hémaTo 05Sept. - JLE

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La lettre de la revue Hématologie HéMATO [1 Avec le soutien institutionnel de Mohamad Mohty** édito « Immunothérapie, immunothérapie et encore immunothérapie »* SOMMAIRE ACTUALITÉS 2 Off-the-shelf : cellules NK à récepteur antigénique chimérique dérivées de cellules souches pluripotentes pour hémopathies malignes B 3 Azacitidine + APR-246 en première ligne chez les patients atteints de syndrome myélodysplasique ou de leucémie aiguë myéloïde à TP53 muté FOCUS 4 Bispécifique rime avec… magique ACTUALITÉS 6 Lisocabtagène maraleucel, nouvel anti-CD19 à récepteur chimérique 7 Le vénétoclax associé à l’azacitidine dans les syndromes myélodysplasiques de haut risque 8 CC-486 en maintenance post- consolidation dans la leucémie aiguë myéloïde en première réponse complète TCE pour T cell engagers (voir p. 4) #05 Sept. 2020 Attention, cette publication a pour objectif de fournir des informations sur l’état actuel de la recherche ; ainsi, les données présentées seront susceptibles de ne pas être validées par les autorités de santé françaises et ne devront donc pas être mises en pratique. Le laboratoire Pfizer n’est pas intervenu dans le choix et la rédaction des articles. e nouveau numéro d’Hémato-Info, newsletter de la revue Hématolo- gie, est essentiellement consacré aux actualités les plus marquantes du dernier congrès de la Société Américaine d’Hématologie (ASH), qui a eu lieu à Orlando en décembre 2019. Ce congrès était extrêmement riche, et a présenté de multiples nouveautés et avancées, aussi bien au ni- veau des hémopathies malignes que bénignes. Naturellement, dans le cadre de cette newsletter, par essence succincte, nous avons dû, avec l’ensemble des rédacteurs, opérer des choix, nécessairement discutables. Comme vous le constaterez, l’immunothérapie, sous forme cellulaire ou pharma- cologique, tient toujours le haut du pavé. De nouveaux produits anti-CD19 à récepteur chimérique (CAR) sont mis au point et testés dans des essais multicentriques. Alors que même les lymphocytes CAR ayant une autori- sation de mise sur le marché (AMM) ne sont pas encore disponibles ou ac- cessibles partout, voilà que de nouveaux produits entrent déjà en scène, où l’on cherche à peaufiner la composition de « la soupe lymphocytaire » qui sert de point de départ à la préparation des lymphocytes CAR. Mais la tech- nologie CAR ne se résume pas à l’utilisation des lymphocytes T autologues. Rapidement, on voit émerger d’autres cellules qui peuvent être manipulées. Ainsi, les lymphocytes NK font une entrée triomphale dans le champ des hémopathies lymphoïdes B, forts d’un profil de toxicité, voire d’efficacité, possiblement meilleur que les produits CAR dérivés de lymphocytes T. Le succès de l’immunothérapie n’est en outre pas uniquement celui des thérapies cellulaires. Les anticorps bispécifiques sont capables de concur- rencer les lymphocytes CAR, avec des résultats très prometteurs chez des patients à un stade avancé de la maladie. Leur activité sur les leucémies aiguës lymphoblastiques était connue ; voici que d’autres pathologies can- didates se révèlent, notamment les lymphomes et le myélome. L’autre champ où l’actualité est très riche est celui des traitements des hémopathies myéloïdes. Après de nombreuses années de stagnation, de nombreuses molécules arrivent enfin, dotées d’une AMM, et d’autres, très prometteuses, sont testées à cet instant même. Quand on regarde le design des études impliquant ces nouveaux agents, on constate que l’azacitidine représente souvent la colonne vertébrale des nouvelles combinaisons à venir. Sur un plan pratique, l’introduction de l’azacitidine sous forme orale représente une avancée majeure, en raison du confort qu’elle procure aux malades et du bénéfice qui en découle en termes de qualité de vie. Au-delà des objectifs de survie et de sécurité d’emploi, il est indéniable que les aspects pratiques et économiques, de confort et de qualité de vie doivent occuper une place prépondérante lors de l’évaluation de toutes ces nouvelles stratégies thérapeutiques. Cette passion du progrès, au sens le plus large, anime toute notre communauté hématologique – et nous devons en être très fiers. Je vous souhaite bonne lecture. ] * Cet éditorial a été rédigé avant la crise sanitaire due à la Covid-19. ** Honoraires ; financements de recherche : Amgen Astellas BMS Celgene GSK Janssen Jazz Novartis Pfizer Sanofi Takeda

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La lettre de la revue Hématologie

hémaTo

[1

avec le soutien institutionnel de

Mohamad Mohty**

édito

« Immunothérapie, immunothérapie et encore immunothérapie »*

sommaiReACTUALITÉS

2 Off -the-shelf : cellules nK à récepteur antigénique chimérique dérivées de cellules souches pluripotentes pour hémopathies malignes B

3 azacitidine + aPR-246 en première ligne chez les patients atteints de syndrome myélodysplasique ou de leucémie aiguë myéloïdeà TP53 muté

FOCUS

4 Bispécifi que rime avec… magique

ACTUALITÉS

6 lisocabtagène maraleucel, nouvel anti-cd19 à récepteur chimérique

7 le vénétoclax associé à l’azacitidine dans les syndromes myélodysplasiques de haut risque

8 cc-486 en maintenance post-consolidation dans la leucémie aiguë myéloïde en première réponse complète

TCEpour T cell engagers

(voir p. 4)

#05Sept. 2020

attention, cette publication a pour objectif de fournir des informations sur l’état actuel de la recherche ; ainsi, les données présentées seront susceptibles de ne pas être validées par les autorités de santé françaises et ne devront donc pas être mises en pratique. le laboratoire Pfi zer n’est pas intervenu dans le choix et la rédaction des articles.

e nouveau numéro d’Hémato-Info, newsletter de la revue Hématolo-gie, est essentiellement consacré aux actualités les plus marquantes du dernier congrès de la Société Américaine d’Hématologie (ASH),

qui a eu lieu à Orlando en décembre 2019. Ce congrès était extrêmement riche, et a présenté de multiples nouveautés et avancées, aussi bien au ni-veau des hémopathies malignes que bénignes. Naturellement, dans le cadre de cette newsletter, par essence succincte, nous avons dû, avec l’ensemble des rédacteurs, opérer des choix, nécessairement discutables. Comme vous le constaterez, l’immunothérapie, sous forme cellulaire ou pharma-cologique, tient toujours le haut du pavé. De nouveaux produits anti-CD19 à récepteur chimérique (CAR) sont mis au point et testés dans des essais multicentriques. Alors que même les lymphocytes CAR ayant une autori-sation de mise sur le marché (AMM) ne sont pas encore disponibles ou ac-cessibles partout, voilà que de nouveaux produits entrent déjà en scène, où l’on cherche à peaufiner la composition de « la soupe lymphocytaire » qui sert de point de départ à la préparation des lymphocytes CAR. Mais la tech-nologie CAR ne se résume pas à l’utilisation des lymphocytes T autologues. Rapidement, on voit émerger d’autres cellules qui peuvent être manipulées. Ainsi, les lymphocytes NK font une entrée triomphale dans le champ des hémopathies lymphoïdes B, forts d’un profil de toxicité, voire d’efficacité, possiblement meilleur que les produits CAR dérivés de lymphocytes T.

Le succès de l’immunothérapie n’est en outre pas uniquement celui des thérapies cellulaires. Les anticorps bispécifiques sont capables de concur-rencer les lymphocytes CAR, avec des résultats très prometteurs chez des patients à un stade avancé de la maladie. Leur activité sur les leucémies aiguës lymphoblastiques était connue ; voici que d’autres pathologies can-didates se révèlent, notamment les lymphomes et le myélome.

L’autre champ où l’actualité est très riche est celui des traitements des hémopathies myéloïdes. Après de nombreuses années de stagnation, de nombreuses molécules arrivent enfin, dotées d’une AMM, et d’autres, très prometteuses, sont testées à cet instant même. Quand on regarde le design des études impliquant ces nouveaux agents, on constate que l’azacitidine représente souvent la colonne vertébrale des nouvelles combinaisons à venir. Sur un plan pratique, l’introduction de l’azacitidine sous forme orale représente une avancée majeure, en raison du confort qu’elle procure aux malades et du bénéfice qui en découle en termes de qualité de vie.

Au-delà des objectifs de survie et de sécurité d’emploi, il est indéniable que les aspects pratiques et économiques, de confort et de qualité de vie doivent occuper une place prépondérante lors de l’évaluation de toutes ces nouvelles stratégies thérapeutiques. Cette passion du progrès, au sens le plus large, anime toute notre communauté hématologique – et nous devons en être très fiers.

Je vous souhaite bonne lecture. ]

CC-486 en maintenance post-consolidation dans la leucémie aiguë myéloïde en première réponse complète

* Cet éditorial a été rédigé avant la crise sanitaire due à la Covid-19.

** Honoraires ; fi nancements de recherche :amgenastellasBmscelgenegsKJanssenJazznovartisPfi zersanofi Takeda

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Jordan Gauthier*

FT596

CD19-CARde synthèse

FusionIL 15/IL15R∆

hnCD16de synthèse

RituximabRTXRituximab

hnCD16hnCD16hnCD16hnCD16de synthèsede synthèse

Rituximab

CD19-CAR

RTXRTXRTXRTXRTX

de synthèsehnCD16de synthèsede synthèsede synthèse

RTX

FT596FT596

de synthèse

RTX

FT596FT596

Rituximab

FT596FT596

Rituximab

de synthèse

FT596

hnCD16de synthèse

off -the-shelf : cellules NK à récepteur antigénique chimérique dérivées de cellules souches pluripotentes pour hémopathies malignes B

L es lymphocytes T à récepteur antigénique chimé-rique (CAR-T) ciblant CD19 (FT596) ont démon-

tré leur efficacité dans le traitement des hémopathies lymphoïdes B réfractaires. De nombreuses limitations demeurent, cependant :

� il est souvent difficile de générer rapidement un produit autologue de qualité chez des patients multitraités et porteurs d’hémopathies agres-sives,

� il existe un nombre significatif de rechutes post-traitement avec perte d’expression de CD19 (25-30 % dans LAL).

L’approche proposée par Goodridge et al. a l’ambi-tion de répondre à ces deux limitations. Elle consiste à utiliser des cellules NK (pour natural killer) allogé-niques dérivées d’un master clone de cellules souches pluripotentes (iPSC) et modifiées pour exprimer trois protéines (figure) :

� un CAR ciblant CD19, de structure originale, car ayant pour molécule de costimulation le domaine intracellulaire SLAM du récepteur 2B4,

� une protéine de fusion composée de l’interleukine 15 et de son récepteur Rα (IL-15/IL-15Rα), afin d’améliorer la longévité et la fonctionnalité in vivo des CAR-NK,

� un récepteur au Fc des immunoglobulines : CD16.

Les auteurs démontrent, dans deux modèles mu-rins, que ces CAR-NK sont aussi efficaces que des CAR-T CD19 conventionnels, et que cette efficacité est poten-tiellement améliorée par l’addition de rituximab. Enfin, les CAR-NK combinées au rituximab étaient capables d’éradiquer des tumeurs CD19-. En conclusion, ces cel-lules CAR-NK combinent divers avantages. Étant d’ori-gine allogénique, elles peuvent être générées en amont et à partir d’un matériel cellulaire renouvelable, ce qui les rend rapidement disponibles. L’expression de CD16 permet d’envisager des combinaisons synergistiques avec des anticorps monoclonaux, notamment en cas de perte de l’antigène ciblé par le CAR. En septembre der-nier, la Food and Drug Administration (FDA) a donné le feu vert à la société Fate Therapeutics pour initier les essais cliniques. Affaire à suivre de près ! ]

FiguRe - RécePTeuRs de suRFace des nK-caR

* Honoraires ; fi nancements de recherche :eusapharmaJmPmulterra Bio

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[3

Thomas Cluzeau*

p53inactive

O

OH

O

OH

HOO

N N

CH3

Down-regulation du systèmeantioxydant

Augmentationde l’activité pro-oxydative

p53 active

Expression de p53

Activitéde p53

p53Mut-

RÉACTIVATION P-53 STRESS OXYDATIF

ACTIVITÉ ANTITUMORALE

STRESS DU RÉTICULUM

ENDOPLASMIQUE

p53WT-

p53

ROS

MQAPR-246/Prima 1 MET Prima 1

Glutathion XBP1GRP78CHOP

TrxR1

Hsp

Réponse aux protéines mal repliées

L ’APR-246 est un analogue conformationnel de TP53 permettant de res-taurer la conformation wildtype de la protéine p53, et par là même sa

fonction. David Sallman (#676) et Thomas Cluzeau (#677) ont rapporté les résultats de deux études de phase II, respectivement américaine et française (Groupe francophone des myélodysplasies), évaluant cette association. L’APR246 était administré par voie intraveineuse à la dose de 4 500 mg/j de J1 à J4 et l’azacitidine par voie sous-cutanée à la dose de 75 mg/m²/j de J4 à J10 tous les 28 jours. Les patients recevaient un minimum de six cycles, et une évaluation médullaire était réalisée tous les trois cycles. En cas de réponse, les patients poursuivaient le traitement jusqu’à rechute, ou bénéficiaient d’une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques (avec possibilité de maintenance dans l’étude française à doses diminuées avec l’APR-246 à la dose de 3 700 mg/j de J1 à J4 et l’azacitidine à la dose de 36 mg/m²/j de J4 à J8 tous les 28 jours). Cinquante-cinq et 53 patients ont été respectivement inclus dans les études américaine et française. Les taux de réponse globale étaient de 87 % – dont 53 % de réponse complète (RC) – dans l’étude américaine et de 66 % (dont 49 % de RC) dans l’étude française. L’étude du profil de tolérance montrait, dans les deux études, une toxicité hématologique non augmentée, une toxicité digestive (constipa-tion, nausées/vomissements) ainsi qu’une toxicité neurologique réversible et sans récidive après réduction de dose de l’ordre de 40 % (dont seulement 6 % de grade 3/4). Cette toxicité était corrélée à la fonction rénale et à l’âge du patient au début du traitement. La survie médiane était de 11,6 mois dans l’étude américaine et n’était pas atteinte dans l’étude française. ]

Azacitidine + APR-246 en première ligne chez les patients atteints de syndrome myélodysplasique ou de leucémie aiguë myéloïde à TP53 muté

mécanisme d’acTion de l’associaTion azaciTidine + aPR-246

* Honoraires ; financements de recherche :abbviealexionamgenapreaastellascelgeneJazznovartisPfizerRochesanofisyros

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[4

Bispécifique rime avec… magique

Éolia Brissot*

FiguRe 1 - schéma de l’éTude aal 1331 (#lBa1)

Haut risque /risque intermédiaire

Évaluation

Randomisation1:1

BRAS A(contrôle)

BLOC 2 Blinatumomab C1

BRAS B(expérimental)

Évaluation

Allogre�e de cellules souches hématopoïétiques

BLOC 3Blinatumomab

C2

Blinatumomab C1 et C2Blinatumomab 15 μg/m2/j x 28 jpuis 7 jours de pauseDexaméthasone5 μg/m2/dose x 1 à C1 seulement

*220 (208)

220 patients (110/bras)

*110 (105)*110 (103)

Janvier 2015septembre 2019

ukallr3 bloc 2 • semaine 1

vincristine, dexaméthasone

• semaine 2injection intrathécale,

MTX, pégylée• semaine 3

injectionukallr3 bloc 3

• semaine 1vincristine,

dexaméthasone• semaine 1-2

aracytine HD, erwinia• semaine 4MTX, erwinia

Injection intrathécale,MTX ou triple

Le blinatumomab (Bli), anticorps bispécifique CD19+CD3+, dont le bénéfice dans les leucémies ai-

guës lymphoblastiques B (LAL-B) en rechute ou réfrac-taire et en situation de maladie résiduelle positive de l’adulte a été publié (1, 2), continue à montrer ses pou-voirs. Brown et al. ont présenté une étude de phase III randomisant le Bli versus la chimiothérapie en consolida-tion dans les LAL de risque intermédiaire ou élevé chez l’enfant et le jeune adulte (ASH 2019, abstract #LBA-1). Après induction par chimiothérapie, les patients étaient randomisés, recevant soit chimiothérapie (deux blocs de consolidation), soit Bli (deux cycles). Après évaluation, les patients étaient allogreffés (figure 1).

L’étude, débutée en janvier 2015, a été interrompue en septembre 2019, après que les analyses des données de suivi ont montré un bénéfice net en faveur du bras Bli, aussi bien sur la survie globale et la survie sans leu-cémie que sur la maladie résiduelle et les effets indési-rables (figure 2).

L’allogreffe a été appliquée à 73 % des patients du bras Bli, versus 45 %. L’une des hypothèses avancées pour expliquer cet avantage est que la toxicité moindre du Bli a permis à plus de patients de bénéficier d’une allogreffe et d’améliorer leur survie sans leucémie.

L’un des mécanismes d’échappement postallogreffe est la diminution d’expression des molécules du CMH par les lymphoblastes, entraînant une diminution de la reconnaissance par les lymphocytes T (3). Le Bli aug-mente in vitro l’expression de ces molécules de CMH. Sur cette hypothèse d’immunomodulation, le Bli a été testé, en phase I, après allogreffe de cellules souches hémato-poïétiques (Gojo et al., abstract #778). Douze patients ont reçu en médiane un cycle de Bli à J144 (90-180). Aucun problème de tolérance n’a été noté – seul un cas de neutropénie, entraînant une réduction de dose –, ni d’exacerbation de maladie du greffon contre l’hôte ou de rejet de greffe. Le taux de rémission complète était de 83 % avec un suivi médian de 17,7 mois. La phase II est en cours. Cette approche est très intéressante pour potentialiser les effets antileucémiques de l’allogreffe.

Un deuxième anticorps bispécifique a fait l’ob-jet d’une présentation – en session plénière, cette fois (Schuster et al., abstract #6). Le mosunétuzumab (Mzb) est un anticorps CD20+CD3+ (4), qui a été testé en phase I/Ib suivie d’une phase d’expansion dans les lymphomes B non hodgkiniens (LNH). À l’ASH, ont été présentés les résultats sur 270 patients. Le cycle 1 de Mzb était constitué d’une injection hebdomadaire de l’anticorps, un cycle durant 21 jours. L’âge médian de la population était de 62 ans (19-96), l’histologie des LNH correspondait à : 67 % de lymphomes agressifs (43 % de LNH-B diffus à grandes cellules, 12 % de lymphomes folliculaires transformés) et 32 % de lymphomes folli-culaires. Les patients avaient déjà été lourdement trai-tés. En effet, le nombre médian de lignes thérapeutiques était de trois (1-14) et 11 % des patients avaient déjà reçu des cellules T à récepteurs antigéniques chimé-riques (CAR-T). Deux tiers des patients ont présenté un événement indésirable de grade 3-5, principalement des neutropénies et des hypophosphatémies. Vingt-neuf pour cent des patients ont présenté un syndrome de relargage cytokinique, majoritairement de grades 1 et 2. La neurotoxicité était rare (1,1 % des patients). Le taux de réponse dans les lymphomes agressifs était de 37 %, cette réponse étant complète dans 19 % des cas. ]

[1] Topp MS, Gokbuget N, Stein AS, et al. Safety and activity of blinatumomab for adult patients with relapsed or refracto-ry B-precursor acute lymphoblastic leukaemia: a multicentre, single-arm, phase 2 study. Lancet Oncol 2015;16(1):57-66.

[2] Gokbuget N, Dombret H, Bonifacio M, et al. Blinatumomab for minimal residual disease in adults with B-cell precursor acute lymphoblastic leukemia. Blood 2018;131(14):1522-31.

[3] de Charette M, Houot R. Hide or defend, the two strate-gies of lymphoma immune evasion: potential implications for immunotherapy. Haematologica 2018;103(8):1256-68.

[4] Sun LL, Ellerman D, Mathieu M, et al. Anti-CD20/CD3 T cell-dependent bispecific antibody for the treatment of B cell malignancies. Sci Transl Med 2015;7(287):287ra70.

* Honoraires ; financements de recherche :alexionastellasgileadJanssenJazzKeocytmsdnovartisPfizersandoz

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[5

FiguRe 2 - données de suivi à 57 mois de l’essai Bli/chimio

0,0 0,5 1,0 1,5 2,0

Bras A - Chimiothérapie

Bras B - Blinatumomab

2,5 3,0 3,5 4,0 4,5

0,3 55 39 29 18 10 4 1 1 0

0,5 69 47 38 31 19 10 5 2 0

0,0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1,0 Survie sans leucémie

• Années après randomisation

BRAS A

BRAS B

41,0 +/- 6,2 % à 2 ans (n = 103)59,3 +/- 5,4 % à 2 ans (n = 105)

p = 0 0,50 (one sided)

0,0 0,5 1,0 1,5 2,0

Bras A - Chimiothérapie

Bras B - Blinatumomab

2,5 3,0 3,5 4,0 4,5

0,3 64 50 38 25 15 6 2 1 0

0,5 77 55 44 38 24 11 5 2 0

0,0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1,0 Survie globale

• Années après randomisation

BRAS A

BRAS B

59,2 +/- 6 % à 2 ans (n = 103)79,4 +/- 4,5 % à 2 ans (n = 105)

p = 0 0,50 (one sided)

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[6

Jordan Gauthier

FiguRe - PRise en chaRge des ToxiciTés dans TRanscend nhl 001

0

5

10

15

20

25

30%

Patients

CRS +/- NE NE

13%

0,4%3%

10%

2%

8%

7%

8%

13%

CRS

Toci lizumab et stéroïdes

Toci lizumab

Stéroïdes

CRS : Syndrome de relargage cytokiniqueNE : Toxicité neurologique

Lisocabtagène maraleucel, nouvel anti-CD19 à récepteur chimérique

Abramson et al. ont présenté une mise à jour des ré-sultats de l’essai de phase I multicentrique TRANS-

CEND NHL 001 : toxicité et efficacité des lymphocytes T à récepteur antigénique chimérique (CAR-T) chez des patients atteints de lymphomes B à grandes cellules réfractaires ou en rechute. Cet essai permettra très pro-bablement l’approbation par la Food and Drug Admi-nistration d’un troisième produit de CAR-T dans cette indication, après au moins deux lignes de traitement.

Lisocabtagène maraleucel (liso-cel) cible égale-ment CD19 et se distingue de Kymriah et de Yescarta par son ratio lymphocytes CAR-T CD4+:CD8+ fixé à 1:1 – cette approche ayant démontré une efficacité antitu-morale supérieure dans les études précliniques [1]. Ce même ratio CD4+:CD8+ est extrêmement variable dans les deux autres produits. Liso-cel partage avec Kymriah la molécule de costimulation 4-1BB. Il faut rappe-ler que les critères d’exclusion de TRANSCEND NHL étaient moins stricts que ceux des essais ayant permis la commercialisation de Kymriah (JULIET) et de Yes-carta (ZUMA-1) : la quasi-totalité des différents types de lymphomes agressifs B étaient éligibles (incluant le lymphome primitif du médiastin et le lymphome folli-culaire de haut grade ou transformé). L’administration d’une chimiothérapie de sauvetage, en bridge, après la cytaphérèse, était autorisée, ainsi qu’un antécédent d’allogreffe. Les patients avec envahissement neuromé-ningé étaient également éligibles. Les cytopénies, en particulier la lymphopénie, n’étaient pas non plus des critères d’exclusion.

Parmi les 344 patients prélevés par aphérèse, 294 patients ont finalement reçu liso-cel après administra-tion d’une chimiothérapie de lymphodéplétion. La prin-cipale cause (66 %) d’échec d’administration de liso-cel était le décès après la cytaphérèse.

Les auteurs ont rapporté un taux élevé de réponse globale et complète (69 et 41 %, respectivement ; ana-lyse en intention de traiter incluant tous les patients ayant reçu liso-cel). Ces réponses étaient durables, puisque après un suivi médian de 12 mois, la médiane de survie sans progression chez les patients répon-deurs n’était pas atteinte. En cas de réponse complète après liso-cel, la probabilité de survie sans progression et de survie globale à 12 mois était de 65 et 85 %, res-pectivement. Ces résultats très prometteurs, compa-rables à ceux obtenus après traitement par Yescarta et Kymriah, s’accompagnaient de surcroît d’un profil de toxicité extrêmement favorable. Ainsi seuls 42 % des patients ont-ils développé un syndrome de relar-gage cytokinique, tous grades confondus (contre 90 % environ après traitement avec Yescarta), et 2 % un syndrome de relargage cytokinique de grade ≥ 3. Une toxicité neurologique de grade ≥ 3 était rapportée chez 10 % des patients (figure).

En résumé, liso-cel est associé à des taux élevés de réponses durables chez les patients atteints de lym-phomes B à grandes cellules réfractaires ou en rechute. Ce profil de tolérance semble plus favorable que son compétiteur Yescarta, ce qui permettrait un traitement ambulatoire chez un grand nombre de patients. La lour-deur logistique et les délais de production restent un problème crucial et une proportion non négligeable de patients prélevés ne recevra jamais le produit CAR-T (14 % dans cette étude). De nombreuses stratégies sont en cours d’évaluation pour améliorer ces processus de production, et particulièrement en raccourcir la durée. ]

[1] Sommermeyer Leukemia 2015

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[7

ncT02942290 : PoPulaTion eT RésulTaTs PRéliminaiRes

Cytogénétique :

Événements indésirables (EI)

42%défavorable

18%intermédiaire

Population étudiée Au moment de la présentation de l’étude :

57patients

71 ansâge médian

26-85

40%favorable

32%en cours de traitement

68%arrêts

de traitement

26% allogre�és

Survie globale estimée à 1 an :

31% décès

15% retrait de consentements

28% autre raison

Neutropénie fébrile

Neutropénie fébrile

Neutropénie Thrombopénie

Pneumonies

EI de grade ≥ 3 principalemnt liés à la myélosuppression

70% des patients ont présenté

un EI grave :

PS : 0 ou 1 dans 89% des cas

74% de score int2

60% de R-IPSS* très élevé

*Revised international prognostic scoring system

40%

67%d’indépendance transfusionnelle

≥ 8 semaines

77,2%de réponse globale

après 2,2 mois en médiane

77%>85%

pour patients en RC/RC médullaire

68% 44% 44%

7%

38,6de réponse

complète (RC)

38,6de réponse complète

médullaire

Survie globale médiane non atteinte après 8,2-12,2 mois

Le vénétoclax associé à l’azacitidine dans les syndromes myélodysplasiques de haut risque

A ndrew Wei a rapporté les résultats préliminaires de l’étude NCT02942290 dont l’objectif principal

était d’étudier la sûreté, la pharmacocinétique et la dose recommandée pour la phase II de l’association du véné-toclax (VEN) à l’azacitidine (AZA) dans les syndromes myélodysplasiques (SMD) de haut risque. Les objectifs secondaires étaient d’étudier la réponse globale selon les critères IWG, l’indépendance transfusionnelle et la survie globale. Pour entrer dans l’étude il fallait avoir un SMD de novo, de score IPSS int-2 ou élevé, avoir < 20 % de blastes et un performance status ≤ 2. Les patients ayant un SMD secondaire à un traitement, une leucémie myélomonocy-taire chronique ou un syndrome mixte myélodysplasique/myéloprolifératif étaient exclus.

Partant de l’expérience de l’association dans les leu-cémies aiguës myéloïdes, le VEN a d’abord été adminis-tré en continu sur des cycles de 28 jours associé à l’AZA pleine dose (75 mg/m2/j, sept jours). Une randomisation à trois bras était prévue : bras A : VEN 400 mg/j pendant

28 jours, (n = 5) ; bras B : VEN 800 mg/j pendant 28 jours (n = 5) ; bras C : AZA monothérapie (n = 2). Il n’était pas noté pas de toxicité limitant la dose (DLT) mais deux dé-cès dus à des neutropénies fébriles au cycle 2 : un dans le bras A, l’autre dans le bras B. De ce fait, un amende-ment a été porté par crainte d’une trop grande myélo-suppression réduisant la durée d’administration du VEN à 14 jours avec trois paliers : 100, 200 puis 400 mg/j pour 25 patients au total. Aucune DLT n’a été notée, et la première dose recommandée pour la phase II était de 400 mg VEN de J1 à J14 + AZA 75 mg/m2/j sept jours. En-fin, une phase d’expansion sur 22 patients supplémen-taires a été ouverte.

En conclusion, la dose recommandée pour la phase II est VEN 400 mg/j de J1 à J14 + AZA 75 mg/m2/j pendant sept jours ; le profil de sûreté paraît acceptable (surtout lié à la myélosuppression) et le taux de réponse élevé. L’évaluation de la durée de la réponse nécessitera une mise à jour avec un suivi plus long. ]

Pierre Péterlin*

* Honoraires ; financements de recherche :abbvieJazz

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Papier certifi é PEFC (fi bres issues de forêts gérées durablement)

Origine du papier : Allemagne ou AutricheTaux de fi bres recyclées : 0 %

Directeur de la publication : gilles cahn. Rédacteur en chef : mohamad mohty (Paris). Comité de rédaction : éolia Brissot (Paris). Thomas cluzeau (nice). Pierre Peterlin (nantes). Jordan gauthier (lille).

Secrétaire de rédaction : nicolas Bourrié. Conception graphique et prépresse : vincent motron (graphicskopic.com). Secrétaire : valérie Toulgoat.Impression : corlet.Édité par John libbey eurotext, siret : 328195904000037

TCEpour T cell engagers

(voir p. 4)

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CC486

Placébo

Placebo

CC-486

24,7 mois

14,8 mois

• Mois après randomisation

• Patients à risque

Le CC-486 est la formulation orale de l’azacitidine. Andrew Wei (LBA-3) a présenté les résultats de

l’étude internationale de phase III QUAZAR AML-001, qui évaluait le CC-486 en traitement de maintenance de patients LAM en première ligne. Au total, 460 patients ont été inclus dans cette étude (238 CC-486 et 234 place-bo). Quarante-trois pour cent des patients étaient en RC avec une maladie résiduelle (MRD) positive dans le bras CC-486, contre 50 % dans le bras placebo. En termes de tolérance, on observe majoritairement des effets secon-daires digestifs, d’intensité modérée selon l’orateur, mais avec néanmoins 43 % d’interruption de traitement et 16 % de réduction de doses, relevant majoritairement d’une toxicité hématologique de type neutropénie. Les patients traités par CC-486 ont une survie globale mé-diane significativement plus élevée que les patients sous placebo : 24,7 versus 14,8 mois (p = 0,009). Cette diffé-rence était encore plus marquée dans la population à MRD positive. ]

CC-486 en maintenance post-consolidation dans la leucémie aiguë myéloïde en première réponse complète

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