Implementation of the Non Legally Binding Instrument … · En Guinée-Bissau, on peut distinguer...

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1 République de Guinée-Bissau Forum des Nations Unies sur les Forêts / UNFF 8° Session of the UNFF New York, 20 April to 1 May 2009 Rapport de la Guinée-Bissau Présenté Par M. Kaoussou DIOMBÉRA Ingénieur Forestier / Point Focal National de l’ UNFFF B.P 71 Bissau (Guinée-Bissau) Tél.: + (245) 663 3162, + (245) 720 74 22, + (245) 580 4851 Fax: + (245) 322 1019 E-mail: [email protected] Novembre 2008 Implementation of the Non Legally Binding Instrument on all type of Forest (NLBI) and Achievement of the Global Objectives on Forests

Transcript of Implementation of the Non Legally Binding Instrument … · En Guinée-Bissau, on peut distinguer...

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République de Guinée-Bissau

Forum des Nations Unies sur les Forêts / UNFF

8° Session of the UNFF

New York, 20 April to 1 May 2009

Rapport de la Guinée-Bissau

Présenté Par

M. Kaoussou DIOMBÉRA Ingénieur Forestier / Point Focal National de l’ UNFFF

B.P 71 Bissau (Guinée-Bissau) Tél.: + (245) 663 3162, + (245) 720 74 22, + (245) 580 4851 Fax: + (245) 322 1019

E-mail: [email protected]

Novembre 2008

Implementation of the Non Legally Binding Instrument

on all type of Forest (NLBI) and Achievement of the Global Objectives on Forests

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I° PARTIE

Gestion des Forêts Tropicales Secondaires en Guinée-Bissau : Réalités et Perspectives

Résumé En Guinée-Bissau, on peut distinguer les forêts sèches secondaires de la zone soudano-guinéenne et de la zone Guinéenne intérieure (forêts du nord-est, du centre et sud-est), les forêts secondaires de la zone Guinéenne maritime (forêts secondaires du nord-ouest) et les forêts secondaires de la zone guinéenne sub-humide (forêts secondaires du sud-ouest).

Les ressources de ces forêts sont insuffisamment connues : les informations sont basées sur les rencontres avec les notables, les chefs traditionnels, les chefs religieux et sur la littérature (documents administratifs, rapports d’expertise, documents issus de la recherche, etc.).

Toutefois, la demande sociale en produits forestiers, comme le rônier, croît. Si rien ne vient rationaliser leur exploitation, on prédit qu’il faudra soit utiliser d’autres matériaux de construction et de fabrication des outils soit les importer, ce qui n’est pas le meilleur scénario du fait des limites financières du pays et de la dégradation généralisée de la végétation forestière en Afrique occidentale. Parce qu’elle est dépourvue de moyens humains et financiers, l’administration forestière a délégué la gestion des forêts, primaires et secondaires, aux populations rurales. Celles-ci représentent 64,8% de la population et elles sont les principales utilisatrices des ressources forestières. Ainsi, les populations rurales assurent la sécurité foncière, préviennent et gèrent les conflits fonciers mineurs, les autorités foncières régionales étant chargées d´arbitrer et de régler les litiges majeurs; elles sont également chargées d’élaborer des règles souples conformes au droit traditionnel et de les faire appliquer localement dans le respect de la diversité des us et coutumes. Si les populations sont responsables de la gestion des ressources forestières et si le cadre législatif est satisfaisant, il faut encore une structure dotée d’une grande capacité d’orientation et de planification de l’exploitation des forêts secondaires en raison de la complexité de la gestion de la demande sociale en énergie domestique.

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INTRODUCTION D’une superficie de 36.125 km2, la Guinée-Bissau compte aujourd’hui environ 1,2 million d’habitants (recensement de 1992) qui vivent essentiellement de l’exploitation directe des ressources naturelles dont dispose le pays. Son économie repose principalement sur les activités agricoles et agro-pastorales ainsi que sur l’exploitation forestière et sur la pêche (ces activités occupent au moins 85% de la population actuelle du pays; la pêche contribue pour 45% au budget de l’Etat). Les conditions naturelles du pays sont assez favorables à de telles activités. La fertilité des sols ne constitue pas une contrainte majeure au développement des activités agro-sylvo-pastorales. En outre, la densité du réseau hydrographique et ses caractéristiques confèrent aux régions côtières du pays une richesse écologique considérable et des potentialités agricoles et halieutiques certaines. Une de ces principales richesses, en plus des forêts, sont les mangroves; occupant près de 7% de la superficie territoriale, elles jouent des fonctions écologiques et économiques essentielles; 45% de la population y est localisée. C’est également la zone de reproduction de nombreuses espèces halieutiques, dont l’exploitation présente une source importante de nourriture pour la population et de revenus pour l’Etat. Dans le domaine de l’environnement, la destruction de ces mangroves apparaît comme le problème écologique le plus grave. En effet, à cause de leur rôle régulateur écologique, la moindre dégradation qui les affecte se répercute sur les autres écosystèmes qui les entourent Globalement, la situation du secteur forestier national reste précaire. En réalité, les réalisations concrètes en matière de gestion et d’aménagement des forêts secondaires restent limitées voire inexistantes. Bien qu´exposées à une forte dégradation de l´ordre de 30 à 40.000 ha/an, les ressources forestières proprement dites restent importantes compte tenu de leur superficie, (soit 56% du territoire national) et d´une densité de population peu élevée estimée à 29 habts/km2. Il existe aujourd’hui un potentiel total en bois de plus de 100 millions de m3, cependant, ce capital ligneux s´amenuise de plus en plus, faute d´un système d´aménagement des forêts secondaires permettant de gérer cette ressource d´une manière durable. C’est pourquoi, il est impératif d’engager des actions et une stratégie à long terme qui soit un facteur de pérennisation des ressources boisées locales. Ce rapport cherche en premier lieu à répondre aux questions ci-après : Quels sont les différents types de forêts secondaires en Guinée-Bissau ? Où se trouvent-ils ? Quelle est leur importance écologique et socio-économique ? Comment sont-ils gérés ? Et comment améliorer la gestion des forêts secondaires en Guinée-Bissau ?

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1. SITUATION GÉNÉRALE SOCI-OÉCONOMIQUE DE LA FORESTERIE ET DE

L’UTILISATION DES TERRES

Guinée-Bissau • Superficie : 36.125 km2 ; • Population : 1,2 million d'habitants dont 45% dépendent des mangroves (les mangroves

occupent entre 7 et 8% du territoire et 12, 38% de la végétation) ; • Densité de population : 29 habitants/km2 ; • Superficie forestière : entre 1,5 et 2 millions d’hectares, entre 44 et 56% du territoire ; • Taux de déforestation : 40.000 à 60.000 ha/an ; • Impact du processus de décentralisation sur la foresterie : attribution du droit de gestion

des forêts aux communautés villageoises, intervention des ONG dans la gestion des forêts, etc. ;

• Potentiel de bois: plus de 100 millions de m3 d’essences commercialisables dont 48,3

millions de m3 d’essences commercialisées actuellement et environ 18,8 millions de m3

de bois de sciage, mais ce potentiel se réduit parce qu’il est géré de façon irrationnelle ; • Potentiel de production annuelle: 550.000 m3 calculé sur la base d’un accroissement

moyen annuel de la forêt de 0,26 m3/ha/an ; • Poids économique du secteur forestier : en moyenne 6,2% de la valeur totale des

exportations du pays et, entre 1985 et 1991, environ 9% du PIB ; • Espèces principales commercialisées: Daniella oliveiri, Pterocarpus erinaceus, Prosopis

africana, Chlorophora regia, Khaya Senegalensis, Afzelia Africana, Ceiba pentandra, Antiaris africana, Erythrophleum guineensis ;

• Problèmes clés de gestion des ressources forestières: destruction des mangroves pour le fumage et le séchage du poisson, réseaux marchands transfrontaliers qui commercialisent des quantités considérables de bois énergie, exploitation sélective des espèces de la flore – par exemple, le rônier.

2. CARACTÉRISTIQUES ET ÉTENDUES DES FORÊTS SECONDAIRES En Guinée-Bissau, les forêts secondaires correspondent généralement aux forêts et aux mangroves après exploitation de bois, incendie ou l’abandon de diverses utilisations des terres (élevage, établissements humains, culture de rente- palmier à huile). Bien qu’elle soit mal connue, leur surface se réduit sous l’effet d’une exploitation forestière industrielle, d’une exploitation de bois énergie, bois de service et des feux de brousse. Ces forêts se rencontrent tant dans les zones soudano-guinéenne et Guinéenne intérieure (forêts du nord-est, du centre et sud-est) que dans les zones guinéenne maritime (forêts secondaires du nord-ouest) et guinéenne sub-humide (forêts secondaires du sud-ouest).

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3. IMPORTANCE SOCIO-ÉCONOMIQUE ET ÉCOLOGIQUE DES DIFFÉRENTS TYPES DE

FORÊTS SECONDAIRES Les ressources des forêts secondaires sont nombreuses et variées : bois de feu, bois de service, gomme arabique, fruits sauvages, plantes médicinales, miel, champignons, amandes, etc. Leur importance, qui était hier locale, est aujourd’hui sous-régionale, voire internationale. Ces forêts fournissent la quasi-totalité du bois de construction et du bois pour la fabrication des outils des artisans. En matière de construction d’habitations, le bois le plus utilisé est le rônier. En raison de la croissance de la demande en ce bois, si rien ne vient rationaliser son exploitation, on peut prédire qu’il faudra soit utiliser d’autres matériaux de construction et de fabrication de ces outils soit l’importer (ce qui n’est pas le meilleur scénario du fait des limites financières du pays et de la dégradation généralisée de la végétation forestière en Afrique occidentale).

Quelques produits des forêts secondaires méritent une attention particulière, tant leurs échanges sont considérables: les Produits Forestiers Non ligneux (PFNL: légumes-feuilles, fruits, graines, tubercules, etc.). Selon les régions et les saisons, ils sont prélevés aussi bien pour l’autoconsommation que pour le commerce et fournissent 20 à 60% du budget familial. Les produits les plus commercialisés sont notamment l’oseille de Guinée, les noix de cajou, les encens, les amandes de Detarium ssp, les noix de rônier, l’huile de palme et le vin de palme. Mais, de tous les produits des forêts secondaires, le bois de feu est le plus demandé. 90% des besoins énergétiques des ménages (cuisson des aliments, chauffage et éclairage) du pays et une part importante des besoins énergétiques des pays limitrophes, comme le Sénégal, sont couverts par des combustibles provenant des forêts secondaires de la Guinée-Bissau. A travers le pays, le bois de feu s’achète, un marché et des circuits de commercialisation sont organisés qui alimentent Bissau, Gabu, Bafata, mais aussi les villes du Sénégal (Bertrand, 1992). A titre indicatif, en 1990, la consommation du bois de feu de la ville de Bissau et de sa banlieue (165.000 habitants, 16 % de la population du pays – (Etudes ESMAP, Banque Mondiale, 1992) a varié entre 40 et 45 tonnes par jour, soit de 14.600 à 16.500 tonnes par an ou environ 100 kg/habitant/an (Demante, 1992). Le bois de feu est généralement ramassé dans les forêts secondaires par les femmes, les enfants et, rarement, par les hommes pour leurs épouses.

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La carbonisation est pratiquée à travers le pays par des charbonniers professionnels qui dépendent des commerçants-transporteurs. Elle varie avec la saison: pendant la saison des pluies, la production charbonnière diminue, entraîne de ce fait la baisse de l’offre et l’augmentation des prix de vente du charbon. Les méthodes de carbonisation sont peu productives et ne sont pas toujours bien maîtrisées ; ainsi, une part importante de bois se perd. Les commerçants-transporteurs du charbon sont en majorité des citadins. Toutes les activités liées à l’exploitation des forêts secondaires débouchent sur des produits qui sont vendus sur les marchés locaux, nationaux et sous-régionaux; elles créent des emplois dans les villages, stimulent l’économie rurale et limitent l’exode rural. Les recettes fiscales collectées dans les marchés locaux permettent aux communautés villageoises d’initier des activités génératrices de revenus, de mettre en place des systèmes de micro crédits pour l’acquisition de petits équipements (charrettes, outils agricoles, etc.); elles leur permettent également d’investir dans l’éducation, la santé et l’amélioration de la qualité de l’eau. En outre, les forêts secondaires protègent les sols contre l’érosion hydrique et éolienne, régulent la nappe phréatique et améliorent la fertilité des sols; les mangroves favorisent la reproduction de nombreuses espèces halieutiques. 4. CONNAISSANCES ET EXPÉRIENCES EFFECTIVES EN MATIÈRE DE GESTION DES

FORÊTS SECONDAIRES Les ressources des forêts secondaires sont mal connues: elles n’ont jamais fait l’objet d’un inventaire. Les informations sur les ressources de ces forêts sont basées sur les rencontres avec les notables, les chefs traditionnels, les chefs religieux et sur la littérature (documents administratifs, rapports d’expertise, documents issus de la recherche, etc.). En ce qui concerne les expériences de gestion des forêts secondaires, elles sont liées principalement aux activités des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et des projets. Dans les forêts sèches du nord-est, le Réseau Africain du Développement Intégré (RADI) et l’ICAP, deux ONG africaines, reboisent, conservent les écosystèmes dégradés et sensibilisent les populations à la protection de l’environnement; ils vulgarisent les techniques agricoles, facilitent l’organisation des paysans en groupements et promeuvent la foresterie communautaire. Dans les forêts secondaires du sud-ouest, un groupe de trois ONG nationales (AD, Tininguena et Alternag), en collaboration avec les populations et les autorités locales, produit des aliments, améliore les techniques agricoles pour limiter la consommation d’espaces par l’agriculture itinérante et contrôle la chasse grâce à des “gardes communautaires”; toutes ces activités sont menées dans le cadre d’une initiative appelée “l’Initiative Cantanhêz”.

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A Bafata et Gabu, le projet Agro-Sylvo-Pastoral (PASP/Bafata-Gabu) aujourd’hui dénommé Association APRODEL délimite les espaces forestiers, vulgarise les règles d’utilisation des ressources forestières, en même temps qu’il sensibilise les populations à la protection de l’environnement. A Djalicunda, Farim et Sitato, les populations suppléent le service forestier. En 1993 ces populations, avec l’appui de la Fédération des Associations Villageoises de KAFO et de Tessito (KAFO-RADI et Tessito-ICAP), ont participé à la réalisation d’un inventaire forestier dont l’objectif principal était la préservation des espèces forestières à haute valeur économique. Elles ont ainsi réalisé un inventaire forestier - 100 ha à Djalicunda et 150 ha à Sitato. Sur la base des résultats de cet inventaire, les populations de Djalicunda, de Farim et de Sitato, assistées par le RADI, contrôlent, régulent la production du charbon de bois et s’emploient à sédentariser les agriculteurs itinérants. A Bachil, les paysans réprouvent les décisions prises unilatéralement par le Service forestier – octroi des permis et des concessions forestières – limitent l’exploitation forestière à des fins commerciales dans le but de préserver les espèces forestières et, par le biais d’un comité qu’ils ont mis en place, déterminent les taxes relatives à l´exploitation des ressources forestières, définissent les zones d´exploitation, confisquent les produits issus d’exploitation forestière illégale et se concertent avec les services forestiers sur les accords qu’ils se proposent de signer avec les exploitants forestiers. L’effet de ces actions a été notamment la baisse du nombre de feux de brousse. 5. PRATIQUES COURANTES DE GESTION DES FORÊTS SECONDAIRES Parce qu’elle est dépourvue de moyens humains et financiers, l’administration forestière a délégué la gestion des forêts, primaires et secondaires, aux populations rurales. Celles-ci représentent 64,8% de la population et elles sont les principales utilisatrices des ressources forestières. Ainsi, les populations rurales assurent la sécurité foncière, préviennent et gèrent les conflits fonciers mineurs, les autorités foncières régionales étant chargées d´arbitrer et de régler les litiges majeurs ; elles permettent également d’élaborer des règles souples conformes au droit traditionnel et de les faire appliquer localement dans le respect de la diversité des us et coutumes. La formalisation et l’unification des règles foncières ainsi que leur harmonisation avec les nouvelles lois forestières se font de manière progressive, après une période de transition au cours de laquelle les règles ont été expérimentées au niveau local. A travers le pays, les notables, les chefs traditionnels et les chefs religieux contrôlent l’accès aux “forêts sacrées”. Et quand elles sont sollicitées, les autorités politiques et administratives locales participent aux activités de reboisement, en particulier à l’occasion du “Mois de l’Arbre”(Juillet de chaque année), et à la fixation des taxes forestières. Le système de taxes comprend : la “taxe de l’espèce”, la “taxe sur le grume et les grosses branches” et la “taxe de superficie”. Le taux de la première taxe varie avec l’espèce : par exemple, 12 USD/m3 pour Ceiba pentandra, 20 USD pour Khaya senegalensis, 40 USD pour Pterocarpus erinaceus, 60 USD pour Afzelia africana. Le taux de la deuxième taxe est de 25% de la “taxe de l’espèce”; elle est perçue pour les grosses branches et les contreforts. La dernière taxe est de 0,05 USD/ha/an. Les taxes sont payées au Fonds Forestier National, un mois avant le début de la campagne d’exploitation mais un délai supplémentaire peut être accordé. D’autres mesures pour préserver les ressources des forêts secondaires sont appliquées : entre autres, la limitation du nombre - voire l’interdiction d’exploitation - des tiges du rônier par

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exploitation et par an (quantité maximale: 400 lattes ou poutres) l’interdiction de la coupe du Schrebera arborea (espèce protégée) et la fixation d’un volume maximum annuel des différentes concessions forestières. Nombre d’associations, telles que Baransam de Cuntima à Farim, Tchurbric à Cacheu, Bachil et Cacheu, produisent des plants en pépinière, reboisent les champs qui sont en jachère avec des espèces locales, comme Acacia albida, combattent les feux de brousse en construisant des pare-feux, allumant des feux précoces, nettoyant les champs autour des villages, organisant et animant des comités de protection de la nature. Toutefois, en Guinée-Bissau comme dans la plupart des pays africains, la gestion des forêts secondaires ne peut être considérée comme durable. D’abord le domaine forestier et les concessions forestières ne sont pas délimités. Ensuite les inventaires préalables aux exploitations forestières sont rares. Enfin les coupes de bois ou d’arbres ne s’effectuent pas dans des parcelles pré-définies. 6. POLITIQUES ET QUESTIONS INSTITUTIONNELLES RELATIVES À LA GESTION DES

FORÊTS SECONDAIRES Les objectifs de la politique forestière énoncés aussi bien dans le Plan Directeur Forestier National (1992) que dans la Lettre de Politique de Développement Agricole (1997) et actualisée en 2002 sont la conservation du potentiel forestier, le maintien des équilibres socio écologiques, la satisfaction des besoins des populations et la responsabilisation de ces dernières dans la gestion des ressources forestières. La mise en oeuvre de cette politique s’appuie, comme dit plus haut, sur les populations. Elle s’articule autour de sept axes prioritaires parmi lesquels on peut citer: - l’amélioration du cadre institutionnel ; - l’aménagement et la protection des forêts naturelles et de production; - la conservation de l’habitat de la faune et le développement de la chasse traditionnelle; - l’amélioration de la connaissance de la ressource ; - le développement de la foresterie communautaire. Les modes de gestion appropriés seraient par conséquent ceux qui permettent une responsabilisation effective des populations rurales dans la gestion des ressources forestières : foresterie communautaire, décentralisation, gestion participative des ressources, etc. C´est pourquoi un décret-loi Nº : 4-A du 29 octobre 1991 sur la forêt a été adopté en 1991. Il n’y a pas encore de texte d’application, mais une proposition d’établissement d’un contrat de gestion des forêts communautaires résultant d’un décret normatif datée du 26 décembre 1996 existe. La loi n°4-A du 29 Octobre 1991 est intéressante à double titre. Premièrement, il institue un “régime forestier de protection” qui s’applique aux forêts situées le long des cours d’eau (forêts galeries). Il peut être étendu à d’autres types de forêts pour fixer les dunes, stabiliser le régime hydrographique, enrayer l’érosion, combattre la désertification, protéger la vie sauvage et, d’une manière générale, les écosystèmes. Il se résume à l’interdiction d’abattre des arbres, sauf à des fins d’usage personnel ou pour l’intérêt général et sous la double condition d’une autorisation de l’autorité compétente et d’un engagement à planter un nombre équivalent d’arbres.

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Deuxièmement, il délègue la gestion des forêts communautaires aux propriétaires (villages titulaires du droit d’user, de jouir et de disposer de ces forêts). Même présentant des aspects positifs, ces dispositions réglementaires ont une portée limitée : elles reposent en effet, sur l’interdiction et la limitation de l’exploitation des ressources dont certaines sont essentielles à la vie des populations (terres agricoles, bois de feu, etc.), ce qui rend difficiles leur observation et leur application. En plus, la constitution et la réglementation foncière ne facilitent pas l’application de la loi forestière. La constitution affirme que la terre appartient à l’Etat, ce qu’un décret antérieur avait déjà proclamé. Il subsiste une question : comment concilier ce principe avec les pratiques courantes en matière de gestion des forêts secondaires qui reposent sur le respect des us et coutumes. La réglementation foncière est fondée sur la loi coloniale Nº : 43.894 du 06 Septembre 1961, la loi Nº : 4.75 du 10 Mars 1975 portant nationalisation de toutes les terres. Cette réglementation est défavorable aux communautés villageoises. Elle ne reconnaît pas le droit foncier traditionnel et la propriété collective des terres. En revanche, elle permet à des personnes physiques ou morales de faire enregistrer des terres s’étendant sur 2.500 ha sous forme de propriété ou de concessions rurales. Théoriquement, l’attribution d’une concession à un “ponteiro” (un exploitant forestier ou agricole moderne) est subordonnée à une enquête préalable auprès des villageois. Celle-ci doit prouver que la concession faisant l’objet d’une attribution n’appartient à aucun village. Dans les faits, cette enquête ne se réalise jamais. Les conséquences de la réglementation foncière sont nombreuses. En 1992, sur environ 400.000 ha de terres considérées comme des concessions rurales, moins de 10.000 ha – exception faite de terres occupées par des plantations d’anacardiers - étaient mis en valeur à des fins agricoles. Et les paysans, dépourvus de terres agricoles défrichent les forêts secondaires, ce qui provoque aussi des conflits fonciers. Conscient de cette situation, le Gouvernement a entrepris une révision de la loi foncière en vigueur. Aussi, une nouvelle loi-cadre a été adoptée par le Parlement le 06 Mars 1998 et sa réglementation est aujourd’hui en cours d’élaboration. Dans ces principes, cette nouvelle loi sur la terre, responsabilise davantage les différents acteurs dans la gestion des ressources foncières, pénalise la destruction des forêts secondaires et renforce la protection des aires protégées; celles-ci étant considérées comme “des terres où ne sont permises que les activités de préservation et de conservation du patrimoine naturel, historique et paysager conformément à la législation pertinente”. Ce corpus législatif pourra être renforcé par les lois sur les aires protégées qui ont été élaborées avec l’appui de l’UICN et adoptées par le Conseil des Ministres le 22 décembre 1997. Ces lois contribueront à protéger les ressources des forêts secondaires situées dans les aires protégées. Si les populations sont responsables de la gestion des ressources forestières et si le cadre législatif est satisfaisant, il faut encore une structure dotée d’une grande capacité d’orientation et de planification de l’exploitation des forêts secondaires en raison de la complexité de la gestion de la demande sociale en énergie domestique. La Direction Générale de l´Énergie (DGE) et de la Direction Générale des Forêts et Chasse (DGFC) ont été créées en réponse à cette demande. Cependant ni l’une ni l´autre n’ont les moyens de leurs attributions. Cette faiblesse est renforcée par l’absence de données fiables sur le sous-secteur énergie domestique en particulier et du secteur forestier en général, et par les conflits de compétences entre les différentes structures responsables de la gestion des ressources forestières.

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PRINCIPALES LEÇONS ET CONCLUSIONS Au regard de tout ce qui précède, la gestion des forêts secondaires pourra être améliorée dans le futur grâce à une redéfinition du rôle des partenaires au développement forestier (Etat, collectivités locales, intervenants en provenance de l’extérieur du pays et société civile) et à l’introduction d’un mécanisme régissant le partenariat entre ces acteurs. Ces actions seront insuffisantes; il faudra ensuite faire évoluer les modes de gestion du bois énergie mais aussi du bois de service tel que le rônier, pour les mettre à la hauteur des enjeux en raison de l’importance de la demande sociale en ces ressources stratégiques et des conséquences de leur exploitation sur l’environnement. Enfin, la promotion de la foresterie communautaire et l’accroissement des capacités nationales de conception des programmes, de supervision et du contrôle des activités liées à l’exploitation des ressources forestières seront absolument nécessaires.

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II° PARTIE

Bilan de l’État de la Préparation à la Sécheresse et à l’Atténuation

De ses Effets en Guinée-Bissau1 Résumé La Guinée-Bissau est exposée à différents processus de dégradation de ses écosystèmes naturels qui affectent ses ressources agricoles, pastorales, halieutiques et forestières. En effet, si la désertification n’est pas à craindre (sauf dans certaines plages d’érosion de la région de Boé et dans les zones à forte densité de population) la vitesse avec laquelle les ressources naturelles productives se dégradent demeure alarmante. Elle est de nature à poser la question de la compatibilité de l’intensification de la production et de la conservation des richesses naturelles du pays. Cela dit, le sujet, pertinemment évoqué dans les discours politiques officiels, est tout à fait actuel et demande des mesures concrètes. C’est pourquoi, dans le cadre de cet article/communication, les tenants et les aboutissants de la Lutte Contre la Désertification (LCD ou CCD), les phénomènes de dégradation des écosystèmes, leur localisation dans l’espace et dans le temps ont été analysés de manière approfondie. Ce qui nous a permis d’établir un bilan des actions entreprises (ou en cours) par les différents acteurs (État, ONG, Secteur privé, projets et associations de base) en rapport avec la convention de LCD et à l’atténuation de ses effets dans le pays. Aussi, sur le plan purement administratif et institutionnel, il est paradoxal de constater qu’en réalité peu d’actions d’envergure ont été développées concrètement depuis la ratification de la Convention en Mars 1995 et ce, à cause justement du tâtonnement ou du flottement institutionnel dont fait l’objet l’appareil d’État. La multiplicité des structures intervenant dans la gestion de l’environnement explique pour une large part, le blocage du processus d’élaboration du Programme d’Action National. En effet, on ne sait trop qui, de la Direction Générale de l’Environnement, ou du CONACILSS ou encore de la Direction Générale des Forêts et Chasse (DGFC) est chargé de la coordination ou de la mise en oeuvre de la convention. Alors que, le processus d’élaboration du Programme d’Action National requiert et doit être solidement ancré autour d’une structure professionnelle bien identifiée gouvernementale, reconnue et qui serait la locomotive aux actions à définir en partenariat avec les acteurs du développement. Globalement, ce qui ressort de la situation actuelle en Guinée-Bissau, est l’implication ou du moins l’utilisation des ONG nationales voire internationales pour la sensibilisation du public en matière de conservation de l’environnement et la réalisation d’activités de conservation développement au niveau de la base. Cette stratégie a permis l’émergence d’institutions locales sur lesquelles repose la pérennité du message et des actions conduites. Plus récemment, plusieurs plans directeurs ont été élaborés (et de nombreux séminaires tenus) avec l’appui d’organismes internationaux de coopération (PNUD, UICN, FAO, CE, etc...) et d’autres sont en cours de finalisation ou connaissent un début de mise en œuvre (Tourisme, Environnement, Agriculture, etc...). En tous les cas, la question foncière en débat actuellement dans le pays, serait un facteur essentiel dans l’aménagement du territoire et la concrétisation des objectifs de développement. Aussi, la formulation d’une politique claire et conséquente dans ce domaine ne serait-elle pas nécessaire et obligatoire afin de redresser les tendances actuelles du processus de détérioration du milieu naturel et par répercussion les effets catastrophistes de la sécheresse et/ou de la désertification? C’est sûrement là, une piste qu’il conviendrait de creuser et qui serait susceptible d’ouvrir la voie à l’action dans les années à venir.

1 Communication pour le Forum National de Lancement du Processus d’Elaboration du PAN/LCD de Guinée-Bissau Bissau-Hotel 14, 15, 16 Septembre 2004

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Introduction La sécheresse des années 68-73 a incité la communauté mondiale à examiner l’état des territoires arides et à élaborer des stratégies de lutte contre la désertification. L’analyse de la situation actuelle en Guinée-Bissau indique que le milieu naturel pour des raisons diverses, est soumis à un processus de dégradation multi faciale, continue plus ou moins intense selon les lieux et qui risque de compromettre à moyen et long terme le développement économique et social du pays, basé essentiellement et pour longtemps encore sur le secteur rural. Toutefois, on ne peut parler pour l’instant de désertification au sens strict du terme; celle-ci ayant toute une autre consonance éco biogéographique. En revanche, la Guinée-Bissau, de par sa position éco climatique singulière, est confrontée aujourd’hui à de nombreux problèmes environnementaux: sécheresse, érosion côtière, déforestation etc. Sa partie la plus sèche correspond à la zone soudano guinéenne à soudanienne avec une pluviométrie annuelle moyenne de 1.200 mm répartie sur 5 mois (Juin Octobre). C’est pourquoi, face à tous ces défis auxquels le pays se trouve actuellement confronté, un certain nombre d’action ont été entreprises à l’échelle nationale et parfois locale avec l’appui de partenaires au développement. Dans cette perspective, quel bilan exact peut-on aujourd’hui établir en Guinée-Bissau de l’application de cette convention? C’est ce que nous allons tenter d’analyser dans les pages qui suivent. I Évaluation de la désertification et changements climatiques en Guinée-Bissau 1-1 Le concept de désertification: une notion éco systémique dynamique. La désertification touche aujourd’hui un quart de la superficie du globe. Si l’on en croit les Nations Unies dans un rapport établi en 1997, en Afrique, plus d’un milliard d’hectares, soit 73% des terres sèches servant à l’agriculture sont modérément ou gravement touchés par la désertification. Tout d’abord qu’est-ce qu’est la désertification? Quelles sont les différentes notions qui lui sont associées? Les dirigeants du monde lors du Sommet de la Terre en 1992 ont défini “la désertification” dans le cadre de la Convention comme étant “la dégradation des terres dans les zones arides, semi arides et sub-humides sèches par suite de divers facteurs parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines”. Alors que l’expression “lutte contre la désertification” désigne les “activités qui relèvent de la mise en valeur intégrée des terres dans les zones arides, semi-arides et sub-humides sèches en vue d’un développement durable qui vise à prévenir et/ou réduire la dégradation des terres, remettre en état les terres partiellement dégradées et restaurer les terres désertifiées”. De la même façon, l’expression “atténuation des effets de la sécheresse” désigne les activités liées à la prévision de la sécheresse et visant à réduire la vulnérabilité de la société et des systèmes naturels face à la sécheresse dans le cadre de la lutte contre la désertification.

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Quant au terme “sécheresse”: il désigne le phénomène naturel qui se produit lorsque les précipitations ont été sensiblement inférieures aux niveaux normalement enregistrés et qui entraîne de graves déséquilibres hydrologiques préjudiciables aux systèmes de production des ressources en terres. Nous avons aussi parlé de “développement durable” d’où implicitement de “gestion durable”. Il est important à nos yeux de clarifier ce concept pour la suite du débat et de notre présentation. En fait, la “gestion forestière durable” (dans le cadre de la LCD) peut être considérée comme un aspect particulier du “développement durable” défini par la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement Humain comme celui “répondant aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs” (Stockholm, 1972). Mais c’est Rio (CNUED, Rio de Janeiro en 1992) qui a également imposé mondialement l’application du concept de développement durable à la gestion forestière (voir principe 2 b de la Déclaration de principe sur les forêts). A ce jour, c’est à nos yeux, la Conférence d’Helsinki (1993) qui a le mieux défini ce concept de gestion durable:”La gestion durable signifie la conduite et l’utilisation des forêts et terrains boisés d’une manière et à une intensité telles qu’ils maintiennent leur diversité biologique, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire, actuellement et dans le futur, les fonctions écologiques, économiques et sociales pertinentes”. Au-delà donc de cette définition, nous transcendons et comprenons aisément que la lutte contre la désertification s’est progressivement élargie ou étendue à la gestion multifonctionnelle du patrimoine ou des ressources, fondée sur une connaissance parfaite issue de la pratique et d’une recherche de qualité sur: - la fonction écologique (gestion centrée sur la biodiversité) - la fonction économique (de production) - la fonction sociale (priorité à la chasse, forêts sacrées etc.…) Principe 2 b de la Déclaration de principe sur les forêts Les ressources et les terres forestières doivent être gérées d’une façon écologiquement viable afin de répondre aux besoins sociaux, économiques, écologiques, culturels et spirituels des générations actuelles et futures. L’homme a besoin de produits et de services forestiers tels que le bois et les produits à base de bois, l’eau, les produits alimentaires et fourragers, les plantes médicinales, le combustible, les matériaux de construction, l’emploi, les loisirs, les habitats de la faune et de la flore, la diversité des paysages, les réservoirs et puits de carbone et d’autres produits forestiers. Des mesures appropriées doivent être prises pour protéger les forêts contre les effets nocifs de la pollution, notamment atmosphériques, les incendies, les espèces nuisibles et les maladies, afin de maintenir dans son intégralité leur valeur multiple. 1-2 Ses implications en Guinée-Bissau En Guinée-Bissau, le concept de Lutte Contre la Désertification (LCD ou CCD) est défini comme une approche globale d’utilisation rationnelle et durable des ressources naturelles. Les objectifs de LCD se confondent avec ceux du développement économique et social du pays. En 1984, la Guinée-Bissau a élaboré un Plan National d’action pour lutter contre la dégradation du milieu traduit en programmes d’activités comprenant un certain nombre de projets majeurs. Ce plan fut l’objet de réorientation en 1988 pour enfin culminer en 1992 en un rapport national pour un

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développement durable présenté à la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement. La même année (1992), fut élaboré et adopté par le Gouvernement un autre plan celui portant sur le développement forestier national. Aujourd’hui, les activités d’agroforesterie et de gestion communautaire des forêts sont considérées comme les fers de lance de la lutte contre la sécheresse et la désertification. Au mieux, certains départements publics directement ou indirectement impliqués dans le domaine de l’environnement, mais également des ONG et associations de base conduisent des actions visant à une meilleure utilisation des ressources et à la nécessité de planifier leur exploitation. II Stratégie de gestion des ressources naturelles: intégrer les politiques

sectorielles Cette intégration passe nécessairement par la compréhension de la manière dont les stratégies nationales de conservation des ressources naturelles sont prises en compte dans la planification socio-économique et dans le plan de développement national. C’est pourquoi, il ne s’agit pas pour nous d’une énumération exhaustive, mais bien d’une illustration de la manière dont l’aspect environnemental est traité ou pris en compte dans les différents plans directeurs. Par ailleurs, la Guinée-Bissau a pris part aux différentes rencontres internationales en faveur de la promotion du développement durable. Jusqu’à présent elle a souscrit à plusieurs plans sous régionaux tels que OMVG, CILSS, etc... signé et ratifié les 3 conventions internationales préparées dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement, telles que la CCD, celle sur les changements climatiques, sur la biodiversité, ainsi que celle de RAMSAR, CITES etc... pour ne citer que ceux-là. III Bilan des réalisations et activités générales dans la lutte contre la

désertification Il existe en Guinée-Bissau, une série d’activités qui ont été développées (et d’autres sont en cours) et qui s’intègrent bien dans le programme d’action national tel que prévu par la Convention sur la Désertification et l’annexe de mise en oeuvre pour l’Afrique. Les activités en cours viennent compléter celles déjà entreprises dans le cadre de projets, associations communautaires etc... avec l’assistance de partenaires bilatéraux et multilatéraux. 3-1 Conservation des écosystèmes fragiles de mangrove Du point de vue environnemental, l’écosystème mangrove joue un rôle tampon très important et bénéfique pour l’espace côtier. En effet, en dehors de son rôle de protection des berges contre l’érosion côtière, la mangrove constitue un biotope très riche pour les lamantins, les espèces de poissons, crustacés et mollusques auxquels elle fournit habitat et nourriture abondante. En Guinée-Bissau, l’abondance des fleuves et rivières tributaires, des baies et des chenaux forme un réseau dense, où l’influence de la marée peut se faire sentir jusqu’à 150 km à l’intérieur des terres. L’aire de distribution des mangroves en Guinée-Bissau serait de 2.484 km2 pour 350 km des côtes, soit environ 6% de la surface du pays (contre 8% en 1976). 3-2 Classification de l’Archipel des Bijagos patrimoine mondial de l’UNESCO Vingt sites pourraient voir le jour en Guinée-Bissau: 6 monuments naturels, 5 réserves forestières, 2 réserves fauniques, 5 parcs nationaux, 1 réserve intégrale et la zone de conservation de la vallée de Corubal (zone d’exploitation contrôlée). La réserve de la biosphère englobant l’archipel des Bijagos a été instituée et classée patrimoine mondial accordé sous le

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patronage de l’UNESCO en 1995. Des propositions préliminaires envisagent à la fois le développement des secteurs de la pêche et du tourisme, ainsi que la création de réserves intégrales, de réserves forestières, de noyaux de préservation et de classement de sites ayant une haute valeur esthétique. Sur le plan biologique, l’archipel des Bijagós jouit d’une grande productivité; elle s’explique principalement par sa localisation au point de contact de 2 principaux courants marins côtiers et des estuaires du Rio Géba et du Rio Grande de Buba. Cet archipel est souvent considéré par les biologistes marins comme une des principales nurseries de la côte ouest africaine pour de nombreuses espèces halieutiques commerciales. L’archipel est également un lieu de migration important de nombreux oiseaux. Il est également proposé de mettre sous protection en tant que Parcs Nationaux les aires naturelles suivantes représentant 12% du territoire national au sien desquelles sont intégrés à peine 3% d’îlots refuges totalement protégés:

• les mangroves du Rio Cacheu (540 km2) • les îles de Orango de l’archipel des Bijagos (680 km2) • les lagunes de Cufada (990 km2) • le massif forestier de Cantanhés (650 km2) • les forêts claires de Dulombi (1.770 km2) où l’on trouve la plus grande diversité de

vertébrés. 3-3 Création des parcs nationaux de Cacheu et des îles Orango Les deux aires protégées dans lesquelles l’UICN est aujourd’hui impliquée sont le parc naturel des mangroves de Cacheu au Nord du pays et le parc national des îles Orango dans l’archipel des Bijagós. Depuis plusieurs années, en partenariat avec plusieurs ONG et les autorités du pays, un processus de consultation des populations résidentes a été mis en place qui a permis d’établir un zonage en accord avec les réalités économique, sociale, culturelle et écologique de chaque région. L’institutionnalisation de ces 2 parcs nationaux a été approuvée en Conseil des Ministres extraordinaire le 22 Décembre 1997. Le parc national de Cacheu est une des zones de mangroves les plus importantes du continent. Des populations d’hippopotames et des forêts sèches bien préservées y sont encore présentes ainsi que des particularités culturelles uniques, importantes pour l’ensemble sociologique du pays. De la même façon, le parc national d’Orango fait partie de la réserve de la biosphère Bolama-Bijagós et représente au sein de l’archipel, une des régions avec des indices de biodiversité les plus élevées (zone de reproduction des poissons, crevettes et de production du phytoplancton). On peut encore y trouver des populations importantes d’hippopotames, de crocodiles et de lamantins ainsi que des écosystèmes primaires en particulier des systèmes dunaires et des forêts de mangrove. 3-4 Protection des massifs forestiers de Cantanhêz et développement de la

foresterie communautaire participative Le sud-ouest du pays abrite les derniers lambeaux de la forêt primaire sub-humide. Cet environnement très particulier d’une diversité végétale et animale est à terme menacé de disparition sous la pression des agriculteurs résidents ou migrateurs. Initiative Cantanhêz est une activité menée dans le secteur de Cubucaré par 3 ONG nationales (AD, Tininguena et Alternag) avec l’appui des Pays Bas dans le cadre du programme de l’UICN. Cet ensemble d’ONG est parvenu à convaincre les anciens et les chefs traditionnels de classer une grande partie des forêts de leurs territoires. Ces forêts correspondent en fait aux zones traditionnellement sacrées ou “matus malgos”.

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Pour consolider ce succès, il s’agit à présent d’appuyer les populations dans la mise en place d’activités agricoles alternatives qui vont pouvoir compenser le manque à gagner immédiat causé par le classement volontaire de zones à protéger et ainsi garantir leur pérennité. Initiative Cantanhêz a ainsi engagé une série d’activités dans les domaines de la pêche artisanale, de l’apiculture, de la communication sociale, la réhabilitation des rizières de mangroves abandonnées par faute de main d’oeuvre au profit du riz sur brûlis qui pose un danger pour la forêt de par les défrichements. 3-5 Promotion des systèmes agro forestiers et du reboisement Le reboisement est l’une des méthodes efficaces de remise en état des terres dégradées. L’administration forestière a fait du mois de Juillet, le « mois de l’arbre » en Guinée-Bissau. Le reboisement est pris en charge par les populations elles-mêmes mais aussi les groupements associatifs. Cependant, une lacune importante freine cette initiative: l’absence d’un centre national de semence, pourvoyeur de graines de bonne qualité, en quantité suffisante et dans les délais voulus. IV Conclusion Il ressort de l’analyse des résultats de l’ensemble de ces activités développées des succès notamment en matière de foyers améliorés, lutte anti-érosive, aménagement des forêts naturelles, maîtrise de l’eau, mais aussi des insuccès en particulier dans le cas du reboisement, surexploitation sélective des ressources arborées, réglementation contraignante, etc... Cependant, il est à noter que si leur impact reste faible, quelques résultats louables demeurent cependant dans la LCD, notamment: - la formation et l’encadrement technique des populations rurales, - l’amélioration de l’état de connaissance des ressources, - l’amélioration des infrastructures et équipements, - la promotion de technologies nouvelles, - l’implication et la responsabilisation plus grandes des populations rurales etc... En règle générale, le dispositif actuel de prévention et de lutte contre la désertification se fonde essentiellement sur les actions des groupements communautaires et associatifs, d’ONG et de projets notamment en ce qui concerne la sensibilisation et vulgarisation, le développement de systèmes agro forestiers et sylvo-pastoraux, la protection des bassins versants et les périmètres irrigués, la conservation des parcs et aires protégées et les forêts communautaires. Encore faut-il que les mécanismes de prévisions, planification, d’aide et d’assistance puissent fonctionner pleinement, autrement dit que l’État, les autorités locales ou des groupes constitués définissent clairement les règles du jeu et que chacun joue pleinement son rôle. C’est pourquoi, il est utile de rappeler que la lutte contre la sécheresse et la désertification doit se faire principalement dans le cadre d’un programme global de mise en valeur rationnelle des ressources. C’est à travers des méthodes d’exploitation, à la fois performantes et restauratrices de la capacité productive de la ressource exploitée, qu’on assurera (mieux qu’à travers la mise en défens ou la récupération a posteriori) la capacité productive des sols, des prairies, des forêts et des “bolanhas” (riz de mangrove). Cette approche retenue comme critère de base s’intègre parfaitement dans les principes fondateurs du plan d’action de la convention elle-même.

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III° PARTIE Gestion des ressources naturelles et de l’environnement face aux changements climatiques Les terres, leur mise en valeur et les problèmes liés Il existe en Guinée-Bissau deux systèmes de propriété des terres: le système moderne et le système coutumier. Le système coutumier s’applique selon les habitudes et les coutumes de chaque village ou de la société traditionnelle. Le système moderne est celui qui s’applique et qui est vigueur actuellement en Guinée-Bissau. Cependant les deux systèmes de propriété de terres se complémentent à l’échelle de l’ensemble du pays. Hormis celles qui sont occupées par les formations naturelles, les terres sont utilisées à des fins agricoles par la population locale ou par les "ponteiros", c’est-à-dire les personnes qui se dédient à l’agriculture commerciale et moderne et qui, à cette fin, possèdent de grandes étendues de terres. La LPDA de 2002 estime que les sols à vocation agricole couvrent une superficie de 1.110.000 ha, soit 32% de la superficie totale. La superficie des sols aptes à la riziculture irriguée (riziculture de mangrove et de bas-fonds) est de 305.000 ha, en 2001, seulement 50.000 ha ont été cultivés, soit à peine plus de 16%. Les terres présentant des caractéristiques favorables au développement hydro-agricole et pastoral sont situées dans les zones irriguées par les fleuves Géba et Corubal, auxquelles s’ajoutent de nombreux bas fonds présents sur l’ensemble du pays. Dans le détail, les potentialités selon les types de riziculture se situent dans la fourchette suivante : riziculture irriguée: riz de mangrove avec 106 000 ha dont 51 000 ha cultivés et riz de bas-fonds avec 150 000 ha dont 11 000 ha cultivés. Le riz occupe donc la première place dans les priorités du Gouvernement à moyen et à long terme, de par sa place dans l’alimentation et dans l’économie de la Guinée-Bissau. En matière de mise en valeur, l’agriculture est aujourd’hui occupée essentiellement par deux cultures prédominantes : l’anacardier et le riz. On estime ainsi, le nombre d’exploitations traditionnelles à 96.700 pour 1.200 entreprises agricoles. Les superficies cultivées sont estimées à 400.000 ha (soit 11% de la superficie du pays) dont 220.000 ha en cultures annuelles et 120.000 ha en cultures pérennes. En termes de potentialités d’utilisation des terres, on retiendra les ordres de grandeurs suivants (PDFN, 1992): - Palmeraies et arboriculture fruitière 173.765 ha - Cultures annuelles sous palmeraies 87.490 ha - Cultures annuelles ou semi-permanentes 341.795 ha - Jachères associées aux cultures annuelles (usage pastoral) 622.105 ha - Riziculture 281.285 ha - Forêts de production et reboisements de production 466.110 ha - Végétation naturelle à usage sylvo-pastoral extensif 1.378.750 ha Il convient cependant de pondérer ces chiffres bruts car ils recouvrent des formations très disparates et masquent l’état de dégradation réel, actuel du couvert arboré de Guinée-Bissau et son évolution. Les surfaces aptes à la riziculture pluviale par exemple sont très importantes avec un ordre de grandeur de 300.000 ha, mais il est à noter que la majeure partie des meilleures terres rizicoles sont déjà mises en cultures.

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Ainsi, on observe quatre causes de la dégradation des terres en Guinée-Bissau : physique, institutionnelle, humaine et financière a) Au plan physique : On a

- les feux de brousse, - la salinisation - l’acidification des bas fonds - l’agriculture itinérante, - l’érosion des sols conséquemment aux déboisements - le surpâturage - la destruction des mangroves

b) Au plan institutionnel : On a

- les textes d’application de la loi foncière ne sont pas encore adoptés, - la gestion des forêts relevant des structures locales qui n’ont pas les capacités

nécessaires en matière de planification, - l’inexistence de coordination des structures dans le domaine de la gestion des sols, - l’instabilité des structures opérationnelles et décentralisées et un certain flottement pour

la prise en charge réelle de la LCD c) Au niveau humain : On a

- l’insuffisance de cadres et agents spécialisés dans la gestion des terres, - de nombreuses ONG qui n’ont pas de capacités techniques reconnues, - des producteurs qui utilisent des techniques inappropriées

d) Au niveau financier

- aucun crédit n’est dégagé par l’Etat pour la gestion des terres, voire pour l’élaboration du PAN/LCD

- la plupart des projets ne faisant pas référence à la GDS n’ont donc pas prévu de rubrique GDS dans leurs budgets/activités

L’impact de ce cortège d’actions néfastes sur l’environnement se traduit par une disparition et une absence de reconstitution des ressources végétales. La déforestation se poursuit alors que les efforts de reboisement et de régénération restent compromis certes par le feu, mais surtout par l’absence de maîtrise de données techniques. En 1992, sur environ 400.000 ha de terres considérées comme des concessions rurales, moins de 10.000 ha – exception faite de terres occupées par des plantations d’anacardiers - étaient mis en valeur à des fins agricoles. Et les paysans, dépourvus de terres agricoles défrichent les forêts secondaires, ce qui provoque aussi des conflits fonciers. Selon les estimations les plus fiables 300.000 ha ont d’ores et déjà été cédés aux ponteiros (10% de la superficie totale du pays; dont environ 8.000 seraient cultivés et 22.000 plantés en anacardiers) alors que la population rurale des villages avec près de 700.000 habitants cultive sur 80 à 90.000 exploitations (de moins d’un ha cultivé en moyenne par famille de 5 – 6 personnes) moins de 3% de la surface totale du pays soit de 100 à 150.000 ha.

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Le tableau ci-dessous présente l’estimation des superficies forestières et les superficies de concessions attribuées en 1989. Ce tableau ne prend pas en compte les surfaces déjà exploités par le passé et donc peu ou prou vidées de leur potentiel de bois d’oeuvre. D’autre part une grande incertitude pèse sur l’évaluation des superficies forestières compte tenu du rythme élevé mais actuellement impossible à évaluer sérieusement de la déforestation sous l’effet de la course à la terre sur les terres forestières. Superficies forestières et superficies des concessions d’exploitation forestières en 1989

Superficies de forêts et savanes (1.000 ha)

Régions

Forêts Savanes Total

Superficies des concessions d’exploitation

forestières (1.000 ha) Biombo 0 119 119 0Cacheu 10 1 11 0Oio 44 300 344 74,3Bafatá 111 357 468 10,5Gabú 596 170 766 1,0Quínara 70 149 219 7,1Tombali 0 145 145 0Bolama 0 65 65 0Total Guinée-Bissau 830 1.306 2.136 92,9

Sources: Rapport constantino, Bibliographie no 16 cité par le PDFN, (1992) Les concessions d’exploitation forestière attribuées très souvent à des entrepreneurs couvraient environ 93.000 ha en 1990, chiffre relativement important si on le compare aux superficies cultivées par les villageois. Conscient de cette situation, le Gouvernement a entrepris une révision de la loi foncière en vigueur. Aussi, une nouvelle loi-cadre (loi n° 5/98) a été adoptée par le Parlement le 06 Mars 1998 et sa réglementation est aujourd’hui en cours de finalisation et d’adoption. Dans ces principes généraux, cette nouvelle loi sur la terre, responsabilise davantage les différents acteurs dans la gestion des ressources foncières, pénalise la destruction des forêts secondaires et renforce la protection des aires protégées; celles-ci étant considérées comme “des terres où ne sont permises que les activités de préservation et de conservation du patrimoine naturel, historique et paysager conformément à la législation pertinente”. Les forêts, pâturages et paysages naturels Les surfaces arborées représenteraient en 1985, selon l´inventaire d´Atlanta Consult, environ 2,034 millions ha, soit 56% du territoire national et qui se divise en forêt dense, semi dense, humide et subhumide au Sud-Ouest du pays et en forêt sèche au Nord-Est. Il faut ajouter à cette superficie, celle des mangroves, environ 8% du territoire. Biogéographie des principales formations boisées de Guinée-Bissau

Zones Biogéographiques

Types de Formations Végétales

Localisation

Soudano guinéenne Forêt sèche Nord-Est Guinéenne intérieure Forêt sèche Centre et Sud-Est Guinéenne maritime Forêt semi sèche et palmerais Nord-Ouest Guinéenne sub humide Forêt sub humide Sud-Ouest

Source: PAFT, 1992

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Les estimations réalisées en 1990 pour les besoins de l’élaboration du Plan d’Action Forestier de Guinée Bissau chiffraient exactement les superficies forestières à 2.284.000 ha, soit 63% de la superficie du pays. Ces superficies se répartissaient ainsi qu’il suit :

- Mangroves : 248.000 ha - Forêts sub-humides : 172.800 ha - Forêts sèches : 936.800 ha - Savanes : 926.000 ha

Par ailleurs, la Guinée Bissau comptait 93.200 ha de forêts ripicoles et 80.000 ha de palmeraies. Au total, la Guinée Bissau compte 1.378.750 ha de forêts naturelles à usage sylvopastoral extensif, 466.110 ha de forêts de production, 622.105 ha de jachères à usage pastoral et 173.765 ha de palmeraies et arboriculture fruitière. Les ressources forestières jouent donc un rôle primordial dans la satisfaction des besoins de base des populations de Guinée Bissau. En effet, elles contribuent pour plus de 85% à la satisfaction des besoins en énergie domestique, de même qu’elles constituent la source d’approvisionnement quasi exclusive pour l’approvisionnement en bois de construction. En outre, elles contribuent à la satisfaction de certains besoins alimentaires (produits de cueillette, chasse), ainsi que de produits médicinaux (pharmacopée traditionnelle) ; elles servent, également de support à d’autres activités productives, en particulier l’apiculture qui commence à connaître un bon développement en milieu rural. Aucun aménagement n’est réellement pratiqué, tout au plus des mesures de gestion au moyen de taxes sont appliquées plus ou moins rigoureusement et dans certains cas des restrictions d’exploitation (400 tiges de roniers maximum par exploitation et interdiction de son exportation, restriction de la coupe du Schrebera arborea, diamètre minimum pour le bois d’œuvre en fonction de l’espèce, volume limité par permis de coupe mais sans critère objectif de décision. Certaines actions pilotes sont menées, cependant au niveau des projets de développement. L’exemple le plus achevé est celui du projet agro-sylvo-pastoral avec les communautés rurales de l’Est du pays (Madina Djalocunda, Munhini etc…) environ 1.000 ha. Avec le projet de foresterie communautaire de Cacheu, il est prévu de créer et de tester les conditions légales, administratives, socio-économiques et techniques nécessaires afin d’assurer l’aménagement de 5.000 ha de forêts naturelles par au moins 10 villages. On peut prévoir que l’impact du projet entrainera ultérieurement d’autres communautés villageoises à gérer les 15.000 ha restants dans la zone d’intervention D´une façon générale, la forêt n´est pas valorisée en proportion de ses possibilités quantitative et qualitative c’est-à-dire en fonction des types de produits qu´elle renferme.

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Volumes disponibles en 1986 des essences utilisées commercialement

Nom Scientifique Volume en 1000 m3 Daniella Oliveiri 3.327,3 Pterocarpus Erinaceus 3.071,7 Prosopis Africana 1929,3 Chlorophora Regia 1170,9 Khaya Senegalensis 1012,2 Afzelia Africana 811,6 Ceiba Pentandra 654,2 Antiaris Africana 637,8 Erythrophleum Guineensis 224,7 Total 12,839

Source: Inventaire d´Atlanta Consult, 1985 Le volume total commercial de bois sur pied est estimé à 48,3 millions de m

3 dont 18,8 million

de m3 de bois de sciage. On note également une prédominance d´environ 16,3 millions de m3 de bois secondaires. Le stock total des espèces utilisées est de l´ordre de 12,8 millions de m3, soit 26,6% du volume total de bois se répartissant sur les 9 principales espèces forestières. La mangrove s’étend sur toute la zone côtière, représentant ainsi 12,38% de la végétation. Compte tenu de l´accroissement moyen annuel de la forêt de l’ordre de 0,26 m3/ha/an, le niveau potentiel de productivité théorique se situerait aux environs de 550.000 m3/an. C’est-à-dire, la limite conseillée quant à l’exploitation annuelle. Malheureusement, ces données ont été à la base d´autorisation de concessions et d´exploitation forestière portant exclusivement sur les 5 essences suivantes: Khaya senegalensis, Pterocarpus erinaceus, Daniellia oliveri, Afzelia africana et Chlorophora excelsa. En effet, les combustibles ligneux représentent environ 90% de l´énergie nationale consommée. La croissance de la consommation de bois énergie devrait à en croire les prévisions faites par le PAFT en 1992, se poursuivre et même s’intensifier dans les prochaines années. L’augmentation de la population et la hausse du niveau de vie continueront à entretenir cette demande.

Scénario tendanciel de l’évolution de l’offre et de la demande en bois énergie

en milliers de m3 réel

Production par an 2000 2005 2010 Approche par la demande Bois énergie

1282

1385

1454

Approche par le bilan Bois énergie

1513

1716

1928

Source : PAFT, 1992 Ces estimations de la consommation intérieure et de la production peuvent être considérées comme celles qui prévaudraient si les prix se maintenaient à leur niveau actuel. Aussi, la dimension du déficit peut donner une idée claire de l’évolution des pressions probables sur les ressources forestières.

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Concernant précisément l´exploitation forestière nationale, elle est réglementée par le décret-loi nº 4-A/91 du 29/01/91 portant régime des forêts et de la chasse. Toutefois, l´essentiel de la régulation repose sur des interdictions ou limitations d´usage que l´importance même de la pression sur les ressources forestières rend de plus en plus inefficaces. Les besoins sont d´une part ceux de l´agriculture itinérante qui devient de plus en plus forte et d´autre part les besoins en bois énergie en milieu rural et urbain d´autant que l´exploitation du charbon de bois est source de revenus considérables. On assiste alors à un relâchement des règles, facilité par une insuffisance des moyens et par un dénuement de l´administration. Diminution des surfaces entre 1978 et 1990 (sans les jachères forestières)

FORET FERMEE + FORET OUVERTE + FORET ARBUSTIVE

DIMINUTION

REGIONS

1978 1987 - 90 ha % Bolama Biombo Cacheu Gabú Quínara Bafatá Oio Tombali

143.900 40.400 294.800 770.300 205.000 461.800 373.400 275.300

136.000 32.400 261.200 704.400 188.800 436.400 359.200 245.600

7.900 8.000 33.600 65.900 16.200 25.400 14.200 29.700

5,5 19,8 11,4 8,5 7,9 5,5 3,8 10,8

Ce sont les régions nord-est du pays (Cacheu-Biombo) et au sud la région de Tombali qui sont proportionnellement les plus touchées par le déboisement. Par contre, en considérant les superficies brutes qui ont disparu, la région de Gabú a été la plus touchée, suivie par Cacheu et par Tombali. La gestion des pâturages En matière de pâturages, il est difficile d’évaluer les potentialités du pays en matière d’élevage dans la mesure où les ressources fourragères sont mal connues, ainsi que les paramètres zootechniques, faute d’enquêtes systématiques et de données actualisées. Cependant les pâturages sont constitués, essentiellement, par les zones sylvo-pastorales (savanes arborées et forêts claires), les chaumes (y inclus celles des bolanhas) et les terres en jachères. Ces dernières représentent de fortes potentialités sur le plan fourrager durant la saison des pluies. Donc, les systèmes de production où l’élevage prend vraiment une place importante, sont situés dans les zones de l’est (Bafata) et du nord (Bissorão et Farim) qui comptent environ 95% de la charge animale constituée de ruminants. La grande majorité du bétail est gérée par les agro pasteurs peuhls. L’archipel des bijagos : un patrimoine naturel exceptionnel Les 88 îles de l’archipel des Bijagos recèlent en réalité une grande variété d’habitats et de paysages : grandes étendues de mangrove, des savanes arbustives aux champs cultivés sous palmiers, des bois sacrés aux bancs de sable, des falaises ocre aux plages de sable blanc. Les îles abritent aussi une grande variété d’animaux sauvages. L’intérêt touristique de ces espèces relèvera de plusieurs critères comme la facilité d’observation, l’absence d’impact de cette observation sur les espèces ou encore leur statut. Parmi ces espèces, on peut citer les hippopotames, les tortues marines, les lamantins, les loutres, les singes, les dauphins, et des

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centaines d’espèces d’oiseaux, migrateurs ou non. De fait, la faune aviaire et les tortues marines sont les plus aisément observables. Les parcs nationaux et les zones centrales de la réserve de biosphère sont des sanctuaires pour nombre de ces espèces terrestres et marines; certains milieux relèvent d’un intérêt international pour la conservation d’espèces. Les ressources halieutiques de l’archipel sont liées à la conjonction de trois phénomènes naturels côtiers (courants côtiers, apports limoneux des eaux douces et remontées d’eau froide ou «upwelling»). La richesse spécifique qui en résulte a favorisé le développement des activités de pêche commerciale et artisanale, et parallèlement la pêche sportive. Aujourd’hui, l’archipel est reconnu au niveau mondial comme un site majeur de la pêche sportive. Les charmes authentiques de l’archipel des Bijagos correspondent exactement à ce que recherchent un nombre croissant d’écotouristes, lassés du tourisme de masse, recherchant des espaces vierges, conservant une dimension naturelle et culturelle forte, et où sont prévenus les dégâts du tourisme observables ailleurs. L’archipel des Bijagos répond à cette attente, ses atouts peuvent être exploités par une offre éco-touristique. Un aperçu de l’offre existante s’avèrera à cet égard intéressant. Les ressources en eau et les terres humides La couverture nationale en approvisionnement en eau est estimée à 68% dans les zones rurales, 36% dans les centres semi-urbains et 34% dans les zones urbaines. Ce niveau de couverture rend compte de l’effort accompli ces dernières années au niveau de ce secteur. Malgré les progrès enregistrés, à peine 49% de la population totale de la Guinée-Bissau ont accès à l’eau potable, selon le rapport sur le Développement Humain du PNUD en 2002 alors que ce taux était de l’ordre de 43% en 1998 (schéma directeur de l’eau, 1998). En ce qui concerne l’hydrographie et les ressources en eaux, la Guinée-Bissau est entrecoupée par plusieurs fleuves, rivières et cours d’eaux du Nord au Sud du pays parmi lesquels on peut citer: le rio Cacheu, rio Mansoa, rio Geba, rio Corubal, rio Grande de Buba, rio Cumbijã, rio Tombali et rio Cacine. On estime les ressources en eaux de pluies à 45.000 Mm3/an durant les mois de mai à octobre. Les eaux souterraines et superficielles sont en général abondantes, environ entre 10 à 250 mm3/an de recharge. Les nappes profondes du sud encore peu explorées disposeraient environ 10 à 30 Mm3/an. Le schéma directeur de l’eau et assainissement de 1998, estime les besoins théoriques en eaux comme suit : - Hydraulique rurale 6,7 Mm3 en 1991 et 8,6 Mm3 en 2001 - Centres secondaires 3,8 Mm3 en 1991 et 5,2 Mm3 en 2001 - Bissau 10 Mm3 en 1991 et 14 Mm3 en 2001 - Hydraulique pastorale 3,3 Mm3 en 1991 et 4,1 Mm3 en 2001 - Irrigation 127 Mm3 en 1991 et 195 Mm3 en 2001 En ce qui concerne le rio Geba et ses affluents, on enregistre quelques pertes d’eau dans son parcours comme c’est le cas du Bidigor. L’approvisionnement en eau sur tout le territoire est conditionné par un régime pluviométrique (diminution et irrégularité des pluies) et de la profondeur des aquifères.

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La mise en valeur des ressources en eau concerne plusieurs domaines d'utilisation:

• l'approvisionnement en eau potable de la population • l'assainissement • l'approvisionnement en eau du bétail • les aménagements hydro agricoles • les besoins de l'artisanat et de l'industrie.

D'autres activités sont directement ou indirectement dépendantes des ressources en eau comme la navigation, la pêche, l'énergie hydro-électrique, la santé publique et le tourisme. Le Sénégal et la Guinée-Bissau ont conclu récemment un accord visant à assurer des lâchers d'eau intermittents à partir du barrage d’Anambé pour limiter les dommages produits aux aménagements hydro-agricoles guinéens en aval d'Anambé et préserver l'écologie de la vallée. Des mesures hydrométriques à réaliser sur le fleuve devraient confirmer l'impact positif de ces lâchers. Aussi, les ressources renouvelables des aquifères ont été évalué comme suit: Ressources en eau souterraine renouvelables

Maëstrichtien 5 à 15 Mm3/an

Paléocène-Eocène non disponible; probablement limitées

Oligocène 3 à 9 Mm3/an

Miocène quelques Mm3/an [<5 Mm3/an?]

Aquifères superficiels (19 à 300? mm/an selon zones)

Source : Schéma directeur pour le secteur Eau et Assainissement 1997-2006, MDRRNA, Mai 1998 Milieux marins et écosystèmes côtiers Trois écosystèmes fondamentaux fonctionnent en Guinée-Bissau : les zones humides, la zone côtière et la zone forestière. Mais contrairement aux autres pays de la sous-région ouest africaine, en Guinée-Bissau l’écosystème des zones humides et celui des forêts se trouvent dans la zone côtière. L’UICN a mis en œuvre un programme de planification côtière en collaboration avec les institutions nationales. L’objectif de ce programme est de promouvoir le développement intégré et durable de la zone côtière de la Guinée-Bissau en général et en particulier des zones citées. Il existe deux types des zones humides en Guinée-Bissau : 1 - Les zones humides continentales ou intérieures sont en majorité des écosystèmes d’eaux douce, alimentés autant par des fleuves intérieurs que les fleuves Geba et Corubal, mais aussi par les eaux de pluie et souterraines. 2 – La zone marine et côtière : la Guinée-Bissau accorde une attention particulière aux

écosystèmes marins et côtiers pour plusieurs raisons dont en particulier :

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• La grande concentration de la population sur la zone côtière, abritant environ 80% de la population et constituant ainsi une mosaïque socioculturelle et une diversité de systèmes de production considérables;

• Grand étendue de la plate-forme continentale, la faible profondeur des eaux littorales, l’existence d’une multitude d’estuaires et de Rias, la présence d’une frange de mangrove et la confluence des courants côtiers du nord et du sud. La richesse en ressources biologiques est renforcée par l’apport en nutriments par les eaux froides venues du nord;

• La présence d’une communauté d’animaux aquatiques uniques sur la côte ouest-africaine ;

• La présence de vastes étendues de mangrove, formant parfois de véritables massifs forestiers où diverses espèces halieutiques s’abritent, pondent et se régénèrent;

• L’existence d’un vaste plateau continental maritime (environ 53.000 km²), peu profond, découpé par des canaux, avec des sites, comme les eaux de l’Archipel Bolama-Bijagós, naturellement protégées de la pénétration de bateaux de pêche industrielle ;

• La présence de vastes étendus de vasières où viennent s’alimenter à marée basse des milliers d’oiseaux dont certains font partie des espèces migratrices.

La productivité biologique de cette zone pourra être mise en cause par une exploitation non contrôlée, comme certaines pratiques en témoignent déjà dans la zone côtière. Devant les menaces qui pèsent sur les ressources naturelles et sur les principaux habitats et dans l’optique de rétablir l’équilibre socio-écologique dans la zone, la Guinée-Bissau s’est lancée dans un processus de planification et gestion participative de sa zone côtière. L’application du processus a permis d’entamer des actions en vue de la création de la Réserve de Biosphère de Bolama-Bijagós, des 4 aires protégées et de la mise en place de modèles de gestion appropriés et adaptés au contexte socio culturel. En fait, la zone littorale ou côtière de la Guinée-Bissau fait partie du sous-secteur climatique guinéen et est la plus humide avec une pluviométrie moyenne annuelle variant entre 1500 et 2200 mm. Il s’agit de la zone de plus grande diversité biologique (floristique et faunistique) dans tout le pays. 80% de la population se concentrent sur le littorale de la Guinée-Bissau et vivent directement ou indirectement des ses ressources telles que celles provenant de la pêche, de l’agriculture, et de l’élevage. Tous les secteurs économiques sont représentés dans la zone côtière et assez souvent ses activités sont à l’origine de conflits entre différents utilisateurs. La faune marine et aquatique est tributaire des conditions de l’environnement dans lequel elle vit, notamment par l’existence d’estuaires, de grandes étendues de mangrove et des zones de faible profondeur et de températures optimales. D’après l’inventaire de la faune, il existe en Guinée-Bissau environ 230 espèces réparties sur 87 familles. La richesse faunistique comprend encore 374 espèces d’oiseaux réparties sur environ 31 familles. L’Archipel des Bijagós, peut-être considéré une zone humide d’importance internationale car il abrite plus de 1% de la population mondiale d’oiseaux. Les résultats de cet inventaire font état de l’existence de : 11 espèces de primates, 21 espèces de carnivores, 19 espèces d’ongulés, 8 espèces de reptiles, 10 espèces de chiroptères, 85 espèces de reptiles et 31 d’amphibies répertoriées dans l’Archipel des Bijagós. La flore est composée de 1.186 espèces répertoriées en Guinée-Bissau, lesquelles se répartissent sur 160 familles dont environ 12 espèces endémiques. La Guinée-Bissau a connu ces dernières années une pression constante sur la biodiversité. Domaine dans lequel il faut tenir compte les spécificités des facteurs démographiques et ses tendances au niveau national et régional dans la planification des actions de conservation de la biodiversité.

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Dans le domaine de l’environnement, la destruction des mangroves apparaît comme le problème écologique le plus grave. En effet, à cause de leur rôle régulateur écologique, la moindre dégradation qui les affectent se répercute sur les autres écosystèmes qui les entourent. Par rapport aux parcs et aires protégées, 20 sites sont déjà identifiés et pourraient voir le jour: il s’agit de 6 monuments nationaux; 5 réserves forestières; 2 réserves fauniques; 5 parcs nationaux; 1 réserve intégrale; 1 zone de conservation de la vallée du Corubal et 14 zones d’exploitation contrôlée. Ces aires protégées représentent 12% du territoire national et incluent 3% d’îlots refuges totalement protégés. Elles sont réparties de la manière suivante:

• les mangroves du Rio Cacheu (540 km2) • les îles de Orango de l’archipel des Bijagos (680 km2) • les lagunes de Cufada (990 km2) • le massif forestier de Cantanhés (650 km2) • les forêts claires de Dulombi (1.770 km2) où l’on trouve la plus grande diversité de

vertébrés. Toutes les 5 aires protégées2 qui ont été créées ces dix dernières années en Guinée-Bissau avec l’appui technique et scientifique de l’UICN se trouvent dans cette zone. Processus majeurs de dégradation environnementale et des ressources naturelles L’analyse de la situation actuelle en Guinée-Bissau indique que le milieu naturel pour des raisons diverses, est soumis à un processus de dégradation multiforme, continue plus ou moins intense selon les lieux et qui risque de compromettre à moyen et long terme le développement économique et social du pays, basé essentiellement et pour longtemps encore sur le secteur rural. Donc, les problèmes environnementaux comprennent les problèmes associés à la déforestation, le surpâturage, l’érosion du sol, l’irrégularité des pluies, la désertification, la surpopulation des zones forestières, la surexploitation jusqu’à souvent la destruction totale des ressources avec tout ce qu’elle entraîne de pression sur la biodiversité et les espèces menacées d’extinction. Par ailleurs, le patrimoine forestier bissau-guinéen fait l’objet d’une forte dégradation, sous les effets combinés de la récession climatique et des actions néfastes de l’homme parmi lesquelles l’on peut citer :

Les mauvaises pratiques culturales, en particulier l’agriculture extensive sur brûlis qui a par ailleurs des effets dépressifs sur la fertilité des sols ;

Les feux de brousse récurrents qui ravagent annuellement l’essentiel des forêts; Les défrichements agricoles qui convertissent de vastes zones forestières en terres

cultures ou en plantations d'anacardiers (gérées par les ponteiros); la production clandestine de charbon pour l’exportation vers la sous région ; l’exploitation commerciale des forêts qui s’exercent de manière sélective sur certaines

espèces (Khaya senegalensis, Pterocarpus erinaceus, etc.) la pression de l’exploitation forestière pour les produits largement consommés au plan

national (bois de feu, lattes de rônier, etc.) ou exportés.

2 Parc Naturel des Mangroves du fleuve Cacheu Parc Naturel des Lacs de Cufada Parc National d’Orango Parc National Marin João Vieira-Poilão Réserve de biosphère de l’archipel des Bijagós

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C’est ainsi que le Plan d’Action Forestier de Guinée Bissau estime que dans la période 1978-1990, 29.000 ha de superficies forestières sont perdus chaque année, entraînant une baisse des réserves ligneuses de l’ordre de 625.000 m3 par an. Alors que, les pertes réelles de surfaces entre 1978 et 1985 sont estimées par différents auteurs entre 50.000 et 60.000 ha par an (PAFT, 1992). Cette dégradation se traduit notamment par des réductions des surfaces forestières :

baisse de 30% (38.600 ha) des surfaces de forêts sub-humides denses, en particulier dans la région de Tombali,

baisse de 57% (247.000 ha) des surfaces des forêts de savane de Bafata, Oio et Gabù, et de 19% des surfaces de forêts de mangrove.

Les formations forestières, (y compris les mangroves) subissent donc de fortes pressions pour l´exploitation industrielle, la production de bois d´énergie. Si les causes de la dégradation forestière sont bien connues, la part de chacune d´entre elles n´est pas clairement quantifiée pour autant. La part due aux défrichements et celles occasionnées par les feux de brousse sont mal appréhendées, leur déterminisme et leur compréhension technique et sociologique sont encore insuffisamment étayées par des enquêtes et des études. La synthèse des informations disponibles permet d´établir une analyse comparative des 2 inventaires de 1978 et 1985 telle qu´elle suit: Tableau comparatif des superficies et types de forêts existantes en 1978 et 1985

Types de Forêts en ha 1978 1985 Mangroves 302.000 287.000 Forêts Sub-humides 177.500 135.431 Forêts Sèches 885.600 884.959 Savanes 1.107.500 996.985 Forêts Rupicoles 79.500 Forêts sempervirentes Sub-tropicales 48.611 Forêts en régénération 4.298 Palmeraies 112.200 Total (hors palmeraies et mangroves) 2.250.100 2.030.284 Estimation faite par Scet-Agri Atlanta Consult

Source: PAFT, 1992

Au total, le milieu naturel est soumis à des agressions de divers types et subit de ce fait un processus de dégradation plus ou moins rapide en fonction de la zone écologique considérée. Pour l’ensemble des formations ligneuses, la comparaison des 2 inventaires forestiers fait apparaître une disparition de 187.600 ha, soit environ 7,1% de la surface de 1978.

Année Surface 1978 2.452.200 ha 1985 * 2.317.284 ha 1987/1990 2.284.000 ha • Palmeraies et forêts rupicoles non inventoriées c’est-à-

dire “jachère forestière et autres terres boisées”

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On observe une dépréciation qualitative du patrimoine forestier avec la disparition des formations denses au profit de forêts dégradées et de savanes; par ailleurs les productions forestières autres que le bois diminuent. Les actions entreprises pour lutter contre la dégradation des forêts ne sont pas suffisantes : les actions de reboisement sont absentes ou inefficaces en raison de la non application dans le secteur public et le secteur privé des obligations de reboisement compensatrices de l’exploitation forestière. En principe, la loi stipule que pour chaque 100 m3 de bois coupés, l’exploitant doit reboiser 4 ha. Cette mesure n’est pas du tout appliquée par faute de moyens suffisant de contrôle du service forestier. L'action des gardes forestiers, généralement issus de l’armée, est limitée en la matière. Exploitation pour les besoins agricoles Il est tout naturel de constater une forte pression sur les formations naturelles dans un pays à forte densité de population rurale qui a conservé les techniques extensives d’utilisation de l’espace (agriculture - itinérante, jachère de longue durée, élevage extensif, cueillette minière des produits forestiers). Les principales causes du déboisement et de la dégradation des écosystèmes sont:

a. le défrichement pour de nouvelles terres agricoles destinées principalement aux cultures de rente (arachide, coton, caju).

b. la nécessité d’accroître les surfaces cultivées en zone de plateau en riz pluvial (pam-pam) pour compenser la baisse de fertilité des rizières traditionnelles (riz irrigué: bolanhas);

c. la culture itinérante liée à la création de nouveaux terroirs et aux migrations des populations;

d. les feux de brousse; e. le surpâturage surtout dans le nord-est du pays, associé aux feux de brousse, etc……

La plus importante pression est exercée par la culture du caju qui est devenue depuis les années 80 la principale culture d’exportation du pays. De nouveaux planteurs, les citadins pour la plupart (hommes politiques et fonctionnaires), ont acquis des propriétés pour développer cette culture. Etant donné les revenus que procure cette activité, beaucoup de ruraux ont à leur tour créé des plantations. Il s’en est suivi un défrichement incontrôlé des formations forestières. La taille moyenne des exploitations serait de l’ordre de 136 ha. La production qui était seulement de 200 t en 1978, est passée à 16.400 t en 1990, 29.600 t en 1995 et à 93.000 t en 2004, une croissance qui se fait au détriment des superficies actuellement occupées par la forêt. Destruction de la mangrove La coupe abusive de la mangrove en vue d’installer les rizières, son exploitation pour le bois de construction ou pour le fumage du poisson se traduisent aujourd’hui par une réduction très significative des superficies. Le danger est que cette exploitation risque de provoquer une plus grande pénétration des eaux salées marines dans le continent. Ainsi les terres les plus aptes à la production agricole pourraient être perdues pour cette activité à cause de la salinité. Il faut rappeler que la Guinée Bissau est un pays très peut accidenté, parcouru par de nombreux cours d’eau qui serpentent dans un relief presque plat permettant à la marée de pénétrer sur plusieurs dizaines de km à l’intérieur du continent. La zone littorale couvre à peu près 350 km linéaire de côtes. Les forêts galeries denses qui bordent les rivières ainsi que les mangroves

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constituent non seulement des écrans naturels contre cette pénétration, mais sont des lieux de reproduction pour de nombreuses espèces animales et végétales. Leur destruction pourrait avoir des conséquences graves sur la production agricole, la diversité biologique et la diversité culturelle d’autant que la vie de certaines ethnies dépend de l’existence de ces écosystèmes. Exploitation du bois énergie (charbon et bois de chauffe) La production de combustible ligneux (bois et charbon) correspondrait à un prélèvement de l’ordre de 1,46 millions de m3 par an (soit 960.000 t équivalent au bois) sur le patrimoine forestier national. La consommation primaire brute (production nette) serait d’environ 866.000 tonnes (soit 1,3 millions de m3. Cela représente 666 kg/ht/an dont 550 kg pour le bois et 116 kg pour le charbon. Ce niveau de consommation, de loin supérieur à celui des autres pays de la sous-région (450 kg en moyenne), dénote le gaspillage qui prévaut. Les rendements pour la production de charbon varient de 17 à 20%, contre 30 à 35 voire 40% dans certains pays de la sous-région. Les résidus d’exploitation de bois d’œuvre et les arbres coupés suite à l’installation de nouveau champ ne sont pas valorisés. La dégradation des ressources risque donc de se poursuivre et même de s’intensifier à cause de la pauvreté accrue des populations, de l’appropriation des terres de plus en plus étendues pour la culture de cajou, de l’exploitation minière des ressources forestières pour l’énergie domestique et le bois d’œuvre. La Guinée-Bissau reste pourtant le pays le plus pourvu en ressources naturelles renouvelables, en comparaison des autres pays du CILSS, mais cet avantage reste très précaire à cause des modes d’exploitation en cours dans le pays. La coupe du bois d’œuvre ou bois d’industrie Le secteur des industries forestières reste limité par l’inefficacité et l’inadéquation de ses structures, sa capacité nationale et le marché interne. La capacité théorique est de l’ordre de 17.000 m3 de bois sciés/an, soit à peu près 35.000 m3 de bois bruts. Alors la quantité de bois scié annuellement se situe autour de 7.000 à 9.000 m3, soit approximativement 50% de la capacité installée. Naturellement sont transformés (3) trois essences forestières: Khaya senegalensis Afzelia africana Pterocarpus erinaceus. De manière générale, le Khaya est l’essence la plus exploitée. La plupart des scieries sinon toutes connaissent régulièrement des arrêts ou ralentissements d’activité qui expliquent que ce secteur ne dépasse généralement pas 50% de sa capacité théorique de production. Les raisons invoquées tiennent à des pannes de machines et surtout de véhicule; un personnel peu qualifié; au manque de moyens financiers en raison du coût élevé de l’énergie et de la matière première; aux difficultés d’approvisionnement en matière première de qualité loyale marchande; aux machines obsolètes etc... Toutes ces difficultés entraînent une productivité catastrophique de 9 m3 de bois scié par travailleur et expliquent le prix élevé du bois débité environ 178.000 F. CFA/m3 de bissilão = khaya senegalensis scié en planches de 2,5 cm d’épaisseur.

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Focalisation sur des milieux critiques et menacés L’analyse de la situation actuelle en Guinée-Bissau indique que le milieu naturel est soumis à des agressions de divers types et subit de ce fait un processus de dégradation plus ou moins rapide en fonction de la zone écologique considérée, mais particulièrement inquiétante dans les parties sud, nord et est du pays, qui risque à moyen et long terme de compromettre les objectifs de développement économique et social du pays, basé essentiellement et pour longtemps encore sur le secteur rural, en particulier sur l’exploitation des produits naturels. Deux menaces ont été identifiées au niveau des milieux critiques et menacés:

- des menaces dont les causes proviennent directement et indirectement des activités à caractère artisanal,

- des menaces dont les causes proviennent directement et indirectement des activités à caractère industriel,

Les menaces liées à la pêche artisanale et industrielle dans l’archipel de Bolama - Bijagos Le nombre et les méthodes intensives de la pêche artisanale, dominée par des armateurs en majorité, Sénégalais, posent problème aux populations locales et occasionnent souvent des conflits inter-communautaires. Ce type de pêche se pratique essentiellement dans les estuaires, la mer intérieure ainsi que l’archipel des bijagos. Quant à la pêche industrielle, elle est l’objet des armateurs asiatiques, européens et dans une moindre mesure africains. Ils opèrent dans la ZEE et risquent de modifier profondément l’équilibre bio-écologique et l’équilibre milieu/société. Dans un contexte sous régional évolutif où les ressources naturelles des pays voisins s’appauvrissent, un report d’exploitation est à l’œuvre en Guinée-Bissau et vise la réserve de biosphère de l’Archipel bolama bijagos qui représente un potentiel d’exploitation très attractif. L’archipel est aujourd’hui confronté à des petites unités de pêche industrielles battant pavillon étranger qui viennent pêcher frauduleusement de nuit dans les chenaux. Ces pratiques ont un impact certain sur les stocks de plusieurs espèces et surtout sur la population des tortues marines. On note également une tendance à la baisse des captures comme le montre le graphique ci-dessous, certainement liée à des méthodes de pêche abusives des pêcheurs étrangers, de même que des conflits d’usage des ressources et d’occupation des terres destinées à des campements et hôtels de pêche sportive. Cette baisse est estimée à 18% entre 1993 et 2003 et semble refléter également des problèmes d’épuisement des stocks en place et aussi du faible contrôle des quantités pêchées et des conditions d’exploitation. Les enjeux de la conservation de la réserve de biosphère des îles Bijagos Conscient des enjeux écologiques, sociaux et culturels de ce territoire, le Gouvernement de Guinée-Bissau a demandé son classement en réserve de biosphère par l’UNESCO en 1996. Cette zone représente 1/3 du territoire national et est constitué de 88 îles et îlots issus de formations sédimentaires du tertiaire. Cet ensemble d’écosystèmes complexe et vulnérable de 10 000 km² est unique en Afrique occidentale. La grande richesse écologique de l’archipel tient à son exceptionnelle dynamique hydrologique : apports des eaux douces estuariennes qui rencontrent les eaux de la dérive littorale (eaux venant du nord et du sud) et les eaux profondes ramenées en surface par un phénomène d’upwelling. Ainsi s’additionnent matières organiques et plancton, favorisant une grande

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productivité biologique. A ces facteurs, il faut ajouter un immense plateau continental et de vastes zones de mangrove jouant le rôle de nurserie pour les espèces halieutiques. Cette richesse est fragile et vulnérable car essentiellement liée à des apports externes ; elle est donc exposée aux facteurs exogènes, comme aux pratiques d’exploitation non durables (surexploitation halieutique, coupe de mangrove pour le fumage du poisson, bois de feu, techniques douces méconnues…). Parmi ces îles, seules 21 sont habitées en permanence par une population d’environ 25.000 personnes principalement d’ethnie Bijagó. La société Bijagó a longtemps vécu pratiquement en autarcie, tirant ses moyens de subsistance des ressources naturelles abondantes de l’archipel, gérées suivant un mode ancestral et clanique (religieux), comprenant l’alternance de l’exploitation de certaines îles, l’agroforesterie, la pêche de subsistance, et aussi la sacralisation de forêts et d’îlots qui préfigurait déjà une forme de conservation. L’enjeu majeur pour la réserve de biosphère consiste en la recherche d’un équilibre, d’une alliance entre les nécessités de conservation de la nature et de ses ressources et les besoins légitimes de développement. Ces enjeux environnementaux pourraient être liés à l’exploitation du pétrole. Car tout le block 3 couvre l’ensemble de l’archipel des bijagos et s’étend jusqu’à la frontière avec le Sénégal et la Guinée-Conakry. III Systèmes urbains et industriels : résumé succinct de situation Situation urbaine et pollusances La pollution environnementale constitue une grande préoccupation nationale. Elle affecte négativement la santé des populations et provoque une diminution des valeurs esthétiques des paysages. Les principaux indicateurs de pollution sont l’accumulation d’ordures le long des routes et autour des principaux marchés urbains et des résidus solides non dégradables, le déversement d’huiles usées de la centrale électrique de Bissau dans le fleuve, l’émission de gaz des soupapes des véhicules qui polluent l’air et l’atmosphère (le parc automobile est en croissance exponentielle à Bissau), la pollution de l’eau canalisée par la réduction de la qualité de l’eau, etc…. L’absence d’infrastructures d’assainissement de base en milieu urbain, la déficience en sensibilisation et en formation des populations, le manque de définition des normes environnementales qui régularisent les différentes interventions, contribuent à l’accumulation des déchets ou de polluants. Aussi, les questions d’environnement deviennent de plus en plus un sujet d’actualité. Cette situation liée à la démographie urbaine et tributaire d’un mouvement migratoire au niveau des grands centres urbains, notamment au niveau du secteur autonome de Bissau mais aussi à Bafata, Gabu en termes de création de conditions de vie, d´offre en biens et d’infrastructures, d’assainissement ou de recyclage des déchets et ordures. Car les indicateurs actuels sont en dessous du niveau requis ou souhaité. Conformément aux résultats de l'enquête ILAP cité par le DENARP (2004), plus de 95% des personnes font un parcours en moyenne d’environ 30 minutes pour avoir accès à l'eau potable. Au niveau national, seulement 54,6% de la population a accès à l'eau potable (canalisée, robinet ou fontaine publique, puits protégé et citerne) contre 45,5% qui utilisent l'eau non protégée provenant des puits, fleuves, rivières etc.

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Concernant l'assainissement, environ 35% des ménages au niveau national n'ont pas de toilettes, et il y a une utilisation massive de latrines/fosses mal conçues qui représentent un grand danger pour la santé publique. Il n’existe aucun système organisé d'évacuation et traitement des déchets urbains. Aujourd´hui, encore, l’indéfinition des responsabilités de chaque institution, le manque de concertation aussi bien la participation des municipalités ne contribue pas pour l’amélioration de l’assainissement urbain. La situation des municipalités ne permet pas de garantir le nettoyage et l’assainissement urbain par manque d’une stratégie et d’un plan d’action d’assainissement en dehors des instruments légaux et des équipements. Actuellement, Bissau ne dispose que d’un seul et unique déversoir de déchets publics à 7 km où 30.733 tonnes/an sont déversées d’un total de 61.157 tonnes en 1994 pour la capitale. Donc, le problème des ordures ménagères demeure un casse-tête pour les autorités municipales de la ville de Bissau principalement. En ce qui concerne les eaux résiduelles, l’unique système d’évacuation est situé dans le quartier 24 septembre qui fonctionne mal et ne couvre à peine que 1,5% de la population de la capitale. Tout le drainage pluvial existant débouche sur le rio Geba où il n’existe aucun système de traitement des égouts et des eaux usées. Les installations sanitaires sont en général, des fosses septiques dans les principales villes du pays avec un taux de couverture de 30%. Alors qu’en milieu rural, ce sont des latrines qui dominent avec un taux de couverture de 20%. Impact environnemental de l’économie active (industrie ; secteur agricole au sens large ; tertiaire ; etc…) Pour le secteur industriel, la priorité repose sur la réalisation des études d’impact sur l’environnement des industries nationales afin d’être cataloguer. Alors que dans le secteur de l’énergie, les priorités sont centrées sur l’électrification urbaines et en zones rurales à l’aide des énergies nouvelles et renouvelables (éolienne et solaire) et la promotion des énergies domestiques dans le but de réduire l’utilisation du bois de feu et du charbon. Au niveau du secteur du commerce, il est mis en évidence le problème de la grande production des déchets solides à cause de l’importation non limitée des emballages non dégradables et non restituables. Les orientations prioritaires sont la révision de la législation et le renforcement des activités de contrôle, l’intégration à l’Organisation Mondiale du Commerce, la définition des mécanismes de contrôle des importations de produits polluants. Dans le secteur agricole (agriculture/sylviculture et élevage) les activités qui contribuent directement à une émission des gaz à effet de serre sont :

- émission de méthane (CH4) à partir de la fermentation de déchets des animaux ; - émission du dioxyde de carbone (CO2), résultant des feux de forêts et/ou des résidus

agricoles ; - émission du dioxyde d’azote (NOx) résultant de l’utilisation d’azote chimique et/ou

organique dans l’agriculture. Donc, entre autres facteurs contribuant à l’altération du cycle du carbone dans l’atmosphère, on note la déforestation et la combustion des combustibles fossiles. Selon Brown & al, cité par le projet GBS/G32/GEF/PNUD (2003), on estime que durant la période 1981-1990, le changement

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de la couverture forestière dans les tropiques est lié principalement aux feux aboutissant à une émission de 1,6 millions de tonne de carbone vers l’atmosphère. En résumé, la Guinée-Bissau a émis en 1994, 140,777 Gg de gaz desquelles la combustion des résidus agricoles ont une prédominance significative près de 78,322 Gg (55,6%) représentant la plus grande source des gaz à effet de serre dans le secteur agriculture. Les autres sources représentent à peine 24,65% ; 12,07% ; 5,78% et 1,86% pour les feux dirigés en savanes, les troupeau d’élevage, la culture du riz et les sols agricoles respectivement. On peut aussi en déduire que du total des gaz émis en 1994, 74,1% soit 104,343 giga sont du monoxyde de carbone (CO) et proviennent essentiellement de feux dirigés en savanes et feux in situ des restes ou résidus agricoles. Les autres gaz émis sont : méthane (29,707 Gg), l’hémioxyde d’azote (2,722 Gg) et l’oxyde d’azote (3,865 Gg). En définitif, le dioxyde de carbone (CO2) est de loin, l’élément le plus émis en Guinée-Bissau (85,95%) et le secteur de l’énergie est le principal responsable de cette émission qui est répartie entre l’utilisation de combustibles de biomasse – bois de chauffe et charbon (86,82%) e des combustibles fossiles (13,18%). Le monoxyde de carbone (CO) provient du secteur agro-pastoral (66,18%) suivi du secteur énergétique (25,59%) et résulte des feux pratiqués ou de la combustion des forêts de savanes, des restes agricoles et de l’utilisation du bois de chauffe et charbon dans la cuisine, et des combustibles fossiles dans les transports. Ces émissions pourraient atteindre des proportions alarmantes et incontrôlables si des mesures idoines ne sont prises rapidement contre les pratiques néfastes des feux de brousse, la coupe abusive des arbres et l’agriculture itinérante. IV Gestion de l’Environnement et Conservation Dispositifs institutionnels Il faut dire ici que le volet Environnement était, du point de vue institutionnel, réduit à une Direction Générale avec en perspective la création d’un Institut National de l’Environnement (INA) qui sera rattaché au Cabinet du Premier Ministre, en raison de son horizontalité. Ce processus devrait aboutir durant cette année 2005. Quant à l’Institut National de la Biodiversité et des Aires Protégées (IBAP), il a été créé au mois de mars 2005 et rattaché au Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural. En général, l’instabilité du cadre institutionnel et juridique de gestion de l’environnement et de la biodiversité en Guinée-Bissau a été préjudiciable au fonctionnement de l’Etat et du suivi de la mise en œuvre des conventions de la génération de Rio en particulier. Aujourd’hui encore, ce cadre comprend plusieurs structures et demeure géré par une multitude de lois et règlements qu’il y a lieu d’harmoniser. Dès lors, le Gouvernement a manifesté sa préoccupation en ce qui concerne les mesures à prendre pour limiter et réduire les risques d’épuisement rapide du patrimoine naturel national. C’est dans ce contexte que le Conseil National de l’Environnement a été créé en 1992 après la Conférence de Rio. Ce conseil fut dissout et remplacé en 1994 par un Secrétariat d’Etat chargé des questions environnementales en vue de mieux définir et encadrer les politiques en la matière. Le Secrétariat d’Etat érigé ensuite en Ministère en 1996 (Décret 11/96 du 4 juin). Depuis les événements politiques de Septembre 2003, les institutions de la République de Guinée-Bissau impliquées dans les secteurs de l’environnement et de la gestion des ressources naturelles, comprennent:

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- un Ministère de l’Agriculture, Forêts, Chasse et Elevage qui assure la tutelle des activités de gestion des terres agricoles, des forêts, de la chasse, de l’élevage, des parcs et aires protégées, de la biodiversité et de la pêche dans les eaux intérieures;

- un Ministère de la Pêche chargé de la gestion de la pêche artisanale et de la pêche industrielle ;

Parmi les Secrétariats d’Etat, on peut citer notamment :

- le Secrétariat d’Etat au Commerce, Tourisme et Artisanat chargé de la gestion des

activités touristiques et commerciales en rapport avec l’environnement ; - le Secrétariat d’Etat aux Ressources Naturelles, à l’Energie et à l’Industrie qui

s’occupe de la gestion et de l’exploitation des ressources naturelles non renouvelables, notamment pétrolières, minières et gazeuses, ainsi que du contrôle des activités industrielles.

A l’heure actuelle, dans la structure du nouveau Gouvernement issu des législatives de Mars 2004, les ministères qui sont directement concernés par l’environnement et la gestion des ressources naturelles sont:

- le Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, - le Ministère des Pêches, - le Ministère des Ressources Naturelles et de l’Energie,

Dans une moindre mesure le Ministère des Travaux Publics, Construction et Urbanisme et celui du Commerce, Industrie, Tourisme et de l’Artisanat. En raison du caractère transversal/horizontal de l’environnement, des questions tout aussi importantes, d’environnement et de cadre de vie sont gérées par d’autres Ministères à savoir:

- le Ministère de l’Administration interne qui s’occupe de la tutelle des collectivités locales et de la protection civile;

- le Ministère de la Santé Publique qui s’occupe de la politique de santé, de la qualité de vie et du cadre de vie;

- le Ministère de l’Equipement Social qui s’occupe des infrastructures pouvant affecter l’environnement;

- le Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération Internationale et des Communautés qui s’occupe de la signature et de la ratification ou de l’approbation des conventions internationales sur l’environnement;

- le Ministère de l’Economie et des Finances qui s’occupe de la gestion et du suivi de certains projets et programmes en matière d’environnement et de ressources naturelles.

De nombreuses autres directions nationales auxquelles s’ajoutent, ONG’s, Associations, Instituts (publics et privés) ou Centres de recherches viennent élargir ce cadre institutionnel auquel s’ajoutent des programmes et/ou projets divers de développement implantés sur le territoire national. Sans aucune distinction d’importance ou de hiérarchie on pourrait citer:

- la Direction Générale de l’Environnement (DGA); - la Direction Générale des Forêts et Chasse (DGFC); - le Bureau de Planification Côtière (GPC); - le Noyau des Aires protégées (NAP); - le bureau national de l’Union Mondiale pour la Nature (UICN); - le Centre d’Etudes et de Suivi de la Biodiversité (CEMB);

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- le Centre de Législation Environnementale (CLA); - le Centre d’Investigation et de Recherches Halieutiques Appliquées (CIPA);

Pour ce qui concerne les ONG et associations de base, il existe des expériences telles celles de l’AD, Tiniguena, Alternag, Nantinyan, Totokan, et Swissaid, dans divers endroits de la zone côtière et au sein des aires protégées, notamment dans l’archipel des Bijagós. En résumé, le rôle des différents départements ou services opérationnels engagés dans la lutte contre la dégradation des ressources naturelles et de l’environnement pourrait être présenté comme ci-dessous indiqué : L’IBAP (Institut de la Biodiversité et des Aires Protégées), placé sous tutelle du Ministère de l’Agriculture, des Forets et de l’Elevage, est chargé de la gestion des aires protégées et la conservation de la biodiversité au niveau national. Les attributions de l’IBAP sont :

• Coordonner, orienter, mettre en œuvre et superviser la définition de la politique nationale ainsi que l’exécution des actions de protection, conservation et préservation de la biodiversité, des aires protégées, des parcs et réserves naturels et/ou constitués.

• Promouvoir et sauvegarder les écosystèmes de biodiversité et d’Aires protégées, promouvoir l’utilisation sociale et économique durable d’une partie du territoire, incluant les cours d’eau, les lacs et la mer.

• Promouvoir par tous les moyens humains et techniques possibles, la gestion durable de la biodiversité.

La DGFC (Direction Générale des Forêts et Chasse) s’occupe de la gestion opérationnelle de la Convention en raison de son mandat gouvernemental. Elle est chargée de la définition de la politique forestière et de sa mise en œuvre y compris les aires protégées et la faune sauvage. La DGA (Direction Générale de l’Environnement) ou l’INA (Institut National de l’Environnement qui sera créée incessamment), se chargera de définition de la politique du secteur de l’environnement sensu lato, l’élaboration des lois et règlements, y compris l’étude et l’évaluation de l’impact environnemental ainsi que de veiller à son application. Le GPC (Bureau de Planification Côtière), faisant également partie du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, s’occupe en collaboration avec le Centre d’Etudes et de Suivi de la Biodiversité (CEMB) de l’IBAP, d’inventorier et suivre la biodiversité. Le GPC qui aurait cependant à traiter des questions de nature plus large liées à l’aménagement du territoire dans toute la zone côtière, joue le rôle d’une banque de données et de connaissances sur la zone côtière et s’occupe de développer le Système d‘Information Géographique (SIG). En outre, il met en oeuvre des mécanismes de suivi et d’évaluation des actions au niveau du littoral. Plus spécifiquement, le Bureau de la Planification Côtière vise à :

• Regrouper les informations existantes et actualiser les bases de données sur l’ensemble de la zone côtière ; • Produire des documents de synthèse et des cartographies à l’usage des administrations concernées ; • Diffuser des informations auprès du public et des instituions; • Constituer le point focal vis à vis des institutions nationales et internationales concernées par la zone côtière ; • Rechercher et mettre en place des mécanismes de financement durable, notamment par l’amélioration qualitative et quantitative des services rendus aux administrations ; • Faciliter la mise en réseau des groupes techniques et scientifiques ; • Faciliter la communication et la synergie entre les différentes institutions

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Le CIPA (Centre de Recherche Halieutique Appliquée), reconnu en tant qu’institution nationale chargée des questions liées à la recherche halieutique appliquée est doté de compétences pour effectuer des recherches et du suivi de la biologie marine et des études socio-économiques ainsi que la préparation des règlements sur la pêche. Cette institution poursuit ses activités, notamment dans le cadre de la gestion de biodiversité côtière et marine de la Guinée-Bissau L’INEP (Institut National d’Etudes et de la Recherche), qui à travers le CEATA (Centre d’Etudes Environnementales et des Technologies de l’Environnement) s’occupe fondamentalement des études socio-économiques et de technologie applique à l’environnement. Il est responsable aussi de la mise en œuvre du Plan directeur de recherche de l’Archipel des Bijagós. L’INITA (Institut National de l’Investigation et de la Technologie Appliquée), s’occupe entre autres activités, la vulgarisation des technologies adaptées et améliorées dans les aires protégées ou dans ses zones périphériques. L’INPA (Institut National de Recherche Agricole) a comme mission la recherche agricole sensu lato donc y compris sur les écosystèmes forestiers et fragiles, la nature des sols et les spéculations, espèces culturales à vulgariser. Les dispositifs législatifs et réglementaires Plusieurs textes encore en vigueur sont effectivement susceptibles d’apporter une contribution à la protection des espaces naturels. Le cadre législatif et juridique qui existe est relatif à la pêche, forêt, chasse et aux droits fonciers. Toutefois certains domaines de la protection de l’environnement restent à couvrir, il s’agit notamment de l’absence des études d’impacts environnementaux (EIE), des normes et du code de l’Environnement. Législation de la pêche : la pêche a fait l’objet en 1986 d’un Décret-loi (decreto-lei N° 2/86 du 29 mars) et d’un Décret d’application decreto N° 10/86 du 26 avril). Ces textes sont fortement marqués par le souci d’organiser et de rentabiliser la pêche industrielle des navires étrangers dans les zones maritimes sous juridiction Bissau-Guinéenne et de protéger les ressources halieutiques. Elles ne permettent pas d’agir sur des atteintes résultantes par exemple du défrichement des mangroves ou de pollutions des frayères. Législation forestière : un décret-loi sur la forêt a été adopté en 1991 (decreto-lei N° 4-A du 29 octobre 1991). Il n’a pas encore de textes d’application, si ce n’est une proposition d’établissement de contrat de gestion des forêts communautaires signé le 26 décembre 1996. Aussi, le Décret-loi comporte 2 éléments intéressants pour notre propos.

- l’institution d’un « régime forestier de protection » qui s’applique de droit à certains terrains (dont les berges des cours d’eau mais pas le rivage de la mer). Ce régime peut être étendu à d’autres terrains pour fixer des dunes, stabiliser le régime hydrographique, empêcher les processus d’érosion et de désertification (art.12/1/a) protéger la vie sauvage, les écosystèmes (art. 12/1/b).

- la reconnaissance et le développement futurs de forêts communautaires gérées par les villages titulaires de droits (art.22).

Ce texte peut être une bonne base de réglementation des activités de l’administration forestière et de tous ceux qui animent la filière en amont comme en aval. Toutefois, il reste limité du fait d’une part des besoins d’une agriculture itinérante consommatrice d’espace et qui devient de plus en plus forte et d’autre part les besoins en bois-énergie (donc défrichement) en milieu rural comme urbain d’autant que l’exploitation du charbon de bois est source de revenus considérables.

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Dans le sens du rétablissement de certains droits et de l’accroissement du pouvoir des collectivités locales dans la gestion des ressources naturelles, une nouvelle législation forestière a été adoptée en 2001. En effet, cette nouvelle législation forestière et son règlement d’application approuvé en conseil des ministres du 27/07/01 est en net progrès par rapport à la précédente législation de 1991, vu qu’elle aborde la gestion des forêts sous une optique beaucoup plus intégrée à la gestion des ressources naturelles renouvelables et à l’aménagement du territoire. Législation de la faune et de la flore sauvage: Un décret de 1980 réglemente la chasse. Il comporte des « réserves de chasse » dont l’unique caractéristique est la fermeture permanente à la chasse de « tout animal » (art. 7). Ces réserves sont instituées dans des régions retenues pour l’établissement de Parcs Nationaux (art. 9). De la même façon, une loi sur la faune a été adoptée en 2003 qui est en net progrès par rapport à la précédente et qui vise la rationalisation de la chasse et une meilleure implication des populations dans la gestion des ressources de leurs terroirs. Le régime foncier ou la loi de la terre: la constitution de 1991 réaffirme l’appropriation du sol par l’Etat (art. 12). Encore faut-il concilier ce principe avec d’une part la tenure de droit coutumier et d’autre part la pratique des concessions foncières. L’élaboration de la nouvelle réglementation foncière et son adoption prochaine constituera un outil important dans la responsabilisation des différents acteurs impliqués dans la gestion foncière et par conséquent de limiter les effets de la dégradation des ressources naturelles/désertification. Aussi, la re-définition d’une politique environnementale rigoureuse et cohérente s’avérera nécessaire pour tenir compte des profonds changements induits par la loi foncière. Législation environnementale ou code de l’environnement: Il était devenu important d’apporter les compléments nécessaires à la législation nationale en matière de conservation de l’environnement. Actuellement, le processus de formulation du code de l’environnement est entamé avec l’appui du FEM et de l’expertise du Sénégal. Par ailleurs, il est important de noter qu’avec l’appui du Centre du Droit International de Bonn, l’UICN avait engagé une action visant dans un premier temps à établir une législation sur les Aires Protégées de Cacheu et des Iles Orango et João Vieira Poilão. Le projet de loi élaboré par le programme a été approuvé en 1996 et les décrets de classification de ces deux parcs nationaux adoptés le 22/12/97. Le programme a également contribué à l’élaboration des projets de lois sur le droit foncier et sur celui de la pêche artisanale. De même un projet de loi sur la conservation de la mangrove devrait être finalisé pour être adopté ensuite. La loi cadre sur les aires protégées a été élaborée en 1998 ; un instrument qui vise avant tout la création d’un cadre légal et propice à la conservation des écosystèmes fragiles en Guinée-Bissau. Elle réglemente aussi le système de classement et déclassement des aires protégées au niveau national. Le code de l’eau est conçu comme un ensemble de principes et normes qui encadrent/balisent les actes de l’Etat dans la gestion des ressources en eaux, avec comme objectif l’exploitation, la planification, la conservation et l’optimisation de cette gestion. La Guinée-Bissau dispose d’une loi sur les mines et minéraux. Cette loi balise les différentes formes d’exploitation des ressources minérales du pays. La plupart de ces minéraux se trouvent localisés dans les zones forestières susceptibles de dégradation en cas de mauvaise gestion. Il existe au niveau de cette loi, des préoccupations de protection de l’environnement. Le titulaire d’un permis d’exploitation doit, sous peine de sanctions, de concilier les travaux d’exploitation avec les préoccupations environnementale.

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Environnement international et mise en œuvre des conventions Dans le souci d’harmoniser et de renforcer la coopération dans le domaine de la conservation, la Guinée-Bissau a ratifié un certain nombre de conventions sous régionales et internationales. Les raisons en sont multiples à savoir; i) l’ampleur des dangers qui menacent le capital irremplaçable ; ii) l’insuffisante protection de ce patrimoine à l’échelon national en raison de l’ampleur des moyens qu’elle nécessite et de l’insuffisance des ressources financières et humaines mobilisables à cet effet. Donc, pour avoir signé et ratifié les conventions de la génération de Rio (UNCCD, UNCCC et CBD), la Guinée-Bissau est éligible à l’assistance du FEM. Elle s’est engagée comme beaucoup d’autres pays signataires de la Convention des Nations Unies sur la Désertification (CCD), notamment dans l’espace des pays membres du CILSS et de l’UEMOA à élaborer les différents Programmes d’Action Nationaux à travers un processus participatif impliquant l’ensemble des acteurs. Plusieurs accords gouvernementaux ont été également signés: CITES, RAMSAR Politique Environnementale et Développement Durable Document cadre d’orientation et régulateur des questions environnementales en Guinée-Bissau, il intègre les principales préoccupations des autres secteurs de développement, non seulement en termes de conservation mais aussi de développement durable proprement dit. Donc, la politique nationale de gestion environnementale définie par le (PNAE, 2004) vise à contribuer au développement socio-économique soutenu de la Guinée-Bissau, et à aider dans la recherche de solutions pour garantir la sécurité alimentaire, l’éradication de la pauvreté, le contrôle de la pollution et l’assainissement de l'environnement, la conservation des ressources naturelles et le contrôle de l'avancée de la désertification, ainsi qu’à minimiser les impacts anthropiques qui influencent la modification climatique. Pour la mise en œuvre de cette politique, les actions suivantes seront développées : (i) promouvoir l'aménagement du territoire national ; (ii) garantir la sécurité alimentaire et fournir des produits excédentaires au marché, en qualité et quantités suffisantes, à travers une gestion durable et soutenable des ressources naturelles ; (iii) protéger, préserver et améliorer la qualité de vie de la population à travers la lutte contre la faim, les maladies et l'analphabétisme ; (iv) développer la capacité nationale d'intervention technique, scientifique et financière à des différents niveaux - local, national, régional et international ; (v) promouvoir la participation de toutes les composantes et organisations de la société dans la gestion et protection de l'environnement ; (vi) promouvoir la création d'emplois alternatifs dans le domaine de la protection de l'environnement et de la sauvegarde des ressources naturelles ; (vii) contribuer de manière active au développement de la coopération sous-régionale et internationale en matière de gestion de l'environnement. La communication nationale sur les changements climatiques. Cet instrument décrit de manière quantitative les menaces liées aux émissions de gaz sur l’environnement. Les conséquences de ces émissions de gaz pourraient être désastreuses, de façon à influencer la pluviométrie et par conséquent la menace de désertification et de dégradation des terres. Le Plan Directeur Forestier National de 1997, réactualisé en 2002 La politique forestière nationale énoncée aussi bien dans le Plan Directeur Forestier National (1992) que dans la Lettre de Politique de Développement Agricole (1997) et actualisée en 2002 identifie sept axes prioritaires.

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- la maîtrise foncière définition légale des espaces forestiers quelque soit leur statut

foncier, leur délimitation, - la mise en place d’un schéma directeur de développement forestier communautaire

participative, décentralisée pour et par les communautés, - la diminution de la pression sur les forêts par l’intensification de l’agriculture et de

l’élevage, par l’incitation à planter sur de bons sols et par la réglementation de l’exploitation forestière,

- une meilleure gestion des forêts en assurant leur conservation, leur mise valeur, leur régénération,

- l’application des dispositions fiscales et douanières, - la formation forestière, pastorale à divers niveaux, - un programme pragmatique de recherche à long terme sur les écosystèmes tropicaux

fragiles en mettant l’accent sur la conservation des noyaux de biodiversité.

Cette politique devra être mise en œuvre dans le cadre d’une stratégie du secteur forestier au niveau de laquelle quatorze projets ont été proposés. Sur les 14 projets la moitié a été considérée comme prioritaire, il s’agit de :

- l’appui au processus d’analyse, d’élaboration, de suivi de la législation foncière et

environnementale, - le développement de la foresterie communautaire participative et décentralisée, - l’inventaire et l’aménagement des ressources forestières et agro-pastorales, - le renforcement et la restructuration de la Direction Générale des Forêts et Chasse - le reboisement et la création d’un centre national de semences forestières et « agro-

forestières », Priorités nationales majeures Le profil du pays présenté ici montre à suffisance, l’importance des ressources naturelles dans le développement économique et sociale de la Guinée-Bissau. Leur gestion rationnelle et durable pourrait améliorer de façon significative la production nationale et réduire la pauvreté devenue endémique. Pour ce faire, il est proposé de:

- finaliser la relecture de la loi foncière en adoptant son règlement d’application, et d’appliquer la législation communautaire en matière de gestion des ressources forestières,

- respecter les zonages agro-écologiques définis par le Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural pour une meilleure utilisation des terres.

- rationaliser l’exploitation forestière, notamment à travers entre autres :

a) l’inventaire et l’aménagement des ressources forestières; b) une application effective des taxes, amendes en renforçant les mécanismes de

contrôle; c) une meilleure gestion du fonds forestier; d) la lutte contre les feux de brousse.

- faire participer ou renforcer la participation des paysans et autres acteurs y compris les

femmes et les jeunes dans les discussions sur la définition et/ou la reformulation de politiques relatives à la GRN;

- mettre en œuvre la Lettre de Politique de Développement Agricole, en particulier en ce qui concerne la privatisation de certains services et l’appui conséquent au secteur privé et ONG;

- promouvoir et renforcer la sensibilisation et la formation des acteurs,

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- Le renforcement des capacités techniques et organisationnelles et des institutions chargées de la formulation des plans d’actions environnementaux liés aux conventions (CCD, CBD, CCC) et de leur suivi-évaluation,

- Renforcer les disponibilités en eau de qualité pour la consommation humaine, l’irrigation et l’industrie,

- Lutter contre le faible assainissement de base en réduisant ses effets sur la santé publique et le développement du tourisme,

- Lutter contre la perte de la biodiversité marine et terrestre Par ailleurs dans la nouvelle Lettre de Politique de Développement Agricole, le Gouvernement s'est fixé quatre objectifs prioritaires3 :

• garantir la sécurité alimentaire ; • augmenter et diversifier les exportations agricoles ; • assurer la gestion rationnelle et la préservation des ressources agro-sylvo-pastorales • et améliorer le cadre de vie des populations rurales.

Il s'agit, entre autres, de relever un double défi :

i. satisfaire la demande alimentaire et les besoins nutritionnels en prenant en compte l'accroissement de ceux-ci,

ii. et enrayer la dégradation du capital productif, étant donné que les ressources naturelles faciles d'accès commencent à être relativement limitées, les durées de jachères qui, jadis, étaient longues diminuent notablement.

La gestion des ressources naturelles est en général encore fortement liée aux intérêts des exploitants de ces ressources. L'impact du cadre juridique est très limité en raison de la capacité réduite des autorités à appliquer la législation et de la nécessité de faire accéder les populations rurales pauvres aux ressources pour satisfaire leurs besoins immédiats de survie. C’est ainsi que tous les systèmes d’aménagement des ressources n’ont pas conduit à une conservation des ressources, comme en témoigne l’image ci-dessous. Les modes de gestion appropriés seraient par conséquent ceux qui permettent une responsabilisation effective des populations rurales dans la gestion des ressources forestières : foresterie communautaire, décentralisation, gestion participative des ressources, etc. Liens régionaux et internationaux Pour aboutir à des résultats significatifs, au point de convergence de la conservation et du développement, les actions de gestion de l’environnement et conservation, doivent être cohérentes avec les stratégies d’action régionales et internationales. Elles doivent également continuer à respecter entre autres, les principes de partenariat, de priorité de développement à la base, d’utilisation optimale des outils scientifiques et techniques disponibles. Le respect généralisé et systématique de ces principes devrait aboutir à la coopération régionale. S’intégrer dans la stratégie régionale des aires protégées marines (APM) Cette initiative est encouragée par six pays de la sous région ouest africaine (Cap-vert, Gambie, Guinée-Conakry, Guinée-Bissau, Mauritanie et Sénégal) dans le cadre du programme PRCM (Programme Régional de Conservation Marine) appuyée par quatre organisations qui

3 Ces quatre objectifs prioritaires étaient déjà ceux affirmés dans la LPDA de 1997.

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interviennent dans le domaine de l’environnemental, notamment l’UICN, WWF, FIBA, et Wetlands International. Ce document décrit les orientations stratégiques destinées aux interventions dans la zone côtière en ce qui concerne les aires protégées marines des pays de la sous région pour les prochaines 20 années. La Guinée-Bissau a signé la déclaration de politique générale qui engage l’ensemble des pays à participer d’une manière concertée dans la gestion des aires protégées et des ressources partagées. Trois domaines principaux d’intervention ont été identifiés dans la stratégie régionale des aires protégées (PRCM-2003) :

- renforcement des capacités institutionnelles et de gestion des aires protégées marines, - contribution des aires protégées dans le développement durable, - recherche scientifique sur ces aires protégées

Donc, le PRCM (Programme Régional de Conservation des Zones Côtières et Marines) est un exemple concret de coopération sous régionale en partenariat avec la Commission sous-Régional des Pêches (CSRP) et l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’Education, la Science et la Culture), afin d’élaborer une stratégie d’intervention commune depuis la Mauritanie jusqu’en Guinée. Ce programme est mis en œuvre en collaboration avec plus de 40 institutions nationales et des ONG’s des 6 pays de la sous-région dont la priorité est axée, tant sur l’échange d’expériences et d’informations, que sur la synergie au niveau des stratégies et des politiques des parties engagés dans ce partenariat. Le programme vise également la construction d’une stratégie et d’un programme d’action pouvant contribuer au renforcement des aires protégées marines au bénéfice de la société, de la promotion de la citoyenneté et de la bonne gouvernance des ressources naturelles transfrontalières. En tant que vision commune, cette stratégie renforcera le rôle des aires protégées marines au bénéfice de la pêche et de la protection des patrimoines naturels et culturels. Le Nouveau Partenariat Pour le Développement (NEPAD) : La Guinée-Bissau fait parti de cette initiative continentale. Un plan d’action environnemental existe dans ce domaine et qui vise particulièrement à i) contribuer à la mise en œuvre du NEPAD à travers l’exécution de l’initiative environnementale ; ii) promouvoir l’utilisation durable des ressources en renforçant l’appui publique et politique des initiatives environnementales régionales et sous régionales. Le plan d’action environnementale du NEPAD adresse également le problème de la lutte contre la désertification et la sécheresse qui menace sérieusement la vie des populations au sud du Sahara de même que la dégradation rapide de la côte africaine, causée surtout par l’érosion côtière et l’avancée de la mer, sans oublier la pollution marine qui peut constituer un danger pour la vie humaine.