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    j o u r n a l i s m e

    G u i d e d u

    i n d p e n d a n t

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    j o u r n a l i s m e i n d p e n d a n t

    G u i d e d u

    Deborah Potter est directrice gnrale de Newslab (www.newslab.org), centre de documentation

    en ligne la disposition des journalistes bass Washington, quelle fonda en 1998. Elle a

    enseign le journalisme au Poynter Institute et lAmerican University, et a t directrice

    gnrale de la Radio-Television News Directors Association. Deborah Potter anime des ateliers

    dans les salles de rdaction aux Etats-Unis, mais aussi dans le monde entier. Elle signe une

    chronique sur linformation audiovisuelle dans lAmerican Journalism Reviewet est lauteur de

    Ready, Set, Lead: A Resource Guide for News Leaders. Deborah Potter a consacr plus de vingt

    ans de sa vie au journalisme tlvis, dont seize ans en tant que correspondante de CBS News

    et CNN, pour lesquels elle couvrait la Maison-Blanche, le dpartement dEtat, le Congrs, la

    politique nationale et les questions relatives lenvironnement. Elle a galement anim la srie

    tlvise In the Prime sur PBS. Elle possde une licence de luniversit de Caroline du Nord

    Chapel Hill et une matrise de lAmerican University.

    p a r D e b o r a h P o t t e r

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    S o m m a i r e

    5 6 7 8

    Le journalismeaudiovisuelet en ligne

    [ 38 ]

    Formes de rcit et

    terminologie de

    laudiovisuel

    Ecrire pour la radio

    ou la tlvision

    Le son

    Limage

    Journauxradiotlviss

    Linormation en ligne

    Les ormes de rcit en

    ligne

    Lcriture en ligne

    Le journalismespcialis

    [ 46 ]

    Les comptences du

    journaliste spcialis

    Gouvernement

    et politique

    Economie et entreprises

    Sant, sciences et

    environnement

    Afaires policires

    et judiciaires

    Sports

    Les questions quil aut

    se poser au sujet

    des sondages

    Dontologieet lgislation

    [ 54 ]

    Principes

    dontologiques

    Les dcisions thiques

    Les codes de

    dontologie

    Les codes de conduite

    Les critres collectis

    Laspect juridique

    Documentationsur le journalisme

    [ 61 ]

    Organismes et

    associations

    Reportage et dition

    Journalisme spcialis

    Formation des

    journalistes

    Libert dexpression

    Livres

    Codes de dontologie

    1 2 3 4

    Quest-ce quelinformation ?

    [ 4 ]

    Les catgories

    dinormations

    Do vient l inormation ?

    Le rle du journaliste

    Objectivit et

    impartialit

    Les ournisseurs

    dinormations

    Trouverlinformation

    [ 12 ]

    Les six questions

    ondamentales

    Lobservation

    La recherche

    Les sources

    Les interviews

    Les rgles de base

    La rgle dexactitude

    Raconterlvnement

    [ 22 ]

    Langle

    La rdaction

    Lattaque

    La structure du rcit

    La chute

    Lidentication

    des sources

    Citations et petites

    phrases

    Les chifres

    Laspect ditorial[ 30 ]

    La rdaction dun

    quotidienLinormation

    audiovisuelle

    Le rle du rdacteur

    en che

    La rvision des textes

    Le mentorat

    Titres, lgendes et

    accroches

    Illustrations et

    graphiques

    Le travail de supervision

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    I N T R O D U C T I O N

    Il est courant de dre quune presse lbre est loxy-

    gne de la dmocratie, car lune et lautre sont

    ndssocables. Lors de son sjour au Etats-Uns, l

    y a prs de deu scles, lhomme poltque ran-

    as Ales de ocquevlle devat constater lmpor-

    tance de la presse en dmocrate et dclarer que

    lune ne pouvat ester sans lautre. Depus lors, ce

    prncpe trs smple sest confirm dans toutes les

    natons de notre plante. Les dmocrates, nas-

    santes ou enracnes, reposent sur le consente-

    ment de ctoyens ben norms, et les organes dn-

    ormaton sont la source prncpale laquelle les

    peuples pusent pour se gouverner eu-mmes.

    Afin de garantr au journalstes les moyens de

    ournr cette normaton, nombre de pays ont ns-

    taur un cadre jurdque qu protge la lbert de la

    presse. Au Etats-Uns, par eemple, le journals-

    me est la seule proesson mentonne dans la

    Consttuton, qu stpule : Le Congrs ne era

    aucune lo [...] qu restregne la lbert de la parole

    ou de la presse. Comme lcrvat Tomas Jeffer-

    son, trosme prsdent des Etats-Uns, en 1787 :

    Le ondement de notre gouvernement tant lop-

    non du peuple, le tout premer object dot tre

    de protger ce drot populare et, sl me allat cho-

    sr entre un gouvernement sans journau ou des

    journau sans gouvernement, jopteras sans hs-ter pour la seconde proposton.

    Dans toute soct lbre, les journalstes ont non

    seulement une certane protecton jurdque, mas

    auss des oblgatons. Dans certans pays, ces

    devors sont clarement ormuls alors que, dans

    dautres, ls sont mplctes. Mas, de toute manre,

    la msson reste la mme : pour normer les

    ctoyens, les journalstes dovent ournr une nor-

    maton conorme la vrt, de manre mpartaleet ndpendante cest--dre lbre de toute

    nfluence etreure.

    L e j o u r n a l i s m e e s t l a f o i s u n e p r o f e s s i o n e t u n c o r p s d e m t i e r,

    d a n s l a m e s u r e o l e j o u r n a l i s t e d o i t p o s s d e r u n s a v o i r f a i r e

    t e c h n i q u e e t s p c i a l i s e t r e s p e c t e r u n c e r t a i n n o m b r e d e

    r g l e s . D s l o r s , q u e s t c e q u i d i f f r e n c i e l e j o u r n a l i s m e d a u t r e s

    a c t i v i t s , t e l l e s q u e l a m d e c i n e o u l e d r o i t q u i p e u v e n t t r e

    d f i n i e s d e l a m m e f a o n ? P e u t t r e l a d i f f r e n c e e s s e n t i e l l e

    e s t e l l e l e r l e p a r t i c u l i e r d e s o r g a n e s d i n f o r m a t i o n d a n s u n e

    s o c i t l i b r e .

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    Dans toutes les dmocrates, les organes dnor-maton jouent auss un rle de garden ace

    lacton des pouvors poltque et judcare. Ils

    mantennent les dmocrates en ve en donnant

    une vo au sans-vo et en sassurant que la

    majort en place ne baoue jamas les drots des

    mnorts. Fnley Peter Dunne, crvan et humo-

    rste amrcan du xixe scle, dclara que le mter

    de journalste consstat consoler les affl gs et

    affl ger les nants . Quo qul en sot, le rle essen-

    tel des journalstes dans une soct lbre est le

    mme depus des gnratons. Lorsque, la fin du

    xxe scle, le Commttee o Concerned Journalsts,

    organsaton base au Etats-Uns, demanda au

    gens de presse de dfinr la nature de leur proes-

    son, la rponse gnrale ut la suvante : Lobjec-

    t essentel du journalsme est de ournr au ctoyen

    lnormaton eacte et fiable dont l a beson pour

    onctonner dans la soct lbre o l vt.

    Le prsent gude consttue une brve ntroducton

    au prncpes ondamentau du journalsme tel

    qul est pratqu en dmocrate cest--dre un

    journalsme qu sefforce de reposer sur des ats et

    non pas sur des opnons. Certes, lopnon a saplace dans la presse ; mas, dans les journau rgou-

    reu, elle figure trs prcsment dans les colonnes

    des dtoralstes ou dans les trbunes lbres ouver-

    tes des personnalts etreures. Cest l le genre

    de journalsme que ja mo-mme pratqu pen-

    dant plus de vngt ans en tant que rdactrce, pus

    rdactrce en che, et que jensegne aujourdhu

    dans le cadre datelers proessonnels au Etats-

    Uns et dans le reste du monde. Mon object est de

    proposer un gude utle et pratque, permettant tous les journalstes de meu servr les collectv-

    ts auquelles ls appartennent.

    Deborah Potter

    Lo b j e c t i f e s s e n t i e l

    d u j o u r n a l i s m e e s t

    d e f o u r n i r a u c i t o y e nl i n f o r m a t i o n e x a c t e e t

    f i a b l e d o n t i l a b e s o i n

    p o u r f o n c t i o n n e r d a n s l a

    s o c i t l i b r e o i l v i t .

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    4

    1

    4

    Q U E S T - C E Q U E

    L I N F O R M A T I O N ?

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    Par consquent, quest-ce qu at quune nor-

    maton mrte dtre puble ou dffuse ? En vrt,cela dpend de dvers acteurs. Dune manre

    gnrale, une nouvelle est une normaton

    qu ntresse largement le publc vs ; de sorte

    quune nouvelle mportante pour la populaton

    de Buenos Ares ne le sera pas orcment pour les

    habtants de Bakou. Auss les journalstes dcdent-

    ls de lntrt dune nouvelle selon les crtres

    dvaluaton suvants :

    Lopportunit

    el vnement est-l rcent ou vent-l de se pro-

    dure ? Vol un acteur qu dtermne sl mrte

    dtre publ. En effet, la noton d vnement

    rcent vare selon le support dnormaton. Pour

    un magazne hebdomadare, tout vnement qu a

    eu leu depus ldton prcdente peut tre cons-

    dr comme dgne danalyse et de publcaton. En

    revanche, pour une chane de tlvson dnorma-

    ton contnue, la nouvelle opportune est cellequ vent de tomber , lvnement qu se produt

    la mnute mme et qu peut tre couvert en

    drect, sur place, par un journalste.

    Limpact

    Sagt-l dune nouvelle qu concerne le grand

    publc ou unquement quelques personnes ? La

    contamnaton du systme dapprovsonnement

    en eau dune vlle de 20 000 habtants est une nou-

    velle qu a un certan mpact, car elle touche drec-tement la populaton vse. La nouvelle de la mort

    de d enants qu ont bu de leau pollue dans une

    vlle assez logne a galement un certan mpact,

    car elle susctera une moton orte dans les esprts.

    En revanche, le at quun ouvrer at sectonn une

    lgne lectrque ne consttue pas une nouvellemportante, sau s cela provoque une panne totale

    de courant, pendant pluseurs heures, dans la vlle.

    La proximit

    Lvnement sest-l produt prs de chez vous, ou

    concerne-t-l des habtants de votre vlle ou de

    votre rgon ? Ans, un accdent davon survenu

    au chad era les gros ttres NDjamena, mas l

    est peu probable que cette normaton asse gale-

    ment la une au Chl sau s lavon transportat

    des Chlens.

    La controverse

    Y a-t-l un lment de conflt ou de dsaccord ?

    Ltre human sntresse tout naturellement des

    vnements marqus par le conflt, par des ten-

    sons ou par une controverse publque. Chacun

    ame prendre part pour vor quel camp lempor-

    tera. Cependant, conflt nest pas toujours syno-nyme dopnons dvergentes. Il peut y avor gale-

    ment conflt dans lhstore dun mdecn qu se

    bat contre une malade, ou de ctoyens qu soppo-

    sent une lo njuste.

    La notorit

    Une personnalt connue est-elle en cause ? Un

    vnement ou un accdent banal peut retenr lat-

    tenton s une mnente personnalt sy trouve

    mle par eemple un Premer mnstre ou unevedette de cnma. Pour revenr laccdent davon

    au chad, la nouvelle era le tour du monde s lun

    des passagers tat une star du rock.

    C e s t l a r p o n s e l a q u e s t i o n Q u o i d e n e u f ? I l e s t a l o r s

    v i d e n t q u i l s a g i t d e s v n e m e n t s n o u v e a u x . S i l o n c o n s u l t el e d i c t i o n n a i r e , o n a p p r e n d q u e l i n f o r m a t i o n e s t l e r c i t

    d v n e m e n t s r c e n t s o u d e n o u v e l l e s i n d i t e s . E t p o u r t a n t , t o u s

    l e s v n e m e n t s q u i s e p r o d u i s e n t c h a q u e j o u r d a n s l e m o n d e n e

    s o n t p a s f o r c m e n t r e l a t s p a r l a p r e s s e c r i t e o u a u d i o v i s u e l l e .

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    Lactualit

    Lvnement est-l au centre des conversatons ?

    Une runon du gouvernement consacre la

    scurt dans les autobus nattrera gure latten-

    ton, sau s elle se tent peu aprs un terrble acc-dent dautobus. De mme, un ncdent lors dun

    match de ootball restera dans lactualt pendant

    pluseurs jours du at qul almente la plupart des

    conversatons.

    Linsolite

    Lvnement est-l nhabtuel ? Selon le dcton, s

    un chen mord un homme, cela ne at pas une

    nouvelle ; mas, s un homme mord un chen, on

    tent une normaton ! Ce qu est etraordnareet nattendu suscte tout naturellement la curost

    humane.

    En outre, lactualt dune normaton dpend

    non seulement du leu mas de ldentt mme du

    publc vs. Dffrents groupes de personnes ont

    des modes de ve et des proccupatons dffrents,

    ce qu les amne sntresser des normatons

    dffrentes. Ans, une msson de rado destne

    au jeunes nclura des normatons sur des stars

    de la musque ou du sport, qu ne figureraent pas

    dans un journal conomque sadressant un

    publc plus g et plus as. Un hebdomadare

    mdcal parlera des essas eprmentau dun

    mdcament, car cela ntressera probablement le

    publc de mdecns qu lt cette revue. En revan-

    che, mons que ce mdcament ne sot cens gu-

    rr une malade trs connue, la plupart des jour-

    nau gnralstes locau ne rapporteront pas cettenormaton la seule ecepton possble tant le

    quotden de la vlle o a leu leprence.

    Les organes dnormaton consdrent quls

    ont une msson de servce publc ; ls dffusent

    donc les normatons dont chaque personne a

    beson dans sa ve quotdenne pour agr en ctoyen

    dans une soct dmocratque. Mas l sagt auss

    en gnral dentreprses commercales qu dovent

    ralser des bnfices pour survvre ; l aut donc

    galement nclure des normatons qu capterontlattenton du publc par leur valeur ntrnsque.

    Cette double nature de lnormaton nest pas or-

    cment contradctore : de at, les melleures nor-

    matons peuvent compter un mme jour des nou-

    velles la fois mportantes et ntressantes.

    outeos, les organes de presse ont lhabtude de

    dstnguer deu grandes catgores : lactualt

    (hard news) et lnormaton magazne (soft news

    oufeatures).

    Les catgories d informations

    Lactualt est essentellement lnormaton

    du jour. Cest la nouvelle qu figure en une

    dun quotden, en haut dune page Internet

    ou en ouverture dun journal radotlvs.

    Ans, les guerres, la ve poltque et conomque

    ans que la crmnalt almentent souvent lactua-

    lt. Une grve annonce aujourdhu par les con-

    ducteurs dautobus muncpau, et qu aura pour

    effet dempcher pluseurs mllers de banleusardsde se rendre leur traval, relve de lactualt. En

    outre, cest un vnement qu suscte la controver-

    se et dont lmpact vse un large publc. La collect-

    vt a beson dtre norme mmdatement, car

    lvnement touche la ve quotdenne de tous.

    En revanche, lhstore dun athlte clbre, le-

    v dans un orphelnat, correspond ce que lon

    appelle lnormaton magazne. Certes, cette hs-

    tore prsente un ntrt human car elle concerne

    une personnalt et prsente en outre un caractrenhabtuel qu almentera les conversatons. Mas l

    ny a aucune rason mpratve den parler un jour

    plutt quun autre. Cest, par dfinton, un sujet

    magazne. Ans, de nombreu journau et stes

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    dnormaton en lgne proposent ce genre de rubr-

    ques consacres au modes de ve, la amlle et

    la mason, au arts ou au spectacles. Les journau

    les plus mportants proposent auss paros des

    rubrques hebdomadares sur des sujets tels quelalmentaton, la sant, lducaton, etc.

    Mas ces deu catgores dnormatons ne d-

    rent pas seulement par le contenu. Dans la plu-

    part des cas, la rdacton mme en est dffrente.

    Les sujets dactualt sont gnralement rdgs de

    manre donner lnormaton la plus mportante

    ds le dbut. Au contrare, les sujets magazne

    commencent souvent par une anecdote ou une

    llustraton destne capter lntrt du lecteur, et

    le thme central de lartcle peut apparatre beau-coup plus lon.

    Certans artcles mlent les deu genres. Il sagt

    alors de sujets qu ne sont pas orcment ls lac-

    tualt, mas qu nen sont pas mons mportants ;

    on les dsgne souvent, en anglas, sous lappella-

    ton news features ou normatons magazne. Il

    peut sagr, par eemple, dun rct sur la lutte con-

    tre le sda. Un nouveau tratement du sda relve-

    rat plutt de lactualt. En revanche, lnorma-

    ton magazne consstera plutt eplorer de

    manre vvante des tendances ou des problmes

    socau complees sous langle human et ndv-

    duel. (Nous approondrons ces dffrents styles de

    rdacton au chaptre 3, Raconter lvnement .)

    Do vien t l informatio n ?

    Le journalste recuelle des normatons de

    dverses aons ; mas, dans la plupart descas, on dstngue tros catgores :

    lvnement dorgne naturelle tel quune

    catastrophe ou un accdent ;

    des actvts prvues et planfies : runons,

    conrences de presse, etc.

    une ntatve du journalste.

    Les vnements mprvus ont souvent de

    grands sujets. Un erry qu coule, un accdent

    davon, un tsunam ou une coule de boue reten-

    nent lattenton non seulement au moment o cesvnements se produsent, mas souvent pendant

    pluseurs jours vore pluseurs semanes. Lmpor-

    tance de la couverture par les mdas dpend en

    parte de la promt du leu de la catastrophe et

    de ldentt des vctmes. Un accdent de voture

    Pars ne era pas ncessarement la une, alors que

    laccdent survenu en 1997 dans la captale ran-

    ase ut une nouvelle consdrable non seulement

    en France, mas auss dans le reste du monde, carlune des vctmes tat la prncesse Dana.

    Les tmons dune catastrophe contactent sou-

    vent un organe de presse. Les journalstes sont

    auss norms par les servces durgence : polce,

    pompers ou qupes de secours. Dans certans

    pays, les organes de presse captent drectement les

    communcatons des servces durgence et ont

    ans la possblt denvoyer rapdement sur les

    leu des reporters qu asssteront alors au droule-

    ment des vnements.Pour de nombreuses salles de rdacton, la

    source dnormaton la plus vdente est le calen-

    drer des manestatons se tenant dans la vlle, tel-

    les que runons du gouvernement, nauguratons

    commercales ou vnements locau. Souvent

    baptse agenda , cette lste dactvts ne ournt

    pas orcment des sujets dartcles ou de reporta-

    ges ; mas consttue une ecellente base pour les

    journalstes en qute dnormatons. Les journals-

    tes attachs un type de rubrque ou dnsttuton

    avouent y trouver souvent une de dartcle.

    Les communqus de presse peuvent gale-

    ment tre une source dnormaton ; mas l sagt,

    l encore, dun smple pont de dpart. Des dza-

    nes de ces communqus parvennent chaque jour

    dans les salles de rdacton par courrer lectro-

    nque, par tlcope, vore par vdotransmsson.

    Les onctonnares et les organsmes publcs en

    rdgent un grand nombre ; mas cest auss le casde groupes mportants tels que socts prves ou

    dorgansatons but non lucrat, qu souhatent

    normer les mdas de leurs actvts. Un commu-

    nqu de presse peut ressembler un artcle de

    presse crte ; mas, du at que son auteur a un

    ntrt drect dans le contenu du communqu, l

    ne prsentera probablement pas un tableau com-

    plet. Leacttude des ats ne sera peut-tre pas en

    cause mas, gnralement, laccent sera ms sur

    laspect post de la personne ou de lorgansatonqu at lobjet du communqu. Mme s le com-

    munqu semble ntressant, le journalste proes-

    sonnel dot dabord en vrfier leacttude, pus

    snterroger sur la ralt derrre le commun-

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    qu, avant de dcder sl y a matre reportage.

    out vnement planfi et organs, tel quune

    manestaton de rue, peut auss consttuer une

    normaton : le journalste dot alors se garder

    dtre manpul par les organsateurs, dont l objec-t est de prsenter leur verson de l vnement. Les

    hommes poltques ont lart de proposer un vne-

    ment ou une sance photo pour attrer la presse

    alors qul neste, en ralt, aucun lment dac-

    tualt. Cela ne sgnfie pas que le journalste dove

    nglger ce genre dvnement mas smplement

    qul lu audra se lvrer une enqute complmen-

    tare pour are le tour de la queston.

    La plupart des journalstes dclarent que leurs

    melleurs artcles rsultent dntatves personnel-les. Paros, une de dartcle mane dnconnus,

    qu rendent vste la rdacton, tlphonent ou

    envoent un courrer lectronque pour are tat

    dune plante ou dune proccupaton. Certans

    mdas sollctent la partcpaton de leurs conc-

    toyens en mettant leur dsposton un numro

    de tlphone ou une adresse lectronque pour

    recuellr leurs suggestons. Les journalstes consa-

    crent beaucoup de temps se consttuer ans un

    rseau de relatons susceptbles de leur ournr des

    normatons. (Nous dvelopperons la queston de

    la consttuton des sources dnormaton au chap-

    tre 2, rouver lnormaton .)

    Souvent, le journalste trouve des des tout

    smplement en regardant autour de lu et en cou-

    tant les conversatons. Un commentare entendu,

    par eemple lors dune manestaton sportve ou

    dans une file dattente la poste, peut tre le pont

    de dpart dun artcle. Lorsque vous ntes pas enreportage, nterrogez les personnes que vous ren-

    contrez sur ce qu se passe dans leur ve ou leur

    quarter : cela vous mettra peut-tre sur la pste

    dun sujet ndt.

    Une autre source dnormaton consste se

    demander ce qu a pu se produre depus quun

    vnement a t mentonn dans la presse crte et

    audovsuelle. Le suv dun vnement peut sou-

    vent crer la surprse et tre mme plus ntressant

    que le sujet dorgne. Ans, un reportage effectule lendeman dun ncende permettra de dterm-

    ner le nombre eact de vctmes et ltendue des

    dgts matrels. Mas, pluseurs semanes aprs

    lvnement, on sapercevra peut-tre quun syst-

    me de transmsson rado dectueu a empch

    les pompers dntervenr assez rapdement pour

    sauver davantage de ves.

    Documents, donnes et archves publques

    peuvent auss rvler des hstores etraordnares.Le journalste peut les consulter pour dtermner

    certanes tendances ou dceler des dysonctonne-

    ments. Ce genre denqute demande davantage de

    traval, mas les rsultats valent presque toujours la

    pene. Naturellement, cela est plus acle s les don-

    nes sont normatses. Ans, une lste de person-

    nes ayant reu une contraventon pour ecs de

    vtesse peut condure un artcle s on la dclne

    par noms plutt que par dates. Cest de cette

    manre que la journalste Nancy Amons apprtquun automoblste avat accumul une dzane de

    contraventons en tros ans et avat mme caus la

    mort dun autre automoblste lors dun accdent,

    sans retrat de son perms de condure. Lors de

    lenqute de la journalste, les responsables munc-

    pau reconnurent avor manqu leur msson.

    L e r l e d u jou r n al i ste

    Les nouvelles technologes permettent dsor-

    mas tout possesseur dun ordnateur de

    dffuser des normatons sur une auss

    grande chelle que les organes de presse les

    plus mportants. Cependant, un ste Internet,

    mme ben conu, ben rdg et souvent actuals,

    nest pas orcment une source fiable. En vrt,

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    9

    dans un monde complee o lnormaton nest

    plus une denre rare, le rle du journalste est plus

    mportant que jamas.

    A la dffrence du propagandste ou de lcho-ter, le journalste effectue un tr dans lnormaton

    dsponble pour en dgager les lments valables et

    fiables, avant de les publer. oute normaton,

    qul sagsse dactualt mmdate ou magazne,

    dot tre eacte. Cest pourquo le journalste dot

    non seulement collecter les normatons, mas

    auss les vrfier avant usage. Dans tous les cas pos-

    sbles, l se onde sur des observatons de premre

    man ; pus l consulte dffrentes sources afin de

    sassurer de la fiablt des normatons. Et, sau

    dans de rares cas, l rvle ses sources, afin de per-

    mettre au publc den valuer la crdblt.

    Cependant, le journalsme ne se lmte pas la

    smple dffuson dune normaton onde sur des

    ats. La propagande auss peut tre actuelle ; mas

    elle prsente les ats de manre nfluencer lop-

    non. Comme nous lavons dj soulgn, les pro-

    essonnels des relatons publques prsentent auss

    des ats, mas paros sous un certan angle seule-ment. En revanche, le journalste sefforce dtre

    mpartal et ehaust. Il sefforce de relater une hs-

    tore de manre eacte et authentque, cest--dre

    qu reflte la ralt et non sa vson personnelle

    des choses ou celle de quconque.

    Autre dffrence entre le journalsme et dautres

    ormes dnormaton : le journalste sefforce de

    rester ndpendant des personnes ou des organsa-

    tons dont l parle. Un proessonnel des relatons

    publques vtera de communquer des norma-tons susceptbles doffrr une mage ngatve de

    lentreprse qu lemploe. Le journalste, lu, seffor-

    cera de prsenter un tableau complet, mme s

    celu-c nest pas totalement post.

    Le journalste nest pas une smple courroe de

    transmsson au servce dun pont de vue person-

    nel ou des normatons collectes. Le journalste

    effectue une enqute personnelle, ne conond pas

    les ats avec les opnons ou les rumeurs, et estcapable de are des cho dtorau honntes. Bll

    Keller, drecteur de la rdacton du New York

    imes, consdre que lun des prncpau devors

    du journalste est d valuer lnormaton .

    Contrarement dautres pourvoyeurs dnor-

    matons, les journalstes sont dabord redevables

    leur publc. Comme lndque le code de dontolo-

    ge de laMontrealGazette : Latout essentel dun

    journal est son ntgrt. Celle-c est dffi cle

    attendre, mas acle perdre. Pour respecter ceprncpe et vter les conflts dntrts, les journa-

    lstes dploent des efforts consdrables. (Nous

    revendrons sur cet aspect au chaptre 7, Donto-

    loge et lgslaton .)

    O bje ct i vi t e t i mpar t i al i t

    Le concept dobjectvt journalstque appa-

    rut l y a prs dun scle, en racton au jour-

    nalsme de type sensatonnel et dologque

    qu prdomnat alors dans lensemble de la

    presse. Le terme dsgna dabord la dmarche ou

    mthode journalstque : le journalste devat se-

    orcer de prsenter lnormaton de manre objec-

    tve, sans part prs personnel ou corporatste.

    Au fil du temps, loblgaton dobjectvt se

    conondt avec le journalste lu-mme. Ans,

    Leonard Downe, drecteur de la rdacton du

    quotden amrcan Te Washington Post, prt ceconcept tellement au sreu qul reusa mme de

    snscrre sur les lstes lectorales. Mas, aujourdhu,

    de nombreu journalstes reconnassent que

    lobjectvt totale est mpossble. En 1996, lU.S.

    Socety o Proessonal Journalsts supprme le mot

    objectvt dans son code de dontologe. Aprs

    tout, les journalstes sont auss des tres humans,

    attachs leur traval et anms par des opnons

    personnelles. Prtendre quls peuvent tre totale-

    ment objects revent dre quls nont pas devaleurs personnelles. Au contrare, les journalstes

    reconnassent dans lensemble quls dovent tre

    conscents de leurs opnons personnelles afin de

    les matrser. De at, le publc ne dot pas dceler

    D a n s u n m o n d e c o m p l e x e

    o l i n f o r m a t i o n n e s t p l u s

    u n e d e n r e r a r e , l e r l ed u j o u r n a l i s t e e s t p l u s

    i m p o r t a n t q u e j a m a i s .

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    lopnon du journalste. Cest aprs avor vrfi

    lnormaton de manre objectve et scentfique

    que le journalste peut rester neutre. En dautres

    termes, cest le rct qul propose qu dot are

    preuve dmpartalt et dhonntet.De mme, le journalste sefforce de are preu-

    ve dmpartalt dans le rct qul at dun vne-

    ment. Il recherche des ponts de vue contradcto-

    res et en rend compte sans prendre part. Le

    journalste ne se bornera pas vrfier les affi rma-

    tons mas eposera des ponts de vue dffrents,

    dans tous les cas o l y a polmque.

    Cependant, honntet nest pas synonyme

    dqulbre. En effet, la noton dqulbre lasse

    entendre qul ny a que deu versons possblesdune mme hstore ce qu est rarement le cas.

    En ralt, le journalste la recherche de ce genre

    dqulbre artficel rsque de are un rct onc-

    rement neact. Ans, une grande majort dco-

    nomstes ndpendants saccordera sur les effets de

    telle poltque de dpenses, alors quune toute pet-

    te mnort deperts dendra une concepton

    dffrente qu sest dalleurs rvle ausse par le

    pass. Il serat donc allaceu daccorder la mme

    place ces deu conceptons opposes.

    Le dfi que dot relever le journalste consste

    eposer honntement et ntgralement lensemble

    des ponts de vue mportants. Etre honnte, cela

    sgnfie notamment couter les dffrents ponts

    de vue en prsence et les ntgrer au traval journa-

    lstque, dclare Dan Gllmor, journalste et auteur

    dun blog. Ce nest pas rpter aveuglment des

    mensonges ou des des ausses pour parvenr un

    prtendu qulbre, alors que les ats penchent trsclarement dun certan ct.

    L e s fou r n i sse u r s d in for mati on s

    Tous les journalstes ont des caractrstques

    en commun. Ils sont, par eemple, cureu

    et tenaces. Ils veulent savor le pourquo des

    choses et nacceptent jamas un reus de

    prncpe. Ils ne se lassent pas ntmder par les

    pussants et ont une vrtable passon pour leurmter. Kevn Marsh, rdacteur en che de Rado 4,

    staton de la Brtsh Broadcastng Corporaton

    (BBC), consdre quun bon journalste a la capa-

    ct de comprendre les grandes des, mas dot

    avor galement lhumlt dy renoncer lorsque les

    ats les dsavouent . Le mter de journalste est

    at de dfis et de dffi cults. Comme le soulgnat

    Phlp Graham, qu ut prsdent du consel dad-

    mnstraton de la Washngton Post Enterprse, [le journalste] se trouve conront, chaque

    semane, une tche absolument mpossble :

    esqusser le rct dune hstore jamas ncomplte

    dun monde jamas ncomprhensble .

    Aujourdhu, les journalstes dsposent de plus

    de dbouchs qu aucune autre prode de lhs-

    tore de la proesson du pett journal local au

    chanes de tlvson vocaton nternatonale en

    passant par les stes Internet. Cela dt, chacun de

    ces mdas a ses orces et ses ablesses.Dans la plupart des pays, les quotdens de la

    presse crte ont gnralement les qupes les plus

    mportantes et peuvent proposer des analyses plus

    approondes que les mdas audovsuels. Et

    depus lmergence de lInternet, de nombreu

    journau peuvent mme dpasser les lmtes trad-

    tonnelles de lunque dton quotdenne. Cepen-

    dant, ls sadressent essentellement un publc

    cultv, as, habtu la lecture et ayant les moyens

    dacheter tous les jours le journal ou de dsposer

    dun ordnateur pour accder ldton en lgne.

    La rado, lune des sources dnormaton les

    plus mportantes, a pour atouts la rapdt et la

    aclt daccs. Les journalstes sont en mesure de

    dffuser rapdement une normaton, et toute per-

    sonne possdant une pette rado ples peut cap-

    ter tout moment ces normatons partout dans le

    monde. Les reporters utlsent auss ben le son que

    la parole, de sorte que laudteur a lmpresson devvre en parte lvnement. De plus, la rado, de

    nombreu bulletns dnormatons se succdent

    en une journe, ce qu permet de coller lactualt.

    outeos, la plupart des statons de rado naccor-

    dent quun temps restrent chaque bulletn qu se

    rdut en gnral un rsum des grands vne-

    ments, dpourvu de la proondeur ou de lacut

    des analyses de la presse crte.

    Quant la tlvson, qu dspose la os de

    lmage et du son, elle at vor drectement lvne-ment au tlspectateur, plutt que de smplement

    le lu relater. Lune des grandes orces de la tlv-

    son est son pouvor dmoton et dvocaton. De

    plus, les progrs technologques camras de talle

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    11

    rdute, montage numrque, lasons mobles

    offrent aujourdhu la tlvson pratquement la

    mme rapdt que la rado. En revanche, la dpen-

    dance de la tlvson vs--vs de l mage peut par-

    os lempcher daborder des sujets complees duat de leur absence dmpact vsuel.

    Ces dernres annes, la dstncton entre pres-

    se crte et audovsuelle sest estompe. En effet,

    au Etats-Uns comme dans dautres pays, de nom-

    breu groupes de presse dffusent aujourdhu de

    lnormaton sur dffrents supports, y comprs

    lInternet. Ce rseau nternatonal pouvant sten-

    dre lnfin, lnormaton en lgne nest pas sou-

    mse au mmes lmtes de temps et despace que

    la presse crte ou audovsuelle. Les stes dnor-maton sur lInternet peuvent proposer un volume

    dnormatons plus mportant pendant des pro-

    des plus longues. De plus, ls donnent la possblt

    lnternaute de rechercher drectement lnorma-

    ton qu lntresse.

    Les stes dnormaton en lgne affi ls des

    quotdens de la presse crte, une staton de

    rado ou une chane de tlvson sont gnrale-

    ment assez semblables. Ils llustrent leurs rcts de

    photos, souvent de bandes vdo et de bulletns

    dnormatons complets. Ces stes peuvent gale-

    ment proposer une verson tlchargeable de leurs

    archves que lusager pourra consulter ultreure-

    ment sur un ordnateur ou un baladeur. Sur cer-

    tans stes, l est possble de lre le tete dun artcle

    ou dcouter lauteur en are la lecture. Enfin, les

    organes de presse commencent publer leur pro-

    pre blog (contracton de Web log), dans lequel

    les journalstes peuvent tenr en lgne un carnet debord sur les sujets trats ou sur les dcsons prses

    par la rdacton du journal.

    Dans ce monde en plene voluton, de nom-

    breu journalstes prouvent le beson dacqurr

    de nouvelles comptences. Par eemple, l leur au-

    dra peut-tre, ct de leur traval habtuel dnter-

    vew et de rdacton, prendre eu-mmes des pho-

    tos qu seront ensute publes sur le ste Internet.

    Les rdacteurs en che devront peut-tre, en plus

    des tches courantes de relecture des artcles et derdacton des ttres, assurer eu-mmes laffi chage

    dartcles sur le ste Internet. De leur ct, les pho-

    tographes de presse pourront apprendre filmer

    en vdo ou rdger des tetes pour accompagner

    leurs photos. Ans, de nombreu organes de pres-

    se assurent la ormaton des journalstes qu do-

    vent assumer de nouvelles onctons. Et certans

    proesseurs de journalsme adoptent ce quls

    appellent un currculum convergent , regrou-pant les multples comptences dont les tudants

    auront beson plus tard.

    Nanmons, malgr toutes ces nouvelles e-

    gences, lessence du journalsme reste nchange.

    Comme lcrvent Bll Kovach et om Rosenstel

    dans leur ouvrage nttul Te Elements of Jour-

    nalism : What Newspeople Should Know and

    the Public Should Expect, l este quelques prn-

    cpes trs clars sur lesquels les journalstes saccor-

    dent dans toute soct dmocratque et que lectoyen est en drot dattendre :

    La premre oblgaton du journalsme est dtre

    au servce de la vrt.

    Son premer devor est envers le publc.

    Lessence du journalsme rsde dans legence

    de vrficaton.

    Les journalstes dovent rester ndpendants des

    personnes ou entts dont ls parlent.

    Le journalsme dot servr de contre-pouvor

    ndpendant.

    Il dot tre un orum de crtque et de dbat

    collects.

    Il dot prsenter les ats majeurs de manre

    ntressante et pertnente.

    Il dot proposer des normatons la os com-

    pltes et relatvses.

    Les journalstes dovent pouvor eercer leur

    lbert de conscence.

    ous ces crtres ont que le journalsme se ds-

    tngue des autres ormes de communcaton. Il

    nest pas acle de les respecter. Le journalste subt

    quotdennement des pressons qu loblgent des

    concessons. Mas l dot au contrare les avor tou-

    jours lesprt pour remplr sa msson essentelle,

    qu est de ournr au ctoyens toutes les norma-

    tons ncessares pour se dtermner dans leur ve.

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    2

    T R O U V E R L I N F O R M AT I O N

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    de la scurt des erres, qu vent de prendre ses

    onctons et lu ndque donc les coordonnes deson prdcesseur. Aprs avor jont lancen drec-

    teur, alors retrat, le journalste a pu confirmer le

    manque de radeau de sauvetage sur les erres de

    lEtat. Mas, lon de se contenter de ce premer l-

    ment, Erc Nalder consdrat que ce ntat quun

    pont de dpart.

    Pour avor un tableau complet de la stuaton,

    le journalste devat se procurer des documents

    ndquant le nombre de radeau dsponbles sur

    chaque erry, la capact de chaque radeau et le

    nombre de passagers mamum par erry. Il lu al-

    lat analyser lensemble de ces donnes afin de

    dtermner prcsment la gravt du manque de

    radeau. Le journalste a galement dcd deffec-

    tuer lu-mme une traverse en erry, et de sentre-

    tenr avec des passagers et des membres de lqu-

    page. Ce nest qu la sute de tous ces processus

    qul a pu crre son artcle destn la une du

    journal et rvler que le nombre de radeau desauvetage sur les erres de lEtat de Washngton

    ne permettat en at dvacuer quun passager

    sur sept.

    Le reportage est une entreprse dffi cle, conss-

    tant runr les ats et en vrfier scrupuleuse-

    ment leacttude. Paros, le journalste est le

    tmon drect de l vnement ; mas, dune manre

    gnrale, l rassemble des dtals auprs de person-

    nes qu ont vcu leprence en drect ou auprs

    deperts. Ces normatons sont renorces ouconfirmes par des sources complmentares, et

    vrfies par rapport dautres lments documen-

    tares ourns par les servces darchves publques

    et autres rapports ou comptes rendus.

    Lnormaton recuelle par le journalste dot

    gnralement rpondre au questons suvantes :qu, quo, o, quand et comment ? Selon la com-

    plet de lvnement, le journalste pourra poser

    ces questons de dffrentes aons.

    QUI ?

    Qu partcpe cet vnement ?

    Qu est touch par lvnement ?

    Quelle est la personne la meu place pour le

    raconter ?

    Quelle personne manque lappel dans le rct

    de lvnement ? Et qu en est le meu norm ?

    Quelles sont les personnes qu sopposent dans

    cette affare ? Ont-elles des ponts communs ?

    Qu devras-je encore consulter au sujet de cet

    vnement ?

    QUOI ?

    Que sest-l pass ?

    Quel est lobjet de cette affare ? Quest-ce que jemefforce rellement de dre ?

    Quelles normatons sont ncessares au lecteur,

    laudteur ou au tlspectateur pour compren-

    dre les ats ?

    Quest-ce qu ma le plus tonn ? Quel est le at

    le plus mportant que jae dcouvert ?

    Quel est lhstorque ? Que va-t-l se produre

    ensute ?

    Quel rle les populatons concernes peuvent-

    elles jouer ?

    L e d c l i c t a i t v e n u d u n c o u r r i e r l e c t r o n i q u e d u n a n c i e n

    f o n c t i o n n a i r e d u g o u v e r n e m e n t l e q u e l s u g g r a i t l a p r e s s ed e v r i f i e r l e n o m b r e d e r a d e a u x d e s a u v e t a g e b o r d d e s f e r r i e s

    d e l E t a t d e Wa s h i n g t o n . A i n s i , l e j o u r n a l i s t e E r i c N a l d e r , a l o r s

    c o l l a b o r a t e u r d u S e a t t l e Ti m e s , d c i d e d e p r o c d e r c e t t e

    v r i f i c a t i o n . I l p a s s e u n p r e m i e r c o u p d e t l p h o n e a u d i r e c t e u r

  • 7/30/2019 Guide Journalisme Ind Pendant

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    14

    OU ?

    O les vnements se sont-ls produts ?

    O devras-je me rendre pour avor une vson

    complte de lhstore ?

    Quelles en seront les sutes et laboutssement ?

    QUAND ?

    Quand lvnement sest-l produt ?

    A quels moments se stuent les ponts cls de

    lhstore ?

    Quand devras-je relater les ats ?

    POURQUOI ?

    Pourquo cet vnement ? Est-ce un cas sol ou

    un lment parm dautres dans une tendancegnrale ?

    Pourquo les gens se comportent-ls ans ? Quel-

    les sont leurs motvatons ?

    Pourquo cet vnement est-l mportant ? Pour-

    quo devrat-on lre, couter ou regarder un

    reportage sur ce sujet ?

    Pourquo sus-je certan davor la bonne verson

    des ats ?

    COMMENT ?

    Comment cela sest-l produt ?

    Comment cela va-t-l nfluer sur la sute des

    vnements ?

    Comment ces ats vont-ls ader le lecteur, laud-

    teur ou le tlspectateur ? Ou la collectvt ?

    Comment a-je obtenu lnormaton ? Est-elle

    clare ?

    Comment pourrat-on raconter lvnement

    un am ?

    Nombre de journalstes gardent cette lste de

    questons prsente lesprt afin dtre certans

    davor abord tous les lments mportants dun

    sujet.

    Lobservation

    Lobservaton sur le terran est lun des prnc-

    pes de base du bon journalsme. Dans tousles cas possbles, le journalste souhate tre

    le tmon drect de lvnement, afin de le

    relater le plus fidlement possble. Le bon journa-

    lste at appel ses cnq sens sur le terran. Il regar-

    de, coute, sent, gote et palpe lvnement afin

    de transmettre toutes ces sensatons au publc.

    Pour ce are, l dot noter trs eactement tou-

    tes ses observatons. Le journalste de la presse

    crte utlse un carnet de notes et un stylo ; masnombre de reporters squpent auss dun magn-

    tophone et dun apparel photo ou dune camra,

    en partculer sls dovent galement prsenter

    lvnement sur un ste Internet. Pour la rado, l

    aut capter les sons et, pour la tlvson, l aut ben

    sr la os le son et lmage.

    Le magntophone permet de garantr leact-

    tude dun propos ou dune ctaton. Cependant, un

    apparel peut tomber en panne, et l est donc

    mportant, pour le journalste, de savor auss pren-

    dre des notes. Voc quelques consels de reporters

    eprments ce sujet :

    Notez les ats, les dtals, les penses et les des,

    et tablssez clarement la nature et lorgne de

    chaque note.

    Fates un schma des pces, des leu et des rap-

    ports entre chaque lment.

    Notez toujours correctement lorthographe des

    noms, des ttres et des contacts vous ayant com-munqu une normaton. Demandez la date

    eacte de nassance de chacun, pour ndquer les

    ges avec prcson. Enoncez clarement les

    rgles de lntervew dans votre carnet. Ne sur-

    chargez pas le carnet, et lassez de la place pour

    rajouter des annotatons.

    Lassez verge lntreur de la couverture du car-

    net, afin de pouvor y noter dautres questons

    poser plus tard.

    Enfin, accompagnez vos notes de commentaressans tarder.

    Nombre de journalstes ont leur stnographe

    personnelle pour noter les mots les plus courants

    L e b o n j o u r n a l i s t e

    f a i t a p p e l

    s e s c i n q s e n ss u r l e t e r r a i n .

  • 7/30/2019 Guide Journalisme Ind Pendant

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    15

    et gagnent ans du temps. Pus ls accompagnent

    leurs notes de commentares et compltent les

    abrvatons pour vter toute conuson. Ils soul-

    gnent ou surlgnent les normatons les plus

    mportantes, les ctatons ntressantes, les l-ments suvre ou vrfier et, enfin, toute queston

    encore en suspens.

    Cela semble une vdence, mas l est bon de

    rappeler que le journalste dot sassurer, avant de

    commencer son enqute, de dsposer de tous les

    nstruments ncessares : carnet de notes, stylo,

    magntophone ou camra numrque et, enfin,

    des ples en tat de marche. Ren de plus ennuyeu

    que de constater, une os sur le terran, qul ny a

    pas de cassette dans le magntophone ou de filmdans la camra, ou encore que son stylo na plus

    dencre. Aujourdhu, le journalste dspose gale-

    ment de nouveau outls de traval : le tlphone

    moble et lordnateur portable. Il peut y avor

    encore des astuces toutes smples et trs utles : par

    eemple, marquer la prochane page verge de son

    carnet de notes lade dun lastque, de manre

    la trouver rapdement. Un sac en plastque prot-

    gera votre carnet en cas de plue et empchera len-

    cre de baver. De pettes jumelles vous permettront

    de suvre un vnement sl vous est mpossble de

    vous approcher. Enfin, une calculette pourra servr

    convertr des donnes telles que les tonnes de

    carburant dun avon en ltres, terme plus courant

    pour le publc.

    L a r e ch e r ch e

    Le journalste a tendance recuellr beau-

    coup plus dnormatons que ncessare ;

    mas, en vrt, toutes ces normatons vontlader meu comprendre les ats et lv-

    nement ou le sujet dont l parle. Ces normatons

    gnrales sont paros essentelles pour replacer

    les ats dans une perspectve plus globale.

    Ans, dans lartcle sur les radeau de sauvetage

    voqu plus haut, le journalste Erc Nalder a nclus

    dans ses normatons le at quau mos de janver

    les eau dans lesquelles navguent les erres sont

    assez rodes pour provoquer la mort de quelquun

    en lespace dune dem-heure. Cet lment dnor-maton permet de restuer le manque de radeau

    de sauvetage dans un certan contete et de soul-

    gner encore plus clarement la gravt de la stua-

    ton. Cest prcsment le genre dnormaton que

    dot rechercher le journalste, sot avant de qutter

    la salle de rdacton, sot au ur et mesure de

    lenqute.

    Aujourdhu, grce lnormatque et lInter-

    net, le journalste peut utlser davantage doutls

    de recherche quautreos, dont beaucoup sont la

    verson moderne, haute technologe , des bons

    veu outls classques, tels que annuares tlpho-

    nques, almanachs, encyclopdes et cartes go-

    graphques. Mas l este auss des bases de don-

    nes et des documents qul aurat t beaucoup

    plus dffi cle de se procurer avant la craton de

    lInternet : l aurat allu alors se rendre dans une

    bblothque ou un servce publc. Enfin, l y a ga-

    lement des technques que lon naurat mme pasmagnes au tout dbut de lInternet, l y a vngt

    ans : les moteurs de recherche, les blogs, les dbats

    en drect (chats) et les fichers dadresses lectron-

    ques. ous ces nstruments sont, naturellement,

    trs utles pour le journalste. Mas l est un outl de

    recherche qu na pas chang depus un scle : ce

    sont les archves crtes ou audovsuelles de

    votre journal ou de lorgane de presse auquel vous

    appartenez. Qul sagsse de veu artcles de jour-

    nau sur paper ou de fichers lectronques, cestl un pont de dpart ndspensable pour le journa-

    lste. Nombre de reporters possdent galement

    leurs propres archves personnelles sur une dver-

    st de sujets.

  • 7/30/2019 Guide Journalisme Ind Pendant

    18/68

    16

    Imagnons la mort du prsdent dun pays vo-

    sn. Le journalste qu va en parler dot dabord ta-

    blr quelques ats essentels : lge du prsdent, la

    cause de son dcs, ans que le leu et la date. Mas

    l lu audra auss des normatons sur la dure deson mandat et sur la manre dont le pays a volu

    au cours de sa prsdence. Lune des premres

    dmarches consstera consulter tous les artcles

    dj publs sot au archves, sot sur lInternet.

    Grce ces lments, le journalste pourra dcou-

    vrr lestence dun proche de lancen prsdent et

    chercher ntervewer cette personne. Avant ln-

    tervew, le reporter recherchera des lments dn-

    ormaton sur cet am du prsdent ; l pourra, par

    eemple, dcouvrr que ce proche a conserv toutela correspondance du prsdent, et celle-c permet-

    tra paros des rvlatons surprenantes.

    Mener une ntervew sans ce traval de recher-

    che pralable quvaudrat se rendre laveuglette

    dans un leu sans avor consult de carte. On peut,

    certes, parvenr au but ; mas on peut auss man-

    quer une burcaton en chemn.

    Les sources

    Le journalste utlse des sources prmares et

    secondares. Un eemple de source prmare

    est un entreten avec une personne ayant

    une eprence drecte de lvnement ou

    du sujet, ou encore le recours un document org-

    nal sur le sujet en queston. Le journalste tmon

    oculare drect des vnements est auss une orme

    de source prmare. Au contrare, la source secon-

    dare peut tre un rapport rdg partr dundocument orgnal. Dans le cas dun ncende, par

    eemple, une source prmare peut tre le locatare

    ou le proprtare de la mason qu a brl, ou

    encore lun des pompers ntervenus sur les leu.

    En revanche, le communqu de presse dffus le

    lendeman par la caserne de pompers est une

    source secondare.

    Lors des recherches, lune des rgles onda-

    mentales du journalste est de se dre quaucune

    source dnormaton ne peut, elle seule, ournrtous les lments ncessares. Pour reprendre

    leemple du dcs dun prsdent, chaque source

    dnormaton condut le journalste une nouvelle

    source. Paros, ces sources sont contradctores.

    Pour lever les ambguts, le journalste devra

    ventuellement valuer lmportance des lments

    de preuve ou remonter jusqu des sources org-

    nelles telles que des documents, afin de dterm-

    ner quelle verson est la bonne. Lutlt essentelle

    des sources secondares est de permettre de con-

    firmer ou non les normatons ournes par des

    sources prmares.

    Quel que sot le type de sources utlses, l est

    captal den vrfier la valdt ou la crdblt.

    Aujourdhu, nmporte qu peut concevor un ste

    Internet qu at lar paratement sreu, ou

    envoyer un courrer lectronque qu parasse

    authentque ; et pourtant, dans les deu cas, l peut

    sagr dune mposture. Le at que lnormaton

    sot dsponble sur lInternet ne garantt pas son

    authentct. Par consquent, le journalste dotvrfier toutes ses sources et en tablr la crdblt

    avant de dcder de les utlser.

    Cette dcson et ce tr des sources dnorma-

    ton sont lune des tches essentelles du journals-

    te. Voc quelques questons utles qu vous per-

    mettront dvaluer s une source est bonne et s elle

    peut servr au meu votre artcle.

    Comment cette source a-t-elle eu connassance

    des normatons ? (Cette personne est-elle ben

    place, ttre personnel ou proessonnel, pourtre dpostare de ces normatons ?)

    Comment confirmer ces normatons grce

    dautres sources ou des documents ?

    Quelle est la reprsentatvt du pont de vue

    L e b o n j o u r n a l i s t e

    c u l t i v e s e s s o u r c e s ,e n l e s c o n t a c t a n t d e

    m a n i r e r g u l i r e p o u r

    s e n q u r i r d e t o u t f a i t

    i n t r e s s a n t .

  • 7/30/2019 Guide Journalisme Ind Pendant

    19/68

    17

    ourn par ma source dnormaton ? (Par eem-

    ple, sagt-l dun locatare sol qu se plant de

    son proprtare pour des mots personnels ?

    Ou ben cette personne est-elle le porte-parole

    ntellgent et clar dun groupe de locatares con-ront des dffi cults objectves et sreuses ?)

    Cette source sest-elle dj rvle fiable et crd-

    ble par le pass ?

    A-je recours cette source par smple commo-

    dt ou parce que je sus convancu den obtenr

    quelque chose dutle ?

    Quelle est la motvaton de lauteur des norma-

    tons ? (Cette personne cherche-t-elle attrer

    lattenton sur elle ou, par eemple, accuser son

    patron ? Pourquo a-t-elle dcd de sadresser mo ?)

    Une os que lon a trouv une bonne source

    dnormaton, l peut tre utle de rester en contact

    avec elle. Il aut, pour chaque source, se procurer le

    plus de coordonnes non seulement une adresse

    et un numro de tlphone proessonnels, mas

    auss les numros de tlphone moble et fie per-

    sonnels, ans quune adresse lectronque, s poss-

    ble. Le bon journalste cultve ses sources, en les

    contactant de manre rgulre pour senqurr de

    tout at ntressant. Facltez galement les chan-

    ges avec vos sources, en donnant votre carte de

    vste proessonnelle tous ceu que vous rencon-

    trez au cours de lenqute. oute personne ayant

    accs des normatons, y comprs une secrtare

    ou un employ de bureau, peut consttuer une

    source utle. Elle peut vous ournr des copes de

    documents et saura souvent vous ndquer la per-sonne la meu norme sur un sujet donn. Le

    journalste qu at preuve de respect pour ses d-

    rents contacts russra plus aclement obtenr

    une ntervew.

    L e s i n te r vi e w s

    Selon la journalste amrcane Krstn Glger :

    Une bonne ntervew est la base dun bon

    reportage et dun bon artcle. Lntervewest un entreten au cours duquel une per-

    sonne change avec un journalste des norma-

    tons, des opnons ou des eprences. Lntervew

    se dstngue dune conversaton ordnare, car cest

    le journalste qu orente les questons.

    Il nest pas toujours acle dorganser une nter-

    vew. Certanes personnes peuvent reuser de par-

    ler un journalste, surtout s le sujet est contro-

    vers. En cas dntervews de personnages offi cels,

    l aut toujours partr du prncpe que le publc a ledrot de connatre la nature de leurs actvts. Le

    journalste eprment a constat qul pouvat

    convancre le responsable poltque le plus rtcent

    de lu accorder une ntervew en antcpant les

    ecuses ou les obstacles qul mettra en avant.

    Il na pas le temps.

    Le journalste peut proposer de ralser lnter-

    vew au moment et lendrot le plus commodes

    pour lnterlocuteur. Il peut tre galement utle

    dndquer que lntervew sera de courte dure.

    Il craint que lon ne donne une mauvaise

    image de lui.

    Le at de le trater avec respect et de lu ndquer

    prcsment les mots de votre dmarche per-

    mettra de rassurer lntervew potentel.

    Il ne sait pas quoi vous dire.

    Le journalste dot ndquer clarement pour

    quelles rasons ce tmognage est essentel.

    U n e b o n n e i n t e r v i e w

    e s t l a b a s ed u n b o n r e p o r t a g e

    e t d u n b o n a r t i c l e .

  • 7/30/2019 Guide Journalisme Ind Pendant

    20/68

    18

    Il est diffi cile joindre.

    Le journalste dot souvent passer par une secr-

    tare ou un attach de presse pour obtenr une

    ntervew. Sl pense que sa demande na pas t

    transmse lntress, le journalste peut dcder

    de lu crre ou de lu tlphoner lheure du

    djeuner ou aprs les horares de bureau pour

    essayer dtablr un contact drect.

    Une os lntervew garante et les recherches

    sur la personne et le sujet effectues, l reste dautres

    prparats. La plupart des journalstes dressent

    une lste de questons ou de thmes aborder, quls

    auront sur eu, mas quls ne lront pas durant ln-

    tervew. Ils consulteront plutt cette lste, vers lafin de lntervew, pour sassurer quls nont pas

    oubl un pont mportant. Cette lste nclura ga-

    lement les autres normatons, documents ou

    photos quls souhatent obtenr de lntervew.

    Les questons consttuent lossature de lnter-

    vew. Elles sont en quelque sorte le gouvernal qu

    va mener le bateau bon port. De bonnes ques-

    tons peuvent vous apporter des rponses natten-

    dues, des normatons enrchssantes et des sur-

    prses. En revanche, de mauvases questons vousdonneront lmpresson de vous tre ourvoy en

    recherchant cet entreten. Des questons trop sp-

    cfiques peuvent galement vous amener are

    ausse route.

    La toute premre queston de lntervew est

    captale, car elle donne le ton. Nombre de journa-

    lstes ament ben poser une premre queston qu

    va brser la glace , afin de mettre lntervew en

    confiance. Il sagra dun pont sur lequel lnterlo-cuteur est lase. Et ce peut tre, en at, un l-

    ment qu na ren vor avec le ond de lntervew.

    Ce sera smplement un moyen de vous are accep-

    ter par lntervew et dtablr un clmat de con-

    fiance et douverture.

    Dans la plupart des cas, une bonne queston est

    une queston ouverte , laquelle on ne peut

    rpondre smplement par ou ou par non. Cest

    auss une queston neutre, cest--dre qu nmpose

    pas mmdatement le pont de vue personnel dujournalste. Cest la dffrence entre une queston

    smple telle que Quel est votre avs sur le sujet ?

    et un jugement tel que Comment avez-vous pu

    adopter ce pont de vue ? . Sl est essentel de or-

    muler de bonnes questons, l mporte galement

    pour le journalste de savor rester slenceu et

    lasser parler son nterlocuteur. Un bon journalste

    sat couter et obtendra souvent les normatons

    les plus ntressantes en ntervenant le mons pos-

    sble. De plus, sl coute ben, l aura lde de nou-

    velles questons qu ne lu taent pas orcment

    venues lesprt.

    Robert Segel, qu travalle pour la Natonal

    Publc Rado Washngton, se rappelle avor nter-

    vew un dplomate turc aprs la tentatve dassas-

    snat du Pape Jean-Paul II par un ressortssant turc

    Rome. Segel posa dune trate les premres ques-

    tons suvantes : Avez-vous des rensegnements

    sur cet homme nomm Mehmet Al Aga ? Ohabte-t-l en Itale ? Que at-l dans ce pays ? Quel-

    le sorte de vsa a-t-l obtenu de la part des autorts

    talennes ? Le dplomate turc rpondt par la

    ngatve toutes ces questons. Segel fit de nou-

    veau pluseurs tentatves, pus une pause : l tat

    prt renoncer. Et cest ce moment-l que lnter-

    vew rompt le slence et dclara ... cet homme

    est en at lennem publc numro un en urque ; l

    sest vad de prson aprs avor assassn le rdac-

    teur en che de lun des plus grands journauturcs . Robert Segel avoue qul a ben all, ce

    jour-l, passer ct de lun de ses melleurs sujets

    en voulant poser des questons trop prcses et re-

    connat qul aurat d commencer son ntervew

  • 7/30/2019 Guide Journalisme Ind Pendant

    21/68

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    par une phrase telle que : Parlez-mo de cet homme.

    Le journalste peut nterroger son nterlocu-

    teur en personne, par tlphone ou sur lInternet

    par courrer lectronque ou par message nstan-

    tan. Chacune de ces mthodes prsente des avan-tages et des nconvnents. Sl sagt dun ace--

    ace avec lntervew, le journalste peut se are

    une mage globale de la personne et relever cer-

    tans dtals : quels genres de photos sont accro-

    chs au murs de la pce ? Le bureau est-l ben

    rang ou en dsordre ? Quels lvres peut-on vor

    dans la bblothque ? De plus, cette rencontre

    donne au reporter une de de la crdblt de sa

    source dnormaton daprs le comportement de

    la personne. Lntervew semble-t-l nerveu ou lase ? Regarde-t-l le journalste dans les yeu ?

    Chrstopher (Chp) Scanlan, drecteur date-

    lers dcrture au Poynter Insttute cole de jour-

    nalsme amrcane , raconte son entreten avec

    une emme dont le mar a succomb un cancer.

    Cette emme at vster son appartement au jour-

    nalste et, en montrant la chambre coucher,

    dclare : Vous savez, chaque sor, je rpands sur

    loreller un peu de leau de Cologne quutlsat

    mon mar, et j a lmpresson qul est toujours l.

    Vol un dtal que le lecteur pourra ensute pres-

    que sentr au sens propre et que le journalste

    naurat jamas obtenu par tlphone ou par cour-

    rer lectronque.

    outeos, une ntervew par tlphone prend

    mons de temps, et certans journalstes estment

    qul est plus acle de prendre des notes s lon na

    pas la personne en ace. Certans tapent mme

    leurs notes drectement sur leur ordnateur. Cer-tes, une ntervew par courrer lectronque est

    commode dans le cas de personnes qu se trouvent

    trs lon ; mas le journalste na pas la sensaton

    dcouter drectement son nterlocuteur et de pou-

    vor le suvre en temps rel . Quant au message

    envoy en nstantan sur lInternet, l se rapproche

    davantage de lntervew par tlphone. Mas tou-

    tes ces technques en lgne prsentent le mme

    nconvnent : est-ce vrtablement la personne

    nterroge qu rpond ?

    Cest la rason pour laquelle le journal TeVirginian-Pilotde Norolk, en Vrgne, a nstaur

    une rgle en matre de journalsme en lgne : S

    lon utlse une rponse obtenue par voe lectron-

    que, l aut sassurer de lauthentct de la commu-

    ncaton car, sur lInternet, l est acle de truquer

    les adresses ou les dentts. LInternet nest pas

    contrl de la mme manre quune agence de

    presse [comme Reuters ou Assocated Press] ; lm-

    posture peut survenr tout moment.

    out journalste utlsant le courrer lectron-que ou dautres ormes de communcaton en lgne

    dot respecter les mmes rgles que dans le cas des

    autres technques. Il dot sdentfier en tant que

    journalste, prcser le genre dnormaton qul

    recherche et pour quelles rasons. Enfin, l dot

    applquer les mmes mthodes de vrficaton des

    ats et danalyse que pour toute autre source

    dnormaton.

    Quelle que sot la technque dntervew, le

    journalste garde gnralement une ou pluseurs

    questons pour la fin. Il pourra tout dabord propo-

    ser un rsum de lentreten son nterlocuteur,

    afin de sassurer qul a ben comprs tout ce qu lu

    a t dt. Pus le journalste pourra demander ln-

    tervew sl a quelque chose ajouter. Enfin, l lu

    demandera quel est le melleur moyen de le recon-

    tacter, notamment aprs les heures de bureau, et

    remercera son nterlocuteur pour le temps qul a

    ben voulu lu accorder. Et nombre de journalstesposent cette ultme queston : Qu dautre devras-

    je rencontrer sur ce dosser ?

    L e s r gl e s d e base

    L

    a plupart des ntervews sont offi celles (on

    the record), et le journalste peut donc utl-

    ser tous les propos de son nterlocuteur et

    les lu attrbuer personnellement. Il est

    essentel que la personne nterroge sot conscen-te de cette rgle, en partculer sl sagt danonymes

    qu nont pas lhabtude dtre cts dans un journal

    ou sur les ondes.

    En revanche, s lnormaton nest pas offi celle,

    L e s q u e s t i o n sc o n s t i t u e n t l o s s a t u r e

    d e l i n t e r v i e w .

  • 7/30/2019 Guide Journalisme Ind Pendant

    22/68

    20

    le journalste et son nterlocuteur dovent se met-

    tre daccord par avance sur les condtons de son

    utlsaton. On parle dntervew offi ceuse (on back-

    ground ou not for attribution) s lnormaton est

    utlse et les propos cts, mas sans donner le nomde la personne nterroge. outeos, on peut, dans

    de tels cas, ndquer une dentt trs gnrale, du

    genre selon un onctonnare du mnstre des

    Affares trangres ou ben un ngneur de len-

    treprse , sur la base dun accord prcs entre la

    source dnormaton et le journalste sur la ormule

    employer.

    De nombreu organes de presse ont nstaur

    des rgles crtes au sujet de lutlsaton de sources

    anonymes. Ans, le quotden Te New Yorkimes a tabl la rgle suvante : Le prncpe de

    non-dentficaton des sources est rserv au cas

    o le journal ne pourrat autrement publer des

    normatons qul juge pourtant fiables et dgnes

    dntrt. Dans de tels cas, nous avons loblgaton

    non seulement de garantr au lecteur le sreu de

    lnormaton, mas auss dndquer, dans la mesure

    du possble, les motvatons de la personne cte.

    Cependant, le journalste dot tre prudent et ne

    pas accepter trop rapdement cette rgle de lano-

    nymat, car certanes personnes sen servent com-

    me prtete pour procder des attaques person-

    nelles ou partsanes, en sachant pertnemment que

    lon ne pourra pas remonter jusqu elles. De plus,

    lanonymat des personnes nterroges at que le

    publc a davantage de mal valuer la crdblt

    de lnormaton.

    outeos, l y a des cas o le journalste est con-

    trant dobtenr des normatons offi ceuses, carcest la seule manre de convancre lnterlocuteur

    de parler. oute personne nterroge qu crant

    dtre menace s lon apprend quelle a parl la

    presse nacceptera de le are que sous le couvert de

    lanonymat. Voc quelques consels pour dterm-

    ner sl convent daccepter lanonymat de la source

    dnormaton :

    La nouvelle revt une grande mportance du

    pont de vue de lntrt gnral.

    Il est mpossble dobtenr les mmes norma-tons de manre offi celle.

    La source est ben place pour connatre la

    vrt.

    Vous tes prt eplquer (dans votre artcle ou

    votre reportage) les rasons de lanonymat de la

    source dnormaton.

    Dans certans pays, les reprsentants du gou-

    vernement ne voudront parler la presse qu ttre

    offi ceu ou totalement offi ceu (on deep back-

    ground), ce qu veut dre que lnormaton peut

    tre utlse, mas sans ctaton drecte n dentfi-

    caton de lauteur. Dans ce cas, le journalste peut

    dre unquement : On crot savor, de source auto-

    rse, que... Quant au normatons confidentel-

    les (off the record), elles ne peuvent tre en aucun

    cas utlses ; auss le journalste sefforcera-t-l

    dvter cet arrangement, sau s la source est s

    mportante pour le sujet qul na pas dautre cho.

    Enfin, ces normatons confidentelles ne peuvent

    mme pas tre communques une autre source,

    mas elles peuvent au mons ndquer de nouvelles

    pstes denqute au journalste.

    Quel que sot laccord conclu, le journalste dot

    sassurer que les deu partes ont ben comprs etaccept les rgles lavance. Il arrve quun nterlo-

    cuteur veulle changer les rgles du jeu en cours

    dntervew, en communquant au journalste une

    normaton mportante, tout en sempressant

    dajouter : Attenton, cela, vous ne lcrvez pas.

    Auss est-l toujours utle de fier clarement les

    rgles au dpart ; le journalste ne dot accepter de

    ne pas dvulguer une normaton que sl y a eu

    accord pralable dans ce sens.

    Dautre part, le journalste dot ndquer trsclarement jusquo l est prt aller pour protger

    ldentt de ses sources. Dans le cadre de certanes

    jurdctons, un journalste peut rsquer la prson

    sl reuse de ournr des normatons concernant

    L a c r d i b i l i t e s t l a t o u t

    m a j e u r d u j o u r n a l i s t e ,

    e t l e x a c t i t u d e d e si n f o r m a t i on s e s t

    l e m e i l l e u r m o y e n d e

    l a g a r a n t i r.

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    une source confidentelle. S le journalste nest pas

    prt courr le rsque dune pene de prson, l dot

    le dre clarement.

    Certans reporters sont partculrement

    hables pour transormer une normaton confi-dentelle en normaton offi celle. Cest le cas

    dErc Nalder. A la fin dune ntervew accorde

    en toute confidentalt, l relt une dclaraton

    apparemment anodne et demande lauteur :

    Mas pourquo ne souhatez-vous pas dclarer

    cela offi cellement ? Lorsque lauteur y consent,

    Erc Nalder parcourt ses notes, relt les ctatons

    et obtent laccord de lauteur pour les utlser

    telles quelles. Nalder avoue avor un jour trans-

    orm tous les propos confidentels en une nter-vew totalement offi celle. En effet, aprs avor

    entendu haute vo toutes les ctatons, lauteur

    des normatons lu asat dsormas confiance,

    car l avat pu constater que le journalste navat

    pas dorm ses propos.

    Une autre rgle de base mportante est celle de

    lembargo . En dautres termes, une normaton

    est communque condton quelle ne sot pas

    dvulgue avant une certane date. Ans, une auto-

    rt publque peut rvler brvement une nouvelle

    poltque quelques heures, vore un jour avant lan-

    nonce offi celle. Cela donne au journalstes le

    temps dassmler lnormaton avant la conrence

    de presse offi celle. Le journalste qu accepte le

    prncpe de lembargo se dot de le respecter

    mons que la nouvelle ne sot rendue publque

    avant lheure fie.

    La rgle dexactitude

    La crdblt est latout majeur du journalste,

    et leacttude des normatons est le

    melleur moyen de la garantr. Pour ce are,le journalste dot sogneusement vrfier

    lensemble des donnes qul a runes. Certes, un

    journalste peut commettre des erreurs, mas elles

    dovent tre rares. Analysant les erreurs qul avat

    commses, le journal de Portland Te Oregonian

    les attrbua prncpalement tros rasons :

    travaller de mmore ;

    are des suppostons ;

    utlser des sources de seconde man .

    Nous revendrons plus en dtal sur le prncpe

    deacttude au chaptre 4 ( Laspect dtoral ).

    On peut dre dores et dj que le journalste dot

    tre la melleure lgne de dense de lorgane de

    presse contre toute erreur. Les journalstes qu

    vellent leacttude de leurs notes, qu les relsent

    souvent et qu recherchent des sources dnorma-

    ton de premre man, chaque os que cest poss-

    ble, sont les meu arms pour respecter les tros

    rgles du journalsme dctes par lancen jour-

    nalste et dteur Joseph Pultzer : Eacttude,

    eacttude, eacttude.

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    3

    R A C O N T E R L E V E N E M E N T

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    nassance un bon artcle agrable lre. Un rct

    regorgeant dnormatons est en effet plus dffi cle comprendre. Et le journalste qu cherche tout

    eplquer ne russra qu embrouller le lecteur.

    En outre, lespace dont dspose un journal est lm-

    t ; l en va de mme pour le temps dantenne r-

    serv au bulletns dnormatons radotlvss ;

    enfin, le lecteur comme le tlspectateur ne pourra

    consacrer quune racton de son temps et de son

    attenton suvre lactualt.

    Le traval du journalste consste slectonner

    et concentrer lnormaton. Le journalste dot

    are appel son jugement pour dcder quels l-

    ments nclure et dans quel ordre. Le plus dffi cle

    est en gnral de dtermner les normatons dont

    on peut se passer. Lune des solutons est daborder

    le sujet trater en chosssant ce que lon appelle

    un angle.

    Langle

    Cest essentellement rpondre la queston :

    Quel est au ond le sujet de lartcle ?

    Chp Scanlan, ensegnant au Poynter Inst-

    tute, recommande au journalste de poser

    cnq autres questons :

    Quelle est lnormaton ?

    Quel est le v d u sujet ?

    Quelle mage retenr ?

    Comment rsumer lhstore en s mots ?

    Concluson ?

    Prenons un eemple : un ncende de ort at

    rage ; le journalste charg de couvrr lvnement

    sentretent avec les habtants et observe toute une

    journe lampleur des dgts. Avant de rdger son

    artcle, l lu aut chosr un angle. Reprenons lesquestons de Chp Scanlan :

    Quelle est linformation ?

    Un ncende a dtrut deu masons stues dans

    les montagnes lest de la vlle. Aucune vctme.

    Et aucun dgt dans le quarter commercal de

    la vlle.

    Quel est le vif du sujet ?

    Deu amlles se retrouvent la rue, mas sont

    heureuses dtre toujours en ve.

    Quelle image retenir ?

    Les membres des deu amlles, regroups et

    blotts les uns contre les autres devant leurs ma-

    sons en cendres.

    Comment rsumer lhistoire en six mots, voire

    moins ?

    Incende. Dgts matrels. La ve contnue.

    Conclusion ?

    Blan dun volent ncende : dgts matrels

    lmts.Ds lors, le journalste charg dcrre lartcle

    sat qul centrera son rct sur les deu amlles qu

    se retrouvent sans domcle ; ds le dbut de lart-

    cle, l ctera une personne qu eprmera sa grat-

    tude qul ny at aucune vctme ; l nclura des pr-

    csons plus gnrales sur les dgts matrels. Il

    pourra lasser de ct lnormaton concernant le

    nombre dunts de pompers qu sont ntervenues,

    mas l envsagera peut-tre dnclure une dclara-

    ton du che de brgade.Ce pett eercce ne vse pas dmontrer quun

    vnement ne peut tre vu que sous un seul angle.

    Au contrare, des journalstes travallant pour des

    organes de presse dffrents pourront donner des

    Tout ar t ic le ou r epor t age se fonde sur des fa i t s , des obser v at ions,

    des c i t at ions et un ensemble de dt a i ls . Le plus souv ent ,le j our nal ist e disp ose de plus d lment s que nc essair e ;

    c omme i l a beauc oup t r av ai l l pour r unir c es infor mat ions,

    i l a nat ur e l lement t endanc e v ouloir en ut i l i ser le max imum.

    Cependant , sat ur er le t ex t e d infor mat ions donne r ar ement

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    versons dffrentes dun mme vnement et des

    mmes ats, parce que chacun aura chos un angle

    dstnct. Dans le cas de lncende de ort, on pour-

    rat reare leercce des cnq questons sous un

    autre angle : Quelle est linformation ?

    Les commerces de la vlle ont t pargns par un

    ncende de ort qu a dtrut deu masons dans

    les montagnes stues lest de lagglomraton.

    Quel est le vif du sujet ?

    Les commerants sont heureu davor t par-

    gns cette os-c.

    Quelle est limage retenir ?

    Pogne de mans, devant son magasn, entre un

    commerant de la vlle et un pomper. Comment rsumer lhistoire en six mots ?

    Le commerce rsste au eu.

    Conclusion ?

    Un volent ncende naura eu, finalement, que

    peu deffets sur le plan conomque.

    Cette deume verson de lhstore souvrrat

    sur le soulagement des commerants aprs lncen-

    de, llustr par la dclaraton de lun dentre eu.

    Les deu artcles relateraent les mmes ats essen-

    tels deu masons dtrutes et les commerces

    pargns mas lclarage serat dffrent. Le cho

    dun angle permet au journalste de dcder quels

    ats l retendra et ceu qul cartera avant de

    commencer rdger son artcle. Comme le at

    observer Wllam Znsser dans un ouvrage nttul

    On Writing Well: Une pense clare snonce en

    langage clar ; lune ne va pas sans lautre.

    Le journalste eprment nattend pas davor

    termn une ntervew, son traval de recherche oudobservaton pour trouver un angle. Il la mme

    peut-tre dj en tte avant de partr en reportage,

    et cela lade chosr les leu et les personnes

    nterroger. Naturellement, langle de dpart peut

    voluer en cours de route, mesure que les nor-

    matons saccumulent et cest souvent le cas. Les-

    sentel, pour le journalste, est davor arrt son

    cho lorsqul sassot sa table de traval pour

    rdger lartcle.

    Le cho de langle nest que la premre tape.Il aut ensute organser le rct, cest--dre dter-

    mner lordre et la place de chaque normaton. Il

    aut commencer par are une lste des ponts on-

    damentau, avant de dtermner ce qu vendra en

    premer, au mleu et la fin. Pus, l aut slectonner

    les melleures ctatons ou les melleurs lments

    sonores, et dcder de la place qu leur revent dans

    le rct. Il aut enfin chosr tous les petts dtals

    nclure mpratvement. Avant de commencer rdger, certans journalstes tablssent un plan

    auquel ls se rrent en cours de route.

    L a r d acti on

    U

    n artcle ben crt est un artcle concs,

    clar et eact. Cela peut paratre smple,

    mas cest vrtablement un dfi. Comme

    nous lavons dj soulgn, le journalste a

    tendance voulor nclure dans son artcle tous leslments recuells sur le terran. Mas un rct qu

    va drot au but retendra davantage lattenton dun

    publc trs sollct ; et un organe de presse devra

    conomser son espace ou son temps afin de pou-

    vor publer dautres nouvelles.

    Dune manre gnrale, un artcle qu trate de

    lactualt se compose de phrases et de paragraphes

    plus courts que la plupart des autres ormes de

    rct. Chaque paragraphe content une de

    essentelle. Chaque nouveau paragraphe amne

    une nouvelle de, un nouveau personnage ou un

    nouveau dcor.

    Le journalste utlse un langage smple et

    drect, acle comprendre, et comportant gnra-

    lement plus de noms et de verbes que dadjects et

    dadverbes. Un artcle ben crt nest jamas vague,

    ambgu ou rptt car chaque mot compte. Com-

    me le at observer E. B. Whte dans un ouvrage

    dsormas classque Te Elements of Style, lune desrgles ondamentales est tout smplement celle-c :

    Supprmez les mots superflus.

    Un bon rdacteur sefforce de chosr les mots

    qu eprment le plus fidlement sa pense. Com-

    me l affi rmat lcrvan amrcan du xixe scle

    Mark wan : La dffrence entre le mot eact et

    l-peu-prs est la mme quentre lclar et la luco-

    le. Les journalstes ont lhabtude de consulter

    dctonnares et ouvrages de rrence pour sassu-

    rer du sens eact des mots quls utlsent.Etant donn quls sadressent au grand publc,

    les journalstes essaent dvter les jargons langa-

    ges spcalss ou technques en gnral peu rpan-

    dus. Le porte-parole dun hptal, par eemple,

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    pourra dre quune personne souffre de lacra-

    tons et de contusons ; le journalste, lu, parlera

    plus smplement de coupures et de bleus . Lors-

    quun terme technque dot absolument tre utls

    par souc deacttude, l sera utle dy ajouter une

    dfinton. Ans, lepresson combustbles oss-

    les dans un artcle sur les problmes dnerge lchelle mondale devra saccompagner de quel-

    ques eemples : charbon, ptrole et gaz naturel. Le

    journalste dot galement vter les euphmsmes

    des mots ou des epressons qu rsquent dn-

    dure le lecteur en erreur. Par eemple, s un con-

    sel muncpal approuve un nouvel qupement

    dnhumaton , une rado ou un journal devra

    annoncer au ctoyens que la vlle envsage de

    construre un nouveau cmetre .

    Lune des rgles cls dun bon artcle dnorma-

    ton consste are vor au publc lvnement,

    plutt que de se contenter den are le rct. Ans,

    au leu de dre que les membres dune amlle qu

    assstaent au obsques dun proche parent taent

    trs affl gs, l vaudra meu voquer ce chagrn en

    les dcrvant en tran de pleurer et de se rconor-

    ter mutuellement. Dre quune personne est gran-

    de sera mons vocateur que lmage de quelquun

    qu dot se basser pour ranchr la porte dentre.Leacttude est le prncpal mprat de lcr-

    ture journalstque. Elle smpose tous les nveau :

    grammare, orthographe, ponctuaton, dates, leu,

    chffres et autres dtals. Un nom ou un ge erro-

    ns peuvent entamer trs ortement la crdblt

    du journalste. Pour tre eact un artcle dot pr-

    senter tous les ponts de vue et pas seulement lun

    dentre eu. Cela ne sgnfie pas qul alle absolu-

    ment mentonner tout ce qul y a dre sur un

    sujet ; cela veut dre qul ne aut pas lasser de ctdes normatons essentelles, sans lesquelles le

    rct rsquerat de prsenter une verson dorme

    de lvnement. Ans, crre quune nouvelle tech-

    nque mdcale permet de meu dceler un can-

    cer de la bouche lasse entendre que les technques

    prcdentes ntaent pas fiables. Sl sagt tout

    smplement dune technque plus rapde, le journa-

    lste dot le dre. Nous dvelopperons la queston

    de leacttude au chaptre 4, Laspect dtoral .

    Lattaque

    Le dbut dun artcle est dsgn sous le terme

    dattaque. Il sagt de capter mmdatement

    lattenton du lecteur, de laudteur ou du

    tlspectateur et de les are entrer drecte-

    ment dans le v du sujet. Il este deu prncpau

    types dattaque : la premre dte normatve

    rpond demble au s questons ondamentalesvoques au chaptre 2 : qu, quo, o, quand, pour-

    quo et comment ? La seconde dte descrptve ,

    mons concse et percutante, consste plutt

    planter le dcor ou prsenter un personnage.

    On peut dre auss que lattaque normatve rpond

    la queston : Quo de neu ? , tands que lautre

    rpond plutt la queston De quo sagt-l ?

    Les deu types dattaque convennent au trate-

    ment de lactualt. Ans, llecton dun nouveau

    Premer mnstre pourrat donner leu pluseurs

    versons dffrentes. Lattaque normatve pour-

    rat ressembler cec :

    Lex-leader rebelle Joshua Smith a t lu

    Premier ministre ce soir, avec plus de 80 %

    des voix. Il sagissait des premires lections

    dmocratiques dans le pays depuis 1993.

    Lattaque descrptve prsenterat lvnement sous

    un angle dffrent :Dans la ville de Youngtown, le jeune Joshua

    Smith tait un petit garon plein de rves. De

    petite taille pour son ge, il tait, dit-il, malmen

    par ses camarades de classe. Lorsquil dclara

    son institutrice quil serait Premier ministre un

    jour, elle clata de rire.

    Aujourdhui, plus personne ne rit. Joshua

    Smith a remport llection dhier avec plus de

    80 % des sufrages. Cest le premier dirigeant lu

    dmocratiquement dans le pays depuis 1993.

    On peut constater que lattaque normatve est

    plus brve souvent une longue phrase suffi t. S

    lattaque descrptve est souvent plus longue, cha-

    U n a r t i c l e b i e n c r i t

    e s t u n a r t i c l e c o n c i s ,

    c l a i r e t e x a c t .

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    que phrase se rapporte au at prncpal. Mas les

    deu types dattaque contennent lnormaton la

    plus mportante.

    Le cho de lune ou de lautre dpend de dff-

    rents lments notamment lmportance de lar-tcle et son actualt, la nature de lorgane de presse

    crte ou audovsuelle. Les agences de presse, les

    stes Internet et les bulletns dnormatons rado,

    dont le pont ort est lmmdatet, ont tendance

    chosr lattaque normatve. En revanche, une

    msson ou un magazne hebdomadare optera

    plutt pour lattaque descrptve, partant du prn-

    cpe que le publc dans son ensemble connat dj

    la nouvelle.

    Le type le plus courant dattaque descrptve estlattaque anecdotque, llustre par lartcle plus

    haut relatant llecton du Premer mnstre. Par

    dfinton, une anecdote est un rct bre : utlse

    en ouverture, elle a pour but dannoncer lvne-

    ment. Un artcle sur un at de soct pourra dbu-

    ter par un certan nombre danecdotes ou dllus-

    tratons les au at essentel. Plus rarement, le

    rct pourra commencer de aon plus appropre

    par une ctaton ou une queston. outes ces atta-

    ques peuvent tre qualfies de dcales, car le lec-

    teur dot attendre pluseurs phrases avant de

    dcouvrr le sujet rel de lartcle.

    L a str u ctu r e d u r ci t

    T

    out rct est ou devrat tre structur selon

    un plan, de mme que ltre human a une

    colonne vertbrale. Sans cette structure, le

    rct ne serat quun amas de ats sans lenles uns avec les autres. Un plan est donc ncessare

    pour que lartcle sot comprhensble et qul at un

    sens ; cependant, chaque rct dot avor le sen.

    Cest au journalste de chosr la orme la meu

    adapte lhstore qul dot raconter.

    La pyramide inverse

    De nombreu artcles commencent

    par le at prncpal, selon la technque

    classque, mse au pont l y a plus dun scle.Cette technque, dte de la pyramde nverse ,

    place lnormaton essentelle en ouverture suve

    des autres ats placs par ordre dmportance

    dcrossante. Cette orme de rdacton convent

    au tratement de nouvelles mportantes pour les-

    quelles le crtre dactualt est prmordal. S vous

    avez la prmeur dune normaton, vous cherche-

    rez la communquer mmdatement au publc

    en la ormulant ds les premers mots. En cas devolente tempte, par eemple, le rct commen-

    cera probablement par le nombre de vctmes et la

    menton des leu les plus dvasts. Le journalste

    qu reuse dutlser cette orme lorsquelle est

    ncessare se verra reprocher de noyer lattaque

    et de brouller lmportance des ats.

    Dans la structure de la pyramde nverse, les

    normatons qu suvent lattaque dveloppent le

    at essentel, annonc en ouverture. Revenons

    leemple de la tempte : le journalste era une des-crpton des leu les plus touchs, pus ctera les

    propos dun survvant ou dun membre des qu-

    pes de secours. ous les autres paragraphes donne-

    ront des dtals sur lvnement et le contete de la

    catastrophe. Dans le cas dun artcle plus long, le

    journalste pourra ajouter des normatons secon-

    dares, les lvnement prncpal mas de ma-

    nre ndrecte. Ans, l sera possble de menton-

    ner les efforts dploys par les servces de secours

    lchelle nternatonale, ans que les besons des

    survvants, dans lmmdat et long terme. Lavan-

    tage de cette structure est le at que les rdacteurs

    en che ont toute lbert de couper des passages en

    partant du bas sans toucher lessence mme de

    lnormaton.

    Le sablier

    Une varante de la pyramde nverse

    est connue sous le nom de sabler .Lartcle commence galement par

    lnormaton la plus mportante

    mas, aprs quelques bres paragra-

    phes, l prend la orme dun rct chronologque

    des ats. Dans le cas de la volente tempte, le jour-

    nalste peut commencer par une attaque norma-

    tve, toffe par quelques paragraphes, pus soren-

    ter vers le rct de lvnement du pont de vue dun

    survvant. Ce plan ege une transton entre

    louverture et la sute. Ans, le journalste pourracrre : Iqbal Khan, agrculteur, se trouvat dans sa

    grange lorsquun vent volent sabattt [...] pour

    entamer la parte nreure du sabler. Certans

    artcles sont rdgs selon un plan strctement

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    chronologque, mas cette orme est gnralement

    rserve au artcles de type magazne.

    Le losange

    Une autre manre de structurer unrct est le plan dt du losange .

    Dans ce cas, le journalste commence

    par une anecdote mettant en scne un

    personnage dont leprence a valeur

    deemple dans le contete de lartcle. Ce bre rct

    slargt ensute pour rejondre le sens plus vaste

    du rct. Enfin, lauteur de lartcle revent lanec-

    dote de dpart pour amener sa concluson.

    Souvent, le journalste qu chost ce genre de

    plan recourt au procd dt nut graph cest--dreun paragraphe qu ndque brvement les ats

    essentels et leur mportance. Jack Hart, drecteur

    de la rdacton du journal de Portland Te Ore-

    gonian, soulgne que le nut graph rpond au

    questons souleves dans lattaque, donne le sens et

    lmportance de lvnement, et le replace dans un

    contete sgnfiant . Ce paragraphe synthtque

    dot se stuer assez haut dans lartcle, afin de don-

    ner au lecteur lenve de poursuvre.

    Le plan en losange est souvent celu des jour-

    nau tlvss et des pages dactualt des quot-

    dens. Ans, un journalste pourra commencer un

    artcle sur un nouveau tratement contre le sda en