Guide de voyage

immobile

Textes réunis sous la direction de Rozanne Versendaal

Université d’Utrecht

Département de langue et de culture françaises

2020-2021

Guide de voyage immobile – 2

Illustration de la page de titre : « Île utopique » de Freek Wolter, Swen van Geel et Tess van Buuren (créée pour le cours du 3 décembre 2020 : « Voyager dans l’impossible ? Thomas More et François Rabelais »).

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Table des matières Remerciements ............................................................................................................... 4

1. Introduction ................................................................................................................. 5

Rozanne Versendaal

2. Voyage confiné avec Van Gogh............................................................................. 6

Tess van Buuren, Adelinde van der Haar et Ahmed Zekhnini

3. Un voyage immobil(i)e(r) ..................................................................................... 10

Naomi van de Braak, Inge van de Bruinhorst, Jente Ligthart et Anna Verhoeven

4. Paysages ..................................................................................................................... 12

Marie Steffens

5. Images qui vont au-delà d’une expérience physique ................................... 13

Swen van Geel, Pol van Tilburg et Anne ter Welle

6. Voyager avec la voix et les mots de Guillaume Apollinaire ........................ 16

Katell Lavéant

7. Voyages immobiles ................................................................................................. 19

Dounia Laaouina, Clarien Twigt, Freek Wolter et Anna Zwart 8. Mes voyages immobiles... en images ................................................................ 21

Bert Le Bruyn

9. Manger, c’est voyager d’une façon immobile ................................................. 23

Anne Brouwer, Yaël-Naomi van Den Born et Mark Wijnholt

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Remerciements Le soutien financier du département de français de l’Université d’Utrecht a permis de mener à bien ce projet. Je remercie Marie-Claire Foux pour ses relectures minutieuses des contributions des étudiant.e.s et Maria Teresa Cattani pour la mise en page de ce livret. Mes remerciements vont également aux étudiant.e.s du cours Invitation au voyage 2020-2021. C’est avec grand enthousiasme qu’ils et elles ont participé à ce projet : Anne Brouwer, Tess van Buuren, Swen van Geel, Sterre ‘t Hart, Dounia Laaouina, Jente Ligthart, Clarien Twigt, Yaël-Naomi van Den Born, Anna Verhoeven, Mark Wijnholt, Freek Wolter, Ahmed Zekhnini, Anna Zwart, Anne ter Welle, Pol van Tilburg, Naomi van de Braak, Inge van de Bruinhorst et Adelinde van der Haar. J’exprime ma reconnaissance aux professeur.e.s du département de français de l’Université d’Utrecht, qui ont soutenu ce projet depuis le début. Je remercie les enseignant.e.s qui ont contribué à ce livret : Katell Lavéant, Bert Le Bruyn et Marie Steffens.

Rozanne Versendaal Nijbroek, le 20 janvier 2021

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1. Introduction Chèr.e.s étudiant.e.s du bachelor de français, Interdit.e.s de voyages physiques pendant cette période du confinement, nous sommes obligé.e.s de réinventer la notion de voyage. C’est à cette tâche à la fois complexe et passionnante que les étudiant.e.s du cours littéraire Invitation au voyage se sont consacré.e.s dans le deuxième bloc de cette année académique. À travers le concept du « voyage immobile », expression paradoxale, voire oxymoresque, empruntée aux philosophes et poètes Paul Valéry, Gilles Deleuze ou encore Fernando Pessoa, les explorateurs et exploratrices du cours vous invitent à repenser le voyage sans bouger d’un endroit à un autre. Ils vous proposent des idées pour des voyages immobiles. Ces explorations des étudiants sont complétées par des contributions de certain.e.s de vos professeur.e.s. Concrètement, le voyage immobile est une méthode pour se mettre en état d’accueil prêt à voyager à travers la littérature, l’art, des photos, des souvenirs, des films, des recettes… toutes les possibilités que notre esprit détient pour se déplacer intellectuellement en restant géographiquement immobile. Le grand avantage des voyages immobiles est que les destinations tout comme les itinéraires sont illimités. L’objectif de ce petit livret est de vous aider à vous initier au voyage immobile et à prendre l’habitude de faire de votre maison un tout : non seulement un lieu de vie, mais également une salle de classe, un lieu culturel, de performances, de cinéma, de sport, etc. Du canapé, nous vous invitons au voyage, à la découverte de destinations, de livres, d’activités et de goûts inconnus. Et dès nous nous serons initié.e.s à ces nouveaux voyages, nous saurons désormais comment faire, ce qui allègera, nous l’espérons, les désagréments du confinement. Au nom de tou.te.s les enseignant.e.s du bachelor de français de l’Université d’Utrecht et de tou.te.s les étudiant.e.s du cours Invitation au voyage, j’ai l’honneur et le plaisir de vous présenter ce livret de voyages immobiles. Chaleureusement, Bon voyage, Rozanne Versendaal, enseignante du cours Invitation au voyage 2020-2021

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2. Voyage confiné avec Van Gogh Tess van Buuren, Adelinde van der Haar et Ahmed Zekhnini

Dans ce blog nous voudrions vous emmener sur le voyage de Van Gogh au moyen de ses peintures, de la musique et des livres. Nous visiterons les endroits où ont eu lieu les grandes étampes de sa vie, mais nous resterons bien à la maison: un voyage confiné avec Van Gogh.

Tout commence à Brabant, là où Van Gogh est né. Dans la peinture qu’on voit sur l’image 1, on est immergé dans la forêt avec le peintre et la fille. Les mots sincères et nostalgiques de Charles Aznavour dans la chanson ‘Hier encore’ complètent la jeunesse de Van Gogh à Brabant.

À l’âge de 27 on prend, avec Van Gogh, le train pour aller à

Bruxelles, là où ça bouge. Dans le train on lit les lettres

philosophiques de Voltaire. En lisant la lettre 25 on se rend compte

que Voltaire a également vécu à Bruxelles.

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Une fois à Bruxelles on peut entendre

Jacques Brel chanter de Bruxelles. Van

Gogh développe ici ses talents d’artiste: la

raison pour laquelle qu’on voit ici un

portrait qu’il a fait de lui-même, il s’agit ici

en effet d’un moment de réflexion.

Mais Van Gogh retourne à son pays natal par un sentiment de mal de pays, il

retourne au plât pays dont chante Jacques Brel aussi. Rien n’est plus plat que ce

qu’on voit sur la peinture dans l’image 3.

Mais comme le boomerang dont chante Serge Gainsbourg dans la chanson ‘Comme un boomerang’, Van Gogh retourne en Belgique, à Anvers pour être pour précis. À Anvers, Van Gogh n’est plus dans un environnement prude, et cela se voit dans les peintures qu’il fait :

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Encore une fois on prend le train

avec Van Gogh pour aller en

France. Dans le train nous pouvons

lire le livre de Mariella Guzonni, un

écrivain qui a inspirée Van Gogh. À

Paris, la fête de Van Gogh

commence parce qu’il paraît qu’à

Paris tout est possible et Paris est

aussi une source d’inspiration

éternelle, ce qu’on sent en regardant

la peinture dans l’image 5 et en

écoutant Joe Dassin lorsqu’il chante

‘Aux champs Elysées’. Vous ne vous

sentez pas encore à Paris?

Attiré par la lumière brillante du sud, on

voyage vers Arles. Nino Ferrer avait compris

cela aussi. Et si on n’a pas encore compris

après avoir écouté ‘Le Sud’ de Nino Ferrer,

nous allons sans doute comprendre quand on

voit la peinture des tournesols de Van Gogh.

Mais dans le sud, Van Gogh arrive aussi dans une dépression. Il y est le plus bousculé par son environnement, par ses propres émotions et réflexions et c’est peut-être la raison pour laquelle ses peintures de cette période sont le plus appréciées. Don McLean a mis en mots ces évènements dans sa chanson

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Vincent, aussi connu comme “Starry starry night”:

Nous espérons que vous avez apprécié ce voyage avec Van Gogh et que les

peintures, les chansons et les livres vous amèneraient sur votre propre voyage

intellectuel !

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3. Un voyage immobil(i)e(r) Naomi van de Braak, Inge van de Bruinhorst, Jente Ligthart et Anna Verhoeven

Malheureusement, pendant cette période de confinement, il est devenu extrêmement difficile de voyager en France. Peut-être qu'il est difficile de se l'imaginer, mais il y a aussi des avantages. Normalement, quand on fait un voyage, on ne voit que l'extérieur des maisons des vill(ag)es qu'on visite. Cependant, des sites comme Funda aux Pays-Bas ou Green Acres en France ont une vraie mine d'or d'intérieurs à admirer. Dans ce tout petit blog, nous voulons vous montrer comment des sites comme Green Acres peuvent enrichir votre expérience de confinement, et de quelle façon les nouvelles technologies peuvent aider dans l'organisation de votre prochain voyage ou dans la réminiscence d'un de vos voyages passés. Laissez-vous séduire par les images ensoleillées et les options illimitées ! Quand on clique sur le lien suivant : https://www.green-acres.fr/nl/properties/34456a-g0473vm.htm, on voit une maison exceptionnellement belle, située à Grimaud, dans le département du Var. Qui ne voudrait pas être le propriétaire d’une maison située sur la Côte d’Azur à 30 minutes de Saint-Tropez et même plus près du Golfe de Saint-Tropez ?! Cette

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maison a été édifiée dans un style provençal et coûte presque deux millions d’euros ce qui est un montant énorme pour la majorité des gens bien sûr. Mais osez rêver! Oubliez les prêts étudiants ou hypothécaires pour un instant et disparaissez dans le gouffre des maisons en vente sur l’internet. Quand on voit cette maison pendant un voyage, on ne peut que regarder l’extérieur de cette maison, mais quand on fait un voyage mental à travers la France, on peut également voir l’intérieur de ces maisons et éprouver ce qu’on ressent si on possède une maison normalement inaccessible pour la plupart des gens.

En parcourant des sites comme Green Acres ou Funda, on ne trouve pas seulement de belles maisons, mais on peut également découvrir de nouvelles régions de France. Il peut arriver, quand on parcourt Green Acres, qu'on découvre une région qu’on ne connaissait pas encore. Grâce à de nouvelles technologies

comme Google Street View, il est possible d’explorer le village dans lequel la maison est située. Et si on est fasciné par les environs d’une certaine maison, pourquoi ne pas faire plus de recherches sur cette région et peut-être même y planifier des vacances ? Connaissez-vous la Meuse, le Tarn ou la Savoie ? Et n’oubliez pas les îles DOM-TOM !

Malheureusement, il n’est pas possible d’y voyager maintenant, mais on peut bien profiter de ce temps libre et planifier des vacances fantastiques pour être prêt pour la période de l’après- confinement. Et si on n’aime pas planifier des vacances, on peut faire un voyage nostalgique à travers les régions de France qu’on a visitées quand on était jeune. Avec Google Street View, il est possible de retourner à une maison de vacances pour ressusciter de vieux souvenirs. Que voulez-vous de plus ?

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4. Paysages Marie Steffens

Pour faire le portrait d’un été – indien –, peindre d’abord le cadre d’une forêt canadienne, avec une porte ouverte sur quelque chose de joli, de simple, de beau. Attendre un oiseau, un écureuil, un passant. Figer le mouvement. Bien choisir l’angle, le cadrage, la vitesse. Le mettre dans la boîte. Vérifier, recommencer, changer ici ou là un réglage. S’accroupir, se soulever, déposer l’appareil sur une souche. Clic. Stop, un instant, j’aimerais que ce moment fixe pour des tas d’années la sérendipité. Trop tard, il est parti. Il restera tout de même « sur pellicule » un souvenir un peu flou à archiver, à imprimer, à faire défiler avec les autres dans le diaporama d’arrière-plan. Conserver jalousement le tout pour soi ou en faire des calendriers à distribuer, pour que, mois après mois, au détour d’un regard, surgisse à nouveau l’odeur des champignons, le murmure du vent sur la peau, le crissement des feuilles qui tombent. S’entourer des fantômes des voyages passés, témoins discrets sur papier glacé, en mettre partout, pour voir encore la lumière qui passe dans les branches, la regarder décliner sur la valse des couleurs. S’arrêter, repartir en arrière, te raconter surtout comment je sillonnais les longues routes désertes, craignant à la tombée du jour l’irruption soudaine d’un orignal. Sans prévenir, comme ça, pour rien, les changer de place, et se laisser surprendre. Se rappeler les visages, les rencontres, les voix, et les rires qui lézardent les murs, pour voyager, sans bouger, au gré des paysages immortalisés, avant de pouvoir, bientôt, à nouveau les toucher.

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5. Images qui vont au-delà d’une expérience physique Swen van Geel, Pol van Tilburg et Anne ter Welle

Comme la plupart des jeunes pendant la crise du Corona, nous en avons assez. Surtout au moment de notre vie où nous avons le plus de contacts sociaux, l'étudiant est obligé de rester à la maison et de passer son temps devant son ordinateur. Cependant, cela ne doit pas être la fin du monde ; le truc est de rester créatif. A l'occasion de ce thème, nous avons choisi deux différentes façons de voyager, sans être obligé de se déplacer. Comme le décrit presque littéralement Gilles DeLeuze, voyager sans déplacement est mieux que de faire un voyage soi-même. Étant donné qu’il a déjà parlé de la musique et des livres, nous avons cherché d’autres alternatives. Voici les résultats. Nous commencerons par les expositions virtuelles. Expositions

« Voyager, c’est vérifier » selon Proust – le fameux auteur de la séquence de livres « À la recherche du temps perdu ». On vérifie des choses de toutes sortes, comme par exemple notre culture : quelles sont les propriétés de nos cultures, et quelles sont les caractéristiques d’une autre ? Les musées se prêtent très bien à cette vérification. C’est là qu’on peut rencontrer d’autres cultures, d’autres temps et d’autres

pensées : tout comme un voyage. Les musées sont fermés pour le grand public, mais ils sont quand même accessibles. Les musées français offrent en effet des expositions virtuelles abondantes. Prenons par exemple le musée du Louvre qui offre des expositions de la préhistoire jusqu’aux temps modernes. Ces expositions permettent de voyager dans le temps depuis chez soi : on peut par exemple visiter la ville de Paris au

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temps de l’Antiquité ou tout découvrir de De Vinci. On peut également voyager dans l’espace en visitant la Chapelle Sixtine au Vatican. Il n’est pas difficile de se perdre dans ces autres mondes dans lesquels on apprend peut-être plus que dans un voyage physique. Et ça se fait sans le moindre effort : pas besoin de prendre l’avion, de rassembler ses bagages et de quitter ses proches. Voici les liens vers les expositions virtuelles :

- Panorama des expositions : http://www.ecoledulouvre.fr/documentation/phototheque/expositions-virtuelles

- Paris au temps de l’Antiquité : https://archeologie.culture.fr/paris/fr - De Vinci : https://www.beauxarts.com/leonarddevinci/ - Le Vatican en 3D :

http://www.museivaticani.va/content/museivaticani/fr/collezioni/musei/tour-virtuali-elenco.html

Le film

Une autre façon de découvrir de nouveaux pays, lieux et cultures sans même bouger de votre canapé, c’est à travers des films. Ils peuvent non seulement vous emmener à travers le monde réel, mais ils peuvent vous faire voyager également à travers des mondes que vous n’atteindrez jamais physiquement, comme la terre du Milieu ou Narnia. Alors pour s’évader pendant le confinement, voici une sélection de quelques films qui vous invitent au voyage. Quant aux films de voyage, Into the Wild (2007) et Green book (2018) sont fortement recommandés. Ces films vous invitent non seulement à un voyage remarquable à pied, de la Californie à l’Alaska et à un road trip à travers le sud de l’Amérique des années soixante, mais dans le premier cas aussi à des réflexions

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sur la philosophie d’une vie simple et dans le deuxième cas, il nous apprend une leçon de tolérance et d’humanité. Si vous préférez découvrir tous les coins de Paris ou traverser la France, choisissez la comédie romantique Minuit à Paris (2011) ou le précurseur de road movie Pierrot le Fou (1965). Et enfin, si un voyage dans le monde réel ne suffit pas, transcendez le monde réel dans un film ‘en couches’, comme Inception (2010) ou Interstellar (2014).

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Voyager avec la voix et les mots de Guillaume Apollinaire Katell Lavéant

La nouvelle a récemment fait le tour des médias français : la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France, Gallica, a mis en ligne des nombreux enregistrements réalisés au début du XXe siècle par Ferdinand Brunot, un professeur de linguistique de la Sorbonne précurseur dans la recherche en phonétique. En 1911, Brunot crée les Archives de la parole, pour lesquelles il enregistre, grâce à la technique relativement nouvelle du phonographe, les voix d’inconnus comme d’auteurs célèbres, pour fixer des accents, des dialectes, des manières de parler propres à de multiples groupes régionaux et sociaux. C’est ainsi qu’en 1913, il capte la voix du poète Guillaume Apollinaire, qui récite trois poèmes de son recueil Alcool, dont l’un de ses plus célèbres poèmes, « Le pont Mirabeau », et « Le Voyageur », dont vous trouverez le texte ci-dessous. En cette époque de révolution des codes de la composition poétique, Apollinaire joue avec les formes : les rimes sont encore là, mais les vers varient brusquement, au rythme apparemment chaotique du voyage mental que fait le narrateur. Il se souvient de paysages traversés, de personnes croisées sur son chemin. Chaque image qu’il convoque fait ressurgir un lieu, une impression, mêlant la nature et la ville. Ses figures puissantes font renaître de manière vivace des souvenirs similaires chez le lecteur ou la lectrice : la dernière fois que nous avons pris le train pour aller dans un autre pays, ma plus récente promenade sur la plage, ta plus belle soirée de l’été dernier. C’est un voyage dans le temps, pour nous qui lisons le texte et qui entendons la voix lointaine d’un poète depuis longtemps disparu, qui nous évoque Paris il y a un siècle. Un voyage mélancolique, mais qui nous rapproche aussi, par la pensée, de lieux et d’êtres chers. Le voyageur Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913 Ouvrez-moi cette porte où je frappe en pleurant La vie est variable aussi bien que l’Euripe Tu regardais un banc de nuages descendre Avec le paquebot orphelin vers les fièvres futures Et de tous ces regrets de tous ces repentirs

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Te souviens-tu Vagues poissons arques fleurs surmarines Une nuit c’était la mer Et les fleuves s’y répandaient Je m’en souviens je m’en souviens encore Un soir je descendis dans une auberge triste Auprès de Luxembourg Dans le fond de la salle il s’envolait un Christ Quelqu’un avait un furet Un autre un hérisson L’on jouait aux cartes Et toi tu m’avais oublié Te souviens-tu du long orphelinat des gares Nous traversâmes des villes qui tout le jour tournaient Et vomissaient la nuit le soleil des journées Ô matelots ô femmes sombres et vous mes compagnons

Souvenez-vous-en

Deux matelots qui ne s’étaient jamais quittés Deux matelots qui ne s’étaient jamais parlé Le plus jeune en mourant tomba sur le côté

Ô vous chers compagnons Sonneries électriques des gares chant des moissonneuses Traîneau d’un boucher régiment des rues sans nombre Cavalerie des ponts nuits livides de l’alcool Les villes que j’ai vues vivaient comme des folles Te souviens-tu des banlieues et du troupeau plaintif des paysages Les cyprès projetaient sous la lune leurs ombres J’écoutais cette nuit au déclin de l’été Un oiseau langoureux et toujours irrité Et le bruit éternel d’un fleuve large et sombre Mais tandis que mourants roulaient vers l’estuaire Tous les regards tous les regards de tous les yeux

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Les bords étaient déserts herbus silencieux Et la montagne à l’autre rive était très claire Alors sans bruit sans qu’on pût voir rien de vivant Contre le mont passèrent des ombres vivaces De profil ou soudain tournant leurs vagues faces Et tenant l’ombre de leurs lances en avant Les ombres contre le mont perpendiculaire Grandissaient ou parfois s’abaissaient brusquement Et ces ombres barbues pleuraient humainement En glissant pas à pas sur la montagne claire Qui donc reconnais-tu sur ces vieilles photographies Te souviens-tu du jour où une abeille tomba dans le feu C’était tu t’en souviens à la fin de l’été Deux matelots qui ne s’étaient jamais quittés L’aîné portait au cou une chaîne de fer Le plus jeune mettait ses cheveux blonds en tresse Ouvrez-moi cette porte où je frappe en pleurant La vie est variable aussi bien que l’Euripe

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6. Voyages immobiles Dounia Laaouina, Clarien Twigt, Freek Wolter et Anna Zwart

Quelle horreur, quelle horreur, ce corona !

Que faire de nous-même durant cette période de confinement ? Comment passer son temps ? Rester chez soi tous les jours, parce qu’on a dû annuler ses projets de voyage et ses séjours à l’étranger pendant les vacances. Pour atténuer la douleur qu’entraîne le manque de voyages, nous vous proposons quelques pistes pratiques pour vous en aller quand même – mais bien de chez vous.

Bien que les voyages lointains soient devenus impossibles suite au coronavirus, ce fait nous donne l’occasion de découvrir notre environnement proche. Ainsi, la pandémie nous donne l’occasion de découvrir nos environs, afin de les apprécier davantage. C’est que l’on ne prête pas attention à ce que l’on voit quotidiennement. Et en découvrant nos environs, on peut en même temps se détendre entre tous les cours en ligne, parfois très épuisants. Alors, nous vous encourageons vivement à vous promener autour de votre domicile, dans votre quartier, ou dans un parc voisin. Vous pourriez le faire tout seul, pour vous vider la tête, mais ne serait-il pas d’autant plus agréable de le faire ensemble, avec un co-étudiant qui habite près de chez vous ? Ainsi, vous pouvez profiter de cette

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occasion pour faire connaissance, en personne, avec vos camarades d’études.

Mais dans le cas où vos camarades de classe habiteraient un peu trop loin, ne

paniquez surtout pas ! Nous avons aussi une solution pour ça ! Pour

rencontrer quand même les autres étudiants, vous pourriez peut être créer

un chat privé dans Teams, et vous rencontrer par exemple tous les samedis

pour un pubquiz qui traitera un autre pays chaque semaine. Une sorte de

voyage et de rencontre sociale en même temps.

Si vous êtes très intéressé(e) par un pays présenté dans le pubquiz, n’ayez pas

peur, nous sommes pleins de bonnes idées ! Nous vous proposons de

voyager à travers tout ce que les médias nous offrent. Quel pays avez-vous

toujours voulu visiter, mais vous n’en avez pas eu la possibilité, les moyens

financiers ou le temps d’y aller ? Et bien vous en avez maintenant tout le

temps ! Pourquoi ne pas voyager virtuellement ? Faites un tour virtuel dans

divers musées, possible dans différents pays ou faites un tour virtuel avec

l’ANWB et découvrez divers pays. Si par exemple vous avez toujours voulu

visiter la Chine, il existe des sites web où l’on peut réellement se promener

virtuellement sur la grande muraille de Chine. Pour aller encore un peu plus

loin, élargissez votre horizon en vous plongeant dans des documentaires de

voyage, dans des cultures étrangères et croyez-vous dans un autre monde.

Tant de pistes à parcourir, plus de temps pour s’ennuyer. Faites un peu d’efforts

et le voyage devient à nouveau possible !

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7. Mes voyages immobiles... en images Bert Le Bruyn

Mon téléphone

Je crois que – comme pour tout le monde – mon téléphone est devenu une partie plus importante de ma vie. Il me permet de me mettre en contact avec ma famille – tant chinoise que belge. Même si la Belgique est tout près, je ne vois mes parents, mes soeurs et mon frère qu’en ligne. Petite victoire: j’ai réussi à convaincre ma soeur aînée que je veux tout simplement la voir (elle n’allumait jamais sa caméra), peu importe l’imperfection de son

maquillage ou de sa coiffure

Mes chaussures Très vite mon épouse et moi (et notre fils) avons décidé que – peu importe les circonstances – on s’habille comme si on allait quelque part. Les chaussons ne se portent donc pas après 8h du matin et on met de vraies

chaussures

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Mon bureau, ma salle de classe, ma salle de conférence, ... Je me suis équipé pour recréer mon univers universitaire (c’est la partie du living couverte par un tapis). J’ai acheté un tableau et surtout un grand écran pour pouvoir voir tous mes étudiants. J’ai également assisté à des conférences à Paris, à Milan et bientôt j’y ajouterai Wroclaw... toujours de chez moi. Je suis extrêmement reconnaissant aux organisateurs de ces conférences d’avoir eu le courage de ne plus reporter tous les événements

et de faire la transition aux événements en ligne.

Envoi L’université et ma famille me manquent beaucoup et j’ai hâte de rentrer... mais pas à tout prix. Pour ma famille, je refuse de poser quelque risque que ce soit et si je les vois, je veux pouvoir les embrasser. Tant que je ne peux pas faire ça, je me contente de les voir en ligne. Pour mes étudiants, je tiens à les inviter à ouvrir le dialogue dans chacun de mes cours et à toutes les étapes des cours: regardons ensemble ce qu’on peut faire en présentiel mais n’oublions pas la gamme de plus en plus riche des possibilités d’optimiser notre expérience en ligne.

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8. Manger, c’est voyager d’une façon immobile Anne Brouwer, Yaël- Naomi van Den Born et Mark Wijnholt

De plus en plus d’espaces publics viennent de fermer leurs portes les semaines dernières. Mais il y a aussi des choses qui restent comme avant, quelle bonne nouvelle! Pour donner un exemple : les supermarchés ne cessent d’offrir de bons produits malgré le confinement. Faute de mieux. A recommander : de bons produits frais, des pâtisseries, des produits locaux, de la viande etc. Alors que chacun est de plus en plus chez soi, pourquoi ne pas en profiter? Grâce au confinement, notre temps libre a augmenté. Ce temps libre nous permet de faire la cuisine de manière plus élaborée. Voici quelques conseils gastronomiques pour passer un bon confinement entre vous. Vive la gastronomie et régalez-vous !

Pour commencer, « manger sans frontières » est un concept méritant d’être souligné. Depuis que tout le monde a limité ses déplacements, il est plus difficile d’aller à l’étranger. Par contre, il est possible d’amener l’étranger chez soi. L’idée c’est que chaque jour on prépare un plat étranger venant d’un pays de son choix. Il s’agit non seulement de consommer un plat typiquement français, allemand, anglais, mexicain etc. mais aussi de s’habiller comme les habitants du pays en question (de la façon la plus ludique et stéréotype possible évidemment). Comme ça, c’est un véritable voyage immobile. Il y a d’autres aspects pour rendre le dîner encore plus spécial. Pour donner plus d’exemples : musique, films et accessoires. Un conseil : faites en sorte que l’entourage corresponde à la culture, n’hésitez pas à exagérer !

De plus, il est surprenant comment le moindre parfum peut évoquer des

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souvenirs qu’on pensait perdus. La mémoire olfactive sert à nous ouvrir les portes du passé. Pour atteindre un sentiment de voyage pendant le confinement, on peut alors se servir de cette mémoire olfactive en cuisinant des pâtisseries venant d’autres cultures. Pour obtenir la meilleure expérience, je vous conseille de cuisiner une spécialité venant d’un pays que vous avez déjà visité. Bien sûr, toutes les cultures ont leur propre spécialité, comme le Tompouce aux Pays-Bas ou bien les Pastizzi à Malte et toutes ces spécialités ont un parfum complètement différent. Les différentes pâtisseries peuvent alors provoquer des souvenirs différents.

Pour finir, en tant qu'étudiants, les rafraîchissements alcooliques ne nous sont pas inconnus. Cela pourrait vous sembler un peu étrange, mais voyager avec des boissons est facilement possible. Avec vos colocs ou peut-être avec votre famille (tout dépend de votre situation concernant votre logement), vous pouvez organiser une dégustation de bière (ou bien de vin). Le plaisir commence déjà avec la quête, au supermarché ou à l’épicerie, des choses dont on a besoin. Après, de retour chez toi, il est temps de faire un PowerPoint, dans lequel chaque diapo présente l’histoire d’une des bières, toutes originaires d’un autre pays. Une manière de voyager chez soi, super facile, moins chère et en même temps vachement délicieuse !

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Amusez-vous bien !