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Research Collection Doctoral Thesis La Comptabilité commerciale de l'entreprise forestière, Author(s): Chappuis, Jean-Bernard Publication Date: 1954 Permanent Link: https://doi.org/10.3929/ethz-a-000088870 Rights / License: In Copyright - Non-Commercial Use Permitted This page was generated automatically upon download from the ETH Zurich Research Collection . For more information please consult the Terms of use . ETH Library

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Research Collection

Doctoral Thesis

La Comptabilité commerciale de l'entreprise forestière,

Author(s): Chappuis, Jean-Bernard

Publication Date: 1954

Permanent Link: https://doi.org/10.3929/ethz-a-000088870

Rights / License: In Copyright - Non-Commercial Use Permitted

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Prom. No 2371

La comptabilité commerciale de

l'entreprise forestière

THÈSE

présentée

à l'Ecole polytechnique fédérale, Zurich

pour l'obtention du

grade de Docteur es Sciences techniques

par

Jean-Bernard Chappuis

ing. for. dipl.

de Rivaz (Vaud)

Rapporteur: M. le prof. Ch. Gonet

Corapporteur : M. le prof. Dr. E. Gerwig

1954

Verlagsanstalt Buchdruckerei Konkordia Winterthur

Tiré à part des

«Annales de l'Institut fédéral de recherches forestières»

XXXI Tome, 1er cahier

Zurich 1954

TABLE DES MATIÈRES

La comptabilité commerciale de l'entreprise forestière

Par Jean-Bernard ChappuisPage

Préface 153

I. Introduction 153

IL Quelques notions comptables et forestières 155

III. Les articles du bilan dans une entreprise forestière; leur évaluation et

leur amortissement 156

A. Les articles du bilan 156

B. L'évaluation des articles du bilan 158

C. Les amortissements 159

IV. La présentation du compte de résultats dans l'entreprise forestière. .

161

V. Contrôle de l'économie de la gestion 163

A. Exposé du problème 163

B. Délimitation de l'exploitation 163

C. Le contrôle technique de l'exploitation 164

D. Les frais 165

E. Détermination des frais annuels de l'exploitation ....168

F. La division de l'exploitation en sections 169

G. Répartition des frais totaux sur les sections 170

H. Imputation des frais aux prestations des sections 172

VI. Contrôle de la rentabilité de l'exploitation 174

A. Détermination du rendement brut et du rendement net .... 174

B. La feuille d'analyse de l'exploitation 175

VIL Problèmes spéciaux de la comptabilité forestière 178

A. L'évaluation du capital forestier 178

B. La production du bois et son prix de revient 182

C. L'évaluation des plus-values ou des moins-values du capital forestier 185

D. Les exercices comptables forestiers 188

E. Le plan comptable d'une entreprise forestière 189

VIII. La comptabilité commerciale de l'entreprise forestière de X. . . .

191

A. L'entreprise forestière de X et sa comptabilité 191

B. Les résultats de l'entreprise pendant la période 1935/46. . .

197

C. La gestion des forêts 201

IX. La comptabilité commerciale de la Forêt d'enseignement de l'Ecole poly¬

technique fédérale 213

A. La Forêt d'enseignement et sa comptabilité commerciale. . .

213

B. Les résultats de la gestion d'après le plan d'aménagement . . .217

C. Les résultats de la gestion d'après la comptabilité commerciale. .

218

X. Résumé et conclusion 233

Zusammenfassung 235

Ouvrages consultés 236

La comptabilité commerciale de

l'entreprise forestière

Par Jean-Bernard Chappuis

Préface

La comptabilité de l'entreprise forestière est un sujet dont on s'est peu occupé dans

notre pays malgré l'importance des problèmes qu'elle doit aider à résoudre. Le présent

travail cherche à combler cette lacune et propose une méthode tenant compte des pro¬

grès scientifiques et des expériences faites dans d'autres branches de l'économie pen¬

dant les dernières décennies. Il en expose les principes, sans entrer dans les détails

d'application, qui doivent être examinés dans chaque cas.

Ce travail a été exécuté sous la direction de M. le prof. Ch. Go net, auquel nous ex¬

primons notre très vive gratitude pour son appui constant et ses avis précieux. Nous

adressons de même nos remerciements sincères à M. le prof. Dr. E. G e r w i g pour ses

utiles conseils. Nous tenons à remercier vivement pour leur grande complaisance le

gérant des forêts de X, qui désire garder l'anonymat, et celui de la Forêt d'en¬

seignement de l'Ecole polytechnique fédérale, M. le prof. Dr. H. Leibundgut ; ils

ont mis à notre entière disposition tous les documents comptables et archives de leur

administration, rendant ainsi possible l'essai pratique des procédés décrits dans la suite.

Enfin nous remercions aussi très vivement M. le prof. Dr. H. B u r g e r,

directeur de

l'Institut fédéral de recherches forestières, d'avoir accueilli notre travail dans les Anna¬

les de cet institut.

I. Introduction

La science de la forêt a beaucoup progressé depuis un siècle. La comptabilité, elle,

n'a pas évolué parallèlement et reste une simple statistique des recettes et des dépenses.

Aussi, dans les entreprises forestières, ignore-t-on encore le montant des capitaux en¬

gagés, leur rendement financier véritable, leur rentabilité et se trouve-t-on dans l'inca¬

pacité de calculer les prix de revient.

Les conséquences de cette situation sont graves. Le propriétaire ne peut juger équi-

tablement la gestion du forestier. Celui-ci ne peut prouver ni la rentabilité des investis-

153

sements exécutés, ni l'effet utile d'une gestion intensive sur le rendement financier. Pour

justifier son action, il est privé des arguments les plus forts, de ceux qui, énoncés en

francs et centimes, frappent les profanes mieux que les résultats favorables des révi¬

sions d'aménagement. Appelé à choisir entre différentes méthodes de travail, les élé¬

ments nécessaires pour déterminer la plus économique lui manquent; il doit se fier à

des conjectures. Une comparaison correcte des résultats de l'économie forestière avec

ceux d'autres utilisations du sol ou d'autres activités économiques est impossible. Trop

souvent, pour parer aux attaques d'adversaires armés de leurs enquêtes sur la renta¬

bilité, les forestiers sont réduits à invoquer en dernier recours le rôle protecteur de la

forêt. L'influence des variations de prix, des hausses de salaires, des impôts fonciers et

d'autres facteurs ne peut être mesurée avec exactitude. Les autorités chargées d'allouer

les subventions légales manquent de renseignements sur la situation financière des

bénéficiaires. La sylviculture, qui vise à «la production de valeurs soutenue la plus éle¬

vée» (Leibundgut, 27), n'a pas le moyen de reconnaître si elle atteint son but. Enfin,

les experts en estimation forestière sont contraints, soit de recourir à des méthodes con¬

venant mal à nos conditions, soit de se fier à des évaluations subjectives.Divers auteurs (Abetz, 1,2; Dieterich, 9; Dimitz, 10; Eberbach, 11; Gron, 13; Hiley,

14; Knuchel, 21; Krieger, 23; Leibundgut, 28; Mundt, 30; Stengel, 37) ont tenté de

remédier à ces inconvénients. Certains se sont bornés à perfectionner le système tradi¬

tionnel sans changer ses principes ni supprimer ses vices. D'autres ont cherché des mé¬

thodes permettant de révéler les variations de la valeur des forêts, mais ne proposent

pas non plus de solutions satisfaisantes, car, d'une part, les augmentations ou les dimi¬

nutions de la valeur d'une forêt restent des grandeurs problématiques, et, d'autre part,

l'évolution de la valeur d'une forêt n'est pas proportionnelle à l'importance des capi¬

taux investis.

L'économie forestière a donc intérêt à réformer son système actuel de comptabilité.La nouvelle comptabilité devra :

1. Indiquer la situation financière détaillée de l'entreprise ;

2. Indiquer et analyser le résultat financier;

3. Permettre le calcul des prix de revient et celui de la rentabilité des investissements.

Elle aura à résoudre un problème particulier à l'entreprise forestière: l'évaluation

des augmentations et des diminutions du matériel sur pied.C'est la comptabilité double qui répond le mieux à ces exigences. Elle se plie à des

besoins très divers et s'emploie aussi bien dans le commerce, la finance et l'industrie.

L'économie forestière n'a aucune raison pour la rejeter; c'est sur elle que se fonde la

comptabilité forestière décrite dans cette étude.

Nous avons divisé notre travail en deux parties. La première est consacrée à un ex¬

posé de la méthode proposée, la deuxième, à l'examen des résultats de son applicationà deux entreprises forestières ; ce sont l'entreprise forestière de X, dont le gérant tient

à garder l'anonymat, et la Forêt d'enseignement de l'Ecole forestière de l'EPF. Pour

résoudre les problèmes de comptabilité, nous nous sommes inspirés de Bonjour et Ger-

ber, Bourquin, Burri et Màrki, Folliet, Kâfer, Schmialenbach, Walther.

154

II. Quelques notions comptables et forestières

La loi nomme «entreprise» l'objet soumis à une comptabilité. Une entreprise fores¬

tière comprend l'ensemble des forêts d'un propriétaire. Même si elle n'est pas organisée

en institution administrativement autonome, elle présente les caractères essentiels d'une

entreprise: elle produit des prestations économiques, elle est durable, elle possède des

capitaux.

L'activité essentielle de l'entreprise est la production de prestations. Elle se nomme

«exploitation». Toutes les opérations financières provoquées par elle s'appellent «opé¬

rations de l'exploitation». On les distingue de certaines autres, dites «hors-exploitation»,

qui n'ont aucun rapport avec la production et doivent être comptabilisées à part.

La comptabilité double contrôle la situation financière de l'entreprise au moyen

de l'inventaire et du bilan et indique le résultat financier au moyen du compte de ré¬

sultats. Le bilan est un tableau récapitulatif de l'inventaire et montre, à l'actif, les

éléments de la fortune, au passif, les dettes de l'entreprise et les fonds propres. Le

compte de résultats, appelé aussi compte de pertes et profits ou compte d'exploitation,

est un tableau récapitulatif des diminutions et augmentations de fortune survenues

pendant l'exercice écoulé. Les diminutions de fortune sont nommées «charges», les

augmentations, «produits». Leur différence donne le bénéfice réalisé ou la perte subie.

La forêt a certaines propriétés dont on doit tenir compte en élaborant une nouvelle

méthode d'investigation. Elle est plus qu'un sol et des arbres; elle est un organisme

avec son propre milieu intérieur; ses organes sont les arbres, les autres végétaux, les

animaux, les micro-organismes, le sol et l'atmosphère. Elle se régénère par elle-même

sans l'aide de l'homme. Si le sylviculteur intervient néanmoins dans sa vie, c'est pour

«transformer les effets des forces naturelles de manière à en tirer le plus grand effet

utile» (paraphrase selon Biolley) ; la nature ne se soucie pas des besoins de l'homme;

elle produit du bois simplement parce que les espèces arborigènes ne se reproduisent

qu'après avoir atteint des dimensions considérables.

L'accroissement soutenu maximum dépend principalement de la station; il peut

s'obtenir avec un matériel sur pied d'un volume très différent; il suffit que le massif

soit complet et le peuplement ni encombré de matériel, ni composé d'arbres vétustés

(Knuchel, 21, pp. 122 et 123; Burger, 7). La production annuelle d'une forêt est égaleà la somme des manteaux de bois dont tous ses arbres s'entourent annuellement. Com¬

me il est impossible d'enlever à chaque arbre le bois produit pendant une période de

végétation, on ne peut pas récolter la production annuelle effective, mais seulement

son équivalent en abattant un nombre d'arbres d'un volume total égal à l'accroissement.

Il faut beaucoup de temps aux arbres pour devenir exploitables, jusqu'à 200 ou

300 ans pour un chêne. Aussi, la production d'une forêt dépend-elle étroitement de ses

essences constitutives et de son traitement sylvicole antérieur et ne peut-elle pas être

transformée brusquement.Les forêts doivent aussi remplir une mission protectrice dont ce travail n'aura pas à

tenir compte spécialement car il est permis d'affirmer que, sauf certains cas extrêmes,

elle n'influence pas la gestion et le rendement financier. En effet, les recherches scienti-

155

fiques ont prouvé qu'un traitement sylvicole intensif, conforme aux lois de la biologieforestière, assure à la fois la production soutenue la plus élevée et la protection la plusefficace.

Les procédés décrits concernent seulement les entreprises qui conservent leurs forêts

et en possèdent une surface permettant la péréquation du rendement financier annuel.

III. Les articles du bilan dans une entreprise forestière;leur évaluation et leur amortissement

A. Les articles du bilan

a) Remarques au sujet de l'inventaire

Pour donner une idée claire de la structure et de l'activité de l'entreprise, on classe

les articles du bilan en premier lieu, selon leur liquidité, en second lieu, selon leur

destination, leur nature juridique et leur durée d'utilisation. Il est logique que l'inven¬

taire, document préparatoire du bilan, présente les mêmes subdivisions. Il est naturelle¬

ment plus détaillé, puisqu'il spécifie, un à un, tous les objets de l'entreprise. Il est

exigé par la loi mais offre aussi un intérêt technique en permettant de surveiller les

biens de l'entreprise, de contrôler leur état et d'éviter les pertes.

b) Les subdivisions du bilan et de l'inventaire dans

une entreprise forestière

Les actifs se classeront dans les subdivisions ci-dessous :

1. Trésorerie et disponibilités: sommes en espèces de la caisse forestière, solde du

compte de chèques postaux, effets à encaisser, soldes actifs de comptes courants

auprès de banques ou d'une administration publique.2. Débiteurs.

3. Stocks: produits prêts à la vente, tels que bois façonnés non encore vendus, plantsen pépinière ; provisions diverses, telles que gravier pour l'entretien des chemins, etc.

4. Titres : titres de placement, dans la majorité des cas, la contre-partie active des fonds

de réserve.

5. Matériel : mobilier, outils, véhicules, machines, équipements divers.

6. Améliorations forestières: clôtures, peuplements créés artificiellement, drains,

ouvrages de protection contre les torrents, les avalanches, etc.

7. Ouvrages et constructions : bâtiments, cabanes d'abri, chemins, aqueducs, ponts.8. Immeubles: biens-fonds forestiers ou autres, droits distincts et permanents, imma¬

triculés au registre foncier.

156

Les passifs se classeront dans les subdivisions ci-dessous:

1. Comptes courants passifs, effets à payer.

2. Créanciers.

3. Engagements à long terme: emprunts par obligations, dettes hypothécaires.4. Fonds de réserve.

5. Capital propre.

A la clôture des comptes, il arrive souvent que des factures intéressant le prochainexercice aient déjà été payées ou que d'autres, concernant l'exercice écoulé, n'aient pas

encore été reçues. Ces postes, nommés «postes transitoires», sont classés dans des ru¬

briques actifs ou passifs transitoires qui permettent leur attribution à leurs exercices

respectifs.

c) Remarques sur certains articles du bilan

Il faut tenir compte des stocks car leurs variations, souvent très irrégulières, peu¬

vent fausser les résultats annuels.

On n'inscrira dans la rubrique Matériel que des objets utilisables pendant plusd'une année.

Les améliorations forestières sont des ouvrages temporaires, exécutés dans le but,

soit d'élever ou de rendre possible la production de bois, soit de préserver la forêt

contre des ravages. Cette définition ne s'applique pas aux plantations ordonnées pour

compléter des rajeunissements naturels ou introduire des essences précieuses, ni à

celles qui sont nécessaires au rajeunissement continu dans une entreprise recourant ex¬

clusivement à la régénération artificielle; elle ne s'applique pas non plus aux inter¬

ventions sylvicoles visant l'amélioration de la production, comme les soins culturaux,

les nettoiements et les autres mesures de culture. Tous ces travaux sont des travaux

d'entretien courant de la forêt et toute gestion intensive doit les exécuter. En revanche,

les plantations destinées à la création de peuplements accessoires, à des restaurations

ou à des transformations de peuplements sont des améliorations forestières ; elles ont

un caractère exceptionnel, même si leur surface est relativement petite; elles corrigentdes erreurs antérieures de la gestion ou réparent des dégâts extraordinaires; il arrive

souvent qu'on les exécute d'après un projet particulier et que leur étendue dépasse celle

des plantations habituelles; leur action est temporaire puisque les arbres qui en sont

issus seront une fois exploités et remplacés par le rajeunissement normal.

Nous considérons comme biens-fonds forestiers, ou capital forestier ou forêt tout

court, le tout formé par le sol et le matériel sur pied. Le capital forestier est produc¬tif par lui-même, les améliorations forestières, les ouvrages et les constructions ne le

sont pas; les premières sont des auxiliaires de la production du bois, les autres servent

avant tout à l'administration et à la récolte du bois. C'est pourquoi nous classons ces

différents éléments de l'actif dans des rubriques distinctes.

Il reste à discuter les remaniements parcellaires et les travaux de séparation entre

pâturage et forêt. Ces travaux occasionnent d'une part l'exécution d'ouvrages, tels que

157

clôtures, chemins, plantations et d'autre part des changements permanents des condi¬

tions culturales. Ces derniers augmentent la valeur du terrain; ils ne sont pas des

ouvrages, mais ont toutefois nécessité des opérations coûteuses. C'est pourquoi il semble

logique de les classer, non avec les améliorations forestières, mais bien avec le capitalforestier.

B. l'évaluation des articles du bilan

Cette opération est réglée par des normes reconnues dans la loi. Il est défendu de

surestimer les actifs et il faut comptabiliser leurs moins-values dès leur constatation.

«La comptabilisation des augmentations de valeur dont bénéficient certains éléments

de l'actif (immeubles, bâtiments) par le seul fait des circonstances et sans qu'il y ait

prestation de l'entreprise est interdite; on ne peut pas faire figurer à l'actif une augmen¬

tation de valeur espérée, non réalisée» (Folliet, 12).

Il y a quatre règles d'évaluation des articles du bilan :

1. Evaluation au prix coûtant de la chose.

a) Tous les éléments de l'actif qui sont achetés s'évaluent à leur prix d'achat augmentédes frais divers (transport, installation, etc.) survenus jusqu'à ce qu'ils soient à dis¬

position.

b) Ceux qui sont produits dans l'entreprise s'évaluent à leur prix de revient net.

2. Evaluation au prix de vente de la chose.

Certains éléments de l'actif, susceptibles d'être réalisés à court terme, comme les

stocks de marchandises destinées à la vente, doivent être évalués au prix de vente pra¬

tiqué sur le marché, lorsqu'il est inférieur à leur prix coûtant.

3. Evaluation des titres.

Les titres cotés en Bourse sont inscrits au bilan au maximum pour une somme égaleà leur cours moyen dans le mois qui précède la date du bilan ; les titres non cotés, au

maximum au prix d'acquisition.

4. Evaluation des autres articles du bilan.

Les espèces, les moyens de payement, les soldes des comptes courants, les créances,

les dettes et les fonds sont inscrits au bilan pour leur montant réel.

Ces règles permettent l'évaluation des articles du bilan acquis après l'ouverture de

la comptabilité. Pour évaluer les choses déjà possédées, on recherche leur prix coûtant

au moment de leur acquisition et on en soustrait les dépréciations subies depuis. Sou¬

vent le prix de revient d'un ouvrage est inconnu. On l'estimera au moyen des données

de l'expérience et en tenant compte de ses dépréciations. Parfois le prix d'achat n'in¬

dique que la valeur globale du tout, mais pas celle des parties. Dans ce cas on le répar¬tit d'une manière raisonnable.

158

Très souvent, ces règles d'évaluation se révèlent inapplicables pour le capital fores¬

tier car dans notre pays on ignore le prix d'achat de la plupart des forêts. Nous expo¬

serons plus loin la méthode proposée pour surmonter cet obstacle.

A certaines exceptions près, les actifs ne conservent pas leur valeur initiale. La

comptabilisation des plus-values est en principe interdite; néanmoins, les augmenta¬

tions du matériel sur pied entraînent des plus-values du capital forestier qu'il faut en¬

registrer pour obtenir une image complète du rendement financier. Ce n'est pas possibledans la comptabilité traditionnelle et c'est là une de ses lacunes. Quant aux moins-

values, nous allons voir comment on les évalue et comment on les enregistre.

C. Les amortissements

a) Causes et définition

Pour bien des objets, l'emploi et les intempéries provoquent des dépréciations irré¬

médiables malgré un entretien suffisant. Les progrès techniques peuvent avoir le même

effet; dans la Forêt d'enseignement de l'EPF, par exemple, les anciens chemins de terre

devinrent sans valeur dès le moment où on les remplaça par des routes carrossables

pour des camions lourds. D'autre part, certaines installations, comme un téléférique de

chantier, perdent leur valeur à l'expiration de leur période d'utilisation. Citons enfin

une dernière cause de dépréciation: les accidents divers: avalanches, crues de torrents,

cyclones, etc. Ces dernières dépréciations doivent être enregistrées immédiatement et en

entier. Une entreprise prévoyante crée des réserves en vue de ces éventualités.

Dans tous les autres cas, on peut prévoir le moment où un objet aura perdu toute sa

valeur. Aussi répartit-on à l'avance cette perte sur les exercices précédents au moyen

des «amortissements-», atténuant ainsi ses répercussions sur le rendement financier. Ici

apparaît avec netteté la différence de conception entre la comptabilité double et les

comptabilités forestières actuelles à base camérale. Dans la première, la dépense pour

un investissement n'influence pas le résultat de l'année d'exécution; elle apparaît à

l'actif, puis, grâce aux amortissements, est répartie par quotes-parts annuelles tant que

l'investissement durera. Au contraire, dans les comptabilités forestières actuelles, elle

grève seulement le résultat de l'année d'exécution; ce procédé heurte le bon sens.

b) Les méthodes a"amortissement

L'amortissement d'un objet dépend de trois facteurs:

1. De la valeur initiale. Celle-ci se trouve à l'inventaire.

2. De la valeur de liquidation. Une fois hors d'usage, un objet peut avoir une valeur

marchande comme matière: vieux fer, bois de démolition, etc. Dans ce cas, on l'amor¬

tit jusqu'à cette valeur, sinon jusqu'à L— Fr.

3. De la durée d'utilisation. Celle-ci s'estime généralement en années d'usage effectif.

Les manuels de comptabilité agricole (Laur, 25; Laur et Hùni, 26) fournissent des

renseignements précieux à ce sujet.

159

Ces trois facteurs une fois déterminés, il s'agit de choisir la méthode d'amortisse¬

ment. Deux d'entre elles sont les plus répandues et les plus pratiques; ce sont les sui¬

vantes :

1. Méthode de l'amortissement constant.

Elle se caractérise par le fait que la valeur initiale de l'objet est diminuée chaque

année du même montant. Celui-ci s'obtient en divisant la valeur à amortir par la durée

d'utilisation, ou, ce qui revient au même, en multipliant la valeur initiale par un taux

adéquat (p. ex. 10 % pour une durée d'utilisation de 10 ans).

2. Méthode des amortissements décroissants (ou variables en % de la valeur comp¬

table) .

Elle se caractérise par le fait que la valeur initiale de l'objet est diminuée chaque

année d'un montant plus petit. Celui-ci s'obtient en multipliant la valeur comptable de

l'objet, inscrite à l'inventaire, par un taux correspondant à la durée d'utilisation.

En théorie, ces méthodes donnent des résultats très différents comme l'illustrent les

deux courbes de la figure 1, montrant l'allure de l'amortissement d'une valeur ramenée

à Vio en 10 ans. Pour atteindre des valeurs égales dans la même période, on doit choi¬

sir, avec la méthode des amortissements décroissants, un taux plus élevé. Approximative¬

ment, il doit être un peu plus du double de celui des amortissements constants. (Dans la

figure 1, le taux pour l'amortissement constant est de 9%, pour l'amortissement dé¬

croissant de 20,5 %.)

Fig.l

Comparaison entre Tamortissement constant et Vamortissement décroissant

Valeur de

l'objet en Fr

100 -,.

80 -

60 -

40 _

20 -

10 -

0 2 4 6 8 10 ans 0 2 4 6 8 10 ans

Amortissement constant Amortissement décroissant

A l'usage, les deux méthodes se révèlent aussi bonnes l'une que l'autre. Les amortis¬

sements décroissants font baisser la valeur initiale plus rapidement, ce qui n'a pas d'in¬

convénients du point de vue comptable.

160

Valeur de

l'objet en Fr.

c) Problèmes d'amortissement spéciaux dans l'entreprise forestière

Tant que l'on traite la forêt comme un organisme producteur de bois, il serait faux

d'amortir le capital forestier. Les frais d'établissement d'une nouvelle forêt constituent

sa valeur au bilan et ils ne seront pas amortis. Il en est de même pour le reboisement

d'un peuplement détruit par un cataclysme et amorti.

Les peuplements considérés comme améliorations forestières seront amortis, puisque,

nous l'avons vu, ils sont temporaires. Leur amortissement devra être terminé lorsque

tous leurs arbres auront été abattus. Vu leur longue durée, on utilisera de préférence

la méthode des amortissements décroissants avec un taux correspondant à leur vie

moyenne probable.Des chemins forestiers praticables à tous les véhicules, soigneusement entretenus,

ne se déprécient pratiquement pas, car l'usure est compensée par l'entretien courant. On

peut donc ne pas les amortir, malgré l'avis contraire de ceux qui considèrent les amor¬

tissements surtout comme un moyen de créer des réserves cachées. En revanche, il le

faut, quand l'entretien courant est défectueux ou qu'on prévoit un changement des mé¬

thodes de transport.

IV. La présentation du compte de résultats

dans l'entreprise forestière

Il n'existe pas de règles strictes pour la présentation du compte de résultats. Nous

avons adopté la forme montrée dans le tableau 1, car elle a l'avantage de séparer claire¬

ment les chiffres de l'exploitation de ceux des opérations hors-exploitation.

L'expérience a montré que les buts de la comptabilité ne peuvent pas être atteints

tous directement et simultanément. C'est pourquoi on procède à une division du tra¬

vail. D'une part, le contrôle de la situation financière et le calcul du résultat se font

dans la «comptabilité financière» au moyen du bilan et du compte de résultats. D'autre

part, l'analyse du résultat est exécutée dans la «comptabilité analytique de l'exploi¬

tation». Celle-ci sert en plus au contrôle de l'économie de la gestion et prépare le cal¬

cul des prix de revient. Elle repose sur les chiffres de la comptabilité financière et se

récapitule dans la «feuille d'analyse de l'exploitation».Comme nous le verrons plus loin, aux chapitres V et VI, pour exécuter aisément les

opérations de la comptabilité analytique, il faut connaître les charges, classées selon

leur nature économique (cf. tabl. 1). On devra donc adopter cette classification dans

la comptabilité financière; on le fera d'autant plus volontiers qu'elle simplifie beau¬

coup cette dernière et donne directement des renseignements précieux: par exemple, le

total des salaires et des charges sociales, indispensable actuellement pour le calcul des

primes des assurances sociales et pour la confection des attestations exigées par le fisc;

ou le total des charges pour prestations de tiers, qui permet de juger si l'entreprise

n'exécuterait pas elle-même à meilleur compte certains travaux, comme le débardage,les transports, etc.

161

Tabl. 1

Compte de résultats de l'entreprise forestière de X

au 30 septembre 1935

Charges Produits

Entretien du matériel

Fr.

71 232.45

223.35

5 863.20

1 176.15

1 237.80

3 638.20

510.95

44 170.35

Fr.

101 931.35

14 632.—

1 984.40

9 237.70

267.—

Bureau et divers

Ventes de bois

Produits divers

128 052.45 128 052.45

30 603.—

4 142.80

5 900.—

16 379.05

44 170.35

4 840.—

8 014.50

Distributions en espèces et en nature aux bourgeois . .

Produits hors-exploitation

Versement à la BourgeoisieBénéfice net de l'entreprise, viré à Capital propre . .

57 024.85 57 024.85

Tabl. 2

Exemple montrant que le système de classification des charges,

adopté dans les comptabilités forestières actuelles, induit en erreur

Entreprise forestière de X, exercice 1934/35

Désignation des comptesCharges

comptabiliséesCoût réel

des travaux

Administration

Construction de chemins. .

Entretien dçs chemins. . .

Pépinière

Améliorations forestières. .

Soins culturaux

Façonnage des bois....

Débardage et transport des bois

Récolte de produits accessoires

Amortissements et pertes . .

Assurances sociales....

Fr.

25 766.95

3 874.15

4 253.05

1 206.60

1 002.30

4 019.—

30 487.50

6 695.70

792.30

510.95

5 273.60

Fr.

28 518.40

6 500.—

6 137.25

1 972.—

2 737.70

16 338.35

43 413.55

9 976.15

1 289.25

162

Le système de classification des charges, adopté dans les comptabilités forestières

actuelles, ne convient pas à une comptabilité commerciale perfectionnée, car il répar¬

tit des charges de même nature économique sur différents comptes. De plus, comme

l'exemple des comptes de 1934/35 de l'entreprise forestière de X le montre, il induit

en erreur. Il donne les chiffres de la première colonne du tableau 2. Ces chiffres

n'indiquent pas ce que les différents travaux ont réellement coûté. En effet, par exemple,le compte «Administration» contient les appointements annuels complets des gardes

forestiers, qui collaborent activement à tous les travaux. Il contient ainsi des charges

qu'il faudrait attribuer logiquement à d'autres comptes. Il en est de même pour les

comptes «Amortissements et pertes» et «Assurances sociales». Le coût réel des diffé¬

rents travaux, tel qu'il ressort du calcul des prix de revient, se trouve dans la deuxiè¬

me colonne du tableau 2, et, on le voit, il est tout autre. A titre d'essai, nous avons

choisi ce système pour la comptabilité commerciale de la Forêt d'enseignement de l'EPF.

Ce choix s'est révélé malheureux ; nous avons dû plus tard grouper à nouveau les chif¬

fres selon leur nature économique. L'adoption dès le début de cette classification-ci

nous aurait épargné 30 à 40 comptes de charges, soit la moitié.

V. Contrôle de l'économie de la gestion

A. Exposé du problème

Une bonne entreprise forestière s'efforce d'obtenir le maximum d'effet avec le mini¬

mum de frais. Elle doit par conséquent, d'une part, contrôler la quantité et la qualitédes prestations produites, et d'autre part, déterminer les frais.

Ce deuxième point est complexe: la production d'une prestation requiert du travail,

des matières, des capitaux de forme variée. Il faut d'abord mesurer la part de ces

éléments si divers puis en calculer le coût. D'autre part, il faut déterminer aussi bien

le prix de revient total que celui des phases de la production et, pour rendre possiblesdes comparaisons entre exercices, périodes et entreprises, il faut le faire en appliquantdes normes fixes.

Dans cette étude nous considérons le calcul des prix de revient avant tout comme un

instrument pour le contrôle de l'économie de la gestion. Mais de plus il deviendra un

instrument précieux de la politique de vente et de la politique forestière en général; il

est indispensable aussi à la comptabilité financière pour l'évaluation de nombreux

actifs. Son importance pour l'économie forestière est capitale; aussi est-ce lui que nous

avons placé au premier rang de nos préoccupations.

B. Délimitation de l'exploitation

Avant d'établir la comptabilité analytique de l'exploitation, il faut délimiter celle-ci.

Dans les entreprises forestières simples, elle est constituée par la gestion des forêts.

163

Mais de nombreuses entreprises forestières possèdent encore des établissements acces¬

soires: pépinières, hangars à bois, domaines sylvo-pastoraux, etc. Dans ces cas il y a

trois solutions :

1. On considère les établissements accessoires comme des activités hors-exploita¬tion ; la comptabilité analytique ne s'en occupe pas.

2. On incorpore ces établissements accessoires à l'exploitation.3. On considère bien les établissements accessoires comme activités hors-exploita¬

tion, mais pendant l'exercice on ne comptabilise pas séparément leurs chiffres dans la

comptabilité financière. On utilise alors la comptabilité analytique pour les obtenir

par ventilation des comptes au moment du bouclement.

On choisit la solution capable de simplifier le plus la comptabilité financière.

C. Le contrôle technique de l'exploitation

Ce contrôle nécessite quelques statistiques simples, mais complètes et précises, évi¬

tant une exactitude pédante et une accumulation de chiffres inutiles.

a) Statistique des prestations produites

Les premiers chiffres à noter concernent la récolte des bois. Les contrôles actuels des

exploitations suffisent en général pour déterminer la quantité et la qualité des bois

abattus. Mais de plus, il est essentiel de mesurer la production réelle de la forêt, l'ac¬

croissement; l'aménagement selon la méthode du contrôle convient bien; il est assez

exact, mais demanderait à être perfectionné en vue d'une meilleure étude de l'évolution

qualitative des peuplements. La production d'autres marchandises, comme les sapinsde Noël, les plants extraits des pépinières, etc., doit aussi être mesurée.

Les entreprises forestières consacrent chaque année des sommes importantes à des

investissements; il faut donc aussi tenir une statistique de ces travaux. On inscrira le type

et la longueur des clôtures dressées, des chemins construits, des fossés d'assainissement

creusés, la surface des plantations, le nombre et l'espèce des plants mis à demeure, etc.

b) Contrôle de la technique de production

Ce contrôle entraîne l'examen critique des méthodes de travail. Le prix de revient

global des opérations ne suffit pas. Il faut aussi savoir ce qui a été fait: la surface des

rajeunissements soignés, la longueur des chemins entretenus, le volume de bois abattu

ou débardé avec tel ou tel système, le nombre de plants repiqués, etc. On pourra alors

calculer les prix de revient unitaires, seuls comparables.Mais même la connaissance des prix de revient unitaires ne suffit pas non plus: en

effet les moyens appliqués varient. On remplace du travail manuel par du travail à la

machine; les quantités et le genre des marchandises utilisées changent. Ces faits impo¬sent tout naturellement la tenue d'une statistique des heures de travail, des heures de

164

machines, des quantités et du genre des marchandises consommées. Ces données ren¬

dent le gérant capable de critiquer objectivement sa gestion et lui suggèrent les amélio¬

rations possibles souvent mieux que le prix de revient seul.

D. Les frais

a) Les genres de frais

Les critères économiques suggèrent la création de quatre classes de frais (Wal-

1. Les frais de personnel2. Les frais divers

3. Les frais d'amortissement

4. Les frais d'intérêts

1. Les frais de personnel.

Ils sont causés par le personnel de l'entreprise. Ce sont les traitements et les vaca¬

tions des employés permanents, les salaires des ouvriers temporaires et les prestationssociales (AVS, assurance contre les accidents, la maladie, le chômage; vacances payées,allocations familiales, etc.).

2. Les frais divers.

Ils résultent des prestations fournies par des personnes étrangères à l'entreprise.Leur variété invite à les répartir en groupes. On pourra distinguer les frais d'entretien

du matériel, les frais de transports effectués par des tiers en vertu de contrat de trans¬

port, les débours pour administration et bureau, les frais pour achats de marchandises.

D'autres genres de frais sont aussi dignes de former des groupes séparés, si leur mon¬

tant le justifie.

3. Les frais d'amortissement.

Les immobilisations devant servir à la production toute leur existence, il est juste de

répartir ce qu'elles ont coûté non pas seulement sur l'exercice de leur exécution, mais

sur toute leur durée. C'est pourquoi les amortissements doivent être incorporés aux

frais.

4. Les frais d'intérêts.

Ces frais représentent le loyer des capitaux engagés dans l'exploitation. Les capitaux

mis à disposition de l'entreprise ne le sont pas gratuitement: le propriétaire qui a em¬

prunté pour la financer doit payer un intérêt, ou, s'il y a placé ses capitaux propres, il

désire en retirer une rente égale au moins à celle d'un autre placement.

L'incorporation des frais d'intérêts s'impose encore pour mesurer un facteur impor¬tant: la vitesse de production. En effet, avec un certain capital, et tous les autres frais

étant égaux, le prix de revient unitaire sera inversement proportionnel au nombre des

prestations produites. Enfin un investissement, tel qu'une route ou une machine, exerce

165

une action, payable au même titre que la main d'œuvre à laquelle elle se substitue

parfois.

5. Remarques spéciales.

Les impôts soulèvent des problèmes délicats (Kafer, 18; Paris, 32). Ceux qui ne dé¬

pendent pas du bénéfice, comme l'impôt sur la fortune, créent des frais; ils sont liés à la

propriété d'immeubles ou de capitaux et sont payables même par une entreprise défi¬

citaire. En revanche, les impôts extraordinaires qui constituent des prélèvements sur la

fortune, comme le sacrifice de défense nationale, et les impôts dépendant du bénéfice ne

peuvent pas être considérés comme des frais et incorporés au prix de revient.

Les amortissements de pertes extraordinaires dues à des ouragans ou d'autres acci¬

dents ne sont pas des frais, car ils n'ont pas été provoqués par l'exploitation. Mais on

peut incorporer sans autre l'amortissement de petites pertes normales de l'exploitation,

comme les déchets dans la pépinière.

L'incorporation des frais d'amortissement et d'intérêts au prix de revient est néces¬

saire, car, nous le répétons, l'usage des capitaux n'est pas gratuit. On n'y pense parfois

pas assez dans les milieux forestiers et on immobilise ainsi des sommes exagérées dans

des chemins magnifiques, dans des transformations artificielles prématurées de peuple¬

ments non conformes à la station, ou encore en persévérant à augmenter le matériel sur

pied sans égard aux besoins du traitement sylvicole et de la consommation.

b) Relations entre les frais et la production

La proportion des différents frais caractérise une entreprise. Elle indique sa struc¬

ture, renseigne sur les méthodes de gestion, qualifie sa capacité de résistance à des in¬

fluences nuisibles ou celle d'adaptation à des influences favorables.

Que l'activité d'une entreprise forestière soit nulle ou grande, certains frais conser¬

vent le même montant. On les nomme «frais /«ces». Ce sont entre autres les frais d'amor¬

tissement et d'intérêts des capitaux investis, une partie des frais divers (impôts fon¬

ciers, assurance incendie, p. ex.), certains frais de personnel (p. ex. le traitement du

gérant dans une administration forestière). Il est évident que des causes sans rapport

avec l'activité de l'entreprise, comme une modification des lois fiscales ou des traite¬

ments, peuvent changer la somme des frais fixes. D'autres frais, les «frais variables

proportionnels», sont directement proportionnels à la production: les salaires pour le

façonnage du bois, par exemple, sont proportionnels à la quantité de bois abattu. Enfin,

les «frais variables non proportionnels» varient avec la production, mais sans propor¬

tion déterminée.

La figure 2 illustre schématiquement les relations entre les frais totaux et l'activité

de l'entreprise. Celle-ci a toujours des frais fixes et ses frais variables augmentent en

même temps que son activité. Une augmentation des frais fixes l'oblige de consacrer

une plus grande partie de son rendement brut à leur couverture et la rend plus sensible

à une mauvaise conjoncture. Les relations entre frais et production sont discutées en

détail par Hohl et nous y renvoyons.

166

Fig.2

Représentation schématique des relations entre les frais totaux

et la productionFrais totaux en Fr.

Frais variables proportionnels

Frais variables non proportionnels

Frais fixes

Production

'— Début de la production

c) Différences entre dépenses, charges et frais

«Dépense» est un terme de caissier : il ne doit être utilisé que pour désigner les som¬

mes d'argent employées pour les paiements. Cet argent provient de la caisse, du compte

de chèques ou du compte en banque.

Charges et frais ne sont pas synonymes. «Charge» est un terme de la comptabilitéfinancière et désigne les diminutions de fortune récapitulées dans le compte de résul¬

tats. «Frais» est un terme de la comptabilité analytique de l'exploitation et du calcul

du prix de revient et signifie ce que coûte une chose. Le total des charges et des frais

d'un exercice ne correspondent pas.

Certaines charges, comme les impôts sur le revenu ou l'amortissement d'un peuple¬ment renversé par un cyclone, ne provoquent pas de frais ; elles représentent des dimi¬

nutions de fortune sans rapport avec l'exploitation. Mais même les charges d'exploita¬tion ne correspondent pas nécessairement aux frais de l'exercice. Premièrement, lors du

bouclement des comptes, dans les administrations publiques, on tend à liquider si pos¬

sible les restes des crédits budgétaires par des achats superflus pour l'exercice écoulé,mais utiles pour l'avenir. D'autre part, on estime parfois inutile de tenir compte des

postes transitoires. Deuxièmement, par une simplification, applicable au prix de quel¬

ques précautions, on se dispense parfois de séparer dans les livres les charges d'exploi¬tation de celles hors-exploitation. Troisièmement, les amortissements créent des diffé¬

rences. Dans la pratique, on ne les détermine pas forcément d'après les méthodes de cal¬

cul normales décrites plus haut. On les décide souvent au vu du résultat annuel de l'ex¬

ploitation, sans égard à la dépréciation réelle des immobilisations et en s'inspirant uni¬

quement de considérations financières ; presque toujours on les force afin de créer des

réserves cachées ou de voiler le bénéfice réel. Ces amortissements arbitraires fausseraient

le calcul des prix de revient. Celui-ci doit considérer uniquement les dépréciations réel¬

les et ne contenir que les frais d'amortissement normaux calculés. Quatrièmement, cer¬

tains frais ne sont pas comptabilisés comme charges. Citons en premier les plus impor¬

tants, les frais d'intérêts sur le capital propre, puis des cas plus rares: dans certaines

167

communes, l'entreprise forestière reçoit gratuitement le courant électrique, l'eau, ou

fait exécuter des travaux en corvée par les bourgeois.

E. Détermination des frais annuels de l'exploitation

a) Introduction

Dans l'économie forestière, les mêmes opérations ne se répétant pas avant un an,

la détermination des frais se fera par année. On procède d'une part par ajustements des

charges notées dans la comptabilité financière et d'autre part par calcul. Le résultat

de ces opérations se note sur la feuille d'analyse de l'exploitation (colonnes b, c, d du

modèle, p. 176).

b) Ajustement des charges

On détermine tout d'abord le total des charges de l'exploitation, puis on y introduit

les postes transitoires et on élimine l'effet des liquidations de crédits budgétaires.

Les prestations gratuites ou à prix réduit fournies aux entreprises privilégient les

bénéficiaires et altèrent les comparaisons. Pour juger objectivement leurs aspects

économiques et financiers, il est recommandable de calculer le prix de revient pre¬

mièrement sur la base des conditions réelles et deuxièmement sur la base des prix

normaux payables pour ces prestations.

c) Amortissements et intérêts calculés

1. Frais d'amortissement

On applique les méthodes de calcul décrites plus haut, en se laissant guider uni¬

quement par les considérations techniques et comptables. Or il arrive que les faits dé¬

mentent les prévisions sur la durée d'une immobilisation. Si l'objet est amorti totale¬

ment avant la fin de ses services, on réestime sa durée d'existence et, jusqu'au terme de

celle-ci, on calcule avec l'amortissement qu'on aurait dû prélever.L'établissement d'un fichier des immobilisations facilite ces calculs. Sur chaque

fiche on inscrit la valeur initiale d'un objet, la durée de celui-ci, le taux d'amortisse¬

ment et, année après année, le montant amorti et le solde.

2. Frais d'intérêts

Comme seuls les intérêts dus sur les capitaux empruntés apparaissent dans la comp¬

tabilité financière, on est obligé de calculer les frais d'intérêts. On utilise la formule:

Intérêts = capital x taux

On y introduit seulement le montant des capitaux engagés effectivement dans l'exploi¬tation. On trouve ceux-ci dans l'inventaire ou mieux encore, sur le fichier décrit ci-

dessus. Leur valeur doit être égale à celle obtenue par l'amortissement normal.

168

Le taux d'intérêt choisi sera au minimum égal au taux usuel. Il peut être augmenté

pour tenir compte des risques normaux: fluctuations des prix des bois, danger de des¬

truction partielle du capital forestier par des accidents naturels. Le cas échéant, il

égalera le taux des emprunts contractés par l'entreprise. La majorité des économistes

actuels inclinent à le choisir proche du taux usuel. Il peut se modifier avec les condi¬

tions économiques, les périodes, les régions.

Il faut remarquer en passant que les frais d'intérêts incorporés au prix de revient

n'ont aucun point commun avec les calculs d'intérêts développés par les théories écono¬

miques forestières traditionnelles.

F. La division de l'exploitation en sections

a) Buts et principes de la délimination des sections

La comptabilité financière se sert de comptes pour le classement des charges et des

produits. Pour la répartition des frais totaux, la comptabilité analytique procède par

analogie: elle divise l'exploitation en «sections» dont chacune reçoit les frais causés

par une partie de l'exploitation.Les sections se délimitent conformément aux désirs du gérant. Leur multiplication

rend le calcul du prix de revient plus explicite et permet un meilleur contrôle de la

gestion, mais au prix d'un travail et d'une complication grandissants. Elle ne dispense

pas, dans certains cas, d'investigations extra-comptables pour découvrir les méthodes de

travail les moins coûteuses.

La délimitation des sections s'inspire de trois critères principaux (Bourquin, 5, 6) :

1. Critère topographique: la section concerne l'ensemble des opérations effectuées

dans un même lieu : une série d'aménagement, une pépinière, etc.

2. Critère technique: la section concerne un travail, ou une fonction déterminée,

ou enfin les personnes et les moyens techniques correspondant à une phase de la pro¬

duction: par exemple le façonnage des bois, l'administration, la récolte des bois.

3. Critère administratif: la section concerne la sphère de responsabilité d'un gardede triage, d'un contremaître, etc.

b) 'Genres de sections

On distingue trois types de sections.

On nomme «sections principales» celles qui concernent une activité principale de

l'entreprise, par exemple la forêt ou la pépinière, si la majorité des plants sont destinés

à la vente. Leurs frais sont imputés directement au prix de revient de leurs produits.Comme nous le verrons plus loin, elles servent aussi au contrôle de la rentabilité.

Certaines sections destinent leurs prestations en partie ou en entier à d'autres. C'est

pourquoi il est logique de répartir leurs frais sur les bénéficiaires de leurs services. On

les nomme «sections auxiliaires» ; citons p. ex. la section «Administration».

169

On attache souvent de l'importance à la connaissance des frais d'une activité par¬

ticulière déjà comprise dans la sphère d'une section. On subdivise alors celle-ci en «sous-

sections» capables de livrer ces renseignements supplémentaires.

c) Les sections dans une entreprise forestière

Il faut créer tout d'abord une section principale «Forêt» pour recueillir les frais

de la forêt proprement dite. Mais la production d'une forêt passe par deux phases étroi¬

tement liées. La première, c'est la production du bois en forêt, sur les arbres. La

deuxième, c'est la récolte de bois: on prélève l'accroissement et on le met à dispositionde la consommation sous forme de bois abattu. Dans la pratique, le volume des coupes

diffère généralement de l'accroissement. Il faut en tenir compte dans le calcul du prixde revient du bois abattu. On y parvient en répartissant les frais de la section Forêt

à deux sous-sections:

1. Dans «Production du bois» figureront les frais de production du bois en forêt

jusqu'au martelage y compris des tiges destinées à l'abattage.

2. Dans «Récolte du bois» figureront les frais de façonnage, débardage et transport

du bois dès le martelage des arbres jusqu'à la prise de possession du bois abattu par le

preneur.

Dans une entreprise forestière simple il faut encore prévoir:Une section principale «Investissements nouveaux» pour les frais provoqués par les

investissements exécutés ;

Une section auxiliaire «Chemins», pour les frais causés par les chemins;

Une section auxiliaire «Administration», pour recueillir le reste des frais;

Eventuellement une section principale «Etablissements accessoires» recueillant les

frais de ces établissements.

Les entreprises forestières étendues et complétées d'établissements accessoires de¬

mandent un plus grand nombre de sections ; ainsi, dans notre modèle de feuille d'ana¬

lyse, nous avons encore prévu une section auxiliaire «Pépinière» (cf. p. 176). Malgréson intérêt éventuel, il faut déconseiller l'analyse des frais par division. Elle ne per¬

mettrait pas des comparaisons valables car, sur une si petite surface, la récolte annuelle

varie trop et le matériel sur pied évolue sans cesse. L'analyse des frais, et du rendement

net, ne se fera pas pour des surfaces inférieures à la série d'aménagement.

G. Répartition des frais totaux sur les sections

a) Frais directs et frais généraux

Les frais totaux une fois établis, il s'agit d'en attribuer à chaque section sa part.

Cette opération s'effectue aussi sur la feuille d'analyse. On distingue les frais directs

et les frais généraux.

170

Les premiers peuvent être attribués sans autre directement de la pièce comptableà la section qui les a provoqués. Ce sont par exemple les salaires pour les bûcherons,

les frais de transport du bois, les menus frais de bureau.

Les frais généraux, au contraire, sont provoqués par plusieurs sections à la fois ou

par l'exploitation tout entière et doivent être répartis par des procédés dont l'élabora¬

tion constitue le problème central de la comptabilité analytique. Nous en indiqueronsseulement les principaux, sans entrer dans leurs détails d'application.

b) La répartition des frais généraux sur les sections

La part d'une section aux frais généraux s'estime de diverses manières.

1. On peut la déclarer proportionnelle à un élément fixe des sections envisagées.Pour la répartition des frais d'amortissement et d'intérêts, ce sera par exemple la

valeur des capitaux engagés dans chacune. Un hangar abrite au rez-de-chaussée des

engins pour l'abattage et le débardage des bois et dans la soupente, une sécherie de grai¬

nes: l'élément fixe pris pour base de la répartition de ses frais d'entretien sur les sec¬

tions Récolte du bois et Pépinière sera le volume des locaux occupés.

2. On déclare la part des sections proportionnelle à leur activité.

On a différentes possibilités d'estimer celle-ci. On peut mesurer par section les

heures de travail effectuées, les salaires payés, la production ou la consommation de cer¬

taines marchandises, ou enfin, pour des véhicules et des machines, les distances parcou¬

rues ou les heures de marche. Puis, sur cette base, on établit une clé de répartition. Par

exemple on répartira sur les sections «Chemins» et «Construction de chemins» les frais

pour l'entretien de l'outillage de génie civil au prorata des heures de travail ou des sa¬

laires, les frais pour l'achat de gravier au prorata des quantités employées.Avant l'adoption d'une clé de répartition il faut juger la sûreté, la précision et la

simplicité d'application pratique de son principe. «Souvent la recherche d'une exacti¬

tude complète demande des efforts superflus» (Bourquin, 5).

c) Répartition des frais des sections auxiliaires sur les autres sections

La répartition des frais des sections auxiliaires sur les autres sections présente les

mêmes difficultés que celle des frais généraux. On peut, première méthode, recourir à

des clés semblables à celles décrites au paragraphe précédent. Par exemple, on peut ré¬

partir les frais d'une section «Gardes forestiers» proportionnellement soit à la surface

des forêts confiées à ceux-ci, soit aux heures de travail ou aux salaires des ouvriers dans

les sections intéressées; on peut aussi exiger des gardes des rapports détaillés sur l'em¬

ploi de leur temps et faire une répartition conforme à ces indications en fin d'année.

Le dernier exemple illustrait déjà une deuxième méthode qui consiste à répartir les

frais d'une section auxiliaire proportionnellement aux prestations fournies par elle.

Voici encore un exemple de son application. Les frais d'une pépinière destinée unique-

171

ment à couvrir les besoins de l'exploitation pourront se répartir sur les sections Soins

culturaux et Améliorations forestières au prorata des plants utilisés.

Les clés de répartition peuvent aussi, troisième méthode, se fonder sur des estima¬

tions purement arbitraires. Elles risquent alors la subjectivité, mais souvent elles sont

les plus pratiques. Les chemins forestiers, par exemple, contribuent à la fois à rendre

la vidange des bois meilleur marché et à améliorer le traitement sylvicole; il est donc

juste de répartir leurs frais sur la récolte et la production du bois. Seule une estimation

arbitraire permettra l'établissement d'une clé.

Il existe encore une quatrième méthode. On considère les sections auxiliaires comme

des établissements indépendants qui vendent aux autres sections leurs prestations. Elles

facturent alors celles-ci à un tarif conventionnel. Cette méthode convient très bien pour

la répartition des frais d'une pépinière ou d'un véhicule.

H. Imputation des frais aux prestations des sections

a) Introduction

Le calcul des prix de revient détaillés nécessite encore la répartition des frais totaux

d'une section sur ses produits ou ses prestations. On a inventé pour cette opération,

appelée «imputation des frais», plusieurs procédés, utilisés seuls ou combinés. Nous

allons exposer les principaux au moyen du petit problème suivant :

Combien a coûté la récolte du bois dans la division 9 de l'entreprise forestière de X,

en 1934/35?

Exploitations totales de 1934/35 dans les forêts de X: 4722 m3.

Exploitations de 1934/35 dans la division 9: 153 m3.

Frais totaux de la section Récolte du bois en 1934/35: 61 100 Fr.

Les chiffres mentionnés dans ce paragraphe sont réels.

b) Méthode de calcul par division

Cette méthode, la plus simple, consiste à calculer les frais moyens au m3. Nous

aurons :

Frais moyens de la récolte du bois par m3 : 61100 : 4722 = 12.95 Fr./m3

Prix de revient de la récolte du bois dans la division 9: 12.95 x 153 = 1980.— Fr.

La méthode est applicable seulement si les prestations produites sont identiques et

si le total des frais correspond bien à la quantité produite. Elle convient mal à des

entreprises productrices de prestations variées ou à des productions longues et difficiles

à mesurer comme la production forestière. D'autre part, même des prestations très sem¬

blables provoquent souvent des frais différents: le prix de revient d'une coupe de

100 m3, p. ex., varie beaucoup suivant les conditions (Zehnder, 42).

172

c) Méthode de calcul au moyen de coefficients d'équivalence

Cette méthode est un «calcul par division» perfectionné. Elle cherche à tenir compte

des différences entre les prix de revient de prestations semblables au moyen de «coeffi¬

cients d'équivalence». Ceux-ci représentent le rapport entre les frais provoqués par la

production de ces prestations. Reprenons notre exemple. Dans les forêts de X, les con¬

ditions de la Série A, à laquelle appartient la division 9, renchérissent la récolte des

bois d'environ 15 % par rapport à la Série B. Compte tenu de ce fait, on obtient les

prix de revient unitaires ci-dessous. Voici le calcul en détail :

Total Série A Série B

Prix de revient unitaire de la récolte du bois par

4722

5135

X 11,90

2759

xl,15

1963

xl.OO

3172

x 11,90

1963

x 11,90

61100 37700

13,70

23400

11,90

Le prix de revient de la récolte du bois dans la division 9 sera: 13,70 X 153 = 2096.— Fr.

Comme le remarque Tromp, la détermination des coefficients d'équivalence est par¬

fois délicate et nécessite des investigations spéciales pour donner des résultats raisonna¬

bles. Elle profitera beaucoup des recherches sur la technique du travail.

d) Méthode de calcul par majoration

Cette méthode se fonde sur les rapports entre les frais directs et les frais généraux.

Il est aisé en effet de calculer le prix de revient d'une prestation en majorant ses frais

directs de suppléments pour les frais généraux. Montrons le mécanisme de la méthode

avec notre exemple :

Frais de salaires: Salaire du bûcheron B. pour le façonnage

et le débardage 1191.— Fr.

Matières consommées: Fil de fer pour les fagots (d'après le carnet

de contrôle du garde forestier) 2.— Fr.

Prestations de tiers: Facture du camioneur M. pour le transport . .300.— Fr.

Total des frais directs 1493.— Fr.

173

Suppléments pour les frais généraux :

Prestations sociales : 5,75 % des salaires.

Amortissement du matériel : 0,25 % des salaires

Administration : 36 % des salaires

Chemins: 2.30 Fr./m3

Prix de revient de la récolte du bois dans la division 9

Report 1493.— Fr.

68.50 Fr.

—.50 Fr.

430.— Fr.

352.— Fr.

2344.— Fr.

Les suppléments pour frais généraux sont calculés à l'aide de la feuille d'analyse de

l'exploitation. Ils sont exprimés dans notre exemple en % des salaires ou par un tarif.

Dans d'autres cas ils peuvent aussi être égaux à un % des frais directs totaux ou être

fixés au moyen de tarifs par heure de travail ouvrier, par heure de travail machine, par

unité de marchandise produite ou consommée.

L'application de cette méthode requiert des enquêtes préalables attentives. Il faut

déterminer les frais directs et les frais généraux suscités par la production d'une presta¬

tion, puis classer ces derniers en catégories, chacune correspondant à une majoration

particulière. Dans une comptabilité rationnellement organisée, on prévoit les comptes et

les sections de manière à faciliter le calcul des suppléments.

VI. Contrôle de la rentabilité de l'exploitation

Ce contrôle est le complément logique de celui de l'économie de la gestion. Comme

ce dernier, il doit se plier à des normes fixes. Il nécessite la détermination du rende¬

ment brut.

A. Détermination du rendement brut et du rendement net

Le rendement brut est égal à la valeur des prestations produites. Pour tous les pro¬

duits vendus et pour ceux qui auraient pu l'être, mais ont été répartis à des tiers ou con¬

sommés par l'entreprise, il est égal au prix de vente. Les nouveaux investissements

et les marchandises produites uniquement en vue du propre usage s'évaluent à leur

prix de revient calculé. On sait que certains investissements bénéficient de sub¬

ventions légales. Il s'en suit qu'ils ne sont pas évalués au même prix dans la comp¬

tabilité financière et dans la comptabilité analytique. Dans celle-ci, ils sont portésà leur prix de revient calculé total, dans celle-là, pour un montant égal à la différence

entre les subventions reçues et le prix de revient calculé. Cette différence représente

le capital effectivement investi par l'entreprise. Le rendement brut comprend encore

la valeur des augmentations du matériel sur pied.Comme les frais et les charges, le rendement brut et les produits comptabilisés dans

la comptabilité financière ne sont pas identiques ; on effectue donc les ajustements uti¬

les, puis on répartit le total sur les sections. Ces opérations faciles se font aussi sur la

feuille d'analyse.

174

On peut alors déterminer le rendement net calculé, qui est égal à:

Rendement brut - (Frais totaux - Intérêts calculés).Le taux de rendement des capitaux engagés se trouve ensuite sans autre.

B. La feuille d'analyse de l'exploitation

La feuille d'analyse de l'exploitation remplit les fonctions suivantes :

1. Etablir les frais et le rendement brut, au total et par section.

2. Indiquer le rendement net calculé des sections principales de l'exploitation.3. Fournir les éléments fondamentaux pour le calcul des prix de revient.

4. Eventuellement, permettre la discrimination de certains charges et produits hors-

exploitation non comptabilisés à part dans la comptabilité financière.

Elle se présente sous forme d'un tableau divisé en étages et colonnes (cf. tableau 3).

Les colonnes servent à la répartition des frais et du rendement brut sur les sections. Les

étages correspondent aux étapes de cette répartition: les étages I, II et III sont réservés

à la détermination et à la répartition des frais, l'étage IV sert à celles du rendement

brut et le V à la détermination du rendement net calculé. Le tableau est disposé de

façon à permettre le contrôle arithmétique de ces opérations. Le total des chiffres ins¬

crits dans les colonnes des sections e à 1 doit être égal au chiffre de la colonne d. Le

tableau garantit aussi le contrôle de la comptabilité analytique au moyen des colonnes b,

c et d; en effet les ajustements inscrits dans la colonne c doivent être justifiables.L'établissement de la feuille d'analyse nécessite la connaissance du solde des char¬

ges, compte par compte. Le bouclement des comptes de produits affectés aux investis¬

sements nouveaux et aux marchandises produites pour le propre usage requiert les prixde revient, calculés grâce à la feuille d'analyse. On voit donc que cette dernière doit

être établie en même temps que le compte de résultats.

Le modèle de feuille d'analyse de la page 176 se fonde sur les chiffres de l'exercice

1934/35 de l'entreprise forestière de X. Il est prévu pour une entreprise simple avec

une comptabilité financière double d'une vingtaine de comptes. La répartition des frais

généraux s'y est faite sur ces bases :

Assurance accidents: proportionnellement aux salaires;

Amortissements, intérêts : proportionnellement à la valeur des capitaux engagés ;

Administration : sur les sections f, g, h, 1 : proportionnellement aux salaires ; les parts de

i et k = V2 de l1) ; 70 Fr. représentant les frais d'administration forfaitaires d'un

établissement accessoire n'ont pas été répartis;Chemins: 50 % sur i, 50 % sur k;

Pépinière: proportionnellement au nombre de plants utilisés par h et i; 190 Fr. repré¬sentant la valeur des plants vendus n'ont pas été répartis.

') Les frais d'administration consistent pour 6/e dans les traitements du gérant et des gardes fores¬

tiers. Nous avons estimé que l'activité de ces personnes pour la forêt est aussi utile à la produc¬tion qu'à la récolte du bois.

175

130

167

200

62

930

104

240

9190

—70

630

176

750

92

880

83

II+14-M6)

(Total

III

Total

710

—710

070

1780

-1

——

——

17

16

21640

820

10

820

10

—.

—640

21

-—

——

—15

000

23

11500

11500

020

3700

1730

450

28

-—

——.

14

auxiliaires

sections

des

frais

des

Répa

rtit

ion

///.

13

780

121

880

39

81900

150

51270

910

19

520

28

630

176

750

92

880

83

11)

+10

+1

(Total

II

Total

400

73

—400

73

——

——

400

73

400

73

..

biens-fonds

sur

Intérêts

12

11

.—.

——

——

500

15

—500

15

500

15

.chemins

sur

Intérêts

10

section

par

d'intérêt

frais

des

répa

rtit

ion

et

Détermination

//.

9

380

48

880

39

500

8150

51270

410

4520

28

730

87

850

3880

83

ITotal

4140

4140

——

——

140

44140

87

180

70

110

—-

10

30

220

-290

510

....

Amortissements

6

130

66120

10

160

110

1560

540

500

8—

500

85

——

——

——

640

3640

3—

640

3.

.bureau

pour

Débours

4

060

21830

230

270

60

150

720

*2

260

*5

260

*5

..

.accidents

Assurance

3

870

35

31860

010

4720

4100

1690

221590

970

65

—970

65

salaires

et

Traitements

2

section

par

frais

des

répa

rtit

ion

et

Détermination

/.1

1k

ih

gf

ed

cb

a

k+

iTotal

bois

du

Récolte

bois

du

Production

Forêt

nouveaux

sements

Investis¬

Pépinière

Chemins

tration

Adminis¬

prin

cipa

les

Sections

auxiliaires

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analytique

bilité

compta¬

la

de

Chiffres

ments

Ajus

te¬

financière

bilité

compta¬

la

de

Chiffres

Désignation

3Tabl.

X)

de

forestière

l'entreprise

de

1934/35

l'exercice

de

(Chiffres

l'exploitation

de

d'analyse

feuille

de

Modèle

permanents

employés

des

retraite

de

Caisse

compris

Y*

—44170

—170

44

44170

..

d'ex

ploi

tati

onBénéfice

850

3—

320

40

——

——

850

3

320

40

850

3

850

-3

170

44

.produits

des

Ajustements

+

.charges

des

Ajustements

+

..

calculé

net

Rendement

900

88

——

580

48

__

__

——

Résultats

't.

900

88

580

48

-

900

88

750

92

-

170

44

....

Intérêts

Total

+

Frais

-brut

Rendement

30

29

28

27

26

25

24

550

118

——

240

9190

—70

050

128

—050

128

IV

Total

990

1—

560

116

——

—190

—70

260

240

9—

——

240

9—

——

——

990

1—

_____

560

116

section

par

brut

rendement

du

répa

rtit

ion

et

Détermination

260

240

91990

560

116

IV.

.investissements

Nouveaux

..

.accessoires

Produits

23

22

21

20

19

18

1k

ih

gf

ed

cb

a

bois

du

bois

du

k-t-

iTotal

Récolte

Production

Forêt

nouveaux

sements

Investis¬

Pépinière

Chemins

tration

Adminis¬

Désignation

principales

Sections

auxiliaires

Sections

analytique

bilité

compta¬

la

de

Chiffres

ments

Ajuste¬

financière

bilité

compta¬

la

de

Chiffres

suite

3,No

Tableau

178

besoins.nossatisfaitneAucunerévolution.definenexploitésetnusolun

surcréésartificiels,peuplementsdecomposeseidéaleforêtlaquefaits,lesparmentie

dé¬conception,ladeplupartlapours'inspirentellesforêt;laded'attentevaleurla

ouconsommationdevaleurlasouventplusleutilisent17)Jackle,15;(Hohl,restière

fo¬littératureladansproposéesméthodesLeséconomique.vuedepointdutestables

con¬chiffresdesd'aprèsetautrements'estimentellescantonchaqueDanssidération.

con¬enpasn'entrentfiscalesvaleursLesobjet.notreàimpropresd'affection,valeurs

destoujourspresqueconstituent-ilsconnusventedeprixlesAussiforêt.ladeque

publi¬d'utilitéparticulièrefonctionunegarantirdeencoreoupropriétéuned'arrondir

capitaux,dessûretéenmettredebienmaisbois,duproduiredepassontnel'acquéreur

deprofondsmotifslessouvent,trèsplus,deforestiers;fondsdescoursd'unformation

lainterditventesdesraretélaeffetEnpas.convientnevénalevaleurladeL'emploi

déterminer?lacomment

maiscomparable,etsûreestvaleurcetteseule;boisdeproducteurcommeconsidérée

forêt,ladeéconomiquevaleurlasurbasersedoitforestièrecommercialecomptabilité

lamission,saaccomplirPourd'aménagement.sérielapratiquementestminimumface

sur¬laannuels;financierrendementduetproductionladepéréquationlagarantir

pourétenduesassezsurfacesparblocenévalueralesOnpied.surmatérielleetsolle

dansd'ouverturebilandujourleengagécapitaldumontantletrouverdes'agitIl

inconnus.sontrevientdeprixsonoud'achatprixsonlorsquetier

fores¬capitaldul'évaluationsuspens:enlaisséproblèmeunreprendparagrapheCe

Introductiona)

forestiercapitalduL'évaluationA.

forestièrecomptabilitéladespéciauxProblèmesVII.

0002252

100•32040

àégalestforêtla

dansinvestiscapitauxdesrendementdetauxLe

1,8%

fla

ns

exploitém3parFr.2.30=m34722:Fr.82010Chemins:

31860salairesdes%36=:Administration

31860

salairesdes%0,25-~^r^^-:matérielduAmortissement

70

31860salairesdes%5,75=—:accidentsAssurance

:boisduRécolteSection:Exemple

revient.deprixducalcul

lepourmajorationdecoefficientslesd'analysefeuilleladeautresansextraitOn

paye.defeuillesdesetdiversfraisdescontrôledecarnetdufactures,des

baselasurdirectementsectionsauxattribuésétéontsalaireslesetdiversfraisLes

Il ne reste plus qu'une solution: l'évaluation du capital forestier à sa valeur de ren¬

dement. Cette méthode s'appuie, elle seule, sur le principal facteur déterminant la

valeur d'une entreprise, le rendement. Admise par le droit civil et fiscal pour l'estima¬

tion des immeubles ruraux et des domaines agricoles, proposée par la science économi¬

que pour l'évaluation du capital de l'entreprise à reprendre (Kâfer, 19; Pauwells, 33),

elle est simple d'application et inégalée pour sa clarté et sa solidité. On lui reprochede donner une valeur globale qui doit être répartie sur les diverses parties du tout. Cet

inconvénient entache aussi l'estimation d'une forêt au prix d'achat mais n'est pas irré¬

médiable. Certains objectent que le taux de rendement sera le même dans les entreprises

ayant choisi le même taux de capitalisation; mais ils oublient que sous l'influence des

conditions et des gestions différentes, le capital primitif et le rendement des entreprisesvarieront, et avec eux, le taux de rendement. D'autre part, les variations de ce dernier

intéressent plus que sa valeur absolue. Hohl semble condamner cette méthode, mais

il n'a pas été assez précis en résumant ses sources ( Vernier, 40) ; un examen de celles-ci

révèle qu'il ne faut pas retenir ses critiques, car elles visent en fait un autre emploide la valeur de rendement.

b) Calcul de la valeur de rendement

La valeur de rendement s'obtient par la capitalisation du revenu annuel moyen, selon

la formule:„ ...

revenu • 100

Elle dépend de deux facteurs: le taux de capitalisation et le revenu annuel moyen.

1. Choix du taux de capitalisation.

Nous estimons que la rentabilité de la production forestière doit égaler celle d'autres

industries. Nous choisissons donc comme taux de capitalisation un taux de rentabilité

raisonnable. Celui-ci sera au moins égal au taux de placement usuel. Il ne sera pas infé¬

rieur au taux d'intérêt des emprunts éventuellement contractés pour financer quelqueinvestissement. Rien ne s'oppose à ce qu'il contienne une prime pour les risques de la

gestion. Il dépendra de la conjoncture économique et des conditions locales. Il n'existe

pas pour lui de chiffre d'une validité universelle.

Ce taux est plus élevé que celui recommandé par de nombreux forestiers. Ceux-ci

affirment au nom de l'expérience que la rentabilité des forêts est basse, mais ils ne peu¬

vent pas fournir de preuves puisque les comptabilités actuelles ne donnent pas les bases

d'appréciation élémentaires à ce sujet; ils ne s'appuient que sur des cas spéciaux. Ils

soutiennent aussi que les forêts valent plus que la somme obtenue en capitalisant le

rendement financier avec un taux de rentabilité raisonnable, car, selon eux, il faudrait

ajouter à ce rendement la valeur des prestations d'utilité publique fournies par la forêt

grâce à sa mission protectrice. Il serait plus juste d'affirmer que celle-ci diminue la

valeur des forêts, car pour la garantir, l'Etat a décrété des restrictions sérieuses de la

propriété. Mais abordons le problème d'un autre côté. Par l'adoption de la loi sur l'agri-

179

culture, le peuple suisse a reconnu le rôle d'utilité publique de celle-ci. L'applicationdu raisonnement des forestiers exigerait en bonne logique l'élévation de la valeur des

domaines agricoles. Mais lequel des dirigeants de la paysannerie préconiserait telle

action? Et on ne saurait pas comment évaluer objectivement cette soi-disant augmenta¬

tion. Il n'y a pas de raison pour l'économie forestière d'agir autrement. En plus des

réflexions d'ordre fiscal, un autre argument milite contre un taux de capitalisation trop

bas; à celui-ci correspond un capital élevé et les prix de revient seront grevés de frais

d'intérêts d'autant plus lourds. Enfin, à sûreté et autres conditions égales, quel place¬ment intéressera le plus son propriétaire: un placement élevé à rentabilité inférieure,

ou un placement plus modique, mais à rentabilité normale? Le deuxième, sans aucun

doute. Un taux trop bas doit donc être rejeté.

2. Détermination du revenu.

21 Introduction. La théorie distingue deux cas (Schaeffer, 34).

a) La forêt se trouve à l'état d'équilibre (elle est «normale») ; l'estimation se base sur le

revenu passé.

b) La forêt ne se trouve pas à l'état d'équilibre; l'estimation se base sur le revenu futur;

on procède en général à un calcul détaillé, considérant le revenu escompté des pre¬

mière, deuxième, troisième, n-ième périodes nécessaires pour atteindre l'état d'équi¬libre.

Dans les deux cas, la détermination du revenu est délicate. Elle dépend des chiffres

admis pour le. volume et la qualité des produits de la forêt, pour les prix de vente du

bois et pour les frais; elle s'expose à une subjectivité incompatible avec notre but.

D'autre part, on ne peut tolérer qu'elle repose sur les chiffres d'une comptabilité aux

résultats contestés. Dans l'état des connaissances et des comptabilités forestières actuel¬

les, elle n'est pas possible. Mais il y a une ressource : on n'inscrira le capital forestier sur

le bilan d'ouverture que pour mémoire; on attendra les résultats de la comptabilitécommerciale pour la première période forestière et c'est sur eux qu'on basera l'estima¬

tion; celle-ci faite, on complétera le bilan d'ouverture.

Cette méthode est en théorie et en pratique irréprochable. En théorie: la forêt est-

elle en équilibre, par définition son rendement est soutenu. Donc le revenu indiqué par

la nouvelle comptabilité doit correspondre à celui de la période antérieure. La forêt

n'est-elle pas en équilibre, la comptabilité commerciale va naturellement enregistrerles modifications du capital forestier. Il n'est donc plus nécessaire dans l'évaluation ini¬

tiale de prendre en considération le revenu des deuxième, troisième, n-ième périodes.En pratique, la méthode a d'énormes avantages: elle évite les estimations subjectivesdu revenu et facilite le choix du taux de capitalisation puisqu'on connaît aussi l'évolu¬

tion des taux d'intérêt. En laissant le bilan d'ouverture incomplet, elle empêche le cal¬

cul des taux de rendement annuels et de certains prix de revient avant la fin de la pre¬

mière période. Mais comparé à sa sûreté et à sa simplicité, cet inconvénient est mineur.

Le revenu net à capitaliser doit être franc de tout élément étranger à la productionforestière; il s'identifie donc au résultat de la section Forêt. Avant de le capitaliser, il

180

faut examiner s'il est normal ou s'il n'a pas été influencé par des événements exception¬

nels. Le revenu est normal s'il correspond à celui d'une gestion intensive de la forêt,

compte tenu de l'état des peuplements, des mesures sylvicoles nécessaires, des circons¬

tances générales et économiques en particulier.

22 Critique du volume exploité et de sa qualité. Dans le cas d'une forêt en équi¬

libre, la critique déterminera si le volume exploité correspond à l'accroissement sou¬

tenu moyen. Dans le cas d'une forêt non en équilibre, deux éventualités se présentent.

a) Le matériel sur pied est trop bas. On examinera si les coupes correspondent à celles

nécessitées par un traitement sylvicole intensif et judicieux.

b) Le matériel sur pied est trop élevé. Il dépasse le niveau idéal, garant de l'accroisse¬

ment en valeur soutenu maximum. Une partie du matériel ne contribue plus à amé¬

liorer l'accroissement, elle est en stock et on devrait l'estimer comme telle à son prix

de revient. Or vu l'incapacité actuelle de la science d'indiquer pour chaque station

ce niveau idéal, on ne peut estimer le surplus en stock. La solution la meilleure est

de le considérer comme une réserve cachée. On utilisera pour l'évaluation le revenu

obtenu en prélevant l'accroissement soutenu moyen.

Dans chaque cas passé en revue, on examinera si les assortiments obtenus corres¬

pondent à la meilleure utilisation possible du bois dans les conditions de l'entreprise.

23 Critique des prix de vente des bois. Les prix des bois subissent des fluctuations

brusques, prononcées, qui se répercutent immédiatement sur le revenu des forêts. Mais

il est clair que la valeur économique de la forêt est indépendante de ces variations mo¬

mentanées. C'est pourquoi, l'estimation du revenu à capitaliser se basera sur des prix

de vente moyens de plusieurs années; on choisira au moins ceux de la première période

et, de toute façon, on s'assurera qu'ils correspondent à ceux d'une période témoin plus

longue, de 20 à 30 ans.

24 Critique des frais. On se demandera si les frais correspondent à une gestion in¬

tensive rationnelle. On les comparera autant que possible avec ceux d'entreprises voisi¬

nes et on appréciera les causes des différences éventuelles.

25 Remarques diverses. Lors de comparaisons avec des périodes antérieures ou avec

d'autres entreprises, il faudra naturellement interprêter avec prudence les chiffres prisà témoin.

Là où la vente de produits accessoires forestiers joue un certain rôle, on en ajouterale produit net au revenu net tiré de la mise en valeur du bois.

En conclusion de cet examen critique, on rectifiera les différents facteurs de la ma¬

nière jugée utile. Il faut s'assurer si une rectification du volume des coupes n'influence

pas aussi, à côté des frais directs, certains frais généraux, comme les frais d'administra¬

tion, dont la répartition se fait proportionnellement aux salaires directs. Enfin, on

pourra calculer le revenu à capitaliser.La valeur de rendement obtenue représente la valeur globale de la forêt. Pour obte¬

nir celle du capital forestier, il faut en déduire la valeur des investissements déjà ins¬

crits au bilan d'ouverture.

181

B. La production du bois et son prix de revient

Tous les exemples de ce paragraphe sont tirés de la comptabilité commerciale de la

Forêt d'enseignement de l'EPF; ils ne contiennent donc que des chiffres réels, mais

arrondis.

Les frais de production du bois sont les suivants :

1. Les frais causés par les travaux culturaux, les martelages et les améliorations fo¬

restières.

2. Les frais causés par la propriété de la forêt: entretien de l'abornement, impôts

fonciers, intérêts du capital forestier.

3. Une part des frais causés par des ouvrages utiles à la production, comme les che¬

mins, les cabanes d'abri, etc.

4. Une part des frais d'administration.

Ces frais ne sont pour ainsi dire pas influencés par les différences entre peuple¬

ments; seule une partie des frais énumérés sous chiffre 1 fait exception, mais elle est

d'un montant relativement peu important.On peut calculer tout simplement le prix de revient unitaire de la production cou¬

rante d'une forêt en divisant les frais totaux de production du bois par l'accroissement1).

Nous obtenons par exemple pour la période 1945/50 le résultat suivant:

Frais de Production du bois: 275 000 Fr.

Accroissement de la période ()> 4 cm de diamètre) : 16 800 sv2).

Prix de revient unitaire de la production: 275 000 : 16 800 = 16.40 Fr./sv.

Mais la production courante d'une forêt est rarement homogène. Elle comprend des

bois d'essences variées qui diffèrent de propriétés, et partant, d'usages techniques et de

valeur économique. Il semble logique qu'ils aient aussi des prix de revient unitaires

différents. Pour déterminer ces derniers, on peut essayer de répartir les frais propor¬

tionnellement à des caractéristiques du bois plus représentatives que le volume, par

exemple, le contenu en matière ligneuse ou en cellulose, le pouvoir calorifique, la va¬

leur économique. Ce sont celles que nous avons choisies pour calculer par essence le

prix de revient unitaire de la production pendant la période 1945/50. Le calcul s'opèreen appliquant la méthode des coefficients d'équivalence; le tableau 4 le montre en ré¬

sumé. Ce procédé peut sembler un jeu de l'esprit; mais il pourrait devenir utile pour la

détermination de prix de vente équitables, basés à la fois sur l'utilité et le prix de revient

des assortissements.

') Les plans d'aménagement n'indiquent que l'accroissement des arbres dénombrés. Pour être exact,

notre calcul devrait aussi tenir compte de l'accroissement des arbres non dénombrés. Ce dernier

peut être estimé au moyen d'un procédé décrit par Meyer, quand on dispose d'un calcul du volume

sur pied et d'un contrôle des exploitations détaillés. C'est ce que nous avons fait pour la Forêt

d'enseignement.2) sv = sylve: unité de volume du matériel sur pied dans l'aménagement selon la méthode du con¬

trôle; égale environ un m3.

182

Forêt d'enseignement de l'EPF, période 1945/50

Prix de revient unitaire de l'accroissement par essence

Accroissement des feuillus: 7800 sv; des résineux: 9000 sv Tabl. 4

Base du calcul des coefficientsValeurs absolues

Coefficients

d'équivalencePrix de

revient en Fr./sv

Feuillus Résineux Feuillus Résineux Feuillus Résineux

1. Rapport des poids spé¬

cifiques (d'après le

Forstkalender) . . . 650 kg/m3 420 kg/m3 1,5 1,0 20.— 13.30

2. Rapport du rendement

en cellulose sulfitée sè¬

che (d'après Kollmann,hêtre épicéa

Zahlentafel No 37) . . 228 kg/m3 195 kg/m3 1,2 1,0 18.— 15.—

3. Rapport du pouvoir ca¬

lorifique (d'après Koll¬ hêtre épicéa

mann, Zahlentafel 1 980 000 1 520 000 1,3 1,0 18.65 14.35

No 43) kcal/ma kcal/m3

4. Rapport des prix de

vente moyen ....— — 1,7 1,0 21.— 12.35

Forêt d'enseignement de l'EPF, période 1945/50

Prix de revient unitaire de l'accroissement par essence

On a imputé les frais proportionnellementau matériel sur pied productif Tabl. 5

A. Matériel sur pied résineux :

feuillus :

Total:

41 000 sv

33 500 sv

74 500 sv

B. Accroissement résineux : 9000 sv; feuillus: 7 800 sv

C. Frais de production du bois totaux: 275 000 Fr.

D. Frais de production par sv de matériel sur pied (C : A) =

275 000 Fr. : 74 500 sv = 3.70 Fr./sv

E. Frais de production causés par les résineux (D • A) = 3.70 Fr./sv • 41 000 sv = 151 500 Fr.

F. Frais de production causés par les feuillus (D • A) = 3.70 Fr./sv • 33 500 sv = 123 500 Fr.

Prix de revient unitaire de l'accroissement résineux (E : B) =

151 500 Fr. : 9000 sv = 16.85 Fr./sv

Prix de revient unitaire de l'accroissement feuillu (F : B) =

123 500 Fr. : 7800 sv = 15.85 Fr./sv

183

Les frais de production du bois peuvent aussi être considérés comme les frais provo¬

qués par le capital productif de l'entreprise, le capital forestier. Or celui-ci est formé

d'éléments dissemblables, d'une productivité inégale : 100 hêtres ont un autre accroisse¬

ment que 100 sapins d'un volume identique; 100 sapins de 1 sv ont un autre accroisse¬

ment que 200 de Va sv. Il résulte de ce fait que, pour calculer le prix de revient du bois

avec le plus d'exactitude, il faut imputer au bois les frais causés par le matériel sur

pied qui l'a produit. Dans des conditions ordinaires, le montant de ceux-ci peut être

admis proportionnel au volume du matériel, puisque, on l'a vu, les frais de productiondu bois sont pratiquement indépendants des variations locales du matériel sur pied.Avec ce mode d'imputation on obtient pour la période 1945/50 les prix de revient ci-

dessus pour les bois résineux et feuillus (cf. tableau 5).

Les procédés décrits ci-devant permettent aussi de calculer le prix de revient de la

production courante d'un arbre. Actuellement, ce calcul est intéressant surtout du

point de vue scientifique, mais il pourra fournir à l'avenir des renseignements d'une

grande portée pratique. Il permettra de reconnaître les arbres dont la production coûte

plus qu'elle ne vaut; on aura ainsi un critère de plus pour juger les arbres lors des

martelages. On pourra aussi calculer le prix de revient effectif d'un arbre abattu. Il

suffit d'additionner les frais imputables à l'arbre pour chaque période de sa vie. Nous

avons effectué le calcul pour un épicéa de la Forêt d'enseignement. Cet arbre, plantéen 1927, avait aux différentes révisions d'aménagement les dimensions suivantes :

Année 1932 1938 1944 1950

Diamètre à 1,30 m de haut 0 cm 5 cm 10 cm 15 cm

Volume 0,0 sv 0,03 sv 0,086 sv 0,19 sv

Nous avons imputé les frais d'une part proportionnellement à l'accroissement (cf.tableau 6) et d'autre part proportionnellement au volume de l'arbre (cf. tableau 7).

Tabl. 6

Calcul du prix de revient d'un épicéa de la Forêt d'enseignementOn a imputé les frais de production du bois proportionnellement

à l'accroissement

Période d'aménagement 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

A. Frais totaux de production du

bois par période

B. Accroissement total

(> 4 cm de 0)

C. Frais de production par sv d'ac¬

croissement (A : B) ....

D. Accroissement de l'arbre. . .

E. Frais de production imputablesà l'arbre (C • D)

138 000 Fr.

11 300 sv

12.15 Fr./sv

0,0 sv

165 000 Fr.

15 000 sv

11.— Fr./sv

0,03 sv

—.35 Fr.

207 000 Fr.

12 900 sv

16.— Fr./sv

0,056 sv

—.90 Fr.

275 000 Fr.

16 800 sv

16.40 Fr./sv

0,104 sv

1.70 Fr.

Le prix de revient de l'arbre est de 2.95 Fr., soit 2.95 Fr. : 0,19 sv = 15.50 Fr./sv

184

Calcul du prix de revient d'un épicéa de la Forêt d'enseignement

On a imputé les frais de production du bois

proportionnellement au volume du matériel sur pied Tabl. 7

Période d'aménagement 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

Matériel sur pied de la forêt

au début )enfin J

de la période52 000 sv 55 000 sv 60 000 sv 74 000 sv

55 000 sv 60 000 sv 62 000 sv 75 000 sv

A. en moyenne (milieu de la

période) 53 500 sv 57 500 sv 61 000 sv 74 500 sv

Volume de l'épicéa

au début 1

enfin Jde la période

B. en moyenne (milieu de la

période)

0,0 sv

0,030 sv

0,015 sv

0,030 sv

0,086 sv

0,058 sv

0,086 sv

0,190 sv

0,138 sv

C. Frais de production du bois 138 000 Fr. 165 000 Fr. 207 000 Fr. 275 000 Fr.

D. Frais de production par sv de

matériel sur pied (C : A) 2.60 Fr./sv 2.85 Fr./sv 3.40 Fr./sv 3.70 Fr./sv

E. Frais de production imputables

à l'épicéa (D • B) — —.04 Fr. —.20 Fr. —.51 Fr.

Le prix de revient de l'arbre e 5t de —.75 Fr.,soit —.75 Fr. : 0,19 sv = 3.95 Fr./sv

On sera peut-être surpris du résultat très différent des deux procédés. Mais cette dif¬

férence s'explique facilement. Avec la première méthode on admet que tous les arbres

de la forêt ont la même productivité. Or tel n'est pas le cas: un jeune épicéa a un taux

d'accroissement de beaucoup supérieur au taux moyen de la forêt. La deuxième méthode

est donc préférable.

C. L'évaluation des plus-values ou des moins-values du capital forestier

a) L'évaluation des plus-values du capital forestier causées par la gestion

En renonçant à prélever tout l'accroissement de la forêt, on provoque une augmen¬

tation du matériel sur pied. Lors des révisions d'aménagement, on peut la mesurer, l'éva¬

luer et la porter en plus-value au bilan. Comme cette plus-value n'est pas réalisable

immédiatement, on la comptabilisera à la fois à l'actif comme augmentation du capitalforestier et au passif comme augmentation du capital propre. Il est recommandé, pour

assurer au bilan un maximum de clarté, d'inscrire ces montants dans des rubriques sé¬

parées (cf. tableau 13).

Nous nous opposons à la prise en considération de plus-values motivées par des

améliorations du matériel sur pied. Elles résultent bien des interventions sylvicoles, mais

185

vu les difficultés pour mesurer la qualité des peuplements et vu la variabilité de ce cri¬

tère, elles appartiennent indubitablement à la catégorie des plus-values espérées, non

réalisées.

L'augmentation du matériel sur pied sera considérée comme un placement de capi¬

taux pour l'évaluation duquel nous proposons deux méthodes.

Première méthode : Evaluation au prix de revient.

On estime l'augmentation du matériel sur pied au prix de revient, exactement comme

un autre investissement. On applique la formule:

PV = R-A où

PV = plus-value du capital forestier en Fr.

R - prix de revient unitaire de l'accroissement, calculé selon le chapitre VII B.

A = augmentation du matériel sur pied.

Deuxième méthode: Evaluation d'après le bénéfice supplémentaire réalisable par

l'exploitation intégrale de l'accroissement.

Si on avait exploité tout l'accroissement, on aurait obtenu un supplément au béné¬

fice effectivement tiré de la forêt. Mais dans l'idée du gérant, ce supplément rapporte

plus en restant placé sous forme de bois en forêt que converti en espèces et investi ail¬

leurs ; son montant exprime la valeur du placement effectué grâce à la capitalisation du

matériel. Il est égal à la différence entre le bénéfice effectivement réalisé et le bénéfice

supposé réalisable par l'exploitation intégrale de l'accroissement. Comme le paragra¬

phe sur les relations entre frais et production l'explique, il n'est pas influencé par les

frais fixes, dépend seulement de l'augmentation du matériel A, du rendement brut uni¬

taire du bois abattu RB et des frais variables unitaires F et se calcule d'après la for¬

mule simple: _, ..

Bénéfice supplémentaire en h r. = (KB -t)'A

On détermine les termes de la formule au moyen de l'aménagement et de la compta¬

bilité analytique. On admet que le rendement brut unitaire n'aurait pas été influencé

par les exploitations supplémentaires. Pour les frais variables, il faut envisager deux

cas:

a) L'augmentation du matériel sur pied est relativement petite (moins de 20 % de

l'accroissement).

Si on avait prélevé tout l'accroissement, les frais variables non proportionnelsseraient restés fixes. Dans ce cas on introduira dans la formule seulement les frais

variables directement proportionnels aux exploitations : frais de façonnage, débardage,

transport et vente du bois.

b) L'augmentation du matériel sur pied est relativement élevée (plus de 30 % de

l'accroissement).

Le prélèvement de tout l'accroissement aurait certainement modifié, dans une mesure

difficile à évaluer, les frais variables non proportionnels : on aurait dû engager une aide

de bureau surnuméraire, augmenter l'entretien des chemins ou les travaux culturaux,

etc. C'est pourquoi on introduira dans la formule tous les frais variables.

186

Il faudra toujours calculer les plus-values avec les deux méthodes et inscrire au bi¬

lan la plus basse des deux valeurs obtenues.

b) L'évaluation des moins-values du capital forestier

Le matériel sur pied peut diminuer en qualité et quantité. L'évaluation des diminu¬

tions de qualité est encore plus problématique que celle des améliorations. Nous y avons

renoncé et ne considérons que les conséquences des diminutions du matériel en quantité.

Premier cas : La diminution du matériel sur pied suit une augmentation.

Dans ce cas on a évalué et inscrit au bilan les augmentations du matériel. Aussi long¬

temps que le volume total des diminutions est inférieur à celui des augmentations, le pro¬

blème est très simple; il suffit de réduire proportionnellement le montant de la plus-value comptabilisée. Sur le compte d'actif «Plus-values du capital forestier», les ins¬

criptions seront les suivantes :

Doit

1er octobre 1945. Solde selon bilan; valeur des augmenta¬

tions du matériel sur pied : 1000 sv à 10 Fr./sv ... 10 000.—

30 septembre 1946. Moins-value due à la diminution du vo¬

lume sur pied constatée par la révision du plan d'amé¬

nagement : 500 sv à 10 Fr./sv

30 septembre 1946. Solde par bilan

Avoir

10 000.—

5 000.—

5 000.—

10 000.-

Si le total des diminutions de volume dépasse celui des augmentations, les plus-values enregistrées disparaîtront entièrement, et il faudra se demander si la valeur ini¬

tiale du capital forestier n'a pas été entamée. Ce cas peut être assimilé à celui traité au

paragraphe suivant.

Deuxième cas: La diminution du matériel sur pied n'a été précédée d'aucune aug¬

mentation.

Une telle diminution ne provoque pas automatiquement une moins-value du capitalforestier. Elle en cause une seulement si elle entraîne une diminution permanente de

l'accroissement soutenu. Ce cas ne se présente que lors d'une destruction partielle de la

forêt. On amortira alors le capital forestier d'un montant proportionnel à la surface

ou au volume détruits.

Dans les autres cas, on n'a pas lieu de réduire la valeur du capital forestier; toute¬

fois, la situation diffère suivant les forêts. Dans certaines, la diminution du matériel

s'est révélée entièrement justifiée du point de vue sylvicole; c'était un prélèvement de

réserves cachées et on peut maintenir la possibilité supérieure ou égale à l'accroisse¬

ment soutenu. L'opération n'influence pas la gestion future. Ailleurs, la diminution

du matériel provoque un abaissement passager de la possibilité à un niveau inférieur à

l'accroissement soutenu. Elle s'est révélée de mauvaise gestion et on désire la compen¬

ser. Il est évident que, jusqu'à la réalisation de ce but, les augmentations du matériel

187

consécutives ne peuvent être comptabilisées comme plus-values. C'est logique. La

comptabilité doit montrer les deux aspects des surexploitations: hausse passagère du

rendement financier pendant la période où elles ont eu lieu et baisse passagère pendantla période où on les compense. Il serait malhonnête de chercher à dissimuler ce deu¬

xième aspect en comptabilisant comme plus-value la compensation de surexploitations.De plus on serait bien mal avisé, car l'hypertrophie du capital forestier augmente les

intérêts calculés et renchérit la production du bois.

D. Les exercices comptables forestiers

a) Exercice périodique et exercice annuel

La période comprise entre deux inventaires s'appelle «exercice comptable». L'exer¬

cice annuel, adopté par toutes les branches de l'économie et les administrations publi¬

ques, ne satisfait pas entièrement dans une entreprise forestière. Le matériel sur pied

est normalement assez stable et ne s'inventorie qu'à la révision de l'aménagement, dans

la règle tous les dix ans. D'autre part l'accroissement courant d'une forêt ne représente

qu'une petite proportion du volume sur pied productif et il est sujet à des variations

encore imprévisibles dans l'état de nos connaissances. On ne peut pas le mesurer ou

l'estimer annuellement sans frais ni erreurs exagérés; on le détermine donc aussi à la

révision de l'aménagement. Il s'ensuit que la comptabilité forestière devra fonctionner

avec deux exercices :

L'exercice périodique, limité par deux inventaires généraux de toute la fortune, ma¬

tériel sur pied y compris;L'exercice annuel, limité par deux inventaires annuels partiels de la fortune, ma¬

tériel sur pied non compris.On ne connaîtra le résultat complet de la gestion qu'à la fin de l'exercice périodique

après l'évaluation des modifications du matériel sur pied révélées par l'inventaire de

celui-ci. Seule la comparaison des résultats périodiques permettra un jugement com¬

plet sur la gestion. L'établissement des bilans et comptes de résultats annuels est évidem¬

ment indispensable pour l'administration à court terme et les révisions légales des

comptes.

b) Délimitation de l'exercice annuel

Vu l'intermittence des exploitations et l'irrégularité de leur volume annuel, l'exer¬

cice comptable devrait renfermer si possible tous les charges et produits correspon¬

dants occasionnés par l'activité d'une année et spécialement par la récolte des bois. Il

faut donc éviter une clôture des comptes entre la campagne de façonnage qui com¬

mence en général en automne et la campagne de vente qui commence au début de l'an¬

née. On voit les inconvénients de l'année civile comme exercice comptable forestier. On

le fera plutôt commencer avant le début des coupes. Pour le Plateau suisse, la date du

premier octobre paraît la plus favorable. C'est aussi le moment où le gros des autres

travaux est terminé. En montagne il faudra probablement avancer ce terme.

188

E. Le plan comptable d'une entreprise forestière

Pour éviter des dépouillements fastidieux et forcément difficiles à rendre exacts, le

comptable multiplie les comptes de la comptabilité financière de façon à trier au fur et

à mesure les chiffres selon les renseignements désirés. Ce procédé n'augmente pas le

travail courant de passation des écritures; il cause un allongement modeste du boucle-

ment final, mais cette perte de temps est amplement compensée par les gains dus à la

suppression des dépouillements intermédiaires.

La multiplication des comptes ne doit pas mener à un brouillamini. C'est pourquoi

elle suit un plan instituant une classification rationnelle et scientifique. Nous inspirantdu plan comptable général de l'Union suisse des arts et métiers (USAM), à notre avis

le meilleur de ceux proposés dans la littérature, nous avons établi un modèle adapté

aux besoins particuliers des entreprises forestières. Essayé dans les comptabilités de la

Forêt d'enseignement de FEPF et de l'entreprise forestière de X, il s'est révélé d'un

usage commode (cf. tabl. 8).

Ce plan est conforme aux exigences officielles de l'Administration fédérale des con¬

tributions et de l'Office fédéral des prix. Il emploie la classification décimale, qui per¬

met une multiplication indéfinie, un numérotage facile et une désignation claire des

comptes. Nous avons gardé le numérotage de notre modèle (Kàfer, 18). Aussi certaines

classes de comptes (No 3 et 5), nécessaires dans une entreprise artisanale, sont-elles

restées libres. Notre plan comptable réserve deux classes aux comptes de bilan: la classe

1 pour les comptes d'actif, la classe 2 pour les comptes de passif. Ces classes sont divi¬

sées en groupes de comptes correspondant aux rubriques de l'inventaire énumérées au

chapitre III A. Trois classes sont réservées aux comptes de résultats: la classe 4 aux

charges d'exploitation, la classe 6 aux produits d'exploitation et la classe 7 aux chargeset produits hors-exploitation. La subdivision de ces classes en groupes de comptes s'opé¬rera de manière à classer les charges et les produits selon leur nature économique. La

classe 8 est réservée aux opérations de bouclement.

La création des groupes de charges ne pose pas de difficultés. Parmi les charges di¬

verses, l'importance de celles relatives aux transports effectués par des tiers justifie un

compte spécial. Le groupe «Intérêts» recueillera seulement les intérêts payés effective¬

ment sur les capitaux engagés dans l'exploitation.

Signalons cinq groupes de produits particuliers aux entreprises forestières:

No 62. Propre usage de bois: Valeur des bois abattus pour l'usage dans l'exploitation.La contre-partie de cette valeur est inscrite dans un compte de charges.

No 63. Valeur des bois répartis: Valeur des bois répartis gratuitement ou contre une

taxe modique à des ayants droit. La contre-partie de cette valeur est notée com¬

me charge hors-exploitation dans la classe 7.

No 66. Subventions : subventions allouées à la construction de chemins, de travaux de

protection, etc. Il s'agit de subventions qui n'ont pas déjà été comptabiliséescomme diminution de charges sur un compte de charges.

No 67. Valeur des nouveaux investissements : Valeur nette des investissements.

No 68. Plus-values du capital forestier.

189

Libre

70

Groupe

Libre

60

Groupe

Libre

40

Groupe

Libre

20

Groupe

Libre

10

Groupe

Libre

79

Groupe

divers

tation

d'exploi¬

Produits69

Groupe

diverses

tation

d'exploi¬

Charges49

Groupe

transitoires

Passifs

29

Groupe

transitoires

Actifs

19

Groupe

Libre

78

Groupe

forestier

capi

tal

du

Plus-values

68

Groupe

Amortissements

48

Groupe

forestier

capital

du

plus-values

des

Contre-partie

28

Groupe

Immeubles

18

Groupe

Libre

77

Groupe

tissements

inves¬

Nouveaux

67

Groupe

intérêts

les

pour

Charges47

Groupe

Libre

27

Groupe

constructions

et

Ouvr

ages17

Groupe

Libre

76

Groupe

Subventions

66

Groupe

l'admin.

et

bureau

lepour

Charges46

Groupe

propre

Capi

tal26

Groupe

forestières

Améliorations

16

Groupe

Baccessoire

Etablissement

75

Groupe

Libre

65

Groupe

tiers

de

pres

tati

ons

Autres

45

Groupe

réserve

de

Fonds

25

Groupe

Matériel15

Groupe

Aaccessoire

Etablissement

74

Groupe

accessoires

duits

pro¬

de

Ventes

64

Groupe

chandises

mar¬

de

Achats

44

Groupe

terme

long

àEngagements

24

Groupe

Titres

14

Groupe

directs

Impôts

73

Groupe

répartis

bois

des

Valeur

63

Groupe

tiers

des

par

cutés

exé¬

Transports

43

Groupe

Libre

23

Groupe

Stocks

13

Groupe

Bilan

82

Groupe

expl

oita

tionhors-

Produits72

Groupe

bois

de

usage

Propre

62

Groupe

d'exploitat.

téri

el

ma¬

du

Entretien

42

Groupe

Créanciers

22

Groupe

Débiteurs

12

Groupe

résultats

de

Compte81

Groupe

expl

oita

tion

hors-

Charges71

Groupe

bois

de

Ventes

61

Groupe

personnel

lepour

Charges41

Groupe

engagem.

passifs,

courants

Comptes21

Groupe

Disponibilitéset

Trésorerie

11

Groupe

Libre

0Classe

Libre

9Classe

Bouclement

8Classe

hors

-exp

loit

at.

prod

uits

et

Charges

7Classe

d'ex

ploi

tati

onProduits

6Classe

libre

5Classe

d'ex

ploi

tati

onCharges

4Classe

libre

3Classe

Passifs2

Classe

Actifs

1Classe

sTabi.

forestière

entreprise

une

pour

comptable

Plan

La comptabilisation des impôts directs pose des problèmes ardus (Kâfer, 18). Les

impôts perçus varient d'un canton à l'autre et sont de nature diverse. Certains consti¬

tuent des charges de l'exploitation, d'autres pas. Vu leur montant important, on désire

éviter leur éparpillement et savoir leur total. Le plus simple est de les comptabiliserdans la classe 7 dans un groupe de comptes spécial.

Le plan comptable proposé sur le tableau 8 s'adapte à toute entreprise forestière.

Dans des petites entreprises, on fusionne des groupes de comptes, tandis qu'on les sub¬

divise en comptes et sous-comptes dans des entreprises plus importantes.

VIII. La comptabilité commerciale de l'entrepriseforestière de X

A. L'entreprise forestière de X et sa comptabilité

a) Description de l'entreprise

L'entreprise forestière de X est une bourgeoisie du Plateau suisse. Elle possède entre

500 et 1000 ha de forêts. Celles-ci sont situées entre 360 et 570 m d'altitude, dans une

contrée au climat humide et tempéré. Elles se répartissent en deux séries d'aménagementbien différentes l'une de l'autre, comme le montre le tableau 9.

La série A est une série feuillue en partie sur des formations du Jura. Les 2/s de sa

surface occupent des terrains calcaires escarpés, aux sols tantôt secs et superficiels,tantôt lourds, marneux et frais et le reste, des plateaux horizontaux ou mollement

inclinés, recouverts de dépôts morainiques. Issue d'anciens taillis sous futaie, qui

occupent encore 1/s de la surface malgré les conversions entreprises depuis des années,

elle contient presque toutes les essences feuillues en mélanges variés. Les résineux, en

majorité de l'épicéa et du sapin, accompagnés de pin et de mélèze, se trouvent en grande

partie en peuplements purs, artificiels.

La Série B est résineuse. Elle se trouve en entier sur la Molasse d'eau douce inférieure,

que recouvrent par place des alluvions et du fluvioglaciaire anciens. Ses terrains sont

plus accidentés, mais plus productifs. Déjà autrefois, elle a été réservée à la futaie. Cette

circonstance explique la prédominance de l'épicéa et du sapin, l'uniformité généraledes peuplements, interrompue, il est vrai, dans plusieurs divisions par un mélangeharmonieux de résineux et feuillus.

Le traitement sylvicole a longtemps été défectueux. Situées sur la route des armées

et dans un bailliage commun, les forêts de X subirent autrefois des déprédations sans

nombre. Dès le début du XIXe siècle, on tenta une réglementation des coupes désordon¬

nées et abusives ; on adopta la coupe rase, suivie par place de cultures agricoles inter¬

calaires. On remplaça des taillis par des plantations pures d'épicéa. Il résulta de ce

régime un déficit et un déséquilibre du matériel sur pied que 30 ans de sylviculture

intensive et systématique n'ont pas encore réussi à effacer.

191

Tabl. 9 Conditions forestières de l'entreprise forestière de X en 1934

Série A Série B

Formation géologique des terrains (en % de la surface)

42%

58% 100 %

Genre des peuplements (en % de la surface)

32%

68%

8%

92%

Répartition des essences (en % du volume)

49%

51%

71%

29%

Matériel sur piedVolume 226 m3/ha

28%

42%

22%

8%

295 mVha

15%

35%

32%

18%

0,61 m3 0,84 m3

La gestion des forêts est confiée à un ingénieur forestier, secondé par deux gardesforestiers. Il doit aussi s'occuper de terrains agricoles et d'un vivier. A ces deux activités

hors-exploitation se sont ajoutées deux autres: en 1937, l'exploitation d'un hangarconstruit pour faciliter l'écoulement du bois de feu ; pendant la guerre, dans le cadre du

Plan Wahlen, la mise en valeur de terrains défrichés dans la Série A. Enfin en 1943, on

a acheté quelques parcelles de forêt à K.

b) Particularités de la comptabilité commerciale

La comptabilité commerciale porte sur la période d'aménagement 1935/46, soit sur

12 ans. Nous l'avons faite entièrement sur la base des pièces justificatives originales et

des livres de la comptabilité traditionnelle.

La feuille d'analyse a été organisée de manière à permettre le calcul du rendement

net par série et de séparer certaines charges hors-exploitation non comptabilisées à part

dans la comptabilité financière. Elle comprend les sections et sous-sections récapituléesdans le tableau 10.

La répartition des frais généraux s'est faite de la manière suivante :

Prestations sociales, entretien et amortis- 1 proportionnellement aux salaires des sec-

sement du matériel, pépinière ) tions intéressées ;

192

Entreprise forestière de X. Sections de la feuille d'analyse Tabl. 10

Sections

Administration

Chemins

Pépinière

Investissements nouveaux

Sous-sections

Sections auxiliaires

{ Série A

\ Série B

Sections principales

subdivisé en sous-sections selon les genres

d'investissements

i Production du bois

Forêt Série A •

Forêt Série B

Forêts de K

Récolte de produits accessoires

Récolte du bois

Production du bois

Récolte du bois

| Façonnage

\ Débardage et transport

| Façonnage

\ Débardage et transport

Sections destinées à la séparation de charges hors-exploitation non

comptabilisées à part dans la comptabilité financière

Hangar à bois

Vivier

Terrains agricoles

Terrains défrichés

Autres amortissements: proportionnellement à la valeur des capitaux investis dans les

sections intéressées;

Administration : proportionnellement aux salaires des sections, sauf sur les sous-sections

Production du bois et Récolte du bois, dont les parts —1/s du montant attribué aux

sections Forêt (cf. Note p. 175) ;

Chemins : 50 % sur Production du bois et 50 % sur Récolte du bois.

Les frais généraux attribués aux sections Récolte du bois ont été répartis sur les sous-

sections «Façonnage» et «Débardage et transport du bois» proportionnellement aux

salaires.

193

On a appliqué les taux d'amortissement ci-dessous :

Objet Durée admise Taux

Matériel d'exploitation 8 ans 25 % de la valeur comptablePeuplements artificiels 50-60 ans 4 % de la valeur comptableClôtures 6 ans 30 % de la valeur comptableCabanes d'abri 20 ans 11 % de la valeur comptableHangar 40 ans 2,5 % de la valeur initiale

Chemins pas d'amortissements

Le taux des intérêts calculés se monte à 4 %, soit un peu plus que le taux usuel

aux environs de 1935.

La révision du plan d'aménagement en 1946 a révélé des augmentations du matériel

sur pied de 51 m3/ha pour la Série A et de 76 m3/ha pour la Série B. La plus-value du

capital forestier s'établit comme suit :

Ire méthode: Evaluation au prix de revient

Série A Série B

Frais totaux de production du bois 1800 Fr./ha 2180 Fr./ha

: Accroissement : 139,5 m3/ha : 164,0 m3/ha

Frais de production du bois par m3 d'accroissem. 12.90 Fr. 13.30 Fr.

x Augmentation du volume en m3 x 51 x 76

Plus-value du capital forestier 660 Fr./ha 1000 Fr./ha

2e méthode: Evaluation d'après le bénéfice supplémentaire réalisable

par l'exploitation intégrale de l'accroissement

Pour le calcul des prix unitaires de la Série A, on a tenu compte des exploitationssur les surfaces défrichées. L'augmentation du matériel se monte à 33 % de l'accroisse¬

ment dans la Série A et à 46 % dans la Série B ; elle est donc très forte et nous avons

affaire au cas b) exposé à la page 186.

Série A Série B

Rendement brut par m3 exploité 35.80 Fr. 35.80 Fr.

Frais totaux de la section Forêt 2970 Fr./ha 3350 Fr./ha

- Frais fixes - 1350 Fr./ha - 1990 Fr./ha

Frais variables 1620 Fr./ha 1360 Fr./ha

: Volume exploité en m3/ha : 92 : 88,5

Frais variables par m3 exploité 17.60 Fr. 15.40 Fr.

Différence (Rendement brut - Frais variables) .18.20 Fr./m3 20.40 Fr./m3

X Augmentation du volume en m3 X 51 x 76

Plus-value du capital forestier 930 Fr./ha 1550 Fr./ha

194

La première méthode donne le chiffre le plus bas, valable pour le bilan.

Le défrichement a posé certains problèmes comptables. Nous les avons résolus en

considérant les surfaces défrichées comme ne faisant plus partie de la forêt dès le début

des abattages.Les chemins existant en 1934 ont été estimés à 14 Fr. le mètre courant pour les

chemins empierrés et 4.50 Fr. pour les chemins non empierrés. Ces prix correspondentà la moyenne cantonale pour les années 1902 à 1938 (Inspektion fiir Forstwesen, Jagdund Fischerei, 16).

c) Evaluation du capital forestier initial

Le prix d'achat des forêts étant inconnu, nous avons appliqué la méthode d'évalua¬

tion décrite plus haut. La discrétion nous impose l'emploi des chiffres par ha.

La comparaison avec les forêts des propriétaires voisins, de l'Etat, des communes

à gestion directe et des autres communes du canton montre que la gestion des forêts

de X est conforme à la moyenne. Les différences proviennent seulement des conditions

topographiques et de la qualité des peuplements. Le facteur «intensité de la gestion»est donc négligeable.

Les exploitations annuelles par ha ont été en moyenne les suivantes :

Série A Série B En moyenne

Possibilité 6,5 m3 7,4 m3 6,9 m3

Volume exploité . 7,5 m3 7,35 m3 7,45 m3

Dépassement ou économie en % de la

possibilité + 15,1 % - 0,8 % + 8 %

Proportion de bois d'œuvre en 1935/46 = 29 % du volume exploité

Proportion de bois d'œuvre en 1925/34 = 34 % du volume exploité

Les exploitations supplémentaires de la guerre, prélevées entièrement dans la Série A

par le défrichement, ont empêché la réalisation complète du traitement prévu par l'amé¬

nagement. Cependant, réparties également sur toutes les divisions, elles n'auraient causé

aucun dommage sylvicole. C'est pourquoi nous avons admis pour le calcul du revenu

les chiffres suivants par ha et par an:

Série A Série B

.Possibilité 6,5 m3 7,4 m3

+ Dépassement de 8 % 0,5 m3 0,6 m3

Exploitations rectifiées 7,0 m3 8,0 m3

Le rendement brut moyen des bois a été le suivant:

Période 1935/46: 36.10 Fr./m3

Période 1925/46: 33,95 Fr./m3

Il n'y a pas de différence entre les deux séries. Malgré une proportion de bois d'œuvre

moindre, la moyenne de 1935 à 1946 est supérieure au chiffre de 1925/46 ; elle a donc

été relativement haute. C'est pourquoi il faut choisir un prix moyen plus bas. Nous

195

nous sommes arrêtés au chiffre de 33.50 Fr./m3, très proche de la moyenne vicennale.

Le rendement brut admis par ha est de :

Série A: 33.50 Fr. x 7,0 = 234.50 Fr.

Série B: 33.50 Fr. x 8,0 = 268.— Fr.

La rectification des exploitations modifie les frais. Un contrôle a montré qu'ellen'influence pas le total des frais d'administration, mais seulement leur répartition et l'on

a opéré les changements utiles. Les frais pour la récolte du bois ont été calculés avec les

frais unitaires fournis par la comptabilité commerciale et s'élèvent à

Série A: 10.— Fr./m3 X 7,0 m3 = 70.— Fr./ha

Série B: 9.13 Fr./m3 x 8,0 m3 = 73.05 Fr./ha

Pour la production du bois, l'entretien des chemins et la pépinière on a conservé les

frais effectifs de la période. Les frais totaux admis par ha s'établissent donc comme suit :

Série A Série B

Récolte du bois j 70.—Fr. 73.05 Fr.

Production du bois I frais d'administration déduits.

21.40 Fr. 18.60 Fr.

Chemins I 6.40 Fr. 4.55 Fr.

Administration 38.40 Fr. 36.50 Fr.

Pépinière —.80 Fr. —.80 Fr.

Total des frais admis par ha (sans les intérêts) . .137.— Fr. 133.50 Fr.

Le revenu net admis s'obtient sans autre :

Rendement brut du bois 234.50 Fr. 268.— Fr.

- Frais totaux - 137.— Fr. - 133.50 Fr.

Revenu net admis par ha 97.50 Fr. 134.50 Fr.

Il faut encore lui ajouter le revenu net de la récolte des produits accessoires et en

soustraire les pertes nettes sur les débiteurs insolvables. On obtient ainsi les revenus

admis pour la capitalisation de:

105.40 Fr. pour la Série A et de

141.— Fr. pour la Série B.

Compte tenu des moyennes cantonales et suisses indiquées par l'Annuaire statistiquefédéral suisse depuis 1934 et des conditions de l'entreprise, nous avons choisi un taux

de capitalisation de 33/4 %, supérieur à celui des carnets d'épargne et au taux de rende¬

ment effectif des actions et légèrement inférieur à celui des emprunts et des hypo¬

thèques.La valeur globale des forêts s'établit finalement comme suit:

Série A: 105.40 x -|^- = 2805 Fr./ha

Série B: 141.— x -~|- = 3755 Fr./ha.

196

Après déduction de la valeur des chemins forestiers, on trouve pour celle du capitalforestier les chiffres ci-dessous:

Série A Série B

Valeur globale de la forêt 2 805 Fr./ha 3 755 Fr./ha

- Valeur des chemins - 605 Fr./ha - 495 Fr./ha

Valeur du capital forestier 2 200 Fr./ha 3 260 Fr./ha

B. Les résultats de l'entreprise pendant la période 1935/46

a) Les résultats techniques et les investissements

Le traitement sylvicole intensif a produit d'heureux effets comme en témoigne l'extrait

du plan d'aménagement montré au tableau 11. Le matériel s'est accru d'un quart; il s'est

enrichi en gros et moyens bois au détriment des petits et a atteint un niveau voisin de

l'idéal dans la Série B. L'arbre moyen a nettement grossi. Les changements survenus

impressionnent d'autant plus qu'ils ont été réalisés en 12 ans seulement et que, simul-

Forêts de X. Evolution du matériel sur pied en 1935/46 Tabl. 11

Série A Série B

1934 1946 1934 1946

Répartition centésimale du matériel

Diamètre 16-24 cm

Diamètre 24-36 cm

Diamètre 36-52 cm

Diamètre 52 et plus

sut pied ( % di

28%

42%

22%

8%

volume)

17%

40%

32%

11 %

15%

35%

32%

18%

13%

29%

35%

23%

Arbre moyen 0,61 ms 0,75 m3 0,84 m3 0,95 m3

Matériel à l'ha

En % du matériel initial

226 m3

100%

282 m3

125 %

295 m3

100%

371m3

125 %

Forêts de X. Evolution du capital investi par ha dans les forêts Tabl. 12

Série A Série B

1934 1946 Diff. 1934 1946 Diff.

Améliorations forestières.

75 75 70 70

605 900 295 495 750 255

Capital forestier. . . 2200 2200 — 3260 3260 —

Plus-value du capital for. — 660 660 — 1000 1000

Total

5 65 60 5 70 65

2810 3900 1090 3760 5150 1390

en % de 1934 .... 100% 139% 39% 100% 137% 37 %

197

Tabl.13 Entreprise forestière de X. Evolution du bilan

Bilan d'ouverture

au 1.10.1934

Bilan de clôture

au 30. 9.1946

ActifsFr.

2 328

110 000

388 000

1 835 000

134 688

Fr.

36 827

3 512

9 490

372 328

1590

48 990

81200

9 130

558 900

1 805 300

540 000

111713

Matériel d'exploitation ....

Améliorations forestières....

Total 2 470 016 3 578 980

Passifs

Contre-partie de la plus-value du

Total

3 552

110 000

2 356 464

372 124

540 000

2 666 856

2 470 016 3 578 980

tanément, les exploitations par ha ont augmenté de 13 % ou de près d'un m3. La gestion

a d'autre part voué une attention spéciale aux améliorations forestières et au dévelop¬

pement du réseau routier. Elle a mis à demeure 1 089 330 plants et construit près de

7,5 km de chemins forestiers.

Le capital investi par ha a ainsi augmenté de 1090 Fr. dans la Série A et de 1390 Fr.

dans la Série B (cf. tableau 12). L'augmentation relative est pratiquement la même,

39 et 37 %. Les chiffres étant exprimés par ha, la différence pour les chemins dans la

Série A ne résulte pas seulement des constructions, mais aussi des défrichements qui

ont diminué la surface desservie, sans réduire le réseau routier forestier.

b) Les résultats financiers

L'évolution de la fortune est aussi impressionnante, comme le montre la comparaison

entre les bilans d'ouverture et de clôture (tabl. 13). Le total des actifs s'est accru de

1 108 964 Fr. ou de 45 % ; la valeur des forêts a augmenté malgré les défrichements de

510 300 Fr. ou de 28 %, celle des chemins de 170 900 Fr. ou de 43 %, le fonds de

réserve de 262 124 Fr. ou de 240 %, le capital propre de 310 392 Fr. ou de 13 % et

l'entreprise n'a plus aucune dette.

198

Entreprise forestière de X. Compte de résultats

pour la période 1935/46 Tabl. 14

Charges Produits

Fr.

1 104 826

4 010

91965

147 904

30 286

55 367

23 651

2136

1 600 811

Fr.

1 795 292

170 381

58 373

59 400

338 719

540 000

98 791

3 060 956 3 060 956

46 181

129 413

402 826

55 393

1 331 428

1600 811

63185

89 925

2 976

9180

199 164

Distributions en espèces et en nature aux bourgeois . .

Amortissement des forêts défrichées

Bénéfice net de l'entreprise

1 965 241 1 965 241

Le compte de résultats de la période (tabl. 14) fait apparaître un bénéfice d'exploi¬tation total de 1 600 811 Fr. ou de 133 401 Fr. par an. Celui-ci provient pour 46 %de la Série A, 51 % de la Série B et 3 % de la vente de produits accessoires.

Les charges d'exploitation totales se sont élevées à 1 460 145 Fr. et représentent le

48 % du rendement brut. Elles se répartissent pour 76 % sur le personnel, pour 10 %

sur les autres prestations de tiers, pour 6 % sur les transports effectués par des tiers.

Les produits d'exploitation proviennent des ventes de bois pour 59 %, de la plus-valuedu capital forestier pour 18 %, des nouveaux investissements pour 11 % et des bois

répartis pour 6 %.

199

Malgré le bénéfice des établissements accessoires, le bénéfice net de l'entreprise est

inférieur à celui de l'exploitation. C'est la conséquence des distributions en espèces et en

nature aux bourgeois, des impôts, qui représentent le 8 % du bénéfice d'exploitation,et de l'amortissement des forêts défrichées. On l'a attribué aux usages suivants:

Attributions au fonds de réserve 262 124 Fr.

Attribution à la contre-partie de la plus-value du capital forestier.

540 000 Fr.

Versements à la Bourgeoisie 218 912 Fr.

Augmentation du capital propre 310 392 Fr.

Total 1 331 428 Fr.

Les distributions aux bourgeois et les versements à la Bourgeoisie atteignent la

somme respectable de quelque 620 000 Fr. ou 51 500 Fr. par an qui souligne l'impor¬tance publique et sociale des forêts de X.

Le capital moyen engagé dans l'exploitation pendant la période s'est élevé à

2 313 104 Fr. ; il a fonctionné au taux très intéressant de 5,8 %.

Fig.3

Forêts de X. Comparaison entre le résultat de la comptabilité commerciale

et l'excédent des recettes de la comptabilité traditionnelle

Fr.

300 000

200 000

100 000 -

Comptabilité traditionnelle

Comptabilité commerciale

Fr.

400 000

300 000

- 200 000

100 000

"f 1 1 1 1 r-

Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46

La figure 3 montre quelle fausse idée la comptabilité traditionnelle donne du rende

ment financier véritable. Elle n'a pas enregistré la valeur annuelle des nouveaux inves

tissements et du bois réparti aux bourgeois, et, en 1946, la plus-value du capital forestier

pendant la période ; en revanche, de 1943 à 1945, elle a enregistré dans le compte Forêi

le produit net des coupes de défrichements au même titre que celui d'une coupe ordi

naire, alors que la comptabilité commerciale l'a noté plus justement parmi les produits

hors-exploitation. Ainsi elle indique pour la période un résultat financier de 872 112 Fr.

seulement, inférieur de 728 699 Fr. au rendement net véritable obtenu par la compta¬

bilité commerciale.

200

C. La gestion des forêts

a) Le rendement net calculé des sections Forêt

La figure 4 montre l'évolution du rendement net calculé sans la plus-value du capitalforestier. A part la perturbation provoquée par la réduction des coupes en forêt, de 1943

à 1945 à cause des défrichements, l'évolution est régulière : depuis 1936 le rendement net

calculé par ha et par m3 exploité augmente continuellement dans les deux séries. Cette

amélioration n'est pas due uniquement à la dépréciation de l'argent ; comme le montre

les valeurs du rendement net par m3 exploité en Fr. de 1914 (cf. fig. 4), elle est réelle

et atteint 50 à 70 %. Pour deux raisons elle est plus forte dans la Série B : d'une part

l'élévation du rendement net par m3 exploité y a été plus marquée et d'autre part, con¬

trairement à la Série A, les exploitations ont augmenté parallèlement. Le rendement net

par m3 exploité est toujours plus grand dans la Série B ; il en est de même pour le ren¬

dement net par ha, sauf en 1936 et 1941 où le volume exploité par ha est inférieur

à celui de la Série A.

L'augmentation du rendement brut ayant précédé et dépassé celle des frais, le coeffi¬

cient d'exploitation (; -.

) s'est amélioré graduellement jusque vers 1942.1 V rendement brut / j -i

Ses variations annuelles reflètent en gros celles du volume exploité (cf. fig. 4).

Fig. 4

Forêts de X. Evolution du rendement net calculé sans la plus-value du capital forestier

H Série A I I Série B Le trait blanc ou noir dans les colonnes marque la valeur en Fr. de 1914

Rendement net par ha et taux de rendement

Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46

Coefficient d'exploitation

%

100 -

80

60

40-1 1 1 1 il ~T—I 1 1—

Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46

- 100

80

60

40

Rendement net

taux de rendement

Fr. -i

20 -

10 -

Rendement net par m3 exploité

....-llll.llFr.

- 20

10

0

Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46

Volume exploité par ha

10 -

5

-1—i—i—l—l—i—l—i—i—i—r

Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46

10

5

Le taux de rendement suit fidèlement les variations du rendement net par ha et oscille

entre - 0,3 et 7,5 %. Il est en moyenne de 5,7 % dans la Série B et de 4,8 % dans la

Série A (en tenant compte de la plus-value du capital forestier).

201

Forêts de X. Le rendement net calculé de la périodeTabl. 15 1935/46 en moyenne

Série A Série B

Rendement net par ha sans la plus-value

Rendement net complet par ha... .

90.— Fr.

52.— Fr.

100%

100%

138.—Fr.

83.—Fr.

154%

160%

142.— Fr. 100 % 221.— Fr. 156 %

Rendement net par m3 exploité (sans la

13.90 Fr. 100 % 18.80 Fr. 135%

Taux de rendement sans plus-value . .

Taux de rendement avec plus-value . . .

3,0%

4,8 % 100%

3,6%

5,7% 119%

Coefficient d'exploitation sans plus-value .

Coefficient d'exploitation avec plus-value .

59 %

48 %

47 %

36 %

6,5 m3 100% 7,4 m3 114 %

Le tableau 15 donne les chiffres moyens de la période. Il démontre nettement la

supériorité de la Série B résineuse, dont le rendement net complet par ha dépasse de

plus de la moitié celui de la Série A feuillue. La différence est de 79.— Fr. et provient

pour 16 % du volume exploité, pour 45 % du rendement net par m3 et pour 39 %de la plus-value du capital forestier. Dans les deux séries, cette dernière représente 37 %du rendement net complet par ha.

b) Le rendement brut des sections Forêt

Comme la figure 5 l'illustre, le rendement brut à l'ha, sans la plus-value du capitalforestier, augmente progressivement, surtout grâce à la hausse régulière du rendement

brut par m3 exploité. Toutefois l'influence de ce facteur est parfois masquée par les fluc¬

tuations annuelles du volume exploité.Le rendement brut par m3 exploité a doublé; sa hausse ne s'explique pas par une

amélioration de la valeur intrinsèque du bois; elle correspond presque exactement à la

dévaluation de l'argent (cf. rendement brut par m3 en Fr. de 1914, fig. 5).Le tableau 16 montre les faits suivants:

Dans les deux séries, les ventes de bois livrent plus des 7/io du rendement brut total,la plus-value du capital forestier Vs à Vé et les bois répartis V20 à V12. La Série B, ré¬

sineuse, a un rendement brut complet par ha de 76 Fr. ou de 28 % supérieur à celui

de la Série A ; ses ventes de bois et la plus-value de son capital forestier ont été supérieurs.Son rendement brut par ha sans la plus-value du capital forestier dépasse celui de la

Série A de 45 Fr. ou de 20 % ; la différence provient pour les 2/3 des exploitations et

pour Vs du rendement brut par m3.

202

Série A

Fig.5

Forêts de X. Evolution du rendement brut des sections Forêt

(sans la plus-value du capital forestier)

QséSérie B

Fr.

500 -

Rendement brut par ha -Fr.

- 500Fr.

400 - - 400 40

300 - jtfl - 300 30

200 - rfi-j^lrllll II - 200 20

100 -

lllllllll lll - 100 10

Le trait blanc ou noir dans les colonnes marque la valeur en Fr. de 1914

Rendement brut par m3 exploité

Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46

Forêts de X. Rendement brut moyen des sections Forêt

pendant la période 1935/46 Tabl. 16

Série A Série B

Rendement brut sans la plus-value du ca-

Plus-value du capital forestier....

197 Fr./ha

22 Fr./ha

73%

8%

19%

245 Fr./ha

19 Fr./ha

71 %

5%

24%

219 Fr./ha

100%

52 Fr./ha

264 Fr./ha

120%

83 Fr./ha

271 Fr./ha

100%

100% 347 Fr./ha

128%

100 %

Rendement brut par m3 exploité (sans

la plus-value du capital forestier) . . .33.90 Fr. 100 % 35.80 Fr. 106%

Prix de vente du bois par m3

Bois de feu

46.40 Fr.

32.20 Fr.

35.90 Fr.

44.30 Fr.

31.90 Fr.

37.30 Fr.

Valeur des bois répartis (par m3) . . .23.90 Fr. 24.60 Fr.

Nombre de fagots produits par ha. .

22 %

70

39%

52

Dans la Série B, le bois d'œuvre et le bois de feu se sont vendus 2.10 Fr./m3 et

—-.30 Fr./m3 moins cher que dans la Série A; néanmoins, le prix de vente est en

moyenne supérieur de 1.40 Fr./m3 à cause de la proportion de bois d'œuvre plus élevée.

Avec les bois répartis qui y sont taxés plus haut, la Série B a un rendement brut par m3

exploité de 1.90 Fr. plus élevé.

203

Fait intéressant, à part les années anormales de 1940, année de mobilisation générale,

et de 1943 et 1944, années de défrichements, les salaires dépensés pour les travaux d'en¬

tretien, de culture et d'investissements oscillent entre 10 et 15 % du produit des ventes

de bois (cf. fig. 6) ; l'ampleur de ces travaux dépend directement de celui-ci. Cette

corrélation étroite souligne la nécessité d'obtenir des prix de bois équitables pour réa¬

liser une gestion intensive des forêts.

Fig. 6

Forêts de X. Relations entre le produit des ventes de bois et les travaux d'entretien,

de culture et d'investissements pendant la période 1935/46

10 000 Fr.

1000 heures

Produit des ventes de bois -

30 y\\ yr

20

i-V y""

-

"1 \i i i i i

Heures de travail consacrées

à ces travaux

Salaires dépensés pour ces

travaux en % de A

Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46

c) Les frais totaux des sections Forêt

La figure 7 et le tableau 17 illustrent ce paragraphe et donnent les chiffres importants.

Fig. 7

Forêts de X. Evolution des frais totaux par ha des sections Forêt

pendant la période 1935146

Fr.

400

Série A D Série B

Le trait blanc ou noir dans les

colonnes marque la valeur en

Fr. de 1914

Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46

Dans les deux séries, les frais totaux augmentent continuellement. Les variations

entre années sont dues principalement aux frais de récolte du bois. Sauf en 1944, la

Série B a des frais totaux plus élevés, en moyenne de 33.— Fr. ou de 13 %. Malgré ses

exploitations plus fortes, elle a les mêmes frais de récolte; en revanche ses frais de

production sont 21 % plus hauts. Comparé à la Série A, elle a 5.25 Fr. ou 5 % de frais

de personnel en moins, mais 1.10 Fr. de frais divers et d'amortissement en plus. Ses

frais sans les intérêts sont inférieurs et contribuent ainsi à élever son rendement net

calculé. Mais comme elle travaille avec un capital plus haut, ses frais d'intérêts dépassent

largement ceux de la Série A, de 37.15 Fr. ou de 32 %. Voilà pourquoi la répartition

204

Forêts de X, Frais totaux moyens des sections

Forêt pendant la période 1935/46 (par ha) Tabl. 17

Série A Série B

Personnel 101.05 Fr.

26.45 Fr.

2.— Fr.

117.50 Fr.

41 %

11 %

1%

47%

95.80 Fr.

27.05 Fr.

2.50 Fr.

154.65 Fr.

34%

10%

1%

55%Intérêts

247.— Fr.

100%

100% 280.— Fr.

113 %

100%

Frais de production du bois.... 150.— Fr.

97.— Fr.

100%

100%

182.—Fr.

98.—Fr.

121%

101 %

centésimale et le total des frais diffèrent autant. Dans la Série A, les frais de productiondu bois représentent le 61 % du total, dans l'autre le 65 %. Si l'on élimine l'effet de

la dépréciation de l'argent, on constate que les frais totaux ont pratiquement diminué

sans arrêt de 1935 à 1944 ; en 1946, ils n'avaient pas encore rejoint leur niveau initial.

d) Les frais d'administration

De 1935 à 1940, ces frais restent relativement constants ; dès 1941, ils suivent le ren¬

chérissement du coût de la vie. L'augmentation des coupes provoque une diminution

de leur proportion en % des salaires ou des frais totaux (cf. tabl. 18). Leur répartitioncentésimale est restée remarquablement stable: en moyenne 84 % pour le traitement

des employés permanents, 14 % pour les débours de bureau et 2 % pour les frais divers.

Forêts de X. Evolution des frais d'administration pendantla période 1935/46 Tabl. w

Année Total

Fr.

Répartition en °/o des :

Année Total

Fr.

Répartition en °/o des ;

salairesfrais

totauxsalaires

frais

totaux

1935

1936

1937

1938

1939

1940

28 518

26 271

26 848

27 349

27 458

26 910

43,1

44,4

42,0

41,1

42,5

43,2

32,4

32,6

27,8

30,4

31,3

32,9

1941

1942

1943

1944

1945

1946

29 885

29 756

36 905

39 338

40 647

55 120

32,6

30,7

36,4

38,3

34,1

41,8

23,6

21,9

19,4

17,5

18,8

26,0

Moyenne 32 917 38,5 24,2

205

e) Les frais pour les chemins

Les frais pour les chemins par m courant sont en moyenne les mêmes dans les Sé¬

ries A et B dont les différences géologiques et orographiques semblent sans influence.

Ils consistent pour les 3/t en frais d'intérêts (cf. tabl. 19), varient beaucoup et sans règlesvisibles d'une année à l'autre, de —.41 à —.83 Fr. dans la Série A, de—.45 à —.72 Fr.

dans la Série B (cf. fig. 8), et influencent fortement les frais de débardage et transport:

ainsi ces deux genres de frais atteignent tous les deux des montants élevés, en 1938, 1945

et 1946 dans la Série A, en 1936 et 1944 dans la Série B, et des montants bas, en 1940

et 1941 dans la Série A et en 1940, 1943 et 1945 dans la Série B. Les différences entre

les 2 séries pour les frais par ha et m3 exploité proviennent essentiellement des densités

de chemins inégales.

Tabl. 19

Forêts de X. Frais pour les chemins pendant

la période 1935/46 (en moyenne)

Série A Série B

Personnel —.08 Fr.

—.02 Fr.

—.40 Fr.

—.04 Fr.

15%

4%

74%

7%

—.06 Fr.

—.02 Fr.

—.41 Fr.

—.04 Fr.

11%

4%

77%

8%

—.54 Fr. 100% —.53 Fr. 100%

Part imputableà la production de bois (par ha) .

à la récolte de bois (par m3) . .

18.70 Fr./ha

100%

2.40 Fr./m3

100 %

14.50 Fr./ha

78%

1.95 Fr./m3

81%

Genre de chemins

75%

25%

78 m/ha

82%

18%

61 m/ha

Fig. 8

Forêts de X. Evolution des frais pour chemins par m' et des frais de débardageet transport du bois par ms exploité pendant la période 1935146

Frais pour le débardage et le transport

Année 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46

Série A

Année 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46

Série B

206

f) Les frais de production du bois

Un examen du tableau 20 révèle les faits suivants.

Les frais de production par ha sont presque proportionnels à l'accroissement si bien

que les frais par m3 d'accroissement sont presque égaux dans les deux séries.

Forêts de X. Frais de production du bois Tabl. 20

Série A Série B

par ha

Fr.

par m3

d'accr.

Fr. °/o

par ha

Fr.

par m3

d'accr.

Fr. 7o

Amortissements....

Intérêts

Administration....

Pépinière

Total

8.—

12.—

1.75

89.55

19.20

18.70

—.80

—.70

1.05

—.15

7.70

1.65

1.60

—.05

5

8

1

60

13

12

1

4.45

11.90

2.20

132.—

16.15

14.50

—.80

—.35

—.85

—.15

9.65

1.20

1.05

—.05

2

7

1

73

9

8

150.— 12.90 100 182.— 13.30 100

Accroissement annuel. . 11,7 m' 13,7 m3

Les frais d'intérêts prédominent, atteignant 60 et 73 %. La Série A, avec 89.55 Fr./ha

en a moins que la Série B avec 132.— Fr./ha. En revanche elle a des frais de personnelet d'administration plus élevés, car elle contient plus de rajeunissements et de taillis

sous futaie en conversion qui, les deux, exigent une culture plus chère que celle des

jeunes peuplements de la série résineuse. Mais, en fait, la différence n'est pas aussi

grande qu'il ne paraît sur le tableau 20, car dans la Série A, la majorité des travaux

culturaux ont été exécutés vers la fin de la période avec de hauts salaires alors que dans

la Série B, ils l'ont été au début de la période avec des salaires bas.

g) Les frais pour la récolte du bois

Sauf en 1935, 1937 et 1944, les frais de récolte du bois sont nettement meilleur

marché dans la Série B (cf. fig. 9). Ils sont en moyenne les suivants: dans la Série A,

14.95 Fr./m3 et dans la Série B, 13.30 Fr./m3. La différence de 11 % provient de tous les

genres de frais, les frais divers exceptés (cf. tabl. 21). Elle se remarque aussi bien pour

les frais de façonnage que pour ceux de débardage et de transport et s'explique facile¬

ment. Comme on l'a vu au tableau 16, la Série A produit beaucoup plus de bois de feu

et de fagots, assortiments plus chers à façonner, à débarder et à transporter. Les frais

de personnel et les frais divers pour le débardage et le transport ne dépassent pas, il est

207

Forêts de X. Frais moyens par m3 pour le façonnage, le débardageTabl.21 et le transport du bois pendant la période 1935/46

Frais de façonnage Frais de débardage et transport

Série \ Série B Série A Série B

Fr. °/o Fr. % Fr. °/o Fr. °/o

Personnel. . . 8.65 78 7.70 78 —.15 4 —.20 6

Divers....

— — — — 1.20 32 1.20 36

Amortissements. —.05 — —.05 — —. —. — —

Intérêts. . .

— — — — — — —. —

Administration. 2.45 22 2.15 22 —.05 1 —.05 1

Chemins. . .

— — — — 2.40 63 1.95 57

Total. . . 11.15

100%

100 9.90

89%

100 3.80

100 %

100 3.40

91%

100

vrai, ceux de la Série B ; ils sont même légèrement inférieurs. C'est l'effet du réseau

routier plus dense. Il a permis une économie qui compense très probablement les frais

pour les chemins plus élevés. En l'absence de renseignements circonstanciés, cette ob¬

servation nous fait penser qu'il est rentable.

La gestion s'est efforcée de perfectionner les méthodes de façonnage et débardage

par des cours de bûcheronnage, par la sélection d'ouvriers qualifiés, par l'introduction

d'un outillage moderne. Les frais de récolte par m3, exprimés en Fr. de 1914, montrent

qu'elle a réussi ; ils sont moins élevés en 1946 qu'en 1935 bien que le renchérissement

des salaires dépasse celui du coût de la vie. Pendant les années 1940 à 1944, où les

salaires ne s'étaient pas encore adaptés, la baisse des frais de récolte est encore plus

marquée (cf. figure 9 et tableau 22).

Forêts de X. Salaires horaires moyens et indice du

Tabi.22 coût de la vie pendant la période 1935/46

Année

Salaire

horaire

moyen

Fr.

Indice des

salaires

Indice

du coût

de la vie

Année

Salaire

horaire

moyen

Fr.

Indice des

salaires

Indice

du coût

de la vie

1935 —.77 128 128 1941 1 — 167 174

1936 —.80 133 130 1942 1.05 175 193

1937 —.86 143 137 1943 1.19 198 203

1938 —.85 142 137 1944 1.14 190 208

1939 —.88 146 138 1945 1.35 225 209

1940 —.73 122 151 1946 1.42 237 208

208

Fig.9

Forêts de X. Evolution des frais de récolte par m? exploité

pendant la période 1935/46

Fr./m3 Fr./m3

r&fttttfl Ifl S6ri A Qs eB

.11 H B~B fl B B B B B B~ ~ ^e tra*1 ^^anc °u n°^r ^ans 'es

' B fl fl B fl B B B~B B B B colonnes marque la valeur en

MIMMIMU-

Année 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46

h) Les défrichements

Les défrichements ordonnés pendant la guerre ont touché le 6 % des forêts de X,

provoquant la destruction de peuplements en pleine production, d'un volume sur piedde 225 m3/ha, et procurant des terres arables de qualité moyenne. Ils ont été subven¬

tionnés par les pouvoirs publics pour 77 %, à condition que les sols gagnés restent

affectés à l'agriculture pendant 20 ans.

Ils étaient certes justifiés dans l'intérêt du pays, mais ils ont porté un sérieux pré¬

judice à l'entreprise. Le produit net des coupes sur ces terrains ayant été attribué à un

compte spécial «Terrains défrichés», le résultat financier de la Série A a souffert. Pré¬

levée par des coupes culturales, la même quantité de bois aurait permis d'élever dans

cette série le volume exploité de 1 m3 par ha, le rendement net de 36 Fr. par ha et le

taux de rendement, de 1,3 %. Le rendement brut moyen par m3 aurait été le même que

dans la Série B. La surface desservie ayant été réduite, les frais de chemins grèvent pluslourdement le reste de la forêt. L'exécution de travaux d'entretien, de culture et d'in¬

vestissements indispensables a été retardée (cf. fig. 6).

Malgré les subventions reçues, l'opération est très désavantageuse du point de vue

financier (cf. tabl. 23). L'exploitation normale de ces bois aurait livré 7110 Fr. net, sans

Forêts de X. Aspect financier des défrichements

(chiffres en Fr./ha) Tabl. 23

Produit net des bois exploités 7110 Fr.

Produit de la vente des souches 420 Fr.

— Valeur du capital forestier réalisé — 2200 Fr.

Produit net tiré de la réalisation du capital forestier 5330 Fr.

Frais totaux de défrichements 5970 Fr.

— Subventions reçues — 4610 Fr.

Capitaux investis par l'entreprise — 1360 Fr.

Somme à la libre disposition de l'entreprise après l'opération .... 3970 Fr.

209

entamer le capital forestier. En revanche le défrichement a procuré un gain net de

3970 Fr. seulement, immobilisé 1360 Fr. dans un investissement forcé et anéanti un

capital productif. Les terrains agricoles obtenus se louent 250 Fr. par ha. Toutefois,

comme ils seront reboisés sitôt le délai d'interdiction échu, une somme de 70 Fr. doit

être déduite de ce produit pour l'amortissement du capital investi. Ainsi leur rendement

net égalait encore en 1946 celui de la forêt, mais, comme ce dernier augmente, ils

rapportent actuellement déjà moins. En payant 4610 Fr. de subventions, la collectivité

n'a pas assez indemnisé le propriétaire pour le tort subi.

i) Conclusions

Les chiffres obtenus dans la comptabilité commerciale suggèrent des conclusions

importantes, impossibles à tirer de la comptabilité traditionnelle. Celle-ci, en plus, ne

permet pas les comparaisons entre séries, ni le calcul des frais pour l'entretien des che¬

mins, pour les investissements, pour le façonnage ou le débardage et le transport du bois.

A notre avis, les investissements exécutés seront rentables, bien que, pour la raison

indiquée en fin du paragraphe, le fait ne puisse pas être démontré. Cependant, ils pro¬

voquent des frais d'entretien accrus et des frais d'intérêts de 43.60 Fr./ha pour la

Série A et 55.60 Fr. pour la Série B, qui grèvent comme suit la production et la récolte

de bois :

Série A Série B

Production du bois 36.30 Fr. 49.— Fr.

Récolte du bois 7.30 Fr. 6.60 Fr.

Total 43.60 Fr. 55.60 Fr.

Ce renchérissement devra être compensé par des économies ou par des augmentationsdu rendement brut. La tendance ascendante des frais rend le premier moyen peu effi¬

cace ; le deuxième le sera plus comme on va le voir.

Pour garantir au capital engagé une rentabilité satisfaisante pendant la période1947/56, le rendement net par ha devrait atteindre au moins les montants ci-dessous:

Rendement net moyen de la période 1935/46 .

Augmentation nécessaire pour assurer une rentabilité

satisfaisante des nouveaux investissements.

Rendement net désirable pour 1947/56 ....

Il devrait donc être 34 % plus haut dans la Série A et 27 % dans la Série B. La pos¬

sibilité pour 1947/56 permet-elle cette augmentation? Elle se monte par ha et par an

à 6,1 m3 pour la Série A et à 8,5 m3 pour la Série B, soit 0,4 m3 de moins, respectivement

1,1 m3 de plus que dans la période précédente. Fixée uniquement d'après des considéra¬

tions sylvicoles, elle rend possible une accumulation du matériel sur pied suffisante pour

atteindre le volume désiré de 400 m3/ha en quelque 15 à 20 ans. Compte tenu des résul-

Série A Série B

142.— Fr. 221.— Fr.

48.— Fr. 59.— Fr.

190.— Fr. 280.— Fr.

210

Série A Série B

47.60 Fr. 46.60 Fr.

4.70 Fr. 4.70 Fr.

4.70 Fr. 4.70 Fr.

57.— Fr. 56.— Fr.

X 6,1 x 8,5

348.— Fr. 476.— Fr.

17.50 Fr. 14.70 Fr.

X 6,1 x 8,5

107.— Fr. 125.— Fr.

80.— Fr. 72.— Fr.

187.— Fr. 197.— Fr.

19.— Fr. 20.— Fr.

tats de l'année 1946 et des circonstances, le rendement net annuel réalisable grâce à elle

peut se budgeter avec prudence comme suit:

Rendement brut par m3 en 1946

+ augmentation du rendement brut due :

a) à la hausse générale des prix du bois: 10 % .

b) au triage et à la qualité meilleure des assortiments:

10%

Rendement brut budgeté par m3

X possibilité

Rendement brut budgeté par ha

Frais de récolte du bois par m3 en 1946

(sans les intérêts)

X possibilité

Frais de récolte du bois par ha

+ Frais de production du bois par ha (sans les in¬

térêts) en 1946

+ Supplément de 10 % pour la hausse des frais .

Frais totaux budgetés par ha 206.— Fr. 217.— Fr.

Rendement net budgeté par ha 142.— Fr. 259.— Fr.

Le rendement net restera le même dans la Série A et augmentera dans la Série B,

mais pas assez. II n'assurera la rentabilité satisfaisante désirée ni dans l'une ni dans

l'autre; il faudrait exploiter 1 m3 de plus dans chacune, ce qui du point de vue stricte¬

ment sylvicole est possible. Du point de vue économique, une capitalisation du matériel

sur pied aussi importante que celle prévue paraît discutable dans les circonstances

actuelles. Elle entraînera une plus-value du capital forestier relativement très forte, alors

que, entreprise à une époque ultérieure de mauvaise conjoncture, elle vaudrait moins

et, par conséquent, grossirait moins les frais de production. De plus elle empêche une

bonne adaptation des coupes aux besoins du marché; cette adaptation permettraitactuellement d'adoucir la disette de bois, de profiter des hauts prix et d'accumuler des

réserves bienvenues pour assurer la péréquation du rendement financier; plus tard,

elle contribuerait à limiter les conséquences de la mévente des bois. Mais vu la situation

sur le marché mondial du bois, on peut juger trop aléatoire le retour prochain d'une telle

période de dépression.Des deux séries, la Série B l'emporte avec évidence. Elle le doit surtout à la fertilité

plus grande de ses sols et au fait qu'elle est traitée depuis longtemps en futaie et en

second lieu seulement, à sa proportion de résineux plus élevée. En effet nous avons

estimé quel aurait été le rendement brut des deux séries pendant la période 1935/46

si elles avaient déjà les deux formé une futaie bien constituée. Nous avons employé les

211

Forêts de X. Comparaison du rendement brut par ha possibleTabl. 24 dans les deux séries

Série A Série B

A. Bases de l'estimation

Assortiments produits

identique à l'actuelle

8 m3/ha

50 % 4,0 m3

39 % 3,1 m3

11% 0,9 m3

identique à l'actuelle

10 m3/ha

60 % 6,0 m3

32 % 3,2 m3

8 % 0,8 m3

B. Rendement brut par ha possible

185.60 Fr.

99.80 Fr.

21.50 Fr.

306.90 Fr.

38.35 Fr.

265.80 Fr.

102.10 Fr.

19.70 Fr.

387.60 Fr.

38.75 Fr.

prix unitaires du tableau 16, avons augmenté le volume exploité et amélioré la propor¬

tion de bois d'œuvre en conformité de notre hypothèse, mais n'avons pas changé le

volume des bois répartis, ni tenu compte des modifications de l'arbre moyen. Nous avons

obtenu les chiffres du tableau 24. On voit que les rendements bruts par m3 des deux

séries auraient été pratiquement égaux, tandis que par ha aurait subsisté une différence

proportionnelle à la production moindre de la Série A.

La conversion des taillis sous futaie de la Série A correspond aux intérêts finan¬

ciers de l'entreprise et doit être poursuivie sans relâche, malgré les frais de culture

supplémentaires qu'elle occasionne (cf. § f ). Comme le montrent les chiffres de la

Série B, elle entraînera une augmentation sensible du rendement brut et diminuera les

frais unitaires de récolte du bois, grâce à la proportion de bois d'œuvre plus élevée. Au

vu des chiffres du tableau 24, un enrésinement mesuré de la Série A paraît profitable car

il permettrait d'augmenter la production sans porter atteinte à la fertilité de la station.

Du point de vue économique, le volume désiré de 400 m3 par ha paraît très élevé.

Pour l'atteindre, une augmentation du volume sur pied de 118 m3 dans la Série A et

de 29 m3 dans la Série B est nécessaire. En admettant qu'elle ait la même valeur unitaire

que celle de la période 1935/46, elle provoquerait une plus-value du capital forestier de :

Série A: 118 m3 • 12.90 Fr./m3 = 1520 Fr./ha environ

Série B: 29 m3 • 13.30 Fr./m3 = 385 Fr./ha environ

La hausse correspondante des frais d'intérêts serait de 61 Fr. par ha dans la Série A

et de 15 Fr. dans la Série B. L'opération semble difficilement rentable dans la Série A

d'autant plus que, vu la forte augmentation des prix du bois et des salaires survenue

depuis 1946, le rapport entre frais et rendement brut ne tend pas à s'améliorer.

212

En 1946, l'entreprise pouvait encore payer des salaires horaires plus bas que

la moyenne. Néanmoins, elle doit poursuivre plus que jamais ses efforts de ratio¬

nalisation du travail afin de prévenir les conséquences d'un changement de cette situa¬

tion avantageuse.

L'administration des forêts de X n'a conservé qu'une partie des données techni¬

ques énumérées au chapitre V, § C. Si nous les avions possédées toutes nous aurions pu

expliquer entièrement les variations annuelles des chiffres obtenus dans la comptabi¬lité commerciale, indiquer où et comment perfectionner les méthodes de travail, calculer

la rentabilité du réseau routier ou proposer des investissements utiles pour l'avenir.

IX. La comptabilitécommerciale de la Forêt d'enseignement

de l'Ecole polytechnique fédérale

A. La Forêt d'enseignement et sa comptabilité commerciale

a) Description de l'entreprise

En 1927, la Confédération acheta à la corporation d'Albisrieden quelque 170 ha de

forêts et les mit à disposition de l'Ecole forestière de l'EPF comme forêt d'enseigne¬ment affectée à l'instruction des étudiants et à la recherche scientifique. Ces forêts sont

situées sur l'Uetliberg près de Zurich, entre 475 et 840 m d'altitude, sur des pentes

exposées au NE, NO et S ; leur sous-sol est constitué par la Molasse d'eau douce supé¬

rieure, recouverte de dépôts morainiques; elles appartiennent à des associations fores¬

tières très productives, comme la chênaie à charme, la frênaie à érable et la hêtraie. Le

climat humide et tempéré (température annuelle moyenne: 8,8°; précipitations:1072 mm), les sols profonds et fertiles, du type des terres brunes mûres ou légèrement

podsolisées, contribuent à créer des conditions écologiques idéales.

En revanche l'état des peuplements laissait beaucoup à désirer: c'était d'une part

des taillis sous futaie en voie d'épuisement, et d'autre part des plantations pures ré¬

gulières de résineux; des peuplements encombrés de matériel côtoyaient des surfaces

envahies de bois blancs. Les soins culturaux, les nettoiements ne se faisaient pas, les

éclaircies restaient insuffisantes. Les bûcherons pratiquaient des méthodes surannées.

Le réseau routier se composait de quelques chemins mal répartis, inaccessibles aux ca¬

mions et impraticables par temps humide et n'avait pour ainsi dire aucune valeur.

La gestion a pour but de montrer l'influence heureuse d'un traitement intensif et

rationnel sur l'état et le rendement financier des forêts. Elle profite de facilités finan¬

cières qui permirent d'exécuter des investissements importants plus rapidement qu'ail¬

leurs. Elle est certes influencée par sa mission didactique et scientifique, mais la

comptabilité commerciale a été organisée de manière à en traduire les conséquences

financières.

Dès le début l'entreprise a entretenu une pépinière pour couvrir ses propres besoins

en plants. En 1930, elle a construit un refuge pour les bûcherons, le Blockhaus. De-

213

puis 1941, on lui a adjoint différents établissements accessoires: un entrepôt pour le

bois de feu et deux pépinières commerciales, une première vouée à la populicultureà Glanzenberg et une deuxième à la Grossmatt. Pour l'enseignement et les recherches

scientifiques on a construit une maison forestière et deux serres et installé une pépinièred'essais. En 1950, la Forêt d'enseignement était ainsi devenue une entreprise forestière

compliquée posant des problèmes comptables intéressants.

b) Particularités de la comptabilité commerciale

La comptabilité commerciale couvre les quatre premières périodes d'aménagement,soit les années 1927 à 1950. Nous l'avons aussi faite entièrement à partir des pièces

justificatives originales et des livres de la comptabilité traditionnelle.

Tabl. 25 Forêt d'enseignement. Sections de la feuille d'analyse

Sections

Administration

Sous-sections

Sections auxiliaires

Ouvrages et constructions

Pépinière pour le propre usage

Investissements nouveaux

Gérant

Gardes forestiers

Bureau et divers

Aménagement

Bâtiments de l'exploitationChemins

Sections principales

f Peuplements

Forêt

Chemins

I etc.

Production du bois -

Récolte du bois

Soins culturaux

Drains

Clôtures

Ouvrages de protection

Façonnage

Débardage et transport

Récolte de produits accessoires

Entrepôt de bois

Pépinière commerciale de Glanzenberg

Pépinière commerciale de la Grossmatt

Sections principales destinées à la séparation de charges hors-exploitation non

comptabilisées à part dans la comptabilité financière

Enseignement et démonstration

Maison forestière

Serres, pépinière d'essais, recherches scientifiques

214

La structure de l'entreprise, les détails demandés à la comptabilité, les besoins d'une

répartition aisée des frais généraux ont nécessité la création d'une trentaine de sections

et sous-sections sur la feuille d'analyse (cf. tableau 25). L'enseignement et les dé¬

monstrations, la maison forestière, les serres, la pépinière d'essais et les recherches scien¬

tifiques sont considérés comme hors-exploitation ; certaines de leurs charges, non enre¬

gistrées à part dans la comptabilité financière, sont déterminées à l'aide de trois sec¬

tions ad hoc.

Les données à disposition nous ont fait choisir les clés suivantes pour la répartition

des frais généraux :

a) Prestations sociales, entretien et amor- ) „ .,

comme dans 1 entreprise forestière de Atissement du matériel, autres amor¬

tissements

b) Gérant, garde forestier préposé aux

essais, Bureau et divers, pépinière

pour le propre usage:

c) Garde forestier préposé à la forêt:

d) Aménagement, chemins:

e) Bâtiments:

(p. 192 et 193)

proportionnellement aux salaires des sec¬

tions intéressées, sauf sur les sous-sections

Production du bois et Récolte du bois, dont

les parts égalent chacune V2 de celle de la

section principale Forêt (cf. Note p. 175).

depuis 1945, V12 à Vs de son salaire sur la

section Enseignement et démonstration; le

reste comme b) ; avant 1945 tout le salaire

comme b).

V2 sur Production de bois

V2 sur Récolte du bois.

comme d), moins un petit montant forfai¬

taire attribué à la pépinière pour le propre

usage.

Les frais généraux attribués à Production du bois et Récolte du bois ont été répartis

sur les sous-sections de ces sections proportionnellement aux salaires.

Les taux d'amortissement ont été de :

Objet Durée admise Taux

Matériel d'exploitation, clôtures, peu- 1, „ ^

- .., , v

... .

} comme dans 1 entreprise iorestiere de A

plements artificiels, entrepôt à bois I

Mobilier 30 ans 7,5 % de la valeur comptable

Travaux de protection ... 10 ans 20 % de la valeur comptable

Drains 20 ans 11 % de la valeur comptable

Cabanes d'abri ....30-40 ans 6 % de la valeur comptable

Blockhaus 60 ans 1,6 % de la valeur initiale

Chemins pas d'amortissement

215

Tabl. 26

Forêt d'enseignement.Calcul des plus-values du capital forestier

Période d'aménagement 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

Méthode No Evaluation au prix de revient

Frais de production du bois totaux 137 600 Fr. 164 800 Fr. 206 800 Fr. 275 300 Fr.

: Accroissement total estimé. . . : 11 300 sv : 15 000 sv : 12 900 sv : 16 800 sv

= Prix de revient de la sv d'accrois. 12.15 Fr./sv 11.— Fr./sv 16.— Fr./sv 16.40 Fr./sv

X Augmentation du volume total

estimé X3000 sv

36 500 Fr.

X5000 sv

55 000 Fr.

X2000 sv

32 000 Fr.

X1000 sv

16 500 Fr.= Plus-value du capital forestier.

Méthode No 2

Evaluation d'après le béné ice supplémentaire réalisable par Fexploitation

intégrale de l'accroissement

Augmentation du matériel en % de

57%* 50 %* 22 %** 15 %**

Rendement brut du bois par sv expl. 27.85 Fr. 23.75 Fr. 49.60 Fr. 53.70 Fr.

Frais totaux de la section Forêt 186 810 Fr. 224 090 Fr.

Frais variables, au total....

-111 700 Fr. -145 150 Fr.

75 110 Fr. 78 940 Fr.

: 3 276 sv : 5 129 sv

= Frais variables par sv exploitée . 22.95 Fr. 15.40 Fr.

Frais totaux de la sous-section

145 640 Fr. 256 080 Fr.

- Total frais fixes de la sous-section

Frais variables directement

proportionnels, au total....

-18 470 Fr. -35 310 Fr.

127 170 Fr. 220 770 Fr.

: 6 760 sv : 9245 sv

= Frais variables directement pro¬

portionnels par sv exploitée 18.85 Fr. 23.90 Fr.

Augmentation du volume.... 4 439 sv 5 221 sv 1874 sv 1630 sv

X Différence rendement brut - fraisvariables X4.90 Fr./sv X8.35 Fr./sv x 30.75 Fr./sv X 29.80 Fr./sv

= Plus-value du capital forestier. 21 750 Fr. 43 500 Fr. 57 600 Fr. 48 600 Fr.

I

* augmentation très forte: cf. p. 186, cas b)** augmentation faible: cf. p. 186, cas a)

Les plus-values valables pour le bilan sont imprimées en gras.

Le taux des intérêts calculés se monte à 4 % et correspond à celui exigé par le Fonds

inaliénable de l'EPF qui a avancé les capitaux pour l'achat des forêts.

La comptabilité commerciale a eu quatre fois l'occasion d'évaluer des augmentationsdu matériel sur pied. Le calcul se trouve sur le tableau 26. Pour la méthode 1, nous avons

tenu compte du matériel total estimé (cf. Note 1, p. 182) et pour la méthode 2, du maté¬

riel dénombré.

216

B. Les résultats de la gestion d'après le plan d'aménagement

Dès le début, la gérance a intensifié le traitement sylvicole. Elle a soumis les peuple¬

ments à des éclaircies sélectives, mis en ordre les surfaces clairiérées, commencé la con¬

version des taillis sous futaie et la transformation de peuplements purs résineux critiques.

Ces efforts se reflètent dans le nombre des plants mis à demeure et la surface des plan¬

tations effectuées, qui culminent dans la troisième période (cf. tabl. 27).

Forêt d'enseignement.

Quelques chiffres sur l'effet de la gestion Tabl. 27

Année 1928 1932 1938 1944 1950

Surface forestière.... 168,10 ha 167,89 ha 167,73 ha 204,23 ha 207,17 ha

Matériel sur pied .... 254 sv/ha 280 sv/ha 311 sv/ha 320 sv/ha 328 sv/ha

Structure centésimale du volurr

Diamètre 16-24 cm . . .

Diamètre 24-36 cm . . .

Diamètre 36-52 cm . . .

Diamètre 52 et plus . . .

le sur pied

24%

37%

23%

16%

20%

35%

26%

19%

18%

32%

29%

21%

17%

31%

32%

20%

16%

29%

33%

22%

0,80 sv 0,87 sv 0,94 sv 0,97 sv 1,03 sv

Longueur des chemins. . 3,6 km 3,6 km 6,2 km 7,7 km 8,9 km

Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

Nombre de plants mis à demeure.

45 775 83 810 148 620 73 114

Surface des peuplementscréés artificiellement (> 0,24 ha) .

0,54 ha 0,58 ha 2,01 ha 0,80 ha

Accroissement par ha et an

(> 4 cm 0)13,5 sv 14,9 sv 12,4 sv 13,6 sv

Volume exploité par ha et an . . 4,3 ms 5,2 m3 8,2 m3 8,0 m3

Le tableau 27 montre encore d'autres faits. Le volume sur pied par ha a passé de

254 sv à 328 sv, en augmentation de 74 sv ou de 29 %. L'accroissement annuel total

n'a pas changé de volume, mais sa qualité s'est améliorée, car il est produit par un ma¬

tériel sur pied toujours plus riche en moyens et gros bois et dont l'arbre moyen a régu¬

lièrement grossi. Simultanément les exploitations ont presque doublé. On a remplacé

l'ancien réseau routier sans valeur par un nouveau, moderne et plus dense. Dès 1942,

on a entrepris l'extension de la forêt par des achats.

217

Le plan d'aménagement met en évidence par ces chiffres une évolution très réjouis¬sante de l'état de la forêt (cf. Knuchel, 20, Lamprecht, 24), mais sur celle du rende¬

ment financier, il ne fournit que des renseignements maigres et, comme nous allons le

voir, incertains.

C. Les résultats de la gestion d'après la comptabilité commerciale

a) Le rendement net calculé des forêts

Le tableau 28 et la figure 10 prouvent d'abord avec netteté quelle image déformée

la comptabilité traditionnelle donne du rendement financier. Dans les deuxième et troi¬

sième périodes, p. ex., elle indique un rendement net moyen inférieur à la réalité de

13 500 ou de 17 000 Fr., soit 12 ou 2 fois trop bas. Les pointes des années 1932, 1938,

1944 et 1950 dans la courbe de la comptabilité commerciale marquent l'enregistrementdes plus-values du capital forestier.

Tabl. 28 Forêt d'enseignement. Le rendement net calculé moyen par an

Période1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

Fr. °/o Fr. °/o Fr. % Fr. °/o

i

A. D'après la comptabilité commerciale

7 414 97 13 996 94 31316 99 34 066 91

en % de 1928/32. . . 100 % 189% 423 % 459%

Récolte de produits

Rendement net total . .

195 3 848 6 224 1 3 330 9

7 609 100 14 844 100 31540 100 37 396 100

en % de 1928/32. . . 100 % 195 % 414 % 492 %

B. D'après la comptabilité traditionnelle

Excédent des recettes 1521 1288 14 662 26 568

Le rendement net total a quintuplé. Il provient essentiellement de la section Forêt.

La récolte de produits accessoires n'a eu un rendement intéressant, de 6 ou 9 % du total,

que pendant les 2e et 4e périodes où on a vendu beaucoup de sauvageons de hêtre.

Le rendement net de la section Forêt a plus que quadruplé. Il double de période en

période jusqu'en 1944 ; depuis, sa progression se ralentit. Entre 1928 et 1938 elle est cau¬

sée uniquement par l'augmentation du rendement net par ha, tandis qu'elle ne l'est plus

qu'en partie entre 1939 et 1944. De 1945 à 1950, ce dernier recule, mais les consé¬

quences de sa diminution sont plus que compensées par l'extension de la surface quis'est faite sentir déjà de 1939 à 1944 (cf. tabl. 29).

218

Fig. 10

Forêt d'enseignement. Comparaison entre le résultat de la comptabilité commerciale

et l'excédent des recettes de la comptabilité traditionnelle

Fr.

60 000

50 000

40 000

30 000

20 000

10 000

0

— 10 000 il | I I —10 000

1928 1932 1938 1944 1950

comptabilité commerciale comptabilité traditionnelle

Forêt d'enseignement.Evolution du rendement net moyen de la section Forêt Tabl. 29

Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

Rendement net par ha

en % de 1928/32

44.15

100%

29.80

83.40

189 %

61.70

180.60

409 %

97.50

165.35

375 %

74.50

Rendement net par m3 exploité

10.40

100%

7.05

16.05

154%

11.90

21.95

211%

11.90

20.70

199%

9.35

en % de 1928/32

en Fr. de 1914

Evolution de la surface....

Evolution des exploitations . . .

Coefficient d'exploitation ....

100 %

100 %

67%

100%

121%

49%

103 %

191%

49%

123 %

186%

60%

L'évolution du rendement net par ha est conditionnée par le rendement net par m3

exploité et les exploitations, qui, les deux, doublent de 1928 à 1944, pour diminuer ensui¬

te légèrement. Le rendement net et le coefficient d'exploitation évoluent en gros d'une

manière correspondante. Elimine-t-on l'effet de la dévaluation de l'argent, on constate

que l'augmentation du rendement net est réelle : 150 % par ha et 33 % par m3 ; elle était

plus forte dans la 3e période. Ces chiffres montrent que l'amélioration du rendement

net par ha provient pour 3/s des exploitations accrues et pour 2/s d'autres influences.

219

b) Le rendement brut de la section Forêt

Le rendement brut total quadruple presque entre la Ire et la 4e période (cf. tabl. 30).Sa progression, lente jusqu'en 1939, s'accélère brusquement et se maintient. L'ex¬

tension de la forêt de presque un quart n'a augmenté le rendement brut total que de

Vio; le reste de l'augmentation provient du rendement brut par ha, qui a triplé. La

plus-value du capital forestier ne joue un rôle appréciable que pendant les deux pre¬

mières périodes, où le rendement était bas.

Forêt d'enseignement.

Tabl. 30 Le rendement brut annuel de la section Forêt

Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

Rendement brut total par or

en % de 1928/32. . .

l

22 699

100%

27 603

122 %

61845

272 %

85 697

378 %

Fr. °/o Fr. °/o Fr. °/o Fr. %

Le rendement brut par ha e

Ventes de bois....

Propre usage de bois. .

Plus-value du capital

Total

en % de 1928/32. . .

en Fr. de 1914. . .

t ses sourct

107.70

1.05

25.80

—.55

'S

80

1

19

121.10

—.15

43.25

—.30

74

26

322.10

—.10

30.60

3.80

90

9

1

394.10

7.20

13.30

1.40

95

2

3

135.10

100%

89.40

«

100 164.80

122 %

123.—

100 356.60

264%

195.50

100 416.—

308 %

191.50

100

Le produit des ventes de bois a toujours tenu une part prépondérante, qui s'est accen¬

tuée. Il s'est accru de 286.40 Fr. par ha ou de 265 % grâce à l'augmentation du volume

exploité et du rendement brut par m3. Ce dernier est responsable pour les 2/3 de l'amé¬

lioration du rendement brut total. Le tableau 31 indique qu'il a doublé et que sa hausse

n'est pas due simplement à la dépréciation de l'argent; elle correspond à une élévation

de la valeur intrinsèque du bois d'environ 40 %. Si cette élévation n'avait pas eu lieu,

le rendement brut aurait été inférieur de 1.30 Fr./m3 en 1933/38, de 9.25 Fr./m3 en

1939/44 et de 14.40 Fr./m3 en 1945/50. Pendant la première période il fut de 15

à 25 % inférieur à celui des autres propriétaires publics zurichois. Ce mauvais ré¬

sultat s'explique facilement: abstentionisme des acheteurs après le changement de

propriétaire, mauvais triage des bois, difficultés de débardage, orientation purement

sylvicole de la gestion, qui, sans égard aux prix défavorables, intervient surtout

dans de jeunes peuplements d'épicéa. Le tableau 31 illustre très bien l'évolution

220

ultérieure. Pendant la deuxième période, le gérant déplace les coupes vers des peu¬

plements plus âgés; il restreint la production de bois d'œuvre résineux toujours

plus mal payé, pousse celle de bois de feu plus rémunératrice et arrive ainsi mieux

qu'ailleurs à freiner la baisse due à la dépression économique de l'époque. Pendant

la 3e et la 4e période, l'entreprise profite de la demande extraordinaire de bois de

feu, due à la guerre, pour exécuter des éclaircies urgentes dans les moins bons taillis

sous futaie (cf. aussi tableau 40). Elle accroît la proportion de bois de service

feuillu au prix élevé, se met à livrer du bois de râperie, favorise les assortiments dont

l'augmentation relative de prix est la plus forte et, dès 1941, les façonne elle-même tous

jusqu'aux fagots. De plus, elle commence à bénéficier du diamètre moyen grandissant des

arbres exploités et jouit de conditions de vidange améliorées. Enfin, l'augmentationdes coupes facilite le groupement des bois en unités économiques de plus grande valeur,tandis que le cercle des clients s'élargit. Grâce à tous ces progrès, le rendement brut

moyen par m3 dépasse dès 1939 celui de tous les autres propriétaires publics zurichois.

Forêt d'enseignement. Le rendement brut du bois par m8

exploité et les facteurs influant son évolution tm. 31

Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

Rendement brut par m3 en Fr.. .

en % de 1928/32

en % de 1928/32

25.40

100%

16.60

100%

23.30

92%

17.60

106%

39.15

154 %

21.70

131 %

50.30

198%

23.20

140%

Proportion des assortiments

53,0 %

1,3%

18,9%

26,8%

35,5 %

2,3%

20,6%

41,6%

25,5%

9,0%

11,2%

53..1 %

1,2%

30,3 %

10,8 %

12,9%

38,1 %

7,9%

Evolution des prix

en % de 1928/32

en % de 1928/32

en % de 1928/32

en % de 1928/32

33.35

100%

40.50

100%

13.50

100%

18.50

100%

29.75

89 %

43.80

108%

14.10

104%

20.30

110%

42.65

128 %

61.50

152 %

30.30

224%

35.80

193 %

52.10

156 %

91.50

226 %

33.50

248 %

42.50

230%

0,55 sv 0,72 sv 0,83 sv 0,82 sv

221

Ces progrès ne sont néanmoins pas la seule cause de l'amélioration du rendement brut

par m3. Il faut aussi tenir compte d'un facteur qui se serait fait sentir même si les con¬

ditions internes de l'entreprise n'avaient absolument pas changé : c'est le renchérissement

général du prix du bois qui a été provoqué dès 1927 par l'épuisement des réserves mon¬

diales et l'augmentation de la consommation et atteint 15 à 25 % peut-être. Une appré¬ciation prudente de l'importance de ces différentes causes permet de leur attribuer l'aug¬mentation de la valeur intrinsèque du bois dans les proportions suivantes :

Effet du renchérissement général du bois....

50 % 7.20 Fr./m3

Effet de la meilleure qualité du bois 25 % 3.60 Fr./m3

Effet de la meilleure adaptation des produits offerts

aux besoins du marché 12,5 % 1.80 Fr./m3

Effet de la meilleure vidange 12,5 % 1.80 Fr./m3

Augmentation de la valeur intrinsèque du bois entre

la première et la quatrième période .... 100 % 14.40 Fr./m3

c) Les frais totaux de la section Forêt

Le tableau 32 récapitule les chiffres principaux sur les frais totaux. Ils ont passé de

37 362 Fr. à 88 566 Fr. par an, soit une augmentation de 51 204 Fr. ou de 137 %.

Celle-ci est due pour 16 % à l'agrandissement de la forêt et pour 84 % à d'autres causes.

Après être restés stables pendant deux périodes, les frais totaux par ha ont augmenté

régulièrement et ont presque doublé. Leur répartition a totalement changé. Les frais

pour la récolte du bois passent de 26 à 48 % du total. Les frais d'amortissement et

d'intérêts ont progressé constamment, mais alors qu'ils représentaient de la moitié aux

2/3 du total jusqu'à la troisième période, ils ont dû céder la première place aux frais de

personnel de 1945 à 1950. Ceux-ci augmentent de 129.25 Fr./ha ou de 179 %. Leur aug¬

mentation, de loin la plus importante, dépasse la hausse du coût de la vie. Elle provientdes salaires, qui, eux aussi, ont renchéri plus que celui-ci et de la gestion toujours plusintensive. La proportion des frais divers n'a pas changé.

Les frais totaux par ha sans les intérêts ont augmenté de 159.70 Fr. ou de 176 %.

Leur hausse est moins forte que celle du rendement brut. De la Ire à la 2e période,ils ont baissé passagèrement.

Le chiffre des frais exprimés en Fr. de 1914 montre que la dévaluation de l'argenta accentué leur augmentation. Celle-ci est en réalité de 93 % pour les frais totaux sans

les intérêts, et de 37 % pour les frais totaux.

d) Les investissements

L'administration de la Forêt d'enseignement a exécuté des investissements considé¬

rables (cf. tableaux 33 et 34). Elle a su le faire à des prix très avantageux grâce à des

circonstances favorables exploitées avec habileté: pendant les 2e et 3e périodes, pro¬

fitant des subventions généreuses pour la lutte contre le chômage, elle a construit

la plus grande partie du nouveau réseau routier ; ainsi le m courant de chemin empierré

222

Forêt d'enseignement.Les frais totaux annuels de la section Forêt Tabl.32

Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

Frais totaux par an

en % de 1928/32. .

37 362

100 %

37 349

100 %

58 733

157%

88 566

237%

Intérêts totaux par an . 22 078 23 742 28 204 36 935

Frais totaux par an sans les

en % de 1928/32. .

intérêts

15 284

100%

13 607

89%

30 529

200%

51631

338 %

Répartition des frais

totaux par ha

Amortissements. . .

Total

en % de 1928/32. .

en Fr. de 1914....

Fr. <"o Fr. % Fr. % Fr %

72.50

16.20

2.25

131.55

33

7

1

59

66.60

11.50

3.10

141.30

30

5

1

64

143.60

23.—

9.40

162.50

42

7

3

48

201.75

33.50

15.40

179.35

47

8

4

41

100222.50

100%

145.—

100 222.50

100%

169.—

100 338.50

152%

192.—

100 430.—

193 %

199.—

Frais de production .

Frais de récolte

74%

26%

74 %

26 %

59%

41%

52 %

48 %

Total sans les intérêts

en % de 1928/32. .

en Fr. de 1914....

90.95

100%

59.60

81.20

89%

61.40

176.—

193%

99.—

250.65

276 %

115.—

de 3 m de large lui est revenu à 18 Fr. net environ. Elle a augmenté le matériel sur

pied surtout dans les deux premières périodes, à une époque de mauvaise conjoncture

qui rendait les plus-values du capital forestier résultantes relativement bon marché:

leur prix unitaire moyen est de 8.60 Fr. par sv; à titre de comparaison il était de

13.10 Fr. dans l'entreprise forestière de X. Le gérant actuel cueille les fruits de l'opi¬niâtreté avec laquelle son prédécesseur, feu le Prof. Schâdelin, poursuivit ses buts syl-

vicoles, malgré les reproches suscités par le rendement financier décevant.

Les achats de forêts se sont élevés à 112 694 Fr. Leur prix moyen par ha est de

2890 Fr. soit 385 Fr. de moins que pour l'achat initial ; il s'agit en partie certes de par¬

celles assez peu productives.

223

Forêt d'enseignement.Tabi. 33 Les investissements faits par l'entreprise

Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

en % des ventes de bois....

en % des frais pour la forêt. . .

(sans intérêts)

12 844 Fr.

14%

17%

40 107 Fr.

33%

49%

71 731 Fr.

21%

39%

91 011 Fr.

19%

29 %

Forêt d'enseignement.

TaU.34 Capitaux engagés dans la section Forêt

Date du bilan1.9.1927

Fr.

1. 9.1932

Fr.

1.9.1938

Fr.

1. 9.1944

Fr.

31. 8.1950

Fr.

Matériel d'expl. . .

Améliorations fores-

Bâtiments....

Capital forestier. .

Plus-values du

capital forestier. .

550 000

280

2 930

2 630

5 762

550 000

21750

670

4 375

63 420

5 300

544 000

65 250

4175

13 345

109 910

12 270

629 900

97 250

4 925

18 310

164170

1855*

662 694

113 750

Total....

en % de 1927. .

550 000

100%

3 275

583 352

106%

3 480

683 015

124%

4 070

866 850

158%

4 245

965 704

176%

4 660

* La diminution par rapport à 1944 provient de ce que le Blockhaus a changé de destination et ne

sert plus à la gestion de la forêt.

Forêt d'enseignement. Taux de rendement des capitaux

TaU. 35 engagés dans la section Forêt

Période Capital moyen par ha pendant la période Taux de rendement

1928/32

1933/38

1939/44

1945/50

3 300 Fr.

3 540 Fr.

4 060 Fr.

4 500 Fr.

1,4%

2,5%

4,5%

4,0%

Les investissements exécutés ont modifié les capitaux engagés dans les forêts, comme

le montre le tableau 34. L'augmentation est considérable, 415 704 Fr. ou 76 % du ca¬

pital initial. Elle provient en premier lieu des chemins, du capital forestier et de ses

224

plus-values et pourrait faire craindre une diminution de la rentabilité. Mais tel n'est pas

le cas (cf. tableau 35) car, après avoir déçu pendant les deux premières périodes, le

taux de rendement se maintient au niveau satisfaisant de 4 à 4,5 %.

e) Les frais d'administration

Comme le tableau 36 le montre, les frais d'administration totaux ont presque quin¬

tuplé. Leur augmentation de 16267 Fr. est due pour 30 % à la dévaluation de l'argentet pour 70 % à d'autres causes. Les deux principales sont:

1. L'augmentation du salaire du garde forestier avec les années de service;

2. L'engagement d'un deuxième garde en 1947/48 et l'augmentation des frais pour

«Bureau et divers» nécessitée par l'extension de la forêt et des travaux scientifiqueset par la création d'établissements accessoires. Les frais d'aménagement très élevés de

la 4e période sont dus aux nombreux achats de forêts et au fait que le dénombrement

n'a plus été effectué gratuitement au cours d'exercices avec les étudiants.

Forêt d'enseignement. Les frais d'administration Tabl.36

Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

Frais totaux annuels

en % de 1928/32. . .

4 260

100%

5 947

140%

10 585

250 %

20 527

480%

Répartition du total

sur les sous-sections de

Administration

Gérant

Gardes forestiers.

Bureau et divers. . .

Aménagement ....

Fr. °,0 Fr. °/o Fr. °/o Fr. °/o

967

2 105

1 002

186

23

49

24

4

1043

3 998

787

119

18

67

13

2

1 162

7 297

1959

167

11

69

18

2

1321

14 746

3 439

1021

6

72

17

5

Répartition du total sur les

sections lesplus importantes

Investissements. . .

Forêt

Enseignement, Maison

forestière, Essais scient..

264

320

3 430

246

6

8

80

6

194

1558

4 022

173

3

26

68

3

327

2 308

7 540

59

351

3

22

71

1

3

417

3 402

8 549

5 272

2 887

2

16

42

26

14

L'augmentation des frais d'administration pour les activités hors-exploitation et les

établissements accessoires masque un effort réel pour les comprimer ailleurs. Dans la

section Forêt, p. ex., ils ont augmenté de 5119 Fr. soit de 149 % seulement; par ha ils

ont évolué comme suit :

15225

Ire période 20.55 Fr./ha = 100 %2e période 23.80 Fr./ha = 116 %3e période 43.40 Fr./ha = 211 %4e période 41.70 Fr./ha = 203 %

Ils n'ont que doublé et même, entre la 3e et la 4e période, ils ont baissé malgréle renchérissement général du coût de la vie.

f) Les frais pour les chemins

Pendant la Ire période, les chemins préexistants délabrés ont exigé des soins dispen¬dieux. Puis grâce à leur remplacement, les frais d'entretien par m courant se sont abais¬

sés, malgré le renchérissement survenu depuis la guerre. Ils sont pour la 4e périodede —-.32 Fr. contre —.49 Fr. pour la Ire. La diminution est néanmoins plus que com¬

pensée par les frais d'intérêts croissants qui représentent en 1945/50 les 7/io des frais

totaux. Ceux-ci ont presque quintuplé (cf. tabl. 37) et dans la 4e période grèvent la

production du bois de 20.75 Fr. par ha et la récolte du bois de 2.60 Fr. par m3 exploité.

L'augmentation par rapport à la Ire période est de 16.05 Fr. par ha ou 340 % et de

1.50 Fr. par m3 exploité ou 136 %.

Tahi.37 Forêt d'enseignement. Les frais pour les chemins

Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

Frais totaux par an en Fr.

en % de 1928/32. . .

1758

100%

1310

74%

4 771

272%

8 533

485%

Frais par m courant

Administration . . .

Total

en % de 1928/32 . . .

Fr. °/o Fr. °/o Fr. % Fr. °/o

—.18

—.24

—.07

37

47

16

—.08

—.01

—.17

—.04

25

3

57

15

—.09

—.09

—.42

—.05

14

14

65

7

—.23

—.04

—.71

—.05

22

3

69

6

—.49

100%

100 —.30

61 %

100 —.65

133 %

100 1.03

210 %

100

Part imputable à

Product. du bois (Fr./ha)

en % de 1928/32 . . .

Récolte du bois (Fr./m3)

en % de 1928/32 . . .

4.70

100%

1.10

100%

3.80

81%

—.75

68 %

13.50

288%

1.65

150%

20.75

440 %

2.60

236%

g) Les frais de production du bois

Entre la Ire et la 4e période, l'extension des forêts et le renchérissement du coût

de la vie ont fait augmenter les frais totaux des 2/s, soit de 59 Fr. par ha ou de 4.25 Fr.

226

par sv d'accroissement. Cette augmentation provient principalement des soins culturaux,

des intérêts, des bâtiments et chemins (cf. tabl. 38). Elle est relativement faible. En

fait, si on les exprime en Fr. de 1914, on s'aperçoit que les frais de production par ha

sont restés pratiquement constants, à l'exception de la 2e période. L'augmentation de

la valeur nominale des frais d'intérêts est inférieure à la dépréciation de l'argent, ils ont

donc diminué de valeur réelle.

Forêt d'enseignement. Les frais de production du bois Tabl. 38

Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

Frais totaux par an

en % de 1928/32 .

27 520

100%

27 470

100%

34 459

126%

45 886

167%

Répartition desfraistotaux

Soins culturaux

Drains....

Clôtures....

Ouvrages de prot. .

Intérêts du capital

forestier....

Bâtiments, chemins

Aménagement . .

Total. . . .

en % de 1928/32.

en Fr. de 1914. .

par ha par sv

d'accr. °/o par ha par sv

d'accr. °/o par ha par sv

d'accr. °/o par ha par sv

d'accr. °/o

25.10

1.65

0.65

131.20

4.90

0.50

1.85

0.15

0.05

9.70

0.35

0.05

15

1

1

80

3

21.35

1.10

L—

135.50

4.75

0.30

1.45

0.05

0.05

9.15

0.30

13

1

1

82

3

34.10

3.40

2.80

1.20

140.90

15.50

0.60

2.75

0.25

0.20

0.10

11.40

1.25

0.05

17

2

1

1

71

8

41.55

1.15

5.10

4.45

145.20

22.65

2.90

3.05

0.10

0.40

0.35

10.65

1.65

0.20

19

1

2

2

65

10

1

164.—

100%

107.—

12.15

100%

8.—

100 164.—

100%

125.—

11.—

91%

8.40

100 198.50

121%

114.—

16.—

132%

9.20

100 223 —

136%

103.—

16.40

136%

7.60

100

Les achats de forêts ont abaissé la valeur moyenne de l'ha de 3275 Fr. pendant la Ire

période à 3150 Fr. pendant la 4e. Il en est résulté une diminution des frais d'intérêts

de 5 Fr. par ha, amplement compensée, il est vrai, par 19 Fr. d'intérêts sur les plus-values du capital forestier.

h) Les frais pour la récolte du bois

Comme le montre le tableau 39, l'augmentation entre la Ire et la 4e période est

causée pour des parts sensiblement égales par celle des exploitations, par le renchérisse¬

ment général du coût de la vie et par d'autres causes que nous chercherons à établir dans

les deux paragraphes suivants.

227

Tabl. 39 Forêt d'enseignement. Les frais de récolte du bois

Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

Frais totaux par ha et par an

en % de 1928/32

58.50

100%

58.50

100%

140.—

239 %

207.—

354%

Frais totaux par m3 exploité et par an

en % de 1928/32

en Fr. de 1914

en % de 1928/32

13.80

100%

9.05

100%

11.35

82%

8.60

95%

17.—

123 %

9.55

105%

26.—

188 %

11.90

131 %

Répartition des frais totaux

Débardage et transport ....

79%

21%

77%

23 %

84%

16%

81%

19%

i) Les jrais de façonnage du bois

Les frais de façonnage sont déterminés par les frais de personnel et les frais d'ad¬

ministration. Ces derniers étant restés pratiquement constants en valeur absolue entre

1928 et 1950, leur proportion centésimale a diminué.

Les rapports annuels indiquent que pendant la première période on employa des

bûcherons non qualifiés et mal outillés; aussi les frais de façonnage furent-ils excessifs

et assez faciles à réduire dans la deuxième période, malgré la proportion de bois d'oeuvre

moins élevée. Dès la troisième, ils ont renchéri. Depuis 1941, on a façonné les tas de

branches en fagots ; dès 1945, on a produit toujours plus de bois de râperie dont le façon¬

nage coûte plus que celui du bois de feu ; dès 1939, et spécialement dès 1945, les exploi¬tations ont eu lieu surtout dans des taillis sous futaie, situés en grande majorité sur les

pentes les plus raides de la forêt (cf. tabl. 40). Un dernier facteur, et probablementle plus influent, entre en jeu : le renchérissement de la main d'œuvre. Les charges sociales

représentaient, —.40 Fr. par m' en 1928/32, —.25 Fr. de 1933 à 1944 et 1.45 Fr.

de 1945 à 1950. Les salaires unitaires ont aussi beaucoup augmenté ; leur évolution est

malheureusement impossible à reconstituer, mais elle doit certainement être la même

que dans le canton de Zurich, où l'indice des salaires des ouvriers forestiers a dépassécelui du coût de la vie, comme le montre la statistique des salaires de l'Office forestier

central suisse :

* . Indice des salaires Indice général duforestiers coût de la vie

1939 100 100

1942 121 141

1945 158 152

1948 187 163

1950 205 158

228

Forêt d'enseignement. Les frais de façonnage du bois Tabl.40

Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

Frais par m3 et par an .

en % de 1928/32. . .

11.05 Fr.

100 %

8.70 Fr.

79%

14.25 Fr.

129 %

21.— Fr.

190%

Répartition des frais

Amortissement. . .

Administration....

Fr. »/„ Fr. % Fr. »/„ Fr. o/„

8.50

—.10

—.05

2.35

—.05

77

1

21

1

6.25

—.10

—.05

2.10

—.20

72

1

1

24

2

10.95

—.30

—.20

2.55

—.25

77

2

1

18

2

17.30

—.50

—.40

—.05

2.55

—.20

82

3

2

12

1

Proportion d. assortiments

Bois de service. . . 54 %

46%

38%

62%

36%

64 %

49%

51 %

Répartition d. exploitations

Divisions à taillis sous

Divisions en futaie. .

31 %

69%

33%

67 %

44 %

56%

54%

46%

La connaissance de cette évolution permettrait de mesurer exactement l'effet des

cours de bûcheronnage, de l'engagement d'ouvriers qualifiés et de l'introduction de

meilleurs outils sur le rendement financier.

j) Les frais de débardage du bois d'œuvre

Le débardage du bois de feu et de râperie est exécuté par les bûcherons; aussi ses

frais sont-ils compris dans le façonnage du bois.

Depuis 1932, tout le bois d'œuvre a été vendu rendu à port de camion ; avant, une

partie était débardée aux frais de l'acheteur. Voilà la raison de la hausse constatée entre

la Ire et la 2e période. La baisse entre la 2e et la 3e provient des nouveaux chemins, quiont réduit les frais de main d'œuvre, les frais divers et les frais d'administration de

2 Fr. par m3 ou de 40 %, sans provoquer pour eux-mêmes des frais nouveaux excessifs.

Entre la 3e et la 4e période, le débardage renchérit sérieusement. Les exploitations ont

eu lieu dans les divisions les plus escarpées de la forêt et ont livré une proportion accrue

de petits bois d'œuvre feuillus. Le renchérissement général de la main d'œuvre se fait

sentir de plus en plus et les frais pour les chemins s'accroissent encore (cf. tabl. 41).

229

Forêt d'enseignement.

Tabl.41 Les frais de débardage du bois d'œuvre

Période1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

Fr. °/o Fr. 7o Fr. °/o Fr. °/o

Répartition des frais par m3

Administration. . .

Total

en % de 1928/32 . . .

—.50

2.40

—.15

1.10

12

58

4

26

1.90

2.70

—.50

—.75

32

46

9

13

1.15

1.70

—.25

1.65

24

36

5

35

1.10

3.45

—.10

2.60

14

53

1

32

4.15

100%

100 5.85

141 %

100 4.75

114%

100 7.25

175%

100

Assortiments

98%

2%

94%

6%

74%

26%

74%

26%

k) Les établissements accessoires

La création d'établissements accessoires avait pour but, d'une part d'assurer des

occasions de travail pour le personnel pendant les périodes creuses, d'autre part d'élever

le rendement financier. Le tableau 42 indique le résultat net de ces établissements pen¬

dant la 4e période. On voit que le but recherché n'a été que partiellement atteint. Ces

trois établissements ont chaque année diminué le rendement net de l'exploitation. La

pépinière de Glanzenberg commence à être rentable en 1950 ; celle de la Grossmatt doit

naturellement boucler par un déficit la Ire année. Le hangar à bois a eu un résultat

décevant.

Forêt d'enseignement.

Tabl.42 Le résultat des établissements accessoires (en Fr.)

Année 1945 1946 1947 1948 1949 1950 Total

Hangar

GlanzenbergGrossmatt

Total

-70 -70 -70 - 679

-2350

1675

-6912

- 1559

5 523

-21716

- 774

- 3 738

-21716

-70 -70 -70 -3029 -5237 -17 752 - 26 228

Le taux de rendement de l'ensemble des capitaux engagés dans l'exploitation est pen¬

dant la 4e période inférieure à celui de la forêt ; il égale 3,5 % seulement.

230

I) Utilisation du bénéfice net de l'exploitation

Le poste Attributions au Fonds de réserve (cf. tabl. 43) comprend encore des attri¬

butions à d'autres comptes de passifs, comme la Contre-partie passive des plus-valuesdu capital forestier, etc.

Forêt d'enseignement.

Utilisation du bénéfice net d'exploitation Tabl. 43

Période 1928/32 1933/38 1939/44 1945/50

Bénéfice net de l'exploitation . .

+ Produits hors-exploitation . . .

Total

38 047

7 700

89 064

6 092

189 229

1087

196 057

37 177

45 747

-500

- 26 950

95 156

- 6 092

- 43 500

190 316

- 3 714

- 1385

- 65 087

233 234

-17 416

- 75 788

-16 474

- 825

- 34 994

- Autres charges hors-exploitation .

- Attributions au Fonds de réserve

Différence

Intérêts dus au Fonds d'Ecole. .

18 297

110 000

45 564

130 800

120 130

130 560

87 737

156 339

Pendant les deux dernières périodes, le bénéfice net de l'exploitation aurait suffi pour

payer les intérêts dus au fonds inaliénable de l'EPF et permettre les attributions au

Fonds de réserve. Mais les charges hors-exploitation ont atteint un tel montant que l'en¬

treprise en entier boucle par un déficit. Celui-ci s'explique par des raisons administra¬

tives. En effet, pour une simplification budgétaire, la Comptabilité fédérale exige qu'on

comptabilise à charge de la Forêt d'enseignement les dépenses pour l'entretien de la

Maison forestière et pour une partie des essais exécutés par l'Institut de sylviculturede l'EPF.

m) Conclusions

Les chiffres de la comptabilité commerciale prouvent que l'intensification de la ges¬

tion a amélioré très fortement le rendement net; il ne semble pas qu'elle ait atteint sa

limite supérieure.Le traitement sylvicole appliqué, en harmonie avec les lois de la nature, a agi rapide¬

ment car, au bout d'une quinzaine d'années, on constatait déjà ses effets sur le rende¬

ment financier. Il l'a influencé favorablement et, comme le montre le tableau 44, l'aug¬mentation de la valeur intrinsèque du bois qu'il a causée entre la Ire et la 4e période

est supérieure à celle des frais de production. Il mérite d'être continué dans le même sens.

Les augmentations du matériel sur pied et les améliorations forestières s'avèrent ainsi

rentables. L'extension du réseau routier l'est aussi. Elle a influencé avec profit la valeur

231

Tabl. 44

Forêt d'enseignement. Frais de production et plus-value du bois

par m3 exploité, provoquée par le traitement sylvicole

Augmentations des frais de production par sv Plus-value du bois par m3 exploité entre la Ire

d'accrois. entre la Ire et la 4e période et la 4e période

Soins culturaux 1.20 Fr. Meilleure qualité du bois. .

3.60 Fr.

Intérêts du. capital forestier. —.95 Fr. Meilleure adaptation des

Drains, clôtures, travaux de produits offerts aux besoins 1.80 Fr.

protection, aménagement . . —.80 Fr.

2.95 Fr. 5.40 Fr.

Meilleures conditions de

Bâtiments et chemins. . . 1.30 Fr. vidange 1.80 Fr.

Total 4.25 Fr. Total 7.20 Fr.

du bois (cf. tabl. 44) et permet de réduire effectivement les frais de débardage. Par

exemple dans la période 1945/50, si elle n'avait pas eu lieu, la distance moyenne de

débardage aurait été de 83 % plus longue. En admettant que les frais de débardage sont

proportionnels à la distance — ce qui est licite (Soom, 36; Steinlin, 38) — et en tenant

compte de la différence des frais pour les chemins, on obtient la comparaison suivante :

Personnel.

Divers

Administration

Chemins

Total

Frais avec le nouveau Frais avec l'ancien

réseau routier réseau routier

1.10 Fr. 1.10 Fr. x 1.83 = 2.— Fr.

3.45 Fr. 3.45 Fr. x 1.83 = 6.30 Fr.

—.10 Fr. —.10 Fr. x 1.83 =--.20 Fr.

2.60 Fr. -.35 Fr.

7.25 Fr. 8.85 Fr.

On voit donc que les nouveaux chemins ont fait économiser en moyenne 1.60 Fr.

par m3 de bois d'œuvre débardé.

Tous ces investissements entraînent une hausse sensible des frais d'amortissement

et d'intérêts; elle se répartit sur les sections Production du bois et Récolte du bois

comme suit:

Amortissement Intérêts Total

Production du bois 9.25 Fr. 32.45 Fr. 41.70 Fr.

Récolte du bois 3.90 Fr. 15.35 Fr. 19.25 Fr.

Total 13.15 Fr. 47.80 Fr. 60.95 Fr.

Elle rend l'entreprise toujours plus sensible à la conjoncture. Pour obvier à cet in¬

convénient, ce serait une erreur de renoncer dorénavant à de nouveaux investissements,

car certains sont encore capables d'améliorer le rendement financier, comme, par

exemple, la construction des tronçons pas encore réalisés du réseau routier général. Mais

232

il faudra agir avec pondération et n'exécuter que les projets les plus profitables avec le

moins de frais possible. D'autre part, il sera prudent de constituer un fonds de réserve

de crise.

D'autres frais fixes, les frais d'administration, ont subi une augmentation d'autant

plus considérable qu'elle est presque irréversible, car ils se composent principalementdu traitement du personnel permanent. Un remède à cette situation consiste à élargirles tâches des employés. On peut affirmer que 200 ha de forêts n'occupent pas assez un

garde forestier, même s'il doit une partie de son temps à des démonstrations et à l'en¬

seignement. L'administration de la Forêt d'enseignement l'a compris et a pris des me¬

sures dans ce sens: elle a créé la pépinière de la Grossmatt en 1950 et, en 1951, a acceptéla gestion technique des forêts voisines de la corporation de Ringlikon.

L'administration de la Forêt d'enseignement, elle aussi, n'a pas conservé toutes les

données techniques nécessaires pour expliquer entièrement les chiffres de la comptabi¬lité commerciale. Les conclusions que nous en avons tirées ne représentent donc qu'une

partie de celles qu'ils pourraient suggérer. A l'aide de ces données, nous aurions pu

étudier en détail les méthodes de travail et leurs frais, calculer le prix de revient uni¬

taire des plants produits en pépinière, des investissements, etc. et suggérer éventuel¬

lement des perfectionnements.

X. Résumé et conclusion

La comptabilité de l'entreprise forestière doit indiquer la situation financière dé¬

taillée de l'entreprise, calculer et analyser le résultat financier, permettre le calcul des

prix de revient et celui de la rentabilité des investissements. La comptabilité tradition¬

nelle appliquée dans les entreprises forestières ne répond pas à ces exigences, mais bien

la comptabilité commerciale.

La comptabilité commerciale détermine les capitaux engagés dans l'entreprise le

jour de son ouverture et note ensuite leurs augmentations ou leurs diminutions; elle ne

cherche pas à enregistrer les variations de la valeur des forêts.

La comptabilité de l'entreprise forestière doit aussi tenir compte des augmentations

et des diminutions du matériel sur pied. Les augmentations seront considérées comme

un investissement d'une valeur égale soit à leur prix de revient, soit au bénéfice supplé¬mentaire réalisable par l'exploitation intégrale de l'accroissement. De ces deux mon¬

tants, on comptabilisera toujours le plus bas. Quant aux diminutions, il y a deux cas.

Consécutives à une augmentation du matériel, elles entraîneront une réduction propor¬

tionnelle de la plus-value du capital forestier inscrite au bilan. Dans le cas contraire,

elles justifieront un amortissement du capital forestier seulement si elles proviennentd'une destruction partielle de la forêt et réduisent en permanence l'accroissement sou¬

tenu. Le montant à amortir sera proportionnel à la surface ou au volume détruits.

Le capital forestier dont le prix d'achat ou le prix de revient sont inconnus, s'éva¬

lue à sa valeur de rendement. Celle-ci s'obtient en capitalisant à un taux de rentabilité

233

raisonnable le revenu annuel moyen indiqué par la première période de la comptabilitécommerciale. Ce revenu aura été critiqué pour savoir s'il correspond à une gestionintensive rationnelle, et rectifié au besoin.

Les méthodes générales pour le calcul des prix de revient sont applicables à

l'entreprise forestière.

La méthode de comptabilité proposée a été appliquée dans deux entreprises fores¬

tières du Plateau suisse. En voici les principaux résultats:

Dans l'entreprise forestière de X, les capitaux investis ont fonctionné entre 1935 et

1946 à un taux de 5,8 % en moyenne. Comparé à la Série A, feuillue, en partie com¬

posée de taillis sous futaie, la Série B, résineuse, a rapporté plus : 56 % pour le rende¬

ment net par ha et 20 % pour le rendement brut par ha. Ses frais unitaires pour la

récolte du bois sont de 11 % inférieurs et ceux pour la production du bois, pratique¬ment égaux à ceux de l'autre série. L'analyse des chiffres montre que la Série B doit

sa supériorité en premier lieu, à la fertilité plus grande de ses sols et au fait qu'elleest traitée depuis longtemps en futaie, et en second lieu seulement, à sa proportion de

résineux plus forte. L'analyse des chiffres montre encore que les efforts entrepris

pour rationaliser la récolte du bois ont influencé favorablement le rendement financier.

Enfin elle donne à penser que la possibilité fixée pour la période 1947 à 1956 est pro¬

bablement trop basse pour assurer au capital une rentabilité satisfaisante et qu'il vau¬

drait mieux ralentir la capitalisation de matériel sur pied prévue. D'autre part le but

assigné à celle-ci paraît difficile à justifier du point de vue économique.Dans la Forêt d'enseignement de l'Ecole polytechnique fédérale, le rendement net

moyen par ha a passé de 44.15 Fr. dans la période 1928/32 à 165.35 Fr. dans la

période 1945/50, soit une hausse de 275 %. La valeur intrinsèque du bois a augmentéde 40 % ; cette augmentation provient pour une moitié du renchérissement général du

bois et pour l'autre de l'intensification de la gestion et du traitement sylvicole. Les

investissements se sont avérés rentables; en particulier, la construction d'un réseau

routier moderne a permis une économie de 1.60 Fr. par m3 sur les frais de débardagedu bois d'œuvre pendant la 4e période. Dès 1939, les capitaux investis ont fonctionné

en moyenne à 4-4,5 %.

Les deux entreprises n'ayant pas conservé toutes les données techniques nécessaires,

nous n'avons pas pu montrer tous les renseignements que la comptabilité commerciale

peut donner sur les causes des variations du rendement net, sur la rentabilité des inves¬

tissements, sur les prix de revient, sur les méthodes de travail, etc.

La gestion des forêts se libère progressivement de la longue domination de l'empi¬risme et des dogmes. L'aménagement selon la méthode du contrôle a été l'instrument de

cette libération dans le domaine de l'aménagement et du traitement sylvicole ; la phyto-

sociologie l'a été dans le domaine de la détermination des conditions écologiques et du

choix des essences. Si le présent ouvrage pouvait convaincre que la comptabilité com¬

merciale est une méthode apte à jouer ce rôle dans l'étude des facteurs économiques, il

aurait rempli son but.

234

ZusammenfassungDie kaufmànnische Buchhaltung in der

forstlichen Unternehmung

Die Buchhaltung der forstlichen Unternehmung soll ûber die finanzielle Lage de-

taillierten AufschluB geben, den jinanziellen Erfolg ermitteln und analysieren, die

Berechnung der Selbstkosten und der Rentabilitât der Investierungen ermoglichen.Diesen Anforderungen vermag nur die kaufmànnische Buchhaltung zu genûgen, nicht

aber die bisher ûbliche Buchfûhrung der forstlichen Untemehmungen.Die kaufmànnische Buchhaltung weist die am Tage der Erôffnung in der Unter¬

nehmung angelegten Vermôgenswerte und deren spàtere Zu- oder Abnahme nach.

Sie versucht aber nicht die Schwankungen des Waldwertes zu erfassen.Die forstliche Buchhaltung muB auch die Verànderung des stehenden Vorrates

berûcksichtigen. Die Vorratserhbhung wird als eine Anlage betrachtet, die nach ihren

Selbstkosten oder nach dem zusàtzlichen Gewinn bewertet wird, der durch die Nutzungdes vollen Zuwachses erzielt werden kônnte. Von diesen beiden Werten wird stets der

niedrigere in die Bilanz eingetragen. Bei der Vorratsverminderung sind zwei Fàlle

zu unterscheiden. Folgt sie auf eine Zunahme des Vorrates, so wird der bilanzierte

Mehrwert des Waldkapitals entsprechend herabgesetzt. Im gegenteiligen Fall wird das

Waldkapital nur dann abgeschrieben, wenn die Vorratsverminderung durch eine teil-

weise Zerstôrung des Waldes verursacht worden ist und sie eine dauernde Herab-

setzung des nachhaltigen Zuwachses zur Folge hat. Die Abschreibung erfolgt propor-

tional zum zerstôrten Waldareal oder Holzvorrat.

Wenn der Ankaufspreis oder der Selbstkostenpreis des Waldkapitals nicht bekannl

sind, so wird dièses nach dem mittleren Jahresreinertrag der ersten Période bewertet.

Der Reinertrag wird aus der kaufmànnischen Buchhaltung entnommen und nôtigen-

falls berichtigt, sofern er nicht aus einer intensiven und zweckmàBigen Bewirtschaftung

entspringt. Die Kapitalisierung erfolgt zu einem ZinsfuB, der einer normalen Rentabili¬

tât entspricht.Die allgemeinen Verfahren der Selbstkostenrechnung lassen sich auch in der Forst-

wirtschaft anwenden.

Die vorgeschlagene Buchhaltungsmethode wurde in zwei forstlichen Unternehmun-

gen des schweizerischen Mittellandes erprobt. Sie fùhrte im wesentlichen zu folgenden

Ergebnissen:In der Forstverwaltung von X verzinsten sich die angelegten Kapitalien von 1935

bis 1946 im Mittel zu 5,8 %. Im Vergleich zum Betriebsteil A, Laubholz, zum Teil

Mittelwald, lieferte der Betriebsteil B, Nadelholz, ein besseres Ergebnis: der Netto-

ertrag pro ha war 56 %, der Bruttoertrag 20 % hôher. Die Holzerntekosten pro m3 wa-

ren 11 % niedriger, die Holzerzeugungskosten praktisch gleich wie im Betriebsteil A.

Die Untersuchung der Ergebnisse zeigt, daB die Vberlegenheit des Betriebsteils B in

erster Linie der hôheren Bodenfruchtbarkeit und des seit langem eingefûhrten Hoch-

waldbetriebs, in zweiter Linie seinem hôheren Nadelholzanteil zu verdanken ist. Es

ergibt sich ferner, daB die MaËnahmen zur Rationalisierung der Holzernte den finan-

235

ziellen Erfolg gûnstig beeinfluBt haben. Die Vntersuchung làBt schlieBlich die An-

nahme zu, daB der Etat fur die Période 1947/56 wahrscheinlich zu tief festgesetzt ist,

um eine befriedigende Verzinsung des Kapitals zu gewàhrleisten, und daB es zweck-

màBiger wàre, die vorgesehene Vorratserhôhung zu verlangsamen. Anderseits erscheint

die Hôhe des angestrebten Vorrates vom wirtschaftlichen Standpunkt aus schwer zu

rechtfertigen.Im Lehrwald der Eidgenôssischen Technischen Hochschule ist der jàhrliche durch-

schnittliche Reinertrag pro ha von 44.15 Fr. in der Période 1928/32 auf 165.35 Fr.

in der Période 1945/50, also um 275 %, gestiegen. Der innere Wert des Holzes hat

sich um 40 % erhôht. Dièse Zunahme ist zur einen Hàlfte auf die allgemeine Verteue-

rung des Holzes, zur andern auf die intensivere Bewirtschaftung und die verfeinertewaldbauliche Behandlung zurûckzufûhren. Die vorgenommenen Investierungen erwie-

sen sich als rentabel; so erlaubte der Ausbau eines neuzeitlichen, dichten Wegnetzeseine Einsparung von 1.60 Fr./m3 bei den Rùckkosten fur Nutzholz wâhrend der 4. Pé¬

riode. Seit 1939 warfen die investierten Kapitalien im Mittel 4—4,5 % ab.

In beiden Verwaltungen blieben gewisse technische Unterlagen nicht erhalten. Des-

halb UeBen sich nicht aile SchluBfolgerungen ziehen, die die kaufmànnische Buch-

haltung liber die Schwankungen des Reinertrages, die Rentabïlitàt der Investierungen,die Selbstkostenpreise, die Arbeitsmethoden, usw. gestattet.

Die Waldwirtschaft lôst sich allmàhlich von der Herrschaft der Empirie und der

Dogmen. Die Kontrollmethode ermôglichte diesen Vorgang auf dem Gebiete der Ein-

richtung und der waldbaulichen Behandlung, die Pflanzensoziologie auf dem Gebiete

der Standortskunde und der Baumartenwahl. Die kaufmànnische Buchhaltung ist ge-

eignet, ihn auf das wirtschaftliche Gebiet auszudehnen. Vermochte die vorliegendeArbeit davon zu ûberzeugen, so hat sie ihr Ziel erreicht.

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237

Curriculum vitae

Originaire de Rivaz (Vaud), je suis né à Lausanne en 1926.

Après, avoir suivi trois ans les classes de l'Ecole nouvelle à

Chailly/Lausanne, j'ai fréquenté cinq ans le Collège classiquecantonal à Lausanne, une année la Kantonsschule à Zurich et

deux ans le Gymnase classique cantonal à Lausanne où j'aiobtenu en 1944 le diplôme de bachelier es lettres, avec la men¬

tion latin-mathématiques spéciales. Je me suis immatriculé la

même année à l'Ecole forestière de l'Ecole polytechnique fédé¬

rale dont je suis sorti en 1948 avec le diplôme d'ingénieurforestier. Après les stages réglementaires chez MM. Fliick,

inspecteur forestier à Berne, et Omlin, inspecteur cantonal des

forêts à Sarnen, j'ai reçu le brevet fédéral d'éligibilité à un

poste supérieur de l'administration forestière en décembre 1950.

Depuis novembre 1950, je travaille en qualité d'assistant à

l'Ecole forestière de l'EPF sous la direction de M. le profes¬seur Ch. Gonet. Là, j'ai eu l'occasion de perfectionner ma for¬

mation professionnelle par l'élaboration de cette thèse de doc¬

torat et par des voyages d'études au Danemark et en Grande-

Bretagne.J.-B. Chappuis