Harivamsa French Translation by Langlois

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Harivamsa is an important text next to the Mahabharata, it narrates Sri Krishna's life.

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Graphie Le tableau suivant donne les correspondances entre Langlois et la graphie moderne: = (a long) = (i long) ri= (r voyelle) ou=u o= (u long) =ai =au c, k=k (Caparddhin = Kaparddhin, Pinkin = Pinkin) tch=c tchh=ch dj=j djh=jh (Djhardjhara = Jharjhara) w=v aprs consonne ( dwi) v=v avant consonne ou voyelle (Vysa) ch= (s crbral, kchatriya = katriya) s= (s palatal), s sifflante Les consonnes crbrales ne sont pas marques. Ainsi: Crichna = Ka, Sambhou = abhu. Sauf devant une labiale (comme dans abhu), lanusvra et toutes les autres nasales sont reprsentes par n devant une consonne (Harivansa = Harivaa, Cansa = Kasa, Kanka = Kaka, Ripoundjaya = Ripujaya. 1 INTRODUCTION. Jedoisavanttoutpayerunjustetributdereconnaissancel'honorableSocitsousle patronagedelaquellemestravauxvoientaujourd'huilejour.Endaignantadopter l'ouvrage d'un tranger pour qu'il paraisse sous ses auspices, elle donne une preuve de cet espritvraimentlibralquiasu,sansacceptiondepersonnes,sansprjugdenation, fonderuncommercenouveau,uneprcieuserciprocitparlaquellesetrouventrunis comme en un fonds commun, pour le bien de la science, d'un ct les encouragements de l'estime la plus claire, de l'autre les fruits des veilles les plus laborieuses. Aussi, durant toutlecoursdemontravail,jenaijamaisperdu devue ladoubleobligationquim'tait impose,derpondre l'espoir de l'ruditionfranaisecommelaconfiance duComit anglais. Lalittraturesanscriteattireencemomentlesregardsdumondesavant,quisemble attendreavecimpatiencelalumirequivientdel'Orient.Personnen'apprcieplusque moilesimmensestravauxexcutsparlessavantsanglaisdanslevastechampde l'indianisme.Maisilm'asemblquelesidesdeceuxquis'taientoccupsdel'histoire anciennedel'Inde,avaienttoujoursmanqudebase,etquenous,appelstreleurs juges sans avoir sous les yeux les pices du procs, qu'eux seuls avaient consultes, nous tionsobligsd'accorderleursassertionsunefoiimplicite,souventbranleparles contradictions mmes de leurs divers systmes. J'ai dsir qu'il ft possible de fournir la critique les preuves dont elle a besoin pour donner l'Inde cette histoire qu'on lui conteste jusqu' prsent. Je n'ai pas cru que ce peuple, qui vit depuis si longtemps et occupe sur le globe un si vaste espace, qui tient une si grande place et dans les sicles et sur la terre, pt rester dshrit de ses antiques annales: j'ai pens qu'il fallait les aller chercher dans ses propres livres, o ellessetrouventconfonduesavecdesfablesdetouteespce,etqu'onferaitbien,en traduisantcescrits,delivrerlacritique,franchementetsansespritdesystme,les matriaux qui doivent servir cette oeuvre de rhabilitation. C'estalorsque,voulantconcourirpourmapartcegrandrsultat,j'aientreprisla traductiond'unouvragequemedsignaitl'estime mmedontiljouitparmilesIndiens. LeHarivansaestunpomeregardcommesacr,etqu'onlitavecrecueillement l'poque des runions solennelles: les promesses les plus brillantes, pour cette vie et pour l'autre, sont faites ceux qui en coutent la lecture. Dans le pays de Camaon, on le place surlattedeceluiquidposeenjustice;dansd'autrescontres,ilesthonorl'galdu Slagrmaetdesfeuillesdetoulas,etlesjugesleprsententceluiquifaitunserment devantletribunal.EnfinlesDjnas,voulantsansdoutemettreprofitlavnration qu'inspirecelivre,enontusurpletitrepourundeleursouvrages,qui,dit-on,est diffrent de l'ouvrage orthodoxe. LeHarivansaformeordinairementunappendiceduMahbhrata:mmegenre dercit, mmes interlocuteurs, mme auteur prsum. Cependant ce pome n'est pas original, et, commebeaucoupd'autreslivressanscrits,cen'estqu'unrecueil,assezmaladroitement compil,deprcieuxfragments,dbrisparsd'unelittratureplusoumoinsancienne, que le malheur des temps avait sans doute disperss, et qu'une main plus moderne a pris soinderassembler.OnyrencontredesversempruntsauxloisdeManouetau Bhagavad-gt, des citations et des extraits peut-tre des Pournas; mais rien n'y rvle le nom du compilateur. Unesimpleconjecturenesauraitremplacerlavritquej'ignore:seulementjeferai remarquer comme une chose bien singulire, que parmi les cinq cents auteurs qui ornaient lacourdeSrBhodja,ilyenavaitunquiportaitlenomdeHarivansa,demmeque, parmilesneufperlesduroiVicrainditya,ilsetrouvaitunpotenommGhatacarpara. 2 Ces deux mots,' qui sont les titres de deux ouvrages clbres, ne seraient-ils pas devenus les noms d'honneur des deux crivains qui les avaient composs? Le but avou de l'auteur du Harivansa est de raconter l'histoire de la famille de Crichna: il remonte l'origine des choses,indiquelesgnalogiesdesdiversesracesroyales,etarrivejusqu'sonhros, regardcommeunavataredudieuVichnou.Cependantilselivreetlquelques digressionssurlamythologie,laphilosophiereligieuseetlacosmogoniedesIndiens. L'extension que prendra de jour en jour l'tude de la langue sanscrite, rendra ncessaire la connaissancedetouteslesfictionsqu'aenfantesl'imaginationexaltedespotesde l'Inde,habilespersonnifierlanatureentireetprodiguantlavietouslestressoit matriels,soitmtaphysiques.LeHarivansainitierasonlecteurunepartiedecette histoirefabuleuse,sourcedecomparaisonscontinuellesetd'allusionsintarissables;mais surtoutilluiprsenteralescommencementsdecettehistoirepolitiquequejevoudrais voirassisesurquelquefondementunpeusolide.Lemalheurestqu'illaluimontrera environne d'ornements potiques qui dparent toujours et dnaturent la vrit. Mais que lamaind'unecritiqueimpartialearrachetouscesvoilesmensongers,quelaraison expliquecesfablesfrivoles,etjecroisqu'ilresteraausavantdesmatriauxhistoriques dontlavaleurl'tonnera.Pourleprouver,jersumeraiicienpeudemotslesfaits principaux consigns dans le Harivansa. Cetouvrageneparlepointdudlugetelquenousl'entendons,maisbiend'undluge imaginaire qui arrive la fin de chaque ge, de mme que la saison des pluies arrive la fin de chaque anne. La monarchie indienne, une fois fondee, se divise, des son origine, en deux branches collatrales distingues par les noms de race solaire et de race lunaire, dontl'une,s'tendantversl'est,tablitsacapitaleOude,etl'autre,s'arrtantl'ouest, fixe la sienne vis--vis d'Allahabad. Cependant, avant ces deux familles royales, une autre dynastie avait exist; mais je doute que le sige de son empire ait t dans l'Inde mme, et le nom de Tchkchoucha, donn l'un de ses chefs, semble indiquer qu'elle rgnait sur les bords de l'Oxus (Tchakchous). Sousl'influencedeprincesnationaux, l'Inde sepeupleetsorganise; destatsse forment de tous les cts, et la civilisation s'tend dans la presqu'le. Les rois ont lutter contre la natureetcontrelesbarbaresdesmontagnes,contrelesinondationsduGangeetles invasions des peuples occidentaux. Une puissance, mule de la puissance royale, grandit dans l'intrieur des tats, les prtres commandentetlesprincessontexils.Lesecondroidelaracesolairemanqued'tre frustr du trne qui l'attendait: un de ses successeurs, menac de voir son fils occuper sa place, ne sauve sa couronne que par le schisme, et se jette entre les bras d'un guerrier qui osesefaireprtre.PlustardunBrahmanenesecontentepasdel'armede l'excommunication:ilprendlui-mmelahachemeurtrire,et,terribleexterminateurdes Kchatriyas, il ddaigne de rgner et donne la terre qu'il a conquise. Cetvnements'taitaccomplisurlesctesoccidentalesdelapresqu'le.Peudetemps aprs, un roi, partant de la ville d'Oude, descendait dans cette mme presqu'le, en suivait la cte orientale, et allait jusque dans l'le de Ceylan punir le ravisseur de sa royale pouse. Leprivilgedelasuzerainetnesembleavoirttablienfaveurd'aucunefamille princire. La victoire, incertaine et changeante, dcidait tour tour entre tous ces rivaux la questiondeprminence;levainqueur,aprsavoirtriomphdesesvoisins,prenait orgueilleusement le titre prcaire de matre du monde, et prtendait avoir soumis les septdwpas ou continents. Ds le commencement, la famille des Ydavas, issue de la race lunaire, tait alle chercher untablissementdanslenorddelapresqu'le:peupeuelleavaitprisungrand accroissement,diviseenplusieursbranchesqu'unissaienttoujourstroitementlesliens 3 d'une ancienne parent. Une de ces branches stait fixe plus tard sur les bords du Jumna etavaitpourcapitalelavilledeMatra:c'estlquenaquitCrichna.Al'poquedesa naissance,letrnetaitoccupparunprinceambitieuxqui,aprsavoirrenversson propre pre, se soutenait au dedans par la terreur, et au dehors par l'alliance puissante du roideBahar,dontiltaitlegendre.Crichna,levparmilesbergers,ouvritsabrillante carrireparlamortdutyran,renditletrnesonpre,semitlattedesYdavas,et livraauroideBaharetsesconfdrsdix-huitbatailles,dontilsortittoujours vainqueur.Maislavictoireavaitaffaiblisesforces;etquandunroidel'occident,appel par ses ennemis, vint pour l'attaquer, il fut oblig d'abandonner Matra et de se rfugier au fonddugolfedeCutch,oilfondaunevillequelquetempsflorissante,quelamera maintenant engloutie. Cependant son puissant ennemi s'tait mis sa poursuite: Crichna le laissa s'engager dans les dfils du Bindh, o les montagnards l'exterminrent. Quelquetempsaprs,uneguerreviolentes'levaentreleshritiersdutrnedeDehli. Crichnapritpartcettequerelle,etassuralavictoireYoudhichthira.Hroschriet vnrdesescompagnonsd'armes,ilfutdanslasuitechoisiparunesectededvots contemplatifs pour l'objet divin de leurs mditations asctiques, et sa vie de guerrier a t dnature par les pastiches bizarres de la mysticit. TelssontlestraitslesplussaillantsquenousprsenteenabrgleHarivansa,etque d'autreslivresracontentpluslonguement.Onnesauraitdisconvenirquecenesoientl leslmentsd'unehistoiresrieuseetvritable.Jenecroismmepasqu'aucunenation puisse se vanter d'en avoir une plus ancienne, puisque les vnements consigns dans le Harivansasontpresquetousantrieurs l'poqued'Youdhichthira,que diverscalculset documents,insrsendiffrentsendroitsdesRecherchesasiatiques,nouspermettentde placer hardiment 1000 1200 ans avant J. C. Mme au milieu des fables qui obscurcissent souvent ces antiques rcits, il y a dans la narration un tel ton de candeur, dans l'exposition desgnalogiesunetelleprcisiondedtails,qu'ilestbiendifficiledesersoudre fermerentirementcettemineprcieuse,etrejeterunmtalaussiriche,parcequ'ilse trouve ml un alliage potique qui souvent en diminue le prix. Je sais bien qu'il existera toujours contre cette histoire un motif de dfiance, parce qu'elle nepossdeaucunegarantiedesavracitfournieparnoscrivainsd'Occident.Etrange conditiondel'Inde!toutindiquequ'elleatriche,etparconsquentcivilisedebonne heure. De temps immmorial, les sages, les marchands et les conqurants ont dirig leurs pasverscettecontrequiremuaittantdepassionsdiverses:ilsenontrapport,lesuns des systmes de philosophie, les autres de riches trsors, et les derniers quelques lauriers achets chrement. Aucun d'eux n'a daign nous transmettre des dtails authentiques sur un pays dont ils convoitaient la sagesse ou l'opulence.Seulementprsdetroiscentsansavantnotrere,Mgasthne,envoydansl'Indepar Sleucus,avaitcomposunouvragequ'ArrienetDiodoredeSicile1ontvidemment consulttousdeux,maisdontilsn'ontputirerquedefaiblesrenseignements,carilsne nousontapprisquepeudechose.Cependantexaminonscesdocumentsvagueset imparfaitsquenousleurdevons.Mgasthnerapportequejusqu'Sandracotus,les Indienscomptaientcentcinquante-troisrois,etsedonnaientuneantiquitdesixmille quarante-deuxans.Lesvoilenpartie,cestablesgnalogiquesdontonadparler l'ambassadeurgrec:ellesdonnentundmentiformelsesassertions.D'abord Mgasthne semble croire qu'il n'a exist qu'une seule monarchie indienne, quand il est de fait que deux dynasties principales, avec quelques-unes de leurs branches, se partageaient cettevastecontre,etqu'aucunedecesmaisonsroyalesn'exerajamaisuneconstante domination.LeslistesduHarivansa,quimritentdiscussion2[,nesontpastoutfait 4 exactes: il y a interpolation dans celle des princes de la dynastie solaire, que l'auteur porte au nombre de soixante et dix-neuf jusqu'au temps d'Youdhichthira, ou soustraction dans celle desroisde la racelunaire,dontilnecomptepasplusdequarantejusqu'lamme poque.Maismmeenprenantlechiffresoixanteetdix-neuf,etyajoutantquinze gnrationsquiontpuprcderl'tablissementdelamonarchie,ettrente-cinqroisde Magadha(Bahar)quirgnrentaprsYoudhichthirajusqu'Sandracotus,onn'arrivera pasautotal,centcinquante-trois.Silenombredesprincesesttropfort,ilyaaussi exagrationvidentedanslecalculdesannesd'existencequel'auteurgrecprtela nation indienne. Maistrompsurcepoint,Mgasthneadu moinsrvlArrienetDiodoredeSicile une circonstance qui est vraie, et que le Harivansa nous apprend presque dans les mmes termes que ces deux historiens. Ceux-ci disent que le fondateur de la monarchie indienne, qu'ilsappellentHercule,eutplusieursfilset uneseulefille;qu'ilpartageasestatsentre ses enfants et voulut que sa fille et dans son hritage une part gale celle de ses fils. Le HarivansarapportegalementqueleManouVvaswataeutneuffilsetunefille,etque ses tats furent diviss en dix parts. Ce seul trait me dciderait reconnatre l'Hercule de MgasthnedansVvaswata;maisilyaplus:lepoteindienetl'historiengrec s'accordentplacersademeureordinairedansleDoaboulapresqu'leformeparle JumnaetleGange.Sicesconjecturessontfondes,ledbutdel'histoireindiennese retrouvera en entier dans les historiens grecs. Il me semble mme qu'il est encore possible de remonter plus haut. J'aiditquejenecroyaispasdevoirrapporterl'Indemmel'originedesapremire monarchie:j'aisignalunecontreplusseptentrionalecommeayanttlesiged'un empire d'o serait parti un lgislateur ou un conqurant. Diodore de Sicile vient l'appui de cette opinion, dont j'avais trouv le premier lment dans le Harivansa. Je remarquerai d'abordquelesanciensdonnaientaumotindienuneextensionbienplusgrandeque nous,etqu'ilsappliquaientcenomdespeuplessitusendedel'Indus.Diodorede Sicile nous parle (I,12) d'un Osiris qui va chez les Indiens fonder des Villes, et entre autres celle de Nysa l'ouest de l'Indus, et qui laisse dans ces contres assez de monuments de sa puissancepourfairedouterlapostrits'ilnefutpasIndien.Arrien,quidit positivementquel'HerculeappelIndienfutungrandroidupayssituau-dessusde l'Inde, attribue la fondation de Nysa Bacchus. Le mme Diodore (II,38) nous reprsente Bacchus arrivant de l'Occident, s'tablissant dans un pays de montagnes au nord de l'Inde, etrpandantlesbienfaitsdelacivilisationdanscettecontre,laquelleilenseigne l'agriculture; fondant des villes, runissant les hommes, les formant au respect des dieux etdelajustice,etmritantparsesbienfaitsleshonneursdivins.Enlisantcepassage,je n'ai pu m'empcher d'y reconnatre le portrait que nous trace le Harivansa d'un prince de laracedeTchkchoucha;ceprince,c'estPrithouconsidrcommeuneincarnationdu dieuVichnououd'Iswara:c'estluiqui,rparantlesmauxcaussparsesprdcesseurs, entreprit de dfricher la terre et de civiliser les hommes, abattit les forts, btit des bourgs etdesvilles, favorisalecommerce,etapprit auxmortelschercher leurnourrituredans lesproduitsdeleurschampsoudeleurstroupeaux;monarquefermeetbienfaisant, guerrier et lgislateur. D'un autre ct, si l'on voulait supposer que le Bacchus de Diodore estSwyambhouva,onpourrait,durgnedeceManoujusqu'celuiduManou Vvaswata, compter les quinze gnrations mentionnes par Arrien. Ilrsultedecesdocumentscomparsqueleberceaudelacivilisationindiennedoittre cherch vers le nord-ouest de l'Indus, d'o elle descendit dans les plaines du Gange pour yperfectionnerunjoursesartsetsescroyances.Maisqueltempsest-ilpossiblede rapportercesvnements?Leshistoriensdel'Occident,parcesnomsdeBacchuset 5 d'Hercule,dsignentunepoqueancienne,maisvagueetindtermine;carilsdisent eux-mmesqu'ilnesticiquestionnidel'Herculethbain,nidel'Herculetyrienou gyptien,maisd'unHerculed'origineindienne.QuantBacchus,malgrl'assertion d'Arrien, qui prtend que Nysa fut fonde par des Grecs, je crois que s'il fallait rellement le chercher vers l'occident, on le trouverait encore plutt dans l'gypte que dans la Grce, o le Bacchus thbain na t qu'une ple copie d'Osiris3, surtout quand on pense que bien avant qu'il existt, l'Assyrienne Smiramis stait dj laiss tenter par les richesses et par la puissance de l'lnde, o florissait ds lors la civilisation. (Diod. Sic. II,16.) Mais toutes ces conjecturesnesauraientnousfournirunedate,etlaquestionneserabientablieque quand,lesgnalogiesindiennestantunefoisassisessurunebasecertaine,onpourra remonterdeSandracotusjusqu'cetHerculeetceBacchus,parunesrienon contestabledeprincesauxquelslacritiqueaura,d'aprslesrglesgnralesdes hypothses chronologiques, assign une place convenable dans la suite des ges. J'appelle ce rsultat de tous mesvoeux, et c'est vers ce but que j'ai dirig mes travaux. Je n'aivoulu,danscetexamen,meservirquedeslmentstirsduHarivansa.Sij'avais admisd'autrespreuves,jemeseraistrouvencontradictionavecmoi-mme,puisque j'exprime le dsir de voir les systmes que l'on proposera dsormais, uniquement fonds surdesdocumentsaccessiblestouslesjuges.J'esprequed'autressuivrontmon exemple, et mesure que le nombre des traductions augmentera, le cercle de la discussion pourras'agrandir.Montravail,quines'tendquejusqu'aurgned'Youdhichthira,a besoind'trecomplt,confirmoummecontredit;etc'estlleservicequerendra bienttlasciencelapublicationduBhgavatapournaquenousdevronsauzle infatigable de M. E. Burnouf, savant aussi distingu par la varit et la profondeur de ses connaissances que par la sret de son jugement. Jesuislepremiersentirtoutel'imperfectiondemonoeuvre.Ellea texcutesurun texteformd'aprstroismanuscritspeucorrects,dontdeux,l'unbengalietl'autre dvangari,appartiennentlabibliothqueroyaledeParis,etdontletroisime,donn parM.TodlaSocitasiatiquedeLondres,m'atobligeammentcommuniqu.Mais aucun d'eux n'avait de commentaire, et j'en ai trop souvent prouv le besoin. Des phrases singulirementconcises,desallusionsincomprhensibles,desmotsinconnusm'ontbien des fois arrt, et je ne dois pas me flatter d'avoir toujours vit l'cueil qui se prsentait moi. J'auraicommisdesfautes:maisj'oseesprerquelessavants,quiseulss'enapercevront, voudront bien me les pardonner, apprciant eux-mmes avec loyaut toutes les difficults que j'avais vaincre. J'aidonnuneattentiontouteparticulirel'orthographedesnomspropres:lesystme que j'ai suivi gnralement est de les reproduire leur forme absolue. Cependant j'ai adopt quelques exceptions, par exemple: pour les noms fminins; pour les motsdjconnus,commeBrahm;pourlesnomsmasculinsquiauraientputre confondus avec des noms neutres, comme les mots termins en mn ou vn, etc. Ces nomspropresseronttousrecueillisdansunetablealphabtique.Jen'aipointobservla distinction des slocas, parce qu'il ne m'tait pas permis de publier le texte, et qu'un livre, dj peu attrayant par lui-mme, et paru plus bizarre encore sous cette forme. J'ai cru pouvoir changer quelques titres de lectures, qui taient trop vagues, et en ajouter partout o le texte n'en donnait pas. Enfinj'aitoutfaitpourquecetouvrageneftpasindignedelaSocitquidaignaitle publier,etdumatredistinguquiadirigmestudessanscrites,deM.deChzy, professeur aussi modeste que savant, et qu'une mort funeste a enlev aux lettres et mon 6 amiti, au moment mme o l'impression de ce livre allait commencer. D'autres, par leurs publications,achverontlevastedificepourlequelj'apporteaujourd'huimapierre;ils complterontcettehistoiredel'lndedontjen'aipasdsespr.Ilsrvlerontdeschoses que j'ai ignores. En constatant des synchronismes et des homonymies, ils clairciront des questions obscures et modifieront des ides reues. Mme ils relveront mes erreurs: mais cependantilmeresteral'honneurdeleuravoirouvertlechemin;etencorrigeantmes fautes, ils daigneront se souvenir qu'il y avait quelque mrite moi, priv comme je l'tais desconseilsdemondignematre,loindescommentairesetdesavisdesPandits, entreprendre une oeuvre aussi longue et aussi difficile que la traduction du Harivansa.

1Voyez Diodore de Sicile, I et II, Arrien, De reb. Ind; Strabon, XVI; Pline, VI.2L'examen de ces listes et leur comparaison avec celles que nous prsentent d'autres ouvrages, formeront le sujet de plusieurs mmoires que je me propose de publier. 3Je crois qu'il me serait possible de prouver par le Harivansa mme que Prithou venait du midi plutt que de l'ouest. Voyez encore Diodore de Sicile (I,35), et consultez la xviiie lettre crite d'gypte par M. Champollion. A. LANGLOIS HARIVANSA ou HISTOIRE DE LA FAMILLE DE HARI =========================== TOME PREMIER (HARIPARVAN) 8 PREMIRE LECTURE PREMIRE CRATION. Aum1 ! Adoration Nryana! Aum!Aprsl'hommagerenduNryana,Nara,lepremierdestres,gloiresoitla desseSaraswat!Honneurceluiquichassalestnbresdel'ignorance,auMaharchi2 dontlasciencefutprofondeetl'megnreuse,l'illustrefilsqueSatyavateutdeson unionavecParsara,etqui,enfantparelle aumilieud'unele(dwpa),reutlesurnom deDwpyana!DeseslvressortitleBhrata,pomeincomparable,aussipurque purifiant, dont la lecture dtruit le pch et donne le bonheur, plus efficace que l'aspersion mmedeseauxduPouchcara3.GloireaufilsdeParsara,Vysa,dontlanaissancea rjoui le coeur de Satyavat! Le monde boit avec avidit le nectar potique qui dcoule de sabouche.DonnerauBrahmaneinstruitdanslesVdesetlescrituressacrescent gnissesauxcornesdores,ouentendrelalecturedusaintBhrata,c'estacqurirdes mrites gaux. LeMaharchiVysaestaussil'auteurduHarivansa,quiassureseslecteurslesmmes fruitsternelsqueproduisentici-bascentaswamdhas4etquatrecentmillesacrifices ordinaires1, ou bien ceux que l'on retire du sacrifice royal (rdjasoya)2 par le moyen des crmoniesappelesvdjapyaethastiratha.Cartelssontlesavantagesaccordsaux discours de Vysa, comme aux chants du Maharchi Vlmki3. Pour celui qui tire une copie 1 Exclamationmystrieuseetsymbolique,dontlestroislettresreprsententlatriadeindienne. Bhagavad-gt, lect. XVII, sl. 23. Lois de Manou, lect. II, sl. 76 et suiv. 2 Maharchi signifie grand Richi, cest dire un de ces personnages qui pour leurs actions pieuses sont considrs comme saints. Il y a parmi eux des degrs, dsigns par des noms particuliers suivant la classe laquelle ils appartiennent, comme Bramarchi, Devarchi, Rjarchi, etc. Nous saisissonscette occasionpouravertir notre lecteur que nousnoussommes fait uneloi de reproduire lemot sanscrit, toutes les fois que notre langue ne nous offrait pas dexpression quivalente. 3 LemotPouchcaradsigneengnraluntangconsacr,etenparticulierunlac,quatre millesdAjmre,prsduquelilexisteunepetiteville,nommeaujourdhuiPokur,quiestunlieu clbre de plerinage. 4 Sacrifices dans lesquels un cheval tait pris pour victime: cent sacrifices de ce genre valaient celui qui les avait fait la dignit dIndra. 1Je rends ainsi Y||||, satacratou, dans ce passage obscur. Ce mot est quelquefois une pithte dIndraJecroisquilfauticiledcomposer,ettraduire|||||Y||||parcentsacrifices multipliantquatremille,cest--direquatrecentmille;commeailleursY||'|||7|dixmilliers dannes, ou mille annes multiplies par dix.2Sacrifices offerts par un prince suzerain assist de ses grands feudataires. On y prsentait aux dieux uneliqueur fermente, forme de farine etdeau;ctait lacrmonie du rdjapya. Pour celle de lhastiratha, javoue que jignore en quoi elle consistait: ce mot est compos de |, hasti, lphant, etde|,ratha,char.LeNouveauJournalAsiatique,n54,Juin1832,p.550,dcritunecrmonie, moderne il est vrai, mais peut-tre conserve des anciens temps, et qui pourrait avoir quelque rapport avec lhastiratha. 3VlmkiestlauteurduRmyana.Cepassagesembletablirunediffrenceentrelesgenres decesdeuxcrivains:pourVysa,onemploielemot|| ,vatchas,quidsignepluttlorateuroule 9 duHarivansa,enseconformantd'ailleursauxrglesdelapnitence,ilestadmis savourer les doux parfums des pieds de Hari4, comme l'abeille qui pompe avec dlices les sucs du lotus. Honneur donc celui qu'on appelle le sixime Maharchi, qui ne voit avant lui que le pre commundestres,quifutdoud'unpouvoirmerveilleuxetsansbornes,Dwpyana, fils unique, avatare partiel de Nryana, et dpositaire de la science des Vdes! Dans la fort de Nmicha, Snaca, chef d'une famille sacre, venait d'adorer le premier et le plus puissant des tres, objet de tant d'hommages et d'honneurs, source de justice, celui dont le nom s'exprime par une seule lettre5, ce Brahm visible et invisible, orn de formes apparentesetimperceptibleauxsens,suprme,ancien,infini,auteurdetoutesles cratures, grandes et petites, ce Vichnou, heureux et donnant le bonheur, choisi entre tous, purdetoutesouillure,matredumondeanimetinanim,connusouslesnomsde HrichksaetdeHari.LepieuxMouniadressalaparoleaufilsdeSota,habiledansla science des livres saints. Snaca dit: Fils de Sota, tu nous as racont la grande histoire des fils de Bharata, et des princes leurs allis.TunousasditlesoeuvresvraimentadmirablesdesDvasetdesDnavas,des Gandharvas,desserpents,desRkchasas,commecellesdesDtyas,desSiddhasetdes Gouhyacas.Lesrcitsvarisotunousreprsentaiscesluttesdelapuissanceetde l'injustice, ces gnalogies illustres et renommes, ces hauts faits des anciens; oui, tous ces rcits que nous faisait ta voix harmonieuse, pntraient par notre oreille jusqu' notre me quilesrecevaitcommeunedouceambroisie,etfrmissaitdeplaisir.Nousconnaissons ainsilanaissancedesCourous,maisnoncelledesenfantsdeVrichnietd'Andhaca.Te plairait-il de nous la faire connatre? Le fils de Sota rpondit: C'estaussilademandequefitautrefoisDjanamdjayaaupieuxdiscipledeVysa.Jete rapporterailercitdecedernier,danslequelilremontel'originedelafamilledes Vrichnis.LesageDjanamdjaya,cedescendantdeBharata,venaitd'entendretoute l'histoire de ses anctres: il s'adressa Vsampyana. Djanamdjaya dit: J'aientendulelongrcitquetum'asfaitduMahbhrata,decettehistoireimmenseet varie. Tu m'as cont les exploits d'une foule de hros; j'ai distingu, entre autres, les noms etlesactionsdesenfantsdeVrichnietd'Andhaca,habilesdirigerleschars.Saint Brahmane,tum'asparfoisentretenu,d'unemaniregnraleouparticulire,deleurs hauts faits les plus renomms. Puisque je n'ai plus de plaisir esprer de ces rcits, comme lesVrichnisetlesPndavassontsortisd'unesouchecommune,toiquiconnaisleur origine, qui as vu l'illustration de leur race, pieux pnitent, dis-moi en dtail ce que fut la premiredecesdeuxfamilles.Jevoudraisbienapprendrelesfiliationssuccessivesdes Vrichnis.Racontemoisansrserveleurhistoiretoutentire,enremontantmmejusqu' la premire cration de l'espce humaine. 9 moraliste;pourVlmki,lemot||,gta,quiconvientmieuxaurythmeharmonieuxetcadencdu pote. 4Baiser les pieds dune personne est une marque de respect que le disciple donne son matre, queledvotdonnelimagedesondieu.LIndien,aprssamort,estadmisdansleparadisdela divinit quil a spcialement adore, et sa pit doit y tre rcompense par la faveur de pouvoir baiser les piedsparfums de son dieu. Si jenecraignais dtreaccus de vouloirprtertrop desprit mon auteur, jeverrais dans ce passage une allusion ingnieuse. Le mot '|,pada, signifie pied et fragment devers.CeluiquicopieleHarivansa,doitncessairementgoterladouceurdesversdecepome dont Hari est le hros. 5Voyez la note 2: le son Aum est reprsent par une seule lettre :10 Le fils de Sota dit: Le noble et vertueux Mouni le salua, et, pour rpondre ses voeux, commena son rcit l'origine mme des choses. Vsampyana dit: coute,roi,unehistoiresainteetdivine,dontlavertuestd'effacerlepch,etqui, fcondeenincidentsvaris,amillerapportsavecnoscrituressacres.Quiconqueen garderafidlementlesouvenir,ouvoudraplusieursfoisenentendrelercit,assurera pour jamais sa race la flicit du paradis (swarga). Celuiqui lafoisestetn'estpas,causeindpendante,ternelle,spirituelle,aproduitde lui-mme lamatirepremire (pradhna)et l'esprit(pouroucha),etcegrandtoutquiest enmmetempsswara.Oprince,sachequec'estlBrahm6,dontl'nergiecratriceest infinie;Brahm,auteurdetouslestres,accompagnpartoutdeNryana.Agent spontan7 dans cet univers, de lui sont sorties les diverses classes de cratures; de lui vient cette cration ternelle qui se renouvelle dans le monde. Je vais, comme la science de nos sagesmel'aenseign,teraconter,pourlagloiremmedenospremiersanctres,cette longue histoire dont le rcit assure la fortune, la renomme, la victoire, le bonheur cleste, unelongueexistencetousceuxquimarchentfermementdanslesvoies del'honneuret delasaintet.Ainsi,puisquetousdeuxnoussommesgalementpursetprpars,jete dirai l'oeuvre merveilleuse de la cration, pour arriver ensuite la famille de Vrichni. LedivinSwayambhouvoulantcrerlesdiffrentstres,formad'abordleseaux,dans lesquelles il dposa un germe vivifiant. Les eaux ont t appeles nras, comme tant filles de Nara, qui est le premier mle8. Elles lui servaient de voie (ayana); de l vient qu'il a t appel Nryana. Dans le lit mme des eaux parut un oeuf d'or. L, de lui-mme tait n Brahm:cequil'afaitnommerSwayambhou.Ilyrestaunan,etildoitsonnom d'Hiranyagarbha son sjour dans cette enveloppe d'or. De cet oeuf, bris en deux parties, il fit le ciel et la terre, et dans l'intervalle qui les spare il rpandit l'air. La terre nagea sur les eaux qui l'entourent, et les rgions clestes furent tablies au nombre de dix. Brahm donna naissance au Temps, l'intelligence9, au Dsir, la Colre et la Volupt, et,pourexcuterlacrationdontilavaitfaitletype,ilmitaumondelesPradjpatis, Martchi,Atri,Angiras,Poulastya,Poulaha,CratouetVasichtha.Cesontaussilessept Mnasas10,oulesseptBrahms,quelesancienslivresnousreprsententcommensde Brahm et anims par Nryana. 6Brahm doit tre distingu de Brahma.Le premier est lecrateuragissant, la cause efficiente dumonde:lesecondestlessencedumonde,lasourcedivinedosortentlestresetoils retournent.Lunestensanscritunnommasculin,lautreunnomneutre.BrahmarenfermeBrahm, Vichnou et Siva. 7Jairendudecettemanireuneexpressionbiendifficileentendredanssonacception philosophique.Lahancra est un des cinqgrands lments, mahbhotas, comme il est aussi une des facults de lme humaine. Est-cela conscience de soi-mme ? Est-cela facult dagirpar soi-mme, ou la libert ? Quelquefois on doit le traduire par orgueil. Voyez Bhagavad-gt, lect. XIII, sl. 53 et Lois de Manu, lect. 1, sl. 24. Brahma est ici appel ||, ce qui me semble indiquer la spontanit dumahat, cest--dire du principe intellectuel. Voyez pour ce mot la note spirituelle de M. Haughton dans son dition de Manou, t. I, p. 425. 8Voyez Lois de Manou, lect. I. 9Cest le mot |-||, Manas, que jai traduit par intelligence. 10Le mot mnasa a pour racine manas, lme, et il me semble quil dsigne ici des tres issus de lmeuniverselle,dontlauteurimmdiatestBrahmouNrayana.Cesontpeut-treaussilestypes primordiaux, nexistant que dans la pense du Crateur. Dans les lois de Manou, liv. I, ces Pradjpatis sontfilsdeManou.OnadonnleurnomsauxsepttoilesquiformentlaconstellationduChariot (septem triones).Ce sont en sanscritles Saptarchis, ou sept Richis. Ltude despomes sanscritsma convaincu, et le lecteur pourra aussi le reconnatre, que beaucoup de leurs fables sont astronomiques. 11 EnsuiteilcraRoudra,formd'unsouffledecolre,etleseigneurSanatcoumra,l'an des anctres du monde. O fils de Bharata, les sept Pradjpatis, Roudra, Scanda (son fils) et Sanatcoumra se mirent produire les tres, rpandant partout l'inpuisable11 nergie du Dieu.Desseptpatriarchessortirentseptgrandesfamilles,qui,attachesauxexercices de la pit et fcondes en rejetons, ont pour leur honneur donn au monde les Maharchis et les divers ordres de Dvas. Brahm cra encore ds le commencement les clairs, les nuages chargs de tonnerre, l'arc d'Indra, les saisons et le bruit prcurseur de la foudre. De lui sont venus les trois Vdes, le Rig, l'Yadjour et le Sma, pour l'accomplissement du sacrifice. De sa bouche il produisit les Dvas, les Pitris de sa poitrine, de parties plus ou moins nobles les hommes, les Asouras, les Sdhyas, tous les tres de quelque forme qu'ils soient. Tant que le Crateur, distingu parlenomd'pava,parcequ'ilsejouaitsurleseaux12,futoccupdecettepremire oeuvre, les tres qu'il produisait ne se multipliaient point. Il se partagea lui-mme en deux moitis,dontl'unefutmle,l'autrefemelle:danscettesecondemoitidelui-mme,il forma l'immense varit des tres, embrassant tout de sa grandeur, et pntrant tout ce qui existe dans le ciel et sur la terre13: de cette circonstance est venu le nom de Vichnou. Il cra Virdj:Virdjdonnalejouraupremierhomme(Pouroucha);etcePourouchaestle premierManou.ChaqueManourgnependantunepriodedetempsappele manwantara.Celuiquiprsideausecondmanwantarasurnommpava14.Ainsi Pouroucha Manou fut pre et roi des hommes. Cette cration, issue de Nryana, fut faite sans le concours des sexes. Celuiquiaurabienconnul'histoiredecettepremirecration,obtiendracequ'ilaura dsir, une longue vie, de la gloire, des richesses, de la famille. DEUXIME LECTURE. NAISSANCE DE DAKCHA. Vsampyana dit: Grand prince, quand pava, pre des tres, eut achev sa cration, Pouroucha Manou prit pourpouseSatarop,quin'avaitpointeudemre,maisquitaitnedelavolont pieuse1duCrateur,dansletempsqueleDieu,enveloppanttoutlecieldesagrandeur, 11 Roudra, Scanda ouCrtikya, et mme Sanat-Coumra, sontdes personnages dela sphreindienne, qui nous est peu connue malheureusement, et qui nous donnerait la clef de toutes ces fictions qui, au premier abord, paraissent absurdes. 11Ce passage prsente le verbe || dont la signification est objet de contestation. Il se trouve aussi dans le Bhagavad-gt, lect. X, sl. 42. M. de Schlegel a cru pouvoir y retrouver lide de ce repos que la Gense attribue au Crateur le septime jour de son uvre. M. de Chzy, dans ses remarques sur latraduction de cetingnieuxprofesseur, pense quece mot reprsenteltat immuabledeDieu, dontlacrationnediminuepaslagrandeuretlnergie.Silmtaitpermisdeparleraprscesdeux matres, je dirais que ce mot indique la prsence du Crateur au milieu de son ouvrage: et ces mots de mon texte, || |'| ||, je les rendrais en latin par ceux-ci: magnitudine penetrans commoratur. 12Je dois cette explication un commentaire inespr que ma fourni un de mes manuscrits. 13Voyez note 16 14Cepassagemesembleincomplet.Unmanuscritportemnasaaulieudpava.LeBhagavad-gt dit que quatre Manous sont appels Mnasas, parce quils sortent de lesprit de Dieu, lect. X, sl. 6. 1 Le texte porte ||7|. Jai dabord cru que ce pouvait tre un nom propre. De plus, le Snkhya admetunecrationpremiredestresabstraits,appelebhvasarga.Maisenfinjairegard|| 12 l'animait par sa prsence. Satarop, aprs s'tre livre pendant dix mille ans de pnibles austrits, obtint pour poux ce Pouroucha Manou2, brillant de vertu et de pit. C'est lui qui est connu sous le surnom de Swyambhouva (fils de Swayambhou). Son rgne fut de soixante et onze yougas. CePouroucha,filsdeVirdj,engendraVradeSatarop.Celui-cieutdeCmy, Priyavrata et Outtnapada3. Onobleguerrier,ilyeutaussiuneCmy4,filleduPradjpatiCardama.Ellepousa Priyavrata, et lui donna quatre fils, Samrdj, Coukchi, Virdj et Prabhou. Le patriarche Atri adopta Outtnapada, qui de la belle Sonrit, fille de Dharma, eut aussi quatreenfants,Dhrouva,Krtimn,youchmnetVasou.LanaissancedeDhrouvafut brillante et clbre par un sacrifice de cheval. Pendant trois mille annes divines, noble fils de Bharata, il s'adonna aux exercices de la pnitence, et se prpara un trsor de gloire etdemrites.Preetmatredelanature,Brahm,satisfaitdesapit,luidonnaune demeurepareillelasienne,demeureinbranlable,enfacedesSaptarchis5.C'esten voyantsagrandeuretsaglorieuselvation,qu'Ousanas,instituteurdesdieuxetdes Asouras, a fait ce sloka:Sambhou,femmedeDhrouva,enfantaSlichtietBhavya.SlichtieutdeSoutchhycinq fils,modlesdepuret:Ripou,Ripoundjaya,Pouchpa6,VricalaetVricatdjas.Ripou pousaVrihat,quiluidonnalebrillantTchkchoucha.Celui-cieutpourfemme Pouchcarin, fille du grand patriarche Vrana, et devint pre d'un Manou. Ce puissant Manou, fils de Bharata, eut de Nadwal, fille du patriarche Vrdja (fils de Virdj)dixfils,nommsOrou,Pourou,Satadyoumna,Tapaswin,Satyavk,Cavi, Agnichtou, Atirtra, Soudyoumna et Abhimanyou. gny(filled'Agni)donnaOrousixfils,resplendissantsdegloire:Anga,Soumanas, Swti, Cratou, Angiras et Gaya. Anga,uniSounth,eutunfilsunique,nommVna.CeVnaparsonimpitexcita contreluiunegrandecolre.(Onleprit:)pourluidonnerunsuccesseur,lesRichis battirent les humeurs de son bras droit7, et il en naquit un prince, qui fut le grand Prithou. Les Mounis, en le voyant, s'crirent:Ainsi parut au monde Prithou, fils de Vna, habile tirerdel'arcetporterl'armureclatante,pareilunfeubrillant,etdesonbras 12 comme un nom commun, qui signifie devoir pieux, rempli par le Crateur occup de son uvre. ||-| || , lect. III, sl. 5, signifie devoir matrimonial. 2 Voyez dans lOupnkhat,t. I, p. 123,la description des diverses mtamorphoses de Satarp (centiformis) fconde par Manou sous toutes ses formes diffrentes. 3 Outtnapda est, dans la sphre indienne, le nom de ltoile de la Petite Ourse. 4 Le texte, ici, ne sexplique pas clairement sur le nom de la femme de Priyavrata, quailleurs on nomme Varhichmat, fille de Viswacarman. Le nom du Pradjpati Cardama signifie limon, terre. 5 Jaidjprvenulelecteurquecesantiqueshistoiresntaientsouventquedesallusions astronomiques. Dhrouva estltoilepolaire; Brahm demeure au mont Mrou, ple des Indiens.Non pasquejecroiequetoutestfictiondanscesancienneslgendes;maisjecroisqueceuxquiont arranglasphreindienne,yontintroduitcesnomsdepatriarches,etquelespotesontensuite confondulhistoireetlafable.VoyezlhistoiredesseptRichisetdeDhrouvadansleCsi-khanda, section du Scanda-pourna. 6 Les manuscrits ne sont pas daccord sur ce mot. Au lieu de Pouchpa, lun porte Vipra et lautre Kchipra. 7 Lelecteurneverrasansdoutedanscecontequuneallgorie.IlpenseraqueVnanayant pointlaissdhritiersdirects,lessagesduroyaumechoisirentpourluisuccderunprincedune branchecollatrale.LhistoiredeceprinceetdanslePadma-pournaraconteendtail,mais diffremment. 13 protgeant la terre, vache nourricire du genre humain8. Ce roi fut l'an des Kchatriyas, le premierdeceuxquebaptisel'eauduRdjasoya.Ograndprince,cefutluiqui,pour l'avantagedeshommes,suttrairelavache(mystrieuse)aveclesdieux,lesRichis,les Pitris,lesDnavas, lesGandharvas,lesApsars,lesserpents,lessaints,lesplantesetles montagnes.Lelaitquedonnelaterrefutrecueillidansdesvases9diffrentssuivantla naturediffrentedestres,etleprincele leurprsenta,pourqu'ilspussentsoutenirleur existence.Prithoueutdeuxfils,quifurentvertueux,etjouirentdupouvoirdeserendre invisibles (antardhiplin). L'un des deux, Antardhna, eut de Sikhandin un fils nomm Havirdhna. Drichan,filled'AgnietfemmedeHavirdhna,devintmredesixenfants, Prtchnavarhis, Soucla, Gaya, Crichna, Vradja et Adjina. Le fils an de Havirdhna fut un grand Pradjpati, un saint qui favorisa la propagation de l'espcehumaine.ODjanamdjaya,quandilmarchaitsurlaterre,lespointesdecousa taientcourbesversl'orient;delsonnomdePrtchnavarhis10.Ilpousaunefillede l'Ocan (Smoudra), nomme Savarn, qu'il mrita par l'preuve d'une longue pnitence. Celle-cieutdeluidixenfants,appelsPratchtas,toushabilestirerdel'arc,tous scrupuleux observateurs de la loi divine et fidles leurs devoirs. Pendant dix mille ans, ils se livrrent aux plus rigoureux exercices de la pnitence au milieu des flots de l'Ocan. Cependantlaterre,sansprotectionetsansdfense,secouvraitd'arbres,etleshommes dprissaient; tel fut l'tat du monde sous le rgne du Manou Tchkchoucha. Les vents ne pouvaient plus souffler, le ciel tait cach par l'ombre des arbres. Pendant dix mille ans, le genre humain se trouva rduit l'impuissance la plus complte. A cette nouvelle qui vint lessurprendreaumilieudeleurspieusesoccupations,touslesPratchtasirrits soufflrent de leurs bouches le vent et le feu. Le vent dracinait les arbres, les desschait, et le feu les consumait. Cette destruction prenait un cours effrayant, quand Soma, apprenant cesdsastres,voulutsauverlerestedesarbres.Ilvintetditcespatriarches:Modrez votrecolre,princesfilsdePrtchnavarhis.Apaisezleventetlefeu.Cesarbresvous donnerontunefemme,vritablemiracledebeaut.Remplie,dsleseindesamre,de mon influence divine, elle enfantera pour le monde la science et la vrit. Le nom de cette filledesboisestMrich11.Quecetteillustreviergesoitvotrepouse:elleestdestine propager la race de Soma. Par la vertu de votre influence et de la mienne, agissant chacune galement,elleaurapourfilsunPradjpati,nommDakcha.Celui-ciapparatracomme uneflammebrillante,etcetteterrequevousavezconsumedevosfeux,illacouvrira d'habitants.SoumisauxconseilsdeSoma,lesPratchtaspargnrentlesarbres,et, suivant les rites sacrs, prirent pour pouse Mrich. Son sein fut fcond par leur esprit12, 8 Le mot |, g, signifie vache et terre; et les potes nont pas manqu de btir plus dune fable surladoublesignificationdecemot.PourcequiestdelhistoiredePrithou,onditquilpousa Lakchmi, qui est en mme temps la Terre. Celle-ci ayant refus ses secours aux hommes, fut battue et blesse par son mari. Elle prit alors la forme dune vache, et se rendit au mont Mrou pour sy plaindre auxdieux,quinevoulurentpointlentendre.AinsireplacesouslapuissancedePrithou,ellefut obligedesesoumettrelui,etsesdescendantsquiladchirentavectoutessortesdinstruments. Du nom de Prithou, elle et appele Prithiv ou Pritw. Voyez lect. IV, V et VI. 9 LOupnkhat, t. I, p. 207, donne la dfinition de ce mot vase. 10 Lecousaestuneespcedegazonsacr(poacynosuroides);lemotvarhisalamme signification.Jesupposequeceprinceavaittournsespensesetportsadominationverslest.Il semblequesonempirepouvaitstendrejusqulOcan,dontiletditquilpousalafille.Ilest possibleaussiquecenesoitquunpersonnageduzodiaqueindien,reprsentsurunejonchede cousas, dont la pointe est tourne vers lest. Dans les Lois de Manou, il est indiqu quau moment de la prire, on est assis sur un paquet de cousas dont les pointes sont tournes vers lorient.11 Ailleurs, il est dit que Mrich tait fille du Mouni Kandou. 12 Il est impossible de ne pas regarder comme allgorique le rcit qui donne dix poux Mrich. Le texteporte quelle dut son fruit au manasdes Pratchtas,comme Dakcha futprepar son manas 14 et des dix Pratchtas, fils de Bharata, naquit l'illustre Dakcha, issu d'un avatare partiel de Soma. DakchadonnanaissancedesfilsquiaugmentrentlaracedeSoma,tresanimset inanims,bipdesetquadrupdes.Parlapuissancedesonesprit,ilcrauncertain nombre de filles, dont dix furent donnes Dharma, treize Casyapa, et les autres au roi Soma:cesontcelles-ciquel'onnommeNakchatras(constellations).CesfillesdeDakcha sontdevenuesmresdesdieux,desoiseaux,desvaches,desserpents,desDtyas,des Dnavas, des Gandharvas, des Apsars, et de beaucoup d'autres tres. O roi, depuis cette poque, les familles diverses durent la vie au mlange des deux sexes: lanaissancedespremierstresfutlersultatd'unevolontcratrice(sancalpa)13,d'une force intuitive (darsana), ou du toucher (sparsa). Djanamdjaya dit: Onm'adjparld'unenaissanceplusanciennedesDvas,desDnavas,des Gandharvas,desserpents,desRkchasas,et dugrandDakcha lui-mme.OsaintMouni, celui-ci,m'a-t-ondit,taitndupoucedroitdeBrahm,etsafemmedupoucegauche. Commentdonccepieuxpersonnagedevint-illefilsdesPratchtas?C'estpourmoiune chose obscure que je te prie de m'expliquer. Issu d'une fille de Soma, comment fut-il aussi son beau-pre? Vsampyana reprend: O prince, il y a dans les tres une succession continuelle de naissance et de mort: c'est une vritqueconnaissentlesRichisetlessavants.Danschaquegeexistenttouscesroiset saintspersonnages,telsqueDakchaetlesautres:ilsyreviennenthabiterunnouveau corps.L'hommeinstruitnedoutepointdecefait.Ilsn'ensontniplusjeunes,niplus vieux, et croissent cependant en pnitence, en grandeur, en mrites. Roi de la terre, quiconque connatra cette cration d'tres anims et inanims produits par Dakcha,obtiendraunefamillenombreuse,et,aprscettevie,unlongsjourdansle Swarga. TROISIME LECTURE. CRATION DE DAKCHA; NAISSANCE DES VENTS. Djanamdjaya dit: O Vsampyana, raconte-moi, je te prie, en dtail la naissance des Dvas et des Dnavas, des Gandharvas, des Rkchasas. Vsampyana dit: Swayambhou1d'abordcommandantDakcha:Omatredelaterre,coutecommentce patriarche s'acquitta de cette fonction. Par lapuissance de son esprit, il produisit d'abord les Richis, les Dvas et les Asouras2, les hommes, les Rkchasas3, les Yakchas, les Bhotas4, 14 (mente sua), ainsi quil sera dit plus bas. Selon moi, Dakcha nest quun savant astronome, inventant un systme du monde, divisant la sphre cleste, donnant des noms aux constellations, et regard par les potes, toujours menteurs, comme le pre de tous ces tres fabuleux que son imagination avait crs. 13 Voyez dans lOupnkhat, t. I, p. 67, la dfinition de cette facult appele sancalpa. 1 Swayambhou,commenouslavonsvudanslapremirelecture,estlenomduCrateur,n spontanment. 2 Les Devas ou dieux portent aussi le nom de Souras: leurs ennemis se nomment par opposition Asouras. 3 LesRkchasassontdemauvaisgnies,ennemisdesdieux,aveclesquelsilssontenguerre continuelle. Ils viennent troubler et souiller leurs sacrifices. Ils prennent toutes les formes, et lon croit surtoutquesouscelledoiseauxilssetiennentquelquedistancedeceuxquisacrifient:pourles apaiser,onleurjettealorsleurportionderiz.LesRkchasassontencore,commelesYakchas,une classe de divinits infrieures, qui accompagnent le dieu Couvra. 15 lesPistchas5,lesoiseaux,lesquadrupdes,lesserpents.Cestresissusdesapensene prenaientaucundveloppement:alorslepieuxPradjpati6,rflchissantaumoyende produireaudehorscescraturesdiverses,sesoumitaudevoirmatrimonial,etpritpour pouseAsikn,filleduPradjpatiVrana,nobleetsaintepnitente,quiestdevenuele soutiendumonde.D'Asikn,filledeVrana,legrandpatriarcheDakchaeutcinqmille enfants. Nrada7,ceDvarchiaudouxlangage,vitcetteillustreracepossdedudsirde s'tendreetdesedvelopper:ilosaleurdonnerunconseilquicausaleurmort,etqui devait lui attirer lui-mme l'imprcation de Dakcha8. Le Mouni Casyapa, craignant pour Nrada la colre de ce patriarche, s'entremitpour que l'imprudent conseiller devnt dans une seconde naissance fils de Brahm et d'une fille de Dakcha. Nrada tait dj une fois n de Brahm: le Dvarchi Dakcha, poux d'Asikn, fille de Vrana, fut l'aeul de cet illustre Mouni, ainsi rgnr. On avait dit Dakcha:LepuissantDakchademandait lamort ducoupable:ilseprsentadevantlesMaharchis, mais se laissa flchir par Brahm, qui il fit cette condition:Brahm y consentit, et l'une des filles de Dakcha lui fut donne. De cette union naquit le Richi Nrada, qui chappa de cette manire la maldiction de Dakcha. Djanamdjaya dit: CommentleMaharchiNradafut-ilcausedelamortdesenfantsdecepatriarche?Sage Brahmane, instruis-moi de la vrit. Vsampyana reprit: LesHaryaswas9,enfantsdeDakcha,tmoignaientl'enviedecrotreetdes'tendre.Un jourquecettefamilleforteetcourageusetaitrassemble,Nradaleurdit:Aprsavoir entendu ces mots, les malheureux s'loignrent de tous cts: mais l'air seul ne pouvait les nourrir. Ils succombrent, du moins ils ne sont pas revenus; ils ont t reus dans l'espace comme les fleuves dans la mer. 15 4 LesBhotassontdestresmalinsetimpurs,quitrompentlehommes,etquelquefoisles dvorent. 5 LesPistchassontdestresmchants,desdmonsquitourmententleshommes.Commeles prcdents,onlesdonnepourcompagnonsaudieudesRichesses,Couvera.LesOrientauxpensent quelestrsorscachsauseindelaterreysontgardspardesgniesmchants.Cependantles Yakchas nont pas ce caractre, et ils semblent aimer les hommes. 6 Ce mot de pradjpati signifie pre ou matre des tres. Je le traduis aussi par patriarche. 7 Danslamythologieindienne,quandilyaunemalicefaire,uneindiscrtioncommettre, cest toujours Nrada qui sen trouve charg. 8 Touteslesfoisquuneimprcation(sapa)estlanceparunepersonneirrite,leffetenest certain,serait-ellemmeinjuste.VoyezdoncdansledramedeSacountallamaldictionde Dourvsas.Toutcequepeutfaireundieuprotecteur,ouceluimmequiaprononccette maldiction, cest den luder laccomplissement en changeant le sens des mots. 9 Fr.Hamilton(GenealogiesoftheHindus)pensequelesHaryaswas,commeleursfrresles Sabalswas, furent des ordresde moines,instituspar Dakcha. Il me semble quil estunmoyenplus natureldexpliquercettehistoire.LedevoirpieuxquevoulaientremplirlesHaryaswasntaientpas une obligation religieuse de clibataires dvots, mais lobligation, toute aussi sainte, dhommes appels propager leur espce, et qui se trouvant trop resserrs sur un point, saventurent dans des contres do ils ne reviennent pas. Comme tout ce chapitre est une allgorie astronomique, on pourrait y voir lacrationdecestoilesfixes,dontlenombreestinfini:lemotharisignifiejaune,dor,rayonde lumire,lemotsabalasignifievari,ettousdeuxpeuventsappliquerauxtoilesquelepote considreraitcommedescoursiers(aswa)lancsdanslesplainesdelair.Maisjaimemieuxla premire explication. Au reste, on serait aussi peu fond voir de lhistoire dans tous les dtails de ce chapitre qu en chercher dans les aventures de Clus et de Tellus. 16 Aprs la mort des Haryaswas, Dakcha, fils des Pratchtas, eut encore de la fille de Vrana mille enfants, qui se nommrent Sabalswas. Nrada les engagea se mettre la recherche de leurs frres. Les Sabalswas se dirent tous mutuellement:Attachs cette ide, fermes dans leur rsolution, ils suivirent les traces de leurs ans, et se dispersrent de tous cts: commeleursfrres ilsnesontpasrevenus,etsansdouteilsonttrouvlamortdansdes rgions lointaines. Alors le grand Dakcha, irrit de la mort des Sabalswas, dit Nrada: Meurs maintenant, etvaterenfermerdansleseind'unefemme.C'estainsi,roi,qu'unfrre,encourant tmrairementsurlespasdesonfrre,trouvebienttlamort:lesagesaitvitercette destine. Lepatriarche Dakcha,aprslamortdesesfils,rendit lafilledeVranamre desoixante filles;c'estcequeditlatradition.CesfilleseurentpourpouxlegrandCasyapa,Soma, Dharma, et d'autres Maharchis. Dakcha en donna dix Dharma, treize Casyapa, vingt-sept Soma10, quatre Arichtanmi, deux Vahoupoutra11, deux aussi Angiras, deux au docte Crisswa12. O fils de Courou, voici maintenant des dtails sur quelques-unes d'entre elles.Aroundhat,Vasou,Ym,Lambh,Bhnou,Maroutwat,Sancalp,Mouhortt, SdhyetVisw,cesontllesdixpousesdeDharma.Jevaistedirequelsfurentleurs enfants. LesViswadvas13naquirentdeVisw,lesSdhyas14deSdhy,lesMarouts15de Maroutwat,lesVasousdeVasou,lesBhnousdeBhnou,lesMouhorttasde Mouhortt. Lambh donna le jour Ghocha16, Ym Ngavth17, Aroundhat tous ces 10 Ilestregretterquelasphreindiennenenoussoitpasconnue:jesuispersuadquony trouveraitlexplicationdetoutescesallgories:carcesnombreusespouses,donnesdes patriarches, ne sont, selon moi, que des divisions dune rgion du ciel places sous leur influence. Ainsi onsaitquelesvingt-septpousesdeSomanesontquelesconstellationsquipartageaientlaroute clestedelalune.Somapourraitdoncreprsenterlargiondelcliptiquedontilseraitlergent, commeCasyapaprsiderait une portionde lhmisphre septentrional et Dharma uneportionde lhmisphremridional.EneffetDharma-rdjaestundesnomsdYama,rgentdumidi.Jeprie encore une fois lelecteur deme pardonner mesconjectures, quau reste je ne lui donne quecomme telles,fautederenseignementscertains.Jeveuxseulementappelersonattentionsurcesides. Angiras est une des toiles qui composent la Grande Ourse. 11 Le manuscrit de M. Tod porte Bhrigoupoutra. 12 CrisswaestunMounifameuxparsescritssurlartdramatique:delvientlenomde Crisswin quondonne aux acteurs. Nonpas que lart dramatiquepuisse treconsidrcomme aussi ancien que ce Crisswa: mais des ouvrages modernes sont, chez les Indiens, frquemment attribus desaintspersonnagesdelantiquit,soitquelesauteursaientvouludecettemaniredonnerplus dautorit leurs crits, soit quils aient en effet port le mme nom que ces anciens personnages, avec lesquels ils sont maintenant confondus. 13 LesViswasouViswadevassontaunombrededix,savoirVasou,Satya,Dakcha,Cla,Cma, Dhriti, Courou, Pourourava et Madrava. On les honore dans les srddhas, crmonies funbres o ils reoivent une offrande de beurre. 14 Les Sdhyas sont aussi des divinits, astronomiques selon moi, au nombre de douze,. 15 Voici un exemple de linconsquence des mythologues. Les Marouts,ce sont les vents; et la fin de cette mme lecture, leur naissance est attribue Diti. 16 Ghocha signifie le bruit du tonnerre et le mot lambha veut dire suspendu. Le bruit du tonnerre vient en effet du nuage suspendu dans lair.17 Ngavthisignifielechemindellphant,etcestlenomquelondonnelavoielacte.Le motVrichala,quiestlenomdufilsdeNgavthisignifiechevalousodra,hommedelaquatrime caste. 17 tresdpendantsdelaterre18,etSancalpSancalpa,quiestl'medetout19.Ngavth, fille d'Ym, enfanta Vrichala. O roi, les pouses que le fils des Pratchtas, Dakcha, accorda Soma, sont clbres dans les livres astronomiques et connues sous le nom de Nakchatras20. JetedonneraiquelquesclaircissementssurleshuitfameuxDvas,quis'appellent Vasous, et qui marchent devant la lumire21. On les nomme pa, Dhrouva, Soma, Dhara, Anila, Anala, Pratyocha et Prabhsa. D'panaquitSrama,saintpnitentetMouniirrprochable22;deDhrouva,ledivinCla, qui compte le nombre des vivants23; de Soma, le pieux Vartchas, pre de Vartchaswin; de Dhara,Dravina,saintementoccupd'offrandesetdesacrifices24.Dharaeutencorede ManoharSisira,PrnaetRamana.Sivfutl'poused'Anila:elleeneutdeuxfils, ManodjavaetAvidjntagati.AnaladonnalejourCoumra,quiparutsanaissance environndestigesbrillantesdugazonsara25;qui,surnommSkhaetViskha,est reprsentdansleslivressacrssortantduseindelaflammetincelante;etqui,lev comme un fils par les Critics, est pour cette raison appel Crtikya, surnom qu'il honore aussibienquelesnomsdeScandaetdeSanatcoumra.QuantPratyocha,ileutpour fils, comme on sait, le Richi Dvala, pre de deux enfants clbres par leur patience et leurs austrits.LehuitimeVasou,Prabhsa,pritpourpouseunesoeurdeVrihaspati,qui connaissaitlasciencedivine,etquipurifie parladvotion,traversaitlemondesanss'y attacher:ellesenommaitVarastr.EllefutlamredugrandPradjpatiViswacarman, 18 Ce passage obscur est traduit littralement. '||||'|| , phritivvichayan. Voyez lecture XLVII, note 6. 19 Nous avons vu, dans le chapitre prcdent, la cration attribue au Sancalpa, que peut-tre on personnifie dans cet endroit-ci. 20 Voyez,pourcesNakchatrasouconstellations,lesdtailsquedonnentlesRecherches Asiatiques, tom. III et IX. 21 Quest-cequelesVasous?Javouequcetgard,jenepuisformerquedesconjectures.C sontpeut-trelesgniesquiprsidentauxdivisionsdelhorizonverslorient:carjaitraduit littralement 7||'||| marchant devant la lumire. Cependant, voyez lOupnkhat, t. I, p. 207: il donne une explication diffrente. On compte aussi huit points cardinaux lhorizon. Mais les noms de ces points ne ressemblent pas ceux des Vasous. 22 Je ne suis pas daccord ici avec Fr.Hamilton, qui donne pa une postrit que je ne trouve point dans le texte: Babhrya, fils dpa, est, suivant lui, pre de Srama, Srama de Srnta et Srnta de Mouni. Ces quatre noms sont au nominatif et ne semblent pas indiquer une gnalogie. 23 Cla est ordinairement le dieu du temps. 24 Fr.Hamiltonfaitencoreicidesnomspropresdecequejeregardecommeunepithtede Dravina,houtahavyavaha.IlditqueHoutaestfilsdeDravinaetHavyavahafilsdeHouta:ilcroit, quantauverssuivant,queSisiraestfilsdeHavyavahaetPrnafilsdeSisira.Jenaipuvoirencet endroit une pareille filiation. 25 Le sara est une espce de gazon ou de roseau (saccharum sara). Coumra, Crtikya et Scanda sont des noms du dieu de la guerre, fils de Siva: la naissance de ce dieu est une histoire assez obscne, qui ne peut tre quallgorique.Le germe dun enfant fut jet par Siva dans le feu (anala): il en sortit un garon, qui expos dabord sur une couche de sara, fut ensuite lev par les Critics, constellation de six toiles quicorrespondauxPliades. Lemotsanatcoumra qui accompagnelemot scanda,me sembleiciunautrenomdecedieu.(Voyezcependantlapremirelecture,ocesdeuxmotsse trouventdemmerunis.)PourexpliquerlpithtedeViskha,ledocteWilsonditquecedieufut nourriparlaconstellationViskha:cequinestgurepossible,puisquecetteconstellationestla seizime,quandCriticestletroisime.Neserait-cepasVskha?Sijosais,jexpliqueraiscesdeux pithtesenconsidrantcedieucommeunebranche(skh)slevantsurlefoyer:ramusramis privatus ou ramosus, ignis dorso natus, Y|| |Y|| I|'|7|. 18 inventeur des arts, ouvrier cleste, dont la main industrieuse faonne tous les ornements, et fabrique les chars des Dvas, et dont les mortels intelligents imitent l'heureuse adresse pour l'avantage et l'agrment de leur vie. O fils de Bharata, Sourabhi, sanctifie par sa pnitence et la faveur de Mahdva, pousa Casyapa,quielledonnalesonzeRoudras;savoir,Adjcapd,Ahirvradhna,Pinkin, Hara, Vahouropa, Tryambaca, Apardjita, Vrichcapi, Sambhou, Caparddhin et Rvata26. Voilceuxquel'onappellelesonzeRoudras,matresdestroismondes;maisilexiste encore cent autres Roudras tout-puissants. ApprendsqueCasyapaestlepred'uneinfinitd'enfantsqueleslivresantiquesnous reprsententcommerpanduspartoutelanature,etattachstouslestresanimsou inanims.Voicilesnomsdesesfemmes:Aditi,Diti,Danou,Aricht,Souras,Sourabhi, Vinat,Tmr,Crodhavas,Ir,Cadrou,KhasetMouni.Jevaiste dire,roi,quelle fut leur postrit. PendantlepremierManwantara,ilyavaiteudouzegrandsSourasonlesappelait Touchitas27.QuandilsvirentarriverlergneduManouVvaswata,ilssedirent mutuellement:AinsiparlrentcesDvasdutempsduManouTchkchoucha,etils consentirentrenatredeCasyapa,filsdeMartchi,etd'Aditi,filledeDakcha.Voiciles nomsdesdouzefilsd'Aditi:Sacra,Vichnou,Aryaman,Dhtri,Twachtri,Pochan, Vivaswn,Savitri,Mitra,Varouna,Ansa,etlebrillantBhaga.Etc'estainsiquelesdieux qu'on avait appels Touchitas, sous le rgne de Tchkchoucha, prirent le nom d'dityas28, sous celui de Vvaswata. Lesvingt-septpieusespousesdeSoma,dontnousavonsparlplushaut,eurentdes enfants qui les galrent en clat et en splendeur. Les femmes d'Arichtanmi lui donnrent seize fils. Le sage Vahoupoutra eut quatre filles, appeles les Vidyouts29. Angiras produisit les Ritchas30, si distingues, et honores par les Brahmarchis. Crisswa le Dvarchi fut pre de ces traits anims et vivants, appels Armes des dieux31. Touscesordres deDvas,aunombre detrente-trois32,auboutd'unervolution demille yougas,meurentpourrenatrequandleurdevoirlesrappelle.OroifilsdeCourou,leur 26 Mes diffrents manuscrits ne sont daccord ni sur le nombre ni sur les noms des Roudras: ces onze noms quon vient de lire, quelques uns ajoutent ceux de Caplin et de Sarpa. 27 Wilson en compte trente-six: cest peut-tre une autre manire de diviser lanne indienne qui, tant compose anciennement de 360 jours, contenait trente-six dizaines. 28 ditya est devenu un nom du soleil: et lon voit que cette classe de dieux reprsente les douze moisdelanne.Ilseraitdsirerquelesfonctionsdesautresdivinitsdontnousvenonsdeparler fussent aussi distinctes. 29 Le mot vidyout signifie clair. 30 Ritchas et le pluriel de Ritch ouRik, et mmeRig, lun des trois Vdes contenant des prires, quisonticipersonnifies.CommecependantlesVdespassentpourtrevenusdeBrahm,les Ritchasneseraientencetendroitquedesmantras,desinvocationspieusesparticulirement composes par Angiras. 31 Dans le Rmyana, ces personnages jouent un rle: ces armes sont vivantes, elles ont un corps, ellesparlent et demandentles ordres deRma. Quand ilna plus besoin delles, ellesle saluentavec respectetseretirent.Ellesserventparalyserunennemioulendormir,oubienamnentla tempte,lapluieoulefeu.Ellessontaunombredecent.VoyezaussilapicedOuttaraRma-tcharitra, actes 1, 5 et 6. 32 Letexteportebientrente-troisordresdedieux:||7|>|||Y|| .Cependant,enlisant lOupnkhat,t.I,p.207,ilsemblequecesoitplutttrente-troispersonnes:savoir8Vasous,11 Roudras,12dityas,IndraetPradjpati.M.Haughton,savantaussirecommandableparlabontde son caractre que par ltendue de ses connaissances, a bien voulu attirer mon attention sur ce passage quiserpteplusieursfoisetquioffrediversesvariantes.Tanttonyvoitlpithte||7|,tantt 19 disparition(nirodha)etleurretourressemblentcequenousvoyonsici-baspourle coucheretleleverdusoleil.Telleest,danslasuitedesges,l'actiondecesdieuxqui viennent tour tour revtir des corps. On dit que Casyapa eut de Diti deux fils, Hiranyacasipou et le vaillant Hiranykcha, dont lesdescendantsreurentlenomdeDtyas.(DeDanouileutentreautres)33Vipratchitti, quipousaSinhik34,etdontlescourageuxenfantsontportlenomparticulierde Snhikyas. Cette race fut innombrable, roi: c'est par dix mille, par cent mille qu'on les compte. Hiranyacasipoueutquatrefilsrenomms,Anouhrda,Hrda,levaillantPrahrda35et Samhrda.HrdaeutpourfilsHrada:Hradadonnalejouryou,SivietCla. PrahrdafutpredeVirotchana;Virotchana,deBali;Bali,decentfils,dontl'antait Bna.ParmilesautresondistingueDhritarchtra,Sorya,Tchandramas36Indratpana, Coumbhanbha, Gardabhkcha, Coukchi. Bna, le plus g et le plus vaillant, fut aim du dieuSiva.Ayantautrefoisrencontrlepuissantpouxd'Oum37,illuiavaitdemandle privilge de marcher ses cts. Les fils d'Hiranykcha furent au nombre de cinq, remplis de sagesse et de force: c'taient Djhardjhara, Sacouni, Bhotasantpana, l'invincible Mahnbha et Clanbha. Danoueutcentenfants,tousclbresparleurforce,leursaustritsetleurpuissance:Je n'enciteraiquelesprincipaux,telsque Dwimorddhan38,Sacouni,le grandSancousiras, Sancoucarna,Vivda,Gavechthin,Doundoubhi,Ayomoukha,Sambara,Capila,Vmana (Martchi,Maghavan,Ilwala,Swasrima39),Vikchobana,Ktou,Ktouvrya,Satahrada, Indradjit,Satyadjit,Vadjranbha,l'invincibleMahnbha,Clanbha,catchacraaubras puissant, le vaillant Traca40, Vswnara, Pouloman, Vidrvana, Mahsoura, Swarbhnou, Vrichaparwan,Hounda,grandparmisesfrres,Sokchma,Nitchandra,Ournanbha, Mahgiri,Asiloman,Ksin,Satha,Balaca,Mada,Gaganamorddhan,Coumbhanbha, Pramada,Maya,Coupatha,lerobusteHayagrva,Visripa,Viropkcha,Soupatha,Hara, Ahara,Hiranyacasipou,Sambaraauxcentformesmagiques,Sarabha,Salabha,etle fameuxVipratchitti.TousceshrosfurentfilsdeCasyapaetdeDanou,etappelspar 19 cellede7|,dautresfoislemot||Y|.CederniermotrenforcelexplicationdelOupnkhat. Quantauxpithtes,ilmesemblequellesexprimentlanaissancesuccessivedecesdieuxdansles diffrents ges, mesure que la marche du temps les appelle agir;. Les astronomes en ont, dans leurs calculs,exagrlalongueur:jecroisbienquequelquefoislespotesnentendentparcemotquune rvolution annuelle, et non pas une rvolution de plusieurs sicles. La dure du monde et partage en quatre yougas, Crita, Trta, Dvpara et Cali, qui forment douze mille ans (varcha) Cest l un ge des dieux:millegesdesdieuxfontunjourdeBrahm.Soixanteetonzegesdesdieuxfontun Manwantara:lesManwantarassontaunombredequatorzeetconstituentuncalpa.Voyezlecture VIII. 33 Cesmotssontajoutsautexte:cepassageestdplacetsembleintercal:plusbas,ilest rpt. 34 Sinhik tait fille de Dtya Hrada, et devint la femme dun Dnava. 35 On dit aussi Prahlda. 36 Cest dire le soleil et la lune. Ce passage me rappelle que la Thogonie dHsiode cite parmi les Titans Hyprion et Phb. 37 Cest--dire Siva, dont la femme sappelle Oum ou Prvat. 38 Fr. Hamilton, dans un moment de proccupation, a mis Bimordhan, en confondant la syllabe sanscrite dwi avec le mot latin bis. 39 Fr. Hamilton dit Sasrima. Le manuscrit de M. Tod ne donne pas ces quatre noms, dont les deux derniers sont cits plus bas parmi ceux des fils de Vipratchitti. Martchi est un Saptarchi et Maghavn un nom du dieu Indra.40 Traca est aussi le nom dun ancien roi dgypte.20 cetteraisonDnavas41;tousfurentcourageuxetforts,maisVipratchittitaitlepremier parmieux.Ilseurentuneinfinitdefilsetdepetits-fils,prince,etilestimpossiblede compter le nombre de leurs descendants. PrabhfutfilledeSwarbhnou;Satch,dePouloman;Oupadnav,Hayasiraset Sarmichth, de Vrichaparwan; Poulom et Clac, de Vswnara. L'pouse du fils de Martchi42 lui donna unepostrit nombreuse. De cesaint pnitent et d'ellesortirentsoixantemilleDnavas,dontquatorzecentshabitrentHiranyapoura43. LesfilsdePoulometdeClacfurentdesDnavasdousd'ungrandcourage;ils demeuraientHiranyapoura,etavaientobtenudeBrahmleprivilgeden'trejamais dtruits par les Dvas: ils prirent plus tard sous les coups d'Ardjouna. NahouchafutfilsdePrabh;Djayanta,deSatch44;SarmichthfutmredePourou; Oupadnav, de Douchmanta45. Une famille de Dnavas courageux et intrpides sortit de Vipratchitti et de Sinhic, dont le mariageunitlesdeuxracesdesDtyasetdesDnavas,etproduisittreizeenfants, distingusparlesurnomdeSnhikyas.Voicilesnomsdecesenfants:lesvaillants VyansaetSalya,lerobusteNabha,Vtpin,Namoutchi,Ilwala,Swasrima,Andjica, Naraca,Clanbha,Saramna,Souracalpa46, etRhou,quitaitl'an,Rhou,le flau du soleil et de la lune. Soca et Sounda furent tous deux fils de Hrada47, et Mrtcha, fils de Sounda et de Tdac. IlsaugmentrentlaracedeDanou,ainsiqueleurpropregloire,etleursrejetonsfurent innombrables. Le Dtya Samhrda eut des fils aussi fameux par leur adresse porter l'armure guerrire queparleurspieusesaustrits.Onencomptaittroismillions,habitantManimat:les Dvas ne pouvaient les vaincre; mais Ardjouna finit par les dtruire. L'pousedeCasyapa,nommeTmr,luidonna,dit-on,sixfillesd'unegrandesagesse: Ck,Syn,Bhs,Sougrv,SoutchietGridhr.Ckfutlamredescorbeauxetdes chouettes;Syn,desfaucons;Bhs,desperviers;Gridhr,desvautours;Soutchi,des oiseaux aquatiques; et Sougrv, des chevaux, des nes, des chameaux: telle fut la race de Tmr.Vinateutdeuxfils,ArounaetGarouda,autrementappelSouparna,roides oiseaux et terrible dans ses oeuvres. Sourasenfantamilledragonspuissantsetcourageux,ornsdettesinnombrables,et parcourant les plaines de l'air. Cadroufutmredemilleserpents,fortsetbrillants,fiersdeleursttesnombreuses,et cependant soumis l'empire de Garouda. 41 CemotressembletropceluideDanoi,lesGrecs,pourquelerapprochementnaitpast fait. Voyez Rech. Asiat. t. VIII, p. 362. 42 Ce fils de Martchi, est-ce Casyapa ? Ou bien est-il question dun fils de Danou, cit plus haut ? Je suppose que cest Casyapa. 43 Je cherche mabstenir de tout rapprochement frivole et indiscret. Je crois cependant pouvoir faireremarquermonlecteurquequelqueslivresindiensplacentverslouestlepaysdHiranmaya dontHiranya-pourapourraittrelacapitale,etqueprcismentlouestdelIndeestlacontre appele Irn, ou la Perse. (Tabl. hist. de M. Klaproth, p. 2.) 44 Satch,pousaledieuIndra.Singuliremythologieolesdieuxpousentainsilesfillesde leurs ennemis ! 45 Il y a eu plusieurs princes appels Douchmanta: celui-ci est lpoux de Sacountal. Voyez plus bas, ce sujet, la lecture XXXII. 46 Ainsi dit le manuscrit de M. Tod. Les autres portent trois noms de plus, savoir Sara, Potarana et Vadjranbha, ce qui donne seize noms au lieu de treize. 47 Il a t question plus haut de Hrada et de ses enfants qui ne sont pas les mmes que ceux que lon donne ici. De plus ce Hrada descendait de Diti, et par consquent ses deux fils Soca et Sounda nont pu augmenter la race de Danou. Cest tout au plus ce quil serait permis de dire de Sounda seul, qui avait pous Tdac, fils du Dnava Martchi. 21 Jedirailesnomsdesprincipauxparmicesdragonsetcesserpents48:cesontScha, Vsouki,Takchaca,rvata,Mahpadma,Cambala,Aswatara,lpatra,Sankha, Carcotaca,Dhanandjaya,Mahnila,Mahcarna,Dhritarchtra,Balhaca,Couhara, Pouchpadanchtra,Dourmoukha,Soumoukha,Sankhapla,Capila,Vmana,Nahoucha, Sankharoman, Mani. Leurs fils et leurs petits-fils ont t dtruits par Garouda, servi dans sa colre par les quatorze mille enfants de Crodhavas49, tous arms d'un long bec, et qui ont fait de ces serpents leur sanglante pture. Lesmontagnes50,etsurlaterreetdansleseaux,furentlesenfantsdeDhar51.Sourabhi produisit les vaches et les buffles; Ir, les arbres, les plantes, et les gazons qui couvrent la terre;Khas,lesYakchasetlesRkchasas;Mouni,lesApsars;Aricht,lespieuxet brillants Gandharvas52. TelsfurentlesenfantsdeCasyapa,parmilestressoitvivants,soitinanims:leurrace s'est multiplie l'infini. Le Manou Swrotchicha53 avait cess de rgner, quand cette cration eut lieu: c'tait sous l'empireduManouVvaswata,lesacrifice54deVarounaavaitcommenc.Lapremire cration fut celle de Brahm, quand il jugea qu'il tait temps de procder son sacrifice, et que,souverainaeuldumonde,ilformalui-mmedanssapenseetenfantalessept Brahmarchis. O fils de Bharata, par suite de l'inimiti qui s'tait tablie entre les Dvas et les Dnavas55, Ditivoyaitprirtoussesenfants.ElleseplaignitCasyapa,qui,touchdesadouleur, tcha de la consoler, et lui donna le choix d'une faveur (vara).Le saint patriarche, fils de Martchi,luiaccordaledonqu'elledemandait,etajoutaaussitt:ditladesseau vertueuxpnitent.pouseheureuseetsainte,danslesembrassementsdeCasyapa,elle conutunfils.Aprsavoirdposdanssonseinungermefcond,d'odevaitsortirun ordrededieuxfortsetpuissantsetquelesautresimmortelsnesauraientdtruire,le Mouniserenditlamontagnepourysuivrelesexercicesdelapnitence.Cependantle vainqueurdePca56vintvisiterDiti;ilvoyaitqueletermedescentautomnesallait expirer.ParmalheurDiti,avantdesemettreaulit,oublial'ablutiondespieds.Indra profitadesonsommeilpourseglisserdanssonsein,armdesafoudre,etycoupason fruit en sept parties. Le foetus, taill par la foudre, gmissait.lui disait de temps en temps 48 OnasupposquesouslenomdeNgas,serpentsfacehumaine,ondsignaitunpeuple sauvage,vivantdanslesboisoupeut-tredanslesmines:dautresontcruquectaitlenomdun nation qui adorait les serpents. Dans le catalogue des provinces du Bhrata-khanda, on en trouve une nomme Nga-khanda, laquelle est arrose par le Sindhou ou Indus. 49 Jai ici un peu forc le sens: tous les manuscrits portent |||| : Jai traduitcomme sily avait |||| . 50 On croyait que les montagnes, dans lorigine, avaient des ailes et slevaient dans les airs. Indra avec sa foudre les leur a coupes. Le texte, au lieu de les montagnes, dit les oiseaux ns de la terre et de leau. 51 Le nom de Dhar nest pas compris plus haut parmi ceux des femmes de Casyapa. Cest un des noms de la Terre.52 Les Apsars sont des bayadres clestes, et les Gandharvas, les musiciens de la cour des dieux. 53 Ce Manou Swrotchicha est le second: Vvaswata est le septime. 54 Quand un dieu remplit ses fonctions, on dit quil sacrifie: car laction par laquelle on sacquitte de son devoir est un sacrifice. Varouna est le rgent de louest: le pote veut-il par ces mots, sacrifice deVarouna,dsignerunepositiondescorpsclestespourdterminerunepoque?Jenesaurais laffirmer. Je crois plutt que Varouna tait aussi un des dityas, on fait ici allusion au mois de lanne auquel il prside. Voyez lecture X. 55 On remarquera que le mot Dnava est ici gnral et comprend lide de Dtya: dans dautres circonstances, ce sera rciproque. 56 Surnom du dieu Indra, vainqueur dun gant de ce nom. 22 Sacra57.CependantleterribleIndra,assurantsavengeance,coupaencoreenseptparties chacun des sept premiers fragments. O fils de Bharata, ce sont l les dieux qu'on a appels Marouts58; ils taient au nombre de quarante-neuf, et Maghavan59, ce mme dieu qui porte lafoudre,leuraccordad'tresescompagnons.Ilsgrandirent,etdevinrentunordrede divinits puissantes et redoutables. C'estainsiquelesdiverspatriarchescontriburentlapropagationdestres,dontles chefs reurent ensuite, en commenant par Prithou, une espce d'investiture royale. Mais le souverain auteur de ces crations, c'est Hari, qui plus tard fut Crichna; c'est Pouroucha, l'homme par excellence (vra), toujours vainqueur, et le premier des patriarches: il est dans la nature le nuage et le soleil: il est invisible, et tout ce monde est une partie de lui-mme. OfilsdeBharata,quiconqueauraconnucettecrationdestres,quiconqueauraluet entendulercitdelanaissancedesvents,nemanqueraderienici-bas,etn'auraaucune crainte pour l'autre monde. QUATRIME LECTURE. HISTOIRE DE PRITHOU: PROMOTION ROYALE. Vsampyana dit: Le matre de la cration leva la royaut terrestre Prithou1, fils de Vna. Il donna ensuite des chefs aux diffrents ordres des tres crs. Soma fut consacr roi des Brahmanes, des plantes,desconstellations,desastres,dessacrificesetdesaustrits.Varounafut souveraindeseaux;Vsravana2,desrois;Vichnou,desdityas;Pvaca,desVasous; Dakcha, des Pradjpatis; Vsava, des Marouts3; Prahrda, le fort et le puissant, des Dtyas etdesDnavas;Nryana,desSdhyas;Vrichabhadhwadja4,desRoudras;Vipratchitti, desDnavas5;Yama,filsdeVivaswn,desPitris6;Siva,armdutrident(sola),des Mtris7,desobservancesreligieuses(vrata)8,desprires(mantra),desvaches,des 57 Autre nom du dieu Indra. 58 Marout (aupluriel Maroutas) est le dieuduvent, appel aussiVyou,Anila, Pavana. Il naquit avec quarante-neuf formes, parce que laire des vents indienne a quarante-neuf divisions. Voil encore undecescontesallgoriquesdontlespotesindiensnesontpasavares.Cespotesaimentaussi donnerdestymologies,quelquefoisassezmauvaises:envoiciunexemple:ilsfontvenirmaroutde m rodh, (||(| ), oubliant que dune syllabe o se troue un long, on ne peut en driver une o se trouve un a bref. 59 Autre nom du dieu Indra. 1 Voyez la deuxime lecture o il a dj t question de Prithou. 2 Vsravana, cest dire le fils de Visravas, est Couvera, le dieu des richesses. Est-ce cause de lopulence qui accompagne ordinairement les rois que le pote les met ici sous linspection de Couvera ? Au reste, il y a dans cette lecture des inexactitudes et des rptitions que nous rvlerons.3 Vsava signifie fils de Vasou: cest ordinairement un des noms dIndra, considr ici comme le matredesvents(marouts),auxquelsondonnecependant,unpeuplusbas,ledieuVyoupour souverain. 4 Vrichabhadwadja est une pithte de Siva, lequel a pour monture un taureau, et pour symbole le mme animal peint sur son drapeau: le nom de Siva revient encore plus bas. 5 Tour lheure on a dit que Prahrda tait le chef des Dtyas et des Dnavas. 6 Les Pitris sont les mnes, les mes des anctres difis, qui, dit-on, habitent la lune. Yama, leur prince, est en gnral le dieu des morts. 7 Une Mtri est considre comme lnergie personnifie dun dieu, ou comme sa femme. On en compte huit: quelques auteurs nen reconnaissent que sept, dautres en admettent jusqu seize. On les 23 Yakchas,desRkchasas,destresterrestres9,desmauvaisgniesdetouteespceetdes Pistchas10; Himavn11, des montagnes; Sgara12, des fleuves; Vyou, fort et vigoureux, des odeurs,desvents,destressanscorps,dousduson,etvivantdansl'ther.Lechefdes GandharvasfutTchitraratha;Scha,celuidesdragons;Vsouki,desserpents;Takchaca, de tous les reptiles; rvata, des lphants; Outchtchhsravas, des chevaux; Garouda, des oiseaux; le tigre (srdola), des quadrupdes des bois (mriga); le taureau, des vaches13; le plakcha14,desarbres;Pardjanya,desmersetdesfleuves,desnuages,delapluieetdes dityas15;Cmadva16,desdiverschoeursd'Apsars,etSamvatsara17,dessaisons,des journes,desdemi-mois,desjourslunaires,despoquesmensuellesappelesparwan18, desminutes,dessecondes,desdeuxportionsdelaroutecleste19,etdel'yoga20 astronomique.Legrandmatredumonde,laeuldelanature,aprscetteconscration royaleetladistributiondecesdiversempires,tablitencore,filsdeBharata,des gardiensparticulierspourchaquergioncleste(dis)21:ildonnalagardedel'orient Soudhanwan,filsdupatriarcheVrdja;celledumidiaugnreuxSankhapada,filsdu patriarche Cardama; celle de l'occident au grand Ktoumn, vnrable fils de Radjas; enfin celledunordaufilsduPradjpatiPardjanya,l'invincibleHiranyaroman.C'esteux qu'estconfielachargedeveillersurcetteterre,couvertedevilles,etdiviseensept continents (dwpa): chacun d'eux est au poste que je viens d'indiquer. Ces princes furent runis pour le sacrifice royal (rdjasoya), o Prithou fut sacr roi des rois, selon le mode indiqu par les Vdes. Quand le brillant Manwantara de Tchkchoucha 23 honorecommelesPitris,enleurprsentantlesrestesdesoffrandes,lafacetourneverslesud.Le Dv-mahtmya les reprsente avec un costume; des chars et des armes. 8 Actesdemortification,commelejene,lacontinence,lapatiencesouffrirlechaudetle froid: en gnral, cest la pratique des devoirs dun tat considr comme religieux. 9 Ce mot pourrait signifier aussi prince '|||. 10 Ce sont les Bhotas dont nous avons parl dans la lecture prcdente, note 4. 11 Le mont Imas ou Emodus. 12 Cest le nom quon donne la mer, en mmoire du roi Sagara. 13 Tout lheure, ctait Siva: cest que Siva peur tre confondu avec le taureau, son symbole. 14 Cest un des noms quon donne au ficus religiosus. 15Les dityas, plus haut, ont pour prince Vichnou. 16 Cmadva est le dieu de lamour. 17 Samvatsara est lanne, ainsi personnifie. 18 Parwanestlenomquelondonnecertainespoquesdumois,commeparexemplela pleinelune,auchangementdelune;c'estencoreparcenomquel'ondsignele6e,le8eetle10e jour de chaque mois, dans lesquels on clbre des ftes appeles aussi parwan. 19 On nomme ayana les deux parties de l'cliptique, l'une au nord, l'autre au midi de l'quateur 20 Unyogaestlavingt-septimepartiedestroiscentsoixantedegrsd'ungrandcerclemesur surl'cliptique,etservantcalculerleslongitudesdusoleiletdelalune.Chaqueyogaaunnom particulier.Lesastronomesdistinguentencoredecesyogasvingt-huitautresyogasdiffremment nomms, et qui correspondent aux vingt-huit Nakchatras, mais en variant selon le jour de la semaine. (Dictionnaire de Wilson.) 21 Onappelledischacundespointscardinaux,lesquelssontaunombrededix,ycomprisle znithetlenadir.Icilepoten'endsignequequatre.Lesrgentsdeshuitpointssontailleurs diffremment nomms: Couvra est au nord, Indra l'est, Yama au midi, et Varouna l'ouest. Pour les pointsintermdiaires,cesontAgni,Vyou,Nrritaetsna.Danslareprsentationdupiedde Bouddha,quejeregardecommeunzodiaque(TransactionsoftheRoyalasiaticSocietyofGreat Britain,t.III,p.57),jevoisauxquatrecoinsquatrepersonnagesquipourraientbientrelesquatre rgents ici mentionns. 24 futtermin,alorscommenargnersurlaterreleManou,filsdeVivaswn:c'estson histoire, prince, que je te raconterai, si tu as le dsir de l'entendre. Mais j'ai cru devoir te parler decettesolennelle inauguration desrois,queclbrentlesPournas,inauguration sainte et glorieuse, dont le rcit procure le bonheur, une longue vie et la possession du ciel. Djanamdjaya dit: Vsampyana,donne-moiquelquesdtailsauparavantsurlanaissancedePrithou:dis-moicommentlaterredevintunevachenourricirepourceprincemagnanime,pourles Pitris,lesDvasetlesRichis,pourlesDtyas,lesserpents,lesYakchas,lesarbres,les montagnes,lesPistchas,lesGandharvas,lesBrahmanes,etmmelesRkchasasqui peuvent avoir de la pit. Explique-moi la diffrence du vase qu'ils emploient, du veau[22 qu'ilssvrent,dulaitqu'ilssontappelsboire.Maisavanttout,monvertueuxami, raconte-moicommentautrefoislesMaharchisirritsbattirentleshumeursdubrasde Vna. Vsampyana reprit: Eh bien, je vais te dire la naissance de Prithou, fils de Vna. O Djanamdjaya! purifi par la pnitence, coute ce rcit avec attention et pit. Il ne saurait tre confi l'homme d'une me impure et basse, d'un esprit orgueilleux et impnitent, qui, ngligeant de se prparer, dtruitlui-mmelefruitdesonoeuvre.Jeteraconteraientoutevritunsecretqueles Richisontjadisrvl:c'estunehistoiredontparlentlesVdes,etquidonneleciel,la gloire, de longs jours et du bonheur. Quiconque se fait raconter cette naissance de Prithou, fils de Vna, aprs avoir rendu aux Brahmanes l'hommage qui leur est d, n'aura jamais se repentir de ses oeuvres, ni mme de ses omissions. CINQUIME LECTURE. HISTOIRE DE PRITHOU: SA NAISSANCE. Vsampyana dit: Dans la famille d'Atri, naquit le patriarche Anga, fidle observateur des lois et semblable sonaeul.IleutpourfilsVna,quinemarchapointsursestraces:lamre deVnatait Sounth,filledeMrityou1,autrementappelCla.Ainsiparsamrepetit-filsd'untre nuisible et redoutable, ce prince abandonna les rgles du devoir, et n'eut de got que pour le mal. Il suivit une route qui l'loignait de la vertu, et transgressant les lois des Vdes, il ne se plut que dans l'impit. Du temps de ce patriarche, les mortels ne faisaient point la sainteprire,oul'exclamationpieusequiaccompagneleslibations(vachat)2;lesdieux n'taientpointinvitsdanslessacrificesboirelesoma3.Souspeinedemort,letyran avaitdfendutouteespcedeculteetd'offrande.C'estainsi,filsdeCourou,quece prince, sans honte, sans retenue, usurpait les honneurs divins: les Maharchis, ayant leur tte Casyapa, vinrent lui faire des remontrances. C'est nous, dirent ils, qu'il a t donn deprsiderencoreaucultependantdenombreusesannes:c'estparnousseulsquele sacrifice peut tre efficace. O Vna, n'oublie point les rgles de la justice: ta conduite n'est pas celle des sages. Oui sans doute, tu appartiens la famille d'Atri; mais tu dois te dire toi-mme: mon devoir est de rgner sur mes sujets. Ainsi parlrent les Maharchis. Vna, ignorant et insens, leur rpondit en riant: Quel autre que moi a cr la loi? quel autre a le droit de se faire couter? Quel autre est pareil moi sur la terre pour l'instruction, la force, 22 Leveauestl'trequiparsanaissanceadroitaupremierlaitdelavache.Voyezplusbasla siximelecture,oseraexpliquecetteallgoriedelavache,dontlelaitsertauxdiffrentes cratures, suivant leur rang et leurs mrites. 1 Mrityou ou Cla est la Mort personnifie; il tait fils d'Adharma (l'Impit). 2 C'estlemotquelonprononceenjetantdanslefeudusacrificelebeurrefondu.Dansles sacrifices offerts aux mnes, c'est le mot swadh qui est employ. 3 Du jus de I'asclepias acida on forme un breuvage que l'on offre dans les sacrifices, et dont boit ensuite le sacrificateur. Ce breuvage porte le nom de soma. 25 lapnitence,lavertu?Aveugles,insenssquevoustes,vousnevoyezdoncpasqueje suis au-dessus de tous les tres, au-dessus de toutes les lois? Si je voulais brler la terre, ou l'inonder, ou bien bouleverser la nature, qui pourrait y trouver redire? Voyant qu'ils ne pouvaient clairer l'esprit de Vna ni gurir son orgueil, les Maharchis se mirent en colre. Ce fut alors que malgr sa force l'impie commena trembler. Dans leur sainte indignation, ils le saisissent, et battent les humeurs4 de sa jambe gauche. De la jambe du roi ainsi remue naquit un homme petit, trapu et noir. Tout effray, il se tenait debout, dans la posture du respect5. Atri, qui le voyait trembler, lui dit:C'est lui qui fut le pre de laracedesNichdas6.Maiscommeiltaitnsousl'influencedel'impitdeVna,ses enfantsfurentpcheurs.ODjanamdjaya,sachequed'autrespeupleshabitantle Vindhya7,telsquelesTouchras8etlesToumbouras,barbaressansloietsansreligion, sont ainsi descendus de l'impie Vna. CependantlesMaharchis,toujoursirrits,prirentsonbrasdroitetl'agitrent,commeon agitel'arani9.Pareiluneflammebrillante,Prithouensortit:soncorpsresplendissait commeunfeublouissant.Ilavaitsamainl'arcdivinetretentissantqu'onappelle Adjagava10,sursespaulesdesflchessacres,etautourdesoncorpsunearmure tincelante.Ilvenaitdenatre,etdjtouslesmortels,ivres dejoie,accouraientenfoule auprs de lui. Son pre fut transport dans le sjour des dieux, noble rejeton de Courou: il dut la pit de son gnreux fils d'tre sauv de l'enfer destin aux hommes morts sans enfants11.LemomentdubaptmeroyaldePrithoutaitvenu:detousctsarrivrent auprsdeluilesdieuxdesmers,desfleuvesetdeseaux,chargsdepierresprcieuses 4 Lelecteuradjvuquececonteestuneallgorie,nonpasastronomique,maishistorique. Qu'est-ce que le pied gauche, ou la main droite de Vna ? Ne serait-ce pas une partie de son royaume ?Lectdroit,ensanscrit,estlemidi.Vna,princeorgueilleuxetimpie,veutrgnersansles Brahmanes, qui se vengent de lui en soulevant les diverses contres de son empire, et finissent par lui donnerunsuccesseur.Lemotsanscritquisignifiebattreexprimel'oprationparlaquelleonfaitle beurre.RiendepluscommunchezlesIndiensquecesimagesofigurentetlelaitetlebeurre.La Terreestunevachedonttouslestresboiventlelait.SouslaformedeLakchm,elleestsortie, commeuneespcedebeurre,delamerbaratteparlesdieux.IcilesMaharchisselivrentune opration pareille: c'est un baratternent. 5 Cette posture est appele andjali. Elle consiste se placer devant une personne, la tte un peu incline, et les main rapproches l'une de l'autre avec les paumes en dessus qui forment une espce de creux. Cette posture me semble indique dans le VIII livre de l'Enide: Surgit, et therei spectans orientia solis Lamina, rit cavis undam de flamine palmis Sustulit. 6 Encore une de ces tymologies forces pour rendre compte des mots: c'est une manie chez les potesindiens.UnNichdaestunhommequin'apointdecaste;c'est,parexemple,lefilsd'un Brahmane et d'une Sodr. 7 Le Vindhya ou Bindh est la chane de montagnes qui spare lIndoustan du Dcan. 8 Touchdraveutdirefroid,glace.Ondsignesansdouteparcemotlespeuplessauvagesqui habitent le sommet des montagnes glaces. 9 L'arani est l'instrument avec lequel les Brahmanes allument le feu du sacrifice. On fait avec le bois de sam une pice cubique de cinq pouces de diamtre, ayant une petite ouverture dans la partie suprieure, o l'on introduit in morceau d'aswattha que tirent deux personnes, chacune de son ct: la friction produit du feu. 10 C'est le nom de l'arc de Siva. 11 Le Padma-pourna donne des dtails sur la vie de Vna. On y lit qu'il avait embrass la foi de Djina. Les Richis avaient russi le convertir, et il avait fait pnitence. Aprs avoir abdiqu en faveur desonfilsPrithou,ils'taitretirauparadisdeVichnou.Leshommessansenfantsallaientdansun enfer appel '||| Voyez Wilson, au mot '|>|. 26 pourlesluiprsenter.Brahmlui-mmeaveclesdieux,lesenfants12d'Angiras,tousles tresanimsetinanimss'assemblrentpourassisterausacred'unprincevertueux, environn de gloire et de puissance, et lev au rang suprme pour le bonheur de la terre. Lescrmoniessolennellesfurentaccomplies,suivantleritesacr,pardesavants Brahmanes, et Prithou, fils de Vna, fut reconnu roi des rois. Alorslesmortelsopprimsparsonpreprouvrentsabienveillance;etlesvertusd'un princechrisemblaientaccrotreunepopulationheureusedenatresouslui.Quandil devait aller sur la mer, les flots sarrtaient calmes et tranquilles; les montagnes s'ouvraient pour lui faire un passage. Son drapeau tait partout respect. La terre, d'elle-mme et sans travail, produisait volont des fruits toujours mrs; les vaches donnaient sans cesse leur laitquivoulaitlestraire,etlemielseformaitdanslacoupedulotus.Cefutdansce temps, qu'au moment d'un sacrifice brillant en l'honneur de Brahm, au jour appel stya, naquit de Sot le sage Sota13. Ce fut encore au moment de ce grand sacrifice que vint au mondeledocteMgadha.LesRichisleschargrentdeclbrerleslouangesdePrithou.SotaetMgadharpondirentalorsauxRichis:Ehbien,direntlesRichis,chantezle noblePrithou,pourlesactionsquidoiventledistinguerunjour.Ditescequ'unroidoit tre:amidelavrit,toujoursgal,quitable,pleind'honneur,affable,patient,fort, puissant contre les mchants, instruit dans les lois, reconnaissant, clment, aimable en ses discours,respectable,religieux,savantdanslasciencesacre,doux,calme,agrableet habile terminer les procs. C'est depuis cette poque, Djanamdjaya, que les potes et les chantres savants, nomms Sotas et Mgadhas, ont, dans les runions solennelles, relev par leurs loges la gloire et le bonheur des grands. Ils avaient chant Prithou, et ce prince, pour rcompense, donna14. Les Maharchis dirent aux mortels heureux de le voir:Alors ceux-ci vinrent trouver le fils deVna:Prithou,ainsipressparlesmortelsquil'entourent,tchedecondescendre leurs dsirs. Il prend son arc et ses flches, et violente la Terre. Celle-ci effraye fuit devant lefilsdeVna,etsechangeenvache15.Prithou,l'arclamain,poursuitlafugitivequi, pousse par sa crainte, parcourt tous ces mondes, o rgnent Brahm et les autres dieux16. MaistoujourselleaperoitlefilsdeVna,tenantsonarctendu,etlamenaantdeses flchesaigusetbrillantes:elleaperoitPrithou,puissantparsapit,magnanimeet 12 Nous avons vu, lect. III, que les Ritchas taient filles d'Angiras. Celui-ci eut d'autres enfants; car Vrihaspati,leprcepteurdesdieux,estsonfils.Jefaiscetteremarque,parcequelenom patronymique, employ ici dans le texte, est masculin, quoique Ritchas soit du fminin. 13 OndonnelenomdeSotaetdeMgadhacespotesquiclbraientleslouangesdes princes,cespangyristes,souventimprovisateurs,quelesroisavaientleursolde.Cesbardesou mnestrelsexeraientmmeuneespcedefonction,chantaientlesvertusdeleurpatron,sa gnalogieetlesexploitsdesesanctres;ilsl'accompagnaientl'arme,etparleursaccentsils animaient le courage des soldats. II ne faut pas confondre ces Sotas et ces Mgadhas avec ceux dont parlent les Lois de Manou, lect. X, et qui appartiennent par leur naissance aux classes mles, chargs, lespremiersdeconduirelescharsdescombattantsetdesoignerleschevaux,lesautresdevoyager pour le commerce 14 Le Mgadha est devenu aussi clbre par ses princes que par ses potes. Ces derniers ont port le nom gnral de Mgadha. 15 Le lecteur pourra comparer cette fable avec celle de la vache Io. Dans les Lois de Manou, lect. IX, sl. 44, il est dit que l'histoire de Prithiv, la terre, est une allgorie. 16 Cesmotsdsignentsansdoutelesdiversesrgionsduglobe,d'aprsleurposition gographique; car le monde de Brahm est situ vers le ple. La Terre change en vache me semble indiquer la vie pastorale des anciens. Prithou voulut y ajouter l'agriculture, et il prouva d'abord de la rsistance. Je suppose qu'il fut, dans le commencement, oblig d'employer pour cela la violence. C'est ltourmenter,d'aprslelangagepotique,laterrequ'ildoitprotger,etquibientt,soussatutelle pacifique, deviendra fconde par le bienfait de l'agriculture. 27 redoutable pour les dieux eux-mmes. Ne trouvant aucun protecteur, elle s'approche enfin delui.Elle,quelestroismondesdoiventrvrer,elleestdevantluidansuneattitude respectueuse.Elleluidit:Non,tunevoudraspointtedshonorerparlamortd'une femme...Etcependant,sansmoi,commentpourrais-tufairevivrelesmortels?C'estmoi qui soutiens tous les hommes, de moi dpend la vie du monde. O roi, avec moi mourraient tous les tres. Si tu veux le bien de tes sujets, tu ne dois pas vouloir ma mort. O toi, qui es mon protecteur, daigne couter ma voix. On prpare par la rflexion le succs d'un projet. Rflchisdoncauxmoyensd'assurerlasubsistancedesmortels.Cen'estpasenme dtruisant,roi,quetupeuxremplircedessein.Onaditqu'ilfautrespecterlaviedes femmes:cen'estpointl'gardd'untred'uneconditioninfrieure[17,prince,quetu peuxoublierlesrglesdudevoir.Lesagemonarque,enentendantcesdiscours,sentit flchir son courroux: et lui, que l'amour du devoir animait, il rpondit la Terre. SIXIME LECTURE. HISTOIRE DE PRITHOU: LA TERRE NOURRICE DE TOUS LES TRES. Prithou dit: Celui qui pour lintrt d'une seule personne, de lui-mme ou d'un autre, donne la mort plusieurstresanims,oummeunseul,commetunpch.Maisquandcettemorta pour motif lintrt du grand nombre, alors, ma chre, il n'y a point de faute, il n'y en a pasmmel'apparence.Maissurtout,silamortd'unmchantdoitfairelebonheurdela multitude,c'estdanscettecirconstancequel'homicideestuneactionpieuse.Oui,jete frapperai,Terre,pourlebiendesmortels,siturefusesd'coutermesavis.Jeveuxle bonheur des hommes: c'est en vain que tu dtournes la tte, et que tu t'obstines dsobir mes ordres. J'emploierai le fer contre toi; ce sera pour moi une gloire, et je saurai suffire lanourrituredesmortels.Soumets-toipluttcequejedemande,toiquiconnaisles rglesdudevoir.Fournislasubsistancedetouslestres:cartulepeux.Deviensma fille1; alors je retiendrai cette flche redoutable, prte te percer. La Terre rpondit: O prince, je remplirai toutes tes volonts, je le promets. C'est par la rflexion qu'on prpare le succs d'un projet. Rflchis donc au moyen d'assurer la subsistance des mortels. Vois-tu ce veau2 que je nourris? il faut m'en sparer, et niveler partout le sol terrestre, en sorte que mon lait, sage monarque, s'panche galement de tous cts. Vsampyana continue: 17 OnvoitdansleBhagavad-gt,lect.IXetailleurs,commentleshommessontrcompenss, aprscettevie,suivantleursoeuvres,enmontantouendescendantdansl'chelledestres.Ceux d'une caste infrieure peuvent esprer, aprs avoir rempli les devoirs de leur condition, de passer dans une caste plus releve. L'tat de la femme est 'regard comme une dgradation, ce qu'indique le mot |||-|employ dans ce passage, et qui traduit littralement, signifie un tre qui est entr