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Fanny Gicquel

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EXPOSITION PERSONNELLE

2021 A score for performing objects, Frieze London, curator: CĂ©dric Fauq-ENG Do you feel the same, Galerie Hua International Gallery, Berlin- DE2020 Toute forme garde une vie, The left right place, Reims - FR Des Ă©clats , Passerelle, Centre d’art contemporain, Brest - FR

EXPOSITION COLLECTIVE

2021 Kratt, l’ombre d’un mĂ©tĂ©ore, Buropolis, Commissariat: Le 4Ăš Ă©tage, Marseille Hallen#2 - Yes to all, K60, Wilhelm Hallen, Berlin - DE Le rayon vert, cycle de recherche estivale et exposition numĂ©rique Commissariat: Henri Guette, Alexandra Goullier Lhomme Hostcall, Open School Galerie, Nantes - FR Tsundoku, CollĂšge Jean Lurçat, Lorient-FR Commissariat: Le 4Ăšme Ă©tage Screening Sculpture, exposition itinĂ©rante, Londres Ă  Saint-Petersbourg. Commissariat: Ania Soko, Georgia Stephenson 10e Prix de la Jeune CrĂ©ation de Saint-RĂ©my, Saint-RĂ©my - FR2020 Touching Feeling, Gallerie Hua International, Beijing-CH Walking In Ice, Galerie Hua International, Berlin- DE Machine ronde , Loto, Bruxelles - BE 2019 Crossroad 3px2p , MusĂ©e des Beaux-Arts, Rennes - FR RE - OX , Gallerie Loire, Nantes - FR Emergence , Gallerie Pictura, Cesson-SĂ©vignĂ© – FR Transitoire : le kiosque , Rennes -FR2018 Eleventh Avenue Expo , 11th Avenue, Regina - CA Cosmorama , MusĂ©e des Beaux-Arts, Rennes-FR Katapeltes , Maison Internationale de Rennes-FR2017 Fraction , HĂŽtel Pasteur, Rennes-FR Qui perd gagne , collectif Super Super, Gallerie du CloĂźtre,, Rennes-FR 2016 Moquetter ,Gallerie du Crous, Rennes-FR Autour de la cĂ©ramique , Quimper EESAB - FR Kevin fait de la peinture , Gallerie Le Praticable, Rennes-FR

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itae RESIDENCE/CONFERENCES

Ă  venir: Coup de Pouce, Le Bel ordinaire, Pau Fieldwork Marfa, Marfa, Texas-US2021 ConfĂ©rence, Ecole EuropĂ©enne SupĂ©rieur d’Art de Bretagne, Lorient ConfĂ©rence journĂ©e professionelle, Documents d’Artistes Bretagne, Rennes TempĂȘte, Association Finis Terrae et AJD, Ile Stagadon et l’Aber Wrach2020 HĂŽtel Experimenta, Salon-la-Tour Les Chantiers, Passerelle Centre d’art contemporain et Documents d’Artistes Bretagne, Brest ConfĂ©rence, Ecole EuropĂ©enne SupĂ©rieur d’Art de Bretagne,Brest ConfĂ©rence Table ronde femmes artistes, Before Sunrise x Quinconce Gallery2019 RĂ©sidence, Ecole Le libertĂ©, Rennes

FESTIVAL ET PERFORMANCE

2021 Festival Ausufern, Uferstudios, Berlin-DE Commissariat: Sandhya Daemgen et Eva-Maria Hoerster ChronomĂ©trie, Festival Art Souterrain, MontrĂ©al-CA Commissariat: Nathalie Bachand et Dulce Pinzon2019 In - ouĂŻ.e, performance et poĂ©sie, cafĂ©-brocante ALASKA, Rennes-FR. Commissariat: Collectif Uklukk Festival ExcentricitĂ©s , ISBA Besançon et Frac Franche-ComtĂ© – FR 2018 Speaker Corner, ThĂ©Ăątre National de Bretagne (4Ă©me Ă©tage)-FR2017 CirconfĂ©rences , Biennale de confĂ©rences, Rex project #02, thĂ©Ăątre Le Rex, ChĂąteau- Gontier-FR FantĂŽmes, Nuit europĂ©enne des musĂ©es, MusĂ©e des Beaux-Arts, Rennes PROJET PLURIDISCIPLINAIRE ET COLLABORATIFS

2021 L’eau d’ici, projet artistique et pĂ©dagogique, rĂ©sidence de recherche Ă  La CriĂ©e, centre d’art Contemporain et Ă  la Kunstverein Haus 8, Kiels. Sur une invitation du collectifUklukk -FR-DE TempĂȘte, rĂ©sidence Ă  dimension sociale et artistique avec un public en rĂ©insertion, Association Finis Terrae et Association AJD, Ile Stagadon et chantier maritime de l’Aber Wrach -FR2019 CRLT, collaboration avec Vincent-Michael Vallet et la compagnie Pilot Fishes, rĂ©alisation et suivi d’un processus participatif sur une piĂšce chorĂ©graphique en cours d’élaboration, exposition-restitution, Festival Agitato, Le Triangle-FR2017 Suzanne aux yeux noirs , collaboration avec les jardins de la Ville de Rennes conceptionmotif,choixdesfleurs,processusetsuividefloraison,parcours sculptural, Parc du Thabor, Rennes-FR

07/03/1992Vie et travaille Ă  Rennes (FR)Contact: [email protected]Ă©e par Hua International

Actualités

11.21 Kratt, l’ombre d’un mĂ©tĂ©ore, Buropolis, Commissariat: Le 4Ăš Ă©tage, Marseille 01.22 RĂ©sidence «coup de pouce» Le Bel ordinaire, centre d’art contemporain, Pau02.22 ARCO, Foire d’art contemporain de Madrid, Madrid - SP

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COMMISSARIAT ET ORGANISATION D’EVENEMENTS 2021 COMICO#1, projet pluridisciplinaire en collaboration avec les associations Le 4Ăšme Ă©tage, Uklukk et Transitoire, Loperhet Transitoire: Point d’équilibre, Les ateliers de la ville en bois, Nantes-FR Pendant ce temps dehors, Co-commissariat avec Alice Delanghe et la complicitĂ© de Ann Stouvenel et Marcel Dinahet, Projection: AJD, Saint- Briac, Poush Manifesto ( Paris )2019 Transitoire: Le kiosque, Rennes-FR2017 327 pas de l’une Ă  l’autre , Co-commissairiat avec Vincent-Michael Vallet en collaboration avec le musĂ©e des Beaux-Arts de Rennes, Ă©glises Toussaints et Saint-Germain, Rennes-FR

ENSEIGNEMENT ET WORKSHOP

En cours: L’atelier des expĂ©riences, ateliers en famille 2021-2022, FRAC BretagneĂ  venir: Artiste intervenant Workshop, Ecole EuropĂ©enne SupĂ©rieur d’Art de Bretagne,Site de Rennes2021: Artiste intervenant Workshop: L’object performatif comme vecteur de rĂ©cit, Ecole EuropĂ©enne SupĂ©rieur d’Art de Bretagne,Site de Lorient Artiste intervenant Workshop: L’objet performatif dans sa relation au corps et au geste, Ecole EuropĂ©enne SupĂ©rieur d’Art de Bretagne, Site de Brest2021: Maitre de stage, une Ă©tudiante, Master2, EESAB2020: Maitre de stage , neuf Ă©tudiant.e.s, EESAB2019: Enseignement pĂ©riscolaire art plastique, Ecole Le libertĂ©, Rennes

INTERPRETE

2021VoixdufilmDĂ©merdons-nous pour ĂȘtre heureux de Alice Delanghe2020 Rendre vivant, AngĂšle Manuali, Institut Ulpien, Rennes2019 En son Quartier, Alain Michard, Frac Bretagne et Hotel Pasteur, Rennes2018 Carbone, Nicolas Floc’h, exposition Glaz Frac Bretagne, Rennes

EDITIONS-MULTIPLES

2021 Teeesssage, rĂ©alisation d’un tee-shirt, 25 ex, Production: Palette-Palette Une Ă©dition Ă  la mer, 40 ex, en collaboration avec Alice Delanghe Production: Finis Terrae 2020 Pop-Up:Production collaborative et PrĂȘt d’Ɠuvres Ă  jouer, RĂ©alisation d’un objet Ă  destination du jeune public, Passerelle CAC, Brest ImmensitĂ©, rĂ©alisation d’une Ă©charpe, 25 ex, Production: Label PhenĂŒm

FOIRES Ă  venir: ARCO, Foire d’art contemporain de Madrid, Madrid - SP NAFI 2021, Foire d’Art Internationale de Nanjing, Nanjing - CH2021 AMT SALON, Foire d’Art de Berlin, Allemagne - DE Beijing Contemporary Art, Foire d’Art Internationale de PĂ©kin, PĂ©kin - CH Westbund, Foire d’Art Internationale de Shanghai, Shanghai - CH Frieze London, Foire d’Art Internationale de Londre, (solo booth) Commissariat: CĂ©dric Fauq, Angleterre- ENG2020 NAFI 2020, Foire d’Art Internationale de Nanjing, Nanjing - CH

BOURSE, PRIX

2021 LaurĂ©ate du Prix Marfa-Hostcall, Nantes SĂ©lectionnĂ© pour le 10e Prix de la Jeune CrĂ©ation de Saint-RĂ©my Projet TempĂȘte: Dispositif Culture solidaire du Conseil dĂ©partemental du FinistĂšre, avec le soutien du Conseil rĂ©gional de Bretagne et de la DRAC Bretagne MinistĂšre de la culture & de la communication Projet Transitoire; Bourse d’aide aux collectifs, la Fondation des Artistes et l’Ecole EuropĂ©enne SupĂ©rieur d’Art de Bretagne Secours Exceptionnelle, Le Centre national des arts plastiques Bourse de soutien Ă  la crĂ©ation, Ville de Rennes

FORMATIONS

2018 DNSEP option Art avec les félicitations du jury,EESAB Rennes-FR2016 DNAP option Art avec les félicitations du jury,EESAB Rennes -FR

AUTRE

Membre fondateur de l’association TransitoireMembre fondateur de l’association COMICOMembre fondateur de l’association B612

PUBLICATIONS

Frieze London Interview videoArtnewsArtnetRevue opium n°9 Faire corps -visuel p.80-83Hostcall 2, catalogue d’exposition et interview vidĂ©oMoussemagazineL’bservatoire MagazineArtistes ManifestesContemporary Art DailyArt ViewerPoint ContemporainDocuments d’artistes Bretagne, Interview-vidĂ©oRe-ox, Fan-magazin, Exhibition catalog, p16Point Contemporain, online article of March 13, 2019Cosmorama,exhibitioncatalog,publishedbytheMuseumoffineart,Rennes,2018Kostar magazine, number 57 October November 2017 season 12 page 49

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J’élabore des environnements Ă  l’intĂ©rieur desquels j’expĂ©rimente la prĂ©sence du vivant et plus prĂ©cisĂ©ment du corps dans l’espace et le temps de l’exposition. Je m’intĂ©resse Ă  la jonction et Ă  la transition entre le rituel, la performance et le processus artistique.

Mes installations sont composĂ©es de dispositifs spatiaux permettant d’explorer la dialectique entre intĂ©rieur et extĂ©rieur. J’utilise principalement des textiles, de l’acier, du verre et de la cire pour crĂ©er des objets Ă  lafrontiĂšre entre sculptures et objets performatifs. Dans ce potentiel de transformation, l’Ɠuvre existe en deux temps, permettant d’explorer la relation entre l’animĂ© et l’inanimĂ©, ainsi que l’espace-temps pendant et aprĂšs l’action.Mes projets sculpturaux portent en eux un scĂ©nario d’activation, voir d’habitation tout en conservant leur autonomie plastique.

À travers la lenteur et l’immobilitĂ©, mes performances invitent au ralentissement et Ă  la contemplation jusqu’à crĂ©er des images proches du tableau vivant, produisant une atmosphĂšre particuliĂšre, poĂ©tique, tendue, parfois abstraite et incertaine. En travaillant avec le temps et l’espace comme une matiĂšre que les corps viennent sculpter, j’essaye de crĂ©er une nouvelle syntaxe qui interrogent nos modes de relation, de communication et notre promiscuitĂ© contemporaine.

DiffĂ©rentes modalitĂ©s d’apparitions me permettent de crĂ©er dessituations qui interrogent et rĂ©vĂšlent une porositĂ©,une ambiguĂŻtĂ© entre l’intimeetl’impersonnel,l’intĂ©rioritĂ©etl’extĂ©rioritĂ©,larĂ©alitĂ©etle rĂȘve, la douceur et la violence, la retenue et la libĂ©ration. Le geste pensĂ© comme un prolongement sculptural est un moyen d’échapper Ă uneformedĂ©finitivedemonstrationdesƓuvres.«Lesgestes,lesmimiques, les postures, les dĂ©placements expriment des Ă©motions, accomplissent des actes, soulignent un propos ou le nuance, ils manifestent en permanence du sens pour soi et pour les autres.»1. C’est Ă  travers ces mots que j’entrevois une pratique chorĂ©graphique, comme une tentative de rĂ©sonance qui se dĂ©ploie par des moyens de communications non-verbaux et des systĂšmes d’interactions entre le corps et l’objet. Les formes performatives dĂ©veloppĂ©es prennent l’aspect de miniatures-chorĂ©graphique et d’activation d’objets prĂ©cises tandis que leur intrication les unes par rapports aux autres seveutfluide,souventimprovisĂ©eetenconstantenĂ©gociationavecl’espace. Écriture chorĂ©graphique et improvisation s’interpĂ©nĂštrent constamment et constituent une Ă©nergie centrale de mon travail.

Fanny Gicquel

1 David Le Breton, les passions ordinaires.

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A score for performing objects

A score for performing object, 2021, exposition-performance, 30 mnFrieze London 2021 (solo booth)

Section «Unworlding» Commissariat: Cédric FauqPerformeur.se.s: Davi Vinicius et Fanny Gicquel

Images: © Vivian Yao © Sarah Lee

RĂ©alisĂ© spĂ©cialement pour la section Unworlding curatĂ© par CĂ©dric Fauq Ă  la foire Frieze London 2021, « A score for performing objects » prĂ©sente un ensemble d’Ɠuvres rĂ©alisĂ© prĂ©cĂ©demment (2021-2020) et deux nouvelles Ɠuvres papiers. Mes Ɠuvres sont gĂ©nĂ©ralement prĂ©sentĂ© en Ă©troite relation avec l’espace d’exposition et cette installation m’a permis d’explorer Ă  la fois un nouveau contexte de monstration, mais aussi un nouveau dialogue entre mes piĂšces.

« L’anĂ©antissement du monde tel que nous le connaissons - est potentiellement devenu notre seul moyen d’exercer l’espoir aujourd’hui,toutendĂ©plaçantlaperspectivesurcequesignifientl’espoiretleprogrĂšs.Parlebiaisd’architecturesfictives,d’apocalypseslentesetdepĂ©nuriesfictives,lesartistesrĂ©unispourUnworldingnousmontrent comment le pessimisme peut stimuler l’imagination plutĂŽt que de conduire Ă  l’immobilisme ou Ă  la (re)production du monde dans lequel nous vivons. » CĂ©dric Fauq

« Fanny Gicquel s’intĂ©resse depuis plusieurs annĂ©es aux thĂ©matiques de l’espace personnelle, de la fragilitĂ© humaine et de la distance sociales ; qui ont pris une nouvelle pertinence Ă  l’heure actuelle. Les Ɠuvres de l’artiste explorent ces thĂšmes en transformant les frontiĂšres entre installation, sculpture et performances. Les mĂ©diums s’entremĂȘlent pour composer une partition chorĂ©graphique minimaliste et sensorielle. The score for performing objects » vise Ă rĂ©flĂ©chirsurlacorrĂ©lationentrelecorpsetl’objet,entresoietl’autre dans une pĂ©riode de transformation de l’expĂ©rience esthĂ©tique et vĂ©cue. Le travail de Fanny Gicquel converge vers la beautĂ© de l’humain objectivĂ© et la subjectivitĂ© d’une Ɠuvre d’art. » Justin Polera

page de gauche: les doigts sont comme des yeux, 2021, acier, poudre sable,pigment 16mm diametre

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haut page de gauche: Le tissus de mes nerfs , 2019-2020, mĂ©tal, coton, encre ; Je veux partir avec vous, partout ou vous ĂȘtes allĂ©s , 2019-2020, acier, peinture ; l’appel confus des eaux, 2019-2020, installation, acier, peinture, Plexiglas, miroir, papier, plĂątre, rĂ©sine, eaubas page de gauche: Ornement depuis ton corps :Ă©paule, 2020-2021, verre, corde, tissus, paraffine, cheveux, mĂ©got de cigarette, dimensions variablesci-dessus: Ornement depuis ton corps :tĂȘte, 2020-2021, verre, corde, tissus, paraffine, cheveux, mĂ©got de cigarette, dimensions variables

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page de gauche: Le tissus de mes nerfs , 2019-2020, mĂ©tal, coton, encre ci-dessus: l’appel confus des eaux, 2019-2020, installation, acier, peinture, Plexiglas, miroir, papier, plĂątre, rĂ©sine, eau

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haut page de droite: Je veux partir avec vous, partout ou vous ĂȘtes allĂ©s , 2019-2020, acier, peinturebas page de droite: ces lignes noir qui nous cachent la vĂ©ritĂ© n°1-2, 2018-2021, acier, papier thermique, dimensions variables

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do you feel the samedo you feel the same, 2021, exposition-performance, 45 mn

Exposition personnelle à la galerie Hua International, BerlinEn collaboration avec la chorégraphe Alice Heyward

Performeur.se.s: Thanos Frydas,Mickey Mahar, Luísa Saraiva,Leah Marojević and Leah Katz.

Musique: DelawhereImages: © Timo Ohler © Robert Trieger-Video:Agustin Farias

Fanny Gicquel imagine le monde moins comme un espace d’entitĂ©s discrĂštes et cloisonnĂ©es que comme une constellation dynamique d’entremĂȘlements, de croisements et d’interfĂ©rences.

Conçue en Ă©troite conversation avec la chorĂ©graphe Alice Heyward, l’exposition-performance Do you feel the same articule une sĂ©rie de constellations sculpturales-performatives qui prennent la forme de trois «corporalitĂ©s» - salle du corps de la machine / salle du corps des rĂȘves / salle du corps de la mĂ©moire - toutes mettent en avant diffĂ©remmentlaprimautĂ©del’isolementetdelaconnexion,etlesglissements entre ces Ă©tats.

Le philosophe Jean-Luc Nancy dĂ©crit le corps comme une limite, un dĂ©roulement, un lieu oĂč les choses se passent. «Les corps ne sont pas une sorte de plĂ©nitude ou d’espace rempli», Ă©crit-il, «ils sont un espace ouvert, impliquant, en un certain sens, un espace plus proprement spacieux que spatial, ce que l’on pourrait aussi appeler un lieu. Les corps sont des lieux d’existence, et rien n’existe sans un lieu, un lĂ , un «ici», un «ici est», pour un «ceci». »Cette frontiĂšre, la limite oĂč le corps prend place, comme le soutient Nancy, apparaĂźt dans l’Ɠuvre de Fanny Gicquel comme une zone mallĂ©able qui nĂ©gocie perpĂ©tuellement ses bords ou ses limites. Quelle est la relation entre votre intĂ©rieur et votre extĂ©rieur? Avez-vous dĂ©jĂ  rĂȘvĂ© de vivre dans une maison aussi grande que votre corps? Pensez-vous que la mĂ©moire devient du sang dans notre corps? De telles questions Ă©mergent Ă  travers un dialogue ouvert entre les interprĂštes alors qu’ils sculptent des marques abstraites dans de grandesplaquesdeparaffineoulesdĂ©composentenfragmentspluspetits dans la salle du corps de la mĂ©moire. Dans l’espace de cette piĂšcefraĂźcheetmonochrome,cesrĂ©flexionsgĂ©nĂ©rĂ©esencollaborationpuisent dans un bassin de mĂ©moire qui brouille les distinctions entre individuel et collectif, intime et gĂ©nĂ©rique. Des formes textiles

abstraites entrelacĂ©es pendent de deux ensembles d’armatures en laiton incurvĂ©es dans la salle de rĂȘve / corps de rĂȘve. Il y a quelque chose de vaguement corporel dans ce dĂ©licat enchevĂȘtrement de formes, comme des Ă©cheveaux de vĂȘtements de dĂ©tente dĂ©construits qui conservent encore une trace de la chaleur de leur porteur. Dans la salle des machines / corps de la machine, des Ɠuvres en verre et en tissu suspendus entourent quatre sculptures en acier Ă  cadre ouvert qui proposent des contours squelettiques d’un espace de vie domestique. Les interprĂštes jouent des sĂ©ries de gestes familiers et automatiques parmi ces objets qui semblent pourtant avoir perdu leur rĂ©fĂ©rent: s’accroupir, se tordre, presser, tourner. Cette salle du corps, comme l’ensemble du projet, est un organisme vivant, un espaceĂ habiter,sanscessereconfigurĂ©parlemouvementetletoucher. Comme l’écrit Nancy, «le corps fait place Ă  l’existence». Les situations sculpturales et gestuelles Ă©phĂ©mĂšres qui se dĂ©roulent ici interrogent et rĂ©vĂšlent une porositĂ©, une ambiguĂŻtĂ© entre l’intime et l’impersonnel, l’intĂ©rioritĂ© et l’extĂ©rioritĂ©, la vie Ă©veillĂ©e et le rĂȘve pour venir habiter dans l’espace entre ce qui est cachĂ©, ce qui est partagĂ©, ce qui est la sienne, et ce qui est commun.

Jesi Khadivi

Teaser 1 https://vimeo.com/538072221Documentation https://youtu.be/oGtb2DOT52s

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En entrant dans l’espace appelĂ© «Salle du corps des machines», le spectateur tourne le dos Ă  une peinture murale qui se dĂ©voile progressivement et renforce la sensation d’immersion dans l’Ɠuvre. Comme les lignes d’un dessin, les structures en acier blanc dessinent des espaces trompeurs par leur Ă©chelle. Entre le modĂšle et l’architecture, ils incarnent l’abstraction d’un espace ordinaire.IlssontmanipulĂ©sparlesinterprĂštesafind’amĂ©nagerdenouveauxespaces scĂ©niques, permettant l’isolement ou le rassemblement.

Une sĂ©rie de sculptures en verre pendent du plafond. Leurs formes s’inspirent d’une certaine corporalitĂ©: penser pour le corps, ou s’inspirer des formes du corps. Les interprĂštes injectent de la fumĂ©e (e-cigarette) dans certaines sculptures,etlafumĂ©esortdiscrĂštementpardepetitsorifices.Dansd’autresformes de verre, c’est un liquide beige, Ă©trange et inconnu qui semble s’y ĂȘtre dĂ©finitivementinstallĂ©.LecordondetissuconduitĂ desboulesdeparaffinequi sont teintes avec des pigments et contiennent des cheveux, des mĂ©gots de cigarettes et des ongles.

Dans cette piĂšce, la performance s’articule entre l’activation et la chorĂ©graphie. La partie la plus chorĂ©graphiĂ©e consiste en la rĂ©alisation d’une phrase personnelle aux interprĂštes et inspirĂ©e par des gestes de leur vie quotidienne.EnutilisantdiffĂ©rentsrythmes,lesinterprĂštessesynchronisentpour les interprĂ©ter de la position debout au sol. Par la rĂ©pĂ©tition, le corps des interprĂštes devient plus mĂ©canique, tandis que d’autres interprĂštes exĂ©cutent d’autres actions simultanĂ©ment dans la mĂȘme piĂšce ou dans une piĂšce adjacente.

page de gauche: Ornement depuis ton corps :épaule, 2020-2021, verre, corde, tissus, paraffine, cheveux, mégot de cigarette, dimensions variables

Machine body room

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page de droite: ornement depuis ton corps : tĂȘte, 2020-2021, verre, corde, tissus, paraffine, cheveux, mĂ©got de cigarette, dimensions variablespage suivante: abstraction d’un espace ordinaire n°1 -4, 2020-2021, , acier, peinture aluminium, 202x140cm

Cette sculpture invite a placĂ© sa tĂȘte Ă  l’intĂ©rieur. Semblable Ă  une cloche, elleĂ©voquedesprĂ©sentationsscientifiquesd’unspĂ©cimenbiologique.IlpeutĂȘtreportĂ©par lespectateurafindedĂ©formeretde façonnerunenouvellevision de l’espace environnant.

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page de droite: ces lignes noir qui nous cachent la vérité n°1-2, 2018-2021, acier, papier thermique, dimensions variables

Les rouleaux de papier thermique des caisses enregistreuses sont lissĂ©s avec un fer Ă  cheveux. La chaleur fait apparaĂźtre sur le papier des «dessins» qui sonttoujoursdiffĂ©rentsselon laperformancede l’interprĂšte.Onpeutvoirdes ondes, une Ă©criture codĂ©e, un scanner.

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page de gauche: les sangles n°1-4, 2021,cotton, paraffine, cheveux, mégot de cigarette, talc poudre, 6m

Ces sculptures textiles ont un potentiel d’action qui ne sera pas activĂ© directement dans la performance. Leur prĂ©sence mystĂ©rieuse peut rappeler des outils, des sangles, des moyens d’accrochages. À l’intĂ©rieur, sont cachĂ©s un ensemble d’objets en cire, des boules que j’ai roulĂ© dans ma main et qui ont gardĂ© l’empreinte de mes doigts. Des mĂ©gots de cigarette, des ongles et des cheveux rĂ©coltĂ©s dans mon entourage sont dissimulĂ©s Ă  l’intĂ©rieur.

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Au-dessus: les doigts sont comme des yeux, 2021, acier, poudre talc, 16mm diametrePage de gauche: ornement depuis ton corps : tĂȘte, 2020-2021, verre, corde, tissus, paraffine, cheveux, mĂ©got de cigarette, dimensions variables

À de multiples endroits, apparaissent des trous cerclĂ©s d’un anneau en acieretcontenantdutalc.Rappelantlesorificeshumains,lesperformeursy glissent leurs doigts et laissent des traces temporaires sur les surfaces (murs, textiles). Leurs prĂ©sences, discrĂštes et fragiles, confĂšrent Ă  ces cavitĂ©s une certaine Ă©trangetĂ©.

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À partir d’une collecte d’image de corps, seul ou en groupe, en mouvement ou immobile, dans la vie quotidienne, en pratique sportive ou en cĂ©lĂ©bration, j’ai rĂ©alisĂ© des collages en papier. J’ai ensuite prĂ©levĂ© le contour de ces formes que j’ai reportĂ© dans le tissu. EntrelacĂ©es, elles deviennent abstraites, mais l’on peut y reconnaĂźtre un fragment de corps. Ces nouvelles silhouettes sont suspendues sur un systĂšme d’accroche en laiton. Il y a un jeu d’équilibre entre l’apesanteur du tissu, le poids prĂšs du sol et cette structure plus aĂ©rienne. Les couleurs pastel, comme ternies, sont plus proches de celle des rĂȘves, imprĂ©cise et nĂ©buleuses. La chorĂ©graphie de la piĂšce ‘ machine body room’ se prolonge dans cet espace. À la fois par le regard des performeurs entre eux d’une piĂšce Ă  l’autre, mais aussi par la phrase chorĂ©graphique qui se poursuit sur un rythme ralentie. Les performeurs s’arrĂȘtent parfois, s’allongent et sont libres de recommencer ou de changer de piĂšce.

page de droite: attraper nos ombres colorées, 2020-2021, coton, laiton, dimension variable

Dream body room

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Extrait: https://vimeo.com/538566364

Memory room explore et questionne la relation entre le corps et la mĂ©moire ainsi que la porositĂ© entre la mĂ©moire individuelle et la mĂ©moire collective. « Quelleest la relationentrevotre intĂ©rieuretvotreextĂ©rieur ? Â»Â« Avez-vousdĂ©jĂ rĂȘvĂ©devivredansunemaisonaussigrandequevotrecorps ? Â»Â«  Combien de souvenirs sont fait de mensonges  ?  » De telles questionsĂ©mergent Ă  travers un dialogue ouvert entre les interprĂštes pendant qu’ils graventdesmarquesabstraitesdansdegrandesplaquesdeparaffineoulesdĂ©composent en fragments plus petits. Dans cet espace monochrome blanc, cesrĂ©flexionsgĂ©nĂ©rĂ©esencollaborationpuisentdansunrĂ©servedequestionssur la mĂ©moire qui brouille les distinctions entre individuel et collectif, intime etgĂ©nĂ©ral.LesinterprĂštesparlentavecuneinflexionascendanteĂ lafindeleursquestion.Ils’agitd’unetechnique,nommĂ©ele« upspeak Â»oulaprosodieauneinflexionverslehautĂ lafind’unephrase,courantechezlesfemmesen tant que stratĂ©gie de survie pour la communication en transformant les dĂ©clarationsensuggestionsSuspenduetflottantsansfin,lesquestionsseconnectent avec un mouvement rĂ©alisĂ© simultanĂ©ment, crĂ©ant un paysage ou se rencontre la pensĂ©e, le mouvement, la parole. Le sol de l’espace partagĂ© Ă  parts Ă©gales entre les interprĂštes et les spectateurs,est recouvertdeplaquesdeparaffine.Avec sa fragilitĂ©et satexturecollante,laparaffineincarnelamatiĂšredelamĂ©moire.SanscesserecomposĂ© et manipulĂ©, il vit et change de forme durant la performance. Progressivement, de l’esthĂ©tique minimaliste (dalles Ă©purĂ©es), il devient un sol fait de milliers de piĂšces. Les interprĂštes disposent d’un ensemble de petits outils pour creuser, marquer, casser le sol et allumer des mĂšches de petites bougies. Cette installation-performance est comme une peinture qui ne sĂšche pas et qui Ă©volue perpĂ©tuellement. Le corps utilise la voix et le mouvement pourcrĂ©erunfluxcontinu.Leflotincessantdequestions,transformelavoixen un mouvement passant du signe Ă  l’abstrait. Les interprĂštes alternent entre position et mouvement « allongĂ© ». L’allongĂ© est un mouvement de bras appartenant Ă  la base de la danse classique, mais ici, il va au-delĂ  de cetteforme,s’étendantdansl’abstrait.LaqualitĂ©de« l’allongĂ© Â»s’étendĂ traverslescorpsetlaconversation,alorsquenousrĂ©flĂ©chissonsensembleĂ  lamaniĂšredontnousaccĂ©donsetaffectonsnotrepropremĂ©moireet lamĂ©moire de chacun.e . Les situations sculpturales et gestuelles Ă©phĂ©mĂšres articulent une constellation alimentĂ©e par l’imaginaire collectif, invitant les visiteursĂ seconnecteretĂ flotterĂ traversdemultipleslignesetcourbes.L’extension physique et relationnelle est utilisĂ©e pour trouver une connexion au-delĂ  de nos modes de perception dominants.Page prĂ©cĂ©dente: Est-ce que tu te souviens quand tu as commencĂ© as oubliĂ©?, 2021, parafine, dimension variable Page de gauche: les larmes de ce que nous avons perdu, 2020-2021, acier, peinture blanche, Ă©ponge konjac, pigment, bouteille d’eau, dimension variable

Memory body room

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Des Ă©clatsDes Ă©clats, installation-sculpture-performance, 2020, 45 mn

Exposition personnelle au Centre d’Art Contemporain PasserellePerformeur.se.s: Sarah Bellaiche, Tiphaine Dambrin, Naomie Daviaud, Juliette

Fanget, Charlotte Gourdin, Nina Krawczyk, Anna Larvor, Martin Routhe, Robin Sarty, Tabea Von-Vivis

Photo : © Aurélien Mole

«L’exposition « Des Ă©clats » se dĂ©ploie dans deux salles Ă  l’étage du centre d’art et mĂȘle installations, sculptures et vidĂ©o, envisagĂ©es comme un tout. Fanny Gicquel a souhaitĂ© rĂ©pondre au contexte ocĂ©anique de Brest en s’inspirant de l’ouvrage poĂ©tique Ode Maritime (1915) de Fernando Pessoa, Ă©crivain portugais engagĂ© du dĂ©but du XXe siĂšcle. De cette poĂ©sie en prose, elle a tirĂ© une sĂ©rie de vers sondant le rapport de l’humain Ă  la mer et projetant les notions de dĂ©part et de dĂ©placement, tel que « Je veux partir avec vous, partout oĂč vous ĂȘtes allĂ©s.». Cependant, les messages se retrouvent codĂ©s grĂące Ă  une technique particuliĂšre bien connue des marins : l’alphabet sĂ©maphore, un moyen de communication qui, employant des drapeaux tenus Ă  bout de bras, crypte l’alphabet latin. Les extraits de la poĂ©sie deviennent ainsi des « vers sĂ©maphoriques » qui prennent la forme de sculptures,d’unfilmetdeperformancesactivĂ©esĂ destempsdĂ©finisdurant toute la durĂ©e de l’exposition. Fanny Gicquel conçoit les salles dePasserellecommeunescĂšne,dĂ©roulantdesfiletssemblablesĂ des rideaux de thĂ©Ăątre, colorisant des murs devenant dĂ©cors, et des sculptures de mĂ©tal utilisĂ©es comme des accessoires par les acteurs. Avec « Des Ă©clats », elle questionne la durabilitĂ© de l’évĂ©nement de la performance et sa subsistance dans une exposition, tout autant que la dimension d’un langage codĂ© qui perd de son sens.»

LoĂŻc Le Gall

Documentation https://vimeo.com/389780291

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L’ñme de fond

« Soussaformesimple,naturelle,primitive,loindetouteambitionesthĂ©tiqueetdetoutemĂ©taphysique,lapoĂ©sieestunejoiedusouffle,l’évidentbonheurderespirer.LesoufflepoĂ©tique,avantd’ĂȘtreunemĂ©taphore, est une rĂ©alitĂ© qu’on pourrait trouver dans la vie du poĂšme si l’on voulait suivre les leçons de l’imagination matĂ©rielle aĂ©rienne. Â»(1)

Du paysage-Ă©tat d’ñme, le romantisme a fait un lieu commun, soumis respectivement Ă  la variabilitĂ© des Ă©lĂ©ments et des sentiments. (É)mus par la force des vagues, paysage marin et Ăąme humaine partagent sans doute une certaine intranquillitĂ© (2) et un mĂȘme sens, in(dĂ©)fini.PlusconcrĂštement,lameretlecorpsapparaissenttelsdesorganismes vivants traversĂ©s, animĂ©s par l’air, Ă©lĂ©ment dont il faut souligner l’essence et la puissance poĂ©tiques et cinĂ©matiques.

CestroisentitĂ©squesontlecorps,lameretlesouffleconstituentles piliers de l’exposition de Fanny Gicquel prĂ©sentĂ©e Ă  Passerelle sous la forme d’une installation-vidĂ©o-performance entiĂšrement baignĂ©e de poĂ©sie. Et pour cause, son principal point d’ancrage n’est autre que le poĂšme Ode maritime signĂ© Álvaro de Campos (1890-1935). Cet ingĂ©nieur naval formĂ© Ă  Glasgow est en quelque sorte le dĂ©positaire des impressions maritimes de celui qui a su manier l’art de l’hĂ©tĂ©ronymie comme personne : l’auteur portugais Fernando Pessoa (3). Jetant un pont entre Lisbonne et Brest, deux villes portuaires tournĂ©es vers le grand large, l’artiste s’est en particulier attachĂ©e Ă  la premiĂšre des trois parties de ce long poĂšme en prose dans laquelle l’auteur, observant le Tage qui ouvre vers l’horizon ocĂ©anique, bercĂ© par le va-et-vient des embarcations et l’imaginaire fertile des dĂ©parts et des arrivĂ©es, livre une approche sensorielle de l’élĂ©ment marin. En ont Ă©tĂ© extraits dix vers dont la prĂ©sence ambiante dans l’exposition se rĂ©vĂšle n’ĂȘtre ni audible ni lisible (4), mais visible et sensible Ă  traversdiffĂ©rentsmĂ©diums—vidĂ©o,sculptureetperformance(5)—quiendistillentlaversionsĂ©maphorique.Quoideplusnatureleneffetqu’unlangagemarinpour« traduire Â»cesversauxrefletsbleutĂ©s? TombĂ© dans la mĂȘme dĂ©suĂ©tude que les sĂ©maphores, ces postes d’observation de la marine nationale surplombant mers et ocĂ©ans, ce langage codĂ© consistait en des signaux Ă©mis au moyen des bras munis de drapeaux, chaque lettre de l’alphabet latin correspondant Ă  unepositionspĂ©cifique.

Àpartirdece langagecorporel—etpartant,nonverbal—à lafois chthonien et aĂ©rien (6), Fanny Gicquel a ainsi composĂ© (7) une chorĂ©graphie Ă©lĂ©mentaire consistant en une sĂ©rie de gestes minimalistesessentiellementarticulĂ©sautourdusouffle,interprĂ©tĂ©spar plusieurs Ă©tudiant.e.s de l’EESAB de Brest (8). Par son mouvement etsonrythmebinaires—inspiration/expiration—,larespirationrappelle le caractĂšre dual de tant de rituels naturels (ressac et marĂ©es, lever et coucher du soleil, jour et nuit, etc.) en mĂȘme temps qu’elle convoque, tout en l’incorporant, la dialectique du dedans et du dehors (9), tels deux vases communicants.

TournĂ©enextĂ©rieur-joursurlapresqu’üledeCrozon,lefilmL’immensitĂ©avecvousconsisteenunesuccessiondeplansfixescommeautantde tableaux vivants donnant Ă  voir, immergĂ©e en pleine nature, la communautĂ© d’interprĂštes dĂ©clamer secrĂštement les vers choisis d’Odemaritime,manipuleretportercertainsobjets-accessoires—quel’on(re)trouvedansl’exposition—quiopĂšrentmoinscommesignes que comme traits d’union et points de contact entre les corps etlepaysage.OnoublielerĂ©flexedusenspourselaisserporterpar la sensualitĂ© des images, des visages et des gestes, l’énergie communicative des corps et de la nature qui respirent Ă  l’unisson (10).C’estlesoufflequiparle,quis’écoute,s’écouleets’épancheau-delĂ del’espace-tempsdufilmlui-mĂȘme.Larespirationlenteetprofonde qui en constitue la bande-son apaisante et hypnotique donne son pouls Ă  l’exposition (11) composĂ©e sur un mode fragmentaire, voire indiciaire. Lentement, se dĂ©ploie, piĂšce par piĂšce, plan par plan, sĂ©quenceparsĂ©quence,ledĂ©corauseinduquelestrejoué—etrelu—lepaysagepoĂ©tique,peuplĂ©d’objetsetdecorps« interactifs Â».

Les lignes agencĂ©es dans l’espace scĂ©nique dessinent un parcours libre,unscĂ©narioĂ voiesmultiples,unrĂ©citvisueldiffractĂ©.FaceĂ nous s’étire un horizon trouble : la sculpture en acier Je veux partir avec vous, partout ou vous ĂȘtes allĂ©s reprend et matĂ©rialise le tracĂ© en langage sĂ©maphorique de ce mĂȘme vers d’Ode maritime. À mesure que l’on s’en approche, on perçoit sur la surface blanche du mur d’infimeslarmesbleutĂ©esquiviennent« trahir Â»laprĂ©senced’uneligne de pigment bleu dissimulĂ©e derriĂšre le trait de mĂ©tal qui nous rappelle qu’à l’horizon, ciel et mer s’épousent par inframince. Aussi tĂ©nues soient-elles, les coulures tĂ©moignent d’un geste, d’une action dontonpeutremonterlefil:ausolgĂźtuneĂ©pongeencorehumidede

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l’eaudontelles’estgonflĂ©e,recueilliedansl’empreinted’unemainayant creusĂ© la matiĂšre poreuse d’un bloc de plĂątre. Évoquant un Ă©lĂ©ment vĂ©gĂ©tal autant qu’un soleil levant / couchant, un frĂȘle Ă©ventail taillĂ© dans un Plexiglas cuivrĂ© utilisĂ© dans la fabrication de hublots de bateaux pour protĂ©ger de l’éblouissement se dresse Ă  hauteur d’Ɠil,formantunfiltrepotentielsurl’exposition-paysage.ArrimĂ©ausol(terre)etauplafond(ciel/air),unmiroirnoirreflĂšteenl’aplatissantl’espace et ce(ux) qui s’y (re)trouve(nt) : il opĂšre ici tel un liant entre lesdiffĂ©rentesstratesspatio-temporellesdel’exposition,tantdupointde vue de sa construction que de son dĂ©roulement (12), en mĂȘme tempsqu’ilapparaĂźtcommel’interface-clĂ©d’unerĂ©flexionsurlesnotions de prĂ©sence et de reprĂ©sentation (13). Reprenant librement la techniquedesnƓudsutilisĂ©epourlesfiletsdepĂȘche,Letissudemesnerfs consiste en deux rideaux-Ă©crans dont les mailles ondulantes et vibratoires,loindenousenserrer,fontofficedeseuilflottant.PassĂ©de l’autre cĂŽtĂ©, devant un mur couleur sable / chair se dĂ©tache une grille blanche comme dessinĂ©e dans l’espace sur laquelle viennent se suspendre quatre manches-drapeaux en feutrine aux couleurs de la presqu’üle de Crozon, portĂ©es ponctuellement par les interprĂštes dans lefilmetlorsdesdiffĂ©rentesactivationsdelaperformanceaucoursde l’exposition (14).

Multipliant les points de vue et les lignes de fuite comme les sens et stratesdelecture,traversĂ©edelongenlargeparunsoufflecommun,« DesĂ©clats Â»fonctionnepar« rebond Â»,associantĂ lamatĂ©rialitĂ©desobjets-Ɠuvres-corpsenprĂ©senceleurs« impressionsfugitives Â»(15)commepourmieuxenamplifierledegrĂ©d’ancragedansleprĂ©sentetlerĂ©el,maisaussi,etsurtout,lapuissancede(rĂ©tro)projection—etdemotion—imaginaireetpoĂ©tique.OffertsĂ demultiplesdĂ©placements,transformations et autres translations spatiales et temporelles, corps, Ă©lĂ©ments,images,mots,matiĂšres,objets,fluxetphĂ©nomĂšnes(im)perceptibles communiquent silencieusement entre eux et s’animent indĂ©finimentaugrĂ©deleursmultiplescorrespondances.

Anne-Lou Vicente

(1)GastonBachelard,L’airetlessonges,Essaisurl’imaginationdumouvement,chap.XII« LadĂ©clamationmuette Â»,Paris,LibrairieJosĂ©Corti,p.271. (2) En rĂ©fĂ©rence Ă  l’Ɠuvre posthume de Fernando Pessoa (sous l’hĂ©tĂ©ronyme de Bernardo Soares), Le Livre de l’intranquillitĂ©. Les premiers mots de Jean-Christophe Bailly dans L’Élargissement du poĂšme (Paris, Christian Bourgois, 2015) y font rĂ©fĂ©rence, ainsi qu’au paysage-Ă©tat d’ñme. Voir p. 13:« TrĂšstĂŽtlaleçonduromantismeallemand,toutentiĂšrenourriedelaNaturphilosophiedeSchelling, a Ă©tĂ© oubliĂ©e, et Ă  la mise en rĂ©seau de l’ensemble des existences, qu’elle illustrait par des ricochets et des Ă©chos, s’est substituĂ©e une version bourgeoise de l’épanchement, dont la cĂ©lĂšbrequestiondeLamartinesurlesobjets‘inanimĂ©s’constituesansdoutelepointculminant. Â»(3)Enportugais,« pessoa Â»signifie« personne Â».LireIoossFilomena,«L’hĂ©tĂ©ronymiedeFernando Pessoa. Personne et tant d’ĂȘtres Ă  la fois », Psychanalyse, 2009/1 (n° 14), p. 113-128 https://www.cairn.info/revue-psychanalyse-2009-1-page-113.htm Voir aussi Jean-Christophe Bailly,op.cit.,p.163:« LascĂšnepronominalenemetpasenfacelesunesdesautresdes‘pronominalitĂ©s’fixes,ellesedisposecommel’espaced’unesortedefonduenchaĂźnĂ©permanentoĂč chaque position, tenue un instant par tel ĂȘtre, ne serait qu’une encoche, Ă  la fois sur le chemin de ce qui le compose comme singularitĂ©, et sur celui de ce qui l’expose Ă  croiser d’autres singularitĂ©s,elles-mĂȘmespareillementengagĂ©esdansleurproprecomposition Â». (4) À noter toutefois que les dix vers en question sont renseignĂ©s sur l’un des cartels de l’exposition, chaque vers Ă©tant associĂ© Ă  l’interprĂšte qui l’a sĂ©lectionnĂ©. Rappelons-les ici : DĂ©lavĂ©e par tant d’immensitĂ© dĂ©versĂ©e en ses yeux ; Avec la douceur douloureuse qui monte en moicommeunenausĂ©e;MesdĂ©sirsenfiĂ©vrĂ©scrĂšventenĂ©cume;LemystĂšredechaquedĂ©partetdechaquearrivĂ©e;EtletissudemesnerfsunfiletquisĂšchesurlaplage;Ahn’importecomment n’importe oĂč partir ; Vivre en tremblant l’instant des eaux Ă©ternelles ; De la peur ancestraledes’éloigneretdepartir;ToutecettefinesĂ©ductions’insinuedansmonsang;Etaufond de moi commence Ă  tourner un volant lentement. (5) Si la vidĂ©o est une voie nouvelle empruntĂ©e par l’artiste Ă  l’occasion de cette rĂ©sidence-exposition Ă  Passerelle, sculpture, installation et performance constituent les mĂ©diums de prĂ©dilection de sa pratique oĂč entrent en jeu la mise en espace et en contact par l’intermĂ©diaire du corps qui (s’)active et (se) dĂ©place, mettant ainsi en relief des notions comme le mouvement, la circulation et l’échange. (6) Les pieds sont au sol et les jambes restent immobiles. Seuls les bras bougent et brassent l’air.Lapositionverticalesoulignela« colonned’air Â»quitraverselapartiesupĂ©rieureducorps. (7) PrĂ©cisons que traduction et composition vont ici de pair avec une certaine marge d’interprĂ©tation et d’improvisation, tant sur le plan de l’écriture que de la performance. (8) Au sujet de cette collaboration avec les Ă©tudiant.e.s et plus largement, le dĂ©roulement de la rĂ©sidence, lire l’entretien http://www.leschantiers-residence.com/fanny-gicquel/ (9) Une dialectique dĂ©jĂ  Ă  l’Ɠuvre dans la notion de paysage-Ă©tat d’ñme. Lire Gaston Bachelard, La poĂ©tique de l’espace, 1957, Paris, Quadrige PUF (6e Ă©dition, 1994), chap. IX, p. 191-207. « L’en-deçàetl’au-delĂ rĂ©pĂštentsourdementladialectiquedudedansetdudehors:toutsedessine,mĂȘmel’infini Â»,p.192.(10)Notonsicil’importancedutoucher.L’analogieentrecorpsetpaysage/natureconfineiciĂ leur« fusion Â»qu’illustresymboliquementlecollagevisibleauversodumiroirprĂ©sentdansl’espace d’exposition, qui combine les contours d’une masse de corps solidaires (visible dans la vidĂ©o et rĂ©pĂ©tĂ©e lors de la performance) Ă  la matiĂšre des roches de la pointe de Pen-Hir, dans la presqu’üle de Crozon. (11)IlconvientdeprĂ©ciserquelefilm,s’ilestpartiellementvisibleetaudibleparlevisiteurdĂšssonarrivĂ©e—demaniĂšredirectebienquelointaine,maisaussipar« ricochet Â»viasonrefletdanslemiroirprĂ©sentdanslapremiĂšresalle—,estprĂ©sentĂ©aufonddeladeuxiĂšmesalle. (12) Ces strates, poreuses voire entremĂȘlĂ©es, pourraient ĂȘtre celles que forment, sans ordre arrĂȘtĂ©,lefilm,l’expositionetlaperformance.ActivĂ©etouslesmardiĂ 19hetletroisiĂšmesamedidu mois Ă  15h30, la performance rĂ©introduit physiquement dans l’espace d’exposition les corps (re)prĂ©sent(Ă©)sencontinuvia/danslefilm.EnlesreflĂ©tant,lemiroirlesembrasseenunemĂȘmeimage-temps dans laquelle notre propre corps peut se faire une place.(13)LesdiffĂ©rentssensconnusdereprĂ©sentationincluenticicelui,littĂ©ral,deremettreauprĂ©sent. (14) On pense immanquablement Ă  l’Ɠuvre conçu par l’artiste allemand Franz Erhard Walther dĂšs les annĂ©es 1960, entre soft sculpture post-minimaliste, vĂȘtement et rituel performatif. http://i-ac.eu/fr/artistes/1241_franz-erhard-walther(15)VoirClĂ©mentRosset,Impressionsfugitives.L’ombre,lereflet,l’écho,Paris,Minuit,2004.

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Je veux partir avec vous, partout ou vous ĂȘtes allĂ©s est Ă  la fois une sculpture et une partition qui transpose de maniĂšre graphique le langage sĂ©maphorique. Ce langage est connu des marins qui codaient l’alphabet avec des drapeaux. Ligne d’horizon dans l’espace, cette sculpture est un appel Ă  la projection et au lointain. DerriĂšre elle, une ligne de pigment bleu humidifiĂ© lors deperformances s’écoule au rythme de ces derniĂšres.

Je veux partir avec vous, partout ou vous ĂȘtes allĂ©s , 2019-2020, acier, peinture

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l’appel confus des eaux est une installation composĂ© de plusieurs Ă©lĂ©ments inspirĂ©s par des phĂ©nomĂšnes naturels : levĂ© du soleil, rĂ©verbĂ©ration de l’eau et traces de main dans le sable. Semblant en lĂ©vitation, les deux sculpturesprincipalesproduisentdeseffetsde lumiĂšresetde reflets. LePlexiglas cuivrĂ©, utilisĂ© dans la fabrication de hublot de navire, permet de voirl’expositionparceprismecolorĂ©.ParlarĂ©flexiondelavidĂ©odanslerecto du miroir noir, les corps et les paysages s’étendent d’un espace Ă  l’autre. Au verso, un collage combine un Ă©lĂ©ment chorĂ©graphique de la vidĂ©o, une agrĂ©gation de corps, Ă  des masses rocheuses de Pen-Hir.

l’appel confus des eaux, 2019-2020, installation, acier, peinture, Plexiglas, miroir, papier, plĂątre, rĂ©sine, eau

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Le tissus de mes nerfs utilise la technique de nƓuds propre Ă  la rĂ©alisation defiletdepĂȘche.Ens’émancipantdelarigiditĂ©duprocĂ©dĂ©,cesdeuxobjetsdeviennent des Ă©crans brodĂ©s, fragiles et aĂ©riens.

Le tissus de mes nerfs , 2019-2020, métal, coton, encre

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Embrassant subitement tout l’horizon maritime est une installation composĂ©e de deux structures gĂ©omĂ©triques en acier sur lesquelles reposent « peintures textiles» inspirĂ©es des paysages Crozonnais. Ces peintures sont portĂ©es comme des costumes lors des performances. L’ensemble est rĂ©agencĂ© Ă  chaque activation. La peinture murale tisse un lien entre la couleur de la peau et celle du sable.

Embrassant subitement tout l’horizon maritime , 2019-2020, acier, peinture, feutrine

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Living on the border2020, sculptures-performance, 20 mn

Présenté à la gallerie Hua International, BerlinCommissaire: Justin Polera

Performeur.se.s : Maria Ladopoulos, Mickey Mahar, Omagbitse Omagbemi Photo : © Robert Trieger © Roman MÀrz

«La performance intitulĂ©e Living on the Border, d’aprĂšs un texte de Leonora Miano explore les enchevĂȘtrements dĂ©licats et dynamiques entre soi et l’autre. L’artiste a Ă©tĂ© inspirĂ© par la maniĂšre dont l’auteur concoit la frontiĂšre comme un lieu d’habitation et d’hospitalitĂ© oĂč l’unpeutĂȘtresoitfidĂšle,soitdĂ©loyalenversl’autre.«LafrontiĂšre,tellequejeladĂ©finitetl’habite,estlelieuoĂčlemondesetouche,inlassablement. Le lieu de l’oscillation constante: d’un espace Ă  un autre, d’une sensibilitĂ© Ă  une autre, d’une vision du monde Ă  l’autre. La frontiĂšre Ă©voque une relation. »1 TransposĂ© plus prĂ©cisement auxrelationhumaine,lafrontiĂšredevientunespaceflou,mallĂ©able,en hybridation ou se joue et se nĂ©gocie la distance et l’intimitĂ©. Fanny Gicquel s’intĂ©resse depuis longtemps aux notions «d’espace personnel» et de distanciation sociale, qui semble dĂ©sormais omniprĂ©sent.Les sculptures agissent comme des instruments de mesure pour marquer la distance entre les corps en mouvement.Chaque objet crĂ©e une relation entre l’objet sculptural et le corps en tant qu’objet, questionnant la relation sujet-objet. Ici l’objet a une double fonction: d’une part il marque la frontiĂšre entre les corps mais d’autre part c’est une extension du corps qui permet d’atteindre et de toucher l’autre. Une fois accrochĂ©e, la sculpture rappelle des contours des corps extĂ©rieurs mais aussi une ligne de texte Ă©crite et une partition pour la chorĂ©graphie du mouvement ou du son.»

Justin Polera

Extrait: https://youtu.be/Jo-1UvolVZg

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Ici l’objet a une double fonction: d’une part il marque la frontiĂšre entre les corps mais d’autre part c’est une extension du corps qui permet d’atteindre et de toucher l’autre. Une fois accrochĂ©e, la sculpture rappelle les contours des corps extĂ©rieurs mais aussi une partition pour la chorĂ©graphie du mouvement ou du son.

Living on the border, 2019 verre, acier, bandages, dimensions variables

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crossroad 3p x 2pcrossroad 3p x 2p, installation-performance, 2019, 20 mn

Présenté au Musée des Beaux-Arts de RennesCommissaire: Jean-Roch Bouillé

Performeuses: Léa Balvay et Fanny Gicquel.Photo : © Camille Kerzerho

« Dansunespaceduquelonentreetonsort,deuxpersonnessecroisent inlassablement. Progressivement, une relation Ă©nigmatique etinterdĂ©pendanteserĂ©vĂšleentreelles. Â»

Les performeuse Ă©volue dans une architetcure suggĂ©rĂ©. Les seuils sont le prĂ©texte Ă  la rencontre ou le rejet et dans une certaine recherched’effetscĂ©nique,derenforcementdudouble.crossroad 3p x 2pinterrogelanotiondedualitĂ©etdecomplĂ©mentaritĂ©.Leseffetsde symĂ©trie et de simultanĂ©itĂ© font apparaĂźtre ce face-Ă -face comme une seule personne, dĂ©doublĂ©e ou divisĂ©e. Le double questionne ici la condition d’une dualitĂ© intĂ©rieure, une forme d’identitĂ© instable comme perpĂ©tuelle invention de soi. De maniĂšre trĂšs prĂ©cise, une chorĂ©graphie des mains et du visage Ă©numĂšre les possibles adresses a l’autre et interroge la portĂ©e sĂ©miotique de ces gestes en nivelant lesdiffĂ©rencesderapportentretendresseetviolencedansuneformede neutralitĂ©. Étendu aux sculptures qui se prĂ©sentent elles aussi doublĂ©s, divisĂ©s, mais toujours complĂ©mentaires, elles semblent ĂȘtre laversionrĂ©ifiĂ©eetsymboliquedesperformeuses.

Extrait: https://www.youtube.com/watch?v=J0YFlDGxaOk

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L’installation inclus:structure: acier,peinture, 2019, 280 cm x 180 cmdessin: plaque en acier, verres, aquarelle, crayon de couleur, 2019, chaque: 29,7x42 cmsculpture dans le centre: bois, bĂ©ton, acier, peinture, plĂątre, pastel sĂšche, bille en verre, 2019, 110x80 cm

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LesfilmsdeFannyGicquels’intĂ©ressentĂ lajonctionetĂ latransitionentre le rituel, la performance et le processus artistique. Ils sont une prolongation de son travail sculptural et performatif dans des paysages naturels. Les objets et les gestes apparaissent comme des traits d’union entre le corps et le paysage. L’attention rigoureuse Ă  lacomposition,l’utilisationduplanfixe,lalenteurdesactionsetlasuccessiondessĂ©quences,nousinviteaconsidĂ©rercesfilmscommeunensembledetableauxfilmique.CesimagespoĂ©tiques,plastiqueetsymboliques’ouvreĂ unepluralitĂ©designificationquirefuseunsystĂšme narratif Ă©tabli. Certains aspects thĂ©Ăątraux rajoutent une dimension mystĂ©rieuse Ă  son travail.

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L’immensitĂ© avec vousL’immensitĂ© avec vous, 2020, film, 9’06’’

Production: Centre d’Art Contemporain Passerelle

https://youtu.be/z-m5Gi9CW1s

«CestroisentitĂ©squesontlecorps,lameretlesouffleconstituentles piliers de la vidĂ©o de Fanny Gicquel entiĂšrement baignĂ©e de poĂ©sie. Et pour cause, son principal point d’ancrage n’est autre que le poĂšme Ode maritime signĂ© Álvaro de Campos, hĂ©tĂ©ronyme de l’auteur portugais Fernando Pessoa. En ont Ă©tĂ© extraits dix vers dont la prĂ©sence ambiante se rĂ©vĂšle n’ĂȘtre ni audible ni lisible, mais visibleetsensible.Quoideplusnatureleneffetqu’unlangagemarinpour« traduire Â»cesversauxrefletsbleutĂ©s?TombĂ©danslamĂȘmedĂ©suĂ©tude que les sĂ©maphores, ces postes d’observation de la marine nationale surplombant mers et ocĂ©ans, ce langage codĂ© consistait en des signaux Ă©mis au moyen des bras munis de drapeaux, chaque lettredel’alphabetlatincorrespondantĂ unepositionspĂ©cifique.Àpartirdecelangagecorporel—etpartant,nonverbal—àlafoischthonien et aĂ©rien, Fanny Gicquel a ainsi composĂ© une chorĂ©graphie Ă©lĂ©mentaire consistant en une sĂ©rie de gestes minimalistes essentiellementarticulĂ©sautourdusouffle.Parsonmouvementetsonrythmebinaires—inspiration/expiration—,larespirationrappellelecaractĂšre dual de tant de rituels naturels (ressac et marĂ©es, lever et coucher du soleil, jour et nuit, etc.) en mĂȘme temps qu’elle convoque, tout en l’incorporant, la dialectique du dedans et du dehors (9), tels deux vases communicants.TournĂ© en extĂ©rieur-jour sur la presqu’üle de Crozon, ( L’extrĂ©mitĂ© de laFranceĂ l’Ouest)lefilmL’immensitĂ© avec vous consiste en une successiondeplansfixescommeautantdetableauxvivantsdonnantĂ  voir, immergĂ©e en pleine nature, la communautĂ© d’interprĂštes dĂ©clamer secrĂštement les vers choisis d’Ode maritime, manipuler et porter certains objets-accessoires, qui opĂšrent moins comme signes que comme traits d’union et points de contact entre les corps etlepaysage.OnoublielerĂ©flexedusenspourselaisserporterpar la sensualitĂ© des images, des visages et des gestes, l’énergie communicative des corps et de la nature qui respirent Ă  l’unisson. C’estlesoufflequiparle,quis’écoute,s’écouleets’épancheau-delĂ del’espace-tempsdufilmlui-mĂȘme.Larespirationlenteetprofondequi en constitue la bande-son apaisante et hypnotique donne son pouls Ă  l’exposition composĂ©e sur un mode fragmentaire, voire indiciaire.»

Anne-Lou Vicente (extrait)

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RĂȘverie de refugeRĂȘverie de refuge , 2021, film, 2’27’’

Musique : Delawhere

https://youtu.be/lBIFlwNiZUI

Cette vidĂ©o interroge les ĂȘtre et les formes qui advienne physiquement et mĂ©taphoriquement dans des rĂȘverie de refuge, de replis, d’intĂ©rioritĂ©. Certaines dialectiques propres aux coquilles, analysĂ© par Gaston Bachelard1 tel que l’habitĂ© et le vide, le petit et le grand, le cachĂ© et le manifeste, le lisse et le rugueux deviennent des motifs plastique visuelles. La rencontre entre les images et leur superposition donne Ă  l’ensemble un aspect onirique. Dans l’espace d’exposition, la vidĂ©o apparaĂźt et disparaĂźt toutes les dix minutes tel une image Ă©mergeant avec la mystĂ©riositĂ© propre aux rĂȘves et ses associations.1 The poetics of space, Paris: Les Presses Universitaires de France, p. 105.

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As-tu deja vu battre le coeur d’un rocher?

As-tu deja vu battre le coeur d’un rocher? , 2021, vidĂ©o, 2’30mnUne collaboration avec Alice Delanghe

Production: Dispositif « Culture solidaire » du Conseil départemental du FinistÚre, avec le soutien du Conseil régional de Bretagne et de la DRAC

Bretagne dans le cadre de la rĂ©sidence TempĂȘte sur une invitation de l’association Finis terrae

RĂ©alisĂ© lors de notre rĂ©sidence sur l’ile de Stagadon sur une invitation de Finis Terrae, cette vidĂ©o en triptyque est principalement rĂ©alisĂ©e dans le paysage extĂ©rieur. L’Ɠuvre questionne le concept de transmission Ă  travers le geste, le mouvement et le dialogue avec les Ă©lĂ©ments naturels. Les images, prĂ©sentĂ©es cĂŽte Ă  cĂŽte contiennent des motifs et des espaces en dialogue et offrent la possibilitĂ© d’une double lecture ainsi qu’un glissement entre elles. Ce scĂ©nario mystĂ©rieux et poĂ©tique est accompagnĂ© d’un poĂšme anonyme trouvĂ© suspendu dans un arbre au hasard d’une de leurs ballade. Traduit en plusieurs langues, il renforce leur interrogation : Qu’est-ce que transmettre et comment transmet-on ?

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«Transitoire est un projet curatorial menĂ© par Fanny Gicquel et Anouk Chardot. En interrogeant le concept du transitoire dans ses dimensions esthĂ©tiques, poĂ©tiques et philosophiques, Transitoire se veutmobileetprotĂ©iforme.LesrĂ©flexionspeuventprendrelaformed’expositions, de podcasts, de confĂ©rences, d’éditions. En repensant les modalitĂ©s d’exposition et de diffusion du travail des artistes,Transitoire souhaite aller Ă  la rencontre de nouveaux publics.»

https://www.instagram.com/exposition.transitoire/

colle

ctif

Transitoire

«COMICO est co-fondĂ© par trois entitĂ©s: Uklukk, le 4Ăšme Ă©tage et Transitoire. COMICO se dĂ©finit comme un lieu de recherche et devacances, Ă©phĂ©mĂšre et inclusif. Un espace et un temps oĂč l’art et la vie collective se mĂȘlent autour d’une programmation d’activitĂ©s favorisant la dĂ©tente et l’amitiĂ©, une hygiĂšne intellectuelle et pragmatique, un enrichissement mutuel, sincĂšre et sensible. Chaque annĂ©e, dans une maisonetunerĂ©giondiffĂ©rente,l’associationorganiseunsĂ©jourde7jours dĂ©diĂ© Ă  une dizaine de rĂ©sident.e.s, professionnel.le.s du champ de l’art, toutes disciplines et corps de mĂ©tier confondus.»

https://www.comico.fr/https://www.instagram.com/comico.fr/

COMICO

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Se rencontrer, essayer, crĂ©er un lien, recommencer, mettre de cĂŽtĂ©, rĂ©utiliser, se questionner, observer, ĂȘtre d’accord, en dĂ©saccord, abandonner, trouver
Je dĂ©finis se «faire ensemble» comme un temps de partage, derencontres, d’initiation ou les notions de rĂ©ussite et d’échec sont mises de cĂŽtĂ©s. Les rapprochements et les Ă©carts entre les connaissances nous relient au profit d’une Ɠuvre collective oĂč l’individualitĂ©s’estompe pour laisser vivre le groupe.En tant qu’artiste, je m’interroge sur la maniĂšre dont une Ɠuvre d’art peutinterroger?Interpeller?Produireuneffetintellectuel,sensible? Travailler en collectif, participe et nourrie ce processus. Je suis intimement convaincu que cette implication social et politique est un moyen de faire de l’art aujourd’hui, dans lquel la rencontre et la relation Ă  l’autre sont essentiel. Le travail collectif s’étend du travail collaboratif avec d’autres artistes Ă  l’échange avec un public novice. Ces temps peuvent prendre la forme d’initiation, d’atelier, de workshop. Par un prisme Ă  la fois social et artistique, j’essaye de maniĂšre modeste d’accompagner des personnes pour les ouvrir sur d’autres choses ou pour proposer une autre vision d’une chose dĂ©jĂ  existante. Questionner son altĂ©ritĂ©, son geste, les dimensions de son propre corps, laisser vagabonder la parole sont entre autres des objectifs de ce qu’engage le travail collectif que je propose.Les images suivantes sont une sĂ©lection d’archives de ces moments.

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Article Artnet (extrait) Article Artnews (extrait)

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Article Frieze Interview video (extrait) Article Artviewer (extrait)

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Article L’observatoire Interview (extrait)

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Article Mousse magazine (extrait) Article Entretien avec Pierre Ruault (extrait)

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Hostcall Entretien-video (extrait)

Documents d’artistes Bretagne Entretien-video (extrait)

Article et entretien poadcast avec Adélie Leguen-Artistes Manifestes (extrait)

Article Contemporary Art Daily (extrait)

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portfolio 11.2021