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Pour que les Hommes vivent de la Terre durablement - www.avsf.org N° 115 / 1E TRIMESTRE / MARS 2015 Habbanae Le journal des donateurs d´AVSF VIE DES PROJETS Guatemala : Une université « sans mur ». Pérou : Des jeunes entrepreneurs. Haïti : L’entreprenariat agricole progresse. FAVORISER L’INSERTION DES JEUNES Photo: Jean Mas.

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Pour que les Hommes vivent de la Terre durablement - www.avsf.org

n° 115 / 1e TrimesTre / mars 2015

HabbanaeLe journal des donateurs d´AVSF

Vie des ProjeTs Guatemala : Une université « sans mur ».Pérou : Des jeunes entrepreneurs.Haïti : L’entreprenariat agricole progresse.

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1% PLUSRICHES

99% DE LA POPULATION MONDIALE

Lyon : 14 F bis avenue Berthelot, 69007 LyonNogent : 45 bis avenue de la BelleGabrielle 94736 Nogent sur Marne CedexTél. : 01 43 94 72 36E-mail : [email protected] : www.avsf.org

Directeur de Publication :Alexandre Martin.Rédacteur en chef : Gaëtan Delmar.Ont participé à ce numéro :Nina Cloiseau, Gauthier Ricordeau et Sjoerd Wartena.

Maquette et réalisation : Randòmika.http://www.randomika.comImpression : Uniservices DéveloppementZ.I de la Prairie - 91140 Villebon sur Yvette

Commission paritaire :0918 H 86626ISSN 1148 - 4357.CCP 6200 M - Lyon

Imprimé sur papier recyclé.

Au Nord Niger, lorsqu’un éleveur Peulhperd son troupeau, les autres éleveurslui offrent chacun une génisse pleine,enéchange de sa parole de restituer à cha-cun, trois ans plus tard, une génissepleine issue de la même lignée: c’estl’Habbanae ou le prêt de l’amitié.

En mars 2014, Altermondes devenait le premier organe de presse écrite généra-liste édité par une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (Scic), et AVSF décidait de soutenir ce projet en devenant socié-taire. Objectifs :

Diffuser les réflexions et les projets alter-natifs menés avec nos partenaires du Sud, et défendre plus largement les valeurs de solidarité, de citoyenneté, de justice, de tolérance et d’ouverture au monde qui sont les nôtres.

C’est bien parti avec – dès le 18 septembre dernier - la revue trimestrielle Altermondes nouvelle formule disponible en kiosque (une grande première!) et un site internet d’information en ligne.

Selon un rapport d’Oxfam de janvier 2015, les 1% plus riches cumulent autant de richesses que les 99% restants de la po-pulation mondiale. Ainsi, un seul de ces multi-milliardaires pourrait sortir l’Afrique de la crise Ebola. Pour corriger cette tendance, le rapport suggère des pistes analogues aux principes directeurs d’AVSF :

- Mettre un frein à l’évasion fiscale des entreprises et grandes fortunes. - Promouvoir des politiques économiques assurant le traitement équitable des femmes.- Œuvrer à un salaire décent pour l’ensemble des travailleurs.- Investir dans l’accès gratuit aux services publics. - Mettre en place un socle de protection sociale universelle.

Après l’émotion place à la réflexion, afin de bien cibler l’action. L’idéologie à l’ori-gine des attentats de janvier repose sur la haine de celui qui pense différemment. Elle fait sans cesse des victimes dans les pays où nous intervenons, en particulier au Nord Mali ou en Afghanistan. Face à cela il nous faut d’abord réaffirmer notre profond attachement aux libertés fondamentales dont font partie la liberté d’expres-sion ainsi que la liberté de pensée, de conscience et de religion.

Il nous faut ensuite rappeler que les tensions qui traversent nos sociétés se nour-rissent, ici comme là-bas, de profondes inégalités, et de mécanismes sociaux et économiques conduisant à l’exclusion. C’est en opposition à ces injustices, et sur la base de valeurs d’égalité, de solidarité internationale et d’ouverture à l’autre, que s’est construit notre projet associatif depuis ses origines.

Ce numéro porte sur les jeunes ruraux. Alors que le monde s’urbanise massivement, de multiples obstacles se dressent devant les jeunes qui envisagent de gagner leur vie en milieu rural. Pourtant investir dans la jeunesse des zones rurales, c’est miser sur un immense potentiel d’idées novatrices, d’emplois de qualité, de solutions durables et de lien social. Il n’y a pas de meilleur levier pour lutter contre l’exclu-sion. Quelle meilleure riposte aux drames de ce début d’année?

Alexandre Martin, Directeur de Publication

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aCtualitÉsAltermondesnouvelle formule : « nous lire, c’est déjà Agir ! »

les 1% les plus riches détiennent 50% de lA richesse mondiAle

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Guatemala

Au Guatemala, sur les versants de la chaine de montagnes « Los Cuchumatanes » cohabitent depuis 2 500 ans de nombreuses communautés indigènes, Mam, Q’anjob’al et Ixil. Pour ressouder les communautés Ixil, ( 172 000 habi-tants), AVSF a mené un projet éducatif original, centré sur les savoir-faire agricoles traditionnels mayas.

Cérémonie de remise des diplômes.

Les Mayas ont été colonisés par les espagnols en 1 521. Civili-sation riche et féconde, les Mayas ont inventé une écriture sophistiquée, construit des pyramides monumentales, innové en astronomie, avec l’étude des cycles lunaires et les fameux calendriers Mayas, ainsi qu’en techniques agricoles avec la culture du maïs et l’irrigation des champs entre autres.Aujourd’hui cette culture séculaire est menacée par l’unifor-misation culturelle liée à la mondialisation.

Les savoirs comme enjeu communautaire

Les jeunes Ixil ont peu d’espace pour participer à la vie de leurs communautés, car ils sont d’une part victimes de phénomènes d’exclusion par les Anciens, et n’ont d’autre part que peu de perspectives d’avenir car aucun cursus d’étude n’est adapté pour qu’ils puissent vivre dignement sur leur territoire. Beaucoup d’entre eux sont donc candidats à l’exil. Pour leur permettre de retrouver un rôle dans leurs commu-nautés en maintenant les traditions ancestrales Mayas, AVSF et Fundamaya, une ONG locale partenaire, ont eu l’idée de créer une université ixil. Objectif : proposer aux jeunes une formation diplômante de « Technicien en développement rural communautaire » en 3 ans.

2011 : débuts de l’université « sans mur »

Dans cette université pas tout à fait comme les autres, les cours ont lieu à l’extérieur pour mieux comprendre la nature. L’idée directrice est de comprendre une culture indigène, afin de permettre aux jeunes de renouer avec les connaissances

ancestrales des Mayas sur la « Terre Mère », les cycles naturels de la vie et la culture d’aliments sains pour les générations à venir. On leur apprend à connaître leur territoire, gérer les ressources naturelles dans un esprit communautaire et sans privatisation, cultiver le maïs en sauvegardant les semences natives, fertiliser naturellement les sols, associer leurs nom-breuses plantes cultivées… La première promotion a débuté avec 90 étudiants, âgés de 18 à 28 ans. Ils ont pour la plupart arrêté l’école après les classes primaires et veulent reprendre des études pour trouver un travail. 2014 : 13 diplômés qui « font école »

Preuve du succès du projet : le 21 Février 2014 - jour de Nouvel An du calendrier Maya - 13 jeunes soutiennent leur thèse et obtiennent les premiers diplômes de l’université ixil en« Technicien en développement rural ».

Il fait d’ailleurs déjà école puisque 3 autres régions indigènes au moins ont entrepris d’ouvrir leur propre université. L’enjeu est non seulement de résister à l’homogénéisation culturelle de la société guatémaltèque, mais aussi de contrer les opéra-tions de main-mise sur les ressources naturelles des sociétés hydrauliques, minières et pétrolières transnationales, en vio-lation des droits ancestraux des populations locales.

Au-delà de ces diplômes, c’est bien le succès d’un projet de société alternative et de vivre ensemble qui est proposé au peuple ixil.

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Haïti

MER DES CARAÏBES

Dans sa première phase, ce projet a aidé 162 jeunes agro- entrepreneurs à se lancer. Aujourd’hui, une centaine de nouvelles activités se sont créées, et les modalités de formation et d’ac-compagnement s’adaptent pour valoriser et responsabiliser davantage encore ceux qui se lancent.

97 nouvelles initiatives

Celles-ci ont vu le jour dans un large éventail d’activités agricoles. Ainsi, pour ce qui concerne la canne à sucre, 30 nouveaux planteurs se sont lancés, deux moulins ont été construits et deux autres (ceux de notre partenaire local le Mouvement Paysan de Papaye) –rénovés. Un atelier d’ensa-chage du sucre a vu le jour, ouvrant la voie à une commercia-lisation directe du produit. Côté élevage aussi, les choses ont bougé : 20 nouveaux élevages bovins suivis et aidés, avec une nouvelle laiterie à Maïssade, 20 nouveaux poulaillers et une expérience de production locale d’aliment avicole, 5 pisciculteurs et un atelier de fabrication d’aliment piscicole à partir de produits locaux. Il faut aussi mentionner une vingtaine d’entreprises agro-écologiques (bananes, caprins, maraichage) et la construction de deux ateliers de ferronnerie pour la production d’outils agricoles (charrues, pelles, pioches, haches, arrosoirs...)

Des formations revisitées

La formation des jeunes a été revue pour valoriser davantage les efforts des entrepreneurs, en développant le rôle de conseil et

d’écoute des techniciens.Le process d’évaluation des projets a aussi été amélioré, avec un diagnostic des besoins plus poussé pour prévenir les échecs. Et le Mouvement Paysan de Papaye, fort de ses 60 000 membres, est lui aussi allé plus loin: il finance la formation de ses jeunes membres dans les domaines où le manque de compétences se fait sentir. Certains sont ainsi partis à Cuba se former en agronomie ou en soins vétérinaires, et ont intégré l’équipe technique au service des membres du mouvement.

Pour des entrepreneurs-acteurs

Autre innovation importante : un management collaboratif du projet. L’idée est de co-évaluer les initiatives et les appuis techniques reçus avec les entrepreneurs eux-mêmes, pour que ceux-ci puissent faire évoluer - s’ils en ressentent l’utilité - formations et approches techniques, avec une confiance renforcée. Toujours dans l’idée de responsabilisation des entrepreneurs, marges et rémunérations horaires ont été très finement ana-lysées, activité par activité (canne à sucre, élevages caprin, poulaillers, bananeraies, etc…) pour déterminer les besoins de crédits et les capacités de remboursement en fonction du calendrier agricole. Cette analyse permettra de concentrer les remboursements de crédits dans les périodes de forte marge nette, et de les limiter dans les mois creux.

Des évaluations et un accompagnement indispensables dans une phase d’élaboration des « business plans » agricoles, dans un pays –Haïti- ou l’esprit d’entreprenariat reste en devenir.

Culture maraîchère agroécologique.

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l’entreprenariatagriCole progresseEn 2011 naissait un projet d’aide à l’installation des jeunes en Haïti intitulé « Entreprenariat rural dans le plateau central », pour valoriser l’agriculture haïtienne et promouvoir le développement local. En 3 ans, les résultats sont encourageants.

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Pérou

Cette région montagneuse, faute d’opportunités d’intégration économique et sociale, voit migrer ses jeunes vers les régions côtières. Dans ces territoires ruraux, où l’économie se concentre sur l’élevage, le café, le cacao et les plantations d’arbres ; les services de communication et de santé sont peu développés.

Pour essayer de remédier à l’exode des jeunes, AVSF a soutenu un projet qui vise à créer des opportunités d’emplois pour les 18-29 ans.

Un projet qui « fait écoles » !

Pour faciliter l’accès des jeunes - sans moyen de mobilité - aux formations, le projet a mis en place 34 “écoles rurales” contre 4 initialement prévues. Résultat : 575 jeunes ont pu être for-més à la création d’entreprise. Il faut noter que l’engagement des municipalités sollicitées par AVSF dans ce projet a été décisif. D’abord en permettant la participation du plus grand nombre de jeunes et l’implication de leurs familles dans les projets naissants. Mais aussi pour la suite, en leur fournissant un appui financier pour se lancer : embaucher du personnel, acheter du matériel agricole, louer les locaux commerciaux ou acheter les aliments pour les animaux…

Une « pépinière » d’initiatives ...

Une centaine d’activités de vente et de services ont ainsi vu le jour, notamment dans la production et la commercialisation en direct de viande de porcs, volailles, œufs, poissons… Nilia Pena Morello ( village de Cerro Viejo ) en témoigne :

10 boutiques vétérinaires et une coopérative ...

Dans certaines zones reculées, les éleveurs doivent parfois marcher jusqu’à une journée pour se procurer de quoi soigner leurs cheptel. Avec pour conséquence un risque accru de mor-talité animale ou de contagion épidémique. Dans ce contexte, 10 jeunes ont ouvert des boutiques vétérinaires de proximité, et appuient dans le même temps les services de santé pour les campagnes de vaccination.

La création d’activités innovantes par ces jeunes a parfois pris la forme de coopératives de services, destinées à répondre aux besoins des municipalités et aux entreprises locales, dans des domaines - aussi divers que - l’élaboration de plans fo-restiers, la fourniture de porcs reproducteurs, un service de restauration, des campagnes de vaccination… La forme coopé-rative aidera ces jeunes entrepreneurs à pérenniser leurs acti-vités, en leur donnant accès aux aides publiques au titre de la valorisation et du développement de projets économiques.Preuve de succès : une réplique de ce projet d’insertion est déjà à l’étude dans d’autres localités du Nord Pérou.

Ces jeunes entrepreneuses ont créé un élevage de poissons etune pépinière.

« j’ai présenté un projet d’élevage de poissons à un concours et j’ai gagné. du coup j’ai pu acheter 1 250 poissons de diffé-rentes variétés, pour commencer l’élevage dans un lagon. mon objectif est de vendre ma production sur les marchés locaux pour fournir à la population des poissons de qualité, sains et surtout très frais. »

l’entreprenariatagriCole progresse

des jeunes entrepreneursLe département de Piura, au Nord du Pérou, a un fort potentiel de production agricole et d’élevage. Paradoxalement, les jeunes qui représentent 30% de la population, ne trouvent pas de travail sur place. Un projet « pépinière » d’initiatives entrepreneuriales y a été mené par AVSF.

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PLaiDOYer

Dans les pays en développement, des millions de jeunes ruraux arrivent sur le marché de l’emploi chaque année. Ces jeunes sont porteurs de l’énergie et de la créativité dont ces pays ont besoin pour gérer leur transition économique et résoudre les problèmes de sécurité alimentaire, de gestion durable des res-sources naturelles et de création de richesse dans les terroirs.

Mais ces mêmes jeunes ne peuvent pas tous se projeter dans des activités de production agricole. Il faut donc les former à d’autres métiers qui leur offrent un avenir et leur permettent de s’insérer dans la société. Cette insertion socio-économique est un défi de taille qui sous-tend la plupart des projets d’AVSF et de ses partenaires et se traduit par des actions destinées à rendre le métier de paysan plus attractif, et soutenir la création d’emplois -agricoles ou non- par des formations adaptées.

Rendre le métier de paysan plus attractif

En améliorant la viabilité d’agricultures paysannes diversi-fiées, durables et rémunératrices et en formant parallèlement les jeunes aux techniques agricoles et de gestion, le métier de paysan peut devenir plus attractif et réduire l’attrait de migrations hasardeuses.

Parallèlement, il faut aider le monde rural à s’organiser, car les innovations ou les évolutions des circuits commerciaux créent le besoin de nouvelles compétences sur le territoire, qui se traduisent en création d’emplois publics (administrations et associations) ou privés (entrepreneurs et salariés) grâce à de nouveaux débouchés. L’histoire et les résultats de l’Union Fanohana à Madagascar sont exemplaires dans ce registre.Fanohana signifie « ensemble » en malgache. Et en 2009, AVSF a soutenu la création de cette Union par le regroupement de 4 coopératives existantes, pour valoriser les productions de leurs

membres (litchis, vanille, poivre, cannelle, baies roses, gingembre...).

Fonctionnant au départ grâce au seul engagement de ses lea-ders, elle salarie actuellement un directeur issu des membres de la coopérative, une secrétaire comptable et un animateur. Et durant la période de préparation de la vanille, l’Union em-ploie 10 à 20 personnes supplémentaires pendant 3 mois.

Générer la création d’emplois non agricoles

Le développement des territoires accompagné par AVSF permet aussi le développement de nouveaux secteurs d’activité dans le monde rural et de métiers annexes, non liés à l’agriculture, qui dynamisent la vie locale (petit commerce, construction, ateliers de mécanique ...).Toutefois, le manque d’opportunités maintient un certain exode rural vers les villes et les zones d’activités industrielles. Il faut donc aussi permettre aux jeunes ruraux de se former à d’autres métiers, pour ne pas être cantonnés en bas de l’échelle, dans des emplois de base mal rémunérés, ou pire- condamnés à l’inactivité.

En Equateur, le projet « tourisme rural » d’AVSF a accompagné des communautés dans le développement de séjours touris-tiques. Ce soutien s’est accompagné de formations pour les jeunes aux métiers de guide, de restauration, de réception hôte-lière … Et aussi de 300 formations dispensées à plus de 170 personnes dans des activités connexes telles que maçonnerie, mécanique, menuiserie, boulangerie et informatique.

Gauthier Ricordeau, responsable des projets « Jeunes Ruraux »

en 5 ans, fanohana a vu son carnet de commande de litchis multiplié par 10, ce qui fait d’elle le premier fournisseur au Monde de litchis certifiés Bio et Equitable.

les jeunes au Coeur dudÉveloppement rural

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Comment est née Terre de Liens ?

D’une rencontre avec les paysans d’un petit village des pré-Alpes autour de Die (26). Leur façon de vivre et leur connais-sance fine de leur environnement nous ont frappé. Ils étaient le dernier maillon d’une tradition qu’on a voulu prolonger en la faisant évoluer, plutôt que la briser pour suivre les der-nières inventions de l’agro-industrie.

Vous avez donc voulu créer une alternative ?

Oui, leur polyvalence nous a inspiré une agriculture diversifiée, «paysanne» et bio qui restaure l’équilibre ville-campagne et qui favorise une consommation alimentaire de proximité. Le problème majeur étant l’accès à la terre dans un contexte où la PAC (Politique Agricole Commune), qui favorise l’ultra-produc-tivité, rend le foncier inaccessible. D’où les actions concrètes menées par Terre de Liens pour influencer la réflexion poli-tique sur la gestion de la terre agricole.

Comment facilitez-vous l’accès à la terre pour les jeunesagriculteurs ?

Partout dans le monde, l’agriculture paysanne et familiale est en déclin. Les moins de 35 ans ne représentent que 6 % des agriculteurs européens !Il faut trouver de la terre disponible pour permettre à des jeunes de s’installer, et développer des cultures de proximité. Faute de réel écho chez les politiques, nous avons fait appel à la société civile qui - elle - a répondu. Son soutien nous a permis de fonder deux structures de finance solidaire, à partir d’un réseau régional d’associations. La société « La Foncière

Terres de Liens » compte près de 10 000 actionnaires : elle a réuni plus de 41 million d’euros et acheté sa 100ème ferme en 2014. La « Fondation Terre de Liens » quant à elle est reconnue d’utilité publique depuis 2013 ; elle a reçu 5 fermes en donation.

Qu’est-ce qui pourrait changer la donne pour les jeunes?

D’abord, arrêter le soutien massif à l’agro-industrie pour réé-quilibrer les productions en fonction des besoins alimentaires. Ensuite, il faudrait sensibiliser les enfants dès le primaire aux liens entre l’environnement, l’agriculture et l’alimentation.

Chaque école devrait être en contact avec une ferme éduca-tive et chaque département devrait avoir un institut comme« Terres Vivantes » en Isère (Trièves). Enfin il faudrait une législation foncière qui prenne en compte la terre comme un « bien commun » et qui taxe fortement les plus-values spé-culatives.

Pensez-vous que le modèle Terre de liens soit exportable ?

Terre de Liens a fondé un groupe international pour regrouper des initiatives comparables à la sienne dans d’autres pays - 7 pour l’instant. Le groupe est soutenu par un programme Européen Erasmus, et propose un programme d’échange à de potentiels partenaires comme ECVC, Urgenci, IFOAM, Amis de la Terre, etc... En Belgique, Espagne et Italie des initiatives «terredelienesques» fonctionnent déjà et nous avons de très bons contacts aux USA, au Canada, et en Nouvelle Zélande.

Par ailleurs, nous coopérons étroitement avec AGTER qui orga-nise un Forum Mondial sur l’accès à la terre en 2016.

FaCiliter l’aCCès à la terre

Rencontre avec Sjoerd Wartena, qui est le co-fondateur de Terre de Liens.

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Un don de 60€, vous reviendra à 20€ après réduction d’impôtVos dons vous donnent droit à une réduction fiscale: AVSF vous adressera un reçu fiscal vous permettant de déduire de vos impôts jusqu’à 66 % de votre don dans la limite de 20% de votre revenu imposable. AVSF utilisera les fonds collectés pour ses missions prioritaires.

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Dessins de Charb

Nous souhaitons rendre ainsi hommage aux victimes des attentats de janvier, ainsi qu’à celles, nombreuses, dans les pays où nous intervenons. La défense des libertés et droits fondamentaux et la lutte contre les inégalités constituent le moteur même de notre action associative. Ces évènements viennent nous rappeler que l’une comme l’autre nécessitent une mobilisation de tous les instants.

C’est ce que souligne une tribune que nous avons co-rédigée avec nos collègues ONG du Groupe Initiatives, largement diffusée à nos équipes et tous nos partenaires ici et là-bas (retrouvez cet article sur notre site web : http://www.avsf.org)

BullEtin d’aBonnEMEnt Et dE soutiEn

Hommageen 1998, stéphane Charbonnier dit Charb, avait accepté d’illustrer avec ces deux dessins, le n°50 de notre revueHabbanae, un numéro spécial de prospective sur l’avenir du développement rural.

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