HISTOIRE DES ARTS

BLITZ WOLF par Tex Avery (1942)

I. IDENTIFIER – PRESENTER

Blitz Wolf ou Der Gross méchant loup en français est un dessin animé américain réalisé par Tex Avery et produit

par la MGM (Metro Goldwyn Mayer) en 1942 pendant la SGM, quelques semaines après l’entrée en guerre des

Etats-Unis à la suite de l’attaque japonaise (empire allié de l’Allemagne nazie) de la base américaine de Pearl

Harbor.

Le dessin animé dire 9 minutes 50 et il est colorisé.

Il s’agit d’un film de propagande anti nazis à destination des enfants comme des parents. Tout est fait dans le

film pour ridiculiser le personnage d’Hitler. Et ce, dès le départ :

Avertissement :

Le loup n’est pas fictif. Toute ressemblance

entre ce loup et cet (…) abruti d’Hitler est

purement intentionnelle.

Il s’agit donc de propagande à destination des parents américains, encouragés à faire des dons à l’armée et

participer ainsi à l’effort de guerre.

II. DESCRIPTION – ANALYSE

Il s’agit d’une parodie, d’un détournement du conte pour enfants « Les trois petits cochons » qui construisent trois

maisons, une en paille, une en bois et une en pierre. Le dernier cochon qui a construit sa maison en pierre parvient

ainsi à sauver les deux autres cochons du loup qui détruit d’un souffle les deux maisons fragiles.

Les trois petits cochons sont ainsi représentés sur l’affiche du film, tout comme le loup représentant Hitler,

facilement reconnaissable.

Le titre « Blitz Wolf », textuellement « Loup éclair » fait référence à l’attaque menée par Hitler à l’Ouest au début

de la guerre « Blitz Krieg » « la guerre éclair » qui permet à l’Allemagne nazie de défaire les Français en quelques

semaines.

L’attaque lancée par Hitler est massive, avec un armement lourd, blindés, chars, artillerie lourde, déploiement

massif des troupes sur un terrain précédemment pilonné par l’aviation allemande.

Sur l’extrait ci-dessous, des lance flammes avec la croix gammée (symbole nazi), une croix gammée faite de deux

saucisses (saucisses de porc donc idée d’une volonté de la part du Loup d’éliminer les cochons)

Dans ce dessin animé, les cochons qui vivent à Cochonland, sont menacés par Adolf le Loup, référence explicite à

Adolf Hitler, dictateur de l’Allemagne nazie de 1933 à 1945.

Deux des cochons construisent leurs maisons en paille et en bois, tandis que le troisième construit sa maison en

pierre et édifie une véritable maison fortifiée, blindée et défensive.

Si les deux premiers cochons construisent des maisons plutôt fragiles, c’est qu’ils sont relativement sereins

contrairement au troisième dont ils se moquent même.

En effet, ils estiment n’avoir rien à craindre du loup, pourtant tout près puisqu’ils ont signé un pacte de non

agression avec lui.

Ce document fait référence au Pacte Germano-Soviétique ou Pacte de non agression signé en 1939 entre Hitler

(dirigeant de l’Allemagne nazie) et Staline (dirigeant de l’URSS). Ce traité permettait à Hitler d’éviter l’ouverture

de deux fronts et à Staline de se préparer à la guerre.

Mais le Sergent Pork (troisième cochon) n’y croit pas, car le Pacte germano soviétique a été rompu par Hitler en

1941 lors qu’Hitler attaque l’URSS sans déclaration de guerre.

Pour lui, le pacte signé avec le loup ne vaut rien, il ne faut pas lui faire confiance, il n’a aucun scrupule. Hitler a

ainsi annexé entre autres l’Autriche, la Pologne avant d’attaquer la France.

Ainsi, sur cet extrait, on voit le loup avançant dans son blindé, précisant qu’il ne souhaite en aucune façon mettre

le monde à feu et à sang, alors qu’il avance en salivant, cela montre sa soif de pouvoir et sa faim de territoires à

dominer.

Cela peut faire allusion à la volonté d’Hitler de constituer « une grande Allemagne », un « espace vital » en

Europe pour le peuple allemand.

Dans le dessin animé, la propagande est exclusivement anti-Hitler, il est le seul personnage de l’Allemagne nazie

présent, et cela révèle l’image qu’avaient les Américains de ce conflit. Le seul responsable c’est Hitler, pas son

peuple.

Le pacte est ainsi rompu, comme l’avait prédit un des cochons et les deux autres trouvent refuge dans la forteresse

blindée du Sergent Pork.

Ce dernier peut représenter les Etats – Unis, et les deux cochons affaiblis et démunis les Alliés (France, Royaume-

Uni notamment).

Ici : le Loup détruit la première maison au moyen d’un blindé souffleur :

Puis la maison en bois est bombardée :

Ne reste que celle du Sergent Pork, qui résiste et sur la porte d’entrée de laquelle, il y a une plaque « interdit aux

Japonais », ce qui fait référence à l’attaque japonaise à Pearl Harbor:

Le Loup / Hitler est ridiculisé dans ce dessin animé, on le voit ici dans un blindé qu’il craint de salir ou recevant de

la part du téléspectateur (comme si cela venait du téléspectateur) une tomate dans la figure ou encore étant effrayé

par le cri d’une « bombe sirène ».

L’armée également est ridiculisée, une des techniques de défense du sergent Pork consistant à présenter aux obus

ennemis une photographie de pin up’ américaines pour les détourner de leur objectif:

Il s’agit donc bien de ridiculiser l’ennemi et de montrer que les Américains sont malins.

Pour vaincre le Loup du dessin animé mais donc Hitler dans la « vraie guerre » qui se joue pour les Américains à

la fois sur le front européen (débarquement allié de 1944) et dans le Pacifique contre les Japonais, les soldats ont

besoin d’une mobilisation totale du pays.

La population est vivement encouragée à participer à l’effort de guerre en achetant des bons de la défense pour

financer la guerre.

Les trois cochons ont une « arme secrète » qui lance des quantités d’obus sur l’ennemi, chaque obus est identifié

comme un bon pour la défense. C’est peut être donc cela, l’arme secrète des Etats-Unis, c’est la mobilisation de

tous.

On voit également que le lanceur d’obus est « fatigué », et le sergent lui donne des Vitamines américaines pour lui

rendre sa forme. On peut y voir deux éléments : participer à l’effort de guerre est un « médicament qui donne des

forces aux soldats » mais aussi la fabrication à grande échelle à l’époque de la pénicilline (depuis sa découverte en

1928 par Alexander Flemming) qui a permis de sauver un grand nombre de soldats blessés au combat.

La fin d’Adolf

« Pour toute

souscription [pour

participer à l’effort de

guerre] nous

transformons cet

abruti en descente de

lit »

C’est grâce à la mobilisation qu’Adolf le Loup perd la guerre et est battu, il finit en enfer :

Il s’agit d’un vrai cartoon américain avec des gags qu’on retrouve souvent dans les dessins animés de Tex Avery,

par exemples :

La maison de paille soufflée – allusion au roman « Autant en emporte le vent » « Gone with the wind »

Le lien créé avec les téléspectateurs :

- « le gag est bon, n’est ce pas ? »

- Le canon puissant et très long, presque trop long :

- Le Loup qui reçoit une tomate « du téléspectateur » :

III. CONCLURE – FAIRE LE LIEN

Les Américains sont ainsi fortement incités à participer à l’effort de guerre en versant de l’argent, et l’efficacité de

cette mobilisation ne fait aucun doute puisque le méchant loup finit en enfer, défait par l’armement trop puissant

produit par le pays grâce aux bons.

Il n’est pas précisé ici que les bons versés par la population serviront aussi aux Alliés, à qui les Américains vont

prêter de l’argent.

Il s’agit donc clairement d’un dessin animé de propagande, typique du cartoon américain. L’objectif de la

propagande est de toucher le plus de personnes possibles, le support doit donc être accessible au plus grand

nombre, ce qui est le cas avec ce dessin animé, compris à la fois par les enfants et par les adultes sur un mode à la

fois sérieux mais aussi drôle avec les gags.

Pendant la SGM, Disney a également réalisé un dessin animé de propagande « Donald le Nazi » (ici, lisant Mein

Kampf / mon combat, livre écrit par Hitler qui présente son programme pour l’Allemagne nazie).

Mais les Soviétiques et les Nazis ont aussi réalisé des dessins animés de propagande.

D’autres supports de propagande à destination aussi des enfants ont été faits, comme en France « La Bête est

morte » de Calvo (1944) « La seconde guerre mondiale chez les animaux » dans laquelle le loup représente aussi

Hitler et il est également très reconnaissable.