Glissement glissant5

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1 G l i s s e m e n t G l i s s a n t L a m b e r t S a v i g n e u x

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G l i s s e m e n t G l i s s a n t

L a m b e r t S a v i g n e u x

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Dream on ‘man, ‘t’might take you to the bush where the flowers cry

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prélude à un éclaircissement

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Faut il se contenter de laisser vivre ce qui

pousse ou déborde, prendre un certain recul

et dire, rêve, pensée désir, ne faut il pas se

bander et propulser l’informe et oser le

provoquer? doit il, ce désir attendre le

moment, embourbé, doit il, fatigué suivre les

méandres qu’a fini par creuser la pensée,

les yeux et l’envie voient au loin trop loin, absent de soi.

Agripper, passer au temps présent, verbe d’action, transitif, acter est-ce cela, mettre l’ entrevu entre parenthèses, claquer la porte à la claquemure, laisser revivifier le vent froid, gifle du réel, une piqure de froid, une brûlure, et, assuré, sauter, bond de l’homme déterminé, ce bond au seuil de l’air, accroché par les aspérités du déchainement de l’entre-deux- pas

L’esprit me détourne , la difficulté de rester en phrase avec le brut des mots, la boucle entortille le vécu et forme une immense pelote, vécu, rêvé , inaccompli tout ce que l’esprit et l’humain peut agréger, inventer, témoigner, le long de ses lignes en failles, on en prend la mesure, mais est-ce d’avancer en attendant, en poursuivant, et se rapprocher,

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Accrocher le filin après que le chant ait enchanté la nuit et pulpeuse le visage aluné et le corps transi

La poésie surement y mène, et la corde, , se saisir du halo voulant dire que toujours les mots accrochent la métaphore, se servent du réel en miroir, contemplent au sens la contemplation, s’arrêtent, il faudrait que le mouvement se refuse à la distance, ou bien l’enjeu est il autre?

Déterminé, il lui faut cette rupture, mais aussi l’engagement comme un combat, n’est ce pas justement l’écart, l’impossibilité, la difficulté ou ce réputé tel, force à harnacher les mots, reclure pour s’octroyer les lignes et les couleurs, et s’effondrer les murs de chair, sans écart, hors du rêve, s’emplir du réel qui devient bourrasque orage tumulte, émotion se renforçant en chair se démultipliant, prenant une force insoupçonnée, mais qu’il faut savoir prendre à bras le corps, pays réel débusqué,

Voir, cherche des preuves du monde dans le geste , m’assoir en forêt, en bord de ruisseau, tout ce qui pourrit et lumière ce qui paradoxalement brille, or qui se déverse en moi et me rassure… l’oiseau s’en va et se trouve face à l’irréconciliable dans cette ile au dessus des montagne, dont la langue se déroule musicalement en rêve.

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L’ancien, le porteur de ride, le relayeur de ce qui précède, yeux, plante tes pieds sur la roche, retourne la coque et voit le monde, laisse les traces parler de l’invisible au jeu du temps, souffre ces coups de fer aux pieds de la terre chaude par le voyage a corné, restauré.

Et la terre ne nous appartient plus, ils ne nous y font plus de place, il nous faut creuser à mi-hauteur, coincé ailleurs entre le thorax et la plante, du fond du jardin en ricanant

alors oui , et pourtant si ! trop peu si peu au passage grinçant de mes vents, mes nuages les fumées soupirent à l’aise des mille lieux, ma langue, que je parle souterraine est irriguée de milliers d’autres

ils se sont cru incontournables

et vois comme j’ai le dos tourné, vois comme je parle aux ancêtres aux à-naître, aux rivières, vois comme je suis l’oiseau me cachant dans les nuages

la bonne blague de leur monde en berne

je suis du pays du sourire blanc noué dans un pleur.

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Ver le voir

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Le peintre sillonne le paysage, il aime à parcourir l’étendue, du regard, de son pas, il marche et l’œil divague comme un océan incertain, couleurs, matières en mouvement informes car la marche immerge dans une sensation vaste, seule la perception qu’il en a le porte, le prolonge

Dans cette élongation de l’espace qu’est le pas, pensées et rêves envahissent le regard

Il ne s’est pas arrêté, il hume dans l’énergie du cheminement, la vitalité englobe tous les temps et l’effort physique prélude à la vision, il se sent vivre, accru, plus tard il y repensera, à la manière de ceux qui rentrés chez eux livrent le voyage à l’encre et au papier.

Là, il se rempli de l’odeur du monde, salue les fourmis, les coques et les cosses, les élucubration des branches d’eucalyptus au vent bleu, il s’amuse des glissades dans le graviers du chemin et repense aux lieux du monde qu’il a connu, lieux de glace, minéraux et ruisseaux, douceur et incandescence, qui l’habitent mieux que d’y être, Tasmanie ; ce qu’il aime quand il arpente, il s’arrête au tronc d’arbre,

Sa boite d’aquarelle, des pinceaux, un peu d’encre, quelques bambous taillés, des feuilles à même l’herbe, il aime l’herbe, les racines qui empêchent le confort, et le rendent plus réceptif, le réel plus près du rêve, il y voit ce

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grand mouvement du dos de l’écorce, il y perçoit la peau, ces échancrures d’une mue, il y danse ces longues tiges et les feuillages s’ébouriffent, les fleurs ou les fruits fécondent l’outremer, se met à tracer le geste que son œil perçoit, l’encre gratte cet élancement de vide, vie, il y insuffle la couleur qui l’envahit, il ne cherche pas à reproduire , il parle à l’arbre, il lui dit pourquoi il l’aime, il pourrait le caresser, qui de lui ou de l’arbre est dans le geste, surtout ne pas oublier, le temps, le vent et la poussière surgissent en même temps que le dessin,

Il dit, deux lignes surgissent du sol et illuminent, l’arbre, le bleu, le rire du feuillage, frémissement colibri, rêve koala même s’il sait que … mais c’est dans le rire de l’arbre.

Il peint par série, quatre, six, plus peut être quand il s’acharne, de feuille en feuille un voyage sur ses genoux, porte, ces yeux sont des pieds, il rit de ces mots, c’est avec les pieds que les yeux voient.

Il aime ces moments pour qui le paysage se lit comme un livre, un chant qui est comme une ligne de son à fleur de terre à travers la roche, le pays et la chaleur, est-ce si différent de peindre, la feuille reçoit les confidences anciennes et l’aide à retrouver le chemin comme un chant.

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Serait-ce que les traces de couleur et les lignes forment une carte du visible ? L’arbre lui-même est-il un itinéraire de la lumière ? La terre se laisse-t-elle respirer ?

L’œil marche mieux que deux jambes et cherche à s’emplir de la vie vue et la nature en chemin comme un lièvre qui détale. Comme en rives

attentiste, il se promène et hume , lève le nez , sa démarche indique une danse que son esprit impulse en tangage , ou est ce le corps qui se soulève comme porté par des vagues, là de terre et d'air , une ligne souple mime la marche de lave quand obéissant au principe en fusion elle se frayait un passage au travers, coulant sur , réfractant le réel sous la chaleur , poussée irréfrénable, c'est l'œil qui erre , libre l'éclat à la rencontre, y a t'il fusion dans cet incandescent et ce passage qui, forme , au contact cette ligne, mouvement en onde que l'air et la trace déchirent,

voir , sans doute c'est ce que l'œil cherche à faire , c'est pour cela sans doute qu'il erre et recherche, en point de rupture, la rencontre,

il dévale la pente, se suspend aux brindilles soudain ce sont goutte, lichen, mouvement aléatoire, derviche qui à tourner s'étourdit, sans doute pli pour les yeux à la déflagration du tournoiement, révoquant par l'incertitude

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du visible qui empêche la vision, sans doute cette exigence de l'œil dévoile la question embuée, secret redondant d'un souffle, ronde bosse du son qui dévale le creux brûlé d'un tronc d'eucalyptus, écho comme un fleuve va vers , espace en semence infinie, l'étendue est impalpable , ou n'y a t'il que l'appel de la voix qui n’est que son, vide qui solide dit le monde,

Voir, cette insistance, même, à risquer dans l'empoignade du burin, qui finalement semble ce heurt, cette alliance, ce passage qui agrippe, révèle l’ arrimage la distance de points à point et trace, son, d'un trait qui scande, ose. Dans cette brève incursion du voir, que le toucher en même à même ne cessait de pointer,

Ces heurts comme les limites d'un corps qui accroche la plume sur le papier , rugueux l'arrête de la roche blesse la main qui sursauts, accrocs du réel, trébuchent ou, raccourcis qui, silences en taisant se font signes , arrêt, un creux, une faille ou se hausse le ton, dissonance inévitable, tachent comme des crocs , trous ou chute, la chair, tangible amas qui effarement interpelle, giclure de sens à l'éveil de l'envers, que je nomme point, arrêt comme ceux qui ponctuent l'ébène enveloppant le tout de sa nuit , étoiles ou chocs du visible, disparate réel permet de la matière à l'éclat, comme un clash.

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cette révélation de la vision, des deux bords, l'œil le réclame des deux cotés de la raillerie , car l'adéquation entre ce que l'œil est forcé à, au clair du voir est toujours à la limite de l'effacement, le réel n'a pas de sens,

et la pierre du jet ensanglante l'oiseau qui écorché dans sa vie git, plaie du monde offerte à la mort, l'impulsion était mortelle et se soumet au sang , faut il le comprendre , avoir vu ce vol entre le ciel et gésir comme pierre et boue , le voir a dicté le viol, désir, saisir , cette liberté qui est battement de l'aile bat dans les tempes et est semblable au battement des veines , à la course effrénée dans les bois, le saut par dessus le bosquet, et le plongeon dans la mer, la crique et le criquet hurle, déchire l'ordre et intime cessation, serait ce manque, cette absence que l'esprit ressent, ce vide qui fait sens, car le pas appelle le pas, et l'enchainement des choses haletantes à la manière du cerf cornes qui sont arbres, pourquoi, halètement et surgissement hors de l'espace si long à percevoir, hors de ce qui ponctuent, les choses du réel que l'on touche et qui nous limitent nous relient, aveuglément nous sortent de l'obscurité l'œil aux aguets, captation qui est comme ce pas qui élance la marche, feu désespéré d'une magie qui parce qu'elle a vue, cru voir, s'est habitué à se penser dans sa totalité, le temps qui fragmente ce qui tait dans l'esprit, cette

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union qui fut et donc est et se doit de reprendre,

voir, hors de l'absence , se saisir de ce qui se dit vibrant et empreint du monde. Comme si voir remettait en question l'apparition et de là comble.

fulgure

apaisement de l’œil,

au loin voit près, si près que seul la peau peut en rendre compte, , enlacer la couleur rejoindre en peau à peau l’immédiat qui réuni, qui voudrait fuser , danse ce qui bouleverfuse dans le regard , cette chaleur qui lumicouleur.

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A peindre les mains illuminées dans la matière , à se plonger dans l’expérience de l’éclat mat de la couleur sans que rien ne la sous-tende, autre qu’un obscur pressentiment inconscient, sans qu’une tension séminale ne l’accompagne, la peinture semble être comme un gong que l’on frappe à l’entrée.

Est-ce l’entrée d’un corridor qui résonne dans le labyrinthe, on tape alors à la porte sombre de notre sensibilité palette des sens, un indice de ce qui nous habite

cette peinture, qui tend dans sa masse à apporter matière à l’élucidation je ne pense pas qu’elle révèle mais plutôt qu’elle questionne . A peindre et uniquement peindre on pose une question à ce qui nous dépasse, l’éternité

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En nous s’ouvre. Mais peut on peindre sans uniquement peindre, le peintre accompagne alors ou s’ajoute d’une métaphysique du gestuel qui affine et tend son acte qui peut devenir chemin, et ouvre , grincement des gonds de l’inconnu

Le geste porte la matière questionnante de l‘être et du monde, est sous-tendu d’un chemin investi, d’une épaisseur sorcière concise qui détermine la lumière pendant que le geste lui de plus en plus aventureux se charge d’une puissance évocatrice qui se suffit à lui même.

virgule et point final

Laisser aller les gens au marché du soleil, tout ce qui bouge avant que la poussière ne recouvre chaque phrase n’est prétexte à un délire d’écriture, à exciter un poème, enliser, appel à sombrer, désirs et mon en-vie, quitte à se jeter en avant sans savoir à quoi touche tendre et rouler du haut de la pente, en avant sombrer dans l’engoùt.

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Glissement Glissant

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oui mais moi j’ai toujours pensé que la plus belle eau remontait des profondeurs

les plus lointaines

j’ai rêvé de continents

j’ai tendu l’oreille pour saisir les bruits de langues et derrière toute les faces d’un monde en mouvement s’éclaire le mien, lumière étrange qui ne cherche pas à éclairer,

mais irrigue

j’ai vu les taillis et les arbres, les collines au loin ou toutes proches et je les ai peins, comme elles me parlaient, j’étais traducteur de l’incongru, je traçais des signes et la couleur était musique, moi je voulais être voix j’ai pensé l’essentiel dans ces rythmes et les fulgurances , piochées dans le murmure du froid au matin quand la glace ; quand la chaleur je mettais du rouge

Le primitif, en moi la part voulais la place, je l’ai aidé à s’installer, à reprendre tout l’espace.

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Je voulais parler et il me fallait écouter – l’entour de la voix est nécessaire

il me fallait lutter pour laisser le vent revenir des cheminées

j’ai aimé la terre, celle que l’on peut écraser entre les doigts et la poussière qui file ou ce nuage et l’eau de la mer et l’immensité de la vague qui s’abat sur l’humidité – c’était à Saint-Jean de la lumière et l’océan et le ciel se fâchaient, je m’époumonais- c’était dans les bois ou c’était dans les livres.

Et j’écoutais dans les visages les parchemins et les burins et jurais de ne jamais écrire comme dans un livre mais de l’écouter lire.-seulement; car que chercher d’ autre – surtout pas une voix qui écoute tramer sa pensée et que l’on entend psalmodier – le livre est un témoin pour que ne s’éteigne pas – il est une couverture ou le voile muet

l’homme qui fait cet effort s’écoute et tait les étoile – je ne voulais pas faire ça – je veux les écouter et frémir

je jette le livre

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C’était chercher le rien dans quelque chose qui remonte, en saisir la peau, en retenir l’aliment, assis ou courant dans les bois parce qu’il fallait écouter, laisser le vent entrainer la foudre sans s’en saisir, laisser voler ce vent, s’inventer le murmure obscur qui doux dansait - -forte-croupe et fille cheveux de rimes - vent – ondulent –écouter sa vie et alors les nuages et l’histoire le feraient pour moi – le présent en avant du temps, celui d’avant moi

moi mes yeux bramaient

– seule, papillon ou oiseau mon manteau de cérémonie – ce serait ma casquette et mon cuir saluerait le monde

de tous les temps

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Parce que quelque chose quelque part, oublié depuis longtemps, invoque une torsion

parce que nous apercevons ce ciel de tous les jours

Puisque que nous nous bousculons aux gens, en nous même cette hésitation et l’attention que l’on y porte accentue l’accident

cette rêverie est de traverse et la vie ne s’est pas arrêté, quel est le mot qu’ils emploient mot de générosité accolé à la perte ou l’entêtement de la continuité serait ce que le néant renait soudainement serait-ce que se côtoie ce qui peut côtoyer

la brèche refermée et la réparation agissante

le monde et le manque, le mot de nouveau nous tord

ré-concilié

le lien élevé face au rien, mutilé et pourquoi cette spirale sans voir l’inaltérable accolé et pourtant vivant , heureux d’être tentant d’arracher le silence à la muselière

et le faut il vraiment, faut il laisser les mots transpirer, les laisser dénouer ?

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l’obstination dans le mouvement une simple roche brise le chenal et l’emportement de l’avant est-ce une simple affaire de nœud

d’apparition ou de disparition?

remet sur ses pattes et ronchonnant

d’abord , une grande inspiration

L’autre répond en monde

dessine moi le monde, à quoi ressemblerai il, à quoi voudrait il bien ressembler, ce jour, à des yeux qui fuse le corps en mouvement réinventant au delà de l’inutile ce qui ne fait que tenter

moi je voudrai résumer en une ligne, en un éclat et oublier ce qui obstrue , ce bruit qui empêche l’éclat,

aura vive

l’espace à l’iris, un geste la main, l’œil qui caresse de regarder, ce sifflement de vie qui ne fait que deviner, le reste se tait , n’existe peut être même pas

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Rester sur la lancée se soutenir fil qui maintient en suspens

J’aime cette idée de suspens et c’est pourquoi j’aime les fragments, l’ellipse, toutes ces figures inachevées ou ces bouts de phrases qui font sens sans s’engluer dans la lourdeur et le définitif, qui s’adressent plus à l’aura qu’à l’évènement.

le récit c’est autre chose, une histoire prend tout son sol, son sens, son vol, curieux lapsus, dans les strates, les failles et les effondrements qui fondent l’énigme.

le récit est la trace, la voute et le soubassement, l’obscur et la lumière.

L’énergie circule dans l’opacité, est ce la matière, entière, l’existence dérive en mots, lance le grand œuvre du démêlement et retisse un chemin, le récit attend, une histoire qui à chaque fois reprend l’énigme où l’homme l’avait laissé, qui à chaque fois le renouvelle à tâtons. toujours la même.

le fil du temps, avance.

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Un premier regard n’a pas eu le temps de se poser, l’homme capté observe, laisse enfler le présent, l’inouï, dans une détermination surgie de loin ou dans l’épaisseur je ne crois pas que l’on quitte le récit le soir ni au long de sa course, au pas suspendu où dans la poursuite de la boucle ou du fil, de la voute ou du sol, de la mort nécessaire, de la vie traquée, de la soif aux mille bourgeons, de la tension du rut, nos mille vies entrelacées en une, grains de l’épi protégé par la feuille, pourtant obsession, digression, bouleversement de la pensée

Au delà du soupçon le mal de ventre dans la course déroule cet entrejeu majeur, les couleurs, croise le feu l’humus et l’obscurité, si l’on se perd au détour le détour croise une éclaircie, boisé un déchirement bestial ou un rire tombe de l’inattendu, tant que ce ne sont que le masque de l’énigme, il suffit de marcher et dérouler, dans les mots sont les lignes qui délimitent les creux des pleins les vides des noirs la transparence des timbres, ma voix ou celle que j’entends, l’oubli, là à la frontière du sol et de l’animal, au coin de l’eau où se reflète l’étoile et où le soleil brûle quand l’ombre défèque.

Tant d’autres bavardent, on ne les écoute pas

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Pour chaque saison se nourrir

Le geste premier lance pendant que d’autres prolongent ; saillies, des veines qui ouvrent des phrases, nullement figées ni insistantes, l’essentiel est ailleurs, dans les pliures et les étendues, les nœuds et les étirements de la folie.

Les rameaux

le feuillage et les branches

Le temps aussi ouvre à la transformation, aspire à un présent, inconnu, l’invention apparente de la peur dicte, ou est-ce l’amour – tranche, prolonge – la vue perçante l’aveuglement beugle un sens qui fraye un chemin dans les ronces ; le récit.

Le temps s’étire et le nucleus de nos vies se refroidit, perd de sa vitesse ; d’amplitude ; de vigueur ou terrain vague de nos trajectoires, la question jaillit, comme un trait , il faut alors partir à la recherche, nomadisme atavique – quête de cette énergie aller vers la mort pour la devancer ; Lubie nous remet en route vers ce que nous apercevons dans la décomposition, l’espace s’ouvre; s’effondre dans une dépression du langage ; plonge dans un vide qui semble être la nuit il semble qu’elle ne va jamais finir.

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Parfois nous la fuirons , nous brûlerons nos forces dans cette obsession, trou-noirs, contrepoints où il nous faut heurter pour découvrir, admettre une part obscure, une pesée sur la blessure dévale la part du insoumise démet le cri de notre résistance; permet de respirer.

A la recherche d’une lueur, un silence est en route, une porte, parenthèse qui contenait le monde, tel qu’on ne le voyait pas, aimants dans les broussailles avec vue sur la boue que seule la beauté permet.

Sur la piste à la rencontre de l’abri, entend la prière sous la roche et de l’eau, et froisse la vue, le poids porté par l’abstraction inévitable.

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Il faut l’acter. Les mots font aussi œuvre de détournement, ils détours- nent

détourner pour rapprocher et mettre en corrélation ce qui jusqu’alors s’opposait ; avoir détourné pour mieux entrevoir,

Comment s’y retrouver ? cette alchimie des mots peut elle se révéler carcan et enfermement ? c’est de l’intérieur que les mots brillent, l’élan suppose un bras propulseur et une conscience qui vibre.

Que ce surgissement réapparait sans prévenir comme de multiples coups de langues de par les lieux, de par les temps, sans logique apparente quand la stabilité du monde et celle des hommes sont soumis à pression, créer un état stable pour que l’énergie semble inconcevable, hasards des orages solaires et accalmies mais discontinues, bien que les êtres soient constamment dans un emmêlement et un désordre imprévisible.

Vu du dixième étage et en vitesse accélérée, embrouillamini des histoires et des chocs même minimes comme ce papillon multicolore au battement sismique d’ici au Japon, mais qu’en est il de la langue à langue, de la bouche à lèvre, de la main à bras ?

Dans ce foisonnement, la relation, mot clé pour ouvrir la rencontre ou à l’inverse

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l’impossibilité de continuer plus avant ni comme avant apparait la nécessité de transgresser, réunir, mettre en relation, quand à chaque seconde la possibilité de l’asservissement ou de la violence parait probable, ceci de part et d’autre et c’est ce qui est émouvant, quand les mondes se mirent en parallèle et, avant de s’entretuer, inventèrent le besoin qu’ils ont de l’un de l’autre posent des passerelles ; c’est s’augmenter de nos impalpable, autrui puisqu’il est à portée et fait partie du paysage là où avant il n’était pas , le monde en est transformé!

le regard et la pensée petit à petit se dé-fossilise.

La mondialité, l’Europe et les réfugiés des grands chambardements du siècle, dada et surréalisme et la démesure américaine, de l’étendue et l’effondrement par la modernité de pair avec les déplacements des continents, l’Afrique entaillée par l’océan est obligée d’improviser une teinte et d’inséminer l’Europe ; ces embardées du temps et de l’espace sans prévenir fusaient dans un cataclysme du langage en même temps qu’une élasticité de l’espace qui de l’un et de l’autre semblent maintenir un chaos opaque, de l’un à l’autre une incompréhension et un voisinage immédiat.

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cette rupture d’avec la définition me ramène à Glissant, à sans doute beaucoup d’autres,

je la voudrais entière sans filins de retours qui nous y ramènent

hélas ce n’est pas ce que je vois ; la tentation semble toujours forte de revenir hanter les lieux

j’y vois comme une contradiction

j’appelle la trace et le fragment

l’allusif afin d’éviter le construit et le défini

je m’étonne, qu’étant une part de cela , on en prête pas l’oreille

métaphore de l’humanité non barricadée à venir, on est déjà là sur les bords

Rhizome plutôt que racine, la reconnaissance du divers comme multiple dans un même temps, questionnement ouvert sur le temps,

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extasié et éveillé, une réponse au pari de l’identité multiple.

Le monde moderne est fractal

Le langage, cette pointe vibrante de l’être d’humain relève le défi ; se rencontre à la poupe l’Amazone et le Mississippi ; le pari de la langue, instable en perpétuelle mutation pour répondre à ceux qui perlent en contact permanent.

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Or s’en remettre à une dialectique formant vocabulaire fige ce tremblement du monde, sommes nous arrivés à un point où les sociétés se déterminent? un refroidissement des laves? , mais alors ? Stable dans l’instable, la nature ne s’arrête jamais, le présent cette illusion est pourtant tout ce qui compte, le roulis projette le surf, et pourquoi l’endiguer, serait ce que nous appelons un autre pouls du temps?

le surgissement obéit à des règles qui le font ressembler à une vague, similaire à une courbe ascendante puis descendante, ellipse dans la pensée indienne; tournoiement mais s’agit il bien de cela ? ce à quoi œuvrent les poètes et les anonymes, sans nom, cette incertitude de la crête, ce dévalement l’étalement de la durée et dissolution de l’espace

Fébrilité de l’incertain des rencontres qui opère cette impulsion que Glissant appelle déparler.

Pour témoigner, les formes que finissent par prendre les mots et notre parole, -est-ce la même chose? -nous entendre sans laisser de coté l’essentiel d’une expérience pour que puisse aboucher un échange, constamment à déjouer les pièges que nous même ouvrons, grignotons à l’intérieur de nos mots, comme s’ils penchaient en arrière et qu’il nous fallait

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à chaque fois rééquilibrer pour qu’ils aient suffisamment de force et d’énergie,

Oser défier la crête de nos présents basculant et éclaboussant ce qui nous sert d’avenir ; l’invention instable, toujours en équilibre, rythme de la formulation inaudible, jazz libre obéissant à un canevas inédit, de là la fugue, lorsque l’on se trouve emporté par le vent « vers en l’arrière ».

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Tombe mots-monde

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Qui es tu, toi qui m’écoute dire ? à un moment ou un autre je te poserais la question en rebours, en retour,

peut être mes mots ne sont que le reflet de l’embryon de la question

le rythme dans le silence, dans le taire, l’espace de ce que j’entends ne peut qu’à son tour interroger

qui est tu ? toi qui me regarde m’écoutant, toi qui prend place face à moi

à quoi se résout cette attention, ta présence au sein de ma parole prétend fixer l’axe dans ton entour

au mur de tes yeux, lettres, phrases, lignes, sens que tu impliques

mais ta présence bouleversante dans l’espace ne peut qu’à son tour formuler la vraie raison et ta quête t’amène à me scruter

ramène contre ton attente l’aveu de l’existence à la page de mes yeux,

lettre, mots de ma parole tu entendrais ramener la nudité angoissée voir est vain

je te laisse en prendre la mesure, oublier la question autant que la réponse

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aveugle, c’est le temps et la marée de sable que le vent enfouit en amoncellement bref de silence,

tu, relatif,

y laisses la trace, tue, le mot résorbe la vrille de mon chant, démembrement du toi à moi

énigme de l’entre-deux dont tu tentes de t’emparer, l’air n’a pas plus de consistance que ton être-là écoutant la divagation de la question

aussi sur que tu es là, Je ne se laisse pas poser, ta présence est question que seule ta présence absoudrait

tu en est le maître ou est-ce une feinte dans l’énoncé à l’espace de nous-deux, il te faudra le reconnaître.

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Les sources

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Donc affirmer, un chemin différent,

celui du cœur,

le seul qui vaille, sur ! repousse sur des têtes mortes, sur l’erreur et le remord,

Eaux s’y retrouvent, pendant ce temps s’approcher du feu le bois et se réchauffer une petite tempête, en riant un peu des bienfaits d’une gorge pleine.

Ils créent un appel d’air, ces lignes bien tendues, comme un arbre, je lutte contre la sécheresse et vais prendre l’eau là où elle est, souterraine même à traverser les océans, ce que je fais souvent, main caressante dans la mienne, pourquoi ne me caresserait elle pas, mon sourire n’entraine t’il pas dans un pas de danse, patte blanche quand je l’ai noire, noire de suie blanche d’encre, chantons tous ensemble d’une belle voix discordante !

le rêve, j’y plante mes racines, le minotaure rugit quand on lui tire la queue, partout la laideur et la frustration, la pauvreté et la privation, le cri et l’absence, la douleur et la souffrance, la négation et le mépris, le néant et le meurtre, une nuit, un jour, je me suis mis à vouloir commencer à faire exister la beauté, comme un relais à feu doux, comme Candide des fleurs ou des légumes là où l’errance écrasait l’espoir, et puis les bombes la torture

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la guerre dans mes montagnes à rives, l’océan partageur de l’esclavage dans les gousses, mon beau port sur la rive des négriers, et puis la réponse insolente la poussée du pouvoir défigure la violence, une mer puissante vagit et s’intercale l’éclat de la lumière, et puis l’ile dans chaque matin de brume, et la peur de voir la main disparaitre dans un geste de sang répandu, la cassure la rupture

Circule de cime en cime, car l’arbre qui me soutient la voile qui me pousse m’emplit et l’eau me ramène au rythme eau du mythe.

Pourtant la vie est pulsation, puissance et poussée du réel, pourtant l’autre existe et j’essaye de vivre en accord, de par ma poussée donner un autre sens à la violence, celle du corps et du temps que j’interpose, détourner la tempête et même si je suis tempête mon trait la recouvre, il y faut des rides ou des surcharges, des ratures, des écrits par-dessus, ce grand livre autours de la bouche c’est la même branche qui fleur pollenise l’éphémère, c’est la merveille chantée tous les jours, qui en fait la beauté.

Vers le fragment

Les rives, être à la marge du monde en son milieu et de tous cotés

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seul sous les combles de l’écrasement, rides les mots secrets d’une femme, le monde veut les écraser et lui ne veut pas – lui – s’étend en monde pont aujourd’hui à l’inconnu – sans friche – l’intelligence est vive et libre, elle arpente sans limite et conserve les foudres, corps de sueurs, pourchassé je les traque assoiffée ma vue veut élargir.

Un écart peut basculer le monde, le monde s’écraser comme un chêne, s’écrouler et pourrir.

Une forêt aux hululement de sourds – poumon libéré pour un temps avant la poussée– elle est en creux et vous n’en voyez que les talus – je ne crois qu’à la parole celle qui bouscule, réinsufflée à chaque tour de roue, sauvage au large, l’aventurier arrogant – les vergers sont plus sûr que le barrage sur le fleuve, qui doit contourner, emprunter des détours de bayou, à moins que, de l’intérieur détournent les guetteurs qui nourrissent à l’insu, rassemblent haussent les sens cachées, - la frange des poubelles urbaines peut en abriter qui folles poussent les trolleys,

restes de l’activité pressante - symboles existentiels des tribus entassées à la lisière du bois – là où la forêt parle, – là où il faut qu’ils soient ciel et écorce, ascendant et descendant centre de ce qui entoure, cimes et ombrage à l’assaut des chemins, soleil aveuglant les

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recoins du monde, ici les ailleurs, les ici de l’ailleurs et les ailleurs de l’ici le vivre de nos bribes quotidiennes.

Incessantes, vagues au lever de l’aube, émouvants océans équilibrant les dunes des sables, les vents comme les fils d’un grand tapis qui relieraient les tensions de laine, les rêves d’écorce et les pensées végétales, les trous du ciel et les mottes de terre murmure de l’ocre gris sur lesquels l’humain circule et glane- met en doute le monde – tant que la faim tyrannise.

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La tentation est grande d’en appeler aux vertiges, à la musique sublime, ce chant du pinceau au piquant de l’expérience humaine, c’est en arriver là presque ou il n’y a plus d’humain à la frontière des mondes, là où la faille permet d’en ramener l’éclat plutôt que l’entredeux au seuil de la brisure et maintenir l’ équilibre ?

Cela faisait longtemps que dans d’autres lieux certains se paraient des apparats du sublime et je pensais que ce n’était que des oripeaux, propre à faire croire aux mots vertigineux, il était question de poésie. Or je pensais que c’était un grand fleuve, or je pensais que c’était le vent, que c’était la mer ou le sourire déhanché d’une femme, je souriais à la joie, je m’étreignais dans la mélancolie pensant y voir ce qui m’étreignait, je pensais vouloir dire, mais par dessus tout je voulais me sentir ivre en habits de fête ou presque nu, presque complètement nu

pas à poil, nu.

amoureux

les bras qui tournent et les yeux qui se fondent en rivière, la mer devient jambes et le sexe qui déclame comme un bouc, tout, la vérité qui brame et l’aveuglement qui beugle, ment.

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mots du fleuve, rame que l’on pousse en criant, taper des pieds nus sur la poudre rouge et les herbes jaunies, les bourrelets qui m’attirent, la coiffe qui te fait reine, la débraille.

Mais l’idéal sans la joie d’exister, ma tristesse, immense, remuée dans l’absence fondamentale, définitive

la gravité s’en est allé, se cache, la poésie s’enroule en chevelure et, en boucles raides, sales ou étincelante réconcilie, on ferme les yeux, veille, le chant de la terre comme en errance

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Touch !

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Regarder de son œil l’irrationnel se glisser entre les ombres et les lumières, presque en récusant la forme poétique, un marmonnement, le surgissement de l’invisible dans la conscience et l’émergence du réel, solide, brut et dérangeant presque par son vulgum, bruit, donc, ou les conversations des inverses, bruits inaudibles car il y a sans doute plus à entendre de ce qui est dit dans le bruyant mais dense comme une pierre, et ce silence paradoxal, polyphonies secrètes de la forêt, à la tension des ondes que l’on nomme magie et intériorité, le pli de l’air*, serait-ce ce point ou tout se fausse, ou tout apparait dans les prolongements et les retranchements de ce que la matière recouvre de solidité, audible criant muet, improbable frontière qui n’est qu’un pli, comme un glissement de terrain ou une courbe multiple où se multiplie la réalité, tout cela dans la plus grande simplicité apparente

Mais est ce voir, dans la chaleur du foisonnement ou rien ne semble fixe métamorphose uniquement apparente à l’œil alors que tout coule entre envers et fiant en mouvement, il faudrait préciser mais à vouloir laisser libre, insaisissable, l’attente manifeste ce qui serait vrai inlassablement

* Le pli de l’air » d’Erwann Rougé

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ou l’on revient, comme vers un lieu où l’on attend la vie et où les vivants manifestent

La mémoire, à propulser, vers l’humain, le frisson,

touch !

suspens du toucher les deux sens en contact, c’est l’expérience de l’autre dans ce non-encore ligne de contact , feu dans la stratosphère

l’écoute, le souffle l’imperceptible que l’air conduit, un simple que, une relative sans suite comme le son que semble déchirer cette entente à atteindre le vide du mot, ce vertige à peine ébauché, crissement à l’égal du blanc les mots accrochent le silence , la porte de l’inaudible

Le rythme plus fort que le sens, c’est ce qui bouscule en douceur, l’imprévisible et la place qu’il laisse, au temps dans les interstices, les mots dans les sons échancrent les re-son et les non-sons, avant, après, tout est dans ce murmure qui évadent où les lignes de contact échangent chantages, vibrations ; ces relations au passage de l’un à l’autre, massacres, les frétillements pailles de sens, l’impromptu des couleurs quand elles se diffractent, marmoréennes, orages solaires dans la couleur ou est ce la toile qui bave,

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permet l’échancrure, frottement à l’insu éraille en cisaillement, les vagues comme coupées par un ciseau buté, imparfait même s’il tranche comme il le veut les coudées franches, le geste précis déchire au hasard des fibres, c’est là que le son-couleur s’inscrit à l’espace, dans cet outre passement de l’injonction, là ou le trait laisse aller les pleurs du surgissement, malgré son absence un petit rayonnement entre les lignes à saturation qui cachent à force de hurler, ni formes implicites mais glissements.

Une brèche dans la craquelure ou l’outrage de la truelle, ni enjambement de l’écart ni franche limite cet empiètement se hisse dans la texture envahissement de l’œil qui procure ce frottement de son être-là et ce son plus-là, soudain, à la mesure de la disparition rend l’écho, la trace, du temps étire, le corps salive un frisson, et quand le tourbillons silencieux de l’anche, geysers de crêtes, les à attendre, puisque l’absence absorbe, os de la présence ou tout ce que les mots veulent désigner, cerner , bâillonner, c’est à l’aspérité quand tente de désigner, passé détrempé, se joue en retard l’étonné, l’anticipé, hors de l’énoncé, trait qui échappe à lui-même en devant et en avance , selon un schéma fixe, une pensée qui s’interpelle en dehors de la pensée quand elle s’oublie révèle un entrebâillement, surpassement de l’air ce “no stranger to air”, retour des carrés bien formé à des lignes

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fixes tracées au cordeau mais en couches successives malgré tout le débord et le rebord pensent dans les remords, les fébrilités osées, ces alignements qui laissent entrevoir la marge là où on croyait voir interpelle une révolte dissimulée, à peine formulée, un simple gros œuvre contredit l’ostinato stridences innocentes imperceptiblement vaporisent des émanations quand elles se touchent, se recouvrent, se recoupent , l’essentiel est dans les restes, dans les pointes sonores de ce qui se devine du non-peint, de l’espace élargi et de l’enduit induit, aqueduc en dessous, souterrain des caves qui s’étant résolu à se taire causent.

C’est à l’aventure en devant de lui, souffle, par pour surprendre mais se suspendre, l’heure des orateurs quand beugle l’écoute, braillent quoiqu’ils fassent c’est dans ce relâchement de la volonté quand ça retombe, dès lors la tension s’arrime dans la résonance que l’on traque mais comment traquer sinon en déraison, la vaillance de l’air à la couleur claire, intermède la cessation du réel

qu’il s’attend

le bonheur

bon heurt

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se résume à s’approcher des limites, ce qui est dit et un grand apaisement, survient ce qui est dit résonne car, c’est dans ce re-son et la fréquentation de l’inaudible, de l’invisible, l’inarticulé que se résorbe peut être le fatras ou la tentative d’exprimer, cette construction utopique pour faire face à l’usure du temps, à l’implicite de la surface dans la violence et l’effacement, ou la poésie replonge dans le bouillon du silence ce qui se croyait dit , ce qu’il croyait dire , couleurs, mugissements, sons et effort démesurés face à leurs marges dans le silence ou la résorption des vécus, les appels du sens, dans ces têtes à queues du son , façade l’inouïe ou fascine cette tentative de porter le son dans ces contrées étapes vers l’effacement, le murmure porteur de l’ensemble dans le heurt aussi succombe et la cisaille et la coupure, la réconciliation, quoiqu’elle soit, au delà dans le contact de la touche, l’érosion du néant révélé.

La poésie, là où rien de prévu n’advient, ou le mot en échappée s’enracine en silence, se laisse dire quand le souffle dans l’inexprimé prend tout son sens.

La construction est utopique elle cache l’essentiel et le dévoile, aux yeux de tous qui savent relâcher, l’art, une tentative de s’y préparer, dans la pensée, à l’improviste, en marchant, la tête vide.

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Mais qu’est-ce qu’être à l »écoute

dépiéger ? ce qui se faufile en dessous

coques de mots qui ne seraient que cela, réceptacles de nos émotions, de nos phantasmes sans responsabilité aucune, sans réponse ni épaisseur,

malléables, mallettes vides, machettes baissée

et le monde innocent

et l’émotion se dépose dans le vent

le lichen lèche la pierre à l’érosion

friable,

et non je ne crois pas du tout que les mots ne soient que des mots, les mots sont des mondes et ce sont des filets d’eau

fleuve

poisse

tombe

ils ne sont aussi que des mots

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voulant dire que l’on peut s’en échapper ou en réchapper

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Les sources

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Mais , à mon sens ceci ne veut rien dire, prêter une oreille attentive à ce qui se dit, que l’on n’aperçoit qu’avec peine tellement nous n’apercevons que ce qui se coule dans nos tracées ; attentif à ce qu’ils glissent dans ma main, astres, fleur, une lueur, une nuance le temps d’un silence, ils me glissent cet autre temps qui vient du silence mais un silence de bruit, méditatif mais qui bruisse, des herbes des bleus des étoiles, des bruits de pas qui frappent. Le respect m’habite, je cherche à relier l’épars et dont je me sens solidaire, ma main ouverte, et ma langue de feu, j’ai refermé la paume de la guerre, et je me suis assis pour mieux comprendre.

Les vieux airs gravés dans la langue minérale chantés dans une voix tissée percée dans un œil stellaire, les fondements du rythme, d’Itxassu à l’ile, la grande Ile et l’archipel, le bloc de glace répond à la joie polyphonique de la forêt, de la trace mauve de la lassitude au désert, les sangs se mêlent les voix s’accouplent, le tout-monde fonde,

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je suis assis et j’écoute la rumeur, je tente de faire taire la colère , je fais bifurquer les autoroutes des gaz, je regarde l’arbre et je tente de me souvenir, ce tronc, ces feuillages et je me vois feuille, j’écoute les pas et je me fiche des mots, je n’écoute plus que ce que je peux percevoir, l’essentiel, je me barre à ce qui s’oppose à l’autre, dans ma paume le présent comme une brulure ranime la l’espoir.

Comme un arbre abattu rejaillit par la partie intacte, je tends l’oreille pour entendre l’homme qu’irrigue la femme, que pleure l’enfant, et je vois que la terre est sèche, ridée et mourante, euh le savent ils s’en remettent à la voix, en chœur serrent les poignes qui brandirent, je fais de même dans mon isolement, mon œil ours redessine les contours du volcan dit les couleurs fondamentales et refuse d’être entendu pour autre chose que mon chant et je toise à corps, je m’enfonce dans cette forêt que j’essaye de lever, surgie du rêve, disparu, dont l’ombre m’étend.

Le sage et l’ivre ressassent les pensées-monde, à l’accord, la langue est blême et le réel splendide est chose conclue, barre du réel l'horizon s'offre et se retire, car l'horreur poignée des sans-soleil , crachats de sans-souffle, grains d'hommes asséchés, c’est l’égaré dans la parole, la mémoire dans les strates, des rejets et le cri, la parole qui

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diffuse l'énergie du vivant en rive en archipel en chair, en acte d'amour qui repousse la mort, c'est le jardin sauvage, piment, brin de pluie au désert, relation qui prélude à l'en-deux et de là les milles, à humer l'aube dans la connivence, placé à la confluence, rêve-sève ou est ce la déshérence, somme-transe mais muette où je me jette et je m’augmente.

Comme un port tisse les apports du lieu, le grand réel dans lequel on ne peut que se dissoudre, la décolonisation ne s'effectue pas en moi qui ramène des rivages mon sang nouveau bat des tambours aux temps, s’éclat levain qu'alors on porte en soi.

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Il faut donc fuir,

fuir avec obstination à chaque fois qu'aperçu vers ce naufrage les ailleurs mes iles; l'archipel, faille dans le compact qui établit la nécessité même à la limite de la déflagration, l'envisager , se soumettre en immense copulant vers ce réel inattendu, inassouvi et uniquement entrevu, partage et ligne d'eau peut être ligne de terre, en partance bleu dans l'étirement.

Ce lieu qui à l'horizon permet l'enracinement, écho d’une voix multiple, ce là indubitable, Même si

La grande balafre vient détruire celui même qui veut régner, est ce pour cela que je ne peux qu'être ailleurs en moi , m'augmenter de l'autre comme une antidote à la destruction , au moi destructeur, aimer et faire échec au lieu qui situe, tue

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En restant accroché à la carcasse du monde vieux c'est la solitude coupée de la vitalité, vies sur l'autre rive les cent défaites de toutes les défaites plus nettes que l'étincelle, la mémoire portée en rive, les strates en bandoulière, chapelet de graines rouges au toucher pour les couver de la paume le songe de la folie fable de la source, ici git la dérive de l'im-pensé, souffle d'air, pulpe rouge et sang de rêve, in-attendu.

Ce qui est à partir dans le non pour dire le oui, le rire émietté, libère les vagues insensées du sens absentées du réel, l'esprit est un jardin contradictoire, fleur épineuse et la langue invariée est crue folle d’incursionner, crocs de l'énergie, brume solaire, lumière crépusculaire trou noir un phare, des voix se doivent de dire que l'humain veille, duvet le sol sur le monde, baobab fou comme le fou les Paroles entre les écorces et la terre en frémit elle les entend ressasser les remous dans l’intensité le temps sait être obscurité et profondeur

Chemin qui s’ouvre dans l’invisible alors qu’il n’y a pas de chemin promontoire une absence se survit parole, secret partagé propagé de main en main clin à l’œil à l’acte à l’être tracer les points et l’ambitus de l’ambigu qui situe le puits dans la terre sèche rien que à ce qui se cache que d’éveillé comme une chair la terre et les fruits pâteuse la voix noire eau de

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la révolte s’accorde au vieil homme et ramène au sable la douleur la mort et le recul de l’enfant

Pays rompu, éternelle résistance, l’homme a le corps dans le peuple et se souvient en sagesse incarnée dans le temps un chant contourne les implications et se soumet à la nécessité paysan et qui l’est quand il appartient à la terre.

Ma frontière est un vent du sud, frotté aux rigueurs et à l'immensité atlantique, elle s'élève en montagne , elle a le baiser des franges de l'Afrique, elle s'inscrit dans le sang à la rougeur d'une terre incertaine, fruits et moissons de la soif le voir est une strate ancienne, rappel de ces volcans d'où a surgit le jour, survit dans les rides et les plis du geste,

réalité-humus, vigueur-nervure, bâton où planter le sol , mais ce bâton est multiforme, en mutation perpétuelle il ne cesse de réinventer la forme qu'il doit à ses racines, ses branches, aux oiseaux qu'il abrite et l'assaille des milliers des langues que Babel a disséminé, forêt ronde, murmure chanté d'arbre en arbre, les chants en répons ne se suffisent pas , ils sont le lieu de la rencontre et la nécessité de se penser autre, terreau ou

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feu de la saint jean, rive d'eau les yeux clos, ai-je été aveuglé, mon corps emprisonné, le geste n’est il que le seul éclat possible entre le monde et soi; miroir écrasant du rire? le pont du geste rétablissent le corps dans le mouvement du temps.

Le monde est à découvrir et se faisant affirme l’existence de l’un, en mouvement, progression de la vision et chemin lumineux, toucher insensible de la matière, trop proche.

Par delà l’écart se parsèment les traces de la lumière, les preuves en tâches de la couleur sont présence rétinienne, entre ombre et infini les tâches, l’intellect désire fixer, la pensée alors s’empare du peu perçu et l’organise, livre déroulant d’un sentier où les pas de l’homme promènent la vie construite, tracer une carte de l’augure, invocation entre le noir et le vide, les gris et le sang,

Le monde peint ou dit est il une métaphore de l'humain et ne ramène t'il pas au corps ou au visage et rêve, miroir du- même comme la mouvance des lumières lorsque les nuages passent, subtil échange sans que l'un veuille prendre le pas sur se voir avec les yeux du monde, le monde lui ne s'octroie pas un regard, il semble filer le long du temps sans que lui même ne se laisse arrêter.

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Un entre-mémoire lignes de force qui gagne sur le non-advenu ? encore le présent dans son mouvement mais la forme complète telle que l'occident renaissant l'a exprimé ne me touche pas , ce monde fini, capté ne résonne pas en moi , l'espace, conquête et mouvance nomade,

la pensée n'a pas d’étincelle, elle brûle et le vivant répond, l'immersion est dans les sens et la pensée trace, improbable ligne à travers des broussailles, des taches qui sont des points, roucoulement et suées, ricanement d'oiseau, chiures de mouches , le tout indistinct est dans l'os , relie le passé au présent, s'élance en fuite éperdue l'espace et l'instant compressé, une ligne fuse et l'encre éclabousse, le point rythme, la couleur accorde et fusionne ,

liberté de l'en-soi à l'espace , ouvert de l'insaisissable recommencement

où tout se mêle ,

transitoire , éphémère, instable comme une passerelle , passage qui permet la progression , et questionnement sans fin,

et se terre à l’ombre, et ne se divulgue, on procède par allusion. Il faut alors cheminer et rétrécir le cercle

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La phrase met bas.

Assis sous l'arbre à contempler les graviers et les crottes des ramiers, cosses vides et les brindilles sèches, je pense à la poussière imperturbable qui recouvre les rocher et je perçois le vert immense, rire comme un couperet le ciel se zèbre indifféremment du trajet des dieux, d'un pictogramme d'hirondelles transit de la sifflure d'un jet, tracé zen de l'encre, vapeur d'eau tandis que les résidus obstruent le vide médian et que creuse l'ozone.

L'atmosphère déchirée, la terre hurle de douleur, l'homme se tient face à l'indistinct et souffle des rimes de la beauté au vide, le disant devient beauté en déséquilibre instable

Le thorax déchiré par le mot, se rendre compte que quelque chose siffle doucement la rencontre n’est pas close, déterminée, ni définitive, quelque chose se faufile, tente de se faire jour.

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Vue que l’esprit véhicule, laisser le corps impulser ce rythme que le souffle projette, évacuer cette vision sans tomber dans l’anéantissement du sens, balise, le sens serait entre les mots, imprègne l’esprit d’un contenu, l’ascèse alors, dans un fil tendu intransigeant, la trajectoire, libérée de l’aléatoire, de l’autre coté la chair et la vie résolue.

L’incertitude qui perce et forge le certain, ce pourrait être une fête, ce que l’être soumet au monde comme une réponse l’effort de la verticalité dans un univers aplati au cœur de l’énonciation une droite demeure , l’homme qui l’a forgé s’y appuie.

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