Forme péronière dune dystrophie musculaire facio-scapulo-humérale, liée à une délétion...
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Forme péronière d’une dystrophie musculaire facio-scapulo-humérale, liée à une délétion chromosomique
4q35
Dr B. Zeevaert1, Prof B. Sadzot2,
Dr M. Deprez3, Dr F. Wang1
1. Service d’électromyographie et de médecine de l’appareil locomoteur ; 2. Service de neurologie ; 3. Service de neuropathologie
CHU du Sart-Tilman, Université de Liège
XXVI° Congrès de la Société d’ Electromyographie Palais des Congrès, Bruxelles 2002
Cas clinique: Mme D.D., 57 ans• Motifs de consultation
– apparition brutale d’un drop-foot bilatéral (gauche >> droite)
– faiblesse diffuse et évolutive des membres inférieurs depuis ±20 ans
– limitation du périmètre de marche : ± 200 mètres
• Antécédents– héréditaires
• mère décédée (recours progressif à la chaise roulante)
• père décédé (pathologie pulmonaire)
• 1 frère décédé (infarctus myocardique), 1 sœur (bonne santé)
• 2 fils (sans plaintes)
– personnels • tabac : 15 cigarettes/jour
• alcool : 4 à 5 bières/jour
Examen clinique
• Taille : 1,58 m; Poids : 70 kgs; dyspnée de déshabillage
• Obésité tronculaire, gérotoxon
• Marche : steppage bilatéral (drop-foot sévère à gauche, discret à droite)
• Manœuvres de Romberg, du serment et de Mingazzini : négatives
• ROT des membres supérieurs : très vifs
• ROT des membres inférieurs : achilléens abolis, rotuliens présents
• Réflexes cutanés plantaires : indifférents
• Pas d’anomalie relevée au niveau du segment facial à l’exception d’un réflexe de moue
Conclusion : Signes neurologiques périphériques avec drop-foot prédominant à gauche en présence d’une abolition des réflexes achilléens Hospitalisation
Amplitude (µV) VCS (m/sec)
Nerf sural droit 14 48,3
Nerf sural gauche 17 48,3
Nerf peroneus superficiel droit 8,5 53,2
Nerf peroneus superficiel gauche 13 53,2
Étude de la conduction sensitive
Étude de la conduction motrice
Amplitude (mV) VCM (m/sec) Bloc conduction
Nerf peroneus droit 2,8 46,6 Aucun
Nerf peroneus gauche 3,4 46,5 Aucun
Nerf peroneus profundus droit 6,3 53,2 Aucun
Nerf peroneus profundus gauche 1,4 54,2 Aucun
Nerf tibialis droit 12,7 52,8
Nerf tibialis gauche 15,8 52,9
Examen électromyographique
Examen électromyographique
60 %45,3Réponses F S1 gauches
90 %44,2Réponses F S1 droites
100 %43,2Réponses F L5(S1) gauches
100 %45,0Réponses F L5(S1) droites
PersistanceLatence F-M
Ondes F
0,132,2Réflexe H S1 gauche
0,132,1Réflexe H S1 droit
Rapport H/MLatence H
Réflexe de Hoffmann pour la racine S1
Analyse quantifiée du tracé électromyographique interférentiel
Jambier antérieur droit ( ) et gauche ( )
Relation T/A maximal versus T/A moyen (peak-ratio)
Méthode du cloud
B. Zeevaert, F.C Wang Quantification ot the interferential electromyographic pattern (IEP) by usign a normative area defined by the maximal and the mean value of turns:amplitude ratio. J. Neurol., 249(suppl.1), 2002
Analyse quantifiée des potentiels d’unité motrice
Surface Normative
Relation entre le log(amplitude) et la durée moyenne des PUMs (Jambier antérieur droit)
Durée moyenne polyphasique
Jambier antérieur droit 5,9 msec 25 %
Jambier antérieur gauche 3,7 msec 8 %
Jumeau interne gauche 4,4 msec 0 %
Pédieux gauche 4,4 msec 0 %
Biceps brachial droit 7,8 msec 0 %
Vaste latéral droit 9,2 msec 0 %
Atteinte myogène à topographie huméro-péronière
Exploration complémentaire
• Biologie :– normale sauf VGM : 99,6 (normale < 97, 8)– CK totale : 139 ( 0-150); CK-MB : 14,7 (0-9); CK-MB/CK totale : 10,6 (0-5)
• ECG, échocardiographie, holter : normaux
• EEG : normal; IRM cervicale : discret canal cervical étroit
• Potentiels évoqués moteurs : normaux
• Biopsie musculaire : Vaste latéral gauche
– peu spécifique
– vacuole bordée unique évoquant une myopathie distale ou une myosite à inclusions
– biopsier un autre site plus atteint
Scanner musculaire membres inférieurs
Biopsie musculaire: jambier antérieur droit
• Signes de myopathie chronique dystrophique, sans caractère spécifique
• irrégularité de calibre des fibres
• excès de noyaux en position interne
• rares fibres basophiles en régénération
• Imuno-histochimie :
– dystrophine: normale
– sarcoglycanes normale
– mérosine : normale
– ubiquitine : normale
– dysferline : normale
– émérine : normale
Dystrophie musculaire tibiale de Udd (?)
(HE, G.O. 200X, muscle congelé)
Exploration familiale
• Fils (33 ans)– réputé sain, pas de plaintes spontanées
– antécédents : hyperCKémie (hospitalisation antérieure en cardiologie : négative)
– interpellation : faiblesse diffuse présente depuis des années,
– examen clinique : amyotrophie facio-scapulo-humérale, scapula winging
– EMG : signes myogènes diffus
• Neveu (35 ans)– faiblesse du bras droit
– EMG : signes myogènes biceps brachial droit
Transmission autosomique dominante
Anamnèse et examen clinique complémentaires
• Anamnèse– hypoacousie bilatérale
– larmoiement important
• Examen clinique– amyotrophie topographie scapulo-péronière asymétrique
• jambiers antérieurs (G>>D)
• biceps brachiaux >> avant-bras (bras de Popeye)
• discret scapula « winging » à droite surtout
– ptôse abdominale inférieure (obésité tronculaire)• signe de Beevor +
– Face• visage inexpressif, sourire transversal, perte de la queue du sourcil
Conclusion
• Dystrophie musculaire• héréditaire : transmission autosomique dominante
• topographie scapulo-péronière asymétrique (+ faciale)
• hypoacousie
Analyse génétique du locus 4q35 par les sondes EcoRi et BlnI
Délétion de la séquence répétitive D4Z4 au niveau du locus 4q35 créant un fragment anormalement court de 21kB caractéristique de la dystrophie musculaire facio-scapulo-humérale de Landouzy-Déjérine
Dystrophie musculaire facio-scapulo-huméraleMyopathie de Landouzy et Dejerine (1885)
• Prévalence : 1 / 20000, >• Transmission autosomique dominante
( pénétrance : 95% à 20 ans)
• Délétion séquence répétitive D4Z4 du chromosome 4q35 (95 % familles)
• Début entre 3 et 44 ans (deuxième décennie)
• Atteinte musculaire atrophiante, bilatérale, asymétrique, sélective et de sévérité variable– face (orbiculaire des yeux et bouche)
– grand dentelé, biceps brachial, grand pectoral
– jambier antérieur
– respect : deltoïde, pédieux
• Atteintes associées : auditive, rétinopathie, arythmie cardiaque, épilepsie, retard mental
Wijmenga C. et al.(1990) Location of facioscapulohumeral dystrohpy gene on chromosome 4. Lancet 336: 651-653
Critères diagnostics de la dystrophie musculaire facio-scapulo-humérale
• début de la maladie au niveau des muscles faciaux ou de la ceinture scapulaire avec absence d’atteinte de la musculature extraoculaire, pharyngée, linguale et myocardique
• faiblesse faciale chez plus de 50% des membres d ’une famille atteinte
• hérédité autosomique dominante dans les cas familiaux
• signes d’affection myopathique à l’électromyogramme ou lors de la biopsie musculaire dans au moins un membre affecté sans caractère spécifique d’un diagnostic alternatif
Padberg GW, Lunt PW, Koch M, Fardeau M (1991) Diagnostic criteria for facioscapulohumeral muscular dystrophyNeuromusc Disord 1(4) : 231-234Tawil R, Figlewicz DA, Griggs RC et al.(1998) Facioscapulohumeral muscular dystrophy: a distinct regional myopathy with a novel molecular pathogenesis. Ann Neurol 43: 279-282
Dystrophie musculaire facio-scapulo-humérale sans atteinte faciale
• Élargissement du spectre FSHD aux formes cliniques sans atteinte faciale
• Felice et al. (2000) FSH dystrophy 4q35 deletion in patients with facial-sparing scapular myopathy Neurology 54 : 1927-1931
• van der Kooi et al.(2000) Extension of the clinical range of facioscapulohumeral dystrophy : report of six cases J Neurol Neurosurg Psychiatry 69 : 114-116
• Felice et al. (2001) Unusual clinical presentations in patients harboring the facioscapulohumeral dystrophy 4q35 deletion Muscle & Nerve 24 : 352-356
• Jardine et al.(1994) A scapular onset dystrophy without facial involvement: possible allelism with facioscapulohumeral muscular dystrophy Neuromusc.Disord. Vol4:N°5/6:477-482
• Difficultés du diagnostic différentiel des syndromes scapulo-péroniers
Diagnostic différentiel des syndromes scapulo-péroniers
• Neuro(no)gènes– Amyotrophie spinale
• Syndrome Stark-Kaeser liée au chromosome 12
• liée au chromosome 9p21.1-p12
• Autres syndromes discutés
– Neuropathies périphériques
• Syndrome de Davidenkow (CMT 1)
• Myogènes– Dystrophie musculaire FSH
– Polymyosite
– Dystrophie myotonique de Steinert
– Myopathie congénitale
• Myopathie à némaline
• Myopathie centronucléaire
– Myopathie métabolique• Déficience en maltase acide
– Dystrophie musculaire scapulopéronière
– Dystrophie musculaire d’Emery-Dreifuss
– Myopathies distales• Myopathie distale AD de Gowers
• Dystrophie musculaire tibiale
• Myopathies distales AR à vacuoles bordées
Myopathie congénitale à némaline (NEM)
• Loci :– NEM 1 : 1q21-q23 -tropomyosine (AD)
– NEM 2 : 2q21. 2-22 nébuline (AR)
– NEM 3 : 1q42.1 -actine (AD ou AR)
– NEM 4 : 9p13 -tropomyosine (AD)
– NEM 5 : 19q13 troponine T (AR)
• Début et sévérité clinique très variable
• CPK normales dans 90% des cas
• Forme débutant à l’âge adulte les moins sévères
• Aspect histologique commun :– bâtonnets
• résidus de stries Z ( longueur:1 à 7 µm),
• prédominant dans le fibres de type 1,
• composés alpha actinine, actine, ...
Trichrome de Gomori
Myopathie congénitale centronucléaire
• Locus chromosomique : 12q21
• Protéine : MYF6– facteur de détermination musculaire
• Début dans la grande enfance ou à l ’âge adulte
• Faiblesse scapulo-péronière– associée à des crampes des segments
jambiers
– ophtalmoplégie
– faiblesse faciale
• CPK normaux ou faiblement augmentés
• Biopsie : irrégularité de taille des fibres, aspect de fibres en anneau et noyau centraux
Forme adulte
Myopathie métabolique : déficience en maltase acide (acide 1,4-glucosidase)
• Gravité proportionnelle activité enzymatique résiduelle :– début néonatal (mort < 1 an)
– début petite enfance (mort entre 3 et 24 ans)
– début adulte
• Transmission AR, locus 17q23
• Symptômes forme adulte:– fatigue ou faiblesse proximale
– détresse respiratoire (1° symptôme : 30% des cas)
– hypertension pulmonaire
– atteinte focale : chef sternal Gd pectoral, adducteurs cuisse, amyotrophie paravertébraux
• EMG : signes myogènes + irritatifs– potentiels de fibrillation, myotonie
Biopsie : Myopathie vacuolaire
HE
Coloration PAS +
Dystrophie musculaire scapulo-péronière
• Locus : – type 1 : 12q13.3-q15, transmission autosomique dominante
– type 2 : ?, transmission autosomique dominante
• début entre 20 et 58 ans
• atteinte initiale aux muscles péroniers avec progression asymétrique ascendante à la ceinture pelvienne et scapulaire mais respect de la face
• atteintes associées : décompensation cardiaque, atteinte auditive
• parfois phénotype très sévère avec :• quadriplégie
• insuffisance respiratoire précoce
• mort subite
• CPK élevés (1 à 5 fois la normale)
• Biopsie : lésions dystrophiques avec des inclusions cytoplasmiques centrales ou sous-sarcolemmiques éosinophiles hyalines contenant de la desmine et de la dystrophine
Wilhelmsen et al.(1996) Chromosome 12-linked autosomal dominant scapuloperoneal muscular dystrophy. Ann Neurol 39(4): 507-520
Dystrophie musculaire d’Emery-Dreifuss• Deux formes :
– transmission récessive liée à l ’X ( Xp28, Emerine)
– transmission autosomique dominante ou récessive(1q21-1q23, lamins A/C)
• Triade symptomatique:– rétractions musculo-tendineuses précoces (coudes,
tendons d ’Achille et muscles cervicaux postérieurs);
– atrophie et faiblesse musculaire à topographie scapulo-péronière
– atteinte cardiaque caractéristique aboutissant au PCMK• évolution stéréotypée en 10 à 15 ans
– troubles de l’automation ( fibrillation auriculaire, paralysie auriculaire)
– troubles de la conduction ( bloc partiel ou complet)
– dysfonction cardiaque
Sujet EMD
Sujet normal
Hodgson S et al (1986) A linkage study of Emery-Dreifuss muscular dystrophy. Hum Genet 74(4): 409-416
Bonne GB et al. (1999) Mutations in the gene encoding lamin A/C cause autosomal dominant Emery Dreifuss muscular dystrophy. Nat Genet 21 : 285-288
Immuno-histochimie Emerine
Myopathie distale autosomique dominante de Gowers(MPD1)
• Locus chromosomique : 14q11.2-q13,
• gène candidat : chaîne myosine cardiaque
• Transmission autosomique dominante, surtout en Allemagne et en Autriche
• Début précoce ( entre 1,5 et 25 ans)
• Atteinte musculaire:– Initialement : muscles distaux des jambes (JA) et les muscles fléchisseurs du
cou (SCM) et parfois les muscles faciaux
– Extension possible aux muscles des mains et des avant-bras (ext.commun des doigts)
– Évolution : extension proximale à la ceinture pelvienne (abducteurs et rotateurs de hanche)
• CPK discrètement élevés
• Biopsie musculaire : aspect dystrophique sans inclusion
Laing NG et al.(1995) Autosomal dominant distal myopathy: linkage to chromosome 14 Am J Hum Genet 56 : 422-427
Dystrophie musculaire tibiale de Udd
• Locus chromosomique : 2q31,
• Titine : exon Mex6 (Mex 5 : site de fixation de la calpaïne 3)
• Transmission autosomique dominante• Surtout en Finlande
(prévalence > 5/100000)
• Début aux environs de la quarantaine
• Atteinte initiale des jambiers antérieurs– Évolution lente : drop foot apparaît en 10
à 15 ans d’évolution
• Formes homozygotes : phénotype sévère (LGMD 2J)
• Biopsie : aspect dystrophique + vacuoles bordées fréquentes
Haravuori et al. (1998) Assignment of the tibial muscular dystrophy locus to chromosome 2q31. Am J Hum Genet 62 : 620-626de Sèze J, Udd B, Vermersch P(1999) La myopathie tibiale. Une forme rare de myopathie distale. Rev Neurol 155(4) : 296-305
Myopathie distale AR à vacuoles bordées :myopathie héréditaire à inclusions(HIBM2a)
myopathie de Nonaka (HIBM2b)
• Locus chromosomique : 9p1-q1, transmission AR
• Surtout au Japon (prévalence 1 /1000000), touche aussi les juifs d’origine perse, kurde ou afghane
• début : adulte jeune (drop-foot)
• CPK modérément élevée ( < 5 X la normale)
• biopsie musculaire :– nombreuses vacuoles bordées
– inclusions éosinophiles
– accumulation de protéine -amyloïde et de protéine Tau hyperphosphorylées
• topographie:– atteinte à début distal avec extension proximale
– respect du quadriceps et de la face ainsi que les muscles extra-oculaires, bulbaires,et respiratoires.
Ikeuchi A. et al. (1997) Genes locus for autosomal recessive distal myopathy with rimmed vacuoles maps to chromosome 9. Ann Neurol 41 : 423-437
Trichrome de Gomori
HIBM2a
Conclusion
• Considérer le diagnostic de DMFSH en l’absence de signes faciaux évidents
• Le diagnostic différentiel des syndromes scapulo-péroniers et, dès lors, des myopathies distales doit inclure la dystrophie musculaire FSH
• Rechercher la présence de signes faciaux frustres