guidedes egares

610
  Le guide des égarés : traité de théologie et de philosophie par Möise ben Maimoun dit Maïmonide ([Reprod. en fac-sim.]) [...]  Source gallicalabs.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

description

guidedes egares

Transcript of guidedes egares

  • Le guide des gars :trait de thologie et dephilosophie par Mise

    ben Maimoun ditMamonide ([Reprod. en

    fac-sim.]) [...]

    Source gallicalabs.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

  • Mose Mamonide (1138-1204). Le guide des gars : trait de thologie et de philosophie par Mise ben Maimoun dit Mamonide ([Reprod. en fac-sim.]) publ. pour la premirefois dans l'original arabe et accompagn d'une trad. franaise et de notes critiques littraires et explicatives par S. Munk. 1856-1866.

    1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numriques d'oeuvres tombes dans le domaine public provenant des collections de laBnF.Leur rutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n78-753 du 17 juillet 1978 : *La rutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la lgislation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La rutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par rutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produitslabors ou de fourniture de service.

    Cliquer ici pour accder aux tarifs et la licence

    2/ Les contenus de Gallica sont la proprit de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code gnral de la proprit des personnes publiques.

    3/ Quelques contenus sont soumis un rgime de rutilisation particulier. Il s'agit :

    *des reproductions de documents protgs par un droit d'auteur appartenant un tiers. Ces documents ne peuvent tre rutiliss, sauf dans le cadre de la copie prive, sansl'autorisation pralable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservs dans les bibliothques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signals par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothquemunicipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invit s'informer auprs de ces bibliothques de leurs conditions de rutilisation.

    4/ Gallica constitue une base de donnes, dont la BnF est le producteur, protge au sens des articles L341-1 et suivants du code de la proprit intellectuelle.

    5/ Les prsentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont rgies par la loi franaise. En cas de rutilisation prvue dans un autre pays, il appartient chaque utilisateurde vrifier la conformit de son projet avec le droit de ce pays.

    6/ L'utilisateur s'engage respecter les prsentes conditions d'utilisation ainsi que la lgislation en vigueur, notamment en matire de proprit intellectuelle. En cas de nonrespect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prvue par la loi du 17 juillet 1978.

    7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute dfinition, contacter [email protected].

  • MOSE BEN MAIMOUN

    DALALAT AL HAIRINLE GUIDE DES EGARES

    et trad. p. S. Munk

  • LE

    GUIDE DES GARS

  • LE

    GUIDE DES GARSTRAIT

    DE THOLOGIE ET DE PHILOSOPHIE

    PAR

    MOSE BEN MAIMOUNDIT

    MAIMONIDE

    PUBLI POUR LA PREMIRE FOIS DANS L'ORIGINAL ARABEET ACCOMPAGN D'UNE TRADUCTION FRANAISE ET DE NOTES CRITIQUES

    LITTRAIRES ET EXPLICATIVES

    Par S. UU\KMembre de l'lustitut

    $tome beutime

    Rimpression photomchaniquede l'dition 1856-1866

    OTTO ZELLEROSNABRCK

    1964

  • Herstellung: Anton Hain K. G. Meisenheim/Glan

  • PRFACE

    Des circonstances indpendantesde ma volont ont retard la pu-blication de ce volume, dont d'ailleurs j'ai t distrait quelque tempspar un autre travail galement relatif la philosophie des Arabes,et qui intresse sous plus d'un rapport les lecteurs de Mamo-nide (1).

    Le volume que je publie aujourd'hui renferme la IIe partie duGuide, celle qui a le moins d'actualit et dont l'aride scolastiqueoffre le plus de difficults au traducteur et commentateur, et peud'attrait au lecteur. Elle a pour objet les questions les plus levesde la thologie et de la philosophie; et, si les solutions proposeslaissent peu satisfaits le thologien et le philosophe de nos jours,elles offrent du moins un puissant intrt historique, en nous per-mettant d'embrasserd'un coup d'il les problmes qui pendant plu-sieurs sicles occuprent les esprits suprieurs des trois commu-nions, et les efforts qui furent faits pour concilier ensemble deuxautorits en apparence ennemies, celle des livres saints et celle d'A-ristote. Il fallait, d'un ct ou de l'autre, sacrifier certains prjugset se soustraire aux chanes, soit du dogme mal compris, soit de lathorie philosophique mal assure. Mamonide, thologienration-nel, montre, pour son temps, une tonnante hardiesse comme ex-gte et une indpendancenon moins tonnante comme philosophepripatticien. S'il fait souvent plier les textes bibliques aux exi-

    (1) Mlanges de philosophiejuive et arabe. Un vol. in-8; Paris, 1859.

  • gences de la philosophie du temps, il ne craint pas de secouer le

    joug de cette dernire l o la conciliation lui parat impossible.Mais bornons-nous ici un aperu sommaire de cette IIP partie, enrservant pour les Prolgomnesl'apprciation complte du rle de

    Mamonide et l'expos systmatique de ses doctrines.

    Aprs avoir, dans les derniers chapitres de la Ire partie, fait voir

    toutes les subtilits puriles des Motcallerran et leurs vaines tenta-

    tives pour dmontrer les plus hautes vrits religieuses et philoso-

    phiques, Mamonide a pour but, dans cette ne partie, d'tablir cesmmes vrits sur une base plus solide. L'existence d'un Dieu

    unique non renferme dans les limites de l'espace et du temps,

    celle des tres immatriels par l'intermdiaire desquels il cre et

    conserve ce qu'il a cr, la production du monde par la volont libre

    de Dieu, la rvlation, l'inspiration prophtique, telles sont les ques-tions traites dans cette partie du Guide. Comme introduction, l'au-

    teur donne vingt-cinq propositions dmontrableset une proposition

    hypothtique, servant de prmisses aux pripatticienspour d-

    montrer l'existence, l'unit et l'immatrialit de Dieu. Il expose en-suite les dmonstrations pripatticiennes,et montre qu'elles con-

    servent toute leur force, lors mme que l'on contesterait l'ternit

    du mouvement et du temps admise par les philosophes. L'ide des

    tres intermdiaires entre Dieu et l'univers, ou des Intelligences s-

    pares, est dveloppe selon les doctrines des pripatticiensarabes,

    et l'auteurs'efforce de montrer que ses doctrines sont d'accord avecl'criture-Sainte et la tradition juive, qui dsignentles Intelligencespar le mot malakh (ange). Le nombre des Intelligences correspond celui des sphres clestes, et celles-ci peuvent toutes tre rame-

    nes quatre sphres principales,dont les Intelligencessont repr-

    sentes par les quatre lgions d anges de la tradition juive. Lesquatre lments du monde sublunaire se trouvent sous l'influencede

    ces quatre sphres et de leurs Intelligences qui s'panchent sur ce

    bas monde par l'intermdiaire de l'intellect actif universel, dernire

    des Intelligences spares. La question la plus importante sur la-

    quelle la religion se spare de la philosophie est celle de l'origine

  • du monde. Celui-ci, selon la croyance religieuse, est sorti du nantabsolu par la libre volont de Dieu, et a eu un commencement; se-lon la doctrine pripatticienne, il a toujours exist comme effet n-cessaire d'une cause motrice toujours en acte. Comme opinion inter-mdiaire, l'auteur mentionne celle de Platon, qui admet l'ternitde la matire chaotique, mais non celle du mouvement et du temps.Cette opinion peut, au besoin, s'accorderavec la croyance religieuse;mais, comme elle ne s'appuie sur aucune dmonstration elle peuttre nglige. Les pripatticiens ont allgu pour leur opinion uncertain nombre de preuves dmonstratives mais l'auteur montrequ'Aristote lui mme ne s'est pas fait illusion cet gard, et qu'il neprtend point avoir de dmonstrationrigoureusepour tablir l'ter-nit du monde.Aprsavoirmontrla faiblesse des dmonstrationsquiont t tentes, Mamonidefait un pas de plus en faisantvoir que laCration ex nihilo, bien qu'elle ne puissepas non plustre dmontre,offre pourtant moins d'invraisemblancesque l'opinion oppose. Lesmouvements des sphres clestes offrent les plus grandes difficults,si l'on veut que tout dans l'univers suive une loi ternelle et im-muable. Tout l'chafaudage de l'manation successive des Intelli-gences et des sphres ne suffit pas pour expliquer la multiplicitetla diversit qui rgnent dans le monde mais toutes les difficults sedissipent ds que l'on reconnat dans l'univers l'action d'une vo-lont libre agissant avec intention et non par ncessit. Les hypo-thses imagines par la science astronomique,celles des picyclesetdes excentriques, sont en elles-mmes peu vraisemblableset d'ail-leurs peu conformes aux principes physiques et aux thories dumouvementdveloppes par Aristote. En somme, toutes les thoriesd'Aristote sur la nature du monde sublunaire sont indubitablementvraies mais pour tout ce qui est au-dessus de la sphre de la lune,il n'a pu poser aucun principe dmontrable, et tout ce qu'il a dit cet gard ressemble de simples conjectures qui ne sauraient.porter aucune atteinte au dogme de la Cration.

    Ce dogme, d'ailleurs, est un postulat de la religion en le niant,on serait ncessairementamen nier l'inspiration prophtique et

  • tous les miracles. Cependant, en admettant la cration ex nihilo,nous ne sommes pas obligs pour cela d'admettre que le mondedoive prir un jour, ou qu'un changement quelconque doive avoirlieu dans les lois de la nature cres par Dieu. Mamonide croit, aucontraire, que le monde ne cessera jamais d'exister tel qu'il est, etil montre que tous les passages bibliques qui semblent parler de lafin du monde doivent tre pris au figur. Les miracles ne sont quedes interruptions momentanes des lois de la nature; ce sont desexceptions, ou des restrictions, que Dieu a mises dans ces lois, dsle moment de leur cration. Mamonideexplique ensuite, mots cou-verts, comme le veut le Talmud, plusieurs dtails du rcit de lacration, et fait- voir que ce qui y est dit sur la nature des chosessublunaires n'est point en dsaccord avec les thories pripatti-ciennes. Il termine toute cette discussion par quelques observationssur l'institution du Sabbat, symbole du dogme de la Cration.

    Le reste de cette 1I partie est consacr la prophtie, dans la-quelle l'auteur ne voit que l'entlchieabsolue des facults intellec-tuelles et morales de l'homme. Celles-ci, arrives leur plus hauteperfection et aides par une certaine force d'imagination qui placel'homme dans un tat extatique, nous rendent propres, ds cettevie, une union parfaite avec l'intellect actif. Tous les hommesarrivs ce haut degr de perfection seraient ncessairement pro-phtes, si la volont de Dieu n'avait pas exclusivement rserv ledon de prophtie certains hommes lus et ne l'avait pas refus tous les autres, malgr toute leur aptitude. La rvlationsur le Sinaet les circonstances qui l'accompagnrent sont des mystres qu'il nenous est pas donn de comprendre dans toute leur ralit. Il en estde mme de la perception de Mose qui se distingue de celle detous les autres prophtes, et dans laquelle se manifeste la plus hauteintelligence des choses divines, sans aucune participation de la fa-cult imaginative.Mose voyait Dieu face face, c'est--dire, il lepercevait par son intelligence dans l'tat de veille, et non traversle voile de l'imagination. La loi rvle Mose est la plus parfaite,tenant le milieu entre le trop et le trop peu, et tant galemen'

  • loigne de toute exagration et de toute dfectuosit. L'auteurexpose quels signes on reconnat le vrai prophte; il caractrisel'inspiration prophtique et ses diffrents degrs, par lesquels lesprophtes sont suprieurs les uns aux autres, quoiqu'ils ne soientinspirs tous que dans le songe ou dans la visions, c'est--dire dans untat o la facult imaginativeprdomine sur toutes les autres facul-ts. Il parle ensuite de la forme extrieure sous laquelle les proph-ties sont prsentes, et notammentdes visions paraboliques, ainsique des hyperboles et des mtaphores dont se servent les crivainssacrs.

    Tels sont les sujets traits dans cette IIe partie, o l'auteur cher-che tablir sur une base philosophiqueles neuf premiers des treizearticles de foi qu'il avait numrs dans son Commentaire sur laMischn. Les questions importantes de l'origine du mal, de la Pro-videnceet du libre arbitre, ainsi que plusieurs autres questions quiintressent particulirement la thologie juive, sont rserves pourla troisime et dernire partie.

    Pour la publicationdu texte arabe de ce volume, je.me suis servii" des deux manuscritsde la bibliothque de Leyde; 2 d'un manu-serit ancien de la lIe partie, qui tait en la possession du rvrendWilliam Cureton, et que je dois la libralit de cet illustre orien-taliste 3 d'un manuscrit de la bibliothque impriale de Paris(ancien fonds hbreu, n .237) qui renferme la seconde moiti dela lIe partie du chapitre XXV, jusqu' la fin; 4 d'un autre manu-scrit de la mme bibliothque (Supplment hbreu, n 63), quirenfermeplusieurschapitres du commencement et de la fin de cettemme partie 5 de la copie incomplte crite sur les marges d'unexemplaire imprim de la version d'Ibn-Tibbon, dont j'ai parldans la prface du t. 1er (p. iij) et qui m'a fourni le texte arabejusqu'au chapitre XXVIII inclusivement. Pour tous les passages quioffrent quelque difficult, les mss. de la Bibliothque Bodleyenneont t consults.

    La traduction et les notes ont t continues sur le plan que j'aiexpos dans la prface du tome I. Sur des observations qui m'ont

  • t adresses j'ai mis encore plus de soin relever les variantes etles principales fautes typographiques de la version d'Ibn-Tibbon,afin de ne laisser rien dsirer ceux qui voudront s'aider de matraduction franaise pour comprendre cette version souvent siobscure. M. Ulmann, grand rabbin du Consistoire central, etM. Wogue, professeurde thologie au sminaire isralite, ont bienvonlu cet effet, lire les preuves de la traduction, et me signalercertaines omissions que j'ai supples, et qui, en partie, ont trouv.place dans les Additions et rectifications. Je renouvelle ici mes re-merciements tous ceux qui, d'une manire quelconque, me pr-tent leur concours pour cette publication, dont ma situation pnible

    augmente les difficults, mais dont l'achvement, j'ose l'esprer, nesubira pas de trop longs retards.

    S. MUNK.Paris, aot 1861.

  • TABLE DES CHAPITRES

    INTRODUCTION. Vingt-six propositions au moyen desquelles lespripatticiens dmontrent l'existence, l'unit et l'incorporalit deDieu page 3

    CHAPITRE 1. Diffrentes dmonstrationsrsultant de ces propositions,pourtablir l'existenced'unDieu uniqueet incorporel,moteur premierde l'univers page 29

    Crrap. Il. L'existence et par suite l'unit et l'incorporalit de Dieusont parfaitement dmontrables, n'importe que le monde soit ternelou qu'il ne le soit pas. Observation prliminairesur le but que l'auteurs'est propos, en abordant, dans les chapitres suivants, certainesquestions de physiqueet de mtaphysique page 47

    CHAP. III. Les hypothses d'Aristote sur les causes des mouvementsdes sphres clestes, quoiqu'lles ne soient pas dmontrables, sontpourtant les moins sujettes tre mises en doute elles peuvent sou-vent se mettre d'accord avec la traditionreligieuse page 51

    CHAP. IV. Les sphres clestes ont une me, principe de leur mouve-ment. et un intellect au moyen duquel elles conoivent l'ide de cequi forme l'objet de leur dsir; cet objet dsir est Dieu, premiermoteur, qui agit sur les sphres par l'intermdiaire des Intelligencesspares, objets respectifs du dsir particulier de chaque sphre.Nombre des Intelligencesspares, dont la dernire est l'inte!lect actifuniversel. page 51

    CHAP. V. L'criture-Sainte et la tradition rabbinique prsentent aussiles cieux comme des tres animsdousde perception; l'uneet l'autrereconnaissent, avec les philosophes, l'influenceque les sphres c-lestes exercent sur ce basmonde page 62

    Chap. VI. Ge qu'il faut entendre, dans l'criture-Sainte., par le motMALAKH (ange); diffrentes acceptions de ce mot, qui dsigne prin-cipalement les Intelligencesspares page 66

    Ceae. VII. Les Intelligences et les sphresont la consciencede l'actionqu'elles exercent et agissent avec libert; elles sont toujours en acte,et leur action est le bien page

  • Chap. VIII. Les anciens docteurs juifs croyaient, conformment l'opinion des pythagoriciens, que le mouvement des sphres produitdes sons harmonieux fort retentissants,que la grande distance nousempche d'entendre. Mais Aristote contredit cette opinion, et lesdocteurs eux-mmesreconnaissent que dans la science astronomi-que, les savants paens taient plus avancs qu'eux page 77

    Chap. IX. Incertitude qui rgne sur le nombre des sphres. En admet-tant, avec les astronomesanciens qui prcdrent Ptolme, que lesplantes de Vnus et de Mercure sont places au-dessus du soleil,on peut rduire quatre le nombre des sphres principales; ce sont:la sphre de la lune, celle du soleil, celle des cinq autres plantes etcelle des toilesfixes. page 80

    CHaP. X. Le monde sublunaire est gouvernpar les forces qui manentdu monde suprieur. On peut admettre que chacun des quatre l-ments se trouve sous l'influencede l'une des quatre sphres princi-pales, de sorte que l'eau serait rgie par la sphre de la lune, le feupar celle du soleil, l'air par celle des cinq autres plantes, et la terrepar celle des toiles fixes. De mme il y a quatre causes du mouve-ment des sphres. Allgories des quatre degrs de l'chelle de Jacob,des quatre lgions (Fanges de la tradition juive et des quatre chariotcde la vision de Zacharie page fi4

    CHAP. XI. La science astronomiqueest base en partie sur de simpleshypothses. Il ne s'agit pas de rendre un compte exact du nombredes sphres et des Intelligences, mais de les grouper selon les forcesqui manent d'elles. Il y a en dehors de Dieu trois classes d'tresles Intelligences spares, les sphres clestes et les corps sublunairesle rgime du monde vient de Dieu par la voie d'une manation suc-cessive qui parcourt les diffrents degrs de l'i;tre page 92

    CHAP. XII. De la vritable ide de l'panchement (fkidh) ou de l'ma-nation. page 98CHAr. XIII. Les opinions sur l'origine du monde sont au nombre de

    trois celle des thologiens orthodoxes, qui admettent la crationex nihilo; celle de Platon et d'autres philosophes anciens quiadmettent l'ternit de la matire chaotique; celle d'Aristote et detous les pripatticiens, qui admettent l'ternit du mouvementet dutemps page 104

    CHAP. XIV. Des preuves allgues par les pripatticienspour tablirl'ternit du monde. Ces preuves sont au nom.bre de sept: les quatrepremires sont des arguments tirs de la nature du monde; dans lesirois autres, on argumente de l'ide de Dieu page H

  • Chap. XV. Aristote lui-mme ne prtend pas avoir de dmonstrationrigoureuse pour tablir l'ternit dumonde page 121

    CHAP. XVI. La cration ex nihilo ne peut pas non plus tre tablie parune dmonstrationrigoureuse; il s'agit seulement de montrer qu'elleest possible et mme plus probable que l'ternit. page 128

    CHAP. XVII. Rfutation des quatre premires preuves des pripatti-cienspage 129

    CHAP. XVIII. Rfutation des trois dernires preuves des pripatti-ciens.page 138

    CHAP. XIX. Preuves directes qu'on peut allguer en faveur de la cra-tion ex nihilo. Invraisemblancesqu'offre le systme d'Aristote, selonlequel tout dans l'univers suivrait une loi ternelleet immuable; dansles mouvements des sphres clestes, on ne peut pas ne pas recon-natre l'action d'une volont libre agissant avec intention et non parncessit. page 144

    CHAP. XX. Preuves par lesquelles Aristote tablit que le monde n'estpoint l'uvre du hasard; si Aristotedit que le monde existe par n-cessit, il ne veut pas parler d'une fatalit aveugle, mais d'une loimane d'une intelligence qui agit avec pleine conscience.Cependant,cela n'implique pas encore l'ide d'une volont libre agissant avecintention page 164

    CHAP. XXI. Quelques philosophesmodernesont essay de mettre d'ac-cord l'opinion de l'ternit du monde avec l'ide du dessein, ou del'action libre de Dieu, dterminepar sa volont; mais en vitant l'ex-pression malsonnante de ncessit, ils en ont maintenu l'ide. Vri-table sens de la ncessit admise parAristote page 168

    CHAP. XXII. Le systme de la ncessit, profess par les pripatti-ciens, offre de nombreuses invraisemblanceset des difficults inso-lubles. Tout l'chafaudagede l'manationsuccessivedes Intelligenceset des sphres ne suffit pas pour expliquer la multiplicitet la diver-sit qui rgnent dans le monde; mais toutes les difficults disparais-sent ds qu'on admet un Dieu crateur, ayant cr le monde par salibre volont page 172

    Chap. XXIII. En comparant entre elles deux hypothsesopposes,afinde donner la prfrence celle qui offrele moins d'invraisemblances,il ne s'agit pas de constater de quel ct est le plus grand nombrede doutes, mais plutt de peser la gravit des invraisemblancesquirsulteraient de chacune des deux hypothses. Il faut aussi se d-pouillerde toute opinionprconueet n'avoir aucun prjug en faveurde l'une des deuxhypothses. page

  • CHAP. XXIV. Des doutes graves qu'on peut opposer la science quiprtend rendre compte de tous les mouvementsdes sphres clestes.Ce que les hypothses des picycles et des excentriquesoffrent d'in-vraisemblable et de peu conforme aux principes physiques et auxthories du mouvementdveloppes par Aristote page 183

    Chap. XXV. Le dogme de la cration ex nihilo est admis par un besoinreligieux et non pas cause des textes bibliques qui le proclamentet qui pourraient, au besoin, s'interprter dans un autre sens. Lesystme de Platon pourrait au besoin s'accorder avec les croyancesreligieuses; mais admettre l'ternitdu monde, telle que la professeAristote, ce serait saper la religion par sa base et nier la rvlationettous les miracles page 195

    CHAP. XXVI. D'un passage obscur des Apharismes de rabbi lizer, quiparat admettre l'ternit d la matire premire. Ce que ce passagedit clairement, c'est qu'il existe deux matires bien distinctes, celledu ciel et celle des choses sublunaires un passage du Pentateuquey fait galementallusion page 200

    CHAP. XXVII. S'il est vrai que le dogme de la cration est la base dela religion, il nous est cependant permis de croire que le mondene prira jamais page 203

    CHAP. XXVIII. Le roi Salomon n'admettait point l'ternit du monde,comme on l'a prtendu, mais il en a proclam la dure perp-tuelle. page 206

    CHAP. XXIX. Il n'existe dans l'critureaucun passage qui parle d'unedestruction future de l'univers; les passages des prophtes qui pa-raissent prdire la fin du monde ont tous un sens mtaphorique. Rienne sera changdans les lois de la nature que Dieu a cres; mais, parsa volont, Dieu peut quelquefois les interrompre momentanmentet faire des miracles. Observation gnrale sur le rcit de la cration;tout n'y doit pas tre pris lalettre. page 210

    CHAr. XXX. Des mystres contenus dans le rcit de la cration(ma'as berschth). Observationssur le sens de certains mots quiy sont employs. Indication de certaines thories scientifiques querenferme ce rcit et de certaines allgoriescontenuesdans la relationde la cration d'Adam et d've et de leur sjour dans le paradis ter-reste page 230

    CHAP. XXXI. Le Sabbat institu comme symbole du dogme de lacration, et en mme temps pour rappeler aux Isralites la miracu-leuse dlivrance de la servitude d'gypte page 257

    CHAP. XXXII. Les opinions sur la prophtie sont au nombre de troiscelle de la foule vulgaire des croyants, celle des philosophes,et celleque doit professer le thologien isralite. page 259

  • CHAP. XXXIII. De la rvlationsur le mont Sina de la voix qui reten-tit en prsence de tous les Isralites, et de ce qu'ils entendirent etperurent dans la proclamationdu Dcalogue. page 268

    CHAP. XXXIV. Ce qu'il faut entendre par ce passage Voici, j'envoie unange devant toi (Exode, XXIII, 20) page 274

    CHAP. XXXV. La perceptionet l'inspiration prophtique de Mose ontun caractre tout particulier; Mose se distingue essentiellementdetous les autres prophtes, et ce qui va tre dit sur la prophtie nes'applique point lui. Ce qui distingue les miraclesde Mose de ceuxdes autresprophtes page 277

    CHAP. XXXVI. Dfinitiongnralede la prophtie; rlequ'y jouel'imagi-nation en quoi le songe vrai diffre de la vision prophtigue. Conditionsgnrales que doivent remplir tous les prophtes; en quoi consistela supriorit qu'ont les prophtes les uns sur les autres.. page 281

    CHAP. XXXVII. De l'inspiration, ou de l'panchement divin, qui se r-pand sur l'homme par l'intermdiaire de l'intellect actif; diffrentsdegrs de cet panchement page 289

    CHAP. XXXVIII. De la facults de hardiesse, ou du courage, et de lafacult de divination; ces deux facults doivent ncessairement tretrs-fortes dans les vrais prophtes, mais ceux-ci doivent se distin-guer par la plus haute perfection, non-seulementde la facult imagi-native, mais aussi de la facult rationnelle page 294

    CHAP. XXXIX. Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de loi plus par-faite que celle de Mose; les prophtes qui sont venus aprs Mosen'avaient pour mission que de veiller sur le maintien de cette loi etd'en dvelopper les principes. Cette loi observe le juste milieu; ellene commande ni trop ni trop peu, tant galement loigne de toutexcs et de toutedfectuosit page 301

    CHAP. XL. L'homme, par sa nature, est fait pour vivre en socit. Lesindividus de l'espce humaine prsentant une trs-grande varit decaractres individuels, il faut que l'harmonie y soit tablie par unebonne lgislation. Il y a des lois purement conventionnellesqui nese donnent que pour l'oeuvre de la rflexion humaine, et il y en ad'autres qui leurs auteurs attribuent une origine divine. Caractrede la vritable loi divine et signes auxquelson reconnat le vrai pro-phte charg d'une mission divine page 306

    CHAP. XLI. Dfinition de la vision prophtique. La rvlationa lieu dansun songe ou dans une vision; l'criture s'exprime de quatre maniresdiffrentes sur la parole divine adresse aux prophtes page 313

    CHAP. XLII. Toutes les fois que, dans l'criture-Sainte, il est questionde l'apparitionde Dieu ou d'un ange, il s'agit d'un songe prophtique

  • ou d'une vision prophtique. Ainsi, par exemple, la relation des troishommes qui apparurent Abraham (Gense, chap. XVIII), celle dela lutte de l'ange avec Jacob, et beaucoupd'autres rcits de mme na-ture, doivent tre considrs comme des visions prophtiques. Siparfois on parle d'anges qui apparurent dles personnes vulgaires,non aptes aux visions prophtiques, il s'agit l simplement desfantmesd'une imagination surexcite page 319

    CnAp. XLIII. Des paraboles prophtiques. Les visions des prophtesont souvent un sens parabolique, qui leur est expliqu, ou dans lavision mme, ou aprs qu'ils sont sortis de leur tat extatique. Par-fois le sens de la vision paraboliquene doit pas tre cherch dans lachose vue, mais seulement dans le nom que porte cette chose, et qui,par son tymologie, indique le vritable sens de la vision. page 324

    CHAP. XLIV. Des diffrentes formes sous lesquelles la rvlation pro-phtiquese prsente l'imaginationdu prophte apparition de Dieu,d'un ange ou d'un personnage humain voix. d'un tre invisible. Lesparoles entendues, tantt retentissent d'une manire formidable,tantt sont semblables au langage humain. page 330

    CHAP. XLV. On peut distinguer dans la rvlation, ou dans la percep-tion prophtique, onze degrs diffrents les deux premiers ne sontqu'un acheminementvers la prophtie et caractrisent l'esprit saint;les cinq degrs suivants appartiennent au song prophtique, et lesquatre derniers, la vision prophtique. page 333

    CHAP. XLVI. Tous les dtails d'une vision prophtique, ainsi que tousles actes qu'on y attribue au prophte, font partie de la vision et nedoivent pas tre considrscomme des faits rels page 348

    CHAP. XLVII. Des hyperboles et des mtaphores employes par lesprophtes. page 356CHAP. XLVIII. Dans le langage des prophtes,, on attribue directement

    Dieu, comme cause premire, toutes les causes prochaines ou se-condaires on dit par exemple que Dieu a fait, ou ordonn, ou dit,telle chose, bien qu'il ne s'agisse que de l'effet d'une cause quelcon-que bien connue page 361

    FIN DE LA TABLE DES CHAPITRES.

  • DEUXIME PARTIE

    DU

    GUIDE DES GARS

  • INTRODUCTION

    AU NOM DE L'TERNEL

    DIEU DE L'UNIVERS

    Les propositions dont on a besoin pour tablir l'existence deDieu et pour dmontrer qu'il n'est ni un corps, ni une force dansun corps, et qu'il est un [que son nom soit glorifi!], sont aunombre de vingt-cinq, qui, gnralement dmontres, nerenferment rien de douteux; (car) dj Aristote et .lespripatticiens qui lui ont succd ont abord la dmonstrationde chacune d'elles (1). II y a (en outre) une proposition quenous leur accordons comme concession (2), parce que ce sera lemoyen de dmontrer les questionsdont il s'agit, comme je l'ex-poserai cette proposition, c'est l'ternit du monde.

    Premire proposition. L'existenced'une grandeur infiniequelconque est inadmissible (3).

    (1) Tous les mss. ar. portent iTtriNl b ]Xm ">VJ?- Ibn-Tibbon s'carte un peu de l'original, en traduisant: nTO 7W$ 133p nn ^3 b))- La version d'Al-'Harizi porte nsiB 5.V p-n 133loin nnx ^3.

    (2) C'est--dire que nous leur concdons provisoirement commehypothse; voy. ci-aprs la xxvie proposition, et cf. t. I, pag. 350,note 1

    (3) Sur l'iufini en gnral voy. Aristote, Physique, liv. III chap. 4-8;Mtaph., liv. Il, chap. 2; liv. XI, chap. 10. Aristote montre dans cesdivers passages que, dans la nature, l'infinimentgrand en acte, c'est--dire l'tendue infinie est inadmissible, et il n'admet en fait d'infini

  • DEUXIME proposition. L'existence d'un ncmLre infini de

    que l'infinimentpetit ou la divisibilit infinie de l'espace, qu'il dsigne(ainsi que l'infinit du nombreabstrait) comme l'in fini en puissance. Parconsquent, l'univers lui-mme, qui est le corps le plus tendu, estlimit dans l'espace (voy. le trait du Ciel, liv. 1, chap 7, o Aristote diten terminant Ort ttv roivuv icrti t

  • grandeursest inadmissible 0, si l'on v eut qu'ellesexistent(toutes)simultanment(2).

    alors deux lignes AB et CB, dont chacune sera infinie du ct B et finiede l'autre ct. Or, si nous appliquonsle point C sur le point A, il arri-vera de deux choses l'une ou bien la ligne CB se prolongera l'infinicomme la ligne AB, et alors nousauronsAB AC=AB, ce qui est impos-sible, car la partie ne peut tre gale au tout o bien la ligne CB se pro-longera moins que la ligne AB, et alors elle sera finie du ct B, ce quiest contraire l'hypothse. Si la ligne AB est suppose infinie des deuxcts, on pourra la couper un point quelconque, de manire en fairedeux lignes dont chacune sera infinie d'un ct et finie de l'autre, et ladmonstrationsera la mme que celle qu'on vient de donner. Cf. Schah-restni, pag. 403 (trad. allem., t. n, pag. 295 et 296).-Nous ne pour-rons pas reproduire les preuvesallgues pour chacunedes propositionsnumres ici par Mamonide, et nous devrons nous borner indiquerles endroits d'o notre auteur a tir ces diffrentespropositions. Ansiqu'on le verra, elles ne sont pas toutes empruntes Aristote, et plu-sieurs sont tires des uvres d'tfm-Sin qui, comme nous l'avons djdit ailleurs, sont la principale source laquelle Mamonide a puis saconnaissancedes doctrines pripatticiennes.Sur cette premirepropo-sition et les deux suivantes, voy. aussi la Impartie de cet ouvrage,chap. LXXtII, il, proposition, et les notes que nous y avons jointes(tom. t, pag. 413 et 414).

    (1) Cette seconde proposition nonce de la grandeur discrte ce qui,dans la premire proposition, a t nonc de la grandeur continue.L'infinit numriqueen acte est aussi inadmissibleque l'tendue infinie:car les units qui composent la quantit discrte peuvent former toutesensemble une quantit continue, et il est clair que, puisque cette der-nire ne peut tre infinie, la premire ne saurait l'tre davantage. Onpeut d'ailleurs, comme le fait observer le commentateur Schem-Tobappliquer directement cette proposition la dmonstration que nousavons donne de la premire proposition,d'aprs Ibn-Sin. En effet, endiminuant d'un certain nombre d'units la quantit discrte supposeinfinie, le reste sera ou infini ou fini; or, s'il tait infini, la partie se-rait gale au tout, ce qui est impossible; s'il tait fini, le tout serait galement fini, ce qui est contraire l'hypothse.

    (2) On a dj vu que, selon notre auteur, l'inadmissibilitde l'infinipar succession n'est pas dmontre. Voy. t. f, pag. 414 et 415, et cf.ci-aprs la 26e proposition.

  • TROISIME proposition. L'existence d'un nombre infini decauses et d'effets est inadmissible, lors mme que ce ne seraientpas de grandeurs; ainsi, par exemple, il est videmment inad-missible que telle intelligence ait pour cause une seconde intel-ligence, cette seconde une troisime, cette troisime une qua-trime, et ainsi de suite jusqu' l'infini O.

    Quatkime proposition. Le changement se trouve dansquatre catgories 1 dans la catgorie de la substance, et lechangement dont est susceptible la substance, c'est la naissanceet la corruption 2 dans la catgorie de la quantit, et ici c'est lacroissance et le dcroissement 5 dans la catgorie de la qualit,ce qui est la transformation; 40 dans la catgorie du lieu, ce quiest le mouvement de translation (2) c'est ce changementdans

    (1) Cette propositiona t dveloppe par Aristote, dans la Mtaphy-sique, liv. II chap. 2 o il est montr en gnral que, dans les quatreespces de causes, on arrive ncessairement un dernier terme, et queces causes ne peuventse continuer l'infini: l uh zi y Yi n:* t. Cf. le tome 1 de cet ouvrage, pag. 313, note 1.(2) Voy. Aristote, Mtaphysique,liv.XII, chap. 2 Et Z-n al psraSo/ai

    r) y.ar

    5 XGCTtt TO tpOp Si IL V TK X'/fl X-

    (ttov ^tkSo).(, t. ). Cf. Physique, liv. III chap. 1 MetkSkuei ypto st r] ^:ar j y.Kr i xkt zatOnvoit que par changements faut entendre le passage mutueldes opposs l'un l'autre, et il ne faut pas le confondre avec l'ide demouvement, qui, comme le dit Aristote ailleurs, ne s'applique qu'auxcatgories de la quantit, de la qualit et du lieu, et non pas celle dela substance. Voy. Physique, liv. V, la fin du chap. 1, et au commen-cement du chap. 2. Cf. le trait de l'Ame, liv. I, chap. 3, 3, ou Aris-tote parle de quatre espces de mouvement, qui, au fond, n'en formentque trois, appartenant trois catgories, savoir oo, la catgorie dulieu, cellede la qualit, fliai; et celle de la quantit.Cependant, dans les six espces de mouvement aucommencementdu chap. 14 des Catgories Aristote comprend aussi lagnration et la corruption v.uXqui s'appliquent la cal-

  • le lieu que s'appliqueen particulier le (terme de) mouvement (1).Cinquime PROPOSITION. Tout mouvement est un changement

    et un passage de la puissance l'acte (2).SIXIME PROPOSITION. Les mouvements(3) sont tantt essen-

    tiels (ou dans la chose en elle-mme), tantt accidentels, tanttdus l violence, tantt partiels, et (dans ce dernier cas) c'est

    goriede la substance. Les quatre autres sont l'augmentation(v.v&at;) ladiminution la transformationet le changementde lieu (xar ttmv peTotoM) les deux premires espces sont relatives la catgorie de la quantit, la troisime celle de la qualit, et la qua-trime celle du lieu. On voit que ce passagedes Catgories correspondexactement celui de la Mtaphysique, et qu'Aristotey a pris le motxvuert dans le sens plus tendu de ^stSoW. Cf. ci-aprs, note 2.(1) On a vu dans la note prcdente qu'en gnral les changementsdont il est ici question, l'exception du premier, sont aussi dsignscomme mouvements; mais ce n'est que parce qu'au fond tous ces diff-rents changements sont en quelque sorte un mouvement local ^.aat1? ut 'uy^tii'xi v-i-j-hau iv Tir (Trait de l'Ame, 1. c.) ainsi, par exem-ple, dans la croissance et le dcroissement, on peut attribueraux diff-rentes parties du corps un mouvement local. Cf. ci-aprs la 14 propo-sition. Toutes les ditions de la version d'Ibn-Tibbonajoutent ici lesmots 1iW tyl et aux autres changements (il s'applique)en gnral; les mss. de la version n'ont point cette addition. Cf. aucommencementdu chap. 1.

    (2) L'auteur reproduit ici la dfinition qu'Aristote donne du mouve-ment. Et ici, le mot mouvement embrasse toutes les espces de chan-genaents dont parle la propositionprcdente aussi bien le changementde la naissanceet de la corruption, qui se fait instantanment et pourainsi dire sans mouvement, que les autres changements, qui se font peu peu et par un vritable mouvement. Dans ce sens donc, le mouve-ment est le changementqui peut tre dsign, de la manire la plus g-nrale, comme le passage de la puissance l'acte. Voyez Aristote,Physique, liv. III, chap. 1: iUxs xtvqtrsu; v.v.1 pi-taSolr,; iaxh efo toskOtk;;au. TO Vroj" Sti/jjjuvou Si xa5' szkotov yho; to psy i-JT.syjict Toi; 8sSuvfis-, y to Suvim ovto; r.h/rei lerriv r.Cf. Jltaphysique, liv. XI, chap. 9.

    (3) L'auteur parle ici du mouvement par excellence c'est--dire dumouvementlocal.

  • une espce de (mouvement) accidentel. Essentiels, comme latranslation du corpsd'un endroit un autre; accidentels, commeon dirait (par exemple) de la noirceur qui est dans tel corps,qu'elles'est transported'un endroit un autre dus la violence,comme lorsque la pierre se meut vers le haut par quelque chosequi l'y force; partiels, comme le. mouvementdu clou dans lenavire car lorsque le navire se meut, nous disons aussi que leclou se meut. Et ainsi, toutes les fois qu'une chose compose S3meut tout entire, on dit aussi que sa partie se meut (1).

    Septime PROPOSITION. Tout ce qui subit le changementestdivisible (2); c'est pourquoi tout ce qui est m est divisible et est

    (1) Les diffrentes distinctions que l'auteur fait ici dans le mouve-ment local sont empruntes Aristote, et doivent servir montrer quetous les mouvementsparticuliers, quels qu'ils soient, ont leur sourcedans un premier mouvement ternel dont ils dpendent. Ce qui est m,dit Aristote l'est ou en soi-mme (j.ad' t) ou accidentellement, (xarov &nuv vdy-o Sutipn-j tl-jai. La dmonstrationdonne parAristote peut se rsumer ainsi Tout ce qui subit un changementpassed'un tat de choses un autre; il ne peut pas tre un seul instant dansaucun des deux tats, car alors il ne changerait pas; mais il ne peutpas non plus tre dans l'un des deux tats, car alors ou il ne change-rait pas encore, on il serait dj chang. 11 faut donc ncessairementqu'il soit en partie dans l'un et en partie dans l'autre, et par consquentil est divisible.

  • ncessairementun corps (1). Tout ce qui n'est pas divisible n'estpoint m C2), et, par consquent, ne peut nullement tre uncorps.

    HUITIMEproposition. Tout ce qui est m accidentellementsera ncessairement en repos, son mouvement n'tant pas dansson essence; c'est pourquoi il est impossible qu'il accomplisseperptuellementce mouvementaccidentel (3).

    (1) La cinquimepropositiontablitque tout mouvement est un chan-gement par consquent, tout ce qui est m subit le changement et estncessairementdivisible. Aristote qui avait dj tabli la divisibilitdel'tendue, du temps et du mouvement (cf. le tome 1 de cet ouvrage,p. 380, note 2), montre, au chap. cit dans la note prcdente, que ladivisibilit doit s'appliquer aussi ce qui est m nsi Se wv t kwo(*svovsv Ttvt ztvsTtm v.ai y^po-jo-J Ttv, xai tzkvt; iart r.hiai; vyxa t rfatvai Sjatpi

  • NEUVIME proposition. Tout corps qui en meut un autre

    chose en mouvement, qui peut cesser de se mouvoir (Cf. Aristote, deFArne, liv. I chap. 3, 2). Ce qui prouve que Mamonide entend ainsicette proposition, c'est que plus loin, au commencementdu chap. 1,en dmontrantque le premier moteur ne saurait tre considr commel'me de la sphre cleste, il applique cette Ville proposition l'mehumaine, qui est mue accidentellementavec le corps par une cause ext-rieure, soit en cherchant ce qui lui est convenable, soit en fuyant cequi lui est contraire. C'est donc tort que le commentateur arabe Al-Tebrzi objecte cette proposition de Mamonide qu'il y a certainsmouvements qui, quoique accidentels, n'en sont pas moins per-ptuels, comme, par exemple, le mouvement diurne de l'orient l'oc-cident, imprim par la neuvime sphre aux huit sphres infrieures,et qui est contraire leur mouvement propre et essentiet de l'occi-dent l'orient; ou comme le mouvementcirculaire de la sphre dufeu et des autres lments, dont le mouvement essentiet est en lignedroite (cf. le t. 1 de cet ouvrage, p. 357-359). 11 est vident que cesmouvements accidentels, ayant pour cause un mouvement essentiel etperptuel doivent tre eux-mmes perptucls. La proposition dont ils'agit ici paratse rattacher un passage du trait du Ciel ( liv. I fin duchap. 2), o Aristote tablit qu'au-dessus des quatre lments qui, parleur nature, ont un mouvementen ligne droite, il y a une substancesim-ple d'une autre nature qui a le mouvement circulaire. Or, fait-il obser-ver, ce mouvement doit tre inhrent la nature de cette substance;car il serait tonnant et tout fait irraisonnable que ce mouvement,qui seul est continuelet ternel, pt tre contre nature puisqu'en g-nral ce qui est contre nature est promptement dtruit Et ai napv.y'mei fii-a.t iv. ytfusva xvv. Triv TT-ct aufMWTi /.aioyov to y.:j-fo-i sivat tswtyrt tk'jtjjv tvW v.ai iStov, ov

  • ne se meut qu'en tant m lui-mme au moment o il meut (0.Dixime proposition. Tout ce dont on dit qu'il est dans un

    corps est de l'une de ces deux classes (2) c'est ou bien quelquechose qui subsiste par le corps, comme les accidents, ou bienquelque chose par quoi le corps subsiste, comme la forme phy-sique (3) dans les deux cas, c'est une force (qui est) dans uncorps

    Ce mouvementcirculaire, qui s'accomplitautour du centre, est n-cessairementou naturel ou acciderctel ce (cinquime) corps. Or, il estinadmissiblequ'il soit accidentel, car le mouvement accidentel ne sauraittre perptuelet sans fin,- supposercela serait tout fait irraisonnable, carnous voyons que les choses accidentellescessent et prissent.

    Cf. la version latine des OEuvres d'Aristote avec les comment.d'A-verros, dit. de Venise. t. V, 1550, in-fol., fol. 6c et 126c. Ibn-Falaqura {More ha-blor, p. 67) indique, pour cette Ville proposition,le mme passage d'Aristote.

    (1) Cette propositiona t longuement dveloppe par Aristote, quipour tablir l'existenced'un premier moteur non m montre que cequi meut, si ce n'est pas le premier moteur lui-mme, ne peut trequ'une cause intermdiaire de mouvement,qui est ncessairementmueelle-mme par une autre cause. Il s'ensuit naturellementque le corpsphysique ne peut communiquer le mouvement un autre corps qu'entant m lui-mme. Voy. Phys., liv. VIII, chap. 5; Cf. Mtaph., liv. XII,chap. 6.

    (2) Littralement se divise en deux parties.(3) C'est--dire, la forme qui constitue le genre ou l'espce, et qui fait

    qu'unechose est ce qu'elle est. Cf. t. 1, p. 398, et Ibid., note 1.(4) C'est--dire ce qu'on appelle une (orce dans un corps peut tre ou

    bien un accident, comme par exemple la chaleur et la froideur dansles corps qui, par leur nature, ne sont ni chauds ni froids, ou bien uneforme physique, comme p. ex. la chaleur ou la nature ignedu feu, ou lafroideur de la glace. Le mot y (puissance),que les philosophes arabesemploientdans les divers sens qu'Aristoteattribue au mot doittre pris ici non pas dans le sens de possibilit ou facult d'tre oppos l'acte mais dans son sens primitif et absolu qu'Aristoted-finit comme le principe duquelmane le mouvementou le changementproduit dans une autre chose en tant qu'autre chose (iltaph., liv. V,cliap. 12, commencem. et fin), ou en d'autres termes dans le sens deforce ou de facult agissant. Cette force peut se trouver en dehors du

  • Onzime 0) proposition. -Certaines choses qui subsistentparle corps se divisent par la division du corps, et sont, par cons-quent, accidentellement divisibles, comme, par exemple, lescouleurs et en gnral les forces rpandues dans tout le corps.De mme, certaines choses qui constituent l'tre du corps ne sedivisenten aucune manire, comme l'me et l'intelligence W.

    Douzime PROPOSITION. Toute force qui se trouve rpanduedans un corps est finie, parce que le corps (lui-mme) est fini

    corps sur lequel elle agit, ou dans ce corps mme et dans ce derniercas, c'est une force dans Mu corps.

    (1) Les mss. portent ici et dans les propositionssuivantes"\&y; nousavons crit plus correctement fricy.

    (2) Voici le sens plus prcis de cette proposition, parmi les accidentsou les qualits qui ne subsistent que dans le corps il y en a qui se divi-sent avec le corps, comme p. ex. la chaleur d'un corps chaud ou la cou-leur inhrente un corps; car chaque parcelle du corps conserve lamme chaleuret la mme couleur. D'autresne suivent pas la division ducorps, comme p. ex. la figure, qui ne reste pas toujours la mme quandle corps est divis. D'autre part, mme parmi les choses qui constituentou achvent l'tre du corps, il y en a qui ne sauraient se diviser en au-cune faon, ni en ralit ni mme dans la pense, et telles sont notam-ment l'me rationnelle et l'intelligence; d'autre;s, comme certaines for-mes physiques, se divisentavec le corpsauquel el.les appartiennent.-ParYme et l'intelligence, l'auteur entend non-seulementl'me rationnelledel'homme et l'intellect hylique, mais aussi les mes des sphres clesteset l'intelligence par laquelle elles conoivent le but particulier de leurmouvement car on verra plus loin (champ. IV) que l'auteur, d'aprs lathorie d'Ibn-Sin, attribue aux sphres clestes non-seulement uneme mais aussi une pense qui leur est inhrentc et qu'il ne faut pasconfondreavec les intelligences spares objet dui dsir de leurs sphresrespectives, et qui en dtermine le mouvement,.

    (3) Aristote, aprs avoir tabli que le premier moteur n'est point m,veut montrer qu'il n'a ni parties ni tendue. Partant de cette proposi-tion dj dmontre qu'il n'y a pas d'tendue ou de grandeur infinie, ilmontre que le premier moteur ne saurait tre une grandeur finie car lemouvementqui mane de lui tant infini, il s'ensuivrait que dans unegrandeur finie il peut y avoir une force infinie; or, cela est impossible, carla force infinie devrait produire son effet dans un temps moindre que

  • Treizime moposition. Rien dans les diffrentes espces dechangement W ne peut tre continu, si ce n'est le mouvementde translation t2), et dans ce!ui-ci le (seul mouvement) circu-laire (3).

    Quatorzime proposition. -Le mouvement de translation estcelui qu'il faudrait toute force finie pour produire le mme effet, c'est--dire la force infinie produirait son effet dans un rien de temps ou in-stantanment, ce qui est inadmissible, car toute transformationse faitdans un certain temps. Dira-t-on que la force infinie aussi produira soneffetdans un certain temps? Mais alors on pourra trouver une force finiequi produira dans le mme temps le mme effet, et il s'ensuivrait quecette force finie serait gale une force infinie, ce qui est impossible.Telle est en substance la dmonstration par laquelle Aristote tablit quedans une grandeur finie il ne sauraity avoir une force infinie. Voy. Phynque,liv. VIII, ch.10 (dit. Bekker, p. 266 a) ht *'Sie 00* h ^el

    fte/iQei 5.zsipwelvctt ex rivh 3).ov. y. r. ).(1) Voy. ci-dessus la IVe proposition.(2) Les trois premires espces de changementsnumres plushaut(propos. IV) indiquent toutes le passage d'un tat un autre tat op-

    pos or, les deux tats opposs sont ncessairement spars l'un del'autre par un intervalle de temps, et par consquent le changementn'est point continu. Rien de semblablen'a lieu dansla quatrime espcede changement,ou dans le mouvementlocal, qui seul peut tre continu.Voy. Arist., Phys., liv. VIII, ch. 7 (p. 261 a) ht pfa oU ta SXU xevri-

  • antrieur tous les mouvements et en est le premier (0 selon lanature; car (mme) la naissanceet la corruption sont prcdesd'une transformation et la transformation ( son tour) est pr-cde d'un rapprochemententre ce qui transforme et ce qui doittre transform; enfin, il n'y a ni croissance, ni dcroissement,sans qu'il y ait d'abord naissance et corruption

    (1) Les mss. portent au masculin, au lieu de NriNVlN1).(2) Dans cette proposition, l'auteur tablit que le mouvement local

    (bien entendu celui qui dans la propositionprcdente, a t dsigncomme le seul qui soit continu) est antrieur selon la nature tous lesautres mouvementset changements; et par antrieur selon la naturel ilfaut entendre, conformment la dfinition d'Aristote (Miaplc., liv. V,chap. If), ce qui peut tre sans que d'autres choses soient, mais sansquoi d'autres choses ne peuvent pas tre. Les termes de cette proposi-tion sont puiss dans la Physique d'Aristote, liv. VIII, chap. 7 (Cf.liv. VII, chap. 2), quoique l'auteur, ce me semble, ne suive pas stric-tement le raisonnementdu Stagirite. On a vu plus haut, p. 6, note 2,que selon Aristote, l'ide du mouvements'appliqueaux catgories de laquantit, de la qualit et du lieu. Or, dit-il, de ces trois espces demouvement,celle du lieu est ncessairementla premire car il est im-possible qu'il y ait croissance sans qu'il y ait eu d'abord transformation.La transformation est le changement en ce qui est oppos; mais lors-qu'il y a transformation, il faut qu'il y ait quelquechose qui transforme

    et qui fasse, par exemple, que ce qui est chaud en puissance deviennechaud en acte. Or il est vident que le mobile de cette transformationest tantt plus prs tantt plus loin de la chose transformer, et quela transformationne saurait se faire sans mouvementlocal; celui-ci, parconsquent, est le premier d'entre les mouvements. Plus loin, Aristotetablit par d'autres preuves que le mouvementlocal, bien qu'il soit ledernier qui se dveloppe dans les tres individuelsde ce monde, est lepremier dans l'univers et prcde mme la naissance de touteschoses, laquelle est suivie de la transformationet de la croissance (u:twp ri r.vvh'j.i *'-oi.t,,>:i; Phys., VIII, 7, pag. 260 b,lig. 32). On pourrait s'tonner d'abord que Mamonide place la trans^formationavant la naissance et la corruption; mais il parat que notreauteurconsidrela transformation un point de vue plus gnral, c'est--dire non-seulementpar rapport la catgorie de la qualit, commedans la IV proposition, mais aussi par rapport la naissance, qui est

  • Quinzime proposition. Le temps est un accident qui ac-compagne le mouvement et qui lui est inhrent W, et aucun desdeux n'existe sans l'autre un mouvementn'existe que dans untemps, et on ne saurait penser le temps qu'avec le mouvement.Par consquent, tout ce pour quoi il n'existe pas de mouve-ment ? ne tombe pas sous le temps.

    SEIZIME PROPOSiTION. Tout ce qui est incorporel n'admet

    elle-mme en quelque sorte une transformation de la matire par laforme, transformationqui s'opre par un agent plus ou moins loign,qui a besoin de se rapprocher de la matire transformer. C'est aussidans ce sens qu'Ibn-Roschd explique le passage de la Physique. Voy. lesOEuvresd'Aristote avec les Commentairesd'Averros, dit. in-fol., t. IV,fol. 180 c a Deinde dicit Et manifestum est quod dispositio motoris tunenon curriteodem modo, sedforte quandoque erit propinquiorlleralo et quan-doque remolior, etc. Id est, et quia primum alterans, quod non alteratur,non alterat semper, sed quandoque, necesse est ut non habeat se cumalterato in eadem dispositione, sed quandoque appropnquetur ei, etalteret, et quandoque removeatur, et non alteret et propinquitas etdistantianon est, nisi per translationem ergo translatio praecedit natu-raliter alterationem, scilicet quod, cum utraque fuerit in actu deindealterans alteravit,postquam non alterabat necesse est ut alterum mo-veatur in locoaut alterans, aut alteratum,aut utrumque. Si autemalterumfuerit generatum, aut utrumque, et posuerimus hoc esse rausam ejus,quod quandoque alterat, et quandoque non, manifestabitur quod trans-datio debet prcedereeodem modo, cum alteratioetiam prcedat generationemgeneralio enim aut est alteratio aul sequitur alterationem.

    (1) Il est, comme s'exprime Aristote, quelques chose du mouvement (..1;-rt). Voy. sur cette proposition le t. I de cet ouvrage, p lV

    n. 1, et p. 380, n. 2.(2) C'est--dire, tout ce qui n'est pas m, mais qui est lui-mme la

    cause du mouvement, ou en d'autres termes tout ce qui est en dehorsde la sphre cleste, comme Dieu et les intelligences spares. Voy.Arist., Trait du Ciel, liv. I, chap. 9 /F* Si S^.ov Sri otti ri ovKzsvv oOSi zp&vts Bffriv I' toO -Avmi; 3'VJU ^xoi vptroteux artv %t Se TO SStatTat-irt oSf oSt" ivMyjrat 7s

  • point l'ide de nombre (1); moins que ce ne soit une force dans

    un corps, de sorte qu'on puisse nombrer les forcesindividuelles

    en nombrant leurs matiresou leurs sujets C'est pourquoi leschoses spares, qui ne sont ni un corps, ni une force dans uncorps, n'admettent aucunement l'ide de nombre, si ce n'est(dans ce sens) qu'elles sont des causes et des effets (les unes desautres) (3).

    Dix-septime proposition. Tout ce qui se meut a ncessaire-

    ment un moteur W. Ou bien il a un moteur en dehors delui,

    comme la pierre que ment la main; ou bien il a son moteur danslui-mme,comme le corps de l'animal W. Ce dernier est composd'un moteur et d'un chose mue; c'est pourquoi, lorsque l'animalmeurt, et qu'il est priv du moteur, qui est l'me, la chose mue,qui est le corps (6), tout en restant telle qu.'elle tait, cesse aussi-

    tt d'avoir ce mouvement (7). Mais, comme le moteur qui existe

    (1) Littralement: Dans tout ce qui n'est pas un corps on ne sauraitpen-ser la numration. Cf. Arist. Mtaph., liv. XII, chap. 8 >.V cV &Pi-

    (2) C'est- dire, les diffrentes matires ou les sujets dans lesquelselles se trouvent.

    (3) Voy. le t. 1 de cet ouvrage, p. 434, et ibid., notes 2, 3 et 4, etci-aprs, un commencementdu chap. 1, pag. 31, note 2.

    (4) Voy. Arist., Phys., liv. VII, chap. 1 Arav Tb xivokevov vyvx iraTtvo; Mut. Aristote dmontre cette

    proposition en argumentant sur-tout de la divisibilitinfinie de ce qui est m (Voy.la Ville propos.), quine permet pas de s'arrter une partie quelconque de la chose muepour y voir le principe moteur de l'ensemble d'o il s'ensuit que cemoteur est ncessairementautre chose que l'ensemblede la chose mue.Cf. liv. VII1, chap. 6, vers la fin.

    (5) Voyez Arist., Phys. liv. VIII, chap. 4. Aprs avoir distinguce quiest m accidentellement avec autre chose de ce qui est m en lui-mme,(&' aro) Aristote ajoute Twv 3s .$ aura r fii-J y' a-JTO ta S' w'W.ov. xtvETBtyp TO wo-j aTo vy'aTOv, x t.

    (6) Au lieu de qui dsignemieux le corps inanim, quelquesmss. ont DD:1?-

    (7) C'est--dire,le mouvementlocal qui lui venait de l'me.

  • dans la ihoso rnue est occulte et ne se manifeste pas pour lessens, on s'est imagin que l'.animal se meut sans moteur. Toutechose mue, qui a son moteur en elle mme, est dite se mouvoird'elle-mme (1); ce qui veut dire que la force qui meut essen-tiellementce qui en est m se trouve dans son ensemble (2).

    Dix huitime proposition. Toutes les fois que quelque chosepasse de la puissance l'acte, ce qui l'y fait passer est autrechose que lui, et ncessairementest en dehorsde lui (3): car. si cequi fait passer ( l'acte) tait dans lui, et qu'il n'y et l aucunempchement,il ne resterait pas un instant en puissance, maisserait toujours en acte Que si, cependant, ce qui fait passerune chose ( l'acte) tait dans elle, mais qu'il y et exist un

    (1) Les mots arabes du ct ou de la part de lui-mme,correspondent aux mots grecs cVutoO.

    (2) En d'autres termes que la force motrice qui lui est inhrente, etpar laquelle une partie quelconque du corps m reoit un mouvementessentiel et non pas accidentel (comme par exemple le mouvement querecevrait la main par une impulsionextrieure), rside dans l'ensemblede ce corps.

    (3) Cette propositionrsulte de la combinaisondes propositions V etXVII. Le mouvementayant t dfini comme le passage de la puissance l'acte (voy. Phys., lU, 1 et 2; Mtaph., XI, 9), et tout mouvementsupposant un moteur qui est autre que la chose mue, il s'ensuit quetoute chose en puissance a besoin d'une impulsionextrieure pour pas-ser l'acte. La puissance est une facult d'agir ou une facult de rece-voir l'action (cf. Mtaph., IX, 1); dans les deux cas, la puissance nepasse l'acte que par quelque chose qui lui vient du dehors. Ainsi parexemple l'artiste, qui a la facult de produire une uvre d'art, a besoind'une matire extrieure pour raliser cette facult, et de mme, lebronze, qui a la facult de devenir une statue, a besoin pour que cettefacult se ralise, du travail de l'artiste.

    (4) Ainsi, par exemple ce qui est d'une lgret absolue, comme lefeu, ou d'une pesanteur absolue, comme la terre, a non-seulementla(acult de se mouvoir l'un vers le haut, l'autre vers le bas, mais cettefacult ou puissance est toujours en acte, moins qu'il n'existe un ob-stacle qui empche le mouvement naturel et produise un mouvementcontraire.

  • empchement qui et t enlev, il n'y a pas de doute que ce quia fait cesser l'empchementne soit ce qui a fait passer cette puis-sance l'acte (1). Tche de bien comprendrecela l2).

    Dix -neuvime PtiOPOSITION. Toute chose dont l'existence aune cause est, par rapport sa propre essence, d'une existencepossible C3) car, si ses causes sont prsentes, elle existera (0

    (1) Si, par exemple, quelqu'un retire une colonne qui soutient unechose pesante, de manire que cette chosetombe, on peut dire en quel-que sorte que c'est lui qui a fait tomber la chose en enlevant l'obstaclequi empchait la pesanteur de suivre sa loi naturelle. Voyez Arist.,Phys. liv. VIII fin du chap. 4. Cf. Mamonide, 111 partie de cet ou-vrage, chap. 10.

    (2) Littralement et comprends cela. Les commentateursfont obser-ver que l'auteur ajoute ici ces mots cause de la grande porte de cetteproposition, qui semble renverser le dogme de la cration car Dieutant l'nergie absolue toujours en acte, et rien ne pouvantmettre ob-stacle son action, il n'a pu, un momentdonn, crer le monde, oupasser de la puissance l'acte. Voyez sur cette question,le chap. XVIIIde cette lie partie.

    (3) Cette propositionet les deux suivantessont empruntes Ibn-Sin,qui le premier a fait, dans l'ide d'tre nccssnire (oppos au possibleabsolu, qui nat et prit) cette distinctionentre ce qui est ncessaire enlui-mme ou le ncessaire absolu, et ce qui est ncessaire par autrechose, tant par sa propre essence dans la catgorie du possible. De ladeuxime espce sont, selon Ibn-Sin, les sphres clestes, dans les-quelles on distingue la puissance et l'acte, la matire et la forme, etqui ne tiennent la qualit d'tres ncessaires que de leur rapport avec lacause premire, ou Dieu. Ibn-Sin s'carte, sous ce rapport, d'Aris-tote, qui tend expressment l'ide d'tre ncessaire ce qui est mternellement, ou aux sphres clestes, lesquehes, |3it-il, ne sont pointen puissance et n'ont pas de matire proprement dite, c'est--.dire dematire sujette la naissance et la destruction. Voy. Mlaph., 1. IX,chap. 8 Ofisv pa tiv y0jOTv jr).w Suvocftet iax'v ov ctTt'i.i oi tSv i$-jyxns vTwv, y.ul toi tktk TzpytB. 5i azi i-apy vlia; Y.ui 5.

  • mais, si elles n'ont jamais t prsentes, ou si elles ont disparu,ou enfin, si le rapport W qui rendait ncessaire l'existence de lachose est chang, elle n'existera pas.

    Vingtime proposition. Tout ce qui est d'une existencencessaire, par rapport sa propre essence, ne tient son exi-stence, en aucune faon, d'une cause quelconque &).

    Vingt ET UNIHE proposition. Tout ce qui est un composde deux ides diffrentes a ncessairement,dans cette composi-tion mme, la cause (immdiate) de son existence telle qu'elleest, et, par consquent, n'est pas d'une existence ncessaire enlui-mme car il existe par l'existence de ses deux parties et deleur composition (3).

    vertu du nombre deux pris deux fois, et qui, par consquent, cessed'exister ds que le nombre deux, qui est sa cause, n'existe plus. Voy.Schahrestni, p. 373 (tr. all., t. IF, pag. 250), et At Nadjh, Sltaph., aucommencement du livre Il, p. 62.

    (1 ) C'est--dire,le rapport entre la cause et l'effet, ou la conditionn-cessaire sous laquelle seule telle cause produit tel effet. Toute chose,dit Ibn-Sin (1. c.), dont l'existence est ncessaire'par autre chose esten elle-mme d'une existence possible car la ncessit de son existencedpend d'un certain e-apport (^ji*^) o l'on considre autre chose quel'essence mme de la chose en question. Ainsi, par exemple, le soleilne devient la cause du jour pour une partie de la terre que lorsqu'il setrouve dans une certaine positionvis--vis de cette partie.

    (2) C'est--dire il n'a ni une cause extrieure, ni mme une causeintrieure, qui supposerait une composition.Voy. la propos. suiv.

    (3) II est vident, et l'auteury insiste trs souvent (Voy., dans le t. 1,les chapitres sur les attributs, et ci-aprs, ch. 1), que l'tre absolu etncessaire ne saurait tre compos de deux choses diffrentes, et quela pense ne saurait mme pas y distinguer deux ides diffrentes, oudeux choses intelligibles.Par consquent,toute existencequi se prsente,dans notre pense,comme un compos de deux ides, comme par exem-ple matireet forme, ne saurait tre, telle qu'elle se prsente, noessaireen elle-mme, puisqu'elle est, tout au moins pour la pense, le rsultatd'une composition car, comme le fait observer Ibn-Sin, il est impos-sible d'admettre que le tout soit, par son essence, antrieur aux par-ties, mais il est ou postrieur, ou ensembleavec elles. Voy. Al-Nadjkh,l. c. p. 63, ligne 9.

  • VINGT-DEUXIME proposition. -Tout corps est ncessairementcompos de deux ides diffrentes et.est ncessairement affectd'accidents. Les deux ides qui en constituent l'tre sont samatire et sa forme !) les accidents qui l'affectent sont la quan-tit, la figure et la situation (2).

    Vingt-troisimePROPOSITION. Tout ce qui est en puissance,de manire avoir dans son essence mme une certaine possi-bilit, peut, un certain moment, ne pas exister en acte (3).

    (1) Les ides de puissance et d'acte, de matire et de forme, sont sifamilires aux pripatticiens, que la proposition dont il s'agit ici n'a

    pas besoin d'explication. Il faut faire remarquer seulementque l'auteur

    entend ici par corps, non-seulementce qui est soumis la naissanceet

    la corruption, mais aussi les corps clestes; ceux-ci, selon Aristote,tout en n'ayant pas de matire susceptible de gnration, en ont unequi sert de substratum au mouvement de translation. Voy. Arist., Jl-taph., IX, 8, la fin et XII, 2, et Cf. Mlanges de philosophie juive et arabe,pag. 4, note 1, et p. 18, note 1. Mamonide a adopt l'opinion d'Ibn-Sin, qui a prtendu donner, de l'existence de la matire et de la formedans les corps, une dmonstrationgnrale, s'appliquant tous les corps,y compris les corps clestes. Cf. Schahrestni, pag. 366 (tr. all., II,p. 239-240). Cette opinion, par laquelle on pourrait tre amen attri-buer aussi aux corps clestes un tre en puissance (ce qui serait contraireaux thories d' Aristote),a t combattue par Ibn-Roschd celui-ci consi-dre les corps clestes comme des corps simples qui trouvent leur forme

    ou leur entlchie dans les Intelligences spares. Cf. lbn-Falaqura,More ha-Mor, sur cette proposition (pag. 71-72).

    (2) Ces trois accidents sont inhrents chaque corps on ne sauraitse figurer un corps sans quantit, et il a ncessairement des limites quiconstituent la figure; enfin ses parties sont dans une certaine situationles unes l'gard des autres, et le corps tout entier est dans une cer-taine situation l'gard de ce qui est en dehors de lui.

    (3) Il y a une nuance entre la puissanceet la possibilit; la premirepeut n'exister que dans notre pense, la seconde est dans les chosesmmes. Ainsi, nous distinguonssouvent la puissanceet l'acte d'une ma-nire purement idale, lors mme qu'en ralit les deux ides sont ins-parables l'une de l'autre; la matire premire, par exemple, est unepuissance, mais cette puissance n'existe sparment que dans la pen-se, car la matire premire est insparable de la forme. La possibilit,

  • Vingt-quatrime proposition. Tout ce qui est une chosequelconque (1) en puissance a ncessairementune matire carla possibilitest toujours dans la matire W.

    au contraire, est dans l'objet mme, et dsigne ce qui peut tre ou nepas tre ainsi par exemple, le bronze peut tre ou ne pas tre unestatue, et la statue peut cesser d'tre ce qu'elle est eu perdant sa forme.Ainsidonc, l'auteur qui veut caractriser, danscette proposition,ce qui, un certain moment, peut ne pas exister en acte, doit ajouter la puis-sance la condition de possibilit dans l'essence mme de la chose, vou-lant dire que tout ce qui est en puissance, non pas seulement dans notrepense, mais parce que la chose mme renferme l'ide du possible, peuttre pens aussi ne pas exister en acte un certain moment. En somme,cette propositionrevient ce qu'a dit Aristote, savoirque tout ce quiest possible peut ne pas tre en acte, et que par consquent il peut treet ne pas tre: Voyez Mtaphysique, liv. IX, chap. 8 (dit. de Brandis,

    pi Ivspyv' t r.pci ouvktv slvat etvst -ai f5 jT-jk. Une explica-tion que l'auteur a donne lui-mme sur cette XXIIIe proposition estcite dans le Slor ha-Jlord(pag. 72, lig. 9-18): "0 V'MaTIQ in tPTSl'"l D'INnmo 1Nn nvm nann. Cette explication est tire de la lettreadresse par Mamonide R. Samuel ibn-Tibbon, et dont nous avonsparl dans d'autres endroits (cf. t. I, pag. 23, note 1). On verra auchap. 1 ( la quatrirne spculation) l'application que l'auteur fait decette proposition,pour dmontrer la ncessitde remonter un premiermoteur, dans lequel il n'y ait absolumentaucune ide de possibilit.

    (1 ) Les mots n \jf sont rendus dans la versiond''Ibn-Tibbon par lesmots "nu 12*1, qu'il faut se garder de rendre ici par une seule chose, etqui ont le sens de quelques chose ou une chose quelconque. Ces deux mots,omis dans presque toutes les ditions, se trouventdans l'ditionprinceps.Ibn-Falaqura les a remplacs avec raison par r?D "m, et AI-'Harizipar nai oit?.

    (2) Cette proposition,qui formeun des points principauxdu pripat-tisme, n'a pas besoin d'explication. La puissance est le principe de lacontingenceou la facult de devenir quelque chose, et cette facult estncessairement dans un substratum, qui est la matire. Tout ce quiest sujet un changement quelconquea une matire (ttovt a' Zlm %ta-a p;-tt.t>.r/.u, iltaph., XII, 2). On a dj vu qu'Aristote attribue aussiaux sphres clestes une certaine matire comme substratum du mou-vement de translation. Cf. ci-dessus, p. 20, n. 1.

  • Vingt-cinquime proposition. Les principes de la sub-stance compose et individuelle sont la matire et la forme (*et il faut ncessairementun agent, c'est--dire un moteur,qui ait mu le substratum afin de le disposer recevoir laforme (2) et c'est ici le moteur prochain, qui dispose unematire individuelle quelconque (3). C'est l ncessairement lepoint de dpart pour la recherchesur le mouvement, le moteuret ce qui est m. Toutes les explications ncessaires ont tdonnes sur ce sujet et Aristote dit expressment La ma-tire ne se meut pas elle-mme (5). C'est ici la propositionimportante qui conduit la recherche sur l'existence du premiermoteur.

    De ces vingt-cinq propositions que j'ai mises en tte, les unessont claires au plus lger examen, et (ce sont) des propositionsdmonstrativeset des notions premires!6), ou peu prs, (intel-

    (1) Voy. Phys., liv. 1, chap. 7.(2) Les ditions de la version- d'Ibn-Tibbon portent H Tin TIn

    il faut effacer le mot NTIii, qui n'est pas dans les mss.(3) C'est--dire, qui dispose une matire particulire recevoir telle

    forme particulire,comme par exemple l'artiste, qui donneau bronze laforme d'une statue.

    (4) Littralement Et dj a t expos l'gard de tout ceta ce qu'il estncessaire d'exposer. L'auteur veut parler des explicationsdveloppes,donnes par Aristote dans la Physique et dans la Mtaphysique.

    (5) Voyez JItaph., liv. XII, chap. 6 nj yp y.mt%atrai} pvQhl'axai v=eyst kitiov; Ou yp P ye v).u xtvjjo-si aura avr/in, X>. TezTovtzr;,x T. >. Cf. ibid., liv. I, chap. 3 OO yp Sri mi y. \>my.-dy-w> aro 7roi:pSTV.e'C).ill> aUTO.

    (6) La plupart des mss. portent nN^ipyo sans le copulatif, et demme les deux versions hbraques, ainsi que le More ha-Mor, ontntoeno, comme adjectifde niTOID de sorte qu'il faudraittraduire des propositions dmonstratives, intelligibles du premier abord;mais alors la forme n^bipy serait incorrecte, car l'adjecti/' devraitavoir la forme fm. sing. iVipyo Je considre donc ce mot commesubstantif neutre, dans le sens de inteiligibilia, de sorte que les motsVlN nN^pyC signifient, comme toujours, dr,s notions premires ou des

  • ligibles) par le simple expos que nous en avons fait (); lesautres ont besoin de dmonstrationset de prmisses nombreuses,mais ont t dj toutes dmontres d'une manire qui ne laissepas de doute, (et cela) en partie dans le livre de YAcroasis (2) etdans ses commentaires, et en partie dans le livre de la Mla-physique et dans son commentaire (3). Je t'ai dj fait savoir quej'ai pour but, dans ce trait, non pas d'y transcrire les livresdes philosophes, ni d'y exposer les propositions les plus loi-

    axiomes. Ces mots ne sauraient tre un simple appositif des motsiTJNma nttDipO car les propositions dmonstratives ne sauraient trequalifies d'axiomes. J'ai donc ajout un 1 copulatif, et j'ai critnN^pyl comme on le trouve en effet dans l'un des deux mss. deLeyde(n22l).

    (1) Littralement: par ce gue npus auons rcrsum de. leur arrangementoude leur numration. Le mot n3 dpend de des (nolions)intelligiblespar, etc.

    (2) Yoy. le t. 1, pag. 380, n. 2.(3) Tous les mss. portent nniW au sing., de mme la version d'Al-

    'Harisi"itnTSI, tandis que la versiond'Ibn-Tibbona le pluriel inWSI,

    et ses comment. On sait que les commentairesgrecs sur la Mtaphysiquetaient peu nombreux; les Arabes ne connaissaientqu'un commentaireincompletd'Alexandred'Aphrodisiassur le XIIe livre et une paraphrasede Thmistius sur ce mme livre. Voici comments'exprime cet gardIbn-Roschd au commencement de son introduction au liv. XII de laMtaphysique(vers. hbr., ms. du fonds de l'Orat., no 114, fol. 139 a)

    On ne trouve sur les diffrents livres de cette science (de la mta-

    physique) aucun commentaire (y-), ni aucuneparaphrase nid'Alexandre, ni des commentateursqui lui ont succd, si ce n'est surce (XIIe) livre; car j'ai trouv un commentaired'Alexandresur les deuxtiers de ce livre, et une paraphrase de Thmistiussur ce mme livre.Mamonide a donc voulu parler du commentaire (zf**) d'Alexandre, leseul qui lui fut connu.

  • gnes (t), mais d'y rapporter les propositions qui sont nolroporte et ncessaires pour notre sujet.

    Aux propositions qui prcdent j'en ajouterai une qui impli-que l'ternit (du monde), et qu'Aristote prtendu tre vraie ettout ce qu'il y a de plus admissible; nous la lui concdons titre d'hypothse (2), jusqu' ce que nous ayons pu exposer nosides cet gard (3).

    Cette proposition, qui est LA vingt-sixime,dit que le temps etle mouvement sont ternels, perptuels, et toujours existant enacte W. De cette proposition donc, il s'ensuit ncessairement,

    (1) Tousles mss.quej'aipuconsulterportent 1JJ3N pani;cette leon est confirme par la version d'Ibn-Tibbon,qui porteniOnprtPmpiml- I1 parait nanmoinsque le traducteur hbreu avaitici un doute sur lequel il consulta l'auteur car voici ce que nous lisonsdans la lettre adresse par Mamonide R. Samuel Ibn-Tibbon03 xnfa bi nts ypi nVi vpi nvs 7N niabp: nin pj d^ NiDn inpn no:ninNonpD^x ]>jn p'on n^n Tu supposaisque, dans la XXVe propos., il manquait quelque chose; mais il n'ymanque rien, et au contraire la leon est telle que vous l'avez. Mesparoles ne disent autre chose que ceci Le but de ce trait n'est pasd'y transcrire les livres des philosophes, mais d'exposer certaines proposi-tions. 1) Si ce sont l rellement les termes de Mamonide, et qu'il n'yait pas de faute dans le ms. unique que nous avons de la lettre enquestion, il faudrait continuer la phrase ainsi: ou plutt de rapporter lespropositions qui sont notre porte, etc. La version d'Al-'Harizi porte"\y\ orpty vons* uni? mmtpni rnpimn nraipnn xbtt- Cetteversion, dans tous les cas, est inexacte; mais le mot n|?N offre une tracede la leon donne dans la lettre de Mamonide.

    (2) Cf. ci-dessus, p. 3, note 2.(3) Littralement Jusqu' ce qu'il ait t expos ce que- nous nous pro-

    posons d'exposer.(4) Voyezsurtout Phys., liv.Vlll, chap. 1, o Arisjotc tablitl'ternit

    du mouvement comme consquence ncessaire de l'ternit du tempsqui, comme s'exprime Aristote, est le nombre du mouvements Et Sijiaxi-i o y^povo /[vousto h -/iv/jcif zi, s'-K-p %pbvo soriv, vyzrj zairivwtv tSiov svcu. Cf. Mtaph., XII, 6 'N.i: kSvvtov yivhSou

  • selon lui, qu'il y a un corps ayant un mouvement ternel, tou-jours en acte, et c'est l le cinquimecorps W. C'est pourquoiil dit que le ciel ne nat ni ne prit car le mouvement, selonlui, ne nat ni ne prit. En effet, dit-il, tout mouvement estncessairement prcd d'un autre mouvement, soit de la mmeespce, soit d'une autre espce et, quand on s'imagineque le mouvement local de l'animal n'est prcd absolu-ment d'aucun autre mouvement, cela n'est pas vrai; car lacause qui fait qu'il (l'animal) se meut aprs avoir t en repos,remonte certaines choses qui amnent ce mouvement localc'est ou bien un changement de tempramentproduisant (dansl'animal) le dsir de chercher ce qui lui convient, ou de fuir cequi lui est contraire, ou bien une imagination, ou enfin uneopinion qui lui survient, de sorte que l'une de ces trois choses lemette en mouvement,chacune d'elles tant son tour amene

    f'-apritai iiyap nv oSs %pivov. y., T. ). Voyez aussi ci-dessus, laXVe proposition et les passages indiqus dans les notes qui l'accom-pagnent.

    (1) C'est--dire, le corps de la sphre cleste, qui est au-dessus desquatre lments, et dont la substance a t dsignesous le nom d'ther.Voy. le trait du Ciel., liv. 1, chap. 2 et 3, Mtor., liv. 1, chap. 3, et cf.le t. 1 de cet Ouvrage, p. 247, n. 3, et 425, note 1. L'expression cin-quime corps (niamov

  • par d'autres mouvements (1). Il dit de mme que, dans tout ce

    (1) Voyez Phys., liv. VIII, chap. 2. Aprs avoir parl de cette objec-tion, tire du mouvementdes animaux qui parat tre spontan et neprocderd'aucun mouvementvenudu dehors, Aristote fait observerquece n'est l qu'une fausse apparence, et que nous remarquons toujours,dans ce qui compose l'organismeanimal, certains mouvements dont lacause ne doit pas tre cherche dans l'animal mme, mais dans ce quil'environne au dehors, de sorte qu'il y a des mouvements extrieursqui agissentsur les facults intellectuelleset apptitives dpftev yprc xivousvov sv Tw mm TM G'J y.y\>z tov ov oyv xw).0-, fi),).ov 5' "rurctvayy.atov i5

  • qui survient, la possibilit de survenir prcde dans le temps cequi survient, et il en tire diffrentes conclusions pour confirmersa proposition W. Selon cette proposition, le mobile qui estfini (2) devra se mouvoir sur une tendue finie un nombre defois infini, en retournant toujours sur la mme tendue, ce quin'est possible que dans le mouvement circulaire, comme celaest dmontr par la treizime de ces propositions. Il s'ensuit quel'infini peut exister par manire de succession et pourvu qu'iln'y ait pas simultanit(3).

    (1) Voy. Phys., VIII, 1 (p. 251 a). Aristote, aprs avoir rappel ladfinition du mouvement donne plus haut, ajoute que, mme sanscette dfinition du mouvement, chacun accordera qu' l'gard de cha-que mouvement, il faut que ce qui se meut soit capable de se mouvoir,comme par exemple capable de transformer ce qui se transforme, etcapable de changerde place ce qui se transporte, de sorte qu'il faut qu'unechose soit combustible avant de brler, et capable d'enflammer avant qu'elleenflamme, (i'xrrs Si izpfntfxn) kk-jjtov slvai izpiv xKstrflar, zo! xavsrixv vpl-tSelon Ibn-Roschd (1. c., f.155, c. 3) ce passage ne veut dire autrechose, si ce n'est que le mouvement (qui, selon Aristote, est l'entlchied'une chose mobile en tant que mobile) doit exister en puissance dans toutechose mobile. Mais le commentateur arabe nous apprend qu'Al-Farabientendait ce passage dans ce sens que toute puissance doit temporel-lement prcder l'acte, non-seulement dans le mouvement, mais engnral dans tout ce qui survient Dico secundum hanc expositionemintellexit Alpharabiuset alii hoc capitulum, scilicet quod induxit defi-nitionem.motusad declarandum potentiam esse ante actum; et hoc nonest proprium motui, secundum quod est motus, sed est proprium novofacto secundum quod est novum factum, scilicet nt potentia et possenovi praecedat ipsum secundum tempus. Il est vident que Mamonidea emprunt les termes de l'explication d'Al-Farabi qu'Ibn-Roschd d-clare errons; Et hoc quod dixit et sine haedefinitione,etc., hoc dece-pit homines in hoc et existimaverunt ipsum declarare potentiam esseante actum in tempore, et ipse interidebatdicere quod non diciturmo-veri nisi illud in cujus natura est motus, scilicetcorpus mobile et quodnon invenitur in immobili. (2) C'est--dire, la sphre cleste, qui est un corps fini.(3) C'est--dire, qu'on peut admettre l'existence de l'infini en nombre(Voy. la TIe propos.), pourvu que les units qui le composentn'existent

  • Cette proposition, Aristote s'efforce toujours de la confirmer.Quant moi, il me semble qu'il ne prtend nullement attribueraux preuves dont il l'appuie une force dmonstrativeW; maiselle est, selon lui, ce qu'il y a de plus admissible. Cependant,ses sectateurs et les commentateurs de ses crits prtendentqu'elle est ncessaire et non pas seulement possible, et qu'elle at dmontre (2). Chacun des Motcallemin (au contraire) s'ef-force d'tablir qu'elle est impossible car, disent-ils, on nesaurait se figurer qu'il puisse survenir, mme successivement,des faits infinis (en nombre) et ils considrent cela, en somme,comme une notion premire I3). Ce qu'il me: semble moi, c'estque ladite proposition est possible, (et qu'elle n'est) ni nces-saire, comme le disent les commentateurs des paroles d'Ari-stote, ni impossible, comme le prtendent les Motcallemm.Je n'ai pas pour but, en ce moment, d'exposer les preuvesd'Aristote, ni de produire mes doutes contre lui, ni d'exposermon opinion sur la nouveautdu monde; mais mon but, danscet endroit, a t d'numrer les propositions dont nous avonsbesoin pour nos trois questions (4). Aprs avoir mis en lte cespropositions et les avoir concdes, je commence exposer cequi en rsulte.

    pas simultanment, mais successivement, les unes aprs les autres,comme par exemple les instants qui se succdent dans le temps et lesmouvements successifs et non interrompusde la sphre cleste. Voy. let. 1, chap. LXXIII, pag. 413-415.

    (1) Littralement Qu'il ne trauche pas (ou ne dcide pas) que ses preu-res sur elles soient une dmonstration.

    (2) Voy. sur cette question, le chap. XV de cette IIe partie.(3) Littralement La (orce de leurs paroles (c.--d., ce qui en rsulte

    en somme) est que c'est li, selon eux, une notion premire c'est--dire ilsconsidrentgnralementcomme un simple axiome que l'infini par site-cessioaa est impossible. Cf. le t. I, p. 416. Tous les mss. portentDrnaj?, et il faut prendre le suffixe fm. de NHiN dans le sens neutre, oubien le rapporter un mot qui serait sous-entendu,c'est--dire,la proposition qui dclare inadmissible l'infini par succession. La ver-sion d'Ibn-Tibbon porte Nirw au masc. celle d'Al-'Harizi fm.

    (4) C'est--dire l'existence, l'incorporalitet l'unit de Dieu.

  • GUIDE DES GARS.DEUXIME PARTIE.

    CHAPITRE PREMIER.'1*

    Il s'ensuit de la vingt cinquime proposition qu'il y a un mo.teur qui a mis en mouvement la matire de ce qui nat etprit (2', pour qu'elle ret la forme; et, si l'on cherche ce qui amis en mouvement ce moteur prochain, il faudra ncessairementqu'on lui trouve ( son tour) un autre moteur, soit de son espce,soit d'une autre espce car le mouvement se trouve dans lesquatre catgories auxquelles on applique en gnral le (termede) mouvements, ainsi que nous l'avons dit dans la quatrimeproposition. Mais cela ne peut pas se continuer l'infini, comme

    (1) L'auteurdonne, dans ce chapitre, diffrentes dmonstrationsdel'existence d'un Dieu unique et immatriel. Ses dmonstrationssont decellesqu'on a appelesphysiques ou cosmologiques, et qui nous conduisentde l'existence contingente du monde la conception d'un tre nces-saire. Ses preuves sont principalement fondes sur le mouvement/ on d-montre que, la matire inerte ne pouvant se mouvoir elle-mme, et lescauses du mouvement ne pouvant pas remonter l'infini, il est nces-;aire de reconnatre un premier moteur qui soit lui-mme immobile.1.'argumentationest, en substance, emprunte Aristote(Pfcy.?.,1. VIII,chap. 5 et suiv.; iltaph l. XII, ch. 6 et 7) mais elle a t, sur di-vers points, complteet modifie parles philosophesarabes, et on re-connatra, notamment dans la 3e Spculation, des thories particulires Ibn-Sin.

    (2) C'est--dire, la matirede toutes les chosessublunaires. Les deuxversions hbraques(cf. More ha-3Ior, pag. 74), selon lesquellesles mots"ID33/TI se rapporteraient la matire sont incorrectes; au lieude ntn "iDnn, il faudrait crire nt *>Orl sans l'article, et considrerion comme un tat construit dont nt est le complment.

  • nous l'avonsdit dans la troisime proposition. Or. nous trouvonsque tout mouvement (ici-bas) aboutit au mouvement du cin-quime corps, o il s'arrte i1). C'est de ce dernier mouvementque drive, et lui remonte par enchanement, tout ce quidans le monde infrieur tout entier imprime le mouvement etdispose ( la rception de la forme) (2). La sphre cleste a lemouvement de translation, qui est antrieur tous les mouve-ments, comme il a t dit dans la quatorzime proposition. Demme, tout mouvement local (ici-bas) aboutit au mouvementdela sphre cleste. On peut dire, par exemple, que cette pierrequi se meut, c'est le bton qui l'a mise en mouvement; le bton

    a t mu par la main, la main par les tendons, les tendons ontt mus(3) par les muscles, les muscles par les nerfs les nerfspar la chaleur naturelle, et celle-ci enfin a t mue par la formequi est dans elle (4), et qui, indubitablement, est le moteur pre-mier. Ce moteur, ce qui l'a port mouvoir, aura t, parexemple, une opinion (5), savoir, de faire arriver cette pierre,

    en la poussant avec le bton, dans une lucarne, pour la boucher,afin que ce vent qui souffle ne pt pas pntrer par l jusqu'lui. Or, ce qui meut ce vent et ce qui produit (6) son souffle, c'est

    (1) L'auteur veut dire, je crois, que l s'arrte le mouvement propreaux choses subluuaires, pour se continuer par une impulsion maned'un mouvementd'une autre espce.

    (2) C'est--dire, tout ce qui dans ce bas monde sert de moteur pro-chain, ou immdiat, et dispose la malireparticulire recevoir la formeparticulire. Voy. ci-dessus la XXVe proposition.

    (3) C'est par inadvertance que dans notre texte nous avons critcomme l'ont plusieurs mss.; il faut lire Nrin leon plus

    correcte qu'ont quelques autres mss., car on voit par les mots suivants,i"D"in^J^NI, que l'auteura construitle mot collectif ^)j? comme sing.masc.

    (4) Par la forme, l'auteurentend ici l'me vitale.(5) Voy. ci-dessus, pag. 26, note 1.(6) Au lieu du participe -|9iD1, plusieurs mss. ont l'infinitif-|9irVi;

    de mme, plusieursmss. de la version d'Ibn-Tibbonont au lieude

  • le mouvement de la sphre cleste; et ainsi tu trouveras quetoute cause de naissance et de corruptionremonteau mouvementde la sphrecleste (1).

    Quand (par notre pense) nous sommes enfin arrivs cettesphre, qui est (galement) mue, il faut (disons nous) qu'elle ait son tour un moteur, selon ce qui a t dit dans la dix-septimeproposition. Son moteur ne peutqu'tre ou dans elle ou en dehorsd'elle; et c'est l une alternative ncessaire. S'il est en dehorsd'elle, il doit ncessairement tre, ou corporel, ou incorporel;dans ce dernier cas cependant, on ne dirait pas qu'il est en dehorsd'elle, mais on dirait qu'il est spar d'elle car de ce qui estincorporel,on ne dit que par extension qu'il est en dehors ducorps(2). Si son moteur, je veux dire celui de la sphre, est danselle, il ne peut qu'tre ou bien une force rpandue dans tout soncorps et divisible en mme temps que ce dernier, comme la cha-leur dans le feu, ou bien une force (situe) dans lui, mais indi-visible, comme l'me et 1'intelligence, ainsi qu'il a t dit dans ladixime proposition'3). Par consquent, le moteur-de la sphre

    (1) Voy. le t. 1, pag. 362, et ibid., note 2.(2) L'auteur veut dire que l'expression en dehors implique l'ide de

    lieu et de corporit, et qu'en parlant d'une chose incorporelle, d'unepure intelligence, on ne doit pas dire qu'elle est en dehors du corps,mais qu'elle en est spare.. Le mot spar, est employ par lesphilosophes arabes pour dsigner les substances purement spirituelles,spares de toute espce de matire, et auxquelles ne s'applique, sonsaucun rapport, l'ide d'tre en puissnnce, ni aucune autre catgorie quecelle de la substance,. Ils ont entendu dans ce sens ce qu'Arisiote (traitde l'Aixre, liv. ]Il, chap. 7) appelle ri /.^iva les choses spares (del'tendue), et c'est l qu'il faut chercher l'origine du terme arabe. Voy.mes Mlanges de philosophie juive et arabe, pag. 449, et cf. t. 1, pag. 434.(3) Le mot dixime se lit dans la plupart des mss. arabes, ainsi quedans lesdeux versionshbraques; mais ce que l'auteurdit ici se rapporteplutt la onzime proposition, et en effet l'un des deux mss. de Leyde(cod. 18) porte

    -my Dans plusieurs ditions de la versiond'ibn-Tibbon, on a ajout, aprs le mot le chiffre N'"1!, quin'existe ni dans les mss., ni dans l'dition princeps.

  • cleste sera ncessairement une de ce ces quatre choses ou unautre corps en dehors d'elle, ou un (tre) spar, ou une forcerpandue dans e!e ou une force indivisible.

    Le premier (cas), qui suppose comme moteur de la sphrecleste un autre corps en dehors d'elle, est inadmissible,commeje vais le montrer. En effet, tant un corps, il sera m lui-mmeen imprimantle mouvement, ainsi qu'il a t dit dans la neuvimeproposition; or, comme ce sixime corps (1) sera galement m

    en communiquant le mouvement, il faudra que ce soit unseptime corps qui le meuve, et celui ci encore sera m sontour. Il s'ensuivra donc qu'il existe des corps d'un nombreinfini,

    et que c'est par l que la sphre cleste se meut. Mais cela estinadmissible, comme il a t dit dans la deuxime proposition.

    Le troisime cas, qui supposa comme moteur de la sphre cleste une force rpandue dans elle, est galement inadmissible,

    comme je vais le montrer. En effet, la sphre, tant un corps,est ncessairementfinie, comme il rsulte de la premire propo-sition sa force sera donc galement finie, comme le dit ladouzime, et elle se divisera par la division du corps, comme ledit la onzime W. Elle ne pourra donc pas imprimerun mouve-

    (1) On a dj vu que le corps de la sphre cleste est appel le civ-quime corps (voy. ci-dessus, pag. 25, et ibid., note 1); par consquent,le corps qui mettrait en mouvement la sphre cleste serait un sixime

    corps.(2) On pourrait se demander de prime abord pourquoi l'auteur a in-

    troduit ici comme prmisse la XIe proposition car la XIIe parat suffire

    compltementpour dmontrer que la force rpandue dans la sphre c-leste ne pourrait pas imprimer celle-ci un mouvementinfini.

    Samuel

    Ibn-Tibbon ayant soumiscette question l'auteur, celui-ci lui rpondit,

    dans la lettre dj cite, par des dtailsqu'il serait trop long de repro-duire ici. Il dit, en substance, que la XII" propositionne s'appliqued'une

    manire absolue qu' une force divisible (comme par exemple la cha-leur du feu, qui ne se rpand qu' une certaine distance limite), tandisque certaines forces indivisibles qui se trouvent dans un corps

    fini

    ne sont pas ncessairement finies; ainsi, par exemple,la pense de

    l'homme s'lve au del de la neuvimesphre, et il n'est pas dmontr

  • ment, qui, comme nous l'avons pos dans la vingt-sixime pro-position, serait infini (1).

    Quant au quatrime cas, qui suppose comme moteur de lasphre cleste une force indivisible qui serait dans elle, commepar exemple l'me humaineest dans l'homme, il est galementinadmissible que ce moteur seul soit la cause du mouvementperptuel, bien qu'il s'agisse d'une force indivisible (2). En effet,si c'tait l son moteur premier, ce moteur cependant serait mlui-mme accidentellement(3), comme il a t dit dans la siximeproposition; mais j'ajoute ici une explicationW. Lorsque, parexemple, l'homme est mti par son me, qui est sa forme, pour

    qu'elle ait une limite, quoiqu'elle-setrouve dans un corps fini. Il fallaitdonc ici, pour montrer que le moteur premier de la sphre ne sauraittre une force rpandue dans elle, joindre ensemblecomme prmissesla XIIe et la XIe proposition. L'auteurva montrer ensuiteque ce moteurne peut pas non plus tre une force indivisible.

    (1) Littralement: Elle nepourra donc pas mouvoir rinfini, comme nousl'avons pos dans la XXVIe proposition.Il faut se rappeler que l'auteur n'aadmis la XXVIe proposition que comme hypothse; c'est pourquoi il ditici comme nous l'avons pos, expressiondont il ne se sert pas en citantles autres propositions, qui toutes sont rigoureusementdmontres.

    (2) Littralement bien qu'elle soit indivisible. Les fm. nJN3 et ilODp3bparatraient, selon la construction de la phrase, d