Étude sur la fatigue dans une usine d'horlogerie

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21. Laue: zit. n. Liechti. 22. Lautenschlager: zit. n. Kopp. 23. Lehmann: zit. n. BriOche. 24. Liechti A.: Radiologische Rundschau 1937, S. 115. 25. Liechti A.: Bulletin der Schweiz. Vereinigung f'dr Krebsbek~mpfung 1936, Nr. 3. 26. Miescher G. u. Schaaf F.: Schweiz. Med. Wochenschrift 1936, S. 1286; 1937, S. 94. 27. MSrikofer W.: Verhandtungen der Schweiz. Naturforschenden Ges. 1956, S. 162. 28. Ongley: zit. n. ProIcop. 29. Plank M.: zit. n. Briiehe. 30. Prokop O. und zahlreiche Mitarbeiter : Wfinschelrute, Erdstrahlen und Wissenschaft. Verlag Enke, Stuttgart 1955. 31. Pfei~er: zit. n. Pro]cop. 32. l~eich: zit. n. Briiche. 33. Wendler: zit. n. Prolcop. 34. Wiist u. Petschke: zit. n. Kopp. 35. Wiist-Wimmer: zit. n. Prokop. Service psychologique d'Ebauches S. A., Neuch£tel (M. Ph. de Coulon) et Institut d'hygi~ne et de physiotogie du travail de l'Ecole Polytechnique F6d~rale, Zurich (Prof. E. Grandjean) l~tude sur la fatigue dans une usine d'horlogerie I Par Paule Rey, Etienne Grandjean et Philippe de Coulon 1. I n t r o d u c t i o n L'~tude de la fatigue prdsente un int6r6t ind6niable, aussi bien pour t'em- ployeur que pour l'employ6, puisqu'elle: - limite les performances et la productivit6 de chacun; - rdduit l'entrain au travail en en accusant le caract~re de corvde; - augmente le taux de fr6quence d'absences dues £ des maladies et £ des accidents; - produit £ longue ~ch6ance une usure pr6judiciable ~ l'organisme tout entier. A ses d6buts, la physiologie du travail s'est surtout occup~e des travaux de force en tentant d'alldger l'effort musculaire. Dans t'horlogerie, nous sommes en face de probl~mes physiologiques diff~rents: Un grand nombre de travaux soumettent les ouvriers £ des efforts consid6rables du syst~me nerveux central avec des contraintes particu- li&res sur les organes des sens (vision, audition ou sens tactile), sur Fatten- tion et sur l'habilet~. Nous exprimons nos vifs remerciements au directeur de l'usine en question, M. P. Fallot, e~ aux membres de son personnel qui ont bien voulu agir comme sujets, ainsi qu'au professeur A. Linder et h M. K. Abt pour L'analyse statistique. 18 Rev. M6d. pre~v. Z. Pr~ventivmed. 3, 18-22 (1958)

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21. Laue: zit. n. Liechti. 22. Lautenschlager: zit . n . Kopp. 23. Lehmann: zit . n . BriOche. 24. Liechti A.: Radio log i sche R u n d s c h a u 1937, S. 115.

25. Liechti A.: B u l l e t i n der Schweiz. Ve re in igung f'dr K r e b s b e k ~ m p f u n g 1936, Nr . 3.

26. Miescher G. u. Schaaf F.: Schweiz. Med. W o c h e n s c h r i f t 1936, S. 1286; 1937, S. 94.

27. MSrikofer W.: V e r h a n d t u n g e n de r Schweiz. N a t u r f o r s c h e n d e n Ges. 1956, S. 162.

28. Ongley: zit. n. ProIcop. 29. Plank M.: zit. n . Briiehe. 30. Prokop O. u n d zah l re iche M i t a r b e i t e r : Wf insche l ru te , E r d s t r a h l e n u n d W i s s e n s c h a f t .

Ver l ag E n k e , S t u t t g a r t 1955.

31. Pfei~er: zit. n . Pro]cop. 32. l~eich: zit. n. Briiche. 33. Wendler: zit. n. Prolcop. 34. Wiist u. Petschke: zit . n. Kopp. 35. Wiist-Wimmer: zit. n. Prokop.

Service psycho log ique d ' E b a u c h e s S. A., N e u c h £ t e l (M. P h . de Coulon) e t I n s t i t u t d ' hyg i~ne e t de physiotogie d u t r ava i l de l 'Eco le P o l y t e c h n i q u e F6d~rale , Z u r i c h (Prof . E . G r a n d j e a n )

l~tude sur la fat igue dans une usine d 'hor loger ie I P a r Paule Rey, Etienne Grandjean e t Philippe de Coulon

1. I n t r o d u c t i o n

L'~tude de la fatigue prdsente un int6r6t ind6niable, aussi bien pour t'em- ployeur que pour l'employ6, puisqu'elle:

- limite les performances et la productivit6 de chacun; - rdduit l 'entrain au travail en en accusant le caract~re de corvde; - augmente le taux de fr6quence d'absences dues £ des maladies et £ des

accidents; - produit £ longue ~ch6ance une usure pr6judiciable ~ l'organisme tout entier.

A ses d6buts, la physiologie du travail s'est surtout occup~e des t ravaux de force en tentant d'alldger l'effort musculaire. Dans t'horlogerie, nous sommes en face de probl~mes physiologiques diff~rents:

Un grand nombre de travaux soumettent les ouvriers £ des efforts consid6rables du syst~me nerveux central avec des contraintes particu- li&res sur les organes des sens (vision, audition ou sens tactile), sur Fatten- tion et sur l'habilet~.

Nous exprimons nos vifs remerciements au directeur de l 'usine en question, M. P. Fallot, e~ aux membres de son personnel qui ont bien voulu agir comme sujets, ainsi qu 'au professeur A. Linder et h M. K. Abt pour L'analyse statistique.

18 Rev. M6d. pre~v. Z. Pr~ventivmed. 3, 18-22 (1958)

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Ces considgrations nous ont incitgs £ entreprendre une 6tude sur la fatigue dans une usine horlog~re. It va de soi que la mesure d'une fatigue de cette nature pr6sente des difficultds consid~rables d'investigation.

Nous avons renoneg £ utiliser des indices directs (production du travail, absent~isme ou questionnaire) en faveur d'une mesure physiologique suscep- tible de ddtecter l '6tat fonetionnel du syst~me nerveux central.

Nous avons, k cet effet, eu recours £ la mesure do la fr6quence do fusion optique ehez l'homme. Ce procdd6 se base sur le ph6nom~ne physiologique que voiei: si on 61~ve la fr~quence d'une lumi~re intermittente, on rencontre,

un moment donn6, un seuil oh le sujet ne per~oit plus qu'une lumigre con- tinne. On appelle ce seuil la fr6quence de fusion subjective. De nombreuses expgriences [1, 2, 3, 4] ont montrd que des sujets fatigu6s pr6sentaient une baisse significative des fr~quences de fusion. On a observd de pareilles baisses 6galement chez des personnes occup6es £ des travaux oh la vision joue un r51e secondaire [1, 5].

2. Plan exp6rimental

L'entreprise horlog~re qui s'est pr~t6e £ notre 6rude fabrique en grandes s6ries des pi~ces destinies au mouvement de la montre; elle est situ6e dans le Jura suisse; elle occupe environ 900 personnes.

Nous avons choisi pour nos mesures 42 sujets rdpartis, suivant leur occu- pation, en 6 groupes de 7 sujets. Ces groupes sont occup6s aux fonctions ou travaux suivants :

a) travaux aux presses (commande £ pied de la machine) b) travaux sur fraiseuses .(commande manuelle'de la machine) c) pose de goupilles et grattages (travail essentiellement manuel) d) chefs d'atelier (contr61e des travaux et du personnel, entretien et rdpara-

tion des machines) e) visiteurs et distributeurs (eontrSle des pi~ces et de leur acheminement) f) mdcanieiens (rdglage et rdparation des machines).

La nature des travaux de ces 6 groupes (exdcution d'une part et contr61e de l'autre) nous a incit6s, pour l 'analyse des r6sultats,.k les r6unir en 2 classes :

classe A (groupes a, b, c) classe B (groupes d, e, f)

Nous avons proc6dd, pour chaque sujet, h 2 mesures par jour, l 'une au d6but de la journ6e (entre 08.00 h et 10.00 h), l 'autre en fin de journde (entre 15.00 h et 17.00 h). L'horaire des mesures avait ~td arrang~ selon un plan statistique de mani~re ~ rendre comparables les conditions d'exp6rience entre chacun des sujets. L'exp6rience a dur6 six semaines.

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3. M6thode

Pour mesurer la fr~quence de fusion, nous avons utilis~ un stroboscope, module Strobotac (type 631-BS8), dont la durra de l'dclair lumineux est de 10 -4 seconde. La source lumineuse repr~sente une surface de 1 cm 2. Le sujet assis £ 60 cm de l'apparefl est pri~ de regarder cette surface ~ travers un tube dont le r6te est d'isoier le regard de ta lumibre ext6rieure.

L'expdrimentateur part toujours d'une frdquence de 25 £ 30 Hz et aug- manta progressivement carte frdquence £ raison de 3 Hz par seconde, jusqu'£ ee que le sujet ne voie plus les intermittences de la lumi~re. La mgme 6preuve est reproduite 5 fois, et c'est la moyenne de ces 5 mesures dont nous avons tenu compte dans l'analyse des r~sultats.

4. llbsultats

L'ensemble des mesures effectu4es nous a r4v~l~ que tous l e s sujets ont pr~sentd, dans la plupart des observations, une baisse des seuils de la fr~- quence de fusion entre le matin et la fin de l'apr~s-midi.

Nous avons calcul~ les moyermes de chaque sujet, puis de chaque groupe et enfin des deux classes.

Les rdsultats des moyennes des groupes sont repr~sent~s graphiquement sur la figure 1.

47.

46,

~: 4s

e 44

c o 4.3'

42

41"

g 40 ~r

u_ 3g

38

37

36

H

Classe A

/ I / I

fl

AI "A M

$ - - ¢

o = co

E ] matin

E] soir

7

/ / / / / / /

~ N /

w

Ctasse B

Fi ft. 1 Les tr~quenees de lu- sion d'ouvriers horlogers.

Les coIonnes correspondent aux valeurs moyennes de 6 groupes de 7 sujets occupSs

divers t ravaux.

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Nous y relevons que chaque groupe prdsente en moyenne une baisse jour- nali~re des seuils, dont l ' ampl i tude varie suivant le groupe, entre 4 et 1 t Iz .

I1 semble que t 'abaissement du seuil est plus prononc6 pour les sujets de la classe A que pour ceux de la classe B.

Une analyse stat is t ique des r@sultats nous permet de tirer les conclusions que voici: a) Pour 40 des 42 sujets, tes diff6rences entre tes moyeImes du ma t in et celles

du soir sont significatives; par cons@quent, les baisses de seuit de chaque groupe sont cer ta inement significatives.

b) Les diff6rences entre les moyennes de la classe A et celles de la classe B ne sont pas significatives.

c) I1 existe des diff@rences significatives entre les six t roupes , en particulier entre le groupe b ( t ravaux sur fraiseuse) d 'une par t et les groupes a ( t ravaux sur presse) et c (pose de goupilles et grattage), d ' au t r e par t .

d) Les diff@rences entre les groupes ne sont at t r ibuables ni ~ l '£ge ni au sexe des sujets.

L 'ensemble de ces r6sultats nous montre que tous les sujets examin6s pr@sentent, en fin de journ@e, une baisse des fr@quences de fusion. Sur la base d'expdriences de laboratoire (4) nous pouvons d@duire que la baisse des seuils de la fr@quence de fusion refl~te des modifications fonctionnelles au niveau du systgme nerveux central.

Rdsumd

Nous avons @tudi@ dans une usine d'horlogerie la fatigue en mesurant, le matin et le soir, chez 42 su]ets, les seuils de fr6quences de fusion subjective pendant une p@riode de six semaines.

Les r@sultats on r6v@lg que 40 sujets sur 42 pr@sentent des baisses signifieatives du seuil de la fr@quence de fusion en fin de journ@e. L'analyse statistique n'a pas montr@ de diff@renees signifioatives qui permettraiont de reconstituer les six groupes selon leur occupation.

Cette 6rude illustro clue tes travaux de l'industrie horloggre soumottent le personnel d'atelior h des efforts pat~iculiers du syst@me nerveux central. Nous savons d'autre part (4), qu'tm su]et qui n'est pas astreint ~ une aetivit@ intense ne pr@sente pas de modifi- cations caract@ristiques des seuils de fr@quence de fusion au termo de la p@riode de travail. Cos constatations nous permettent de conclure que tous les sujets t@moignent, en fin de ]ourn@e, d'un @tat de fatigue nerveuse r6v61@ par la baisse des fr@quences de fusion obsorv@e.

Bion que los six groupes 6tudi@s soient /~ d'autres 6gards distincts, ils no pr@senteng quant "~ la fatig~ae gugre de diff@rence. Notre re@rhode ne nous dit done rien ni sur l'origine ni sur d'autres-partieularit@s de l'6tat de fatigue.

Zusammen]assung

In einem Betrieb der Uhrenindustrie haben wir zur Erfassung der Ermiidung bei 42 Personen t/iglich, zu Beginn und am Ende eines Arbeitstages, w/~hrond sechs Wochen die subjektiven Verschmelztmgsschwellen des Auges gemessen. Die Resultate haben er- geben, daI] 40 von 42 Untersuch~en eine signifikante I-Ierabsetzung der Verschmelzungs- schwellen am Ende der Arbeitszeit aufgewiesen haben.

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Eine statis~ische Analyse des ganzen Materials liel3 keine wesentlichen Unterschiede zwisehen seehs Untergruppen, die entsprechend ihrer besonderen Beschaftigungen ge- bildet worden waren, erkennen.

Die Untersuchung zeigt, daI3 die verschiedenen Beschiiftigungen in der Uhrenindu- strie hohe Anforderungen an das Zentralnervensystem stellen.

Summary

Fat igue was s tudied in a watchmaking factory by measuring the flicker-test perfor- mances in 42 subjects every morning and evening for six weeks.

The performances showed tha t in 40 out of the 42 subjects there were significant drops towards the end of the day. An analysis of the statist ics did not reveal any dist inctive signs by which the six original groups might be differentiated according to their occupations.

I t may be seen from this s tudy t ha t the workshop personnel in the watchmaking indus t ry is engaged in activit ies involving a strain on the central nervous system. Fur ther - more, in a subject who has not had to concentrate on his task, the variat ions typical of the flicker-test performances are not apparent a t the end of the working period. I t m a y be concluded from these observations tha t the drop noticed in the performances is a sign of nervous fatigue in all the subjects a t the end of the day.

Although the six groups observed m a y be differentiated in other respects, t hey are almost identical wi th respect to fatigue. This method does not therefore give any indi- cations concerning the origin or other characterist ics of the s ta le of fatigue.

Bibliographie

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[2] Simonson, E. et Brozelc, J.: Flicker fusion frequency. Background and applications. Physiol. Rev. 32, 349-378 (1952).

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[5] Busch, G. et Wachholder, K.: Der Einflu2 ermfidender geistiger Beanspruchung auf die Flimmerverschmelzungsfrequenz. Arbeitsphysiol. 15, 149-164 (1953).

Aus der Arbeit der Weltgesundheitsorganisat ion ~ Von ~]/Iaria Pfister, Genf

E s i s t n o c h n i c h t 1 J a h r her , dal~ v ie le u n t e r I h n e n m i t m i r z u s a m m e n d e n

L e b e n s w e g des M e n s c h e n d u r c h s c h r i t t e n h a b e n . D a m a l s b e g a n n e n w i r u n s e r e

S e n d e r e i h e m i t d e m g a n z j u n g e n M e n s c h e n , d e m e l t e r l i c h e L i e b e j e n e G e b o r

g e n h e i t zu s c h e n k e n v e r m a g , o h n e w e l c h e d a s h i l f l o s e k l e i n e L e b e w e s e n n i c h t

e x i s t i e r c n k S n n t e . %Vir e r l e b t e n g e m e i n s a m d ie S c h w i e r i g k e i t e n des h e r a n -

w a c h s e n d e n J u g e n d l i c h e n , d e r s ich y o n d e n E t t e r n 15sen u n d s e i n e n e i g e n e n

L e b e n s w e g f i nden m u l l U b e r d a s p r o b l e m e r f t i l l t e u n d d e n n o c h , o d e r v i e l l e i c h t

1 Nach einem Radlovortrag am Schweizerischen Landessender Beromtinster, Mai 1957

- ) o ~) 22 Rev. M~d. pr~v. Z. Praventivmed. 3, ~.-~8 (1958}