprès!Tuoublieslasuite!Quandilm’atotalementignorée...

Ellesouffladedésespoir.

—Labelleaffaire,iln’estpasl’hommeparfait...Chacunasesdéfauts,onatousnosfaiblesses.Etjevaistedire,mavieille,moi,ceTyler,jelesensbien.

—N’importequoi...

Je croisai les bras, exaspérée, avant d’entamerdes fouilles dansmon sacpour trouver le billet quirégleraitlanote.

—Maisc’estquoileproblèmeaveclui?Ilamerdé,ils’estexcusé!

—Tuconnaistrèsbienle...pointdeblocagequejerencontreaveccegenredetype.Pire,luic’estunsurdoué.Tupensesquequelqu’uncapabledecomprendren’importequoienmoinsdedeuxpeutjustementaccepterquelqu’undeplus...lent?

Cyn soupira en pinçant les lèvres. Je trouvai un billet de vingt euros que je posai sur la table. Laserveusevintlechercherpresqueimmédiatement.

—Lui,ilestdifférent,jelesens,donne-luisachance.

Toutesmesanciennesexpériencesdéfilèrentdansmatête.

—Non, répliquai-je sans appel.Pasquestion, je refusede lui faire encore ressentir ça.Romainneméritepasdeseretrouverdenouveaudanscettesituationàcausedemoi.

La serveuse rapporta lamonnaieque je rangeai au fonddemonportefeuille etnouspartîmes.Nousmarchâmesunmoment dans la galerie, le tempsqueCynme laisse l’illusionqu’elle ait abandonné lesujet. Elle connaissait mes histoires précédentes pour en avoir vécu quelques-unes de l’intérieur. Jepensaisquec’étaitpourcelaqu’ellenesemontraitpasaussiinsistantequesurd’autressujets.

—J’enaimarredefairelesmagasins,décidai-je.Onvaauciné?

Cynsursauta.Jedoutaiqueçaaitquoiquecesoitàvoiravecmaproposition.

—C’estça!C’estpileçaqu’ilfautquetufassesavecTyler!Tutesouvienscequej’avaisproposéàAndy?

Jefouillaidansmamémoirejusqu’àmettreledoigtsurlesujetetjehochailatête.

—Avantouaprèsqu’ilnetetrompeavectasoi-disantcopinedefac?

Ellebalayamaremarquedelamain.

—Peuimporte,c’estuneidéeenbétonarmé.Tentelamêmechoseaveclui.

Jenerépondispas.Jeréfléchiraiàcetteidéequandjeseraiaucalmeetdisposéeàlefaire.Peut-êtredoncjamais.Detoutefaçon,lespenséesdeCynsuivaientdéjàunautrechemin...

—Oh,attends,iln’auraitpasunpotecélibatairedanssongenre?

***

Cynavaitmis toutsonbagousur la journéededimanchepourmepousseràacceptersonidée,maisj’avaistenubon.JenesouhaitaisprendreaucunedécisionencequiconcernaitTyler.Pourlemoment.

Aujourd’hui,jebossaisavecConnorsuruneétudedemarchépourunesociétédeHomeStaging.Audébut,j’avaisencorepenséqu’ils’agissaitd’unprojetdequelqu’unquis’ennuyaitfermeleweek-endetquiétait tombésur lesprogrammesdeM6.Maisaprèsavoirconsidéré lenombredemaisonset leursannéesdeconstructionquinesevendaientpas,jen’étaispasloindevouloirfairelamêmechose.Cetteidéeétaitunemined’orquejecreusaiunpeuplustouteslesheuresavecplaisir,jusqu’àarriveràlafindemonPowerPoint.

En début d’après-midi, j’entrai dans la petite salle de réunion prévue pour quatre personnes et je

branchai mon ordinateur portable à l’écran de la TV. J’étais toujours légèrement tendue avant lesprésentations,aussi,tantquej’étaisseule,jem’appliquaisàmemasserlecou,latêterejetéeenarrière.

—Connort’épuisedéjà?m’interrogeaunevoixmoqueuse.

JereprisunepositioncorrectepourobserverOliverquiétalaitsesaffairessurlatable.

—Tufaispartieduprojet?demandai-je.

Normalement, j’étaisaucourantà l’avancede la listedesparticipants.Cettefois-ci,ellen’étaitpascomplète,ilsemblerait...

Monventresenoua.

—Oui,c’étaitTyoumoi,déclara-t-ilalorsquejemetassaissurmachaiseàvued’œil.Jemesuisdécouvertunepassionsubitepourladécod’intérieur.

Jesecouaidoucementlatête,maisaufonddemoijeluiétaisreconnaissante.

—Onsortboireunverrecesoir?Touslesdeux,précisa-t-il.

—Avecplaisir.

Connorentradanslasalle,ilmesouritetils’installaàsontour.Malgrélaquantitéetlafréquencedesesdéplacements,Connor sedébrouillait toujours pourpasser du temps avecmoi. Ilmemontraitmeserreurs et ilme les expliquait pour que je les corrige,mais aussi il savaitme féliciter quand c’étaitmérité.Jenepouvaispasrêverd’unmeilleurformateur.

Oliver sortit une petite blague pour détendre l’ambiance, et je pus attaquer ma présentation avecénergie.J’ymistoutcequej’avais,jepointailesdétailsimportants,jedéroulailesslidesavecfluiditéetjerépondisàtoutesleursquestions.Àlaconclusion,j’étaisfixéepardeuxsourires.

—Ilyauntrucquimechiffonne,annonçaOliver.

Merde,j’avaisripésurquoi?

—Àquelniveau?l’interrogeai-jeententantdemaîtrisermanervosité.

—Comment tupeuxêtreàcepointchanceux,mec?demanda-t-ilàConnor.Moiaussi, jeveuxunechefdeprojetcommeelle!

Connoréclataderireetjemedétendis.

—Jetevoisvenir,lançamonbossendirect,maisiln’estpasenvisageablequ’elletournedanscetteboîte, elle reste avecmoi.Qu’est-ce que t’en dis,Angy ?Tu aimerais passer de bureau en bureau, etdevoirbosseravecOlietTy?

Je rougis en interprétant de travers sa question, puis je me ressaisis. Il prendrait peut-êtrel’échauffement de mes joues pour un problème de gêne face aux compliments. Oliver m’adressa un

souriremoqueurquej’ignoraiavecbrio.Touteàmespenséesprofessionnelles,jemedisquejepourraispeut-êtrebosseraveclui,maisTyler...mêmepasenrêve.

—Connor,j’aidéjàbienassezdeboulotavectoi,luiassurai-je.

—T’esqu’unbourreau,lechambraOliver.

Ilsplaisantèrentencoreunpeu,puisonrentradanslesdétailsdemaprésentationpourpoursuivresurceprojetquiverraitlejour.

Versdix-neufheures,Olivermerécupéraàmonbureau.Audétourd’uncouloir,nousnousretrouvâmesfaceàTyler.Merde,direque j’avais réussi à l’éviterdepuisnotrediscussionauBen&Jerry’s.Moncœursemitàcourirunmarathonquandsonregardperçantmeconsidéra,puisilsetournaversOli.

—Bonnesoirée,secontenta-t-ildedire,avecuneneutralitéquitenaitplusdurobotquedel’humain.

—Àtoiaussi,réponditOliver,enm’entraînantverslasortie.

Nouspartîmesdanslebarleplusprocheoùons’installaenterrasse.Oliverpassanotrecommandeetje décompressai de cette journée, ou plus précisément de cet aperçu stressant avecTyler. Son simpleregardsuffisaitàmetransformerenchosemolleettremblante,jedevaisbienmereprendre.

—J’étaissérieuxtoutàl’heure,lançaOliverenrevenantavecnosbières.

—Àquelsujet?

—J’aimeraisquetutravaillesavecmoi.

Mince,c’étaitçaunepropositionofficieuse?

—Pourlemoment,j’apprendsbeaucoupavecConnor.Plustard,peut-être.

Lesprunellesd’Oliverpétillèrentfaceàmonrefuspoli.Jemedoutaisquebosseravecluipouvaitêtresympa, j’avaisbeaucoupdepoints à améliorer surmon relationnel, et çame tentait bien,mais il étaitbeaucouptropprochedeTyler tantphysiquementavecleursbureauxquise touchaient,qu’amicalementparlant.

—CommentçasepasseavecTyler?demanda-t-ilsansprendredegants.

Heureusementquej’étaishabituéeaumanquedetactdeCynetquejen’avaisrienàrecracherdanslabouche.

—Moinsjelevoisetmieuxjemeporte,grognai-je.Jemeursdefaim,tunesaispass’ilsproposentquelquechoseàgrignoter?

Rienquel’évoquermedonnaitenviedem’empiffrer.Cetypeétaitmauvaispourmaligne.

—Jeneleuraipasdemandé,répliqua-t-ilavecunemouequinetrompaitpas.MaisjedoutequetutrouveslesréponsesàtesquestionsconcernantTyleraufondd’uneassiette.

Tantpis,j’attrapaimabièreetjevidailamoitiéd’unetraite.Iléclatacarrémentderire.

—Nidansl’alcool.

—Oùveux-tuquejelesdécouvrecesputainsdesolutions?grondai-je.Ilmecolleletournis...

Oliverbutquelquesgorgéesraisonnablesetilreposasonverretandisquejejetaisuncoupd’œilàlacartequitraînaitsurlatable.C’étaitplusfortquemoi...

—C’estvousdeuxquimedonnezletournis.Jesuissûrquetunesaismêmepascequetuattendsdelui.

—Qu’ilmefichelapaix!

—Vraiment?

Jesoupirai,vaincue.J’étaisépuiséedeluttercontreceuxquitentaientdemetirerlesversdunez.

—Cettehistoireatrèsmaldémarré,ellenenousapporterarien.Jepréfèrecoupercourtàtoutescesidéesdecoupleoudejenesaisquoid’autre,rétorquai-jeensentantl’incertitudedansmavoix.Etmêmesijeluiaccordaisunechance,jesaisqu’ilpartirait...commetouslesprécédents.

Laquestionluibrûlaitleslèvres,maisils’abstintdelaposer.

—Tyleracomprisqu’il souhaitait êtreavec toi. Je suisd’accord, il auraitpu se réveillerplus tôt,maisc’estquelqu’undebien,laisse-leaumoinsteparler.

—Tueslàpourplaiderenfaveurdetonami?

—Non,jesuisiciparcequejevousvoispasseràcôtéd’unetrèsbellehistoirepourdesraisonstoutesplusstupideslesunesquelesautres.C’estcertainqueTylerestmonmeilleurpoteetquejeveuxcequ’ilyademieuxpour lui,mais je t’apprécieénormémentaussiet jene tepousseraispasvers luisi jenesavaispasquevouspourriezêtreheureuxtouslesdeux...Jeneparlepasd’unbonheuréternel,maisjepensequevousdevrieztenterunpetitboutdecheminensemble.Etpuis, tusais,sionneprendpasderisquedanslavie,onsefaitdrôlementchier.

***

Je me postai face au bureau de Tyler, plus fébrile que jamais. Ma discussion avec Oliver, lesencouragementsincessantsdeCynetsurtoutmonfoutubesoindelevoirm’avaientpousséejusquelà.Jedevaisalleràsarencontreavantquecesoitluiquinevienne,jevoulaisprendreunpeutoutçaenmain.Sijelelaissaismenerladansedèsledébut,jeneferaisquesuivrejusqu’àcequ’ilparte,alorsquesijeprenaisdesinitiatives,peut-êtrequeceseraitdifférentcettefois.J’osaisàpeineespérercettehypothèseet je me forçais à ne pas y croire. La porte s’ouvrit, Tyler se tenait en face de moi avec un visageinterrogateur.

—Tucomptestoquerouresterlàtoutelajournée?demanda-t-il.

J’entraitandisqu’ilm’observaitavecunsourireencoin,l’airtotalementdétendu,contrairementàmoi.Ce que je pouvais envier son aisance ! Il referma et je m’assis sur l’une des chaises destinées auxvisiteurs. Il prit placeen facedemoi,dansun silencequi fit bourdonnermesoreilles. Jeplantaimonregard dans le sien,me fabriquant une détermination physique qui se faisait intérieurement lamalle àmesurequelessecondespassaient.

—Tuvoulaismeparlerdequelquechose?

Ahoui,jedevaisutilisermavoix.Latransmissiondepenséen’étaitpasencoreaupoint.

—J’airéfléchiàtaproposition,lançai-jeensoupirantmalgrémoi.

Jenesaispascequimetrahit,maisilaffichaunsouriresatisfait.Sesyeuxexprimaientsonimpatience.

—Et?

—Etjesuisd’accordpourunessai...

Chaquemotmetordaitunpeupluslestripesetjemedemandaisij’avaisprislabonnedécision.Tylerse levapour contourner sonbureau à grandes enjambées. Jeme retrouvai contre lui, sa bouche sur lamienne,avectoutematensionenvolée.Ellefutremplacéeparunedoucechaleuraucreuxdemonventre.

—Sioncontinuesurcettevoie,onvarecevoiruneplainted’Oliverpournuisancesonore,lança-t-ilàquelquescentimètresdemeslèvres.

Surprise,jequittaisesbrasetjefronçailessourcils.

—Attends,tuveuxdirequ’ilnousaentendusladernièrefois?

Nesachanttropsurquelpieddanserfaceàmaréaction,ilsecontentad’acquiescerprudemment.Jemecachaidansmesmainsencouinant.

—Bonjourlahonte!Jenesuispasprèsdelerecroisersansrougir...

—Angy?m’appelaTyler.

Jesecouailatêtesanssortirmesdoigts.Mesjouesmebrûlaient.

—Angy!insista-t-il.

Jeretiraimonmasqueetjerencontraisonregardpénétrant.

— Il n’y a pas de raison d’être gênée pour ça. Oli n’était pas choqué, ajouta-t-il avec un sourirefrémissantsurlesbords.

—Ouais...Ehbien,jepréfèren’avoiraucunepersonnequiécoutelabande-sonquandjefaisl’amour,marmonnai-je.

Tylersoupira,jesentaisqu’ilseretenaitderire,puisilattrapamamainpourm’attirercontreluietmeserrer dans ses bras dans un câlin réconfortant. Jem’appuyai contre son torse et j’inspirai son odeurfraîche.J’aimaistellementqu’ilmetouche,soncontactm’apaisait,mefaisaitdubien.

—Tuasprislabonnedécision,c’estimportantqu’onselaisseunechance.

Jem’écartaideluijusteassezpourleregarderdanslesyeux.

—Jesuisd’accordpourqu’onfasseunessai,maisàcertainesconditions.

Ilseraiditsousmesmains,maisilrestaattentif.

—Onpasseunweek-endensemble,etonpartagetout.Aprèsça,onverrasionpeutvraimentselancerdansquelquechose.

— Je sens qu’il y a quelque chose que tu ne me dis pas, répliqua-t-il en me pénétrant avec sesprunellesintenses.

J’avaislasouplessed’unvieuxboutdeboisentresesbras.

—C’estàprendreouàlaisser,rétorquai-je.

Pendant que Tyler réfléchissait à mon étrange comportement, je m’interrogeai sur la réponse quej’attendais de lui. J’avais vraiment enviequ’on tentequelque chose,mais j’avais peud’espoir que ceweek-endaituneissuepositive.

—Ok,vendredi,turentresavecmoi.

~8~Détournements

Tyler

***

Je laregardaiquittermonbureau.Elleétait tellementnerveusequ’elleduts’yreprendreàdeuxfoispourrefermerlaporte.Jedevaisavouerquemoiaussij’étaistendu,sapropositionm’avaitsurpris.Toutcommelefaitqu’elleacceptedenouslaisserunechance.Jepensaisqueçaseraitpluscompliquédelaconvaincre,alorsjecherchaiévidemmentoùétaitleproblème.Àmoinsqu’iln’yenaitpasetquejemefassedesidées...Non,Angyétaitbientropcomplexepourquequelquechosenesecachepasderrièretoutça.C’étaitd’ailleursl’undespointsquilarendaitirrésistibleàmesyeux,soncaractère.Lesautresfemmesquej’avaisrencontréesjusque-làétaientvides,ellesacquiesçaientàtoutcequejedisaisquandonessayaitd’avoiruneconversation,avantd’écarterlescuissesenfindesoiréeetderepartirchezellesaupetitmatin.

Jem’assisàmonbureauet je tentaide travailler.AuboutdequelquesminutesàscotcherdevantunPowerPoint vierge, j’abandonnai.Qu’est-ce qu’elle pouvait bien avoir derrière la tête avec ceweek-end?Jesentaisqu’aufondd’elle,elleétaitconvaincuequeçan’iraitpasplusloin,maispourquoi?Peuimporte,sijevoulaisluidémontrerqu’onpouvaitdépassercesdeuxjours,jedevraissortirlegrandjeu.J’utiliserai toutescesheurespasséesavecellepour luimontrerque j’étais l’hommequ’il lui fallait, àtouslesniveaux.Monécransemitenveilleetilresteraitcommeçatantquejen’auraispasterminédetracerdansmatêteleplandenotreweek-end.

Premièrement, j’indiquai à la femmedeménagede passer aussi le vendredimatin.Tout devait êtreimpeccablepour l’arrivéed’Angy, et jedevrais faire les coursespourdeux.Deuxièmement, jeprévusquelquesactivités.Je l’auraisbiengardéeenferméedans lachambre,maisçan’étaitpas l’idéedecesdeuxjoursoùl’onapprendraitàseconnaître.Mêmesiexplorersoncorpsplusieursjoursd’affiléeétaitunprogrammequimeconvenaittoutàfait.Nosdeuxfoisavaientététellementrapidesquejen’avaispaspuvraimentladécouvrir.Çalaissaittellementdepossibilités...Hum,jedevaisarrêterlàlecheminementdemespenséespournepasdétendredavantageletissudemonpantalon.Troisièmement,jedevaistoutpréparerpourqu’elles’ouvreàmoi.Jevoulais toutsavoird’elle,etdécouvrirpourquoiellecraignaittant d’avoir unevéritable relation avecmoi. Je l’avais lu sur sonvisagequand ellem’avait posé sonultimatum, elle avait une trouille bleue de l’intimité. À tel point que j’étais certain que cette idée nevenaitpasd’elle.

Jetenaislesgrandeslignesdenotreweek-end,maintenantjedevaistoutfairepourmecontenirjusque-là. J’avais très envie de la ramener avecmoi dès ce soir,mais elle avait donné ses conditions et jemettraisunpointd’honneuràlesrespecter.

***

Connor entra dans mon bureau. Rien qu’à le regarder, je sus que quelque chose n’allait pas.D’habitude,ilavaittoujoursunlargesourire.Là,ilavaitunemined’enterrementetils’assitsurlachaiseenposantundossierenfacedemoi.

—Onaunsouci,annonça-t-il.

Jem’enseraisdouté.

—Qu’est-cequeçaraconte?demandai-jeenpointantlachemisedudoigt.

Connorsepassaunemainsursonvisagefatigué,ilavaitsérieusementbesoindecongés.

—Lacomptablem’aremontédesproblèmesdemouvementsdefonds.Del’argentquittenossociétésetellen’apaslesfacturescorrespondantes.Lessommessontélevéesetçaduredepuisunmoment.

—Pourquoiest-cequ’ellenenousapasavertisplustôt?

Enouvrant ledossier, je tombai surdes lignes surlignées en jaune. Il y en avait unbonnombre. Jecalculairapidementletotal,c’étaiténorme.

—Jusque là, lesmontants pouvaient être passés enperte, ouquelque chose commeça.Maintenant,c’estpluscompliquéparcequ’ilssonttropimportants.

—Ok,soupirai-je,onatrouvéoùallaientcesfonds?

—Lescomptesdestinatairessontdansplusieurspays,elleaduboulotavantdenousdonnerplusderenseignements.

Toutçapuaitlesennuisàdeskilomètres.

—Attendonsdesesnouvellesalors.

Connorhochalatête,puisilsoufflaànouveau.

—Unautresouci?demandai-je.

—C’estdélicatcommequestion,maisonseconnaîtdepuisplusieursannées...Quesepasse-t-ilentreAngyettoi?

Autant Oli était mon ami et confident, autant Connor était mon ami et soutien dans ma vieprofessionnelle.Angyétaitunsujetcomplexequitouchaitàmesdeuxvies.

—Jetentedeluiprouverquejesuisl’hommequ’illuifaut.

Connorhaussalessourcils.Ilouvritetfermalaboucheàplusieursreprisesavantdesedécider.

—Ok,maissiçanesedéroulepascommetuveux,tuasenvisagélesconséquences?

Siçatournaitmal,jelaperdais.Jenedoutaispasqu’elledémissionneraitetquejen’entendraisplusparlerd’elle.Cetteidéemecollaitunetrouillebleue.Merde,jepréféraisnepasypenser,jeferaistoutpourqueçasepassebien.

***

Lesjourssuivants, j’avaispasmalbossésurcettehistoirededétournementsdefonds.Lacomptableavaitréussiàremonterquelquescomptesversdesidentitésbidons,maisc’étaitundébut.Jen’avaispasmislongtempsàcomprendrequeçasentaitlecoupfourréetqu’ilfallaitdésamorcercettebombeauplusvite.

ConnoretmoiavionsinforméaussiOlideces«anomaliesbancaires»,etilavaitdécidédemenersonenquêteenfaisantuntourdenossociétéspourpapoteraveclepersonnel.S’iltombaitsurlecoupable,jenedoutaispasquesonsixièmesensledétecte.

Avec tout ça, je n’avais pas eu la possibilité de revoir Angy autrement qu’en la croisant dans lescouloirs, et le temps passa si vite qu’on était déjà vendredi. J’éteignismon ordinateur et jemismesproblèmesdecôtépourquittermonbureauetrejoindrelesien.Pendantdesannées,jem’étaisconstruitprofessionnellement,ilétaitplusquel’heuredem’occuperdemaviepersonnelle.

Saporteétaitgrandeouverte,elleétait tournéeverssonécran.Jeprofitaidesonmanqued’attentionpour ladétailler.Elle avait les jambes croisées,même sous sonpantalon jepouvais en reconnaître lafinesse,etunsacattendaitjusteàcôté.Elletapotaitsursonclavier,unairconcentrésursonbeauvisage.Mesmainsmedémangeaientde la toucheret lorsqu’elle réajustaunemèchequi lui tombaitdevant lesyeuxjemesentaisàl’étroitdansmessous-vêtements,ànouveau.Cettefemmeétaitcapabled’avoiruneemprisedangereusesurmoi.Ellelevasonregarddesonordinateurpours’apercevoirdemaprésence.Nousnepouvionsplusfairedemi-tour.

~9~Compatibilité

Angy

***

—Prête?

Jehochailatêteenmedemandantdepuiscombiendetempsilpouvaitbienêtrelààm’observeraveccetairsurlevisage.Celuiquidisaitqu’ilcomptaitmecroquertoutecrue.Etdirequej’allaispassertoutunweek-endaveclui...Pourvuquenousarrivionsàquittersachambre.

J’éteignismonordinateuravecunsentimentétrange.Aprèsceweek-end,plusrienneseraitpluspareil.Jemelevaietj’attrapaimonsacaveclesmainsmoites.Cettesituationmestressait,maisjedevaisfaireface.J’espéraiseulementqueCynneseplantaitpasavecsonidée:«Unweek-endpourdécouvrirsicethommeestfaitpourtoi».

Tylern’avait pasbougéde l’encadrementde laporte et son regardpénétrantneme lâchait pasnonplus.Est-cequ’ilétaitnerveuxluiaussi?Lorsquejememisàsonniveau,ilmepritmonsac.

—Toutvabiensepasser,m’assura-t-il.

Jeme contentai à nouveau de hocher la tête.En quittant les bureaux, nous tombâmes surConnor. Ilm’avaitvuearriveravecmonsac,etlàjedébauchaisavecTyler...Pasbesoind’avoirleQIdecedernierpourtrouverlasolutiondel’équation.

—Bonweek-end,dit-ilaprèsnousavoirobservésétrangement.

—Toiaussi,Connor,réponditTyler.

Nouspoursuivîmesnotrecheminsanscroiserd’autrepersonne.J’enétaissoulagée.Jesavaisquecesdeuxjoursnesetermineraientpascommeill’espérait,alorsautantlimiterlacasse.

Dehors,nousfaisionsfaceàunproblèmetechnique:deuxvoiturespourunedestinationcommune.

—Tumontesavecmoi,proposa-t-il.

—Jepréfèreprendrelamienne.

Tyler haussa les épaules,mais il n’insista pas.Nous rejoignîmes chacunnotre véhicule. J’avaisma

solutiondefuitelorsqueçadéraperait.

Jegrimpaidansmapetitevoitureetjedémarrai,Tylerm’attendaitdéjàauboutdelarue.Jequittaimaplace et je le suivis avec l’esprit vide. Nous arrivâmes rapidement dans un parking privé sous unimmeuble. Apparemment, il habitait dans l’un des quartiers chics de la ville. Il se gara sur unemplacement numéroté. J’hésitai, mais il sortit pour me faire signe de me mettre à côté de lui. JemanœuvraienpriantpournepaségratignerlaPorschedel’autrecôté.Latensionnedisparutpaslorsquejecoupailecontact.

JerejoignisTylerquiportaitmonsac.Ilavaitdéfaitsavestedecostumeetdesserrésacravate.Lui,c’étaitclairqu’ilneseretournaitpaslesystèmenerveuxàcausedeceweek-end.

—Tumeregardescommesijet’amenaisàlapotence,dit-il.

Jeluiservisunpauvresourire.

—Jen’aijamaisvécuH24avecunhomme,avouai-je.

Tylerhaussalessourcils,amuséfaceàmapleutrerie.

—Dois-jeterappelerquec’esttonidée?

Monidée...pasvraiment!Maisiln’avaitpasbesoindelesavoir.Jemismatensionensourdine.

—Tucomptesmelaisserauparkingoutum’amènescheztoi?demandai-jeavecaplomb.

Il me prit par la taille en soupirant, il n’était pas dupe, et il nous guida vers un ascenseur. Là, ilcomposauncodeetonmontasurunfonddeMozart.Untingsonorenousindiquaquenousétionsarrivés.Tylerm’entraînadansuncouloirquinelaissaitlapossibilitéqu’entredeuxportes.Ildéverrouillacellededroite.

Jepénétraidansuneentréequicriaitquelepropriétairedeslieuxétaitunhommeetqu’iln’étaitpasducoin.C’étaitlapremièrefoisquejevoyaisdesiprèslestylegarçonnièreàl’anglaise.L’ouvertureàmagauchedonnaitsurungrandsalonoùleboisfoncéetlecuirdominaient.Jem’avançaitimidement.J’avaistoujoursfaitfaceàunebarrièrelorsquejem’introduisaispourlapremièrefoisdansl’universdesgens,etcellesd’aprèsaussi.

—Faiscommecheztoi,m’indiquaTyleravantdemequitter.

Seuledanslapièce,j’entreprisdel’explorer.J’effleuraiunpianoenmedemandantsilepropriétairedes lieux savait en jouer. Je m’avançai ensuite vers une bibliothèque remplie de classiques de lalittérature.Destableauxmeublaientlesmurs,làencorenousn’étionspasdanslemoderne,maispasnonplusdans l’ancien.Ladécorationavaitété faiteavecgoût.Profitantd’êtreseule, je fisdemi-touret jetraversail’ouvertured’enfacequidonnaitsurunesalleàmangersobreetélégante.Jenaviguaiensuiteaupetitbonheurlachanceversunecuisinedontjetombaiamoureuseaupremierregard.Elleétaitdanslestylecentpourcent cottage.Elle respirait labonnenourriture familiale, lesvacances, ladouceur.Unedélicieuseodeurs’endégageait,commesionyavaitœuvréiln’yapaslongtemps.Jefermailesyeuxetj’inspiraiprofondémentpourtenterdedécouvrirleplatderrièrelasenteurquiflottaitdansl’air.Maisje

fusinterrompuepardesbrasquim’enlacèrentetuntorsequiseplaquacontremondos.

—Jesuiscontentquetusoislà,déclara-t-ilenfouillantmoncouavecsonvisage.Maislacuisinet’estformellementinterditecesoir.

Jepivotaimaladroitement.C’étaitlapremièrefoisqu’onsetenaitl’uncontrel’autre,enunsemi-câlin.D’ailleurs,est-cequ’ilétaitdugenrecâlin?

—C’estdommage,c’étaitmapiècepréférée.

Undemi-sourire se dessina sur ses lèvres. Je ne pus résister à l’envie de les goûter, je capturai saboucheaveclamienne.Tylermeserraplusfortetj’enroulaimesbrasautourdesoncou,ledésirgrimpaitaufonddemoi.Jesentisqueluiaussin’étaitpasindifférent,maisils’éloignatoutdemême.

—Situcontinuescommeça,c’estlachambrequideviendratonendroitdeprédilection.

Jememordislalèvrepournepasledévorer.

—Tumefaisvisitertoutdesuite?

Ilplissalesyeux,monidéenelelaissaitpassansarrière-pensées.

—Vilaine tentatrice...Tudécouvriras le lit toutà l’heure,aprèsque tuaiesmangé le repasque j’aipréparé.

Jenecachaipasmasurprise.

—Tucuisines?

—Pourtoi,oui.D’ailleurs,madame,jevousproposedepasserdanslesalonafinquel’apéritifvoussoitservi,dit-ilavecunairpompeuxexagéréquimefitrire.

Puis ilme relâcha. Jeme sentis vide,mais j’obtempérai. Je repartis et jem’installai dans l’un desfauteuils Chesterfield. Tyler revint rapidement avec un plateau sur lequel trônait une bouteille dechampagneaccompagnéedeverresetdemini-clubssandwichs.Apparemment,faismaison.

Ilavaitquittésavestedecostumeetdéboutonnélehautdesachemise.Ensachantcequisecachaitlà-dessous,jeledétaillaisansretenue.

—Arrêtedemedéshabillerduregard,megronda-t-il.

Àquoibonnier...

—Jenelefaispasexprès.

Ilfitsauterlebouchonetilentrepritderemplirlesflûtes.

—Situcontinuescommeça,jeteprendsiciettoutdesuite.Ettumangerasfroid.

Àchoisir...Etpuis, jecomptaisbienenprofiterdecesdeux jours,moi.Çaseraitprobablementmadernièrechanced’arriveràmerassasierdesoncorps...

Tylermetenditunverre,jeleremerciai.Ils’installasurlefauteuilàcôtédeceluiquej’occupais.

—Ànotreweek-end,déclara-t-ilenm’observantavecgourmandise.

Jebusunegorgéeetjemecalaidansl’assise.

—Jen’aijamaisfaitl’amourailleursquedansunlit.Sionnecomptepastonbureau,bienentendu,déclarai-jeavecsérieux.

Tylertoussa,maremarquel’avaitfaitavalerdetravers.Maisunefoiscelapassé,sonregardparcourutmoncorpsetilglissadesonfauteuilpours’accroupirdevantmoi.Ilposasesmainssurmescuissesetcettesensationsipuissanteentreluietmoirevint.

—Nousallonsdevoiryremédiertoutdesuite,dit-ilavecdétermination.

—Aurisquedemangerfroid,letaquinai-je.

—J’aiunmicro-ondes,lâcha-t-ilenfondantsurmeslèvres.

Il nem’embrassa pas, il prit carrément possession dema bouche. Il déboutonnamon chemisier enfrôlantmesseins.Ilsétaientlourdsetchaudsdansl’attented’unevéritablecaressequinevintpas.Ilsecontentaseulementdeposersesmainssurmesflancsetdenepluslesbouger.Peut-êtreobtiendrais-jecequejevoulaisenluiavouantquejen’avaisfaitl’amourenpleinjourqu’aveclui?…Non,jemegardaiscejokerpourplustard.

—Debout,quejet’enlèvecepantalon.

Jeme levai et il s’attaquaàmaceinture avecuneurgencequimecontamina. Je terminaid’ôter lesboutonsdesachemise,puis je ledélestaidu reste.Nousétionsnusdanssonsalon, le soufflecourtetl’excitationàsoncomble.

Tyler nous fit pivoter, il m’assit sur le bord du fauteuil et il m’observa quelques secondes.Heureusementquejen’étaispaspudique.Maisjenepustoutdemêmem’empêcherd’êtreimpressionnée.Ilétaitdeboutdevantmoientenued’Adametjeneluitrouvaiaucundéfaut,chaqueparcelledesoncorpsm’attirait.

—Écartelescuisses,dit-ilavecunairmalicieux.

Jem’exécutaidansuncraquementdecuirpasvraimentgracieux.Tylersepenchajusqu’àpositionnersonvisageentremes jambes.Lorsque jenevisplusque lanaissancedeses fessesàcroquer,sondoslargeet sescheveux,unepuissante sensationpritpossessiondemoi.Sa langue jouaithabilementavecmon intimité et je lui abandonnai tout contrôle sur mon corps.Mes hanches se mirent à bouger, mesgémissementsrésonnèrentdanstoutelapièceetjefinisparapprocherdumomentfatidique...quandilseredressa.

Ilétiraseslèvresluisantesdansunfinsourire.J’étaisàlalimitedeluiordonnerdecontinuer...

—Tujouirascommeçauneautrefois,déclara-t-il.

—Pourquoipastoutdesuite?!

Tylermepritparlamainpourmefairelever,mesjambesmetenaientplusoumoins.Plutôtmoinsqueplus.Ils’assitàmaplacesurlefauteuil.

—Parcequejeteveuxautourdemaqueue,maintenant.

Jen’imaginaispasquedesparolesaussicruespouvaientm’exciter.Etpourtant...

—Cequetupeuxêtredirigiste,minaudai-je.

—Maistuaimesça.

Au lieudepartirdansundébatcapitalsurcepoint, je luigrimpaidessusenplaçantmesgenouxdechaquecôtédesescuisses.Ilm’observasansbouger.Jeglissaiunemainentrenousetj’attrapaisonsexepourlefairecaressermonintimité.Sesmâchoiresseserrèrent,maisilneprotestapas,melaissantjoueraveclazonelaplussensibledesonanatomie.Sansquittersonregard,jeleprisenmoid’uncoupetjem’immobilisai.C’étaittellementparfait...

Je roulaid’aborddeshanches lentement,avecuneapplication redoutable.Tyler fit courir sesmainsjusqu’àmesseins,sansentravermadanseimprovisée.

Peuàpeulasensationquequelquechoseaufonddemoirisquaitdeseromprerevintàviveallure.L’orgasmen’étaitpas loin.Tylermecaressaitenprenant soindedétaillermoncorps, je le sentisà safaçondemedessinerduboutdesdoigts.Unpremierspasmemecontractaautourdelui,maiscen’étaitpassuffisant.Ilsaisitmeshanchesavectellementdeforcequej’étaispresquecertainequej’auraisdestraceslelendemain.

—Vas-y,Angy,cen’estpasdedouceurquetuasbesoinpourjouir.

Suivantsonconseil,j’accéléraipourfinirparlechevauchersansretenue.Ilmeguidajusqu’àcequelasensationd’oppressionaucreuxdemonventredevienneuneexplosion.

Aumêmemoment,Tylersecontractaetilnousfitdécollerdufauteuilens’enfonçantauplusprofonddemoi.Nos respirations se cadencèrent jusqu’àcequenoscorps sedétendent. Je reprismon souffle,totalement avachie sur lui, le nezdans son cou.Sonodeur s’ajoutait à celle du sexequi emplissait lapièce.

—Onpeutdirequeleweek-endcommencefort,soupirai-jeenmeredressant.

—C’estcertain,approuvaTylerd’unevoixenrouée.

Onsedépatouilladenosmembresemmêlésetonputseremettredebout.Jelançaidesrecherchespourretrouvermaculotte.

—Restenue,s’ilteplaît.

Jelevailenezdemonpantalon.

—Alorstoiaussi.

Tylerhochalatêteetilpartitendirectiondelacuisine.

Aprèsnotrepetit intermède, jenous imaginaismalprendrenotre repasdemanière formelledans lasalleàmanger.Cefutpourcelaquejenousaménageaiunpetitcoindouilletautourdelatablebasseavecdescoussinsetunplaidquejedénichaidansuncoffre.

Tylerrevintavecdeuxassiettesquiembaumèrentagréablementlapièce.Çaavaitl’airtrèsappétissant,mais pas autant que lui. En sa présence, ma libido devenait plus incontrôlable qu’un syndrome deTourette.

Ilposalesassiettesetilvints’asseoirentailleurprèsdemoi.Sonrisottomerappelaquel’exercicephysiquedonnaitfaim.

—Quand est-ce que tu as eu le temps de préparer ça ? demandai-je après quemes papilles aientapprouvélecontenudemonassiette.

—Jemesuiséchappédubureauendébutd’après-midi.

C’était la première fois qu’un homme semettait derrière les fourneaux pourmoi. Ça avait un côtétouchantquejedevaisimmédiatementsortirdemonesprit.

—C’esttrèsbon,tucuisinesbien.

Tyler me sourit. Il ne ressemblait plus au patron débordant d’assurance avec son penchant tête àclaquesquandilselajouaitprétentieux.Non,ilétaitjustelui.Aunaturel.

—Jenesaisfairequequelquesplats,etc’estcelui-ciquejeréussislemieux.

Jeprisunenouvellebouchéequejesavouraiavantdeluirépondre.

—Jesuistoutjustebonneàfairecuiredespâtes,avouai-je.PareilpourCyn.Cheznous,lecordon-bleu,c’estnotretraiteur.

Tyler rit, puis nous poursuivîmes notre repas en discutant comme deux personnes qui fontconnaissance.Aumomentd’abordernotreenfance,j’éludaienluilaissantseulementcommeinformationmonadoption.Lui,ilavaitdevéritablesparents,restésenAngleterre,maisquil’aimaientetquiluiavaitoffertundébutdeviepréservéetheureux.

Pourdessert,ilnousavaitpréparéunesaladedefruits.Simple,maisbonne.Nousdiscutâmesdansleplussimpleappareilpendantdesheures.Nousnousdécouvrions,commeilétaitprévupendantceweek-end.Plusjecomprenaissafaçond’êtreetdepenser,organisé,réfléchietposé,etplusjeréalisaisquetoutçanousamenaitdroitaucasse-pipe.

***

Unesensationd’étouffementmeréveilla.J’étaisdansunechambreinconnue,avecunbrasnonidentifiéentraversdemapoitrineetlesjambesprisesenétau.Avantquelapaniquenemegagne,jemerappelaiquej’étaischezTyler.Jetournailatêteverslui,ilavaitlesyeuxfermésetlesoufflerégulier.Jeprofitaidesonsommeilpourl’observer.Cethommeétaitbeau,etmêmeendormiilrespiraitl’intelligence.

Pousséeparunebrusque inspiration, jemedégageaidesonempriseet jesortissans le réveiller.Jeprisladirectiondusalonoùj’enfilailachemiseabandonnéehierparTyler.Elleportaitencoresonodeur,et je souris bêtement en la reniflant. Ensuite, je partis dans la cuisine. Cette pièce était décidémentmagnifiqueetjem’ysentaistellementàl’aise!

J’ouvrislefrigoetjecommençaiàimproviser.Jegérailepaintoasté,lecafé,maisçasecompliquaaumomentdefairegrilleretnoncramerlebacon.Jeneparlaimêmepasdesœufsàpeuprèsbrouillésquiressemblaientdavantageàducaoutchouc.

—Jenecomprendraijamaisrienàlacuisine,râlai-jeengrattantlefonddelapoêleoùlanourritureavaitaccroché.

—Besoind’uncoupdemain?

Jesursautaienlâchant toutcequeje tenais,unboucanpaspossibleraisonna.Tylerm’observaitnonloin,seulementvêtud’unboxeretlescheveuxenbataille.Ilévaluaitlesdégâts,unsourireamuséplaquésurlevisage.Aumoinsiln’étaitpasfâchéparlebordelquej’avaismisdanssacuisine.

—Installe-toi,j’aiaumoinsréussiàfairedestartines,soupirai-je.

Ilcontournamonchantierpourmerejoindreetilm’embrassaaveclégèreté.EnsuiteTylers’assitsurl’undestabouretsdubarenprolongementdelacuisineenU.Ilattrapasoncaféetilenbutunegorgéesansgrimacer.C’étaitdéjàça.Jegrattaiencoreunpeulapoêle,maiselleétaitbonnepourlapoubelle.

—Laissetoutça,lafemmedeménages’enoccupera.

Jefronçailessourcils,jen’étaispashabituéeàcequ’uneautresecognelenettoyagedemesbêtises.MaisletempsavecTylerm’étaitcompté,aussijenediscutaipasetaprèsavoirtoutréunidansl’évierjelerejoignis.Là,j’entreprisdebeurrermatartine.Tylerm’observaitavecinsistance.

—Tuportesbienmachemise.Jedevraispeut-êtreleschoisirunpeuplustransparentesàl’avenir.

Jesecouailatête,maisjesouriaisbêtement.

—Qu’est-cequetuasenviedefaireaujourd’hui?demanda-t-il.

—Nousavonsdécidéhiersoirquec’étaittoiquifaisaisleprogrammedujour,luirappelai-je.

Tylerterminasoncaféetilseleva.

—C’esttoutcequejevoulaisentendre,déclara-t-ilenenlaçantmataille.

Sesmainssefaufilèrentsouslachemiseetilmel’ôta.

—Àladouche!

Échaufféeparsoncontact,jesautaidemontabouret.

—Prem’s,jetelaisselaplacequandj’aifini.

Tylerfitunedrôledetêteavantdeseressaisir.

—Toi,nuesousladouche,etmoiquiattendsderrièrelaporte...Impossible!

—C’estcequenousverrons.

Jedémarraisurleschapeauxderouesetjefonçaiàtouteallureendirectiondelasalledebain.Saufque jen’étaispas surmon terrainetquece futprobablementpourcelaqueTylerdans le rôledu lionrattrapalagazellequej’étais.Ilmefauchadanslecouloiretilmechargeasursonépaule.Jemedébattisenriantcommeunegamine.Ilmedonnaunetapesurlesfessesetilnemedéposaqu’unefoisarrivésàdestinationetlaporteferméeàclé.

—Tuastriché,tuauraisdûmelaisserunelongueurd’avance.

Tylerôtasonboxeretiltournalerobinet.

—Jesaiscommentmefairepardonnercetaffront.

Sous son regard plein de promesses,mon corps frémit.Nous pénétrâmes sous l’eau chaude quimedélassa. Tyler attrapa le gel douche et il en versa dans sa paume. Là, il entreprit deme savonner. Ilcommençaparmondos,enmassantmesépaules,ensuiteildescenditversmesfesses.Jemelaissaifaire,sentirsesmainssurmoimefaisaitdel’effet.

—Tourne-toi.

Je m’exécutai et il poursuivit avec un nettoyage très technique de mes seins. Lorsque mes tétonspointèrentàm’enfairemal,ilnaviguaplusbas.J’étaistrempée,etçan’avaitrienàvoiravecl’eauquicoulait derrière moi. Tyler glissa ses doigts dans les replis de mon intimité, et il me lava avecapplication.Jegémisquandilappuyasonpouceunpeuplusfort.Ilseretiraetilmerinça.

—Situosesattraperceshampoingpourt’occuperdemescheveux,jenerépondsplusderien,lançai-jeavecunevoixtremblante.

—Alors,empêche-moidelefaire,répliqua-t-il.

Puisqu’ilsemblaitquej’aiecarteblanche,jetombaiàgenouxdevantlui.Pileenfacedesonérection.Sansménagement, je leprisdansmaboucheet je fiscourirma langue toutautour.Tylergrogna. Je leguidaiaussiloinquepossibleenmoietjelerelâchaiaveclenteur.J’osaiunregardverslui.Sontorsesegonflait et se dégonflait très vite, ses traits étaient tendus. Parfait. Je l’engloutis à nouveau et je lui

administraiuntraitementdechoc.Jeprisunmalinplaisiràl’entendregémiretàgérersescoupsdereins.Au bout de quelques minutes, quand ma mâchoire commença à être douloureuse, il me releva avecdétermination.

Mon dos rencontra le parement, Tyler me souleva et il me pénétra avant que je puisse nouer mesjambesautourdelui.Ilmefitl’amoursansménagementcontrelemur,etc’étaitbon.Lapierremegriffaitlapeau,maiscelafutrapidementremplacéparunorgasmedévastateur.

Aprèsunrinçagerapide,nousquittionsfinalementlapluslongueetlaplusintéressantedouchequej’aijamaisprise.

—Tyler,darling,whereareyou{1}?

Jemestatufiai.

—I'mcoming,mum{2}.

Jemeliquéfiaidehonte.LapaniquemedonnalaforcedemetournerversTyleretdeposerlaquestionquis’imposait.

—Tunem’aspasditquetesparentsvivaientàLondres?

Ilmesouritavecindulgence.

— Ça leur arrive de débarquer à l’improviste... comme aujourd’hui. Habille-toi et rejoins-moi ausalon.

Tyler enroulaune serviette autourde seshancheset il quitta la salledebain. J’entendisun fonddeconversationenanglais,puisplusrien.Tylerdevaitenfilerquelquechose.Perdue,jepristoutmontempspourmesécher.J’étaispartagéefaceàl’idéed’êtreprésentéeàsesparents.Jenesavaispasoùnousenétions,nimêmeoùnousconduiraitceweek-end,etjerencontraissamère.J’avaisl’impressiondefaireunbonddansletempsdeplusieursmoisoucarrémentdansuneautredimension.

Je calmaima respiration, puis j’entrepris de partirm’habiller dans la chambre. J’espérai qu’avoirquelquechosesurledosmedonneraitplusdecourage.Quandjefusprête,j’inspiraietj’ouvrislaporte.J’avaistoujoursl’optiondemeplanquerdansunrecoindel’appartementoùilsnemedénicheraientpas.C’était nul,mais tentant.Ou je pouvaisme comporter commeune jeune femmebien dans sa peau quis’apprêteàrencontrerlamèred’unhommeaveclequelellevientjustedes’envoyerenl’air.

—Angy,noussommesdanslacuisine,m’appelaTyler.

Bon,jen’avaisplusvraimentlechoix.Jemeredressai,lementonbienhaut,etjepartislesrejoindre.Endehorsde la trèsbellefemmeblondesophistiquéequimesourit,undétailmesautaauxyeux : toutétaitnickel.Çam’éviteraitunehonteinutile.Quoiquel’idéequelafemmedeménagedeTylersoitentréedanslamaisonlorsqu’ons’amusaitsousladouchenememîtpasàl’aise.Àmoinsquecesoitluiquis’ensoitoccupépendantquejemepréparais.

LamèredeTylermepritunemainqu’elleserrachaleureusement.

—Angélique, jesuisheureusedevousrencontrer,dit-elleavecunaccentàcouperaucouteau,maisd’unefluiditéagréable.

—Demême,madameLewis.

—Appelez-moiLily.

JehochailatêteetonrejoignitTylerquiservaittroiscafésenfredonnant.Sicettesituationl’amusait,moipas.Jen’avaispasconnulesparentsdemesprécédentspetitsamis,etjen’avaispaslamoindreidéedecommentprocéder.

—Qu’est-cequit’amèneàParis,maman?

—Tonpèreaunrendez-vousd’affaires,alorsj’aifaitlevoyageavecluipourtevoir.Etjenesuispasdéçued’êtrepassée,jeteretrouveencharmantecompagnie.

Elletournasonregardbleuversmoi,etellemesourit.

—Tylerm’aditquevouscollaboriezavecConnor.Vousvousplaisezàvotreplace?

Cegenredequestion,jepouvaisgérer.

—Oui,c’esttrèsintéressant.J’apprendsbeaucoupdechoses.

Jebusunegorgéedecafé,c’étaitceluiquej’avaispréparéunpeuplustôt.Tylerl’avaitréchauffé.

—C’estbienqu’ilsaientemployéquelqu’un.Ilstravaillentbeaucouptroptouslestrois.

—Mamansefaitdusoucisanscessepourrien,m’expliquaTyler.

Commeungamin,ilsoupiraquandsamèrefronçalessourcils.

—Jem’inquièteàjusteraison.Tuasbesoind’avoirunevieendehorsdutravail.

—Commetupeuxlevoir,c’estlecas,répliqua-t-ilenmedésignant.

Lilyposaunemainsurmonbras,commepours’assurerquej’étaisbienréelle.

—Oui,maissijen’étaispasvenuecematin,tunem’auraispasditquetufréquentaiscettecharmantejeunefemme.Angélique,essayezde l’envoyerplussouventàLondres,medemanda-t-elle. Iln’ypassequepourlesfêtesdefind’années,cen’estpassuffisant.Vouspourriezainsidécouvrirnotremaisondecampagne,c’estunmagnifiquecottageaubordd’unlac.

Euh, je devais répondre quelque chose à ça ? Je cherchai un coup demain auprès de Tyler en lesuppliantpresqueduregard.

—Ne te laissepas faire, sinonellenevapas tarder à te convaincrequenousdevons lui fairedespetits-enfants.

Jemeseraisvolontierspasséedesonaide,finalement...Ilosamêmemefaireunclind’œil.

—Tuastrente-deuxans,monchéri,c’estunbonâgepourêtrepapa.

Ça sentait la discussionpas très récente. J’étais deplus enplusmal à l’aise.Çane s’arrangeapasquandTylerfitletourducomptoirpourvenirm’enlacer.

—Angyetmoinesommesensemblequedepuistrèspeudetemps.Jeteseraisreconnaissantdenepaslafairefuir.

Lily ouvrit la bouche pour dire quelque chose, elle avisamon visage paniqué, puis elle acquiesça.Après ça, la discussion fut plus détendue. Je pusmême apprécier lamaman poule deTyler, puis ellepartitrejoindresonmari.

—Allonsgolfermaintenant,déclaraTyler.

—T’esgentil,tumelaissesmeremettredel’interrogatoire,répliquai-je.

Ilvintm’enlacerenriant.Sonregardpénétralemien.

—Mamèren’apasl’habitudequejeluiprésentedesfemmes.

Ça,j’avaisremarquéquandelleavaittentédedisséquermavie.HeureusementqueTyleravaitdéclinésoninvitationàdéjeuner.Sisonmariétaitpareil,jen’étaispascertainedepouvoirgérerlasituation.

—Combienelleenaconnu?

Macuriositéavaitpoussécettequestion.

—Depuismesquinzeans,aucune.

—Çaexpliquepourquoiellepensequetum’engrosserasàlapremièreoccasion.

Tylermeserraunpeuplusfortdansl’étaudesesbras.

—Jesuiscontentquetuaiesrencontrémamère.

Ces simplesmotsme rappelèrent qu’il comptait vraiment que nous ayons une véritable relation decouple.Jemeraidis.

—Onvalefaireceparcours?demandai-jebrusquement.

Tylermerelâcha,maisilsepassadecommentaires.Ensuite,nouspartîmessurlegreenenreprenantleschosesoùnouslesavionslaissées,oublianttotalementlavenuedesamaman.

Tylermaniaitleclubdegolfavecunehabiletéquimefaisaitdéfaut.Ils’improvisaprofesseur,enétantpatientetdoux.Jen’aipasfaitunscoreincroyable,maisj’aiparticulièrementaiméqu’ilmeguidedansmesmouvements.Pendantplusdedeuxheuresd’affilée,nousnoustouchions,nousnousfrôlions,jouantaveccetteattirancequinouspoussaitl’unversl’autre.

Nouspartîmesensuitedéjeunerdansunebrasserieoùilavaitseshabitudes.Puis,nousnousbaladâmesdanslesrues,maindanslamain,discutantdetoutcequinouspassaitpar la tête.Lesheuresfilèrentàviveallureàmesurequenousnousdécouvrionsunpeuplus.Tylerserévélaêtreunhommeattentionné,çasevérifiaplusparlespetitsgestesqu’ilavaitquepardesparoles.Ilétaitaussidrôle,intéressantetadepteducontrôle.

Après cette journée somme toute banale, nous rentrâmes chez lui.Ça pouvait paraître étrange,maiscettenormalitémerassurait.Ellemelaissaitcroirequenousn’étionspeut-êtrepassidifférents.

—Tuvasprendretonpremiercoursdecuisine,déclara-t-il.

Commec’étaitluiquidécidaitpourencorequelquesheures,jenelecontrariaipas.

—J’auraidroitaugroscouteau?demandai-jeavecdesyeuxpleinsd’espoirs.

—Seulementsituprometsdenepasêtremaladroite!

—Promis,dis-jeenmetortillantlesdoigts.

Pourpremièretâche,Tylerm’envoyarécupérerlatablettedanslesalon.Lorsquejel’attrapai,ellesedéverrouillasurquelquechosed’improbable:unerediffusiondel’émissionDeschiffresetdeslettres.

Je rejoignis Tyler en tentant de comprendre quelque chose à ce qui s’affichait. Les règles du jeun’étaientpascequ’ilyavaitdepluscompliqué,cequiétaitplusénigmatique,c’était lescandidatsquirésolvaientlesépreuves.

—Tuarrivesàtrouverpilelebonrésultat?demandai-jesansquitterl’écrandesyeux.

Onnesaitjamais,silasolutionvenaitàmesauterauvisage.Tylersepenchapar-dessusmonépaulepour lire. Il restait trente secondes aux candidats pour se rapprocher du nombre final en centaine enutilisant six plaques de chiffres qu’il fallait additionner, soustraire,multiplier et diviser dans tous lessens.

Auboutd’unedizainedesecondes,Tylermesortituncalculdetroiskilomètresdelongquiamenaitpileaurésultat.

—Aussisimplementqueça?

J’étaissurlecul.

—J’aimeleschiffres,répliqua-t-ilenhaussantlesépaules.

Lechronomètrearrivaàzéroetlescandidatsmontrèrentleursréponses.Ilsyétaientpresque,maiscen’étaitpasça.Unenouvellesériedechiffresapparut,jeséchaiencore.Ilm’auraitfallupasmaldetempsetunecalculettepoursongerneserai-cequ’àessayer.J’étais tentéede lemettreenpause... justepourvoir.

JelevailesyeuxversTyler,ils’occupaitdesortirdelanourrituredufrigo.Jepositionnailejeusurleslettres,j’auraispeut-êtreplusdechance.Lescandidatschoisirententreconsonnesetvoyelles,etune

sériededixlettress’afficha.

—Morse,annonçai-jetoutefièredemoi.Tudismieux?

Tylersepenchapourlire,saréponsefutinstantanée.

—Prosaïsmes,aupluriel.

Ilavaitutilisé toutes les lettres. J’espéraiqu’il s’agissed’une rediffusionqu’ilavaitvueenboucle,maislesprobabilitésétaientfaibles.

—Tuaimesleslettresaussi?

—Moinsqueleschiffres,éluda-t-il.

Ilattrapaunepoêle,toutuntasd’ingrédientsétaitposésurleplandetravail.Ilmepritlatablettedesmains.

—Siontrouvaitquelquechoseàprépareravectoutça.Àmoinsquetupréfèrescontinueràjouer?

Jesecouailatête,mesneuroneshurleraientàlamortsijem’acharnaisàregardercetteémission.

Tylerdénichaunerecettedetartesaléeetonsemitauboulot.Ildirigealesopérationsetjesuivissesconsignesàlalettre.Jem’ensortisplutôtpasmal,jusqu’àcequ’ilcommenceàmeserrercontreluietàm’embrasserdanslecou.

—Ladécoupedespoivronsrisquedenepastrèsbiensepassersitufaisça...

—Jenevoispascequitedérange,dit-ilenpoursuivantsonbutinageintensif.

Je lâchai lecouteauavantdeperdreundoigtet jepivotaipour lui faire face.Sonregardbrillaitdedésir.Jeposaimeslèvressurlessiennes,ressentantlanécessitédeleprendreenmoi.Tylermesouleva,jenouaimesjambesautourdesatailleetilnousportajusqu’àlachambre.

—C’estl’heuredelapausedemoncoursdecuisine?

—Tuasétéuneélèvetrèsattentive,cetintermèdeestmérité.

Mon professeur improvisém’embrassa avec délicatesse. Il butinames lèvres lentement, laissant ledésirmonteràsonrythme.Nousnousdéshabillionsmutuellement.Àforce,jeconnaissaisunpeumieuxsoncorps.Jecommençaisàavoirmeszonespréférées,commesesbrasetlehautdesesfesses.

Unefoisnus,nousnousdirigeâmesverslelit.Tylermefitm’allongeretilvintmerecouvrir.Ilétaitparticulièrementdélicatetçametouchamalgrétouslesrempartsquejetentaisd’érigerentrenouspourmeprotéger.

— Nous allons prendre tout notre temps. Je veux te faire l’amour lentement et avec une grandeapplication.

Jem’autorisai à fondre. C’était la première fois qu’un homme se souciait autant demoi. Je reprispossessiondeseslèvresetjenoyaimesdoigtsdanssescheveux.Tylerm’embrassaavecpassionetunecertaineosmosesecréaentrenous.

Ilécartadavantagemesjambesavecseshanches,ilnouasesprunellesauxmiennes,etilmepénétra.J’inspirai,lasensationétaittellementagréable.Jefermailesyeuxquandilcommençaàbouger.

—Regarde-moi,mabelle.

Je soulevaimes paupières et jeme pris de plein fouet ses sentiments. Cet homme aimaitme fairel’amour,c’étaitcertain,maisçaallaitau-delàdeça,etjen’yétaispaspréparée.Jemeconcentraisursesva-et-vientquimeprovoquaientdessensationsdélicieuses.Maisçanesuffisaitpas,alorsjel’embrassai.

Progressivementetdanscettepositiontrèsintime,Tylernousmenaàlajouissance.Ilpesaensuitesurmon corps tremblant. Je passaimes bras autour de ses épaules et je le serrai contremoi.Demain, jesauraissicequej’avaisaperçucesoirseraitassezfortpournouslaisserunechance.

***

Le lendemain, jeme réveillai avec labouleauventre.Tylern’étaitplusdans le lit, aussi jepris letempsdemeprépareravantdeleretrouverdanslacuisine.

Ils’occupaitdupetit-déjeuner,enboxer.Ilétaitdedos,maisjedevinaisonairconcentrétandisqu’ilcuisaitdespancakes.Jeprofitaidecemomentoùilignoraitmaprésencepourgraversoncorpsdansmonesprit.Ainsiquetouslespetitsdétailsquimerappelleraientceweek-end.

Tylerse tournaavecuneassiettepleineet fumante. Ilmeregardade la têteauxpieds,mais ilne fitaucune remarque sur le fait que je sois habillée. Après tout, c’était mon jour, et je décidais. Iln’empêchaitquejemesentismalàl’aise,commedécalée,dansmesvêtements.

—Tuvoulaisassurerunbonpetit-déjeunerentelevantplustôt?demandai-je.

Ilmesourit,maislecoindeseslèvresnemontapasbienhaut.

—Assieds-toi,c’estmeilleurquandc’estchaud.

Jem’installaietjegoûtaiànouveauàsacuisine.C’étaitdélicieux.

—Quesouhaites-tufaireaujourd’hui?

Saquestionmecoupanetl’appétit.

—Jevaisteprésentermonfrère.

Tylernecachapassurprise.

—Tunem’asjamaisditquetuavaisunfrère.

Jepoussaimonassietteetjemetortillailesdoigts.J’hésitai,est-cequejedevaisluiexpliquer?…Jedécidaiquenon,etquenousdevionsrapidementpassercetteépreuve.

—Çanetedérangepasqu’onyaillemaintenant?

Ilm’observa.Jedétournaimonregardversl’évier,jesavaisquej’avaisl’airbizarre.

—Jem’habilleetonpart.

Tylerselevaetilsortitdelacuisine.Pourm’occuperpendantcetemps,jerangeai.J’avaisbesoindeçapournepastroppenser.Dixminutesplustard,Tylerm’attendaitdansl’entrée.Ilavisamonsac.

—Tuespresséedemequitter?

—Non,maiscommejerentrechezmoiaujourd’hui,jepréféraisquecesoitfait.

C’étaitunvilainmensonge,maistantpis.Nousappelâmesl’ascenseur.Dansleparking,jemedirigeaiversmavoiture. J’avais tout calculé,maispersonnenepourraitm’enblâmer.Mêmeceuxquidisaientteniràmoim’avaientlâchéeàcetteétape.

—Prenonslamienne,c’estmieuxsijeconduisvuquejeconnaislaroute.

Tyler pinça les lèvres, mais il obtempéra. Mes manœuvres ne tarderaient pas à devenir plus quesuspectes.Heureusement,cen’étaitpasloin.NousnousinstallâmesdansmavoitureoùTylersedélestademonsacenleposantàl’arrière.

On fit le trajet en silence. Il sentait que quelque chose clochait,mais il ne dit rien avant que nousarrivionsdevantlefoyerd’accueilmédicalisé.

—Tonfrèreesthandicapé?

Venantdelui,cettequestionpouvaitparaîtrestupide.Àmoinsqu’ilnecherchâtsimplementàdescellermeslèvres.Jehochailatête,labouledansmagorgem’empêchaitdeparler.

Jepénétraidanslebâtiment,Tylersurlestalons.Àcetteheure,Romaindevaitrecevoirlesdernierssoins. Dans l’ascenseur, Tyler me prit la main, ça me rappela sa présence dont j’avais pourtantcruellementconscience.Toutcommedufaitquejamaisilnel’accepterait.

Dans le couloir, je vis que l’infirmière sortait de sa chambre. Les autres ne semblaient pas encorelevés, leslieuxétaientcalmes.Jesaluailajeunefemmeetj’entrai.Tylerétait toujourslà, ilmesuivit.Romainavaitétéinstallédanssonfauteuilroulant,leregarddanslevidejusqu’àcequ’ils’aperçoivequej’étaisici.

—Angy!

Ils’agitafébrilementetjemeprécipitaipourl’embrassersurlefront.Ilmeserradanssesbrasetjedusluidemanderdemerelâcherauboutd’unmoment.

—Çava,monange?

Ilhochalatêteensouriant.Romainétaittoujoursdebonnehumeurquandjeluirendaisvisite.Ilavançasonfauteuiljusqu’àsatableoùilattrapaunefeuilletrèscolorée.

—Peinture,pourtoi,dit-il.

Je la pris et je l’observai avec attention. Si pour beaucoup cela aurait représenté un barbouillagemaladroit,pourmoic’étaitbienplus.

—C’esttrèsjoli.Jevaisl’encadreretjelamettraidansmachambre.Mercibeaucoup,monchéri.

—C’estquilui?demandamonfrère.

IlpointadudoigtunTyleraussiimmobilequ’unestatue.Ilétaittoujourssurleseuil,fixésurRomain.

—JeteprésenteTyler.

L’intéressénebougeapas.Çanesentaitpasbon...

—Tyler?

—Qu’est-cequ’ila?

Sonregardaccusateurétaittournéversmoi.

—Romainestatteintdetrisomie21,etilestparalysédesjambes.

—Pourquoitunemel’aspasditplustôt?demanda-t-ilsèchement.

Romainpoussauncrietilsecoualatête.

—L’aimepas,lui,méchant.ParlefortàAngy.

Mon frère ne supportait pas les disputes. Ça ne datait pas d’aujourd’hui. Ses parents, ceux quim’avaientadoptée,s’engueulaientsouventàcausedelui.

—Qu’est-cequeçaauraitchangé?répliquai-jesuruntoncalme.

Je ne voulais pas faire peur àRomain,mais à l’intérieur j’étais déjà en ébullition. Si lui aussimereprochaitd’avoirunfrèrehandicapé,jehurlais.

—Beaucoupdechoses.

Etvoilà,ilétaitcommetouslesautres.J’enétaiscertaine.Ilsétaienttouspareils...Maisvenantdelui,çafaisaitbienplusmal.J’espéraisquelquepartqu’ilpasseraitau-dessusdetoutça.Maispeud’hommesaccepteraient que la femme avec qui ils partageaient leur vie ait quelqu’un commeRomain à charge.Tylern’enfaisaitpaspartie.

Ilm’adressaunregardlourdd’unedéceptionquejenepusaffronterpluslongtemps.

—Va-t’en,luidemandai-je.

Romainattrapaunemèchedemescheveuxetiltiradessus.

—Veuxtepeigner.

—Toutàl’heure,monchéri.

Jen’arrivaispasàmedétournerdeTyler.

— Tu avais prévu tout ça. Tu étais prête cematin, ton sac était bouclé, et tu préférais prendre tavoiture.

—Angy,jeveuxtepeigner!s’agitaRomain.

—Jesuishabituéeàcequ’onmelaissetomberquandondécouvremonfrère.

—Angy!

—Jesuisàtoidansuneminute,monchéri.

TylerconsidéraencoreRomaind’unœilétrange.

—Jem’attendaisàbienmieuxvenantdetoi.

Ilnemeregardapasavantdepartir.Ilsecontentadefermerlaporteetdemelaisserseuleavecmonfrère. Je restai toute la journée avec lui, et je répondis toujours lamême chose quand ilme demandapourquoijepleurais.

—Çavapasser,çavapasser.

~10~Excuses

Tyler

***

Je rentrai en taxi. Depuis cematin, elle était bizarre.Depuis le début, ellemaintenait une certainedistanceentrenous.Quelquechoseclochait,Oliverm’avaitprévenu,etj’avaisfoncédroitdanslemur.Maintenant,jesavaispourquoi,mêmesijenelecomprenaispas.

Latêteauborddel’implosion,jem’assisdansmonsalon,maisjen’ytinspas.Ilyavaitcefauteuiloùnousavionsfait l’amour, jenepouvaispasyrestersansyrepenser.Sanslarevoirsurmoi,selaissantallersansretenue.Finalement,ceweek-endavaitétéunemauvaiseidée.

Depuisledébut,ellenemefaisaitpasconfiance.Ellem’avaitmisedevantsonfrèreenétantcertainequejem’enfuirais,etc’étaitcequej’avaisfait.Toutétaitfichuentrenous.

Plusperduquejamais,j’attrapaimonportableetj’appelaiOli.Ungrognementmerépondit.

—C’estmoi,t’escheztoi?

—Aufonddemonlit.

—J’arriveaveclepetitdéjeuner.

Jeraccrochaietjequittaimonappartementavecsoulagement.Partiracheterducaféetdescroissantsme fit du bien, ça me permettait de repasser ces heures avec elle dans ma tête. J’avais besoin decomprendre,etpourcelailmefallaitl’aided’Oli.

Jeretrouvaicedernierdanssonsalon,encaleçon,avachisursoncanapéavecunplaidentraversdescuisses.Oliavaitdescernessouslesyeuxetlavivacitéd’unmollusque.

—T’essortiavecConnor?

—Oui,etjecommençaisàpeineàrécupérer,alorstoncaféaintérêtàêtrebon.

Jeluitendissongobeletencarton.Illebuvaitsanssucre.

—J’aitoutfoiréavecAngy,déclarai-je.

Pas de langue de bois cette fois, ou d’alcool. Je ne maîtrisais plus rien, j’avais besoin d’un avisobjectifetilétaitleseulàpouvoirmelefournir.

—Raconte,dit-ilnonsansm’avoirscrutéavant.

Jeluidéballaitoutnotreweek-end,sansrienluicacher.Auboutd’unmomentOlihochalatête.

—Ok, je vois.Aumoins, on sait pourquoi elle était si distante. Si elle est habituée à ce qu’on larepousseàcausedesonfrère,elleseblinde.

Il termina la dernière bouchée de son croissant et il loucha sur lemien. Je n’avais pas lemoindreappétit,jeleluitendis.

—Merci.Aufinal,ondiraitqueceweek-endn’étaitpasautop?

—Maissi, toutsedéroulaitbien jusqu’àcequ’ellemefasse lasurprisedufrèrehandicapé.Ilétaitdansunfauteuilroulant,aveclabaveaucoindeslèvres,etilnevoyaitqu’elle.C’étaitinsensé.

Jemepassailesmainsdanslescheveuxàmelesarracher.

—C’estsonhandicapquit’apousséàtournerlestalons?demandaOli,l’airderien.

Jen’étaispascommesesex,aucontraire.Illesavait,nousnousconnaissionsdepuisassezlongtempspourça.

—Non,biensûrquenon.Jen’airiencontresonfrère,mêmes’ilesthandicapé.Cequim’afaitpartir,c’estlefaitqu’elles’attendeàcequejelefasse.Ellesavaitbienavantceweek-endqu’ellemeleferaitrencontrer, et elle était certaine que je fuirais.Cemanque de confiance est blessant. Je ne lui ai riencaché,moi.Jeluiaimêmeprésentémamère.

Olinemasquapassasurprise.

—Cen’estpasunpeurapidepourqu’ellediscuteavecLily?

—Oui,non,jenesaispas,ellepassaitparlààl’improviste,etpuisons’enfiche.Çanecomptepas.

—Justement,si.Tunet’espasditqueçaallaitunpeutropvitevotrehistoire?Si,aulieudevouslancerdans toutça,vousaviezapprisàvousconnaître, tunepensespasque tuauraispu lamettreenconfiancepourqu’elleteparledesonfrère?Angyestunefemmesensible,quinecroitpasenelleetquiabesoindetout le tempsfairesespreuves.Ajouteàçadespetitsamisqui l’ont larguéeparcequ’elleavaitunfrèrehandicapé,c’étaitinévitable.

Jemefrottailevisagepourtenterdecalmermoncerveauenébullition.Sil’amourétaitunesuitedechiffres,jen’auraisaucunproblèmeàyvoirclair,maisc’étaitdifférent.Lessentimentsn’avaientriendelogique,çanepouvaitpassecomprendreàcoupsderèglesmathématiques.

—Jefaisquoi?demandai-jeàOli.

—Çadépend,tuveuxrecollerlesmorceaux?

J’expiraibrusquement.

—Biensûr,ettulesais.Jenevaispaslaisserpartirlaseulefemmequej’aivraimentaiméejusque-làsimplementparcequ’elleafroissémonego.

Oliéclataderire.

—Voilà,tulestienslesmotspourlafairerevenir!

Jeme sentis tout à coup plus léger. C’était çamon but ultime : la reconquérir. Et cette fois, je necommettraispaslesmêmeserreurs.

—Tasoiréeétaitbien?demandai-je.

—Commed’habitude.Onestsortisboireunverredansunbar,unefilleachauffémonlit,etj’aimalaucrâne.Ahsi,ilyavaitquelquechosededifférent:Connorn’apasarrêtédemeposerdesquestionssurAngyettoi.

Jemesouvinsqu’ilnousavaitvuspartirtouslesdeux.

—Tuluiasditquoi?

—Deteledemander.

Bien,j’auraideuxproblèmesdetailleàgérerdemain.

***

Jen’euspasàattendrelundipoursubirlesquestionsdeConnor.Ilpassachezmoidansl’après-midi,déterminéàobteniruneréponsequejeluiservissurunplateau.

—Jel’aime,déclarai-jesimplement.

Connorenfutbouchebée,ilbégaya,maisilfinitpars’enremettre.

—Toi,amoureux?

Cen’étaitquandmêmepassiincroyable.Oliavaitétébeaucoupplusindulgentfaceàmessentiments.

—Oui,etj’aisacrémentmerdéavecelle.Jecomptemerattraper,et...

—Angyestunefillebien,jenetelaisseraipaslafairesouffrir,mecoupa-t-il.

Connorétaitmonami,maisjenedevaispasoublierqu’ilfréquentaitAngytouslesjoursdelasemaineetqu’ilenétaitaussivenuàl’apprécier.Commentfaireautrement...

—Jesais,etjenecomptepasluifairedemal.Aucontraire,jeveuxqu’ellesoitheureuseavecmoi.

Connorméditamesparoles,maislafroideurnequittaitpassonvisage.

—Ellet’aime?

—Jel’espère.

—Bien,dit-il,alorsjepensequejedoistesouhaiterbonnechance.

Connorpartit rapidement.Sa réactionm’alarma : est-ceque lui aussi ressentait quelque chosepourAngy?Jepensaiauxpireshypothèsesàcesujet,lanuitfutlongue,maisquandlematinarrivaenfinjefonçaiaubureauavecunnouveauplanentête.

Lapremièrechosequejefisfutd’organiseruneréuniongénéralepourfaireunpointsurlesprojets.AngyetConnorfurentlesderniersàentrerdanslapièce.Jemefocalisaiimmédiatementsurelle.Malgrésonmaquillage, jepouvaisvoirquesesyeuxétaientgonflés.Elleavaitpleuré,magorgeseserra.ElleévitahabilementdemeregarderetConnors’assitàcôtéd’elle.Ilm’observaavecneutralitéetonlançalaréunion.Pendantplusd’uneheure,nouspassâmesenrevuetouslesprojetsencours.Angyrestamuette,le nez dans ses notes. Elle adressa seulement quelques sourires à Oli qui les lui rendit. Lorsquej’abordais ses sujets, Connor répondait à sa place.À la fin, j’étais à la fois agacé et plus déterminéencore.

Laréunionse termina.Quandtout lemondesedirigeavers lasortie, jemis lasuitedemonplanenroute.Ilfallaitquejepuissem’expliquer.

—Angy,tupeuxresterici?

Ellelevasonregardversmoi.Sesyeuxd’habitudepétillantsétaientternes.Ellehochadocilementlatête comme quand votre boss vous demandait quelque chose que vous ne souhaitiez pas faire. Je nevoulaispasdecetterelationhiérarchiqueentrenous,maissinousdevionsenpasserparlàpourquej’aieunechancedem’expliquer...

Connorfermalaporte,maisilrestadumauvaiscôté.Jesentaistoujourslaprésenced’Olidansmondos.Génial,vraiment.Leschosesnepouvaient-ellesjamaisêtresimples?

—Connor,j’aimeraisparleràAngyseulàseul.

Il sepostaàcôtéd’elle.Angyfixait lesolavec insistance,ellen’étaitpasdu toutà l’aise.J’auraistellementvoululaprendredansmesbraspourlaréconforter!

—Nousavonsuneréunionensuivant,alorsjepréfèreattendre.

AngyneremarquapaslessourcilsdeConnorseleversihautquec’enétaitsuspect.

—Connor,jedevaisjustementvoiravectoiunelignecomptablequimesemblebizarre.Onpourraitenprofiterpourallerdansmonbureau,luiproposaOli.

Surmesdeuxmeilleursamis,jen’avaisqu’unallié.C’étaitmaigrequandonsavaitqu’Angybossaiten

permanenceavecl’autre.

—Nousparleronsdecelaplustard.Nousavonsdutravail,tranchaConnor.

IlouvritlaporteetfitsortirAngyqu’ilsuivitdeprès.

—Iljoueàquoi?!grondai-je.

—Jene sais pas, soupiraOli avecpréoccupation,mais tu dois te débrouiller pour l’évincer.Quoiqu’ilaitentête.

Oliquittalasalle,melaissantseulavecmesréflexions.

***

Les joursquisuivirent furentunEnfer. JecroisaisAngy,mais jenepouvaispasà luiparler.QuandConnorn’étaitpasavecelle,etc’étaitrare,ellesedébrouillaitpourmefuir.Jedésespéraisderecollerlesmorceauxjusqu’àcequel’occasionseprésentecevendredimatin.

Jelavisdansl’entréeuneheureaprèsl’embauche,sonsacsurl’épauleetl’airpaniquédecellequiarriveenretard.Jeluibloquailepassagequandellefonçadanslecouloir.Danssabulle,ellemerentradedans.Sonparfumemplitmesnarines,ramenantunefouledesouvenirsdansmonesprit.

—Pardon,jesuis...

Elles’immobilisaens’apercevantqu’ellemeparlait.Unmomentdeflottementsefitavantqu’ellenetentedemecontourner.Jemedéplaçaipourluibarrerànouveaularoute.

—Tyler,laisse-moipasser,s’ilteplaît,demanda-t-elleavecépuisement.

La fatiguedanssavoixm’alarma.Dansun réflexe, je laprisdansmesbras.Elle se tendit l’espaced’uninstant,puisellemeserraàsontour.Jevenaisenfind’avoirmonouverturepourmettreleschosesàplat.

—Allonsdansmonbureau.

Elleneprotestapas.Ellemelaissamêmelaguider.Unefoislaportefermée,ons’installasurlesdeuxchaises,côteàcôte.

—Tun’aspasl’aird’êtredanstonassiette,commençai-jeprudemment.

Si je la brusquais, elle se braquerait. Elle releva son regard vers moi. Les larmes menaçaient decouler.

—Si,si,toutvatrèsbien.Jedevraisd’ailleursrejoindreConnor,ilm’attend.

Jeposaimesmainssursescuissesquandelleseleva.Elleportaitunejupe,mapeauentraencontactpresquedirectaveclasienne.Seulunfincollantcouleurchairnousséparait.Sarespirationseheurtaenmêmetempsquelamienne.

—Angy,nousdevonsdiscuter...

Elleretiramesdoigtsdesesjambes.

—Jen’airienàtedire.

Cequ’ellepouvaitêtrebornée.Jerepositionnaimesmainspourlaforceràresterassise.

—Trèsbien,alorstuvasm’écouter.Jenesuispaspartiàcausedetonfrère,maisparcequetum’asblesséennemefaisantpasconfiance.Jet’aime,jesuisprêtàaccepterbienplusqu’unfrèrehandicapépourtoi,maisdecomprendrequetumevoyaiscommetouslesautres...c’étaitintolérable.

Elleclignadesyeux,plusieursfoisdesuite,maiselleneréagitqu’unmomentaprès.Unelarmeroulasursajoue.

—C’estvraimentpourçaquetuavaisl’airsiencolère?

—Oui, la confiance est essentielledansuncouple. Jepensaisvraimentque tu croyaisquequelquechoseétaitpossibleentrenous,queceweek-endétaitundépart.Maisc’étaittoutlecontraire,tuvoulaisquejefuisenvoyanttonfrère.Tuastoujoursétédistantefaceàmoi.

Jenepusmasquerledésespoirsurmonvisage,ellelevitaussi.

—Nousnousconnaissonsàpeine.Deshommesquejefréquentaisdepuisbienpluslongtempsquetoiontreculé.

—Tunem’asmêmepaslaisséunechance.

Ellehochalatête,piteuse.C’étaitmoche,maisjesautaisurl’occasion.

—Alorstudoistefairepardonner.

—Commentça?dit-elleenfronçantlessourcils.

—Accepte-moienfindanstavie.Essayonsdevivreunerelationnormale.Tonfrèrecomptepourtoi,jel’aicompris,etjerespectecela.Maisdonnons-nousunechance.

—D’accord.

~11~Rabibochage

Angy

***

J’étais sortiedubureaudeTyleravecdessentimentsmitigés. J’étaiscontentequenousnoussoyonsparlé.Disonsmêmequej’étaissoulagéequ’ilaitprisleschosesenmain.Maisd’unautrecôté,j’avaispeur.Sinotrerelationnefonctionnaitpas,quesepasserait-il?Aprèsqu’ilaitquittélefoyer,j’avaiseubeaucoup de mal à remonter la pente. Cet homme avait une influence trop forte sur moi. S’ilm’abandonnaitpourdebon,quem’arriverait-il?

Leplusétrangedanstoutcequis’étaitpassé,c’étaitquesesamism’avaientsoutenue.Oliverm’avaitfait rire à lamoindreoccasion, il avait tout faitpourme faire retrouver le sourire.EtConnorm’avaitmontrélaviesousunanglecentpourcentprofessionnel,medonnantautantdetravailquej’enréclamaisetmepermettantainsidefairepartiellementabstractiondeTyler.

Etpuisl’après-midisuivantnotrediscussion,toutuntasd’inquiétudesm’avaitenvahie.Jen’avaispaslamoindreidéedecommentnousallionsréamorcerleschoses,cequ’ilfaillaitquejefasse,commentjedevais me comporter... Je savais que je me posais beaucoup trop de questions, mais ce sujet meturlupinait. Dans un sursaut de génie, j’avais envoyé unmail à Tyler pour l’inviter à dîner ce soir àl’appartement. Il avait accepté, tout commeCynetOliver.Connor avait dû refuser à caused’un repasd’affaires.Bref,jen’étaispasencoreprêteàmeretrouvertouteseuleaveclui.

Lorsque je débauchai, je suivis le programme prévu par Cyn. Cette dernière savait que ce dînercomptait pour moi et elle avait été heureuse que je l’inclue dedans au point de s’occuper de toutcommanderetdemetraceruntrajetprécispourtoutrécupéreravantderentrer.

Aprèsunebonnedouche,onsemitàtoutpréparer.Enclair,Cynmettaitlecouverttandisquejeversaislesplatsdutraiteurdanslescasseroles.Cen’étaitpasdelatrichedanslamesureoùilconnaissaitmonniveauculinaireetqu’iltenaitàsasanté.

Cynrevintdanslacuisinepourrécupérerdesverresàvin.

—Armando s’est surpassé, ça sent super bon, lança-t-elle en enfonçant un doigt dans la sauce descrevettes.

Jeluitapaisurlamainavecunespatuleenbois.

—Aïe...T’esnerveuse?

Aprèstoutcequej’avaisfaitavecTyler,c’étaitridicule,maisjedépassaislestadedelanervosité.

—Unpeu,oui.

Cynmejetaunregardcompatissantavantderepartir.Ellesavait toutcequis’étaitpasséetdanscegenredecasiln’yavaitrienàdire.

—Lemecquidoitvenir,ilestcanoncomment?demanda-t-elledepuislesalon.

Àsavoix, jedevinaiqueCynvoyaitdéjàOlivercommeuneproiepotentielle.Lepauvre, iln’allaitpaspouvoirrésister.

—Oliver,ilesttoutàfaittonstyle.

Cynémitunrugissementdefélindepuislesalon,ilétaitcuit.

Onsonnaàlaporte,etjeperdistoutecontenance.Cefutmacolocatairequiouvrit.Letempsquejemeressaisisseetjelesretrouvaidansl’entrée.LeregardpénétrantdeTylertombaimmédiatementsurmoi.Cerepasm’avaitsembléunebonneidée,audétailprèsquejen’avaispasimaginéàcemoment-làl’effetperturbantqueçameferaitdel’avoirdansmonenvironnement.

Cynpritleursvestesdanslamesureoùjerestaiscommeunepotiche.PuisTyleramorçalegestequimitfinàmestergiversations,ilm’embrassasimplement,etilglissaunbrasautourdemesépaules.

Olivernousjetauncoupd’œilmalicieuxavantd’attaquer.

—Tylerm’a parlé de ton don pour la cuisine... Rassure-moi, c’est ta colocataire qui a préparé lerepas?

Cynrevintenriant,elleaccrochaimmédiatement l’attentiond’Oliver.Elleétaitmagnifiqueavecsonjean trèsprèsducorpset sondébardeur rougeaudécolletéoù touteunefamilleauraitpuseplanquer.Elle s’était simplementcoifféed’unecouettequi luiarrivaitaumilieududos, sescheveuxdégagésnelaissaientplacequ’àsonregardazur.

—Situtiensàlavie,ilestpréférablequejenetouchepasàunepoêle.JesuisCynthia,seprésenta-t-elleavecsonaplombnaturel.

—Oliver,charmé.

Unpeu,oui.Ilétaitmêmecarrémentenvoûté.Tylermecaressal’épaule.Jemeblottisinstinctivementcontrelui.

—Bon,lesamoureux,nouslançaCyn,cen’estpastout,maisonsedessèchedansl’entréelà.

L’ouraganCynthiafonçadanslesalon.

—J’aioubliédeluidiredenepasêtreelle-même,grommelai-je.

Olivertournasonregardéblouiversmoi.

—Cettefilleestgéniale!

Etillasuivitd’unpasdécidé.

Tyleretmoiéchangeâmesunregard,puisnouséclatâmesderire.Ilétaitclairquecesdeux-làallaientnousanimerlasoirée!

Nous les rejoignîmes.CynthiaavaitdéjàmisOliverauservicedesboissons.Tylerpritplacesur lecanapé,jepartisdanslacuisinechercherlespetitsfours.Jerevinsm’installeràcôtédeTylerquiposaunemain à l’intérieur dema cuisse.Ce contactme soulagea sur notre relation, et il attisamon corpsquandilmecaressadupouce.Plutôtquedemeconsumer,jeprispartàlaconversation.

—Qu’est-cequetufaisdanslavie?demandaOliveràCynthia.

—Jesuisbarmaidau«chicetclasse».

Oliverse trouvaunfort intérêtpourcetendroit,et ilsentamèrentunediscussion.JemetournaiversTyler qui n’y prêtait pas la moindre attention, son regard était posé sur moi et il me détaillait avecinsistance.

—J’aiquelquechosesurlevisage?l’interrogeai-jediscrètement.

—Àpartunebouchequej’aienvied’embrasser?répliqua-t-ilavecunsourirecoquin.

CynthiaetOliverétantoccupésl’unavecl’autre,j’enprofitaipourentrerdanssonjeuquimeplaisaitunpeutrop.Jememordislalèvreinférieurelentement.

—Ellesaussi,ellesenonttrèsenvie...Maiselleshésitentquantàl’endroitoùseposer.

Tylercilla.J’aimaislesurprendre.

— J’ai beaucoup de suggestions à leur soumettre, susurra-t-il. Il y a des zones de mon corps quiméritentunenouvelleexploration.

Jepouffai,attirantl’attentionversnotrebulle.

—Attendezaumoinsledessertavantdesongeràvousfairedespapouilles,lançaCynenmefaisantunclind’œil.

Jeluitirailalangueetjemelevaipourterminerdepréparerl’entrée.Lacharcuterieétaitencoredansses papiers. Ce n’était pas un choix très féminin, mais notre traiteur la faisait lui-même et elle étaittellementbonnequ’elletombaitsurleshanchessansqu’ons’enaperçoive.

J’arrangeaitoutsurunplat,lavoixdeTylerrésonnaetjefrémis.Jemepenchaipourlevoir,ilétaitpiledansmalignedemire.Jel’observaiunpetitmoment,ilsemblaitheureuxettotalementàl’aiseavecCynthia.Maisquineleseraitpas!

Onpassaàtablerapidement.Nousdînâmesdanslajoieetlabonnehumeur.Audessert,j’abandonnailecomptagedescadavresdebouteillesdanslacuisine.Çaexpliquaitnosderniersfousriresincontrôlés

etnotreétatparticulièrementdétendu.

Je les rejoignis avec la charlotte aux fraises.Ellevacilla légèrement,mais elle arriva àdestinationentière.L’alcool,cesoir,c’étaitfinipourmoi.Cynéclatad’unriretonitruantàuneblagued’Oliver.Elleétaitcomplètementcramée.

Jem’assisetjem’attelaiaudécoupagedugâteau.Tylerglissasamainsouslatableetjemanquaidedéraper quand elle s’aventura entre mes cuisses. Je repris mon service tandis qu’il me caressaitlangoureusement.

Je lui jetaiuncoupd’œil, ildiscutaitavecCynquiavait retrouvéunsemblantdecalme.Sesdoigtsremontèrentplushautetjemetortillai.S’ilcontinuaitcommeça,jenerépondraisplusderiendanspaslongtemps.Jeleservis,etoups!unpeudecrèmefouettéetombasursonpantalon.

—Cequejesuismaladroite,râlai-je.

Jeglissaiundoigtsouslatable,effleurantsonsexequitendaitlatoile,etjerecueillislachantillyquetermina dans ma bouche. La main de Tyler s’immobilisa entre mes cuisses, son regard était brillant.OliveretCynétaientbientropoccupésàsetournerautourpournousprêterunsemblantd’attention.

Jemeléchaileslèvresavecgourmandise.

—Nejouepasàçaavecmoi,outuvasfinirdanstachambreavantl’heure,etjemefichequ’OliveretCynthiaentendenttout.

Moncorpss’échauffaetjeserraisamainentremescuisses.

—Angy...m’avertit-il.

J’étaispriseaupiègedesonregard,et totalementattiréeverssoncorps.Quelquechosedepuissantpassaentrenous.Marespirationmesemblaépaissetantmapoitrinealourdieappuyaitsurmespoumons.

LesprunellesdeTyler étaientbrûlantesdedésir et son souffle était saccadé.Sesyeuxdescendirentversmeslèvreset...unraclementdegorged’Oliverfitéclaternotrebulle.

—Cynthiam’aproposédememontrerlebaroùelletravaille.Onvousabandonne...uneheure?dit-ilenregardantsamontre.

Noushochâmeslatête,etcefutàpeinesinouslesvîmestouslesdeuxsortir,maindanslamain.

Nous nous jetâmes l’un sur l’autre. Le choc fut brutal, mais pas autant que la manière dont nosvêtementsvolèrentdanstouslessens.

—Unesemainesanspouvoirtetoucher,c’étaitinsoutenable,gronda-t-ilenmecaressant.

Sa main se perdit entre mes cuisses, me faisant oublier la retenue de la puissance de mes cordesvocales.Duboutdesesdoigts,Tylerm’affola.Jedusm’écarterpourêtrecertainedenepasperdrelatête.

—Nousavonsuneheure,luirappelai-je.

—T’asraison,çavafairejuste.

Encoresousl’effetdel’alcool,jeris.

—C’estpourçaqu’ilfautquejeprenneleschosesenmain,déclarai-je.J’aicommedansl’idéequesinononnetiendraitpaslechrono.

Tylersoulevaunsourcil,provoquantunsoubresautàl’intérieurdemoncorps.Ilétaitmagnifique,nu,allongésurmonlit,ettoutdisposéàcequejejoueaveclui.

Jem’assisàcalifourchonsursonérection,laplaquantentrenous.

—Jelametsenstand-by,plaisantai-je.

Tylersecoualatêteensoupirant,unsourireamusésurleslèvresquejem’empressaid’effaceraveclesmiennes.Cettesemaineavaitétédurepourlui,maispourmoiaussi.Ilnes’étaitpaspasséunsoirsansquejepleure.Oumêmeunejournéesansquejedoivesoufflerdanslestoilettesautravailpourmedireque j’avais lacapacitédesurmonter toutça,alorsqu’ilétaitclairquenon.J’avaiscethommedans lapeau.

J’embrassaichaquezonedesonvisageetjedescendissursontorse.Ilsursautalorsquejeluimordislepremiertétonetilsetenditcarrémentàmesurequejenaviguaiplusbas.Sanscérémonie,jeleléchaidehautenbas.Sa respiration se saccada.Quand je leprisdansmabouche, ilgrogna. Installéeentre sesjambes,jem’appliquaiàluidonnerduplaisir.Etcefutunsuccèsincontestablevulesgémissementsquej’arrivaiàluitirer.Auboutd’unmoment,Tylerattrapamescheveuxetilmeretiramonjouet.

—Çapourraitallerbienplusvitequetunelepensessitucontinuescommeça.

Je lui souris, fière de l’emprise que je pouvais avoir sur lui. Tylerme guida jusqu’à ses lèvres. Ilm’embrassapuisilsoupira.

—Jepréfèreavoirtongoûtsurlalangue.

Iltentadem’allonger,maisjerésistai.S’ilpoursuivaitsonplan,nousenaurionspourplusd’uneheure.

—Hanhan,protestai-je.Ici,monsieur,c’estlamaîtressedemaisonquidécide.

Tylerhaussalessourcils,caressantmesseinsdemanièredistraite.

—Oh,etquedécide-t-elle?

Ils’approchapourprendrel’undemestétonsentreseslèvres.J’oubliailesujetdenotreconversation.

—Alors?souffla-t-ilcontremapoitrine.

—Alorsquoi?

—Commentveux-tuquejeteprenne?

Unspasmemesecouaquandsamainglissasurmonventre.

—C’estétrange,moninspirations’estenvoléeaumomentoùtuaschoisidejoueravecmesseins.

JesentisTylersourirecontremapeau.

—Parfait,doncj’aicarteblanche,décida-t-il.

Tylerseleva,laissantmoncorpsbrûlantdedésirsanssescaresses.Avecunsourirecarnassier,ilmeretournasurleventre,metiraparleshanchessurleborddulit,meforçantàposerlespiedsparterre.Là,il leva mes fesses et il me pénétra d’un coup. La chose était aisée tellement j’étais trempée. Je mecontractaiautourdelui.Enfin,jeleretrouvais.

Ilm’attrapalescheveux,ilmetiralatêteenarrièredansunepositiondiablementexcitanteetilbougeasansménagement.

—Cequec’estbon,grognai-je.

Tylerattrapamesfessesàpleinesmainsetillesmalaxa.

—J’aifantasmélà-dessustoutelasemaine.

Ilaccélérasesva-et-vientetjecraquairapidementquandsesdoigtsvinrentmetitiller.Ilmerejoignitetnousnousécroulâmessurlelit.Seulesnosrespirationspuissantesbrisaientlesilence.Tylermetirapourmeblottircontrelui,mondosplaquécontresontorse.Ilm’embrassasurl’épaule.Jemeremémoraiscertainsdétailsdecettesoirée.

—Jecroisqu’ilsepassequelquechoseentreCynetOliver.

—Ilvalamettreàgenoux,plaisantaTyler.

—N’importequoi,c’estellequivalerendredingue.

—Ça,jen’endoutepas!

La main de Tyler glissa sur mon ventre. Elle remonta vers ma poitrine et il joua avec mes seins.Partagercemomentintimeavecluiensachantqu’ilavaitconnaissancedel’existencedemonfrèreavaitquelquechosededifférent.C’étaitbienplusagréable.

—Mets-toisurledosquejepuissehonteusementprofiterdetoi.

J’obtempéraisansmefaireprier.PourvuqueCynetOliveroublientdereveniràl’heure.

***

J’émergeaidanslesbrasdeTyler.Nousn’avionsfinalementpasquittémachambrepourrejoindrenosamis.Maispeuimportait.Tylerétaitlà,dansmonlit,etj’étaistellementbien.

Jeme tournai pour l’observer,mais je le réveillai dansmamanœuvre. Il ouvrit des yeuxpleins desommeil,ilmeregarda,prenantunefractiondesecondepourserappeleroùilsetrouvait,etilsourit.

—J’aimecegenrederéveil,soupira-t-il.

Ilme caressa les cheveux en se redressant légèrement. J’allais lui répondreun truc à l’eaude rosequandsontéléphonesemitàsonner.

Il se pencha pour l’attraper. J’eus à peine le temps de constater qu’il s’agissait de Connor qu’ildécrochait.

—Desnouvelles?

Tyleracquiesçaàplusieursreprises,écoutantsoninterlocuteuravecattention.

—Jevois,lecompteenSuissenemesurprendpas.C’estunclassique.Tuaspuremonterplushaut?

Connorparlalonguement.Tylerrestaitimmobile,seulssessourcilsfroncéstrahissaientsacontrariété.

—Ok,essayedefaireunbilandesdégâts.Siçacontinue,nousallonsdevoirfaireintervenirplusdemonde.

Nouveaublablaàl’autreboutdelaligne.

—Onfaitcommeça,tiens-moiaucourant.

Tylerraccrocha.Cetteconversationnemedisaitrienquivaille.

—Tuasdesproblèmes?demandai-je.

Ilsetournaversmoiavecunvisagefaussementrassurant.

—Rienquinenécessitequetut’inquiètes.

Jemerenfrognai.

—Tuveuxquenousnouslaissionsunechance?

—Bienentendu.

—Alorsilvafalloirêtrehonnêteavecmoi.

Tylerserenfonçadanssonoreiller.

—Nousavonsrepérédesdétournementsdefondssurplusieursdenossociétés.

Monflairnem’avaitpastrompée,ilyavaitbienunproblème.

—Voussavezquifaitça?

—Non,Connoraunepiste,maisilmanqueencoredeséléments.Nousavançons,maisnotrefaussaireestmalin.

Tylersemblaitpréoccupé,jen’aimaispaslevoircommeça.Maisilfallaitserendreàl’évidence,cen’étaitpascedimanchequ’ildécouvriraitl’identitéducoupable.Etjen’étaispaslamieuxplacéepourl’yaider.Enrevanche,jepouvaisledistrairependanttoutecettejournée.

—Jem’occupedupetitdéjeuner?proposai-je.

Tylerécarquillaexagérémentlesyeux.

—Tuveuxdéjàtedébarrasserdemoi?

Jelefrappaiavecmonoreiller.

—Jepensaisàallerlechercheràlaboulangeriedelarue.

—C’estdrôlementbanallecaféetlescroissants.JepréfèreplutôtprendreuneAngy.

***

Lasemainequisuivitfutbienplusagréablequelaprécédente.MarelationavecTylerfutdévoiléeaugrand jouretquelquepartc’étaitbiencommeça.Connor,quisedoutaitdequelquechose, futheureuxpournous.Oliver,quantàlui,metaquinaitdetempsentempssurlesujet.Bref,toutallaitpourlemieux.

Dans lescouloirs, lorsquenousnouscroisions,Tylerenprofitaitpouravoirdesgestesattentionnés.Toujours quelque chose qui faisait que je ne regrettais pas d’être sortie demon bureau. En revanche,pendant les réunions, nous nous montrions parfaitement exemplaires et professionnels. Cet aspectcomplexedufaitdesortiravecsonbossquim’inquiétaitétaitfinalementinfondé.

Lemidi,nousdéjeunionstouslesquatreensemble.Êtreaumilieudecestroisamisn’étaitpastoujoursfacile. Ils se connaissaient si bienqueparfois c’était difficilede les suivre,mais jem’accrochais.Lesoir,Tyleretmoiavionsnospetitsmoments.Ilpassaitbeaucoupdetempsà l’appartement,maisçanegênaitpasCynquibossaitquasimentàchaquefois.

Nousarrivionsauvendredisoir.Tylerétantendéplacementpourl’après-mididansuneautredeleurssociétés,jeprisdoncseuleladirectiondemonappartement.Danslarueàlasortiedesbureaux,desbrasmesaisirentetm’arrêtèrent.JelevailesyeuxverslevisageessoufflédeTyler.

—J’avaispeurdetelouper!

—Tuascourupourmerattraper?

—Letaxiétaitcoincédanslesembouteillages.Jel’aipayé,jesuissorti,etj’aifoncéjusqu’ici.

Jepinçaileslèvrespournepassourirebêtementetjesecouailatête.

—Jerentrais,tuveuxquejet’attende?

Tylermesourit,etjecomprisquemapropositiontoutesimplelerendaitheureux.

—Jemonterécupérerquelquesaffairesetjesuisàtoi.Etcommeonapassétoutelasemainecheztoi,jepensaisquetupourraisvenirchezmoi.

Dumomentquesamèrenedébarquaitpasavecsonarsenaldequestionsetsesconseilspourtomberenceinte...

—Ok.

Tylerdéposaun légerbaiser surmes lèvres et il partit chercher ses affaires.Quand il revint, ilmeretrouvadansunétatdenervositéavancé.

—Qu’est-cequit’arrive?

—Jecomptaisallervoirmonfrère,ceweek-end,annonçai-je.Enfait,j’yvaistouslesweek-ends.Etparfoisensemainequandjenefinispastroptard.

Tylerfronçalessourcilsetilcroisalesbras.Moncœurs’emballa,maisildevaitcomprendrequejenepouvaispasrangermonfrèreauplacardpourlui.

—Etc’estpourçaquetut’inquiètes?Tuaspeurquejetedemandedechoisir?

Bienvu...maisilsemblaitvexé.

—L’expériencem’aprouvéque...

—Jem’encognedetonexpérience.Nousironsdansl’après-midi,ensemble.Maisdemainmatin, tum’accompagnerasaugolf.

Jehochailatêteetnousquittâmeslesbureaux,directionsonappartementpourunweek-endenteintedecompromis.Était-celesecretd’uncouplequidure?

~12~Emménagement

Tyler

***

C’étaitincroyable,elleavaitencoredoutédemoiàcausedesonfrère!Lasemaines’était trèsbiendéroulée, mais dès qu’il s’agissait de lui, elle reprenait sa mauvaise habitude. J’allais probablementavoirbesoindebeaucoupdetempspourchangerça,maisj’yarriverai.

Jel’observaitandisqu’ellecoupaitlescarottescommejeluiavaisdemandé.Pournotresurvieàtouslesdeux,etquemafemmedeménagenese transformepasaussiencuisinière, j’avaispasséplusieursheuresàabsorbertouteslestechniquesdecuisineetlesrecettesbasiques.Toutçaétaitd’unesimplicitéenfantine,nousétionssauvés.

Angys’appliquaitàlatâcheenfredonnantunaird’unevieillemusique.J’étaistellementheureuxdelavoiriciquec’enétaitdéraisonnable.J’étaisrestétoutelasemainechezelleparcequejenesupportaispasdemeretrouverseul.Enfin,c’étaitceque jecroyais,maisc’étaitbeaucoupplussubtil.Lavérité,c’étaitquejenevivaisplusquandellen’étaitpasdanscetappartement.

—Si je comprendsbien, je suis le commis et tu es le chefquidonnedesordres ?demanda-t-elle,toujoursconcentréesursatâche.

—Toutàfait,icicen’estpasmoiquiaibesoind’apprendre.

Ellesouritetlevalatêtepourmetirerlalangue.Mmh,cettelangue...

—Alors il fautque tum’expliquesun truc.Normalementunprofesseurn’apas ledroit de coucheravecsonélève,etlamanièredonttumeregardesnelaissepastesintentionsbiendissimulées.

J’appréciaisénormémentcecôtéjoueurchezelle.D’ailleurs,jel’aimaistoutcourt.

—Maisjet’enseigneaussibeaucoupdansledomainedusexe,alorsçanecomptepas.

—Prétentieux!Etpuisjecroyaisquelesujetdumoment,c’étaitlacuisine.

—La nourriture, le sexe, disons que nous tournons autour des bonnes choses de la vie. Enfin, toutdépenddelaréussitedeceplat.

Ellemejetaletorchonàlafigureenmetraitantdemufle,maisjevoyaisdéjàqu’elleétaitdisposéeà

laissertombersoncouteaupouruncorpsàcorps.

Biendécidéàlafairecraquer,j’attaquaienutilisantcontreellesapropreméthode.

—C’estcurieux,maisjen’aijamaisfaitl’amourdanscettecuisine.

Ellelevaunregardtrèsintéresséversmoi,gagné!

***

Notrevisiteaufoyers’étaitplutôtbienpassée.J’avaisfaitmonpossiblepourmefaireapprécierdeson frère,parcequeça la rassurait, et aussiparceque jen’avais riencontre lui. Il semontrad’abordréfractaire,sesouvenantquesasœuravaitpleuréàcausedemoi,puisilm’acceptaquandjeluitendislapochedebonbonsquej’avaisamenéepourlui.

Angy ne dit rien pendant unmoment, ellem’observa simplement interagir avecRomain. J’avais pusentir les rouages de son cerveau tourner, elle comprenait. Ce n’était pas l’illumination, mais elleréalisaitquejeletraitaiscommen’importequi.Etellemelâchauneinformationcapitale,Romainn’étaitpassonfrèredesang,justed’adoption.Cequisignifiaitquelerisquedetrisomiecheznosenfantsseraitlimité.OhmonDieu,voilàquejeraisonnaiscommemamère.D’ailleurs,jen’avaispasencoreparléàAngydecettedernière,maisellemeharcelaitpourquenousnousrevoyions.ElleavaitcraquésurAngy,maiscommentluireprocher!

Jeréussisàlaconvaincrededormiràlamaisonledimanchesoir.Ellem’envoulutàmortquandnousarrivâmesenretardaubureauparcequejem’étaisaventurésousladoucheavecelle.Cefutàcausedeçaquejedusbataillerpourlasortirdéjeuner.Oliverm’aida,etsiConnorn’avaitpasétéendéplacementilauraitaussimisàrudeépreuvesaconscienceprofessionnelle.

Nousquittâmesdonctouslestroislebureaupourlabrasserieducoindelarue.Çan’allaitpasêtrefaciledelaconvaincredepasserlanuitchezmoi,maiscen’étaitpasimpossible.

Letéléphoned’Angysonna.Elles’excusa,puiselledécrocha.

—Oui,c’estlà...C’estça.Àtoutdesuite.

Ellecoupasabrèveconversation.Olisautasurl’occasion.

—C’étaitCynthia?

—Oui,dit-elleavecunsourireencoin.Sij’avaiseuletempsderetournerchezmoicematin,j’auraispurécupérermondossier.

Ellemejetaunregardpleindereproches.

—Jenet’aipasentendueteplaindrequandona...aïe!

Ellevenaitdemedonneruncoupdepiedsouslatableetellen’yétaitpasalléedemainmorte.

—Tudisais?s’enquit-elleavecunairinnocent.

Oliéclataderire.Puisqu’ellevoulaitjoueràça...

— Que la seule chose que tu m’as demandée ce matin avant de partir au boulot était de ne pasm’arrêter.

Angyviraaurougeetlerired’Oliredoubla.

—Ehbien,cen’estpasprèsd’arriverdenouveau,grommela-t-elle.

Monvisagese figeaenmêmetempsqu’Olisecalma,maispaspour lamêmeraison.Cynthiavenaitd’entrerdanslabrasserie,etellemarchaitdroitversnous.MonamiavaittrouvésonAngy.

—Salut,toutlemonde!Tiens,Angy,voilàtespapiers.

—Merci,tumesauveslavie.

—Çaméritebienunpetitdessert,tentaOli.

Cynthia se tourna vers lui, un grand sourire aux lèvres, et elle hocha la tête comme une gamine. Ils’empressad’allerluirécupérerunechaisequ’ilplaçasiprèsdelasiennequ’ilauraitcarrémentpuluiproposersesgenoux.Elles’installaavecnousetoncommandadesdesserts.

OliétaitvenumeparlerdeCynthia,àplusieursreprises.Ilnes’étaitrienpasséentreeuxlesoiroùAngynousavait invités,maisdepuisellenequittaitplussonesprit. Ils’étaitmêmecreuséla têtepourtrouveruneexcusepourlarevoir.QuiauraitcruquemesfrasquesmatinalesavecAngyluiserviraientdeprétexte?

Toutel’attentiond’OliétaittournéeversCynthia.Cettedernièren’étaitpasenreste.Elleluiessayalecoindesabouchemaculédesauceauxfruitsrouges,enfournantensuitesonpoucedanssabouchepourl’essuyer.Siçacen’étaitpasunsignalclair!

Maistoutça,c’étaitleurhistoire.Toutdesuite,jemepréoccupaisplusdelamienne.JemepenchaiversAngyquidévoraitsoncoulantauchocolat.Elleavaitunbonappétitetlachancedenepasgrossirmalgré tout ce qu’ellemangeait. C’était agréable de l’inviter au restaurant pour autre chose que deuxfeuillesdesaladesanssauceavecunquartdetranchedeconcombre.

—T’étaissérieusetoutàl’heure?

—Àquelsujet?demanda-t-elleavecuneinnocencefeinte.

—Àproposdusexe.

Elleterminaledernierboutdesongâteau,etellepoussasonassiettevideavecunairboudeur.

—J’aibiendroitàmavengeance.

—Etsijetedonnelerestedemondessert,tuoubliescetteidée.

Nous avions pris le même et le mien n’était qu’à moitié entamé. Elle craqua quand j’attrapai macuillère.

—Ok,ok.

***

Pendanttoutelasemaine,jeréussisàattirerAngychezmoiàcoupdepromessessexuellestoutesplusfolleslesunesquelesautres.Jesavaisquecen’étaitpaslemeilleurmoyenpourunerelationéquilibrée,mêmecetaspectavecelleétaitformidable...Bref,ilétaittempsquenousquittionscettesituation.

Vendredi, j’entrai dans son bureau, déterminé. Elle leva le nez de son ordinateur, un grand sourireplaquésurlevisage.J’adoraiscetaccueil.

—Onrentreetonsefaitunresto?proposai-je.

Angysemorditlalèvre,contrariée.

—Cynnousaprévuunesoiréeentrefilles.

Jemasquaidifficilementmadéception.

—Onnes’estpasbeaucoupvuescesdernierstemps,etc’estmameilleureamie,sejustifia-t-elle.

—Cen’estpasgrave,soupirai-je.Maisj’aimeraisquenousdiscutionsdeça.

—Dequoiprécisément?

—De tous ces allers-retours entre nos appartements.Ça serait plus simple que tu emménages chezmoi.

Lasurprisesepeignitsursonvisage.Jedécidaid’êtrehonnête.

—Jesaisquec’estrapide,maisj’aivraimentenvied’êtresûrquetuserasàlamaisonlesoir.J’aibesoindet’avoirprèsdemoi.Jenesupportepasquetusoisloin,jen’arriveplusàresterchezmoisijesaisquetunevaspasrevenirsansquejeteledemande.

Ellemeregardaavechésitation.

—J’aimeraistedireoui,mais...jenesaispas.

Çaauraitététropsimplequ’elleacceptesansquejedoivebatailler.

—Alors,promets-moid’yréfléchir.Etaussidemeréservertonweek-endprochain.

Intriguée,ellehochalatête.Maintenant,jedevaismedépêcherdeprendrelesbilletsd’avion.

~13~Famille

Angy

***

Quelle semaine de dingue ! Heureusement Cyn nous avait organisé cette soirée, j’avais besoin dedécompresser.Nonseulementçaavaitétélafolieauboulot,Connorétantendéplacementj’avaisaussisapartie,maisTyleravaitécourténosnuits.Jen’allaispasmeplaindredemesmomentspassésaveclui,aucontraire,maissapropositiond’emménagerensemble...

Toutçaétaittellementrapide!Etj’étaissibienaveclui...Enplus,ilavaitjouélejeuavecRomain.Jene luiendemandaispas tant. J’auraispenséqu’il resteraitdansuncoinà travailler sur son téléphone,maisc’étaittoutl’inverse.Ilavaitdistraitmonfrèreetilneseforçaitmêmepas.

Jeterminaidemepréparer.Cynétaitdansl’entrée.

—Angy,grouille,onestdéjàenretard.Grr,t’escanon!Heureusementquetonhommen’estpasavecnouscesoirouilt’arracheraitcesvêtements.

Jerisentirantsurlebasdemarobeetnousquittâmesl’appartement.Aurestaurant,Cynfitducharmeauserveurpourquenousobtenionsunetable,ilyavaitfoule.

—Tuvasmedirecequitepréoccupe?m’interrogea-t-elle.

Jefronçailessourcils.

—Angy,onseconnaîtdepuisunbonmoment,jesaisquandquelquechosecloche.Etlà,ilyauntruc.

Jepoussaimonassiettedelasagnesencoreàmoitiépleine.

—Tylerm’ademandéd’emménagerchezlui.

—Merde,souffla-t-elle.Cen’estpasunpeurapide?

—Si,çal’est.Maisiln’yapasqueça.Jesuisbienaveclui,Cyn,etjepensequ’ilnemequitterapasàcausedeRomain.

Cynmesourit,elleétaitheureusepourmoi.

—Alors,fonce,machérie.Desmecscommelui,tun’entrouveraspasàlapelle.

Ça,jelesavaisbien,etçamemettaitdeuxfoispluslapression.

—Maissionserendcomptequ’onnes’entendpasauquotidien?

Cynmeregardaavecindulgence.

—Vousavezpratiquementvécucesderniersjoursensemble.J’aidûnousprogrammerunesoiréepourqu’onsevoie!

AvantTyler,nossortiessedécidaienttoujoursaupiedlevé.

—Çaaussi,çadevientdifférent.

—Leschosesévoluent,c’estnormal.Tuastrouvéunhommeexceptionnel,nereculepasaumotifquetuaspeurdechangertavie.

Ellemettait le doigt pile où il fallait. J’avais une trouille bleue qu’un changement vienne tout faireexploser.

—Ok,c’estbon,jevaisypenser.Maisjenesuispaslaseulepourquiçabouge.Alors,avecOliver?

UnsouriretimidesedessinasurlevisagedeCyn,c’étaitinédit.

—Auresto,ilaglissésacartedevisitedansmaveste.

Je souris devant cettemanœuvre qui, en y réfléchissant, collait bien avec la personnalité d’Oliver.Maisjenotaiaussiqu’ellenem’enavaitpasparléplustôt.

—Tul’asappelé?

—Pasencore.

—Pourquoi?

—Jeneveuxpaspasserpourunefilleenmanque.D’ailleurs,jusque-làjenel’étaispas.EtpuisilyaeuTyleretlafréquencedevospartiesdejambesenl’air.Mêmesijerentretardlanuit,çaarrivequejevousentende...

Jerougisjusqu’àlaracinedescheveux.

—Bon,ettucomptesfairequoiconcernantOliver?lacoupai-je.

—Jet’apporteraiquelquechosequetuasoubliédirectementàtonbureau,répliqua-t-elle.

D’habitude,Cynfonçaitaveclesmecs.Elleenvoulaitun,elleseservaitetellelejetait.Là, ilétaitclairqu’Oliverneseclassaitpasdanscettecatégorie,maisjelamistoutdemêmeengarde.

—C’est lemeilleuramideTyleretungarsgénial,nemerdepasaveclui.Si je leretrouveavecle

cœurenmiettes,jeluilaissemachambreàl’appartettuassumerasdirectementtesconneries.

J’étaisonnepeutplussérieuse,elleacquiesça,lemessageétaitpassé.

***

N’ayanttoujourspasdécidécequejecomptaisvraimentfaireausujetdelapropositiondeTyler,cedernier passa la semaine à l’appart. J’étais heureuse qu’il soit avecmoi, et jem’en aperçus quand jeressentisunefortedéceptionlorsqu’ilm’annonçaqu’ilneseraitpas làvendredisoir.J’avais tellementruminétoutelajournéequeConnornemeretintpasaumomentoùjedébauchai,pileàl’heure.Unefoisn’étaitpascoutumeaprèstout.

Lorsque j’arrivai à l’appartement, j’étaispasséede ronchonàprête àmordrequi s’approcheraitdemoi.LadistanceavecTylernemeréussissaitpas.

—C’estmoi,criai-jeenentrant.Çateditunverredevinblanc?

Pasderéponse,maisdubruitdansmachambre.JemefaufilaidanslecouloirpourtrouverCynthialenezdansmonarmoireetTylerentrainderangermesaffairesdetoilettes.Ilsstoppèrentnetenmevoyant.

—Vousm’expliquez?

—Jet’avaisditqu’ellerentrerait,lançaCynàTyler,jel’aisenti.

Tylersoupiraetilposamabrosseàcheveux.

—Jetenaisàcequecesoitunesurprise,mais...jet’emmèneenweek-end.

Ilvintm’embrasseretilmeserradanssesbras.

—C’estpourçaquetunepouvaispasêtreicicesoir,boudai-je.

Ilavaitcepetitsourirequimesignifiaitqu’iln’étaitpasdupe.

— Dépêchons-nous, nous décollons dans à peine deux heures. Je comptais passer te chercher aubureau,m’avoua-t-il.

Derrièrenous,Cynterminaitdebouclermavalise.

—Oùallons-nous?

—Danslacampagnelondonienne.

Jenemasquaipasmasurprise.

—Tum’amènescheztesparents?!

Iltiqualégèrement,nesachantpassic’étaitdulardouducochon.

—Mamèremeharcèlepourterevoiretmonpèreseraitheureuxdeterencontrer.

—Çamestresse,avouai-je.

—Iln’yapasderaison.Mamant’appréciedéjàetpapanepourraquet’adorer.

Cyndéposalavalise.

—Vousferiezmieuxdefoncer,lesamoureux.EtTyler,soissympaavecmacopine,tueslepremieràlaprésenteràtafamille.

Tylermeconsidéraétrangement.Un«surprise!»mebrûlaitleslèvres.

—Allons-y.

Nous nous rendions donc à l’aéroport avec un peu d’avance. Ce qui nous permit de prendre notretempspourl’enregistrementetl’embarquement.

Aprèslevol,unchauffeurnousattendaitaveclenomde«Lewis»écritsurunpanneau.Del’aéroport,ilnousconduisitjusqu’àunmagnifiquecottagedansunecampagned’unvertfabuleux,nonloind’unlac.

—Lamaisondevacancesdelafamille,annonçaTyler.

—Laclasse,commentai-jeententantdedéfinirleslieux.

Àpeinenousarrivionsdevantlaportequ’elles’ouvrit.JereconnusimmédiatementlamèredeTyler,etjeconclusquel’hommequiressemblaitàceluiquim’accompagnaitavecquelquesannéesenplusétaitlepèredeTyler.

—Tyler,Angélique,quelplaisirdevousrevoir!lançaLilyenm’étreignant.

Peuhabituéeàcegenrededémonstrationdelapartd’unequasi-inconnue,jemeraidis.Ellemelâcha,maisneseformalisapas.

—JevousprésenteJohn,monmari.

Ilme tenditunemainque je serrai avecgratitude. Ilmesourit chaleureusement, creusant lespattes-d’oieautourdesesyeux.

—Enchantédevousrencontrer,lança-t-ilavecunfaibleaccentanglais.

IlsnousfirententreretTylermefitrapidementfaireletourdupropriétaire.Leslieuxétaienttousdansla traditioncottage. Jen’avais jamaisvuuneaussibellemaison.Nouspassâmesensuitedirectementàtable.Cequim’allaittrèsbienàcetteheuretardive.

—Tylerm’aexpliquéquevouscollaboriezavecConnor.

—John,neparlonspasboulot,s’ilteplaît.

Jeme rappelaiqueTylerm’avaitditquesonpèreétaitunbourreaude travail.Etquesamèreétaitagacéeparcettefacettedesapersonnalité.

—Çanemedérangepas.JetravailleeneffetavecConnor,etj’apprendsbeaucoupàsoncontact.

Ilmefitleregarddel’hommepleind’expérience,quiétaitpasséparlàdesdécenniesplustôt.

—Angyestexcellente,lançaTyler.C’estConnorquiabeaucoupdechancedel’avoiraveclui.

—Messieurs,nousneparlonspastravailàcettetable,leurrappelaLily.

Lepèreetlefilssejetèrentuncoupd’œilcomplice,apparemmenthabituésàcetteréaction.

—Maman,tunousaspréparéunetarteàlamélasse?demandaTyleravecgourmandise.

—Biensûr,monchéri,dit-elleenselevant.

Elle revintavec ledessert,d’aspectclassique.Seul lenomne faisaitpasenvie.Tyleravaitdéjàsacuillèreàlamainquandelleleservitetilneperditpasunesecondepourenenfournerunboutdanssabouche.

—Jevousdonnerailarecette,mechuchotasamère.

Aprèslecafé,Lilymechassadelacuisinequandjevoulusl’aideràranger.Jerésistaiseulementpourlaforme,j’étaisclaquée.

—Partezvouscoucher,Angélique,jepeuxtrèsbienm’occuperdeçatouteseule.

—Allezviens,ditTyler,enm’entraînantdanslegrandescalier.

Jepilaitoutnet.Undétailmechiffonna.

—Nousfaisonschambreàpart?chuchotai-je.

—Pasquestion!

—Çamedérangededormiravectoialorsquenoussommescheztesparents.

—Angy,tunedormiraspasdansunautrelitquelemien!déclara-t-ilavecfermeté.

Surcesmots,lamèredeTylernousrejoignit.

—Vousn’êtespasentraindevousdisputer?demanda-t-elleavecinquiétude.

—Non,maman.Angyestjustegênéeàl’idéequenoussoyonsdanslamêmechambresousvotretoit.

Ellemeregardaetpourlecoupj’avaisl’impressiond’êtrelaplusvieilledesdeux.

—C’estabsurde,noussommesdesgensmodernes.Tyleraraison,vousdormirezensemble.

Jefussoulagéejusqu’àcequ’ellepoursuive.

—Etpuiscommentvoulez-vousmettremespetits-enfantsenroutesivousfaiteschambreàpart!

Tylersecouala tête,mais ilneditrien.Pourmapart, j’avais lesyeuxrondset la tarteà lamélassesubissait les réactions demon estomac. Lily nous souhaita bonne nuit et elle disparut dans la cuisinecommesicequ’ellevenaitdedireétaittoutàfaitnormal.Jen’avaisjamaiscroiséunefemmesipresséed’êtregrand-mère.

Nousgrimpâmesl’escalier,etilnousguidajusqu’àunegrandechambreoùtrônaitunlitbaldaquinaucentre.LaporteétaitàpeineferméequeTylerm’embrassa.Mondésirréponditausienenm’enflammant.Nosmainsétaientpartoutsurlecorpsdel’autre.Enentendantunbruitdanslecouloir,jemefigeai.

—Attends,attends,attends.

Tylers’arrêta.Ilmedévisagea,lessourcilsfroncés.

—Jenepeuxpas,noussommescheztesparents.

—Ilsm’ontconçu,ilssaventtrèsbiencequefontdeuxadultesdansunechambre,répliqua-t-ilenmecaressantlehautdesfesses.

Jemedégageaidesesbrasetjem’éloignaidesoncorpssitentant.

—Peuimporte.Nousneferonspasl’amourmaintenant,dis-jeavecfermeté.

Tylerhésita,avisaleniveaudemarésolution,puisilabandonna.Onarrivaàsecouchersansincident,etjem’endormiscolléeàlui,làoùjemesentaislemieux.

Lelendemain,nouspassâmeslajournéeenpartieavecsesparents,puisTylerenprofitapourmefairevisiter ses coinspréférésde la campagne londonienne. J’avais l’impressiond’être envacances tant ledépaysementd’aveclavilleétaitgrand.

Le soir, ses parents décidèrent que nous sortions dîner. Ce fut pour moi l’occasion de découvrircombienilsétaientgentils.Ilsavaientaussilamainsurlecœuretilsaimaientprofondémentleurfils.Etrienquepourcettedernièreraison,jesavaisquejenepouvaispaslesdétester.IlsétaientlepèreetlamèrequeRomainetmoiaurionsdûavoir.

Après cela, nous rentrâmes. Tyler et moi passâmes une grande partie de la nuit à discuter pourfinalementsombrerjusqu’aupetitmatin.Lorsquejemeréveillai,Tylerdormaitencoreàpoingsfermés.Ilsemblaittellementdétenduquej’aipréféréenfilerunpeignoir,nousétionstoutdemêmechezsesparents,etdescendredanslacuisine.Là,jetrouvaisonpèreattabléavecuncafédevantlui,enpleinelectured’unjournal.J’hésitaiuninstantàfairedemi-tourpourlelaissertranquille.

—Angélique,bonjour!s’exclama-t-ilenlevantlenez.

Troptardpourbattreenretraitediscrètement.

—Bonjour,John.

—Avez-vouspasséunebonnenuit?

Jem’assisenhochantlatête.Mêmesielleavaitétécourte,j’avaisdormid’unsommeilprofond.

—Voulez-vousunpetitdéjeuner?

—Non,merci.Jevaisseulementprendreuncafé.

LepèredeTylersedirigeaverslacafetière.Jemelevaiavecuntempsderetard.

—Asseyez-vous,Angélique,jevousl’apporte.Dusucre?

—Un,s’ilvousplaît.

Johnrevintavecunetasseetjeleremerciai.Ilpoussasonjournalpourtirerversluisoncafé.

—Jen’aijamaisvuTyleraussiheureux,lâcha-t-il.

Jebusunegorgéedecafé,nesachantpastropquoirépondre.

—Vousêtes lapremièrequ’il amène ici, poursuivit-il. J’avaisdéjà rencontréquelques-unesde sesamieslorsdedéjeuners,maisçan’avaitrienàvoiravecvous.

Jenevoyaispasoùilvoulaitenveniralorsjemecontentaidehocherlatêteetdesirotermoncafé.

—Vousavezcepetittrucenplusquifaitquevousluiconvenez.Premièrement,vousavezuncerveauetvoussavezvousenservir,contrairementauxautres.

Ilmesouritdemanièrecomplice.

—Merci.JesuisbienavecTyler,etj’espèrequeçacontinueracommeçalongtemps.

—DanslamesureoùTylervousaprésentéeàLily,c’estqu’ilyadeforteschances.J’aivuseulsesprécédentespetitesamies.Mafemmeesttrès...tropimpliquée.

Ilparlaitd’elleavecuneaffectionquidébordaitdesonregard.CemêmeregardquejereconnaissaisàTyler.

—Ilsembleraitqu’ellesoitpresséed’avoirdespetits-enfants.

Johnpinçaleslèvres.

—Eneffet.Jenediraispasquejen’enseraispasheureuxnonplus,maisvousaveztoutvotretemps.Mafemmevoulaitunefamillenombreuse,nousn’avonspuavoirqueTyleravantqu’elledoivesubiruneopérationquilaprived’avoird’autresenfants.

Latristesses’entendaitsanssavoix.

—Jen’excluspas l’idéed’enavoirun jour,maisnotrerelationestbien troprécentepourysonger.Nousnevivonsmêmepasensemble.

Johnmesouritavecmalice.

—Cettedécisionvousappartient.

IlsembleraitqueTyleraitparléavecsonpère.

—J’aiemménagéavecLilyseulementtroisjoursaprèsquenousnoussoyonsrencontrés.J’aitoutdesuite su qu’elle était la femmedema vie.À l’époque, nous n’avions pas un sou en poche,mais nousétionstellementbienqueçanecomptaitpas.Jel’aidemandéeenmariagesixmoisplustard,lorsquej’aipuéconomiserunpeud’argentsurmespremièrespaies.Assezpourluioffrirlaplusfinedesbaguesenorjamaisfabriquées.Etjamaisjen’airegrettécettedécision.Jenevousdépeinspasletableau,commetouslescouples,nousavonsnospointsdefriction,maisrienquinesoit insurmontabletantqu’onaimel’autre.

Cette histoire me réchauffait le cœur. J’espérais qu’un jour je puisse raconter une telle histoire àquelqu’undeplusjeune.

—Angy?appelaTylerd’unevoixencoreàmoitiéendormie.

—Danslacuisine,répondis-je.

Ilnousrejoignitenbâillantetaveclescheveuxenbataille.Jenepusdécrochermonregarddusien.Johnseleva.

—J’aiétécontentdepouvoirdiscuteravecvous,medit-ilavantdepartir.

Tylers’installaàlaplacedesonpère,etcefutàcemoment-làquejeprismadécision.

***

—C’étaitun trèsbonweek-end,déclarai-je,quittant l’ascenseurquiamenaitdans l’appartementdeTyler.

Ilhaussalessourcilsendéverrouillantlaported’entrée.

—Seulement?

—Ok,ilétaitexcellent.

Ildéposanossacsdansl’entrée.

—Vraiment?

Nous allions dans le salon où je m’installai dans mon fauteuil préféré, celui dont je gardais unsouvenir...intéressant.

—Tesparentssontsupersympas,onaétécomplètementdéconnectés,doncoui,c’étaitparfait.

—Jenesuispasdetonavis.

Il s’assit calmement sur celui à côté du mien, laissant son regard me pénétrer tandis que je medemandaiscequiavaitcloché.

—Pourquoi?

Tylerserapprochadel’accoudoirprèsdumien.

—Ilmanquaitquelquechose,dit-ilenposantsamainsurmacuisse.

Cepetitcontactserraquelquechoseaufonddemoi.

— J’ai beau chercher, je ne vois pas ce à quoi tu fais allusion, répliquai-je en papillonnantinnocemmentdesyeux.

LeregarddeTylers’intensifia.

—Alors,laisse-moitemettresurlapiste.

Ilselevaenm’entraînantaveclui,puisilmesoulevacommeuneprincesseetilnousamenadanslachambre.Là,ilmeposasurlelitetilquittasontee-shirtd’ungestevif.Mabouches’asséchaàlavuedesontorseetmesmainsmedémangèrent.

—Déshabille-toi,dit-il.

Jenemispaslongtempsavantdemeretrouverentenued’Ève.

—Pressée?s’amusa-t-il.

—Jevoisquetoiaussi,répliquai-jeensaisissantsonérection.

Ilfermalesyeux,rejetalatêteenarrièreetilgrognaquandjecommençaiàletitiller.Unepremièregoutteperla,jepassaimonpoucedessusetjeretiraimamainpourglissermondoigtdansmabouche.

Une faimpuissanteapparutdans son regard.Moncorps secouvritdechairdepoule. J’avaisautantenviedeluiqu’ilavaitenviedemoi.Étantcelledenousdeuxquiavaitlemoinsdeself-control,jemejetai sur lui. Ilme réceptionna, j’entouraimes jambesautourdesa tailleet je fondis sur ses lèvres. Ilglissasalanguedansmaboucheetilmedévora.

Tyler enfonça un doigt en moi, j’étais déjà trempée. Il le fit remonter entre nous, me caressantlentement.Mais cen’étaitpasde la lenteurque jevoulais. Jedécrochaimabouchede la sienne.Nos

respirationsétaienthaletantes.

—Prends-moi...etneteretienspas.

D’uncoupdehanche,ilmefitdescendresursoncorpsetilmepénétra.

—Cequetum’asmanqué,soupirai-je.

Ilmebasculasurlelit.Seullehautdemondosétaitencontactaveclesdraps.Tylermetenaitparlesfesses, ilétait restédeboutet toujoursenmoi.Sonregardpartitdenotrepointde liaisonet il remontajusqu’àmonvisage.

—Toiaussi,bébé,tum’asmanqué.

Ilserecula légèrementet ilmedonnaunpremiercoupdereinspuissant,nousfaisantgémir touslesdeux.Cefut lepremierd’unelonguesérie.Àmesurequ’ilbougeait, ilcaressaitmoncorps,s’attardantsurmonboutondechairultra-sensible.

—Çavient,soupirai-je,çavient.

Tylerappuyasonpouceetilmepénétraplusprofondémentavecforce.Jehurlaisonprénomquandjejouis.Iltremblaàsontouretils’écroulasurmoi.Jel’encerclaidemesbrasetnousprîmesletempsdenous calmer. D’un mouvement vif, il se retourna et il m’entraîna avec lui. Je me redressai jusqu’àm’asseoirsurlui.Tylermeregardaavecunairgrave.Celam’inquiéta.

—Tuasréfléchiàmaproposition?

Jem’attendais à être tendue pour lui donnerma réponse,mais ce ne fut pas le cas. Saméthode dedétentepré-questioncomplexeétaittrèsefficace.

—Oui,répondis-je.

— Oui, tu as réfléchi et tu prends un malin plaisir à me faire poireauter pour me faire savoir tadécision?Ou,oui,tuemménagesici?

Jesoupirai,maismonsourireluidonnaunindicedetaille.

—Oui,jesuisprêteàsauterlepas.

Tylerseredressaetilm’embrassa.Ilpouvaitremerciersonpère.Grâceàlui,j’avaisdécidéqu’ilétaittempspourmoidevraimentm’investirdansnotrerelation,enprenantdesrisques.Carsionn’enprenaitpas,commentcelapouvait-ilpayer?

~14~Déménagement

Tyler

***

Aprèsluiavoirfaitl’amourunedeuxièmefoisetrésistéàlatroisième,jel’avaisentraînéechezellepour récupérer ses affaires. L’impatience avait pris possession de moi. Je voulais tellement qu’elles’installepourdebonavecmoi.

Lorsque nous arrivâmes,Cynthia était là, en pleine crise existentielle.Quand elle vitAngy, elle futsoulagée.

—Lebleuoulenoir?!demanda-t-elleenluimontrantlesdeuxsacsàmain.

—Lebleu.Maisdis-moi,tuestoutebelle!C’estpoursortiravecqui?

Cynthiarougit,unphénomènerarechezelle.Toutdumoins,ellenedonnaitpasl’impressiond’êtredugenreàselaisserembarrasserfacilement.Ellejetauncoupd’œildansmadirection,puisellesefocalisasursonamie.

—Oliver.

—Enfin!m’exclamai-je.

Cynthiaacquiesçaetelles’occupaderemplirsonsacàmainavecapplication.

—C’estcool,tumeraconterastasoirée,s’enthousiasmaAngy.

Ellesmeregardèrentétrangementtouteslesdeux,maisellesnedirentrien.Jesentisquemaprésenceétaitdetrop.

—Jevaistechercherdesaffaires,lançai-jeàAngy.

Jepartisdanslachambrepourleurlaisserletempsdediscuter.Ellesétaientproches,etmoinsAngylalaisseraitdansl’ignorancedesadécisionmieuxceserait.Jefouillaidanslesplacardspourydénicherune valise que je remplis avec entrain. J’aurais dû culpabiliser, même légèrement, de voler Angy àCynthia,maisjen’yarrivaispas.J’aimaistropAngypournepasêtreégoïsteetCynthiatrouveraitbienduréconfortauprèsd’Oli.

Lorsquejerevinsausalon,ellesétaientinstalléessurlecanapé,ayantchacuneunpeudemaquillagequiavaitcoulé.Leregardd’Angys’illuminaenmevoyant.Jeneluiferaispasregrettersadécision,bienaucontraire.

***

Arrivésàlamaison,jerangeaisesaffairesaveclesmiennes.Jelasurprisàregardernosdeuxbrossesàdentscôteàcôte,maisellenedit rien.J’aurais tellementeuenviede lavoirenthousiaste...Maisçaviendrait,jelesavais.Elles’ouvraitdeplusenplusàtouteslespossibilitésqu’offraitnotrecouple.Ilmerestaitseulementàêtrepatient,mêmesicen’étaitpasfacile.

Jeluiproposaidesortirdînerpournepastroplabrusquer,elleaccepta,etnousallâmesdansunsushi-bar.Elleadoraitça.

—Tuasconquismesparents,lançai-je.

Ellesourit.Avantnotredépart,monpèreavait tenuàcequenouspassionsunpeudetempstouslesdeux et il avait couvert Angy de compliments. Ce qu’il n’avait jamais fait pour les autres. Bien aucontraire,ilm’avaitdemandépourquoijeperdaismontempsavecelles.

—Ilssonttrèsgentils,etilst’aimentbeaucoup.

Ça, c’était certain.Et je savais qu’ils l’accueilleraient comme la fille qu’ils avaient toujours vouluavoirsielleleurenlaissaitl’occasion.

—Jenet’aijamaisracontéleurrencontre?

Ellesecoualatêteengrignotantunsashimi.

—Ilsonteuunaccidentdevoiture.Mamèreestunepiètreconductrice,elleacoupélarouteàmonpèresuruncarrefour.Çaaétélecoupdefoudreimmédiat.Ilsenontétéincapablesderemplirunconstat.

Angyposasesbaguettes.

—Tonpèrem’aracontélasuite.Ilsontrapidementaménagéensembleetilssesontmariés.

Sonsourirenetrompaitpas.Elletentadelemasquerenbuvant.

—Tu t’interrogesquantà lapossibilitéque jesouhaite reproduire lamêmechose?Quemaintenantque nous avons aménagé ensemble je te propose de passer à l’étape suivante, celle juste avant lesenfants?

Ellemecrachal’eauàlafigure,figéedansuneexpressionmitigée.Jem’essuyaiavecmaserviette,auborddelacrisederire.

—Cen’étaitpasunedemandeenmariage,précisai-je.

—Ouf,tum’asfaitpeur,soupira-t-elleens’animantànouveau.

Notepourmoi-même:attendreunpeuavantlademandeenmariage.

~15~Discussionétrange

Angy

***

Lelundi,jedébauchaitôtpourrendrevisiteàRomain.Notreweek-endenAngleterrenem’avaitpaspermisdelefaire.Jerestaiunlongmomentaveclui,sibienquequandjerentrai,jeréalisaiqu’ilétaittardetqueTylerm’avaitattendue.

—Tuasdîné?demanda-t-il,hésitant.

Jesecouailatêteetjem’installaiàtableoùnoscouvertsétaientposés.Tylerlançalemicro-ondes.

—Tavisites’estbienpassée?

—Oui,Romainétaitcontentdemevoir.

—Quelssontlessoinsqu’ilsluidonnentdanscefoyer?

Jememisd’abordsurladéfensivefaceàcettequestion,puisjemedétendis.Tyleravaitledroitdesavoir,puisqueRomainfaisaitmaintenantaussipartiedesavie.

— En plus de le surveiller, ils le lavent, l’aident à manger, à aller aux toilettes. Ils l’assistent enpermanencedansleschosesduquotidien.

Tylers’assitenfacedemoi,songeur.

—Ilsproposentquoicommeactivité?

— Pas grand-chose. Les endroits qui ont des services plus poussés sont très chers, ajoutai-jerapidement.Tajournées’estbienpassée?

Tylerselevaaudingdumicro-ondesetilamenaunplatdepâtesauxchampignons.

—Trèsbien,merci.Tun’aimeraispasleplacerdansunlieuplusstimulantpourlui?

—Si,maisjen’enaipaslesmoyens.

Malgré l’augmentation de mon salaire en travaillant pour Connor, je ne pouvais pas le changer

d’établissement.

—Commetul’aurasremarqué,jen’aipaschômécesdernièresannées.Nousavonsdel’argent,noussommesmêmetrèsàl’aise...

—Tyler,lecoupai-je,jevoisoùtuveuxenvenir,maistupeuxt’arrêterlà.Jerefuse.Jegagnemaviecommetoutlemonde,etj’assumeseulemescharges.

Jem’attendaisàtout,saufàcequ’ilsoitfroissé.

—Angy, je suis peut-êtreunpeuvieux jeu,mais tout cequim’appartient est à toi.Et inversement.Alors je considère qu’il est normal que nous discutions de la possibilité de changer ton frèred’établissementoumêmedeprendreunappartementplusgrandetquelqu’unpours’occuperdelui.

—Tyler,tuvasencorebeaucouptropvite!

Ilm’avait collé une trouille bleue avec son allusion aumariage.Heureusement, j’avais compris detravers.J’étaispourfairedesefforts,maistoutdemême,ildevaitmelaisserletempsdem’habitueràl’idéedevivreensembleavantdepouvoirallerplusloin.Etsondiscourssurcequiestàtoiestàmoimerappelaitsonempressementàvoirleschosesévoluerentrenous.

—Alorsnousenrediscuteronsunpeuplustard.Maisilestcertainquenousleferons.

Je me tus et nous dînâmes en parlant de nos journées communes, en contournant tous les sujetssensibles.UnefoisqueTylers’étaitendormi,jemerelevaipourréfléchiràsaproposition.

***

Lemardimidi,jedéjeunaiavecCyn.OliveravaitétéunevéritabletombelaveillemalgrétoutesnostentativesàTyleretmoipourlefaireparler.Seulsonsourireéblouissantnousrassuraassezpourquejen’appellepasCynavantcemomentàdeux.

Ellemerejoignitdansunebrasserieoùjesavaisquetouslesautresnepasseraientpaspourdéjeuner.

—Alors?!

—Alorsquoi?

—Nefaispasl’innocente.Olivern’arienvouludireetjefinisparmedemanders’iln’apasfaitdesinjectionsdebotox,ilsourittoutletemps!

Cynsecoualatête,maiselleavaitcetair.Celuiquicriaitqu’ellecraquait.

—On est allés dîner, puis on a terminé dans un bar pour discuter. Ensuite ilm’a raccompagnée àl’appartetvoilà.

Jesoupiraid’exaspération.

—Arrêtedemedonnerautantdedétails, jenesaisplusoùj’ensuis,répliquai-jeavecuneironieàdéfriserlesplusdurs.C’étaitcomment?Vousvousêtesembrassés?

—Non, ilm’asimplementproposéquenousnousrevoyions.Oliver,cen’estpasvraimentTylerenmatièredeprised’initiativeamoureuse.

Jenepouvaispascommenter,jen’avaisjamaisparlédetoutçaaveclui.

—Maistoi,t’enpensesquoi?

—Je...C’est...Jecroisquejel’aimebien.Jerisbeaucoupaveclui,etj’aijusteàêtremoi-même.Jene sais pas comment te l’expliquer,mais je n’ai pas besoin deme triturer l’esprit pour sortir un trucintelligentàdireouencoreàfaireattentionàcequejefais.C’esttellementsimpled’êtreaveclui.

Cynrougit,etunsourireniaisfitsonapparitionsurmonvisage.

—Jevoistrèsbiencequetuveuxdire!

Nousnousregardâmesavantdepouffer.Nousavionstouteslesdeuxtrouvél’amour.

—Ettoi,tonemménagementavectonhomme?

—C’estétrange,maisçava.Ilveutallertropvite,maisilsembleraitquecesoitdefamille.

—C’est-à-dire?

Je lui rapportai ce que son père m’avait raconté. Puis je lui parlai de sa proposition concernantRomain.

—C’estcarrémentflashtonmec!Maisd’unautrecôté,çaprouvequ’iltientàtoi,etaubien-êtredetonfrère.

Jehochailatête.

— Je sais, mais çame gêne.Même si tout ça n’est pas une histoire d’egomal placé, précisai-je.J’ignore cequ’il adviendrait si j’acceptais et quenousnous séparions. Jenepourraispas assumerdepayerpluscherunétablissementpourRomain.Etcetteplaceaétésidifficileàobtenir...

L’avantageavecCyn,c’étaitquejepouvaismeconfieràellesansrisquerd’êtrejugée.

—Angy,jesaisquetuastoujoursétéhabituéeànecompterquesurtoi-même,maislàc’estdifférent.Jepenseque,pourunefois,tudevraisluiaccordertaconfianceentièrement.

Jetortillaimaserviettedanstouslessens.Maisaucunsonn’arrivaitàfranchirmeslèvres.

—Çavapeut-êtreteparaîtreabsurde,poursuivit-elle,maisj’aiétéjalousedetoiquandilssontvenusdîneràlamaison.

Ahoui,çac’étaitcertainquec’étaitabsurde.

—Tylerteregardeaveccetair...iltevénèretotalement.Ilpourraittepousserunedeuxièmetêtequ’ilt’aimeraitquandmême.Çanem’amêmepassurprisequandilt’aproposéd’emménagerchezlui.

—Tupensesqu’ils’estattachéàmoiàcepoint?

—Jepensequ’ilt’aimeàunpointoùtupeuxavoirunetotaleconfianceenlui.C’estl’hommedetavie,riendemoins.

Cyndisaittoujourscequ’ellepensait,etcettefoisnefaisaitpasexception.

—Tuasraison.JevaissérieusementréfléchiràsapropositionpourRomain.

—Tufaisbien.Çaseraitpréférablepourluidelesortirdecefoyerpourquelquechosedeplusgai.

C’étaitcertain...

—Merci,Cyn.Jesavaisquejepouvaiscomptersurtaperspicacitéettesconseils.

Ellehochalatête.

—Ilyajusteuntrucquicloche:jetrouveétrangequ’ilnet’aitpasdemandéeenmariage.

***

Je rentrai demondéjeuner avecCyn le cœur léger. Pendant notre discussion, quelque chose s’étaittransforméenmoi.Mesderniersdoutes faceàmarelationavecTylers’étaientenvolés.Je l’aimais, ilm’aimaitetnousavionsemménagéensemble.Toutallaitpourlemieux.

Je passai dans mon bureau pour poser mon sac et récupérer quelques papiers qui attendaient lasignaturedeConnor.Unéclatdevoixàl’entréedesonbureaumefithésiter.

—Faitesceversementetnediscutezpas!

JereconnusConnor,puislesilencesefit.

—Jemefousdumontantetdesrisques,faites-le!

Nouveaublanc.Ilétaitautéléphone.

—Oui,c’estça,ils’agitbienducompted’AngéliqueLegrand.

Jemeliquéfiaisurplace.

—Centcinquantemille,avantcesoir,dix-huitheures.

Unbruitsourdmefitcomprendrequ’ilavaitraccrochéviolemment.Jedéverrouillaimesjambesetjepartisdirectementdanslestoilettes.Là,jepusenfinrespirer.

Jebaissail’abattantet jem’assispourréfléchir.Jetenaislecoupablequidétournaitdesfonds,et jen’avaispaslamoindreidéedelamanièredontj’allaism’yprendrepourl’annonceràTyler.Ils’agissaitd’undesesassociés,d’undesesmeilleursamis.BonDieu,j’étaismal.

Sa discussion me revint en mémoire. Il avait parlé de virer de l’argent sur mon compte. Je necomprenaispaspourquoi.Depuisledébut,jem’entendaisbienaveclui.Pourquoiest-cequ’ilvoudraitmemettredanscetteposition?

Quelqu’untentad’ouvrirlaporte,jesursautaietjequittailestoilettespourlaissermaplace,toujoursavecmespapiersenattentedesignatureenmain.L’après-midis’annonçaitcompliquée.

~16~Traître

Tyler

***

Olientradansmonbureau,ilétaittendu.

— Un nouveau virement a été lancé. Mon contact doit me rappeler dans quelques minutes, avecl’identitéducoupable.

Sonstressmegagna.Nousallionsenfindécouvrirceluiquinousvolaittoutescescentainesdemilliersd’euros.

—Ok,ilnenousrestedoncplusqu’àattendre.

Olihochalatête,maissesmainstremblaientetilnetenaitpasenplace.Ilavaittoujoursétéémotif.

—Assieds-toi,etprofitons-enpourquetumeparlesdeCynthia.

Ilselaissatombersurunechaise.

—Tupensesquec’estlemomentpour...

—Etjeveuxdesdétails,lecoupai-je.

Olidesserrasacravateetils’enfonçadansl’assise.

—Nousdevonsnousrevoirbientôt,commença-t-il.Nousavonspasséunebonnesoiréeensemble,etjesaisquejeluiplais.Alorsilnousrestejusteàyallerendouceur.

—C’estça,tesdétails?Jeterappellequetum’asécoutéfairel’amouravecAngydanscebureau.

Oliposasontéléphonesurlachaiseàcôté,ilsemblaitdéjàbeaucoupmoinstendu.

—Nuance,jevousaientendusmalgrémoi.Etjen’airiendeplusàtedire,Ty,nousnousconnaissonsàpeine.J’aimeprendremontempsaveclesfemmesquineserventpasseulementàmetenircompagniepourunsoir.Avecelle,jesaisqueçapeutallerloin,trèsloin.Jenevaistoutdemêmepasluiproposerd’emménageravecmoi,metaquina-t-il.

—Etpourquoipas!Réfléchisbien,maintenantqu’Angynevitplusavecelle,elledoitsesentirseule.

Olisoupiraetilsecoualatête.Maisjesavaisqu’ilysongerait.

—Tu...

Lasonneriedesontéléphonel’interrompit.Ils’ensaisitetdécrocha.

—C’estOliver.

Àl’autreboutdufil,soncontact,unpetitgéniedel’informatique,luiparla.Oliacquiesçaitdetempsentempspourluisignifierqu’ilsuivait.Çaduraassezlongtempspourmerendrenerveux.

—Jeteremercie,Edwin.Onserappelle,àplus.

Ilraccrocha,puisilposalentementsontéléphone,etenfinilmeregardaavecénormémentdeprudence.

—Monintuitionnem’apastrompé,ils’agitdeConnor.

—Ça,nousnousendoutions.Ilatrouvélespreuvesnécessaires?

—Oui,nouspouvonslefairetombersansproblème,demanièretoutàfaitlégale.

Oliétaitmodérédanssavoixetdanssonattitude,çanesentaitpasbon.

—Qu’est-cequetunemedispas?

—Centcinquantemilleeurosontétéverséssurlecompted’Angy,aujourd’hui.

Beaucoupdechosespassèrentdansmonesprit,maisuneseuleresta.

—Nousallonsledétruire,grondai-je.Commentpeut-iloserimpliquerAngylà-dedans?!

Monpoings’abattitsurlebureauaumêmemomentoùjebondisdemachaise,maisçanemesoulageapas.

— La question est surtout : pourquoi ? Et je ne vois qu’une réponse, il va la désigner comme lacoupable.

***

Angyentradansmonbureauenfindejournée.

—Fautquejeteparle,dit-elle,tendue.

Avait-elleremarquélesoldedesoncompteenbanque?Jecroisailesdoigtspourquecesoitça,car

s’ilyavaitautrechose...

—Jet’écoute.

—Ok,jemelance...J’aientenduConnordemanderàquelqu’undevirerungrospaquetd’argentsurmoncompte.Jeterapportelesfaits,àtoidefairelesdéductions.

Jemelevaietjelarejoignisàcôtédelaporte.Jepassaiunemainquejevoulaisapaisantesursajoue.

—TunesaispascommentmedirequeConnorestàl’originedesdétournements?Etqu’ilavirécentcinquantemilleeurossurtoncomptepourtefaireaccuseràsaplace?

Elleétaitperdue.

—Commentes-tuaucourant?

—Oliamenésespropresrecherches,enfonctiondesesdoutes,etilaeularéponsetoutàl’heure.

Elleexpiratoutl’airdesespoumons,soulagée.

—MercimonDieu!

Jemasquaimonmécontentement.

—Tuavaispeurquejenetecroiepas?Ouquejet’accusedesdétournements?

— Non, je sais que je peux avoir confiance en toi et en ton jugement. J’étais inquiète de devoirt’annoncerqu’undetesmeilleursamisétaitcorrompu.

—Vraiment?demandai-jeavecincrédulité.

—Oui, je t’aime et je commence à comprendre tout ce qui va avec, dit-elle avant dem’embrasserchastement.

Je repris possession de ses lèvres quand elle s’éloigna. C’était la première fois qu’ellem’avouaitqu’ellem’aimait.Oliallaitdevoirchangersonbureaudeplaceouinvestirdanslesbouchonsd’oreilles.

~17~Miseaupoint

Angy

***

Lesoirmême,ConnorappelaTylerpourluiparlerdemaculpabilitéetdespreuvesquiallaientavec.Cederniersecontintavecbeaucoupdedifficultés,maislorsqu’ilraccrochailexplosa.Jelelaissaisecalmer,c’étaitunmomentdurpourluietiln’avaitpasbesoinquequelqu’unluifasselamoralesurlefaitqu’onneconnaissaitjamaisvraimentlesgens.

Oliver arriva quelques minutes plus tard et ils montèrent un plan pour le piéger. Lorsqu’ils meproposèrent de participer, la nuit était avancée et je me contentai d’acquiescer en leur accordant mapleineconfiance.

Avantdepartir travailler,Tylerm’expliquacommentnousallionsprocéder. Jedevaisavouerqu’ilsavaienttoutprévu.Auboulot,j’eusàpeineletempsdeposermonsacsurmonbureauqueConnorvintme saluer. Il était tout mielleux, ça me dégoûtait. Dire qu’il avait trahi ses meilleurs amis pour del’argent...PuisilrejoignitTyleretOliverdanslapetitesallederéunion.Jeplaçaimontéléphonesurmonbureau,jedécrochaiquandilsonnaetjesuivisledéroulementdesopérationsàdistance.

Oliver avait rassemblé toutes les preuves de la culpabilité de Connor et il avait fait une sorte decompildespeinesencourues.Ilrisquaitdeseretrouversouslesverrouspourunbonboutdetemps.

Tout au début, ils laissèrent parlerConnor.Ce dernierme colla tout sur le dos.Ensuite,Oliver luiprésentaleurversionetlàjen’entendisplusConnor.

Unbruitm’indiquaqueTylerreprenaitsontéléphone.

—Angy,tupeuxvenir,s’ilteplaît?

Jecoupaimonportableetjemedirigeaiverslasallederéunion,fébrile.Enentrant,jedécouvrisunConnor blanc comme un linge, son corps étant soutenu uniquement par sa chaise. Tyler et Oliver luifaisaientface,jem’assisentreeux.

—Maintenant,noussouhaiterionscomprendrepourquoituasfaitaccuserAngy,demandaTyleravecfroideur.

Le regard de Connor se tourna vers lui. Son menton trembla. Pas à cause de larmes de remordscontenues,maisdelacolère.

—Jedevaismedébarrasserd’elle,tonna-t-il.

—Ça,ons’endoutaitunpeu,répliquaOliveraveccondescendance.

—Cequ’onvoudraitsavoir,c’estpourquoi!ajoutaTyler.

—Tu es très intelligentTyler,mais lorsqu’il s’agit de comprendre les gens, ce n’est pas à toi querevientlapalme.

NousnoustournâmestousversOliver.

—Cen’estpasàmoideluidire.

Tylerobservasesdeuxamisavecinquiétude.Jeluiprislamainsouslatableetjelaserraifort.Quoiqu’ilarrive,j’étaisaveclui.

—Medirequoi?

—Quejet’aime,Tyler,lançaConnoravecunedouceursurprenante.Jet’aimedepuistoujours.Jevousai suivis tous les deux en France simplement par amour. Je comptais vraiment qu’avec le temps tucomprendraisetquetum’aimeraisaussienretour.Etjesuiscertainqueceseraitarrivésicettegarcenes’étaitpasmiseentrenous.

Jemecrispai.Tylerretintmamainetillapressaàsontour.Ilmitunpeudetempsavantderépondre.

—Connor,jesuisdésoléquetuaiespucroirequej’éprouveraisautrechosepourtoiquedel’amitié.Jenesuispashomosexuel,etAngyestlaseulequej’aimeetquej’aimerai.

Malgrésasituation,ilétaitclairqueConnorespéraitencorequeTylerluidisequ’ill’aimait.Jepusvoirsoncœursebriseretunelarmecoulerlelongdesajoue.

—Tyler,monamour,jeterendraiheureuxsitumelaissaisunechance.Jesaurais...

—Çasuffit,lecoupaTyler.Nonseulementjenet’aimeraijamaiscommetulesouhaites,maisenplustuastrahinotreconfianceàtous.Lapoliceestenroutepourt’arrêter,neleurcompliquepaslatâche.

Tylerseleva,m’entraînantaveclui,etnousquittâmeslapièceenylaissantunConnordétruitavecunOliverencolère.

Ensilence,ilnousguidajusqu’àsonbureau.Unefoislaportefermée,jeluscombienladéclarationdeConnor l’avait secoué. J’attrapai sonvisageentremesmains, jeplantaimon regarddans le sien, et jel’embrassai.Tylerselaissafaire,jesentispeuàpeulatensionlequitter.

—Jesuisdésoléequetuaiesperdutonami.

Tylersoupiraetilsedégageadoucementdemaprise.

—Nousn’étionspasamispourlesmêmesraisons.C’estmieuxquetoutcelas’arrête.J’auraispréféréquecesoitplussimpleetquenosroutesseséparent,maisilestallétroploin.

***

Olivernousrejoignitpeudetempsaprès.Ilétaitdanssespetitssouliers.

—C’estfait,secontenta-t-ildedire.

Jen’arrivaistoujourspasàcroirequeConnorseraitbientôtderrièrelesbarreaux.Maisill’avaitbiencherché.

Tylerpartit s’asseoirderrière sonbureau,et il considéra froidement sonami.Sesmâchoiresétaientserréesaumaximum.

—Jesuisdésolédenepast’avoirditplustôtcequ’ilressentaitpourtoi,lâchaOliver.

—Tuétaisaucourantdepuislongtemps?

Oliverbaissalatête.

— J’ai vu ses sentiments évoluer,mais il nem’en a jamais parlé directement. J’ai toujours eu dessoupçons,maisjamaislespreuves...Jenepensaispasqu’iliraitsiloin.

Oliverculpabilisait.Jemesentaisdetropdanscettepièce.Maisjenepartiraispastantquejen’étaispascertainequeTylerneperdraitpassonautreamisuruncoupdetête.Leuramitiéneméritaitpasd’êtredétruiteàcausedeConnor.

—Putain,Oli,jecroyaisqu’onpouvaittoutsedire!explosaTyler.

Sonamibaissalatête,puisilinspira.

—Qu’est-cequeçaauraitchangésijet’avaisditquejepensaisqueConnorétaittombéamoureuxdetoi?

Il tourna la question sous un angle différent. C’était probablement ce qui permettrait à Tyler de semontrerrationnelfaceàlasituation.

—Rien, finit-il pardire aprèsun long silence.Toute cette situation est tellement invraisemblable...Nousnousconnaissionstouslestroisdepuistellementd’années,toutallaitbien.

—Eneffet,approuvaOliver,maiscesdernierstemps,ilyaeuduchangementdansnosvies.

Tylermejetauncoupd’œil.Ilseradoucitaumêmemoment.

—Oui,nosviesévoluent.

—Alors,partonstoussurunnouveaudépart,ok?

Nousapprouvâmes tous.Oliveravait raison, ilétait tempsquenousassumions tous leschangementsdansnosvies.

Unanplustard

Angy

***

—Tupensesqueçaluiplaira?demandai-jeàTyler,nerveuse.

Nousavionsacheté l’appartementau-dessusdunôtreet faitentièrement réaménagerpourRomain. Ilallaitquitteraujourd’huil’établissementhautdegammeoùilséjournait.C’étaituntrèsbonendroit,pasphotoavecl’ancien,maisàplusd’uneheurederoutelorsqu’iln’yavaitpasdebouchons.

—Oui,j’ensuiscertain,répondit-ilenmerejoignantdanslasalledebain.Tuesprête?

Jeterminaidem’attacherlescheveuxetjetournaisurmoi-même.Sonregardmeparcourutdehautenbas,provoquanttoujoursenmoicettechaleuragréable.

—Parfaite,déclara-t-il.

Nousquittâmesl’appartementpournousrendredansunrestaurantdanslecentredelaville.John,Lily,OlietCynnousyattendaient.

Onsaluatoutlemondeetons’installa.Depuisquelquetemps,lesparentsdeTylervenaientdeplusenplusenFrance.Àmaplusgrandesurprise,ilsavaient,toutcommeleurfils,adoptéRomain.

JeremarquailamaindeCynseglissersouslatablepourcaressercelled’Oli.Depuisqu’ilsavaientsautélepas,cesdeux-làneselâchaientplus.

Notredînersedérouladanslajoieetdanslabonnehumeur.Tylernecessaitdemecouverduregardoudemetoucher.Notrerelationn’avaitpasbaisséd’intensité,elles’étaitstabilisée.NousavionsnotreroutinedanslaquelleTylermeréservaitdessurprises,etnousétionsheureux.

Aumomentdudessert, tout lemondefutserviselonsacommande,saufmoi.Jemeretrouvaiàfixerbêtementl’écrinrougedansmonassiette.

—Angélique,m’appeladoucementTyler.

Jelevailesyeuxverslui.Ilmeregardaitavecunedévotionsanslimites.

— Mon amour, ça fait un an que nous sommes ensemble maintenant. J’ai pensé à t’épouser

pratiquementdèsledépart,maisjenevoulaispastefairepeur,alorsj’aipatienté.Touscesmoispassésensemble n’ont fait que me confirmer que tu étais la femme de ma vie. Alors si tu penses que noussommesfaitsl’unpourl’autre,dis-moioui.

—Oui.

J’entendisàpeine l’exclamationde joiedesamère, legloussementdeCynou lesapplaudissementsdestablesvoisines,quej’étaisdéjàdanssesbras.Ilmeserrafortcontreluietilm’embrassatendrement.

—Tufaisdemoiunhommecomblé.

—Oh,vraiment?

—Oui,dit-ilenmerelâchant.Àtelpointquetunepeuxl’imaginer.

Jem’assis,lesjouesrougesetlesoufflecourt.

—Alorstupensesqueçafaittroppourunsoirsijetedisquenousattendonsunenfant?

Mafuturebelle-mèrehurladejoieàenvrillerlestympansdetoutlerestaurant,maisjerestaimalgrétoutconcentréesurTylerdontlesourireétaitéblouissant.

—Tumesurprendrastoujours.

LesEditionsSharonKena

www.leseditionssharonkena.com

3ruedelasource-57340Morhange

dépôtlégal:août2016

N°ISBN:978-2-8191-0063-8

Photographiedecouverture:Depositphotos

Illustrationdecouverture:FeatherWenlock

{1}Tyler,chéri,oùes-tu?

{2}J’arrive,maman.

couvertureTabledesmatières~1~Rencontre~2~Attirance~3~Nouveaujob~4~Rapprochement~5~Attraction~6~Relationdurable~7~Ultimatum~8~Détournements~9~Compatibilité~10~Excuses~11~Rabibochage~12~Emménagement~13~Famille~14~Déménagement~15~Discussionétrange~16~Traître~17~MiseaupointUnanplustard