Hommage à Takeo Kimura

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AGENDA ORGANISATION Fondation du Japon / Association pour la MCJP Avec le soutien de l’Amicale au Japon pour la MCJP MAISON DE LA CULTURE DU JAPON À PARIS 101 bis, quai Branly 75015 Paris ACCUEIL / INFORMATION 01 44 37 95 01 / www.mcjp.fr PROGRAMMATION Fabrice Arduini > 01 44 37 95 67 CONTACT PRESSE Aya Soejima > 01 44 37 95 22 Takeo Kimura a été une légende de son vivant. À quatre-vingts ans passés, il participait encore à la création contemporaine en s’associant aux réali- sations de jeunes cinéastes japonais : une éternelle jeunesse, de l’après-guerre aux années 2000, a animé cet infatigable homme de cinéma. Il n’est pas une légende au sens de compagnon de route de l’âge d’or avec lequel il serait mort. Kimura est né à Tôkyô en 1918, quelques années avant la destruction de la capitale par le grand séisme du Kantô (1923) où, donc, la culture d’Edo n’avait pas définitivement disparu. C’est l’époque de la naissance du cinéma en tant qu’industrie et Kimura, émerveillé par ce nouveau spectacle, passe déjà tout son temps dans les salles obscures. Il pensa d’abord au métier de décorateur de théâtre et, dans cette perspective, devint l’élève de Kisaku Itô (1899-1967), grand décorateur de théâtre moderne ; mais aussi de cinéma. Son choix se porta finalement sur le cinéma et il devint assistant décorateur dans les studios Daiei qui avait été fondés peu après le déclenchement de la Guerre du Pacifique. Lors de la sortie en mars 1943 de La légende du grand judo, Kimura fut un des rares professionnels du cinéma à apprécier la qualité de ce premier film de Kurosawa et sentir, peut-être, qu’un futur grand maître était né. La carrière de Kimura fut l’une des plus prolifiques du cinéma japonais : 230 films, au cours de quatre périodes distinctes. Les deux premières, sous contrat, dans les studios Daiei puis Nikkatsu ; la troisième comme décorateur indépendant ; et une dernière, très brève, de réalisateur. De la première période, on retient surtout des productions artistiques TAKEO KIMURA DÉCORATEUR DE CINÉMA ET DESCENDANT DE GEORGES MÉLIÈS « Il faut modifier la réalité pour faire “plus vrai que vrai”. Si vous montriez au public, telle quelle, la loge de votre concierge, personne ne croirait qu’il s’agit d’une loge de concierge.» Bernard Evein cité par Léon Barsacq dans Le décor de film, 1895-1969, Seghers, Paris, 1970 Par Hironori Takamatsu scénographe, Tôkyô devenues de grands classiques ; et plus particuliè- rement L’oie sauvage (1953, Shirô Toyoda) où, bien qu’encore assistant de Kisaku Itô, Kimura montrait déjà des dons plastiques et visuels remarquables sur l’élaboration du décor reproduisant la rue de Muenzaka près de la Gare d’Ueno, lieu passé à la postérité grâce au roman d’Ôgai Mori (1911), une œuvre essentielle de la littérature japonaise moderne. Cherchant à reconstituer aussi fidèlement que possible l’atmosphère de cette rue de 200 mètres, il fit construire en studio trois plateaux en enfilade pour obtenir une longueur de 100 mètres. Ce film marque la consécration de Kimura. Il offre aussi au cinéma japonais l’œuvre où les décors sont les plus fidèles au Tôkyô du XX e siècle naissant. Le perfectionnisme dont Kimura fit preuve dans le souci du détail tant dans la reconstitution des maisons bordant Muenzaka que pour les costumes, a su rendre avec brio la subtilité psychologique des personnages du roman original. Dans le contexte de production de ce grand classique, c’est-à-dire à l’époque de l’âge d’or, cette perfection n’était rendue possible que par l’absence de contraintes budgétaires et grâce aux tolérances admises en matière de délais de construction de tels décors. Une période de grâce et d’euphorie qui laissait tout loisir au décorateur pour faire face aux imprévus de dernière minute. Car il avait à son service de nombreux assistants chargés de trans- mettre ses exigences à tous les corps de métier impliqués dans une production. Un bon chef décora- teur se reconnaissait à son pouvoir de bien commu- niquer et de déléguer la construction des décors à d’autres que lui. En effet, ce métier ne nécessite pas d’être sur le terrain : un décorateur ne plante pas les clous ni ne coud les kimonos. Même si, à l’époque du tournage de L’oie sauvage, il ne restait guère de traces de l’ancien Muenzaka, ce film n’en est pas moins une reproduction très fidèle du Tôkyô qui existait avant la guerre, c’est-à-dire quelques dizaines d’années avant sa réalisation. Mais malgré le séisme de 1923, malgré les destruc- tions causées plus tard par la guerre, Tôkyô restait Tôkyô, sa modernité nimbée de culture d’Edo planait encore sur les plateaux de construction des décors de Muenzaka. Aussi, en l’occurrence, la réussite exceptionnelle du film avait-elle moins tenu aux talents de communicateur de Kimura qu’à la force née d’une communion de souvenirs très précis et pour ainsi dire palpables entre tous les gens travaillant dans les ateliers. La communication se faisait naturellement. Nul doute qu’il en fut de même avec le réalisateur et les acteurs. C’est, en tout cas, ce que laissent penser les images du film. Ainsi, les décors conçus par Kimura, loin d’effrayer par leur démesure, obtinrent l’assentiment de toute l’équipe de tournage du fait de leur authenticité : chacun avait conscience à son niveau de participer à la renaissance comme par magie d’un lieu et d’une atmosphère qui n’existaient plus que dans leur mémoire. La seconde période de Kimura débute en 1954 quand il entre aux studios Nikkatsu, toujours à l’époque de l’âge d’or. Kimura travaille sur les programs (production de séries B) tout en s’intéressant à la télévision qui en est à ses balbutiements. Cette dernière bénéficiera dans une large mesure du savoir-faire de Kimura qui adaptera par rationalisa- tion et simplification les décors de télévision aux contraintes de la retransmission en direct et du tournage avec plusieurs caméras. Ainsi tout en contribuant à l’essor du petit écran, Kimura parti- cipa inconsciemment au déclin du studio system. C’est aussi à la Nikkatsu que Kimura se lia d’amitié avec le réalisateur maison Seijun Suzuki. Ils purent travailler en binôme et la plastique de Kimura eut bientôt une influence décisive sur l’esthétique de Suzuki. Cette complicité fut à l’origine d’un style antiréaliste qui, d’abord soutenu par un groupe confidentiel de cinéphiles, fédéra avec les années un mouvement très actif de sympathisants revendiquant « le style Seijun » dans le cinéma de studio. Celui-ci soutenait l’esthétique antiréaliste et la plastique abstraite du couple Kimura/Suzuki qui se posait en une alternative au réalisme pesant des productions commerciales de la Nikkatsu, sans pour autant nier la nature de divertissement du cinéma. La posture antiréaliste de Suzuki n’était pas, pense-t- on, forcément en contradiction avec les aspirations d’un décorateur dont le travail repose à la base sur un attachement au réalisme des formes. Le problème se posa moins sans doute pour Kimura lui-même, homme ouvert à toutes les xpérimentations, que pour ses assistants. Il fallait convaincre, y compris les ac- teurs, du bien-fondé d’une telle révolution esthétique. Parmi les productions de cette nature réalisées par le couple Kimura/Suzuki, il faut noter Le vagabond de Tôkyô (1966). Ce film est un chef- d’œuvre au sens où ses créateurs surent imposer une marque personnelle malgré les contraintes (budget dérisoire, temps de tournage limité à deux ou trois semaines, insertion imposée de chansons populaires du palmarès radiophonique) ; un chef-d’œuvre aussi du fait de la parfaite adé- quation des espaces et de la géométrie insolites de Kimura avec le dynamisme de la mise en scène de Suzuki. Même si les deux artistes avaient conscience de la difficulté de leur entreprise et des risques encourus en terme d’exploitation... Aussi ne peut-on pas nier d’un point de vue économique que la décision des studios Nikkatsu de désunir par la force ce couple diabolique (un réalisateur qui fait des films incompréhensibles et un décorateur complice de ses folies) ait été une saine réaction de gestionnaire. Ce divorce imposé inaugura une relation houleuse entre Suzuki et son studio qui s’achèvera par le licenciement du réalisateur après la sortie de La marque du tueur (1967). À cette époque de crise du studio system, et alors que les postes de télévision avait déjà envahi les foyers à 80%, les producteurs de cinéma étaient aux abois : la question de l’art était devenue un luxe. Il n’y avait d’ailleurs déjà plus de producteurs soucieux de l’art dans le cinéma. Suite à la décision de la Nikkatsu de produire en masse des films érotiques pour éviter la faillite, Kimura démissionna de ce studio. Ayant alors déjà plus de cinquante ans et plus de 150 films derrière lui, il aurait pu légitimement prendre sa retraite. Mais c’est l’inverse qui se produisit : il débuta une carrière d’indépendant et devint plus actif que jamais sur des réalisations artistiques, des petites productions d’auteurs militants, et même des films publicitaires de nouvelles sectes religieuses. La filmographie colossale de sa troisième période montre que Kimura n’a jamais refusé le moindre travail. Il a pour- suivi invariablement sa tâche travaillant avec une égale rigueur tant sur les productions aux décors ambitieux que sur les films d’auteurs tournés en plein air. La créativité et la réactivité de Kimura, ces qualités qu’il avait acquises au sein du studio system furent très appréciées des jeunes réalisateurs qui n’avaient jamais connu l’organisation de ce studio system. Ainsi Kaizô Hayashi, grand admirateur de Kimura, raconte qu’il rêvait de travailler avec ce décorateur de légende. Bien qu’encore cinéaste ama- teur, il réussit à le convaincre de faire les décors de son premier film, Dormir comme dans un rêve (1986). Kimura offrit ses services sans rien exiger en retour pour ce film au budget misérable, tourné en 16 mm et sans dialogue. Il s’investit entièrement sur ce projet allant jusqu’à reprendre le scénario de Hayashi. Kimura avait alors 68 ans. Même si cette sorte de bénévolat s’explique par le fait qu’il avait pressenti le potentiel du futur créateur du film néo-noir, il n’en demeure pas moins qu’en plus d’être un décorateur, Kimura fut aussi une sorte de visionnaire du cinéma. Parmi les films de sa troisième période, il convient de noter l’importance de Mélodie tsigane (1980) car ce film marqua le retour aux affaires du binôme Kimura/Suzuki après plus de dix années de séparation. Cette nouvelle collaboration signifia la renaissance de Suzuki ; et conduisit aussi à réévaluer les derniers films de sa période Nikkatsu qui avaient été qualifiés « d’incompréhensibles » à l’époque par sa hiérarchie. Bien que tourné entièrement en décors naturels, Mélodie tsigane fut l’occasion d’une recherche très poussée, jusqu’à l’épure, quant au choix de ces décors. Kimura travailla autant sur leur mise en valeur que sur les costumes qui collent parfaitement au style « Film Kabuki » de Suzuki. Un « Look » parfait, fruit de la légendaire complicité entre les deux artistes. Si on a beaucoup écrit sur les films auxquels a parti- cipé Kimura, lui-même a beaucoup écrit sur son propre travail. Dans le cinéma japonais, il est le seul décorateur à avoir fait publier autant de livres. L’écriture est même l’autre facette, méconnue, HOMMAGE À TAKEO KIMURA > DÉCORATEUR DE CINÉMA ET DESCENDANT DE GEORGES MÉLIÈS HOMMAGE À TAKEO KIMURA > DÉCORATEUR DE CINÉMA ET DESCENDANT DE GEORGES MÉLIÈS HOMMAGE À TAKEO KIMURA > DÉCORATEUR DE CINÉMA ET DESCENDANT DE GEORGES MÉLIÈS HOMMAGE À TAKEO KIMURA > DÉCORATEUR DE CINÉMA ET DESCENDANT DE GEORGES MÉLIÈS JEUDI 6 JANVIER 15h Élégie de la bagarre 17h Chacun dans sa coquille 19h30 L’enfant favori de la bonne VENDREDI 7 JANVIER 15h Les fleurs et les vagues 17h Histoire d’une prostituée 19h30 Journal d’un policier * SAMEDI 8 JANVIER 15h Baraquement N°8 à Sandakan * 17h30 Une ruelle sous le soleil MARDI 11 JANVIER 15h Le vagabond de Tôkyô 17h Le meurtrier de la jeunesse * 19h30 Mélodie tsigane MERCREDI 12 JANVIER 15h Journal d’un policier * 17h30 Conjugalité * 20h L’enfant favori de la bonne JEUDI 13 JANVIER 15h Rêve éveillé 17h L’oie sauvage 19h30 Chacun dans sa coquille VENDREDI 14 JANVIER 15h Akutarô, l’impénitent 17h Princesse Raccoon 19h30 Baraquement N°8 à Sandakan * SAMEDI 15 JANVIER 15h Princesse Raccoon 17h30 Une ruelle sous le soleil MERCREDI 19 JANVIER 14h Une ruelle sous le soleil 18h Akutarô, l’impénitent 20h Le meurtrier de la jeunesse * JEUDI 20 JANVIER 15h Conjugalité * 17h Journal d’un policier * 19h30 L’oie sauvage (*) Séances en entrée libre dans la limite des places disponibles Petite salle > Tarifs : 4 €-3 € pour les films en VOSTF · Tarif unique 2 € pour les films en VOSTA Provenance des copies: Japan Foundation Film Library, Nikkatsu, Yume Pictures 6 > 20 janvier 2011 HOMMAGE À TAKEO KIMURA 術督村特 TOSHIYA FUJITA ET SEIJUN SUZUKI SUR LE TOURNAGE DE MÉLODIE TSIGANE L’OIE SAUVAGE L’OIE SAUVAGE L’OIE SAUVAGE MÉLODIE TSIGANE MÉLODIE TSIGANE RÊVE ÉVEILLÉ LE VAGABOND DE TÔKYÔ CONCEPTION GRAPHIQUE > GRAPHIQUE-LAB · © CRÉDIT PHOTOS : KADOKAWA-DAIEI, NIKKATSU CORPORATION, YUME PICTURES · IMPRESSION > EXPRESSIONS II G.メリエスの 映術督de Kimura. Il fut par exemple à la fois décorateur et scénariste sur Les fleurs et les vagues (1964) car il faisait partie en fait du fameux groupe des scéna- ristes qui signaient d’un seul nom : Hachirô Guryû. Ce groupe réunissait autour de Seijun Suzuki des réalisateurs, des producteurs et des scénaristes. Kimura était le seul technicien du groupe. Si Kimura se passionna tant pour l’écriture au point de donner des articles même à des revues de cinéma qualifiées de confidentielles au Japon et connues seulement de quelques initiés, c’est que prenant son métier de décorateur au sérieux, il avait pris l’habitude de lire d’énormes quantités de livres et de documents pour s’approcher au plus près de la vision du monde des scénaristes et des réalisateurs avec lesquels il travaillait. De ces lec- tures lui vint le goût de l’écriture. Son style élégant et fluide présente des qualités littéraires certaines qu’il n’est pas fréquent de trouver chez un homme au statut de technicien. À tout point de vue, Takeo Kimura fut aux antipodes du décorateur Shigemasa Toda (1928-1987) qui travailla peu et exclusivement pour Nagisa Ôshima, Masaki Kobayashi et Masahiro Shinoda, entre 1962 et 1985. Aujourd’hui, il ne reste aucune trace écrite du travail de Toda sur les films de ces trois grands auteurs du cinéma japonais, même pas les plans des décors. Puisqu’il importait peu pour Toda qu’il restât autre chose que le produit fini – le film lui-même – il refusa toujours que fussent conservés ses plans ou ses notes personnelles. Au contraire, Kimura a laissé une quantité colossale de textes, croquis et plans. Non pas dans l’attente d’une postérité recon- naissante, mais, plus prosaïquement, parce que son perfectionnisme l’avait rendu prévoyant : il prenait simplement les devants afin d’éviter des erreurs dans des productions ultérieures. Cette attitude renseigne l’esthétique et la pensée de Kimura, entre fierté et doute, entre pres- tance et pudeur : humilité face à la vanité des choses en général et de son métier en particulier qui est aussi une qualité typique d’un homme élevé dans l’esprit et la culture d’Edo. Étrange monde que celui des spectacles au Japon où les constructeurs de décors de cinéma et de théâtre utilisent encore aujourd’hui un antique système de mesure dont l’unité est le shaku (30,3 cm) remontant aux arts du spectacle de l’époque d’Edo. Kimura qui a toujours cru au cinéma en tant qu’art n’a jamais oublié pour autant, même après plus de cinquante de métier, qu’il est au fond une attraction et un divertissement d’origine foraine. À la fin de sa vie, Kimura s’est essayé à la mise en scène. Ses quelques réalisations (Rêve éveillé, etc.) forment des poèmes visuels, des regards retrospec- tifs sur son œuvre qui sont autant de dons aux cinéastes en herbe d’un formidable savoir-faire. Jusqu’au bout il a travaillé tout en enseignant dans des écoles de cinéma, s’est rendu partout où on le sollicitait pour offrir ses services, s’est expliqué sur son œuvre dans les revues de cinéma chaque fois qu’on le lui demandait. En ce sens, il est un des descendants les plus fidèles de Méliès, à la fois réali- sateur, décorateur, scénariste, grand organisateur de spectacles et cinéaste parfaitement conscient de la nature récréative de son art. Traduction du japonais : Fabrice Arduini

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Le dépliant de la rétrospective consacrée à Takeo Kimura, à la MCJP

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Page 1: Hommage à Takeo Kimura

AGENDA

ORGANISATION

Fondation du Japon / Association pour la MCJP

Avec le soutien de l’Amicale au Japon pour la MCJP

MAISON DE LA CULTURE DU JAPON À PARIS101 bis, quai Branly75015 Paris

ACCUEIL / INFORMATION

01 44 37 95 01 / www.mcjp.fr

PROGRAMMATION

Fabrice Arduini > 01 44 37 95 67

CONTACT PRESSE

Aya Soejima > 01 44 37 95 22

Takeo Kimura a été une légende de son vivant.À quatre-vingts ans passés, il participait encore à la création contemporaine en s’associant aux réali-sations de jeunes cinéastes japonais : une éternelle jeunesse, de l’après-guerre aux années 2000, a animé cet infatigable homme de cinéma. Il n’estpas une légende au sens de compagnon de routede l’âge d’or avec lequel il serait mort.

Kimura est né à Tôkyô en 1918, quelques annéesavant la destruction de la capitale par le grandséisme du Kantô (1923) où, donc, la culture d’Edon’avait pas définitivement disparu. C’est l’époque dela naissance du cinéma en tant qu’industrie et Kimura, émerveillé par ce nouveau spectacle, passedéjà tout son temps dans les salles obscures. Ilpensa d’abord au métier de décorateur de théâtre et,dans cette perspective, devint l’élève de Kisaku Itô(1899-1967), grand décorateur de théâtre moderne ;mais aussi de cinéma. Son choix se porta finalementsur le cinéma et il devint assistant décorateur dansles studios Daiei qui avait été fondés peu après le déclenchement de la Guerre du Pacifique. Lors de la sortie en mars 1943 de La légende du grandjudo, Kimura fut un des rares professionnels du cinéma à apprécier la qualité de ce premier film de Kurosawa et sentir, peut-être, qu’un futur grandmaître était né.

La carrière de Kimura fut l’une des plus prolifiquesdu cinéma japonais : 230 films, au cours de quatrepériodes distinctes. Les deux premières, sous contrat,dans les studios Daiei puis Nikkatsu ; la troisièmecomme décorateur indépendant ; et une dernière,très brève, de réalisateur. De la première période,on retient surtout des productions artistiques

TAKEO KIMURADÉCORATEUR DE CINÉMA ET DESCENDANT DE GEORGES MÉLIÈS

« Il faut modifier la réalité pour faire “plus vrai que vrai”. Si vous montriez au public, tellequelle, la loge de votre concierge,personne ne croirait qu’il s’agit d’une loge de concierge.»

Bernard Eveincité par Léon Barsacq dans

Le décor de film, 1895-1969, Seghers, Paris, 1970

Par Hironori Takamatsuscénographe, Tôkyô

devenues de grands classiques ; et plus particuliè-rement L’oie sauvage (1953, Shirô Toyoda) où, bienqu’encore assistant de Kisaku Itô, Kimura montraitdéjà des dons plastiques et visuels remarquablessur l’élaboration du décor reproduisant la rue de Muenzaka près de la Gare d’Ueno, lieu passé à la postérité grâce au roman d’Ôgai Mori (1911), une œuvre essentielle de la littérature japonaisemoderne. Cherchant à reconstituer aussi fidèlementque possible l’atmosphère de cette rue de 200 mètres, il fit construire en studio trois plateaux enenfilade pour obtenir une longueur de 100 mètres.Ce film marque la consécration de Kimura. Il offreaussi au cinéma japonais l’œuvre où les décorssont les plus fidèles au Tôkyô du XXe siècle naissant.Le perfectionnisme dont Kimura fit preuve dans le souci du détail tant dans la reconstitution desmaisons bordant Muenzaka que pour les costumes,a su rendre avec brio la subtilité psychologique despersonnages du roman original.

Dans le contexte de production de ce grandclassique, c’est-à-dire à l’époque de l’âge d’or, cetteperfection n’était rendue possible que par l’absencede contraintes budgétaires et grâce aux tolérancesadmises en matière de délais de construction de telsdécors. Une période de grâce et d’euphorie qui laissait tout loisir au décorateur pour faire face aux imprévus de dernière minute. Car il avait à son service de nombreux assistants chargés de trans-mettre ses exigences à tous les corps de métier impliqués dans une production. Un bon chef décora-teur se reconnaissait à son pouvoir de bien commu-niquer et de déléguer la construction des décors à d’autres que lui. En effet, ce métier ne nécessite pas d’être sur le terrain : un décorateur ne plante pasles clous ni ne coud les kimonos.

Même si, à l’époque du tournage de L’oie sauvage, il ne restait guère de traces de l’ancien Muenzaka,ce film n’en est pas moins une reproduction très fidèledu Tôkyô qui existait avant la guerre, c’est-à-direquelques dizaines d’années avant sa réalisation.Mais malgré le séisme de 1923, malgré les destruc-tions causées plus tard par la guerre, Tôkyô restaitTôkyô, sa modernité nimbée de culture d’Edo planait encore sur les plateaux de construction des décors de Muenzaka. Aussi, en l’occurrence, la réussite exceptionnelle du film avait-elle moinstenu aux talents de communicateur de Kimura qu’à la force née d’une communion de souvenirstrès précis et pour ainsi dire palpables entre tous lesgens travaillant dans les ateliers. La communicationse faisait naturellement. Nul doute qu’il en fut demême avec le réalisateur et les acteurs. C’est, entout cas, ce que laissent penser les images du film.Ainsi, les décors conçus par Kimura, loin d’effrayerpar leur démesure, obtinrent l’assentiment de toutel’équipe de tournage du fait de leur authenticité :chacun avait conscience à son niveau de participerà la renaissance comme par magie d’un lieu et d’une atmosphère qui n’existaient plus que dansleur mémoire.

La seconde période de Kimura débute en 1954 quandil entre aux studios Nikkatsu, toujours à l’époquede l’âge d’or. Kimura travaille sur les programs(production de séries B) tout en s’intéressant à latélévision qui en est à ses balbutiements. Cettedernière bénéficiera dans une large mesure du savoir-faire de Kimura qui adaptera par rationalisa-tion et simplification les décors de télévision aux contraintes de la retransmission en direct etdu tournage avec plusieurs caméras. Ainsi tout en

contribuant à l’essor du petit écran, Kimura parti-cipa inconsciemment au déclin du studio system.

C’est aussi à la Nikkatsu que Kimura se liad’amitié avec le réalisateur maison Seijun Suzuki. Ils purent travailler en binôme et la plastique de Kimura eut bientôt une influence décisive sur l’esthétique de Suzuki. Cette complicité fut à l’origined’un style antiréaliste qui, d’abord soutenu par ungroupe confidentiel de cinéphiles, fédéra avec lesannées un mouvement très actif de sympathisantsrevendiquant « le style Seijun » dans le cinéma destudio. Celui-ci soutenait l’esthétique antiréaliste etla plastique abstraite du couple Kimura/Suzuki quise posait en une alternative au réalisme pesant desproductions commerciales de la Nikkatsu, sans pourautant nier la nature de divertissement du cinéma.La posture antiréaliste de Suzuki n’était pas, pense-t-on, forcément en contradiction avec les aspirationsd’un décorateur dont le travail repose à la base sur un attachement au réalisme des formes. Le problème se posa moins sans doute pour Kimura lui-même,homme ouvert à toutes les xpérimentations, que pourses assistants. Il fallait convaincre, y compris les ac-teurs, du bien-fondé d’une telle révolution esthétique.

Parmi les productions de cette nature réaliséespar le couple Kimura/Suzuki, il faut noter Le vagabond de Tôkyô (1966). Ce film est un chef-d’œuvre au sens où ses créateurs surent imposerune marque personnelle malgré les contraintes(budget dérisoire, temps de tournage limité à deuxou trois semaines, insertion imposée de chansons populaires du palmarès radiophonique) ; un chef-d’œuvre aussi du fait de la parfaite adé-quation des espaces et de la géométrie insolites de Kimura avec le dynamisme de la mise en scènede Suzuki. Même si les deux artistes avaient

conscience de la difficulté de leur entreprise et desrisques encourus en terme d’exploitation... Aussine peut-on pas nier d’un point de vue économiqueque la décision des studios Nikkatsu de désunir par la force ce couple diabolique (un réalisateur quifait des films incompréhensibles et un décorateur complice de ses folies) ait été une saine réaction de gestionnaire. Ce divorce imposé inaugura une relation houleuse entre Suzuki et son studio quis’achèvera par le licenciement du réalisateur aprèsla sortie de La marque du tueur (1967). À cetteépoque de crise du studio system, et alors que lespostes de télévision avait déjà envahi les foyers à80%, les producteurs de cinéma étaient aux abois :la question de l’art était devenue un luxe. Il n’yavait d’ailleurs déjà plus de producteurs soucieuxde l’art dans le cinéma.

Suite à la décision de la Nikkatsu de produireen masse des films érotiques pour éviter la faillite,Kimura démissionna de ce studio. Ayant alors déjàplus de cinquante ans et plus de 150 films derrière lui, il aurait pu légitimement prendre sa retraite. Maisc’est l’inverse qui se produisit : il débuta une carrièred’indépendant et devint plus actif que jamais surdes réalisations artistiques, des petites productionsd’auteurs militants, et même des films publicitairesde nouvelles sectes religieuses. La filmographie colossale de sa troisième période montre que Kimura n’a jamais refusé le moindre travail. Il a pour-suivi invariablement sa tâche travaillant avec uneégale rigueur tant sur les productions aux décorsambitieux que sur les films d’auteurs tournés enplein air. La créativité et la réactivité de Kimura, cesqualités qu’il avait acquises au sein du studio systemfurent très appréciées des jeunes réalisateurs quin’avaient jamais connu l’organisation de ce studio

system. Ainsi Kaizô Hayashi, grand admirateur de Kimura, raconte qu’il rêvait de travailler avec ce décorateur de légende. Bien qu’encore cinéaste ama-teur, il réussit à le convaincre de faire les décors deson premier film, Dormir comme dans un rêve (1986).Kimura offrit ses services sans rien exiger en retourpour ce film au budget misérable, tourné en 16 mmet sans dialogue. Il s’investit entièrement sur ce projet allant jusqu’à reprendre le scénario de Hayashi.Kimura avait alors 68 ans. Même si cette sorte de bénévolat s’explique par le fait qu’il avait pressenti lepotentiel du futur créateur du film néo-noir, il n’endemeure pas moins qu’en plus d’être un décorateur,Kimura fut aussi une sorte de visionnaire du cinéma.

Parmi les films de sa troisième période, ilconvient de noter l’importance de Mélodie tsigane(1980) car ce film marqua le retour aux affaires du binôme Kimura/Suzuki après plus de dix années deséparation. Cette nouvelle collaboration signifia larenaissance de Suzuki ; et conduisit aussi à réévaluerles derniers films de sa période Nikkatsu qui avaientété qualifiés « d’incompréhensibles » à l’époque par sa hiérarchie. Bien que tourné entièrement en décors naturels, Mélodie tsigane fut l’occasion d’unerecherche très poussée, jusqu’à l’épure, quant auchoix de ces décors. Kimura travailla autant sur leurmise en valeur que sur les costumes qui collent parfaitement au style « Film Kabuki » de Suzuki. Un « Look » parfait, fruit de la légendaire complicitéentre les deux artistes.

Si on a beaucoup écrit sur les films auxquels a parti-cipé Kimura, lui-même a beaucoup écrit sur sonpropre travail. Dans le cinéma japonais, il est le seuldécorateur à avoir fait publier autant de livres.L’écriture est même l’autre facette, méconnue,

HOMMAGE À TAKEO KIMURA > DÉCORATEUR DE CINÉMA ET DESCENDANT DE GEORGES MÉLIÈS HOMMAGE À TAKEO KIMURA > DÉCORATEUR DE CINÉMA ET DESCENDANT DE GEORGES MÉLIÈS HOMMAGE À TAKEO KIMURA > DÉCORATEUR DE CINÉMA ET DESCENDANT DE GEORGES MÉLIÈS HOMMAGE À TAKEO KIMURA > DÉCORATEUR DE CINÉMA ET DESCENDANT DE GEORGES MÉLIÈS

JEUDI 6 JANVIER

15h Élégie de la bagarre

17h Chacun dans sa coquille

19h30 L’enfant favori de la bonne

VENDREDI 7 JANVIER

15h Les fleurs et les vagues

17h Histoire d’une prostituée

19h30 Journal d’un policier *

SAMEDI 8 JANVIER

15h Baraquement N°8 à Sandakan *

17h30 Une ruelle sous le soleil

MARDI 11 JANVIER

15h Le vagabond de Tôkyô

17h Le meurtrier de la jeunesse *

19h30 Mélodie tsigane

MERCREDI 12 JANVIER

15h Journal d’un policier *

17h30 Conjugalité *

20h L’enfant favori de la bonne

JEUDI 13 JANVIER

15h Rêve éveillé

17h L’oie sauvage

19h30 Chacun dans sa coquille

VENDREDI 14 JANVIER

15h Akutarô, l’impénitent

17h Princesse Raccoon

19h30 Baraquement N°8 à Sandakan *

SAMEDI 15 JANVIER

15h Princesse Raccoon

17h30 Une ruelle sous le soleil

MERCREDI 19 JANVIER

14h Une ruelle sous le soleil

18h Akutarô, l’impénitent

20h Le meurtrier de la jeunesse *

JEUDI 20 JANVIER

15h Conjugalité *

17h Journal d’un policier *

19h30 L’oie sauvage

(*) Séances en entrée libre dans la limite des places disponibles

Petite salle > Tarifs : 4 €-3 € pour les films en VOSTF · Tarif unique 2 € pour les films en VOSTAProvenance des copies : Japan Foundation Film Library, Nikkatsu, Yume Pictures

6 > 20 janvier 2011HOMMAGE À

TAKEO KIMURA美術監督・⽊村威夫追悼特集

TOSHIYA FUJITA ET SEIJUN SUZUKI SUR LE TOURNAGE DE MÉLODIE TSIGANE

L’OIE SAUVAGE L’OIE SAUVAGE

L’OIE SAUVAGE

MÉLODIE TSIGANE MÉLODIE TSIGANE RÊVE ÉVEILLÉ

LE VAGABOND DE TÔKYÔ

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G.メリエスの末裔〜映画美術監督・⽊村威夫論〜

de Kimura. Il fut par exemple à la fois décorateur etscénariste sur Les fleurs et les vagues (1964) car il faisait partie en fait du fameux groupe des scéna-ristes qui signaient d’un seul nom : Hachirô Guryû.Ce groupe réunissait autour de Seijun Suzuki des réalisateurs, des producteurs et des scénaristes.Kimura était le seul technicien du groupe.

Si Kimura se passionna tant pour l’écritureau point de donner des articles même à des revuesde cinéma qualifiées de confidentielles au Japon et connues seulement de quelques initiés, c’est queprenant son métier de décorateur au sérieux, il avait pris l’habitude de lire d’énormes quantitésde livres et de documents pour s’approcher au plusprès de la vision du monde des scénaristes et desréalisateurs avec lesquels il travaillait. De ces lec-tures lui vint le goût de l’écriture. Son style élégantet fluide présente des qualités littéraires certainesqu’il n’est pas fréquent de trouver chez un hommeau statut de technicien.

À tout point de vue, Takeo Kimura fut aux antipodesdu décorateur Shigemasa Toda (1928-1987) qui travailla peu et exclusivement pour Nagisa Ôshima,Masaki Kobayashi et Masahiro Shinoda, entre 1962et 1985. Aujourd’hui, il ne reste aucune trace écritedu travail de Toda sur les films de ces trois grandsauteurs du cinéma japonais, même pas les plans desdécors. Puisqu’il importait peu pour Toda qu’il restâtautre chose que le produit fini – le film lui-même – il refusa toujours que fussent conservés ses plansou ses notes personnelles. Au contraire, Kimura a laissé une quantité colossale de textes, croquis etplans. Non pas dans l’attente d’une postérité recon-naissante, mais, plus prosaïquement, parce que sonperfectionnisme l’avait rendu prévoyant : il prenait

simplement les devants afin d’éviter des erreurs dansdes productions ultérieures.

Cette attitude renseigne l’esthétique et lapensée de Kimura, entre fierté et doute, entre pres-tance et pudeur : humilité face à la vanité des choses en général et de son métier en particulier qui estaussi une qualité typique d’un homme élevé dansl’esprit et la culture d’Edo. Étrange monde que celuides spectacles au Japon où les constructeurs de décors de cinéma et de théâtre utilisent encore aujourd’hui un antique système de mesure dontl’unité est le shaku (30,3 cm) remontant aux arts duspectacle de l’époque d’Edo. Kimura qui a toujourscru au cinéma en tant qu’art n’a jamais oublié pour autant, même après plus de cinquante de métier,qu’il est au fond une attraction et un divertissementd’origine foraine.

À la fin de sa vie, Kimura s’est essayé à la mise enscène. Ses quelques réalisations (Rêve éveillé, etc.)forment des poèmes visuels, des regards retrospec-tifs sur son œuvre qui sont autant de dons aux cinéastes en herbe d’un formidable savoir-faire.Jusqu’au bout il a travaillé tout en enseignant dansdes écoles de cinéma, s’est rendu partout où on le sollicitait pour offrir ses services, s’est expliqué sur son œuvre dans les revues de cinéma chaque foisqu’on le lui demandait. En ce sens, il est un des descendants les plus fidèles de Méliès, à la fois réali-sateur, décorateur, scénariste, grand organisateurde spectacles et cinéaste parfaitement conscientde la nature récréative de son art.

Traduction du japonais :

Fabrice Arduini

Page 2: Hommage à Takeo Kimura

TAKEO KIMURA

HOMMAGE À

6 > 20 janvier 2011

Avec plus de 230 films à son actif entre 1942 et 2008, Takeo Kimura (1918 – 2010) fut le plusprolifique décorateur du cinéma japonais dont il a traversé les grandes époques. Au coursde l’âge d’or, il fut formé dans les studios Daiei par Kisaku Itô (1899-1967) mondialement connu pour les somptueux décors des Contes de la lune vague (Mizoguchi) et de La Porte de l’enfer (Kinugasa). Mais c’est à la Nikkatsu que Kimura passa à la postérité

en devenant le décorateur attitré de Seijun Suzuki et le complice de ses audaces pop-art et surréalistes sur une dizaine de films, d’Akutarô l’impénitent à Élégie de la bagarre.Après la faillite de la Nikkatsu en 1971, Kimurapoursuivit une carrière d’indépendant alternantcinéma d’auteur et productions commercialessans jamais renier son penchant pour les formesnovatrices hérité de Suzuki.

L’oie sauvage雁1953 / 104' / COPIE 35 mm / N&B / VOSTFFILM DE SHIRÔ TOYODA / AVEC HIDEKO TAKAMINE, HIROSHI AKUTAGAWA, JÛKICHIUNO, EIJIRÔ TÔNO, CHÔKO IIDA

Durant l’ère Meiji, une jeunefemme de condition modeste,entretenue par un usurier,s’éprend d’un étudiant dont elle à croisé le regard. D’après leroman d’Ôgai Mori.

L’enfant favori de la bonne ⼥中ッ⼦1955 / 142' / COPIE 35 mm / N&B / VOSTAUN FILM DE TOMOTAKA TASAKA / AVEC SACHIKO HIDARI, TERUO IBA, SHÛJI SANO,YUKIKO TODOROKI, JÔ SHISHIDO

Une bonne s’attire les moqueriesde ses employeurs par son allurede paysanne. Elle s’attache aupetit Katsumi, l’enfant mal aiméde la famille.

Journal d’un policier警察⽇記

1955 / 111' / COPIE 16 mm / N&B / VOSTFUN FILM DE SEIJI HISAMATSU / AVEC HISAYA MORISHIGE, RENTARÔ MIKUNI,MASAO MISHIMA, JÔ SHISHIDO, HISAO TOAKE

Dans les années cinquante, la vied’un poste de police dans uneville du nord-est du Japon, régionde tradition rurale et très pauvre.Les policiers sont confrontésquotidiennement à la misère etau désespoir des habitants. AvecRentarô Mikuni dans un de sesmeilleurs rôles. D’après le romand’Einosuke Itô (1903-1959), écri-vain rattaché au mouvementprolétarien et sensible à la condi-tion paysanne.

Chacun dans sa coquille⾃分の⽳の中で1955 / 125' / COPIE 35 mm / N&B / VOSTF UN FILM DE TOMU UCHIDA / AVEC RENTARÔMIKUNI, MIE KITAHARA, YUMEJI TSUKIOKA,JÛKICHI UNO

Tomiko, une veuve de guerre, souhaite marier sa fille à un jeunemédecin plein d’avenir, maiscelui-ci cherche à séduire la mère.Le frère de Tomiko, abandonné parsa femme, se ruine à la bourse etmeurt d’une pneumonie. Tomikoreste seule.

Fresque sociale de l’après-guerre à l’atmosphère nihilistedont Tomu Uchida fut le spécia-liste à travers ses drames contem-porains ou historiques (MusashiMiyamoto, Le Mont Fuji et lalance ensanglantée et Le détroitde la faim…)

Une ruelle sous le soleil 陽のあたる坂道

1958 / 188' / COPIE 35 mm / N&B / VOSTFUN FILM DE TOMOTAKA TASAKA / AVEC YÛJIRÔ ISHIHARA, MIE KITAHARA, KOREYASENDA, YUKIKO TODOROKI, IZUMI ASHIKAWA

La vie d’une maison bourgeoisedes années 1950 à qui presquetout réussit : seul Shinji, le filscadet, se comporte en délinquant.Ses agissements vont mettre enpéril les liens familiaux. Un grand classique inédit du ci-néma japonais. D’après le romande Yôjirô Ishizaka.

Akutarô, l’impénitent 悪太郎1963 / 95' / COPIE 35mm / N&B SCOPE / VOSTAUN FILM DE SEIJUN SUZUKI / AVEC KEN YAMAUCHI, MASAKO IZUMI, MIDORI TASHIRO,CHIHARU KURI

Un adolescent est renvoyé de sonécole pour mauvaise conduite. Il tombe amoureux d’une élèvede son nouvel établissement. Première collaboration de Kimuraavec Seijun Suzuki.

Les fleurs et les vagues花と怒涛

1964 / 92' / 35 mm / COULEUR SCOPE / VOSTAUN FILM DE SEIJUN SUZUKI / AVECKOBAYASHI AKIRA, MATSUBARA CHIEKO, TAKIZAWA OSAMU, YAMAUCHI AKIRA

Par amour, un jeune yakuza kid-nappe la fille que devait épouserle chef de son clan.

Histoire d’une prostituée 春婦伝1965 / 96' / COPIE 35mm / N&B SCOPE / VOSTAUN FILM DE SEIJUN SUZUKI / AVEC TAMIOKAWACHI, YUMIKO NOGAWA, ISAO TAMAGAWA, TOMIKO ISHIZAWA

En Chine, pendant la guerre : Harumi, une fille à soldats, tombeamoureuse d’un de ses clients.

Le vagabond de Tôkyô東京流れ者

1966 / 82' / 35 mm / COULEUR SCOPE / VOSTAUN FILM DE SEIJUN SUZUKI / AVEC TETSUYAWATARI, CHIEKO MATSUBARA, HIDEAKI NITANI, RYÛJI KITA

Un yakuza décide de quitter le milieu. Mais la fatalité de sa condi-tion le poursuit : il se retrouvemêlé malgré lui à une guerre desgangs.

Élégie de la bagarre けんかえれじい1966 / 86' / COPIE 35mm / N&B SCOPE / VOSTAUN FILM DE SEIJUN SUZUKI / AVEC HIDEKITAKAHASHI, JUNKO ASANO, YÛSUKE KAWAZU,CHIKAKO MIYAGI

Japon, 1930 : un jeune lycéenmontre rapidement d’excellentesdispositions pour la bagarre.

Mélodie tsiganeツィゴイネルワイゼン1980 / 145' / COPIE 35mm / COULEUR / VOSTAUN FILM DE SEIJUN SUZUKI / AVEC TOSHIYAFUJITA, YOSHIO HARADA, NAOKO ÔTANI, MICHIYO ÔKUSU

Un homme présente à son amiprofesseur d’allemand la femmequ’il vient de prendre pour épouse.Celle-ci est le sosie d’une geishaque les deux hommes avaientrencontrée un an auparavant.

Conjugalitéウホッホ探検隊1986 / 106' / COPIE 16 mm / COULEUR / VOSTFUN FILM DE KICHITARÔ NEGISHI / AVECKUNIE TANAKA, YUKIYO TOAKE, MASATOSHI MURAKAMI, SHINJI MOTOYAMA

Un couple au bord de la rupturetente de sauver les apparences.D’après le roman de Agata Hikari.

Princesse Raccoon オペレッタ 狸御殿2005 / 111' / COPIE 35mm / COULEUR / VOSTAUN FILM DE SEIJUN SUZUKI / AVEC ZHANGZIYI ET JÔ ODAGIRI

Une princesse tanuki invitée aupalais des ragondins croise surson chemin Amechiyo, le princehéritier du château de Garasa. Ilsvont tomber amoureux. Mais denombreux obstacles vont les éloi-gner l’un de l’autre. Seule la mon-tagne sacrée du Mont Kairasusait où leur amour les mènera.

Rêve éveillé夢のまにまに2008 / 106' / COPIE 35mm / COULEUR / VOSTAUN FILM DE TAKEO KIMURA / AVEC NAGATOHIROYUKI, INEKO ARIMA, MASATOSHI NAGASE, SEIJUN SUZUKI...

Kimuro est un cinéaste vieillis-sant, vétéran de la SecondeGuerre mondiale, devenu doyend’une prestigieuse école de ci-néma. Il vit avec sa femme, Emiko,laquelle commence à présenterles premiers symptômes de replisur le passé. Il y a aussi Daisuke,élève prometteur que Kimuro apris sous son aile ... Et les imagesse bousculent doucementcomme dans un rêve éveillé.

Le meurtrier de la jeunesse⻘春の殺⼈者

1976 / 116' / COPIE 16mm / COULEUR / VOSTAUN FILM DE KAZUHIKO HASEGAWA / AVECYUTAKA MIZUTANI, MIEKO HARADA, RYÔHEI UCHIDA, ETSUKO ICHIHARA

Un jeune garçon trouve l’amouret veut quitter le cercle familial.Mais ses parents, possessifs, ten-tent pas tous les moyens de l’endissuader ; ils font même surveil-ler leur fils par un détective. Ledrame gronde. D’après le romande Kenji Nakagami.

Baraquement N°8 à Sandakanサンダカン⼋番娼館・望郷

1974 / 121' / COPIE 16mm / COULEUR / VOSTA UN FILM DE KEI KUMAI / AVEC KOMAKI KURIHARA, KINUYO TANAKA, YÔKO TAKAHASHI, KEN TANAKA

Une jeune universitaire étudiel’histoire des prostituées japonaises vendues pendant laguerre pour travailler dans lesterritoires conquis. Elle se rend à Sandakan, dans l’île de Bornéo,pour recueillir des témoignages.

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