gazette Mélies n°69 - avril 2012

32
N°069 Une semaine avec une des stars les plus sexy et les plus troublantes du cinéma hollywoodien. Une icône qui a fait fantasmer des générations d’hommes et de femmes. Une artiste admirée mondialement, et de plus en plus au fil du temps. Cette femme, c’est Marilyn Monroe, blonde incendiaire et beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît, superbement interprétée ici par Michelle Williams, une des actrices phare du cinéma indépendant américain (remarquable dans les récents Blue Valentine et La Dernière piste). Comme le titre nous l’annonce dès le départ, ce ne sera pas un simple biopic comme les grands Studios ont l’habitude d’en produire, mais juste la chronique impressionniste d’une semaine dans l’intimité de Marilyn. Nous allons la suivre sur le tournage d’un film en Angleterre, où le contraste entre la vie tumultueuse de l’Américaine et les conventions de la société britannique de l’époque fera des étincelles et donnera de savoureux moments d’humour. Eté 1956, Colin Clark est un jeunot plein d’enthousiasme et d’illusions qui n’a qu’un seul rêve, travailler dans l’univers magique du cinéma. Alors quand Sir Laurence Olivier (Sir Kenneth Branagh) lui-même promet de lui trouver un boulot sur le prochain projet qu’il va réaliser, Colin est aux anges. En fait, on lui attribue le rôle de troisième assistant réalisateur, c’est-à-dire un poste où il va tout faire sauf évidemment participer à la réalisation. C’est un peu le larbin de service, le gars qui fait le sale boulot et qui doit répondre aux moindres caprices des acteurs. Il se retrouve donc sur le tournage du film Le Prince et la danseuse, avec Marilyn Monroe (dans la carrière de l’actrice, c’est le film qui précéda Certains l’aiment chaud, rôle qui propulsa définitivement la starlette au rang d’actrice à part entière et non plus de simple potiche écervelée comme elle était alors cataloguée). Colin va finir par côtoyer Marilyn, et petit à petit une complicité s’installe entre eux. Des moments privilégiés passés avec elle vont commencer à faire chavirer son cœur, alors que Marilyn est fraîchement mariée avec le dramaturge Arthur Miller… Michelle Williams jongle parfaitement avec les différentes facettes - de Marilyn Monroe, star mondiale, de Norma Jeane Baker, jeune femme vulnérable et angoissée, et d’Elsie, la naïve danseuse du film de Laurence Olivier. Et comme souvent dans les films anglais, tous les acteurs sont formidables, de Kenneth Branagh au moindre second rôle…

description

gazette Mélies n°69 - avril 2012

Transcript of gazette Mélies n°69 - avril 2012

N°06

9

Une semaine avec une des stars les plus sexy et les plus troublantes du cinéma hollywoodien. Une icône qui a fait fantasmer des générations d’hommes et de femmes. Une artiste admirée mondialement, et de plus en plus au fil du temps. Cette femme, c’est Marilyn Monroe, blonde incendiaire et beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît, superbement interprétée ici par Michelle Williams, une des actrices phare du cinéma indépendant américain (remarquable dans les récents Blue Valentine et LaDernière piste). Comme le titre nous l’annonce dès le départ, ce ne sera pas un simple biopic comme les grands Studios ont l’habitude d’en produire, mais juste la chronique impressionniste d’une semaine dans l’intimité de Marilyn. Nous allons la suivre sur le tournage d’un film en Angleterre, où le contraste entre

la vie tumultueuse de l’Américaine et les conventions de la société britannique de l’époque fera des étincelles et donnera de savoureux moments d’humour.Eté 1956, Colin Clark est un jeunot plein d’enthousiasme et d’illusions qui n’a qu’un seul rêve, travailler dans l’univers magique du cinéma. Alors quand Sir Laurence Olivier (Sir Kenneth Branagh) lui-même promet de lui trouver un boulot sur le prochain projet qu’il va réaliser, Colin est aux anges. En fait, on lui attribue le rôle de troisième assistant réalisateur, c’est-à-dire un poste où il va tout faire sauf évidemment participer à la réalisation. C’est un peu le larbin de service, le gars qui fait le sale boulot et qui doit répondre aux moindres caprices des acteurs. Il se retrouve donc sur le tournage du film Le Prince et la danseuse, avec Marilyn Monroe (dans

la carrière de l’actrice, c’est le film qui précéda Certains l’aiment chaud, rôle qui propulsa définitivement la starlette au rang d’actrice à part entière et non plus de simple potiche écervelée comme elle était alors cataloguée). Colin va finir par côtoyer Marilyn, et petit à petit une complicité s’installe entre eux. Des moments privilégiés passés avec elle vont commencer à faire chavirer son cœur, alors que Marilyn est fraîchement mariée avec le dramaturge Arthur Miller…Michelle Williams jongle parfaitement avec les différentes facettes - de Marilyn Monroe, star mondiale, de Norma Jeane Baker, jeune femme vulnérable et angoissée, et d’Elsie, la naïve danseuse du film de Laurence Olivier. Et comme souvent dans les films anglais, tous les acteurs sont formidables, de Kenneth Branagh au moindre second rôle…

Ils arrivent au Fil... AVRIL MAI

JUIN

JUILLET

Marathon vidéo+ Miss White + No Mad ?

Benighted + ...

Sefyu + Youssoupha+ Méca

Le Fantasia Orchestra & l’Harmonie Municipale de St-Etienne

Goran Bregovic

Spéciale Big Bands avec «20 Gus Big Band» et le Conservatoire de St-Etienne Invité : Guillaume Orti

Children Of Bodom+ Cannibal Corpse

Cœur de Pirate

Dope D.O.D. + Djedjotronic + Manu le Malin aka The Driver

The Elderberries + Redrocks + Smile Away

Apoplexie + ...

Jeu. 10

Ven. 11 - Métal

Mar. 15 - Chanson

Festival Paroles & Musiques

Ven. 18 - Rap

Sam. 19 - Pop fanfare

Mer. 04 - Festival des 7 collines

Jeu. 31 - Jazz

Sam. 09 - Electro / Hip hopD.M.F Festival

Ven. 1er - Rock

Ven. 8 - Electro - Festival Autrement Gay

Mer. 20 - Métal

Lice

nces

1 :

1011

-411

/ 2

: 101

1 - 3

60 /

3 : 1

011-

361

Visu

el :

- ni

aksn

iaks

.fr

Le Bal Contemporain«Et si on allait guincher au Fil ?»

Toad Elevating Moment + Retropolis

Ven. 29

Sam. 16 - RockBold Sessions 15

Sam. 07

Jeu. 12

Toutes les dates sur :

www.le-fil.com

20 bd Thiers42000 St-Etienne

Soirée de clôture !

BionicOrchestra

Nina Attal

Angil & The Hiddentracks

+ Broadway+ Fake Oddity

Zëro+ Electric Electric

Northland + NightCreepers

Total Barouf !avec la Baroufada

Jeu. 05 - Blues / Soul / Funk

Sam. 07 - Pop Folk

Ven. 13 - Noise Rock / Electro

Sam.14 - Expo / concerts / surprises

Ven. 20 - Métal

La Nuit zébrée de Radio Nova

Ven. 27

Jah Mason+ Twin Power + Kal-Fazas

Sam. 21 - City’s Youth Reggae Festival

......

......

......

......

......

......

......

......

......

......

......

......

......

......

.

......

......

......

......

......

......

......

......

......

......

......

......

......

......

.

......

......

......

......

......

......

......

......

......

......

......

......

......

.....

2

Les films

3

Sommaire

Votre pub dans la gazette :Contactez Gisèle Grataloup au 04 77 32 32 01ou via [email protected] : Le Méliès concept graphique : Corne Bleueimpression: IGPM Tirage : 27 000 exemplaires

b

Après 2 Days in Paris il y a 5 ans, voici donc les nouvelles aventures de Marion dans 2 Days in New York, une délicieuse comédie tout aussi loufoque et généreuse que la précédente mais qu’on peut découvrir aussi de manière indépendante.Marion (irrésistible Julie Delpy !) est désormais bien installée à New-York, où elle vit avec Mingus (Chris Rock), un journaliste de radio, leurs deux enfants qu’ils ont eus de relations antérieures et un chat. Le couple est très amoureux ! Marion est photographe et prépare son exposition. Son père, sa soeur et son petit copain (qui est en fait l’ex de Marion et qui n’était pas prévu du tout) débarquent à New-York pour le vernissage. Le choc des cultures mais surtout les personnalités débridées des trois arrivants vont provoquer un véritable feu d’artifice entre Mingus, un vrai « new-yorker », Marion disjonctée sur les bords, son père qui ne parle pas un mot d’anglais, sa sœur toujours en phase avec ses problèmes freudiens, et le fameux petit ami...

Young adult, la nouvelle comédie signé par le brillant duo qui nous avait offert Juno(Jason Reitman/Diablo Cody) dégage une poésie tendre, subtilement teintée d’un cynisme bienveillant.Originaire d’une petite ville de province où elle s’ennuyait à mourir, Mavis Gary s’est installée à Minneapolis où elle est devenue auteur de romans pour ados. Mais lorsqu’elle apprend que son ex-petit copain de lycée est devenu papa, elle décide de revenir sur les lieux de son enfance pour le reconquérir. Tandis que Mavis semble sûre d’elle et de son pouvoir de séduction, la situation ne tourne pas à son avantage. Elle noue alors une relation peu banale avec un ancien camarade de lycée, mal dans sa peau, qui, malgré les apparences, lui ressemble plus qu’il n’y paraît...

4

Comment rendre compte d’une expérience dont on peut penser que seuls ceux qui l’ont vécue peuvent réellement la com-prendre ? D’autant plus difficile quand la mort et l’horreur sont invisibles, n’ont ni le visage des monstres génocidaires ni la présence physique des éléments de la nature déchaînée. Voici un grand et beau film, sensible, émouvant et extrêment bien documenté. Un condensé d’histoire en même temps qu’une superbe fiction sur la vie qui reprend toujours ses droits : une réussite !

26 avril 1986, Pripiat, 50000 habitants, à côté de Tchernobyl. Ce jour-là, Anya et Piotr célèbrent leur mariage ; le petit Valéry et son père Alexeï, physicien, plantent un pommier dans leur jardin ; Nikolaï, garde forestier, fait sa tournée dans la forêt toute proche. En pleine noce, Piotr, pompier volontaire, est appelé en renfort pour éteindre un feu dans la belle forêt ukrainienne. Il ne reviendra plus… Ce jour là, un accident s’est produit à la centrale. Ce feu, on le cachera pendant 3 jours aux habitants. Quelques jours

plus tard, les populations sont évacuées. Alexeï, qui était au courant de la catastrophe, a été condamné au silence par les autorités et préfère disparaître. Dix ans plus tard, Pripiat désertée est devenue un no man’s land - et un étrange lieu de tourisme ! Anya se rend tous les mois dans la Zone en tant que guide, tandis que Valéry part y chercher les traces de son père. Nikolaï, lui, persiste à cultiver son jardin empoisonné... Le temps passant, sauront-ils accepter l’espoir d’une nouvelle vie ?

Woodrow et Aiden sont deux potes à la vie à la mort, borderline, pas du tout dans le coup, parfaitement en dehors des clous : deux magnifiques loosers assumés ! Deux grands enfants qui refusent de toutes leurs forces le passage définitif à l’âge adulte, malgré la trentaine qui pointe son nez. Au fin fond de leur Californie, ils évitent soigneusement de participer à cette société en laquelle ils n’ont aucune confiance – on les comprend – et préfèrent s’imaginer un monde à eux. Vouant un culte sans bornes à l’univers de Mad Max, ils passent leurs temps à bricoler des engins de fous, entre un lance-flammes fait maison et leur voiture de guerre baptisée « Medusa » : persuadés que l’apocalypse est imminente, ils s’arment pour réaliser leur fantasme de survie dans un monde en ruines.Mais voilà, une fille va passer par là, forcément : Woodrow tombe amoureux de Milly, une belle blonde, marrante, dévergondée et qui n’a peur de rien, rencontrée lors d’un concours de mangeurs de grillons où elle l’a mis minable ! Dès lors l’équilibre – improbable certes, mais bien réel – que les deux potes avaient mis en place à force de complicité sans partage va être modifié, leurs vies vont être bouleversées et personne n’en sortira indemne…

Les films

5

Versailles, à la veille de la Révolution française. Nous sommes le 14 juillet 1789 et Sidonie Laborde vit dans l’insouciance de la Cour, officiant en tant que liseuse auprès de Marie-Antoinette, à qui elle voue une dévotion sans bornes. Or quand la rumeur de la prise de la Bastille par le peuple parisien arrive au château, la panique gagne les nobles et les serviteurs. Sidonie ne peut y croire. Elle n’est pas noble pour un sou mais totalement dévouée à la Reine, elle n’envisage pas une seconde de la quitter…Si le cadre du nouveau film de Benoît Jacquot est résolument historique, Les Adieux à la Reine s’intéresse moins aux événements qu’à leurs conséquences sur la vie de la Cour. Il ne s’agit donc pas d’un film sur la prise de la Bastille, mais d’une chronique des derniers jours de la Reine dans son royaume, et de l’écroulement d’un petit monde qui se croyait jusque là intouchable. Pour accentuer l’ampleur de la chute, Jacquot décrit la Cour comme un havre de paix déconnecté de la réalité, où nobles et serviteurs cohabitent avec harmonie. Un beau film salué par la critique, nous on avait pas vu mieux question point de vue alternatif sur l’Histoire depuis L’Anglaise et le Duc d’un certain Eric Rohmer.

CHANSON

Vendredi 27 avril à 20h30

Le documentaire culinaire deviendra-t-il un genre cinématographique ? En tout cas nous au Méliès on en redemande. Après ElBulli, sur le chef espagnol Ferran Adrià, sorti en catimini sur Paris à l’automne dernier, voici Entre les Bras, la cuisine en héritage.Ce film, aussi touchant que passionnant, plonge le spectateur au cœur de l’Aubrac et de la famille Bras. En 2009, Michel Bras, à la tête d’un des meilleurs restaurants au monde (3 étoiles au Michelin, 19,5/20), décide de passer la main à son fils Sébastien. Un père et son fils. Tous les deux à un moment crucial de leur carrière. Est-il possible de transmettre l’œuvre d’une vie ? Est-il si facile pour un fils de se faire un prénom ? Ce film est à la fois un magnifique hommage à l’un des plus grands chefs de France et une belle réflexion sur la transmission d’un savoir-faire, d’un héritage. Le père lâchera-t-il vraiment ? Le fils sera-t-il à la hauteur ? Haute cuisine, famille et nature, Entre les Bras est un film intelligent et appétissant... «La cuisine, c’est comme le cinéma, l’art de trouver les bons ingrédients et de les unifier dans cette osmose qu’on appelle la création.» L’Humanité«Cette immersion dans l’intimité de la relation père/fils se révèle aussi savoureuse que les plats des intéressés.» Metro

Régis Marcon, cuisinier triplement étoilé du guide Michelin, a commencé sa carrière comme chef du Clos des Cimes à Saint-Bonnet-Le-Froid en Haute Loire, à la limite du Velay et du Vivarais. Comme certains de ses très talentueux confrères (Bras, Pic, Bocuze, etc…) il est tombé dans la « potion magique » grâce ou à cause d’un destin familial. En 1974, le jeune Régis Marcon obtient un CAP et un BEP de cuisine au lycée hôtelier Lesdiguière à Grenoble. Après quelques essais comme moniteur de ski (sa deuxième passion) et son mariage avec Michèle, Régis Marcon rattrapé par le destin, reprend l’hôtel-restaurant familial en 1979 et y perpétue les traditions d’accueil que sa mère avaient instaurées. Il aménage et rénove la maison familiale. Entre 1981 et 1986, il obtient successivement son Brevet de Maître de Cuisine (1983), est nommé Lauréat du Prix Taittinger (1989) puis ses efforts sont couronnés par une première étoile au Michelin en 1990. Les récompenses se succèdent : Lauréat du Prix Brillat-Savarin (1992), Lauréat du Bocuse d’Or (1995), 2ème Etoile au Michelin (1997) et la même année, il entre dans le groupe « Relais et Châteaux, Relais Gourmands ». En 2000, le Gault-Millau le récompense par 3 Toques et le nomme « Cuisinier de l’Année ». Il ouvre alors un salon de thé-pâtisserie au village : La Chanterelle. Puis s’ensuit une longue suite de récompenses : élu Chef de l’Année par ses pairs en 2001, promu Chevalier de La Légion d’Honneur en 2002, élection à l’Académie des Lauréats Du Bocuse d’Or en 2003. Arrive 2005, l’année de tous les succès avec l’attribution d’une troisième étoile au Michelin, couronnée par l’ouverture du nouveau restaurant Régis et Jacques Marcon, où il officie désormais aux côtés de Jacques, son fils. La relève est assurée ! (Terroirs de Chefs)

Restaurant Régis & Jacques Marcon - Larsiallas 43290 St-Bonnet-le-Froid - www.regismarcon.fr

6

Les films

7

Porté par un casting 3 étoiles, ce nouveau film de Lucas Belvaux remue, trouble, dérange, nous renvoie face à nous-mêmes et fait naître d’innombrables questionnements qui nous poursuivent longtemps, bien après la projection…Tout commence quand Louise rentre chez elle, au petit matin, de retour d’un voyage professionnel en Chine, et qu’elle découvre son quartier bouclé par la police. La nuit précédente, une femme a été assassinée, poignardée de plusieurs coups de couteau, juste au pied de l’immeuble dans lequel vivent Louise et son mari. La police enquête, questionne, frappe à toutes les portes, interroge les voisins les uns après les autres : 38 témoins potentiels et pourtant personne n’a rien vu, rien entendu. Un seul habitant reconnaît avoir été dérangé par des cris, raconte être sorti sur son balcon pour râler contre les perturbateurs, et réclamer le silence, pour pouvoir dormir en paix… Mais il n’a pas saisi l’urgence du drame en cours, n’a pas envisagé de prévenir la police…

8

Le Paradis des bêtes est un premier long métrage totalement convaincant, qui impose sa grâce et son mystère sur un sujet pour le moins escarpé. Non pas tant parce que le film est tourné dans les Alpes que parce qu’il met en scène la violence incontrôlable d’un père de famille à l’égard de sa femme et de ses enfants. Le décor et la situation sont a priori enchanteurs. Une belle maison, dotée d’un vaste parc, avec vue plongeante sur le lac d’Annecy, lui-même enchâssé dans l’écrin majestueux des montagnes. Dans cette maison, une famille, dont l’aisance le dispute à la beauté. Dominique, le père, genre latin lover aux yeux bleu électrique (Stefano Cassetti, le magnifique Roberto Succo de

Cédric Kahn), Cathy, la mère, belle brune racée (Géraldine Pailhas), et les jeunes enfants - Clarisse et Ferdinand - au diapason. Imaginez une nuit de réveillon, le couple tendrement enlacé sur le sofa, les enfants ouvrant émerveillés la malle à magie au coin du feu… Cette image d’Epinal, le film va, insensiblement, la pourrir de l’intérieur, en élargissant le cadre sur le père. Dominique se révèle rapidement une figure de l’instabilité et de l’immaturité. « Le Paradis des bêtes », l’animalerie qu’il dirige avec sa sœur Stéphane (Muriel Robin), une vieille fille rancie qui s’est probablement sacrifiée pour lui, le désigne comme un être socialement défaillant, entièrement assujetti à ses affects. La suite coule

de source : ce père de famille qui sait à l’occasion se montrer un modèle du genre est taraudé par des pulsions délétères - infidélité constante, jalousie maladive, crises de violence, passages à tabac de sa femme. Tant bien que mal étouffée par la crainte du scandale et l’amour de cette dernière, cette possession finit par éclater au grand jour, sous le regard tétanisé des enfants.Et c’est la goutte d’eau qui fera déborder le vase, Cathy décide enfin de le quitter avec les enfants. Mais comme dans toutes les séparations rien ne sera aussi facile, surtout lorsque mère et enfants sont écartelés entre l’amour et la défiance que le père leur inspire…

9

Les films

A 18 ans, Gaëlle est soudain libérée par Vincent, son ravisseur, après huit années d’enfermement, où chacun a été « tout » pour l’autre. Cette liberté gagnée jour après jour contre Vincent, Gaëlle doit à nouveau se l’approprier dehors, face à ses parents et au monde qu’elle (re)découvre.Très librement inspiré de l’affaire Natacha Kampusch - du nom de cette jeune Autri-chienne séquestrée pendant huit ans et qui était finalement parvenue à s’évader - , A moi seule commence alors que la prisonnière a faussé compagnie à son geôlier, retrouve père, mère, la société dite normale ; et, bien sûr, ces retrou-vailles sont impossibles. Ce qui intéresse Frédéric Videau, ce n’est pas le fait divers lui-même. Son film va à la fois s’intéres-ser à la réadaptation (ou non) au monde extérieur de la jeune fille après ses huit années de captivité et, au travers de larges flash-back, à l’étrange relation qui s’est nouée entre le ravisseur et sa victime, devenue adolescente puis femme durant son séjour forcé où elle fut coupée de toute autre relation humaine. Et Frédéric Videau de montrer comment une petite fille grandit et se construit avec son ravisseur comme seule famille, comme seul « homme » dans sa vie, avec la peur

sourde qu’il s’en prenne à elle… Passées la révolte, les tentatives désespérées d’évasion et de rébellion, vient le temps du compromis. Et le jeu psychologique entre les deux êtres devient passionnant. Car Vincent n’est pas un pédophile prédateur qui veut abuser de sa jeune victime. Non, c’est juste un déséquilibré, incapable sans doute de nouer de réelles relations affectives, qui a voulu se créer une famille idéale, sans demander l’avis de l’intéressée. Vincent enferme Gaëlle contre son gré mais veut en même temps lui assurer le confort matériel dans la mesure de ses moyens, il lui achète les disques ou les livres qu’elle désire, lui fournit la nourriture qui lui fait plaisir. Il se conduit en « père », il essaie d’assurer son éducation. Gaëlle a donc une petite marge pour négocier les conditions de sa détention, gagner quelques espaces de liberté et prendre l’ascendant psy-chologique sur Vincent, à défaut de l’ascendant physique qui lui permettrait de fuir. Au fil des mois puis des années, l’évidence est là : Vincent et Gaëlle forment une bien étrange famille, une réelle complicité s’installe, évidemment remise en cause dès que la réalité de la situation, de leur relation, reprend le dessus. Ils forment même une sorte de

couple quand Gaëlle grandit et devient femme… C’est ce récit qui zigzague à travers la chronologie du fait divers qui fait la grande force d’ A moi seule. On est vraiment au cinéma, très loin d’un simple Faites entrer l’accusé, et c’est bien l’une des premières fois que l’on découvre à l’écran la drôle de relation, terrifiante et étrangement équilibrée, entre une proie et son ravisseur, un « père » et sa fille fictive, un amoureux ultra-possessif mais pas si peu aimable, au fond. Une vraie relation, en tout cas, même si elle est d’une nature monstrueuse. A moi seule intrigue, passionne souvent, désarçonne tout autant, et il est surtout porté par deux comédiens magnifiques de présence, d’épaisseur et de singularité. Reda Kateb, remarqué dans Un prophèteou Mafiosa, qu’on retrouve ici dans un tout autre registre (on en est sûr, c’est l’un des grands comédiens de demain !). Et puis surtout Agathe Bonitzer (vu récemment dans Une bouteille à la mer), qui réussit à jouer de mille façons différentes un personnage insaisissable, une jeune femme extraordinairement forte, jamais soumise ou résignée : elle est tout simplement hypnotique, et ce principalement par son jeu de regards immensément profond.

Dominik, issu d’un milieu très privilégié fréquente un lycée préstigieux et prépare son baccalauréat. Mais il ne suffit que d’un baiser lors de la soirée bien arrosée pour que le garçon soit ridiculisé et harcelé par de méchantes remarques sur facebook. Dominik s’enfuit dans un monde virtuel, animé par une énigmatique « chambre des suicidés ». Ce début cinématographique, fort, très bien construit du point de vue dramaturgique et novateur formellement, dénonce une des plus dangeureuses « maladies » de notre civilisation.

Tomek a tout pour être heureux : une carrière de journaliste à la télévision, une femme adorable qui va lui donner bientôt un enfant, un superbe apparte-ment à Varsovie. Mais son père, absent depuis des années, va mal et lance un appel au secours. Petit à petit la relation avec le père et sa maladie psychique remet

en cause sa propre « normalité ». Les souvenirs d’enfance reviennent, le trauma-tisme familial est revécu avec la nouvelle intensité et la nouvelle douleur. Tomek ne sait plus quel sens donner à son existence : il faudra que son père décide pour lui.

11

Quadragénaire discret et renfermé, Michał vit et travaille à Varsovie avec sa femme et son fils. Contraint d’effectuer une mission confiée par son patron, il se rend à Szczecin, sa ville natale, une semaine avant la première communion de son fils. Mais le voyage de Michał qui est un accident – la voiture de Michał percute un clochard – l’immobilise quelques jours sur place. C’est une occasion pour les rencontres, plus ou moins hasardeuses…

Ki est jeune, égoïste et insouciante. Elle aime beaucoup son fils, mais n’a pas de travail fixe et le père de cet enfant n’est pas à la hauteur, d’ailleurs comme son père lorsqu’elle était petite. Ki utilise tous ceux qui passent sur son chemin :

ses copines, sa mère, des connaissances passagères, en essayant en même temps de changer sa vie en un « cri artistique ». La jeune femme irrite ou suscite la sympathie, mais elle ne laisse pas indif-férent.

KINOPOLSKA, est un festival du film polonais en France organisé à Saint-Étienne par l’Association Saint-Étienne Métropole Katowice et le Consulat Général de Pologne à Lyon en coopération avec l’Institut Polonais de Paris et l’Asso-ciation Lumières of Europa. Les organisateurs tiennent à vous faire partager la découverte des meilleures productions polonaises de ces dernières années - les films les plus remarqués et primés par des festivals en Pologne et à l’étranger.

Vendredi 13 avril à 20h : Présentation du festival KINOPOLSKAen présence de Mme Alicja TARDY (présidente de l’Association Saint-Etienne Métropole Katowice (ASEMKA), coorganisatrice de l’édition stéphanoise du festival KINOPOLSKA) ; Mme Grazyna ARATA (présidente de l’Association Lumières of Europa et coordinatrice du festival KINOPOLSKA en France) ; et Mme Barbara KOPYDLOWSKA (vice-consul chargée des affaires culturelles au Consulat général de Pologne à Lyon).

suivie d’un cocktail avec dégustation de spécialités polonaises

12

Après avoir grandi auprès de sa grand-mère, Jack Nicholson s’installe à Los Angeles à l’âge de 17 ans, où il exerce divers métiers, suit des cours de comédie et apparaît dans des séries té-lévisées. Roger Corman le prend alors sous contrat. Pendant 10 ans, il tourne dans des films à petits budgets, écrit des scénarios et collabore au finance-ment de productions indépendantes. En 1969, il triomphe dans Easy Rider,véritable éloge de la contre-culture de son époque, qui marque les débuts d’un nouveau genre cinématographique, le road movie. Les rôles s’enchaînent et Jack Nicholson tourne avec les plus grands : Vincente Minnelli (Melinda),Roman Polanski (Chinatown), Michelan-gelo Antonioni (Profession : reporter),Arthur Penn (Missouri Breaks), Stanley Kubrick (Shining), Tim Burton (MarsAttacks), Martin Scorsese (Les Infiltrés),ou encore Milos Forman, dans Vol au-dessus d’un nid de coucou, qui lui vaut son premier oscar. Plus récemment, il joue aux côtés de Morgan Freeman dans Sans plus attendre réalisé par Rob Reiner (Quand Harry rencontre Sally).Jack Nicholson a également réalisé de nombreux films. Couvert de prix in-ternationaux, cet acteur flamboyant, célèbre pour son sourire et son jeu de sourcils, aura touché à tous les genres cinématographiques avec brio - de la comédie au drame psychologique en passant par le film d’horreur et le mélodrame - incarné des personna-ges mémorables et su apprivoiser le système hollywoodien, tout en réussis-sant à cultiver une image de marginal.

Focus Jack Nicholson

Des milliers de soucoupes volantes en provenance de la planète Mars se dirigent vers la Terre. L’événement provoque les réactions les plus diverses sur la population mondiale : alors que certains les pensent pacifiques (allant même croire qu’ils sont venus pour les sauver) d’autres pensent qu’ils sont hostiles et qu’ils représentent un danger pour l’humanité. Le président des États-Unis, quant à lui, suivant les conseils de ses collaborateurs, décide d’accueillir les Martiens avec un tapis rouge pensant qu’ils sont venus en paix. Mais lorsque ceux-ci débarquent sur notre planète les choses ne se passent pas comme prévu…

De retour de chasse, Willett Gashade apprend la disparition de son frère, qui, ivre, aurait blessé un jeune garçon. Avec son associé Coley, ils rencontrent une jeune femme mys-térieuse qui leur propose une prime pour se rendre à la ville de Kingsley. Le trio en marche, des disputes éclatent au sein du groupe et la tension s’envenime de plus belle lorsque Billy Spear se joint à eux. Après la mort de l’un des chevaux, Spear décide d’abandonner le plus faible de la bande : Coley.

ATTENTION BONUS : avec votre ticket d’un des films du cycle Nicholson, bé- avec votre ticket d’un des films du cycle Nicholson, bénéficiez du tarif réduit « échappé » (8,50t au lieu de 12,50t) pour la représentation du spectacle Vol au dessus d’un nid de coucou le vendredi 27 avril à L’Échappé de Sorbiers. (cf. page 5)

Les films

13

C’est le portrait inspiré d’un jeune bourgeois en révolte contre son milieu, en rupture avec sa famille. Musicien promis à un brillant avenir, il lâche tout et se fait embaucher comme ouvrier dans une entre-prise pétrolière. Mal dans sa peau, en quête d’il-ne-sait-trop-quoi, il trompe l’ennui en jouant au poker, en buvant comme un trou, affiche une vulgarité désabusée. Irascible, il s’en prend à tout le monde, à commencer par sa petite amie, une serveuse idéaliste qui rêve de devenir chanteuse…

A l’aube des années 70, l’Amérique traverse une terrible crise existentielle : non seulement le modèle de la réussite individuelle et de la « prospérité au coin de la rue » est à l’agonie, mais la contre-culture dynamite l’American way of life, déjà mis à mal par la guerre du Vietnam et les révoltes estudiantines. Deuxième long métrage de Bob Rafelson, FiveEasy Pieces est né sur ce terreau-là et se démarque fièrement de la dramaturgie classique. Le film est une magnifique

errance à travers des espaces dont la banalité même est signifiante : des bowlings, des terrains pour caravanes, des stations-service, des diners ou des motels sinistres qui semblent échappés d’un album-photos des années 50 de Robert Frank. Une Amérique momifiée, figée dans le conservatisme, qui n’a pas su répondre aux attentes nouvelles de la jeune génération.

Un film imparable qui, 35 ans après sa réalisation, non seulement n’a pas pris une ride mais se voit avec une jubilation, une exaltation décuplées dans le contexte actuel, sécuritaire et réactionnaire. Nous nous adressons ici en particulier à la jeune génération, à ceux qui n’ont jamais vu Vol au-dessus d’un nid de coucou : ruez-vous pour le découvrir, il va s’inscrire immédiatement sur la liste de vos films-cultes, garanti !Randall McMurphy (Nicholson), condamné pour viol - qu’il nie - et détour-nement de mineure - qu’il reconnaît, mais en expliquant que la mineure en question avait tous les attributs d’une féminité beaucoup plus mûre - est transféré dans un hôpital psychiatrique : il est immédiatement interrogé par le directeur et on comprend vite qu’il se sert d’une supposée folie com-me système de défense, pour essayer d’échapper à la prison. Toujours est-il qu’il est placé en observation dans l’établissement, le temps qu’un comité d’experts détermine s’il relève de la psychiatrie ou du droit pénal commun. L’irruption de McMurphy, trublion incontrôlable, à l’humour, au charme, au sens de la provocation ravageurs, va mettre un bordel sans nom dans cet univers aseptisé, déshumanisé, infantilisé qu’est l’hôpital...

14

A l’occasion d’une tournée de promotion, un écrivain au succès déclinant arrive dans une petite ville. Il découvre qu’un meurtre mystérieux impliquant une jeune fille s’y est produit. Une nuit, en rêve, un fantôme nommé V lui raconte une étrange histoire qui pourrait avoir un rapport avec le meurtre. Il sera surpris d’apprendre que certaines des réponses aux questions qu’il se pose peuvent être trouvées dans sa propre vie...Avec son titre nous rappelant le fameux slogan « deux doigts coupe-faim », Twixt en déroutera plus d’un, mais quand on s’appelle Francis Ford Coppola et que l’on a apporté au patrimoine mondial du 7e Art des chefs-d’œuvre comme Le Parrain ou Apocalypse Now, que l’on s’est sorti de la faillite après 20 ans de compromis, il n’existe plus beaucoup de monde à qui l’on aurait quelque chose à prouver… Affranchi de toute contrainte financière autant que d’obligations vis à vis de son public, Coppola s’accorde avec Twixt et après Tetro, une seconde jeunesse faite de films libres à faible budget dont le résultat n’a rien à envier à beaucoup de projets récents dopés aux dollars. Coppola, pape du do it yourself ?

s

LE PRINCIPE EST SIMPLE :Vous venez à la caisse du Méliès, avec votre support amovible type clé USB et on vous copie dessus le film de votre choix (parmi les titres du catalogue ) au format ouvert Matroska (.mkv), sans DRM (Digital Rights Management : Gestion des droits numériques), contre la modique somme de 5g (les 5gcomprennent 3g pour l’ayant droit, 0,82g de TVA et 1,18g pour la salle). La résolution minimale de la vidéo est celle d’un DVD, et quand la source le permet la vidéo sera à une résolution HD.« Venir avec sa clé usb pour la faire remplir au cinéma, très écologique, on vient avec son contenant. Ça me rappelle mon village quand ma maman allait chercher du lait dans sa bouteille alu. » 01net, par Momo345

TITRES DISPONIBLES :

EST SIMPLE :Vous venez à la caisse du Méliès, avec votre support amovible type clé USB et on vous copie dessus le film de votre choix (parmi les titres du catalogue ) au format ouvert Matroska (.mkv), sans DRM (Digital Rights Management : Gestion des droits numériques), contre la modique somme de 5

g pour l’ayant droit, 0,82g de TVA et 1,18la vidéo est celle d’un DVD, et quand la source le permet la vidéo sera à une résolution HD.« Venir avec sa clé usb pour la faire remplir au cinéma, très écologique, on vient avec son contenant. Ça me rappelle mon village quand ma maman allait chercher du lait dans sa bouteille alu. » 01net, par Momo345

DISPONIBLES :

Les films

15

Après Valse avec Bachir, voici un nouveau grand film d’animation historique. 1989, en Tchécoslovaquie. Aloïs Nebel, la cinquantaine, est chef de gare à Bily Potok, une petite station tchèque, non loin des frontières allemande et polonaise. Il vit seul, aime son métier, mais ne supporte pas les jours de brouillard durant lesquels il est sujet à d’épouvantables hallucinations, issues de souvenirs de la seconde guerre mondiale. Avec pour toile de fond la chute du bloc communiste, Aloïs Nebel nous montre comment un système peut broyer un homme, par un passage en asile, un emploi perdu au profit d’un incompétent «plus proche du parti » et une bureaucratie incapable de s’intéresser aux problèmes particuliers. Mais tout n’est pas que sombre et politique dans la vie d’Aloïs puisque l’amour sera aussi au rendez-vous, avec une dame pipi rencontrée à la gare de Prague, une vraie lumière pour Aloïs… Aloïs Nebel est une sorte de thriller lancinant, sur fond de crimes enfouis dans le passé inavouable de l’histoire tchèque, en même temps que le constat sans concession d’une transition révolutionnaire qui n’a pas forcément apporté tous les bienfaits qu’on en attendait. Mais l’originalité du film, ce qui le rend captivant et exceptionnel, c’est son extraordinaire puissance expressive : en choisissant l’étonnant procédé de la rotoscopie, qui consiste à filmer en prises de vues réelles puis à dessiner par-dessus, le réalisateur et son formidable illustrateur Jaromir 99 ont, tout en conservant le réalisme du récit, su donner une dimension plastique fascinante.

15

C’est le grand retour, totalement réussi et jubilatoire, des studios d’animation anglais Aardman, créateurs géniaux des inoubliables Wallace et Gromit. C’est beau à voir, c’est intelligent, c’est drôle, c’est décapant, ça déborde de trouvailles irrésistibles. C’est du ci-néma d’animation comme on en voit rarement, avec des personnages en pâte à modeler qui ont une envergure, un charisme, une présence incroyables. C’est du grand art, tout simplement, à partager de 5 à 95 ans. Sans trop vous dévoiler la trame de cette histoire improbable et ô combien réjouissante où il sera bien entendu beaucoup question de piraterie mais pas que… nous allons vous présenter rapidement l’âme de ce bijou animé, j’ai nommé le Capitaine Pirate. Super charismatique, aimé de son équipage qui lui est plus fidèle qu’un Gromit, le Capitaine Pirate est le type le plus chouette des océans : il connaît plein de blagues super drôles avec des calamars, il chante magnifiquement bien les chansons des vieux loups de mer et il n’est pas du genre à penser que sa virilité pour-rait être entachée par la générosité de son grand cœur qui porte tout particulièrement son affection sur un perroquet grassouillet (en fait, il n’est pas gros, mais il a de gros os) et quelque peu déplumé qui porte le doux nom de Polly et qui est de toutes les aventures de la joyeuse bande. Le Capitaine a tout ce qui fait un pirate digne de la légende : la barbe, le costume, le couvre-chef, l’épée tranchante. Il a un équipage trié sur le volet, avec quelques figures hautes en couleurs. Il a un fier vaisseau, qui dompte les vagues les plus sauvages. Il a la cargaison de rhum, qui fait chanter les hommes et les rend courageux mais pas téméraires… Il lui manque juste un truc : ce n’est définitivement pas le type le plus terrifiant des océans et, même quand il se force, on aurait plutôt envie de l’inviter à prendre un godet que de se mettre à genoux pour l’implorer de vous laisser la vie sauve… Allez hop ! On embarque fissa et on met les voiles !

5 ans

16

Est-il possible que quelqu’un vous manque si fort qu’on puisse le retrouver dans un autre ? Martha est une jeune femme épanouie et heureuse en amour. Lorsque son mari Paul disparaît soudainement, elle découvre qu’elle ne connaissait rien de lui. Alors qu’elle tente de faire face, elle rencontre Alexander, qui tombe amoureux d’elle. Un geste suffit pour que Martha projette l’image de Paul sur ce nouvel homme... Alexander pourra-t-il combler le vide laissé par Paul ? A quoi peut ressembler une nouvelle histoire d’amour après la fin soudaine du grand amour ?

Pour son premier film, Jan Schomburg propose un film déroutant, scindé en deux parties vraiment différentes, et qui ont de quoi surprendre. Le début dévoile une sorte de Jean-Claude Romand à l’allemande, à la grosse différence que le mari de Martha, lui, n’a tué personne. Mais lorsqu’il disparaît, elle découvre que tout ce qu’elle savait de lui est faux. On s’attend alors à une enquête allant de rebondissements en découvertes extraordinaires, quelque part entre L’Adversaire d’Emmanuel Carrère et un épisode d’une série policière américaine. Mais le réalisateur va nous prendre à

contre-pied en faisant basculer le film…Quel plaisir de retrouver la belle et énigmatique Sandra Hüller (Ours d’argent de la meilleure actrice en 2006 pour Requiem), qui incarne ici avec maestria une Martha aimante, fragile, déterminée, désarmée, grâce à un jeu tout en retenue, où la douleur n’éclate qu’une seule fois, faisant apparaître la détresse que cette disparition inattendue et incomprise a entraînée, ainsi que les séquelles dans le cœur, la tête, et le corps de celle-ci. On n’a qu’un conseil, laissez-vous tenter par cette belle découverte.

Kamen, étudiant en arts à Sofia, fait du stop pour se rendre à Roussé, dans le nord de la Bulgarie. Sur la route, il rencontre Avé, une jeune fugueuse de 17 ans, qui lui impose sa compagnie. Avé est jolie, souriante et surtout gentiment mythomane… à chaque nouvelle rencontre, Avé leur invente des vies imaginaires et y embarque son compagnon de route contre son gré. Et Kamen qui s’emporte dans son coin, estomaqué par cette mitraillette à bobards, il ne la supporte pas, veut la semer, mais elle ne lâche pas prise. D’abord excédé par Avé et ses mensonges, Kamen se laisse troubler peu à peu…Vous l’aurez compris, Avé n’est pas une interjection latine, mais le premier film d’un talentueux cinéaste bulgare. Avec son road-movie romantique dominé par un irrésistible personnage de jeune fugueuse, aussi mytho qu’aguicheuse, Konstantin Bojanov fut l’une des révélations de la dernière Semaine de la Critique. Road-movie dans la lignée du Sans toit ni loi d’Agnès Varda pour les champs de patates où l’on trébuche, ou du Westernde Manuel Poirier pour son humour, Avé c’est un peu l’anti-dolce vita bulgare. Portrait d’une jeunesse égarée dans le spleen et la loose de son époque, du périph’ de Sofia aux patelins endeuillés du fin fond de la Bulgarie, Avé impose, par ses nombreux plans séquences, une tension d’un réalisme époustouflant. Le point de départ du film est autobiographique, le réalisateur ayant autrefois comme Kamen décidé de rejoindre un village reculé de son pays depuis Sofia afin d’assister à l’enterrement d’un ami qui s’était suicidé (« Deux jours plus tôt, on était allés voir Easy Rider ensemble, et tout à coup, il était mort », déclare-t-il dans le dossier de presse). Ce film est un hommage, une douce expérience de poésie pure.

Les horaires

17

Les nouveautés de la semaine : My Week With Marilyn ; A moi seule ; Le Paradis des bêtes ; Entre les bras

les musiques que vous entendez en

salLes 3 & 4 ont été sélectionNées par

d

d

d

d

d

d

d

18

Les nouveautés de la semaine : Les Pirates ! ; Twixt ; Five Easy Pieces ; Aloïs Nebel ; Festival Kinopolska

d

d

d

d

d

d

les musiques que vous entendez en

salLes 1 & 2 ont été sélectionNées par

Les horaires

19

Les nouveautés de la semaine : L’amour et rien d’autre ; Viva Riva !

les musiques que vous entendez en

salLes 3 & 4 ont été sélectionNées par

d

b b b

d

b b b

d

b b b

d

b b b

d

b b

b b b b

d

b b b

20

Les nouveautés de la semaine : Les vieux chats : Avé ; Rude Boy Story : Vol au dessus d’un nid de coucou : Les nouvelles aventures de Capelito ; Mon voisin Totoro

d

b b b

d

b b b

d

b b

d

b b

d

b b

b b b

d

b b b

les musiques que vous entendez en

salLes 1 & 2 ont été sélectionNées par

Les horaires

21

Les nouveautés de la semaine : Barbara : Babycall : Walk Away Renée ; Week-end : Total Recall

les musiques que vous entendez en

salLes 3 & 4 ont été sélectionNées par

d b b

d b b

d b b b

d b b b

d b b

b b b b

d b b

23

Les films

Si les documentaires sur le monde de la musique fleurissent en nombre depuis quelques années, ceux qui réussissent à conquérir le grand écran sont extrêmement rare. Aucune raison de découvrir celui-ci par des chemins de traverses tant sa forme, sa force et sa dimension purement cinématographique le destinait inexorablement à une sortie dans les salles obscures. Avec Rude Boy Story, Kamir Meridja signe un vrai film de cinéma qui dresse un portrait touchant et d’une profonde humanité sur l’un des groupes phares du reggae hexagonal. Dub Incorporation, c’est ni plus ni moins que l’histoire d’une bande d’ados qui fonde un groupe de reggae sans se douter qu’ils compteront dix ans plus tard parmi les formations françaises les plus populaires…Loin de n’être réservé qu’aux aficionados de reggae, Rude Boy Story est un vrai film de cinéma capable de rallier tous les curieux car il met en lumière un univers musical extrêmement riche et varié, animé par des musiciens hors pair et entièrement dévoués à leur public. Débordant de passions et d’émotions

brutes, cette petite pépite visuelle (cadrage et montage live hors pair) nous fait vivre au rythme d’un groupe pour qui la musique est avant tout une histoire de potes c’est-à-dire tout sauf une histoire de frime, d’argent facile et de recon-naissance rapide. Plus qu’un film sur la musique c’est surtout une très belle histoire d’amitié que nous conte Kamir Meridja, l’histoire de la pugnacité et de la détermination d’une bande de pote, certes unie par la musique, mais aussi et surtout par une vision et des idées communes de ce que le mot collectif signifie.Rude Boy Story revient ainsi sur la trajectoire singulière du combo stéphanois, placée sous le signe de l’in-dépendance et de l’auto-production. En effet, malgré son succès le groupe n’a pas succombé aux appels du pied des grosses majors et autres maisons de disques intégrées où les dollars coulent à flot. Fidèles à leur esprit de bande et à leur conception de l’indépendance, le groupe Dub Inc a fondé Diversité, son propre label, fait presser ses disques en direct et monte lui-même ses propres tournées.

Un combat au quotidien avec ses bons et ses mauvais moments, racontés par le cinéaste, qui les a suivis caméra au poing. Kamir Meridja avait déjà réalisé pour Dub Inc. le clip de Métissage, a suivi le groupe pendant deux ans, en tournée, en studio et dans leur quotidien. Et si amitié, sincérité et partage était la clé de leur success story, on croise dans le film les nombreuses et fructueuses col-laborations du groupe avec entre autres Tiken Jah Fakoly, Mike de Sinsemilia, David de Babylon Circus, Amazygh Kateb de Gnawa Diffusion, et bien d’autres... Rude Boy Story est donc autant un témoignage précieux sur l’indépen-dance artistique dans les années 2000, que l’aventure géniale de huit garçons à qui nous souhaitons de rester le plus longtemps possible dans le vent.

en présence du réalisateuret de membres du groupe

tarif spécial 6 euros ou carte M’RAprévente des place à la caisse du Méliès

24

Premier film de fiction 100 % congolais, Viva Riva ! est un polar tonique signé Djo Tunda Wa Munga (retenez bien ce nom). Viva Riva ! a l’énergie de la Cité de Dieu ou de Slumdog Millionaire mixé à la sauce Blaxploitation des Shaft, Foxy Brown et compagnie. Le tout à la sauce congolaise !Kinshasa, où la vie nocturne voluptueuse et trépidante semble toujours prête à engloutir le temps. Quelques rares privilégiés y mènent la grande vie, au mépris de tous les laissés-pour-compte. Ceux qui n’ont rien envient ceux qui ont tout et ils n’aspirent qu’à une seule chose : devenir les nouveaux maîtres de la nuit. Riva est l’un de ces rêveurs. Il rentre plein aux as après dix ans d’absence, bien déterminé à

s’offrir, avec son vieux copain J.M., une folle nuit de beuverie, de danse et de débauche. Reine de la nuit, mystérieuse et distante, Nora danse et Riva est subjugué. La belle appartient à un caïd local, mais Riva s’en moque : il lui faut cette fille. Aura-t-il sa chance ? Son argent, Riva l’a « emprunté » à son ex-patron, un truand angolais qui le poursuit à travers la ville en semant la panique sur son passage. Au point du jour, le rêve se transforme en cauchemar : après son heure de gloire, Riva finit sa course dans un recoin sordide de la ville...Lorsqu’on débarque à Kinshasa, on a l’impression de débarquer dans une fourmilière à ciel ouvert. Et de sentir, humer et respirer cette électricité

palpable qu’on jurerait pouvoir toucher du bout des doigts. Cette énergie incroyable, « à la new-yorkaise », qui fait de Kin une ville unique au monde, est merveilleusement rendue dans Viva Riva !, un film qui s’apparente à une lettre d’amour à a capitale du Congo autant qu’à une chronique sociale. « La bière, les filles et la musique. On fait la fête et puis on voit le lendemain ce qui se passe... » dit le réalisateur, c’est cette réalité qu’il nous montre, et joliment, à travers son film qui accumule critiques dithyrambiques et prix de par le monde.Viva Riva ! capturerait-il l’âme de Kinshasa ? Une chose est sûre, il marque un véritable tournant dans l’histoire du cinéma congolais.

25

Année 2048, Douglas Quaid, simple ouvrier de chantier, s’offre des vacances virtuelles d’espion redoutable sous forme de souvenirs ultra réalistes et savamment introduits dans sa mémoire. Déjà perturbé chaque nuit par des cauchemars se déroulant sur la planète Mars, Douglas se réveille, catapulté agent secret mêlé à un complot interplanétaire... ce qu’il pressent néanmoins avoir toujours été. Où se trouve alors sa vraie vie, puisque tout semble se dérouler comme un “déjà-vu”? Sur les écrans de l’époque, le film offre une combinaison de talents inespérée. Comment imaginer aujourd’hui une composition aussi excitante ? A la réalisation, un hollandais au succès violent (RoboCop, La Chair et le Sang… et plus tard Basic Instinct, Starship Troopers), clairement orienté sur l’aspect graphique et sans concession dans sa mise en scène. En rôle principal, l’acteur ultra-iconique, montagne de muscle sans complexes, bodybuilder / acteur / gouverneur / découpeur-de-tripes : Arnold Schwarzenegger. Pour les suivre, la maison de production Carolco Pictures, adepte des productions de fantastique et d’aventures (les Rambo, L’échelle de Jacob…) et d’un budget de 65 millions de dollars, permet à Verhoeven d’offrir une image de Mars et de la Terre surréaliste et futuriste ainsi que des décors et maquillages grandioses.Mais le film est avant tout une adaptation de la nouvelle de l’écrivain parano-angoissé, Philip K. Dick We Can Remember It For You Wholesale. Par souci du spectacle, l’histoire originelle et le scénario de Total Recall prennent des routes différentes. Verhoeven réussit pourtant à conserver le questionnement de K. Dick sur le principe de réalité tout au long de la trame.

Une heure de magie visuelle et sonore, où notre perception est le jouet du reflet, des projections multiples et tridimentionnelles. Et on se laisse porter par des visions éblouissantes : celles d’une ville futurite, d’une femme suspendue en apesanteur, d’hologrammes de personnages qui se déplacent dans le cosmos. Du jamais vu, vraiment.La compagnie Haut et court place donc le personnagede K. Dick au coeur même de sa création. Pour sonder les entrelacs de sa conscience et démêler ses perceptions quelque peu labyrinthiques, Joris Mathieu a choisi de collaborer avec un auteur familier et érudit du monde de la science fiction, Lorris Murail.

Les films

POPCORN À VOLONTÉ + BONUS EXCEPTIONNELS + AFTER AU MÉLIÈS CAFÉf

f

26

Vainqueur d’un Oscar pour Cabaret, d’un Tony Award pour Pippin’, et d’un Emmy Award pour Liza with a Z pendant la seule année 1972, le chorégraphe et metteur en scène Bob Fosse a marqué le cinéma américain de son empreinte en quelques films. Cet All that jazz (Que le spectacle commence en français) enfoncera le clou en lui valant 4 Oscars. Joe Gideon mène une existence entièrement absorbée par le spectacle. Sa vie privée elle-même est un spectacle. Pris entre les auditions et les répétitions de sa prochaine revue à Broadway, le tournage et le montage de son film, et une vie familiale complexe entre sa femme, sa fille et sa maîtresse. L’angoisse et la frénésie de créer finissent par le mener à une mise en scène délirante et inspirée de sa propre mort…

Ceci est un film rare qui vous sera proposer dans le cadre du Festival DesARts DesCinés avec une rencontre unique pour mieux comprendre l’univers de Pina Bausch, son œuvre et son impact aujourd’hui. Une percée inédite au cœur du mystère et de la poésie de cette grande pionnière de la danse-théâtre.Kontakthof est le nom de la pièce créée il y a quarante ans par Pina Bausch et sa troupe. En français, le titre signifie « cour de contacts ».En 2008, Pina Bausch décidait de la reprendre avec des jeunes de 14 à 18 ans qui n’était jamais montés sur scène et n’avait jamais dansé et cela donnait le magnifique documentaire Les rêves dansants que vous aviez été très nombreux à venir découvrir au Méliès. Avant de confronter ces jeunes à son œuvre, Pina avait, 8 ans auparavant, réaliser la même expérience avec des séniors. Ce film issu de la riche collection du Goethe Institute en est le témoignage bouleversant. L’oeuvre laissée par l’immense chorégraphe allemande décédée en 2009 est internationalement reconnue.PS : Les Rêves dansants. Sur les pas de Pina Bausch, d’Anne Linsel et Rainer Hoffmann est disponible sur Video en Poche.

19h30 / performance claquettes Pierre Hobson et Stevie Lacote 20h00 / projection du film All That Jazz + 3 bonus :Bobby and me (spectacle - 10 min)

Pierre Hobson, directeur artistique de la Compagnie Klaxon à Montréal, et Stevie Lacote, danseur et professeur de la Scène du Golf, se rencontrent pour nous livrer une performance inédite de haut vol en hommage à Bob Fosse.

Entrevue de Stevie Lacote (film - 2011 - 30 min)Portrait d’un chorégraphe fictif, obsédé par son travail, aux dépens de sa vie personnelle… Une déclaration d’amour à Bob Fosse. Plein d’humour et de séquences dansées dans le plus pur style du maître. Une perle de notre jeune danseur-réalisateur stéphanois.

Extraits vidéo et rencontre avec Mae Piga (15 min)Sept fois championne du monde et quatre fois championne d’Europe en danse jazz, Mae vient nous parler de son parcours international et comment elle continue

de se former régulièrement au très réputé Broadway Dance Center de New York.

en présence de Nils Tavernier, Alexandra Bansch, Assiata Abdou et Anna Wehsarg du Pina Bausch Tanztheater (Wuppertal)

projection de Kontakthof - les séniors et de Showreel de Nils Tavernier Nils Tavernier nourrit une véritable passion pour la danse. A travers ce Showreel nous vous invitons

à découvrir quelques extraits de ses films dédiés à l’art chorégraphique. Petite merveille !

27

Les films

Octogénaires enjoués, Isidora et Enrique vivent une retraite paisible avec leurs deux vieux chats dans leur appartement cossu de Santiago du Chili. C’est un de ces appartements bourgeois encombré de meubles, de tableaux et d’objets d’art accumulés au fil du temps, sur lequel semble planer de multiples strates de vie passée… Si une nouvelle panne d’ascenseur vient troubler la quiétude des lieux, le pire est à venir avec l’arrivée impromptue de Rosario, la fille tempétueuse d’Isidora. Car sous l’apparente visite de courtoisie de la progéniture perce très vite une arrière pensée, dont elle va accabler les deux vieillards : tenter par ruse ou par force de faire signer à sa mère la vente de son appartement. Une démarche qui trouve sa justification dans le souci que se fait une fille aimante pour « l’avenir »: le quartier est de plus en plus dangereux, habiter au 8ème étage avec un ascenseur souvent en panne n’est pas raisonnable, etc… D’abandons en résistances, la vieille dame n’est pas dupe et même si sa tête n’est plus trop solide, elle sait lui envoyer quand même dans les gencives « tu es ridicule à force d’être aussi transparente ». « Familles, je vous hais » lançait Gide dans un bon jour. Faut il l’avouer, on prend d’autant plus de plaisir à cet affrontement mère-fille que l’on recommence, hélas, à trouver aujourd’hui certaines vertus à ce nid de serpents à sonnette qu’est la famille. Mais au-delà même de cet amour/haine, on ne peut s’empêcher de compter les points en pensant aux vieux chats qui viennent miauler le matin aux portes de la chambre pour obtenir leur ration de croquettes. Pour eux, ce serait la piqûre, aussi sûrement que ce serait la mort pour leurs maîtres. Et à ce titre, on croise les doigts pour eux...

P.S: rappelez-vous, Sebastian Silva et Pedro Peirano nous avaient déjà donné en 2009 le savoureux La Nana, aujourd’hui disponible sur Vidéo en Poche

28

Voici un excellent thriller norvégien, qui installe un vrai suspense, distille une vraie angoisse sans aucun effet grandiloquent, à partir de trois fois rien comme dans les meilleurs Hitchcock ou Polanski… Afin d’échapper à la violence du père de son fils âgé de 8 ans, Anna s’enfuit avec Anders pour s’installer en secret dans un grand immeuble résidentiel. Terrifiée à l’idée que son ex-mari ne les retrouve, Anna achète un babycall (ou baby phone en français) pour s’assurer qu’Anders soit en sécurité pendant son sommeil. Mais des bruits inquiétants semblent provenir d’un autre appartement : grâce au babycall, Anna entend même ce qu’elle croît être le meurtre d’un enfant. De son coté, Anders se prend d’amitié pour un

mystérieux garçon aux cheveux noirs qui va et vient comme bon lui semble. Celui-ci aurait-il un lien quelconque avec les bruits entendus ? Pourquoi y a-t-il du sang sur un dessin d’Anders ? Sont-ils tous en danger ?Dans la tradition des grands films d’angoisse d’un Hitchcock ou d’un Polanski, Babycall agence parfaitement la déclinaison des ingrédients du genre : brouillage entre réalité et fantasmes, lieux que le personnage a vus et qui ont totalement changé le lendemain, porte vers des mondes parallèles ou vers l’au-delà, enfants mystérieux portant des stigmates, dessins énigmatiques qui portent les indices de terribles crimes… La tension est palpable dès les premières

scènes et ne fait que s’intensifier, sans que jamais ne soit oubliée la crédibilité des situations ou des personnages.Remarquablement mené, sans faux pas, sans surenchère, le film doit beaucoup à l’interprétation de Noomi Rapace, découverte dans la version suédoise de Millenium : tendue comme un arc, en permanence sur ses gardes, elle confère une formidable intensité à son personnage de mère inquiète jusqu’au malaise.

29

Les films

Une émotion douce et profonde. C’est le souvenir durable que l’on garde de ce très beau film, tout en délicatesse. Pourtant l’époque à laquelle se déroule Barbara est plutôt sombre. Et rude. Ça se passe en Allemagne de l’Est, en 1980, le mur n’est pas encore tombé, c’est le temps des cigarettes de contrebande, des combines pour essayer de passer à l’Ouest. C’est le temps de la crainte d’être dénoncé, de la surveillance constante, des écoutes par la Stasi. On pense bien sûr au fameux La vie des autres, mais pour tout vous dire on a trouvé Barbara supérieur : plus subtil, plus incarné, plus profond. Ça tient d’abord aux personnages, magnifiques. Barbara en premier lieu : on ne sait pas grand chose d’elle, elle débarque dans une petite ville de province, exilée de Berlin par décision administrative. Elle est attendue de pied ferme, visiblement sous surveillance policière. Elle est médecin, et vient prendre un poste dans l’hôpital local. On sent très vite qu’elle aime passionnément son métier.

Autant qu’André, le médecin chef. Qui l’accueille, qui lui sourit, qui essaie de la faire s’intégrer à l’équipe, qui lui rend des services. Qu’elle refuse… Dans ce climat politique oppressant, on ne sait pas trop ce qui anime André, qui a pourtant une bonne tête et un sourire désarmant… Intérêt professionnel, début de béguin, ou espionnage pour le compte des flics du régime ?Barbara en tout cas reste constamment sur ses gardes, elle semble fuir les autres, leur conversation, leur regard, elle s’isole le plus souvent possible, évite de parler d’elle. Les sbires de la police politique viennent fouiller régulièrement son appartement spartiate. Que cherchent-ils ? Qu’a donc fait Barbara ? Et puis il y a ces rendez-vous clandestins avec cet homme qui porte beau : son amant berlinois, grosse voiture, prestance bourgeoise, on comprend qu’ils préparent ensemble son passage à l’Ouest… Et puis il y a cette jeune femme perdue, évadée d’une sorte de camp de redressement et

retrouvée gisante dans un fossé, que Barbara va soigner, va aider. Jusqu’où ?On se laisse complètement happer par cette histoire, belle et complexe, dont les tenants et les aboutissants se dévoilent peu à peu. Un réel suspense, une vraie tension se créent, sans artifice, sans dramatisation excessive, par la grâce d’une mise en scène discrètement virtuose. On est captivé par cette relation qui peine à naître entre Barbara et André :la confiance qui réussit à vaincre la méfiance, la complicité qui s’installe peu à peu sur la base d’une estime profession-nelle réciproque. Ces deux-là partagent la même vision de l’humanité, la même perception du monde autour d’eux, du rôle qu’ils ont à y jouer, modeste mais irremplaçable.C’est beau et fort de bout en bout, et sans rien en dévoiler, on peut même vous assurer que la fin du film est particulière-ment réussie, et emporte définitivement l’adhésion. (merci Utopia !)

30

Il avait déjà mis la critique à ses pieds avec Tarnation, son premier long métrage sorti en 2003, documentaire ou journal intime mis en image avec une vitalité rare. Il réalise avec Walk Away Renéele prolongement de cette introspection filmée qu’on pourrait qualifier de profondément narcissique - mais l’art n’est-il pas toujours une exploration de soi sous couvert de réflexion sur le monde ? En illustrant un voyage de

Houston à New York qu’il entreprend en compagnie de sa mère qui souffre de bipolarité, Jonathan Caouette réalise un documentaire éblouissant de compassion, une merveilleuse déclaration d’amour à Renée.Le documentaire est construit comme un récit de fiction. Un préambule sous forme de coup de fil où sa mère l’implore de venir le chercher dans l’hôpital psychiatrique où elle suit un traitement

médicamenteux qui endort sa psychose. Caouette se filme au téléphone, enregistre la voix déchirante de Renée. Il décrit ensuite une intrigue dans la trajectoire d’un road-movie où le climax est atteint quand Renée perd ses médicaments qui la préservent d’une descente infernale où elle se transforme progressivement en une version sombre, dépressive et suicidaire d’elle-même…

Week-end a récolté plein de prix dans les festivals du monde entier : coup de cœur à Dinar, Grand Prix du Jury et Meilleur acteur à Nashville, Grand Prix à Los Angeles, Meilleur premier film à Londres… Récompenses méritées, le film vaut vraiment le coup d’œil ! On se plonge dans ce film comme dans un bon bouquin qui réussit à nous happer dès la première ligne.On est à Londres et c’est la fin de semaine. Ce vendredi soir-là, Russel se sent un peu décalé au milieu de ses amis : pas vraiment envie de rentrer chez lui. Il traîne jusqu’à la fin de la soirée dans un club gay et, juste avant la fermeture, il rencontre Glen, l’invite chez lui. Aventure d’une nuit pense-t-il… Mais au petit matin, Glen n’est pas parti. Il est resté là. Les corps sont à la fête, mais très vite les mots s’imposent dans leurs jeux, autant que les caresses, participant du processus de rapprochement, les attachant l’un à l’autre plus sûrement que n’importe quelle longue vie d’habitudes. Ils étaient deux inconnus et se retrouvent intimes. Intensément intimes. Chacun sensible aux sentiments, aux émotions, aux histoires de l’autre, et chaque instant de plus resserre encore un lien qui, Russel en a très vite la certitude, le marquera pour la vie… Nous vous invitons chaudement à passer ce Week-end romantique avec Russel et Glen car le film nous narre avec sensualité et finesse rien de moins que la fulgurante évolution des sentiments le temps d’une brève rencontre : ça commence par un coup de désir, mais si les corps fusionnent, les esprits et les mots font le reste…

animée par le festival Face à Face

Prochainement

Tarifs(validité 30 juin 2013)

c

c

c

c

c

c

c

c

c

c

Capelito, le petit champignon magique est de retour dans 8 nouvelles aventures en pâte à modeler. L’espagne s’invite au Méliès pour le plaisir des petits à partir de 3 ans. Méliès pour le plaisir des petits à

3 ans

Du côté des enfants

Deux petites filles viennent s’installer avec leur père dans une grande maison à la campagne afin de se rapprocher de l’hôpital ou séjourne leur mère. Elles vont découvrir l’existence de créatures merveilleuses, mais très discrètes, les totoros.Le totoro est une créature rare et fasci-nante, un esprit de la forêt. Il se nourrit de glands et de noix. Il dort le jour, mais les nuits de pleine lune, il aime jouer avec des ocarinas magiques. Il peut voler et est invisible aux yeux des humains. Il existe trois totoros : O totoro (gros), chu totoro (moyen) et chili totoro (petit). 3 ans

Le Capitaine des pirates entend bien remporter le Prix du Pirate de l’année, mais ce titre est également convoité par Black Bellamy et Cutlass Liz. Il part à l’aventure avec ses équipiers en couleurs : voyageant des paysages exotiques de Blood island aux rues embrumées de Londres.

5 ans

31

Si nous choisissons L’Enfant d’en haut comme film Coup de cœur d’avril, c’est non seulement parce que Gisèle (notre caissière suisse préférée) menaçait de faire grève si nous ne le faisions pas, mais aussi et surtout parce qu’Ursula Meier fait partie de ces cinéastes qui nous ont emballés dès leur premier film et qu’on a une furieuse envie de suivre et d’encourager ! C’est donc avec un plaisir non dissimulé que nous vous invitons à venir découvrir son second long-métrage après Home (2008). Un film touchant et drôle qui a valu à sa réalisatrice un Ours d’Argent au dernier Festival de Berlin. Simon, 12 ans, monte chaque jour en télécabine à la station de ski qui surplombe la vallée où il habite avec sa sœur Louise. Là-haut, il fait son marché dans les garde-robes des restaurants, des hôtels, volant tout ce qui peut lui servir, y compris de la nourriture, mais surtout des skis, lunettes et casques qu’il revend à qui n’en veut dans la vallée. Louise a une vie plus désordonnée. Elle ne travaille pas régulièrement et profite des larcins de son frère pour disposer du minimum vital à la maison. Leur relation oscille constamment entre tendresse et tension: l’interdépendance devient parfois rejet, Louise étant de plus en plus tributaire de son frère financièrement alors que ce dernier cherche désespérément son amour.A l’origine de notre enthousiasme, la subtilité avec laquelle Ursula Meier traite son sujet et la construction de l’histoire, la montagne magnifiquement filmée par Agnès Godard - qui signait déjà la photographie de

Notre coup de b

Le Méliès cinéma indépendant 10 place Jean Jaurès 42000 [email protected] / www.lemelies.com / www.facebook.com/lemelies

Home - mais aussi le fait de montrer une Suisse que nous n’avons pas l’habitude de voir de notre côté des alpages. Car il y a finalement bien une Suisse d’en haut et d’en bas, reliées métaphoriquement par un téléphérique. Mais si L’enfant d’en haut prouve qu’en Suisse aussi il y a des barres d’HLM, Ursula Meier nous offre presque une fable plus qu’un film social. Et si l’on pense forcément à Bruno Dumont, aux frères Dardenne ou à Ken Loach (notamment par la présence de Martin Comptson révélé dans Sweet Sixteen), le personnage de Simon (Kacey Mottet Klein bluffant de talent) a bien un petit quelque chose de Robin des Bois, volant aux riches pour revendre aux pauvres…