Fiche_Du Commerce international à la Mondialisation

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CHAPITRE : DU COMMERCE INTERNATIONAL A LA MONDIALISATION SECTION I : ANALYSE THEORIQUE DU COMMERCE INTERNATIONAL I ) L’ANALYSE TRADITIONNELLE DU COMMERCE INTERNATIONAL INTRODUCTION : L'HISTOIRE OFFICIELLE DU CAPITALISME Ha-Joon Chang.écrit que : Selon ce que j'appelle " l'histoire officielle du capitalisme ", et qui nourrit le débat sur le développement et la mondialisation, le monde s'est développé au cours des derniers siècles de la façon suivante. A partir du XVIIIe siècle, on assiste à la réussite industrielle du " laisser-faire ". La Grande-Bretagne prouve la supériorité de l'économie de marché et du libre-échange en devançant la France, dirigiste, son principal concurrent à l'époque, et en s'instituant comme le pouvoir économique mondial suprême. Une fois qu'elle eut abandonné la déplorable protection de son agriculture (la loi sur les blés) et les autres reliquats de mesures protectionnistes mercantilistes en 1846, elle fut en mesure de jouer le rôle d'architecte et de puissance tutélaire d'un nouvel ordre économique mondial " libéral ". Cet ordre mondial, mis au point vers 1870, était fondé sur une politique industrielle interne de " laisser-faire ", de faibles barrières pour les flux de marchandises, de capitaux et de main-d'oeuvre, et sur la stabilité macroéconomique, à la fois nationale et internationale, garantie par l'étalon-or et par le principe de l'équilibre budgétaire. Il s'ensuivit une période de prospérité sans précédent. Malheureusement, si l'on en croit cette histoire, les choses se sont gâtées avec la Première Guerre mondiale. En réaction à l'instabilité qu'elle a provoquée dans le système politique et économique mondial, les pays ont recommencé à ériger des bar rières douanières. En 1930, les Etats-Unis abandonnent eux aussi le libre-échange et augmentent leurs droits de douane avec la loi scélérate Smoot-Hawley (2), que le célèbre économiste libéral Jagdish Bhagwati désigna comme " l'acte le plus éclatant et le plus dramatique de la sottise antilibérale " (Bhagwati, 1985, p. 22, note 10). Le système mondial de libre-échang+ prit fin en 1932, quand les Britanniques, jusque-là champions du libéralisme, succombèrent à la tentation et réintroduisirent des droits de douane. La contraction et l'instabilité de l'économie mondiale qui en résultèrent, puis la Seconde Guerre mondiale, détruisirent les derniers vestiges du premier ordre mondial libéral. Après la Seconde Guerre mondiale, quelques progrès significatifs furent faits en matière de libéralisation+ des échanges par le biais des premières discussions du Gatt (l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce). Toutefois, les approches dirigistes du management de l'économie dominèrent malheureusement la scène politique jusque dans les années 70 dans le monde développé et jusqu'au début des années 80 dans les pays en développement+ (ainsi que dans les pays communistes jusqu'à leur effondrement en 1989). Selon Sachs et Warner (1995), de nombreux facteurs contribuèrent à la poursuite du protectionnisme+ et de l'interventionnisme dans les pays en développement (p. 11-21). Il y avait les " mauvaises " théories, comme celle des " industries naissantes ", celle de la " grande poussée " (the Big Push) et le structuralisme latino-américain, sans parler de diverses théories marxiennes. Il y avait aussi les dividendes politiques du protectionnisme, tels que le besoin de construire une nation et celui d'" acheter " certains groupes d'intérêt. Enfin, il y avait les héritages du contrôle du temps de guerre, qui persistaient en temps de paix. Par bonheur, dit-on, les politiques interventionnistes ont été largement abandonnées dans le monde depuis les années 80 avec l'essor du néolibéralisme, qui a mis l'accent sur les vertus du gouvernement modeste, des politiques de " laisser-faire " et de l'ouverture internationale. A la fin des années 70, notamment dans les pays en développement, la croissance économique a commencé à chanceler dans tous les pays, en dehors de l'Asie de l'Est et du Sud-Est, où l'on pratiquait déjà les " bonnes " politiques économiques (économie de marché et libre-échange). Cet échec de la croissance, qui s'est fréquemment manifesté par des crises économiques au début des années 80, montrait les limites de l'interventionnisme et du dirigisme+ à l'ancienne. En conséquence, de nombreux pays en développement ont choisi de réorienter leur politique dans un sens néolibéral. Lorsqu'ils se combinent avec la mise en place de nouvelles institutions de gouvernance+ comme l'OMC, ces changements de politique au niveau national forment un nouveau système économique mondial, comparable par sa prospérité - potentielle, du moins - au premier " âge d'or " du libéralisme (1870-1914). Renato Ruggiero, le premier directeur général de l'OMC, soutient que, grâce à ce nouvel ordre mondial, nous pouvons désormais " éradiquer la pauvreté dans le monde dès les débuts du siècle prochain (le XXIe) - une utopie il y a seulement quelques décennies, mais une réelle possibilité aujourd'hui " (1998, p. 131). A ) LE MERCANTILISME 1 - LE CONTEXTE ECONOMIQUE ET SOCIAL :

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  • CHAPITRE : DU COMMERCE INTERNATIONAL A LA MONDIALISATION

    SECTION I : ANALYSE THEORIQUE DU COMMERCE INTERNATIONAL

    I ) LANALYSE TRADITIONNELLE DU COMMERCE INTERNATIONAL

    INTRODUCTION : L'HISTOIRE OFFICIELLE DU CAPITALISME

    Ha-Joon Chang.crit que :

    Selon ce que j'appelle " l'histoire officielle du capitalisme ", et qui nourrit le dbat sur le dveloppement et la mondialisation, le monde s'est dvelopp au cours des derniers sicles de la faon suivante.

    A partir du XVIIIe sicle, on assiste la russite industrielle du " laisser-faire ". La Grande-Bretagne prouve la supriorit de l'conomie de march et du libre-change en devanant la France, dirigiste, son principal concurrent l'poque, et en s'instituant comme le pouvoir conomique mondial suprme. Une fois qu'elle eut abandonn la dplorable protection de son agriculture (la loi sur les bls) et les autres reliquats de mesures protectionnistes mercantilistes en 1846, elle fut en mesure de jouer le rle d'architecte et de puissance tutlaire d'un nouvel ordre conomique mondial " libral ". Cet ordre mondial, mis au point vers 1870, tait fond sur une politique industrielle interne de " laisser-faire ", de faibles barrires pour les flux de marchandises, de capitaux et de main-d'oeuvre, et sur la stabilit macroconomique, la fois nationale et internationale, garantie par l'talon-or et par le principe de l'quilibre budgtaire. Il s'ensuivit une priode de prosprit sans prcdent.

    Malheureusement, si l'on en croit cette histoire, les choses se sont gtes avec la Premire Guerre mondiale. En raction l'instabilit qu'elle a provoque dans le systme politique et conomique mondial, les pays ont recommenc riger des bar rires douanires. En 1930, les Etats-Unis abandonnent eux aussi le libre-change et augmentent leurs droits de douane avec la loi sclrate Smoot-Hawley (2), que le clbre conomiste libral Jagdish Bhagwati dsigna comme " l'acte le plus clatant et le plus dramatique de la sottise antilibrale " (Bhagwati, 1985, p. 22, note 10). Le systme mondial de libre-chang+ prit fin en 1932, quand les Britanniques, jusque-l champions du libralisme, succombrent la tentation et rintroduisirent des droits de douane. La contraction et l'instabilit de l'conomie mondiale qui en rsultrent, puis la Seconde Guerre mondiale, dtruisirent les derniers vestiges du premier ordre mondial libral.

    Aprs la Seconde Guerre mondiale, quelques progrs significatifs furent faits en matire de libralisation+ des changes par le biais des premires discussions du Gatt (l'Accord gnral sur les tarifs douaniers et le commerce). Toutefois, les approches dirigistes du management de l'conomie dominrent malheureusement la scne politique jusque dans les annes 70 dans le monde dvelopp et jusqu'au dbut des annes 80 dans les pays en dveloppement+ (ainsi que dans les pays communistes jusqu' leur effondrement en 1989). Selon Sachs et Warner (1995), de nombreux facteurs contriburent la poursuite du protectionnisme+ et de l'interventionnisme dans les pays en dveloppement (p. 11-21). Il y avait les " mauvaises " thories, comme celle des " industries naissantes ", celle de la " grande pousse " (the Big Push) et le structuralisme latino-amricain, sans parler de diverses thories marxiennes. Il y avait aussi les dividendes politiques du protectionnisme, tels que le besoin de construire une nation et celui d'" acheter " certains groupes d'intrt. Enfin, il y avait les hritages du contrle du temps de guerre, qui persistaient en temps de paix.

    Par bonheur, dit-on, les politiques interventionnistes ont t largement abandonnes dans le monde depuis les annes 80 avec l'essor du nolibralisme, qui a mis l'accent sur les vertus du gouvernement modeste, des politiques de " laisser-faire " et de l'ouverture internationale. A la fin des annes 70, notamment dans les pays en dveloppement, la croissance conomique a commenc chanceler dans tous les pays, en dehors de l'Asie de l'Est et du Sud-Est, o l'on pratiquait dj les " bonnes " politiques conomiques (conomie de march et libre-change). Cet chec de la croissance, qui s'est frquemment manifest par des crises conomiques au dbut des annes 80, montrait les limites de l'interventionnisme et du dirigisme+ l'ancienne. En consquence, de nombreux pays en dveloppement ont choisi de rorienter leur politique dans un sens nolibral.

    Lorsqu'ils se combinent avec la mise en place de nouvelles institutions de gouvernance+ comme l'OMC, ces changements de politique au niveau national forment un nouveau systme conomique mondial, comparable par sa prosprit - potentielle, du moins - au premier " ge d'or " du libralisme (1870-1914). Renato Ruggiero, le premier directeur gnral de l'OMC, soutient que, grce ce nouvel ordre mondial, nous pouvons dsormais " radiquer la pauvret dans le monde ds les dbuts du sicle prochain (le XXIe) - une utopie il y a seulement quelques dcennies, mais une relle possibilit aujourd'hui " (1998, p. 131).

    A ) LE MERCANTILISME

    1 - LE CONTEXTE ECONOMIQUE ET SOCIAL :

  • Constat : Les mercantilistes vivent dans un monde conomique qui ne connat pas de croissance conomique durable.

    Consquences : Ils en sont donc conduits conclure que le stock de richesses dans le monde est constant, cest--dire quil a t dtermin une fois pour toutes par Dieu et quil ne pourra voluer.

    2 - LECHANGE INTERNATIONAL, UN JEU A SOMME NULLE :

    rpercussions thoriques : Ds lors, cela va influencer la vision que les mercantilistes ont du commerce international. Ils en sont amens conclure que lchange international est un jeu somme nulle, que ce que gagnent les uns est forcment perdu par les autres. Les pays se livrent donc une guerre conomique.

    3 - L ECONOMIQUE INFEODE AU POLITIQUE :

    Mesures de politique conomique prones : Chaque pays va alors chercher : dvelopper ses exportations en favorisant son industrie nationale ( exemple : les manufactures

    royales de Colbert ) tout en essayant dimporter le moins possible afin dobtenir un excdent commercial.

    Le pays connatra alors une entre dor qui puisera le stock dor de ses partenaires, le pays gagnera alors en puissance politique, le roi pourra alors financer son arme et conqurir de

    nouveaux territoires.

    Conclusion : On se rend donc bien compte que lobjectif du mercantilisme na pas une finalit conomique mais politique, ce qui dmontre qu cette poque lconomie noccupe pas la place quelle occupera partir de Smith.

    B ) LES THEORIES CLASSIQUES DE LECHANGE

    INTRODUCTION

    La thorie classique de lchange introduite par Smith rompt avec la thorie mercantiliste.

    a - le contexte conomique et social. Constat : En effet, elle se situe dans un autre cadre conomique : cest une priode de boulversements conomiques (cf la rvolution industrielles)

    Rpercussions : Smith envisage pour la premire fois la possibilit dune croissance conomique durable et auto entretenue.

    b - lchange international, un jeu somme positive :Consquences : Ds lors, lchange international devient un jeu somme positive, non plus nulle. En effet, chacun des 2 partenaires, en se spcialisant, va bnficier dune amlioration de son bien-tre.

    Conclusion : On voit bien ici que simpose la logique librale chre Smith : chacun des deux partenaires nchange que sil y trouve son intrt. Cest lextension au niveau international de la vision contractualiste et individualiste que Smith a dvelopp au niveau individuel, puis national.

    c - la suppression des politiques mercantilistes :

    Mesures de plitiques conomiques prones : Il faut alors tout faire pour que les changes puissent tre raliss le plus facilement possible, en particulier Smith est favorable la suppression des barrires douanires et des protections que les mercantilistes avaient accumules ( suppression des privilges des diffrentes compagnies des Indes )

    1 ) LA THEORIE DES AVANTAGES ABSOLUS DADAM SMITH (1 p256)

    a - une analyse individualiste :

    lexemple de rfrence : Smith part de lexemple dun chef de famille : la maxime de tout chef de famille prudent est de ne jamais essayer de faire chez soi ce quil lui cotera moins cher acheter qu faire (... ) Il ny en a pas un qui ne voit quil y va de son intrt demployer son industrie toute entire dans le genre de travail dans lequel il a quelque avantage sur ses voisins et dacheter toutes les autres choses dont il peut avoir besoin avec une partie du produit de cette industrie .

  • postulat de base en rsultant : Smith sinscrit donc dans le cadre dun homo oeconomicus goiste et rationnel qui ne recherche que son intrt matriel

    b - la socit rsultant de lagrgation des comportements individuels :

    le principe : Smith va alors passer du niveau micro-conomique au niveau macro-conomique en agrgeant les comportements individuels ( cf. le raisonnement de la main invisible ) : ce qui est prudence dans la conduite de chaque famille en particulier, ne peur tre folie dans celle dun grand empire. Si un pays tranger peut nous fournir une marchandise meilleur march que nous ne sommes en ltat de ltablir nous-mmes il vaut mieux que nous la lui achetions avec quelque partie du produit de notre propre industrie employe dans le genre dans lequel nous avons quelque avantage.

    Exemple de comprhension : Smith prend alors lexemple de la production de vin de Bordeaux en Ecosse afin de dmontrer que la protection serait peut-tre possible mais non rentable, car :

    la France dispose dun climat, de terrains propices la production de vin qui lui confre un avantage absolu dans le vin.

    Ds lors lEcosse a intrt se spcialiser dans la production de biens dont elle dispose davantages absolus ( ex : le saumon ), ouvrir ses frontires, importer du vin et exporter du saumon,

    ce qui amliorera le bien-tre des franais et des cossais(jeu somme positive).

    c - les limites de la thorie de Smith :

    Mais la thorie de Smith, pour moderne quelle soit, nest pas sans inconvnient. En effet : - elle est trs limite puisquelle ne concerne que les productions pour lequel les pays disposent

    dun avantage absolu dorigine naturelle. Ds lors, le pays ne disposant daucun avantage ne peut changer, ce qui limite le dveloppement du commerce.

    - Smith lui-mme se contredit quand il crit : lavantage qua un artisan sur son voisin qui exerce un autre mtier nest quun avantage acquis et cependant tous les deux trouvent plus de bnfice acheter lun de lautre que de faire eux-mmes ce qui ne concerne pas leur aptitude particulire. Dans lexemple de lEcosse, lavantage absolu est dorigine naturelle ; dans celui de lartisan, il est acquis ; la diffrence est essentielle. En effet, le pays ne dispose alors dun avantage absolu que parce quil sest spcialis ; un autre pays pourrait trs bien faire la mme chose en protgeant son industrie.

    CONCLUSION : la thorie de Smith est trs moderne car elle est la premire rompre avec la conception mercantiliste de lchange somme nulle, mais elle reste trs frustre et peu approfondie.

    2 ) LA THEORIE DES COUTS COMPARATIFS DE RICARDO (1p256)

    a - les hypothses de base du modle de RICARDO :

    Cette thorie est base sur 6 hypothses qui doivent toutes tre vrifies simultanment pour que lanalyse de Ricardo demeure valable

    Hypothse n 1 :Principe de la libre circulation lintrieur de chaque pays : il nexiste aucune entrave au libre dplacement des marchandises et des facteurs de production ( capital et travail )

    Hypothse n2 : lchelle internationale, les marchandises se dplacent librement. Par contre, les facteurs de production sont immobiles.(3 p 494)

    Remarque : Comme lcrit R.Sandretto, ces 2 hypothses reprises galement par les thoriciens no-classiques sont trs importantes ; elles fondent la spcificit du commerce international, ce sont elles qui expliquent en quoi les changes internationaux diffrent des changes intrieurs. En particulier, ds lors que les facteurs de production sont mobiles de pays pays, toutes lanalyse de Ricardo( mais aussi celle dHOS ) est remise en cause.

    Hypothse n3 : dans chaque pays, les marchs de biens et de facteurs sont soumis la concurrence pure et parfaite.

    Hypothse n4 : Ricardo retient la loi de la valeur travail, ce qui signifie que bien que les entreprises utilisent du travail et du capital simultanment, les marchandises schangent en proportion des quantits de travail ncessaires leur fabrication ( le capital tant du travail accumul ).

    Hypothse n5 : quel que soit le bien considr, sa production est suppose exiger la mise en oeuvre de facteurs ( travail, capital, ressources naturelles ) dans des proportions fixes.

  • Pour produire un bien, une seule technique est disponible un moment donn et dans un pays donn ( il n'y a pas de possibilit de substitution entre facteurs : exemple on ne peut remplacer du travail par du capital).

    Hypothse n6 : la production seffectue cot ou rendements dchelle constants, cest--dire que le pays ne dispose daucun avantage produire grande srie plutt quen petite.

    b- lexemple de la GB et du Portugal :

    Ricardo prend lexemple du Portugal et de la Grande-Bretagne qui ne produisent que 2 biens : du vin et du drap.Rappel de la logique smithienne : Si lon prend la logique smithienne :

    le Portugal dispose par rapport la Grande-Bretagne dun avantage absolu dans les 2 productions puisquil lui faut moins dheures de travail pour produire du vin ( 80 contre 120) et du drap ( 90 contre 100 ). Smith en conclurait que les 2 pays nchangeraient pas puisque le Portugal dispose dun avantage absolu dans les 2 cas.

    Lapport de Ricardo : Ricardo va, au contraire sefforcer de dmontrer que les deux pays vont changer et quils vont tous les 2 y trouver un avantage :

    Si chaque pays dsire produire une unit de chaque bien , les cots de production mondiaux en situation autarcique sont de :120 + 100 +80 +90 = 390 heures de travail . Si le Portugal consacrait sur son territoire toute la production mondiale , les cots de production deviendraient : ( 2x 80 ) + ( 2 x 90 ) = 340 heures. On observe donc une nette amlioration , mais cette solution est impossible pour 2 raisons :- le Portugal naurait aucun intrt changer avec lAngleterre qui ne lui apporterait rien ,

    puisquelle na aucun avantage absolu- les facteurs de production tant immobiles , le Portugal ne peut importer la main duvre

    anglaise - Ricardo va alors dmontrer toute lintrt dune spcialisation

    En effet, en Grande-Bretagne le rapport dchange interne qD / qV = 120 / 100 = 1,2, ce qui signifie que pour obtenir une unit de vin, le marchand de drap anglais doit offrir 1,2 units de drap ( puisquil faut plus de temps pour produire du vin que du drap et que derrire les biens ce sont les quantits de travail que lon change ).

    au Portugal, le rapport dchange interne qD/ qV = 80/90= 0,89. Ds lors, le marchand de drap portugais pour obtenir une unit de vin est oblig de donner 0,89 units de drap.

    Consquences : les cots comparatifs entre les deux pays sont donc diffrents , si lon compare pour chaque production , les cots des 2 pays , on constate que :

    lAngleterre est moins dsavantage dans la production de draps : 90 / 100 = 90 % que dans la production de vin : 80 / 120 = 66 % lAngleterre possde donc un avantage comparatif dans le drap, le Portugal dans le vin et cest de

    cette diffrence des avantages comparatifs que va rsulter lchange entre les deux pays. En effet, le marchand de drap anglais a intrt exporter sa production vers le Portugal puisque au

    lieu dobtenir une unit de vin contre 1,2 units de drap, il obtient 1 unit de vin contre 0,89 units de drap. Les Anglais vont donc se spcialiser dans la production de drap et abandonner la production de vin.

    Au contraire, les marchands de vin portugais se rendent compte que, si, au Portugal, il faut donner 1 unit de vin pour obtenir 0,89 units de drap, sils exportent leur production de vin vers la Grande-Bretagne, ils obtiendront 1,2 units de drap contre 1 unit de vin. Ils amliorent donc leur bien-tre. Les Portugais vont donc se spcialiser dans la production de vin et abandonner la production de drap.

    Chaque pays a donc intrt se spcialiser dans la production pour laquelle son cot comparatif est le plus faible : les deux pays seront gagnants lchange tant que le rapport dchange international qDi /qVi sera compris entre les 2 rapports dchange internes :

    0,89 < qDi /qVi < 1,2.

    Si le rapport dchange est de 0,89, les marchands portugais ny gagnent rien mais ne sont pas perdants. Par contre, les marchands anglais amliorent leur bien-tre. La situation est inverse si le rapport dchange est de 1,2.

    Par rapport la situation dautarcie tudie au dbut , on constate que si lAngleterre et le Portugal se spcialisent en fonction de leurs avantages comparatifs respectifs , les cots de production mondiaux deviennent : (80 x 2 ) + ( 100 x 2 ) = 360 heures , soit un gain de 30 heures par rapport la situation autarcique .

  • Limites de lanalyse de Ricardo : En ralit, dans la plupart des cas, le rapport dchange international sera compris entre les 2 bornes. Mais Ricardo est incapable de le dterminer avec prcision.

    c - lapport de J.S.MILL :

    dtermination du rapport dchange international : Il sera dtermin comme la dmontr John-Stuart Mill par la loi de loffre et de la demande :

    si la Grande-Bretagne est plus demandeuse de vin que le Portugal de drap , le Portugal pourra imposer ses conditions et donc fixer un rapport dchange international qui se rapprochera de 1,2 .

    Consquences : Selon J.S.Mill ,les pays pauvres sont les grands gagnants de lchange international . En effet , ils se caractrisent :

    - par des capacits de production gnralement plus rduites que celles des pays riches , en raison de la faiblesse de leurs capacits dinvestissement

    - par une demande plus faible en raison de la faiblesse du revenu des mnages . - Ainsi , les marchs dans lesquels sont spcialiss les pays pauvres se caractrisent par une sous-

    production dterminant une hausse des prix- alors que ceux des pays riches connaissent une surproduction ( rsultant de la forte capacit de

    production du pays riche et de la faible capacit dabsorption du pays pauvre) engendrant une baisse des prix .

    Conclusion : La thorie traditionnelle de lchange explique qu lorigine de la spcialisation se trouvent des diffrences entre les pays de cots et de prix . Si les pays changent , cest donc quils sont complmentaires et que lchange va apporter chacun

    deux une amlioration de son bien-tre . La thorie de Ricardo justifie donc une division internationale du travail ( par exemple entre pays du

    nord et du sud ) reposant sur la diffrence des avantages comparatifs .

    d - la thorie de RICARDO , une analyse moins neutre quil ny parat :

    Mais, la thorie de Ricardo nest pas aussi neutre scientifiquement que lon pourrait le penser . En effet , Ricardo nest pas seulement un conomiste , cest aussi un bourgeois qui dfend les intrts de la bourgeoisie industrielle contre ceux de laristocratie terrienne :

    A lpoque o Ricardo explicite sa thse , lAngleterre vit sous la protection des corn laws qui ont pour objectif de dfendre lagriculture anglaise domine par les aristocrates de la concurrence que leur imposent les pays europens . Ceci a pour rsultat daugmenter le prix des crales anglaises , ce qui oblige les industriels anglais accrotre les salaires .

    Si au contraire les corn laws sont supprims , les prix des crales vont chuter grce aux importations , ce qui diminuera le bien-tre des producteurs agricoles , en particulier de laristocratie et au contraire amliorera celui des industriels qui auront pu baisser les salaires sans dtriorer le pouvoir dachat de leurs ouvriers .

    Les vritables objectifs de la dmonstration ricardienne : On voit donc que lanalyse de Ricardo a pour objectif de :

    justifier la suppression des corn laws qui interviendra aprs 1830 mais quelle nest pas neutre politiquement et socialement : elle traduit la monte en puissance de la bourgeoisie industrielle au dtriment de laristocratie agricole .

    De plus , lanalyse de Ricardo a pour objectif de justifier louverture des frontires des partenaires de l Angleterre qui dispose cette poque dune avance technologique , donc de faire de la Grande-Bretagne latelier du monde , alors que les autres pays seraient quant eux cantonns la production de biens agricoles , ce qui correspond une spcialisation nettement moins porteuse .

    Les rpercussions ngatives de lanalyse ricardienne : lide selon laquelle le commerce est en tous temps et en tous lieux un facteur dpanouissement est nave thoriquement et fausse historiquement (13 p 291) . En effet lAngleterre a volontairement spcialis sa colonie indienne dans la production de coton utile lindustrie anglaise . Ceci a gnr deux effets trs ngatifs daprs D.Cohen :

    - lInde qui tait exportateur net de produits textiles au dbut du 18me sicle voit sa base industrielle totalement dtruite. ()Conformment la thorie Ricardienne, lInde se dsindustrialise en contrepartie de lindustrialisation anglaise

    - lInde qui tait le grenier de lAsie au dbut du 19me sicle, se spcialise dans la culture de produits qui ne garantissent plus son alimentation, et doit par consquent importer son alimentation de base. Il ne faut pas attendre longtemps pour que les famines viennent sanctionner cette spcialisation .

  • C ) LA THEORIE NEO-CLASSIQUE : LA THEORIE DES DOTATIONS FACTORIELLES DHECKSHER-OHLIN -SAMUELSON (HOS ) (1 p256)

    1 ) LES HYPOTHESES FONDAMENTALES .

    Le modle dHOS repose sur 2 hypothses essentielles : Hypothse n1 : les facteurs de production nont aucune mobilit lchelon international

    , alors que les biens sont eux parfaitement mobiles ( cette hypothse est reprise de Ricardo ) . Hypothse n2 : les technologies de production sont identiques dun pays lautre , mais

    diffrent selon les branches dactivit , cest--dire que , quel que soit le pays , pour produire du bl il faut utiliser une proportion identique de travail , de capital et de ressources naturelles , mais que la production dautomobiles ncessite, elle , une utilisation de facteurs diffrente .

    2 ) UNE SPECIALISATION EN FONCTION DES DOTATIONS FACTORIELLES .

    les consquences : Sur la base de ces 2 hypothses , HOS vont dmontrer que chaque pays doit se spcialiser dans la production et lexportation de biens qui utilisent intensment le facteur de production le plus abondant :En effet :

    conformment la loi de loffre et de la demande , si un pays dispose abondamment de facteur travail et manque de capital , le cot du travail sera rduit alors que le cot du capital sera lev ,

    le pays a donc intrt se spcialiser dans les productions ncessitant un usage intensif de travail qualifi de saving capital ( cest--dire conomisant du capital ) .

    lchange international de marchandises se rvle donc tre un change de facteur abondant contre des facteurs rares

    les limites de la thorie : La thorie dHOS est une thorie statique , cest--dire que : la dotation en facteurs dun pays va donc dcider tout jamais de sa place dans la Division

    Internationale du Travail . Ainsi , chaque pays doit sadapter passivement aux dotations factorielles dont il est muni . Les pays ayant des dotations factorielles identiques nont aucun intrt changer . Comme chez

    Ricardo , cest de la diffrence que nat lchange puisque les disparits des cots de production sexpliquent par les diffrences de dotations en facteurs de production .

    3 ) UNE EGALISATION DE LA REMUNERATION DES FACTEURS .

    le principe : Nanmoins HOS vont chercher montrer comme lcrit Sandretto que : En dpit de limmobilit internationale des facteurs de production , leur rmunration tendrait nanmoins sgaliser dans tous les pays sous linfluence du commerce international des marchandises

    explication du modle : - lorigine le pays sest spcialis dans la production qui utilisait intensment le facteur le plus

    abondant donc le moins cher ; mais , suite cette spcialisation , lutilisation du facteur abondant va sintensifier , ce qui terme va augmenter son cot : le facteur devenant plus rare .

    - Au contraire le facteur rare voit son utilisation diminuer puisque le pays importe les biens ncessitant son utilisation , le facteur rare devient alors plus abondant et donc moins coteux .

    Rpercussions positives : Le dveloppement des changes internationaux rduit donc les diffrences de raret relative ; il rend moins abondant le facteur plthorique , attnue la raret relative du facteur rare , de ce fait le libre-change tend rduire les disparits , de pays pays , des rmunrations des facteurs . Sandretto peut en conclure : ce thorme dHOS implique que , sous leffet du commerce international , les taux de profit deviennent gaux partout et que le pouvoir dachat des travailleurs sgalise dans tous les pays , aux Etats-Unis comme au Bangladesh ou en Ethiopie , ce qui conduirait progressivement un phnomne de convergence des conomies .

    4 LE THEOREME DE STOLPER- SAMUELSON

    Stolper avec Samuelson a complt la thorie dHOS par le thorme suivant : si un pays instaure un tarif douanier sur limportation des biens incorporant un facteur rare , cela conduit augmenter le revenu relatif de ce facteur rare au dtriment des facteurs abondantsExemple de comprhension : en Angleterre au XVIII sicle , la terre est un facteur rare , les propritaires terriens sont alors protectionnistes , car le libre-change abaisserait la rente foncire dont ils bnficient ( la terre tant rare , sa rmunration est leve ) . La protection du march du bl va augmenter le revenu des propritaires terriens au dtriment des consommateurs et des industriels qui paient les produits agricoles un prix plus lev que sils taient imports

  • Consquences : le protectionnisme conduit privilgier des intrts particuliers de ceux qui bnficient de la protection au dtriment de lintrt gnral . CONCLUSION :

    Ds lors , la thorie dHOS qui justifie la DIT traditionnelle ( les PVD du Sud sont spcialiss dans la production de biens utilisant beaucoup de main-duvre ou des ressources naturelles abondantes alors que les pays du Nord se spcialisent dans les productions qui utilisent intensment le capital ) va montrer que contrairement aux affirmations des thoriciens de la dpendance ( cf. chapitre Tiers-Monde ) tous les pays et surtout les pays les plus pauvres sont gagnants lchange international . Pour ceux qui veulent aller plus loin :

    1. "LES FONDEMENTS THEORIQUES DES ECHANGES ET DES INVESTISSEMENTS INTERNATIONAUX " Plan de cours d'Alexandre Minda 2ieme anne d'IEP

    2. sur le site web campus : deux prsentations de Jean-Charles JACQUEMIN : 01-Gains_de_l--'echange.ppt 02-Theoremes.ppt

    D : LA VERIFICATION EMPIRIQUE : LE PARADOXE DE LEONTIEFF

    Lontieff (ou Lontiev) a cherch , partir de lexemple amricain , vrifier la validit de la thse de HOS .

    Hypothses : Il sattendait ce que : les Etats-Unis , qui sont un pays dvelopp et qui disposent donc de quantits importantes de capital

    , se spcialisent dans les productions utilisant intensment le capital et conomisant le travail qui est un facteur rare et coteux .

    Au contraire , les EU devraient importer des biens utilisant intensment le travail .

    Constat : or dans ltude quil a men en 1947 , Lontieff constate que les EU exportent des produits qui en moyenne incorporent beaucoup moins de capital et plus de travail que nen requirent leurs importations .

    Paradoxe : ce paradoxe de Lontieff semble donc contredire la loi dHOS puisque lconomie amricaine , notablement mieux pourvu en capital quen travail devrait en principe exporter des biens intensifs en capital .

    Explications : Lontieff va alors sefforcer de donner une interprtation qui a pour objectif de sauvegarder la thorie dHOS . Ainsi les EU seraient en ralit relativement riches en travail parce qu quipement gal le travailleur amricain du fait dune meilleure organisation du travail , dune meilleure qualification , ... serait trois fois plus productif que le travailleur tranger . Les EU compteraient donc en 57 , non pas 65 millions de travailleurs mais 195 millions ( 65x3 ) de travailleurs quivalents trangers .

    Critiques de lanalyse : Lanalyse de Lontieff est plus que surprenante . En effet , il est tonnant dappeler paradoxe un exemple qui montre que la thorie est fausse .

    II ) LES ANALYSES CONTEMPORAINES DU COMMERCE INTERNATIONAL .(1 p 256) A ) LA CONTROVERSE DES ECHANGES INTRABRANCHES ( 1 p 256)

    1 )LES FAITS

    Critique des analyses traditionnelles du commerce international :

    Les thories de Ricardo et dHOS conduisent considrer que plus les pays ont des dotations factorielles diffrentes , plus leurs spcialisations seront complmentaires et donc plus les changes croiss seront levs . Le commerce attendu est donc un commerce de type Nord-Sud .

    Or , partir des annes 60 , les conomistes ont constat que de forts courants dchange croiss de produits similaires entre pays prsentant des caractristiques proches du point de vue des dotations factorielles se dveloppaient . Lexemple le plus reprsentatif est celui du march commun : il est devenu rapidement vident que la premire phase dintgration europenne , le march commun se faisait sur le mode de lintrabranche plutt que sur celui de linterbranche . Lintgration conomique navait pas pour corollaire la spcialisation .Lenjeu thorique de ce problme empirique

  • est important puisque les thories traditionnelles de la spcialisation visent expliquer linterbranche . Il semble donc quune part croissante des changes ne puisse tre explique par les thories sappuyant sur les dotations factorielles .

    Consquences : Lon en vient alors distinguer 2 types de commerce : - un commerce de type Nord-Sud entre pays conomiquement loigns bas sur

    linterbranche qui sexplique par les diffrences de dotations factorielles .(14 p 291)- un commerce entre pays dvelopps bas sur lintrabranche qui sexplique par la

    similarit

    Conclusion : On peut considrer que : le commerce bilatral ( entre 2 pays ) sera domin par linterbranche si les 2 pays ont des dotations

    factorielles diffrentes et donc des spcialisations complmentaires . Au contraire , plus les dotations factorielles seront proches , plus la part de lchange intrabranche

    sera leve .

    2 ) LES EXPLICATIONS

    a ) LA THEORIE DE LA DEMANDE REPRESENTATIVE DE LINDER

    a1 - un constat :

    Linder part dun constat : le commerce se dveloppe entre des pays qui nont pas de diffrences significatives dans leurs dotations factorielles .

    a2 - une logique de la demande :

    lopposition de deux logiques : Ceci ne conduit pourtant pas Linder rejeter la notion davantage comparatif mais plutt fonder les avantages comparatifs sur de nouvelles bases .

    - Ricardo et HOS ont dvelopp une logique de loffre- contrairement Linder qui , tant un conomiste keynsien , va partir de la demande .

    Consquences : Ainsi pour expliquer le dveloppement de lchange prsentant des caractristiques similaires du point de vue des dotations factorielles , il va dmontrer que lavantage comparatif trouve son origine dans limportance de la demande interne du produit export .

    - En effet , un bien est susceptible dtre export que sil est d abord lobjet dune forte demande interne . Le grand march intrieur ( USA , Japon , EEE ) produit lavantage comparatif parce que lincitation linnovation y est plus forte , parce que les dbouchs y sont assurs ( cf. modle de lacclrateur ) .

    - De plus , grce au dveloppement de la production rsultant de la taille du march , le pays bnficiera dconomies dchelle qui lui permettront de diminuer ses cots de production et donc ses prix .

    La stratgie appliquer selon Linder : elle est alors la suivante : lancer le produit nouveau sur un march intrieur, dynamique , innovateur revenu lev . puis , dans un deuxime temps , quand le pays dtient un avantage comparatif rsultant de

    lexprience quil a acquise , de son image de marque , de ses prix plus bas , ...il peut alors se lancer dans la conqute des marchs trangers .

    a 3 -une remise en cause de la DIT traditionnelle : la mise en vidence des changes Nord-Nord :

    On arrive alors au second grand apport de Linder : vers qui le pays va-t-il pouvoir exporter ? Les motifs de lexportation : Comme lindique M.By il ne lexportera cependant que dans un pays susceptible de le consommer . Les rpercussions : Or la qualit et la nature des produits consomms dpendent du niveau de vie et donc trs largement du niveau des salaires . Le produit ( qui correspond au niveau de vie interne du pays exportateur ) ne pourra donc tre export que dans des pays niveau de salaire comparable , donc facteurs de production comparables . Conclusion : elle est alors aux antipodes de celle expliquant lchange international dans les thories de dotations factorielles :

    - lidentit des dotations en facteurs facilite donc le commerce quentrave au contraire leurs diffrences .

    - -le dveloppement des changes Nord-Nord comparativement latonie relative des changes Nord-Sud conduit penser que la thorie de Linder est plus mme dexpliquer le commerce international contemporain que celles de Ricardo et dHOS .

    b ) LA DEMANDE DE DIFFERENCE DE B.LASSUDRIE-DUCHENE

  • Problme soulev : B.. Lassudrie-Duchne cherche tablir une synthse des logiques de la similarit et de la disparit . En effet : l o tout est semblable , il est inutile de rien changer ; lchange ne peut donc sexpliquer que par une diffrence quelconque ( B.Lassudrie-Duchne )

    Constat: ainsi si les changes intrabranches se dveloppent entre pays prsentant des dotations factorielles proches ( cf. Linder) il nen reste pas moins que les produits ne sont pas rigoureusement identiques . Il prsente un potentiel de diffrentiation rsultant de leur image de marque , de leurs qualits spcifiques .

    Explication :B .Lassudrie-Duchne va alors expliquer le dveloppement des changes en disant : quun bien exportable ( qui est donc largement banalis dans le pays dorigine : cf Linder )

    provoque une demande dimportation dun bien diffrenci .Il est donc ncessaire quentre deux pays ayant tous deux des biens exportables , les produits similaires se croisent et les diffrences schangent .

    En effet, le got du consommateur pour la varit offre une part de march tout exportateur qui propose une spcification diffrencie dun mme produit gnrique . Ceci rsulte de la volont du consommateur de se diffrencier en acqurant des produits ayant une image de marque valorisante .

    Ainsi mme si la voiture est un produit gnrique , le consommateur qui recherche une image de marque sportive achtera une voiture italienne , celui qui dsire obtenir une image british , achtera une voiture anglaise ( cf. les pubs Rover ) , celui qui veut imposer une image de respectabilit achtera une voiture allemande , ....

    Conclusion : Lassudrie-Duchne explique que le commerce international rpond une logique dexotisme .Limites : Nanmoins la logique de diffrenciation ne peut sexprimer que dans les pays ayant un niveau de vie lev : ce qui explique que lchange intra-branche se fasse principalement entre les PDEM .

    B ) LES THEORIES DU CYCLE DE VIE DU PRODUIT

    1 ) LES THEORIES DE LECART TECHNOLOGIQUE : M.POSNER ET P.KRUGMAN

    Posner part du principe ( dj dvelopp par Ricardo ) quune firme qui introduit un nouveau produit peut profiter dun monopole provisoire lexportation jusqu ce que les brevets tombent et que des firmes imitatrices lancent un produit comparable un prix plus faible .Selon Posner , cest donc lavance technologique caractrisant un pays qui conduit dterminer les avantages comparatifs du pays .Le dterminant du commerce international , selon Posner , rside alors dans lcart technologique entre les pays :

    les pays en avance exportent des produits intensifs en nouvelles technologies les pays en retard sont spcialiss et exportent essentiellement voire uniquement des

    produits banaliss

    Lanalyse de Posner est intressante car elle permet de dynamiser le modle de Ricardo dans la mesure o les diffrences davantages comparatifs peuvent tre expliqus par des carts technologiques entre les partenaires participant lchange . Ds lors les avantages comparatifs ne tombent plus du ciel ; en contrepartie , les hypothses de concurrence ne peuvent plus tre appliques .

    Krugman va approfondir les intuitions de Posner . Il va diffrencier deux types de zones : les pays du Nord innovent , ce qui permet de dvelopper de nouveaux produits pour lesquels le Nord

    dispose dune situation de monopole et peut donc produire sur son territoire des biens de haute technologie un prix lev

    inversement , les pays du Sud ont des capacits dinnovation rduites . Ds lors , ils ne peuvent que copier les innovations ralises au Nord , mais avec un dcalage plus ou moins long .Ils fabriquent et exportent des produits banaliss un prix rduit en raison de la concurrence .

    Conclusion : Krugman en conclut que des innovations gnrant de nouvelles industries doivent merger en permanence au Nord afin de maintenir le niveau de revenu de la zone , les hauts salaires du Nord refltant la rente de monopole pour les nouvelles technologies . Le monopole technique du Nord tant continuellement errod par les transferts technologiques vers le Sud ne peut tre maintenu que par des innovations constantes sur de nouveaux produits ou procds .Les capacits dinnovation et donc les efforts de recherche-dveloppement jouent alors un rle essentiel .

    2 ) LA THEORIE DE VERNON

    A partir de lexamen des firmes amricaines des annes 50-60 , R.Vernon montre qu une production traverse gnralement une srie de phases : dmarrage , croissance exponentielle , ralentissement et

  • dclin , qui correspondent lintroduction du produit sur le march , sa diffusion , la maturation et la snescence . Vernon dveloppe son analyse en 2 temps

    a - une analyse au niveau interne :

    Dans un premier temps , il se situe dans le cadre dun pays ( les USA ) et regarde comment volue le produit au cours des diffrentes phases de sa vie :

    NAISSANCE DU PRODUIT

    PRODUIT EN CROISSANCE

    PRODUIT A MATURITE DECLIN DU PRODUIT

    Caractristiques de production

    -innovations leves-techniques de production instables-production intensive en travailleurs qualifis pour laborer le produit- production petite chelle , do cot unitaire de production important , prix de vente lev

    -le produit est mis au point , la technologie se stabilise , sauf quelques innovations mineures visant le diffrencier-intensit en capital devient forte pour rpondre laugmentation de la demande-production standardise grande chelle do rduction des cots de production et baisse des prix

    -banalisation de la technologie - proportion de travailleurs non qualifis saccrot -taille des units de production augmente afin de bnficier dconomies dchelle pour rduire les prix

    -lobsolescence du produit se confirme -lintensit en travail non qualifi augmente-pas dinvestissements

    Caractristiques de la consommation

    - seule une lite disposant de revenus levs consomment le produit -llasticit-prix de la demande est faible car pas de produits substituables

    - mesure que le prix diminue , il touche une partie croissante de la population qui cherche imiter les leaders dopinion qui ont lanc le produit - les consommateurs deviennent plus exigeants sur la qualit , les performances du produit -llasticit-prix augmente par lapparition de substituts

    -les leaders dopinion se dtournent du produit qui touche dsormais essentiellement les populations bas revenu- la consommation arrive saturation -le produit se banalise , la demande est de plus en plus lastique par rapport au prix

    -du fait de lapparition de nouveaux produits qui commence se gnraliser , les quantits consommes diminuent

    Structure du march -monopole temporaire pour la firme innovatrice -nombre de firmes restreintes -taille des entreprises dans la branche leve

    -structure oligopolistique se met en place car de nombreuses firmes sont attires par des perspectives de profit lev et imitent linnovateur - la concurrence seffectue par la diffrenciation des produits , ce qui nempche pas une standardisation et une baisse des prix

    - loligopole se stabilise - le produit se banalise , la concurrence se porte de plus en plus sur les prix-la taille des entreprises saccrot donc afin de rechercher les conomies dchelle - des efforts sont tents pour prolonger le cycle de vie ( innovations mineures , publicit )

    - la structure de la branche se dstabilise -sortie des grandes entreprises , apparition des petites entreprises -le march se trouve en surcapacit , suite la baisse de la demande , le prix et la qualit des produits diminuent

    b - lanalyse des changes internationaux :

    A ces diffrentes phases de cycle de vie du produit vont correspondre des flux dchange internationaux entre le pays innovateur et ses partenaires . Vernon est alors amen distinguer 3 catgories de pays : - le pays leader: les EU ( annes 50 ) se situe au sommet de la hirarchie technologique ; les principales innovations manent de lui - les pays suiveurs prcoces : les pays europens ( annes 50 -60 ) - les pays imitateurs tardifs : les PVDVernon va alors distinguer 3 phases :

    PHASE 1 PHASE 2 PHASE 3Pays leader Vernon utilise le principe le produit tant stabilis -le pays leader qui supporte des cots de

  • de la demande reprsentative de Linder : -lapparition du nouveau produit rpond une attente exprime par les consommateurs du pays dorigine -le march intrieur sert de march test afin damliorer le produit - seul le pays innovateur connat une population assez leve pour acheter le nouveau produit Conclusion :durant cette phase , pas dchange international , le bien est fabriqu et consomm dans le pays dorigine de linnovation

    et le prix diminuant , le producteur va chercher tendre son march en exportant vers les marchs des pays dvelopps dont les niveaux de revenu sont les plus proches ( cf. Linder ) -la firme innovatrice qui est concurrence sur son march intrieur va essayer de profiter de son avance technologique pour prolonger son monopole temporaire sur les marchs trangers -le pays innovateur connat donc un excdent de sa balance commerciale sur ce produit

    production levs va alors dlocaliser la production en implantant des filiales dans les pays imitateurs prcoces afin de bnficier de cots de production plus rduits et de mieux satisfaire la demande des pays suiveurs - la balance commerciale voit son excdent diminuer , puis se transformer en dficit sur ce produit

    Pays suiveur prcoce

    -les consommateurs des PDEM commencent demander le produit , tout dabord les leaders bnficiant dun revenu lev , puis une partie croissante de la population - la balance commerciale des pays est donc de plus en plus dficitaire sur ce produit

    - les filiales du pays leader qui se sont implantes permettent de mieux rpondre aux gots des consommateurs des prix plus bas , dveloppent la demande -le pays devient peu peu exportateur , non seulement vers le pays leader mais aussi vers les PVD , dont les classes les plus aises commencent consommer

    Pays imitateur tardif

    -la balance commerciale du pays devient de plus en plus dficitaire mesure que les classes aises se convertissent au produit

    Remarque : Dans un dernier temps , les pays imitateurs rapides vont eux aussi prouver des difficults couler leur production , car le produit tant devenu banal , les consommateurs se tournent vers de nouveaux biens , plus innovants .Les pays vont alors dlocaliser leur production vers des PVD qui bnficient de cots de main-duvre plus rduits et qui vont donc pouvoir rentabiliser la production , tout en baissant le prix de vente .

    Consquences : Ds lors , le pays innovateur et le pays imitateur prcoce vont tous deux connatre un dficit de leur balance commerciale sur ce bien ,les PVD connaissant un excdent . Les entreprises qui produisent le bien dans les PVD peuvent tre des filiales des grandes entreprises qui ont dlocalis leur production afin de rduire leurs cots et/ou de se rapprocher des marchs de consommation .

    Conclusion : La thorie de Vernon permet donc dexpliquer certaines formes du processus de multinationalisation .

    3) LE DEVELOPPEMENT EN VOL DOIES SAUVAGES DE KANAME AKAMATSU

    prsentation du modle : Cette thorie apparat dans une certaine mesure comme une thorie du cycle de vie du produit adapte aux PVD . K Akamatsu la forg en sappuyant sur le modle suivi par le Japon. Il distingue 4 temps :

    dans un premier temps , le PVD nexporte que des matires premires ;- les importations en provenance des PDEM peuvent seules satisfaire sa demande intrieure de

    produits manufacturs.- durant cette phase , le pays dveloppe ses changes avec des pays qui ont des structures

    conomiques complmentaires de la sienne ( cf. HOS ) .- On se situe donc dans le cadre de la DIT traditionnelle .

    dans un deuxime temps , la croissance de la demande domestique permet de rentabiliser la fabrication sur place de produits de consommation manufacturs qui sont , lorigine , en fin de cycle de vie du produit .- Pour ces biens , la production nationale se substitue aux importations .- Mais , en contrepartie , les importations de biens dquipement rendus ncessaires par le

    dveloppement des industries de consommation se dveloppent .

  • dans un troisime temps , les producteurs locaux sattaquent aux marchs des pays voisins . - Les importations de matires premires en provenant de pays moins dvelopps saccroissent .

    On assiste donc une expansion des changes entre PVD . - Durant cette phase le pays considr entreprend une production de biens dquipements qui se

    substitue aux importations en provenance des PDEM .

    durant une quatrime phase , le pays va exporter une partie de sa production de biens dquipement vers les PVD qui , pour rpondre leur demande intrieure ou pour produire moindre cot et rexporter des biens de consommation , ont besoin de machines .

    Remarque : Cette thorie a connu un vif succs , car elle permet de mieux comprendre le dveloppement de la zone asiatique :

    - dans un premier temps , le Japon a produit puis export des biens de consommation bas de gamme ( le textile ) puis il sest spcialis sur des productions apportant une plus forte valeur ajoute ( lectronique grand public ) quil a exportes non seulement vers sa zone mais vers les PDEM .

    - le Japon , au fur et mesure de sons dveloppement , a alors dvelopp une industrie de biens dquipement pour rpondre ses besoins domestiques . Il a par la suite export une partie de sa production vers des pays moins dvelopps ( les 4 dragons du Sud-est ) vers lesquels il dlocalisait la production de biens de consommation pour lesquels il ntait plus comptitif , suite laugmentation de ses cots de main-duvre .

    - le schma est en train de se reproduire avec les tigres vers lesquels le Japon , mais aussi les dragons dlocalisent des productions ncessitant une main-duvre faiblement rmunre

    III ) LA SPECIALISATION , UNE STRATEGIE DYNAMIQUE .

    A ) VERS UNE NOUVELLE CONCEPTION DE LA SPECIALISATION

    1 ) LES LIMITES DES ANALYSES TRADITIONNELLES DE LECHANGE INTERNATIONAL (16 p 292)

    Critiques des analyses traditionnelles du commerce international : Comme lindique Lafay , la thorie no-classique de lchange international base sur les dotations factorielles prsente 2 inconvnients majeurs :

    elle est dterministe , cest--dire que chaque pays doit se spcialiser dans la production pour laquelle il a reu des dotations factorielles ; par contre elle nexplique pas comment elles ont t constitues .

    elle est statique , cest--dire que le pays , une fois quil a adopt une spcialisation en fonction de ses dotations factorielles doit sy maintenir , quelle que soit lvolution du commerce mondial .

    Conclusion : Lafay peut alors en conclure : on a limpression que les avantages comparatifs tombent du ciel ; chaque nation doit se soumettre passivement aux exigences de la DIT et aucune stratgie active de spcialisation nest concevable .

    2 ) LA NECESSITE DE LA PRISE EN COMPTE DE NOUVEAUX FONDEMENTS

    Critiques : Une telle approche nglige les deux dynamiques essentielles de lchange : - celle des entreprises lchelle multinationale,- comme celle des nations dans lespace conomique mondial .

    Explications : la dynamique des entreprises rsulte de linnovation : nouveaux produits , nouvelles mthodes de

    production qui permet chacune dentre elles de crer des avantages comparatifs micro-conomiques en surclassant ses concurrents ( ... ) . Les avantages comparatifs sont perptuellement crs et renouvels . La possibilit dextension multinationale permet de choisir la localisation de ces activits , sous la contrainte des cots nationaux de production ( cf. Vernon ) .

    il en est de mme pour les nations : chaque nation peut faire voluer sa dotation relative en facteurs de productions en fonction des innovations quelle ralise pour sadapter ou devancer lvolution de la demande mondiale . Les nations vont , en fonction de cette capacit dadaptation , dvelopper ou non leurs exportations et donc connatre des rythmes de croissance plus ou moins forts .

  • Consquences : Ds lors , comme lindiquent D.Taddei et B.Coriat , les tenants de la thorie de la comptitivit salariale qui considraient que les pays devaient se spcialiser en fonction de leurs cots de main-duvre rsultant des dotations factorielles se sont tromps : il ny a pas de corrlation significative entre les cots salariaux et les parts de march . Ceci rsulte en particulier du fait que les consommateurs ne sintressent pas seulement au prix mais aussi la qualit du produit , que le cot du produit nest pas seulement dtermin par le cot salarial , mais connat damples variations en fonction du cot du capital et des consommations intermdiaires .

    Conclusion : Lafay peut alors en conclure que: la spcialisation dune nation nest pas le fruit dune adaptation passive des tendances

    spontanes , elle doit dcouler dun effort permanent pour utiliser au mieux ses atouts dans un environnement en perptuel mouvement .

    Seule linnovation peut permettre lindustrie franaise de crer des avantages comparatifs et de les renouveler continuellement , soit par le lancement de nouveaux produits , soit par ladoption de processus de production plus efficaces .

    Et pour innover efficacement , il ne suffit pas de faire des efforts de R-D , il faut que les entreprises choisissent leurs cibles , en fonction de ltude prospective du march mondial , tant sur la demande que sur loffre concurrente .

    Au lieu deffectuer des efforts uniformes dans tous les domaines , les entrepreneurs ont pour mission de prendre des risques , de dpasser la concurrence sur certains crneaux et sur certaines filires plutt que sur dautres , bref de mettre au premier rang limpratif de la spcialisation .

    Cela implique videmment que lon renonce tre prsent dans certaines activits et donc que lon abandonne les visions mythiques telle que la reconqute du march intrieur :celles-ci nont de sens que dans une conomie voue lautarcie . Dans tous les pays qui ont choisi de souvrir la concurrence internationale , plus personne ne se pose la question de savoir sil faut se spcialiser ; partir du moment o lon a prfr lconomie ouverte lautarcie , limpratif de spcialisation lemporte inluctablement .

    B ) DE NOUVELLES FORMES DE COMPETITIVITE

    1 ) LES DEUX TYPES DE COMPETITIVITE

    Dfinition : : la comptitivit est la capacit maintenir et accrotre ses parts de march .

    a - la comptitivit-prix :

    Pendant trs longtemps on a considr que la seule source de comptitivit pour une entreprise ou un pays tait la comptitivit-prix qui vise produire moindre cot afin de rduire les prix pour dpasser la concurrence et sattirer les faveurs des consommateurs .

    Les limites : Mais cette forme de comptitivit ne semble pas aujourdhui tre la forme dominante par laquelle luttent les entreprises les plus innovantes .

    b - la comptitivit-qualit ou comptitivit hors-prix ou structurelle:

    Il nous faut alors dfinir la comptitivit hors-prix ou structurelle qui est la capacit imposer ses produits sur le march indpendamment de leur prix .Lentreprise grce linnovation , lamlioration de la qualit de ses produits , son adaptation la demande , la qualit de ses services , ... peut gagner des parts de march tout en maintenant des prix plus levs que ceux de ses concurrents .Les entreprises bnficient ainsi dune meilleure rentabilit qui peut tre lorigine dun cercle vertueux .

    c - Conclusion :

    Remarque : Nanmoins , comptitivit-prix et hors-prix ne sopposent pas ncessairement pour 2 raisons : le consommateur opre son choix en se basant sur plusieurs critres : la qualit , linnovation certes mais aussi le prix . Dans un

    contexte de concurrence trs forte ( march offreur ) , les entreprises se doivent non seulement doffrir des produits de qualit , mais aux prix les plus comptitifs possibles .

    lentreprise qui dsire rentabiliser son innovation peut diminuer le prix de vente afin daccrotre la demande donc la production . Elle bnficiera ainsi dconomies dchelle qui lui permettront de diminuer son cot , damliorer sa rentabilit , donc de financer des efforts de recherche lui permettant de raliser des innovations incrmentales ( diffrenciation des produits , ... ) ou majeures .

  • 2 ) LE POLE DE COMPETITIVITE

    Critique de la conception librale : Comme lindique C.Stoffaes , la conception librale du commerce international est trop limite . En effet , elle considre seulement que : la comptitivit dune nation repose sur la capacit de ses entreprises prises individuellement tre plus comptitives . Mais ces entreprises sont plonges dans un environnement national . La comptitivit nest pas seulement laffaire des entreprises ; elle comporte des lments comptitifs , ce qui font un tissu industriel comptitif .

    Dfinition : dans cette perspective , les ples de comptitivit jouent un rle de structuration de lappareil productif . En effet , ce sont des ensembles dentreprises qui ont acquis des positions dominantes dans la concurrence internationale et qui exercent des effets dentranement pour une grande varit dactivits productives ( Aglietta ) .

    Rpercussions : elles peuvent sexercer aussi bien vers laval que vers lamont que latralement entre les firmes :

    vers laval : les clients peuvent bnficier :- des gains de productivit acquis par les ples grce aux rendements dchelle et surtout

    lapprentissage des facteurs qui influencent lvolution de la demande .- Ils bnficient aussi de produits intermdiaires plus innovants , de meilleure qualit qui

    leur permettront de mieux satisfaire leurs clients . vers lamont : en direction des fournisseurs et des sous-traitants car les ples offrent :

    - des dbouchs rguliers et gnralement croissants ( do conomies dchelle ) - et des incitations innover .

    latralement : entre les firmes composant le ple par la diversification des produits , lincitation linnovation , ils permettent de dynamiser la concurrence oligopolistique et donc la comptitivit du ple .

    Conclusion : Le ple permet ainsi de constituer des filires de production qui amliorent la cohsion du tissu productif ( en dveloppant les synergies ) et permettent ainsi de rduire la contrainte extrieure que subissent les pays .

    3) POLE DE COMPETITIVITE ET CONTRAINTE EXTERIEURE a -dfinition de la contrainte extrieure :

    dfinition : la notion de contrainte extrieure traduit la dpendance dune conomie lgard des autres conomies et peut se dfinir par limpossibilit pour certains pays de concilier une croissance forte et lquilibre des changes extrieurs . Ainsi le pays ne pourrait pas connatre de dcalage conjoncturel par rapport ses concurrents ( cest--dire un rythme de croissance plus fort que celui des autres pays avec lesquels il commerce ) , sous peine de voir ses importations progresser plus vite que ses exportations et voir son dficit commercial se creuser .

    exemple : Lexemple typique est celui de la relance keynsienne mene en 1981 par la France qui , propension importer constante ( m = M / PIB ) sest traduite mcaniquement par une pousse des importations alors que dans le mme temps nos partenaires appliquaient des politiques de rigueur qui diminuaient leur propension importer et donc nos exportations .

    conclusion : Il semble ds lors que : sous peine de connatre un dficit commercial croissant , le pays doit sinterdire de mener des politiques de relance keynsienne

    , sous peine dtre confront la contrainte extrieure . Mais la contrainte extrieure nest pas seulement dtermine par le rythme de croissance du PIB ; elle est aussi fonction des

    cots de production dun pays . Celui-ci ne peut se permettre sous peine de voir sa comptitivit-prix diminuer et donc sa balance commerciale devenir dficitaire de voir son cot salarial ( et plus largement ses cots de production ) progresser plus vite que celui de ses partenaires . Cela semble condamner une politique keynsienne par augmentation des salaires

    A plus long terme , laccumulation des dficits par un pays qui rend sa balance commerciale structurellement dficitaire ncessitera des importations de capitaux croissantes qui aggraveront le dficit de la balance des capitaux et qui , terme , entraneront une mfiance des prteurs qui exigeront du pays des taux dintrt plus levs ou qui mme refuseront tout nouveau emprunt , ds lors que le pays a but sur sa contrainte de solvabilit .

  • b -le rle du ple de comptitivit sur la contrainte extrieure :

    Les ples de comptitivit permettent de desserrer ces contraintes extrieures : leffet de structuration par la constitution de filires cohrentes rend le contenu en importation de la croissance moins lev ,

    permet de tirer les exportations , donc rduit le dficit commercial malgr lexistence dun dcalage conjoncturel . Durant les annes 80 , un pays comme le Japon ou lAllemagne pouvait se permettre de connatre une croissance conomique plus forte quun pays comme la France .

    le ple de comptitivit proposant des produits innovants , de qualit recherche une comptitivit hors-prix qui lui permet doffrir ses employs des revenus plus levs que ceux de ses concurrents sans subir de perte de comptitivit remettant en cause sa viabilit . Ceci peut permettre dengager un cercle vertueux : les salaires tant plus levs , les individus sont plus motivs , plus qualifis donc plus incits innover ( thorie du salaire defficience ) , ce qui accrot encore la comptitivit hors-prix .

    4 ) LES EXEMPLES

    a ) Lexemple franais

    Constat : La France , malgr une amlioration notable depuis le milieu des annes 80 , se caractrise par un certain nombre de faiblesses du point de vue de sa comptitivit :

    la France est peu spcialise , cest--dire quelle est prsente sur beaucoup de marchs ( le slogan au dbut des annes 80 tait : il ny a pas d industries condamnes , il ya seulement des technologies dpasses ) , sans bnficier daucune avantage comparatif rel

    la France est mal spcialise : nayant pas su oprer suffisamment tt des choix sur des crneaux porteurs , la France ne dispose daucune position forte sur les marchs connaissant une demande mondiale dynamique ( cf. lexemple de linformatique lchec de Bull lanc dans les annes 60 par la politique gaullienne de champions nationaux)

    la France ne dispose pas vritablement de ples de comptitivit structurs lui assurant une comptitivit hors-prix , les entreprises franaises tant concentres sur des produits relativement banaliss sont trs sensibles la variation de leurs cots de production et donc leur comptitivit-prix

    Conclusion : Le rsultat de tout ceci est que lconomie franaise est trs sensible la contrainte extrieure. Lanalyse que fait F.Milewski de lamlioration du solde de la balance commerciale est cet gard moins optimiste que ne le laisseraient penser les chiffres :

    Certes aprs 12 ans de dficit commercial( sauf 1986 ) la France a connu depuis 1992 un excdent croissant jusquau dbut des annes 2000,

    mais celui-ci rsultait au moins autant de latonie (faiblesse) de la croissance que lon a pu observer durant les annes 90 que de lamlioration de la spcialisation .

    En effet , depuis 1982 , la France applique une politique de dsinflation comptitive qui a permis de diminuer les cots salariaux et donc damliorer la comptitivit-prix .

    Aujourdhui , cette politique trouve ses limites , tous les pays europens lappliquant simultanment elle na plus rien de comptitive , ce qui explique la dgradation de la balance commerciale depuis les annes 2000 : lconomie franaise ayant mal rsist la valorisation de leuro, ses produits tant moins comptitifs du point de vue des prix. La forte dgradation de lanne 2005 est dautant plus inquitante quelle se situe dans un contexte de forte croissance du commerce mondial, les parts de march dtenues par lconomie franaise ont donc rgress.

    Par contre , elle freine la croissance conomique potentielle , donc laugmentation de la demande , donc la progression des importations ( propension importer constante ) .

    Une lecture attentive de lamlioration de la balance commerciale conduit donc penser que celui-ci rsulte au moins en partie dun dcalage conjoncturel favorable la France ( qui crot moins vite que ses partenaires, surtout que les USA ou le royaume uni ) plutt que dune amlioration sensible de sa comptitivit hors-prix ( mme si celle relle ne doit pas tre sous-estime ) .

    Les consquences : Ds lors en 95 et 96 , on ne peut sempcher de mettre en parallle le ralentissement conomique et lamplification de lexcdent ( ...) . Certes , se crent des capacits de financement extrieur qui pourront tre autant de rserves pour le dveloppement futur . Mais en attendant , lconomie franaise sest installe en de de son potentiel dactivit . Le chmage lev en dcoule . ( F.Milewski ) . Cette conclusion reste malheureusement valable pour le debut des annes 2000.

    b ) LAllemagne

    Constat : Contrairement en France , lAllemagne est un pays spcialis depuis fort longtemps qui dispose donc de ples de comptitivit trs performants ( en particulier dans la machine-outil ) qui lui ont permis de structurer des filires cohrentes ( principalement la chimie et la mcanique ) .

    Les limites de la spcialisation allemande : La situation de lAllemagne parat donc trs enviable aux franais , il nen reste pas moins quaujourdhui un certain nombre dobservateurs se demande dans quelle mesure lAllemagne nest pas un gant aux pieds dargile . En effet :

    sa spcialisation manque de dynamisme ; elle na pas su sadapter lvolution de la demande mondiale ; les points forts de lAllemagne ont t constitus durant la seconde rvolution industrielle base sur la mcanique et la chimie . Il est donc normal que lAllemagne excelle dans ses productions qui portent plus souvent sur des petites sries de produits spcialiss en faisant appel une main-duvre ouvrire trs qualifie .

  • Mais lAllemagne na pas su prendre le train de la troisime Rvolution industrielle base sur les technologies lectroniques . Ds lors , sa spcialisation se rvle de plus en plus inadapte lvolution du commerce mondial et les hauts salaires quelle verse sa population ne sont plus compenss par la comptitivit hors-prix qui se dgrade .

    c ) Les Etats-Unis

    Constat : On peut distinguer plusieurs phases : Entre 1945 et 1960 , les EU occupaient une position de leader qui rsultait de leur avance technologique trs importante par

    rapport leurs concurrents europens et japonais ( cf. Vernon ) . A partir des annes 60 , japonais et europens ont rattrap leur retard et ont mme sur certains domaines dpass le matre

    amricain . On sest mme demand , partir des annes 70 , suite la non-convertibilit or du dollar , puis dans les annes 80 avec

    laccroissement du dficit commercial dans quelle mesure les amricains ne seraient pas en train dabandonner leur leadership , ne connatraient pas une dsindustrialisation qui les conduirait une volution telle que celle qua connu la GB depuis le XIX sicle

    Or il semble depuis la fin des annes 80 , que les amricains confronts au dfi japonais ont su ragir , ont restructur leurs industries , ont relanc leurs formidables capacits dinnovation et ont donc confort leur leadership en particulier dans le domaine des industries en tique et plus largement ont rorient leur processus productif vers le secteur quaternaire

    d ) Le Japon

    Prsentation de La stratgie japonaise : elle est particulirement intressante : elle peut tre assimile une stratgie de remonte des filires :

    dans un premier temps , les entreprises japonaises ont concentr leurs efforts sur des produits de consommation grand public pour lesquels elles pouvaient bnficier dconomies dchelle . Elles ont donc dvelopp en particulier la photo , la hi-fi des produits moyens de gamme , bourrs dlectronique qui ont mis mal les produits hauts de gamme mcaniques allemands .

    les entreprises japonaises ont pu alors constitu des ples de comptitivit cohrents , caractriss par une forte concurrence , une capacit dinnovation leve qui leur ont permis de passer des produits moyens de gamme des produits hauts de gamme et doccuper une position dominante sur le march .

    ces ples de comptitivit ont ainsi servi de base pour investir les autres postes de la filire et , en particulier , forts de lexprience acquis dans llectronique de consommation , les entreprises japonaises ont dvelopp des biens dquipement bass non plus sur la mcanique ( Allemagne ) mais sur llectronique .

    Conclusion : Elles ont opr ainsi une stratgie de remonte de filire qui est conforme la logique du modle de K..Akamatsu . Nanmoins aujourdhui la stratgie japonaise semble mise mal sur les crneaux les plus porteurs par le retour de lconomie amricaine

    Pour ceux qui veulent aller plus loin : "LES TRANSFORMATIONS DES ECHANGES ET DES INVESTISSEMENTS INTERNATIONAUX" Plan de cours d'Alexandre Minda 2ieme anne d'IEP

    SECTION II : LA TENTATION PROTECTIONNISTE ( 2 p 257)

    I ) UNE LIBERALISATION NECESSAIRE DES ECHANGES INTERNATIONAUX

    A ) LE LIBRE-ECHANGE EST OPTIMAL

    le postulat libral : Dans loptique librale qui va de Smith HOS , le libre-change est optimal et conduit une amlioration du bien-tre de tous les changistes . En effet , les pays ayant bas leur spcialisation sur des dotations factorielles complmentaires ont intrt laisser librement entrer les produits , car il bnficie ainsi de biens de meilleure qualit des prix plus rduits , ce qui amliore la satisfaction des consommateurs .

    Lapport des nouvelles thories au libre-change : Les nouvelles thories de la croissance semblent rendre le libre-change plus ncessaire que jamais :

    - la thorie de la croissance endogne montre que , plus laccumulation du progrs technique et des connaissances est leve , plus forte sera la croissance potentielle , le resserrement des liens conomiques entre les pays accrot la propagation des techniques , rduit le risque de duplication dactivits de R-D et gnre donc une croissance conomique plus forte .

    - afin de rduire leurs cots de production , les entreprises cherchent bnficier de rendements dchelle qui ncessitent une augmentation des dbouchs qui nest ralisable que par le dveloppement du libre-change et linstauration du march mondial .

    - le libre-change rduit les distorsions de prix en homognisant les prix des entreprises fabriquant les mmes produits . Ds lors , les entreprises vont tre incites investir sur les

  • marchs les plus porteurs , ce qui conduira une amlioration de lefficience conomique et donc terme de la croissance conomique .

    B ) LE PROTECTIONNISME GENERE DES EFFETS PERVERS

    Problme : Nanmoins , aujourdhui :- dans un contexte de crise conomique , daugmentation du chmage , la concurrence exerce par

    les pays faible cot de main duvre semble entraner la disparition de pans entiers de lindustrie qui sont alors dlocaliss , en particulier vers les NPI , ce qui multiplie les licenciements .

    - Aussi , de nombreuses voix slvent en particulier dans les rangs syndicaux pour demander lapplication de mesures protectionnistes .

    Critique de cette analyse : Les auteurs libraux sy opposent , considrant quelle dbouche sur une situation sous-optimale

    - lexprience des annes 30 a montr que le pays qui met sur pied une politique protectionniste afin de protger son industrie nationale va subir son tour des mesures de rtorsion de la part de ses partenaires trangers , ce qui risque de dboucher sur une gnralisation du protectionniste , qui ne peut que freiner la croissance et dtruire des emplois

    - les pays dAsie du Sud-Est ne sont pas aujourdhui seulement source de destruction demplois ; ils reprsentent la zone qui connat la plus forte croissance conomique et qui fournit donc des dbouchs nos entreprises , en particulier dans les secteurs forte valeur ajoute dans lesquels lindustrie franaise est en train de se spcialiser ( ex : T.G.V. en Core du Sud ) . Fermer nos frontires cest se priver des dbouchs dans cette zone et donc se priver demplois .

    - la solution serait dautant plus malvenue que lapplication de mesures protectionnistes en maintenant artificiellement des emplois dans des secteurs o elle nest plus comptitive ( ex : textile ) retarderait une spcialisation sur les secteurs les plus dynamiques , qui (comme l a montr Lafay) ncessite doprer des choix . La France ne pouvant tre prsente sur tous les marchs , il faut quelle opre une stratgie de spcialisation qui dynamisera sa croissance conomique .Sauvegarder des emplois dans les secteurs traditionnels , cest au contraire perptuer une spcialisation sur les produits o lon se concurrence par la comptitivit-prix ; cest donc terme dtriorer la comptitivit structurelle de lindustrie franaise qui rejoindrait le rang des pays intermdiaires en quittant celui des PDEM .

    - il ne faut pas non plus oublier que le protectionnisme a un cot pour le consommateur . Une tude de JENKINS concernant le cot de la protection de lindustrie textile canadienne dmontre que limposition des auto-limitations a permis de maintenir ou de crer 6000 emplois mais que chaque poste de travail a cot 14 000 dollars alors que le salaire moyen dans cette industrie ntait que de 10 000 dollars ( il aurait mieux valu payer 10 000 dollars des chmeurs ) . Cette mesure a cot aux consommateurs canadiens 467 millions de dollars en 79 ; les industriels canadiens profitant des mesures protectionnistes pour augmenter leur prix jusqu 30 % . Cette mesure a donc dtrior le pouvoir dachat des consommateurs les plus dfavoriss qui ont du payer plus cher du textile bas de gamme que les PVD leur auraient procur un prix beaucoup plus rduit .

    Conclusion : une politique protectionniste nest donc pas neutre conomiquement , elle engendre une redistribution des revenus des consommateurs qui perdent du pouvoir dachat suite la hausse des prix vers les producteurs qui maintiennent artificiellement des prix levs . Elle reprsente donc un jeu somme nulle . Le jeu est mme somme ngative , si comme le montre lexemple de lindustrie textile canadienne , les barrires douanires incitent les producteurs se spcialiser vers les produits les moins porteurs , laissant ainsi leurs concurrents trangers les spcialisations les plus dynamiques

    Les rpercussions ngatives sur les PVD : la politique protectionniste est donc nfaste pour le pays qui lapplique , mais elle risque en outre de freiner le dveloppement des PVD . En effet , les PVD nayant pas de march intrieur suffisamment solvable pour assurer un dcollage conomique ( cf. cercle vicieux de Nurske et chec de la stratgie de lindustrialisation par substitution dimportations ) sont obligs dappliquer une stratgie de promotion des exportations leur permettant , en particulier , de rembourser les dettes qui ont t ncessaires pour financer les investissements assurant le take off . Les PDEM ne peuvent avoir un double langage : souhaiter le dcollage des PVD et en mme temps par des mesures protectionnistes leur interdire dy accder . C ) LA LIBERALISATION DES ECHANGES INTERNATIONAUX PAR LE GATT ET LOMC

    Constat : il y a eu un cercle vicieux dpressionniste engendr en particulier par la multiplication des barrires protectionnistes durant lentre-deux guerres qui a frein lexpansion du commerce mondial et donc la croissance conomique ,

  • Solution : les grands pays dvelopps ont , ds la fin de la guerre , sign un accord ( le GATT en 47 ) qui avait pour objectif affirm de favoriser le plein emploi et la croissance conomique par le dveloppement des changes internationaux assurs par une diminution des barrires protectionnistes .

    Rsultat : l objectif a t atteint puisque les tarifs douaniers moyens des produits industriels dans les PDEM sont passs de 40 % 5 % en 90 .

    Nouveau dbat : mais , suite lentre en crise , la tentation protectionniste est rapparue ds les annes 70 par limposition de barrires non tarifaires . Les pays signataires de laccord du GATT devaient alors dcider :

    sils voulaient comme dans les annes 30 engager une guerre protectionniste qui bloquerait la croissance conomique ou au contraire sils dsiraient , par une libralisation accrue des changes internationaux ( portant non plus seulement sur des

    barrires tarifaires mais aussi sur des barrires non tarifaires , portant non plus seulement sur lindustrie mais aussi sur les services et lagriculture ) dynamiser le commerce mondial et assurer ainsi une sortie de crise

    Solution : cest dans cette perspective quont t menes les discussions de lUruguay Round qui ont dbouch sur la cration de lOrganisation Mondiale du Commerce (OMC) en 1995 .

    II ) VERS UN RENOUVEAU DU PROTECTIONNISME

    Introduction : Selon Ha-Joon Chang le protectionnisme est un facteur de dveloppement ;

    A peu prs tous les pays aujourd'hui dvelopps (PAD) avaient des politiques interventionnistes actives en matire de commerce, d'industrie et de technologie. Pendant les priodes de " rattrapage ", leur but tait de dvelopper leurs industries naissantes ; lorsqu'ils ont atteint leur objectif, ils ont eu recours des pratiques leur permettant de distancer leurs possibles concurrents. Ils ont pris des mesures pour matriser les transferts de technologies vers ces derniers (par exemple en mettant en place un contrle de l'migration des travailleurs qualifis ou de l'exportation+ des machines) et, par des traits ingaux et par la colonisation, ont contraint les pays moins dvelopps ouvrir leurs marchs. Toutefois, les conomies en phase de rattrapage autres que les colonies (officielles ou de fait) n'ont pas accept passivement ces mesures restrictives. Pour surmonter les obstacles qu'elles craient, elles ont mis en oeuvre toutes sortes de moyens lgaux et illgaux, tels que l'espionnage industriel, le dbauchage illgal de main-d'oeuvre et le passage d'qui pements en contrebande.

    L'tude des expriences historiques d'un ensemble de PAD (la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l'Allemagne, la France, la Sude, la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse, le Japon, la Core et Taiwan) dtruit beaucoup de mythes qui biaisent aujourd'hui le dbat, les plus nombreux portant sur les politiques conomiques de la Grande-Bretagne et le capitalisme+ de libre-change+ des Etats-Unis - les deux patries supposes du libralisme+.

    1. La Grande-Bretagne

    Contrairement au mythe populaire qui veut qu'elle se soit dveloppe sur la base du libralisme et du libre-change, la Grande-Bretagne a utilis agressivement - jusqu' en tre un pionnier dans certains domaines - des politiques volontaristes destines dvelopper ses industries naissantes. De telles pratiques, mme si leur porte est limite, remontent au XIVe sicle (Edouard III) et au XVe sicle (Henry VII) pour ce qui concerne l'industrie lainire, l'industrie de pointe l'poque. L'Angleterre exportait alors de la laine brute vers les Pays-Bas. Henry VII tenta de changer cette situation en taxant les exportations et en dbauchant des ouvriers qualifis hollandais. Entre la rforme de la politique commerciale, dcide en 1721 par le Premier ministre Robert Walpole, et l'abrogation de la loi sur les bls, en 1846, la Grande-Bretagne a mis en oeuvre des politiques agressives en matire d'industrie, de commerce et de technologie. Pendant cette priode, elle pratiqua activement la protection des industries naissantes, les subventions l'exportation+, les rductions de droits pour l'importation de matires entrant dans la fabrication des produits qu'elle exportait, le contrle de la qualit des exportations par l'Etat - toutes pratiques qui sont typiquement associes au Japon et autres pays est-asiatiques. Comme le montre le tableau supra, la Grande-Bretagne a eu des tarifs douaniers trs levs sur les produits manufacturs jusque dans les annes 1820, soit quelque deux gnrations aprs le dmarrage de sa rvolution industrielle et alors qu'elle possdait une avance technologique significative sur les nations concurrentes.

    C'est donc avec l'abrogation de la loi sur les bls, en 1846, que les Britanniques se sont convertis nettement - mme si ce n'tait pas compltement - au libre-change. On considre habituellement cette dcision comme la victoire dfinitive de la doctrine conomique librale classique sur l'aberration mercantiliste (par exemple Bhagwati, 1985), mais nombre d'historiens la voient comme un acte d'" imprialisme libre-changiste " destin " mettre un terme l'industrialisation+ sur le continent en accroissant les dbouchs pour les produits agricoles et les matires premires " (Kindleberger, 1978, p. 196). C'est d'ailleurs ainsi que le prsentaient les meneurs de la campagne pour l'abrogation de la loi sur les bls, tels que le politicien Richard Cobden et John Bowring, de la Chambre de commerce+.

    En bref, contrairement la croyance populaire, l'exemple britannique de passage un rgime de libre-change s'est construit " derrire des barrires douanires leves et durables ", comme l'crit l'minent historien de l'conomie Paul Bairoch

  • (Bairoch, 1993, p. 46). C'est pourquoi Friedrich List, l'conomiste allemand du XIXe sicle considr ( tort, comme nous allons le voir) comme le pre de la thorie moderne des " industries naissantes ", a dclar que les Britanniques prchant pour le libre-change se comportaient comme celui qui, arriv en haut du mur, " tire l'chelle " qui lui a servi grimper. Cela vaut la peine de le citer plus longuement : " C'est un ingnieux procd, fort commun, lorsque quelqu'un a atteint le sommet de sa grandeur, qu'il tire l'chelle qui lui a permis de grimper, afin de priver les autres des moyens de le rattraper. C'est le secret de la doctrine cosmopolite d'Adam Smith, des tendances cosmopolites de son grand contemporain William Pitt, et de tous ceux qui leur ont succd au gouvernement britannique. Toute nation qui, sous la protection des droits de douane+ et des restrictions la navigation, a port sa puissance industrielle et maritime un tel niveau de dveloppement qu'aucun autre pays ne peut lui faire concurrence, n'a rien de plus sage faire que de retirer ces chelles vers sa grandeur, de prcher aux autres nations les avantages du libre-change+ et de dclarer sur le ton du repentir qu'elle s'tait jusqu'ici gare, et qu'elle vient de dcouvrir la vrit " (List, 1885, p. 295-296).

    2. Les Etats-Unis

    Si la Grande-Bretagne fut le premier pays lancer avec succs sur une grande chelle la stratgie de la promotion des industries naissantes, ses utilisateurs les plus actifs furent les Etats-Unis - que Paul Bairoch a dsigns comme " le berceau et le bastion du protectionnisme+ moderne " (Bairoch, 1993, p. 30).

    En effet, les premiers arguments systmatiques en faveur des industries naissantes ont t dvelopps par des penseurs amri cains, comme Alexander Hamilton, le premier secrtaire au Trsor des Etats-Unis, et Daniel Raymond. C'est dans les annes 1820, pendant son exil aux Etats-Unis, que Friedrich List, le pre intellectuel suppos de la thorie de la protection des industries naissantes, a commenc apprendre sur la question. Beaucoup d'intellectuels et de politiciens amricains avaient bien compris, pendant la priode de " rattrapage " de leur pays, que la thorie du libre-change dfendue par les Britanniques ne leur convenait pas. List fait l'loge des Amricains pour ne pas avoir cout des conomistes influents comme Adam Smith ou Jean-Baptiste Say, qui soutenaient que la protection des industries naissantes serait un dsastre pour les Etats-Unis, pays riche en ressources. Les Amricains ont obi au " bon sens " et " l'instinct de ce qui tait ncessaire pour la nation " (List, 1885, p. 99-100), et continu protger leurs industries, en commenant par mettre en vigueur un nouveau tarif douanier+ en 1816 (3).

    Entre 1816 et la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis ont eu l'un des taux moyens de droits de douane sur les importations de produits manufacturs les plus levs du monde. Comme le pays a bnfici, au moins jusque dans les annes 1870, d'une protection " naturelle " exceptionnelle, du fait des cots de transport levs, on peut dire que les industries amricaines ont t les plus protges du monde jusqu'en 1945. Aprs la guerre de Scession, le protectionnisme devint trs important. Contrairement ce que l'on croit, ce conflit n'a pas eu comme seul motif la question de l'esclavage : les tarifs douaniers furent une cause au moins aussi importante (4). C'est seulement aprs la Seconde Guerre mondiale, quand leur suprmatie industrielle ne fut plus conteste, que les Etats-Unis libralisrent leur commerce (mme si ce ne fut pas aussi radicalement que les Britanniques l'avaient fait au milieu du XIXe sicle) et commencrent se faire les champions du libre-change+ - apportant une fois de plus la preuve que List avait raison avec sa mtaphore de l'" chelle tire ". La citation ci-aprs d'Ulysses Grant, hros de la guerre de Scession et prsident des Etats-Unis de 1869 1877, montre bien que les Amricains ne se faisaient aucune illusion sur le fait qu'ils avaient, comme les Britanniques, " tir l'chelle " (5) : " Pendant des sicles l'Angleterre a tabl sur la protection, qu'elle a port son plus haut niveau. Elle en a obtenu des rsultats qui la satisfont. C'est sans aucun doute ce systme qu'elle doit sa puissance actuelle. Aprs deux sicles, elle a trouv bon d'adopter le libre-change+ parce qu'elle pensait que le protectionnisme+ ne pouvait plus rien lui apporter. Eh bien, messieurs, ma connaissance de notre pays me permet de croire que dans deux cents ans, quand l'Amrique aura tir de la protection tout ce qu'elle peut lui apporter, elle aussi se convertira au libre-change " (Ulysses S. Grant, cit dans A. G. Frank, 1967, p. 164).

    3. Exercices de distancement

    Comme je l'ai signal plus haut, une fois arrivs au sommet, les PAD ont utilis toutes sortes de tactiques pour distancer les pays qui suivaient. Les politiques mises en oeuvre furent, bien entendu, diffrentes selon le statut politique de ces derniers - colonies, pays semi-indpendants lis par des traits ingaux ou nations concurrentes indpendantes.

    La Grande-Bretagne a empch le dveloppement industriel de ses colonies de faon particulirement agressive. Premirement, elle a encourag la production de matires premires par des subventions (les " primes ") et supprim les droits de douane+ sur les importations+ de ces marchandises en provenance de ses colonies. Deuximement, elle a mis hors la loi, dans ses colonies, les activits manufacturires haute valeur ajoute+. Troisimement, elle a interdit aux colonies d'exporter des produits concurrents des siens. Par exemple, les Anglais ont interdit les importations+ de cotonnades d'Inde (les " calicots "), en 1700, et les exportations+ de drap au dpart de leurs colonies (par exemple l'Irlande et les Etats-Unis) vers d'autres pays, en 1699. Quatrimement, l'Angle terre interdisait aux autorits coloniales d'imposer des droits de douane+ ; et lorsqu'ils taient ncessaires au budget+ du territoire, elle les contrait d'une faon ou d'une autre. Par exemple, quand le gouvernement colonial britannique en Inde imposa, pour des raisons purement fiscales, des droits - fort rduits : de l'ordre de 3 10 % - sur les importations+ de textiles, les producteurs locaux durent payer une taxe+ du mme ordre, afin que la situation " soit quitable pour tous ".

    Des " traits ingaux " furent utiliss pour priver des pays thoriquement indpendants de leur autonomie douanire, en maintenant leurs tarifs des niveaux trs bas (habituellemen