Fuite des cerveaux: perdre pour gagner ?; Education today; Vol.:18 ...

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La fuite des cerveaux n’a rien d’un phénomène récent : sans le départ vers l’ouest des artistes et des penseurs grecs à la suite de la chute de Byzance, jamais sans doute la Renaissance n’aurait-elle vu le jour. Le phénomène n’est pas non plus l’apanage des seuls pays en développement. L’Europe de l’Est assiste aujourd’hui à l’exode de ses éléments les plus brillants vers le Royaume- Uni et l’Irlande, cette dernière ayant elle-même subi une véritable hémorragie des compétences jusqu’au milieu des années 1990. L’exode des compétences, autre expression employée, est source de polémique dans les débats Nord-Sud. La concurrence effrénée entre les entreprises et universités du Nord pour attirer à elles les talents n’est pas sans rappeler les transferts de joueurs de foot- ball, où les stars du ballon rond vont aux clubs les plus offrants. Lorsqu’on partait jadis en quête de prairies où l’herbe était plus verte, c’était pour ne plus revenir. Aujourd’hui, dans la société du savoir qui est la nôtre, même si l’aller simple est toujours la règle, la mondialisation a quasiment banalisé les flux temporaires de main- d’œuvre. Les « échanges de cerveaux » permettent aux pays d’origine tout comme aux pays de destination de profiter de l’expérience spécialisée acquise par les professionnels expatriés – et pas seulement de leurs envois de fonds, aussi considérables soient-ils. Le rôle des techniciens indiens de l’étranger dans la création de l’industrie des TIC à Bangalore (Inde) est à cet égard un cas d’école. On me demande parfois ce que peuvent faire les gouvernements pour renforcer les capacités et comment l’UNESCO peut les y aider. L’initiative Universitaires sans fron- tières de l’UNESCO vise à renforcer les universités dans les pays en développement en forgeant des partenariats d’envergure mondiale. Depuis 1996, un projet sur la « circula- tion des cerveaux » appuyé par l’UNESCO permet à des universitaires maliens expatriés de revenir dans leur pays d’origine pour y effectuer des missions d’enseignement de courte durée. Dans un autre esprit, la plate-forme informatique UNESCO/Hewlett Packard en Europe du Sud-Est a pour but de promouvoir un environnement propice à l’excellence académique et à l’esprit d’entreprise. Constituer des diasporas numériques, encourager les migrants à retourner dans leur pays par des mesures incitatives, mettre en place des conditions favorables à la circula- tion des cerveaux ou même à la réintégration… si les stratégies varient, le but est le même : retenir un plus grand nombre de professionnels au pays tout en tirant parti des élites expatriées. Bien qu’il ne soit pas toujours possible ni même souhaitable d’inver- ser la fuite des cerveaux, l’UNESCO se donne pour mission d’aider les États membres à définir des solutions novatrices pour que la fuite des cerveaux se traduise par un enri- chissement des compétences qui soit profitable à tous. n° 18 octobre 2006 - janvier 2007 EDITO Peter Smith Sous-Directeur général pour l’éducation S U O T R U O P N O I T A C U D E F E R B N E S E G A S S I T N E R P P A R E I S S O D Doper l’alphabétisme dans le monde p. 10 Les enfants de la rue marquent un point p. 3 La fuite des cerveaux peut-elle être profitable ? p. 4 L’éducation au Soudan : un nouveau départ p. 8 L’expression « fuite des cerveaux », forgée dans les années 1950, est souvent associée à l’idée de perte. Pour autant, cette perte peut-elle être facteur d’enrichissement ? DOSSIER, quatre pages pour répondre. FUITE DES CERVEAUX : PERDRE POUR GAGNER ? Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture Le bulletin d’information du Secteur de l’éducation de l’UNESCO AU SOMMAIRE

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La fuite des cerveaux n’a rien d’un phénomène récent : sans le départvers l’ouest des artistes et des penseurs grecs à la suite de la chute deByzance, jamais sans doute la Renaissance n’aurait-elle vu le jour.

Le phénomène n’est pas non plus l’apanage des seuls pays en développement. L’Europede l’Est assiste aujourd’hui à l’exode de ses éléments les plus brillants vers le Royaume-Uni et l’Irlande, cette dernière ayant elle-même subi une véritable hémorragie descompétences jusqu’au milieu des années 1990.

L’exode des compétences, autre expression employée, est source de polémique dans lesdébats Nord-Sud. La concurrence effrénée entre les entreprises et universités du Nordpour attirer à elles les talents n’est pas sans rappeler les transferts de joueurs de foot-ball, où les stars du ballon rond vont aux clubs les plus offrants.

Lorsqu’on partait jadis en quête de prairies où l’herbe était plus verte, c’était pour neplus revenir. Aujourd’hui, dans la société du savoir qui est la nôtre, même si l’aller simpleest toujours la règle, la mondialisation a quasiment banalisé les flux temporaires de main-d’œuvre. Les « échanges de cerveaux » permettent aux pays d’origine tout comme auxpays de destination de profiter de l’expérience spécialisée acquise par les professionnelsexpatriés – et pas seulement de leurs envois de fonds, aussi considérables soient-ils.Le rôle des techniciens indiens de l’étranger dans la création de l’industrie des TIC à Bangalore (Inde) est à cet égard un cas d’école.

On me demande parfois ce que peuvent faire les gouvernements pour renforcer lescapacités et comment l’UNESCO peut les y aider. L’initiative Universitaires sans fron-tières de l’UNESCO vise à renforcer les universités dans les pays en développement enforgeant des partenariats d’envergure mondiale. Depuis 1996, un projet sur la « circula-tion des cerveaux » appuyé par l’UNESCO permet à des universitaires maliens expatriésde revenir dans leur pays d’origine pour y effectuer des missions d’enseignement decourte durée. Dans un autre esprit, la plate-forme informatique UNESCO/Hewlett Packard en Europe du Sud-Est a pour but de promouvoir un environnement propice àl’excellence académique et à l’esprit d’entreprise.

Constituer des diasporas numériques, encourager les migrants à retourner dans leurpays par des mesures incitatives, mettre en place des conditions favorables à la circula-tion des cerveaux ou même à la réintégration… si les stratégies varient, le but est lemême : retenir un plus grand nombre de professionnels au pays tout en tirant parti desélites expatriées. Bien qu’il ne soit pas toujours possible ni même souhaitable d’inver-ser la fuite des cerveaux, l’UNESCO se donne pour mission d’aider les États membres àdéfinir des solutions novatrices pour que la fuite des cerveaux se traduise par un enri-chissement des compétences qui soit profitable à tous.

n° 18octobre 2006 - janvier 2007

EDITO

Peter SmithSous-Directeur général pour l’éducation

SSUOTRUOPNOITACU D E

FFERBNE

SSEGASSITNERPP A

RREISSOD

Doper l’alphabétisme dans le monde p. 10

Les enfants de la ruemarquent un point p. 3

La fuite des cerveaux peut-elle être profitable ? p. 4

L’éducation au Soudan :un nouveau départ p. 8

L’expression « fuite des cerveaux », forgée dans les années 1950, estsouvent associée à l’idée de perte. Pour autant, cette perte peut-elleêtre facteur d’enrichissement ? DOSSIER, quatre pages pour répondre.

FUITE DES CERVEAUX : PERDRE POUR GAGNER ?

Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture

Le bulletin d’information du Secteur de l’éducation

de l’UNESCO

AU SOMMAIRE

oni.

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APPRENTISSAGES

affermit la confiance en soi en permettantaux jeunes de découvrir leurs aptitudes »,poursuit Dada. Un travailleur social d’UYDELapprouve : « La réinsertion des jeunes nepeut être acquise tant qu’ils n’ont pas suivide formation professionnelle. » En outre,pour aider les jeunes à acquérir des compé-tences, le recours aux artisans est une solu-tion d’un meilleur rapport coût/efficacitéque les approches et les instituts de forma-tion plus formels.

UYDEL a également pour objectif d’intégrerdes messages sur la prévention du VIH et dusida à la formation que suivent les jeunesmarginalisés. Les artisans sont ainsi encou-ragés à sensibiliser leurs jeunes stagiairesau VIH et au sida.

« On nous apprend à parler aux jeunes et àles aider à changer de comportement touten leur enseignant des compétences profes-sionnelles », explique Jane, coiffeuse àKawempe. « Cela m’a aidée à faire passer desinformations sur le VIH et le sida et lesautres risques. »

PasserellesLorsque le projet a démarré, la communauténe voyait dans ces enfants que des bons àrien, des rebelles enclins à la violence, desprostitués, des délinquants et des drogués.Un long travail de sensibilisation, notam-ment par la diffusion des résultats de l’en-quête, a permis de faire évoluer cette façonde voir. Les membres de la communauté sontaujourd’hui davantage impliqués dans leprogramme de formation professionnelle deUYDEL.

Le centre d’accueil donne aux jeunes le sen-timent d’avoir leur place dans la société etles aide à apprendre à faire les bons choix.Aujourd’hui coiffeuse au salon Shedric, unebénéficiaire de UYDEL raconte sa métamor-phose : « J’ai reçu l’aide du personnel deUYDEL à un moment où j’étais si pauvre quela pauvreté se lisait sur mon visage. Aujour-d’hui, j’ai retrouvé le sourire. Je suis heu-reuse parce que je subviens moi-même àmes besoins et que je suis utile à mafamille. »

Contact : [email protected]

À dix ans, William est orphelin. Trèsvite, il tombe sous l’emprise de ladrogue, seul moyen de supporter son

quotidien. Vivant dans les rues de Kampala,capitale de l’Ouganda, il abandonne l’écoleparce que, comme tant d’autres, il ne peutpas payer les frais de scolarité. Aujourd’hui,William s’est libéré de la drogue et travaillecomme mécanicien dans un garage de Wandegeya, une banlieue de Kampala.

Ce qui a changé la vie de William, c’est ladécouverte du centre d’accueil animé parl’Uganda Youth Development Link (UYDEL).Là, William bénéficie de conseils d’orienta-tion pour adultes et reçoit une formationprofessionnelle dans le cadre du programmede renforcement des capacités pour l’édu-cation non formelle et les compétences de lavie courante, mis en œuvre par UYDEL avecl’appui financier et technique de l’UNESCO.

Le programme a été conçu pour répondreaux besoins psychosociaux des jeunes vulné-rables et défavorisés. Il offre en outre uneéducation non formelle et un programmed’acquisition des compétences de la vie cou-rante en plaçant ces jeunes marginalisés

chez des artisans locaux, où ils effectuentun stage pratique de trois mois. Le Ministèreougandais de la parité, du travail et du déve-loppement social et l’Université de Make-rere participent eux aussi au programme :élaboration d’outils, réalisation d’uneenquête, suivi et évaluation du projet.

Des 24,5 millions d’individus que compte lapopulation ougandaise, la moitié n’a pas 15ans et 85 % des adolescents ne sont passcolarisés dans le secondaire. « Nous cher-chions de nouveaux moyens de donner à cesjeunes des compétences qu’ils pourraientvaloriser sur le marché du travail et leurfournir la possibilité de subvenir à leursbesoins », explique Mehboob Dada, qui coor-donne le soutien technique et financierapporté par l’UNESCO à deux centres d’ac-cueil, le premier dans le district rurald’Arua, l’autre à Kampala. Depuis 2004, 288jeunes marginalisés ont pu accéder à unesituation professionnelle viable, la majoritéd’entre eux ayant aujourd’hui trouvé unemploi.

Apprendre en observantLes méthodes de formation utilisées par les

centres sont axées sur troisapproches fondamentales : appren-dre par la pratique, apprendre enproduisant et apprendre engagnant sa vie. Le processus s’en-clenche lorsqu’un jeune pousse laporte du centre ou qu’il est orientépar des travailleurs sociaux. Aprèsla première visite, les travailleurssociaux évaluent les besoins del’adolescent et cherchent à proxi-mité de son lieu de domicile desartisans qualifiés dans le domainede son choix. La menuiserie, la coif-fure, la mécanique ou la couturesont les métiers les plus populaires,mais le centre propose aussi la cui-sine, la soudure et l’électronique.

Chaque adolescent se voit remettreune « boîte à outils » correspondantà son métier : pour William un bleude travail et des tournevis, pour lesapprentis couturiers des aiguilles,du tissu et des ciseaux… « Laméthode ‘apprendre en observant’

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Des jeunes de Kampala « ajustent » leurs nouvelles compétences.

L’avenir dans une boîte à outilsEn Ouganda, un centre d’accueil donne un métier aux jeunes de la rue et des bidonvilles

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et de Kosimankan, association qui intervientauprès des enfants de la rue dans le quar-tier de Baada. Le don de Mikaël Silvestre,50 000 euros, permettra à 25 enfants de larue d’apprendre à lire et à écrire et desuivre une formation professionnelle pen-dant deux ans.

En Guinée, Mikaël Silvestre a rencontré desenfants de la rue âgés de 13 à 15 ans. Cesenfants ont laissé derrière eux leur village etleurs proches pour essayer de trouver enville de quoi subvenir à leurs besoins et àceux de leur famille. La nuit, ils dorment dansla rue, où ils risquent de se faire agresser.

Donner une éducation aux enfants est lemoyen le plus efficace de lutter contre la pau-vreté, a déclaré Mikaël Silvestre aux médiaslors de son séjour en Guinée. C’est parce qu’ilest lui-même père qu’il a décidé de faire undon. « Quand on a soi-même des enfants, oncomprend vite que l’éducation est ce qu’il y ade plus important », fait-il observer.

Il faut d’abord écouter les enfants et com-prendre leurs besoins, et c’est ensuite quecommence la recherche de partenaires. Lespartenariats locaux sont essentiels : ils

apportent un soutien, prêtent un bout deterrain ou un bâtiment, mais le coût descentres d’apprentissage est beaucoup tropélevé pour eux. Pour recueillir des sommesimportantes, des appels sont lancés à desfondations et à des personnalités. La déci-sion de Mikaël Silvestre d’investir dans leprojet guinéen est le résultat d’un tel appel.

Les compagnies aériennes et les entreprisesprivées sont elles aussi sollicitées pour desdons en nature : des billets d’avion, du maté-riel sportif et même des gadgets, commedes calculatrices ou des carnets. Tout lemonde est gagnant : l’UNESCO obtient gra-tuitement du matériel à distribuer à desenfants dans le besoin et les sociétés fontun geste pour une bonne cause.

Mikaël Silvestre songe à présent à financerun nouveau projet dans l’un des pays les pluspauvres de la planète, le Niger. Un sportif derenom qui décide de parrainer un deuxièmeprojet, et voilà toute l’équipe du projetEspérance et solidarité autour d’un ballonqui marque un nouveau point !

Contact : [email protected]

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Les footballeurs Paolo Cesar, ChristianKarembeu, Emmanuel Petit et MikaëlSilvestre, l’athlète Marie-José Pérec, le

joueur de tennis Cédric Pioline et le cham-pion de judo David Douillet ont tous endosséleur maillot pour disputer l’un des matchsles plus importants de leur vie, avec desenfants de la rue. Ils sont en tout une ving-taine de sportifs de renom et de célébritésà s’être associés au programme de l’UNESCOEspérance et solidarité autour d’un ballon.En se servant du sport d’équipe, cette ini-tiative vise à inculquer les principes de basede la socialisation à des enfants marginali-sés vivant dans des pays en développementpour leur permettre d’accéder à l’éducationet de se réinsérer ainsi dans la société.

Ce programme offre à des enfants sans abrila chance de rencontrer des célébrités et derecevoir des cadeaux, ballons de football outee-shirts. Des activités sportives, notam-ment des tournois de football, sont organi-sées afin de faciliter les relations entre filleset garçons, entre les enfants scolarisés etceux qui ne vont pas à l’école ou encoreentre les enfants issus de différentes com-munautés et de différents quartiers. « Celapermet aux enfants de reprendre pied dansla vie », déclare la coordinatrice du pro-gramme de l’UNESCO, Marie José Lallart.

Point d’accèsUne soixantaine de pays ont bénéficié de ceprogramme dont l’Afghanistan, le Burundi, leRwanda, le Togo et la Tunisie. L’équivalent deplus de cinq millions de dollars de matérielsportif a déjà été envoyé dans le mondeentier depuis 1993, ce qui donne tous les ansà quelque 24 000 enfants la chance de joueret de se faire des amis. « Ce petit pas versl’insertion constitue d’une certaine façon lepoint d’accès à la vie en communauté »,poursuit Marie José Lallart. « L’objectif estau bout du compte l’intégration dans le sys-tème éducatif formel ou les filières de for-mation professionnelle. »

En juillet 2006, juste après la Coupe dumonde, le programme est entré dans unenouvelle phase. Mikaël Silvestre s’est envolépour Kankan, en Guinée, afin d’inaugurer letout premier centre d’éducation non for-melle ouvert grâce au soutien de l’UNESCO

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Le footballeur Mikaël Silvestre avec des enfants de la rue à Baada, Guinée.

But ! L’espérance marque un pointL’UNESCO et les stars du sport se mobilisent pour la réinsertion des enfants de la rue

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DOSSIER

Où qu’ils soient dans le monde, les migrants qualifiés ne sont pas seulementdu développement de leur pays. Il est sans doute temps de cesser de ne voir

Fuite des cerveaux :

Chaque année, des professionnels etdes universitaires hautement quali-fiés quittent le monde en développe-ment par dizaines de milliers pour

ce qu’ils pensent être une meilleure qualitéde vie dans les pays du Nord.

Qu’ils soient médecins, ingénieurs, maîtresde conférence, chercheurs, cadres supé-rieurs ou encore étudiants, la plupartd’entre eux sont tentés par des perspec-tives de carrière, de salaires et de condi-tions de vie plus attractives. Sans compterque dans un contexte politique instable, undiplôme universitaire est aussi le meilleurpasseport pour l’exil.

« Un nouveau phénomène mondial se faitjour, mû par l’évolution des modes de trans-port et de communication et l’apparition denouvelles formes d’entreprise, tout autantque par une soif de perspectives écono-miques, éducatives et scientifiques », noteGeorge Haddad, directeur de la Division del’enseignement supérieur de l’UNESCO.

Des chiffres qui donnent le vertigeL’ampleur de cet « exode du capital humain »est prodigieuse, selon la Commission écono-mique des Nations Unies pour l’Afrique etl’Organisation internationale pour les migra-tions. On estime ainsi qu’entre 1960 et 1975,quelque 27 000 Africains qualifiés ont quittéle continent à destination des pays indus-trialisés. De 1975 à 1984, ce chiffre a atteint40 000. Depuis 1990, ce sont au moins20 000 personnes qualifiées qui quittentl’Afrique chaque année. Ce qui inspire à AlexNunn, de l’Université métropolitaine deLeeds, ce simple constat : cela fait, tous lesans, 20 000 Africains capables de faire fonc-tionner les services publics et de lancer desappels en faveur de la démocratie et dudéveloppement qui manquent à l’appel.

Cependant, la fuite des cerveaux n’est paspropre au continent africain, ni même aumonde en développement en général. Lamigration des personnes qualifiées entre lespays occidentaux, elle aussi en progression,

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Illustration de la couverture de “La fuite des compétences en Afrique francophone”, UNESCO, Paris, 2004. © B. Ambry / UNESCO

Depuis 1990, au moins 20 000 personnes qualifiées ont quitté l’Afrique.

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« Jusqu’au début des années 1990, l’expres-sion ‘fuite des cerveaux’ évoquait l’idéed’une migration définitive et à sens uniquede personnes qualifiées originaires dumonde en développement vers les pays duNord », note Francisco Seddoh, ancien direc-teur de la Division de l’enseignement supé-rieur et conseiller du Directeur général del’UNESCO. « Cette expression avait uneconnotation négative parce qu’elle sous-entendait que les pays qui étaient vidés desressources humaines vitales étaient préci-sément ceux qui en avaient le plus besoin. »

De nos jours, ajoute-t-il, « la migrationn’est plus un déplacement définitif dans unseul sens. Les effets positifs de la mobilitésur le progrès économique et social ontfini par faire comprendre que la circula-tion des compétences et de la main-d’œuvre pouvait être un catalyseur dudéveloppement ».

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nationaux de santé à tel point que l’accèsaux soins et aux établissements de santé estdésormais réservé aux plus riches. Des payscomme le Ghana ou le Nigéria assistentimpuissants à l’exode massif de leurs méde-cins et de leurs infirmiers en quête d’em-plois plus lucratifs en Europe et en Amé-rique du Nord. Dans d’autres domaines, lespays en développement manquent cruelle-ment d’ingénieurs pour concevoir et super-viser les projets d’infrastructure, ainsi quede chercheurs et de scientifiques capablesde stimuler le progrès dans l’ensemble desservices publics, de la santé à l’éducation.

Les experts sont unanimes, il faut fairequelque chose pour remédier à la pénurie detravailleurs essentiels dans les pays en déve-loppement. Oui, mais quoi ?

Beaucoup sont d’avis que les gouverne-ments frappés par un exode de compé-tences à grande échelle feraient bien demettre en place des mesures d’incitationtelles que des avantages fiscaux et sociauxafin de contenir l’ampleur de l’émigration duSud vers le Nord. Autre solution proposée,les pays d’accueil devraient s’abstenir derecruter dans les secteurs les plus vulné-rables des marchés du travail du Sud.

Cependant, limiter la migration en prove-nance de certaines régions ou de certainspays risque de faire plus de mal que de bien,observe Ashok Parthasarathi, ancienconseiller scientifique auprès du PremierMinistre indien. « Pour favoriser le dévelop-pement, la réponse à cette situation ne doitpas passer par une restriction de la migra-tion [qui serait] contraire aux valeurs fonda-mentales des droits de l’homme et de laliberté individuelle », affirme-t-il.

Un catalyseur du développementIl faut repenser la façon dont la fuite descerveaux est perçue et analysée, affirme unnombre grandissant de parties prenantesdu développement, universitaires compris.L’idée serait d’abandonner le concept néga-tif de fuite des cerveaux pour parler de« circulation des cerveaux ».

t une source de revenu : ils peuvent devenir des acteurs clésr en eux qu’un investissement à perte.

perdre pour gagner ?

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revêt la forme de déplacements tempo-raires d’étudiants de premier et troisièmecycles, de chercheurs, de cadres et de spé-cialistes des technologies de l’informationet de la communication (TIC). L’Union euro-péenne, l’Amérique du Nord, le Japon, leCanada et l’Australie sont parmi les destina-tions les plus prisées.

L’OCDE note toutefois que les États-Unisrestent le principal pôle d’attraction.Depuis le début des années 1990, près de900 000 professionnels hautement quali-fiés – pour la plupart des spécialistes desTIC originaires de l’Inde, de la Chine et de laFédération de Russie – ont émigré auxÉtats-Unis dans le cadre de leur programmed’octroi de visas temporaires H1B. Cettecatégorie de visa a été spécialement insti-tuée afin de faciliter le recrutement de pro-fessionnels étrangers pour une périodepouvant aller jusqu’à six ans. L’enseigne-ment supérieur est un vivier de migrantshautement qualifiés pour les entreprisesqui embauchent : un quart des détenteursde visas temporaires ont fait leurs étudesdans des universités américaines.

Des coûts incalculablesEn termes de développement humain et deservices publics, le coût de la migration éco-nomique est incalculable. Les gouverne-ments utilisent leurs faibles ressourcespour financer l’éducation et la formationspécialisée de travailleurs qui s’empressentaussitôt d’emporter dans leurs bagages leséventuels bénéfices économiques et sociauxde cet investissement. Et ce sont ces mêmesgouvernements qui peinent ensuite à pour-voir les postes des services publics et àremédier à la pénurie de main-d’œuvre qua-lifiée dans les secteurs économiques clés.

L’Amérique latine, par exemple, continue desouffrir d’une pénurie chronique de méde-cins malgré des taux d’inscription élevésdans les facultés de médecine. Dans plu-sieurs pays d’Afrique, les associations médi-cales nationales tirent la sonnetted’alarme : le manque de personnel qualifiémet en péril l’existence même des services

Le saviez-vous ?En l’an 2000, plus de 80 % des diplômés de Haïti, de la Jamaïque et de la Guyanevivaient à l’étranger.

Près de 30 % de la population active de laGuyane, de la Grenade et de la Dominiquevit actuellement aux États-Unis.

L’Afrique a perdu 60 000 professionnels(médecins, maîtres de conférence,ingénieurs) entre 1985 et 1990. Sur100 professionnels envoyés suivre uneformation à l’étranger entre 1982 et 1997,35 ne sont pas rentrés.

Quatre milliards de dollars par an : tel estle montant des salaires versés aux quelque100 000 expatriés occidentaux en Afriquesubsaharienne.

On estime à plus de huit millions le nombrede travailleurs philippins expatriés dans le monde, ce qui représente 10 % de la population philippine et 22 % de la population active.

Sources : Nations Unies, Banque mondiale,Administration philippine de l’emploi des émigrés.

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elles les personnels qualifiés et les scienti-fiques, d’entrer en concurrence avec descentres de recherche-développement privésou industriels.

De plus, les restrictions budgétaires quiaffectent les infrastructures universitaires,certaines disciplines scientifiques et tech-nologiques ou encore les matériels et lesauxiliaires pédagogiques incitent unnombre croissant de diplômés et de cher-cheurs à quitter le monde universitaire pourles emplois lucratifs du privé. Cette ten-dance s’accélère d’autant plus que lessalaires des universitaires sont inférieurs àceux des cadres supérieurs travaillant dansles entreprises privées.

L’incapacité d’attirer ou de retenir les uni-versitaires qualifiés a un effet dévastateursur les systèmes d’enseignement supérieurdu monde en développement. Certains paysne parviennent pas à retenir dans le sys-tème universitaire des titulaires de docto-rats et des chercheurs en nombre suffisantpour seulement pourvoir les postes d’ensei-gnement ; quant à entreprendre desrecherches importantes, ce n’est même pasla peine d’y songer.

Qu’est-ce qui pourrait donc inciter les plustalentueux des étudiants, des chercheurs etdes maîtres de conférence à rester ? Desperspectives de travail et de carrière stimu-lantes, suggèrent la plupart des publica-tions consacrées à ce sujet.

Ce n’est pas chose aisée pour des systèmesd’enseignement supérieur qui manquentcruellement de moyens financiers. Néan-moins, les universités cherchent à tourner àleur avantage la transformation des struc-tures de financement et l’évolution de lamission de service public. L’une des solutionsenvisagées consiste à orienter lesrecherches vers les domaines offrant la plusforte probabilité d’excellence académiquepour les universitaires et permettant deproposer aux diplômés des emplois rémuné-rés à plein temps.

La circulation des cerveauxAinsi, en Ouganda, le département d’agricul-ture de l’Université de Makerere a su adap-ter les cours de premier cycle de l’enseigne-ment supérieur au contexte local de l’em-ploi. Les services de vulgarisation de l’uni-versité ont à leur tour stimulé l’investisse-ment national en faveur de l’infrastructureet des capacités de recherche et développe-ment universitaires.

dans les situations les plus dramatiques,l’instabilité politique et les violations desdroits de l’homme en dissuadent plus d’unde rentrer au pays.

Pour ceux-là, la « participation virtuelle » àl’édification de la nation est désormais uneoption, grâce aux technologies qui facilitentle partage des connaissances et la transfor-mation des compétences spécialisées encapital économique, social et culturel.

Les réseaux de la diaspora offrent « une pos-sibilité majeure de faire de la fuite des cer-veaux telle qu’on la connaissait jusqu’ici…[le]nouveau ‘brain-trust’ de l’Afrique », observeJohn Sarpong, créateur d’Africast.com, l’undes principaux portails Internet pour lesAfricains vivant à l’étranger.

Autre exemple, le Digital Diaspora Network(Réseau de la diaspora numérique). Lancéepar les Nations Unies en juillet 2002, cetteinitiative vise à mettre en place un réseaud’experts et d’entrepreneurs spécialistes del’informatique au sein de la diaspora afri-caine d’Europe et d’Amérique du Nord.

Un casse-tête pour les universitésPartout dans le monde, la fuite des cerveauxest un véritable casse-tête pour les univer-sités, qui doivent s’adapter à des marchés del’emploi mobiles et concurrentiels.

Du fait de la valorisation des compétences,du moins dans les pays industrialisés, lesuniversités se voient obligées, pour attirer à

Seddoh évoque « les avantages immensesqu’offre la migration internationale à l’indi-vidu, dans les pays d’origine comme dans lespays de destination, que ce soit en termesd’enrichissement des compétences et desexpériences ou de transfert des savoirs etdes technologies via les réseaux et lescontacts ».

Cette réflexion est reprise par Mark Regets,de l’Institut pour l’étude du travail de Bonn,Allemagne, pour qui « bon nombre desretombées globales de la migration – créa-tion et transfert de connaissances, consti-tution d’une main-d’œuvre instruite et qua-lifiée et développement des relations com-merciales – sont, dans une certaine mesure,partagées par les pays situés aux deuxextrémités de la chaîne migratoire ».

Des partenaires pour le développement localDe nombreux expatriés contribuent déjàmassivement à l’économie de leur pays pardes transferts de fonds à destination de leurfamille. L’apport des Ghanéens de l’étrangerà l’économie nationale s’élève ainsi à400 millions de dollars par an, ce qui repré-sente la quatrième source de devises étran-gères du Ghana.

Mais ils sont beaucoup plus nombreuxencore à vouloir utiliser leurs spécialisa-tions, leurs compétences et leur capitalpour devenir de véritables partenaires dudéveloppement local et national. Et celamême si les mauvaises conditions de vie et,

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Fuite des cerveaux : perdre pour gagner ?

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Les étudiants africains, champions du monde de la mobilitéLes étudiants de l’enseignement supérieur originaires d’Afrique subsaharienne sont lesplus mobiles au monde : un sur 16 part étudier à l’étranger, selon un rapport de l’Institutde statistique de l’UNESCO (ISU).

« Ce rapport montre que le dynamisme de l’enseignement supérieur est dû aux étudiantsafricains, arabes et chinois. Ce sont eux la force motrice de l’internationalisation del’enseignement supérieur », déclare Hendrik van der Pol, directeur de l’ISU.

De 1999 à 2004, le nombre d’étudiants mobiles dans le monde a progressé de 41 %,passant de 1,75 à 2,5 millions. Ces chiffres ne signifient pas que les étudiants soient plusnombreux à se déplacer ; ils sont plutôt le reflet de l’expansion rapide de l’enseignementsupérieur : le nombre d’inscriptions dans le supérieur a lui aussi fait un bond de près de 40 % au cours de cette période.

Six pays accueillent 68 % des étudiants mobiles du monde : les États-Unis (23 %), suivisdu Royaume-Uni (12 %), de l’Allemagne (11 %), de la France (10 %), de l’Australie (7 %)et du Japon (5 %).

Contact : [email protected]

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En Inde, le succès quasi légendaire des par-tenariats université/industrie, des jume-lages avec des instituts technologiquesaméricains et des transferts de technolo-gies et de connaissances organisés par ladiaspora indienne depuis la Silicon Valley alargement contribué à l’essor du secteurdes TIC dans la région de Bangalore.

Les universités tirent également parti de lanotion de « circulation des cerveaux » pourmettre en place des dispositifs inédits etcapables de retenir ou de faire revenir lesmaîtres de conférence et les étudiants lesplus brillants. Les cours du premier cycle del’enseignement supérieur peuvent ainsi êtrecomplétés par des cours spécialisés et inten-sifs de courte durée à l’étranger. Parallèle-ment à cela, les programmes d’échangeencouragent les universitaires à revenir àtitre temporaire dans leur pays d’origine pourdonner des conférences ou apporter un appuitechnique à un projet de développement.

Le projet Transfer of Knowledge throughExpatriate Nationals (transfert des connais-sances par l’intermédiaire des nationauxexpatriés, TOKTEN) mis en œuvre à l’Univer-sité du Mali, illustre bien comment un pro-gramme peut exploiter les effets positifs de

DOSSIER

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Un partenariat public/privé offre des solutions à l’Europe du Sud-Est

Le conflit des années 1990 en Europe du Sud-Est s’est soldé par des pertes immenses en vies humaines ; il a aussi entraînéune détérioration des capacités intellectuelles : dans denombreux pays, jusqu’à 70 % des professionnels ont émigré,et sur certains campus universitaires les deux tiers des postesd’enseignement et de recherche ont disparu, ce qui a eu un effetdévastateur sur les capacités de recherche scientifique etd’enseignement supérieur.

Cependant, de jeunes scientifiques d’Europe du Sud-Est ontdésormais la possibilité de communiquer avec leurs collègues del’étranger au moyen d’une très puissante plate-formeinformatique.

Lancée en 2003, l’initiative conjointe UNESCO/Hewlett Packard« Piloting Solutions for Alleviating Brain Drain in South EastEurope »(Vers des solutions pour réduire l’exode descompétences en Europe du Sud-Est) a pour ambition detransformer la perte des compétences en gain de compétence.

Au total, sept universités en Albanie, en Bosnie-Herzégovine, enSerbie et dans l’ex-République yougoslave de Macédoine ont étédotées par Hewlett Packard de matériel ultramoderne qui leurpermet de mettre en commun la puissance de leurs ordinateurset leurs capacités de stockage des données.

Le projet s’appuie sur une technologie de pointe, le calculpartagé (grid computing), « suffisamment probante pourpersuader les individus les plus brillants qu’il n’est plusnécessaire de regarder au-delà des frontières pour accéder à la technologie de pointe », selon John Saw, directeur dumarketing et responsable du mécénat de Hewlett PackardInternational Sales Europe.

Les universités participantes ont réussi à constituer, à l’échellede la région, des équipes composées d’universitaires, descientifiques et de responsables politiques qui tous travaillenten étroite collaboration. À l’Université de Belgrade, par exemple,de jeunes ingénieurs sont restés dans le pays pour mener desexpériences utilisant la technologie du calcul partagé. Lesréunions organisées autour du projet font également beaucouppour aider à surmonter les barrières qui subsistent au niveauinterrégional.

« Le projet a non seulement renforcé les capacités scientifiqueset éducatives à l’échelle nationale, il a aussi rétabli le dialogueentre les jeunes chercheurs de la région après des annéesd’interruption », indique Stamenka Uvalic-Trumbic,coordinatrice du programme pour l’UNESCO.

Une brochure consacrée au projet paraîtra prochainement.

Contact : [email protected]

la « circulation des cerveaux ». Initiativeconjointe du Gouvernement malien, del’UNESCO et du Programme des NationsUnies pour le développement (PNUD), ce pro-jet, lancé en 1996, encourage les universi-taires, les experts, les professeurs et leschercheurs maliens vivant à l’étranger àeffectuer des missions d’enseignement decourte durée.

De même, l’initiative Universitaires sansfrontières (USF) de l’UNESCO entend facili-ter les missions bénévoles de courte duréequ’effectuent des universitaires et des pro-fesseurs retraités originaires du monde endéveloppement et désireux d’aider desenseignants dans des universités sélection-nées de leur pays d’origine.

Tout aussi innovant est le projet UNESCO/Hewlett Packard en Europe du Sud-Est, qui apour but de stimuler l’environnement scien-tifique et entrepreneurial indispensable àl’excellence académique. Il met en effet à ladisposition des étudiants candidats à l’émi-gration une plate-forme qui leur permet derester en contact avec les personnes faisantautorité dans leur domaine de compétence,essentiellement par l’accès aux biblio-thèques de l’étranger et la coopération avec

leurs compatriotes émigrés.« Les initiativesde ce genre contribuent beaucoup à conte-nir le flux de ceux qui, sans quoi, partiraientdéfinitivement », explique la coordinatricedu programme pour l’UNESCO, StamenkaUvalic-Trumbic.

La fuite des cerveaux est-elle inéluctable ?La Commission économique de l’ONU pourl’Afrique et l’Organisation internationalepour la migration le disent : à l’avenir, il serapeut-être encore plus difficile de retenir lesprofessionnels qualifiés dans les pays endéveloppement. En raison du déclin du tauxde natalité et du vieillissement de la popula-tion, la demande de main-d’œuvre dans lespays du Nord est appelée à s’accroître.À l’ère de la mondialisation où la libre circu-lation des capitaux est encouragée, il paraîtbien difficile de vouloir restreindre la librecirculation de la main-d’œuvre qualifiée.

Pour les responsables politiques, la difficultéconsiste à définir des stratégies novatricespour faire face à ces dures réalités. Mais ilfaut avant tout que les gouvernements lais-sent s’épanouir le potentiel des communau-tés de la diaspora pour permettre à celles-cide contribuer utilement au développementde leur pays.

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Reconstruire le système éducatif soudanais

Vingt années de guerre civile se sont soldéespar une augmentation tragique du tauxd’analphabétisme, qui a franchi la barre des50 % dans le Nord-Soudan et atteint 87 %dans le Sud. L’accord de paix historique de2005 suscite cependant un nouvel élan d’es-poir. Le Président du Gouvernement du Sud-Soudan, Salvaa Kiir Mayardit, a ainsi l’ambi-tion de réduire de moitié le taux d’analpha-bétisme d’ici à 2010. « Nous sommes sortisd’une guerre », a-t-il récemment déclaré.« Il ne nous reste plus qu’un combat à livrer :la lutte contre l’analphabétisme. »

Citant les propos du Président, IbrahimaSidibe, chef de la nouvelle antenne del’UNESCO à Khartoum, expose dans un entre-tien accordé à L’éducation aujourd’hui lesdifficultés colossales auxquelles se heurtentles systèmes éducatifs soudanais.

Quel est le rôle de l’éducation dans la reconstruction du Soudan ?L’éducation a été en fait l’une des principalescauses de la guerre, même si elle apparaîtégalement comme l’une des principales voiesde la paix et de la réconciliation. Le qua-trième pilier de l’éducation, apprendre àvivre ensemble, était tout simplement

absent du système éducatif. Le Soudann’était pas perçu comme formant unesociété multiculturelle. Nous devons impéra-tivement nous interroger sur le type de sys-tème éducatif qu’il nous faut bâtir pour queles citoyens soudanais acceptent le Soudandans toute sa diversité et œuvrent à l’édifi-cation d’un pays pacifique et progressiste.

Quelle est, selon vous,la plus grande difficulté ?Il faut bien sûr construire des salles declasse et autres équipements, mais c’est sur-tout le système lui-même qui a besoin d’êtrereconstruit. Le pays doit entreprendre uneréforme des programmes d’enseignement,de la formation des enseignants et de la ges-tion. Il doit également renforcer le rôle et laparticipation des communautés locales.

Quel est le rôle de l’UNESCO dans le cadre de ces réformes ?Nous devons faire entrer le pays dans l’édu-cation du XXIe siècle. Il ne s’agit pas seule-ment de savoir lire et écrire, il faut mettreles compétences scientifiques et technolo-giques au cœur de l’enseignement. Nousdevons renforcer les capacités des collecti-vités locales dans des domaines comme le

chiffrage, le financement et la planificationde l’éducation.

L’UNESCO appuie la campagne de l’UNICEF« Allez à l’école » en mettant en place desmécanismes destinés à améliorer les pro-grammes afin que les enfants ne se conten-tent pas d’aller à l’école mais qu’ils y restent.L’UNESCO fournit une assistance techniquepour la refonte des contenus des pro-grammes d’enseignement et l’améliorationdes méthodes pédagogiques. En adaptant lescontenus d’apprentissage aux besoins desenfants et de leurs parents, elle entendcontribuer à renforcer le rôle et l’efficacitéde l’éducation de façon à permettre à un plusgrand nombre d’enfants soudanais d’acheverun cycle d’études complet.

Enfin, parce que le Soudan sort d’un conflit,le nombre de personnes déplacées est trèsélevé. Il faudra aussi compter avec le retourdes millions de Soudanais qui se sont instal-lés dans les sept ou huit pays voisins, présen-tant une grande hétérogénéité de langues etde niveaux d’instruction. L’UNESCO devras’assurer que le nouveau système éducatifsoudanais aura la capacité d’absorber cesmillions de personnes supplémentairesvenues d’horizons si divers.

Quelles sont les questions les plus urgentes ?En premier lieu, au Soudan, il faut que toutsoit enseigné conformément à l’approche« un pays, deux systèmes ». Le Sud-Soudandoit reconstruire d’urgence des salles declasse car tout a été dévasté. Dans le Nord, ilfaut aussi reconstruire, mais surtout procé-der à la refonte des programmes, de façon à intégrer tous les citoyens soudanais.

J’aurai acquis la preuve que le Soudan aréussi à promouvoir la diversité lorsque toutcitoyen soudanais, qu’il soit originaire duNord, du Sud, de l’Ouest ou du Darfour, pourras’asseoir dans une salle de classe n’importeoù dans le pays pour apprendre à être, àconnaître, à faire et à vivre avec les autres.

Contact : [email protected]

Entretien avec Ibrahima Sidibe, chef de la nouvelle antenne de l’UNESCO à Khartoum

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Les enfants soudanais reprennent le chemin de l’école.

Pour en savoir plus : w

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Il manque 7,6 milliards dedollars pour que les pays endéveloppement, en Afrique

en particulier, parviennent à réaliser les objectifs clés de l’éducation de base. C’est ce qu’a indiqué le Directeurgénéral de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, devant les partici-pants au Sommet du G-8 qui se tenait à Saint-Pétersbourg(Fédération de Russie) du 15 au 17 juillet 2006. KoïchiroMatsuura a également pressé les pays en développement de tout mettre en œuvre pour mobiliser les ressourcesnationales. Il faudra malgré tout réunir des fonds consi-dérables pour permettre à ces pays d’atteindre les sixobjectifs de l’Éducation pour tous d’ici à 2015. On estime

ainsi qu’à l’échelle du monde, le total de l’aide extérieureconsacrée à l’éducation de base devra atteindre12 milliards de dollars par an.

Les chefs d’État et de gouvernement du G-8 ont réaffirméleur engagement en faveur de l’EPT dans le document surl’éducation approuvé par le Sommet du G-8 : « L’Éducationpour une société de l’innovation au XXIe siècle ». Ils ontsalué « les efforts déployés par l’UNESCO pour mettre aupoint un Plan d’action global permettant d’atteindre lesobjectifs de l’EPT et d’offrir à l’aide multilatérale un cadred’action coordonné et complémentaire à l’appui de la miseen œuvre au niveau des pays ».

La suppression des frais de scolarité, la lutte contrele travail des enfants, l’éducation dans les Étatsfragiles et la nécessité de mettre en œuvre uneéducation attentive à l’exigence d’équité entre lessexes pour faire face à l’épidémie du VIH et du sidaétaient à l’ordre du jour de la septième réunion duGroupe de travail sur l’EPT, qui s’est tenue au Siègede l’UNESCO, à Paris, du 19 au 21 juillet 2006.

Le Directeur général de l’UNESCO, M. KoïchiroMatsuura, a appelé le Groupe de travail à mettre à profit son « expertise, son expérience et sesressources pour aider les pays en développement àsurmonter [ces obstacles] de manière systématiqueet cohérente ».

Le Directeur général a également mis en avant l’importance que revêt l’accès à l’éducation dans les États fragiles. Il a demandé au Groupe de travailde ne pas faire porter tous ses efforts sur le réta-blissement des services mais de veiller également àla reconstruction des institutions, tâche autrementcomplexe s’inscrivant dans un processus à beau-coup plus long terme.

Le Groupe de travail formulera des recommanda-tions concernant la mise en œuvre du Plan d’actionglobal, en particulier à l’échelle des pays. L’UNESCOcoordonnera pendant les deux années à venir l’examen et le bilan des progrès de l’EPT au niveaunational, le but étant d’améliorer la contribution à l’élaboration des politiques nationales.

La sixième réunion du Groupe de haut niveau surl’EPT se tiendra du 14 au 16 novembre 2006 au Caire(Égypte), dans le sillage du lancement, au mois d’oc-tobre, du Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2007consacré à l’éducation et à la protection de lapetite enfance.

Contact : [email protected]

Quel est le thème du Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2007 ?

Notre thème est, cette année, l’éducation etla protection de la petite enfance (EPPE), quiest le premier des six objectifs de l’EPT. Alorsque les efforts engagés en vue de la réalisa-tion de l’enseignement primaire universeloccupent une place prédominante dans lespolitiques nationales et internationales, lessix ou huit premières années de la vie nesuscitent qu’un intérêt minime. C’est unegrave erreur. L’accompagnement des enfantspendant ces premières années permet d’éta-blir des bases solides qui formeront le soclede tous les apprentissages futurs. Droits del’homme, réduction de la pauvreté : toutmilite fortement en faveur de l’EPPE.

Quelle est l’importance de l’EPPE en matière de développement social,

d’équité entre les sexes et de réduction de la pauvreté ?Dans le monde en développement, chaqueenfant qui naît a quatre chances sur dix devivre dans des conditions d’extrême pauvreté.Plus de 10 millions d’enfants de moins de cinqans meurent chaque année, la plupart demaladies qu’il est possible de prévenir. Lesprogrammes d’EPPE de qualité combinentsanté, nutrition, hygiène, stimulation et lesinteractions sociales propres à favoriser ledéveloppement et l’apprentissage de l’enfant.Lorsque les tout-petits participent à desprogrammes d’EPPE, leurs sœurs aînées et les autres femmes de la famille n’ont plus à s’occuper des enfants, tâche qui constitue

souvent un frein à l’assiduité scolaire.Les programmes d’EPPE sont d’un très bonrendement économique, en particulier dans le cas des enfants issus des familles pauvres.Ils jouent donc un rôle déterminant dans la réduction de la pauvreté, finalité primor-diale des Objectifs du Millénaire pour le développement.

Quel est le plus grand défi pour l’EPT ?Pour réaliser ne serait-ce que l’objectif

relatif à l’enseignement primaire d’ici à 2015,le temps nous est compté. Notre action doitimpérativement être animée d’un sentimentd’urgence. Nous devons faire en sorte quel’éducation soit réellement pour tous. Ce n’estpas le cas actuellement. Nous sommes entrain de perdre de vue l’approche globale duprogramme de Dakar. La plupart des pays –et des organismes d’aide – n’accordent qu’uneattention limitée à l’amélioration de l’alpha-bétisme des adultes et à l’EPPE. On constateune grande disparité entre le taux d’admis-sion et le taux d’achèvement dans le primaire.Le nombre d’enfants non scolarisés demeureélevé, ce qui est inacceptable. Dans trop depays encore, les frais de scolarité et les coûtsindirects constituent un obstacle majeur à la scolarisation des enfants pauvres. S’il estclair que les dépenses publiques d’éducationde base doivent augmenter, il en va de mêmepour l’aide internationale : les niveaux ontaugmenté, mais si nous voulons que les objectifs de l’EPT soient atteints, l’aide auxpays à faible revenu doit au moins doubler.

[email protected]

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questions àNicholas BurnettDirecteur du Rapport mondial de suivi sur l’EPT

L’EPT au Sommet du G-8

Cap sur l’EPTSeptième réunion du Groupe de travail sur l’EPT

s : www.unesco.org/education/efa/fr

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L’éducation AUJOURD’HUI n° 1810

EN BREF

l’UNESCO) implantées dans les 16 pays parti-cipant au projet de la Grande Route de laVolga : Allemagne, Azerbaïdjan, Bulgarie,Estonie, Fédération de Russie, Finlande,Géorgie, Iran, Kazakhstan, Lettonie, Lituanie,Pologne, Roumanie, Suède, Turquie etUkraine. Des spécialistes du patrimoinemondial et du développement durable avaientégalement embarqué.

Entre expériences pratiques et exposés,les élèves ont pu proposer des solutionsvisant à préserver durablement la bio-diversité et les sites du patrimoine mondialde la région. « Quand des élèves commencentà apprendre par la pratique, avec leurs enseignants comme partenaires, l’expériencevaut d’être tentée », déclare BernardCombes, de l’UNESCO.

Mis en œuvre par une équipe inter-sectorielle composée de représen-tants du Bureau de l’UNESCO àMoscou et du Siège de l’Organisa-tion à Paris, le projet de la GrandeRoute de la Volga compte parmi les toutes premières grandes initia-tives sur l’éducation d’envergurerégionale destinées à contribuer de manière concrète à la Décenniedes Nations Unies pour l’éducationen vue du développement durable(2005-2014).

Contact : [email protected]

La Volga, le fleuve le plus long d’Europe,connaît de nombreuses difficultés environne-mentales. Pour étudier ces problèmes, desétudiants participent à un forum internatio-nal à bord d’un bateau. L’étude au fil de l’eau,que rêver de mieux ?

« Le long de la Grande Route de la Volga : desjeunes embarquent pour explorer le patri-moine mondial, le développement durable etles TIC », une croisière scientifiqueorganisée dans le cadre du projetde la Grande Route de la Volga del’UNESCO, a relié Moscou à Yaroslav(Fédération de Russie) entre le 16 etle 20 mai 2006. Les expéditions surle terrain organisées au cours dupériple ont permis aux étudiantsd’observer en situation réelle desproblèmes de développementdurable.

À bord du bateau se trouvaient47 enseignants et élèves d’écolessecondaires du RéSEAU (Réseau dusystème des écoles associées de

« Succès exceptionnel » de la Conférence de la Maison Blanchesur l’alphabétisation dans le mondeL’UNESCO s’est félicitée du succès exception-nel de la Conférence de la Maison Blanche surl’alphabétisation dans le monde. La Confé-rence, organisée par la Première Dame desÉtats-Unis, Mme Laura Bush, en sa qualitéd’Ambassadrice honoraire pour la Décenniedes Nations Unies pour l’alphabétisation(2003-2012), s’est tenue à New York le18 septembre 2006.

Cette manifestation visait à encourager lesgouvernements à prendre des mesuresconcrètes pour réduire de moitié le tauxd’analphabétisme des adultes dans le monded’ici à 2015. Pendant la Conférence, Mme LauraBush a annoncé que les États-Unis verseraientun million de dollars au profit du Programmed’évaluation et de suivi de l’alphabétisation(LAMP), une initiative de l’UNESCO visant àaméliorer la précision des données mondialessur l’alphabétisation. Le Directeur général del’UNESCO s’est réjoui de cette annonce, esti-mant qu’une amélioration du suivi « étaitabsolument essentielle pour atteindre lesobjectifs mondiaux de l’alphabétisation ».

M. Koïchiro Matsuura a également annoncéque pour maintenir l’élan créé par la Confé-rence de la Maison Blanche, l’UNESCO organi-serait une série de conférences régionales dehaut niveau en 2007 et 2008. « Ces confé-rences », a-t-il ajouté, « seront consacrées auxdéfis régionaux spécifiques de l’alphabétisa-tion dans le but de bâtir une coopérationentre les parties prenantes et de mobiliserdes ressources en vue d’interventionsconcrètes au niveau national. »

Le Président des États-Unis, M. GeorgeW. Bush, la Secrétaire d’État américaine,Mme Condoleezza Rice et la Ministre améri-caine de l’éducation, Mme Margaret Spellings,participaient également à la Conférence,ainsi que 32 épouses et conjoints de leadersmondiaux, 41 ministres de l’éducation et un grand nombre d’autres personnalités.

Contact : [email protected]

Étudier le développement durable le long de la Volga

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Embarquement pour une expérience d’apprentissage exceptionnelle.

Célébrée tous les ans le 8 septembre, la Journée inter-nationale de l’alphabétisation illustre l’importance de l’alphabétisation pour les individus, les communautés etles sociétés. Le thème de l’édition 2006 était « L’alpha-bétisation : un catalyseur du développement ». Des mani-festations ont eu lieu un peu partout dans le monde.

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Comparer les acquisdes élèves : unenouvelle approcheComment les gouvernements peuvent-ils élaborer des politiques efficaces qui améliorentla qualité de l’éducation tout en réduisant lesdisparités entre élèves ? Dans son nouveaurapport, l’Institut de statistique de l’UNESCO(ISU) aborde cette question et fournit auxresponsables politiques un instrument demesure d’une grande utilité.

Sous le titre Learning Divides: Ten Policy Questions about the Performance and Equity of Schools and Schooling Systems (Fractureséducatives : dix questions de politique sur la performance et l’équité des écoles et des systèmes éducatifs), ce rapport présente un outil d’analyse, le « gradient », pour mettre en évidence le lien qui existe entre acquis d’apprentissage et milieu socioéconomique dont les élèves sont issus.

Publié dans le cadre de la série de documents de travail de l’ISU, le rapport met en relief lesdifficultés que rencontrent les responsables politiques mais aussi les possibilités qui s’offrentà eux lorsqu’ils s’attachent à améliorer la qualitéet l’équité des systèmes éducatifs.

Pour en savoir plus et télécharger le rapport :www.uis.unesco.org (sous la rubrique « Documents »).

ÉvénementsLancement du Rapport mondial de suivi sur l’Éducation pour tous 200726 octobre • New York, États-Unis d’AmériqueL’édition 2007 du Rapport, qui a pour thème l’éducation et la protection de la petiteenfance (EPPE), le premier des six objectifs de l’EPT, soutient qu’une prise en chargeprécoce détermine de manière décisive la qualité de vie des enfants, leur éducationfuture, leur santé et leur bien-être.Contact : [email protected]

Sixième réunion du Groupe de haut niveau sur l’EPT • 14-16 novembre • Le Caire, ÉgypteCette réunion annuelle rassemble des chefs d’État, des ministres, des responsablesd’organismes de développement et des représentants de la société civile. Elle s’appuierasur les données et les conclusions du Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2007, qui a pourthème l’éducation et la protection de la petite enfance.Contact : [email protected]/education/efa

Journée mondiale du sida • 1er décembreL’UNESCO célèbre la Journée mondiale du sida par des manifestations au Siège et horsSiège. Le thème de cette année, la responsabilité, a trait aux difficultés liées à laréalisation des objectifs et au respect des engagements mondiaux et plaide en faveurd’une participation accrue et plus efficace de la société civile.Contact : [email protected]/aids

Journée internationale de la langue maternelle • 21 février 2007La Journée internationale de la langue maternelle met à l’honneur les quelque 6 000 langues vivantes du monde et a pour but de promouvoir la diversité linguistiqueet l’éducation multilingue. L’édition 2007 aura pour thème les langues et le cyberespace.Contact : [email protected]/education/imld

Le nouveau portail del’éducation de l’UNESCOLe nouveau portail du Secteur de l’éducation estdésormais accessible en ligne. La navigation a étésimplifiée : graphiques réduits au strict minimum et effortde cohérence et d’accessibilité entre les différentssystèmes d’exploitation. L’objectif visé est de produire etde diffuser des informations et des connaissancespertinentes sur les priorités et les activités de l’UNESCOdans le domaine de l’éducation.

Parmi les nouveautés on trouvera une version actualiséedes profils par pays, une liste complète des réseaux ainsiqu’une série de services inédits comme le recensement desbases de données sur l’éducation, des lignes directrices,des dossiers pratiques, les lettres d’information del’UNESCO et enfin les revues d’éducation. La plupart desdonnées sont disponibles en trois langues (anglais, françaiset espagnol), ou le seront prochainement.

N’hésitez pas à faire part de vos observations et de vossuggestions à [email protected].

www.unesco.org/education

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KIOSQUE

Le Rapport de la sixième réunion ministérielle d’examen de l’E-9 met en relief l’engagement en faveur d’une intensificationdes progrès en vue de la réalisation de l’Éducation pour tous (EPT)au moyen d’une meilleure coopération Sud-Sud entre les neuf paysles plus peuplés du monde (E-9) et avec d’autres pays endéveloppement. La rencontre s’est déroulée à Monterrey (Mexique),du 13 au 15 février 2006. Disponible en anglais uniquement.Contact : [email protected]

Rapport de la cinquième réunion du Groupe de haut niveau sur l’Éducation pour tous. Le rapport fait état d’une volonté sansfaille d’intensifier les progrès de l’EPT au moyen d’une coordinationaccrue et d’une meilleure prise en compte des besoins des pays.Il reconnaît et réaffirme le rôle de la coopération Sud-Sud et du Plan d’action global. Organisée à Beijing (République populaire de Chine) du 28 au 30 novembre 2005, la réunion a rassemblé360 participants. Disponible en anglais et en français.Contact : [email protected]

Expanding the Field of Inquiry: Cross-Country Study of HigherEducation Institutions’ Responses to HIV and AIDS est le premierrapport qui présente, à l’échelle internationale, les réponsesapportées par les instituts d’enseignement supérieur à lapandémie du VIH et du sida. Ce document de 73 pages analyse lesrésultats de 12 études de cas. Disponible en anglais uniquement.Contact : [email protected]

Les enfants de la rue et le VIH/sida.Guide méthodologique pour les intervenants.Ce document de formation d’un emploi très souple est destiné à aider les intervenants quiabordent le thème du VIH et du sida avec lesenfants de la rue. Il met l’accent sur la préventiondes comportements à risque et offre en outre des outils permettant de mesurer l’efficacité des actions. Disponible en anglais et en français.Contact : [email protected]

Le NFE-MIS Handbook propose une méthodologie convivialepour créer un système d’information pour la gestion de l’éducationnon formelle (SIG-ENF). Ce système répond à la demande d’uneapproche pratique et internationalement applicable de laplanification, du suivi et de l’évaluation de l’ENF qui puisse êtreadaptée selon les contextes locaux et les besoins en information.Disponible en anglais uniquement.Contact : [email protected]

Pour une éducation de qualité face au VIH et au sida. Comment les systèmeséducatifs peuvent-ils modifier leur compor-tement face au VIH et au sida ? Ce documentpropose un cadre pour une éducation de qualitéet recense dix grands thèmes d’étude.Disponible en anglais, en français et en espagnol.Contact : [email protected]

Education, HIV and AIDS in Central Africa: How can SchoolsShape Behaviour? Ce rapport présente les résultats de l’atelierrégional sur l’élaboration de programmes d’enseignement sur leVIH et le sida. Il explique en outre comment l’école peut agir surles comportements. Disponible en anglais uniquement.Contact : [email protected]

Synergies between Formal and Non-Formal Education.Ce rapport marque une première étape pour montrer comment lesministères de l’éducation de quatre régions du monde (Amériquelatine, Asie-Pacifique, États arabes et Afrique) établissent dessynergies avec les services d’éducation non formelle. Disponible en anglais uniquement. Contact : [email protected]

Orienter l’enseignement et la formation techniques et professionnels vers le développement durable. Document de discussion. Le document explore des concepts clés tels que la définition du développement durable dans le contexte del’enseignement et de la formation techniques et professionnels(EFTP) et son impact sur le monde du travail. Disponible en anglaiset en français. Contact : [email protected]

Trois nouvelles publications sur la formation des enseignantset le corps enseignant. La première publication fait le point sur l’état des connaissances des enseignants sur le VIH et le sida et formule des propositions sur l’intégration d’informations à but préventif dans les programmes de formation initiale des enseignants. La deuxième présente une analyse comparative de la performance et de l’évaluation des enseignants ainsi que du déroulement de leur carrière professionnelle dans 50 pays et 55 systèmes éducatifs en Europe et en Amérique du Nord. Letroisième document recense sept modèles novateurs de formationinitiale des enseignants en Amérique latine et en Europe.Disponible en espagnol uniquement. Contact : [email protected]

Higher Education in South-East Asia. Cette analyse desdifficultés que rencontre l’enseignement supérieur en Asie du Sud-Est met en lumière les interactions entre les tendances de l’enseignement supérieur au niveau mondial et les besoins et le développement à l’échelle nationale et régionale. Disponibleen anglais uniquement. Contact : [email protected]

Toutes les publications de l’UNESCO sur l’éducation sont accessiblessur : www.unesco.org/education/publications

L’éducation aujourd’hui est un bulletin d’information trimestriel consacré aux évolutions actuelles de l’enseignement, aux projetsentrepris dans le monde en faveur de l’éducation pour tous et aux activités éducatives de l’UNESCO. Il est publié par le Secteur del’éducation de l’UNESCO en anglais, arabe, chinois, espagnol, français, portugais et russe. Les articles ne sont pas soumis à la législationsur le droit d’auteur et peuvent être librement reproduits, à condition de mentionner qu’ils proviennent de L’éducation aujourd’hui.Rédaction : Anne Müller, Jean O’Sullivan, Géraldine De St Pern • Ont collaboré à ce numéro : Annie Mathieu, Carmela Salzano, p. 4-7.Assistante de rédaction : Martine Kayser • Version française : Béatrice Laroche et Patricia Toïgo • Conception graphique : PiloteCorporate • Maquette : Sylvaine Baeyens • Crédits photographiques (couverture) : Berthold Egner ; UNESCO/ASPnet/Karin Hunziker ;UNESCO/Brendan O’Malley ; UNESCO/Georges Malempré ; UNESCO/Spier-Donati. ISSN 1814-3970

L’éducation aujourd’hui, Bureau exécutif, Secteur de l’éducation, UNESCO •7, place de Fontenoy •75352 Paris 07 SP •FranceTél. : 33 1 45 68 21 27 • Fax : 33 1 45 68 56 26-27 • E-mail : [email protected]

Pour en savoir plus : www.unesco.org/education/frOrganisation des Nations Unies pour

l’éducation, la science et la culture

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