Etudiants De France 311 83è congrès texte complet
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d’activité de 2011 à 2013 présenté par la majorité nationale
des tendances de l’UNEF
du 83ème congrès de l’UNEF
ETUDIANTS DE FRANCE le magazine engagé des étudiants
LE PROGRAMME LE BILAN LES TEXTES
PARTICIPE ET VOTE !
www.congres2013.unef.fr - numéro 311 - hors série - mars et avril 2013
Nom : Prénom : Adresse :
CP : Ville : Téléphone : E-mail :
Je souhaite participer au congrès de l’UNEF du 18 au 21 avril 2013 à Toulouse (joindre un chèque de 50 euros)
Bulletin à renvoyer accompagné du règlement à :UNEFVincent bordenave, Délégué général112 Boulevard de la Villette 75019 ParisTéléphone : [email protected]
Pour participer au congrès de l’UNEF, remplissez le formulaire d’inscription ci-dessous.
PARTICIPE AU 83ème CONGRÈS DE L’UNEF
Programme et inscriptions
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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Cher adhérent, chère adhérente,
Depuis deux ans, les étudiants voient la crise et l’augmentation du chômage dégrader
leurs conditions de vie et menacer leur insertion professionnelle. Confrontés à la panne
de l’ascenseur social, inquiets pour la valeur de leur diplôme sur le marché de l’emploi, les
jeunes ont de plus en plus de mal à accéder à leur autonomie et aspirent à de nouvelles
perspectives. L’alternance politique et la présidence d’un candidat qui disait faire de la jeu-
nesse sa priorité ont suscité de réels espoirs. Mais la rigueur budgétaire et les réticences à
réellement fait confiance aux jeunes remettent aujourd’hui en cause cette promesse. Un
an après l’élection présidentielle, trop peu de choses ont changé.
C’est l’enjeu du 83ème congrès de l’UNEF : alors que le gouvernement présente une nouvelle
loi pour les universités et en pleines négociations pour réformer les aides sociales, notre
syndicat doit déterminer son orientation pour les deux prochaines années, afin de forcer
le gouvernement à transformer les belles paroles en droits concrets pour les étudiants.
Tous les adhérents de l’UNEF sont donc invités à se saisir de ce temps de débat et de
réflexion collective pour échanger, débattre et construire l’orientation la plus à même
d’améliorer les conditions de vie, de formation et d’insertion des jeunes. Notre intervention
sera déterminante : il appartient aux étudiants eux-mêmes de forcer un changement qui
tarde à venir. Les dernières élections dans les CROUS l’ont montré, les étudiants comptent
l’UNEF, première organisation étudiante, pour imposer des ruptures avec les injustices
qu’ils subissent et conquérir leur autonomie. La responsabilité de notre syndicat est donc à
la hauteur des attentes et des besoins de notre génération.
Cette année, quatre textes sont soumis aux votes des adhérents. Pour vous aider dans votre
réflexion, ce numéro d’Etudiants de France revient sur l’essentiel des points de vue des ten-
dances de l’UNEF et un aperçu des débats qui animeront notre 83ème congrès national.
Les textes complets sont à votre disposition dans les locaux syndicaux de votre université.
Le congrès national se tiendra à Toulouse, du 18 au 21 avril 2013.
Chacun d’entre vous est convié à y participer. Le syndicat appar-
tient à ses adhérents, c’est donc à vous de le faire vivre. Alors ins-
crivez-vous sans attendre à ce rendez-vous de débats et de vote,
déterminant pour l’avenir de l’organisation et pour l’ensemble des
étudiants. Bonne lecture !
Emmanuel ZEMMOUR
Président de l’UNEF
05 16 1804 Congrès de l’UNEF
mode d’emploi
05 Rapport d’activitéretour sur 2 ans avec l’UNEF
16 Bilan électoralconseils centraux, CROUS : tous les résultats
18 Texte présenté par la
Tendance « Majorité Nationale »
22 Texte présenté par la
Tendance « Refondation Syndicale »
20 Texte présenté par la
Tendance « pour une Majorité d’Action Syndicale »
24 Texte présenté par la
Tendance « pour un Syndicalisme Combatif »
PARTICIPE AU 83ème CONGRÈS DE L’UNEF
Edito
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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Congrès de l’UNEF :mode d’emploiFaire vivre la démocratieTous les deux ans, l’UNEF tient son Congrès et appelle tous ses adhérents
à y participer.
Le Congrès de l’UNEF constitue un moment de consultation démocra-
tique où les adhérents de l’UNEF sont appelés à se prononcer pour choisir
l’orientation du syndicat pour les deux ans à venir.
Cette orientation est présentée sous formes de différents textes sur les-
quels les adhérents doivent se prononcer. Ces projets permettent de reve-
nir à la fois sur le projet général que devra porter l’UNEF mais également
sur les outils mis en œuvre pour défendre les étudiants.
Tous les adhérents, quand bien même ils ne sont pas au quotidien des mi-
litants de l’UNEF, doivent prendre part à ce moment important de la vie du
syndicat. En donnant son avis, chaque adhérent permet que le projet du
syndicat soit le plus représentatif possible des aspirations des étudiants.
L’objectif est de doter le syndicat étudiant d’un projet ambitieux pour qu’il
continue à défendre les intérêts matériels et moraux des étudiants.
Plus de 100 ans après sa création, l’UNEF a vocation à progresser encore :
il est donc fondamental que chaque adhérent se saisisse des questions qui
lui sont posées se pronoçant sur les textes des tendances :
• La Tendance Majorité Nationale
• La Tendance Refondation Syndicale
• La Tendance pour une Majorité d’Action Syndicale
• La Tendance pour un Syndicalisme Combatif
C’est sur la base du vote des adhérents que seront élues les instances lo-
cales et nationale du syndicat.
Le congrès local Avant le Congrès national, les congrès locaux se tiennent sur toutes les universités. Les adhérents sont alors appelés à y participer et à voter pour un des
textes présentés.
Phase 1 : Réception de la convocation du congrès
Tu vas recevoir, une semaine avant le congrès
local, une convocation qui annonce la date et
le lieu où se déroulera le congrès. Le plus sou-
vent, le vote a lieu dans le local de l’UNEF, sur
ton lieu d’étude. Si tu n’as pas reçu de convo-
cation, n’hésite pas à contacter le bureau na-
tional de l’UNEF au 01 42 02 25 55 ou par mail
Phase 2 : Le vote
Après avoir lu les textes (contenus dans ce nu-
méro spécial d’Etudiants de France), tu votes.
Pour voter, il suffit de te déplacer au bureau de
vote indiqué sur le courrier de convocation en
te munissant de la carte d’étudiant (ou un jus-
tificatif). Le vote se fait alors en deux temps :
• le vote sur l’activité : chaque adhérent se
prononce sur le rapport d’activité, c’est-à-dire
l’activité portée par la majorité nationale sur
les deux dernières années (voir page 5)
• le vote sur l’orientation : les adhérents choi-
sissent l’orientation du syndicat.
Phase 3 : Élection de la nouvelle direction locale
A la fin des votes sur l’activité et l’orientation
nationales, les adhérents de chaque section
locale de l’UNEF se réunissent lors d’une As-
semblée Générale pour décider de l’orienta-
tion locale et élire les responsables locaux de
l’UNEF en fonction des résultats du congrès
local. Sont également désignés les délégués
qui voteront au Congrès National de Montpel-
lier les 7, 8, 9 et 10 avril prochain.
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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Congrès de l’UNEF : mode d’emploi
Le 82ème congrès de l’UNEF à Montpellier en avril 2011 a été
l’occasion pour le syndicat de se mettre en ordre de bataille
afin d’affronter les échéances déterminantes qui attendaient
le mouvement social. Rassemblés autour d’un projet offen-
sif et ambitieux ayant réuni près de 80% des votes, l’en-
semble des AGE (sections locales) et des militants de l’UNEF
ont mené pendant ces deux années une activité acharnée
afin de faire avancer les intérêts matériels et moraux des
étudiants.
La période qui vient de se terminer, marquée par un contexte
de crise, la fin de l’ère Sarkozy et l’alternance politique au
pouvoir, fut très riche pour le syndicat. Ne se fixant pour
unique boussole que l’intérêt des étudiants, l’UNEF est restée à
l’initiative et a refusé d’attendre que le gouvernement change
pour agir.
En construisant notre démarche syndicale autour d’un seul
objectif, faire avancer les droits étudiants, nous avons su être à
l’offensive sur tous les fronts. Ainsi ces deux dernières années
ont été marquées par des conquêtes importantes pour l’UNEF
avec notamment l’obtention d’un dixième mois de bourse
et le cadrage des modalités d’examen pour les étudiants en
licence.
Les élections au CROUS ont été au cœur de notre activité. En
imposant un report de ce scrutin, initialement prévu pour avril
2012 mais décalé au mois de novembre 2012, nous avons fait
de ce rendez-vous militant un véritable point d’appui dans la
construction de notre rapport de force. L’UNEF a su créer les
conditions nécessaires à une forte mobilisation étudiante, faire
de ce scrutin un moment victorieux et progresser en nombre
de voix et nombre d’élus pour imposer des négociations
autour d’une réforme des aides sociales. Ce scrutin, révélateur
du bon état de forme de l’organisation a permis d’exprimer
largement la volonté majoritaire des étudiants.
C’est donc fier de notre bilan que nous retraçons ici l’activité
qui fut celle du syndicat depuis Avril 2011. Cette chronologie
n’a pas vocation à être exhaustive tant l’activité a été dense,
mais elle s’efforce de revenir sur les temps forts qui ont été
ceux du syndicat.
2 ANS AVEC L’UNEF AVRIL 2011- FEVRIER 2013
Cortège de l’UNEF lors de la manifestation en faveur du mariage pour tous le 27 janvier 2013
2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013 5
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Avril 2011
82ème congrès de l’UNEF • Du 7 au 10 Avril,
l’UNEF organise son 82ème congrès à Montpel-
lier. L’UNEF utilise cette tribune pour interpeller
les pouvoirs publics sur la situation de la jeunesse,
première victime de la crise économique, et exi-
ger la mise en place d’une protection sociale des
jeunes et des étudiants. Ce congrès est aussi
l’occasion lors d’une table ronde internationale,
de rassembler des jeunes s’étant battus dans le
monde entier et de voter la charte de Montpellier
sur l’engagement internationaliste de la jeunesse.
Lors de ce congrès, Jean-Baptiste Prévost quitte
la présidence de l’UNEF, et Emmanuel Zemmour
est élu président du syndicat.
Mai 2011
Manifestation du 1er Mai • L’UNEF appelle les
étudiants à manifester aux côtés des salariés, et
demande des mesures d’urgence pour répondre
à la crise qui frappe durement les jeunes et la
population.
FECR • L’UNEF organise sur les universités de
toute la France son traditionnel Festival Etudiant
Contre le Racisme, avec en point d’orgue le festi-
val national sur l’esplanade de l’Université Paris 7.
31 mai • Parution de la circulaire Guéant durcis-
sant la possibilité pour les étudiants étrangers de
travailler en France et les critères d’attribution de
titres de séjour. L’UNEF se fixe immédiatement
comme objectif le retrait de cette circulaire.
Juin 2011
Sos Examens • A travers ses tracts d’information
et ses permanences syndicales, l’UNEF défend les
droits étudiants lors de la période des examens.
Marche des Fiertés • L’UNEF participe active-
ment à la marche des fiertés avec le collectif
Démocratie et Courage.
6 juin • L’UNEF organise un rassemblement de-
vant l’ambassade grec en soutien au peuple et à
la jeunesse Grecque.
Juillet 2011
Collectif National • L’UNEF rassemble début
Juillet 550 militants lors de son collectif national
pour préparer les chaines d’inscription et la pro-
chaine rentrée.
Chaînes d’inscription • Comme chaque année,
l’UNEF accueille les étudiants lors de leur inscrip-
tion pour les orienter et leur proposer d’adhérer
au syndicat. Le bilan de la syndicalisation est en
hausse malgré le choix de beaucoup d’établisse-
ments de dématérialiser leurs inscriptions.
Frais d’inscription illégaux • L’UNEF rend public
son 7ème palmarès des universités hors la loi.
Le nombre d’établissements concernés est en
baisse. L’UNEF réalise de nombreux recours gra-
cieux et obtient même plusieurs suppressions
des frais visés dans certaines universités.
17 juillet • Publication du nouvel Arrêté licence.
L’UNEF obtient, après plusieurs mois de mobi-
lisation et de négociation une importante vic-
toire syndicale avec le cadrage des modalités de
contrôle de connaissance, la suppression des
notes éliminatoires et la généralisation de la com-
pensation annuelle dans toutes les universités.
Septembre 2011
Panier de l’étudiant • Pour la septième année
consécutive, l’UNEF sort son enquête sur le
pouvoir d’achat des étudiants à la rentrée. Cette
enquête met en exergue l’accentuation de la
précarité étudiante suite à la crise économique,
avec des dépenses obligatoires en constante
augmentation depuis 2006 (+33,2% en 5 ans).
L’UNEF lance une campagne militante sur les
L’UNEF obtient un cadrage national des modalités d’examens pour les étudiants en licence
Face aux inégalités que rencontrent les
étudiants dans l’obtention de leur diplôme,
l’UNEF s’est donnée pour objectif dans les
deux dernières années de lutter contre
la sélection par l’échec et d’obtenir de
nouveaux droits pour les étudiants. Dans
un contexte de dérégulation et de mise en
concurrence, il était nécessaire d’obtenir
un cadrage des modalités de contrôle de
connaissance, pour avancer vers l’égalité de
tous face à la réussite.
C’est grâce à la pression de l’UNEF sur le
gouvernement que celui-ci décide de réouvrir
l’arrêté licence de 2002. En s’appuyant sur les
campagnes locales menées dans les univer-
sités, sur les victoires obtenues, le syndicat
a mené la bataille contre l’échec artificiel
organisé par l’ancienne réglementation. A
rebours des politiques d’enseignement supé-
rieur, élitistes, l’arrêté licence est un véritable
point d’appui pour les étudiants, permettant
enfin d’obtenir une réglementation nationale
des modalités d’examens plus favorables à la
réussite de tous. Celle-ci garantit désormais
aux étudiants :
• La compensation annuelle des notes, dis-
positif qui permet de prendre en compte la
progression de l’étudiant sur l’ensemble de
l’année.
• La mise en place de deux sessions d’exa-
mens, alors qu’un flou juridique subsistait et
permettait aux universités de ne pas organiser
de rattrapages.
• L’interdiction des notes éliminatoires,
permettant de lutter contre l’échec artificiel
transformant l’examen en une sanction.
Cet arrêté vient également renforcer l’égalité
entre les filières en fixant un nombre mini-
mum d’heures d’enseignement quel que soit
la discipline. Celui-ci est fixé à 1500 heures,
permettant un meilleur encadrement, et plus
de suivi afin de favoriser la progression de
l’étudiant.
Obtenir une nouvelle réglementation ne
suffisait pourtant pas à garantir une véritable
amélioration des règles d’examen. L’UNEF
s’est battue université par université, en me-
nant des campagnes locales, et nationales, en
s’appuyant également sur un rapport de force
renouvelé suite aux élections universitaires
de 2012 pour imposer l’application de l’arrêté
licence dans l’ensemble des universités. En
une année, ce sont 93% des universités qui
ont mis en place la compensation annuelle
contre 60% avant l’arrêté Licence, et 22
universités ont supprimé leurs notes élimi-
natoires. L’UNEF s’est également lancée dans
une bataille juridique, en déposant de recours
contre les universités récalcitrantes comme
Paris 11, Paris 2, Lyon 3 ou Grenoble 1.
6 2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
universités avec une pétition pour exiger des
mesures sociales d’urgence.
Rentrée universitaire • L’UNEF organise dans
tous les établissements des réunions de rentrée
pour accueillir ses adhérents et les nouveaux
étudiants.
Fête de l’humanité • L’UNEF participe à la Fête
de l’Humanité où elle tient un stand militant, et
participe à de nombreux débats.
Retour de Bruno Gollnisch • L’UNEF mobilise les
étudiants de Lyon 3 contre le retour de l’ex diri-
geant du Front National suspendu pendant cinq
ans pour propos révisionnistes.
Application de l’arrêté licence • À la suite de la
publication de l’arrêté licence l’UNEF obtient
la compensation annuelle des notes dans 93%
des universités, et la fin des notes éliminatoires
dans 22 établissements.
Octobre 2011
Collectif National • L’UNEF rassemble 650 mili-
tants à l’occasion de son collectif national et lance
une campagne « Face à la crise priorité à l’édu-
cation » pour prémunir les étudiants des consé-
quences de la rigueur et organiser la conquête
de nouveaux droits. Pendant cette campagne
l’UNEF fait remplir plus de 11 000 questionnaires
aux étudiants partout en France qui ont ensuite
été la base de nombreuses batailles locales ou
des campagnes électorales. Lors de ce CN, Anna
Mélin secrétaire générale de l’UNEF quitte ses
fonctions, Julie Mandelbaum est élue nouvelle
secrétaire générale de l’organisation.
11 octobre • L’UNEF participe à la manifestation
contre les politiques d’austérité, et revendique
notamment le retrait de la taxe sur la santé.
18 octobre • L’UNEF organise à Paris un meeting
de soutien à la jeunesse chilienne en lutte pour
défendre un droit à l’éducation gratuite et laïque.
Les principaux leaders du mouvement sont pré-
sents à cette occasion.
27 octobre • L’UNEF lance une campagne pour
sauver le RESS et contre la taxe sur les complé-
mentaires. L’UNEF crée les conditions de l’unité
du mouvement étudiant en invitant la FAGE à or-
ganiser une conférence de presse en commun.
Bourses aux livres • L’UNEF organise la solidarité
en animant les bourses aux livres dans la majori-
té des universités.
Deux ans de bataille pour sauver le régime étudiant de sécurité sociale
Les conditions de santé des étudiants se sont fortement dégradées ces cinq dernières années.
L’enquête nationale sur la santé des étudiants, publiée en 2011 par la LMDE, dresse un tableau
alarmant de l’accès aux soins. 34% des étudiants ne consultent pas de médecin, faute de moyens
financiers. 19% des étudiants ne sont pas couverts par une mutuelle. Cette situation est essentiel-
lement due à un double phénomène. D’une part le contexte économique difficile et l’absence de
statut social protecteur amènent les jeunes à arbitrer entre les différents postes de dépenses de
leur budget. Les dépenses telles que le loyer ou l’alimentation passent inévitablement devant les
dépenses liées aux soins. Mais la précarité sociale ne peut expliquer à elle seule la dégradation de
la situation sanitaire des étudiants. En effet, depuis plusieurs années, ils ont subi de plein fouet la
hausse du coût de la santé (hausse du forfait hospitalier, franchises médicales …) et le recul de la
solidarité nationale. Le niveau de prise en charge des soins ambulatoires, les plus utilisés par les
étudiants, est tombé à seulement 50% du coût total des soins. Mais si ce contexte s’avérait déjà
très difficile, ces deux dernières années ont marqué un tournant dans la dégradation de la santé
des étudiants notamment par la remise en cause de notre régime délégué.
La bataille contre la taxe santéEn juillet 2011, le gouvernement annonçait le doublement des taxes sur les mutuelles étudiantes.
Déjà asphyxiées financièrement par un désengagement structurel de l’Etat, les mutuelles étu-
diantes se sont retrouvées menacées dans leur
existence même. A travers l’affaiblissement des mu-
tuelles étudiantes, c’est la santé des étudiants, mais
également leur autonomie qui était en danger. En
effet, les mutuelles étudiantes, administrées par des
étudiants, gèrent le Régime Etudiant de Sécurité
Sociale (RESS), première pierre de la reconnaissance
des jeunes à gérer leurs propres affaires. L’UNEF a
alors fait le choix de mobiliser les étudiants par une
campagne militante. Pour renforcer le poids de
notre intervention nous avons fait le choix d’asso-
cier la FAGE lors d’une conférence et d’un dossier
de presse. L’objectif de montrer l’attachement et
l’unité des étudiants pour la défense de leur régime.
En décembre 2011, le gouvernement annonce une
augmentation de la remise de gestion et l’octroi de
2 millions d’euros supplémentaires aux mutuelles
gestionnaires du RESS, une victoire importante pour
sortir de l’urgence mais pas suffisante.
La défense du RESS et de la gouvernance étudianteDevant l’inaction des pouvoirs publics pour sauver durablement le RESS, dans un contexte ou la
fiscalité force toutes les mutuelles à se transformer, à fusionner ou à disparaitre, la direction étu-
diante de la LMDE engage une réorganisation nécessaire pour sauver la mutuelle, clef de voute du
régime. Profitant de cette réorganisation c’est une véritable campagne de presse que les détrac-
teurs du régime ont déclenché. Nous avons assisté à un tir nourri de critiques souvent fausses et
toujours de mauvaise foi sur le régime étudiant. Dans la ligne de mire de ces « enquêtes »,
la gestion étudiante et donc la seule mutuelle gérée démocratiquement par et pour les étudiants.
L’UNEF, consciente de la réalité budgétaire de la LMDE, et de la responsabilité des pouvoirs
publics dans son asphyxie budgétaire, a fermement dénoncé le mutisme du gouvernement et a
multiplié ses interventions auprès de celui-ci. Nous avons refusé les arguments paternalistes qui
voudraient que les difficultés financières seraient dues à l’âge des administrateurs étudiants, et
réaffirmer que notre autonomie n’est pas négociable. Ce n’est donc que sur eux-mêmes que les
administrateurs étudiants ont dû compter pour trouver un adossement mutualiste permettant de
sauver le régime tout gardant une direction étudiante.
unef.fr/sante
... OU VOTRE BUDGETDU MOIS VA Y
PASSER
Affiche de la campagne contre la taxe sur la santé. 10/11.
2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013 7
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
L’UNEF se bat pour l’égalité entre étudiants français et étrangers
Les dernières années du mandat de Nicolas Sarkozy ont été placées
sous le signe des discriminations et d’une xénophobie d’Etat tant dans
les mots que dans les politiques mises en œuvre. Au lieu d’une réponse
politique adéquate à la crise sociale, c’est la peur de l’autre et le soi-di-
sant danger d’une immigration massive qui ont été pointés du doigt,
installant un climat délétère dans le pays avec une véritable course aux
expulsions. Le durcissement des politiques à l’encontre des étrangers,
symbolisé notamment pour les étudiants par les circulaires Guéant du
31 mai et du 6 septembre 2011, a rendu quasi impossible l’accès à un
titre de séjour « salarié » et prohibitives les conditions de ressources
pour obtenir un titre de séjour (il faut désormais justifier de 7680 euros
sur son compte en banque pour être éligible à un titre de séjour).
Parce que l’UNEF porte la responsabilité de défendre les 10% d’étudiants
discriminés, elle a fait le choix de ne pas rester passive. En lien avec le
collectif du 31 mai, l’UNEF est à la pointe de la bataille contre la circu-
laire Guéant. Mais ne voulant restreindre son activité à la seule circulaire,
l’UNEF est à l’initiative d’un travail unitaire, rassemblant plus de 40 orga-
nisations, en organisant le 3 février 2012 à Paris, les assisses des étudiants
étrangers. A la suite de ces assisses l’UNEF lance un appel à destination
des candidats à la présidentielle, afin de les interpeller sur les conditions
d’accueil et de séjour, des étudiants étrangers.
De plus l’UNEF organise la défense des étudiants étrangers en difficultés,
avec la tenue régulière permanences pour les défendre. L’UNEF mène
campagne pour faire connaître leur droits aux étudiants étrangers et pour
obtenir que ceux qui font les mêmes études aient, tout simplement les
mêmes droits. L’UNEF a ainsi permis de régulariser plus de 250 étudiants
et a permi à plus de 300 autres de ne pas perdre leur titre de séjour sur
les deux dernières années.
Ce travail syndical, fait en grande partie dans une démarche unitaire,
débouche au lendemain de l’élection présidentielle sur le retrait de la
circulaire Guéant. Des lors commence un nouveau cycle syndical afin
d’ouvrir les brèches pour une refonte de la loi CESEDA, une réforme de
Campus France et une amélioration des conditions d’accueil et de séjour
des étudiants étrangers.
Nous nous appuyons sur tous les leviers pour faire changer la loi, notam-
ment la proposition de loi de la sénatrice Gillot qui reprend une grande
partie des revendications de l’UNEF comme le titre de séjour pluri annuel.
L’UNEF doit relever maintenant deux défis : faire adopter cette loi et
permettre la refonte du cadre juridique existant.
Novembre 2011
Retard sur le versement des bourses • Par soucis
d’économies, le gouvernement avait décidé de
ne pas financer la totalité des bourses. L’UNEF
mobilise les étudiants, et après un mois de ba-
taille le gouvernement a fini par céder en ac-
cordant une rallonge budgétaire pour verser
l’ensemble des bourses.
Régime étudiant de sécurité sociale • Accord sur
la remise de gestion : l’UNEF obtient une aug-
mentation de la remise de gestion délivrée aux
mutuelles étudiantes. Si cette mesure apporte
des solutions à court terme, elle n’est pas suffi-
sante pour sauver durablement le régime.
Election en cité U • Les listes FERUF/UNEF rem-
portent plus de 250 élus lors des élections en
conseil de résidence.
Board meeting de l’ESU • L’UNEF participe au
60éme Board Meeting de l’ESU à Sofia en Bulgarie.
Décembre 2011
1er décembre • L’UNEF participe à la journée
mondiale de lutte contre le SIDA en tenant des
stands avec la LMDE dans les universités.
SOS Inscriptions • A travers ses tracts d’informa-
tion et ses permanences syndicales, l’UNEF dé-
fend les droits étudiants lors de la période des
examens.
Budget 2012 • L’UNEF intervient pour dénoncer
le budget 2012 alloué à l’enseignement supérieur
et aux CROUS. Beaucoup d’établissements ont
été contraints de supprimer des postes et fermer
des filières, 21 CROUS sur 28 ont vu leurs do-
tations générales de fonctionnement diminuer.
L’UNEF a fait rejeter plusieurs budgets lors des CA
budgétaires. Elle a organisé des rassemblements
avec les étudiants, ce qui a permis à certains éta-
blissements d’obtenir une rallonge budgétaire.
15 décembre • L’UNEF organise un rassem-
blement le jour de l’audience du conseil d’Etat
consacré au décret de l’Université de Lorraine
pour dénoncer le passage au statut de grand éta-
blissement.
Janvier 2012
Election au CROUS • L’UNEF obtient un report
des élections aux CROUS au 1er semestre de
l’année 2012/2013. Ce choix se fait dans l’ob-
jectif de favoriser une plus grande participation
17 janvier • A la veille du sommet social l’UNEF
publie ses propositions pour l’emploi des jeunes.
Février 2012
3 février • L’UNEF organise les Assises des étu-
diants étrangers avec près de 40 associations
pour demander le retrait de la circulaire Guéant
et l’égalité des droits.
Affiche de la campagne pour l’égalité entre tous les étudiants 02/12.
8 2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Collectif National • L’UNEF organise son CN
début février avec un nombre record de parti-
cipants (700), et lance sa campagne électorale
dans la perspective des élections aux conseils
centraux. Lors de ce CN Sébastien Maurice, tré-
sorier de l’UNEF quitte ses fonctions, Sébastien
Chaillou est élu trésorier.
Mars 2012
8 mars • L’UNEF participe à la journée interna-
tionale pour le droit des femmes en organisant
des actions sur les campus, et des cortèges lors
des manifestations.
Etudiant étrangers • L’UNEF lance un appel avec
plus de 60 organisations d’étudiants étrangers
pour retirer la circulaire du 31 mai, revenir sur
les mesures discriminantes financièrement et
replacer l’égalité au cœur de l’accueil des étu-
diants étrangers en France
Une allocation d’autonomie pour tous les
jeunes • L’UNEF lance une campagne sur les
universités pour revendiquer l’allocation d’au-
tonomie et interpeller les candidats à l’élection
présidentielle.
Big Bang des politiques de jeunesse • L’UNEF
participe au Big Bang des politiques de jeunesse
qui regroupe près d’une quarantaine d’organisa-
tions pour faire entendre les revendications des
jeunes dans le cadre de l’élection présidentielle.
Avril 2012
3 avril • L’UNEF lance sa campagne d’interpella-
tion lors d’une conférence de presse et dévoile les
10 exigences des étudiants pour la rentrée 2012.
17 avril • Un mois après les tueries de Mon-
tauban et Toulouse, l’UNEF organise un grand
concert place de la Bastille lors du Festival Etu-
L’UNEF fait entendre sa voix pendant la campagne présidentielle
Parce que nous portons un projet de transformation sociale qui vise à assurer à tous les jeunes l’accès à la formation de leur choix et leur mise en
sécurité sociale, c’est autour du projet d’allocation d’autonomie que nous avons bâti notre interpellation. Alors que les différents candidats par-
laient beaucoup des jeunes, le rôle du syndicat était crucial pendant la période. En mettant en avant deux chantiers prioritaires pour l’enseignement
supérieur, la protection des jeunes avec la mise en place d’une allocation d’autonomie, et changer les études de licence pour permettre la réussite
de tous, l’UNEF a posé ses priorités. Parce que l’interpellation n’est pas un travail de lobby coupé des réalités, alliant à l’interpellation une campagne
mobilisatrice sur les campus pour l’Allocation d’Autonomie, nous avons fait le choix de la montée en charge de notre projet par des revendications
intermédiaires. L’UNEF a ainsi publié 10 propositions pour relancer l’ascenseur social. 10 propositions qui sont 10 mesures d’urgence à prendre très
rapidement par le nouveau gouvernement. Ces mesures ont été choisies parce qu’elles ciblent des injustices et des difficultés auxquelles les jeunes
en formation sont quotidiennement confrontés :
1 Revalorisation des bourses de 65% pour atteindre une bourse maximale de 760 euros
2 Création immédiate de 100 000 aides aux étudiants indépendants financièrement dans la perspective de la
création d’une allocation d’autonomie à l’horizon 2017
3 Revalorisation des aides au logement de 20% pour rattraper l’explosion des loyers.
4 Création d’un titre de séjour couvrant la durée de l’en-semble d’un diplôme pour sécuriser le parcours des
étudiants étrangers
5 Donner la priorité aux étudiants de bac techno dans l’inscription en IUT pour limiter les voies de contourne-
ment à l’université.
6 Recruter 2500 enseignants et 2500 personnels pour les premiers cycles universitaires pour garantir les 1500h
légales d’enseignement
7 Référencer les licences en une liste de 30 intitulés pour une meilleure reconnaissance des formations
8 Garantir aux étudiants de master 1 une inscription en master 2 dans leur établissement d’origine.
9 Pénaliser l’abus de stage par son inscription dans le code du travail pour protéger les stagiaires et libérer 100 000
emplois déguisés
10 Donner un accès de droit au RSA pour les moins de 25 ans.
Cette interpellation a permis de faire ressortir les propositions des jeunes pendant la campagne présidentielle. Ainsi alors que les jeunes sont les pre-
miers à voir leurs droits sociaux reculer dans des pays d’Europe, face à une UNEF vigilante et malgré le contexte de crise aucun candidat n’a franchi les
lignes jaunes posées par le syndicat sur les aides sociales, la sélection ou les frais d’inscriptions. L’interpellation nous a aussi offert des points d’appui
que ce soit sur la réussite en premier cycle, l’encadrement des loyers ou l’état des aides sociales et la précarité étudiante. Plus généralement l’interven-
tion de l’UNEF a permis de protéger notre milieu de toute velléité de s’attaquer à nos droits.
L’UNEF réunie près de 15 000 jeunes place de la bastille lors du Festival Etudiant Contre le Racisme le 17 avril 2012.
Affiche de la campagne pour une allocation d’autonomie. 03/12.
2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013 9
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
diant Contre le Racisme 2012. Près de 15 000
personnes se réunissent contre le racisme et les
discriminations.
Présidentielles • Au lendemain du premier tour
de l’élection présidentielle, l’UNEF s’alarme du
score de l’extrême droite, et appelle à battre Ni-
colas Sarkozy le 1er mai dans la rue et le 6 mai
dans les urnes.
Board meeting de l’ESU • L’UNEF participe au
61éme Board Meeting de l’ESU à Bucarest en
Roumanie
Mai 2012
Manifestation du 1er mai • L’UNEF appelle les
étudiants à manifester pour porter nos reven-
dications aux côtés des salariés et pousser le
prochain gouvernement à nous apporter des ré-
ponses dès le début de son mandat.
6 mai 2012 • François Hollande est élu président
de la République. L’UNEF salue la victoire d’un
candidat ayant choisi de faire de la jeunesse
une priorité nationale mais avertit le nouveau
président élu que les attentes sont fortes et que
c’est sur ses actes que les jeunes le jugeront.
Rencontre Nationale des Elus Etudiants • Les 12
et 13 mai, l’UNEF rassemble à Evry près de 400
élus étudiants lors de la 6ème rencontre natio-
nale des élus étudiants, qui permet de tracer les
objectifs pour le mandat à venir.
Législatives • L’UNEF lance une campagne d’in-
terpellation des candidats aux législatives.
Retrait de la circulaire Guéant • Une des toutes
premières mesures du nouveau gouvernement
est le retrait de la circulaire du 31 mai. L’UNEF
salue l’annonce d’une mesure indispensable
pour des milliers de jeunes diplômés, mais rap-
pelle que depuis un an, de nombreuses me-
sures prises à l’encontre des étudiants étrangers,
doivent elles aussi être retirées.
Du 28 mai au 5 juin • L’UNEF participe à parti-
ciper à la conférence internationale du travail à
l’OIT pour représenter les jeunes européens.
Mobilisation au Québec • En solidarité avec les
jeunes québécois, mobilisés contre l’augmen-
tation de des frais de scolarité, l’UNEF organise
plusieurs rassemblements et manifestations par-
tout en France.
Juin 2012
Emploi des jeunes • En association avec
l’UGICT-CGT, l’UNEF organise le mardi 26 juin
un rassemblement qui a réuni 200 étudiants et
jeunes diplômés devant l’Assemblée nationale à
l’occasion de l’entrée en fonction des nouveaux
députés, nous les interpellons sur l’emploi des
jeunes. Un CV de jeune diplômé sans emploi
et une lettre présentant une proposition de loi
« clé en main » pour la protection des jeunes
diplômés et la reconnaissance des qualifications
ont été remis à chaque député.
29 juin • A l’issu du séminaire gouvernemental
consacré au budget 2013, une diminution des
dépenses de l’Etat est annoncée, l’UNEF alerte
le gouvernement sur la nécessité de prendre des
mesures pour les étudiants dès l’été.
Marche des Fiertés • L’UNEF participe active-
ment à la marche des fiertés avec le collectif
Démocratie et Courage.
SOS examens • A travers ses tracts d’information
et ses permanences syndicales, l’UNEF défend les
droits étudiants lors de la période des examens
20 juin 2012 • L’UNEF participe à la création du
Forum Français de la Jeunesse, rassemblant 19
organisations de jeunesse dirigée par des jeunes,
ce forum a pour but de construire une expres-
sion autonome de la jeunesse.
Juillet 2012
5 juillet • La ministre de l’enseignement supé-
rieur Geneviève Fioraso annonce une sanctuari-
sation du 10éme mois de bourse comme la me-
sure phare de la rentrée 2012. Mais l’UNEF ne se
contente pas de cette annonce, et obtient une
revalorisation des bourses de 2,1 %. En quelques
semaines l’UNEF a réussi à obtenir 175 millions
d’euros supplémentaires dans le budget des
CROUS.
L’UNEF fait entendre ses revendications sur l’emploi des jeunesDans un contexte de chômage de masse pour les jeunes, où près de
23% des jeunes n’ont pas d’emploi, et où tous souffrent de manque de
reconnaissance, le travail de l’UNEF a été important au cours de ces
deux dernières années.
Un travail a été effectué entre l’UNEF et l’UGICT-CGT afin de préparer
l’interpellation aux élections présidentielles, soumettant aux différents
candidats 10 mesures pour «garantir l’accès à un emploi stable» pour les
jeunes diplômés, parmi lesquelles la reconnaissance des diplômés dans
les conventions collectives, la prise en compte des années d’études dans
le calcul des retraites ou encore l’aide à la recherche au premier emploi.
Dès son entrée en fonction le gouvernement annonce la mise en place
de deux mesures d’emplois aidés : les emplois d’avenirs et les contrats
de génération. Malgré l’absence de concertation avec les partenaires
sociaux sur les emplois d’avenirs, l’UNEF intervient à l’occasion des débats
parlementaires et dépose des amendements sur le projet de loi. Parmi
les amendements retenus visant à infléchir le projet de loi, la question
des compétences acquises, l’accès à une qualification et la limite des
effets de substitution, afin que les entreprises embauchant des jeunes
en emplois d’avenir ne puissent pas percevoir d’aides si cette embauche
s’effectue en remplacement de salariés licenciés.
Affiche de la campagne d’interpellation pour les présidentielles.
10 2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Deux ans de solidarité internationaleLors de notre 82ème congrès nous nous étions dotés d’une orientation
ambitieuse sur l’engagement internationaliste de l’UNEF ; pendant deux
ans ce cap a été maintenu.
Cet engagement s’est tout d’abord concrétisé par le soutien aux ré-
volutions arabes. C’est notamment dans cette perspective que l’UNEF
s’est engagée pour soutenir les étudiants syriens qui combattent
depuis plus de deux ans le régime de Bachar El-Assad. Ce soutien s’est
concrétisé par la mise en place d’un comité universitaire de soutien à
la population syrienne et par l’établissement de liens entre l’UNEF et les
étudiants syriens exilés en France. Plus que jamais ce soutien doit être
réaffirmé et amplifié pour mettre fin à ce conflit sanglant.
Notre activité internationale a été aussi marquée par les mobilisations
étudiantes au Chili et au Québec. Au Chili, les étudiants ont débuté au
printemps 2011 un mouvement de contestation du fonctionnement du
système d’enseignement supérieur hérité de l’ère Pinochet. Ce fonc-
tionnement qui repose sur un système inégalitaire ou l’enseignement
supérieur privé a une part prépondérante a amené les étudiants chiliens
à défiler pendant plusieurs mois dans les rues du pays. Pour manifester
notre solidarité à leur égard nous avons organisé un meeting à Paris
en présence des principaux leaders du mouvement. A cette occasion
Camilla Vallejo et Georgio Jackson ont pris la parole pour nous faire
part des motivations qui les ont conduits à se mobiliser. C’est dans le
même état d’esprit que nous avons organisé au printemps dernier des
actions de soutien au « printemps érable » de la jeunesse québécoise.
Pendant plusieurs semaines l’ensemble des universités québécoises se
sont mobilisées contre l’augmentation des frais d’inscription voulue par le
gouvernement libéral de Jean Charest. Cette mobilisation qui a bousculé
en profondeur la société québécoise a conduit le gouvernement à sa
chute à l’occasion des élections de septembre dernier. Si dans un premier
temps la lutte des étudiants a conduit au retrait du projet d’augmentation
des frais d’inscriptions, ces dernières semaines ont vu le sujet revenir sur
le devant de la scène.
Enfin nous avons fait de notre intervention sur les questions européennes
notre priorité dans l’action internationaliste de l’UNEF. Cela est passé
par la montée en puissance du pôle syndical au sein de l’ESU. Par le
renforcement de nos liens avec les organisations étudiantes syndicales
(Grande-Bretagne, Italie, Autriche, Belgique, Norvège, Danemark…) nous
avons su impulser des dynamiques syndicales dans l’ESU (European Stu-
dent’s Union). Nous avons ainsi obtenu l’adoption de motions de fond ou
d’amendements, partageant notre analyse sur la nécessité de se battre
contre l’augmentation des frais d’inscriptions, ou encore pour d’exiger
une augmentation du financement public de l’enseignement supérieur.
C’est dans le même état d’esprit que l’UNEF a entamé un véritable travail
au niveau européen à travers la bataille pour le financement d’ERASMUS,
affichant clairement son opposition à la commission européenne.
2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013 11
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Elections au CNESER • L’UNEF remporte les
élections au CNESER, et confirme les bons ré-
sultats électoraux de l’année, et par la même
occasion sa place de première organisation étu-
diante. Elle dénonce cependant un scrutin en-
taché de fautes graves de la part du ministère,
qui a retiré plus de 300 électeurs à 3 semaines
du scrutin, et a gelé près de 200 voix le jour du
dépouillement. Un recours devant la justice ad-
ministrative est déposé.
Collectif National • L’UNEF réunit son CN début
juillet, l’occasion de faire le bilan d’un semestre
électoral victorieux, et de lancer une cam-
pagne de syndicalisation en vue d’affronter les
échéances qui se présenteront à elle à la rentrée
universitaire. Ce CN est aussi l’occasion pour
l’UNEF d’organiser une table ronde sur l’Emploi
des jeunes avec nos partenaires syndicaux.
Chaînes d’inscription • Comme tous les ans,
l’UNEF accueille les étudiants dans toutes les
universités lors de leur inscription pour les
orienter et leur proposer d’adhérer au syndicat.
Le bilan de la syndicalisation est stable malgré le
choix de beaucoup d’établissements de déma-
térialiser leurs inscriptions
Frais d’inscription illégaux • L’UNEF rend public
son 8ème palmarès des universités hors la loi. Le
nombre d’établissements concernés est à nou-
veau en baisse.
Aout 2012
Panier de l’étudiant • Pour la huitième année
consécutive, l’UNEF présente son panier de ren-
trée. Lors d’une conférence de presse tenue le
lundi 20 août 2012, l’UNEF appelle à la mise en
œuvre immédiate d’un Plan d’action sociale étu-
diant, premier pas vers l’allocation autonomie
Septembre 2012
Rentrée universitaire • L’UNEF organise dans
tous les établissements des réunions de rentrée
pour accueillir ses adhérents et les nouveaux
étudiants.
Campagne de rentrée • L’UNEF lance sur tous les
campus sa campagne « il faut que ça change »
sur la précarité étudiante, et recueille plus de 50
000 pétitions.
Fête de l’humanité • L’UNEF participe à la Fête de
l’Humanité où elle tient un stand militant, orga-
nise des débats sur son stand, et participe à de
nombreux autres débats.
14 septembre • La ministre de la jeunesse Valérie
Fourneyron annonce le lancement du Comité
interministériel de la jeunesse.
Réforme des aides sociales • Le 18 septembre, la
ministre de l’enseignement supérieur Geneviève
Fioraso annonce l’ouverture de négociations
sur le système d’aides sociales après les pro-
chaines élections aux CROUS, sous la pression
de l’UNEF.
25 septembre • l’UNEF participe au vote du rap-
port sur la réussite étudiante au Conseil Econo-
mique, Social et Environnemental (CESE), sur
lequel l’UNEF compte s’appuyer en vue de la
nouvelle loi.
Emploi des jeunes • L’UNEF participe au vote
du CESE sur l’emploi des jeunes, qui reprend de
nombreuses revendications du syndicat.
Bizutage • Face à la recrudescence des actes de
bizutage dans certains établissements, l’UNEF
intervient dans plusieurs universités pour forcer
les établissements à prendre les mesures néces-
saires pour lutter contre ces dérives.
26 septembre • L’UNEF apporte tout son sou-
tien à Sevil Sevimli qui comparaît devant la cour
d’assises de Bursa. Sevil Sevimli étudiante en
Turquie dans le cadre du programme ERASMUS,
est accusée par les autorités locales de proximi-
té avec des organisations terroristes. Les seules
« preuves » apportées par l’accusation se ré-
sument à sa participation aux manifestations
du 1er mai et à sa possession de livres interdits
comme le sont les ouvrages de Karl Marx. Sevil
adhérente à l’UNEF reçoit tout le soutien de son
syndicat dans cette épreuve.
Elections au CNESER : un scrutin victorieux mais entaché de graves fautes de la part du ministère
En juillet dernier, la liste « UNEF et associations étudiantes » a remporté les élections étudiantes
au CNESER, en obtenant 36,3% des voix et 4 élus sur 11, loin devant la seconde organisation
étudiante. Si cette victoire confirme la place de l’UNEF comme première organisation repré-
sentative, le scrutin a été entaché par de grosses irrégularités, de nature à déséquilibrer son
résultat. En effet, la suppression des suppléants CA du corps électoral en cours de scrutin a
engendré une surreprésentation des élus des écoles au détriment des universités, et le gel arbi-
traire de certains votes a empêché plus d’une centaine d’élus de pouvoir s’exprimer.
Face à cette situation, l’UNEF a déposé un recours victorieux au tribunal pour faire annuler
les élections au CNESER de juillet. Plus qu’une bataille juridique réussie, cette décision est un
véritable point d’appui pour exiger davantage de démocratie dans cet organe. Suite à l’action de
l’UNEF, le Ministère est dans l’obligation de garantir un meilleur équilibre entre le poids des élus
des écoles et des universités, et de proposer un nouveau mode de scrutin. L’UNEF a entamé une
bataille afin de peser pleinement dans la future réforme du CNESER et que le prochain scrutin
permette la meilleure expression possible des élus.
12 2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Octobre 2012
Bourses aux livres • L’UNEF organise la solidarité
en animant les bourses aux livres dans la majori-
té des universités
Week-End de Formation Régionaux • L’UNEF ré-
uni plus de 500 étudiants partout en France pour
se former avant les échéances électorales
Collectif National • L’UNEF organise à
Nanterre son CN de rentrée avec 650 militants,
et se donne pour objectif de lancer une véritable
mobilisation étudiante en vue des élections au
CROUS.
9 octobre • L’UNEF participe à la journée de mo-
bilisation sur l’emploi.
Assise régionales • L’UNEF participe activement
aux Assises régionales de l’enseignement supé-
rieur et de la recherche, et fait entendre sur tout
le territoire la voix des étudiants.
24 octobre • Alors que les CROUS annonce la
suppression de la subvention du ministère de
l’Education Nationale, l’UNEF demande le réta-
blissement des bourses « métiers de l’enseigne-
ment » et lance une campagne de pétition.
L’UNEF obtient des garanties pour la formation des enseignantsL’UNEF a mobilisé les étudiants contre la
réforme de la formation des enseignants
imposée par Nicolas Sarkozy en 2008. Des
manifestations qui ont eu lieu la première
année jusqu’aux interventions publiques du
syndicat pour faire le bilan des premières
années d’application de la réforme, le syn-
dicat a utilisé tous les outils à sa disposition
pour imposer un constat : la formation des
enseignants a été saccagée par le précédent
gouvernement.
Précarisation des étudiants préparant le
concours, surcharge de travail pendant
le master, absence de véritable formation
professionnelle… Nous avons imposé notre
analyse au candidat François Hollande, qui
s’est engagé pendant sa campagne électorael
à réformer à nouveau la formation des ensei-
gnants. Au lendemain de l’élection présiden-
tielle, les engagements de François Hollande
ont été repris par son Ministre de l’Education
Nationale, avec l’ouverture de concertations
sur la Refondation de l’Ecole.
Assises de l’Enseignement Supérieur : l’UNEF impose ses revendications dans
le débatEn s’engageant sur la mise en place d’une nouvelle loi pour l’enseignement supérieur sous la
pression étudiante, le gouvernement a ouvert la possibilité de mettre fin au mouvement de
dérégulation que nous avons connu ces dernières années.
Pour construire la nouvelle loi, le gouvernement a lancé un processus de concertations avec
les Assises de l’Enseignement Supérieur. Elles ont été pour l’UNEF le premier outil de construc-
tion de notre rapport de force. En intervenant localement et nationalement, à travers des
interventions, des contributions et la mobilisation des étudiants, l’UNEF a fait des Assises un
débat ouvert sur la société. C’est pour ces raisons que la réussite des étudiants a été au cœur
des Assises. Le rapport de conclusion porté par Vincent Berger et le discours du Premier mi-
nistre Jean-Marc Ayrault lors des Assises ont été sans équivoque sur ce sujet. De la réforme des
premiers cycles jusqu’à celle du système d’aides sociales, l’ensemble des thématiques mises
en avant par l’UNEF ont été reprises. Cette direction a été confirmée par le rapport du député
Le Déaut qui a réaffirmé l’ensemble des positions.
C’est forte de ces points d’appui que l’UNEF s’est engagée dans les concertations autour du
projet de loi. Dès le mois de janvier le gouvernement a présenté une première mouture large-
ment insuffisante que nous avons considérablement fait évoluer. Si le projet de loi ne fait pas
encore l’objet d’une présentation devant le Parlement, nous avons d’ores et déjà obtenu que
figure dans celui-ci le retour du cadre national des diplômes et la réaffirmation de la démo-
cratie étudiante avec un rôle renforcé du CEVU sur les formations et règles d’examen. Tout ce
travail est à poursuivre pour faire en sorte que ces principes soit confirmés par le Parlement. Si
ces directions sont les bonnes, elles doivent être concrétisées dans les universités et complé-
tées par des réponses politiques sur le financement du supérieur et sur la réforme du système
d’aides sociales.
L’UNEF s’est pleinement investie dans ces concertations, avec comme objectif d’imposer nos
revendications pour que la nouvelle réforme soit au service des étudiants. Nous avons posé trois
exigences pour répondre aux besoins des étudiants : faire reculer la précarité, réorganiser la forma-
tion en master et rétablir une véritable formation professionnelle.
Les premiers arbitrages sur la réforme ont répondu aux exigences de l’UNEF. Le retour du concours
à la fin du M1, qui donne accès au statut de fonctionnaire stagiaire en M2, et la création d’Ecoles
Supérieur du Professorat et de l’Education (ESPE) pour organiser la formation sur chaque académie
sont des avancées pour les étudiants.
Mais l’UNEF ne s’est pas contentée de peser sur les grandes lignes de la réforme. Au plus près des
étudiants, nous avons mené des batailles syndicales pour qu’aucun étudiant en master ensei-
gnement ne soit pénalisé par l’année de transition. Après plusieurs milliers de signatures à notre
pétition, nous avons ainsi obtenu le rétablissement des bourses « métiers de l’enseignement »,
prématurément supprimées par le gouvernement.
L’UNEF continue à maintenir la pression jusqu’à la mise en place définitive de la réforme. L’UNEF est
restée vigilante pour que le cadrage des nouveaux masters enseignement, le contenu du concours
et la mise en place des ESPE, se fassent à chaque fois dans l’intérêt des étudiants et pour assurer
l’égalité entre tous les candidats au concours.
2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013 13
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Novembre 2012
FERUF • L’UNEF présente des listes aux élections
des conseils de résidence, et obtient de nom-
breux élus dans la quasi-totalité des académies
pour améliorer les conditions de vie des étu-
diants en résidence.
14 novembre • l’UNEF participe à la manifesta-
tion, aux cotés des salariés, pour réclamer de
vraies mesures de lutte contre le chômage
Election au CROUS • Du 20 au 29 novembre,
l’UNEF remporte les élections aux Crous et
conforte son rang de première organisation étu-
diante. Le projet de statut social et la stratégie du
syndicat sont soutenus par les étudiants. L’UNEF
progresse de 12 élus et gagne 27 000 voix par
rapport aux scrutins de 2010. Au final, l’UNEF re-
cueille 73 000 voix et 79 élus.
Board meeting de l’ESU • L’UNEF participe au
62ème Board meeting de l’ESU à Chypre
Assisse de l’enseignement supérieur • L’UNEF
participe activement aux assisses nationales de
l’enseignement supérieur. Les principales pro-
positions de l’UNEF figure dans le rapport Berger
qui clos la phase des assisses.
Décembre 2012
Journée de lutte contre le sida • L’UNEF par-
ticipe à la journée mondiale de lutte contre le
SIDA en tenant des stands avec la LMDE dans les
universités.
SOS examens • A travers ses tracts d’information
et ses permanences syndicales, l’UNEF défend
les droits étudiants lors de la période des exa-
mens
6 décembre • Le tribunal administratif de Paris
donne raison à l’UNEF et décide d’annuler les
élections au CNESER.
10 décembre • L’UNEF interpelle Vincent Peillon,
au sujet des bourses pour les étudiants inscris
en Master métier de l’enseignement et obtient
qu’elles soient rétablies.
Mariage pour tous • L’UNEF participe à la mobi-
lisation pour le mariage pour tous en appelant
les étudiants à descendre dans la rue le 10 dé-
cembre, et en organisant des cortèges rassem-
blant plusieurs milliers de jeunes.
Budget • L’UNEF dénonce la situation des univer-
sités qui payent les pots cassés de l’autonomie Affiche d’appel au vote pour les élections aux CROUS.
Elections au CROUS : un scrutin mobilisateur et une victoire de l’UNEF
Les élections étudiantes au sein du réseau des œuvres universitaires et scolaires ont eu lieu au 1er semestre, 6 mois
après la prise de fonction de François Hollande. Normalement les élections étaient prévues au printemps 2012 mais
l’UNEF a revendiqué le déplacement de ces élections pour augmenter la participation et utiliser ces échéances
comme un outil central du rapport de force face au nouveau gouvernement. L’enjeu de ces élections était d’ail-
leurs d’autant plus fort que la Ministre de l’Enseignement supérieur avait annoncé en amont de ces élections la
tenue de négociations visant à réformer les aides sociales à la suite du scrutin.
C’est consciente de ce contexte que l’UNEF a construit sa campagne auprès des étudiants. Ainsi nous avons fait
le choix d’axer notre campagne autour de l’allocation d’autonomie mais également autour de la démarche que
l’UNEF allait mettre en œuvre au cours des négociations pour l’obtenir.
Les militants de l’UNEF ont convaincu pendant des semaines sur tous les campus de France des milliers d’étudiants
que le système de bourses actuel était à bout de souffle, qu’il était nécessaire de reconnaitre socialement le temps de
la formation et que c’est seulement tous ensemble qu’on arriverait à faire bouger les choses. Nous avons proposé aux
étudiants de faire le choix d’un projet qui propose de réformer les aides sociales autour de trois ruptures pour aller vers l’allocation d’autonomie :
Le doublement du nombre de boursier
dès la rentrée 2013
Une augmentation du montant des
bourses
Un changement des critères d’attribution
des aides aux étudiants.
En participant plus à ce scrutin que d’habitude et en faisant très majoritairement le choix de l’UNEF, les étudiants sont rentrés à la table des négocia-
tions pour exiger une réforme ambitieuse des aides sociales. Notre progression électorale ainsi que le nombre d’étudiants convaincus qu’il faut chan-
ger les choses, constituent désormais le socle d’un rapport de force sur lequel nous nous appuierons pour imposer que le gouvernement ne passe pas
à la trappe une promesse présidentielle. Les dernières hésitations du gouvernement montrent qu’il faudra continuer à s’appuyer sur tous les étudiants
convaincus pendant les élections pour aller arracher une réforme qui marque une rupture avec le système actuel.
Affiche pour les élections aux CROUS.
14 2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
financière. Dans toutes les universités l’UNEF est
à l’initiative d’intersyndicales et des AG sont orga-
nisées comme à Angers et Nantes pour dénoncer
le manque de moyen de ces établissements.
Janvier 2013
24 janvier • L’UNEF remporte les élections au
CNOUS en atteignant les 80 voix. L’UNEF est
la seule organisation à rassembler plus de voix
qu’elle n’a d’élus.
27 janvier • L’UNEF participe à la deuxième
manifestation parisienne en faveur du ma-
riage pour tous rassemble plusieurs milliers
de jeunes, et est présente dans l’ensemble des
cortèges de province
Février 2013
Collectif National • L’UNEF organise début fé-
vrier son collectif national, qui est l’occasion de
faire le bilan de la mobilisation électorale pour
les CROUS, et de lancer sa campagne et faire
monter la pression sur la nouvelle loi. A l’oc-
casion de ce CN, le 84éme congrès de l’UNEF
est convoqué, il aura lieu à Toulouse du 18 au
21 avril. L’UNEF choisi de se doter d’un nouveau
poste pour accompagner le développement de
l’organisation. Vincent Bordenave est élu délé-
gué général du syndicat
Solidarité étudiante • L’UNEF se dote d’un nouvel
outil pour faire fonctionner la solidarité en créant
la première coopérative étudiante nationale.
20 février • L’UNEF est reçue par la ministre Ge-
neviève Fioraso. Cette rencontre a été l’occasion
pour l’UNEF d’obtenir des engagements sur une
réforme pluriannuelle des aides sociales étu-
diantes et sur un cadrage national des diplômes.
Retour de Sevil • L’UNEF est présente à Lyon
pour accueillir le retour de Sevil Sevimli qui a
été condamné à 5 années de prison pour « pro-
pagande terroriste » en Turquie mais a tout de
même autorisé par les autorités turques à revenir
en France en attendant son procès en appel.
Comité interministériel de la Jeunesse • le 21
février en amont du comité interministériel de la
jeunesse, l’UNEF est reçu avec le Forum Français
de la Jeunesse par Jean-Marc Ayrault, l’UNEF re-
tient de ce comité de bonnes intentions mais qui
doivent être enrichies et précisées.
De la création des premières bibliothèques étudiantes du quartier
latin au début du XXe siècle à la gestion par les étudiants de l’Espace
Vie Etudiante à Grenoble en 2003, la coopération entre les étudiants
a démontré sa pertinence et son efficacité. Depuis sa réunification,
l’UNEF a perpétué cet héritage pour construire et renforcer la coopéra-
tion chez les étudiants. La coopération étudiante en France n’avait pas
réussi jusqu’à présent à développer une stratégie cohérente à l’échelle
nationale pour se développer suffisamment.
Alors que les universités subissent aujourd’hui une pénurie budgétaire
qui ne leur permet pas de faire face à ces nouvelles problématiques, se
développe une implantation d’acteurs privés dans les universités. Loin de
porter un objectif social, ces entreprises tirent profit de la réduction du
périmètre des services publics pour s’enrichir sur le dos des étudiants.
Notre objectif est de rendre aux étudiants la gestion de leurs propres
affaires, de lutter contre cette implantation aux buts lucratifs, en déve-
loppant sur les campus une économie sociale et solidaire, gérée par les
étudiants.
Dès le CN de juillet 2012, l’UNEF s’est donné les moyens de créer la pre-
mière coopérative nationale étudiante, qui a débouché en février 2013 sur
la constitution de Solidarité Etudiante. Partageant une vision commune
de la situation des étudiants et s’appuyant sur les valeurs de Charte de
Grenoble, cette nouvelle structure, dirigée par des étudiants sous mandat
syndical de l’UNEF, permettra d’apporter une réponse à la hauteur de
l’exigence de la situation sociale des étudiants.
Un nouvel outil pour organiser la solidarité
2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013 15
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Bilan électoral CNESER et CNOUS 2012
Aix-Marseille 3 666Amiens 1 697
Besançon 1 278
40%29%
38%Bordeaux 3 280 38%Caen 1 700 37%Clermont 1 943 43%Créteil 4 988 60%Dijon 684 20%Grenoble 2 769 30%Lille 4 308 30%Limoges 919 27%Lyon 2 775 20%Montpellier 3 142 47%
Antilles 1 469 61%
Nancy-Metz 3 963Nantes 2 660
Orléans-Tours 1 878
46%29%
36%Paris 6 129 41%Poitiers 1 602 38%La Réunion 3 604 88%Reims 1 091 20%Rennes 2 312 28%Rouen 2 652 43%Strasbourg 2 006 28%Toulouse 3 826 37%Versailles 4 783 50%
Nice-Toulon 1 686 30%
3/72/7
3/74/73/73/75/71/72/72/72/71/74/7
6/7
4/72/7
2/73/73/77/71/72/74/72/73/74/7
2/7
Les résultats des CROUS-1-1
=+2==
+1-1===-1+1
+4
+2=
==
+1+3=-1+1+1+1=
=
Académie Voix % Académie Voix %ELUS UNEF ELUS UNEFGain Gain
Des résultats historiques
73 000+26 000
étudiants par rapport à 2010
80 élus+12 élus
étudiants par rapport à 2010
Union Nationale des EtudiantsSEULE organisation présente dans tous
les CROUS !
pour représenter et défendre les étudiants
étudiants ont voté pour une allocation d’autonomie
des voix
4 élusCNOUS
Aix Marseille 82969 32%Amiens 4 -5443 12%Angers 7 +1685 26%Artois 14 +5503 33%Avignon 7 -3Besançon 5 0510 20%Bordeaux 1 6 -1359 32%Bordeaux 2 6 0381 16%Bordeaux 3 13 +3800 42%Bordeaux 4 10 +61153 38%Brest 8 -1Caen 7 -51006 24%Cergy 15 +21202 64%Chambéry 7 +2306 22%Clermont 1 4 -1Clermont 2 12 +2606 45%Dijon 4 -3684 18%Evry 12 -1670 51%Grenoble 1 6 -1395 17%Grenoble 2 2 -2360 10%Grenoble 3 15 +1314 53%La Réunion 7 +2524 29%La Rochelle 5 -3335 29%Le Havre 9 +4481 37%Le Mans 17 +5658 59%Lille 1 5 -5520 18%Lille 2 5 0646 21%Lille 3 13 +1960 57%Limoges 6 -1339 15%Littoral 6 -3361 38%Lorraine 91729 35%Lorient Vannes 7 +1444 29%Lyon 1 4 -2412 8%Lyon 2 9 0874 33%Lyon 3 6 -5706 26%MLV 10 +2717 61%Montpellier 1 3 -2434 14%Montpellier 2 9 -1736 39%Montpellier 3 9 +1608 38%
Mulhouse 8 +4169 26%Nantes 8 -11 382 19%Nice 4 -1517 15%Nimes 1 -1195 35%Orléans 11 0Paris 1 9 -41271 35%Paris 2 8 +11053 52%Paris 3 14 +51307 67%Paris 4 9 +51008 52%Paris 5 6 +2904 17%Paris 6 4 0595 15%Paris 7 9 +11199 43%Paris 8 12 -51369 56%Paris 9 6 +2179 12%Paris 10 10 -11439 45%Paris 11 3 -5493 16%Paris 12 10 0Paris 13 10 -11827 47%Pau 3 -1129 12%Perpignan 7 +4322 29%Poitiers 6 -1Reims 6 +2Rennes 1 9 +31000 24%Rennes 2 8 0711 33%Rouen 6 0Saint Etienne 8 +5718 28%Strasbourg 5 +11688 22%Toulon 6 -2Toulouse 1 5 -6507 28%Toulouse 2 13 +3857 45%Toulouse 3 13 +62552 38%Tours 6 +2915 25%Valenciennes 5 +4344 15%VSQ 10 -2617 25%UTBM 4 0136 31%UTC 6 +2180 32%IEP Paris 15 01287 58%Ecoles autres 28 +10TOTAL 622 +2460150 33%
Académie Voix % Académie Voix %ELUS UNEF ELUS UNEFGain Gain
4 élusCNESER
60 150voix UNEF
d’étudiants convaincusde notre projet et de notre démarche
33%des voix
en moyenne
Les résultats des centraux
100%des universités
où l’UNEFà des élus
16 2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Bilan électoral CNESER et CNOUS 2012
Aix-Marseille 3 666Amiens 1 697
Besançon 1 278
40%29%
38%Bordeaux 3 280 38%Caen 1 700 37%Clermont 1 943 43%Créteil 4 988 60%Dijon 684 20%Grenoble 2 769 30%Lille 4 308 30%Limoges 919 27%Lyon 2 775 20%Montpellier 3 142 47%
Antilles 1 469 61%
Nancy-Metz 3 963Nantes 2 660
Orléans-Tours 1 878
46%29%
36%Paris 6 129 41%Poitiers 1 602 38%La Réunion 3 604 88%Reims 1 091 20%Rennes 2 312 28%Rouen 2 652 43%Strasbourg 2 006 28%Toulouse 3 826 37%Versailles 4 783 50%
Nice-Toulon 1 686 30%
3/72/7
3/74/73/73/75/71/72/72/72/71/74/7
6/7
4/72/7
2/73/73/77/71/72/74/72/73/74/7
2/7
Les résultats des CROUS-1-1
=+2==
+1-1===-1+1
+4
+2=
==
+1+3=-1+1+1+1=
=
Académie Voix % Académie Voix %ELUS UNEF ELUS UNEFGain Gain
Des résultats historiques
73 000+26 000
étudiants par rapport à 2010
80 élus+12 élus
étudiants par rapport à 2010
Union Nationale des EtudiantsSEULE organisation présente dans tous
les CROUS !
pour représenter et défendre les étudiants
étudiants ont voté pour une allocation d’autonomie
des voix
4 élusCNOUS
Aix Marseille 82969 32%Amiens 4 -5443 12%Angers 7 +1685 26%Artois 14 +5503 33%Avignon 7 -3Besançon 5 0510 20%Bordeaux 1 6 -1359 32%Bordeaux 2 6 0381 16%Bordeaux 3 13 +3800 42%Bordeaux 4 10 +61153 38%Brest 8 -1Caen 7 -51006 24%Cergy 15 +21202 64%Chambéry 7 +2306 22%Clermont 1 4 -1Clermont 2 12 +2606 45%Dijon 4 -3684 18%Evry 12 -1670 51%Grenoble 1 6 -1395 17%Grenoble 2 2 -2360 10%Grenoble 3 15 +1314 53%La Réunion 7 +2524 29%La Rochelle 5 -3335 29%Le Havre 9 +4481 37%Le Mans 17 +5658 59%Lille 1 5 -5520 18%Lille 2 5 0646 21%Lille 3 13 +1960 57%Limoges 6 -1339 15%Littoral 6 -3361 38%Lorraine 91729 35%Lorient Vannes 7 +1444 29%Lyon 1 4 -2412 8%Lyon 2 9 0874 33%Lyon 3 6 -5706 26%MLV 10 +2717 61%Montpellier 1 3 -2434 14%Montpellier 2 9 -1736 39%Montpellier 3 9 +1608 38%
Mulhouse 8 +4169 26%Nantes 8 -11 382 19%Nice 4 -1517 15%Nimes 1 -1195 35%Orléans 11 0Paris 1 9 -41271 35%Paris 2 8 +11053 52%Paris 3 14 +51307 67%Paris 4 9 +51008 52%Paris 5 6 +2904 17%Paris 6 4 0595 15%Paris 7 9 +11199 43%Paris 8 12 -51369 56%Paris 9 6 +2179 12%Paris 10 10 -11439 45%Paris 11 3 -5493 16%Paris 12 10 0Paris 13 10 -11827 47%Pau 3 -1129 12%Perpignan 7 +4322 29%Poitiers 6 -1Reims 6 +2Rennes 1 9 +31000 24%Rennes 2 8 0711 33%Rouen 6 0Saint Etienne 8 +5718 28%Strasbourg 5 +11688 22%Toulon 6 -2Toulouse 1 5 -6507 28%Toulouse 2 13 +3857 45%Toulouse 3 13 +62552 38%Tours 6 +2915 25%Valenciennes 5 +4344 15%VSQ 10 -2617 25%UTBM 4 0136 31%UTC 6 +2180 32%IEP Paris 15 01287 58%Ecoles autres 28 +10TOTAL 622 +2460150 33%
Académie Voix % Académie Voix %ELUS UNEF ELUS UNEFGain Gain
4 élusCNESER
60 150voix UNEF
d’étudiants convaincusde notre projet et de notre démarche
33%des voix
en moyenne
Les résultats des centraux
100%des universités
où l’UNEFà des élus
2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013 17
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
« Celui qui se rend maître de l’éducation peut changer la face du monde.» G. W. Leibniz.
Chômage de masse, affaiblissement des
protections sociales, explosion du travail
précaire…. les populations européennes su-
bissent au quotidien les conséquences de la
crise. Mais si les conditions de vie des jeunes,
des salariés et des retraités ont été profon-
dément altérées, l’orientation politique de
l’Union Européenne, elle, est restée la même.
Dominée par des gouvernements libéraux,
la communauté européenne a érigé la dette
comme signe de discrédit des Etats et les en-
courage à mener une course aux économies,
au mépris des conséquences économiques et
sociales. Pire, le vote récent d’un budget de
l’Union Européenne en baisse tente d’enfer-
mer le continent dans un modèle d’austérité
indépassable, accentuant la pression autour
de réformes libérales et antisociales. Outre
les conséquences économiques et sociales,
l’absence d’alternative majoritaire à l’austérité
offre un ferment sur lequel prolifèrent le repli
sur soi et le populisme. Les élections récentes
en Italie n’en sont qu’une nouvelle illustration.
Alors que François Hollande s’était fixé
comme objectif d’obtenir une réorientation
de la politique européenne, la France a elle
aussi cédé à la contrainte budgétaire, faisant
de l’équilibre des finances publiques le socle
de sa politique économique. Ce choix coûte
cher aux populations, car il prive notre pays
des marges de manœuvre financières néces-
saires à une meilleure répartition des richesses
mais dresse aussi un mur de l’argent contre
lequel viennent se heurter les promesses de
campagne du président de la République.
Cherchant une impossible conciliation entre
réponse aux aspirations sociales et rigueur
budgétaire, le gouvernement s’apprête à ré-
aliser de nouvelles économies qui risquent
d’imposer de nouveaux sacrifices aux salariés.
Entre désœuvrement de voir leurs emplois
disparaître, et peur de devoir consentir à des
sacrifices encore plus importants, ces der-
niers refusent de voir notre modèle social
encore affaibli. L’attachement du mouvement
syndical aux mécanismes de solidarités, sa
capacité à les défendre et son implantation
ont jusqu’ici permis, à la différence d’autres
pays d’Europe, d’opposer une résistance aux
mesures de rigueur et de tourner la page du
sarkozysme. Mais, malgré la multiplication de
luttes locales et sectorielles, le mouvement
social se trouve aujourd’hui fragilisé nationa-
lement par des divisions stratégiques, maté-
rialisées par la signature minoritaire des ac-
cords nationaux interprofessionnels.
Premières victimes de la crise, les jeunes ont
quant à eux le sentiment d’être des sous-ci-
toyens, soumis aux mêmes devoirs et respon-
sabilités que les autres, mais sans bénéficier
des mêmes droits. Alors que la catégorie des
16-25 ans reste la population qui connaît le
taux de pauvreté le plus élevé, le statu quo
ne sera pas tenable : il enferme une généra-
tion entière dans une dépendance sociale et
l’empêche de prendre toute sa place dans le
redressement du pays.
Par son action revendicative et militante,
l’UNEF est parvenue à faire de cette injustice
un problème public et de l’accès à l’autono-
mie un axe incontournable de toute politique
de jeunesse, comme en témoigne l’enga-
gement présidentiel d’en faire la priorité du
quinquennat. Mais la contrainte budgétaire et
les difficultés à rompre avec le modèle fami-
lialiste poussent aujourd’hui le gouvernement
à gagner du temps et à laisser les chantiers
les plus importants, comme l’accès de tous
au RSA, en souffrance. Ces tergiversations
montrent que sans rapport de force, les dé-
clarations de bonnes intentions auront du
mal à se concrétiser dans les faits.
Parce qu’elle veut imposer contre vents et
marées les ruptures attendues par notre mi-
lieu, l’UNEF ne se laissera pas enfermer dans
une alternative stérile entre opposition systé-
matique et renoncement à ses exigences. Au
contraire, notre démarche est celle d’un syn-
dicalisme mature ne recevant de directives
que des étudiants eux-mêmes, capable dans
tous les contextes de mettre la pression par la
mobilisation et de faire avancer les droits des
jeunes par la négociation.
Cette démarche a déjà montré son efficaci-
té et nous permet de ne pas partir de rien.
En portant clairement nos revendications et
en saisissant toutes les opportunités pour
rassembler les étudiants derrière nos mots
d’ordre, nous avons su faire bouger des lignes
importantes.
D’abord en dressant une barrière contre
toutes nouvelles coupes budgétaires qui ag-
graveraient l’état de nos universités. Alors que
l’Education Nationale était le seul secteur à
être sanctuarisé, nous sommes peu à peu
parvenus à faire de l’enseignement supé-
rieur une épine dans le pied de la politique
de rigueur. La préservation du budget à la
rentrée et la création de 1000 postes par an
sur l’ensemble du quinquennat en sont la dé-
monstration, bien que l’annonce de nouvelles
économies nous impose de rester vigilants
durant l’ensemble du quinquennat. De même,
nous avons amplifié la pression autour des
promesses présidentielles pour éviter qu’elles
ne restent lettre morte. En particulier, la polé-
mique autour de la demi-part fiscale montre
à quel point la réforme des aides sociales ne
dépend désormais que de notre capacité à
l’imposer. Enfin, loin d’en rester à la feuille
de route gouvernementale, nous avons ou-
vert de nouvelles perspectives de progrès so-
cial en investissant le terrain de la nouvelle
loi d’enseignement supérieur pour gagner
une nouvelle réglementation de l’offre de
diplômes, à l’opposé de la dérégulation que
nous avons connue ces dernières années.
TEXTE PRÉSENTÉ PAR LA TENDANCE « MAJORITE NATIONALE »
Engagés collectivement pour changer l’université et transformer la société !
18
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
Notre horizon pour les deux prochaines an-
nées est donc clair : nous voulons conquérir
une société de l’égalité entre toutes et tous,
garantie par un droit aux études, au diplôme
et à l’emploi. En se saisissant pleinement de
chaque engagement obtenu comme point
d’appui pour gagner de nouveaux droits et en
les faisant appliquer par le rapport de force,
nous pousserons le gouvernement à agir pour
l’égalité et à contrecourant de sa politique de
rigueur.
Nous ferons ainsi monter la pression autour
de nos revendications pour imposer, pas à pas,
des ruptures en matière de reconnaissance de
l’autonomie des jeunes et du droit à l’éduca-
tion pour toute notre génération.
Cette ambition n’est pas celle d’un mouve-
ment jeuniste ou revanchard ; au contraire
c’est celle d’une génération consciente que
c’est de ses réussites que dépend l’avenir
de toute la société. En permettant à tous les
jeunes d’étudier, ce sont les inégalités de nais-
sance que nous combattons ; en permettant
à chacun d’obtenir une qualification, c’est le
droit de décider de sa propre vie que nous
conquérons ; en augmentant le nombre de
jeunes diplômés, c’est le pays entier que nous
tirons vers le haut.
L’orientation offensive dont se dote le syndicat
à travers son 83ème congrès doit trouver sa ré-
alisation dans l’action syndicale, au plus proche
des étudiants, pour ancrer dans la durée et
donner de l’ampleur à notre rapport de force.
Puissante électoralement, efficace dans ses
réalisations, capable de rassembler au-delà
des rangs traditionnels des luttes et autour
de revendications ambitieuses, l’UNEF sort
renforcée de la période récente, marquée
par sa progression lors des élections dans les
CROUS. Syndicat de tous les étudiants, au ser-
vice de toute la jeunesse, c’est aujourd’hui le
seul outil de conquête collective dont dispose
notre milieu. C’est conscient de notre res-
ponsabilité que nous ferons de ce congrès le
point de départ d’un nouveau cycle de déve-
loppement de notre organisation. L’UNEF est
la maison commune de tous les étudiants ;
nous poursuivrons ainsi nos efforts pour or-
ganiser plus d’étudiants dans le syndicat. Pour
répondre au plus près des attentes de chacun
et promouvoir l’engagement collectif, nous
œuvrerons au développement de nouveaux
outils de solidarité, et en premier lieu de So-
lidarité Etudiante.
Nos réussites ont montré qu’un syndicalisme
exigeant, appuyé sur un rapport de force
construit par l’action militante, permettait
d’ouvrir de nouvelles perspectives de victoires.
C’est l’aptitude de l’UNEF à concrétiser ces
ouvertures, à en obtenir de nouvelles et à les
traduire par des droits pour les jeunes, qui sera
jugée par notre milieu.
Permettre à chaque jeune d’accéder à l’enseignement suPérieur
Au cours du siècle dernier, l’évolution de l’en-
seignement supérieur a accompagné les mu-
tations de toute la société. Le mouvement de
massification des années 1960 annonçait ainsi
l’accès des classes populaires à la promotion so-
ciale. Mais aujourd’hui, la panne de l’ascenseur
social témoigne d’une société figée. En refusant
de garantir à chaque jeune un droit aux études,
notre pays reproduit les inégalités de naissance
et se prive d’une génération de citoyens capable
de tirer la croissance vers le haut et de renforcer
les solidarités intergénérationnelles.
La relance de la massification de l’enseigne-
ment supérieur pour accueillir, faire réussir et
donner des qualifications à tous les jeunes de
France est donc une condition sine qua non de
la transformation sociale et de la lutte contre
les déterminismes. De la reconnaissance so-
ciale de la période d’études à la construction
d’une université de tous les métiers, nous agi-
rons sur chacune des barrières qui laissent
50% de notre génération aux portes de l’ensei-
gnement supérieur.
Un statut social du jeune en formation et en insertion
De la même façon que le 3ème âge est né du
progrès social, la massification et l’allonge-
ment de la durée des études a fait apparaître
un nouvel âge de la vie, celui de la jeunesse et
de la formation. La société bénéficie de cette
évolution mais refuse de la reconnaître par
des droits. Elle fait reposer la charge de for-
mer toute une génération sur des ressources
privées, par nature inégales et le plus souvent
amoindries par la crise. Parce qu’étudier est
un droit collectif, nous ferons de la reconnais-
sance de la jeunesse en formation et en inser-
tion un élément central de notre combat.
• Rompre avec les politiques familialistes pour la reconnaissance de la majorité sociale
Le modèle social français en matière d’études
supérieures repose sur un contresens : il fait
reposer l’accès à un droit collectif, le droit aux
études, sur des solidarités privées. Quelles que
soient leur situation et les difficultés qu’ils ren-
contrent, les jeunes sont ainsi sans arrêt ren-
voyés aux moyens dont disposent leurs parents.
La moitié des aides à destination des étudiants
sont ainsi confiées à leur famille sous forme
d’allègements d’impôts. Quant au reste des
aides étudiantes, elles sont simplement dé-
duites des revenus parentaux, quelle que soit la
situation des jeunes.
Les étudiants en situation d’indépendance ne
bénéficient d’aucune reconnaissance de leur
situation propre. Pour les autres, il faut com-
poser avec les contraintes familiales qu’elles
soient financières, géographiques ou philoso-
phiques. Le salariat étudiant, premier facteur
d’échec universitaire, est ainsi devenu pour plus
d’une moitié des étudiants un recours obligé,
que ce soit pour contribuer au budget de leur
foyer ou pour gagner en autonomie. Cet ana-
chronisme ne peut plus durer.
Par la reconnaissance du droit à l’autonomie, les
jeunes doivent au contraire pouvoir se consa-
crer pleinement à la construction de leur ave-
nir et donc à leur formation. Nous défendrons
ainsi toutes les aides universelles, comme les
aides au logement, notamment contre les ten-
tatives d’économies budgétaires. Au-delà de ce
principe, nous nous engagerons pour que les
politiques familiales soient remplacées par une
protection solidaire faisant des jeunes majeurs
les titulaires directs de leurs droits sociaux.
• Un statut social garantissant des droits universels
En privant les jeunes en formation et en inser-
tion de reconnaissance, la société les enferme
dans un espace de non droit. Le statut social
que nous revendiquons doit au contraire, de
la même façon que le statut de salarié, être un
socle garantissant aux jeunes des droits uni-
versels pour leur réussite et leur émancipation.
Nous concentrerons donc notre activité syndi-
cale sur l’ouverture de droits fondamentaux :
Un droit à la santé par le renforcement du
régime étudiant de sécurité sociale
L’accès à la santé est un droit que nous devons
réaffirmer à l’heure ou le régime étudiant de sé-
19
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
curité sociale se trouve fragilisé par un manque
structurel de financement. Géré par et pour
les étudiants, ce régime est pourtant la seule
garantie du maintien d’un système solidaire et
d’une offre adaptée aux besoins de chacun,
contre le modèle des assurances privées. La
défense du régime et de sa gestion étudiante
seront donc des priorités syndicales de premier
plan. Dans le même temps, nous poursuivrons
notre action pour élargir l’accès de tous à une
complémentaire santé.
Un droit au logement
Il ne saurait y avoir d’autonomie de la jeunesse
sans accès au logement. L’engagement prési-
dentiel de construire 40 000 logements étu-
diants est en ce sens un point d’appui impor-
tant. Nous veillerons à ce que ces constructions
bénéficient exclusivement au renforcement du
parc de logements du CROUS. Conscients de la
nécessité d’agir à tous les niveaux du logement
étudiant, nous nous battrons auprès de tous les
acteurs, locaux comme nationaux, pour faire
baisser le coût des loyers dans le parc locatif
privé (exonération de la taxe d’habitation, re-
valorisation des APL, encadrement des loyers,
garantie universelle des risques locatifs).
Un droit aux transports
Du transport qui relie le domicile de l’étudiant à
son lieu de formation, à l’impossibilité de partir
étudier dans une autre université, l’absence de
mobilité est trop souvent un frein à la réussite
universitaire. Pour cette raison, nous portons la
nécessaire évolution des tarifications publiques
pour tendre à la gratuité des transports.
Un droit à la culture et au temps libre
L’accès à la culture et le droit au repos sont
constitutifs d’une jeunesse capable de nourrir
son esprit critique et de s’approprier les savoirs
délivrés à l’université. Nous multiplierons ain-
si les initiatives pour des « Pass-culture » tout
en revendiquant une nouvelle organisation des
temps universitaires.
L’allocation d’autonomie : pilier du droit aux études pour tous
Le premier frein à l’autonomie, c’est la précari-
té. Pour sortir les jeunes de la double impasse
du salariat et de la dépendance familiale, nous
faisons de l’allocation d’autonomie universelle
le pilier du droit aux études.
L’accès aux études n’est pas un hobby ou un
luxe dont la société pourrait se passer. Cette
allocation n’est donc ni une charité, ni un re-
venu d’assistance. Elle est la juste contrepartie
de l’investissement que fait chaque jeune pour
préparer son avenir et ainsi contribuer au déve-
loppement de la société.
• Une protection universelle et solidaire
Parce qu’elle garantit un droit pour tous les
jeunes, l’allocation autonomie doit être uni-
verselle. Le choix de l’universalité, c’est en ef-
fet d’abord le choix de rompre avec l’injustice
du modèle familial. L’allocation d’autonomie
est donc à la fois un puissant moteur de cor-
rection des inégalités, s’adressant directement
aux étudiants plutôt qu’à leur famille, mais aussi
une garantie que chaque jeune puisse faire ses
propres choix d’étude, quelles que soient son
origine sociale, ses relations familiales ou sa
nationalité.
Nous ne voulons pas d’un système au rabais, de
filet de sécurité pour les plus démunis, et pous-
sant tous les autres à l’individualisme hors du
champ de la solidarité nationale. L’universalité
de l’allocation d’autonomie est ainsi la condi-
tion d’un système qui fait contribuer tous les
citoyens à l’effort éducatif selon leurs moyens,
pour que chaque jeune soit aidé selon ses be-
soins.
• Une aide suffisante calculée selon les besoins propres des jeunes
Le montant de l’aide est tout aussi déterminant
que le caractère universel. Avec l’allocation
d’autonomie, nous voulons rompre avec les re-
venus d’appoint que sont les bourses actuelles.
C’est pour cette raison que l’allocation d’auto-
nomie sera une aide qui permettra à chacun un
montant suffisant pour vivre. Ainsi, les étudiants
sans aucune ressource ni aide familiale doivent
accéder à une aide couvrant l’ensemble de
leurs besoins.
Pour accéder à l’aide, dès sa majorité, le jeune
en formation déclarera ainsi ses revenus à l’ad-
ministration fiscale. Le montant sera modulé
en fonction notamment de ses contraintes fi-
nancières (loyer, éloignement du lieu d’étude,
importance des aides familiales…).
• Imposer des ruptures, augmenter le budget des aides : une conquête progressive
Dans un contexte d’économies budgétaires,
nous devons établir la stratégie la plus efficace
pour franchir, chaque année, une nouvelle
étape dans la montée en charge de l’alloca-
tion d’autonomie. Appuyées par le rapport de
force étudiant, les négociations autour de la
réforme du système d’aides sociales sont l’oc-
casion d’obliger le gouvernement à s’engager
sur plusieurs années dans un renforcement du
système d’aides sociales tout en modifiant les
critères d’attribution.
Parce que cette mesure réclame d’abord un in-
vestissement d’ampleur, nous réclamerons non
seulement un redéploiement des aides fiscales
dégressives (en particulier la demi-part fiscale)
vers les aides directes, mais aussi le dégage-
ment de nouvelles ressources comme la créa-
tion d’une cotisation spécifique ou encore des
mesures fiscales, comme les taxes sur la trans-
mission des patrimoines par exemple. A chaque
rentrée, le budget des aides sociales doit ain-
si connaître une augmentation significative, à
commencer par la rentrée 2013 au cours de la-
quelle nous exigeons de récupérer les 200 mil-
lions d’euros ponctionnés par le gouvernement
sur la demi-part fiscale en octobre 2012.
Pour conquérir un système adapté aux besoins
des jeunes, nous nous battrons pour que ces
nouveaux moyens s’articulent autour de trois
ruptures : l’augmentation du montant des
bourses (à hauteur de 5% par an), l’augmenta-
tion du nombre de boursiers et la création de
critères d’autonomie, permettant d’intégrer au
système les étudiants indépendants.
Ouvrir l’enseignement supérieur pour construire l’université des 3 millions d’étudiants
Nous ne nous satisfaisons pas d’un système
qui laisse 50% d’une génération aux portes de
l’enseignement supérieur, dont de nombreux
bacheliers. Nous voulons lancer un mouve-
ment pour construire l’université des 3 millions
d’étudiants, et dans laquelle chacun trouve sa
place. En particulier, nous agirons pour réduire
la distance entre secondaire et supérieur. Un
enseignement supérieur public de qualité doit
reposer sur les universités, comme opératrices
uniques. Enfin nous chercherons à transformer
leur fonctionnement pour supprimer toutes les
barrières sélectives.
• Une université de tous les métiers et de tous les étudiants
Des CPGE aux filières universitaires en passant
20
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
par les instituts privés, l’enseignement supé-
rieur tend à séparer les publics étudiants selon
leur capital culturel et financier. Cette incita-
tion à la stratégie individuelle est non seule-
ment vectrice d’inégalités mais ancre de plus
l’idée que certains publics ne « seraient pas
faits » pour les études supérieures. C’est en
particulier le cas des étudiants issus de bacs
non généraux qui peinent à trouver leur place
dans ce labyrinthe.
L’UNEF s’investira ainsi pour que l’accès à l’uni-
versité après le lycée soit une évidence pour
tous les jeunes bacheliers, mais aussi pour les
jeunes sans diplôme en développant les dispo-
sitifs de VAE. Le rapprochement des exigences
académiques du secondaire et du supérieur en
est une condition sine qua non. La création de
nouvelles passerelles entre les formations doit
de plus éviter les phénomènes de décrochage
définitif du système.
Enfin, la massification implique de construire
une université de tous les métiers, de toutes
les formations et de tous les étudiants. BTS,
préparations aux concours, formations d’in-
génieur, sanitaires et sociales… il n’existe pas
une filière qui n’ait vocation à être pleinement
intégrée aux universités, tant pour la lisibilité
que pour la qualité des formations.
• Lutter contre toutes les barrières d’accès à l’université
La massification dépend également des obs-
tacles que rencontrent les étudiants tout au
long de leur parcours universitaire, des déserts
universitaires aux barrières sélectives. Il n’est
pas de sélection qui ne soit discriminante so-
cialement, c’est pourquoi nous en faisons un
point d’entrée majeur de notre combat pour
l’égalité.
Garantir l’accès à l’enseignement sur
l’ensemble du territoire
Les précédentes politiques de massification
ont porté leurs fruits grâce à la logique d’im-
plantation territoriale qu’elles ont impulsée.
C’est la création de sites universitaires à Lo-
rient-Vannes, Albi, Cergy ou encore Evry qui
ont permis à des jeunes d’être les premiers de
leur famille à accéder à l’enseignement supé-
rieur. Attachés à la présence des formations
universitaires sur l’ensemble du territoire, nous
serons vigilants à ce qu’il n’y ait pas de recul
et à ce que les territoires dans lesquels l’ac-
cès des jeunes au supérieur est inférieur à la
moyenne nationale bénéficient de nouvelles
antennes de formation.
Mettre fin à la reproduction sociale dans les
études de santé
La sélection à la fin de la première année
d’études de santé est une aberration faisant de
ce cursus l’un des plus touchés par la repro-
duction sociale. Nous souhaitons ouvrir ces
filières à la fois en diversifiant les voies d’accès
aux deuxième et troisième années mais aussi
en obtenant de nouveaux débouchés pour les
étudiants échouant au concours. De plus nous
poursuivrons notre bataille pour augmenter le
numérus clausus qui fait à la fois échouer des
centaines d’étudiants chaque année et prive le
pays d’un vivier de futurs praticiens.
Ouvrir les 2ème et 3ème cycles au plus grand
nombre
Le master est devenu le niveau de référence
sur le marché de l’emploi. Pourtant ce diplôme
fait l’objet d’une politique malthusienne. Nous
voulons mettre fin à cette situation en cassant
le verrou sélectif entre la première et la deu-
xième année de master en nous appuyant no-
tamment sur le cadrage national des diplômes.
De même, la conquête d’un statut protecteur
pour les doctorants lié à une meilleure recon-
naissance de leur statut doit permettre de dé-
mocratiser l’accès au troisième cycle.
Se battre pour un accès démocratisé à l’enseignement supérieur dans toute l’Europe
Les mouvements étudiants sur les frais d’ins-
criptions, qui se sont déroulés en Europe mais
également au-delà de ses frontières, révèlent
un attachement commun à un enseignement
supérieur libre d’accès. Dans ce contexte, la
France dispose d’atouts que nous ne pouvons
nous contenter de préserver pour notre seul
pays. Nous nous engagerons ainsi, notamment
dans l’ESU, pour défendre un modèle d’ensei-
gnement démocratisé et libéré des logiques
libérales qui ont trop souvent cours.
De plus, nous nous appuierons sur le modèle
du service public du CROUS, unique en Eu-
rope, pour porter un projet social pour tous
les jeunes du continent. Ce même mouvement
doit permettre à l’Europe d’agir pour cadrer les
frais d’inscriptions, supprimer les dispositifs
de sélection à l’entrée de l’université et créer
un seuil minimal de boursiers dans les pays de
l’Union.
Nous nous saisirons aussi du cadre européen
pour démocratiser l’accès à la mobilité. Seuls
3,5% des 17 millions d’étudiants européens
(4,5% en France) en bénéficient. L’UNEF pour-
suivra son action contre les prêts étudiants in-
troduits dans le nouveau programme Erasmus
et pour un renforcement budgétaire des aides
à la mobilité. Au niveau national, la reconnais-
sance des acquis à l’étranger et la mise en
place d’un guichet unique du CROUS pour les
aides à la mobilité doit permettre au système
de gagner en lisibilité.
remettre l’université au service de l’égalité entre étudiants
Le système universitaire n’est pas en mesure
de gommer les inégalités et opère un véritable
tri social. Cette défaillance se matérialise lors
des différentes étapes du parcours universi-
taire. Avec près de 50% d’échec, la première
année de licence est ainsi le lieu d’un tri so-
cial reléguant les étudiants les moins dotés
en capital culturel vers des études courtes ou
les envoyant directement sans protection sur
le marché de l’emploi. L’écrémage continue
tout au long de parcours tubulaires, qui ne
permettent pas aux étudiants d’être acteurs de
leur orientation.
Cette situation a été aggravée par la liberté
laissée aux établissements de déterminer leur
offre de formation, quitte à concentrer leurs
moyens sur certaines filières, au détriment de
toutes les autres. Elles ajoutent ainsi aux iné-
galités face à la réussite, une mise en concur-
rence des diplômes.
Après des années de dérégulation et d’élitisme,
la mise en œuvre d’une nouvelle loi pour l’en-
seignement supérieur est une occasion à ne
pas laisser passer. En particulier, en mettant la
question de la réglementation du service pu-
blic au cœur du projet de loi, nous avons créé
les conditions d’un nouveau mouvement de
conquêtes au service de l’égalité. Cette brèche
importante n’est qu’un premier pas pour réa-
morcer la pompe de la démocratisation. Car,
l’histoire nous l’a montré, le changement de
modèle pour plus d’égalité ne pourra venir
que des étudiants. Au cours de la bataille par-
lementaire, dans l’écriture des décrets comme
lors de leur application locale, nous resterons
mobilisés pour que les ouvertures que nous
avons obtenues dans la loi se traduisent par
21
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
une transformation en profondeur de nos for-
mations et une meilleure reconnaissance de
nos diplômes.
Imposer une réglementation dans le supérieur garantissant l’égalité entre étudiants
La loi nous offre de nouveaux points d’ap-
pui pour remettre de la réglementation dans
l’enseignement supérieur, comme le cadrage
national ou les communautés d’universités.
C’est une rupture importante avec la politique
que nous avons connue, mais qui ne se suffira
pas en soi. Conscients des nombreuses résis-
tances, notamment des présidents d’universi-
tés, nous ferons de cette opportunité un outil
de l’égalité.
• Un cadre national des diplômes pour que le diplôme soit une vraie protection
Face au foisonnement et aux inégalités entre
les formations, l’UNEF se bat depuis des an-
nées pour que nos formations soient cadrées
nationalement. Le principe de ce cadre natio-
nal est désormais inscrit, pour la première fois,
dans la loi. Il faut maintenant poursuivre la
mobilisation pour lui donner un contenu afin
qu’il garantisse à tous les étudiants une forma-
tion de qualité. Pour rendre le cadrage effectif,
nous agirons à plusieurs niveaux :
Imposer un contenu commun des diplômes
Le cadrage national doit mettre fin aux inégali-
tés entre des diplômes portant un même nom
mais délivrés par des établissements différents.
L’UNEF s’engagera dans l’écriture du cahier
des charges des formations pour un socle
commun en première année, comprenant des
enseignements disciplinaires ainsi que des
heures d’enseignements obligatoires, et pour
organiser une spécialisation progressive en
deuxième et troisième années. Ce travail devra
se poursuivre dans les conseils universitaires
lors du contrôle des maquettes, principe dé-
sormais garanti par la loi. Une réflexion devra
de plus être entamée pour un cadrage des ca-
lendriers universitaires.
Des financements fléchés pour assurer les
formations cadrées
Le cadrage est aussi un outil pour imposer
de nouvelles contraintes réglementaires aux
présidents d’université. Ainsi, nous veillerons
à ce que les décrets définissant les accrédi-
tations puissent fixer un taux d’encadrement
obligatoire (d’enseignants et de personnels)
pour chaque formation ainsi que des règles
de répartition des moyens au sein des établis-
sements. Au-delà de la répartition, nous nous
appuierons sur ce cadre pour obtenir un réin-
vestissement dans les universités, assis sur les
besoins de chaque établissement en matière
de formation.
Cette action doit permettre de rattraper le
retard de financement des filières universi-
taires sur les CPFE et d’augmenter le nombre
d’heures d’enseignement pour que les étu-
diants ne soient plus renvoyés à leurs prére-
quis pour réussir. En parallèle, nous reven-
diquerons dans chaque université la mise en
place d’un statut de l’étudiant salarié pour que
les étudiants salariés puissent ne pas être pé-
nalisés par leur absence en cours.
Des diplômes reconnus dans les conventions
collectives
Le cadre national des diplômes donne une
base solide aux syndicats de salariés pour né-
gocier dans les conventions collectives une
rémunération réglementée pour chaque ni-
veau de qualification. D’ores et déjà, la recon-
naissance du doctorat dans le secteur public
a été annoncée par le gouvernement. Il faut
maintenant imposer cette logique pour tous
les niveaux de diplômes et l’imposer dans le
secteur public mais aussi dans le secteur privé,
en lien avec les syndicats de salariés.
• Une régulation des recompositions universitaires au service de la démocratisation
Pendant 5 ans, le gouvernement a organisé les
rapprochements universitaires par une mise en
concurrence financière et dans le seul objec-
tif de gagner des places dans les classements
internationaux. Cette politique a donné lieu à
tous les abus, organisant des fusions à marche
forcée ou la création de nouvelles structures
anti-démocratiques dans la plus grande opa-
cité.
La nouvelle loi crée un nouveau cadre pour les
rapprochements, les communautés d’univer-
sités. Ces nouvelles entités offrent pour l’heure
deux garanties : celle que les regroupements
se feront sur un échelon académique, ne lais-
sant ainsi aucune université isolée ; et celle
que les rapprochements n’impliqueront plus
une sortie du service public comme cela a été
le cas pour l’université de Lorraine.
Ces deux préalables sont nécessaires mais ne
suffisent pas à nous assurer qu’ils n’entraîne-
ront pas d’économies d’échelles en contradic-
tion avec l’objectif de démocratisation. L’UNEF
défend ainsi des principes forts pour conqué-
rir une véritable règlementation des rappro-
chements universitaires. D’abord ces entités
doivent être issues de choix démocratiques
impliquant pleinement les élus étudiants et
conserver une part prépondérante de membre
élus en leur sein. Ensuite, ils ne doivent pas re-
mettre en cause le pilotage national de l’offre
de formation sur l’ensemble du territoire.
Pour imposer ces principes, nous nous saisi-
rons de tous les outils législatifs et règlemen-
taires. En particulier les accréditations doivent
définir le lieu de délivrance des formations
pour protéger les petits établissements pluri-
disciplinaires. Ainsi, parce qu’ils doivent rester
des espaces de coopération, nous refusons de
voir directement confiée aux regroupements
la délivrance de diplômes nationaux. De plus,
les contrats entre communautés d’universités
et Etat devront être fléchés et ne pas prendre
l’ascendant sur les crédits de fonctionnement
alloués aux établissements. Enfin, si nous ne
voyons pas d’inconvénient à ce que les régions
puissent participer au financement des forma-
tions, notamment de master, nous refuserons
qu’elles puissent obtenir toute compétence
dans la définition de l’offre de formation de
l’établissement.
Garantir l’accès à un diplôme de qualité à tous les jeunes
Amphis surchargés, pédagogie insuffisante,
manque de suivi individualisé, l’université n’est
toujours pas sortie d’un modèle archaïque et
mandarinal de délivrance autoritaire des sa-
voirs. Il est grand temps de changer l’universi-
té pour donner à chaque jeune les outils pour
progresser et accéder à un diplôme qualifiant,
quels que soient ses prérequis.
• Une pédagogie qui favorise la réussite
Les méthodes de transmission du savoir à
l’université ont peu évolué depuis la massifica-
tion de l’enseignement supérieur. La réussite
de tous les étudiants devra passer par une vé-
ritable révolution pédagogique.
La pédagogie au service de la progression
dans la durée
22
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
Pour que l’étudiant soit replacé au cœur de
l’université, il est nécessaire de supprimer les
amphis en première année pour mettre en
place des cours en petits groupes, ainsi que
des méthodes d’apprentissage collectif, des
services pédagogiques en charge du suivi des
étudiants ou encore un soutien systématique
aux étudiants en difficultés.
Une spécialisation progressive doit de plus
être mise en place pour garantir une assimi-
lation dans la durée des connaissances. C’est
par une spécialisation tout au long des trois
années de licence liée à un développement de
passerelles que les étudiants pourront maîtri-
ser leur orientation.
Former les enseignants à la pédagogie
La mise en place d’une véritable formation à
la pédagogie pour les enseignant-chercheurs,
au sein des Ecoles Supérieures du Professorat
et de l’Education est nécessaire : enseigner est
un métier qui s’apprend, même à l’université !
Une prise en compte des activités pédago-
giques dans l’évolution des carrières valorise-
rait cette dimension.
Repenser les modes d’évaluation
L’évaluation à l’université est particulièrement
discriminante. L’absence de grille d’évalua-
tion empêche non seulement d’apprendre
sereinement mais est en plus à l’origine d’une
constante macabre : la plupart des ensei-
gnants notent ainsi leurs étudiants de façon à
ce qu’un tiers réussisse, un tiers tourne autour
de la moyenne et un tiers soit en dessous, quel
que soit le niveau général des classes. Le dé-
veloppement du contrôle continu, la diversi-
fication des modes d’évaluation, l’instauration
de barèmes de notation construits avec les
élus étudiants sont des outils à mettre en place
pour changer l’évaluation.
• Garantir des formations qualifiantes et pluridisciplinaires
La démarche pluridisciplinaire permet de
mettre en regard des méthodes différentes, de
faire dialoguer les disciplines pour mieux en
maîtriser les enjeux. Un diplôme pluridiscipli-
naire est aussi plus protecteur sur le marché
de l’emploi car il permet de protéger le diplô-
mé durant toute sa vie professionnelle. Il n’est
donc pas question pour l’UNEF d’en laisser la
primeur aux filières sélectives.
Nous restons de plus attachés à l’adossement
de l’ensemble des formations à la recherche.
Cela permet la prise en compte des savoirs ré-
cents et de démocratiser la maîtrise de la dé-
marche scientifique.
Au-delà de la refonte des enseignements dis-
ciplinaires, l’université doit donner à chacun
les outils pour maîtriser leur insertion profes-
sionnelle. Ainsi, nous nous battrons pour inté-
grer à chaque cursus :
• Des modules de connaissance du marché du
travail (droit du travail, rédaction de CV, prépa-
ration à des entretiens d’embauche…).
• Une mise en pratique des connaissances
théoriques, à travers la réalisation de projets,
encadrés par des professionnels et des ensei-
gnants. Les travaux pratiques doivent être gé-
néralisés dans l’ensemble des formations.
Prendre le pouvoir dans les universités
Les étudiants ne sont pas de simples consom-
mateurs passifs du service public d’enseigne-
ment supérieur. Ils doivent pouvoir faire en-
tendre leur voix dans le service public dont ils
sont les usagers et qui détermine en grande
partie leur avenir. Les dernières réformes
de l’enseignement supérieur ont pourtant
amoindri leur poids dans les conseils. Pour
rendre efficaces nos batailles syndicales, le
pouvoir qu’on donne aux représentants étu-
diants est primordial localement comme na-
tionalement.
• Des élus étudiants à tous les échelons de décisions
Aucune décision qui concerne l’université ne
doit être prise sans les 99% d’usagers du ser-
vice public d’enseignement supérieur. Nous
revendiquons que la proportion d’étudiants
dans les conseils décisionnaires soit paritaire
entre étudiants, professeurs et personnels, à
tous les échelons.
Pour respecter les élus étudiants, des préro-
gatives doivent être imposées aux universités :
• Tous les sujets doivent être votés dans les
conseils paritaires, aucun ne doit être écarté
des conseils où sont présents les étudiants.
Nous revendiquons un droit de véto sur tous
les sujets quand l’unanimité des élus étudiants
s’oppose à un projet.
• Nous exigeons que la gestion de l’université
soit transparente par une information donnée
en amont des conseils et une formation an-
nuelle des élus étudiants.
• Nous revendiquons que les élus étudiants
soient intégrés dans les jurys d’examens
• Redonner toute leur place aux libertés syndicales
Trop d’universités font aujourd’hui le choix
d’étouffer la démocratie étudiante. De l’organi-
sation à minima des élections, à la négation des
libertés syndicales en passant par l’instrumen-
talisation des listes, c’est la voix de tous les étu-
diants qui est bafouée. L’engagement doit être
garanti par des moyens matériels et des droits
comme celui de s’adresser à tous les étudiants.
De plus, la place des élections étudiantes de-
vra être reconsidérée. Les universités doivent
informer suffisamment en amont l’ensemble
des étudiants de ces élections et prendre en
charge le débat qu’elles suscitent (prise de pa-
role, distribution des professions de foi, etc.).
Un réseau des œuvres au plus proche des besoins des étudiants
Le réseau des œuvres permet aux étudiants
d’accéder à bas coût au logement, à la res-
tauration, etc. La conception du statut social
repose sur un réseau des œuvres fort et ac-
cessible pour tous les étudiants. Or les CROUS
subissent depuis des années un désengage-
ment important de l’Etat. Désengagement fi-
nancier d’une part, puisque les dotations des
CROUS n’ont eu de cesse de diminuer dans les
dernières années et désengagement politique
d’autre part, puisque l’Etat a progressivement
retiré au CROUS la gestion de certaines de
ses prérogatives (étudiants étrangers, bourses
de mobilité). Sans un véritable réengagement
financier et politique de l’Etat, le réseau des
CROUS s’oriente donc vers un service public
à minima. Nous défendons à l’inverse le ren-
forcement du service public du CROUS pour
en faire le guichet unique de la vie étudiante.
• Défendre le CROUS comme un modèle social et démocratique
Défendre les CROUS c’est défendre des tarifs
sociaux. Ce principe est garanti par deux pi-
liers : un financement suffisant pour maintenir
des tarifs abordables sur tous les pans de la vie
étudiante et une gestion démocratique im-
pliquant pleinement les étudiants. C’est pour
défendre ce modèle que l’UNEF défend la pré-
éminence du CROUS sur tout autre opérateur
de la vie étudiante qu’il soit public (comme les
universités) ou privé. En particulier aucun fi-
nanceur ne doit avoir le choix de l’opérateur
gestionnaire de la vie étudiante.
23
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
• Sanctuariser le CNOUS, service public national implanté localement
En ce moment a lieu le débat sur une nouvelle
décentralisation. C’est l’occasion pour l’UNEF
de réaffirmer que si les régions peuvent avoir
une politique en termes de vie étudiante, la
place de l’Etat doit être garantie pour garder
une capacité d’initiative nationale. Le CNOUS
est le garant d’un réseau national cohérent et
intégré, il doit donc être défendu contre toute
tentative de décentralisation.
Enfin, le versement des bourses directement
par les CROUS permettrait de sanctuariser leur
rôle, de garantir un versement des bourses à
date fixe et surtout de leur donner les marges
de manœuvre nécessaires à son développe-
ment, de la rénovation des cités-U à la mise en
place de nouveaux services.
agir à l’université Pour transformer la société
Parce qu’elle a la charge de la formation su-
périeure de toute une génération, l’université
joue un rôle majeur dans toute la société. Mi-
liter à l’université, c’est s’adresser à toute une
génération de citoyens, faire prendre des po-
sitions et mettre en mouvement la société de
demain. Première organisation de jeunesse,
l’UNEF a un devoir de transformer l’institution
en un lieu d’émancipation, capable de peser
sur les déterminismes sociaux et culturels à
l’intérieur et hors de l’université.
Faire accéder une génération au droit commun sur le marché du travail
Depuis les années 80 et le chômage de masse
le discours sur l’emploi des jeunes a peu évo-
lué. Un jeune même mieux qualifié que ses
ainés doit toujours « faire ses preuves » ou
accepter n’importe quel emploi pour « mettre
le pied à l’étrier ». Derrière ces arguments se
cache une réalité simple : le refus du droit
commun pour les jeunes. Pourtant, les en-
treprises ne se privent pas de faire appel aux
jeunes et se déclarent à 90% satisfaites de leur
travail. Le paradoxe repose sur le fait que les
jeunes sont une variable d’ajustement pratique
pour le patronat, permettant de tirer à la baisse
l’ensemble des salaires.
En incitant à l’embauche des jeunes en CDI, le
contrat de génération marque une rupture im-
portante avec l’exclusion des jeunes du droit
commun. Mais dans le même temps, l’empile-
ment de dispositifs ciblés, souvent à minima et
parfois contradictoires les uns avec les autres,
montre à quel point le gouvernement peine à
se sortir des solutions traditionnelles qui do-
minent depuis plus de trente ans.
Nous devons nous mobiliser pour faire que
les timides avancées et les nobles objectifs du
gouvernement vis-à-vis des jeunes marquent
le retour d’un Etat qui assume ses responsabi-
lités vis-à-vis du marché du travail. D’abord en
obtenant de nouvelles règlementations pour
nous protéger sur le marché de l’emploi. La rè-
glementation des stages dans le code du tra-
vail devra permettre de mettre fin aux emplois
déguisés. De plus, nous nous battrons pour
que les dispositifs spécifiques à destination
des jeunes, comme la garantie jeune, ne soient
pas utilisés comme solution d’embauche mais
soient accompagnés de volets formations re-
connus, ouvrant droit à une VAE par exemple.
Au-delà de la règlementation de nos contrats
de travail, nous ferons de la protection de l’in-
sertion professionnelle une priorité d’autant
plus forte qu’elle n’est pas suffisamment portée
actuellement par les centrales syndicales. Ain-
si, nous revendiquons une aide à la recherche
du premier emploi à la sortie des études pour
laisser le temps à chacun de trouver une em-
bauche qui corresponde à ses attentes. Mais la
bataille majeure restera celle pour l’accès des
moins de 25 ans aux mêmes protections que
les autres, des allocations chômages à la prise
en compte des années d’étude et d’insertion
dans le calcul des retraites. Pour gagner l’élar-
gissement du RSA, nous nous appuierons ainsi
sur les avancées de la garantie jeune en faisant
valoir que les moins de 25 ans sont la seule
population à voir ses aides différer selon les
difficultés qu’ils rencontrent.
Les difficultés que connaissent les jeunes sur
le marché du travail sont avant tout liées à
une situation de chômage de masse. La ba-
taille pour l’emploi des jeunes s’inscrit donc
pleinement dans une démarche en conver-
gence avec les syndicats de salariés. Dans ce
contexte, le message envoyé par les Accords
Nationaux Interprofessionnels (ANI) n’est pas
le bon. Par leur peu d’ancienneté dans l’entre-
prise, les jeunes risquent de payer comptant
le prix du chantage à la mobilité et de l’assou-
plissement des licenciements. Nous serons
donc aux côtés des salariés pour défendre la
sécurisation des parcours professionnels, en
rappelant que la croissance ne peut être un
préalable au droit du travail.
Faire de l’Université une école de l’égalité
Rendre l’université utile à la société c’est
d’abord en faire un lieu de lutte contre toutes
les discriminations et d’émancipation.
• Étudiants étrangers : mêmes études, mêmes droits : une carte d’étudiant = un titre de séjour
Alors que nous partageons les mêmes amphis,
les étudiants étrangers n’ont pas les mêmes
droits que les autres. Ils n’ont pas le droit aux
bourses et leur poursuite d’étude ne dépend
pas de critères académiques mais restent à
la discrétion des préfets. A cela s’ajoutent de
nombreux obstacles financiers (frais de dos-
siers, taxes, conditions de ressources…). Avec
l’ouverture de nombreux diplômes « spéci-
fiques » qui contournent les frais d’inscription
nationaux, ils deviennent les « vaches à lait »
pour des universités ou des écoles peu scru-
puleuses. Cette situation s’est encore dégra-
dée ces dernières années sous l’effet d’une
vision rétrograde de l’immigration qui voit en
chaque étudiant étranger un clandestin en
puissance.
Le retrait de la « circulaire Guéant » a mar-
qué une évolution de la considération des
étudiants étrangers. Néanmoins, des actes
concrets sur le quotidien des étudiants étran-
gers se font toujours attendre. La mobilisa-
tion que l’UNEF et les associations d’étudiants
étrangers ont su impulser a permis de faire
progresser nos revendications comme le titre
de séjour pluriannuel dès la licence, désor-
mais défendu par les présidents d’universités.
La dénonciation de la situation a permis de
faire bouger les lignes et la proposition de loi
de la sénatrice D. Gillot ouvre des perspec-
tives de conquêtes de nouveaux droits et de
réforme de Campus France. Nous lancerons
une campagne nationale de revendication et
de pétition en lien avec l’ensemble des asso-
ciations d’étudiants étrangers pour imposer
une mise à l’ordre du jour de la loi et peser
sur les débats parlementaires.
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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
Pour répondre à la précarité sociale, l’UNEF
revendique l’accès des étudiants étrangers
au système de bourses, la suppression des
taxes sur les titres de séjour et l’abaissement
du plancher de ressources. Enfin, agir pour les
étudiants étrangers c’est aussi être formé pour
pouvoir les aider dans leurs démarches pour
un titre de séjour, une inscription ou une aide
d’urgence ; cela passe par la formation de ré-
férents syndicaux et la tenue de permanences
sur un plus grand nombre de campus.
• Agir pour l’égalité femmes-hommes
L’université est intégrée à la société et à ce
titre participe de la plus vieille domination
au monde, celle d’un sexe sur l’autre. Qu’il
s’agisse de violence, de harcèlement, de pré-
carité, de choix de vie contraints, toutes les
formes de la domination masculine existent à
l’université. Parce qu’elle est une organisation
féministe, l’UNEF mène la bataille au sein des
universités contre cet état de fait.
Il s’agit d’abord de s’attaquer aux vecteurs du
sexisme dans l’université c’est dire à tous ceux
qui au nom de la tradition de l’institution véhi-
cule une vision dégradante des femmes. Cela
est valable pour un grand nombre de corpora-
tions étudiantes, mais aussi une large part du
corps enseignant. L’UNEF sera intransigeante
avec toutes les expressions de sexisme dans
les universités comme elle l’est avec toutes
expressions publiques théorisant des inégali-
tés au sein du genre humain. Conscients que
c’est entre 16 et 30 ans que les femmes sont le
plus victimes de violences et que commencent
les maltraitances conjugales ou la prostitution,
nous mènerons de plus des campagnes sur le
droit à disposer de son corps, des formations
féministes et des journées de sensibilisation.
Faire évoluer l’université c’est aussi porter
des revendications syndicales sur l’organisa-
tion de l’institution, alors que la parité dans
les conseils vient d’être introduite dans la loi.
Nous investirons ainsi la question de l’orienta-
tion sexuée des filières qui pousse les femmes
vers les études les moins valorisées sociale-
ment, qui ajoute un problème de qualification
aux discriminations salariales dont elles sont
déjà victimes.
• Le combat pour les droits des LGBT
Alors que le mariage et l’adoption sont en
passe de devenir une réalité pour tous les
couples, il reste beaucoup à faire. Nous vivons
dans une société fondée sur la norme de l’hé-
térosexualité créant un environnement stig-
matisant pour les jeunes LGBT.
Ce mal-être, dont témoigne le fort taux de
suicide chez les jeunes LGBT appelle à des
réponses et des solutions concrètes. Seule
organisation représentative ayant pris posi-
tion pour le mariage et l’adoption pour tous
les couples, l’UNEF a une responsabilité par-
ticulière dans ce combat. Il faut agir au sein
de l’institution universitaire pour qu’elle cesse
de véhiculer une image hétéro-normée de la
société, que ce soit dans son approche des
étudiants ou dans ses programmes. L’organi-
sation des marches des fiertés dans chacune
des grandes villes doit de plus être l’occasion
de mener une campagne syndicale en lien
avec les associations pour l’égalité des droits
et contre les discriminations.
Combattre l’extrême droite dans les universités
La crise économique et les difficultés d’inser-
tion des jeunes dans la société sont un terreau
favorable à la désignation de bouc-émissaires
et au repli sur soi. C’est le pari que font de plus
en plus de mouvements d’extrême droite en
cherchant à s’adresser à eux. Ces mouvements
sont d’autant plus dangereux que des années
de discours xénophobes et intolérants ont li-
béré la parole de l’extrême droite dans la rue,
les médias, comme à l’Assemblée Nationale
avec notamment la présence de députés fron-
tistes.
Face à cette banalisation qui s’installe, invo-
quer l’antiracisme et l’anti-FN ne suffit plus. Il
faut reprendre la bataille à la base en donnant
une résonnance aux débats qui traversent la
société : droit de vote des étrangers, laïcité,
immigration. Il faut réarmer notre milieu idéo-
logiquement sur ces sujets en débusquant
les propositions de l’extrême droite comme
la préférence nationale et en donnant les ar-
guments pour les combattre. Cela pose pour
nous aussi la question des lieux de nos in-
terventions, les idées d’extrême droite s’épa-
nouissant d’avantage dans les filières courtes,
les écoles d’ingénieur et les études médicales,
où nous sommes peu présents.
Combattre l’extrême droite, c’est aussi refu-
ser de la laisser prendre racine dans les uni-
versités. L’incitation à la haine ou la tenue de
propos racistes est sanctionnée par la loi et
les étudiants victimes de ces propos doivent
compter sur l’UNEF pour les défendre. En-
fin, les Festivals Etudiants Contre le Racisme
doivent prendre une nouvelle dimension et,
sur tout le territoire, être l’occasion d’asso-
cier de nombreuses associations locales pour
agréger un maximum d’étudiants et impulser
une nouvelle dynamique pour le combat an-
tiraciste et la lutte contre les discriminations
sur les campus.
Faire vivre et grandir l’internationalisme étudiant
L’UNEF est un syndicat internationaliste qui si-
tue son action dans un cadre mondial. Notre
internationalisme est universaliste : nous refu-
sons la théorie du choc des civilisations, mais
aussi le relativisme culturel qui voudrait que,
selon le contexte politique ou religieux, notre
appréciation du respect des droits de l’Homme
ou de la démocratie devrait changer.
Le cadre de notre militantisme est celui de
la jeunesse mondiale qui se bat pour une
éducation libre et gratuite. C’est autour de
cette aspiration commune que l’UNEF affirme
son soutien et participe à faire connaitre les
mobilisations de la jeunesse partout dans le
monde. Chaque victoire obtenue par nos ca-
marades d’autres pays est un point d’appui
pour nos combats. C’est autour de cette unité
qu’a été écrite la charte de Montpellier adop-
tée en 2011 par des dizaines d’organisations
et qui proclame que partout où la jeunesse
s’organise autour de ces valeurs, elle est mo-
trice du changement démocratique et social.
Ces valeurs, l’UNEF les porte au sein de l’ESU
dont nous nous efforçons de faire un organe
capable d’agir en lien avec la Confédération
Européenne des Syndicats (CES) et de mener
des campagnes coordonnées à travers l’Eu-
rope. De la même manière, afin de peser sur
les politiques étudiantes, nous demandons
notre intégration au Forum Européen de la
Jeunesse et la création d’un forum jeunesse
permanent à l’OIT. Nous tissons également
des liens avec les organisations syndicales
étudiantes du monde entier, mais aussi les
mouvements de jeunesses en lutte pour la
reconnaissance de leurs droits. Ces liens sont
aussi des appuis syndicaux pour défendre
les conditions d’accueil des étudiants étran-
gers en France. Pour les renforcer davantage,
nous devons utiliser la mobilité des militants
de l’UNEF et organiser des voyages d’étude
notamment dans les pays en pleine ébullition
démocratique, comme au Maghreb ou au
Machrek.
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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
l’unef outil de réengagement collectif au service de la transformation socialeEntre volonté d’engagement, traduite notam-
ment dans la rue lors de la mobilisation des
retraites, et détournement des institutions
traditionnelles, matérialisé par un fort taux
d’abstention aux élections, les jeunes nour-
rissent un rapport complexe à l’engagement
collectif.
Alors que de plus en plus de jeunes se tournent
vers un engagement individuel, la force de
l’UNEF est de se trouver à un carrefour d’en-
gagements, de rassembler des étudiants d’ho-
rizons divers. Cette position nous confère une
responsabilité importante pour valoriser et po-
pulariser l’engagement collectif.
Une démarche syndicale offensive et militante pour la conquête de nouveaux droits
Parce qu’un pas de plus vaut mieux que mille
programmes, chaque victoire est un point
d’appui sur lequel toute l’organisation pourra
se reposer. Quel que soit le contexte, l’UNEF
construit le rapport de force pour aller cher-
cher des prises d’avantages par la négociation.
Cette démarche syndicale entièrement tour-
née vers l’efficacité des luttes nous a permis
de préserver des acquis importants mais aussi
d’arracher des victoires aux gouvernements les
plus durs ; comme le dixième mois de bourse
obtenu sous le mandat de N. Sarkozy.
Parce que nous avons une obligation de ré-
sultat, nous refusons de nous laisser enfermer
entre un soi-disant syndicalisme de lutte et un
syndicalisme dit d’accompagnement. Notre
démarche consiste à créer des brèches et à
s’y engouffrer pour avancer pied à pied sur
tous les terrains. Il n’y a pas une bonne façon
de faire, qu’il suffirait de reproduire à chaque
combat. Au contraire, nous disposons d’un
véritable arsenal de moyens d’action et nous
refusons de nous priver de quel qu’outil que ce
soit, de la pétition à la grève, tant que celui-ci
est efficace pour gagner des droits.
La construction du rapport de force n’est
donc pas un concept abstrait. Elle repose sur
nos capacités à nous adresser et à convaincre
chaque étudiant pour massifier notre mouve-
ment. La Majorité Nationale défend ainsi un
syndicalisme qui allie militantisme au plus près
des étudiants et éducation populaire ; notam-
ment par une large diffusion de formations,
condition d’émancipation personnelle mais
aussi d’efficacité syndicale.
Une union nationale au cœur de la transformation sociale
La clé de notre rapport de force et de notre
efficacité syndicale est une union nationale qui
repose sur des AGE fortes et solidaires, en ca-
pacité de mener au même moment les mêmes
actions tout en répondant aux besoins et aux
difficultés de chaque étudiant.
Quel que soit son lieu d’étude, un étudiant doit
avoir le droit d’être protégé et défendu. Par des
permanences régulières, les militants du syn-
dicat poursuivront leur travail d’aide aux étu-
diants de toutes les filières. Le syndicat ne doit
pas se satisfaire d’une situation où plus de 90 %
de ses adhérents sont concentrés sur 50 %
des lieux d’enseignement. Le recrutement et la
construction de sections syndicales sont donc
un combat de tous les instants, pour permettre
de progressivement s’implanter sur tous les
lieux d’études, en développant des comités
d’action syndicale implantés sur un maximum
de sites délocalisés.
• Agir sur tous les lieux de pouvoir
Les modifications du paysage universitaire ont
un impact sur nos échelons d’intervention.
Avec l’autonomie des universités, la déconcen-
tration des choix politiques, les prises de déci-
sions sont de plus en plus décentralisées. Afin
d’articuler les avancées nationales et de s’assu-
rer de leur application au niveau local, notam-
ment en ce qui concerne la loi d’enseignement
supérieur, et à la veille d’élections locales, les
AGE devront se doter de campagnes adaptées,
développer un travail commun entre elles pour
porter et appliquer localement nos revendica-
tions afin d’agir sur tous les lieux de pouvoir.
• Un syndicat ancré dans le mouvement social
Agir pour les jeunes, c’est défendre tous les sa-
lariés; c’est pourquoi l’UNEF ne limite pas son
action à la défense corporatiste des étudiants
mais l’inscrit dans une dynamique intergéné-
rationnelle.
Le combat aux cotés des confédérations syn-
dicales est donc identitaire à l’UNEF. Si nous
ne laissons personne dicter nos choix, l’action
de l’UNEF n’est pour autant pas déconnectée
des autres organisations. Au contraire l’UNEF
œuvrera pour l’unité du mouvement social, en
participant aux intersyndicales locales comme
nationales, et en mettant en avant l’intérêt des
jeunes.
Un défi, massifier le syndicat et élargir son champ d’intervention
Lutter contre le repli sur soi, et les réflexes
individualistes est un des piliers de notre dé-
marche syndicale. Un étudiant syndiqué est
un étudiant protégé mais surtout convaincu
que c’est collectivement qu’on améliore nos
conditions de vie. Défendre au quotidien les
étudiants, les informer, les aider à obtenir un
FNAU, ou se faire rembourser leurs frais d’ins-
cription, sont autant de preuves de l’efficacité
syndicale et de portes d’entrée dans la lutte
collective. Parce que l’engagement collectif
est le meilleur rempart contre l’individualisme,
un étudiant syndiqué à l’UNEF est un étudiant
qui se mobilisera d’autant plus facilement pour
défendre ses conditions d’études ou gagner de
nouveaux droits.
• L’UNEF comme maison commune de tous les étudiants
Pour amplifier notre travail de rassemblement
au sein de l’UNEF, il est de notre responsabilité
de permettre à tous, quelles que soient leurs
analyses de l’action du syndicat, de trouver
leur place au sein de l’UNEF. C’est pourquoi
nous sommes attachés au droit de tendance
qui permet à chacun de se retrouver autour
d’analyses et de perspectives communes. Le
droit de tendance est une garantie pour l’orga-
nisation de débats apaisés, dans le seul souci
de défendre les intérêts étudiants, et est une
protection contre la cartellisation. C’est l’ex-
pression quotidienne du débat de tendances
qui détermine la qualité et la justesse de nos
décisions.
• L’indépendance, gage d’efficacité et d’unité
Pour garantir son efficacité, nous défendons
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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
un syndicat indépendant des organisations
politiques et syndicales, ainsi que des admi-
nistrations. Notre seule et unique boussole est
l’intérêt des étudiants. Les décisions de l’UNEF
se prennent entre étudiants adhérents du syn-
dicat. Toute action collective s’inscrivant de
plus sur le terrain politique, l’UNEF n’est pour
autant pas déconnectée des contextes écono-
miques, universitaires et politiques quand elle
élabore ses priorités d’intervention syndicale
L’UNEF, moteur de la vie étudiante sur les
campus
L’UNEF s’est dotée d’un nouvel outil avec So-
lidarité étudiante (S.E), première coopérative
nationale étudiante. Gérée par et pour les
étudiants, S.E. est basée sur les principes de
l’économie sociale et solidaire et contribue à
développer la solidarité entre les étudiants sur
les campus pour pallier les manques du ser-
vice public.
L’UNEF a dès lors un rôle déterminant à jouer
dans la promotion d’une vie associative indé-
pendante plus solidaire et plus dynamique sur
nos campus. Il est primordial de promouvoir
une vie associative indépendante des admi-
nistrations dans nos établissements. Pour cela,
il est important de dissocier les organisations
siégeant ainsi dans les conseils de l’Université
et celles qui ont vocation à animer les campus.
En renforçant notre lien avec le milieu asso-
ciatif, la promotion de la vie associative doit
devenir un élément incontournable de son in-
tervention syndicale.
L’UNEF au cœur du réengagement de la
jeunesse
L’UNEF porte en elle la responsabilité de s’ex-
primer sur chacun des sujets en lien direct à
la jeunesse. Consciente que la société ne peut
évoluer sans sa jeunesse, notre organisation
poursuivra son engagement au sein de col-
lectifs élargis portant la voix de la jeunesse. Le
travail avec d’autres organisations et l’inter-
vention de l’UNEF au sein du Forum Français
de la jeunesse doit permettre, par exemple,
d’exiger un véritable débat public sur la place
et la confiance accordées aux jeunes dans les
institutions politiques.
les signatairesZEMMOUR Emmanuel, Président, Paris 10DJEBARA Azwaw, Vice-Président, Paris 1MANDELBAUM Julie, Secrétaire Générale, représentante au CNESER, Paris 1CHAILLOU Sébastien, Trésorier, Paris 1BORDENAVE Vincent, Délégué Général, Paris 1ABOMEy Tony, Elu CROUS Antilles-GuyanneALBAGNAC Guilhem, Secrétaire général d’AGE, Paris 8ALLARD Audrey, Vice Présidente d’AGE, Paris 7AMICO Bourgeois Lorédana, Trésorière d’AGE, ReimsASSAL Awatef,Secrétaire Générale d’AGE, GrenobleBACHER Katia, Présidente d’AGE, GrenobleBAKECH Lara, Paris 3BALLAIRE Julien, Bureau National de la LMDE, IEPBANCOURT Guillaume, Secrétaire général d’AGE, Paris 13BASARAN Sibel, Présidente d’AGE, StrasbourgBELAID Sana,Secrétaire Génétale d’AGE, Paris 1, VPEBEN AMOR Selim, Trésorier d’AGE, Paris 10BENCHAïB Karim, Président d’AGE, Paris 11BERNARD Jordan, Président d’AGE, BrestBEUSCHER Mathilde, Trésorière d’AGE, Lyon, VPE CA Lyon 3BIARD Tina, Bureau National de la LMDE, Paris 13BILOT Cassandre, Présidente d’AGE, LilleBOIx Justine, Trésorière d’AGE, Toulouse, VPE Toulouse 2BOIx Romain, Bureau National, ToulouseBONNARDEL Théo, Président d’AGE, ToulonBONTEMPS Martin, Bureau National, StrasbourgBOUDIN Florent, Trésorier d’AGE, RouenBOUISSONIèRE Arnaud, Trésorier d’AGE, Paris 7BOULAIRE Marie, Secrétaire Générale d’AGE, NantesBREUILLARD Mélanie, Secrétaire Générale d’AGE, Strasbourg VPE CROUSBRONNER Nils, Trésorier d’AGE, StrasbourgBUCKLE Jennifer, Bureau National de la LMDE, Paris 1BURGAT yannis, Commission de contrôle, LyonCAMBON Charlie,Toulouse, VPE CROUSCAMPA Magali, Présidente d’AGE, Paris 13CARDINEAU Boris, Paris 2CARVALHO Sandra, Bureau National, Représentante au CNESER, BordeauxCASADOT Vincent, Président d’AGE, Paris 6CHARLES Steeve, Vice Président d’AGE, ToulouseCHARRIER Claire, Présidente d’AGE, Lyon, VPE CA Lyon 2CHARTON Juliane, Bureau National, Paris 1CHAURIN Céleste, Secrétaire Générale d’AGE, Paris 4CHEMALI Céline, Secrétaire générale d’AGE,EvryCHéRON Jocelyn,Vice Président d’AGE, RouenCOLLET Pauline, PoitiersCOLOMBAT SULTAN Judith,Paris 2COMAK Diyar, Vice Président d’AGE, Paris 12CORPET Marthe,Bureau National, Paris 2, Représentante au CNESERCOUSIN Louis, Secrétaire Général de Solidarité Etudiante, Paris 1COUVERT Thomas, Président d’AGE, Rennes , VPE Rennes 2CREPUT Ronan, Secrétaire Général d’AGE, LyonCUMENDUR Déniz, Trésorier d’AGE, Paris 13CUNIN Clément, Trésorier d’AGE, BordeauxDATTNER Clément, Bureau National, Paris 8DECLERCQ Thomas, Président d’AGE, MontpellierDEFFIT Anne-Laure, Paris 5DELAIR Laure, Commission de contôle, Paris 10DENFERT Elsa, Clermont-FerrandDENIS Claire, Secrétaire Générala d’AGE, ReimsDEwATINE Lucile, Présidente d’AGE, OrléansDIA Milèna, Trésorière d’AGE, Paris 8DIARRA Abdoulaye, Président d’AGE, Paris 2DIBLING Clément, Président d’AGE, Metz, VPE CROUSDOBBELS David, Bureau National de la LMDE, Paris 10DUCHêNE Marie, Trésoière d’AGE,Paris 1DURET Sylvain, Trésorier d’AGE, NantesDURIF Olivier, Président d’AGE, NiceEL MOKRANI TOMASSONE Julie, Présidente d’AGE, Aix-MarseilleESCHERICH Amandine,Bureau National, RennesESTEVE Fabien, Président d’AGE, ValenciennesETCHEVERRIA Arnaud, Secrétaire Général d’AGE, MontpellierEyRIEy Elno, Secrétaire d’AGE, La RéunionFALL yoro, Bureau National, Paris 12FAURE Albin, Bureau National de la LMDE, Paris 1FAVARO Vanessa, Président de la LMDE, Paris 13FEIERABAND Sacha, Bureau National, Paris 13FEURTEy Ronan,Trésorier d’AGE, BesançonFOREST Pauline, Secrétaire Générale d’AGE, Versailles Saint QuentinFORTASSIN Claire, Bureau National de la LMDE, Paris 4FRANçOIS Benjamin, Président d’AGE, ReimsFRAQUET Anne, Bureau National, Paris 10GALIAy François, Bureau National de la LMDE, Paris 1GALLOIS Naomi, Secrétaire générale d’AGE, Metz
GARRIDO Sarah, Présidente d’AGE, Paris 8GAUBERT Elise, Secrétaire Générale d’AGE, BordeauxGAVARD Alexandre, Bureau National, Paris 7GHARBI MOHAMED Amine, Président d’AGE, Marne la ValléeGIL Lina, Présidente d’AGE, Paris 3GIRAUDET Brice, Président d’AGE,NantesGNIENGUE Habib, Bureau National, Paris 8GUERAUD PINET Benjamin, Bureau National de SE, Paris 2GUINET Cyril, Président d’AGE, La RochelleHARIBO Guillaume, La Réunion, VPE HIRON Hugues, Président d’AGE,Versailles Saint QuentinHUBERT Lolita, Paris 3JACQUELINE Maxime, Président d’AGE,ENSJAGU DAVID Pauline, Bureau National, Paris 10JAOUEL Inès, Secrétaire Générale d’AGE,NiceJOURDAIN Lucas, Vice Président de la LMDE, Paris 8JOUSSERAND Maxime, ChambéryJUSTE Louis, Secrétaire Général d’AGE, Aix-MarseilleKIRANE Salah, Vice Président d’AGE, Paris 8LABRUyèRE Paul, Président d’age, ArtoisLANDAU Mathieu, Bureau National, LyonLAPORTE Leila,Secrétaire Générale d’AGE, ToulouseLAURENT Manon, Vice Présidente d’AGE, BordeauxLE BERDER Agathe, Vice Présidente d’AGE, IEPLE BRECH Fanny, Secrétaire Générale d’AGE, RennesLE GUEN Emma, Montpellier, VPE Montpellier 3LE GUILLy Ambre, Bureau National, Lorient VannesLEBAS Lilà, Secrétaire Générale d’AGE, LilleLEBLANC Thibault, Vice Président d’AGE, Versailles Saint QuentinLECARRIé Odessa, Secrétaire Générale d’AGE, BrestLEJEUNE Etienne, LimogesLESTER Thomas, Trésorier d’AGE, PerpignanMAHMOUDI Ahmed,LittoralMAILLARD Benjamin, Président d’AGE, BesançonMAILLOT Stéphane, Président d’AGE, La Réunion, VPE CROUSMARTIN Emilien, Président d’AGE, Paris 1MARTINET william, Bureau National, Paris 10, Représentant au CNESERMéRIGOT Nicolas, Président de SE, CNAMMERLET Guillaume, Trésorier d’AGE, CergyMéRy Pierre, Bureau National, Paris 1MEZA Camille,Secrétaire Générale d’AGE, Paris 12MILLION Julien, Bureau National, Paris 13, Elu CNOUSMOHDEB Said, Président de l’UEAF, Paris 8MOUSSAOUER Abderahim, UEAF, Paris 13MOUSSARD Emilien, Secrétaire Général d’AGE, BesançonNEUHAUSER Jean-Christophe, Président d’AGE, MulhouseNEwMAN Clément,Président d’AGE, Cergy, VPENOë Matthieu, Secrétaire Général d’AGE, Paris 10NUTTIN Kévin,Président d’AGE, Paris 4OURVOIS Solène,RennesMéRIGOT Nicolas, Président de SE, CNAM, CC de l’UNEFPALMIER Nathalie, Vice Présidente d’AGE, StrasbourgPARTOUCHE Pauline,Présidente d’AGE,Lorient VannesPéRéON Cécile, Le Havre, élu CROUSPERL Laurent, Président d’AGE, Paris 10, VPE CROUSPETIT Hugo, Vice Président d’AGE, LyonPFEIFFER Stéphane, Délégué au BN, Paris 10PINAUD yoan, Commision de contrôle, Paris 8POPRAVKA Lenka, Trésorière d’AGE, Montpellier, VPE CROUSPOUNT BISET Antoine, Président d’AGE, ToulouseRAFFINI Mathieu, Secrétaire Général d’AGE, Aix MarseilleRAUFASTE Pauline, Présidente d’AGE, BordeauxRéMy LELEU Raphaëlle, Secrétaire Générale d’AGE, IEPRIBEAUD Lisa, Présidente d’AGE, CaenROBIN Nicolas, Président d’AGE, IEPSANTIAGO Daniel, Trésorier d’AGE, Paris 4SHAHRyARI Sayna, Bureau National, Paris 7SI SERIR Tahar, Vice Président d’AGE, Paris 6SIROT Matthieu, Président d’AGE, EvrySTOECKEL Karl, Secrétaire Général de la LMDE, Paris 12SOULIER Benoit, président de la commission de contrôle, Lyon 2SUR Matthieu, Président d’AGE, ToursTHyRARD Antonin, Trésorier d’AGE, IEPTICHANI Maêl, Trésorier d’AGE, LilleTOURé Mamadou, Président d’AGE, NîmesTOUZET Hugo, Paris 4, VPETREDEZ Antoine, Président d’AGE, RouenTRUTTMANN Grégoire,Bureau National, Paris 1VALLE-ROBERT Lucienne, Présidente d’AGE, Saint EtienneVASSELIN Mélanie, Présidente d’AGE, Paris 12VIEIRA Gauthier,Trésorier d’AGE,BrestVOISIN Léo, Vice Président d’AGE, VPE CROUSyEHyA Rim, Secrétaire Générale d’AGE, CaenZAROUKIAN Anouch, Trésorière de la LMDE, Paris 8ZEGHBIB yannis,Bureau National, LilleZIKEL Hervé, Président d’AGE, Avignon
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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
Après plus de dix ans de droite au pouvoir, ce
congrès revêt une importance particulière. De-
puis la victoire de la gauche lors des dernières
élections, la crise économique et sociale reste
profonde et notre société est soumise à de
nombreux défis : encourager la croissance par
la recherche et l’innovation, exiger la justice so-
ciale et fiscale, construire une Europe politique
et sociale, reconstruire le pacte républicain. Une
feuille de route ambitieuse qui est au cœur de
notre engagement dans le mouvement social.
Étudiants, militants progressistes engagés
à l’UNEF, nous avons la responsabilité de
construire une grille de lecture pour faire face
aux complexités du monde. Notre société est
en mutation, et depuis notre dernier congrès
national d’avril 2011, les équilibres mondiaux
et nationaux se sont profondément modifiés,
laissant émerger une société en manque de re-
pères politiques. Dans ce contexte, comprendre
les rapports de force qui régissent notre vie en
société est un impératif démocratique. Impé-
ratif pour se donner les moyens d’élaborer des
réponses syndicales à la hauteur de la situation
d’urgence sociale. Impératif pour analyser notre
capacité de mobilisation et identifier nos inter-
locuteurs et nos adversaires. Impératif, enfin,
car les nouvelles modalités de l’action publique
bouleversent nos modes de revendications et
notre efficacité syndicale.
Nous en sommes convaincus, nous vivons
l’épuisement d’un modèle politique : le clivage
gauche/droite est dangereusement remis en
cause par les partis obscurantistes et populistes,
la mondialisation économique et culturelle s’est
imposée sans globalisation des instruments
et des acteurs politiques et sociaux, la crise de
confiance envers les institutions s’est accentuée
par l’instabilité sociale et la peur du chômage.
L’Union Européenne est aujourd’hui à la croisée
des chemins, tout comme le choix à effectuer
entre croissance et austérité.
Sur la scène internationale, les printemps arabes
ont redessiné les rapports de force au Sud de la
Méditerranée, mais l’instabilité reste plus que ja-
mais présente dans ces démocraties naissantes,
menacées par les extrémismes politiques ou re-
ligieux. Le récent assassinat de l’un des leaders
tunisiens de l’opposition Chokri Belaïd, la perpé-
tuation des massacres en Syrie ou les nombreux
affrontements politiques égyptiens démontrent
de la fragilité de la situation.
Sur l’échiquier politique, en conséquence de la
crise européenne, économique et démocra-
tique, les replis identitaires et nationalistes ne
sont plus seulement l’apanage des formations
les plus extrêmes. Ils nourrissent à présent des
formations plus « traditionnelles », comme en
Hongrie avec le parti de Viktor Orban ancienne-
ment considéré comme le parti de la démocra-
tie, aux Etats-Unis avec le Tea party, ou en France
avec le courant de l’UMP « la droite forte ».
Face à ces mutations et devant cette interdé-
pendance mondiale des crises, notre respon-
sabilité est immense. Le rapport de force entre
progressistes et conservateurs peut basculer à
tout moment et tout reste à conquérir.
Nous devons affronter ces bouleversements du
monde. Il faut les appréhender, non comme un
risque, une peur de l’inconnu, mais comme la
possibilité de renverser l’ordre établi.
Renverser l’ordre établi et permettre l’émanci-
pation individuelle par l’action collective, c’est
l’essence de notre syndicat : briser cette so-
ciété des héritiers, restaurer l’égalité réelle des
chances pour qu’enfin l’université républicaine
reprenne tout son sens.
Sur la scène nationale, l’arrivée au pouvoir de
François Hollande a permis l’essor de la démo-
cratie sociale. Son gouvernement a reconnu le
rôle des partenaires sociaux professionnels et
étudiants et a renforcé notre responsabilité vis à
vis de la transformation sociale.
Militants, nous avons fait le choix de l’UNEF.
Nous avons fait ce choix car nous ne suppor-
tons plus que 100.000 étudiants indépendants
fiscaux soient délaissés par les pouvoirs publics,
que 73% des étudiants soient exclus du système
d’aides sociales, que la part d’étudiants issus des
milieux modestes ait diminué de 9 points depuis
2006. Nous ne supportons plus de voir s’accen-
tuer le chômage des jeunes et se développer
les contrats précaires. Nous avons fait ce choix
car nous portons l’exigence d’une société de
la connaissance, tournée vers l’innovation, et
offrant des formations de qualité permettant
l’émancipation individuelle et collective, et une
insertion professionnelle durable.
Nous avons fait ce choix car, nous en sommes
persuadés, seule l’organisation collective per-
met de peser dans le débat public : revendiquer
l’égalité des territoires universitaires, porter les
valeurs du progrès social, et améliorer le sort
d’une génération. Alors que notre milieu se bi-
polarise entre l’UNEF et les forces corporatistes,
nous considérons qu’il est urgent de renforcer
l’outil syndical, seul à même de défendre correc-
tement les étudiants.
L’UNEF, victorieuse lors des dernières élections
étudiantes, doit prendre toute sa place dans la
transformation sociale et obtenir des victoires
immédiates pour les droits des étudiants.
Nous faisons aujourd’hui le choix de la Ten-
dance Refondation Syndicale.
Cette prochaine mandature syndicale sera dé-
terminante. Elle voit s’installer la gauche au
pouvoir après dix ans de droite dure. Elle sera
celle des grands défis syndicaux. D’abord, le
défi d’une nouvelle loi cadre pour les Universités
renforçant l’égalité sociale, territoriale et univer-
sitaire. Le défi d’une réforme totale du système
d’aides sociales basée sur de nouveaux critères
justes et objectifs. Le défi d’affirmer le rôle cen-
tral de l’Université pour l’insertion profession-
nelle, meilleur moyen d’accéder à l’autonomie.
Cette mandature sera également celle de ren-
dez-vous électoraux, avec les élections muni-
TEXTE PRÉSENTÉ PAR LA TENDANCE « REFONDATION SYNDICALE »
« Réformer pour rassembler : Un syndicat pour l’égalité réelle et la réussite de tous »
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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
cipales et européennes, et devant lesquelles les
étudiants devront faire entendre leur voix !
Rejoignez-nous, pour construire ensemble ces
nouvelles perspectives syndicales et dresser en-
fin une orientation réformiste et radicale pour
notre syndicat.
réPondre à la Précarité des étudiants : notre Priorité syndicale
De l’analyse de notre milieu à l’élaboration de revendications
• Jeunes, étudiants, de qui parle-t-on, à qui s’adresse-t-on ?
La jeunesse comme période transitoire est un
« fait social instable »1, elle ne saurait s’analyser
uniquement comme un temps de la vie antérieur
au premier emploi stable et ne s’apparente au-
cunement à une réalité sociale unique.
Déjà en 19842, Pierre Bourdieu disait « la jeu-
nesse n’est qu’un mot ». Pas parce que la jeu-
nesse n’existe pas, mais qu’elle n’existe pas « en
soi », qu’elle est davantage définie par un jeu
d’opposition vis-à-vis des autres classes d’âges.
Pour la majorité des jeunes interrogés en France,
au Royaume-Uni, en Irlande et dans la majorité
des pays de l’Est, c’est l’accès au premier emploi
à temps plein qui constitue le passage à l’âge
adulte3.
Tous les jeunes ne sont pas étudiants. Les
étudiants représentent 29% de la population
« jeunes ». Parmi eux, 11% ont acquis l’autono-
mie résidentielle et 18% ne l’ont pas acquis. Mais
surtout, 15% des jeunes sont des laissés-pour-
compte, sans emploi ou non-inscrits en forma-
tion universitaire ou professionnelle.
A l’inverse, tous les étudiants ne sont pas jeunes.
L’âge moyen des étudiants inscrits en thèse est
de 30,5 ans, allant jusqu’à 34 ans pour l’âge
moyen des étudiants inscrits en thèse de lettres-
SHS (OVE, 2010). La formation tout au long de la
1 GAUTHIER Madeleine, « L’âge des jeunes : un fait social instable », Lien social et politiques, n° 43, 2000 2 BOURDIEU Pierre, Questions de sociologie, éditions de Minuit, 1984 3 European Social Survey, enquête globale depuis 2002 réalisée tous les 2 ans
vie, encore insuffisamment développée, conduit
des adultes à retourner à l’Université, à valider
des acquis de l’expérience, à bénéficier de for-
mations universitaires courtes comme les Di-
plômes Universitaires (DU).
Ainsi, pas plus qu’elle ne constitue un tout social
unifiant, la jeunesse ne constitue pas un risque
social. Les situations individuelles dépendent
avant tout de la situation économique, sociale et
culturelle liée aux origines familiales des jeunes :
le « risque » est pour le jeune d’Argenteuil par
rapport à celui qui est né à Neuilly, pour le jeune
des zones rurales de Corrèze par rapport au
jeune né dans le centre-ville de Nice.
La question essentielle pour l’UNEF est donc de
savoir qui sont les publics qu’elle est chargée de
défendre. Pour la Tendance Refondation Syn-
dicale, l’UNEF reste l’Union Nationale Des Etu-
diants de France, quel que soit leur âge, quel
que soit leur milieu. Notre syndicat doit défendre
les étudiants, sans s’ériger en porte-parole de la
jeunesse, jeunesse dont nous contestons l’exis-
tence comme groupe ou classe sociale, tant elle
est éclatée : étudiants, salariés en emploi stable,
ou en emploi précaire, jeunesse dorée et jeu-
nesse qui trime, jeunes couples mariés avec en-
fants, et jeunes « Tanguy », ce sont « des jeunes »
et non une « jeunesse » que l’on observe.
• A public divers, des réponses individualisées
L’enjeu n’est pas de diviser les jeunes, de les op-
poser de manière stérile afin de faire échouer
une politique de LA jeunesse. Bien au contraire,
il est d’identifier les problématiques spécifiques
se posant aux étudiants, mais aussi à ceux qui ne
le sont pas et qui ont vocation à rejoindre l’en-
seignement supérieur.
Les situations de précarité sont surreprésentées
chez les jeunes : 25% des jeunes sont chômeurs,
et dans 80% des cas, le premier emploi est un
emploi précaire. Le salariat étudiant est deve-
nu massif, avec des conséquences dramatiques
pour ceux qui n’ont guère d’autre choix que de
sacrifier leur temps d’études aux jobs alimen-
taires.
Cette réalité économique et sociale, aggravée
par la crise qui sévit en Europe depuis 2008,
ne doit pas masquer les grandes inégalités qui
s’accroissent entre les jeunes, entre ceux qui ne
bénéficient pas de ressources économiques, so-
ciales et culturelles et ceux qui l’ont dès la nais-
sance.
Elle doit nous pousser à faire de la justice so-
ciale la pierre angulaire des politiques publiques
en direction des étudiants.
L’allocation d’études et de formation, clé de l’égalité des possibles entre tous les étudiants
• En finir avec l’injustice du système d’aides sociales actuel
Aujourd’hui, le système est à bout de souffle :
c’est un système d’aide sociale injuste car
seulement 20% des étudiants bénéficient des
bourses mensuelles sur critères sociaux (repré-
sentant 1,6 milliards d’euros), alors que l’état re-
verse aux ménages un crédit d’impôt qui avan-
tage les plus aisés via le mécanisme de la demi
part fiscale (1,2 milliards d’euros d’exonérations
fiscales chaque année).
Un système d’aide sociale insuffisant quand le
montant des bourses est plafonné à 468 euros
pour l’échelon le plus élevé. Pour ces étudiants,
même en bénéficiant d’aides au logement, ce
budget reste inférieur au seuil de pauvreté (964
euros selon l’Observatoire des Inégalités), ils
doivent dans ce cas compter sur leur famille
lorsqu’elles le peuvent.
Un système d’aide sociale illisible car morcelé
entre plusieurs dispositifs, gérés par une plura-
lité d’organismes. Le souci d’efficience de l’ac-
tion publique nécessite de mettre fin à ce mille-
feuille des aides sociales (Crous, CAF, aides à la
mobilité, aides des collectivités). La fusion des
aides préexistantes en une aide unique, gérée
par un guichet unique (les CROUS et le CNOUS),
satisfait à la fois les objectifs de justice sociale,
de démocratie, et une meilleure gestion des de-
niers publics.
• Une pluralité de critères garante de la justice sociale et territoriale
La création de l’allocation d’études et de for-
mation basée sur des critères plus justes doit
correspondre aux nouvelles réalités étudiantes.
Ces modalités d’attribution doivent répondre aux
nouvelles situations étudiantes : le salariat étu-
diant a explosé, il doit être réduit ; les transferts
familiaux doivent être déclarés et pris en compte ;
la décohabitation familiale doit être accompa-
gnée pour que l’autonomie soit favorisée.
L’allocation d’étude et de formation devra per-
mettre à tous d’accéder à l’université, notam-
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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
ment en formation initiale, mais elle devra
aussi être un soutien à la reprise d’études
après une expérience professionnelle. En cela,
l’allocation d’étude est une clé contre le chô-
mage car elle vise à construire une société du
savoir et de la formation tout au long de la vie.
Basée sur le statut d’étudiant et non sur le cri-
tère de l’âge, cette nouvelle allocation rompt
avec le système antérieur orienté uniquement
en faveur de la formation initiale.
Parce que les inégalités entre étudiants
(qu’elles soient économiques, culturelles et
sociales) trouvent avant tout leur source dans
l’origine familiale, l’allocation d’étude devra
prendre en compte la situation des parents,
qui est actuellement le seul indicateur per-
mettant de prendre en compte les transferts
familiaux.
Parce que le coût de la vie n’est pas équivalent
d’un endroit à l’autre du territoire, l’allocation
d’étude devra être calculée en fonction de la
situation géographique de l’étudiant.
• Face à la diversité du salariat étudiant : Agir contre le salariat étudiant subi
Le salariat étudiant reste la dernière solution
envisageable quand aucun soutien familial
n’est possible et lorsque l’aide de l’état ne suffit
pas pour vivre. Il est vecteur d’échec au-delà
de 16 heures hebdomadaires4 cumulées avec
un cursus universitaire.
Le salariat étudiant est une réalité complexe :
nous considérons que la décision de travailler
en cours d’études supérieures n’est pas exclu-
sivement régie par la contrainte matérielle. En
effet, à côté du travail trivialement subi se des-
sine une dimension de travail choisi, source
d’argent de poche. Un travail étudiant peut
également contribuer à la constitution d’un CV
à la sortie de l’université ou de l’école et être
complémentaire des études, c’est par exemple
le cas des étudiants salariés dans les biblio-
thèques.
Partant de ces principes, nous considérons
qu’il faut distinguer dans l’aide sociale, le tra-
vail étudiant choisi du « surtravail » vecteur
d’échec. Pour cela nous proposons qu’en des-
sous de 16h hebdomadaires de travail, l’étu-
diant touche 100% de son aide sociale et qu’à
partir de 16h de travail par semaine, une di-
minution progressive de l’aide soit effectuée.4 OVE, Enquête 2010
Logement, santé : donner aux étudiants les moyens de leur autonomie et de leur réussite.
• L’accès au logement, condition indispensable de la réussite étudiante
L’accès au logement autonome est le premier
critère matériel de l’entrée dans l’âge adulte5.
Donner aux étudiants les moyens de se loger
dans la dignité, c’est leur donner les moyens
de réussir dans d’égales conditions. Face à un
tel constat, la mise en place d’une allocation
d’études prenant en compte la situation géo-
graphique, doit servir de véritable clé de voute
pour une politique publique en faveur du loge-
ment étudiant.
De même, la garantie universelle et solidaire
des risques locatifs qui entrera en vigueur en
2014 doit empêcher le rejet des dossiers par
les propriétaires, et l’UNEF sera vigilante à ce
que ce dispositif soit effectif.
S’agissant de la rénovation et de la construc-
tion de cités universitaires, celles-ci doivent
s’opérer dans un cadre écologiquement plus
responsable. Un effort particulier à l’endroit
de la région parisienne doit être engagé.
Aujourd’hui, seuls 7% des étudiants ont une
place CROUS (160 000), et moins de 5% en
région parisienne. Il convient d’agir immédia-
tement pour doubler le nombre de logements
étudiants dans les 10 prochaines années. A
minima, 340 000 logements étudiants doivent
être construits d’ici la fin de la décennie pour
doubler le nombre de places en 2020, dont la
moitié en logements CROUS.
Nombre des structures vieillissantes à desti-
nation des étudiants ont été édifiées en dépit
de toutes considérations environnementales,
de qualité de vie et de confort. A ce titre, il faut
généraliser la construction d’habitation sous
format BBC (Bâtiment Basse Consommation),
et certification HQE (Haute Qualité Environne-
mentale), en proposant des équipements de
qualité.
L’UNEF doit obtenir la généralisation de l’exo-
nération de la taxe d’habitation qui existe
actuellement dans certaines municipalités et
l’encadrement des loyers à la relocation doit
2 VAN DE VELDE, Cecile, « Jeunesses d’Europe. Trajec-toires comparées », 2008
être renforcé comme c’est déjà le cas pour les
petites surfaces.
De plus, un quota réservé aux étudiants doit
être instauré dans les logements sociaux des
parcs HLM. Les critères d’attribution et l’amé-
nagement des surfaces doivent être adaptés
pour que davantage d’étudiants bénéficient de
tels logements.
La TRS soutient également les dispositifs ré-
gionaux (construction, réhabilitation) permet-
tant à court et long terme de répondre à la
crise du logement étudiant.
• La santé pour tous : un droit social inaliénable
La troisième enquête nationale sur la santé
des étudiants menée par la LMDE dresse un
constat sans appel : la santé des étudiants se
dégrade chaque année. Ainsi, 34% des étu-
diants déclarent avoir renoncé à une consul-
tation médicale dans l’année, et 20% avoir re-
noncé à un traitement.
La protection sociale n’est pas le privilège de
quelques-uns, elle est un droit affirmé par le
Préambule de la Constitution de 1946. A cet
égard, nous revendiquons : l’extension du
chèque santé à toutes les régions ou la créa-
tion d’un véritable chèque santé national, un
plan de lutte contre l’exclusion et le renonce-
ment aux soins, une interdiction des dépasse-
ments d’honoraires, la généralisation du tiers
payant pour les étudiants.
Il faudra également transformer les médecines
préventives universitaires en centres de santé,
avec la présence de médecins généralistes ou
spécialistes (en priorité optique, dentaire, psy-
chologues et gynécologue).
La situation actuelle du régime étudiant de
sécurité sociale, organisé en duopole, pousse
à une concurrence coûteuse et inutile, qui re-
présente un frein à la pérennité de ce régime.
Le refus d’investissement des pouvoirs publics
aggrave la situation (52 euros de remise de
gestion par étudiant, contre un coût moyen de
73 euros par individu pour les CPAM). Seul un
retour au monopole associé à un engagement
de l’État permettra d’assurer la pérennité de
ce modèle.
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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
réformer l’enseignement suPérieur : démocratie, innovation, réussite
Investir dans le savoir : préparer la France de demain
• Un Etat-stratège pour l’Enseignement supérieur et la recherche
Anticiper les besoins de demain, agir pour la
croissance par l’innovation : voilà le rôle d’un
Etat stratège. En ce sens, l’investissement en
faveur des universités participe activement de
ces objectifs de long terme.
Nous, étudiants, militants progressistes, rap-
pelons notre attachement à un financement
national de l’Enseignement supérieur, à un sta-
tut national des personnels des Universités et
à un cadrage national des diplômes. L’Etat doit
garantir la cohésion de l’offre de formation sur
l’ensemble du territoire, en assurant l’équilibre
entre les différentes disciplines à forts ou faibles
effectifs, et permettre une programmation na-
tionale des grandes priorités de la recherche.
Il doit être capable d’anticiper les transfor-
mations de notre société et de proposer des
adaptations pertinentes du monde de l’Ensei-
gnement supérieur et de la recherche aux évo-
lutions économiques, sociales et sociétales.
Cela passe notamment par l’affirmation du
rôle de l’Enseignement Supérieur et de la Re-
cherche pour la compétitivité et l’attractivité
de notre territoire, et par un pilotage claire-
ment défini du ministère vis-à-vis des Universi-
tés, écoles, et organismes de recherches.
• Un préalable : donner les moyens à l’autonomie des Universités
La logique ultralibérale initiée par la LRU instau-
rée en 2008 a ouvert la voie à des dispositifs
favorisant le modèle de « l›excellence par la
compétition », avec en premier lieu les « Idex »,
conduisant à la course aux financements sur
projets, aux dérives autocratiques, à la mau-
vaise gestion des présidents, à l’explosion des
inégalités entre diplômes, filières et Universités
et au sous financement de filières jugées non
rentables. Or, ainsi que le souligne Jean-yves
Le Déault, il nous faut aujourd’hui dépasser ce
modèle pour construire celui de la « perfor-
mance par la coopération »6.
Le principe d’autonomie des établissements
doit aujourd’hui s’accompagner de garde-fous :
la collégialité et la démocratie dans toutes les
décisions et à tous les niveaux, des finance-
ments nationaux équitables entre les filières et
les Universités, un investissement général dans
l’Enseignement Supérieur par un plan plurian-
nuel d’un milliard d’euros supplémentaire par
an, la gestion de la masse salariale par l’état et
une sincérité budgétaire contrôlée pour éviter
les dérives gestionnaires.
• La recherche comme vecteur de compétitivité et d’attractivité du territoire
En France, la recherche scientifique, publique
et privée, ne représente que 2,11% du PIB soit
42,7 milliards d’euros (2009), contre 2,8% en Al-
lemagne, ou encore 3,5 à 4% aux USA ou dans
les pays nordiques. Notre modèle économique
s’essouffle en raison de la faiblesse de son in-
novation et de son fort taux de chômage.
De nouveaux dispositifs doivent être inventés,
notamment via un retour à un financement de
la recherche publique sur dotations des orga-
nismes publics éventuellement complété par
des appels à projets, afin de garantir une stabi-
lité dans le travail des chercheurs et supprimer
le caractère automatique de mise en concur-
rence, source d’instabilité et de précarité dans
le travail.
De plus, la diminution du Crédit Impôt Re-
cherche, et son recentrage vers des pôles de
recherche formés par des TPE et PME, serait
une avancée.
Pour développer la recherche française, il est
nécessaire de favoriser un environnement de
travail propice à l’innovation et à la reconnais-
sance des qualifications. L’amélioration des
conditions d’accueil des jeunes chercheurs
étrangers contribue à cet objectif. Si la suppres-
sion de la circulaire Guéant a été un premier
pas nécessaire, une nouvelle loi permettant
aux jeunes chercheurs d’effectuer leur thèse de
doctorat sur le territoire français et de s’installer
dignement est aujourd’hui urgente.
6 LE DEAULT Jean-yves, Rapport « Refonder l’Universi-té, dynamiser la recherche », 14 janvier 2013
Agir à tous les échelons de la décision : de la démocratie étudiante partout
• L’état, acteur régulateur de l’enseignement supérieur
En tant que syndicalistes, nous avons toujours
œuvré à la préservation de frais d’inscription
accessibles à tous, homogènes sur l’ensemble
du territoire, et dont la fixation est une des
compétences primordiales de l’état. En France,
les frais d’inscription sont fixés, en 2013, à 181
euros en licence et 250 euros en master7. En
parallèle, une tendance inquiétante s’accentue
dans le reste de l’Europe. En Angleterre les frais
d’inscription atteignent 10500 euros et ont été
triplés en un an, entraînant un mouvement étu-
diant d’importance. Pour l’UNEF, la marchandi-
sation de l’Enseignement supérieur reste une
ligne rouge qu’il faut combattre.
En tant qu’acteur régulateur de l’enseignement
supérieur, l’Etat est également le garant de l’ex-
cellence des universités françaises. Il doit créer
les conditions de la performance collective pour
se projeter dans le futur. Etre performant, c’est
avant tout rendre intelligible notre offre de for-
mation et lutter contre notre système universi-
taire morcelé : il existe 8 000 intitulés de licences
et de masters. L’état doit assumer ses responsa-
bilités de régulation, d’impulsion et de contrôle,
tout en respectant les spécificités territoriales en
matière de formation et de recherche.
C’est pourquoi, nous revendiquons un cadrage
national des intitulés de diplômes, afin de lut-
ter contre l’illisibilité de l’offre de formation et
faciliter l’identification des diplômes sur le mar-
ché du travail. Pour autant, un cadrage strict des
contenus de formation ne saurait être une so-
lution suffisante. En effet, si l’objectif d’imposer
des unités d’enseignements indispensables à la
formation choisie, ou encore d’intégrer des mo-
dules de droit du travail, ou d’aide à l’insertion
professionnelle, sont des bonnes solutions, il se-
rait illusoire de croire qu’un cadrage étroit des
enseignements et de leur durée, permettrait de
résoudre l’inégalité entre les formations et les
territoires. Laisser de la souplesse aux établisse-
ments tout en imposant des objectifs, voici le
défi d’un cadrage efficace des diplômes.
Pour finir, puisque l’Etat est le garant de l’offre
de formation, il est indispensable qu’il soit seul
7 2013. Source : MESR Taux des droits de scolarité dans les établissements publics d’enseignement supérieur pour l’année 2012-2013
31
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
apte à accréditer les diplômes et à réguler
l’offre de formation qui sera confiée aux fu-
tures communautés d’universités.
• Une nouvelle gouvernance : agir au sein des conseils d’administration, des « conseils académiques » et des communautés d’universités.
Dans son rapport parlementaire, Jean yves Le
Déaut propose une triple réforme de la gou-
vernance des universités afin qu’elle soit plus
efficace, démocratique, et collégiale. Nous
partageons cette proposition.
C’est pourquoi, au sein des conseils d’ad-
ministration des universités, le rôle des élus
étudiants doit être renforcé et la parité res-
pectée. La création d’un véritable statut de
l’élu étudiant (validation d’unité d’enseigne-
ment, décharges horaires, etc.) permettrait
d’atteindre cet objectif. En parallèle, la par-
ticipation des personnalités extérieures doit
être encadrée. En effet, si la participation de
représentants des collectivités, du monde
économique et de la société civile a du sens,
celle-ci doit être encadrée par la loi, notam-
ment en ce qui concerne les domaines dans
lesquels ils ont le droit de vote. Un représen-
tant du monde économique par Conseil nous
semble adéquat.
Aux cotés du conseil d’administration, les
instances pédagogiques doivent elles aus-
si être revues. L’actuel CEVU ne répond pas
aux enjeux majeurs dont il est pourtant le ga-
rant. Ce conseil consultatif, dénué d’un pou-
voir de décision, subit une certaine lourdeur
administrative et ne favorise pas la révolu-
tion pédagogique que nous appelons de nos
vœux. Ainsi, la création d’un «conseil aca-
démique » ou « conseil pédagogique », aux
compétences décisionnelles, avec une part
importante d’élus étudiants, permettrait de
réhabiliter les questions pédagogiques, alors
adossées à la recherche, au premier rang des
priorités universitaires. Pour affirmer ce rôle,
il faudra revendiquer la possibilité pour les
étudiants de déterminer partiellement l’ordre
du jour de ces conseils.
Enfin, la nouvelle loi cadre propose de rem-
placer les PRES, instances non démocratiques
créés en 2005, par des « communautés d’uni-
versités » aux compétences précisées et à la
composition démocratisée. Les objectifs sont
ambitieux : rassembler l’ensemble des établis-
sements d’un même territoire, coordonner la
politique de formation et de recherche, en-
courager les relations avec le monde socioé-
conomique, agir au niveau de l’attractivité in-
ternationale. Dans ces nouveaux ensembles
de décision, la part des élus étudiants devra
elle aussi être réaffirmée.
• Le rôle des collectivités locales : accompagner les réalités locales
Depuis quelques années, l’échelon régional
apparaît propice aux nécessaires imprégna-
tions locales des universités. Les collectivi-
tés locales investissent déjà : construction
de bibliothèques universitaires, subventions
d’emplois aidés associatifs, financement pour
le développement du numérique et pour les
dispositifs d’orientation, ou encore mise en
place de schémas régionaux de l’Enseigne-
ment Supérieur de la recherche et de l’inno-
vation (SRESI), qu’il faut rendre obligatoire.
De manière plus emblématique, l’implication
des régions en matière de santé démontre
leur souhait de s’investir dans la vie univer-
sitaire. Demain, cette implication se tradui-
ra aussi par la mise en place d’un véritable
service public de l’orientation organisé au
niveau des régions, et qui complétera leur
mission de formation professionnelle. Parce
qu’elles sont compétentes en matière de
développement économique, les régions
peuvent également travailler à la coordina-
tion des relations entre les universités et les
entreprises du territoire, réguler les partena-
riats public/privé, et se poser comme un ga-
rant stable et reconnu du tissu local.
La participation des représentants des Ré-
gions au sein des conseils d’administra-
tion des universités, et demain au sein des
conseils d’administration des communautés
d’universités, est un gage de leur implication
effective à la création de la future carte uni-
versitaire et aux orientations stratégiques ré-
gionales et nationales.
Reconnaître le rôle des collectivités locales
ne signifie pas amoindrir le nécessaire rôle
régulateur de l’Etat. Au contraire, il s’agit de
prendre conscience des réalités locales, de
se donner les moyens d’agir pour la réussite,
de bénéficier de tous les leviers favorisant
l’orientation et la qualité des diplômes. En
parallèle, les régions ont la possibilité de se
saisir des problématiques de la vie étudiante.
Il faudra pousser leur rôle plus loin sur la
question du logement étudiant.
Lutter contre l’université des « héritiers »
• Permettre la réussite pour tous : réformer les premiers cycles
Permettre la réussite et l’excellence pour tous
sont les leitmotivs de notre engagement à
l’UNEF. Or, le constat est douloureux : le plan de
réussite en licence (PRL) de 730 millions d’eu-
ros lancé en 2007 par Valérie Pécresse est un
échec ; l’objectif central de 50% d’une classe
d’âge en licence est loin d’être atteint.
A la TRS, nous revendiquons l’utilité d’une pre-
mière année pluridisciplinaire dans des do-
maines de formations élargis. Aujourd’hui, le
système APB (Admission-Post-Bac) exige des ly-
céens de porter un projet universitaire et profes-
sionnel dès l’âge de 17 ans. Or, la plupart d’entre
eux hésitent et se retrouvent alors figés dans un
parcours qui leur est imposé.
Dans les premiers cycles, il est également né-
cessaire de permettre une pédagogie universi-
taire différenciée, adaptée aux publics les plus
éloignés du monde de l’enseignement supé-
rieur est indispensable en particulier envers les
bacheliers technologiques et professionnels.
Enfin, la « révolution numérique » devra per-
mettre d’améliorer les conditions de réussite
des étudiants salariés et favoriser la reprise
d’étude. Aujourd’hui, les résistances existent : la
plupart des universités se heurtent au coût de la
numérisation. Il faudra donc se battre dans les
conseils universitaires afin d’assurer un finance-
ment à la hauteur des besoins.
• Permettre l’excellence pour tous : lutter contre la concurrence déloyale des grandes écoles et agir sur la « sélection »
Permettre l’excellence pour tous, c’est avant tout
lutter contre la concurrence entre les établisse-
ments de l’enseignement supérieur. A la TRS,
nous militons pour une intégration des classes
préparatoires dans les parcours universitaires
pour faciliter les passerelles et la réorientation
en cas d’échec à l’entrée des grandes écoles.
L’objectif est de modifier en profondeur les par-
cours étudiants « préétablis », de diversifier « les
profils », et d’encourager les partenariats entre
plusieurs établissements.
De la même façon, il faudra aller plus loin dans
le rapprochement des grandes écoles et des
universités. Par exemple, le partage d’unités
32
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
d’enseignements aurait un impact positif.
Cela encouragerait les passerelles et la diver-
sification des publics. Les personnels éduca-
tifs pourraient eux aussi partager leurs cours,
et mutualiser leurs savoirs et connaissances.
De plus, l’excellence ne pourra s’accomplir
sans une réelle reconnaissance du doctorat.
En France, les doctorants sont dans l’obli-
gation de s’orienter principalement vers la
recherche et l’enseignement. L’UNEF doit
prendre en compte ces grands oubliés de
l’insertion professionnelle. Pour cela le syn-
dicat doit exiger rapidement l’intégration
des bac+8 dans les conventions collectives,
dans le secteur privé mais également dans la
fonction publique d’État et territoriale. Pro-
mouvoir des profils intellectuels venant des
universités, et plus seulement de l’ENA, ne
peut être que bénéfique pour nos administra-
tions et par conséquent pour nos politiques
publiques.
Enfin, la TRS appelle à un débat national sur
la question de la « sélection ». Comment di-
versifier les modes de sélection en grandes
écoles ? Comment lutter contre la sélection
masquée en Master 2 ? Comment réguler
l’accès en Master 1 ? Ce sont de vrais chan-
tiers syndicaux pour l’excellence et la réussite
de tous.
l’insertion Professionnelle : le véritable accès à l’autonomie
Si l’Enseignement Supérieur a vocation à être
un vecteur de diffusion de connaissances, il est
nécessaire de réaffirmer la seconde mission de
l’université : permettre à tous les étudiants de
s’insérer de manière efficace et pérenne sur le
marché de l’emploi. Refaire du diplôme un ba-
gage pour l’emploi s’impose plus que jamais à
l’heure où l’emploi des jeunes est marqué par
une grave crise qui touche à la fois les jeunes
non qualifiés, et même les jeunes diplômés.
Favoriser l’insertion professionnelle, c’est
permettre à chacun de trouver sa place dans
la société. Parce que l’accès au premier em-
ploi est l’aboutissement et la concrétisa-
tion d’un parcours universitaire que l’on sait
gangrené par les inégalités de capital social,
économique, et culturel mais aussi de dispa-
rités selon les situations, les diplômes, et les
établissements, il cristallise d’autant plus la re-
production des sorts.
Le défi à relever pour l’université de demain
est triple : en amont, elle devra s’attaquer à
l’orientation subie afin que tous les étudiants
puissent choisir leur filière sur la base d’armes
informationnelles égales. Les formations uni-
versitaires devront être un gage de profes-
sionnalisation, en s’inscrivant dans une straté-
gie nationale cohérente visant à favoriser les
secteurs à fort potentiel d’innovation.
Enfin, parce qu’il est nécessaire de donner à
tous une seconde chance d’acquérir un em-
ploi par la formation, l’université doit encoura-
ger la formation tout au long de la vie.
Informer pour mieux orienter : choisir des parcours fidèles aux aspirations
Le choix de la filière d’étude est une étape
capitale ; elle sert de base à la structuration
du projet professionnel et renvoie chacun à
l’image de la place qu’il veut occuper dans la
société. Dès lors, une orientation subie a pour
effet d’enfermer l’étudiant dans un parcours
non choisi et amoindrit ses chances de réus-
site.
• Lutter contre l’orientation subie des étudiants
Mal informés sur les parcours et les diplômes
existants, souvent étrangers aux parcours
d’excellence peu promus dans les milieux
populaires mais surtout confrontés à des sté-
réotypes tenant à l’image de certaines filières
tantôt dénigrées, tantôt inaccessibles, de
nombreux étudiants sont livrés à eux-mêmes
pour choisir leur orientation. Pire, pour cer-
tains bacheliers accédant à l’enseignement
supérieur, le manque d’information entraîne
des désillusions sur le contenu des filières, et
débouche alors sur un abandon ou une réo-
rientation dès la première année.
Il convient donc d’agir dès le lycée sur la
formation des conseillers d’orientation pour
permettre une meilleure transparence de
l’offre de formation. Des séances obligatoires
d’entretiens personnalisés avec les conseillers
d’orientation, en nombre suffisant et mieux
formés, devront être instaurées. En parallèle,
il faut œuvrer à la création d’un véritable ser-
vice public de l’orientation pour promouvoir
une politique d’orientation active et non sé-
lective. Ce service public de l’orientation aura
vocation à être confié aux régions, déjà com-
pétentes en matière d’insertion profession-
nelle, ou aux « communautés d’universités ».
• Réhabiliter l’image des formations professionnelles : combattre la hiérarchisation sociale des diplômes
Aujourd’hui, les filières professionnelles font
l’objet d’un certain mépris : celles-ci sont
présentées par les institutions comme étant
des voies de seconde catégorie, dérogatoires
au droit commun que seraient les filières
générales. Parallèlement, certains secteurs
d’emplois dans l’artisanat ou les métiers dits
« manuels » font l’objet d’une vive stigmati-
sation.
Pour mettre fin à cette hiérarchisation so-
ciale des diplômes et des métiers, il convient
de redorer l’image des filières courtes car
elles témoignent d’un savoir-faire hautement
spécialisé et souvent révélateur de secteurs à
fort potentiel de recrutement mais souffrant
de postes non pourvus, faute de mauvaise vi-
sibilité des métiers.
• Perméabilité des parcours : encourager les passerelles
Chaque étudiant doit pouvoir progresser dans
un parcours global cohérent et conforme à
ses ambitions. Pour autant, il est indispen-
sable de ne pas enfermer les étudiants dans
des parcours trop rigides pour lutter contre
la fatalité des trajectoires.
A ce titre, nous revendiquons que des places
soient réservées en priorité dans les BTS, IUT,
IUP pour les étudiants issus des filières pro-
fessionnelles. De même, afin de démocrati-
ser les filières dites d’excellence et mettre fin
aux inégalités territoriales, il faut réserver des
places dans les CPGE (classes préparatoires
aux grandes écoles) à proportion des meil-
leurs élèves de chaque lycée.
Enfin, il est indispensable de favoriser les
passerelles entre les filières (favoriser la com-
plémentarité des diplômes notamment en fa-
vorisant les bi-diplômes), entre les parcours,
et entre établissements (pouvoir compléter
une formation universitaire par une formation
spécialisée en école sur un ou plusieurs se-
mestres).
33
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
Ainsi, c’est en poursuivant une vision dyna-
mique de l’enseignement supérieur, en misant
sur l’adaptabilité et la cohérence des parcours,
que chaque étudiant pourra se construire un
chemin vers un emploi conforme à ses aspi-
rations.
Professionnaliser les cursus : optimiser l’entrée dans le monde du travail
Il est du devoir de l’université de donner à
chaque étudiant les mêmes armes pour pouvoir
s’insérer dans un monde professionnel de plus
en plus concurrentiel.
• Promouvoir, accompagner et encadrer la pratique des stages
Le principal grief à l’encontre des formations
universitaires est qu’elles sont souvent trop
théoriques et pas assez tournées vers le monde
professionnel. A ce titre, la généralisation des
stages intégrés dans les cursus et donnant droit
à des validations de crédits permettrait, non
seulement l’acquisition de savoir-faire pouvant
être valorisé lors de la recherche d’un premier
emploi, mais également de confirmer ou non les
vocations.
C’est pourquoi, nous revendiquons l’obligation,
pour chaque étudiant, d’accomplir un stage
dans chaque parcours de licence, et l’obligation
d’un deuxième voire troisième stage au cours
du master. Toutefois, parce qu’il est indéniable
que l’obtention d’un stage dépend du capital re-
lationnel dont disposent certains étudiants, nous
devrons œuvrer en parallèle à la création de bu-
reaux des stages opérationnels et d’une base de
donnée nationale en ligne qui devra accompa-
gner les étudiants dans la recherche et l’exécu-
tion de leur stage. Des ateliers de recherche de
stage et de coaching devront être mis en place
dans tous les cursus.
Enfin, pour éviter les pratiques abusives d’em-
ployeurs malhonnêtes, une nécessaire régle-
mentation des stages portant notamment sur
le niveau des gratifications en master devra être
instaurée.
• Promouvoir l’alternance, l’apprentissage et l’année de césure professionnelle
D’abord pratiquée dans les filières non géné-
rales, la formation en alternance s’étend peu à
peu dans le supérieur et touche désormais des
filières très sélectives. Fruit d’un compromis ga-
gnant-gagnant, l’alternance et l’apprentissage
constituent la voie royale permettant de conci-
lier enseignements théoriques et formation
professionnelle, de même qu’ils débouchent
souvent sur une embauche. Il est donc indispen-
sable de promouvoir ce dispositif et de l’étendre
à plus de filières. Par ailleurs, l’année de césure
professionnelle pratiquée dans les grandes
écoles permet de valoriser les enseignements
acquis au cours d’un cursus et constitue un
gage d’employabilité. Il faut l’encourager. Si elle
a vocation à être généralisée, elle doit cepen-
dant être strictement encadrée pour éviter tous
les contournements qui peuvent être effectués.
• Rapprocher le tissu universitaire du tissu économique
Pour permettre à l’université de rivaliser avec les
grandes écoles dans le cadre d’un marché du
travail de plus en plus concurrentiel, nous devons
encourager les ponts entre monde universitaire
et monde économique. Ainsi, il faut développer
l’intervention de représentants du monde pro-
fessionnel dans les formations, ou encore créer
dans toutes les filières des annuaires d’anciens
étudiants informant des possibilités d’insertion
professionnelle. Faciliter la recherche d’un stage
ou d’un premier emploi, c’est lutter contre les
inégalités face à l’expérience professionnelle.
Enfin, il est nécessaire de faire évoluer les ma-
quettes pédagogiques : il faudra œuvrer à la
généralisation des doubles diplômes permet-
tant une synergie et une complémentarité des
compétences, imposer dans toutes les filières
l’apprentissage de langues étrangères pour
favoriser la mobilité étudiante et renforcer
l’attractivité internationale des formations ou
encore proposer certaines matières utiles en
entreprise (notions de comptabilité, ressources
humaines, droit du travail, etc).
Un pont doit nécessairement être établi entre
l’université et les mutations du tissu économique,
industriel et technologique. Le parc universi-
taire doit pouvoir former les cadres et techni-
ciens dans des domaines hautement spécialisés
conformément au rôle qui lui était initialement
dévolu. Or, la formation de cadres spécialisés
est aujourd’hui une prérogative abandonnée aux
grandes écoles.
Quant à la recherche universitaire, elle doit
s’inscrire dans une cohérence globale, mais doit
aussi être mise en perspective avec les choix
macro-stratégiques arrêtés par les pouvoirs
publics en matière d’innovation sociale, tech-
nologique, industrielle. Les formations doivent
s’ouvrir à des secteurs porteurs, à fort potentiel
d’emplois (Economie Sociale et Solidaire, éner-
gies renouvelables et développement durable,
nouvelles technologies de l’information et de la
communication).
Encourager la formation tout au long de la vie
• Promouvoir une vision dynamique de l’enseignement supérieur
Alors que les étudiants en formation initiale
risquent d’être la première génération à vivre
moins bien que la précédente, il est urgent de
promouvoir une vision dynamique de l’Ensei-
gnement Supérieur, permettant de remédier à
cette situation. Notre modèle de société repose
sur des acquis datant de plus d’un siècle qu’il est
urgent de dépasser : depuis que nous subissons
la crise débutée en 2008 le triptyque « vingt ans
de formation, quarante ans de vie active puis
vingt ans de retraite » pour l’ensemble de la po-
pulation devient définitivement obsolète.
L’Enseignement Supérieur doit permettre à cha-
cun de se former, puis de se « reformer » tout
au long de sa vie. Quelques dispositifs existent,
il faut les promouvoir et les améliorer : les Vali-
dations d’Acquis de l’Expérience et Validations
des Acquis Professionnels (VAE/VAP) doivent
être accessibles au plus grand nombre et per-
mettre de valoriser des compétences acquises
mais non reconnues. De même, les Diplômes
Universitaires accessibles aux actifs doivent être
promus afin de permettre à chacun d’avoir la
formation et le diplôme le plus en phase avec
son milieu professionnel.
• Un moyen de répondre à la crise de l’emploi
Diplômer toute une population au plus haut
niveau de qualification : voici le défi que doit
relever l’Université pour remédier au chômage
de masse. Les pouvoirs publics ne doivent plus
seulement concentrer leurs efforts à l’égard de
la formation initiale. Une attention particulière
devra être accordée aux chômeurs de longue
durée. Ceux-ci doivent pouvoir retrouver les
bancs de l’Université ou suivre une formation
professionnalisante permettant de sécuriser leur
situation en leur donnant le bagage nécessaire à
l’emploi stable. De la même manière, le système
de cotisations actuel pour les retraites doit être
refondé : il devra servir à prendre une « année de
34
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
repos » repoussant l’âge final de départ et être
doté d’un volet dédié à la « reformation » pour
ceux qui souhaitent changer de métier.
en 2013 et aPrès, quel rôle Pour l’unef ?
Après l’alternance politique : réinventer notre rapport au pouvoir
Si le nouveau gouvernement tarde à faire sen-
tir les effets bénéfiques espérés de l’alternance
politique, une rupture importante dans la mé-
thode est à souligner : il n’y a désormais plus de
prise de décision importante sans consultation
des partenaires sociaux. Après dix ans de droite
au pouvoir, cette réaffirmation des principes
de la démocratie sociale par François Hollande
tranche avec l’étouffement précédent des corps
intermédiaires. Pour autant, elle appelle néces-
sairement à un investissement plus exigeant des
syndicats. Le risque de voir la responsabilité des
échecs éventuels rejetée sur les partenaires so-
ciaux est d’autant plus important lorsqu’ils sont
associés aux processus de décisions. L’UNEF
doit donc rapidement réinventer son rapport au
pouvoir et se servir des différents temps du quin-
quennat pour obtenir des avancées réelles pour
les étudiants. Après la loi cadre de l’Enseigne-
ment Supérieur et la réforme du système d’aides
sociales, l’acte III de la décentralisation devra
redéfinir le rôle des universités sur les territoires.
Mais au delà des événements législatifs et natio-
naux, les élections municipales et européennes
de 2014 seront l’occasion de créer de nouveaux
espaces revendicatifs.
• Construire des revendications locales pour peser aux municipales de 2014
Les élections municipales de 2014 seront l’oc-
casion pour les AGE de l’UNEF de produire des
revendications locales et renforcer les dispo-
sitifs pour améliorer la vie étudiante. Dès la
sortie de notre congrès, nos sections locales
devront préparer une démarche d’interpellation
d’ampleur à destination des futurs candidats
aux élections municipales. Qu’il s’agisse du do-
maine des transports pour lesquels les mairies
sont compétentes, ou en matière de logement
étudiant (par l’intermédiaire de leur présence au
sein des Conseils d’Administration des CROUS),
les communes sont la cellule de base des pré-
occupations locales des étudiants. Cependant,
l’action municipale en faveur de la vie étudiante
est extrêmement inégale. Ainsi, une démarche
d’interpellation de l’UNEF permettra notamment
de mettre à l’ordre du jour : le demi-tarif dans
les transports, l’exonération de la taxe d’habita-
tion, le développement des dispositifs d’accès à
la culture (Pass Culture), l’accès facilité au loge-
ment social, etc..
• Elections européennes de 2014 : un rendez-vous à ne pas manquer
Les élections européennes de 2014 seront un
événement historique. Alors que le budget eu-
ropéen est en baisse et qu’une Europe politique
et sociale peine à voir le jour, la responsabili-
té des acteurs progressistes est immense. Sur
27 Etats, 21 sont gouvernés par les libéraux et
les conservateurs. A la veille des prochaines
échéances électorales, le mouvement social
doit œuvrer à la définition du programme com-
mun de la gauche européenne, participer à la
victoire des forces progressistes, œuvrer au ren-
forcement des institutions européennes, avec
pour objectif la mise en place d’une véritable
politique européenne fédérale permettant de
redonner confiance aux peuples européens. Or
la situation actuelle ne permet pas la réussite des
politiques européennes. Les décisions politiques
importantes ne sont pas prises par le parlement
européen, seul organe démocratiquement élu,
mais par l’«Eurogroupe » ou par des concer-
tations multilatérales entre chefs d’Etats dans
le cadre du Conseil Européen. Cette situation,
en plus de donner le sentiment d’une Europe à
deux vitesses, encourage la défense égoïste des
intérêts nationaux au détriment du développe-
ment d’un réel espace de coopération et de so-
lidarité dans l’intérêt de l’Union.
En tant qu’acteur de la transformation sociale,
l’UNEF doit réaffirmer sa volonté de voir le par-
lement européen œuvrer à une harmonisation
par le haut des systèmes d’Enseignement Su-
périeur, pour ne plus uniquement débattre des
normes commerciales ou de concurrence, et
permettre à l’Europe de s’émanciper d’un rap-
port de force stérile entre Etats.
A la sortie de notre congrès, il faudra œuvrer
à une base revendicative commune avec l’en-
semble des syndicats étudiants européens.
Nous revendiquerons, en lien avec nos cama-
rades du pôle syndical de l’ESU, les principes
suivants : définir des orientations communes
pour la réussite des étudiants, permettre un
tournant syndical de l’ESU en favorisant la
constitution d’une coalition des syndicats contre
les alliances corporatistes, réaffirmer la volonté
de Services Publics de l’enseignement Supérieur
européens harmonisés, un nivellement par le
bas des frais d’inscription, une harmonisation
des systèmes d’aides sociales, et la création d’un
droit à la mobilité européenne en renforçant le
programme Erasmus au travers d’un plan plu-
riannuel d’investissements.
S’investir pour l’égalité des droits
En parallèle de la nécessité de trouver de nou-
velles cibles aux revendications de l’UNEF, l’élar-
gissement des champs d’actions syndicaux doit
rester une priorité. Il faudra notamment être
présents sur tous les fronts en termes de progrès
sociétal et faire en sorte que l’Enseignement Su-
périeur devienne accessible à ceux qui en sont
empêchés et aux étudiants étrangers.
• Les étudiants empêchés
Pour favoriser l’égalité réelle, l’action de notre
syndicat doit se tourner en priorité vers ceux qui
en ont le plus besoin. Parmi ceux-ci, les « étu-
diants empêchés » doivent faire l’objet d’une at-
tention toute particulière. Depuis notre dernier
congrès, l’UNEF a tissé des liens avec le GENEPI
(association d’étudiants offrant des cours en pri-
son) afin d’aider à la réinsertion des personnes
incarcérées. Au-delà de la dimension militante
d’une telle action, notre syndicat doit mettre les
pouvoirs publics devant leurs responsabilités en
termes de conditions de formation et de réinser-
tion en prison.
Ainsi, si la question des étudiants empêchés est
mentionnée dans la future loi cadre de l’Ensei-
gnement Supérieur, il faudra contraindre le gou-
vernement à aller plus loin que ses objectifs ini-
tiaux : chaque université se trouvant à proximité
d’un lieu de détention devra obligatoirement
créer une section des étudiants empêchés afin
de rendre le Service Public de l’Enseignement
Supérieur accessible au plus grand nombre.
• Les étudiants étrangers : une bataille à mener
L’abrogation de la circulaire Guéant que l’UNEF
a obtenue, aux côtés d’autres acteurs du mou-
vement social, ne signifie nullement la fin des
revendications pour l’égalité des droits entre
étudiants français et étudiants étrangers.
Nous revendiquons à cet égard : la mise en
place d’un titre pluriannuel de séjour, la suppres-
sion de la somme exigée aux étudiants étrangers
35
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
pour l’obtention d’un titre de séjour, la possi-
bilité de bénéficier du système d’aides sociales
de droit commun lorsque l’étudiant ne peut
bénéficier de celui de son pays d’origine, et un
allongement de la période légale de travail après
l’obtention du diplôme.
• Prendre position sur les débats qui animent notre société
L’UNEF se doit de pousser toujours plus loin son
rôle de transformation sociale. Alors que le gou-
vernement fait preuve d’hésitations dans la mise
en œuvre d’un certain nombre de réformes, le
mouvement social doit servir de point d’appui
afin de légitimer certaines de ses actions. Ce fut
le cas lorsque l’UNEF prit position en faveur du
mariage, de l’adoption et de la PMA pour tous,
cela le sera demain lorsque nous participerons
aux actions en faveur du droit de vote des étran-
gers non communautaires aux élections locales.
De même, en période de crise et d’instabilité so-
ciale, notre syndicat devra lutter contre toutes les
formes de replis et donc continuer à faire de la
lutte contre l’extrême droite un des points cen-
traux de son action. Nous n’avons pas souhaité la
bienvenue au Front National à Paris-Dauphine et
à l’IEP d’Aix-en-Provence et dans les années qui
viennent, partout où l’extrême droite ira, elle de-
vra trouver les acteurs progressistes rassemblés
sur son chemin. N’ayons pas peur de renouer
pleinement avec le harcèlement démocratique,
seule méthode capable de rappeler que le Front
National ne sera jamais un interlocuteur poli-
tique comme les autres !
Pour rassembler : L’UNEF doit se réformer en interne
Il n’est pas de syndicat efficace sans que celui-ci
ne se livre à une remise en question permanente.
• Réinventer nos rythmes syndicaux. Réaffirmer le droit de tendance
Alors que le décalage de la date des élections
au CROUS au premier semestre universitaire
2012/2013, et l’annulation du scrutin du CNESER
ont bouleversé nos rythmes syndicaux, l’UNEF
doit être en capacité d’anticiper le nécessaire
dépassement du calendrier universitaire et
électoral. Nous devons cesser de nous conten-
ter d’un faible nombre de « militants profession-
nels » car bien que la méthode soit efficace, elle
ne peut pas être pérenne : les militants de l’UNEF
doivent ressembler à tous les autres étudiants et
ne pas avoir à choisir entre leurs études et leurs
activités syndicales.
Le fonctionnement en tendances représente
une des plus grandes forces de l’UNEF car il per-
met à chacun, en fonction de ses idées et sen-
sibilités, de trouver sa place dans l’organisation
et de pouvoir s’y exprimer, lorsqu’il est respecté
et encouragé. Ainsi, la Tendance Refondation
Syndicale continuera de marquer son attache-
ment au vote à bulletin secret dans l’organi-
sation. L’argument de l’héritage du vote ouvert
dans les assemblées générales ouvrières n’est
plus tenable pour justifier que nos adhérents
soient dans l’obligation de voter sur des listes
d’émargement : à l’époque, cette méthode per-
mettait au mouvement social d’identifier les cas-
seurs de grève dans les assemblées générales ;
il n’est pas tolérable de retrouver de telles pra-
tiques en interne d’un syndicat, ou chacun, avec
ses nuances, œuvre à la transformation sociale
et ne saurait être « démasqué » en fonction des
orientations qu’il choisit. Il n’y a pas d’ennemis
du mouvement social dans l’UNEF, il doit donc y
avoir le vote à bulletins secret !
• Encourager l’autonomie des AGE : Faire de l’UNEF un acteur incontournable
Nous vivons la fin d’un cycle qui appelle à un
renouvellement des ambitions de notre syndi-
cat: massifier l’organisation, investir des terrains
où nous sommes encore minoritaires (IFSI, IUT,
BTS, STAPS ou médecine) et faire de l’UNEF, le
lieu de rassemblement naturel des étudiants. Au
delà de ses campagnes nationales, l’UNEF doit
donc également pouvoir devenir « LE » référent
du quotidien des étudiants, un syndicat de ser-
vices qui encourage la solidarité sur les campus
et anime la vie étudiante.
En parallèle, il est urgent d’engager une ré-
flexion interne pour que chaque étudiant puisse
trouver sa place dans l’organisation et s’y in-
vestir à hauteur de ses envies et de ses dispo-
nibilités. Il nous faudra inventer de nouveaux
outils afin d’élargir l’influence de notre syndicat,
notamment en tissant plus de liens avec les
associations locales. Il doit pouvoir exister des
partenaires se situant « à côté » de l’UNEF sans
nécessairement être « contre » l’UNEF.
• Adapter l’UNEF au nouveau visage de l’Enseignement Supérieur
Pour répondre aux nouveaux échelons de dé-
cision de l’enseignement supérieur, l’UNEF doit
créer de nouveaux espaces de militantisme. A
ce titre, la création d’un échelon intermédiaire
entre le Bureau national et les statutaires d’AGE
est indispensable, d’abord pour délimiter clai-
rement les rôles des uns et des autres en ne
faisant pas reposer l’essentiel de l’activité syn-
dicale sur les membres du BN, mais aussi pour
être en phase avec la réforme de l’Enseignement
Supérieur : les Communautés d’Universités, en
lieu et place des PRES, seront des lieux de dé-
bats et de décisions dans lesquels interviendront
plusieurs AGE. Il nous suffit donc de remplacer
les Coordinations Militantes Régionales, ineffi-
caces à l’exception de la Région Parisienne par
des coordinations d’AGE membres d’une même
communauté d’université afin de rendre l’UNEF
totalement efficace dans les nouveaux échelons
de décisions de l’enseignement supérieur.
Voilà la vision que propose la tendance refonda-
tion syndicale : une approche réformiste et ra-
dicale, ambitieuse, soucieuse d’être au plus près
des réalités étudiantes.
les 30 revendications de la tendance refondation syndicale
1. Donner les moyens à l’autonomie
des universités via un plan pluriannuel
d’investissement, lutter contre les logiques
compétitives d’appels à projets.
2. Instaurer une allocation d’études et de
formation pour tous les étudiants.
3. Faire du CROUS/CNOUS le guichet
« unique » de la vie étudiante : logement, aides
sociales et loisirs.
4. Construire 340 000 logements étudiants en 5
ans pour doubler le nombre de places en 2020,
selon des normes écologiques ambitieuses.
Réhabiliter les logements existants.
5. Réserver une partie des parcs HLM et ILM aux
étudiants en changeant les critères.
6. Créer une première année pluridisciplinaire
à l’Université. Permettre une spécialisation
progressive. Ouvrir un débat sur la sélection
masquée en Master.
7. Agir sur la formation des conseillers
pédagogiques pour lutter contre les
stéréotypes et rendre efficace et obligatoire les
entretiens personnalisés pour les lycéens pour
l’élaboration de leur projet personnel.
36
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
8. Généraliser les tutorats méthodologiques en
première année à l’Université.
9. Démocratie étudiante : renforcer le rôle
des élus au niveau des CA, des conseils
académiques et des communautés d’universités
via un véritable statut de l’élu étudiant.
10. Revaloriser l’image des filières courtes et
professionnelles.
11. Réserver des places pour les élèves issus des
filières professionnelles en BTS/IUT/IUP.
12. Réserver des places dans les Classes
préparatoires aux Grandes Ecoles pour les
meilleurs élèves de tous les lycées.
13. Encadrer les stages et renforcer
l’accompagnement des étudiants.
14. Intégrer des stages obligatoires dans TOUS
les cursus de licence.
15. Santé : Imposer la création d’un
chèque santé d’aide à l’acquisition d’une
complémentaire santé pour le plus grand
nombre d’étudiants.
16. Réclamer le retour au monopole du régime
étudiant de sécurité sociale.
17. Généraliser les « Pass Culture étudiant »
18. Inciter les collectivités à financer des
guichets culturels sur les sites universitaires.
19. Au niveau des régions : Créer un service
public de l’orientation tout au long de la vie.
20. Rendre obligatoire les Schémas régionaux
de l’Enseignement Supérieur de la recherche et
de l’innovation (SRESI)
21. Étudiants étrangers : mise en place d’un titre
pluriannuel de séjour, accès au système d’aides
sociales lorsque le pays d’origine n’aide pas,
suppression des sommes exigées sur le compte
bancaire des étudiants étrangers, allongement
de la durée légale du travail après l’obtention du
diplôme.
22. Elections municipales : revendiquer la
généralisation de l’exonération de la taxe
d’habitation pour les étudiants et l’obtention du
demi-tarif dans les transports.
23. Elections européennes : réclamer une
harmonisation par le bas des frais d’inscription
et un budget propre européen pour
l’enseignement supérieur et l’emploi des jeunes.
24. A l’ESU : Donner la majorité au pôle syndical
et dresser des revendications communes en
Europe.
25. Encourager la mobilité européenne et
internationale des étudiants par le renforcement
des programmes ERASMUS et SOCRATES.
26. Étudiants empêchés : Création d’une
section universitaire dans chaque ville
universitaire possédant un centre carcéral.
27. Lutte contre l’extrême droite : poursuivre
le harcèlement démocratique, refuser leur
présence sur les campus universitaires,
déconstruire le discours afin de convaincre les
électeurs.
28. Démocratie interne à l’UNEF : Rendre
obligatoire le vote à bulletin secret au sein de
notre syndicat
29. Créer des coordinations d’AGE au niveau
des communautés d’universités.
30. Renforcer les liens entre les AGE et les
associations étudiantes locales.
les signataires
ARDAKANI Chirinne, Bureau National déléguéCAMPOS ORIOLA Alexandre, Bureau National GAILLARD Amaury, Bureau National délégué GODET Violaine, Commission de ContrôleHAOUZI Julie, Bureau NationalABDERRHAIM GOULON Jossua, Président d’AGE de PoitiersBUGEAUD Julien, Président d’AGE de Limoges TORRES Diego, Président d’AGE de PauSAINTEMARIE Guillaume, Trésorier, Paris Dauphine PERROUAULT Marie-Laure, Secrétaire Générale-Adjointe, IEP de Paris. BAyLET Samuel, Paris 1, BERCAULT Florian, HEC BERTRAND Colin Lyon BOULADOUx Barthélémy, élu au CROUS, de Poitiers CACHIA Simon, Lille CAMBUS Alexandre, Toulouse CASTEL Guillaume, Brest, De CAZENOVE Pascal, Paris II CHAMBRAUD Jeremy, Paris IV CONZELMANN Hugo, Paris P12 DESILLE Sébastien, Aix-Marseille DUCOURNEAU Aurore, Avignon FAURE LANOE Elora, Paris 8 GAILLARD Raphaël, Bordeaux GAURON Alexandre, élu CROUS, Limoges HELLOCO Lori, Rennes LAGARRIGUE Robin, Nantes MATHURIN-SIVRy Arni, Paris 5 MAZOUE Damien, Clermont-Ferrand MESMIN Arthur, ENS Cachan MORALES Martin, Montpellier NAVARRO Mélissa, Nîmes NEURIS MOUFOUNA Carld, Grenoble PRIGENT Guillaume, ENS Ulm QUILLARD Pierre, élu CROUS, limoges QUILLERE Jérémy, élu au CEVU, Angers ROUAULT Etienne, élu au CROUS de Paris ROUx Laurine, Strasbourg VIARD Armand, élu au CROUS de Limoges VINAyAGAMOOORTHy Meenuka, Nanterre.
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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. »
Antonio Gramsci
Notre congrès s’ouvre dans un contexte inédit.
Nous vivons une crise économique, sociale et
écologique sans précédent. En France, dans
l’opposition depuis plus de 10 ans, et après un
quinquennat de sarkozysme, la gauche est re-
venue au pouvoir. Elle dispose, pour la première
fois dans la Ve République, de tous les pouvoirs
institutionnels.
L’élection de François Hollande a suscité un
important espoir de changement, notamment
chez les jeunes. Fruit d’une volonté de rupture
avec une droite de plus en plus autoritaire, xé-
nophobe et réactionnaire et avec ses politiques
libérales et austéritaires qui ont mené la France
et l’Europe dans l’impasse, c’est l’espoir d’une
autre répartition des richesses, d’un renouveau
démocratique et de politiques au service du
plus grand nombre qui s’est exprimé.
Cet espoir ne trouve que peu d’écho dans les
actes du gouvernement. Alors que la crise et
les contradictions du capitalisme atteignent
un paroxysme, le gouvernement en entérinant
le traité européen de stabilité financière se
contraint à perpétuer l’austérité. Si les premiers
mois du mandat ont permis des avancées qu’il
faut saluer (abrogation de la loi TEPA, encadre-
ment des loyers à la relocation…), la politique
sociale menée depuis est marquée par la conti-
nuité, voire par une austérité renforcée.
Le « pacte compétitivité-emploi » illustre ces
impasses : plutôt qu’un renforcement de l’inves-
tissement éducatif et de la protection sociale,
comme le réclament les organisations syndi-
cales dont l’UNEF, il fait de la réduction des co-
tisations sociales patronales et de la politique de
l’offre l’alpha et l’oméga de la relance. Concer-
nant le chômage des jeunes, il part du constat
erroné d’une inadaptation des qualifications des
jeunes au monde du travail, au risque d’une dé-
rive adéquationniste faisant porter aux universi-
tés la responsabilité du chômage.
Pourtant, nombreuses sont les voix, y compris
chez des économistes peu suspects de subver-
sivité comme Paul Krugman ou Joseph Stiglitz,
ou encore jusqu’à la très modérée Confédéra-
tion européenne des syndicats, qui appellent à
rompre avec l’austérité.
La situation de la France et de l’Europe appelle
un changement de cap urgent. La crise actuelle,
née de l’explosion de la bulle des subprimes, est
la dernière manifestation d’une crise civilisa-
tionnelle de grande ampleur.
Depuis une quarantaine d’années, les crises
de surproduction du système capitaliste ne
cessent de se multiplier. Pour autant, rien n’a
changé : la priorité ne cesse d’être donnée à la
finance plutôt qu’aux salaires et à la protection
sociale. La politique de la Banque centrale eu-
ropéenne et les plans « de relance » — en réa-
lité, de sauvetage des banques — n’ont fait que
renforcer le pouvoir des actionnaires et doper
la spéculation.
Les contradictions internes du capitalisme sont
apparentes : pour maintenir les taux de profits,
la classe dominante fait pression sur les salaires
et l’investissement public, grevant la consom-
mation et in fine la production de richesses. Elle
tente de la soutenir à grands coups d’emprunts,
y compris étudiants, alimentant la spéculation
et les crises… En Grèce, le PIB a reculé de plus
de 20% « grâce » à ce traitement.
2013 s’annonce comme une année charnière.
La France et l’Europe sont menacées de réces-
sion économique. Les destructions d’emploi et
la précarité explosent, les inégalités ne cessent
d’augmenter.
Ces politiques pèsent lourdement sur les condi-
tions d’études et de vie des étudiants. La situa-
tion budgétaire d’un grand nombre d’univer-
sités est critique : situations de quasi-faillite,
non-paiement des vacataires, suppressions de
filières, dégradation des locaux… Les difficultés
croissantes à se loger, le développement du sa-
lariat étudiant et l’appauvrissement des familles
ont des conséquences lourdes sur la réussite
dans l’enseignement supérieur, et donc demain
sur l’emploi.
Il est grand temps d’inverser la logique et de re-
mettre les besoins sociaux au cœur, sans quoi le
pays s’enfoncera durablement dans la crise.
La responsabilité du mouvement social et de
l’UNEF est primordiale. Les conservateurs et
les libéraux sont à l’offensive pour installer un
rapport de force défavorable au progrès social.
Prétendant se poser en arbitre « neutre », à re-
bours du camp social qui a permis son élection,
le gouvernement pèse dans leur sens : en té-
moigne l’accord minoritaire sur la « sécurisation
de l’emploi », qui touchera particulièrement les
jeunes.
L’enjeu pour le mouvement social, après le
changement de majorité, est de créer une nou-
velle dynamique de mobilisation pour obtenir un
changement réel pour les populations ; à l’op-
posé d’un retour en arrière sur l’indépendance
chèrement acquise face à la gauche de gouver-
nement.
Il nous faut donc assumer un désaccord gran-
dissant avec le gouvernement, parce que sa
politique économique social-libérale va à l’en-
Face à la crise, sortir de l’austérité pour construire l’université du XXIe siècle
TEXTE PRÉSENTÉ PAR LA TENDANCE « POUR UNE MAJORITE D’ACTION SYNDICALE »
38
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
contre de notre projet et de nos revendications.
La mobilisation sur le mariage pour tous, re-
vendication historique de l’UNEF, a montré que
lorsque les progressistes maintiennent la pres-
sion, ils peuvent arracher des victoires, malgré
les tergiversations et les reculs du gouverne-
ment.
être syndicaliste à l’UNEF en 2013, c’est me-
ner conjointement bataille culturelle et bataille
syndicale, pour inverser durablement le rapport
de force social dans nos universités. C’est s’ap-
puyer sur un rapport de force qu’elle construit
en démontrant sa capacité à organiser son mi-
lieu et à le mettre en dynamique. C’est mener
des mobilisations pour gagner immédiatement
de nouveaux droits pour les étudiants et l’en-
semble de la jeunesse et les mettre en perspec-
tive dans un projet global qui les crédibilise et
prépare les combats de demain. Sauvegarder
les acquis, gagner de nouveaux droits, préparer
les victoires de demain, voilà la porte d’entrée
du syndicat dans la période.
Cela implique des changements dans l’orga-
nisation et les modes de militantisme de notre
syndicat. Son renforcement militant et électoral
montre qu’il peut être un outil essentiel au ser-
vice des étudiants. La nouvelle phase que re-
présente le changement de majorité doit s’ac-
compagner d’un nouveau souffle dans l’UNEF.
Notre mode de fonctionnement est pour l’es-
sentiel hérité d’une séquence politique (la
droite au pouvoir), syndicale (des forces corpo-
ratistes moins structurées) et sociale (avant la
crise de 2007) qui n’est plus celle d’aujourd’hui.
L’UNEF, pour être l’organisation de tous les étu-
diants, doit évoluer avec son milieu. Pour cela
un débat doit être engagé en son sein sur ses
objectifs et sur les moyens qu’elle se donne.
Cette discussion doit construire des accords
plutôt que chercher des clivages souvent ar-
tificiels nuisibles à son fonctionnement. Nous
sommes convaincus qu’il est temps et possible
d’avancer ensemble pour faire gagner toujours
plus de droits aux étudiants.
C’est pourquoi il faut revoir les rythmes de l’or-
ganisation, la façon dont elle structure et in-
tervient dans son milieu pour renforcer sa pré-
sence auprès des étudiants, la façon dont les
camarades peuvent se saisir des débats.
La démarche syndicale de l’UNEF, c’est :
• Un syndicalisme de transformation sociale,
qui assume de vouloir changer la société ac-
tuelle.
• Un syndicalisme qui compte d’abord sur le
rapport de force pour faire avancer ses reven-
dications, et donc sur le niveau de conscience
et la capacité de mobilisation des étudiants.
• Un syndicat indépendant des institutions, du
gouvernement et des partis, qui dans le cadre
d’une majorité de gauche ne se pose a priori
ni en ennemi, ni en partenaire mais intervient à
partir de son analyse de la situation et des exi-
gences des étudiants.
• Un syndicalisme qui s’appuie sur des reven-
dications d’urgence pour les étudiants et les
jeunes, qui les porte autant lors des élections
universitaires et aux CROUS et dans les mobi-
lisations, et les articule avec un projet global
pour l’enseignement supérieur et la société.
l’enseignement suPérieur et les étudiants fragilisés Par la crise
Les jeunes au cœur de la crise
Les jeunes sont frappés de plein fouet par la
crise. Loin de se cantonner à la sphère finan-
cière, elle frappe désormais toutes et tous.
Ainsi, si les jeunes ne font pas exception, leur
situation est d’autant plus grave qu’ils ne dis-
posent pas des protections sociales accessibles
au reste de la population.
• Précarisation des jeunes et des familles : de nouveaux enjeux pour l’UNEF
Dans les tourments économiques que nous
connaissons, nous, syndicalistes, sommes
confrontés à une situation nouvelle : d’une
part, une dégradation de la situation des jeunes
déjà étudiants ; d’autre part, l’arrivée de nou-
velles générations à l’université dont la situation
sociale sera d’autant plus précaire qu’ils auront
vécu des situations familiales marquées par la
précarité, les bas salaires et le chômage.
La précarisation des étudiants se traduira mé-
caniquement par une dégradation de la situa-
tion sociale et professionnelle des travailleurs
qu’ils deviendront. Cela rend plus indispensable
encore la mise en sécurité sociale des jeunes.
Socle nécessaire à la reconnaissance d’un sta-
tut social de la jeunesse, une sécurité sociale
des jeunes ne pourra se faire que pour et par
les jeunes.
• Le chômage des jeunes : unité et diversité
La période 2013-2014 s’annonce décisive. La
fuite en avant « rigoriste » des gouvernements
entraîne l’Europe dans une récession plus pro-
fonde encore qu’en 2009.
D’ores et déjà, la crise touche particulièrement
les jeunes. Selon le CEREQ, la génération sortie
du système scolaire en 2007 connaît un taux de
chômage de 18 % : quatre points de plus que la
génération 2004. Le taux de pauvreté des 18-
24 ans est passé de 17% en 2004 à 22,5% en
2010.
Tous les jeunes ne sont pas égaux face au chô-
mage. Les non-diplômés sont particulièrement
touchés : selon l’INJEP, en 2011, le taux de chô-
mage des 15-29 ans diplômés de l’enseigne-
ment supérieur était de 9%, contre 22% pour les
bacheliers et 46% pour les non-diplômés. Ce
fossé tend à se creuser avec la crise.
Un service public de l’enseignement supérieur au bord de l’implosion
Cette situation renforce l’exigence de démo-
cratisation de l’enseignement supérieur. Pour-
tant, le service public d’enseignement supérieur
connaît aujourd’hui une situation très difficile et
sa démocratisation recule. Cette situation est le
fruit de la rigueur, mais aussi de plusieurs dé-
cennies de politiques libérales.
Ces politiques ont conduit à un désengagement
politique de l’état et à une mise en concurrence
des universités, en cohérence avec les poli-
tiques européennes et notamment du proces-
sus de Bologne.
C’est notamment le cas de la réforme LMD, qui
a entraîné la fin du cadrage national des di-
plômes. De plus en plus de parcours sélectifs
ont été créés ; la carte des formations est deve-
nue illisible et les inégalités se sont aggravées.
L’autonomie des universités, avec la LRU, est
venue renforcer cette concurrence : pour ob-
tenir des rallonges budgétaires (IDEx…), elles
ont effectué une véritable course à la casse des
droits collectifs.
Le passage aux « responsabilités et compé-
tences élargies » a entraîné une fragilisation ex-
trême des universités, les poussant à se tourner
vers des financements privés via les fondations.
39
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
La mise en place des PRES et les processus de
fusion ont appauvri l’offre de formation et le
maillage territorial. Les grands établissements se
sont multipliés, comme à Dauphine ou à l’Uni-
versité de Lorraine, leur permettant de pratiquer
des frais d’inscription plus élevés et une sélec-
tion à l’entrée.
Les PRES ont remis en cause la place du CROUS,
notamment sur la question du logement étu-
diant, et ont éloigné les étudiants des lieux de
décision.
Dans le même temps, l’augmentation des frais
d’inscription par le gouvernement précédent a
accentué la sélection sociale à l’université. Pire
encore, les réformes potentiellement positives,
comme la généralisation du contrôle continu,
faute de moyens supplémentaires et dans un
contexte de développement du salariat étudiant,
n’ont en rien amélioré le taux d’échec.
L’austérité menace le service public d’enseignement supérieur et sa démocratisation
L’austérité a des conséquences profondes sur
le service public d’enseignement supérieur. Elle
porte en elle la récession comme le partage des
richesses la croissance. Les rentrées fiscales dimi-
nuant mécaniquement, le budget de l’enseigne-
ment supérieur, initialement annoncé comme
constant, sera finalement ponctionné de 250
millions. Par là même, elle hypothèque les condi-
tions d’études de chacun et la réussite de tous.
Près d’un quart des universités sont susceptibles
de faillite, tandis que plusieurs sont déjà placées
sous tutelle de l’état. Selon la Cour des comptes,
il manque 120 millions d’euros au budget de
l’enseignement supérieur ne serait-ce que pour
assurer la trésorerie des établissements.
Ce contexte de pénurie extrême conduit à un
recul du nombre d’heures d’enseignement et
de tutorat, à une précarisation et à un manque
criant de personnels, avec des conséquences
sur les pratiques pédagogiques, l’encadrement
et le suivi des étudiants.
Cette dégradation générale du service public
d’enseignement supérieur renforce les inégalités
sociales à l’université, puisqu’elle fait reposer la
réussite sur le capital culturel des étudiants.
L’UNEF affirme donc que l’austérité, loin de par-
ticiper au « redressement du pays», aura des
conséquences de long terme sur l’accentuation
des inégalités sociales, l’accroissement du chô-
mage de longue durée et crée les conditions
d’une crise durable et profonde. C’est donc en
tant que telle qu’il faut la contester, au-delà des
baisses budgétaires dans l’enseignement supé-
rieur.
Pour l’UNEF, la priorité est d’informer et de
mobiliser les étudiants, en donnant un cadre
national aux mobilisations sur les budgets, en
combinant bataille budgétaire et bataille contre
l’austérité. C’est ainsi que les étudiants, préoc-
cupés par leurs conditions d’études, pourront
se saisir de l’outil qu’est l’UNEF pour battre en
brèche le dogme de la réduction des dépenses
publiques.
l’unef à l’offensive Pour enclencher un cycle de victoires
Notre projet : l’égalité entre les étudiants, l’émancipation de toutes et tous
• Démocratiser l’enseignement supérieur
L’UNEF entend porter un véritable projet de so-
ciété, fondé sur une analyse de la crise.
Les progrès scientifiques et technologiques de
la fin du 20e siècle et la « révolution informa-
tionnelle » ouvrent des possibilités immenses de
progrès social, à condition de permettre une ap-
propriation démocratique des savoirs. Cela de-
mande de faire de l’élévation générale du niveau
de qualification un objectif central. La démocra-
tisation de l’enseignement supérieur est la ques-
tion centrale de notre combat. C’est la condition
d’un progrès économique et social partagé qui
permettra l’émancipation de toutes et tous.
La massification de l’enseignement supérieur
depuis les années 1970 ne s’est pas traduite par
sa démocratisation. La part des étudiants issus
des milieux populaires dans l’enseignement su-
périeur ne cesse de baisser. Les politiques qui y
sont menées, mais aussi la crise, ont accentué
ce phénomène.
L’université doit permettre la réussite de tous et
d’acquérir les qualifications qui les protégeront
dans le monde du travail. Le savoir ne doit pas
être soumis à des objectifs de rentabilité et aux
exigences du marché.
Nous ne pouvons nous résoudre à ce que seu-
lement 40% d’une classe d’âge accède à un di-
plôme de l’enseignement supérieur : c’est le fruit
d’inégalités causées par des déterminismes so-
ciaux. Un enseignement supérieur démocratisé
doit se fixer l’objectif de permettre à chacun de
construire librement son projet de vie, selon ses
aspirations, d’acquérir un haut niveau de forma-
tion et de qualification, d’accéder à un emploi
stable et bien rémunéré.
Cet objectif ne pourra être atteint que s’il est
possible à chacun d’accéder à la formation de
son choix. Les logiques de sélection se doivent
donc d’être écartées, à l’université, notamment
en M2, dans les DU, les doubles licences… et à
l’entrée de tous les établissements. L’UNEF ré-
affirme aussi l’objectif d’une gratuité totale de
l’enseignement supérieur.
• Une révolution pédagogique au service de la réussite de toutes et tous
Bien souvent prétexte à une sélection qui ne
dit pas son nom, les modalités de contrôle de
connaissances (MCC) sont aujourd’hui davan-
tage un moyen de sanction et de tri social. L’éva-
luation doit au contraire être formative et viser la
progression de l’étudiant : elle doit être conçue
comme un outil pédagogique et non comme un
couperet.
Les MCC doivent être revues pour faire face à
la diversité de profil des étudiants (étudiants sa-
lariés, chargés de familles…) en leur ouvrant di-
verses possibilités (contrôle terminal ou continu,
mix des deux…).
La pédagogie constitue un facteur décisif de la
réussite. Or, les enseignants sont la plupart du
temps livrés à eux-mêmes devant des cohortes
d’étudiants. Symptôme d’un système univer-
sitaire qui oublie trop souvent les étudiants, la
formation des enseignants-chercheurs n’intègre
pas l’enjeu pédagogique.
C’est une révolution pédagogique qu’il faut en-
gager en faisant de l’étudiant l’acteur de son ap-
prentissage, condition d’une appropriation des
savoirs et des savoir-faire. Nous organiserons
cette révolution autour de trois axes :
Les enseignements doivent se dérouler avec des
effectifs réduits, notamment en première année,
40
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
permettant un meilleur encadrement et un suivi
individualisé. Il faut rompre avec la logique CM-
TD en introduisant des niveaux intermédiaires
(séminaires).
Les méthodes d’enseignement doivent inclure
une pédagogie adaptée à tous les profils, fondée
sur une meilleure interactivité. La place des tra-
vaux de groupe doit être renforcée pour désin-
dividualiser le travail personnel.
L’accent en L1 doit être mis sur la propédeutique
afin que l’autonomie dans le travail ne soit pas
un préalable social à la réussite, mais bien l’objet
d’un apprentissage pour tous les étudiants.
• Lutter contre la sélection géographique, une université de proximité
L’UNEF s’oppose à la concentration démesurée
des établissements universitaires au sein des
grandes villes, qui contribue à l’accentuation
du déterminisme social par la sélection géo-
graphique. Les fusions d’université conduisent,
dans un contexte de rigueur, à renforcer ce phé-
nomène, avec des suppressions de formations
et de filières amenant la disparition d’une offre
équitable sur le territoire.
Dans le cadre d’un cadrage national des conte-
nus des formations, il est nécessaire de repenser
la carte universitaire afin de l’adapter aux besoins
actuels et d’assurer un véritable maillage territo-
rial et une répartition équitable des formations
sur le territoire. Loin de reléguer aux universités
de proximité les formations de premier cycle et
les cursus courts, une nouvelle carte universi-
taire doit articuler accès facilité à la formation
et nécessaire mobilité des étudiants. Permettre à
tous les étudiants de pouvoir suivre le cursus de
leur choix, c’est amener les formations au plus
près des lieux d’habitation des jeunes, mais éga-
lement permettre leur mobilité dans l’académie.
• Un même diplôme, un même niveau de financements
Le budget de l’enseignement supérieur doit être
considérablement augmenté pour répondre aux
besoins de formations. Il faut en finir avec le fi-
nancement par projet et revenir à une logique
de subvention récurrente, réduire par le haut les
inégalités entre établissements et formations :
un étudiant en université représente un inves-
tissement de 4 000 € contre 11 000 € dans les
CPGE. L’inégalité entre filières est encore plus
criante si l’on regarde, au sein des établisse-
ments, les différences entre composantes.
L’UNEF se battra pour le retour à un financement
100% public des universités par l’état, selon des
critères objectifs de financement (entretien des
locaux, dotation par étudiant selon les forma-
tions quelle que soit leur localisation…).
• Repenser l’orientation
L’orientation est un enjeu essentiel pour la réus-
site de tous. Or les étudiants sont livrés à eux-
mêmes face à ce défi, sans aucune procédure
d’accompagnement.
En premier lieu, c’est le système Admission Post-
Bac qui doit être entièrement revu, tant il est la
caricature de cette absence d’accompagne-
ment. Mais l’orientation n’est pas uniquement
l’affaire des lycéens. Il faut permettre à tous les
étudiants de pouvoir se réorienter, de passer
d’une formation à l’autre en facilitant les passe-
relles entre les disciplines.
Or, on assiste à une fracture avec le lycée, qui
se traduit par une grande difficulté des étudiants
de première année à s’adapter aux rythmes et
aux méthodes de l’université. Le passage d’en-
seignements multiples à une monodisciplinarité
brutale est très souvent mal vécu par les étu-
diants. Sans pour autant tomber dans l’écueil des
parcours différenciés, il nous faut exiger des for-
mations transdisciplinaires par grands domaines
de formation, du moins en L1, pour cheminer
vers une spécialisation progressive qui limiterait
de fait les « erreurs » d’orientation et permettrait
à chacun que construire progressivement son
parcours universitaire.
• Donner toute sa place à la recherche
L’enjeu de la démocratisation concerne égale-
ment la recherche. Il est en effet primordial de
ne pas laisser aux mandarins et aux entreprises
le monopole de la parole légitime en matière
de recherche : les étudiants doivent être partie
prenante de la définition de la politique de re-
cherche des établissements.
La recherche ne doit plus faire l’objet d’une vi-
sion étriquée qui la réserverait au 3e cycle mais
doit être appropriée par les étudiants tout au
long de leur parcours universitaire. Moteur de
l’accroissement des connaissances, elle est au-
jourd’hui menacée par le sous-financement et
tend à être toujours davantage orientée vers des
objectifs de rentabilité. Nous voulons garantir
une autonomie scientifique aux chercheurs et
leur donner les moyens de mener à bien leurs
travaux. L’état doit réinvestir massivement dans
la recherche afin d’assurer aux laboratoires des
financements pérennes.
Renforcer et démocratiser la recherche passe
également par une augmentation du nombre
d’allocations de thèses et une sécurisation du
parcours des étudiants-chercheurs afin de lutter
contre la précarité dans laquelle ils sont enfer-
més pendant et après leur thèse.
• Mettre les jeunes en sécurité sociale
Si toutes les inégalités d’accès à la formation et
de réussite ne se résoudront pas par la seule re-
distribution pécuniaire, la précarité financière est
la première cause de renoncement aux études
et le salariat étudiant la première cause d’échec.
Sous-financé, donnant la primauté à la situa-
tion sociale de la famille, considéré comme un
outil de redistribution et non comme un outil
permettant l’accès de tous à la formation, notre
système d’aides sociales est à bout de souffle.
Ce système familialiste et daté souffre de trois
défauts : il n’est ni efficace, ni lisible, ni juste si
l’on met en regard les sommes mobilisées par
les bourses sur critères sociaux et l’exonération
de la demi-part fiscale. Il exclut par nature tou-
jours plus d’étudiants et ne reconnaît ni les si-
tuations d’indépendance existantes ni le droit à
l’autonomie.
Face aux effets de la crise, l’UNEF porte une ré-
orientation des crédits publics pour la création
d’un statut social des jeunes en formation dont
l’allocation d’autonomie est un des piliers.
Notre projet s’articule autour de trois enjeux :
la reconnaissance de l’aspiration à l’autonomie
de tous les jeunes ; la rupture avec la phase de
« bizutage social » qu’ils subissent, présentée
comme légitime parce qu’elle constituerait une
phase d’apprentissage ; la reconnaissance que
l’investissement dans l’éducation relève d’une
responsabilité de l’état en tant que bien public
d’intérêt national économique et politique. L’al-
location d’autonomie est la première étape vers
la création d’un présalaire étudiant, nouvelle
branche de la sécurité sociale.
Notre projet est fondamentalement incompa-
tible avec l’instauration d’un système de finan-
cement individuel de la formation basé sur des
prêts. Ce système induit en effet une relation in-
dividuelle avec l’accès à la formation, renforçant
l’autocensure face aux incertitudes financières ;
de plus, il conduit à l’endettement massif d’une
génération entière avant même qu’elle rentre
41
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
dans la vie active.
L’ouverture de ce nouveau transfert financier in-
tergénérationnel est le socle de notre projet. Il
doit s’accompagner d’un grand bond en avant
pour les droits étudiants : le droit au logement,
à la santé, aux transports et à la culture consti-
tuent des volets qu’il faut adjoindre à l’allocation
d’autonomie.
Les étudiants doivent également se saisir de leur
devenir une fois sortis de l’université. L’insertion
professionnelle fait partie de « l’âge de la forma-
tion » et doit ouvrir le droit à l’accès aux minimas
sociaux (RSA) mais également à des dispositifs
de protection sociale spécifiques comme le vo-
let « recherche du premier emploi » de l’alloca-
tion d’autonomie, et à une prise en compte des
années d’étude dans le calcul des annuités de
cotisation. Les politiques d’emploi spécifiques
qui font des jeunes une catégorie sous-qualifiée
de la population sont pour nous inacceptables.
L’UNEF se mobilisera, en lien avec les organisa-
tions professionnelles, notamment contre l’ac-
cord sur la flexibilité de l’emploi.
• Le CROUS, service public de référence de la vie étudiante
Les CROUS doivent redevenir les véritables opé-
rateurs des services étudiants. Ils sont les seuls
organismes publics qui permettent d’assurer une
continuité des aides sociales sur le territoire et
associent les étudiants aux décisions.
Loin de faire de l’opérateur historique un fétiche,
c’est bien parce que les CROUS sont l’organisme
dans lequel peuvent s’exprimer les étudiants et
la communauté universitaire qu’ils doivent être
replacés au centre de la gestion des aides so-
ciales et de la vie universitaire. En ce sens, l’UNEF
exige l’intégration des aides indirectes dans une
perspective d’autonomisation des étudiants, tel
le retour du ticket U à 2,5 € et le déploiement de
moyens visant à atteindre un minimum de 50%
d’étudiants en cité U au plus vite.
Trois défis fondamentaux à surmonter
• L’intransigeance de Bercy, le malheur de la rue Descartes
Force est de constater qu’aujourd’hui, c’est la
continuité qui prévaut tant pour l’enseignement
supérieur que pour les politiques d’aides sociales.
En faisant de la réduction de la dette le cri-
tère du « redressement », le gouvernement ne
rompt pas avec les politiques qui ont conduit
à la dégradation de l’enseignement supérieur.
Notre démarche syndicale ne peut s’affranchir
d’une bataille contre l’austérité, parce qu’elle
entre directement en conflit avec notre projet.
Il faut souligner la contradiction entre la priorité
affichée à la jeunesse et la réalité de la politique
du gouvernement. Nous affirmons qu’il n’y aura
pas de sortie de crise sans une augmentation
massive de l’investissement éducatif qui per-
mette d’en finir avec le coût social de la préca-
rité et du chômage.
L’UNEF refuse que la réforme des aides sociales
serve de prétexte à des économies supplémen-
taires sur le dos des étudiants et des familles.
• Une loi-cadre de continuité qui ne répond pas aux enjeux de l’enseignement supérieur
L’avant projet de loi-cadre sur l’enseignement
supérieur ne s’oriente pas vers une rupture
avec la logique de l’autonomie et la LRU. Il se
contente surtout de répondre à la marge aux
« incohérences » de cette dernière.
Si il comporte des avancées qu’il convient de
saluer, comme la modification du statut des
grands établissements ou la réintroduction du
principe d’un cadrage national des diplômes, il
présente des risques importants : fusion CEVU/
CS dans un conseil académique, droit de vote
des personnalités extérieures au CA, accrédita-
tions confiées aux communautés d’universités…
Mais surtout, l’avant-projet pêche par ses
manques.
Sur le cadrage national des diplômes, la fixation
des modalités d’accréditation par arrêté risque
de n’avoir aucune effectivité avec une procé-
dure d’accréditation qui ne prévoit qu’une éva-
luation a posteriori.
Sur la démocratie universitaire, la composition
proposée des conseils d’administration ne re-
vient pas sur les équilibres de la LRU. Pire, le
droit de vote donné aux personnalités exté-
rieures réduit le poids des représentants élus.
Le contrat pluriannuel unique par territoire obli-
gera les établissements isolés à se tourner vers
un regroupement ou une fusion. Les dotations
de l’état seront attribuées aux communautés
d’université qui les répartiront entre établisse-
ments. Dans le cadre budgétaire actuel, cela
ne peut que conduire à renforcer la mise en
concurrence et affaiblir le maillage territorial.
L’ajout dans les missions de l’ESR de la « com-
pétitivité » est pour nous inacceptable. Elle tend
à entériner une logique de compétition entre
territoires que nous refusons.
Si la conclusion de conventions entre CPGE et
universités va dans le bon sens, aucune mesure
concrète n’est prise en vue d’un rapproche-
ment entre écoles et universités.
La transformation de l’AERES en Haut conseil à
l’évaluation ne résout en rien le problème d’une
évaluation par des « experts » et non par des
instances démocratiques. Pire, la nouvelle pro-
cédure d’accréditation renforce le rôle de cette
instance.
Ce texte entérine un désengagement politique
dans la gestion du service public d’enseigne-
ment supérieur, qui nourrit la mise en concur-
rence des établissements.
• Mener la bataille d’idées pour défendre le projet d’autonomie
La rigueur n’est pas la seule difficulté que nous
rencontrons. Une frange de notre propre camp
social est convaincue que les jeunes ne doivent
être appréhendés qu’à l’aune de leur situation
familiale.
L’étau du modèle nataliste, familiariste, et à bien
des égards patriarcal de notre système social
doit être combattu. Nous devons faire valoir
que la protection sociale est un droit collectif,
qui correspond à la possibilité ouverte à tous
d’accéder à un service indispensable à la réali-
sation de son propre projet personnel et à son
émancipation.
Les perspectives syndicales pour l’UNEF
Notre démarche est celle du syndicalisme de
transformation sociale. Notre objectif est la
construction d’un rapport de forces, alliant vic-
toires locales et nationales et projet global pour
l’université et la société.
Pour l’UNEF, élections étudiantes et mobili-
sations sociales sont deux outils importants
de la construction du rapport de force. Si les
élections permettent d’établir des rapports de
force localisés ou nationaux et de toucher da-
vantage d’étudiants, les mobilisations sociales
sont le moment privilégié où se développent
42
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
la conscience et le niveau de revendication des
étudiants. Ces dernières devront être au cœur
de l’activité de l’UNEF à la rentrée prochaine
face aux pénuries budgétaires.
C’est cette démarche, fondée sur des reven-
dications concrètes et la construction per-
manente du rapport de force, qui doit nous
permettre de poser les bases de nos victoires
futures et de la concrétisation de notre projet
syndical.
• Rompre avec la mise en concurrence des universités
Le projet de loi-cadre n’est en l’état clairement
pas satisfaisant et ne rompt pas avec les lo-
giques qui ont prévalu jusqu’ici.
L’UNEF revendique un cadrage national des di-
plômes pour mettre un terme à la concurrence
entre universités et académies. Il devra com-
porter a minima les éléments suivants : intitulés,
volume horaire, répartition CM / TD, modalités
de contrôle de connaissances, contenu des en-
seignements.
L’accréditation des diplômes devra se faire a
priori et par un CNESER démocratisé et rendu
décisionnel. Un avis conforme du CNESER sera
nécessaire pour les actes du ministère.
L’UNEF est opposée à la création d’un conseil
unique regroupant CEVU et CS. Le CEVU doit
devenir décisionnel en matière de modalités
de contrôle de connaissances et se défaire une
fois pour toute de son statut de caution dé-
mocratique pour les orientations politiques de
l’université.
La démocratie universitaire est au cœur de
notre combat syndical. Les étudiants doivent
être représentés à tous les niveaux de l’univer-
sité en nombre suffisant pour que ceux pour qui
l’université existe la gouverne avec les person-
nels. En cohérence, nous nous opposons à la
présence et au droit de vote des personnalités
extérieures au conseil d’administration, bien
souvent issus du patronat local.
La loi prévoit la création de communautés
d’universités, censées remplacer les PRES. Si
les évolutions démographiques nécessitent
une refonte de la carte universitaire, c’est bien
le maintien d’une université de proximité qui
est en jeu. La cohérence du maillage territorial
ne peut être assurée que par une vision na-
tionale afin d’éviter la mise en concurrence de
pôles régionaux. Cela doit être mis au cœur
des travaux du CNESER dans les prochains
mois.
La gouvernance des communautés d’université
est particulièrement obscure, avec un nombre
considérable de personnalités nommées et non
élues. Les universités doivent être confiées aux
enseignants, aux personnels et aux étudiants.
L’UNEF demande à ce qu’une nouvelle loi bien
plus ambitieuse soit élaborée, qui rompe défini-
tivement avec la logique de la LRU.
Il faut revenir sur l’autonomie financière des
universités. Cela commence par la reprise en
main par l’état de la gestion des salaires.
La LRU a renforcé le statut et les pouvoirs du
président d’université. Nous demandons une
répartition en trois tiers entre enseignants, per-
sonnels et étudiants. Le CEVU et le CS doivent
voir leurs prérogatives augmenter au détriment
de celles du CA.
Il faut aussi mettre fin au diktat de l’AERES. Sans
légitimité aucune, elle impose aux universi-
tés des logiques comptables déconnectées
des besoins réels des formations. Il faut donc
la supprimer et redonner toute sa place à un
CNESER démocratisé.
Les diplômes universitaires doivent être réinté-
grés dans le droit commun car ils vont à l’en-
contre du cadrage national des diplômes et
font l’objet de frais d’inscription dérogatoires.
• Dès maintenant, s’engager dans la voie vers une allocation d’autonomie
Nous défendons une montée en charge pro-
gressive du statut social pour l’ensemble des
étudiants. L’ouverture des négociations avec le
gouvernement montre, au-delà des désaccords
en son sein, qu’il reste extrêmement frileux sur
la remise en cause du système familialiste. Plus
inquiétant encore, il n’envisage pas d’augmen-
ter les moyens consacrés aux aides sociales.
Pour l’UNEF, cette réforme ne peut se faire à
coût constant.
Notre démarche s’articulera en deux temps :
obtenir des avancées sociales par le redéploie-
ment de la demi-part fiscale ; et arracher un
investissement qui permettra d’approfondir la
logique de défamilialisation.
Nous nous battrons pour obtenir une augmen-
tation immédiate des bourses de 50% et celle
du nombre de boursiers, pour atteindre 50%
de boursiers. La prise en compte des situations
d’indépendance financière des étudiants doit
donner lieu à l’obtention d’une première mou-
ture de l’allocation d’autonomie.
L’UNEF réaffirme la nécessité d’une dotation
financière pérenne du CROUS pour assurer le
versement des bourses à date fixe. Déjà insuf-
fisantes pour lutter contre la précarité des étu-
diants, leur versement sporadique aggrave leur
situation financière.
Nous défendrons une généralisation de la dé-
familialisation des étudiants. Un outil simple
existe : rendre fiscalement indépendants les
jeunes rendrait caduque la demi-part fiscale
dont bénéficient certaines familles. Dès lors,
et à titre transitoire, le foyer fiscal d’origine de
l’étudiant peut déclarer verser à ce dernier une
pension alimentaire. Le montant de l’allocation
d’autonomie pourrait être basé ainsi sur l’en-
semble des revenus déclarés par cet étudiant.
Ainsi, ce dispositif entraînerait trois consé-
quences principales :
• allié à un taux de substitution adéquat, il ren-
dra inintéressant financièrement le salariat étu-
diant ;
• il permet d’ouvrir à tous l’accès à l’aide so-
ciale ;
• un bon ciblage du dispositif permettra de
rendre progressivement fiscalement peu inté-
ressant les transferts familiaux, rendant logique
et nécessaire la dotation pour tous les étudiants
d’une aide d’un montant « quasi similaire ».
• Redonner aux stages une véritable vocation pédagogique
Les stagiaires sont aujourd’hui bien souvent
des travailleurs « gratuits » et ultra-précaires.
L’UNEF exige un encadrement strict des stages,
qui doivent avoir un caractère pédagogique et
faire l’objet d’un suivi personnalisé à la fois par
l’établissement et dans l’entreprise. Les stages
hors cursus ou sans lien avec la formation
doivent être systématiquement interdits.
L’UNEF demande que les stagiaires soient ré-
munérés à 75% du SMIC et qu’ils disposent des
mêmes droits et protections que les travailleurs
en CDD. La lutte contre l’utilisation de stagiaires
pour remplacer des salariés — aujourd’hui illé-
gale — doit être renforcée.
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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
• Donner une cohérence aux batailles budgétaires : défendre l’investissement éducatif
Notre projet syndical nécessite de mener une
bataille idéologique et matérielle pour défendre
un investissement éducatif massif.
L’UNEF exige un plan pluriannuel d’investisse-
ment dans l’enseignement supérieur. Il devra à la
fois : augmenter le niveau global de financement
de l’enseignement supérieur ; revoir les moda-
lités d’allocation des moyens (SyMPA) pour ré-
duire les écarts de dotation actuels et sortir des
logiques d’appel d’offre ; prévoir un nombre
important de recrutements de personnels ensei-
gnants et BIATSS.
Dans bien des universités, il existe des mobili-
sations et de très vives inquiétudes. L’UNEF dé-
veloppera et relayera ces mobilisations. Notre
responsabilité est de leur donner une visibilité
nationale, un cadre cohérent, en lien avec l’in-
tersyndicale de l’ESR, et imposer, au-delà de
problèmes locaux, un changement de cap éco-
nomique du pays.
• Un droit au logement pour toutes et tous
Ces dix dernières années, les politiques de loge-
ment à destination des étudiants ont été profon-
dément insuffisantes, les objectifs du Plan Anciaux
n’ayant été atteints. Les étudiants sont particuliè-
rement touchés par la crise du logement, parti-
culièrement dans les grandes agglomérations qui
concentrent la plupart des lieux d’études.
L’UNEF exige une revalorisation immédiate
des APL et leur indexation sur l’IRL, un plan de
construction de logements sociaux du CROUS,
un encadrement des loyers du parc privé ainsi
qu’un blocage immédiat des loyers des Cité U.
• Le droit à la culture, pilier de l’émancipation intellectuelle
L’accès à la culture est une condition de l’éman-
cipation intellectuelle. Or, les barrières finan-
cières qui restreignent l’accès à la culture pour
tous s’ajoutent aux barrières sociales et cultu-
relles. Les logiques de marchandisation de la
culture vont à rebours de sa démocratisation. La
culture étant un bien public, l’UNEF exige qu’il en
soit fait une gestion publique pour le bien com-
mun et de tendre à la gratuité de son accès.
La généralisation de l’accès à la culture doit
s’accompagner d’un travail sur les schèmes de
reproduction sociale qui conduisent à évincer
les classes populaires de la culture de la classe
dominante, pourtant la plus valorisée dans notre
cursus universitaire.
Régularisation et égalité pour les étudiants étrangers !
La situation des étudiants étrangers est parti-
culièrement alarmante : ils sont victimes d’une
grande précarité sur le plan administratif, péda-
gogique et financier.
Si la mobilisation a conduit au retrait de la cir-
culaire Guéant, la condition de ces étudiants
n’a pas réellement changé. Le gouvernement
n’a toujours pas opéré les ruptures néces-
saires avec les politiques qui pendant 5 ans ont
dégradé leurs conditions de vie et d’études.
L’UNEF exige donc la régularisation de tous les
étudiants sans-papiers.
Il est urgent d’abroger le décret du 6 sep-
tembre 2011 et d’ouvrir des négociations pour
une réécriture du CESEDA. Il est de surcroît né-
cessaire d’ouvrir le système d’aides sociales aux
étudiants étrangers et de mettre en place un
titre de séjour pluriannuel. Les inégalités entre
étudiants selon leur nationalité doivent cesser !
L’UNEF soutient les collectifs d’étudiants étran-
gers, et notamment sans-papiers, qui s’orga-
nisent pour défendre leurs droits. Elle s’en-
gage au quotidien pour défendre les intérêts
de ces étudiants, non pas à leur place mais à
leurs côtés. La mobilisation pour les droits des
étudiants étrangers est un élément du rapport
de force à construire pour de nouveaux droits
pour les étudiants : l’UNEF fait donc de cette
question un enjeu majeur.
faire de l’unef un acteur du front social
Offrir un destin commun à notre génération
En 2010, lors du mouvement sur les retraites,
étudiants et salariés manifestaient ensemble. Ce
mouvement prenait un sens tout particulier pour
les jeunes : qu’ils soient étudiants, précaires, sala-
riés, ils battaient ensemble le pavé pour leurs droits.
Les jeunes ont ainsi su apporter un démenti
à tous ceux qui cherchaient à les opposer. En
distinguant les jeunes des banlieues, les jeunes
issus des milieux populaires, les jeunes privilé-
giés…, les libéraux font des inégalités sociales
familiales préexistantes la justification d’une hé-
térogénéité des droits.
• Reconnaître l’hétérogénéité de la jeunesse, lui donner une dynamique commune
Cela nous invite donc à affiner notre analyse du
milieu étudiant et de la jeunesse.
La jeunesse n’est pas une entité homogène,
unie, parlant d’une seule voix. Les condition-
nements sociaux font de la jeunesse un groupe
unique mais hétérogène, mu par des processus
complexes. Affirmer cette réalité ne doit en au-
cun cas nous conduire à opposer des groupes
les uns aux autres. Car si les jeunes connaissent
effectivement des situations et des probléma-
tiques différentes en fonction de leur origine
sociale, de leur situation personnelle ou géogra-
phique, notre rôle est de faire émerger ce qui les
unit.
Ainsi, tenant compte d’une image non pas idéa-
lisée mais bien ancrée dans la réalité de ce qu’est
la « jeunesse », nous affirmons qu’elle possède
un désir commun d’autonomie et d’émanci-
pation. Faire ses propres choix, construire son
propre parcours de vie, avoir la possibilité de
faire des études longues ou d’apprendre un mé-
tier en toute indépendance de ses parents et des
contraintes financières et géographiques, voilà
l’aspiration commune aux jeunes de notre so-
ciété.
En reconnaissant cette hétérogénéité de la jeu-
nesse, l’UNEF est ainsi pleinement en mesure
d’être le syndicat de toutes et tous et de se po-
sitionner comme un acteur incontournable sur
toutes les questions concernant la jeunesse, qu’il
s’agisse de l’emploi, de la formation, du statut
social ou encore de la santé.
On constate aujourd’hui une fracture dans la
jeunesse entre ceux qui ont les moyens de pour-
suivre des études supérieures longues d’un côté,
et ceux qui privilégient les cycles courts profes-
sionnalisants de l’autre. Pour autant, le fils ou
la fille de cadre tout autant que la fille ou le fils
d’ouvrier aspire à une réelle autonomie. L’UNEF a
ce rôle important d’unifier la jeunesse autour des
revendications qui répondent à cette aspiration
commune.
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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
L’UNEF se distingue du corporatisme par sa dé-
marche ancrée résolument prospective et dy-
namique. Il est souvent d’usage de dire que le
syndicat défend les intérêts moraux et matériels
des étudiants ; il faut ajouter que nous défen-
dons non seulement les étudiants d’aujourd’hui,
mais également les étudiants de demain et des
jeunes qui sont aujourd’hui privés d’un droit à
l’éducation.
• Quelle place pour l’UNEF dans le mouvement social ?
L’université est un lieu où se côtoient étudiants,
personnels et enseignants, que les libéraux
tentent sans cesse d’opposer entre eux.
La défense du service public et d’un enseigne-
ment supérieur démocratisé sont des enjeux qui
concernent toutes ces catégories et au-delà.
C’est pourquoi nous nous mobilisons sans cesse
pour rassembler notre camp social et faire avan-
cer ses revendications.
L’UNEF cherche donc en permanence à
construire l’unité syndicale et les rassemble-
ments les plus larges possibles sur des objectifs
communs. À ce titre, elle est pleinement partie
prenante du mouvement social. Syndicat à part
entière, l’UNEF a vocation à s’exprimer plus lar-
gement que sur les questions universitaires,
parce que la vie d’un étudiant dépasse large-
ment ce cadre. Organisation altermondialiste,
elle s’inscrit dans l’objectif d’une coordination
de tous les mouvements sociaux.
• Combattre toutes les discriminations
Si les inégalités de revenus et de patrimoine
impactent directement l’accès à l’enseigne-
ment supérieur, elles ne constituent pas l’unique
forme de discrimination pour les jeunes.
Les discriminations liées au genre, à l’orienta-
tion sexuelle, à la couleur de peau… constituent
également des causes fragilisant la réussite des
parcours universitaires et de formation.
L’UNEF s’engage pour lutter contre ces discri-
minations dans les universités et dans la société.
Nous devons être intransigeants face aux pra-
tiques discriminatoires et créer des larges ras-
semblements pour s’y opposer.
Syndicat de transformation sociale, l’UNEF mène
le combat pour l’égalité et contre les discrimina-
tions au-delà des universités. Ainsi, le FECR qui
ne se déroule plus uniquement dans l’enceinte
des établissements, est un bon exemple du type
d’intervention qui doit être celle du syndicat
dans les deux prochaines années. L’UNEF s’im-
plique pleinement dans les initiatives militantes
et mobilisations pour l’égalité (mobilisation pour
le mariage pour tous, collectifs antiracistes…).
Face à la progression de l’extrême droite, y com-
pris dans les universités, l’UNEF s’investit plei-
nement dans la lutte antiraciste et antifasciste.
L’UNEF renforcera cette dimension importante
de son action syndicale dans les deux ans à venir.
• Un syndicat féministe
L’UNEF est une organisation féministe, détermi-
née à lutter contre la domination de genre et le
patriarcat.
Les pratiques sexistes restent monnaie cou-
rante à l’université : les affiches et les soirées
organisées par les corporations en sont un triste
exemple. L’enseignement supérieur aujourd’hui
reste profondément marqué par les inégalités
de genre et son fonctionnement entretient leur
reproduction : orientation genrée, moindre pré-
sence des femmes dans les niveaux master et
doctorat…
Notre action doit intégrer cette dimension et la
nécessité d’une bataille idéologique contre ces
processus de ségrégation. L’objectif d’égalité
doit être intégré dans nos réflexions et nos ba-
tailles sur l’orientation, les filières, les modalités
de contrôle des connaissances…
Notre engagement féministe doit également in-
terroger notre propre organisation. L’UNEF s’en-
gage à respecter strictement l’exigence de pa-
rité sur ses listes, à créer les cadres permettant
d’impliquer davantage les militantes (comme
par exemple l’expérimentation de réunions non-
mixtes), à travailler sur la répartition des tâches
et des responsabilités dans le syndicat…
Changer nos pratiques syndicales
• Un syndicat rassemblé dans la bataille syndicale
L’arrivée de la gauche au pouvoir et l’exacerba-
tion de la crise économique et sociale doivent
nous conduire à interroger nos pratiques et
notre positionnement syndicaux.
L’UNEF ne peut se satisfaire de fonctionner sur
la base des divergences syndicales qui sont le
fruit d’une période politique dépassée. Le risque
serait grand pour la vitalité démocratique de l’or-
ganisation et pour son orientation, que nos dé-
bats soient cristallisés par des tendances jouant
des rôles attribués et bien établis et dont nous
avons hérité.
Le mode de fonctionnement en tendance doit
permettre l’expression la plus large possible des
adhérents sur un projet syndical partagé, pour
permettre à l’UNEF d’être un véritable syndicat
de masse en tenant compte des divergences
d’analyse syndicale. Or, dans le fonctionnement
actuel, des militants de différentes tendances,
qui pourraient partager des positions com-
munes ne trouvent pas de cadres adéquats pour
les exprimer, et c’est au final la force de l’UNEF
dans son ensemble qui en pâtit.
Nous ne nous satisfaisons plus de cette situa-
tion. Bien loin de vouloir revivre les débats his-
toriques qui ont animé l’UNEF, nous souhaitons
construire de nouvelles expériences militantes,
les expérimenter et les faire mûrir.
Plusieurs chantiers nous semblent à ce titre in-
dispensables.
Une vraie révision de l’implantation
territoriale des structures syndicales :
Au cours des dernières années la carte universi-
taire s’est profondément modifiée. L’analyse des
résultats électoraux de l’organisation démontre
la nécessité d’une présence quotidienne sur
chaque site universitaire. Il nous faut donc réfor-
mer l’implantation et la coordination des AGE et
des CAS sur le territoire. C’est une vraie réflexion
collective entre militants et tendances qu’il faut
engager.
Une nouvelle organisation des CN :
Les collectifs nationaux sont des moments im-
portants pour la cohésion de l’organisation. Ils
répondent à des objectifs variés : définition de
l’orientation syndicale, renouvellement des ins-
tances et formation des camarades. Le déve-
loppement des équipes militantes de l’UNEF au
cours des dernières années a induit une inadé-
quation de la forme actuelle des CN avec l’ob-
jectif d’une pleine appropriation des débats par
les camarades.
Les changements récents, notamment l’orga-
nisation de tables rondes thématiques sont une
bonne expérimentation mais ne répondent pas
à cette difficulté : comment susciter la partici-
pation d’un maximum d’étudiants dans des ren-
contres à plus de 800, comment offrir aux ad-
hérents des formations et ateliers enrichissants
auxquels ils peuvent participent, et non à des
45
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
cours magistraux à la pédagogie infantilisante
? Il nous faut faire de ces événements de vrais
moments de décisions politiques et non pas uni-
quement d’explications des débats internes. Un
temps plus important doit être sanctuarisé pour
permettre au plus grand nombre de militants
d’intervenir, en tant qu’experts de leur milieu. Il
faut une mutualisation des expériences par la
participation collective.
Une nouvelle organisation des congrès :
Nous ne pensons pas que l’organisation des
congrès telle qu’elle est proposée aujourd’hui
par la Tendance Majorité Nationale soit à même
d’amplifier le rapport de force de l’organisation,
ce qui est habituellement le second objectif,
louable, de l’UNEF au moment de leur tenue. Les
statuts de l’UNEF doivent indiquer seule la prise
en compte égale des voix (une voix, un mandat)
est à même de garantir l’expression démocra-
tique des adhérents. Le mode électoral actuel
freine l’expression démocratique des tendances
et transforme les débats d’idées en guerre ou-
verte de territoires. Ces batailles stériles récur-
rentes accaparent une année militante sur deux
et empêchent de se consacrer aux priorités lo-
cales.
L’objectif est de dépasser les défauts du mode
de fonctionnement en tendance actuel en de-
venant des groupements de pratiques syndicales
capables de travailler en commun pour amélio-
rer la capacité d’analyse et d’action du syndicat.
• L’autonomie des AGE : l’expertise locale garante de notre efficacité
Structures souples qui permettent d’épouser
les réalités locales, les AGE sont le moyen pour
l’UNEF de coller à son milieu. La force de notre
syndicat est d’être présent à la fois localement
et nationalement, sans jamais opposer les deux
dimensions. L’UNEF se caractérise par ce double
mouvement : décliner une orientation nationale
à l’échelle locale, prendre en compte les réalités
locales dans l’élaboration de la ligne nationale.
En ce sens, se couper de la base locale revien-
drait à affaiblir la position nationale, et ignorer la
nécessité d’une cohérence nationale serait pré-
judiciable à l’action de chaque AGE.
Il est nécessaire de donner la possibilité à l’en-
semble des camarades, à travers la formation, de
s’approprier le fond de son activité, d’être capable
de créer son propre matériel (tract, affiches etc.),
d’organiser son planning militant en fonction à la
fois des campagnes nationales, mais également
des réalités locales. C’est la garantie d’avoir une
action qui se pérennise par une véritable trans-
mission d’expériences militantes permettant à la
fois d’être effectivement expert de notre milieu,
mais également de pouvoir stimuler les cama-
rades pour qu’ils ne se sentent plus dépossédés
de leur activité. Toutes les AGE doivent égale-
ment pouvoir se saisir des enjeux nationaux. La
communication entre AGE, toutes tendances
confondues, est également nécessaire. La créa-
tion des « communautés d’universités » l’impose
d’autant plus. Ceci permet également d’homo-
généiser davantage l’organisation et de favoriser
la formation des camarades.
• Un syndicat en phase avec son milieu
La légitimité du syndicat repose sur ses ad-
hérents et sa capacité à intégrer le plus grand
nombre dans son action. Quand une AGE est
présente sur le terrain, quand elle intervient dans
les débats universitaires, alors l’adhésion et l’en-
gagement ne sont plus uniquement l’expression
ponctuelle de l’indignation sociale au moment
de la rentrée mais bien un réflexe collectif tout
au long de l’année. « Un bon militant est un bon
étudiant » parce qu’il est justement en phase
avec son milieu.
Ainsi, les AGE se doivent de travailler au maxi-
mum à incarner l’action syndicale en permettant
de conscientiser les étudiants, de relayer leurs
aspirations et de les traduire syndicalement. En
d’autres termes, l’UNEF doit réussir à réellement
incarner les étudiants et sera ainsi plus efficace
pour faire évoluer l’état de conscience collective
dans les universités comme dans la société.
La massification de notre base militante est donc
un enjeu décisif. Or il est aujourd’hui évident que
notre mode de fonctionnement ne peut plus
permettre à un maximum d’étudiants de s’impli-
quer dans le syndicat. Dans un contexte de recul
de la démocratisation et de précarité, le risque
est grand de voir l’implication des adhérents se
replier sur un noyau dur de militants et donc in
fine de se couper de son milieu. Chacune de
nos actions doit donc tendre à la syndicalisation
toujours plus importante des étudiants, et ce sur
des bases qui permettent à tous les militants la
réappropriation de notre outil syndical.
Cela appelle une évolution de nos pratiques.
Si militer vient du latin militare, « être soldat »,
il convient de ne pas confondre étymologie et
pratique syndicale.
Reconnaître les évolutions du milieu implique de
changer ici et maintenant notre militantisme en
ouvrant l’activité du syndicat à tout un chacun.
Le développement de la précarité étudiante ne
permet plus de conserver un modèle de mili-
tantisme basé sur l’abnégation. Redoubler une
année signifie pour certains l’arrêt pur et simple
des études.
Cette redéfinition des pratiques militantes doit,
et c’est une priorité compte tenu de la structura-
tion des forces corporatistes, permettre à l’UNEF
de retrouver une véritable implantation sur l’en-
semble des sites universitaires, dans toutes les
filières et y compris dans les écoles.
• La formation tout au long de la vie : nouveaux étudiants, nouveaux défis pour l’UNEF
Si l’UNEF veut pouvoir concrétiser son ambition
d’être le syndicat de tous les étudiants, il nous
faut également prendre en considération leur
diversité. La formation tout au long de la vie et
les reprises d’études offrent autant de nouveaux
publics auxquels l’UNEF doit être en mesure
d’assurer une place aussi naturelle que ce qu’elle
offre aujourd’hui aux jeunes de 18-25 ans.
Conscients des enjeux spécifiques de la forma-
tion initiale sur les trajectoires de vie, nous ne
pouvons pour autant hypothéquer notre ambi-
tion d’unir dans l’UNEF l’ensemble des étudiants.
Nous ne pouvons que nous féliciter qu’ils soient
de tous les âges et de tous les profils. Si l’éman-
cipation passe par le savoir, il nous faut être à la
pointe du combat pour que tous y accèdent ;
non seulement par la formation initiale, mais
aussi à tous les âges de la vie.
Un syndicat internationaliste
Syndicat internationaliste, l’action de l’UNEF
n’est pas circonscrite à la France.
Les tenants de la rigueur enferment l’Europe
dans la récession. Ils remettent en cause l’en-
semble des protections collectives et portent un
projet pour l’enseignement supérieur unique-
ment tourné vers la réponse aux besoins immé-
diats des entreprises.
Il est plus que jamais nécessaire d’organiser la
contre-offensive. L’UNEF doit renforcer son ac-
tion dans l’ESU (malgré ses défauts) et donner
une vraie autonomie d’action au pôle syndical,
qui rassemble les organisations qui partagent
notre volonté de transformation sociale. L’UNEF
doit également renforcer ses liens avec la CES et
les organisations syndicales de salariés.
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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
Ces politiques ne sont pas circonscrites à l’Eu-
rope. Le printemps arabe, les mouvements étu-
diants au Québec ou au Chili ont montré que la
jeunesse est au cœur des transformations so-
ciales et politiques. L’UNEF soutient ces mou-
vements et tisse des liens avec les organisations
syndicales étudiantes de ces pays. Elle inter-
vient aussi pour donner son analyse des évé-
nements et ne pas laisser les libéraux donner
une grille de lecture néfaste pour nos propres
mobilisations.
Promouvoir un autre mode de fonctionnement de l’économie
• Promouvoir le droit à la santé, défendre le régime étudiant de sécurité sociale
Les décisions fiscales prises par le précédent
gouvernement mettent en péril les finances des
mutuelles étudiantes. L’absence d’investisse-
ment de l’état dans la prévention santé et une
remise de gestion inférieure au coût réel font
reposer sur les mutuelles étudiantes le poids du
désengagement de l’état.
Les déremboursements décidés par la droite
ont des conséquences dramatiques pour la
santé des étudiants, faisant des complémen-
taires santé la béquille de substitution au ré-
gime obligatoire, alors même que près d’un
cinquième des étudiants n’ont pas de mutuelle,
contre 6% pour l’ensemble des Français. Ces
mesures, de même que les franchises médi-
cales, doivent être abrogées.
L’UNEF demande que soit mis en place des
centres de santé universitaires à partir des
SIUMPPS, gérés par les CROUS, permettant aux
étudiants un accès gratuit à la médecine de
ville et préventive et de pouvoir bénéficier du
tiers payant. L’accès aux soins doit être rendu
possible par la mise en place d’un chèque santé
national.
Afin d’améliorer la qualité du service rendu aux
étudiants, il faut tendre à la réunification du
RESS autour de la LMDE. Si la mise en concur-
rence du RESS avait des motivations politiques,
la réunification de celui-ci doit permettre de
renforcer la légitimité du mutualisme étudiant
démocratiquement géré et d’améliorer la lisibi-
lité pour les étudiants.
L’UNEF continuera à s’investir pleinement dans
la gestion de la LMDE.
• Coopératisme : troisième pilier et pourtant parent pauvre du mouvement social
L’UNEF s’engage pour le coopératisme étudiant,
notamment à travers l’UCEF ou Solidarité étu-
diante, afin de défendre concrètement les étu-
diants au quotidien. Cela doit être une porte
d’entrée supplémentaire pour les militants et
ne doit plus être le parent pauvre de l’action de
l’UNEF.
Le coopératisme est une démonstration de l’uti-
lité du syndicat. Notre démarche allie défense
matérielle des étudiants et objectif de conscien-
tisation du milieu, à mille lieues de la démarche
commerciale et opportuniste des corporations.
Au-delà des nécessaires et traditionnelles
bourses aux livres, l’UNEF se doit de développer
de nouveaux services à travers l’UCEF. En dehors
des temps forts de la vie universitaire, la pré-
sence de l’UNEF au quotidien doit être caracté-
risée par ses services coopératistes, qui doivent
être universels.
Enfin, les coopératives doivent compléter le
service public, et non le remplacer. C’est pour-
quoi cette démarche doit s’articuler avec la re-
vendication d’un haut niveau de service public,
les coopératives ne devant pas durablement se
substituer aux carences du CROUS.
« Le plus excellent symbole du peuple, c’est le pavé. On lui marche
dessus jusqu’à ce qu’il vous tombe sur la tête. » Victor Hugo
les signataires
BOURDELLON Jean-Baptsite, Commission de Contrôle, NancyDelaux Estelle, Bureau Nationa,l élue CA Université BourgognewITT Lauranne, Bureau National, élue CA Université De Lorraine NOUR Sonia, Bureau National, élue CEVU Angers MERBAH Lucile, Bureau National, élue CEVU AngersMOQUET Grégoire, Président d’AGE, AmiensTUTIN Baptiste, Secrétaire général, Amiens DEVRAIGNE Geoffrey, Trésorier, Amiens CORDIER Florian Président d’AGE, élu CA CROUS, AngersDUCHêNE Chloé, Secrétaire générale, AngersCOUSSEAU Vincent, trésorier, élu CEVU, AngersBOUDET François, élu CEVU Bordeaux 3BERNy Jean-Baptiste, IEP Bordeaux FERRET Florian, élu CEVU Bordeaux 4MARTINEZ Laura VPE CEVU Bordeaux 3BERTHAULT Emma élue CA Bordeaux 3 élue CROUSBOUVARD Sarah, Présidente d’AGE, ChambéryGOUGEON Romane, Secrétaire Générale, Chambery TRUCHET Mathieu, ChamberyCOUCHARD Aliaume, Président d’AGE, VPE, Clermont-Ferrand MAyET Alexis, Secrétaire Général, Clermont-FerrandGALISSOT Lucie, TrésorièreBAH Alpha, Président d’AGE, élu CEVU, DijionVANDAMNE Julie, Secrétaire Générale, élue CEVU, Dijon GENIN Florent, TrésorierHEUZE Alban, EHESSSONTBONNE Gaspard, EHESSSENEGATS Nicolas, ENS CachanAUBERT Valentine, IEPMATTKE Jan, IEPBÜRBAUMER Benjamin, IEPBA Mamadou, Secrétaire Général, élu CA, Le HavreLEHOUx Erwan, Commission de Contrôle, VPE, Le Havre DIAMPHy Jérémy, étudiant VPE, Lille 3 MARION Pierre, Président d’AGE, NancyGALLET Ariane, Secrétaire Générale, Nancy ASPERTTI Lucas, Trésorier, NancyALLEK Syphax, élus CROUS, NiceCRIVELLI Remi, Trésorier, NicePOIREL Alexandre, élu CROUS, MetzANTZERBERGER Bruno, Paris 1PEZIN Clément, Paris 1GEORGIN Alexis, Président d’AGE, Paris 5SALOMON Pauline, élu CA, Paris 5HEURTIER Lucie, Paris 6HERBAULT Florian, Paris 7VESCOSI Thomas, Paris 8BARON Thomas, Paris 10CHAVALIER Thomas, Paris 10BARREAU Elliot, Paris 10VINARNICK Nicolas, Paris 11MAURE Hugo, RennesREMOND-HELLO Anne-Zoé, RennesGOUTT Kaido, RennesFOURNy Maud, RennesDOUCET Germain, RennesHANNEZO Florian, RennesLAVALOU Jules, élu CEVU, RennesTABOURET Marion, élu CEVU, RennesTRICOIRE Florence, Strasbourg
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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
Le 84e congrès de l’UNEF se déroule dans
un contexte particulier pour l’Enseignement
supérieur. La crise budgétaire qui traverse les
universités est d’une ampleur sans précédent
et va probablement s’accroître. Le nombre
d’universités en déficit augmente d’année en
année, tout comme les plans de rigueur locaux
qui s’abattent sur les étudiants, les personnels
et les filières, mettant en cause l’existence
même du service public. Ces plans d’austérité
entraînent une dégradation brutale et rapide
des conditions d’études, remettant en cause
la qualité des formations de toute une géné-
ration, hypothéquant par la même son avenir.
Voilà la conséquence réelle des contre-ré-
formes que depuis des années nous avons
dénoncées et combattues. L’austérité à l’uni-
versité est devenue un problème concret et
quotidien et plus simplement une lutte idéolo-
gique. Elle doit être combattue pied à pied, TD
par TD, filière par filière, université par univer-
sité. C’est la première responsabilité de l’UNEF
dans cette période.
La crise que traversent les universités est le
miroir de l’approfondissement de la crise in-
ternationale du capitalisme.
Les classes dirigeantes sont à l’offensive pour
revenir sur les droits acquis par les luttes de-
puis le début du vingtième siècle. Cette of-
fensive est particulièrement importante en
Europe, qui apparaît comme le maillon faible
du capitalisme. L’Europe du sud est particuliè-
rement touchée par des politiques d’austérité
drastiques à tel point qu’en Grèce il existe des
risques de malnutrition et d’épidémies.
Mais des résistances existent. Ces deux der-
nières années ont été marquées par des luttes
de masses dans l’état espagnol, en Grèce, en
Bulgarie ainsi qu’au Québec où les étudiant ont
joué un rôle central. Dans les pays dominés,
les populations s’organisent et se révoltent.
Les processus révolutionnaires enclenchés en
Tunisie et en égypte sont loin d’être terminés.
Au fil des expériences de lutte, la conscience
politique des classes dominées de ces pays a
fortement progressé.
En France, la crise continue. Des usines fer-
ment, les licenciements pleuvent, des travail-
leurs se suicident ou s’immolent, de nouveaux
reculs sont votés attaquant le Code du travail,
les retraites, les chômeurs, l’éducation. Le
gouvernement Hollande-Ayrault s’inscrit dans
la droite ligne de son prédécesseur. Il applique
les mesures des patrons pour nous faire payer
la crise.
Mais les travailleurs victimes de licenciements
commencent à s’organiser pour lutter collec-
tivement et organiser une réelle convergence
des luttes. Car même sous un gouvernement
« de gauche », nous ne pouvons compter que
sur nos propres forces pour améliorer nos
conditions d’existence. L’UNEF doit donc être
une force motrice pour prendre des initiatives
de lutte contre les attaques sur les universités.
Or, ces dernières années, le syndicat n’a pas
été à la hauteur des enjeux. Ce congrès doit
être l’occasion de changer d’orientation en
nous opposant sans concession aux attaques
libérales contre l’Enseignement supérieur, d’où
qu’elles viennent. Le congrès doit permettre à
l’ensemble du syndicat de prendre des initia-
tives pour contrer l’austérité dans les universi-
tés et son institutionnalisation via la loi cadre.
L’UNEF doit donc chercher à entraîner le plus
grand nombre d’étudiants dans l’action, vers la
construction d’une mobilisation unitaire et dé-
mocratique, un mouvement d’ensemble pour
mettre un coup d’arrêt aux politiques d’austé-
rité dans les universités et dans la société.
leur Projet : attaquer nos études Pour casser notre avenir
Une situation de plus en plus précaire pour les étudiants
Les étudiants vivent dans des conditions de
plus en plus précaires. Une grande partie vit
sous le seuil de pauvreté et commence les
mois avec des difficultés. C’est souvent le
système D pour se nourrir, se vêtir et étudier.
L’arrêt ou l’échec des études en est la consé-
quence directe. Presque tous les étudiants
sont obligés de se salarier plus ou moins régu-
lièrement. Le système d’aides sociales actuel
est insuffisant et injuste.
Insuffisant car seuls 20 % des étudiants béné-
ficient de bourses sur critères sociaux et que
leurs montants ne sont pas assez élevés pour
vivre décemment. L’échelon le plus haut est de
460 euros par mois durant dix mois pour payer
son loyer, sa carte de transport, ses repas et
ses bouquins : c’est mission impossible ! Tous
les prix augmentent mais les bourses restent
insuffisantes.
Injuste car il n’est pas calculé en fonction de
la situation réelle de l’étudiant mais en fonc-
tion de celle des parents. Il faut mettre fin à un
système d’aides sociales qui laisse démunie de
ressources une frange significative d’étudiants
et attribue plus d’argent aux familles les plus
aisées via la demi-part fiscale (1900 millions
d’euros) qu’à celles qui en ont le plus besoin
(1700 millions d’euros).
Le service public des CROUS est menacé
parce qu’il est considéré comme peu rentable.
Comment tolérer qu’un secteur aussi intéres-
sant que la restauration de milliers d’étudiants
Mobiliser face à l’austérité, construire un syndicat combatif
TEXTE PRÉSENTÉ PAR LA TENDANCE « POUR UN SYNDICALISME COMBATIF »
48
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
soit géré par un organisme public qui ne fait
pas de profit ? Petit à petit l’état se désengage
de la restauration étudiante ou tente de la
rendre lucrative. Le prix du ticket RU augmente
chaque année, et il devient courant de devoir
payer en carte monéo (10 euros minimum).
Les prix dans les cafétérias n’ont parfois rien à
envier à ceux du privé.
De plus en plus d’étudiants sont obligés de se
loger dans le privé et de payer des loyers ex-
cessifs car il y a trop peu de logements étu-
diants. Seuls 7 % des étudiants ayant quitté leur
domicile ont accès à une chambre en cité U.
Le gouvernement avait annoncé qu’une ré-
forme des aides sociales aurait lieu pour mettre
en place l’allocation d’autonomie. Les négo-
ciations sont en cours et nous n’avons que peu
d’éléments sur ce qui en sortira. Mais pour lui,
il n’est pas question de mettre en place une
allocation d’autonomie qui permettrait à tous
les jeunes d’être autonomes, d’avoir un reve-
nu leur permettant d’être indépendant de leurs
familles.
L’austérité pour les universités, c’est maintenant !
Les universités font face à une crise budgé-
taire sans précédent. Plus de la moitié d’entre
elles connaissent des déficits s’élevant parfois
à plusieurs millions d’euros. 14 millions d’euros
manquent à Nantes, 4,4 millions à Angers, 20
millions à Strasbourg. Derrière ces chiffres, ce
sont partout des économies qui sont faites sur
le dos des étudiants et des personnels en di-
minuant le nombre de TD et de chargés de TD,
en fermant des bibliothèques... Les étudiants
en pâtissent et sont condamnés à étudier dans
des conditions scandaleuses à plus de 70 par
classe, dans des locaux qui tombent en ruine.
Les suppressions d’options et de filières se gé-
néralisent. La sélection directe à l’entrée de
la L1 s’accroît. Les modalités de contrôle des
connaissances (MCC) sont drastiquement im-
pactées avec des suppressions de secondes
sessions, voire de partiels de première session.
Cette situation est le produit de la casse du
service public. La politique menée par les
gouvernements depuis 2002 a consisté à res-
tructurer le système universitaire, créant des
facs d’élite et des facs de proximité limitées à
dispenser des licences. Les universités et les
étudiants sont mis en concurrence les uns
avec les autres. Les diplômes délivrés sont non
seulement différents d’une université à l’autre,
mais aussi d’un étudiant à l’autre.
Les dernières réformes (Pacte pour la recherche,
Opération campus, Plan réussite en licence, ar-
rêté licence de 2011...) ont été dans ce sens :
l’offre de formations et l’organisation des univer-
sités sont soumises aux besoins des entreprises.
La loi Libertés et responsabilités des universités
(LRU) de 2007 a posé les jalons structurels de
cette concurrence en accordant l’autonomie
budgétaire aux universités. C’est la principale
cause de l’état désastreux de nos facs. Sa dan-
gerosité est aggravée par le désengagement fi-
nancier de l’état.
Le gouvernement Hollande poursuit la même
logique. Alors que toute la communauté uni-
versitaire attendait une rupture avec la LRU, la
nouvelle loi amplifie l’autonomie des universités.
Ils veulent faire de nous des précaires à vie !
La crise du système oblige la classe dominante
à se réorganiser et à réorganiser l’ensemble de
l’économie. Les attaques pleuvent sur notre
camp social : licenciements, austérité, attaques
sur les salaires…
Il s’agit de faire de la jeunesse une variable
d’ajustement sur le marché du travail. Elle oc-
cupe cette place avec des contrats précaires et
des bas salaires, qui en font une main d’œuvre
à bas coût et facile à licencier en cas de coup
dur. La jeunesse doit toujours faire face à des
contrats spécifiques comme les emplois-jeunes,
le CPE, les emplois d’avenir, etc.
Les attaques contre l’éducation répondent éga-
lement à cette logique. Il s’agit de baisser les
salaires, le « coût du travail », et de casser nos
contrats de travail, nos diplômes, nos conditions
d’études et en soumettant l’éducation aux be-
soins économiques.
La loi Fioraso : de graves dangers pour les étudiants et l’enseignement supérieur
La nouvelle loi cherche à aller plus loin dans
l’autonomie des universités, en la liant plus
fortement à l’économie. Le message est clair :
l’Enseignement supérieur doit contribuer « à la
croissance et à la compétitivité de l’économie »
mais surtout « aux besoins des secteurs écono-
miques et à leur évolution prévisible ».
Masterisation : le gouvernement poursuit la casse de la formation des maîtres
La réforme de la « masterisation » de 2009 a
conduit à une casse de la formation des pro-
fesseurs. Les nouveaux masters en ont décou-
ragé plus d’un : en plus de devoir financer deux
années d’études supplémentaires, les étudiants
se sont retrouvés à mener de front épreuves
du concours, validation du master, rédaction
du mémoire, certificats de langue et d’infor-
matique et stage en établissement. Les candi-
dats malheureux, avec un master « métiers de
l’enseignement » dont la valeur dépendait es-
sentiellement de l’université qui le délivrait, se
voyaient offrir dans le meilleur des cas un poste
de contractuel, donc de précaire, dans l’éduca-
tion nationale. L’objectif de cette réforme était
de faire des économies en cassant le statut de
fonctionnaire et en supprimant les IUFM.
Le projet du gouvernement Hollande, loin de
revenir sur la masterisation, cherche à l’amé-
nager en faisant reposer la formation des en-
seignants de tous les degrés sur les universités
et sur de nouvelles structures remplaçant les
IUFM.
Les ESPE (écoles supérieures du professorat et
de l’éducation) accueilleront les étudiants des
master « enseignement, éducation et forma-
tion » de différentes universités, mais aussi des
enseignants en formation continue. Une nou-
velle mouture du concours, avec des épreuves
« plus professionnelles » qui auront lieu en fin
de M1, sera proposée. Il n’est donc en aucun
cas question, dans ce projet, de renoncer à une
masterisation qui couple master et concours
et qui crée le problème des « reçus collés »
(étudiants ayant le concours et pas le master
ou inversement). Pire encore, les universités
seront subordonnées aux futures ESPE, gérées
par le rectorat. Elles décideront du contenu du
diplôme universitaire. Le peu de place laissé au
contenu disciplinaire dans le futur concours
contribuera à dévaloriser la formation et le mé-
tier d’enseignant. Et pour pallier le manque de
formation, Hollande a mis en place des « em-
plois d’avenir professeurs » : le but est de re-
cruter des étudiants à bac +2 issus de milieux
modestes pour travailler à mi-temps comme
prof ou « aide-prof ». Autant dire que pour les
futurs profs, ce sera marche ou crève !
49
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
• Une accentuation de la casse de nos diplômes
L’une des conséquences de la future réforme
est la procédure permettant aux universités
d’être accréditées pour délivrer un diplôme.
L’accréditation d’un établissement pour la dé-
livrance d’une offre de formation passera par
un dossier comprenant l’offre de formation
qu’il souhaite pouvoir délivrer. Un établisse-
ment ainsi accrédité sera libre de faire évoluer,
au sein des grandes mentions définies na-
tionalement, le contenu précis des diplômes
sans aucun contrôle national. Autrement dit,
l’université accréditée aura le droit de délivrer
ses diplômes et de les modifier sans passer
au préalable par le ministère, sans qu’il n’y ait
aucun contrôle sur les changements. Le seul
cadre proposé est que 50 % des crédits ECTS
attribués soient en rapport avec la mention du
diplôme. C’est déjà léger, mais c’est immé-
diatement rendu caduc quand on sait que ce
contrôle se fera a posteriori, donc une fois que
le mal sera fait !
C’est un renforcement très important de l’au-
tonomie pédagogique des établissements.
C’est la possibilité de faire évoluer le conte-
nu des formations très rapidement, y com-
pris pourquoi pas d’un semestre sur l’autre
en fonction des évolutions économiques, des
stratégies budgétaires des universités, des ef-
fectifs ou d’autres critères encore plus opa-
ques. Une licence obtenue par un étudiant
aura beau être reconnue dans une nomencla-
ture nationale, sa qualité et son contenu, se-
ront encore plus marqués par l’établissement,
voire l’année dans laquelle elle aura été obte-
nue. Les diplômes seront encore plus indivi-
dualisés. Les parcours différenciés, qui avaient
été « écartés » de l’arrêté licence de 2011 re-
viendront par la fenêtre.
L’évolution des matières est conçue en lien
avec les besoins des entreprises du bassin
d’emploi local, en fonction de l’évolution des
métiers. Il s’agit d’une régionalisation impor-
tante de l’Enseignement supérieur par le biais
de l’offre de formation. L’accréditation d’un
établissement se fera aussi sur la cohérence de
l’offre de formation territoriale. En définitive,
pour constituer les dossiers d’accréditation,
les établissements devront décider au niveau
des futurs regroupements universitaires (voir
ci-dessous).
L’offre de formation d’un établissement devra
s’inscrire dans des stratégies de compétitivité
des sites. Pour être accrédité, un établissement
devra montrer un rapport étroit entre l’offre de
formation proposée et le contrat quinquennal
budgétaire. Le SGEN-CFDT explique ainsi que
« l’établissement devra montrer le lien étroit
entre l’offre de formation qu’il propose et les
axes stratégiques de son contrat (quinquennal) :
cela peut par exemple permettre que l’état ac-
cepte le développement dans un secteur don-
né mais sous-entend que l’établissement s’en-
gage en conséquence à conduire des actions
en terme de recherche, affectation de postes,
structuration de composantes, etc. pour sou-
tenir cet axe stratégique dans le contrat à venir.
L’évaluation à postériori permettra notamment
de regarder si ces engagements ont été tenus. »
En d’autres termes : il s’agit de promouvoir la
spécialisation dans certains domaines compé-
titifs et de leur affecter les moyens nécessaires
en conséquence au détriment d’autres secteurs
moins rentables et pour lesquels la cure d’aus-
térité sera la contrepartie. L’offre de formation
est donc intrinsèquement liée à l’autonomie
budgétaire et aux stratégies développées par
les établissements dans ce cadre.
• Création de trente regroupements universitaires ou comment démanteler le service public
Avec la création de trente pôles universitaires
en France, il s’agit de regrouper les universités
sur la base d’un bassin économique en fusion-
nant les universités ou en créant des commu-
nautés scientifiques. L’objectif est de spéciali-
ser chaque université en fonction des besoins
économiques du bassin industriel. Cela créera
des mastodontes universitaires qui recevront
des budgets de plusieurs centaines de millions
d’euros, qui seront pilotés pour la compétitivité.
La compétitivité pour certains domaines de
ces regroupements universitaires s’articulera
avec l’austérité pour d’autres filières, en fonc-
tion des schémas régionaux de l’Enseignement
supérieur. Certaines universités deviendront
des sortes d’IUT s’arrêtant à la licence, quand
d’autres recevront les moyens pour développer
la recherche et des formations de pointe.
Enfin, pour les personnels, la loi propose d’or-
ganiser la mobilité à l’intérieur de ces regrou-
pements universitaires. Quand on sait que les
zones géographiques ainsi recouvertes peuvent
être de plusieurs centaines de kilomètres, on
imagine aisément la dégradation des condi-
tions de travail que cela entraînera.
• Faire de la recherche une machine à profits !
En matière de recherche, la rentabilité devient le
maître mot. Avec la notion de transfert immé-
diat des activités de recherche vers l’économie,
il faudra que les sujets de recherche répondent
aux besoins des entreprises. Pourtant, la re-
cherche devrait être à but non lucratif, pour faire
progresser la société dans son ensemble. Alors
que le gouvernement se plaint de la fuite des
cerveaux, il met en place une réforme qui va ac-
centuer ce processus car les sujets seront limités
à la recherche du profit.
Cette réforme est une nouvelle attaque qui re-
met en cause nos conditions d’études et notre
avenir dans le monde du travail. Il faut donc net-
tement nous y opposer.
Emploi des jeunes : la variable d’ajustement...
60 000 licenciements en 2012 et d’autres qui
sont déjà prévus pour 2013, taux de chômage
important chez les jeunes... Dans une telle situa-
tion notre avenir est incertain.
Le gouvernement propose d’accentuer la pré-
carité. La généralisation du recours aux stages
dans les différents cursus ou encore les emplois
d’avenir sont des exemples frappants. Il s’agit
d’emplois pour les jeunes issus des « zones sen-
sibles », pouvant être signés comme des CDI ou
des CDD avec une aide de l’état pendant trois
ans à hauteur de 75 % du salaire (SMIC) pour le
secteur non marchand et 35 % pour le secteur
marchand. C’est un cadeau pour les entreprises :
trois ans d’emploi aidé, puis le licenciement car
les patrons pourront bénéficier d’un nouveau
salarié dont ils ne paieront pas l’entièreté du
salaire. Cela a déjà commencé avec le licencie-
ment de certains emplois d’avenir au mois de
décembre.
Les promesses à la jeunesse d’Ayrault le 21 fé-
vrier vont dans le même sens. Les jeunes au
chômage pourront toucher le RSA seulement
s’ils s’engagent à accepter le premier contrat
qu’on leur propose, peu importe qu’il soit pré-
caire, sans lien avec leur formation.
Il s’agit d’une offensive qui fait croire que les
jeunes sortis des études sont moins capables de
travailler, alors qu’ils fournissent exactement la
même quantité de travail.
Le nouvel accord national interprofessionnel
(ANI) donne la possibilité aux patrons de baisser
50
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
les salaires et/ou d’augmenter le temps de travail
pendant une certaine période. Les licenciements
seront facilités. L’entreprise pourra exiger d’un
salarié un déplacement géographique sur un
autre site ou un autre secteur de l’entreprise. Si
celui-ci refuse, il sera licencié pour « faute per-
sonnelle ». C’est une régression sans précédent
du droit du travail.
Pour les étudiants d’aujourd’hui, ça veut dire la
précarité à vie et sans droits demain ! Il est temps
de rejeter toutes ces contre-réformes et d’im-
poser une autre logique !
une stratégie syndicale combative contre l’austérité de « gauche »Un an après l’arrivée de Hollande, le bilan de sa
politique est clair : les seules promesses tenues
ont été celles en faveur des riches et du patro-
nat. Il poursuit la politique de la droite dans tous
les domaines. La crise allant en s’aggravant, les
exigences des classes dirigeantes se font de plus
en plus importantes.
Ceux qui juraient contre la « TVA sociale » de
Sarkozy ont accepté l’augmentation des taux
de TVA et l’économie de 10 milliards d’euros
supplémentaire sur les services publics ! Ils ont
accordé 20 milliards d’euros de crédits d’impôts
aux entreprises via le pacte de compétitivité.
Le crédit d’impôt recherche permet aux plus
grands licencieurs du moment (PSA, Sanofi…) de
bénéficier de 5 milliards d’euros pris directement
sur le budget de l’Enseignement supérieur, alors
que les universités subissent une cure d’austérité
drastique.
L’ANI est simplement retranscrit dans la loi
comme produit des prétendus bienfaits du dia-
logue social. C’est en s’appuyant sur une mé-
thode de concertation avec les directions syn-
dicales que le gouvernement fait accepter des
reculs sociaux majeurs. Pour les syndicats et le
mouvement social, il faut rompre avec l’accom-
pagnement des réformes et s’opposer à la poli-
tique du pouvoir qui vise à faire payer la crise aux
jeunes et aux salariés.
La politique raciste et sécuritaire menée sous
Sarkozy se poursuit. Valls, qui aurait pu figurer
dans le gouvernement précédent, se félicite
d’expulser plus de sans-papiers que la droite. Il
stigmatise les Rroms, démantèle les camps, et
tient également un discours islamophobe et ra-
ciste.
À ceux et celles qui remettent en cause sa po-
litique, des salariés en lutte contre les licen-
ciements aux écologistes à Notre Dames des
Landes, le gouvernement oppose la répression
judiciaire et policière. Le gouvernement du
changement aurait dû amnistier ceux qui ont lut-
té contre la politique de Sarkozy, il n’en est rien.
Le combat contre la répression du mouvement
social garde toute son actualité. L’enjeu est d’ad-
ditionner les forces, de faire converger les ini-
tiatives autour d’une mobilisation pour l’amnistie
de tout les militants du mouvement social. Dans
les universités, nous devons aussi lutter contre la
remise en cause des libertés syndicales, contre
la répression des syndicalistes étudiants.
Face à l’austérité de « gauche », il faut une orien-
tation combative pour inverser les rapports de
forces en faveur des étudiants et du monde du
travail. La simple interpellation ou la négociation
avec les différents ministères ne peuvent suf-
fire, surtout en période de crise économique.
La construction d’un rapport de forces suffisant
pour imposer nos revendications passe néces-
sairement par une mobilisation majoritaire des
étudiants, une grève nationale pour nous affron-
ter à l’austérité dans les universités. Notre stra-
tégie syndicale doit donc mettre en avant des
revendications claires pour la mise en action des
étudiants eux-mêmes.
S’opposer sans concession aux réformes libérales pour imposer nos revendications
L’UNEF doit agir avec pour seule boussole la
défense des intérêts matériels et moraux des
étudiants. Ce n’est pas la couleur politique du
gouvernement qui détermine a priori nos reven-
dications. L’UNEF s’oppose sans concession aux
réformes libérales de l’Enseignement supérieur et
de la recherche. Nous revendiquons donc l’abro-
gation des contre-réformes de l’ère Sarkozy, à
commencer par la LRU, loi structurelle qui a per-
mis la déréglementation aggravée du service pu-
blic. Nos revendications contre les fusions d’uni-
versités, contre la casse des diplômes, contre
les financements privés et les financements sur
appels à projets gardent toute leur actualité sous
le gouvernement Ayrault car il poursuit la même
politique. L’UNEF ne peut pas revendiquer moins
sous Hollande que sous Sarkozy !
Nous sommes opposés à l’autonomie des uni-
versités, tant sur le plan budgétaire que péda-
gogique. L’autonomie accentue la concurrence,
empêche la mise en place de diplômes natio-
naux reconnus sur le marché du travail, vise à
adapter l’Enseignement supérieur et la Re-
cherche aux besoins de l’économie. Combattre
l’austérité dans les universités veut dire com-
battre l’autonomie budgétaire et pédagogique
des universités.
La loi Fioraso vise à lier plus fortement l’univer-
sité à l’économie, à adapter l’offre de formation
à l’autonomie budgétaire, à articuler les logiques
de compétitivité et d’austérité dans l’Enseigne-
ment supérieur. Cette loi va donc aggraver la si-
tuation dans les universités et pour les étudiants.
L’UNEF cherche donc à construire une mobili-
sation victorieuse pour le retrait de ce projet de
loi et se bat pour imposer son projet syndical
alternatif autour de trois axes revendicatifs es-
sentiels :
1- défense du service public
2- des diplômes nationaux de qualité reconnus
sur le marché du travail
3- mise en protection social de la jeunesse
• Contre l’austérité sur les universités, défendons le service public
Les restrictions budgétaires poussent à intro-
duire de la sélection directe ou des capacités
d’accueil empêchant l’inscription d’étudiants
dans la filière de leur choix. L’Enseignement su-
périeur doit être ouvert à tous. Cela veut dire
l’absence de toute forme de sélection, donc la
fin du système pré-sélectif d’Admission post-
bac (APB) qui décourage un certains nombre de
lycéens de s’inscrire dans la filière ou l’université
de leur choix. Les étudiants étrangers doivent
pouvoir effectuer en toute tranquillité leurs
études. Une carte d’étudiant doit valoir un titre
de séjour.
Les suppressions d’options ou de filières re-
mettent en cause la qualité de l’enseignement,
de même que les suppressions de postes de
personnels. Au contraire, il faut renforcer un
encadrement pédagogique de qualité et des
conditions d’études décentes, au travers d’un
plan pluriannuel de recrutement de personnels
enseignants et BIATOSS en fonction des besoins.
Contre l’autonomie qui induit une répartition
inégalitaire des moyens, nous revendiquons un
51
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
fléchage national des budgets. Contre la régio-
nalisation de l’Enseignement supérieur, nous
exigeons la répartition égale des missions de
l’éducation sur l’ensemble du territoire.
Contre les financements privés, nous revendi-
quons un financement 100 % public de l’Ensei-
gnement supérieur. Défendre le service public,
c’est refuser la gestion de la pénurie à moyen
constant, c’est se prononcer pour un réenga-
gement budgétaire de l’état. Cela ne doit pas se
faire en fonction de critères de rentabilité (ob-
jectifs/résultats) mais en fonction des besoins
réels des étudiants et des universités.
Enfin le service public doit être géré démocra-
tiquement. Les premiers concernés (étudiants,
personnels) doivent prendre des décisions qui
puissent être souveraines et non plus consulta-
tives.
• Pour des diplômes nationaux, de qualité, reconnus sur le marché du travail
Ce qui est en jeu à travers la qualité de nos di-
plômes, c’est la possibilité d’avoir des garanties
sur le marché du travail en termes de salaires
et de conditions de travail. Il faut nous opposer
frontalement à ces politiques de déqualification
de la jeunesse qui ont cours depuis plusieurs an-
nées.
Le développement des formations en alternance
vise essentiellement à fournir une main d’œuvre
bon marché au patronat et à lui permettre de ne
pas embaucher sur des postes stables. Cela re-
met en cause la possibilité pour chaque jeune
de bénéficier d’une formation initiale de qualité.
La professionnalisation constitue depuis plu-
sieurs années l’axe principal de dégradation de
la qualité des diplômes. Elle s’organise autour
de deux axes : le développement des diplômes
professionnels qui sont directement adaptés au
besoin des entreprises (licences professionnelles
Danone ou Crédit mutuel) ; modifier le contenu
des diplômes généraux en remplaçant des UE
disciplinaires par des modules de profession-
nalisation comme des stages, la rédaction de
CV, etc. La professionnalisation vise à adapter
le contenu des formations aux besoins à court
terme des entreprises.
Mais les entreprises n’ont pas simplement besoin
d’une main d’œuvre spécialisée pour occuper
des postes très précis. Il leur faut aussi pouvoir
embaucher des salariés qui possèdent un en-
semble de compétences plus diversifiées, pour
être exploitables plus facilement dans la durée.
C’est le sens du développement de la pluridisci-
plinarité. Elle abaisse fortement l’enseignement
disciplinaire pour le remplacer par de multiples
enseignements parcellaires, sans cohérence
d’ensemble, mais facilement transposables en
compétences et savoir-faire sur le marché du
travail. Il s’agit d’une sorte de portefeuille de
compétences qui vient remplacer des forma-
tions disciplinaires de qualité. Il n’est plus rare
de voir des licences dont moins de la moitié des
enseignements de L1 voire de L2 est en rapport
avec la mention.
Le gouvernement mise sur une continuité bac -2
bac +3 pour en faire un cycle cohérent et ho-
mogène. La pluridisciplinarité fait que dans
certaines filières seule la L3 est une année de
spécialisation. Avec l’incitation à faire de la li-
cence un diplôme de fin d’études, d’insertion
sur le marché du travail, l’idée est de faire qu’une
masse d’étudiants s’arrêtent au bac +3 en ayant
six années d’enseignements le moins discipli-
naires possible pour les adapter facilement à
des besoins économiques très fluctuants avec
la crise. Des salariés kleenex, mais suffisamment
formés pour être exploitables !
La mise en place d’un cadrage national des di-
plômes est évidemment contradictoire avec
l’individualisation des formations. Les parcours
de formation différenciés en fonction du niveau
ou des orientations individuelles des étudiants
renforcent le développement de diplômes à la
carte, empêchant tout cadre national des di-
plômes de voir le jour. Ainsi, le renforcement
de l’autonomie pédagogique qui résultera de la
procédure d’accréditation de l’offre de forma-
tion de la future loi accentuera ce phénomène.
Les diplômes seront ainsi encore plus individua-
lisés qu’auparavant. Expliquer que la loi consti-
tue le cadrage national des diplômes est une
entourloupe. S’appuyer dessus pour donner une
appréciation positive de l’ensemble de la loi est
dramatique au vu des reculs qui vont s’opérer.
À l’opposée de ces logiques, il faut défendre
des diplômes de qualité : accessibles à tous, qui
donnent des connaissances disciplinaires, un
esprit critique réel. Il faut défendre une logique
d’acquisition de connaissances plutôt que d’ac-
cumulation de compétences, qui constituent
des savoir-faire parcellaires validés par une en-
treprise mais liés uniquement à l’exercice d’un
poste de travail. Pour que nos diplômes aient
une valeur reconnue partout dans la société,
il faut remettre en œuvre un cadrage national
des diplômes permettant que l’ensemble des
diplômes donnent accès à des qualifications
reconnues dans les conventions collectives.
Ces qualifications doivent garantir un niveau de
rémunération et des droits précis en termes de
conditions de travail.
• Contre la précarité et le salariat étudiant : un salaire socialisé d’autonomie pour mettre en sécurité sociale la jeunesse
Face à la précarité étudiante, nous revendiquons
la mise en sécurité sociale de la jeunesse. Cela
signifie pouvoir bénéficier d’un véritable statut
social en tant que jeunes travailleurs en forma-
tion.
Dans ce sens, nous revendiquons le création
d’une allocation d’autonomie conçue comme
un pré-salaire de la même manière que les re-
traites sont un salaire différé. Cette allocation
d’autonomie doit être universelle, pour garantir
à chaque jeune de pouvoir en bénéficier quelle
que soit sa situation, et à hauteur du SMIC car
c’est le minimum aujourd’hui pour vivre décem-
ment.
Pour financer cette allocation et la mise en
place d’un statut social, nous voulons la création
d’une nouvelle branche de la Sécurité sociale,
la branche jeunesse, pour disposer d’une caisse
d’assurance sociale. Cette nouvelle caisse de la
Sécurité sociale serait financée intégralement
par des cotisations sociales. Cela suppose une
hausse des salaires actuels pour tous les salariés.
Notre combat est donc immédiatement lié à ce-
lui des salariés. Nous refusons que cette aide soit
individualisée de la même manière qu’il semble-
rait absurde à tout syndicaliste d’individualiser
les salaires en fonction de la situation propre de
chaque travailleur. Cela correspond également
à notre volonté d’émanciper les jeunes de leurs
familles.
Dans l’immédiat, nous combattons pour toutes
les mesures permettant d’améliorer la situation
des étudiants. Nous exigeons la revalorisation
et l’extension des bourses sur critères sociaux.
Nous voulons le retour à un financement pari-
taire du ticket de restauration universitaire entre
l’état et les étudiants pour en faire baisser le prix.
Il faut permettre l’accès à la culture et aux trans-
ports gratuits pour les étudiants.
Face à la pénurie de logement étudiant et à l’in-
salubrité de nombreuses cités universitaire, nous
voulons la rénovation des chambres en cité-U
avec gels des loyers et un plan de construction
de logements étudiants en fonction des besoins,
pour que chaque jeune ait accès à un logement.
52
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
Ces mesures nécessitent de changer radicale-
ment la répartition des richesses dans le pays.
Il faut prendre l’argent sur les profits qui ne
cessent de croître malgré la crise. La mise en
sécurité sociale de la jeunesse est une question
de rapport de forces face à ceux qui détiennent
les richesses.
Nous nous battons pour le maintien du régime
étudiant de sécurité sociale. Il constitue l’une
des bases matérielles de l’existence d’un statut
d’étudiant et participe en ce sens à la construc-
tion d’un véritable statut social. Nous refusons de
voir les assurances privées s’emparer d’un nou-
veau marché. Mais l’UNEF ne peut se contenter
de la situation actuelle, où une certaine opacité
se mêle à un problème de manque de moyens
importants, entraînant un retard dans une série
de prestations sociale.
L’UNEF affirme que la santé des étudiants n’est
pas une marchandise. Chacun doit être protégé
à la hauteur de ses besoins et accéder aux soins
gratuitement.
Être à l’initiative pour mobiliser les étudiants et construire le rapport de force
Les gouvernements se suivent et les attaques
contre nos diplômes et le service public d’En-
seignement supérieur se ressemblent. En dépit
des mobilisations qui ont pu se développer dans
un certain nombre d’universités et qui ont par-
fois pu arracher des victoires locales, la situation
d’ensemble des étudiants continue de se dégra-
der.
Nous ne pouvons pas laisser les droits des étu-
diants être détruits les uns après les autres sans
une réaction à la hauteur. Nous devons chercher
par tous les moyens à riposter et à imposer un
projet alternatif.
• Une stratégie syndicale pour gagner : des luttes quotidiennes à la construction d’un mouvement d’ensemble
Pour reconstruire largement la conscience de
la nécessité de s’organiser collectivement pour
agir, il n’y aura pas de raccourci. Il faudra des
démonstrations à grande échelle, des luttes
d’ampleur. Mais la première tâche est de faire la
démonstration de l’utilité de l’organisation col-
lective et du syndicat.
L’UNEF doit être en capacité d’agir au quotidien
pour la défense des droits des étudiants. Elle doit
peser sur la réalité en obtenant des victoires sur
les questions les plus concrètes et immédiates
(pouvoir d’achat en baisse, frais d’inscription qui
augmentent, suppressions de TD et de filières,
problèmes d’inscription, de bourse…). Ce n’est
que par la résolution la plus systématique des
problèmes que rencontrent l’ensemble des étu-
diants tout au long de l’année, que nous ferons
la démonstration dans la pratique que ce n’est
que par l’organisation et la lutte collective que
l’on peut défendre nos droits ou en gagner de
nouveaux (campagnes SOS examens, SOS ins-
criptions, problèmes de bourses, de logement...).
Nous devons construire pas à pas un rapport de
forces suffisant pour obtenir enfin des victoires
significatives. Nous devons chercher partout où
c’est possible à œuvrer à la convergence des
luttes, les unifier. C’est une condition pour réussir
à imposer nos revendications. Une lutte contre
l’austérité dans une seule fac ne peut pas ga-
gner d’amélioration significative. Pour atteindre
une force suffisante, il faut qu’elle se lie avec les
autres étudiants et personnels des autres uni-
versités, avec les autres secteurs qui se battent
contre la dégradation de leurs conditions. C’est
un principe de base du syndicalisme : à cent, on
est plus fort que seul.
Il faut nous appuyer sur toutes les initiatives qui
existent (journées d’action posées par les syndi-
cats, campagnes idéologiques, assemblées gé-
nérales, etc.), mais aussi en impulser dans nos
facs, y faire participer un maximum d’étudiants
en liant les revendications du monde du travail à
celles que l’on porte dans notre milieu. C’est ce
que nous essayons de faire actuellement en im-
pulsant des mobilisations étudiantes contre les
conséquences de la crise budgétaire et contre
la nouvelle loi.
Nous tentons de faire le pont entre ce qui se
passe dans les facs qui subissent l’austérité et la
loi cadre et les salariés qui eux aussi subissent
l’austérité avec les licenciements, les fermetures
de boites et l’ANI. Nos intérêts sont liés à ceux du
reste de la population, aux salariés. Pour changer
la donne et ne plus subir la crise et la rigueur, il
faut nous battre ensemble, et au même moment
pour arrêter la machine du quotidien.
Il n’y a pas de solution clé en main pour répondre
aux besoins de notre camp social, mais les expé-
riences du passé montrent que seule l’implica-
tion du plus grand nombre dans un mouvement
d’ensemble peut être à même d’inverser le rap-
port de forces en notre faveur. C’est seulement
quand il y a un arrêt commun du train-train
quotidien que les choses changent ; quand les
grèves se généralisent à plusieurs secteurs qui
s’arrêtent et font grève en même temps, le sort
de tout le monde s’améliore, y compris celui des
étudiants. C’est cette perspective de la grève gé-
nérale que nous défendons pour changer notre
sort à nous, étudiants, mais surtout pour chan-
ger le sort de tout le monde. Nous nous lions
avec les travailleurs parce qu’ils ont la force de
bloquer l’économie.
Notre boussole est la défense des intérêts maté-
riels et moraux des étudiants en tant que jeunes
travailleurs intellectuels en formation ayant donc
les mêmes intérêts que l’ensemble de la classe
ouvrière, dont la meilleure arme pour construire
le rapport de forces est la grève.
• Notre politique dans les mobilisations
Il faut défendre des perspectives qui permettent
de gagner, car la victoire n’est pas automatique.
Nous cherchons à construire des mobilisations
de masse et majoritaires chez les étudiants.
Nous partons des questions les plus immédiates
pour expliquer la logique d’ensemble. Nous
cherchons en permanence l’unité la plus large.
Il faut, dès que possible, créer des liens entre
les questions concrètes pour montrer la logique
des attaques actuelles et la nécessité d’y ré-
pondre. Lorsque différentes universités sont en
lutte, nous devons expliquer à tous les étudiants
la logique des réformes, nous devons pous-
ser à ce que ces luttes s’unifient. Lorsque plu-
sieurs universités luttent, nous devons montrer
que leur lutte est commune. L’opposition entre
« facs-poubelles » et « pôles d’excellence », la
sélection sociale sont des phénomènes large-
ment perçus par les étudiants. À nous de mon-
trer que cela passe par les réformes et qu’il faut
lutter contre pour construire une grève natio-
nale à même de renverser le rapport de forces.
Nous défendons et construisons l’auto-organi-
sation dans les mobilisations. Pour des raisons
tant démocratiques que d’efficacité, les pre-
miers concernés doivent décider et agir. Nous
poussons à la tenue d’assemblées générales qui
se structurent localement et nationalement en
coordination.
L’auto-organisation doit permettre à l’ensemble
des étudiants de se saisir des enjeux de la situa-
tion et de la mobilisation, ainsi que de pouvoir
décider tous ensemble de la totalité des ques-
tions relatives à la mobilisation. La massifica-
53
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
tion d’une mobilisation passe par la prise en
charge par la majorité des étudiants de leurs
propres affaires. Pour permettre aux étu-
diants d’écrire leurs propres tracts, de fixer
leurs propres rythmes, nous devons déve-
lopper des comités de mobilisation ouverts
à tous ceux qui veulent mener de l’activité.
Construire l’auto-organisation, cela ne veut
pas dire que le syndicat se dissout devant la
mobilisation, mais simplement qu’il respecte
les formes d’organisation dont elle se dote
(AG, coord…) et les mots d’ordre et rythmes
décidés par ces cadres.
Se doter d’un plan d’action pour mobiliser contre la loi Fioraso et l’austérité dans les universités
L’enjeu du congrès est de positionner le syn-
dicat pour préparer une riposte à la hauteur
des enjeux. Le semestre qui vient doit nous
permettre de partir des questions concrètes
(TD surchargés, filières fermées, suppressions
des rattrapages…) pour expliquer largement
aux étudiants les conséquences désastreuses
de la nouvelle réforme des universités.
Au niveau local, l’UNEF doit mener des ba-
tailles autour de revendications précises pour
améliorer la situation des étudiants : réou-
verture des TD et des filières fermés, refus de
la sélection dans telle licence, maintien des
rattrapages… Ce serait un premier pas vers
un mouvement capable de contrer l’austérité
dans les universités.
Ces batailles locales peuvent aboutir à une vic-
toire dans une universités ou une filière mais
ne suffiront pas pour gagner nationalement.
L’UNEF doit donc impulser une campagne
nationale : « Pas d’austérité à l’université ! ».
Elle articulerait les questions de conditions
d’études et de budgets : arrêt de l’autonomie
financière, budget 100 % public à hauteur des
besoins, mise en place de diplômes nationaux
de qualité reconnus dans le monde du travail.
Cette campagne doit donc exiger le retrait de
la nouvelle réforme qui décuple l’autonomie
des universités et aggrave l’austérité. Pour
unifier les luttes locales, l’UNEF doit proposer
des perspectives autour de dates nationales
de mobilisation en lien avec les personnels
de l’Enseignement supérieur et de l’éducation
nationale, afin de poser les jalons d’un mou-
vement étudiant d’ampleur.
L’UNEF doit sortir un matériel pour permettre
à toutes les équipes militantes d’expliquer les
menaces liées à la réforme des universités :
tracts, affiches et analyses. Cette campagne
doit porter les revendications de l’UNEF : fin
de l’autonomie des universités, retrait du pro-
jet de loi Fioraso et abrogation de la LRU, ca-
drage national des diplômes pour qu’ils soient
reconnus sur le marché du travail, arrêt des
regroupements et des fusions universitaires,
un budget 100 % public en fonction des be-
soins de chaque université, un plan plurian-
nuel de recrutement de personnels.
construire le syndicat de tous les combats
Placer les étudiants dans le camp des travailleurs
La charte de Grenoble définit l’étudiant
comme « un travailleur intellectuel en for-
mation ». En tant qu’étudiants, nous avons
des intérêts spécifiques mais également aussi
communs à ceux des salariés.
L’UNEF se réclame donc du mouvement ou-
vrier et affirme que la défense des intérêts des
étudiants est en adéquation avec les intérêts
des salariés. La victoire d’ampleur contre le
CPE en 2006 a été rendue possible par la mo-
bilisation des premiers concernés, les jeunes,
mais surtout par celle des salariés.
Avec la crise, les conditions de vie tendent à
se dégrader pour tous et toutes. L’austérité
est une attaque envers l’ensemble de la classe
ouvrière. La dégradation des conditions de
vie et des conditions d’études est à mettre en
parallèle avec la fermeture des centres IVG
comme celui de l’hôpital Tenon à Paris ou le
refus de la part du gouvernement Ayrault de
nationaliser Arcelor-Mittal, ce qui aurait per-
mis la sauvegarde de milliers d’emplois. Les
restrictions budgétaires précarisent les étu-
diants qui font partie intégrante du camp des
travailleurs. Pour inverser le rapport de forces
il est nécessaire de lutter avec les autres sec-
teurs du monde du travail.
Un syndicat internationaliste, contre les guerres impérialistes
Forte de sa tradition internationaliste, fondée
dans l’opposition à la guerre d’Algérie et dans
le combat pour le droit à l’indépendance et
à l’autodétermination du peuple algérien,
l’UNEF conserve de nombreux liens inter-
nationaux. Il s’agit des syndicats étudiants
européens, mais aussi des mouvements qui
se battent dans les pays du Sud. Ces liens,
comme ceux entretenus avec l’Union géné-
rale des étudiants palestiniens (GUPS) sont
primordiaux : ils nous permettent de com-
battre les méfaits de notre propre impéria-
lisme.
L’impérialisme se caractérise par l’interven-
tion d’une puissance étrangère hors de ses
frontières pour trouver de nouveaux débou-
chés, pour bénéficier de faibles prix sur les
matières premières ou pour contrôler des
lieux stratégiques. De telles exactions ont des
conséquences désastreuses sur les sociétés
et donc bien évidement sur les conditions de
vie et d’études des étudiants de ces pays.
Voilà le rôle des interventions armées et des
guerres déclenchées par l’OTAN ou ses al-
liés. Les puissances impérialistes n’engagent
pas des frais militaires considérables pour les
beaux yeux de la démocratie. Sinon, com-
ment expliquer le soutien inconditionnel aux
anciens régimes dictatoriaux tunisien, égyp-
tien, libyen ou encore syrien accordés des
décennies durant par les gouvernements
français ? Les récentes guerres au Moyen-
Orient ont appauvri les populations locales
et renforcé la légitimité des forces réac-
tionnaires. être internationaliste, c’est être
convaincu que les luttes démocratiques et
féministes ne peuvent être menées que par
les peuples eux-mêmes et refuser toute in-
tervention armée.
C’est pour cela que l’UNEF doit s’opposer à
la guerre française au Mali. Les djihadistes
ont pu causer leurs ravages au nord Mali en
s’appuyant sur un situation où la population
vit dans la misère causée par les plans de
restructuration économique imposés par le
FMI dans les années 1980. Ils ont ravagé les
économies locales, brisé les coopératives de
coton et engendré un chômage de masse qui
a permis aux forces obscurantistes de s’im-
planter. Les intégristes se sont également ap-
puyés sur la répression que vit la population
touareg avec la complicité de la CDAO et de
l’état français. Ils se sont emparés des armes
laissées par Kadhafi suite à l’intervention de
l’OTAN en Libye. Il est illusoire de croire que
l’état français intervient pour promouvoir les
droits de l’homme quand on sait qu’il est à
54
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
l’origine de la situation actuelle. S’il intervient,
c’est bien pour protéger les mines d’uranium
d’Areva au Niger et pour défendre les inté-
rêts des entreprises françaises installées au
Mali. Cette intervention pousse le conflit à
s’étendre dans la région.
Plutôt que d’investir des sommes folles pour
défendre les intérêts des actionnaires d’Are-
va, le gouvernement devrait placer cet argent
dans notre éducation.
Agir contre toutes les oppressions
• Mariage pour tous et toutes : tant que le PS recule, les réacs avancent !
Après des années de luttes des lesbiennes,
gays, bi, trans et intersexes (LGBTI), le parle-
ment a voté la loi donnant accès à l’adoption
et au mariage pour tous les couples. Si l’UNEF
a pris sa place dans cette mobilisation, il est
regrettable qu’elle n’ait pas cherché à faire le
lien avec sa campagne sur l’allocation d’auto-
nomie. L’indépendance financière permet de
faire ses propres choix de vie et de sexuali-
té. S’émanciper de sa famille signifie souvent
s’émanciper d’un cadre d’oppressions.
Alors que les pires propos homophobes dé-
ferlaient au parlement et dans toute la société,
Hollande a préféré faire un compromis avec
les réactionnaires en reculant sur la procréa-
tion médicalement assistée (PMA). Dans cette
brèche se sont engouffrés les Frigide Bardot
et autres homophobes et organisations d’ex-
trême droite. La lutte LGBTI ne s’arrête pas
au mariage. L’UNEF doit être à l’initiative pour
continuer à construire le rapport de forces,
seul moyen de combattre les réactionnaires
et d’imposer l’égalité réelle. En s’appuyant sur
les centaines de milliers de manifestants des-
cendus dans la rue pour l’égalité, l’UNEF doit
appeler aux nouvelles journées de manifesta-
tions qui auront lieu pour la PMA et contre les
réactionnaires qui veulent revenir sur le ma-
riage pour tous. Elle doit préparer activement
la Marche des fiertés.
• Mener le combat féministe
La crise frappe encore plus durement les
femmes. Au nom de la réduction du déficit
budgétaire, les services publics sont de plus
en plus mis à mal, obligeant les femmes,
notamment les plus précaires, à prendre en
main des tâches qu’elles effectuent gratuite-
ment (tâches ménagères, garde d’enfants...).
Dans les universités, cela se traduit par une
inégalité dans la poursuite des études. Si les
femmes sont légèrement majoritaires en li-
cence et master, la tendance s’inverse à partir
du doctorat. Elles sont aussi nettement plus
présentes dans des filières de lettres ou de
sciences humaines, de plus en plus menacées
par les restrictions budgétaires. Elles doivent
parfois cumuler vie familiale, professionnelle
et étudiante, les pénalisant de fait dans la
poursuite de leurs études. Mais l’oppression
des femmes ne s’arrête pas là. Chaque jour,
elles subissent des violences, des remarques
sexistes qui rappellent que la lutte féministe
est toujours d’actualité.
L’UNEF doit donc être à la pointe du combat
féministe dans les universités, en se saisis-
sant des dates qui existent déjà comme le 8
mars ou le 25 novembre (contre les violences
faites aux femmes), en organisant d’autres
événements sur ce sujet dans nos universités
(rassemblements, réunions publiques, confé-
rences...) ou encore en intégrant cette ques-
tion à nos différentes campagnes comme
celle sur les déficits budgétaires des facs.
Mais le syndicat doit également mener des
batailles pour l’ouverture de crèches dans
les facs, de centres d’accueil pour les étu-
diantes victimes de violences, d’accès gratuit
à la contraception dans les services médicaux
qui doivent systématiquement exister dans
chaque université.
• L’égalité des droits ne se divise pas
Les étudiants étrangers ont vu leur statut
se dégrader continuellement en dix ans de
droite raciste. Valls avance, comme le dit la
LDH, tel une « pâle copie de la lignée Hor-
tefeux-Guéant ». S’il a abrogé la circulaire
Guéant (réduisant la possibilité pour un étu-
diant étranger de passer du statut d’étudiant
à celui de salarié), il n’a ensuite rien fait pour
améliorer le statut des étudiants étrangers. Ils
doivent prouver qu’ils ont 7000 euros chaque
année pour pouvoir rester en France, dépen-
ser chaque année le double d’un étudiant
français pour s’inscrire et renouveler leurs
papiers, passer par une procédure discrimi-
nante (la DAP) pour s’inscrire en L1 et L2. Les
obligations de quitter le territoires français
(OQTF) continuent d’affluer et les expulsions
de sans-papiers, y compris d’étudiants, ont
augmenté de 14 % en 2012. Mener de vraies
batailles pour gagner des droits face à Valls
est d’autant plus nécessaire que sa politique
accentue le climat raciste et xénophobe dans
la société.
L’UNEF agit pour construire la mobilisation de
tous les étudiants autour de revendications
claires, tout en encourageant l’auto-organi-
sation des étudiants étrangers comme dans le
collectif récemment créé à Paris 8. Cela veut
dire que nous nous battons pour la régula-
risation de tous les sans-papiers et qu’une
carte d’étudiant donne directement accès à
un titre de séjour, mais aussi à tous les mêmes
droits que les étudiants français (logement,
sécurité sociale, aides sociales...).
construire le syndicat de tous les étudiants
Une certaine disponibilité à s’engager et à se
battre pour la justice sociale existe dans le
milieu étudiant. Mais le niveau d’organisation
collective y est très faible. Moins de 1 % des
étudiants sont syndiqués. L’immense majori-
té, y compris ceux qui se sont mobilisés ces
dernières années, ne sont pas à l’UNEF. On ne
peut se contenter de l’expliquer par le renou-
vellement générationnel permanent dans les
universités.
L’UNEF doit se pencher sur les raisons pro-
fondes de cette situation parce que notre ob-
jectif est de construire un syndicat de masse.
Il y a un lien direct entre l’orientation du syn-
dicat, sa pratique quotidienne et sa capacité à
organiser massivement le milieu étudiant.
Faire du syndicalisme, être utile au quotidien.
Notre première responsabilité est de faire
du syndicalisme de base sur les problèmes
les plus concrets des étudiants. Comment
convaincre un étudiant de se battre contre
telle ou telle réforme si l’on n’est pas capable
de résoudre son problème de bourse ou
d’examen ? Ce type de campagne permet de
s’adresser à l’ensemble des étudiants à partir
de leurs préoccupations immédiates et de ré-
soudre par l’action collective des problèmes
du quotidien.
Cela signifie qu’il faut expliquer en quoi le
manque de moyens dans une université à un
impact direct sur les conditions d’examens
ou d’études (plus de polycopié gratuit par
exemple). Souvent, les problèmes individuels
55
Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
sont liés à des enjeux plus généraux qui né-
cessitent un rapport de forces passant par
une mobilisation collective. La seule force du
syndicat ne suffit pas à gagner des avancées
sérieuses et durables.
Trop souvent, les campagnes du syndicat se
contentent d’être idéologiques, déconnec-
tées des réalités quotidiennes. La direction
actuelle de l’UNEF confond le syndicat et
le rapport de forces étudiant. Cela amène à
des campagnes monotones, centrées sur le
même type d’activité (4 pages, affiche, péti-
tions) qui n’entraînent aucun étudiant dans
l’action. Des franges d’étudiants parfois im-
portantes n’en voient d’ailleurs pas l’utilité
réelle et doutent donc de l’utilité de l’UNEF.
L’activité syndicale repose souvent sur un
rythme effréné, où seuls ceux qui peuvent
militer tout les jours, voire toutes les heures,
peuvent s’emparer réellement de l’activité.
Elle reste gérée par une poignée de cama-
rades localement. Militer à l’UNEF ne doit
pas être contradictoire avec le fait d’aller en
cours ! Sinon on ferme les portes de l’activité
syndicale au plus grand nombre et on entre-
tient la déconnexion entre les militants et des
adhérents passifs. S’il est normal que certains
s’investissent plus que d’autres et qu’une di-
rection d’AGE doive entraîner le reste de la
section syndicale, cela doit permettre à tous
de s’emparer de l’activité du syndicat.
Il faut faire des collectifs d’AGE des espaces
décisionnels d’élaboration collective de l’ac-
tivité, organiser des temps de formations syn-
dicales. Si la construction d’un syndicat de
masse ne se fera pas du jour au lendemain,
il faut en tout cas rompre avec les pratiques
syndicales actuelles de l’UNEF, où les mili-
tants fonctionnent en vase clos, séparés de la
majorité des étudiants.
Prendre ses responsabilités pour œuvrer à la réunification syndicale
Douze ans après le congrès de réunification
entre l’UNEF-ID et l’UNEF-SE, la diversité de
sensibilités regroupées au sein de l’UNEF s’est
amoindrie. Le syndicalisme étudiant ne peut
se payer le luxe de la division. L’unité est un
besoin fondamental : unité dans l’action mais
aussi d’organisation collective pour défendre
nos droits les plus élémentaires. Plus nom-
breux sont les syndicats, moins bien sont dé-
fendus les étudiants.
La fusion entre SUD-étudiant et la FSE pour
fonder Solidaires-étudiant-e-s est une bonne
nouvelle, que l’UNEF ne peut pas ignorer. Plus
largement, il existe des équipes syndicales ou
associatives au niveau national comme au ni-
veau local dont l’objectif est également la dé-
fense des étudiants. On ne peut se contenter
de dire que l’UNEF étant le syndicat majori-
taire, il appartiendrait aux autres courants de
la rejoindre.
En tant que principale organisation, l’UNEF
se doit d’être à l’initiative d’une reconstruc-
tion et d’une recomposition du syndicalisme
étudiant. En premier lieu, nous devons tendre
dès que cela est possible à l’unité d’action.
Dans toutes les universités, il faut chercher à
construire des cadres réguliers avec les autres
organisations, pour discuter d’abord d’activi-
tés concrètes et, pourquoi pas, ensuite, des
possibilités de se regrouper dans une même
organisation.
Construire un syndicat démocratique
Pour regrouper l’ensemble des courants du
milieu étudiant, l’UNEF ne pourra faire l’éco-
nomie d’une profonde rupture démocra-
tique. Le droit de tendance est une garantie
élémentaire de démocratie. Il ne peut néan-
moins suffire à lui seul si, dans la pratique, il
ne permet pas le débat et l’espace suffisant
à chacun, aussi bien localement que natio-
nalement.
Tout militant de l’UNEF doit pouvoir s’expri-
mer et peser sur l’orientation du syndicat. Les
tendances minoritaires du syndicat n’ayant
jamais accès au fichier des adhérents, leur
droit à s’adresser à l’ensemble du syndicat
n’est pas respecté. C’est à tous les militants
de mener l’activité du syndicat et pas seule-
ment à ceux de la majorité. Pour cela, l’accès
au local, l’organisation de collectifs d’AGE
hebdomadaires, le partage des fichiers sont
nécessaires.
Le fonctionnement du syndicat donne une
place démesurée à la tendance majoritaire.
Au niveau national, le calcul des temps d’in-
tervention est inéquitable. Les seuls textes sur
lesquelles peuvent voter les camarades sont
ceux de la direction. Chaque tendance devrait
pouvoir présenter et faire voter son orien-
tation lors des CN comme des congrès. De
même, le mode de calcul des mandats pour
le congrès doit être modifié pour garantir à
l’ensemble des adhérents l’égalité dans leur
vote. Comment justifier que dans une AGE de
600 cartes le vote d’un adhérent pèse plus
que dans une AGE de 200 cartes ? Chaque
adhérent doit compter pour une voix et un
mandat.
Il n’existe pas de démocratie sans indépen-
dance du syndicat. L’indépendance syndi-
cale ne signifie pas l’absence de réflexion ou
d’engagement politique. Simplement, cela
implique que les choix d’orientation sont dé-
cidés démocratiquement dans les cadres de
l’organisation et uniquement dans ceux-ci.
conclusionLa crise économique et la situation drama-
tique de l’Enseignement supérieur donnent
des responsabilités importantes au syndica-
lisme étudiant. Le gouvernement développe
une politique d’austérité, pour faire payer la
crise aux classes populaires. Pourtant, face à
cette situation, l’UNEF n’a pas été à la hau-
teur. Il est temps de changer de stratégie syn-
dicale, de rompre avec une orientation qui
emmène le syndicat et les étudiants dans le
mur. Pour cela, il faut construire un syndicat,
c’est-à-dire un outil pour l’organisation col-
lective des étudiants, servant à défendre nos
droits tous les jours dans les universités. Cela
veut dire arrêter de confondre l’UNEF et le
rapport de forces.
Au contraire, l’UNEF doit prendre des initia-
tives pour entraîner les étudiants dans l’ac-
tion, dans des mobilisations permettant de
construire réellement le rapport de forces.
C’est ainsi que progressera la conscience de
la nécessité de l’organisation collective. C’est
ainsi également que nous pourrons inverser
le rapport de forces pour imposer nos re-
vendications contre ce gouvernement. Pour
cela, il faut construire des équipes syndicales
combatives, nombreuses et renforcées. Il faut
regrouper dans l’unité la plus large possible
les organisations et les étudiants au-delà des
seuls rangs de l’UNEF.
Enfin, l’UNEF doit être une organisation dé-
mocratique où chacun a la même possibilité
de peser dans les choix du syndicat. C’est cet
outil syndical, combatif, unitaire et démocra-
tique que la TSC propose de construire.
Voter pour la Tendance pour un syndicalisme
combatif (TSC) c’est voter pour :
• une UNEF qui se bat pied à pied contre
l’austérité dans les universités : c’est par la
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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013
Textes des tendances de l’UNEF
mobilisation étudiante qu’il faut faire face aux
suppressions d’options et de filières, au déve-
loppement de la sélection, aux suppressions
et gels de postes, aux remises en cause des
MCC…
• une UNEF qui se donne les moyens d’ob-
tenir le retrait du projet de loi Fioraso par
un mouvement de grève majoritaire dans
les universités, permettant d’imposer le ca-
drage national des diplômes, un financement
100 % public en fonction des besoins, la fin
des regroupements universitaires vecteurs de
concurrence
• une UNEF qui développe une stratégie syn-
dicale combative, qui ne se contente pas
d’interpeller ou de négocier avec les pou-
voirs publics, mais qui construit le rapport de
forces par l’action collective des étudiants
face aux problèmes du quotidien comme
pour repousser les attaques libérales
• une UNEF unitaire et démocratique, qui agit
avec les étudiants et pas à leur place, dans
l’unité la plus large possible et qui range son
combat au côté de celui des salariés, qui
donne les moyens à chacun de militer quelles
que soient ses opinions et ses disponibilités
les signataires
KHALIL Mina, Nanterre, Bureau National SCALI Damien, Lille, Bureau NationalMONFORTE Dimitri, Nanterre, Bureau National LEFEBVRE François, Aix-Marseille, Commission AdministrativeGUBERT Thomas, Aix-MarseilleCOVOLAN Bénédicte, Aix-MarseilleBEAUVISAGE Julien, ArtoisLALLIER Benjamin, CaenLALOyER Camille, Le Mans, Président d’AGESAINTy Benjamin, Le Mans, Vice-président d’AGEMAy Orianne, Le Mans, Trésorière d’AGEDENOUEIx Quentin, Le Mans, Trésorier d’AGEFOUCAULT Chloé, Le Mans, Secrétaire Générale d’AGELECOMTE Adèle, Le Mans, Secrétaire Générale d’AGEDHELIN Mathias, LilleKERGOMARD Violaine, LilleGHESQUIERE Benoit, LilleTHéBAUD Adèle, NantesBURDO Tess, Reims, Secrétaire Générale d’AGEPOIx Romain, ReimsLAVEAUx Mimosa, RennesSOULARD Léa, RennesSTEINER Pierre, StrasbourgGHARZOULI Samuel, StrasbourgBERCHE Narymane, ToulouseCANTALOUBE Robin, ToulousePARRACHAUD Kévin, ToulouseMOLINA Anne-Laure, RouenGAQUEREL Chloé, RouenAUPIED Raphaël, Paris 1BEAUD Arthur, Paris 1, Commission AdministrativeDAGEVILLE Emma, Paris 1BRAIBANT Gael, Paris 1DOCEKAL Irène, Secrétaire Générale d’AGE, Paris 3, SAUTEREy Elena, Bureau d’AGE, Paris 3DJEMAI Hichem, Paris 4DIEN Matthieu, Paris 6BOUTTIER Léonard, Paris 7THéROND Lucien, Paris 7BEKHTARI Néva, Paris 8BACHIRI Aurélie, Paris 8MONFORTE Léa, Paris 10POIAGHI jean-Baptiste, Bureau d’AGE, Paris 10RAMAMONJISOA François, Paris 10RAHAULT Typhaine, Paris 10
Signatures de parrainage en soutien de la création de la tendance: M’ZAïDI Abdelkarim, Président d’AGE, LittoralDUPUy Mélanie, Président d’AGE, Perpignan
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Textes des tendances de l’UNEF
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