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Research Collection
Doctoral Thesis
La Comptabilité commerciale de l'entreprise forestière,
Author(s): Chappuis, Jean-Bernard
Publication Date: 1954
Permanent Link: https://doi.org/10.3929/ethz-a-000088870
Rights / License: In Copyright - Non-Commercial Use Permitted
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ETH Library
Prom. No 2371
La comptabilité commerciale de
l'entreprise forestière
THÈSE
présentée
à l'Ecole polytechnique fédérale, Zurich
pour l'obtention du
grade de Docteur es Sciences techniques
par
Jean-Bernard Chappuis
ing. for. dipl.
de Rivaz (Vaud)
Rapporteur: M. le prof. Ch. Gonet
Corapporteur : M. le prof. Dr. E. Gerwig
1954
Verlagsanstalt Buchdruckerei Konkordia Winterthur
Tiré à part des
«Annales de l'Institut fédéral de recherches forestières»
XXXI Tome, 1er cahier
Zurich 1954
TABLE DES MATIÈRES
La comptabilité commerciale de l'entreprise forestière
Par Jean-Bernard ChappuisPage
Préface 153
I. Introduction 153
IL Quelques notions comptables et forestières 155
III. Les articles du bilan dans une entreprise forestière; leur évaluation et
leur amortissement 156
A. Les articles du bilan 156
B. L'évaluation des articles du bilan 158
C. Les amortissements 159
IV. La présentation du compte de résultats dans l'entreprise forestière. .
161
V. Contrôle de l'économie de la gestion 163
A. Exposé du problème 163
B. Délimitation de l'exploitation 163
C. Le contrôle technique de l'exploitation 164
D. Les frais 165
E. Détermination des frais annuels de l'exploitation ....168
F. La division de l'exploitation en sections 169
G. Répartition des frais totaux sur les sections 170
H. Imputation des frais aux prestations des sections 172
VI. Contrôle de la rentabilité de l'exploitation 174
A. Détermination du rendement brut et du rendement net .... 174
B. La feuille d'analyse de l'exploitation 175
VIL Problèmes spéciaux de la comptabilité forestière 178
A. L'évaluation du capital forestier 178
B. La production du bois et son prix de revient 182
C. L'évaluation des plus-values ou des moins-values du capital forestier 185
D. Les exercices comptables forestiers 188
E. Le plan comptable d'une entreprise forestière 189
VIII. La comptabilité commerciale de l'entreprise forestière de X. . . .
191
A. L'entreprise forestière de X et sa comptabilité 191
B. Les résultats de l'entreprise pendant la période 1935/46. . .
197
C. La gestion des forêts 201
IX. La comptabilité commerciale de la Forêt d'enseignement de l'Ecole poly¬
technique fédérale 213
A. La Forêt d'enseignement et sa comptabilité commerciale. . .
213
B. Les résultats de la gestion d'après le plan d'aménagement . . .217
C. Les résultats de la gestion d'après la comptabilité commerciale. .
218
X. Résumé et conclusion 233
Zusammenfassung 235
Ouvrages consultés 236
La comptabilité commerciale de
l'entreprise forestière
Par Jean-Bernard Chappuis
Préface
La comptabilité de l'entreprise forestière est un sujet dont on s'est peu occupé dans
notre pays malgré l'importance des problèmes qu'elle doit aider à résoudre. Le présent
travail cherche à combler cette lacune et propose une méthode tenant compte des pro¬
grès scientifiques et des expériences faites dans d'autres branches de l'économie pen¬
dant les dernières décennies. Il en expose les principes, sans entrer dans les détails
d'application, qui doivent être examinés dans chaque cas.
Ce travail a été exécuté sous la direction de M. le prof. Ch. Go net, auquel nous ex¬
primons notre très vive gratitude pour son appui constant et ses avis précieux. Nous
adressons de même nos remerciements sincères à M. le prof. Dr. E. G e r w i g pour ses
utiles conseils. Nous tenons à remercier vivement pour leur grande complaisance le
gérant des forêts de X, qui désire garder l'anonymat, et celui de la Forêt d'en¬
seignement de l'Ecole polytechnique fédérale, M. le prof. Dr. H. Leibundgut ; ils
ont mis à notre entière disposition tous les documents comptables et archives de leur
administration, rendant ainsi possible l'essai pratique des procédés décrits dans la suite.
Enfin nous remercions aussi très vivement M. le prof. Dr. H. B u r g e r,
directeur de
l'Institut fédéral de recherches forestières, d'avoir accueilli notre travail dans les Anna¬
les de cet institut.
I. Introduction
La science de la forêt a beaucoup progressé depuis un siècle. La comptabilité, elle,
n'a pas évolué parallèlement et reste une simple statistique des recettes et des dépenses.
Aussi, dans les entreprises forestières, ignore-t-on encore le montant des capitaux en¬
gagés, leur rendement financier véritable, leur rentabilité et se trouve-t-on dans l'inca¬
pacité de calculer les prix de revient.
Les conséquences de cette situation sont graves. Le propriétaire ne peut juger équi-
tablement la gestion du forestier. Celui-ci ne peut prouver ni la rentabilité des investis-
153
sements exécutés, ni l'effet utile d'une gestion intensive sur le rendement financier. Pour
justifier son action, il est privé des arguments les plus forts, de ceux qui, énoncés en
francs et centimes, frappent les profanes mieux que les résultats favorables des révi¬
sions d'aménagement. Appelé à choisir entre différentes méthodes de travail, les élé¬
ments nécessaires pour déterminer la plus économique lui manquent; il doit se fier à
des conjectures. Une comparaison correcte des résultats de l'économie forestière avec
ceux d'autres utilisations du sol ou d'autres activités économiques est impossible. Trop
souvent, pour parer aux attaques d'adversaires armés de leurs enquêtes sur la renta¬
bilité, les forestiers sont réduits à invoquer en dernier recours le rôle protecteur de la
forêt. L'influence des variations de prix, des hausses de salaires, des impôts fonciers et
d'autres facteurs ne peut être mesurée avec exactitude. Les autorités chargées d'allouer
les subventions légales manquent de renseignements sur la situation financière des
bénéficiaires. La sylviculture, qui vise à «la production de valeurs soutenue la plus éle¬
vée» (Leibundgut, 27), n'a pas le moyen de reconnaître si elle atteint son but. Enfin,
les experts en estimation forestière sont contraints, soit de recourir à des méthodes con¬
venant mal à nos conditions, soit de se fier à des évaluations subjectives.Divers auteurs (Abetz, 1,2; Dieterich, 9; Dimitz, 10; Eberbach, 11; Gron, 13; Hiley,
14; Knuchel, 21; Krieger, 23; Leibundgut, 28; Mundt, 30; Stengel, 37) ont tenté de
remédier à ces inconvénients. Certains se sont bornés à perfectionner le système tradi¬
tionnel sans changer ses principes ni supprimer ses vices. D'autres ont cherché des mé¬
thodes permettant de révéler les variations de la valeur des forêts, mais ne proposent
pas non plus de solutions satisfaisantes, car, d'une part, les augmentations ou les dimi¬
nutions de la valeur d'une forêt restent des grandeurs problématiques, et, d'autre part,
l'évolution de la valeur d'une forêt n'est pas proportionnelle à l'importance des capi¬
taux investis.
L'économie forestière a donc intérêt à réformer son système actuel de comptabilité.La nouvelle comptabilité devra :
1. Indiquer la situation financière détaillée de l'entreprise ;
2. Indiquer et analyser le résultat financier;
3. Permettre le calcul des prix de revient et celui de la rentabilité des investissements.
Elle aura à résoudre un problème particulier à l'entreprise forestière: l'évaluation
des augmentations et des diminutions du matériel sur pied.C'est la comptabilité double qui répond le mieux à ces exigences. Elle se plie à des
besoins très divers et s'emploie aussi bien dans le commerce, la finance et l'industrie.
L'économie forestière n'a aucune raison pour la rejeter; c'est sur elle que se fonde la
comptabilité forestière décrite dans cette étude.
Nous avons divisé notre travail en deux parties. La première est consacrée à un ex¬
posé de la méthode proposée, la deuxième, à l'examen des résultats de son applicationà deux entreprises forestières ; ce sont l'entreprise forestière de X, dont le gérant tient
à garder l'anonymat, et la Forêt d'enseignement de l'Ecole forestière de l'EPF. Pour
résoudre les problèmes de comptabilité, nous nous sommes inspirés de Bonjour et Ger-
ber, Bourquin, Burri et Màrki, Folliet, Kâfer, Schmialenbach, Walther.
154
II. Quelques notions comptables et forestières
La loi nomme «entreprise» l'objet soumis à une comptabilité. Une entreprise fores¬
tière comprend l'ensemble des forêts d'un propriétaire. Même si elle n'est pas organisée
en institution administrativement autonome, elle présente les caractères essentiels d'une
entreprise: elle produit des prestations économiques, elle est durable, elle possède des
capitaux.
L'activité essentielle de l'entreprise est la production de prestations. Elle se nomme
«exploitation». Toutes les opérations financières provoquées par elle s'appellent «opé¬
rations de l'exploitation». On les distingue de certaines autres, dites «hors-exploitation»,
qui n'ont aucun rapport avec la production et doivent être comptabilisées à part.
La comptabilité double contrôle la situation financière de l'entreprise au moyen
de l'inventaire et du bilan et indique le résultat financier au moyen du compte de ré¬
sultats. Le bilan est un tableau récapitulatif de l'inventaire et montre, à l'actif, les
éléments de la fortune, au passif, les dettes de l'entreprise et les fonds propres. Le
compte de résultats, appelé aussi compte de pertes et profits ou compte d'exploitation,
est un tableau récapitulatif des diminutions et augmentations de fortune survenues
pendant l'exercice écoulé. Les diminutions de fortune sont nommées «charges», les
augmentations, «produits». Leur différence donne le bénéfice réalisé ou la perte subie.
La forêt a certaines propriétés dont on doit tenir compte en élaborant une nouvelle
méthode d'investigation. Elle est plus qu'un sol et des arbres; elle est un organisme
avec son propre milieu intérieur; ses organes sont les arbres, les autres végétaux, les
animaux, les micro-organismes, le sol et l'atmosphère. Elle se régénère par elle-même
sans l'aide de l'homme. Si le sylviculteur intervient néanmoins dans sa vie, c'est pour
«transformer les effets des forces naturelles de manière à en tirer le plus grand effet
utile» (paraphrase selon Biolley) ; la nature ne se soucie pas des besoins de l'homme;
elle produit du bois simplement parce que les espèces arborigènes ne se reproduisent
qu'après avoir atteint des dimensions considérables.
L'accroissement soutenu maximum dépend principalement de la station; il peut
s'obtenir avec un matériel sur pied d'un volume très différent; il suffit que le massif
soit complet et le peuplement ni encombré de matériel, ni composé d'arbres vétustés
(Knuchel, 21, pp. 122 et 123; Burger, 7). La production annuelle d'une forêt est égaleà la somme des manteaux de bois dont tous ses arbres s'entourent annuellement. Com¬
me il est impossible d'enlever à chaque arbre le bois produit pendant une période de
végétation, on ne peut pas récolter la production annuelle effective, mais seulement
son équivalent en abattant un nombre d'arbres d'un volume total égal à l'accroissement.
Il faut beaucoup de temps aux arbres pour devenir exploitables, jusqu'à 200 ou
300 ans pour un chêne. Aussi, la production d'une forêt dépend-elle étroitement de ses
essences constitutives et de son traitement sylvicole antérieur et ne peut-elle pas être
transformée brusquement.Les forêts doivent aussi remplir une mission protectrice dont ce travail n'aura pas à
tenir compte spécialement car il est permis d'affirmer que, sauf certains cas extrêmes,
elle n'influence pas la gestion et le rendement financier. En effet, les recherches scienti-
155
fiques ont prouvé qu'un traitement sylvicole intensif, conforme aux lois de la biologieforestière, assure à la fois la production soutenue la plus élevée et la protection la plusefficace.
Les procédés décrits concernent seulement les entreprises qui conservent leurs forêts
et en possèdent une surface permettant la péréquation du rendement financier annuel.
III. Les articles du bilan dans une entreprise forestière;leur évaluation et leur amortissement
A. Les articles du bilan
a) Remarques au sujet de l'inventaire
Pour donner une idée claire de la structure et de l'activité de l'entreprise, on classe
les articles du bilan en premier lieu, selon leur liquidité, en second lieu, selon leur
destination, leur nature juridique et leur durée d'utilisation. Il est logique que l'inven¬
taire, document préparatoire du bilan, présente les mêmes subdivisions. Il est naturelle¬
ment plus détaillé, puisqu'il spécifie, un à un, tous les objets de l'entreprise. Il est
exigé par la loi mais offre aussi un intérêt technique en permettant de surveiller les
biens de l'entreprise, de contrôler leur état et d'éviter les pertes.
b) Les subdivisions du bilan et de l'inventaire dans
une entreprise forestière
Les actifs se classeront dans les subdivisions ci-dessous :
1. Trésorerie et disponibilités: sommes en espèces de la caisse forestière, solde du
compte de chèques postaux, effets à encaisser, soldes actifs de comptes courants
auprès de banques ou d'une administration publique.2. Débiteurs.
3. Stocks: produits prêts à la vente, tels que bois façonnés non encore vendus, plantsen pépinière ; provisions diverses, telles que gravier pour l'entretien des chemins, etc.
4. Titres : titres de placement, dans la majorité des cas, la contre-partie active des fonds
de réserve.
5. Matériel : mobilier, outils, véhicules, machines, équipements divers.
6. Améliorations forestières: clôtures, peuplements créés artificiellement, drains,
ouvrages de protection contre les torrents, les avalanches, etc.
7. Ouvrages et constructions : bâtiments, cabanes d'abri, chemins, aqueducs, ponts.8. Immeubles: biens-fonds forestiers ou autres, droits distincts et permanents, imma¬
triculés au registre foncier.
156
Les passifs se classeront dans les subdivisions ci-dessous:
1. Comptes courants passifs, effets à payer.
2. Créanciers.
3. Engagements à long terme: emprunts par obligations, dettes hypothécaires.4. Fonds de réserve.
5. Capital propre.
A la clôture des comptes, il arrive souvent que des factures intéressant le prochainexercice aient déjà été payées ou que d'autres, concernant l'exercice écoulé, n'aient pas
encore été reçues. Ces postes, nommés «postes transitoires», sont classés dans des ru¬
briques actifs ou passifs transitoires qui permettent leur attribution à leurs exercices
respectifs.
c) Remarques sur certains articles du bilan
Il faut tenir compte des stocks car leurs variations, souvent très irrégulières, peu¬
vent fausser les résultats annuels.
On n'inscrira dans la rubrique Matériel que des objets utilisables pendant plusd'une année.
Les améliorations forestières sont des ouvrages temporaires, exécutés dans le but,
soit d'élever ou de rendre possible la production de bois, soit de préserver la forêt
contre des ravages. Cette définition ne s'applique pas aux plantations ordonnées pour
compléter des rajeunissements naturels ou introduire des essences précieuses, ni à
celles qui sont nécessaires au rajeunissement continu dans une entreprise recourant ex¬
clusivement à la régénération artificielle; elle ne s'applique pas non plus aux inter¬
ventions sylvicoles visant l'amélioration de la production, comme les soins culturaux,
les nettoiements et les autres mesures de culture. Tous ces travaux sont des travaux
d'entretien courant de la forêt et toute gestion intensive doit les exécuter. En revanche,
les plantations destinées à la création de peuplements accessoires, à des restaurations
ou à des transformations de peuplements sont des améliorations forestières ; elles ont
un caractère exceptionnel, même si leur surface est relativement petite; elles corrigentdes erreurs antérieures de la gestion ou réparent des dégâts extraordinaires; il arrive
souvent qu'on les exécute d'après un projet particulier et que leur étendue dépasse celle
des plantations habituelles; leur action est temporaire puisque les arbres qui en sont
issus seront une fois exploités et remplacés par le rajeunissement normal.
Nous considérons comme biens-fonds forestiers, ou capital forestier ou forêt tout
court, le tout formé par le sol et le matériel sur pied. Le capital forestier est produc¬tif par lui-même, les améliorations forestières, les ouvrages et les constructions ne le
sont pas; les premières sont des auxiliaires de la production du bois, les autres servent
avant tout à l'administration et à la récolte du bois. C'est pourquoi nous classons ces
différents éléments de l'actif dans des rubriques distinctes.
Il reste à discuter les remaniements parcellaires et les travaux de séparation entre
pâturage et forêt. Ces travaux occasionnent d'une part l'exécution d'ouvrages, tels que
157
clôtures, chemins, plantations et d'autre part des changements permanents des condi¬
tions culturales. Ces derniers augmentent la valeur du terrain; ils ne sont pas des
ouvrages, mais ont toutefois nécessité des opérations coûteuses. C'est pourquoi il semble
logique de les classer, non avec les améliorations forestières, mais bien avec le capitalforestier.
B. l'évaluation des articles du bilan
Cette opération est réglée par des normes reconnues dans la loi. Il est défendu de
surestimer les actifs et il faut comptabiliser leurs moins-values dès leur constatation.
«La comptabilisation des augmentations de valeur dont bénéficient certains éléments
de l'actif (immeubles, bâtiments) par le seul fait des circonstances et sans qu'il y ait
prestation de l'entreprise est interdite; on ne peut pas faire figurer à l'actif une augmen¬
tation de valeur espérée, non réalisée» (Folliet, 12).
Il y a quatre règles d'évaluation des articles du bilan :
1. Evaluation au prix coûtant de la chose.
a) Tous les éléments de l'actif qui sont achetés s'évaluent à leur prix d'achat augmentédes frais divers (transport, installation, etc.) survenus jusqu'à ce qu'ils soient à dis¬
position.
b) Ceux qui sont produits dans l'entreprise s'évaluent à leur prix de revient net.
2. Evaluation au prix de vente de la chose.
Certains éléments de l'actif, susceptibles d'être réalisés à court terme, comme les
stocks de marchandises destinées à la vente, doivent être évalués au prix de vente pra¬
tiqué sur le marché, lorsqu'il est inférieur à leur prix coûtant.
3. Evaluation des titres.
Les titres cotés en Bourse sont inscrits au bilan au maximum pour une somme égaleà leur cours moyen dans le mois qui précède la date du bilan ; les titres non cotés, au
maximum au prix d'acquisition.
4. Evaluation des autres articles du bilan.
Les espèces, les moyens de payement, les soldes des comptes courants, les créances,
les dettes et les fonds sont inscrits au bilan pour leur montant réel.
Ces règles permettent l'évaluation des articles du bilan acquis après l'ouverture de
la comptabilité. Pour évaluer les choses déjà possédées, on recherche leur prix coûtant
au moment de leur acquisition et on en soustrait les dépréciations subies depuis. Sou¬
vent le prix de revient d'un ouvrage est inconnu. On l'estimera au moyen des données
de l'expérience et en tenant compte de ses dépréciations. Parfois le prix d'achat n'in¬
dique que la valeur globale du tout, mais pas celle des parties. Dans ce cas on le répar¬tit d'une manière raisonnable.
158
Très souvent, ces règles d'évaluation se révèlent inapplicables pour le capital fores¬
tier car dans notre pays on ignore le prix d'achat de la plupart des forêts. Nous expo¬
serons plus loin la méthode proposée pour surmonter cet obstacle.
A certaines exceptions près, les actifs ne conservent pas leur valeur initiale. La
comptabilisation des plus-values est en principe interdite; néanmoins, les augmenta¬
tions du matériel sur pied entraînent des plus-values du capital forestier qu'il faut en¬
registrer pour obtenir une image complète du rendement financier. Ce n'est pas possibledans la comptabilité traditionnelle et c'est là une de ses lacunes. Quant aux moins-
values, nous allons voir comment on les évalue et comment on les enregistre.
C. Les amortissements
a) Causes et définition
Pour bien des objets, l'emploi et les intempéries provoquent des dépréciations irré¬
médiables malgré un entretien suffisant. Les progrès techniques peuvent avoir le même
effet; dans la Forêt d'enseignement de l'EPF, par exemple, les anciens chemins de terre
devinrent sans valeur dès le moment où on les remplaça par des routes carrossables
pour des camions lourds. D'autre part, certaines installations, comme un téléférique de
chantier, perdent leur valeur à l'expiration de leur période d'utilisation. Citons enfin
une dernière cause de dépréciation: les accidents divers: avalanches, crues de torrents,
cyclones, etc. Ces dernières dépréciations doivent être enregistrées immédiatement et en
entier. Une entreprise prévoyante crée des réserves en vue de ces éventualités.
Dans tous les autres cas, on peut prévoir le moment où un objet aura perdu toute sa
valeur. Aussi répartit-on à l'avance cette perte sur les exercices précédents au moyen
des «amortissements-», atténuant ainsi ses répercussions sur le rendement financier. Ici
apparaît avec netteté la différence de conception entre la comptabilité double et les
comptabilités forestières actuelles à base camérale. Dans la première, la dépense pour
un investissement n'influence pas le résultat de l'année d'exécution; elle apparaît à
l'actif, puis, grâce aux amortissements, est répartie par quotes-parts annuelles tant que
l'investissement durera. Au contraire, dans les comptabilités forestières actuelles, elle
grève seulement le résultat de l'année d'exécution; ce procédé heurte le bon sens.
b) Les méthodes a"amortissement
L'amortissement d'un objet dépend de trois facteurs:
1. De la valeur initiale. Celle-ci se trouve à l'inventaire.
2. De la valeur de liquidation. Une fois hors d'usage, un objet peut avoir une valeur
marchande comme matière: vieux fer, bois de démolition, etc. Dans ce cas, on l'amor¬
tit jusqu'à cette valeur, sinon jusqu'à L— Fr.
3. De la durée d'utilisation. Celle-ci s'estime généralement en années d'usage effectif.
Les manuels de comptabilité agricole (Laur, 25; Laur et Hùni, 26) fournissent des
renseignements précieux à ce sujet.
159
Ces trois facteurs une fois déterminés, il s'agit de choisir la méthode d'amortisse¬
ment. Deux d'entre elles sont les plus répandues et les plus pratiques; ce sont les sui¬
vantes :
1. Méthode de l'amortissement constant.
Elle se caractérise par le fait que la valeur initiale de l'objet est diminuée chaque
année du même montant. Celui-ci s'obtient en divisant la valeur à amortir par la durée
d'utilisation, ou, ce qui revient au même, en multipliant la valeur initiale par un taux
adéquat (p. ex. 10 % pour une durée d'utilisation de 10 ans).
2. Méthode des amortissements décroissants (ou variables en % de la valeur comp¬
table) .
Elle se caractérise par le fait que la valeur initiale de l'objet est diminuée chaque
année d'un montant plus petit. Celui-ci s'obtient en multipliant la valeur comptable de
l'objet, inscrite à l'inventaire, par un taux correspondant à la durée d'utilisation.
En théorie, ces méthodes donnent des résultats très différents comme l'illustrent les
deux courbes de la figure 1, montrant l'allure de l'amortissement d'une valeur ramenée
à Vio en 10 ans. Pour atteindre des valeurs égales dans la même période, on doit choi¬
sir, avec la méthode des amortissements décroissants, un taux plus élevé. Approximative¬
ment, il doit être un peu plus du double de celui des amortissements constants. (Dans la
figure 1, le taux pour l'amortissement constant est de 9%, pour l'amortissement dé¬
croissant de 20,5 %.)
Fig.l
Comparaison entre Tamortissement constant et Vamortissement décroissant
Valeur de
l'objet en Fr
100 -,.
80 -
60 -
40 _
20 -
10 -
0 2 4 6 8 10 ans 0 2 4 6 8 10 ans
Amortissement constant Amortissement décroissant
A l'usage, les deux méthodes se révèlent aussi bonnes l'une que l'autre. Les amortis¬
sements décroissants font baisser la valeur initiale plus rapidement, ce qui n'a pas d'in¬
convénients du point de vue comptable.
160
Valeur de
l'objet en Fr.
c) Problèmes d'amortissement spéciaux dans l'entreprise forestière
Tant que l'on traite la forêt comme un organisme producteur de bois, il serait faux
d'amortir le capital forestier. Les frais d'établissement d'une nouvelle forêt constituent
sa valeur au bilan et ils ne seront pas amortis. Il en est de même pour le reboisement
d'un peuplement détruit par un cataclysme et amorti.
Les peuplements considérés comme améliorations forestières seront amortis, puisque,
nous l'avons vu, ils sont temporaires. Leur amortissement devra être terminé lorsque
tous leurs arbres auront été abattus. Vu leur longue durée, on utilisera de préférence
la méthode des amortissements décroissants avec un taux correspondant à leur vie
moyenne probable.Des chemins forestiers praticables à tous les véhicules, soigneusement entretenus,
ne se déprécient pratiquement pas, car l'usure est compensée par l'entretien courant. On
peut donc ne pas les amortir, malgré l'avis contraire de ceux qui considèrent les amor¬
tissements surtout comme un moyen de créer des réserves cachées. En revanche, il le
faut, quand l'entretien courant est défectueux ou qu'on prévoit un changement des mé¬
thodes de transport.
IV. La présentation du compte de résultats
dans l'entreprise forestière
Il n'existe pas de règles strictes pour la présentation du compte de résultats. Nous
avons adopté la forme montrée dans le tableau 1, car elle a l'avantage de séparer claire¬
ment les chiffres de l'exploitation de ceux des opérations hors-exploitation.
L'expérience a montré que les buts de la comptabilité ne peuvent pas être atteints
tous directement et simultanément. C'est pourquoi on procède à une division du tra¬
vail. D'une part, le contrôle de la situation financière et le calcul du résultat se font
dans la «comptabilité financière» au moyen du bilan et du compte de résultats. D'autre
part, l'analyse du résultat est exécutée dans la «comptabilité analytique de l'exploi¬
tation». Celle-ci sert en plus au contrôle de l'économie de la gestion et prépare le cal¬
cul des prix de revient. Elle repose sur les chiffres de la comptabilité financière et se
récapitule dans la «feuille d'analyse de l'exploitation».Comme nous le verrons plus loin, aux chapitres V et VI, pour exécuter aisément les
opérations de la comptabilité analytique, il faut connaître les charges, classées selon
leur nature économique (cf. tabl. 1). On devra donc adopter cette classification dans
la comptabilité financière; on le fera d'autant plus volontiers qu'elle simplifie beau¬
coup cette dernière et donne directement des renseignements précieux: par exemple, le
total des salaires et des charges sociales, indispensable actuellement pour le calcul des
primes des assurances sociales et pour la confection des attestations exigées par le fisc;
ou le total des charges pour prestations de tiers, qui permet de juger si l'entreprise
n'exécuterait pas elle-même à meilleur compte certains travaux, comme le débardage,les transports, etc.
161
Tabl. 1
Compte de résultats de l'entreprise forestière de X
au 30 septembre 1935
Charges Produits
Entretien du matériel
Fr.
71 232.45
223.35
5 863.20
1 176.15
1 237.80
3 638.20
510.95
44 170.35
Fr.
101 931.35
14 632.—
1 984.40
9 237.70
267.—
Bureau et divers
Ventes de bois
Produits divers
128 052.45 128 052.45
30 603.—
4 142.80
5 900.—
16 379.05
44 170.35
4 840.—
8 014.50
Distributions en espèces et en nature aux bourgeois . .
Produits hors-exploitation
Versement à la BourgeoisieBénéfice net de l'entreprise, viré à Capital propre . .
57 024.85 57 024.85
Tabl. 2
Exemple montrant que le système de classification des charges,
adopté dans les comptabilités forestières actuelles, induit en erreur
Entreprise forestière de X, exercice 1934/35
Désignation des comptesCharges
comptabiliséesCoût réel
des travaux
Administration
Construction de chemins. .
Entretien dçs chemins. . .
Pépinière
Améliorations forestières. .
Soins culturaux
Façonnage des bois....
Débardage et transport des bois
Récolte de produits accessoires
Amortissements et pertes . .
Assurances sociales....
Fr.
25 766.95
3 874.15
4 253.05
1 206.60
1 002.30
4 019.—
30 487.50
6 695.70
792.30
510.95
5 273.60
Fr.
28 518.40
6 500.—
6 137.25
1 972.—
2 737.70
16 338.35
43 413.55
9 976.15
1 289.25
162
Le système de classification des charges, adopté dans les comptabilités forestières
actuelles, ne convient pas à une comptabilité commerciale perfectionnée, car il répar¬
tit des charges de même nature économique sur différents comptes. De plus, comme
l'exemple des comptes de 1934/35 de l'entreprise forestière de X le montre, il induit
en erreur. Il donne les chiffres de la première colonne du tableau 2. Ces chiffres
n'indiquent pas ce que les différents travaux ont réellement coûté. En effet, par exemple,le compte «Administration» contient les appointements annuels complets des gardes
forestiers, qui collaborent activement à tous les travaux. Il contient ainsi des charges
qu'il faudrait attribuer logiquement à d'autres comptes. Il en est de même pour les
comptes «Amortissements et pertes» et «Assurances sociales». Le coût réel des diffé¬
rents travaux, tel qu'il ressort du calcul des prix de revient, se trouve dans la deuxiè¬
me colonne du tableau 2, et, on le voit, il est tout autre. A titre d'essai, nous avons
choisi ce système pour la comptabilité commerciale de la Forêt d'enseignement de l'EPF.
Ce choix s'est révélé malheureux ; nous avons dû plus tard grouper à nouveau les chif¬
fres selon leur nature économique. L'adoption dès le début de cette classification-ci
nous aurait épargné 30 à 40 comptes de charges, soit la moitié.
V. Contrôle de l'économie de la gestion
A. Exposé du problème
Une bonne entreprise forestière s'efforce d'obtenir le maximum d'effet avec le mini¬
mum de frais. Elle doit par conséquent, d'une part, contrôler la quantité et la qualitédes prestations produites, et d'autre part, déterminer les frais.
Ce deuxième point est complexe: la production d'une prestation requiert du travail,
des matières, des capitaux de forme variée. Il faut d'abord mesurer la part de ces
éléments si divers puis en calculer le coût. D'autre part, il faut déterminer aussi bien
le prix de revient total que celui des phases de la production et, pour rendre possiblesdes comparaisons entre exercices, périodes et entreprises, il faut le faire en appliquantdes normes fixes.
Dans cette étude nous considérons le calcul des prix de revient avant tout comme un
instrument pour le contrôle de l'économie de la gestion. Mais de plus il deviendra un
instrument précieux de la politique de vente et de la politique forestière en général; il
est indispensable aussi à la comptabilité financière pour l'évaluation de nombreux
actifs. Son importance pour l'économie forestière est capitale; aussi est-ce lui que nous
avons placé au premier rang de nos préoccupations.
B. Délimitation de l'exploitation
Avant d'établir la comptabilité analytique de l'exploitation, il faut délimiter celle-ci.
Dans les entreprises forestières simples, elle est constituée par la gestion des forêts.
163
Mais de nombreuses entreprises forestières possèdent encore des établissements acces¬
soires: pépinières, hangars à bois, domaines sylvo-pastoraux, etc. Dans ces cas il y a
trois solutions :
1. On considère les établissements accessoires comme des activités hors-exploita¬tion ; la comptabilité analytique ne s'en occupe pas.
2. On incorpore ces établissements accessoires à l'exploitation.3. On considère bien les établissements accessoires comme activités hors-exploita¬
tion, mais pendant l'exercice on ne comptabilise pas séparément leurs chiffres dans la
comptabilité financière. On utilise alors la comptabilité analytique pour les obtenir
par ventilation des comptes au moment du bouclement.
On choisit la solution capable de simplifier le plus la comptabilité financière.
C. Le contrôle technique de l'exploitation
Ce contrôle nécessite quelques statistiques simples, mais complètes et précises, évi¬
tant une exactitude pédante et une accumulation de chiffres inutiles.
a) Statistique des prestations produites
Les premiers chiffres à noter concernent la récolte des bois. Les contrôles actuels des
exploitations suffisent en général pour déterminer la quantité et la qualité des bois
abattus. Mais de plus, il est essentiel de mesurer la production réelle de la forêt, l'ac¬
croissement; l'aménagement selon la méthode du contrôle convient bien; il est assez
exact, mais demanderait à être perfectionné en vue d'une meilleure étude de l'évolution
qualitative des peuplements. La production d'autres marchandises, comme les sapinsde Noël, les plants extraits des pépinières, etc., doit aussi être mesurée.
Les entreprises forestières consacrent chaque année des sommes importantes à des
investissements; il faut donc aussi tenir une statistique de ces travaux. On inscrira le type
et la longueur des clôtures dressées, des chemins construits, des fossés d'assainissement
creusés, la surface des plantations, le nombre et l'espèce des plants mis à demeure, etc.
b) Contrôle de la technique de production
Ce contrôle entraîne l'examen critique des méthodes de travail. Le prix de revient
global des opérations ne suffit pas. Il faut aussi savoir ce qui a été fait: la surface des
rajeunissements soignés, la longueur des chemins entretenus, le volume de bois abattu
ou débardé avec tel ou tel système, le nombre de plants repiqués, etc. On pourra alors
calculer les prix de revient unitaires, seuls comparables.Mais même la connaissance des prix de revient unitaires ne suffit pas non plus: en
effet les moyens appliqués varient. On remplace du travail manuel par du travail à la
machine; les quantités et le genre des marchandises utilisées changent. Ces faits impo¬sent tout naturellement la tenue d'une statistique des heures de travail, des heures de
164
machines, des quantités et du genre des marchandises consommées. Ces données ren¬
dent le gérant capable de critiquer objectivement sa gestion et lui suggèrent les amélio¬
rations possibles souvent mieux que le prix de revient seul.
D. Les frais
a) Les genres de frais
Les critères économiques suggèrent la création de quatre classes de frais (Wal-
1. Les frais de personnel2. Les frais divers
3. Les frais d'amortissement
4. Les frais d'intérêts
1. Les frais de personnel.
Ils sont causés par le personnel de l'entreprise. Ce sont les traitements et les vaca¬
tions des employés permanents, les salaires des ouvriers temporaires et les prestationssociales (AVS, assurance contre les accidents, la maladie, le chômage; vacances payées,allocations familiales, etc.).
2. Les frais divers.
Ils résultent des prestations fournies par des personnes étrangères à l'entreprise.Leur variété invite à les répartir en groupes. On pourra distinguer les frais d'entretien
du matériel, les frais de transports effectués par des tiers en vertu de contrat de trans¬
port, les débours pour administration et bureau, les frais pour achats de marchandises.
D'autres genres de frais sont aussi dignes de former des groupes séparés, si leur mon¬
tant le justifie.
3. Les frais d'amortissement.
Les immobilisations devant servir à la production toute leur existence, il est juste de
répartir ce qu'elles ont coûté non pas seulement sur l'exercice de leur exécution, mais
sur toute leur durée. C'est pourquoi les amortissements doivent être incorporés aux
frais.
4. Les frais d'intérêts.
Ces frais représentent le loyer des capitaux engagés dans l'exploitation. Les capitaux
mis à disposition de l'entreprise ne le sont pas gratuitement: le propriétaire qui a em¬
prunté pour la financer doit payer un intérêt, ou, s'il y a placé ses capitaux propres, il
désire en retirer une rente égale au moins à celle d'un autre placement.
L'incorporation des frais d'intérêts s'impose encore pour mesurer un facteur impor¬tant: la vitesse de production. En effet, avec un certain capital, et tous les autres frais
étant égaux, le prix de revient unitaire sera inversement proportionnel au nombre des
prestations produites. Enfin un investissement, tel qu'une route ou une machine, exerce
165
une action, payable au même titre que la main d'œuvre à laquelle elle se substitue
parfois.
5. Remarques spéciales.
Les impôts soulèvent des problèmes délicats (Kafer, 18; Paris, 32). Ceux qui ne dé¬
pendent pas du bénéfice, comme l'impôt sur la fortune, créent des frais; ils sont liés à la
propriété d'immeubles ou de capitaux et sont payables même par une entreprise défi¬
citaire. En revanche, les impôts extraordinaires qui constituent des prélèvements sur la
fortune, comme le sacrifice de défense nationale, et les impôts dépendant du bénéfice ne
peuvent pas être considérés comme des frais et incorporés au prix de revient.
Les amortissements de pertes extraordinaires dues à des ouragans ou d'autres acci¬
dents ne sont pas des frais, car ils n'ont pas été provoqués par l'exploitation. Mais on
peut incorporer sans autre l'amortissement de petites pertes normales de l'exploitation,
comme les déchets dans la pépinière.
L'incorporation des frais d'amortissement et d'intérêts au prix de revient est néces¬
saire, car, nous le répétons, l'usage des capitaux n'est pas gratuit. On n'y pense parfois
pas assez dans les milieux forestiers et on immobilise ainsi des sommes exagérées dans
des chemins magnifiques, dans des transformations artificielles prématurées de peuple¬
ments non conformes à la station, ou encore en persévérant à augmenter le matériel sur
pied sans égard aux besoins du traitement sylvicole et de la consommation.
b) Relations entre les frais et la production
La proportion des différents frais caractérise une entreprise. Elle indique sa struc¬
ture, renseigne sur les méthodes de gestion, qualifie sa capacité de résistance à des in¬
fluences nuisibles ou celle d'adaptation à des influences favorables.
Que l'activité d'une entreprise forestière soit nulle ou grande, certains frais conser¬
vent le même montant. On les nomme «frais /«ces». Ce sont entre autres les frais d'amor¬
tissement et d'intérêts des capitaux investis, une partie des frais divers (impôts fon¬
ciers, assurance incendie, p. ex.), certains frais de personnel (p. ex. le traitement du
gérant dans une administration forestière). Il est évident que des causes sans rapport
avec l'activité de l'entreprise, comme une modification des lois fiscales ou des traite¬
ments, peuvent changer la somme des frais fixes. D'autres frais, les «frais variables
proportionnels», sont directement proportionnels à la production: les salaires pour le
façonnage du bois, par exemple, sont proportionnels à la quantité de bois abattu. Enfin,
les «frais variables non proportionnels» varient avec la production, mais sans propor¬
tion déterminée.
La figure 2 illustre schématiquement les relations entre les frais totaux et l'activité
de l'entreprise. Celle-ci a toujours des frais fixes et ses frais variables augmentent en
même temps que son activité. Une augmentation des frais fixes l'oblige de consacrer
une plus grande partie de son rendement brut à leur couverture et la rend plus sensible
à une mauvaise conjoncture. Les relations entre frais et production sont discutées en
détail par Hohl et nous y renvoyons.
166
Fig.2
Représentation schématique des relations entre les frais totaux
et la productionFrais totaux en Fr.
Frais variables proportionnels
Frais variables non proportionnels
Frais fixes
Production
'— Début de la production
c) Différences entre dépenses, charges et frais
«Dépense» est un terme de caissier : il ne doit être utilisé que pour désigner les som¬
mes d'argent employées pour les paiements. Cet argent provient de la caisse, du compte
de chèques ou du compte en banque.
Charges et frais ne sont pas synonymes. «Charge» est un terme de la comptabilitéfinancière et désigne les diminutions de fortune récapitulées dans le compte de résul¬
tats. «Frais» est un terme de la comptabilité analytique de l'exploitation et du calcul
du prix de revient et signifie ce que coûte une chose. Le total des charges et des frais
d'un exercice ne correspondent pas.
Certaines charges, comme les impôts sur le revenu ou l'amortissement d'un peuple¬ment renversé par un cyclone, ne provoquent pas de frais ; elles représentent des dimi¬
nutions de fortune sans rapport avec l'exploitation. Mais même les charges d'exploita¬tion ne correspondent pas nécessairement aux frais de l'exercice. Premièrement, lors du
bouclement des comptes, dans les administrations publiques, on tend à liquider si pos¬
sible les restes des crédits budgétaires par des achats superflus pour l'exercice écoulé,mais utiles pour l'avenir. D'autre part, on estime parfois inutile de tenir compte des
postes transitoires. Deuxièmement, par une simplification, applicable au prix de quel¬
ques précautions, on se dispense parfois de séparer dans les livres les charges d'exploi¬tation de celles hors-exploitation. Troisièmement, les amortissements créent des diffé¬
rences. Dans la pratique, on ne les détermine pas forcément d'après les méthodes de cal¬
cul normales décrites plus haut. On les décide souvent au vu du résultat annuel de l'ex¬
ploitation, sans égard à la dépréciation réelle des immobilisations et en s'inspirant uni¬
quement de considérations financières ; presque toujours on les force afin de créer des
réserves cachées ou de voiler le bénéfice réel. Ces amortissements arbitraires fausseraient
le calcul des prix de revient. Celui-ci doit considérer uniquement les dépréciations réel¬
les et ne contenir que les frais d'amortissement normaux calculés. Quatrièmement, cer¬
tains frais ne sont pas comptabilisés comme charges. Citons en premier les plus impor¬
tants, les frais d'intérêts sur le capital propre, puis des cas plus rares: dans certaines
167
communes, l'entreprise forestière reçoit gratuitement le courant électrique, l'eau, ou
fait exécuter des travaux en corvée par les bourgeois.
E. Détermination des frais annuels de l'exploitation
a) Introduction
Dans l'économie forestière, les mêmes opérations ne se répétant pas avant un an,
la détermination des frais se fera par année. On procède d'une part par ajustements des
charges notées dans la comptabilité financière et d'autre part par calcul. Le résultat
de ces opérations se note sur la feuille d'analyse de l'exploitation (colonnes b, c, d du
modèle, p. 176).
b) Ajustement des charges
On détermine tout d'abord le total des charges de l'exploitation, puis on y introduit
les postes transitoires et on élimine l'effet des liquidations de crédits budgétaires.
Les prestations gratuites ou à prix réduit fournies aux entreprises privilégient les
bénéficiaires et altèrent les comparaisons. Pour juger objectivement leurs aspects
économiques et financiers, il est recommandable de calculer le prix de revient pre¬
mièrement sur la base des conditions réelles et deuxièmement sur la base des prix
normaux payables pour ces prestations.
c) Amortissements et intérêts calculés
1. Frais d'amortissement
On applique les méthodes de calcul décrites plus haut, en se laissant guider uni¬
quement par les considérations techniques et comptables. Or il arrive que les faits dé¬
mentent les prévisions sur la durée d'une immobilisation. Si l'objet est amorti totale¬
ment avant la fin de ses services, on réestime sa durée d'existence et, jusqu'au terme de
celle-ci, on calcule avec l'amortissement qu'on aurait dû prélever.L'établissement d'un fichier des immobilisations facilite ces calculs. Sur chaque
fiche on inscrit la valeur initiale d'un objet, la durée de celui-ci, le taux d'amortisse¬
ment et, année après année, le montant amorti et le solde.
2. Frais d'intérêts
Comme seuls les intérêts dus sur les capitaux empruntés apparaissent dans la comp¬
tabilité financière, on est obligé de calculer les frais d'intérêts. On utilise la formule:
Intérêts = capital x taux
On y introduit seulement le montant des capitaux engagés effectivement dans l'exploi¬tation. On trouve ceux-ci dans l'inventaire ou mieux encore, sur le fichier décrit ci-
dessus. Leur valeur doit être égale à celle obtenue par l'amortissement normal.
168
Le taux d'intérêt choisi sera au minimum égal au taux usuel. Il peut être augmenté
pour tenir compte des risques normaux: fluctuations des prix des bois, danger de des¬
truction partielle du capital forestier par des accidents naturels. Le cas échéant, il
égalera le taux des emprunts contractés par l'entreprise. La majorité des économistes
actuels inclinent à le choisir proche du taux usuel. Il peut se modifier avec les condi¬
tions économiques, les périodes, les régions.
Il faut remarquer en passant que les frais d'intérêts incorporés au prix de revient
n'ont aucun point commun avec les calculs d'intérêts développés par les théories écono¬
miques forestières traditionnelles.
F. La division de l'exploitation en sections
a) Buts et principes de la délimination des sections
La comptabilité financière se sert de comptes pour le classement des charges et des
produits. Pour la répartition des frais totaux, la comptabilité analytique procède par
analogie: elle divise l'exploitation en «sections» dont chacune reçoit les frais causés
par une partie de l'exploitation.Les sections se délimitent conformément aux désirs du gérant. Leur multiplication
rend le calcul du prix de revient plus explicite et permet un meilleur contrôle de la
gestion, mais au prix d'un travail et d'une complication grandissants. Elle ne dispense
pas, dans certains cas, d'investigations extra-comptables pour découvrir les méthodes de
travail les moins coûteuses.
La délimitation des sections s'inspire de trois critères principaux (Bourquin, 5, 6) :
1. Critère topographique: la section concerne l'ensemble des opérations effectuées
dans un même lieu : une série d'aménagement, une pépinière, etc.
2. Critère technique: la section concerne un travail, ou une fonction déterminée,
ou enfin les personnes et les moyens techniques correspondant à une phase de la pro¬
duction: par exemple le façonnage des bois, l'administration, la récolte des bois.
3. Critère administratif: la section concerne la sphère de responsabilité d'un gardede triage, d'un contremaître, etc.
b) 'Genres de sections
On distingue trois types de sections.
On nomme «sections principales» celles qui concernent une activité principale de
l'entreprise, par exemple la forêt ou la pépinière, si la majorité des plants sont destinés
à la vente. Leurs frais sont imputés directement au prix de revient de leurs produits.Comme nous le verrons plus loin, elles servent aussi au contrôle de la rentabilité.
Certaines sections destinent leurs prestations en partie ou en entier à d'autres. C'est
pourquoi il est logique de répartir leurs frais sur les bénéficiaires de leurs services. On
les nomme «sections auxiliaires» ; citons p. ex. la section «Administration».
169
On attache souvent de l'importance à la connaissance des frais d'une activité par¬
ticulière déjà comprise dans la sphère d'une section. On subdivise alors celle-ci en «sous-
sections» capables de livrer ces renseignements supplémentaires.
c) Les sections dans une entreprise forestière
Il faut créer tout d'abord une section principale «Forêt» pour recueillir les frais
de la forêt proprement dite. Mais la production d'une forêt passe par deux phases étroi¬
tement liées. La première, c'est la production du bois en forêt, sur les arbres. La
deuxième, c'est la récolte de bois: on prélève l'accroissement et on le met à dispositionde la consommation sous forme de bois abattu. Dans la pratique, le volume des coupes
diffère généralement de l'accroissement. Il faut en tenir compte dans le calcul du prixde revient du bois abattu. On y parvient en répartissant les frais de la section Forêt
à deux sous-sections:
1. Dans «Production du bois» figureront les frais de production du bois en forêt
jusqu'au martelage y compris des tiges destinées à l'abattage.
2. Dans «Récolte du bois» figureront les frais de façonnage, débardage et transport
du bois dès le martelage des arbres jusqu'à la prise de possession du bois abattu par le
preneur.
Dans une entreprise forestière simple il faut encore prévoir:Une section principale «Investissements nouveaux» pour les frais provoqués par les
investissements exécutés ;
Une section auxiliaire «Chemins», pour les frais causés par les chemins;
Une section auxiliaire «Administration», pour recueillir le reste des frais;
Eventuellement une section principale «Etablissements accessoires» recueillant les
frais de ces établissements.
Les entreprises forestières étendues et complétées d'établissements accessoires de¬
mandent un plus grand nombre de sections ; ainsi, dans notre modèle de feuille d'ana¬
lyse, nous avons encore prévu une section auxiliaire «Pépinière» (cf. p. 176). Malgréson intérêt éventuel, il faut déconseiller l'analyse des frais par division. Elle ne per¬
mettrait pas des comparaisons valables car, sur une si petite surface, la récolte annuelle
varie trop et le matériel sur pied évolue sans cesse. L'analyse des frais, et du rendement
net, ne se fera pas pour des surfaces inférieures à la série d'aménagement.
G. Répartition des frais totaux sur les sections
a) Frais directs et frais généraux
Les frais totaux une fois établis, il s'agit d'en attribuer à chaque section sa part.
Cette opération s'effectue aussi sur la feuille d'analyse. On distingue les frais directs
et les frais généraux.
170
Les premiers peuvent être attribués sans autre directement de la pièce comptableà la section qui les a provoqués. Ce sont par exemple les salaires pour les bûcherons,
les frais de transport du bois, les menus frais de bureau.
Les frais généraux, au contraire, sont provoqués par plusieurs sections à la fois ou
par l'exploitation tout entière et doivent être répartis par des procédés dont l'élabora¬
tion constitue le problème central de la comptabilité analytique. Nous en indiqueronsseulement les principaux, sans entrer dans leurs détails d'application.
b) La répartition des frais généraux sur les sections
La part d'une section aux frais généraux s'estime de diverses manières.
1. On peut la déclarer proportionnelle à un élément fixe des sections envisagées.Pour la répartition des frais d'amortissement et d'intérêts, ce sera par exemple la
valeur des capitaux engagés dans chacune. Un hangar abrite au rez-de-chaussée des
engins pour l'abattage et le débardage des bois et dans la soupente, une sécherie de grai¬
nes: l'élément fixe pris pour base de la répartition de ses frais d'entretien sur les sec¬
tions Récolte du bois et Pépinière sera le volume des locaux occupés.
2. On déclare la part des sections proportionnelle à leur activité.
On a différentes possibilités d'estimer celle-ci. On peut mesurer par section les
heures de travail effectuées, les salaires payés, la production ou la consommation de cer¬
taines marchandises, ou enfin, pour des véhicules et des machines, les distances parcou¬
rues ou les heures de marche. Puis, sur cette base, on établit une clé de répartition. Par
exemple on répartira sur les sections «Chemins» et «Construction de chemins» les frais
pour l'entretien de l'outillage de génie civil au prorata des heures de travail ou des sa¬
laires, les frais pour l'achat de gravier au prorata des quantités employées.Avant l'adoption d'une clé de répartition il faut juger la sûreté, la précision et la
simplicité d'application pratique de son principe. «Souvent la recherche d'une exacti¬
tude complète demande des efforts superflus» (Bourquin, 5).
c) Répartition des frais des sections auxiliaires sur les autres sections
La répartition des frais des sections auxiliaires sur les autres sections présente les
mêmes difficultés que celle des frais généraux. On peut, première méthode, recourir à
des clés semblables à celles décrites au paragraphe précédent. Par exemple, on peut ré¬
partir les frais d'une section «Gardes forestiers» proportionnellement soit à la surface
des forêts confiées à ceux-ci, soit aux heures de travail ou aux salaires des ouvriers dans
les sections intéressées; on peut aussi exiger des gardes des rapports détaillés sur l'em¬
ploi de leur temps et faire une répartition conforme à ces indications en fin d'année.
Le dernier exemple illustrait déjà une deuxième méthode qui consiste à répartir les
frais d'une section auxiliaire proportionnellement aux prestations fournies par elle.
Voici encore un exemple de son application. Les frais d'une pépinière destinée unique-
171
ment à couvrir les besoins de l'exploitation pourront se répartir sur les sections Soins
culturaux et Améliorations forestières au prorata des plants utilisés.
Les clés de répartition peuvent aussi, troisième méthode, se fonder sur des estima¬
tions purement arbitraires. Elles risquent alors la subjectivité, mais souvent elles sont
les plus pratiques. Les chemins forestiers, par exemple, contribuent à la fois à rendre
la vidange des bois meilleur marché et à améliorer le traitement sylvicole; il est donc
juste de répartir leurs frais sur la récolte et la production du bois. Seule une estimation
arbitraire permettra l'établissement d'une clé.
Il existe encore une quatrième méthode. On considère les sections auxiliaires comme
des établissements indépendants qui vendent aux autres sections leurs prestations. Elles
facturent alors celles-ci à un tarif conventionnel. Cette méthode convient très bien pour
la répartition des frais d'une pépinière ou d'un véhicule.
H. Imputation des frais aux prestations des sections
a) Introduction
Le calcul des prix de revient détaillés nécessite encore la répartition des frais totaux
d'une section sur ses produits ou ses prestations. On a inventé pour cette opération,
appelée «imputation des frais», plusieurs procédés, utilisés seuls ou combinés. Nous
allons exposer les principaux au moyen du petit problème suivant :
Combien a coûté la récolte du bois dans la division 9 de l'entreprise forestière de X,
en 1934/35?
Exploitations totales de 1934/35 dans les forêts de X: 4722 m3.
Exploitations de 1934/35 dans la division 9: 153 m3.
Frais totaux de la section Récolte du bois en 1934/35: 61 100 Fr.
Les chiffres mentionnés dans ce paragraphe sont réels.
b) Méthode de calcul par division
Cette méthode, la plus simple, consiste à calculer les frais moyens au m3. Nous
aurons :
Frais moyens de la récolte du bois par m3 : 61100 : 4722 = 12.95 Fr./m3
Prix de revient de la récolte du bois dans la division 9: 12.95 x 153 = 1980.— Fr.
La méthode est applicable seulement si les prestations produites sont identiques et
si le total des frais correspond bien à la quantité produite. Elle convient mal à des
entreprises productrices de prestations variées ou à des productions longues et difficiles
à mesurer comme la production forestière. D'autre part, même des prestations très sem¬
blables provoquent souvent des frais différents: le prix de revient d'une coupe de
100 m3, p. ex., varie beaucoup suivant les conditions (Zehnder, 42).
172
c) Méthode de calcul au moyen de coefficients d'équivalence
Cette méthode est un «calcul par division» perfectionné. Elle cherche à tenir compte
des différences entre les prix de revient de prestations semblables au moyen de «coeffi¬
cients d'équivalence». Ceux-ci représentent le rapport entre les frais provoqués par la
production de ces prestations. Reprenons notre exemple. Dans les forêts de X, les con¬
ditions de la Série A, à laquelle appartient la division 9, renchérissent la récolte des
bois d'environ 15 % par rapport à la Série B. Compte tenu de ce fait, on obtient les
prix de revient unitaires ci-dessous. Voici le calcul en détail :
Total Série A Série B
Prix de revient unitaire de la récolte du bois par
4722
5135
X 11,90
2759
xl,15
1963
xl.OO
3172
x 11,90
1963
x 11,90
61100 37700
13,70
23400
11,90
Le prix de revient de la récolte du bois dans la division 9 sera: 13,70 X 153 = 2096.— Fr.
Comme le remarque Tromp, la détermination des coefficients d'équivalence est par¬
fois délicate et nécessite des investigations spéciales pour donner des résultats raisonna¬
bles. Elle profitera beaucoup des recherches sur la technique du travail.
d) Méthode de calcul par majoration
Cette méthode se fonde sur les rapports entre les frais directs et les frais généraux.
Il est aisé en effet de calculer le prix de revient d'une prestation en majorant ses frais
directs de suppléments pour les frais généraux. Montrons le mécanisme de la méthode
avec notre exemple :
Frais de salaires: Salaire du bûcheron B. pour le façonnage
et le débardage 1191.— Fr.
Matières consommées: Fil de fer pour les fagots (d'après le carnet
de contrôle du garde forestier) 2.— Fr.
Prestations de tiers: Facture du camioneur M. pour le transport . .300.— Fr.
Total des frais directs 1493.— Fr.
173
Suppléments pour les frais généraux :
Prestations sociales : 5,75 % des salaires.
Amortissement du matériel : 0,25 % des salaires
Administration : 36 % des salaires
Chemins: 2.30 Fr./m3
Prix de revient de la récolte du bois dans la division 9
Report 1493.— Fr.
68.50 Fr.
—.50 Fr.
430.— Fr.
352.— Fr.
2344.— Fr.
Les suppléments pour frais généraux sont calculés à l'aide de la feuille d'analyse de
l'exploitation. Ils sont exprimés dans notre exemple en % des salaires ou par un tarif.
Dans d'autres cas ils peuvent aussi être égaux à un % des frais directs totaux ou être
fixés au moyen de tarifs par heure de travail ouvrier, par heure de travail machine, par
unité de marchandise produite ou consommée.
L'application de cette méthode requiert des enquêtes préalables attentives. Il faut
déterminer les frais directs et les frais généraux suscités par la production d'une presta¬
tion, puis classer ces derniers en catégories, chacune correspondant à une majoration
particulière. Dans une comptabilité rationnellement organisée, on prévoit les comptes et
les sections de manière à faciliter le calcul des suppléments.
VI. Contrôle de la rentabilité de l'exploitation
Ce contrôle est le complément logique de celui de l'économie de la gestion. Comme
ce dernier, il doit se plier à des normes fixes. Il nécessite la détermination du rende¬
ment brut.
A. Détermination du rendement brut et du rendement net
Le rendement brut est égal à la valeur des prestations produites. Pour tous les pro¬
duits vendus et pour ceux qui auraient pu l'être, mais ont été répartis à des tiers ou con¬
sommés par l'entreprise, il est égal au prix de vente. Les nouveaux investissements
et les marchandises produites uniquement en vue du propre usage s'évaluent à leur
prix de revient calculé. On sait que certains investissements bénéficient de sub¬
ventions légales. Il s'en suit qu'ils ne sont pas évalués au même prix dans la comp¬
tabilité financière et dans la comptabilité analytique. Dans celle-ci, ils sont portésà leur prix de revient calculé total, dans celle-là, pour un montant égal à la différence
entre les subventions reçues et le prix de revient calculé. Cette différence représente
le capital effectivement investi par l'entreprise. Le rendement brut comprend encore
la valeur des augmentations du matériel sur pied.Comme les frais et les charges, le rendement brut et les produits comptabilisés dans
la comptabilité financière ne sont pas identiques ; on effectue donc les ajustements uti¬
les, puis on répartit le total sur les sections. Ces opérations faciles se font aussi sur la
feuille d'analyse.
174
On peut alors déterminer le rendement net calculé, qui est égal à:
Rendement brut - (Frais totaux - Intérêts calculés).Le taux de rendement des capitaux engagés se trouve ensuite sans autre.
B. La feuille d'analyse de l'exploitation
La feuille d'analyse de l'exploitation remplit les fonctions suivantes :
1. Etablir les frais et le rendement brut, au total et par section.
2. Indiquer le rendement net calculé des sections principales de l'exploitation.3. Fournir les éléments fondamentaux pour le calcul des prix de revient.
4. Eventuellement, permettre la discrimination de certains charges et produits hors-
exploitation non comptabilisés à part dans la comptabilité financière.
Elle se présente sous forme d'un tableau divisé en étages et colonnes (cf. tableau 3).
Les colonnes servent à la répartition des frais et du rendement brut sur les sections. Les
étages correspondent aux étapes de cette répartition: les étages I, II et III sont réservés
à la détermination et à la répartition des frais, l'étage IV sert à celles du rendement
brut et le V à la détermination du rendement net calculé. Le tableau est disposé de
façon à permettre le contrôle arithmétique de ces opérations. Le total des chiffres ins¬
crits dans les colonnes des sections e à 1 doit être égal au chiffre de la colonne d. Le
tableau garantit aussi le contrôle de la comptabilité analytique au moyen des colonnes b,
c et d; en effet les ajustements inscrits dans la colonne c doivent être justifiables.L'établissement de la feuille d'analyse nécessite la connaissance du solde des char¬
ges, compte par compte. Le bouclement des comptes de produits affectés aux investis¬
sements nouveaux et aux marchandises produites pour le propre usage requiert les prixde revient, calculés grâce à la feuille d'analyse. On voit donc que cette dernière doit
être établie en même temps que le compte de résultats.
Le modèle de feuille d'analyse de la page 176 se fonde sur les chiffres de l'exercice
1934/35 de l'entreprise forestière de X. Il est prévu pour une entreprise simple avec
une comptabilité financière double d'une vingtaine de comptes. La répartition des frais
généraux s'y est faite sur ces bases :
Assurance accidents: proportionnellement aux salaires;
Amortissements, intérêts : proportionnellement à la valeur des capitaux engagés ;
Administration : sur les sections f, g, h, 1 : proportionnellement aux salaires ; les parts de
i et k = V2 de l1) ; 70 Fr. représentant les frais d'administration forfaitaires d'un
établissement accessoire n'ont pas été répartis;Chemins: 50 % sur i, 50 % sur k;
Pépinière: proportionnellement au nombre de plants utilisés par h et i; 190 Fr. repré¬sentant la valeur des plants vendus n'ont pas été répartis.
') Les frais d'administration consistent pour 6/e dans les traitements du gérant et des gardes fores¬
tiers. Nous avons estimé que l'activité de ces personnes pour la forêt est aussi utile à la produc¬tion qu'à la récolte du bois.
175
130
167
200
62
930
104
240
9190
—70
630
176
750
92
880
83
II+14-M6)
(Total
III
Total
710
—710
070
1780
-1
——
——
—
17
16
21640
820
10
820
10
—.
—640
21
-—
——
—15
000
23
11500
11500
020
3700
1730
450
28
-—
——.
14
auxiliaires
sections
des
frais
des
Répa
rtit
ion
///.
13
780
121
880
39
81900
150
51270
910
19
520
28
630
176
750
92
880
83
11)
+10
+1
(Total
II
Total
400
73
—400
73
——
——
400
73
400
73
—
..
biens-fonds
sur
Intérêts
12
11
.—.
——
——
500
15
—500
15
500
15
—
.chemins
sur
Intérêts
10
section
par
d'intérêt
frais
des
répa
rtit
ion
et
Détermination
//.
9
380
48
880
39
500
8150
51270
410
4520
28
730
87
850
3880
83
ITotal
4140
—
4140
——
——
140
44140
—
87
180
70
110
—-
—
10
30
220
-290
510
....
Amortissements
6
130
66120
10
160
110
1560
540
500
8—
500
85
——
——
——
640
3640
3—
640
3.
.bureau
pour
Débours
4
060
21830
230
270
60
150
720
*2
260
*5
—
260
*5
..
.accidents
Assurance
3
870
35
31860
010
4720
4100
1690
221590
970
65
—970
65
salaires
et
Traitements
2
section
par
frais
des
répa
rtit
ion
et
Détermination
/.1
1k
ih
gf
ed
cb
a
k+
iTotal
bois
du
Récolte
bois
du
Production
Forêt
nouveaux
sements
Investis¬
Pépinière
Chemins
tration
Adminis¬
prin
cipa
les
Sections
auxiliaires
Sections
analytique
bilité
compta¬
la
de
Chiffres
ments
Ajus
te¬
financière
bilité
compta¬
la
de
Chiffres
Désignation
3Tabl.
X)
de
forestière
l'entreprise
de
1934/35
l'exercice
de
(Chiffres
l'exploitation
de
d'analyse
feuille
de
Modèle
permanents
employés
des
retraite
de
Caisse
compris
Y*
—44170
—170
44
44170
..
d'ex
ploi
tati
onBénéfice
850
3—
—
320
40
——
—
—
——
850
3
320
40
850
3
850
-3
170
44
.produits
des
Ajustements
+
.charges
des
Ajustements
+
..
calculé
net
Rendement
900
88
——
580
48
__
__
——
Résultats
't.
900
88
580
48
-
900
88
750
92
-
170
44
....
Intérêts
Total
+
Frais
-brut
Rendement
30
29
28
27
26
25
24
550
118
——
240
9190
—70
050
128
—050
128
IV
Total
990
1—
—
560
116
——
—190
—70
260
—
240
9—
——
240
9—
——
——
990
1—
_____
560
116
—
section
par
brut
rendement
du
répa
rtit
ion
et
Détermination
260
240
91990
560
116
IV.
.investissements
Nouveaux
..
.accessoires
Produits
23
22
21
20
19
18
1k
ih
gf
ed
cb
a
bois
du
bois
du
k-t-
iTotal
Récolte
Production
Forêt
nouveaux
sements
Investis¬
Pépinière
Chemins
tration
Adminis¬
Désignation
principales
Sections
auxiliaires
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analytique
bilité
compta¬
la
de
Chiffres
ments
Ajuste¬
financière
bilité
compta¬
la
de
Chiffres
suite
3,No
Tableau
178
besoins.nossatisfaitneAucunerévolution.definenexploitésetnusolun
surcréésartificiels,peuplementsdecomposeseidéaleforêtlaquefaits,lesparmentie
dé¬conception,ladeplupartlapours'inspirentellesforêt;laded'attentevaleurla
ouconsommationdevaleurlasouventplusleutilisent17)Jackle,15;(Hohl,restière
fo¬littératureladansproposéesméthodesLeséconomique.vuedepointdutestables
con¬chiffresdesd'aprèsetautrements'estimentellescantonchaqueDanssidération.
con¬enpasn'entrentfiscalesvaleursLesobjet.notreàimpropresd'affection,valeurs
destoujourspresqueconstituent-ilsconnusventedeprixlesAussiforêt.ladeque
publi¬d'utilitéparticulièrefonctionunegarantirdeencoreoupropriétéuned'arrondir
capitaux,dessûretéenmettredebienmaisbois,duproduiredepassontnel'acquéreur
deprofondsmotifslessouvent,trèsplus,deforestiers;fondsdescoursd'unformation
lainterditventesdesraretélaeffetEnpas.convientnevénalevaleurladeL'emploi
déterminer?lacomment
maiscomparable,etsûreestvaleurcetteseule;boisdeproducteurcommeconsidérée
forêt,ladeéconomiquevaleurlasurbasersedoitforestièrecommercialecomptabilité
lamission,saaccomplirPourd'aménagement.sérielapratiquementestminimumface
sur¬laannuels;financierrendementduetproductionladepéréquationlagarantir
pourétenduesassezsurfacesparblocenévalueralesOnpied.surmatérielleetsolle
dansd'ouverturebilandujourleengagécapitaldumontantletrouverdes'agitIl
inconnus.sontrevientdeprixsonoud'achatprixsonlorsquetier
fores¬capitaldul'évaluationsuspens:enlaisséproblèmeunreprendparagrapheCe
Introductiona)
forestiercapitalduL'évaluationA.
forestièrecomptabilitéladespéciauxProblèmesVII.
0002252
100•32040
àégalestforêtla
dansinvestiscapitauxdesrendementdetauxLe
1,8%
fla
ns
exploitém3parFr.2.30=m34722:Fr.82010Chemins:
31860salairesdes%36=:Administration
31860
salairesdes%0,25-~^r^^-:matérielduAmortissement
70
31860salairesdes%5,75=—:accidentsAssurance
:boisduRécolteSection:Exemple
revient.deprixducalcul
lepourmajorationdecoefficientslesd'analysefeuilleladeautresansextraitOn
paye.defeuillesdesetdiversfraisdescontrôledecarnetdufactures,des
baselasurdirectementsectionsauxattribuésétéontsalaireslesetdiversfraisLes
Il ne reste plus qu'une solution: l'évaluation du capital forestier à sa valeur de ren¬
dement. Cette méthode s'appuie, elle seule, sur le principal facteur déterminant la
valeur d'une entreprise, le rendement. Admise par le droit civil et fiscal pour l'estima¬
tion des immeubles ruraux et des domaines agricoles, proposée par la science économi¬
que pour l'évaluation du capital de l'entreprise à reprendre (Kâfer, 19; Pauwells, 33),
elle est simple d'application et inégalée pour sa clarté et sa solidité. On lui reprochede donner une valeur globale qui doit être répartie sur les diverses parties du tout. Cet
inconvénient entache aussi l'estimation d'une forêt au prix d'achat mais n'est pas irré¬
médiable. Certains objectent que le taux de rendement sera le même dans les entreprises
ayant choisi le même taux de capitalisation; mais ils oublient que sous l'influence des
conditions et des gestions différentes, le capital primitif et le rendement des entreprisesvarieront, et avec eux, le taux de rendement. D'autre part, les variations de ce dernier
intéressent plus que sa valeur absolue. Hohl semble condamner cette méthode, mais
il n'a pas été assez précis en résumant ses sources ( Vernier, 40) ; un examen de celles-ci
révèle qu'il ne faut pas retenir ses critiques, car elles visent en fait un autre emploide la valeur de rendement.
b) Calcul de la valeur de rendement
La valeur de rendement s'obtient par la capitalisation du revenu annuel moyen, selon
la formule:„ ...
revenu • 100
Elle dépend de deux facteurs: le taux de capitalisation et le revenu annuel moyen.
1. Choix du taux de capitalisation.
Nous estimons que la rentabilité de la production forestière doit égaler celle d'autres
industries. Nous choisissons donc comme taux de capitalisation un taux de rentabilité
raisonnable. Celui-ci sera au moins égal au taux de placement usuel. Il ne sera pas infé¬
rieur au taux d'intérêt des emprunts éventuellement contractés pour financer quelqueinvestissement. Rien ne s'oppose à ce qu'il contienne une prime pour les risques de la
gestion. Il dépendra de la conjoncture économique et des conditions locales. Il n'existe
pas pour lui de chiffre d'une validité universelle.
Ce taux est plus élevé que celui recommandé par de nombreux forestiers. Ceux-ci
affirment au nom de l'expérience que la rentabilité des forêts est basse, mais ils ne peu¬
vent pas fournir de preuves puisque les comptabilités actuelles ne donnent pas les bases
d'appréciation élémentaires à ce sujet; ils ne s'appuient que sur des cas spéciaux. Ils
soutiennent aussi que les forêts valent plus que la somme obtenue en capitalisant le
rendement financier avec un taux de rentabilité raisonnable, car, selon eux, il faudrait
ajouter à ce rendement la valeur des prestations d'utilité publique fournies par la forêt
grâce à sa mission protectrice. Il serait plus juste d'affirmer que celle-ci diminue la
valeur des forêts, car pour la garantir, l'Etat a décrété des restrictions sérieuses de la
propriété. Mais abordons le problème d'un autre côté. Par l'adoption de la loi sur l'agri-
179
culture, le peuple suisse a reconnu le rôle d'utilité publique de celle-ci. L'applicationdu raisonnement des forestiers exigerait en bonne logique l'élévation de la valeur des
domaines agricoles. Mais lequel des dirigeants de la paysannerie préconiserait telle
action? Et on ne saurait pas comment évaluer objectivement cette soi-disant augmenta¬
tion. Il n'y a pas de raison pour l'économie forestière d'agir autrement. En plus des
réflexions d'ordre fiscal, un autre argument milite contre un taux de capitalisation trop
bas; à celui-ci correspond un capital élevé et les prix de revient seront grevés de frais
d'intérêts d'autant plus lourds. Enfin, à sûreté et autres conditions égales, quel place¬ment intéressera le plus son propriétaire: un placement élevé à rentabilité inférieure,
ou un placement plus modique, mais à rentabilité normale? Le deuxième, sans aucun
doute. Un taux trop bas doit donc être rejeté.
2. Détermination du revenu.
21 Introduction. La théorie distingue deux cas (Schaeffer, 34).
a) La forêt se trouve à l'état d'équilibre (elle est «normale») ; l'estimation se base sur le
revenu passé.
b) La forêt ne se trouve pas à l'état d'équilibre; l'estimation se base sur le revenu futur;
on procède en général à un calcul détaillé, considérant le revenu escompté des pre¬
mière, deuxième, troisième, n-ième périodes nécessaires pour atteindre l'état d'équi¬libre.
Dans les deux cas, la détermination du revenu est délicate. Elle dépend des chiffres
admis pour le. volume et la qualité des produits de la forêt, pour les prix de vente du
bois et pour les frais; elle s'expose à une subjectivité incompatible avec notre but.
D'autre part, on ne peut tolérer qu'elle repose sur les chiffres d'une comptabilité aux
résultats contestés. Dans l'état des connaissances et des comptabilités forestières actuel¬
les, elle n'est pas possible. Mais il y a une ressource : on n'inscrira le capital forestier sur
le bilan d'ouverture que pour mémoire; on attendra les résultats de la comptabilitécommerciale pour la première période forestière et c'est sur eux qu'on basera l'estima¬
tion; celle-ci faite, on complétera le bilan d'ouverture.
Cette méthode est en théorie et en pratique irréprochable. En théorie: la forêt est-
elle en équilibre, par définition son rendement est soutenu. Donc le revenu indiqué par
la nouvelle comptabilité doit correspondre à celui de la période antérieure. La forêt
n'est-elle pas en équilibre, la comptabilité commerciale va naturellement enregistrerles modifications du capital forestier. Il n'est donc plus nécessaire dans l'évaluation ini¬
tiale de prendre en considération le revenu des deuxième, troisième, n-ième périodes.En pratique, la méthode a d'énormes avantages: elle évite les estimations subjectivesdu revenu et facilite le choix du taux de capitalisation puisqu'on connaît aussi l'évolu¬
tion des taux d'intérêt. En laissant le bilan d'ouverture incomplet, elle empêche le cal¬
cul des taux de rendement annuels et de certains prix de revient avant la fin de la pre¬
mière période. Mais comparé à sa sûreté et à sa simplicité, cet inconvénient est mineur.
Le revenu net à capitaliser doit être franc de tout élément étranger à la productionforestière; il s'identifie donc au résultat de la section Forêt. Avant de le capitaliser, il
180
faut examiner s'il est normal ou s'il n'a pas été influencé par des événements exception¬
nels. Le revenu est normal s'il correspond à celui d'une gestion intensive de la forêt,
compte tenu de l'état des peuplements, des mesures sylvicoles nécessaires, des circons¬
tances générales et économiques en particulier.
22 Critique du volume exploité et de sa qualité. Dans le cas d'une forêt en équi¬
libre, la critique déterminera si le volume exploité correspond à l'accroissement sou¬
tenu moyen. Dans le cas d'une forêt non en équilibre, deux éventualités se présentent.
a) Le matériel sur pied est trop bas. On examinera si les coupes correspondent à celles
nécessitées par un traitement sylvicole intensif et judicieux.
b) Le matériel sur pied est trop élevé. Il dépasse le niveau idéal, garant de l'accroisse¬
ment en valeur soutenu maximum. Une partie du matériel ne contribue plus à amé¬
liorer l'accroissement, elle est en stock et on devrait l'estimer comme telle à son prix
de revient. Or vu l'incapacité actuelle de la science d'indiquer pour chaque station
ce niveau idéal, on ne peut estimer le surplus en stock. La solution la meilleure est
de le considérer comme une réserve cachée. On utilisera pour l'évaluation le revenu
obtenu en prélevant l'accroissement soutenu moyen.
Dans chaque cas passé en revue, on examinera si les assortiments obtenus corres¬
pondent à la meilleure utilisation possible du bois dans les conditions de l'entreprise.
23 Critique des prix de vente des bois. Les prix des bois subissent des fluctuations
brusques, prononcées, qui se répercutent immédiatement sur le revenu des forêts. Mais
il est clair que la valeur économique de la forêt est indépendante de ces variations mo¬
mentanées. C'est pourquoi, l'estimation du revenu à capitaliser se basera sur des prix
de vente moyens de plusieurs années; on choisira au moins ceux de la première période
et, de toute façon, on s'assurera qu'ils correspondent à ceux d'une période témoin plus
longue, de 20 à 30 ans.
24 Critique des frais. On se demandera si les frais correspondent à une gestion in¬
tensive rationnelle. On les comparera autant que possible avec ceux d'entreprises voisi¬
nes et on appréciera les causes des différences éventuelles.
25 Remarques diverses. Lors de comparaisons avec des périodes antérieures ou avec
d'autres entreprises, il faudra naturellement interprêter avec prudence les chiffres prisà témoin.
Là où la vente de produits accessoires forestiers joue un certain rôle, on en ajouterale produit net au revenu net tiré de la mise en valeur du bois.
En conclusion de cet examen critique, on rectifiera les différents facteurs de la ma¬
nière jugée utile. Il faut s'assurer si une rectification du volume des coupes n'influence
pas aussi, à côté des frais directs, certains frais généraux, comme les frais d'administra¬
tion, dont la répartition se fait proportionnellement aux salaires directs. Enfin, on
pourra calculer le revenu à capitaliser.La valeur de rendement obtenue représente la valeur globale de la forêt. Pour obte¬
nir celle du capital forestier, il faut en déduire la valeur des investissements déjà ins¬
crits au bilan d'ouverture.
181
B. La production du bois et son prix de revient
Tous les exemples de ce paragraphe sont tirés de la comptabilité commerciale de la
Forêt d'enseignement de l'EPF; ils ne contiennent donc que des chiffres réels, mais
arrondis.
Les frais de production du bois sont les suivants :
1. Les frais causés par les travaux culturaux, les martelages et les améliorations fo¬
restières.
2. Les frais causés par la propriété de la forêt: entretien de l'abornement, impôts
fonciers, intérêts du capital forestier.
3. Une part des frais causés par des ouvrages utiles à la production, comme les che¬
mins, les cabanes d'abri, etc.
4. Une part des frais d'administration.
Ces frais ne sont pour ainsi dire pas influencés par les différences entre peuple¬
ments; seule une partie des frais énumérés sous chiffre 1 fait exception, mais elle est
d'un montant relativement peu important.On peut calculer tout simplement le prix de revient unitaire de la production cou¬
rante d'une forêt en divisant les frais totaux de production du bois par l'accroissement1).
Nous obtenons par exemple pour la période 1945/50 le résultat suivant:
Frais de Production du bois: 275 000 Fr.
Accroissement de la période ()> 4 cm de diamètre) : 16 800 sv2).
Prix de revient unitaire de la production: 275 000 : 16 800 = 16.40 Fr./sv.
Mais la production courante d'une forêt est rarement homogène. Elle comprend des
bois d'essences variées qui diffèrent de propriétés, et partant, d'usages techniques et de
valeur économique. Il semble logique qu'ils aient aussi des prix de revient unitaires
différents. Pour déterminer ces derniers, on peut essayer de répartir les frais propor¬
tionnellement à des caractéristiques du bois plus représentatives que le volume, par
exemple, le contenu en matière ligneuse ou en cellulose, le pouvoir calorifique, la va¬
leur économique. Ce sont celles que nous avons choisies pour calculer par essence le
prix de revient unitaire de la production pendant la période 1945/50. Le calcul s'opèreen appliquant la méthode des coefficients d'équivalence; le tableau 4 le montre en ré¬
sumé. Ce procédé peut sembler un jeu de l'esprit; mais il pourrait devenir utile pour la
détermination de prix de vente équitables, basés à la fois sur l'utilité et le prix de revient
des assortissements.
') Les plans d'aménagement n'indiquent que l'accroissement des arbres dénombrés. Pour être exact,
notre calcul devrait aussi tenir compte de l'accroissement des arbres non dénombrés. Ce dernier
peut être estimé au moyen d'un procédé décrit par Meyer, quand on dispose d'un calcul du volume
sur pied et d'un contrôle des exploitations détaillés. C'est ce que nous avons fait pour la Forêt
d'enseignement.2) sv = sylve: unité de volume du matériel sur pied dans l'aménagement selon la méthode du con¬
trôle; égale environ un m3.
182
Forêt d'enseignement de l'EPF, période 1945/50
Prix de revient unitaire de l'accroissement par essence
Accroissement des feuillus: 7800 sv; des résineux: 9000 sv Tabl. 4
Base du calcul des coefficientsValeurs absolues
Coefficients
d'équivalencePrix de
revient en Fr./sv
Feuillus Résineux Feuillus Résineux Feuillus Résineux
1. Rapport des poids spé¬
cifiques (d'après le
Forstkalender) . . . 650 kg/m3 420 kg/m3 1,5 1,0 20.— 13.30
2. Rapport du rendement
en cellulose sulfitée sè¬
che (d'après Kollmann,hêtre épicéa
Zahlentafel No 37) . . 228 kg/m3 195 kg/m3 1,2 1,0 18.— 15.—
3. Rapport du pouvoir ca¬
lorifique (d'après Koll¬ hêtre épicéa
mann, Zahlentafel 1 980 000 1 520 000 1,3 1,0 18.65 14.35
No 43) kcal/ma kcal/m3
4. Rapport des prix de
vente moyen ....— — 1,7 1,0 21.— 12.35
Forêt d'enseignement de l'EPF, période 1945/50
Prix de revient unitaire de l'accroissement par essence
On a imputé les frais proportionnellementau matériel sur pied productif Tabl. 5
A. Matériel sur pied résineux :
feuillus :
Total:
41 000 sv
33 500 sv
74 500 sv
B. Accroissement résineux : 9000 sv; feuillus: 7 800 sv
C. Frais de production du bois totaux: 275 000 Fr.
D. Frais de production par sv de matériel sur pied (C : A) =
275 000 Fr. : 74 500 sv = 3.70 Fr./sv
E. Frais de production causés par les résineux (D • A) = 3.70 Fr./sv • 41 000 sv = 151 500 Fr.
F. Frais de production causés par les feuillus (D • A) = 3.70 Fr./sv • 33 500 sv = 123 500 Fr.
Prix de revient unitaire de l'accroissement résineux (E : B) =
151 500 Fr. : 9000 sv = 16.85 Fr./sv
Prix de revient unitaire de l'accroissement feuillu (F : B) =
123 500 Fr. : 7800 sv = 15.85 Fr./sv
183
Les frais de production du bois peuvent aussi être considérés comme les frais provo¬
qués par le capital productif de l'entreprise, le capital forestier. Or celui-ci est formé
d'éléments dissemblables, d'une productivité inégale : 100 hêtres ont un autre accroisse¬
ment que 100 sapins d'un volume identique; 100 sapins de 1 sv ont un autre accroisse¬
ment que 200 de Va sv. Il résulte de ce fait que, pour calculer le prix de revient du bois
avec le plus d'exactitude, il faut imputer au bois les frais causés par le matériel sur
pied qui l'a produit. Dans des conditions ordinaires, le montant de ceux-ci peut être
admis proportionnel au volume du matériel, puisque, on l'a vu, les frais de productiondu bois sont pratiquement indépendants des variations locales du matériel sur pied.Avec ce mode d'imputation on obtient pour la période 1945/50 les prix de revient ci-
dessus pour les bois résineux et feuillus (cf. tableau 5).
Les procédés décrits ci-devant permettent aussi de calculer le prix de revient de la
production courante d'un arbre. Actuellement, ce calcul est intéressant surtout du
point de vue scientifique, mais il pourra fournir à l'avenir des renseignements d'une
grande portée pratique. Il permettra de reconnaître les arbres dont la production coûte
plus qu'elle ne vaut; on aura ainsi un critère de plus pour juger les arbres lors des
martelages. On pourra aussi calculer le prix de revient effectif d'un arbre abattu. Il
suffit d'additionner les frais imputables à l'arbre pour chaque période de sa vie. Nous
avons effectué le calcul pour un épicéa de la Forêt d'enseignement. Cet arbre, plantéen 1927, avait aux différentes révisions d'aménagement les dimensions suivantes :
Année 1932 1938 1944 1950
Diamètre à 1,30 m de haut 0 cm 5 cm 10 cm 15 cm
Volume 0,0 sv 0,03 sv 0,086 sv 0,19 sv
Nous avons imputé les frais d'une part proportionnellement à l'accroissement (cf.tableau 6) et d'autre part proportionnellement au volume de l'arbre (cf. tableau 7).
Tabl. 6
Calcul du prix de revient d'un épicéa de la Forêt d'enseignementOn a imputé les frais de production du bois proportionnellement
à l'accroissement
Période d'aménagement 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
A. Frais totaux de production du
bois par période
B. Accroissement total
(> 4 cm de 0)
C. Frais de production par sv d'ac¬
croissement (A : B) ....
D. Accroissement de l'arbre. . .
E. Frais de production imputablesà l'arbre (C • D)
138 000 Fr.
11 300 sv
12.15 Fr./sv
0,0 sv
165 000 Fr.
15 000 sv
11.— Fr./sv
0,03 sv
—.35 Fr.
207 000 Fr.
12 900 sv
16.— Fr./sv
0,056 sv
—.90 Fr.
275 000 Fr.
16 800 sv
16.40 Fr./sv
0,104 sv
1.70 Fr.
Le prix de revient de l'arbre est de 2.95 Fr., soit 2.95 Fr. : 0,19 sv = 15.50 Fr./sv
184
Calcul du prix de revient d'un épicéa de la Forêt d'enseignement
On a imputé les frais de production du bois
proportionnellement au volume du matériel sur pied Tabl. 7
Période d'aménagement 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
Matériel sur pied de la forêt
au début )enfin J
de la période52 000 sv 55 000 sv 60 000 sv 74 000 sv
55 000 sv 60 000 sv 62 000 sv 75 000 sv
A. en moyenne (milieu de la
période) 53 500 sv 57 500 sv 61 000 sv 74 500 sv
Volume de l'épicéa
au début 1
enfin Jde la période
B. en moyenne (milieu de la
période)
—
0,0 sv
0,030 sv
0,015 sv
0,030 sv
0,086 sv
0,058 sv
0,086 sv
0,190 sv
0,138 sv
C. Frais de production du bois 138 000 Fr. 165 000 Fr. 207 000 Fr. 275 000 Fr.
D. Frais de production par sv de
matériel sur pied (C : A) 2.60 Fr./sv 2.85 Fr./sv 3.40 Fr./sv 3.70 Fr./sv
E. Frais de production imputables
à l'épicéa (D • B) — —.04 Fr. —.20 Fr. —.51 Fr.
Le prix de revient de l'arbre e 5t de —.75 Fr.,soit —.75 Fr. : 0,19 sv = 3.95 Fr./sv
On sera peut-être surpris du résultat très différent des deux procédés. Mais cette dif¬
férence s'explique facilement. Avec la première méthode on admet que tous les arbres
de la forêt ont la même productivité. Or tel n'est pas le cas: un jeune épicéa a un taux
d'accroissement de beaucoup supérieur au taux moyen de la forêt. La deuxième méthode
est donc préférable.
C. L'évaluation des plus-values ou des moins-values du capital forestier
a) L'évaluation des plus-values du capital forestier causées par la gestion
En renonçant à prélever tout l'accroissement de la forêt, on provoque une augmen¬
tation du matériel sur pied. Lors des révisions d'aménagement, on peut la mesurer, l'éva¬
luer et la porter en plus-value au bilan. Comme cette plus-value n'est pas réalisable
immédiatement, on la comptabilisera à la fois à l'actif comme augmentation du capitalforestier et au passif comme augmentation du capital propre. Il est recommandé, pour
assurer au bilan un maximum de clarté, d'inscrire ces montants dans des rubriques sé¬
parées (cf. tableau 13).
Nous nous opposons à la prise en considération de plus-values motivées par des
améliorations du matériel sur pied. Elles résultent bien des interventions sylvicoles, mais
185
vu les difficultés pour mesurer la qualité des peuplements et vu la variabilité de ce cri¬
tère, elles appartiennent indubitablement à la catégorie des plus-values espérées, non
réalisées.
L'augmentation du matériel sur pied sera considérée comme un placement de capi¬
taux pour l'évaluation duquel nous proposons deux méthodes.
Première méthode : Evaluation au prix de revient.
On estime l'augmentation du matériel sur pied au prix de revient, exactement comme
un autre investissement. On applique la formule:
PV = R-A où
PV = plus-value du capital forestier en Fr.
R - prix de revient unitaire de l'accroissement, calculé selon le chapitre VII B.
A = augmentation du matériel sur pied.
Deuxième méthode: Evaluation d'après le bénéfice supplémentaire réalisable par
l'exploitation intégrale de l'accroissement.
Si on avait exploité tout l'accroissement, on aurait obtenu un supplément au béné¬
fice effectivement tiré de la forêt. Mais dans l'idée du gérant, ce supplément rapporte
plus en restant placé sous forme de bois en forêt que converti en espèces et investi ail¬
leurs ; son montant exprime la valeur du placement effectué grâce à la capitalisation du
matériel. Il est égal à la différence entre le bénéfice effectivement réalisé et le bénéfice
supposé réalisable par l'exploitation intégrale de l'accroissement. Comme le paragra¬
phe sur les relations entre frais et production l'explique, il n'est pas influencé par les
frais fixes, dépend seulement de l'augmentation du matériel A, du rendement brut uni¬
taire du bois abattu RB et des frais variables unitaires F et se calcule d'après la for¬
mule simple: _, ..
Bénéfice supplémentaire en h r. = (KB -t)'A
On détermine les termes de la formule au moyen de l'aménagement et de la compta¬
bilité analytique. On admet que le rendement brut unitaire n'aurait pas été influencé
par les exploitations supplémentaires. Pour les frais variables, il faut envisager deux
cas:
a) L'augmentation du matériel sur pied est relativement petite (moins de 20 % de
l'accroissement).
Si on avait prélevé tout l'accroissement, les frais variables non proportionnelsseraient restés fixes. Dans ce cas on introduira dans la formule seulement les frais
variables directement proportionnels aux exploitations : frais de façonnage, débardage,
transport et vente du bois.
b) L'augmentation du matériel sur pied est relativement élevée (plus de 30 % de
l'accroissement).
Le prélèvement de tout l'accroissement aurait certainement modifié, dans une mesure
difficile à évaluer, les frais variables non proportionnels : on aurait dû engager une aide
de bureau surnuméraire, augmenter l'entretien des chemins ou les travaux culturaux,
etc. C'est pourquoi on introduira dans la formule tous les frais variables.
186
Il faudra toujours calculer les plus-values avec les deux méthodes et inscrire au bi¬
lan la plus basse des deux valeurs obtenues.
b) L'évaluation des moins-values du capital forestier
Le matériel sur pied peut diminuer en qualité et quantité. L'évaluation des diminu¬
tions de qualité est encore plus problématique que celle des améliorations. Nous y avons
renoncé et ne considérons que les conséquences des diminutions du matériel en quantité.
Premier cas : La diminution du matériel sur pied suit une augmentation.
Dans ce cas on a évalué et inscrit au bilan les augmentations du matériel. Aussi long¬
temps que le volume total des diminutions est inférieur à celui des augmentations, le pro¬
blème est très simple; il suffit de réduire proportionnellement le montant de la plus-value comptabilisée. Sur le compte d'actif «Plus-values du capital forestier», les ins¬
criptions seront les suivantes :
Doit
1er octobre 1945. Solde selon bilan; valeur des augmenta¬
tions du matériel sur pied : 1000 sv à 10 Fr./sv ... 10 000.—
30 septembre 1946. Moins-value due à la diminution du vo¬
lume sur pied constatée par la révision du plan d'amé¬
nagement : 500 sv à 10 Fr./sv
30 septembre 1946. Solde par bilan
Avoir
10 000.—
5 000.—
5 000.—
10 000.-
Si le total des diminutions de volume dépasse celui des augmentations, les plus-values enregistrées disparaîtront entièrement, et il faudra se demander si la valeur ini¬
tiale du capital forestier n'a pas été entamée. Ce cas peut être assimilé à celui traité au
paragraphe suivant.
Deuxième cas: La diminution du matériel sur pied n'a été précédée d'aucune aug¬
mentation.
Une telle diminution ne provoque pas automatiquement une moins-value du capitalforestier. Elle en cause une seulement si elle entraîne une diminution permanente de
l'accroissement soutenu. Ce cas ne se présente que lors d'une destruction partielle de la
forêt. On amortira alors le capital forestier d'un montant proportionnel à la surface
ou au volume détruits.
Dans les autres cas, on n'a pas lieu de réduire la valeur du capital forestier; toute¬
fois, la situation diffère suivant les forêts. Dans certaines, la diminution du matériel
s'est révélée entièrement justifiée du point de vue sylvicole; c'était un prélèvement de
réserves cachées et on peut maintenir la possibilité supérieure ou égale à l'accroisse¬
ment soutenu. L'opération n'influence pas la gestion future. Ailleurs, la diminution
du matériel provoque un abaissement passager de la possibilité à un niveau inférieur à
l'accroissement soutenu. Elle s'est révélée de mauvaise gestion et on désire la compen¬
ser. Il est évident que, jusqu'à la réalisation de ce but, les augmentations du matériel
187
consécutives ne peuvent être comptabilisées comme plus-values. C'est logique. La
comptabilité doit montrer les deux aspects des surexploitations: hausse passagère du
rendement financier pendant la période où elles ont eu lieu et baisse passagère pendantla période où on les compense. Il serait malhonnête de chercher à dissimuler ce deu¬
xième aspect en comptabilisant comme plus-value la compensation de surexploitations.De plus on serait bien mal avisé, car l'hypertrophie du capital forestier augmente les
intérêts calculés et renchérit la production du bois.
D. Les exercices comptables forestiers
a) Exercice périodique et exercice annuel
La période comprise entre deux inventaires s'appelle «exercice comptable». L'exer¬
cice annuel, adopté par toutes les branches de l'économie et les administrations publi¬
ques, ne satisfait pas entièrement dans une entreprise forestière. Le matériel sur pied
est normalement assez stable et ne s'inventorie qu'à la révision de l'aménagement, dans
la règle tous les dix ans. D'autre part l'accroissement courant d'une forêt ne représente
qu'une petite proportion du volume sur pied productif et il est sujet à des variations
encore imprévisibles dans l'état de nos connaissances. On ne peut pas le mesurer ou
l'estimer annuellement sans frais ni erreurs exagérés; on le détermine donc aussi à la
révision de l'aménagement. Il s'ensuit que la comptabilité forestière devra fonctionner
avec deux exercices :
L'exercice périodique, limité par deux inventaires généraux de toute la fortune, ma¬
tériel sur pied y compris;L'exercice annuel, limité par deux inventaires annuels partiels de la fortune, ma¬
tériel sur pied non compris.On ne connaîtra le résultat complet de la gestion qu'à la fin de l'exercice périodique
après l'évaluation des modifications du matériel sur pied révélées par l'inventaire de
celui-ci. Seule la comparaison des résultats périodiques permettra un jugement com¬
plet sur la gestion. L'établissement des bilans et comptes de résultats annuels est évidem¬
ment indispensable pour l'administration à court terme et les révisions légales des
comptes.
b) Délimitation de l'exercice annuel
Vu l'intermittence des exploitations et l'irrégularité de leur volume annuel, l'exer¬
cice comptable devrait renfermer si possible tous les charges et produits correspon¬
dants occasionnés par l'activité d'une année et spécialement par la récolte des bois. Il
faut donc éviter une clôture des comptes entre la campagne de façonnage qui com¬
mence en général en automne et la campagne de vente qui commence au début de l'an¬
née. On voit les inconvénients de l'année civile comme exercice comptable forestier. On
le fera plutôt commencer avant le début des coupes. Pour le Plateau suisse, la date du
premier octobre paraît la plus favorable. C'est aussi le moment où le gros des autres
travaux est terminé. En montagne il faudra probablement avancer ce terme.
188
E. Le plan comptable d'une entreprise forestière
Pour éviter des dépouillements fastidieux et forcément difficiles à rendre exacts, le
comptable multiplie les comptes de la comptabilité financière de façon à trier au fur et
à mesure les chiffres selon les renseignements désirés. Ce procédé n'augmente pas le
travail courant de passation des écritures; il cause un allongement modeste du boucle-
ment final, mais cette perte de temps est amplement compensée par les gains dus à la
suppression des dépouillements intermédiaires.
La multiplication des comptes ne doit pas mener à un brouillamini. C'est pourquoi
elle suit un plan instituant une classification rationnelle et scientifique. Nous inspirantdu plan comptable général de l'Union suisse des arts et métiers (USAM), à notre avis
le meilleur de ceux proposés dans la littérature, nous avons établi un modèle adapté
aux besoins particuliers des entreprises forestières. Essayé dans les comptabilités de la
Forêt d'enseignement de FEPF et de l'entreprise forestière de X, il s'est révélé d'un
usage commode (cf. tabl. 8).
Ce plan est conforme aux exigences officielles de l'Administration fédérale des con¬
tributions et de l'Office fédéral des prix. Il emploie la classification décimale, qui per¬
met une multiplication indéfinie, un numérotage facile et une désignation claire des
comptes. Nous avons gardé le numérotage de notre modèle (Kàfer, 18). Aussi certaines
classes de comptes (No 3 et 5), nécessaires dans une entreprise artisanale, sont-elles
restées libres. Notre plan comptable réserve deux classes aux comptes de bilan: la classe
1 pour les comptes d'actif, la classe 2 pour les comptes de passif. Ces classes sont divi¬
sées en groupes de comptes correspondant aux rubriques de l'inventaire énumérées au
chapitre III A. Trois classes sont réservées aux comptes de résultats: la classe 4 aux
charges d'exploitation, la classe 6 aux produits d'exploitation et la classe 7 aux chargeset produits hors-exploitation. La subdivision de ces classes en groupes de comptes s'opé¬rera de manière à classer les charges et les produits selon leur nature économique. La
classe 8 est réservée aux opérations de bouclement.
La création des groupes de charges ne pose pas de difficultés. Parmi les charges di¬
verses, l'importance de celles relatives aux transports effectués par des tiers justifie un
compte spécial. Le groupe «Intérêts» recueillera seulement les intérêts payés effective¬
ment sur les capitaux engagés dans l'exploitation.
Signalons cinq groupes de produits particuliers aux entreprises forestières:
No 62. Propre usage de bois: Valeur des bois abattus pour l'usage dans l'exploitation.La contre-partie de cette valeur est inscrite dans un compte de charges.
No 63. Valeur des bois répartis: Valeur des bois répartis gratuitement ou contre une
taxe modique à des ayants droit. La contre-partie de cette valeur est notée com¬
me charge hors-exploitation dans la classe 7.
No 66. Subventions : subventions allouées à la construction de chemins, de travaux de
protection, etc. Il s'agit de subventions qui n'ont pas déjà été comptabiliséescomme diminution de charges sur un compte de charges.
No 67. Valeur des nouveaux investissements : Valeur nette des investissements.
No 68. Plus-values du capital forestier.
189
Libre
70
Groupe
Libre
60
Groupe
Libre
40
Groupe
Libre
20
Groupe
Libre
10
Groupe
Libre
79
Groupe
divers
tation
d'exploi¬
Produits69
Groupe
diverses
tation
d'exploi¬
Charges49
Groupe
transitoires
Passifs
29
Groupe
transitoires
Actifs
19
Groupe
Libre
78
Groupe
forestier
capi
tal
du
Plus-values
68
Groupe
Amortissements
48
Groupe
forestier
capital
du
plus-values
des
Contre-partie
28
Groupe
Immeubles
18
Groupe
Libre
77
Groupe
tissements
inves¬
Nouveaux
67
Groupe
intérêts
les
pour
Charges47
Groupe
Libre
27
Groupe
constructions
et
Ouvr
ages17
Groupe
Libre
76
Groupe
Subventions
66
Groupe
l'admin.
et
bureau
lepour
Charges46
Groupe
propre
Capi
tal26
Groupe
forestières
Améliorations
16
Groupe
Baccessoire
Etablissement
75
Groupe
Libre
65
Groupe
tiers
de
pres
tati
ons
Autres
45
Groupe
réserve
de
Fonds
25
Groupe
Matériel15
Groupe
Aaccessoire
Etablissement
74
Groupe
accessoires
duits
pro¬
de
Ventes
64
Groupe
chandises
mar¬
de
Achats
44
Groupe
terme
long
àEngagements
24
Groupe
Titres
14
Groupe
directs
Impôts
73
Groupe
répartis
bois
des
Valeur
63
Groupe
tiers
des
par
cutés
exé¬
Transports
43
Groupe
Libre
23
Groupe
Stocks
13
Groupe
Bilan
82
Groupe
expl
oita
tionhors-
Produits72
Groupe
bois
de
usage
Propre
62
Groupe
d'exploitat.
téri
el
ma¬
du
Entretien
42
Groupe
Créanciers
22
Groupe
Débiteurs
12
Groupe
résultats
de
Compte81
Groupe
expl
oita
tion
hors-
Charges71
Groupe
bois
de
Ventes
61
Groupe
personnel
lepour
Charges41
Groupe
engagem.
passifs,
courants
Comptes21
Groupe
Disponibilitéset
Trésorerie
11
Groupe
Libre
0Classe
Libre
9Classe
Bouclement
8Classe
hors
-exp
loit
at.
prod
uits
et
Charges
7Classe
d'ex
ploi
tati
onProduits
6Classe
libre
5Classe
d'ex
ploi
tati
onCharges
4Classe
libre
3Classe
Passifs2
Classe
Actifs
1Classe
sTabi.
forestière
entreprise
une
pour
comptable
Plan
La comptabilisation des impôts directs pose des problèmes ardus (Kâfer, 18). Les
impôts perçus varient d'un canton à l'autre et sont de nature diverse. Certains consti¬
tuent des charges de l'exploitation, d'autres pas. Vu leur montant important, on désire
éviter leur éparpillement et savoir leur total. Le plus simple est de les comptabiliserdans la classe 7 dans un groupe de comptes spécial.
Le plan comptable proposé sur le tableau 8 s'adapte à toute entreprise forestière.
Dans des petites entreprises, on fusionne des groupes de comptes, tandis qu'on les sub¬
divise en comptes et sous-comptes dans des entreprises plus importantes.
VIII. La comptabilité commerciale de l'entrepriseforestière de X
A. L'entreprise forestière de X et sa comptabilité
a) Description de l'entreprise
L'entreprise forestière de X est une bourgeoisie du Plateau suisse. Elle possède entre
500 et 1000 ha de forêts. Celles-ci sont situées entre 360 et 570 m d'altitude, dans une
contrée au climat humide et tempéré. Elles se répartissent en deux séries d'aménagementbien différentes l'une de l'autre, comme le montre le tableau 9.
La série A est une série feuillue en partie sur des formations du Jura. Les 2/s de sa
surface occupent des terrains calcaires escarpés, aux sols tantôt secs et superficiels,tantôt lourds, marneux et frais et le reste, des plateaux horizontaux ou mollement
inclinés, recouverts de dépôts morainiques. Issue d'anciens taillis sous futaie, qui
occupent encore 1/s de la surface malgré les conversions entreprises depuis des années,
elle contient presque toutes les essences feuillues en mélanges variés. Les résineux, en
majorité de l'épicéa et du sapin, accompagnés de pin et de mélèze, se trouvent en grande
partie en peuplements purs, artificiels.
La Série B est résineuse. Elle se trouve en entier sur la Molasse d'eau douce inférieure,
que recouvrent par place des alluvions et du fluvioglaciaire anciens. Ses terrains sont
plus accidentés, mais plus productifs. Déjà autrefois, elle a été réservée à la futaie. Cette
circonstance explique la prédominance de l'épicéa et du sapin, l'uniformité généraledes peuplements, interrompue, il est vrai, dans plusieurs divisions par un mélangeharmonieux de résineux et feuillus.
Le traitement sylvicole a longtemps été défectueux. Situées sur la route des armées
et dans un bailliage commun, les forêts de X subirent autrefois des déprédations sans
nombre. Dès le début du XIXe siècle, on tenta une réglementation des coupes désordon¬
nées et abusives ; on adopta la coupe rase, suivie par place de cultures agricoles inter¬
calaires. On remplaça des taillis par des plantations pures d'épicéa. Il résulta de ce
régime un déficit et un déséquilibre du matériel sur pied que 30 ans de sylviculture
intensive et systématique n'ont pas encore réussi à effacer.
191
Tabl. 9 Conditions forestières de l'entreprise forestière de X en 1934
Série A Série B
Formation géologique des terrains (en % de la surface)
42%
58% 100 %
Genre des peuplements (en % de la surface)
32%
68%
8%
92%
Répartition des essences (en % du volume)
49%
51%
71%
29%
Matériel sur piedVolume 226 m3/ha
28%
42%
22%
8%
295 mVha
15%
35%
32%
18%
0,61 m3 0,84 m3
La gestion des forêts est confiée à un ingénieur forestier, secondé par deux gardesforestiers. Il doit aussi s'occuper de terrains agricoles et d'un vivier. A ces deux activités
hors-exploitation se sont ajoutées deux autres: en 1937, l'exploitation d'un hangarconstruit pour faciliter l'écoulement du bois de feu ; pendant la guerre, dans le cadre du
Plan Wahlen, la mise en valeur de terrains défrichés dans la Série A. Enfin en 1943, on
a acheté quelques parcelles de forêt à K.
b) Particularités de la comptabilité commerciale
La comptabilité commerciale porte sur la période d'aménagement 1935/46, soit sur
12 ans. Nous l'avons faite entièrement sur la base des pièces justificatives originales et
des livres de la comptabilité traditionnelle.
La feuille d'analyse a été organisée de manière à permettre le calcul du rendement
net par série et de séparer certaines charges hors-exploitation non comptabilisées à part
dans la comptabilité financière. Elle comprend les sections et sous-sections récapituléesdans le tableau 10.
La répartition des frais généraux s'est faite de la manière suivante :
Prestations sociales, entretien et amortis- 1 proportionnellement aux salaires des sec-
sement du matériel, pépinière ) tions intéressées ;
192
Entreprise forestière de X. Sections de la feuille d'analyse Tabl. 10
Sections
Administration
Chemins
Pépinière
Investissements nouveaux
Sous-sections
Sections auxiliaires
{ Série A
\ Série B
Sections principales
subdivisé en sous-sections selon les genres
d'investissements
i Production du bois
Forêt Série A •
Forêt Série B
Forêts de K
Récolte de produits accessoires
Récolte du bois
Production du bois
Récolte du bois
| Façonnage
\ Débardage et transport
| Façonnage
\ Débardage et transport
Sections destinées à la séparation de charges hors-exploitation non
comptabilisées à part dans la comptabilité financière
Hangar à bois
Vivier
Terrains agricoles
Terrains défrichés
Autres amortissements: proportionnellement à la valeur des capitaux investis dans les
sections intéressées;
Administration : proportionnellement aux salaires des sections, sauf sur les sous-sections
Production du bois et Récolte du bois, dont les parts —1/s du montant attribué aux
sections Forêt (cf. Note p. 175) ;
Chemins : 50 % sur Production du bois et 50 % sur Récolte du bois.
Les frais généraux attribués aux sections Récolte du bois ont été répartis sur les sous-
sections «Façonnage» et «Débardage et transport du bois» proportionnellement aux
salaires.
193
On a appliqué les taux d'amortissement ci-dessous :
Objet Durée admise Taux
Matériel d'exploitation 8 ans 25 % de la valeur comptablePeuplements artificiels 50-60 ans 4 % de la valeur comptableClôtures 6 ans 30 % de la valeur comptableCabanes d'abri 20 ans 11 % de la valeur comptableHangar 40 ans 2,5 % de la valeur initiale
Chemins pas d'amortissements
Le taux des intérêts calculés se monte à 4 %, soit un peu plus que le taux usuel
aux environs de 1935.
La révision du plan d'aménagement en 1946 a révélé des augmentations du matériel
sur pied de 51 m3/ha pour la Série A et de 76 m3/ha pour la Série B. La plus-value du
capital forestier s'établit comme suit :
Ire méthode: Evaluation au prix de revient
Série A Série B
Frais totaux de production du bois 1800 Fr./ha 2180 Fr./ha
: Accroissement : 139,5 m3/ha : 164,0 m3/ha
Frais de production du bois par m3 d'accroissem. 12.90 Fr. 13.30 Fr.
x Augmentation du volume en m3 x 51 x 76
Plus-value du capital forestier 660 Fr./ha 1000 Fr./ha
2e méthode: Evaluation d'après le bénéfice supplémentaire réalisable
par l'exploitation intégrale de l'accroissement
Pour le calcul des prix unitaires de la Série A, on a tenu compte des exploitationssur les surfaces défrichées. L'augmentation du matériel se monte à 33 % de l'accroisse¬
ment dans la Série A et à 46 % dans la Série B ; elle est donc très forte et nous avons
affaire au cas b) exposé à la page 186.
Série A Série B
Rendement brut par m3 exploité 35.80 Fr. 35.80 Fr.
Frais totaux de la section Forêt 2970 Fr./ha 3350 Fr./ha
- Frais fixes - 1350 Fr./ha - 1990 Fr./ha
Frais variables 1620 Fr./ha 1360 Fr./ha
: Volume exploité en m3/ha : 92 : 88,5
Frais variables par m3 exploité 17.60 Fr. 15.40 Fr.
Différence (Rendement brut - Frais variables) .18.20 Fr./m3 20.40 Fr./m3
X Augmentation du volume en m3 X 51 x 76
Plus-value du capital forestier 930 Fr./ha 1550 Fr./ha
194
La première méthode donne le chiffre le plus bas, valable pour le bilan.
Le défrichement a posé certains problèmes comptables. Nous les avons résolus en
considérant les surfaces défrichées comme ne faisant plus partie de la forêt dès le début
des abattages.Les chemins existant en 1934 ont été estimés à 14 Fr. le mètre courant pour les
chemins empierrés et 4.50 Fr. pour les chemins non empierrés. Ces prix correspondentà la moyenne cantonale pour les années 1902 à 1938 (Inspektion fiir Forstwesen, Jagdund Fischerei, 16).
c) Evaluation du capital forestier initial
Le prix d'achat des forêts étant inconnu, nous avons appliqué la méthode d'évalua¬
tion décrite plus haut. La discrétion nous impose l'emploi des chiffres par ha.
La comparaison avec les forêts des propriétaires voisins, de l'Etat, des communes
à gestion directe et des autres communes du canton montre que la gestion des forêts
de X est conforme à la moyenne. Les différences proviennent seulement des conditions
topographiques et de la qualité des peuplements. Le facteur «intensité de la gestion»est donc négligeable.
Les exploitations annuelles par ha ont été en moyenne les suivantes :
Série A Série B En moyenne
Possibilité 6,5 m3 7,4 m3 6,9 m3
Volume exploité . 7,5 m3 7,35 m3 7,45 m3
Dépassement ou économie en % de la
possibilité + 15,1 % - 0,8 % + 8 %
Proportion de bois d'œuvre en 1935/46 = 29 % du volume exploité
Proportion de bois d'œuvre en 1925/34 = 34 % du volume exploité
Les exploitations supplémentaires de la guerre, prélevées entièrement dans la Série A
par le défrichement, ont empêché la réalisation complète du traitement prévu par l'amé¬
nagement. Cependant, réparties également sur toutes les divisions, elles n'auraient causé
aucun dommage sylvicole. C'est pourquoi nous avons admis pour le calcul du revenu
les chiffres suivants par ha et par an:
Série A Série B
.Possibilité 6,5 m3 7,4 m3
+ Dépassement de 8 % 0,5 m3 0,6 m3
Exploitations rectifiées 7,0 m3 8,0 m3
Le rendement brut moyen des bois a été le suivant:
Période 1935/46: 36.10 Fr./m3
Période 1925/46: 33,95 Fr./m3
Il n'y a pas de différence entre les deux séries. Malgré une proportion de bois d'œuvre
moindre, la moyenne de 1935 à 1946 est supérieure au chiffre de 1925/46 ; elle a donc
été relativement haute. C'est pourquoi il faut choisir un prix moyen plus bas. Nous
195
nous sommes arrêtés au chiffre de 33.50 Fr./m3, très proche de la moyenne vicennale.
Le rendement brut admis par ha est de :
Série A: 33.50 Fr. x 7,0 = 234.50 Fr.
Série B: 33.50 Fr. x 8,0 = 268.— Fr.
La rectification des exploitations modifie les frais. Un contrôle a montré qu'ellen'influence pas le total des frais d'administration, mais seulement leur répartition et l'on
a opéré les changements utiles. Les frais pour la récolte du bois ont été calculés avec les
frais unitaires fournis par la comptabilité commerciale et s'élèvent à
Série A: 10.— Fr./m3 X 7,0 m3 = 70.— Fr./ha
Série B: 9.13 Fr./m3 x 8,0 m3 = 73.05 Fr./ha
Pour la production du bois, l'entretien des chemins et la pépinière on a conservé les
frais effectifs de la période. Les frais totaux admis par ha s'établissent donc comme suit :
Série A Série B
Récolte du bois j 70.—Fr. 73.05 Fr.
Production du bois I frais d'administration déduits.
21.40 Fr. 18.60 Fr.
Chemins I 6.40 Fr. 4.55 Fr.
Administration 38.40 Fr. 36.50 Fr.
Pépinière —.80 Fr. —.80 Fr.
Total des frais admis par ha (sans les intérêts) . .137.— Fr. 133.50 Fr.
Le revenu net admis s'obtient sans autre :
Rendement brut du bois 234.50 Fr. 268.— Fr.
- Frais totaux - 137.— Fr. - 133.50 Fr.
Revenu net admis par ha 97.50 Fr. 134.50 Fr.
Il faut encore lui ajouter le revenu net de la récolte des produits accessoires et en
soustraire les pertes nettes sur les débiteurs insolvables. On obtient ainsi les revenus
admis pour la capitalisation de:
105.40 Fr. pour la Série A et de
141.— Fr. pour la Série B.
Compte tenu des moyennes cantonales et suisses indiquées par l'Annuaire statistiquefédéral suisse depuis 1934 et des conditions de l'entreprise, nous avons choisi un taux
de capitalisation de 33/4 %, supérieur à celui des carnets d'épargne et au taux de rende¬
ment effectif des actions et légèrement inférieur à celui des emprunts et des hypo¬
thèques.La valeur globale des forêts s'établit finalement comme suit:
Série A: 105.40 x -|^- = 2805 Fr./ha
Série B: 141.— x -~|- = 3755 Fr./ha.
196
Après déduction de la valeur des chemins forestiers, on trouve pour celle du capitalforestier les chiffres ci-dessous:
Série A Série B
Valeur globale de la forêt 2 805 Fr./ha 3 755 Fr./ha
- Valeur des chemins - 605 Fr./ha - 495 Fr./ha
Valeur du capital forestier 2 200 Fr./ha 3 260 Fr./ha
B. Les résultats de l'entreprise pendant la période 1935/46
a) Les résultats techniques et les investissements
Le traitement sylvicole intensif a produit d'heureux effets comme en témoigne l'extrait
du plan d'aménagement montré au tableau 11. Le matériel s'est accru d'un quart; il s'est
enrichi en gros et moyens bois au détriment des petits et a atteint un niveau voisin de
l'idéal dans la Série B. L'arbre moyen a nettement grossi. Les changements survenus
impressionnent d'autant plus qu'ils ont été réalisés en 12 ans seulement et que, simul-
Forêts de X. Evolution du matériel sur pied en 1935/46 Tabl. 11
Série A Série B
1934 1946 1934 1946
Répartition centésimale du matériel
Diamètre 16-24 cm
Diamètre 24-36 cm
Diamètre 36-52 cm
Diamètre 52 et plus
sut pied ( % di
28%
42%
22%
8%
volume)
17%
40%
32%
11 %
15%
35%
32%
18%
13%
29%
35%
23%
Arbre moyen 0,61 ms 0,75 m3 0,84 m3 0,95 m3
Matériel à l'ha
En % du matériel initial
226 m3
100%
282 m3
125 %
295 m3
100%
371m3
125 %
Forêts de X. Evolution du capital investi par ha dans les forêts Tabl. 12
Série A Série B
1934 1946 Diff. 1934 1946 Diff.
Améliorations forestières.
75 75 70 70
605 900 295 495 750 255
Capital forestier. . . 2200 2200 — 3260 3260 —
Plus-value du capital for. — 660 660 — 1000 1000
Total
5 65 60 5 70 65
2810 3900 1090 3760 5150 1390
en % de 1934 .... 100% 139% 39% 100% 137% 37 %
197
Tabl.13 Entreprise forestière de X. Evolution du bilan
Bilan d'ouverture
au 1.10.1934
Bilan de clôture
au 30. 9.1946
ActifsFr.
2 328
110 000
388 000
1 835 000
134 688
Fr.
36 827
3 512
9 490
372 328
1590
48 990
81200
9 130
558 900
1 805 300
540 000
111713
Matériel d'exploitation ....
Améliorations forestières....
Total 2 470 016 3 578 980
Passifs
Contre-partie de la plus-value du
Total
3 552
110 000
2 356 464
372 124
540 000
2 666 856
2 470 016 3 578 980
tanément, les exploitations par ha ont augmenté de 13 % ou de près d'un m3. La gestion
a d'autre part voué une attention spéciale aux améliorations forestières et au dévelop¬
pement du réseau routier. Elle a mis à demeure 1 089 330 plants et construit près de
7,5 km de chemins forestiers.
Le capital investi par ha a ainsi augmenté de 1090 Fr. dans la Série A et de 1390 Fr.
dans la Série B (cf. tableau 12). L'augmentation relative est pratiquement la même,
39 et 37 %. Les chiffres étant exprimés par ha, la différence pour les chemins dans la
Série A ne résulte pas seulement des constructions, mais aussi des défrichements qui
ont diminué la surface desservie, sans réduire le réseau routier forestier.
b) Les résultats financiers
L'évolution de la fortune est aussi impressionnante, comme le montre la comparaison
entre les bilans d'ouverture et de clôture (tabl. 13). Le total des actifs s'est accru de
1 108 964 Fr. ou de 45 % ; la valeur des forêts a augmenté malgré les défrichements de
510 300 Fr. ou de 28 %, celle des chemins de 170 900 Fr. ou de 43 %, le fonds de
réserve de 262 124 Fr. ou de 240 %, le capital propre de 310 392 Fr. ou de 13 % et
l'entreprise n'a plus aucune dette.
198
Entreprise forestière de X. Compte de résultats
pour la période 1935/46 Tabl. 14
Charges Produits
Fr.
1 104 826
4 010
91965
147 904
30 286
55 367
23 651
2136
1 600 811
Fr.
1 795 292
170 381
58 373
59 400
338 719
540 000
98 791
3 060 956 3 060 956
46 181
129 413
402 826
55 393
1 331 428
1600 811
63185
89 925
2 976
9180
199 164
Distributions en espèces et en nature aux bourgeois . .
Amortissement des forêts défrichées
Bénéfice net de l'entreprise
1 965 241 1 965 241
Le compte de résultats de la période (tabl. 14) fait apparaître un bénéfice d'exploi¬tation total de 1 600 811 Fr. ou de 133 401 Fr. par an. Celui-ci provient pour 46 %de la Série A, 51 % de la Série B et 3 % de la vente de produits accessoires.
Les charges d'exploitation totales se sont élevées à 1 460 145 Fr. et représentent le
48 % du rendement brut. Elles se répartissent pour 76 % sur le personnel, pour 10 %
sur les autres prestations de tiers, pour 6 % sur les transports effectués par des tiers.
Les produits d'exploitation proviennent des ventes de bois pour 59 %, de la plus-valuedu capital forestier pour 18 %, des nouveaux investissements pour 11 % et des bois
répartis pour 6 %.
199
Malgré le bénéfice des établissements accessoires, le bénéfice net de l'entreprise est
inférieur à celui de l'exploitation. C'est la conséquence des distributions en espèces et en
nature aux bourgeois, des impôts, qui représentent le 8 % du bénéfice d'exploitation,et de l'amortissement des forêts défrichées. On l'a attribué aux usages suivants:
Attributions au fonds de réserve 262 124 Fr.
Attribution à la contre-partie de la plus-value du capital forestier.
540 000 Fr.
Versements à la Bourgeoisie 218 912 Fr.
Augmentation du capital propre 310 392 Fr.
Total 1 331 428 Fr.
Les distributions aux bourgeois et les versements à la Bourgeoisie atteignent la
somme respectable de quelque 620 000 Fr. ou 51 500 Fr. par an qui souligne l'impor¬tance publique et sociale des forêts de X.
Le capital moyen engagé dans l'exploitation pendant la période s'est élevé à
2 313 104 Fr. ; il a fonctionné au taux très intéressant de 5,8 %.
Fig.3
Forêts de X. Comparaison entre le résultat de la comptabilité commerciale
et l'excédent des recettes de la comptabilité traditionnelle
Fr.
300 000
200 000
100 000 -
Comptabilité traditionnelle
Comptabilité commerciale
Fr.
400 000
300 000
- 200 000
100 000
"f 1 1 1 1 r-
Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46
La figure 3 montre quelle fausse idée la comptabilité traditionnelle donne du rende
ment financier véritable. Elle n'a pas enregistré la valeur annuelle des nouveaux inves
tissements et du bois réparti aux bourgeois, et, en 1946, la plus-value du capital forestier
pendant la période ; en revanche, de 1943 à 1945, elle a enregistré dans le compte Forêi
le produit net des coupes de défrichements au même titre que celui d'une coupe ordi
naire, alors que la comptabilité commerciale l'a noté plus justement parmi les produits
hors-exploitation. Ainsi elle indique pour la période un résultat financier de 872 112 Fr.
seulement, inférieur de 728 699 Fr. au rendement net véritable obtenu par la compta¬
bilité commerciale.
200
C. La gestion des forêts
a) Le rendement net calculé des sections Forêt
La figure 4 montre l'évolution du rendement net calculé sans la plus-value du capitalforestier. A part la perturbation provoquée par la réduction des coupes en forêt, de 1943
à 1945 à cause des défrichements, l'évolution est régulière : depuis 1936 le rendement net
calculé par ha et par m3 exploité augmente continuellement dans les deux séries. Cette
amélioration n'est pas due uniquement à la dépréciation de l'argent ; comme le montre
les valeurs du rendement net par m3 exploité en Fr. de 1914 (cf. fig. 4), elle est réelle
et atteint 50 à 70 %. Pour deux raisons elle est plus forte dans la Série B : d'une part
l'élévation du rendement net par m3 exploité y a été plus marquée et d'autre part, con¬
trairement à la Série A, les exploitations ont augmenté parallèlement. Le rendement net
par m3 exploité est toujours plus grand dans la Série B ; il en est de même pour le ren¬
dement net par ha, sauf en 1936 et 1941 où le volume exploité par ha est inférieur
à celui de la Série A.
L'augmentation du rendement brut ayant précédé et dépassé celle des frais, le coeffi¬
cient d'exploitation (; -.
) s'est amélioré graduellement jusque vers 1942.1 V rendement brut / j -i
Ses variations annuelles reflètent en gros celles du volume exploité (cf. fig. 4).
Fig. 4
Forêts de X. Evolution du rendement net calculé sans la plus-value du capital forestier
H Série A I I Série B Le trait blanc ou noir dans les colonnes marque la valeur en Fr. de 1914
Rendement net par ha et taux de rendement
Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46
Coefficient d'exploitation
%
100 -
80
60
40-1 1 1 1 il ~T—I 1 1—
Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46
- 100
80
60
40
Rendement net
taux de rendement
Fr. -i
20 -
10 -
Rendement net par m3 exploité
....-llll.llFr.
- 20
10
0
Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46
Volume exploité par ha
10 -
5
-1—i—i—l—l—i—l—i—i—i—r
Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46
10
5
Le taux de rendement suit fidèlement les variations du rendement net par ha et oscille
entre - 0,3 et 7,5 %. Il est en moyenne de 5,7 % dans la Série B et de 4,8 % dans la
Série A (en tenant compte de la plus-value du capital forestier).
201
Forêts de X. Le rendement net calculé de la périodeTabl. 15 1935/46 en moyenne
Série A Série B
Rendement net par ha sans la plus-value
Rendement net complet par ha... .
90.— Fr.
52.— Fr.
100%
100%
138.—Fr.
83.—Fr.
154%
160%
142.— Fr. 100 % 221.— Fr. 156 %
Rendement net par m3 exploité (sans la
13.90 Fr. 100 % 18.80 Fr. 135%
Taux de rendement sans plus-value . .
Taux de rendement avec plus-value . . .
3,0%
4,8 % 100%
3,6%
5,7% 119%
Coefficient d'exploitation sans plus-value .
Coefficient d'exploitation avec plus-value .
59 %
48 %
47 %
36 %
6,5 m3 100% 7,4 m3 114 %
Le tableau 15 donne les chiffres moyens de la période. Il démontre nettement la
supériorité de la Série B résineuse, dont le rendement net complet par ha dépasse de
plus de la moitié celui de la Série A feuillue. La différence est de 79.— Fr. et provient
pour 16 % du volume exploité, pour 45 % du rendement net par m3 et pour 39 %de la plus-value du capital forestier. Dans les deux séries, cette dernière représente 37 %du rendement net complet par ha.
b) Le rendement brut des sections Forêt
Comme la figure 5 l'illustre, le rendement brut à l'ha, sans la plus-value du capitalforestier, augmente progressivement, surtout grâce à la hausse régulière du rendement
brut par m3 exploité. Toutefois l'influence de ce facteur est parfois masquée par les fluc¬
tuations annuelles du volume exploité.Le rendement brut par m3 exploité a doublé; sa hausse ne s'explique pas par une
amélioration de la valeur intrinsèque du bois; elle correspond presque exactement à la
dévaluation de l'argent (cf. rendement brut par m3 en Fr. de 1914, fig. 5).Le tableau 16 montre les faits suivants:
Dans les deux séries, les ventes de bois livrent plus des 7/io du rendement brut total,la plus-value du capital forestier Vs à Vé et les bois répartis V20 à V12. La Série B, ré¬
sineuse, a un rendement brut complet par ha de 76 Fr. ou de 28 % supérieur à celui
de la Série A ; ses ventes de bois et la plus-value de son capital forestier ont été supérieurs.Son rendement brut par ha sans la plus-value du capital forestier dépasse celui de la
Série A de 45 Fr. ou de 20 % ; la différence provient pour les 2/3 des exploitations et
pour Vs du rendement brut par m3.
202
Série A
Fig.5
Forêts de X. Evolution du rendement brut des sections Forêt
(sans la plus-value du capital forestier)
QséSérie B
Fr.
500 -
Rendement brut par ha -Fr.
- 500Fr.
400 - - 400 40
300 - jtfl - 300 30
200 - rfi-j^lrllll II - 200 20
100 -
lllllllll lll - 100 10
Le trait blanc ou noir dans les colonnes marque la valeur en Fr. de 1914
Rendement brut par m3 exploité
Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46
Forêts de X. Rendement brut moyen des sections Forêt
pendant la période 1935/46 Tabl. 16
Série A Série B
Rendement brut sans la plus-value du ca-
Plus-value du capital forestier....
197 Fr./ha
22 Fr./ha
73%
8%
19%
245 Fr./ha
19 Fr./ha
71 %
5%
24%
219 Fr./ha
100%
52 Fr./ha
264 Fr./ha
120%
83 Fr./ha
271 Fr./ha
100%
100% 347 Fr./ha
128%
100 %
Rendement brut par m3 exploité (sans
la plus-value du capital forestier) . . .33.90 Fr. 100 % 35.80 Fr. 106%
Prix de vente du bois par m3
Bois de feu
46.40 Fr.
32.20 Fr.
35.90 Fr.
44.30 Fr.
31.90 Fr.
37.30 Fr.
Valeur des bois répartis (par m3) . . .23.90 Fr. 24.60 Fr.
Nombre de fagots produits par ha. .
22 %
70
39%
52
Dans la Série B, le bois d'œuvre et le bois de feu se sont vendus 2.10 Fr./m3 et
—-.30 Fr./m3 moins cher que dans la Série A; néanmoins, le prix de vente est en
moyenne supérieur de 1.40 Fr./m3 à cause de la proportion de bois d'œuvre plus élevée.
Avec les bois répartis qui y sont taxés plus haut, la Série B a un rendement brut par m3
exploité de 1.90 Fr. plus élevé.
203
Fait intéressant, à part les années anormales de 1940, année de mobilisation générale,
et de 1943 et 1944, années de défrichements, les salaires dépensés pour les travaux d'en¬
tretien, de culture et d'investissements oscillent entre 10 et 15 % du produit des ventes
de bois (cf. fig. 6) ; l'ampleur de ces travaux dépend directement de celui-ci. Cette
corrélation étroite souligne la nécessité d'obtenir des prix de bois équitables pour réa¬
liser une gestion intensive des forêts.
Fig. 6
Forêts de X. Relations entre le produit des ventes de bois et les travaux d'entretien,
de culture et d'investissements pendant la période 1935/46
10 000 Fr.
1000 heures
Produit des ventes de bois -
30 y\\ yr
20
i-V y""
-
"1 \i i i i i
Heures de travail consacrées
à ces travaux
Salaires dépensés pour ces
travaux en % de A
Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46
c) Les frais totaux des sections Forêt
La figure 7 et le tableau 17 illustrent ce paragraphe et donnent les chiffres importants.
Fig. 7
Forêts de X. Evolution des frais totaux par ha des sections Forêt
pendant la période 1935146
Fr.
400
Série A D Série B
Le trait blanc ou noir dans les
colonnes marque la valeur en
Fr. de 1914
Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46
Dans les deux séries, les frais totaux augmentent continuellement. Les variations
entre années sont dues principalement aux frais de récolte du bois. Sauf en 1944, la
Série B a des frais totaux plus élevés, en moyenne de 33.— Fr. ou de 13 %. Malgré ses
exploitations plus fortes, elle a les mêmes frais de récolte; en revanche ses frais de
production sont 21 % plus hauts. Comparé à la Série A, elle a 5.25 Fr. ou 5 % de frais
de personnel en moins, mais 1.10 Fr. de frais divers et d'amortissement en plus. Ses
frais sans les intérêts sont inférieurs et contribuent ainsi à élever son rendement net
calculé. Mais comme elle travaille avec un capital plus haut, ses frais d'intérêts dépassent
largement ceux de la Série A, de 37.15 Fr. ou de 32 %. Voilà pourquoi la répartition
204
Forêts de X, Frais totaux moyens des sections
Forêt pendant la période 1935/46 (par ha) Tabl. 17
Série A Série B
Personnel 101.05 Fr.
26.45 Fr.
2.— Fr.
117.50 Fr.
41 %
11 %
1%
47%
95.80 Fr.
27.05 Fr.
2.50 Fr.
154.65 Fr.
34%
10%
1%
55%Intérêts
247.— Fr.
100%
100% 280.— Fr.
113 %
100%
Frais de production du bois.... 150.— Fr.
97.— Fr.
100%
100%
182.—Fr.
98.—Fr.
121%
101 %
centésimale et le total des frais diffèrent autant. Dans la Série A, les frais de productiondu bois représentent le 61 % du total, dans l'autre le 65 %. Si l'on élimine l'effet de
la dépréciation de l'argent, on constate que les frais totaux ont pratiquement diminué
sans arrêt de 1935 à 1944 ; en 1946, ils n'avaient pas encore rejoint leur niveau initial.
d) Les frais d'administration
De 1935 à 1940, ces frais restent relativement constants ; dès 1941, ils suivent le ren¬
chérissement du coût de la vie. L'augmentation des coupes provoque une diminution
de leur proportion en % des salaires ou des frais totaux (cf. tabl. 18). Leur répartitioncentésimale est restée remarquablement stable: en moyenne 84 % pour le traitement
des employés permanents, 14 % pour les débours de bureau et 2 % pour les frais divers.
Forêts de X. Evolution des frais d'administration pendantla période 1935/46 Tabl. w
Année Total
Fr.
Répartition en °/o des :
Année Total
Fr.
Répartition en °/o des ;
salairesfrais
totauxsalaires
frais
totaux
1935
1936
1937
1938
1939
1940
28 518
26 271
26 848
27 349
27 458
26 910
43,1
44,4
42,0
41,1
42,5
43,2
32,4
32,6
27,8
30,4
31,3
32,9
1941
1942
1943
1944
1945
1946
29 885
29 756
36 905
39 338
40 647
55 120
32,6
30,7
36,4
38,3
34,1
41,8
23,6
21,9
19,4
17,5
18,8
26,0
Moyenne 32 917 38,5 24,2
205
e) Les frais pour les chemins
Les frais pour les chemins par m courant sont en moyenne les mêmes dans les Sé¬
ries A et B dont les différences géologiques et orographiques semblent sans influence.
Ils consistent pour les 3/t en frais d'intérêts (cf. tabl. 19), varient beaucoup et sans règlesvisibles d'une année à l'autre, de —.41 à —.83 Fr. dans la Série A, de—.45 à —.72 Fr.
dans la Série B (cf. fig. 8), et influencent fortement les frais de débardage et transport:
ainsi ces deux genres de frais atteignent tous les deux des montants élevés, en 1938, 1945
et 1946 dans la Série A, en 1936 et 1944 dans la Série B, et des montants bas, en 1940
et 1941 dans la Série A et en 1940, 1943 et 1945 dans la Série B. Les différences entre
les 2 séries pour les frais par ha et m3 exploité proviennent essentiellement des densités
de chemins inégales.
Tabl. 19
Forêts de X. Frais pour les chemins pendant
la période 1935/46 (en moyenne)
Série A Série B
Personnel —.08 Fr.
—.02 Fr.
—.40 Fr.
—.04 Fr.
15%
4%
74%
7%
—.06 Fr.
—.02 Fr.
—.41 Fr.
—.04 Fr.
11%
4%
77%
8%
—.54 Fr. 100% —.53 Fr. 100%
Part imputableà la production de bois (par ha) .
à la récolte de bois (par m3) . .
18.70 Fr./ha
100%
2.40 Fr./m3
100 %
14.50 Fr./ha
78%
1.95 Fr./m3
81%
Genre de chemins
75%
25%
78 m/ha
82%
18%
61 m/ha
Fig. 8
Forêts de X. Evolution des frais pour chemins par m' et des frais de débardageet transport du bois par ms exploité pendant la période 1935146
Frais pour le débardage et le transport
Année 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46
Série A
Année 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46
Série B
206
f) Les frais de production du bois
Un examen du tableau 20 révèle les faits suivants.
Les frais de production par ha sont presque proportionnels à l'accroissement si bien
que les frais par m3 d'accroissement sont presque égaux dans les deux séries.
Forêts de X. Frais de production du bois Tabl. 20
Série A Série B
par ha
Fr.
par m3
d'accr.
Fr. °/o
par ha
Fr.
par m3
d'accr.
Fr. 7o
Amortissements....
Intérêts
Administration....
Pépinière
Total
8.—
12.—
1.75
89.55
19.20
18.70
—.80
—.70
1.05
—.15
7.70
1.65
1.60
—.05
5
8
1
60
13
12
1
4.45
11.90
2.20
132.—
16.15
14.50
—.80
—.35
—.85
—.15
9.65
1.20
1.05
—.05
2
7
1
73
9
8
150.— 12.90 100 182.— 13.30 100
Accroissement annuel. . 11,7 m' 13,7 m3
Les frais d'intérêts prédominent, atteignant 60 et 73 %. La Série A, avec 89.55 Fr./ha
en a moins que la Série B avec 132.— Fr./ha. En revanche elle a des frais de personnelet d'administration plus élevés, car elle contient plus de rajeunissements et de taillis
sous futaie en conversion qui, les deux, exigent une culture plus chère que celle des
jeunes peuplements de la série résineuse. Mais, en fait, la différence n'est pas aussi
grande qu'il ne paraît sur le tableau 20, car dans la Série A, la majorité des travaux
culturaux ont été exécutés vers la fin de la période avec de hauts salaires alors que dans
la Série B, ils l'ont été au début de la période avec des salaires bas.
g) Les frais pour la récolte du bois
Sauf en 1935, 1937 et 1944, les frais de récolte du bois sont nettement meilleur
marché dans la Série B (cf. fig. 9). Ils sont en moyenne les suivants: dans la Série A,
14.95 Fr./m3 et dans la Série B, 13.30 Fr./m3. La différence de 11 % provient de tous les
genres de frais, les frais divers exceptés (cf. tabl. 21). Elle se remarque aussi bien pour
les frais de façonnage que pour ceux de débardage et de transport et s'explique facile¬
ment. Comme on l'a vu au tableau 16, la Série A produit beaucoup plus de bois de feu
et de fagots, assortiments plus chers à façonner, à débarder et à transporter. Les frais
de personnel et les frais divers pour le débardage et le transport ne dépassent pas, il est
207
Forêts de X. Frais moyens par m3 pour le façonnage, le débardageTabl.21 et le transport du bois pendant la période 1935/46
Frais de façonnage Frais de débardage et transport
Série \ Série B Série A Série B
Fr. °/o Fr. % Fr. °/o Fr. °/o
Personnel. . . 8.65 78 7.70 78 —.15 4 —.20 6
Divers....
— — — — 1.20 32 1.20 36
Amortissements. —.05 — —.05 — —. —. — —
Intérêts. . .
— — — — — — —. —
Administration. 2.45 22 2.15 22 —.05 1 —.05 1
Chemins. . .
— — — — 2.40 63 1.95 57
Total. . . 11.15
100%
100 9.90
89%
100 3.80
100 %
100 3.40
91%
100
vrai, ceux de la Série B ; ils sont même légèrement inférieurs. C'est l'effet du réseau
routier plus dense. Il a permis une économie qui compense très probablement les frais
pour les chemins plus élevés. En l'absence de renseignements circonstanciés, cette ob¬
servation nous fait penser qu'il est rentable.
La gestion s'est efforcée de perfectionner les méthodes de façonnage et débardage
par des cours de bûcheronnage, par la sélection d'ouvriers qualifiés, par l'introduction
d'un outillage moderne. Les frais de récolte par m3, exprimés en Fr. de 1914, montrent
qu'elle a réussi ; ils sont moins élevés en 1946 qu'en 1935 bien que le renchérissement
des salaires dépasse celui du coût de la vie. Pendant les années 1940 à 1944, où les
salaires ne s'étaient pas encore adaptés, la baisse des frais de récolte est encore plus
marquée (cf. figure 9 et tableau 22).
Forêts de X. Salaires horaires moyens et indice du
Tabi.22 coût de la vie pendant la période 1935/46
Année
Salaire
horaire
moyen
Fr.
Indice des
salaires
Indice
du coût
de la vie
Année
Salaire
horaire
moyen
Fr.
Indice des
salaires
Indice
du coût
de la vie
1935 —.77 128 128 1941 1 — 167 174
1936 —.80 133 130 1942 1.05 175 193
1937 —.86 143 137 1943 1.19 198 203
1938 —.85 142 137 1944 1.14 190 208
1939 —.88 146 138 1945 1.35 225 209
1940 —.73 122 151 1946 1.42 237 208
208
Fig.9
Forêts de X. Evolution des frais de récolte par m? exploité
pendant la période 1935/46
Fr./m3 Fr./m3
r&fttttfl Ifl S6ri A Qs eB
.11 H B~B fl B B B B B B~ ~ ^e tra*1 ^^anc °u n°^r ^ans 'es
' B fl fl B fl B B B~B B B B colonnes marque la valeur en
MIMMIMU-
Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46
h) Les défrichements
Les défrichements ordonnés pendant la guerre ont touché le 6 % des forêts de X,
provoquant la destruction de peuplements en pleine production, d'un volume sur piedde 225 m3/ha, et procurant des terres arables de qualité moyenne. Ils ont été subven¬
tionnés par les pouvoirs publics pour 77 %, à condition que les sols gagnés restent
affectés à l'agriculture pendant 20 ans.
Ils étaient certes justifiés dans l'intérêt du pays, mais ils ont porté un sérieux pré¬
judice à l'entreprise. Le produit net des coupes sur ces terrains ayant été attribué à un
compte spécial «Terrains défrichés», le résultat financier de la Série A a souffert. Pré¬
levée par des coupes culturales, la même quantité de bois aurait permis d'élever dans
cette série le volume exploité de 1 m3 par ha, le rendement net de 36 Fr. par ha et le
taux de rendement, de 1,3 %. Le rendement brut moyen par m3 aurait été le même que
dans la Série B. La surface desservie ayant été réduite, les frais de chemins grèvent pluslourdement le reste de la forêt. L'exécution de travaux d'entretien, de culture et d'in¬
vestissements indispensables a été retardée (cf. fig. 6).
Malgré les subventions reçues, l'opération est très désavantageuse du point de vue
financier (cf. tabl. 23). L'exploitation normale de ces bois aurait livré 7110 Fr. net, sans
Forêts de X. Aspect financier des défrichements
(chiffres en Fr./ha) Tabl. 23
Produit net des bois exploités 7110 Fr.
Produit de la vente des souches 420 Fr.
— Valeur du capital forestier réalisé — 2200 Fr.
Produit net tiré de la réalisation du capital forestier 5330 Fr.
Frais totaux de défrichements 5970 Fr.
— Subventions reçues — 4610 Fr.
Capitaux investis par l'entreprise — 1360 Fr.
Somme à la libre disposition de l'entreprise après l'opération .... 3970 Fr.
209
entamer le capital forestier. En revanche le défrichement a procuré un gain net de
3970 Fr. seulement, immobilisé 1360 Fr. dans un investissement forcé et anéanti un
capital productif. Les terrains agricoles obtenus se louent 250 Fr. par ha. Toutefois,
comme ils seront reboisés sitôt le délai d'interdiction échu, une somme de 70 Fr. doit
être déduite de ce produit pour l'amortissement du capital investi. Ainsi leur rendement
net égalait encore en 1946 celui de la forêt, mais, comme ce dernier augmente, ils
rapportent actuellement déjà moins. En payant 4610 Fr. de subventions, la collectivité
n'a pas assez indemnisé le propriétaire pour le tort subi.
i) Conclusions
Les chiffres obtenus dans la comptabilité commerciale suggèrent des conclusions
importantes, impossibles à tirer de la comptabilité traditionnelle. Celle-ci, en plus, ne
permet pas les comparaisons entre séries, ni le calcul des frais pour l'entretien des che¬
mins, pour les investissements, pour le façonnage ou le débardage et le transport du bois.
A notre avis, les investissements exécutés seront rentables, bien que, pour la raison
indiquée en fin du paragraphe, le fait ne puisse pas être démontré. Cependant, ils pro¬
voquent des frais d'entretien accrus et des frais d'intérêts de 43.60 Fr./ha pour la
Série A et 55.60 Fr. pour la Série B, qui grèvent comme suit la production et la récolte
de bois :
Série A Série B
Production du bois 36.30 Fr. 49.— Fr.
Récolte du bois 7.30 Fr. 6.60 Fr.
Total 43.60 Fr. 55.60 Fr.
Ce renchérissement devra être compensé par des économies ou par des augmentationsdu rendement brut. La tendance ascendante des frais rend le premier moyen peu effi¬
cace ; le deuxième le sera plus comme on va le voir.
Pour garantir au capital engagé une rentabilité satisfaisante pendant la période1947/56, le rendement net par ha devrait atteindre au moins les montants ci-dessous:
Rendement net moyen de la période 1935/46 .
Augmentation nécessaire pour assurer une rentabilité
satisfaisante des nouveaux investissements.
Rendement net désirable pour 1947/56 ....
Il devrait donc être 34 % plus haut dans la Série A et 27 % dans la Série B. La pos¬
sibilité pour 1947/56 permet-elle cette augmentation? Elle se monte par ha et par an
à 6,1 m3 pour la Série A et à 8,5 m3 pour la Série B, soit 0,4 m3 de moins, respectivement
1,1 m3 de plus que dans la période précédente. Fixée uniquement d'après des considéra¬
tions sylvicoles, elle rend possible une accumulation du matériel sur pied suffisante pour
atteindre le volume désiré de 400 m3/ha en quelque 15 à 20 ans. Compte tenu des résul-
Série A Série B
142.— Fr. 221.— Fr.
48.— Fr. 59.— Fr.
190.— Fr. 280.— Fr.
210
Série A Série B
47.60 Fr. 46.60 Fr.
4.70 Fr. 4.70 Fr.
4.70 Fr. 4.70 Fr.
57.— Fr. 56.— Fr.
X 6,1 x 8,5
348.— Fr. 476.— Fr.
17.50 Fr. 14.70 Fr.
X 6,1 x 8,5
107.— Fr. 125.— Fr.
80.— Fr. 72.— Fr.
187.— Fr. 197.— Fr.
19.— Fr. 20.— Fr.
tats de l'année 1946 et des circonstances, le rendement net annuel réalisable grâce à elle
peut se budgeter avec prudence comme suit:
Rendement brut par m3 en 1946
+ augmentation du rendement brut due :
a) à la hausse générale des prix du bois: 10 % .
b) au triage et à la qualité meilleure des assortiments:
10%
Rendement brut budgeté par m3
X possibilité
Rendement brut budgeté par ha
Frais de récolte du bois par m3 en 1946
(sans les intérêts)
X possibilité
Frais de récolte du bois par ha
+ Frais de production du bois par ha (sans les in¬
térêts) en 1946
+ Supplément de 10 % pour la hausse des frais .
Frais totaux budgetés par ha 206.— Fr. 217.— Fr.
Rendement net budgeté par ha 142.— Fr. 259.— Fr.
Le rendement net restera le même dans la Série A et augmentera dans la Série B,
mais pas assez. II n'assurera la rentabilité satisfaisante désirée ni dans l'une ni dans
l'autre; il faudrait exploiter 1 m3 de plus dans chacune, ce qui du point de vue stricte¬
ment sylvicole est possible. Du point de vue économique, une capitalisation du matériel
sur pied aussi importante que celle prévue paraît discutable dans les circonstances
actuelles. Elle entraînera une plus-value du capital forestier relativement très forte, alors
que, entreprise à une époque ultérieure de mauvaise conjoncture, elle vaudrait moins
et, par conséquent, grossirait moins les frais de production. De plus elle empêche une
bonne adaptation des coupes aux besoins du marché; cette adaptation permettraitactuellement d'adoucir la disette de bois, de profiter des hauts prix et d'accumuler des
réserves bienvenues pour assurer la péréquation du rendement financier; plus tard,
elle contribuerait à limiter les conséquences de la mévente des bois. Mais vu la situation
sur le marché mondial du bois, on peut juger trop aléatoire le retour prochain d'une telle
période de dépression.Des deux séries, la Série B l'emporte avec évidence. Elle le doit surtout à la fertilité
plus grande de ses sols et au fait qu'elle est traitée depuis longtemps en futaie et en
second lieu seulement, à sa proportion de résineux plus élevée. En effet nous avons
estimé quel aurait été le rendement brut des deux séries pendant la période 1935/46
si elles avaient déjà les deux formé une futaie bien constituée. Nous avons employé les
211
Forêts de X. Comparaison du rendement brut par ha possibleTabl. 24 dans les deux séries
Série A Série B
A. Bases de l'estimation
Assortiments produits
identique à l'actuelle
8 m3/ha
50 % 4,0 m3
39 % 3,1 m3
11% 0,9 m3
identique à l'actuelle
10 m3/ha
60 % 6,0 m3
32 % 3,2 m3
8 % 0,8 m3
B. Rendement brut par ha possible
185.60 Fr.
99.80 Fr.
21.50 Fr.
306.90 Fr.
38.35 Fr.
265.80 Fr.
102.10 Fr.
19.70 Fr.
387.60 Fr.
38.75 Fr.
prix unitaires du tableau 16, avons augmenté le volume exploité et amélioré la propor¬
tion de bois d'œuvre en conformité de notre hypothèse, mais n'avons pas changé le
volume des bois répartis, ni tenu compte des modifications de l'arbre moyen. Nous avons
obtenu les chiffres du tableau 24. On voit que les rendements bruts par m3 des deux
séries auraient été pratiquement égaux, tandis que par ha aurait subsisté une différence
proportionnelle à la production moindre de la Série A.
La conversion des taillis sous futaie de la Série A correspond aux intérêts finan¬
ciers de l'entreprise et doit être poursuivie sans relâche, malgré les frais de culture
supplémentaires qu'elle occasionne (cf. § f ). Comme le montrent les chiffres de la
Série B, elle entraînera une augmentation sensible du rendement brut et diminuera les
frais unitaires de récolte du bois, grâce à la proportion de bois d'œuvre plus élevée. Au
vu des chiffres du tableau 24, un enrésinement mesuré de la Série A paraît profitable car
il permettrait d'augmenter la production sans porter atteinte à la fertilité de la station.
Du point de vue économique, le volume désiré de 400 m3 par ha paraît très élevé.
Pour l'atteindre, une augmentation du volume sur pied de 118 m3 dans la Série A et
de 29 m3 dans la Série B est nécessaire. En admettant qu'elle ait la même valeur unitaire
que celle de la période 1935/46, elle provoquerait une plus-value du capital forestier de :
Série A: 118 m3 • 12.90 Fr./m3 = 1520 Fr./ha environ
Série B: 29 m3 • 13.30 Fr./m3 = 385 Fr./ha environ
La hausse correspondante des frais d'intérêts serait de 61 Fr. par ha dans la Série A
et de 15 Fr. dans la Série B. L'opération semble difficilement rentable dans la Série A
d'autant plus que, vu la forte augmentation des prix du bois et des salaires survenue
depuis 1946, le rapport entre frais et rendement brut ne tend pas à s'améliorer.
212
En 1946, l'entreprise pouvait encore payer des salaires horaires plus bas que
la moyenne. Néanmoins, elle doit poursuivre plus que jamais ses efforts de ratio¬
nalisation du travail afin de prévenir les conséquences d'un changement de cette situa¬
tion avantageuse.
L'administration des forêts de X n'a conservé qu'une partie des données techni¬
ques énumérées au chapitre V, § C. Si nous les avions possédées toutes nous aurions pu
expliquer entièrement les variations annuelles des chiffres obtenus dans la comptabi¬lité commerciale, indiquer où et comment perfectionner les méthodes de travail, calculer
la rentabilité du réseau routier ou proposer des investissements utiles pour l'avenir.
IX. La comptabilitécommerciale de la Forêt d'enseignement
de l'Ecole polytechnique fédérale
A. La Forêt d'enseignement et sa comptabilité commerciale
a) Description de l'entreprise
En 1927, la Confédération acheta à la corporation d'Albisrieden quelque 170 ha de
forêts et les mit à disposition de l'Ecole forestière de l'EPF comme forêt d'enseigne¬ment affectée à l'instruction des étudiants et à la recherche scientifique. Ces forêts sont
situées sur l'Uetliberg près de Zurich, entre 475 et 840 m d'altitude, sur des pentes
exposées au NE, NO et S ; leur sous-sol est constitué par la Molasse d'eau douce supé¬
rieure, recouverte de dépôts morainiques; elles appartiennent à des associations fores¬
tières très productives, comme la chênaie à charme, la frênaie à érable et la hêtraie. Le
climat humide et tempéré (température annuelle moyenne: 8,8°; précipitations:1072 mm), les sols profonds et fertiles, du type des terres brunes mûres ou légèrement
podsolisées, contribuent à créer des conditions écologiques idéales.
En revanche l'état des peuplements laissait beaucoup à désirer: c'était d'une part
des taillis sous futaie en voie d'épuisement, et d'autre part des plantations pures ré¬
gulières de résineux; des peuplements encombrés de matériel côtoyaient des surfaces
envahies de bois blancs. Les soins culturaux, les nettoiements ne se faisaient pas, les
éclaircies restaient insuffisantes. Les bûcherons pratiquaient des méthodes surannées.
Le réseau routier se composait de quelques chemins mal répartis, inaccessibles aux ca¬
mions et impraticables par temps humide et n'avait pour ainsi dire aucune valeur.
La gestion a pour but de montrer l'influence heureuse d'un traitement intensif et
rationnel sur l'état et le rendement financier des forêts. Elle profite de facilités finan¬
cières qui permirent d'exécuter des investissements importants plus rapidement qu'ail¬
leurs. Elle est certes influencée par sa mission didactique et scientifique, mais la
comptabilité commerciale a été organisée de manière à en traduire les conséquences
financières.
Dès le début l'entreprise a entretenu une pépinière pour couvrir ses propres besoins
en plants. En 1930, elle a construit un refuge pour les bûcherons, le Blockhaus. De-
213
puis 1941, on lui a adjoint différents établissements accessoires: un entrepôt pour le
bois de feu et deux pépinières commerciales, une première vouée à la populicultureà Glanzenberg et une deuxième à la Grossmatt. Pour l'enseignement et les recherches
scientifiques on a construit une maison forestière et deux serres et installé une pépinièred'essais. En 1950, la Forêt d'enseignement était ainsi devenue une entreprise forestière
compliquée posant des problèmes comptables intéressants.
b) Particularités de la comptabilité commerciale
La comptabilité commerciale couvre les quatre premières périodes d'aménagement,soit les années 1927 à 1950. Nous l'avons aussi faite entièrement à partir des pièces
justificatives originales et des livres de la comptabilité traditionnelle.
Tabl. 25 Forêt d'enseignement. Sections de la feuille d'analyse
Sections
Administration
Sous-sections
Sections auxiliaires
Ouvrages et constructions
Pépinière pour le propre usage
Investissements nouveaux
Gérant
Gardes forestiers
Bureau et divers
Aménagement
Bâtiments de l'exploitationChemins
Sections principales
f Peuplements
Forêt
Chemins
I etc.
Production du bois -
Récolte du bois
Soins culturaux
Drains
Clôtures
Ouvrages de protection
Façonnage
Débardage et transport
Récolte de produits accessoires
Entrepôt de bois
Pépinière commerciale de Glanzenberg
Pépinière commerciale de la Grossmatt
Sections principales destinées à la séparation de charges hors-exploitation non
comptabilisées à part dans la comptabilité financière
Enseignement et démonstration
Maison forestière
Serres, pépinière d'essais, recherches scientifiques
214
La structure de l'entreprise, les détails demandés à la comptabilité, les besoins d'une
répartition aisée des frais généraux ont nécessité la création d'une trentaine de sections
et sous-sections sur la feuille d'analyse (cf. tableau 25). L'enseignement et les dé¬
monstrations, la maison forestière, les serres, la pépinière d'essais et les recherches scien¬
tifiques sont considérés comme hors-exploitation ; certaines de leurs charges, non enre¬
gistrées à part dans la comptabilité financière, sont déterminées à l'aide de trois sec¬
tions ad hoc.
Les données à disposition nous ont fait choisir les clés suivantes pour la répartition
des frais généraux :
a) Prestations sociales, entretien et amor- ) „ .,
comme dans 1 entreprise forestière de Atissement du matériel, autres amor¬
tissements
b) Gérant, garde forestier préposé aux
essais, Bureau et divers, pépinière
pour le propre usage:
c) Garde forestier préposé à la forêt:
d) Aménagement, chemins:
e) Bâtiments:
(p. 192 et 193)
proportionnellement aux salaires des sec¬
tions intéressées, sauf sur les sous-sections
Production du bois et Récolte du bois, dont
les parts égalent chacune V2 de celle de la
section principale Forêt (cf. Note p. 175).
depuis 1945, V12 à Vs de son salaire sur la
section Enseignement et démonstration; le
reste comme b) ; avant 1945 tout le salaire
comme b).
V2 sur Production de bois
V2 sur Récolte du bois.
comme d), moins un petit montant forfai¬
taire attribué à la pépinière pour le propre
usage.
Les frais généraux attribués à Production du bois et Récolte du bois ont été répartis
sur les sous-sections de ces sections proportionnellement aux salaires.
Les taux d'amortissement ont été de :
Objet Durée admise Taux
Matériel d'exploitation, clôtures, peu- 1, „ ^
- .., , v
... .
} comme dans 1 entreprise iorestiere de A
plements artificiels, entrepôt à bois I
Mobilier 30 ans 7,5 % de la valeur comptable
Travaux de protection ... 10 ans 20 % de la valeur comptable
Drains 20 ans 11 % de la valeur comptable
Cabanes d'abri ....30-40 ans 6 % de la valeur comptable
Blockhaus 60 ans 1,6 % de la valeur initiale
Chemins pas d'amortissement
215
Tabl. 26
Forêt d'enseignement.Calcul des plus-values du capital forestier
Période d'aménagement 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
Méthode No Evaluation au prix de revient
Frais de production du bois totaux 137 600 Fr. 164 800 Fr. 206 800 Fr. 275 300 Fr.
: Accroissement total estimé. . . : 11 300 sv : 15 000 sv : 12 900 sv : 16 800 sv
= Prix de revient de la sv d'accrois. 12.15 Fr./sv 11.— Fr./sv 16.— Fr./sv 16.40 Fr./sv
X Augmentation du volume total
estimé X3000 sv
36 500 Fr.
X5000 sv
55 000 Fr.
X2000 sv
32 000 Fr.
X1000 sv
16 500 Fr.= Plus-value du capital forestier.
Méthode No 2
Evaluation d'après le béné ice supplémentaire réalisable par Fexploitation
intégrale de l'accroissement
Augmentation du matériel en % de
57%* 50 %* 22 %** 15 %**
Rendement brut du bois par sv expl. 27.85 Fr. 23.75 Fr. 49.60 Fr. 53.70 Fr.
Frais totaux de la section Forêt 186 810 Fr. 224 090 Fr.
Frais variables, au total....
-111 700 Fr. -145 150 Fr.
75 110 Fr. 78 940 Fr.
: 3 276 sv : 5 129 sv
= Frais variables par sv exploitée . 22.95 Fr. 15.40 Fr.
Frais totaux de la sous-section
145 640 Fr. 256 080 Fr.
- Total frais fixes de la sous-section
Frais variables directement
proportionnels, au total....
-18 470 Fr. -35 310 Fr.
127 170 Fr. 220 770 Fr.
: 6 760 sv : 9245 sv
= Frais variables directement pro¬
portionnels par sv exploitée 18.85 Fr. 23.90 Fr.
Augmentation du volume.... 4 439 sv 5 221 sv 1874 sv 1630 sv
X Différence rendement brut - fraisvariables X4.90 Fr./sv X8.35 Fr./sv x 30.75 Fr./sv X 29.80 Fr./sv
= Plus-value du capital forestier. 21 750 Fr. 43 500 Fr. 57 600 Fr. 48 600 Fr.
I
* augmentation très forte: cf. p. 186, cas b)** augmentation faible: cf. p. 186, cas a)
Les plus-values valables pour le bilan sont imprimées en gras.
Le taux des intérêts calculés se monte à 4 % et correspond à celui exigé par le Fonds
inaliénable de l'EPF qui a avancé les capitaux pour l'achat des forêts.
La comptabilité commerciale a eu quatre fois l'occasion d'évaluer des augmentationsdu matériel sur pied. Le calcul se trouve sur le tableau 26. Pour la méthode 1, nous avons
tenu compte du matériel total estimé (cf. Note 1, p. 182) et pour la méthode 2, du maté¬
riel dénombré.
216
B. Les résultats de la gestion d'après le plan d'aménagement
Dès le début, la gérance a intensifié le traitement sylvicole. Elle a soumis les peuple¬
ments à des éclaircies sélectives, mis en ordre les surfaces clairiérées, commencé la con¬
version des taillis sous futaie et la transformation de peuplements purs résineux critiques.
Ces efforts se reflètent dans le nombre des plants mis à demeure et la surface des plan¬
tations effectuées, qui culminent dans la troisième période (cf. tabl. 27).
Forêt d'enseignement.
Quelques chiffres sur l'effet de la gestion Tabl. 27
Année 1928 1932 1938 1944 1950
Surface forestière.... 168,10 ha 167,89 ha 167,73 ha 204,23 ha 207,17 ha
Matériel sur pied .... 254 sv/ha 280 sv/ha 311 sv/ha 320 sv/ha 328 sv/ha
Structure centésimale du volurr
Diamètre 16-24 cm . . .
Diamètre 24-36 cm . . .
Diamètre 36-52 cm . . .
Diamètre 52 et plus . . .
le sur pied
24%
37%
23%
16%
20%
35%
26%
19%
18%
32%
29%
21%
17%
31%
32%
20%
16%
29%
33%
22%
0,80 sv 0,87 sv 0,94 sv 0,97 sv 1,03 sv
Longueur des chemins. . 3,6 km 3,6 km 6,2 km 7,7 km 8,9 km
Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
Nombre de plants mis à demeure.
45 775 83 810 148 620 73 114
Surface des peuplementscréés artificiellement (> 0,24 ha) .
0,54 ha 0,58 ha 2,01 ha 0,80 ha
Accroissement par ha et an
(> 4 cm 0)13,5 sv 14,9 sv 12,4 sv 13,6 sv
Volume exploité par ha et an . . 4,3 ms 5,2 m3 8,2 m3 8,0 m3
Le tableau 27 montre encore d'autres faits. Le volume sur pied par ha a passé de
254 sv à 328 sv, en augmentation de 74 sv ou de 29 %. L'accroissement annuel total
n'a pas changé de volume, mais sa qualité s'est améliorée, car il est produit par un ma¬
tériel sur pied toujours plus riche en moyens et gros bois et dont l'arbre moyen a régu¬
lièrement grossi. Simultanément les exploitations ont presque doublé. On a remplacé
l'ancien réseau routier sans valeur par un nouveau, moderne et plus dense. Dès 1942,
on a entrepris l'extension de la forêt par des achats.
217
Le plan d'aménagement met en évidence par ces chiffres une évolution très réjouis¬sante de l'état de la forêt (cf. Knuchel, 20, Lamprecht, 24), mais sur celle du rende¬
ment financier, il ne fournit que des renseignements maigres et, comme nous allons le
voir, incertains.
C. Les résultats de la gestion d'après la comptabilité commerciale
a) Le rendement net calculé des forêts
Le tableau 28 et la figure 10 prouvent d'abord avec netteté quelle image déformée
la comptabilité traditionnelle donne du rendement financier. Dans les deuxième et troi¬
sième périodes, p. ex., elle indique un rendement net moyen inférieur à la réalité de
13 500 ou de 17 000 Fr., soit 12 ou 2 fois trop bas. Les pointes des années 1932, 1938,
1944 et 1950 dans la courbe de la comptabilité commerciale marquent l'enregistrementdes plus-values du capital forestier.
Tabl. 28 Forêt d'enseignement. Le rendement net calculé moyen par an
Période1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
Fr. °/o Fr. °/o Fr. % Fr. °/o
i
A. D'après la comptabilité commerciale
7 414 97 13 996 94 31316 99 34 066 91
en % de 1928/32. . . 100 % 189% 423 % 459%
Récolte de produits
Rendement net total . .
195 3 848 6 224 1 3 330 9
7 609 100 14 844 100 31540 100 37 396 100
en % de 1928/32. . . 100 % 195 % 414 % 492 %
B. D'après la comptabilité traditionnelle
Excédent des recettes 1521 1288 14 662 26 568
Le rendement net total a quintuplé. Il provient essentiellement de la section Forêt.
La récolte de produits accessoires n'a eu un rendement intéressant, de 6 ou 9 % du total,
que pendant les 2e et 4e périodes où on a vendu beaucoup de sauvageons de hêtre.
Le rendement net de la section Forêt a plus que quadruplé. Il double de période en
période jusqu'en 1944 ; depuis, sa progression se ralentit. Entre 1928 et 1938 elle est cau¬
sée uniquement par l'augmentation du rendement net par ha, tandis qu'elle ne l'est plus
qu'en partie entre 1939 et 1944. De 1945 à 1950, ce dernier recule, mais les consé¬
quences de sa diminution sont plus que compensées par l'extension de la surface quis'est faite sentir déjà de 1939 à 1944 (cf. tabl. 29).
218
Fig. 10
Forêt d'enseignement. Comparaison entre le résultat de la comptabilité commerciale
et l'excédent des recettes de la comptabilité traditionnelle
Fr.
60 000
50 000
40 000
30 000
20 000
10 000
0
— 10 000 il | I I —10 000
1928 1932 1938 1944 1950
comptabilité commerciale comptabilité traditionnelle
Forêt d'enseignement.Evolution du rendement net moyen de la section Forêt Tabl. 29
Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
Rendement net par ha
en % de 1928/32
44.15
100%
29.80
83.40
189 %
61.70
180.60
409 %
97.50
165.35
375 %
74.50
Rendement net par m3 exploité
10.40
100%
7.05
16.05
154%
11.90
21.95
211%
11.90
20.70
199%
9.35
en % de 1928/32
en Fr. de 1914
Evolution de la surface....
Evolution des exploitations . . .
Coefficient d'exploitation ....
100 %
100 %
67%
100%
121%
49%
103 %
191%
49%
123 %
186%
60%
L'évolution du rendement net par ha est conditionnée par le rendement net par m3
exploité et les exploitations, qui, les deux, doublent de 1928 à 1944, pour diminuer ensui¬
te légèrement. Le rendement net et le coefficient d'exploitation évoluent en gros d'une
manière correspondante. Elimine-t-on l'effet de la dévaluation de l'argent, on constate
que l'augmentation du rendement net est réelle : 150 % par ha et 33 % par m3 ; elle était
plus forte dans la 3e période. Ces chiffres montrent que l'amélioration du rendement
net par ha provient pour 3/s des exploitations accrues et pour 2/s d'autres influences.
219
b) Le rendement brut de la section Forêt
Le rendement brut total quadruple presque entre la Ire et la 4e période (cf. tabl. 30).Sa progression, lente jusqu'en 1939, s'accélère brusquement et se maintient. L'ex¬
tension de la forêt de presque un quart n'a augmenté le rendement brut total que de
Vio; le reste de l'augmentation provient du rendement brut par ha, qui a triplé. La
plus-value du capital forestier ne joue un rôle appréciable que pendant les deux pre¬
mières périodes, où le rendement était bas.
Forêt d'enseignement.
Tabl. 30 Le rendement brut annuel de la section Forêt
Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
Rendement brut total par or
en % de 1928/32. . .
l
22 699
100%
27 603
122 %
61845
272 %
85 697
378 %
Fr. °/o Fr. °/o Fr. °/o Fr. %
Le rendement brut par ha e
Ventes de bois....
Propre usage de bois. .
Plus-value du capital
Total
en % de 1928/32. . .
en Fr. de 1914. . .
t ses sourct
107.70
1.05
25.80
—.55
'S
80
1
19
121.10
—.15
43.25
—.30
74
26
322.10
—.10
30.60
3.80
90
9
1
394.10
7.20
13.30
1.40
95
2
3
135.10
100%
89.40
«
100 164.80
122 %
123.—
100 356.60
264%
195.50
100 416.—
308 %
191.50
100
Le produit des ventes de bois a toujours tenu une part prépondérante, qui s'est accen¬
tuée. Il s'est accru de 286.40 Fr. par ha ou de 265 % grâce à l'augmentation du volume
exploité et du rendement brut par m3. Ce dernier est responsable pour les 2/3 de l'amé¬
lioration du rendement brut total. Le tableau 31 indique qu'il a doublé et que sa hausse
n'est pas due simplement à la dépréciation de l'argent; elle correspond à une élévation
de la valeur intrinsèque du bois d'environ 40 %. Si cette élévation n'avait pas eu lieu,
le rendement brut aurait été inférieur de 1.30 Fr./m3 en 1933/38, de 9.25 Fr./m3 en
1939/44 et de 14.40 Fr./m3 en 1945/50. Pendant la première période il fut de 15
à 25 % inférieur à celui des autres propriétaires publics zurichois. Ce mauvais ré¬
sultat s'explique facilement: abstentionisme des acheteurs après le changement de
propriétaire, mauvais triage des bois, difficultés de débardage, orientation purement
sylvicole de la gestion, qui, sans égard aux prix défavorables, intervient surtout
dans de jeunes peuplements d'épicéa. Le tableau 31 illustre très bien l'évolution
220
ultérieure. Pendant la deuxième période, le gérant déplace les coupes vers des peu¬
plements plus âgés; il restreint la production de bois d'œuvre résineux toujours
plus mal payé, pousse celle de bois de feu plus rémunératrice et arrive ainsi mieux
qu'ailleurs à freiner la baisse due à la dépression économique de l'époque. Pendant
la 3e et la 4e période, l'entreprise profite de la demande extraordinaire de bois de
feu, due à la guerre, pour exécuter des éclaircies urgentes dans les moins bons taillis
sous futaie (cf. aussi tableau 40). Elle accroît la proportion de bois de service
feuillu au prix élevé, se met à livrer du bois de râperie, favorise les assortiments dont
l'augmentation relative de prix est la plus forte et, dès 1941, les façonne elle-même tous
jusqu'aux fagots. De plus, elle commence à bénéficier du diamètre moyen grandissant des
arbres exploités et jouit de conditions de vidange améliorées. Enfin, l'augmentationdes coupes facilite le groupement des bois en unités économiques de plus grande valeur,tandis que le cercle des clients s'élargit. Grâce à tous ces progrès, le rendement brut
moyen par m3 dépasse dès 1939 celui de tous les autres propriétaires publics zurichois.
Forêt d'enseignement. Le rendement brut du bois par m8
exploité et les facteurs influant son évolution tm. 31
Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
Rendement brut par m3 en Fr.. .
en % de 1928/32
en % de 1928/32
25.40
100%
16.60
100%
23.30
92%
17.60
106%
39.15
154 %
21.70
131 %
50.30
198%
23.20
140%
Proportion des assortiments
53,0 %
1,3%
18,9%
26,8%
35,5 %
2,3%
20,6%
41,6%
25,5%
9,0%
11,2%
53..1 %
1,2%
30,3 %
10,8 %
12,9%
38,1 %
7,9%
Evolution des prix
en % de 1928/32
en % de 1928/32
en % de 1928/32
en % de 1928/32
33.35
100%
40.50
100%
13.50
100%
18.50
100%
29.75
89 %
43.80
108%
14.10
104%
20.30
110%
42.65
128 %
61.50
152 %
30.30
224%
35.80
193 %
52.10
156 %
91.50
226 %
33.50
248 %
42.50
230%
0,55 sv 0,72 sv 0,83 sv 0,82 sv
221
Ces progrès ne sont néanmoins pas la seule cause de l'amélioration du rendement brut
par m3. Il faut aussi tenir compte d'un facteur qui se serait fait sentir même si les con¬
ditions internes de l'entreprise n'avaient absolument pas changé : c'est le renchérissement
général du prix du bois qui a été provoqué dès 1927 par l'épuisement des réserves mon¬
diales et l'augmentation de la consommation et atteint 15 à 25 % peut-être. Une appré¬ciation prudente de l'importance de ces différentes causes permet de leur attribuer l'aug¬mentation de la valeur intrinsèque du bois dans les proportions suivantes :
Effet du renchérissement général du bois....
50 % 7.20 Fr./m3
Effet de la meilleure qualité du bois 25 % 3.60 Fr./m3
Effet de la meilleure adaptation des produits offerts
aux besoins du marché 12,5 % 1.80 Fr./m3
Effet de la meilleure vidange 12,5 % 1.80 Fr./m3
Augmentation de la valeur intrinsèque du bois entre
la première et la quatrième période .... 100 % 14.40 Fr./m3
c) Les frais totaux de la section Forêt
Le tableau 32 récapitule les chiffres principaux sur les frais totaux. Ils ont passé de
37 362 Fr. à 88 566 Fr. par an, soit une augmentation de 51 204 Fr. ou de 137 %.
Celle-ci est due pour 16 % à l'agrandissement de la forêt et pour 84 % à d'autres causes.
Après être restés stables pendant deux périodes, les frais totaux par ha ont augmenté
régulièrement et ont presque doublé. Leur répartition a totalement changé. Les frais
pour la récolte du bois passent de 26 à 48 % du total. Les frais d'amortissement et
d'intérêts ont progressé constamment, mais alors qu'ils représentaient de la moitié aux
2/3 du total jusqu'à la troisième période, ils ont dû céder la première place aux frais de
personnel de 1945 à 1950. Ceux-ci augmentent de 129.25 Fr./ha ou de 179 %. Leur aug¬
mentation, de loin la plus importante, dépasse la hausse du coût de la vie. Elle provientdes salaires, qui, eux aussi, ont renchéri plus que celui-ci et de la gestion toujours plusintensive. La proportion des frais divers n'a pas changé.
Les frais totaux par ha sans les intérêts ont augmenté de 159.70 Fr. ou de 176 %.
Leur hausse est moins forte que celle du rendement brut. De la Ire à la 2e période,ils ont baissé passagèrement.
Le chiffre des frais exprimés en Fr. de 1914 montre que la dévaluation de l'argenta accentué leur augmentation. Celle-ci est en réalité de 93 % pour les frais totaux sans
les intérêts, et de 37 % pour les frais totaux.
d) Les investissements
L'administration de la Forêt d'enseignement a exécuté des investissements considé¬
rables (cf. tableaux 33 et 34). Elle a su le faire à des prix très avantageux grâce à des
circonstances favorables exploitées avec habileté: pendant les 2e et 3e périodes, pro¬
fitant des subventions généreuses pour la lutte contre le chômage, elle a construit
la plus grande partie du nouveau réseau routier ; ainsi le m courant de chemin empierré
222
Forêt d'enseignement.Les frais totaux annuels de la section Forêt Tabl.32
Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
Frais totaux par an
en % de 1928/32. .
37 362
100 %
37 349
100 %
58 733
157%
88 566
237%
Intérêts totaux par an . 22 078 23 742 28 204 36 935
Frais totaux par an sans les
en % de 1928/32. .
intérêts
15 284
100%
13 607
89%
30 529
200%
51631
338 %
Répartition des frais
totaux par ha
Amortissements. . .
Total
en % de 1928/32. .
en Fr. de 1914....
Fr. <"o Fr. % Fr. % Fr %
72.50
16.20
2.25
131.55
33
7
1
59
66.60
11.50
3.10
141.30
30
5
1
64
143.60
23.—
9.40
162.50
42
7
3
48
201.75
33.50
15.40
179.35
47
8
4
41
100222.50
100%
145.—
100 222.50
100%
169.—
100 338.50
152%
192.—
100 430.—
193 %
199.—
Frais de production .
Frais de récolte
74%
26%
74 %
26 %
59%
41%
52 %
48 %
Total sans les intérêts
en % de 1928/32. .
en Fr. de 1914....
90.95
100%
59.60
81.20
89%
61.40
176.—
193%
99.—
250.65
276 %
115.—
de 3 m de large lui est revenu à 18 Fr. net environ. Elle a augmenté le matériel sur
pied surtout dans les deux premières périodes, à une époque de mauvaise conjoncture
qui rendait les plus-values du capital forestier résultantes relativement bon marché:
leur prix unitaire moyen est de 8.60 Fr. par sv; à titre de comparaison il était de
13.10 Fr. dans l'entreprise forestière de X. Le gérant actuel cueille les fruits de l'opi¬niâtreté avec laquelle son prédécesseur, feu le Prof. Schâdelin, poursuivit ses buts syl-
vicoles, malgré les reproches suscités par le rendement financier décevant.
Les achats de forêts se sont élevés à 112 694 Fr. Leur prix moyen par ha est de
2890 Fr. soit 385 Fr. de moins que pour l'achat initial ; il s'agit en partie certes de par¬
celles assez peu productives.
223
Forêt d'enseignement.Tabi. 33 Les investissements faits par l'entreprise
Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
en % des ventes de bois....
en % des frais pour la forêt. . .
(sans intérêts)
12 844 Fr.
14%
17%
40 107 Fr.
33%
49%
71 731 Fr.
21%
39%
91 011 Fr.
19%
29 %
Forêt d'enseignement.
TaU.34 Capitaux engagés dans la section Forêt
Date du bilan1.9.1927
Fr.
1. 9.1932
Fr.
1.9.1938
Fr.
1. 9.1944
Fr.
31. 8.1950
Fr.
Matériel d'expl. . .
Améliorations fores-
Bâtiments....
Capital forestier. .
Plus-values du
capital forestier. .
550 000
280
2 930
2 630
5 762
550 000
21750
670
4 375
63 420
5 300
544 000
65 250
4175
13 345
109 910
12 270
629 900
97 250
4 925
18 310
164170
1855*
662 694
113 750
Total....
en % de 1927. .
550 000
100%
3 275
583 352
106%
3 480
683 015
124%
4 070
866 850
158%
4 245
965 704
176%
4 660
* La diminution par rapport à 1944 provient de ce que le Blockhaus a changé de destination et ne
sert plus à la gestion de la forêt.
Forêt d'enseignement. Taux de rendement des capitaux
TaU. 35 engagés dans la section Forêt
Période Capital moyen par ha pendant la période Taux de rendement
1928/32
1933/38
1939/44
1945/50
3 300 Fr.
3 540 Fr.
4 060 Fr.
4 500 Fr.
1,4%
2,5%
4,5%
4,0%
Les investissements exécutés ont modifié les capitaux engagés dans les forêts, comme
le montre le tableau 34. L'augmentation est considérable, 415 704 Fr. ou 76 % du ca¬
pital initial. Elle provient en premier lieu des chemins, du capital forestier et de ses
224
plus-values et pourrait faire craindre une diminution de la rentabilité. Mais tel n'est pas
le cas (cf. tableau 35) car, après avoir déçu pendant les deux premières périodes, le
taux de rendement se maintient au niveau satisfaisant de 4 à 4,5 %.
e) Les frais d'administration
Comme le tableau 36 le montre, les frais d'administration totaux ont presque quin¬
tuplé. Leur augmentation de 16267 Fr. est due pour 30 % à la dévaluation de l'argentet pour 70 % à d'autres causes. Les deux principales sont:
1. L'augmentation du salaire du garde forestier avec les années de service;
2. L'engagement d'un deuxième garde en 1947/48 et l'augmentation des frais pour
«Bureau et divers» nécessitée par l'extension de la forêt et des travaux scientifiqueset par la création d'établissements accessoires. Les frais d'aménagement très élevés de
la 4e période sont dus aux nombreux achats de forêts et au fait que le dénombrement
n'a plus été effectué gratuitement au cours d'exercices avec les étudiants.
Forêt d'enseignement. Les frais d'administration Tabl.36
Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
Frais totaux annuels
en % de 1928/32. . .
4 260
100%
5 947
140%
10 585
250 %
20 527
480%
Répartition du total
sur les sous-sections de
Administration
Gérant
Gardes forestiers.
Bureau et divers. . .
Aménagement ....
Fr. °,0 Fr. °/o Fr. °/o Fr. °/o
967
2 105
1 002
186
23
49
24
4
1043
3 998
787
119
18
67
13
2
1 162
7 297
1959
167
11
69
18
2
1321
14 746
3 439
1021
6
72
17
5
Répartition du total sur les
sections lesplus importantes
Investissements. . .
Forêt
Enseignement, Maison
forestière, Essais scient..
264
320
3 430
246
6
8
80
6
194
1558
4 022
173
3
26
68
3
327
2 308
7 540
59
351
3
22
71
1
3
417
3 402
8 549
5 272
2 887
2
16
42
26
14
L'augmentation des frais d'administration pour les activités hors-exploitation et les
établissements accessoires masque un effort réel pour les comprimer ailleurs. Dans la
section Forêt, p. ex., ils ont augmenté de 5119 Fr. soit de 149 % seulement; par ha ils
ont évolué comme suit :
15225
Ire période 20.55 Fr./ha = 100 %2e période 23.80 Fr./ha = 116 %3e période 43.40 Fr./ha = 211 %4e période 41.70 Fr./ha = 203 %
Ils n'ont que doublé et même, entre la 3e et la 4e période, ils ont baissé malgréle renchérissement général du coût de la vie.
f) Les frais pour les chemins
Pendant la Ire période, les chemins préexistants délabrés ont exigé des soins dispen¬dieux. Puis grâce à leur remplacement, les frais d'entretien par m courant se sont abais¬
sés, malgré le renchérissement survenu depuis la guerre. Ils sont pour la 4e périodede —-.32 Fr. contre —.49 Fr. pour la Ire. La diminution est néanmoins plus que com¬
pensée par les frais d'intérêts croissants qui représentent en 1945/50 les 7/io des frais
totaux. Ceux-ci ont presque quintuplé (cf. tabl. 37) et dans la 4e période grèvent la
production du bois de 20.75 Fr. par ha et la récolte du bois de 2.60 Fr. par m3 exploité.
L'augmentation par rapport à la Ire période est de 16.05 Fr. par ha ou 340 % et de
1.50 Fr. par m3 exploité ou 136 %.
Tahi.37 Forêt d'enseignement. Les frais pour les chemins
Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
Frais totaux par an en Fr.
en % de 1928/32. . .
1758
100%
1310
74%
4 771
272%
8 533
485%
Frais par m courant
Administration . . .
Total
en % de 1928/32 . . .
Fr. °/o Fr. °/o Fr. % Fr. °/o
—.18
—.24
—.07
37
47
16
—.08
—.01
—.17
—.04
25
3
57
15
—.09
—.09
—.42
—.05
14
14
65
7
—.23
—.04
—.71
—.05
22
3
69
6
—.49
100%
100 —.30
61 %
100 —.65
133 %
100 1.03
210 %
100
Part imputable à
Product. du bois (Fr./ha)
en % de 1928/32 . . .
Récolte du bois (Fr./m3)
en % de 1928/32 . . .
4.70
100%
1.10
100%
3.80
81%
—.75
68 %
13.50
288%
1.65
150%
20.75
440 %
2.60
236%
g) Les frais de production du bois
Entre la Ire et la 4e période, l'extension des forêts et le renchérissement du coût
de la vie ont fait augmenter les frais totaux des 2/s, soit de 59 Fr. par ha ou de 4.25 Fr.
226
par sv d'accroissement. Cette augmentation provient principalement des soins culturaux,
des intérêts, des bâtiments et chemins (cf. tabl. 38). Elle est relativement faible. En
fait, si on les exprime en Fr. de 1914, on s'aperçoit que les frais de production par ha
sont restés pratiquement constants, à l'exception de la 2e période. L'augmentation de
la valeur nominale des frais d'intérêts est inférieure à la dépréciation de l'argent, ils ont
donc diminué de valeur réelle.
Forêt d'enseignement. Les frais de production du bois Tabl. 38
Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
Frais totaux par an
en % de 1928/32 .
27 520
100%
27 470
100%
34 459
126%
45 886
167%
Répartition desfraistotaux
Soins culturaux
Drains....
Clôtures....
Ouvrages de prot. .
Intérêts du capital
forestier....
Bâtiments, chemins
Aménagement . .
Total. . . .
en % de 1928/32.
en Fr. de 1914. .
par ha par sv
d'accr. °/o par ha par sv
d'accr. °/o par ha par sv
d'accr. °/o par ha par sv
d'accr. °/o
25.10
1.65
0.65
131.20
4.90
0.50
1.85
0.15
0.05
9.70
0.35
0.05
15
1
1
80
3
21.35
1.10
L—
135.50
4.75
0.30
1.45
0.05
0.05
9.15
0.30
13
1
1
82
3
34.10
3.40
2.80
1.20
140.90
15.50
0.60
2.75
0.25
0.20
0.10
11.40
1.25
0.05
17
2
1
1
71
8
41.55
1.15
5.10
4.45
145.20
22.65
2.90
3.05
0.10
0.40
0.35
10.65
1.65
0.20
19
1
2
2
65
10
1
164.—
100%
107.—
12.15
100%
8.—
100 164.—
100%
125.—
11.—
91%
8.40
100 198.50
121%
114.—
16.—
132%
9.20
100 223 —
136%
103.—
16.40
136%
7.60
100
Les achats de forêts ont abaissé la valeur moyenne de l'ha de 3275 Fr. pendant la Ire
période à 3150 Fr. pendant la 4e. Il en est résulté une diminution des frais d'intérêts
de 5 Fr. par ha, amplement compensée, il est vrai, par 19 Fr. d'intérêts sur les plus-values du capital forestier.
h) Les frais pour la récolte du bois
Comme le montre le tableau 39, l'augmentation entre la Ire et la 4e période est
causée pour des parts sensiblement égales par celle des exploitations, par le renchérisse¬
ment général du coût de la vie et par d'autres causes que nous chercherons à établir dans
les deux paragraphes suivants.
227
Tabl. 39 Forêt d'enseignement. Les frais de récolte du bois
Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
Frais totaux par ha et par an
en % de 1928/32
58.50
100%
58.50
100%
140.—
239 %
207.—
354%
Frais totaux par m3 exploité et par an
en % de 1928/32
en Fr. de 1914
en % de 1928/32
13.80
100%
9.05
100%
11.35
82%
8.60
95%
17.—
123 %
9.55
105%
26.—
188 %
11.90
131 %
Répartition des frais totaux
Débardage et transport ....
79%
21%
77%
23 %
84%
16%
81%
19%
i) Les jrais de façonnage du bois
Les frais de façonnage sont déterminés par les frais de personnel et les frais d'ad¬
ministration. Ces derniers étant restés pratiquement constants en valeur absolue entre
1928 et 1950, leur proportion centésimale a diminué.
Les rapports annuels indiquent que pendant la première période on employa des
bûcherons non qualifiés et mal outillés; aussi les frais de façonnage furent-ils excessifs
et assez faciles à réduire dans la deuxième période, malgré la proportion de bois d'oeuvre
moins élevée. Dès la troisième, ils ont renchéri. Depuis 1941, on a façonné les tas de
branches en fagots ; dès 1945, on a produit toujours plus de bois de râperie dont le façon¬
nage coûte plus que celui du bois de feu ; dès 1939, et spécialement dès 1945, les exploi¬tations ont eu lieu surtout dans des taillis sous futaie, situés en grande majorité sur les
pentes les plus raides de la forêt (cf. tabl. 40). Un dernier facteur, et probablementle plus influent, entre en jeu : le renchérissement de la main d'œuvre. Les charges sociales
représentaient, —.40 Fr. par m' en 1928/32, —.25 Fr. de 1933 à 1944 et 1.45 Fr.
de 1945 à 1950. Les salaires unitaires ont aussi beaucoup augmenté ; leur évolution est
malheureusement impossible à reconstituer, mais elle doit certainement être la même
que dans le canton de Zurich, où l'indice des salaires des ouvriers forestiers a dépassécelui du coût de la vie, comme le montre la statistique des salaires de l'Office forestier
central suisse :
* . Indice des salaires Indice général duforestiers coût de la vie
1939 100 100
1942 121 141
1945 158 152
1948 187 163
1950 205 158
228
Forêt d'enseignement. Les frais de façonnage du bois Tabl.40
Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
Frais par m3 et par an .
en % de 1928/32. . .
11.05 Fr.
100 %
8.70 Fr.
79%
14.25 Fr.
129 %
21.— Fr.
190%
Répartition des frais
Amortissement. . .
Administration....
Fr. »/„ Fr. % Fr. »/„ Fr. o/„
8.50
—.10
—.05
2.35
—.05
77
1
21
1
6.25
—.10
—.05
2.10
—.20
72
1
1
24
2
10.95
—.30
—.20
2.55
—.25
77
2
1
18
2
17.30
—.50
—.40
—.05
2.55
—.20
82
3
2
12
1
Proportion d. assortiments
Bois de service. . . 54 %
46%
38%
62%
36%
64 %
49%
51 %
Répartition d. exploitations
Divisions à taillis sous
Divisions en futaie. .
31 %
69%
33%
67 %
44 %
56%
54%
46%
La connaissance de cette évolution permettrait de mesurer exactement l'effet des
cours de bûcheronnage, de l'engagement d'ouvriers qualifiés et de l'introduction de
meilleurs outils sur le rendement financier.
j) Les frais de débardage du bois d'œuvre
Le débardage du bois de feu et de râperie est exécuté par les bûcherons; aussi ses
frais sont-ils compris dans le façonnage du bois.
Depuis 1932, tout le bois d'œuvre a été vendu rendu à port de camion ; avant, une
partie était débardée aux frais de l'acheteur. Voilà la raison de la hausse constatée entre
la Ire et la 2e période. La baisse entre la 2e et la 3e provient des nouveaux chemins, quiont réduit les frais de main d'œuvre, les frais divers et les frais d'administration de
2 Fr. par m3 ou de 40 %, sans provoquer pour eux-mêmes des frais nouveaux excessifs.
Entre la 3e et la 4e période, le débardage renchérit sérieusement. Les exploitations ont
eu lieu dans les divisions les plus escarpées de la forêt et ont livré une proportion accrue
de petits bois d'œuvre feuillus. Le renchérissement général de la main d'œuvre se fait
sentir de plus en plus et les frais pour les chemins s'accroissent encore (cf. tabl. 41).
229
Forêt d'enseignement.
Tabl.41 Les frais de débardage du bois d'œuvre
Période1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
Fr. °/o Fr. 7o Fr. °/o Fr. °/o
Répartition des frais par m3
Administration. . .
Total
en % de 1928/32 . . .
—.50
2.40
—.15
1.10
12
58
4
26
1.90
2.70
—.50
—.75
32
46
9
13
1.15
1.70
—.25
1.65
24
36
5
35
1.10
3.45
—.10
2.60
14
53
1
32
4.15
100%
100 5.85
141 %
100 4.75
114%
100 7.25
175%
100
Assortiments
98%
2%
94%
6%
74%
26%
74%
26%
k) Les établissements accessoires
La création d'établissements accessoires avait pour but, d'une part d'assurer des
occasions de travail pour le personnel pendant les périodes creuses, d'autre part d'élever
le rendement financier. Le tableau 42 indique le résultat net de ces établissements pen¬
dant la 4e période. On voit que le but recherché n'a été que partiellement atteint. Ces
trois établissements ont chaque année diminué le rendement net de l'exploitation. La
pépinière de Glanzenberg commence à être rentable en 1950 ; celle de la Grossmatt doit
naturellement boucler par un déficit la Ire année. Le hangar à bois a eu un résultat
décevant.
Forêt d'enseignement.
Tabl.42 Le résultat des établissements accessoires (en Fr.)
Année 1945 1946 1947 1948 1949 1950 Total
Hangar
GlanzenbergGrossmatt
Total
-70 -70 -70 - 679
-2350
1675
-6912
- 1559
5 523
-21716
- 774
- 3 738
-21716
-70 -70 -70 -3029 -5237 -17 752 - 26 228
Le taux de rendement de l'ensemble des capitaux engagés dans l'exploitation est pen¬
dant la 4e période inférieure à celui de la forêt ; il égale 3,5 % seulement.
230
I) Utilisation du bénéfice net de l'exploitation
Le poste Attributions au Fonds de réserve (cf. tabl. 43) comprend encore des attri¬
butions à d'autres comptes de passifs, comme la Contre-partie passive des plus-valuesdu capital forestier, etc.
Forêt d'enseignement.
Utilisation du bénéfice net d'exploitation Tabl. 43
Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50
Bénéfice net de l'exploitation . .
+ Produits hors-exploitation . . .
Total
38 047
7 700
89 064
6 092
189 229
1087
196 057
37 177
45 747
-500
- 26 950
95 156
- 6 092
- 43 500
190 316
- 3 714
- 1385
- 65 087
233 234
-17 416
- 75 788
-16 474
- 825
- 34 994
- Autres charges hors-exploitation .
- Attributions au Fonds de réserve
Différence
Intérêts dus au Fonds d'Ecole. .
18 297
110 000
45 564
130 800
120 130
130 560
87 737
156 339
Pendant les deux dernières périodes, le bénéfice net de l'exploitation aurait suffi pour
payer les intérêts dus au fonds inaliénable de l'EPF et permettre les attributions au
Fonds de réserve. Mais les charges hors-exploitation ont atteint un tel montant que l'en¬
treprise en entier boucle par un déficit. Celui-ci s'explique par des raisons administra¬
tives. En effet, pour une simplification budgétaire, la Comptabilité fédérale exige qu'on
comptabilise à charge de la Forêt d'enseignement les dépenses pour l'entretien de la
Maison forestière et pour une partie des essais exécutés par l'Institut de sylviculturede l'EPF.
m) Conclusions
Les chiffres de la comptabilité commerciale prouvent que l'intensification de la ges¬
tion a amélioré très fortement le rendement net; il ne semble pas qu'elle ait atteint sa
limite supérieure.Le traitement sylvicole appliqué, en harmonie avec les lois de la nature, a agi rapide¬
ment car, au bout d'une quinzaine d'années, on constatait déjà ses effets sur le rende¬
ment financier. Il l'a influencé favorablement et, comme le montre le tableau 44, l'aug¬mentation de la valeur intrinsèque du bois qu'il a causée entre la Ire et la 4e période
est supérieure à celle des frais de production. Il mérite d'être continué dans le même sens.
Les augmentations du matériel sur pied et les améliorations forestières s'avèrent ainsi
rentables. L'extension du réseau routier l'est aussi. Elle a influencé avec profit la valeur
231
Tabl. 44
Forêt d'enseignement. Frais de production et plus-value du bois
par m3 exploité, provoquée par le traitement sylvicole
Augmentations des frais de production par sv Plus-value du bois par m3 exploité entre la Ire
d'accrois. entre la Ire et la 4e période et la 4e période
Soins culturaux 1.20 Fr. Meilleure qualité du bois. .
3.60 Fr.
Intérêts du. capital forestier. —.95 Fr. Meilleure adaptation des
Drains, clôtures, travaux de produits offerts aux besoins 1.80 Fr.
protection, aménagement . . —.80 Fr.
2.95 Fr. 5.40 Fr.
Meilleures conditions de
Bâtiments et chemins. . . 1.30 Fr. vidange 1.80 Fr.
Total 4.25 Fr. Total 7.20 Fr.
du bois (cf. tabl. 44) et permet de réduire effectivement les frais de débardage. Par
exemple dans la période 1945/50, si elle n'avait pas eu lieu, la distance moyenne de
débardage aurait été de 83 % plus longue. En admettant que les frais de débardage sont
proportionnels à la distance — ce qui est licite (Soom, 36; Steinlin, 38) — et en tenant
compte de la différence des frais pour les chemins, on obtient la comparaison suivante :
Personnel.
Divers
Administration
Chemins
Total
Frais avec le nouveau Frais avec l'ancien
réseau routier réseau routier
1.10 Fr. 1.10 Fr. x 1.83 = 2.— Fr.
3.45 Fr. 3.45 Fr. x 1.83 = 6.30 Fr.
—.10 Fr. —.10 Fr. x 1.83 =--.20 Fr.
2.60 Fr. -.35 Fr.
7.25 Fr. 8.85 Fr.
On voit donc que les nouveaux chemins ont fait économiser en moyenne 1.60 Fr.
par m3 de bois d'œuvre débardé.
Tous ces investissements entraînent une hausse sensible des frais d'amortissement
et d'intérêts; elle se répartit sur les sections Production du bois et Récolte du bois
comme suit:
Amortissement Intérêts Total
Production du bois 9.25 Fr. 32.45 Fr. 41.70 Fr.
Récolte du bois 3.90 Fr. 15.35 Fr. 19.25 Fr.
Total 13.15 Fr. 47.80 Fr. 60.95 Fr.
Elle rend l'entreprise toujours plus sensible à la conjoncture. Pour obvier à cet in¬
convénient, ce serait une erreur de renoncer dorénavant à de nouveaux investissements,
car certains sont encore capables d'améliorer le rendement financier, comme, par
exemple, la construction des tronçons pas encore réalisés du réseau routier général. Mais
232
il faudra agir avec pondération et n'exécuter que les projets les plus profitables avec le
moins de frais possible. D'autre part, il sera prudent de constituer un fonds de réserve
de crise.
D'autres frais fixes, les frais d'administration, ont subi une augmentation d'autant
plus considérable qu'elle est presque irréversible, car ils se composent principalementdu traitement du personnel permanent. Un remède à cette situation consiste à élargirles tâches des employés. On peut affirmer que 200 ha de forêts n'occupent pas assez un
garde forestier, même s'il doit une partie de son temps à des démonstrations et à l'en¬
seignement. L'administration de la Forêt d'enseignement l'a compris et a pris des me¬
sures dans ce sens: elle a créé la pépinière de la Grossmatt en 1950 et, en 1951, a acceptéla gestion technique des forêts voisines de la corporation de Ringlikon.
L'administration de la Forêt d'enseignement, elle aussi, n'a pas conservé toutes les
données techniques nécessaires pour expliquer entièrement les chiffres de la comptabi¬lité commerciale. Les conclusions que nous en avons tirées ne représentent donc qu'une
partie de celles qu'ils pourraient suggérer. A l'aide de ces données, nous aurions pu
étudier en détail les méthodes de travail et leurs frais, calculer le prix de revient uni¬
taire des plants produits en pépinière, des investissements, etc. et suggérer éventuel¬
lement des perfectionnements.
X. Résumé et conclusion
La comptabilité de l'entreprise forestière doit indiquer la situation financière dé¬
taillée de l'entreprise, calculer et analyser le résultat financier, permettre le calcul des
prix de revient et celui de la rentabilité des investissements. La comptabilité tradition¬
nelle appliquée dans les entreprises forestières ne répond pas à ces exigences, mais bien
la comptabilité commerciale.
La comptabilité commerciale détermine les capitaux engagés dans l'entreprise le
jour de son ouverture et note ensuite leurs augmentations ou leurs diminutions; elle ne
cherche pas à enregistrer les variations de la valeur des forêts.
La comptabilité de l'entreprise forestière doit aussi tenir compte des augmentations
et des diminutions du matériel sur pied. Les augmentations seront considérées comme
un investissement d'une valeur égale soit à leur prix de revient, soit au bénéfice supplé¬mentaire réalisable par l'exploitation intégrale de l'accroissement. De ces deux mon¬
tants, on comptabilisera toujours le plus bas. Quant aux diminutions, il y a deux cas.
Consécutives à une augmentation du matériel, elles entraîneront une réduction propor¬
tionnelle de la plus-value du capital forestier inscrite au bilan. Dans le cas contraire,
elles justifieront un amortissement du capital forestier seulement si elles proviennentd'une destruction partielle de la forêt et réduisent en permanence l'accroissement sou¬
tenu. Le montant à amortir sera proportionnel à la surface ou au volume détruits.
Le capital forestier dont le prix d'achat ou le prix de revient sont inconnus, s'éva¬
lue à sa valeur de rendement. Celle-ci s'obtient en capitalisant à un taux de rentabilité
233
raisonnable le revenu annuel moyen indiqué par la première période de la comptabilitécommerciale. Ce revenu aura été critiqué pour savoir s'il correspond à une gestionintensive rationnelle, et rectifié au besoin.
Les méthodes générales pour le calcul des prix de revient sont applicables à
l'entreprise forestière.
La méthode de comptabilité proposée a été appliquée dans deux entreprises fores¬
tières du Plateau suisse. En voici les principaux résultats:
Dans l'entreprise forestière de X, les capitaux investis ont fonctionné entre 1935 et
1946 à un taux de 5,8 % en moyenne. Comparé à la Série A, feuillue, en partie com¬
posée de taillis sous futaie, la Série B, résineuse, a rapporté plus : 56 % pour le rende¬
ment net par ha et 20 % pour le rendement brut par ha. Ses frais unitaires pour la
récolte du bois sont de 11 % inférieurs et ceux pour la production du bois, pratique¬ment égaux à ceux de l'autre série. L'analyse des chiffres montre que la Série B doit
sa supériorité en premier lieu, à la fertilité plus grande de ses sols et au fait qu'elleest traitée depuis longtemps en futaie, et en second lieu seulement, à sa proportion de
résineux plus forte. L'analyse des chiffres montre encore que les efforts entrepris
pour rationaliser la récolte du bois ont influencé favorablement le rendement financier.
Enfin elle donne à penser que la possibilité fixée pour la période 1947 à 1956 est pro¬
bablement trop basse pour assurer au capital une rentabilité satisfaisante et qu'il vau¬
drait mieux ralentir la capitalisation de matériel sur pied prévue. D'autre part le but
assigné à celle-ci paraît difficile à justifier du point de vue économique.Dans la Forêt d'enseignement de l'Ecole polytechnique fédérale, le rendement net
moyen par ha a passé de 44.15 Fr. dans la période 1928/32 à 165.35 Fr. dans la
période 1945/50, soit une hausse de 275 %. La valeur intrinsèque du bois a augmentéde 40 % ; cette augmentation provient pour une moitié du renchérissement général du
bois et pour l'autre de l'intensification de la gestion et du traitement sylvicole. Les
investissements se sont avérés rentables; en particulier, la construction d'un réseau
routier moderne a permis une économie de 1.60 Fr. par m3 sur les frais de débardagedu bois d'œuvre pendant la 4e période. Dès 1939, les capitaux investis ont fonctionné
en moyenne à 4-4,5 %.
Les deux entreprises n'ayant pas conservé toutes les données techniques nécessaires,
nous n'avons pas pu montrer tous les renseignements que la comptabilité commerciale
peut donner sur les causes des variations du rendement net, sur la rentabilité des inves¬
tissements, sur les prix de revient, sur les méthodes de travail, etc.
La gestion des forêts se libère progressivement de la longue domination de l'empi¬risme et des dogmes. L'aménagement selon la méthode du contrôle a été l'instrument de
cette libération dans le domaine de l'aménagement et du traitement sylvicole ; la phyto-
sociologie l'a été dans le domaine de la détermination des conditions écologiques et du
choix des essences. Si le présent ouvrage pouvait convaincre que la comptabilité com¬
merciale est une méthode apte à jouer ce rôle dans l'étude des facteurs économiques, il
aurait rempli son but.
234
ZusammenfassungDie kaufmànnische Buchhaltung in der
forstlichen Unternehmung
Die Buchhaltung der forstlichen Unternehmung soll ûber die finanzielle Lage de-
taillierten AufschluB geben, den jinanziellen Erfolg ermitteln und analysieren, die
Berechnung der Selbstkosten und der Rentabilitât der Investierungen ermoglichen.Diesen Anforderungen vermag nur die kaufmànnische Buchhaltung zu genûgen, nicht
aber die bisher ûbliche Buchfûhrung der forstlichen Untemehmungen.Die kaufmànnische Buchhaltung weist die am Tage der Erôffnung in der Unter¬
nehmung angelegten Vermôgenswerte und deren spàtere Zu- oder Abnahme nach.
Sie versucht aber nicht die Schwankungen des Waldwertes zu erfassen.Die forstliche Buchhaltung muB auch die Verànderung des stehenden Vorrates
berûcksichtigen. Die Vorratserhbhung wird als eine Anlage betrachtet, die nach ihren
Selbstkosten oder nach dem zusàtzlichen Gewinn bewertet wird, der durch die Nutzungdes vollen Zuwachses erzielt werden kônnte. Von diesen beiden Werten wird stets der
niedrigere in die Bilanz eingetragen. Bei der Vorratsverminderung sind zwei Fàlle
zu unterscheiden. Folgt sie auf eine Zunahme des Vorrates, so wird der bilanzierte
Mehrwert des Waldkapitals entsprechend herabgesetzt. Im gegenteiligen Fall wird das
Waldkapital nur dann abgeschrieben, wenn die Vorratsverminderung durch eine teil-
weise Zerstôrung des Waldes verursacht worden ist und sie eine dauernde Herab-
setzung des nachhaltigen Zuwachses zur Folge hat. Die Abschreibung erfolgt propor-
tional zum zerstôrten Waldareal oder Holzvorrat.
Wenn der Ankaufspreis oder der Selbstkostenpreis des Waldkapitals nicht bekannl
sind, so wird dièses nach dem mittleren Jahresreinertrag der ersten Période bewertet.
Der Reinertrag wird aus der kaufmànnischen Buchhaltung entnommen und nôtigen-
falls berichtigt, sofern er nicht aus einer intensiven und zweckmàBigen Bewirtschaftung
entspringt. Die Kapitalisierung erfolgt zu einem ZinsfuB, der einer normalen Rentabili¬
tât entspricht.Die allgemeinen Verfahren der Selbstkostenrechnung lassen sich auch in der Forst-
wirtschaft anwenden.
Die vorgeschlagene Buchhaltungsmethode wurde in zwei forstlichen Unternehmun-
gen des schweizerischen Mittellandes erprobt. Sie fùhrte im wesentlichen zu folgenden
Ergebnissen:In der Forstverwaltung von X verzinsten sich die angelegten Kapitalien von 1935
bis 1946 im Mittel zu 5,8 %. Im Vergleich zum Betriebsteil A, Laubholz, zum Teil
Mittelwald, lieferte der Betriebsteil B, Nadelholz, ein besseres Ergebnis: der Netto-
ertrag pro ha war 56 %, der Bruttoertrag 20 % hôher. Die Holzerntekosten pro m3 wa-
ren 11 % niedriger, die Holzerzeugungskosten praktisch gleich wie im Betriebsteil A.
Die Untersuchung der Ergebnisse zeigt, daB die Vberlegenheit des Betriebsteils B in
erster Linie der hôheren Bodenfruchtbarkeit und des seit langem eingefûhrten Hoch-
waldbetriebs, in zweiter Linie seinem hôheren Nadelholzanteil zu verdanken ist. Es
ergibt sich ferner, daB die MaËnahmen zur Rationalisierung der Holzernte den finan-
235
ziellen Erfolg gûnstig beeinfluBt haben. Die Vntersuchung làBt schlieBlich die An-
nahme zu, daB der Etat fur die Période 1947/56 wahrscheinlich zu tief festgesetzt ist,
um eine befriedigende Verzinsung des Kapitals zu gewàhrleisten, und daB es zweck-
màBiger wàre, die vorgesehene Vorratserhôhung zu verlangsamen. Anderseits erscheint
die Hôhe des angestrebten Vorrates vom wirtschaftlichen Standpunkt aus schwer zu
rechtfertigen.Im Lehrwald der Eidgenôssischen Technischen Hochschule ist der jàhrliche durch-
schnittliche Reinertrag pro ha von 44.15 Fr. in der Période 1928/32 auf 165.35 Fr.
in der Période 1945/50, also um 275 %, gestiegen. Der innere Wert des Holzes hat
sich um 40 % erhôht. Dièse Zunahme ist zur einen Hàlfte auf die allgemeine Verteue-
rung des Holzes, zur andern auf die intensivere Bewirtschaftung und die verfeinertewaldbauliche Behandlung zurûckzufûhren. Die vorgenommenen Investierungen erwie-
sen sich als rentabel; so erlaubte der Ausbau eines neuzeitlichen, dichten Wegnetzeseine Einsparung von 1.60 Fr./m3 bei den Rùckkosten fur Nutzholz wâhrend der 4. Pé¬
riode. Seit 1939 warfen die investierten Kapitalien im Mittel 4—4,5 % ab.
In beiden Verwaltungen blieben gewisse technische Unterlagen nicht erhalten. Des-
halb UeBen sich nicht aile SchluBfolgerungen ziehen, die die kaufmànnische Buch-
haltung liber die Schwankungen des Reinertrages, die Rentabïlitàt der Investierungen,die Selbstkostenpreise, die Arbeitsmethoden, usw. gestattet.
Die Waldwirtschaft lôst sich allmàhlich von der Herrschaft der Empirie und der
Dogmen. Die Kontrollmethode ermôglichte diesen Vorgang auf dem Gebiete der Ein-
richtung und der waldbaulichen Behandlung, die Pflanzensoziologie auf dem Gebiete
der Standortskunde und der Baumartenwahl. Die kaufmànnische Buchhaltung ist ge-
eignet, ihn auf das wirtschaftliche Gebiet auszudehnen. Vermochte die vorliegendeArbeit davon zu ûberzeugen, so hat sie ihr Ziel erreicht.
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237
Curriculum vitae
Originaire de Rivaz (Vaud), je suis né à Lausanne en 1926.
Après, avoir suivi trois ans les classes de l'Ecole nouvelle à
Chailly/Lausanne, j'ai fréquenté cinq ans le Collège classiquecantonal à Lausanne, une année la Kantonsschule à Zurich et
deux ans le Gymnase classique cantonal à Lausanne où j'aiobtenu en 1944 le diplôme de bachelier es lettres, avec la men¬
tion latin-mathématiques spéciales. Je me suis immatriculé la
même année à l'Ecole forestière de l'Ecole polytechnique fédé¬
rale dont je suis sorti en 1948 avec le diplôme d'ingénieurforestier. Après les stages réglementaires chez MM. Fliick,
inspecteur forestier à Berne, et Omlin, inspecteur cantonal des
forêts à Sarnen, j'ai reçu le brevet fédéral d'éligibilité à un
poste supérieur de l'administration forestière en décembre 1950.
Depuis novembre 1950, je travaille en qualité d'assistant à
l'Ecole forestière de l'EPF sous la direction de M. le profes¬seur Ch. Gonet. Là, j'ai eu l'occasion de perfectionner ma for¬
mation professionnelle par l'élaboration de cette thèse de doc¬
torat et par des voyages d'études au Danemark et en Grande-
Bretagne.J.-B. Chappuis