Etude Kabuto

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Avoir la tête sur les épaules Problématique et évolution du casque militaire japonais Traiter un sujet aussi large que le casque sur 1000 ans est assez audacieux. Si cette étude tend vers une certaine exhaustivité. Il faut noter qu’il n’existe aucun document en français reprenant de façon globale l’évolution du casque militaire japonais (Kabuto). Il n’existe pas non plus réellement de document en Anglais ou en langue européenne traitant spécifiquement du sujet. Les rares sources précises sont exclusivement en japonais. Les quelques pages que l’on trouve sur le net en langue non japonaise résument en quelques lignes, de façon souvent fausse d’ailleurs, ces 1000 ans. Les auteurs des pages se copiant les uns les autres, on retrouve mot à mot ces mêmes fausses informations sur un très grand nombre de sites. L’ensemble mêle des approximations, des mythes et beaucoup d’incompréhension. Constatant cette ignorance, j’ai travaillé sur plusieurs sources, avec des spécialistes et des antiquaires, sur des textes, revues d’expositions et sur des pièces historiques afin de réaliser cette étude. Je ne traite que du casque « courant ». Il existe en effet parfois des dérivés non représentatifs et surtout trop nombreux pour être étudiés ici. Je n’ai pas orienté cette étude sur les différences de styles régionaux ou d’écoles, ce qui l’aurait beaucoup rallongé et aurait sans doute dépassé le cadre de la simple compréhension générale. Les photos visent à illustrer le propos. Si j’évite de trop les décaler dans la période présentée, il n’est pas toujours possible de trouver un exemple pour chaque élément de chaque période. Il y a deux raisons à cela : beaucoup de casques sont aujourd’hui des hybrides, certaines pièces postérieures pouvant être rajoutées ou retouchées à une pièce existante, ensuite parce que tout au long de cette étude, il apparaît que les styles modernes ne remplacent pas les styles plus anciens mais se rajoutent. Il ne faut donc pas voir un casque en photo comme étant obligatoirement monté à la période présentée. Enfin, je ne montre que des casques réels, des antiquités. J’ai évité les pièces refaites par des commerçants contemporains qui intègrent presque toujours beaucoup d’erreurs. L’étude des casques japonais a été découpée selon les grandes périodes de l’histoire de ce pays. Elles correspondent chacune à des noms de ville où le pouvoir central de l’époque était installé. C’est ce qui explique que les durées soient très différentes d’une période à l’autre. Nous pouvons donc conserver cette logique en disant que la France a vécu depuis 2000 ans à l’ère Rome, l’ère Lutèce- Paris, l’ère Versailles puis à nouveau à l’ère Paris. Peut-être que les historiens futurs jugeront que nous sommes rentrés à l’ère Bruxelles… 1) Les Kabutos Nara (710 – 794) Le kabuto type de cette période reprend les formes que l’on retrouve en Chine, en Corée et plus directement en Mongolie. Il est en fer, mais pour éviter la rouille, il est recouvert d’une couche de cuivre doré. La difficulté à cette époque pour faire des pièces complexes de taille suffisantes oblige les artisans à combiner des morceaux de petite taille rivetés entre eux. Ces morceaux peuvent avoir des formes triangulaires ou rectangulaires. Ainsi combinées, elles forment le « bol » (Hachi) qui protège le crâne du guerrier. On adjoint à ce casque des lames longues et plates (Shikoro) qui vont se recouvrir pour défendre la nuque et le cou. Des trous indiquent que les lamelles du cou pouvaient déjà être reliées entre elles par des cordages en cuir. Le visage n’est pas défendu. Deux formes de casques ont été retrouvées à cette période : les casques plus anciens (Shoukakutsuki) qui sont restés en vigueur pendant plusieurs siècles auprès des fantassins. Une bande verticale se trouvait sur le front du casque afin de renforcer cette zone.

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Avoir la tête sur les épaulesProblématique et évolution du casque militaire japonais

Traiter un sujet aussi large que le casque sur 1000 ans est assez audacieux. Si cette étude tend vers une certaine exhaustivité. Il faut noter qu’il n’existe aucun document en français reprenant de façon globale l’évolution du casque militaire japonais (Kabuto). Il n’existe pas non plus réellement de document en Anglais ou en langue européenne traitant spécifiquement du sujet. Les rares sources précises sont exclusivement en japonais. Les quelques pages que l’on trouve sur le net en langue non japonaise résument en quelques lignes, de façon souvent fausse d’ailleurs, ces 1000 ans. Les auteurs des pages se copiant les uns les autres, on retrouve mot à mot ces mêmes fausses informations sur un très grand nombre de sites. L’ensemble mêle des approximations, des mythes et beaucoup d’incompréhension.

Constatant cette ignorance, j’ai travaillé sur plusieurs sources, avec des spécialistes et des antiquaires, sur des textes, revues d’expositions et sur des pièces historiques afin de réaliser cette étude.

Je ne traite que du casque « courant ». Il existe en effet parfois des dérivés non représentatifs et surtout trop nombreux pour être étudiés ici. Je n’ai pas orienté cette étude sur les différences de styles régionaux ou d’écoles, ce qui l’aurait beaucoup rallongé et aurait sans doute dépassé le cadre de la simple compréhension générale.Les photos visent à illustrer le propos. Si j’évite de trop les décaler dans la période présentée, il n’est pas toujours possible de trouver un exemple pour chaque élément de chaque période. Il y a deux raisons à cela : beaucoup de casques sont aujourd’hui des hybrides, certaines pièces postérieures pouvant être rajoutées ou retouchées à une pièce existante, ensuite parce que tout au long de cette étude, il apparaît que les styles modernes ne remplacent pas les styles plus anciens mais se rajoutent.

Il ne faut donc pas voir un casque en photo comme étant obligatoirement monté à la période présentée. Enfin, je ne montre que des casques réels, des antiquités. J’ai évité les pièces refaites par des commerçants contemporains qui intègrent presque toujours beaucoup d’erreurs.

L’étude des casques japonais a été découpée selon les grandes périodes de l’histoire de ce pays. Elles correspondent chacune à des noms de ville où le pouvoir central de l’époque était installé. C’est ce qui explique que les durées soient très différentes d’une période à l’autre. Nous pouvons donc conserver cette logique en disant que la France a vécu depuis 2000 ans à l’ère Rome, l’ère Lutèce- Paris, l’ère Versailles puis à nouveau à l’ère Paris. Peut-être que les historiens futurs jugeront que nous sommes rentrés à l’ère Bruxelles…

1) Les Kabutos Nara (710 – 794)

Le kabuto type de cette période reprend les formes que l’on retrouve en Chine, en Corée et plus directement en Mongolie. Il est en fer, mais pour éviter la rouille, il est recouvert d’une couche de cuivre doré. La difficulté à cette époque pour faire des pièces complexes de taille suffisantes oblige les artisans à combiner des morceaux de petite taille rivetés entre eux. Ces morceaux peuvent avoir des formes triangulaires ou rectangulaires. Ainsi combinées, elles forment le « bol » (Hachi) qui protège le crâne du guerrier. On adjoint à ce casque des lames longues et plates (Shikoro) qui vont se recouvrir pour défendre la nuque et le cou. Des trous indiquent que les lamelles du cou pouvaient déjà être reliées entre elles par des cordages en cuir. Le visage n’est pas défendu.

Deux formes de casques ont été retrouvées à cette période : les casques plus anciens (Shoukakutsuki) qui sont restés en vigueur pendant plusieurs siècles auprès des fantassins. Une bande verticale se trouvait sur le front du casque afin de renforcer cette zone.

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Les plus modernes intégraient à la place de cette bande une partie horizontale rivetée à l’avant du bol (Mabisashi / Maebashi). La forme et l’emplacement font penser à une visière de casquette. On retrouve cette pièce sur les casques romains du premier siècle. L’avantage est de protéger les yeux du soleil ou des flèches plongeantes et de casser l’énergie d’un coup reçu en plein front en la répartissant sur tout le casque, ce qui réduit notablement l’impact, donc améliore la résistance de la protection.

2) Les Kabutos Heian (794-1185)

La forme du kabuto évolue peu à peu : les bandes qui constituent le bol du casque prennent la forme de longs triangles dont les bases constituent le contour et les pointes se relient en haut du casque. Ces bandes sont solidarisées par recouvrement, puis perçage et enfin rivetage des triangles entre eux. Ces gros rivets de fer (Hoshi) vont donner leur nom au caque : Hoshi Kabuto. Ces rivets sont des pièces métalliques qui reprennent la forme d’un champignon. On met la tête arrondie du rivet à l’extérieur des segments, on retourne le casque, on cale bien la partie à riveter et le rivet. La tige du rivet dépasse un peu à l’intérieur du casque. On frappe alors doucement avec un marteau pour écraser cette tige, ce qui lui donne alors la forme d’une tête de clou. La pièce est ainsi ornée d’une centaine de rivets.

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Toutes ces bandes se rattachent à une pièce en haut qui est un trou (Tehen), entouré d’une pièce laitonnée (Tehen Kanamono) sculptée et très ornée. A cette époque, le Tehen Kanamono est souvent constitué de plusieurs disques sculptés et empilés. La raison est que si les bandes du bol continuaient totalement, elles se chevaucheraient toutes au même point, créant une surépaisseur importante.

Afin de ne pas affaiblir l’avant, une bande frontale 3 fois plus large que les autres sert de point de départ au recouvrement des autres. On retrouve parfois la même bande large à l’arrière, ce qui permet aux lames de se recouvrir dans un même sens symétrique. Pour ne pas casser la répétition esthétique des bandes, on rajoute 3 lames en forme d’épée chinoise (Ken) qui partent du Tehen. Ces bandes en laiton servent aussi de renfort frontal. Les rivets utilisés sur ces Kens sont souvent en laiton.

Ce trou Tehen a une utilité : à cette époque, le casque est posé directement sur la tête du guerrier (Bushi). Il tient donc mal. Pour mieux le sécuriser, le guerrier qui a les cheveux longs se les coiffent en queue de cheval et la passe au travers de ce trou. Certains ont pu voir aussi dans ce trou un souci de ventilation. Mais comme à cette époque, le visage est à découvert… cela semble douteux.

A l’arrière du bol, on trouve souvent un anneau riveté au casque. On y attache un petit rectangle de papier où le guerrier peut inscrire quelques mots. Le plus souvent, le guerrier inscrit sur le papier son nom et permet ainsi d’être connu, même si il est tué. Le papier a donc la même utilité que les plaques portées autour du cou par les soldats américains, à ceci près qu’il sert à renseigner à la fois son propre camp mais aussi… le camp adverse au cas où l’on se ferait décapiter.

Le Mabisashi/ Maebashi évolue aussi : il s’abaisse pour mieux couvrir les yeux du guerrier. Comme il devient visible par l’avant, il s’orne de cuir peint et de gros rivets en laiton. Au centre, on trouve parfois un crochet. Il sert à y accrocher une décoration (Maedate). Encore très rares, ils sont uniquement sous une forme stylisée d’ailes ou de cornes en cuivre ou laiton (Kuwagata). Ce Maedate n’est porté que par les grands généraux d’une armée et sert essentiellement à être vu de loin.

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Les autres guerriers n’ont pas de crochet sur leur Maebashi ou à l’avant du bol. A la place, ils peuvent avoir parfois un très gros rivet en laiton ou en fer sculpté au centre du Maebashi. Vers la fin de la période, les hommes qui dirigeaient une armée rajoutaient parfois, en plus des Kuwagatas une figure en bois peinte ou plus souvent dorée en forme de dragon ou d’un autre animal au centre des cornes.

A la base du bol se trouve une lame (Koshimaki) qui fait la jonction avec le shikoro : n’étant pas articulé, il permet de donner la courbure au Shikoro.Ce couvre nuque est maintenant fait en lamelles de fer (Hon Kozane). Ces lamelles ont la forme de rectangles tronqués dans un angle et percées dans leur longueur sur 2 rangs, parfois même 3. Elles sont liées entre elles par des bandes de cuir. Quand ces lamelles sont assemblées et reliées côte à côte, elles sont laquées avec de la résine malaxée (Urushi) qui devient noire à force de superposition. Cette laque vise à éviter la rouille, le Japon étant un pays très humide. Pour cette raison, les lames de sabre ou d’arme d’hast mises à part, tout métal ferreux est systématiquement laqué avec du Urushi, ce qui produit ainsi des armures noires. La couleur n’est donnée que par le tressage. Normalement, la superposition des couches de laque produit une épaisseur supérieure à celle des lamelles ou des segments en métal. Les différents styles de lamelles seront étudiés plus finement dans la partie suivante traitant de la protection du corps.

On monte ces bandes les unes derrière les autres pour faire le Shikoro en les reliant dans leur partie inférieure par un lacet de cuir plat. On remet quelques couches de laque par dessus ces bandes afin de minimiser le problème de dégradation du cuir en milieu humide. On relie ensuite les bandes entre elles avec des cordons de soie colorée en rouge-orange pour les plus hauts rangs. La partie inférieure de la lamelle attachée par le cuir est cachée par le rang du dessous. Par la suite, les couleurs des tresses de soie utilisées seront un peu plus nombreuses. On apprécie alors les dégradés de couleur : les cordons de soie sont clairs sur les rangées proche du bol et deviennent de plus en plus foncée quand on descend. Le dernier rang du Shikoro n’a pas de lacet en cuir. A la place, on utilise le même tressage en soie qui, en passant dans les lamelles, représente des séries de petites croix carrées. Ce dernier rang est vertical et se trouve parfois plus court que les autres, créant un décrochage vis à vis des autres rangées.

Ces rangs de lamelles continuent au-delà du visage et sont recourbés sur les côtés. Ainsi, on peut mieux protéger les joues du guerrier et surtout éviter qu’une lame tranchante qui glisserait sur le bol du casque ne passe entre les rangs du Shikoro en coupant les cordons.

Ces « joues » (Fukigaeshi) sont ornées systématiquement d’une pièce en cuir peinte (Egawa) qui reprend le même motif que celui du Maebashi. Le cuir est cousu sur de la soie entourée d’une bande tressée multicolore. Le tout est tenu par une bande de métal (Fukurin) dont la section est en forme de « U » tout autour. Ces bordures arrondies sont en général en laiton ou en cuivre. Ils ornent systématiquement les parties qui ont du cuir imprimé et qui peuvent être au contact du corps. Si on les

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trouve sur les Maebashis, on ne les trouve pas sur les Fukigaeshis : le cuir imprimé est simplement riveté aux coins.

Pour tenir ces anciens casques Heian, 2 trous étaient pratiqués dans le bol, au milieu des segments des deux diagonales à l’avant. On passait des cordages en soie au travers de ces trous avec un nœud à l’extérieur du casque pour fixer les cordages. Le Bushi nouait ces cordages sous le menton pour tenir le casque.

Ce kabuto est dans sa forme la plus classique. Elle restera une référence pour les généraux qui continueront de le porter, même lorsque il sera obsolète. Ils montrent ainsi une appartenance à ancienne lignée de haute noblesse. Ces kabutos étaient très lourds, mais protégeaient bien contre les armes de cette époque : les arcs peu puissants (Yumi) des nobles à cheval. Les fauchards (Nagamaki) existent, mais ne sont pas encore utilisés par les Bushis : ils sont réservés aux guerriers à pied, les nobles ne se battant qu’à cheval avec des arcs. Les sabres (Tachi) ne sont utilisés qu’en dernier recours, leur efficacité sur les armures étant très faible. Ils visent essentiellement les points faibles de l’armure.

3) Les Kabutos Kamakura (1185-1333)

Cette période voit arriver l’invasion des Mongols. Bien qu’ils soient aussi des cavaliers archers, ils n’ont pu emporter les chevaux sur les bateaux. Les Bushis Japonais montés les affrontent donc comme des fantassins groupés. L’armure japonaise va évoluer en fonction de cet élément, ces combats ayant indiqué que l’ancienne forme de combat était désuète.

Les armées japonaises vont intégrer de plus en plus de fantassins. L’arc décline ainsi au profit du Naginata, évolution du nagamaki dont la lame a été raccourcie et le manche allongé. La lance (Yari) est encore très peu utilisée. Le sabre, manié à une main, manque cruellement de puissance face aux armures. Il reste une arme secondaire qui vise à toucher exclusivement les parties non armurées. Le combat se termine en général par l’ennemi blessé au sol et le vainqueur qui lui tranche les liens de son kabuto avec son couteau (Tanto) pour l’achever. Cet emploi du sabre restrictif a souvent montré que le vainqueur d’un assaut pouvait se faire tuer quand il cherchait à trancher les liens de son adversaire par les camarades du blessé. Le but étant de vaincre son adversaire plus rapidement, on allonge le sabre au niveau de la poignée et de la lame afin qu’il ait plus de puissance : il devient le « sabre du champ de bataille » (Nodachi).

La multiplication des armes d’hast, y compris dans les mains des Bushis de haut rang, montre certaines faiblesses du Hoshi kabuto. Les lames ont tendance à se figer dans les rivets du casque. Donc

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pour qu’il y ait moins de prise, on réduit leur taille. Ce qui réduit aussi leur résistance. Donc, pour compenser, on les multiplie. Les kabutos de cette époque voient le nombre de lames du bol augmenter fortement et se couvrir de petits rivets (Koboshi). On passe de 15 lames sur les anciens Hoshi kabuto à 32 lames sur les nouveaux Koboshi kabuto.Il arrive aussi que la partie plus large à l’avant du bol se retrouve à l’arrière et sur les côtés, produisant, vu de haut, une sorte de croix large avec les lamelles plus fines autour.

Lorsque le Bushi charge, tête baissée, le trou Tehen devient visible. Il est source de danger. Donc il se réduit peu à peu. Visuellement parlant, les décorations qui l’entourent restent inchangées. Le guerrier prend l’habitude de porter un bonnet sur la tête pour un peu amortir les coups. Il n’est donc plus possible de passer la tresse au travers du trou. Le trou se ferme donc totalement, mais reste représenté. A partir de cette époque, les Bushis porteront les cheveux longs et lâchés sous le kabuto.

L’anneau riveté à l’arrière du casque porte moins souvent de papier d’identification. Mais on le conserve. Laissé ainsi sans rien, il frappe sans arrêt contre le casque, ce qui produit un tintement caractéristique particulièrement irritant. Aussi, on rajoute un cordage en soie noué autour de l’anneau qui descend sous la forme d’un nœud en croix, le tout terminé de pompons. A part pour éviter le son, ce cordage n’a aucune autre utilité que la décoration. On continuera de trouver cet anneau et le cordage noué jusqu’à la fin Edo.

L’arme principale change peu à peu. Elle est de moins en moins l’arc et de plus en plus le naginata ou le nagamaki, il devient essentiel d’améliorer la visibilité et la capacité de mouvement. Les lames du shikoro sont donc ajustées différemment : elles deviennent beaucoup plus horizontales et prennent la forme d’un parasol, ce qui dégage les épaules pour mieux manipuler ces armes et permet de mieux tourner la tête. C’est la grande différence des casques de cette époque et ce qui permet de les reconnaître facilement. Mais le bas du visage est alors à découvert et peut être touché par un coup horizontal.

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Certains Bushis vont donc rajouter un masque (Happuri / Sarubô) qui protège le front, les tempes et les joues. La zone centrale menton bouche, nez et yeux restant découverte. Les japonais disent qu’elle a la forme d’un visage de singe. Cette protection ne fait pas partie de l’équipement « standard ». Dans le grand film de Kurosawa « Les 7 Samouraïs », on voit Toshiro Mifume prendre un de ces masques à un bandit et terminer les combats avec.

Les Fukigaeshis, suivant naturellement l’aspect plus horizontal du Shikoro, deviennent eux aussi plus horizontaux. Ils s’écrasent plus sur le Shikoro, donnant l’impression que le Bushi à des ailes aux côtés de la tête. L’avantage pour le combat est que le haut des épaules est maintenant protégé par ce shikoro et son extension recourbée Fukigaeshi sans que cela gêne le mouvement de ces grandes protections d’épaule : les mouvements induits par l’utilisation de l’arc et du Naginata sont assez différents. Les anciens Shikoros s’emboîtant littéralement sur le haut des protections d’épaules (Sode), l’utilisation du Naginata était assez difficile. En créant un espace d’une dizaine de centimètres entre les clavicules et la dernière lame du Shikoro, les Sodes peuvent bouger plus librement dans le combat à l’arme d’hast.

L’usage du cuir peint Egawa sur ses pièces, ainsi que sur le Maebashi perdure.

Le système de maintient du casque reste identique à celui de la période Heian, mais au lieu de 2 trous, le Bushi passe à 4 trous, les deux autres étant au milieu des lames du bol, dans les diagonales arrière. Les 4 cordons retenus par des nœuds dans les 4 diagonales du bol sont torsadés et lacés sous le menton.

L’ornement frontal Maedate aussi évolue. Il reste le symbole des généraux, donc un objet très rare. Le crochet du bol permet d’y mettre une pièce horizontale en laiton sculptée dans laquelle on glisse de chaque côté une des cornes. Ces nouvelles cornes sont deux fois plus petites que les anciennes afin de diminuer le risque d’y accrocher son arme. La pièce horizontale a en son centre un trou qui permet d’y mettre un troisième ornement : une sorte de mini épée droite stylisée à double tranchant (Ken) d’origine chinoise, la pointe vers le ciel.

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4) Les Kabutos Muromachi (1338-1573)

La période Muromachi voit plusieurs évolutions. D’abord, l’augmentation des combats au sol rendent les grandes épaules droites et rectangulaires plus gênantes que pratiques. Beaucoup de combattants au sol ne les mettent d’ailleurs plus. Pour améliorer cette défense, la protection d’épaule devient bien plus petite et suit la courbure du corps. Elle recouvre donc les clavicules. Avec les liens d’attache du plastron, la région basse du cou et des épaules est maintenant protégée.

Le kabuto à ce moment n’a plus besoin d’avoir les grands Shikoros si lourds qui, au moindre coup reçu, rendent le kabuto instable. On diminue donc la taille des Shikoros et ils se resserrent vers le cou.Cette diminution d’angle des Shikoros va de pair avec une évolution des Fukigaeshis : le guerrier qui manie la Yari ou le Naginata peut s’accrocher sur ces grandes « ailes ». Donc on les diminue en taille rapidement. Elles sont toujours carrées, mais elles n’ont plus que la largeur d’une bande du Shikoro et sont bien moins longue qu’avant. Quand elles ont cette petite taille, elles ne se recourbent pas forcément en arrière.

Vers la fin de la période, les Fukigaeshi évoluent encore : l’angle carré pouvant s’accrocher aux manches des protections de bras (Kote), on l’arrondi. La forme prend ainsi celle de petites oreilles.

La seconde évolution touchant le Shikoro est dans sa matière même : les petites lamelles trouées et laquées (Hon Kozane) coûtent cher à produire, sont longues à monter et sont assez lourdes. On évolue donc vers des lamelles plus larges (Iyozane), du double des anciennes, et qui se chevauchent moins. Pour pallier à la moindre protection que cela engendre, elles sont plus épaisses. Comme on les rend plus solidaires, le tressage de suspension est diminué. Au lieu de recouvrir toute la bande comme pour les Hon Kozane, il ne se trouve que par paires espacées. En effet, les lames et les flèches avaient tendance à se retrouver emprisonnées dans le tressage. En diminuant le nombre de tresses, on diminue

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le risque d’accrocher les armes ennemies.

Si les Hon kozane restent d’usage auprès des généraux et Daimyos, les samouraïs de rang moyen à élevé ont plus souvent des Shikoros montés en Iyozane. Les samouraïs de petit rang ont des shikoros sur leurs kabutos montés en bandes simples, ce qui permet d’avoir une meilleure résistance à poids égal.

Les casques de cette époque se divisent selon 3 technologies :

1) Ceux dont le bol est composé de petits rivets Koboshi kabuto.

2) Ceux dont le bol est composé des mêmes petits rivets mais qui ont été limés pour rendre la surface plus lisse, offrant ainsi moins de prise aux armes, puis laqués, ce qui rend la présence de ces rivets peu visible : Hari Kabuto. Les segments sont plats et n’ont pas les plis caractéristiques du Suji Kabuto et ont beaucoup moins de rivets par lame que les Koboshi kabutos.

3) Ceux qui n’ont plus de rivets visibles, mais des segments qui s’emboîtent les uns dans les autres, laissant juste des arrêtes le long de chaque segment : Suji Kabuto. En réalité, les têtes de rivets sont limées et cachées sous la répétition des couches de laque Urushi, ce qui donne l’impression qu’il n’y a plus de rivet.

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Cette forme permet d’éliminer visuellement totalement la partie qui ressort des rivets, donc d’avoir des segments pleins. Ce sera la forme la plus souvent adoptée sur les casques réellement au combat. Le nombre de segments varie entre 6 ou 8 pour les plus courants jusqu’à 120 segments. Si la multiplication des segments est une prouesse artisanale, la résistance mécanique est moindre. Aussi, certains casques ont peu de segments pour rester solide, mais avec un jeu habile de superposition de laque, on fait croire qu’il y a plus de segments. Une autre solution consiste à utiliser des Fukurins sur la partie relevée du segment. Ainsi, le casque semble avoir des rayons dorés qui partent du trou central.

En mettant des Fukurins au milieu des segments, on peut faire croire à un plus grand nombre de segments. Cette technologie est apparue à la fin de la période Kamakura, mais s’est généralisée à la période Muromachi. On peut dire que plus il y a de segments au bol, plus le casque est difficile à réaliser, plus il demande de temps à produire et plus il coûte cher. Il sera donc réservé aux personnages de haut rang, même si à poids égal, sa capacité de protection est plutôt moins bonne que ceux qui ont peu de segments. Mécaniquement parlant, les segments se terminent par pliage, intégrant parfois le départ du segment suivant. Ces plis sont parfois assez hauts. Ainsi, une lame qui frappe le casque va rencontrer ces bords de segments pliés, cassant ainsi l’énergie du coup, donc diminue le choc sur le bol lui-même.

On remarque aussi que parfois, la technologie employée est mixte : Ce sont des Suji kabuto avec des rivets plus ou moins petits, visibles. Cela permet d’avoir un casque qui a un aspect plus ancien, tout en suivant une mode plus moderne.

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On rajoute aussi une pièce de lin ou de soie à l’intérieur du casque pour améliorer encore l’amorti. Le système de maintien du casque change donc légèrement : les cordons sont attachés plus bas dans le casque, au niveau du koshimaki, soit entre le bol et le shikoro. Les 4 trous qui percent les diagonales du bol n’ont donc plus aucune utilité. Mais l’aspect conservateur continue de les représenter sur certains casques.Ce nouveau système de fixation tient au casque par 3 points (deux dans les diagonales avant et un à l’arrière) ou par 4 points (les 4 diagonales), voire 5 points (les 4 diagonales et l’arrière). Le cordon d’attache longe ainsi le koshimaki à l’intérieur. Le Bushi a ainsi ses cordons de suspension qui forment une sorte de couronne à l’arrière de sa tête, ce qui améliore la tenue et qui redescendent sur les côtés pour le nœud du menton.

Pour les casques qui utilisent réellement les anciens trous du bol, une difficulté apparaît : puisque il n’y a plus de rivets qui arrêtent les lames, les nœuds extérieurs peuvent être tranchés par un coup vertical, ce qui ferait perdre le casque. Pour éviter cela, on rajoute juste au dessus de chaque trou un rivet assez proéminent. Ainsi, le trou est protégé par ce rivet qui ferait « sauter » la lame glissante. Là encore, les 4 trous étant conservés, les 4 rivets le seront aussi, même lorsque l’on utilisera le système de tenue plus moderne.

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La forme générale du bol évolue un peu dans la deuxième moitié de la période : le centre Tehen peut légèrement se renfoncer, la partie avant du casque qui protège le front peut aussi légèrement se reculer ou au contraire légèrement s’avancer. Ces variations dans la forme se retrouvent d’un casque à l’autre sans qu’il y ait de règle particulière. Le trou Tehen peut aussi légèrement s’enfoncer au milieu du casque.

Le développement des grandes armées rend nécessaire l’emploi des armoiries (Kamon/ Mon). Ces petits symboles caractéristiques de chaque clan et de chaque famille se retrouvent alors sur les kabutos et les armures. En général, on peut dire que plus le Mon est répété sur les pièces d’armure, plus elle appartient à un personnage de haut rang. A cette époque, l’ornement frontal Maedate des grands généraux reste souvent composé des petites cornes. Mais le Ken central est souvent remplacé par un cercle plein, lui aussi en laiton, dans lequel est gravé le Mon.

Les officiers de moindre importance portent aussi un Maedate. Ce ne sont pas les cornes, mais une forme plus libre, souvent plus travaillée comme des représentations de démons, de Kamis, de dragons ou d’animaux. Certains généraux combinent les deux : les petites cornes du commandement avec une figure plus réaliste au centre. Cette habitude pour les « petits » généraux de porter un Maedate était apparue à la fin de la période kamakura.

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Les Samouraï de rang moyen de cette période portent parfois le Maedate au combat. Dans ce cas, c’est une forme très réduite, bien moins voyante (et donc moins gênante), moins travaillée que ceux portés par les généraux. Souvent, ce Maedate est le cercle plein avec le Mon gravé.

A côté de ces kabutos qui reprennent la forme traditionnelle du casque, apparaissent trois formes majoritairement :

1) Zunari kabuto, ou Hineno kabuto : le casque est un peu plus haut que la forme courante. Elle est faite en 3 parties : deux parties latérales et une large bande centrale rivetée qui se rattache aux deux parties latérales. Sur certains Zunari kabuto, la bande centrale/frontale passe sous le Maebashi, ce qui renforce plutôt cette pièce (Hineno kabuto). Sur d’autres, la bande centrale/frontale dépasse de quelques centimètres sur le Maebashi, ce qui renforce la bande centrale en évitant d’être enfoncée sur un coup visant le front (Etchû kabuto). La forme générale du bol est censée reprendre la forme d’un crâne humain. Son avantage est qu’il y a moins de pièces, moins de rivets, ce qui demande donc moins de travail et permet d’avoir une partie frontale plus épaisse. Ces kabutos sont très courants sur le champ de bataille en raison de son faible coût et de sa bonne résistance dû à sa conception. Même des samouraïs de rang élevé le portent pour être identiques à leurs guerriers et se rapprocher de l’idée d’officier combattant. Shikoro et Fukigaeshi sont identiques à la forme courante, mais il n’y a plus le trou Tehen. Les rivets peuvent être visibles ou limés et cachés sous les couches de laque. La forme du bol peut légèrement varier : certains sont plus hauts que d’autres. Les Maebashis sont toujours plus courts et plus inclinés, suivant presque la forme du bol. Certains peuvent avoir des sourcils réalisés en repoussé par l’intérieur. Ce casque ayant impressionné le réalisateur du film Star wars, il orne la tête du héros noir Dark Vador, sous une forme retouchée.

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2) Momonari kabuto : il apparaît après la venue des Européens (Namban) au Japon. C’est une forme adaptée des casques portés par ces arrivants. Le bol est censé avoir la forme d’un noyau de pêche. Il est pointu et se présente comme une adaptation de la forme des casques des Conquistadors. Ce casque là est fait en 2 pièces latérales très inclinées, liées ensemble par l’arrête centrale qui a une légère forme phrygienne, la pointe allant vers l’avant. Sa forme très inclinée et lisse permet d’offrir moins de prise aux coups de lame. Ces casques sont aussi largement portés sur le champ de bataille et dénotent en général d’un rang assez élevé. Le Shikoro, Fukigaeshi et Maebashi sont à peu près identiques à ceux des casques courants. Il arrive qu’il n’y ait pas de Fukigaeshi sur certains Momonari kabutos pour justement ne pas accrocher la lame qui glisserait dessus. Si la majorité des Momonari kabuto ont un shikoro identique à ceux des autres casques, certains en ont qui ne sont constitués que d’une seule lame, au moins deux fois plus large que la taille usuelle et rivetée au bol.

3) Oke tenugui kabuto : ces modèles de kabuto apparaissent sur l’île de Kyushu vers 1520, dans la région de Saiga. Ils seront portés par les fameux Ashigarus arquebusiers qui se battront contre Oda Nobunaga. Ces casques sont fait par rivetage de 1 à 4 plaques autour de la tête et d’une dernière pardessus. Cette plaque là dépasse un peu de l’arrière et n’a pas de Tehen. Cet aspect particulier les classe parfois dans la catégorie du Kawari kabuto, bien que ce casque là soit réellement un casque de combat, solidement constitué. Comme ce style n’a pas été vraiment repris à la période Edo, ces casques sont très rares aujourd’hui.

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A l’extrême fin de la période apparaît une protection de visage (Mempo/ Menpo). Fait parfois de cuir, mais dans l’immense majorité des cas en fer, il est laqué en rouge à l’intérieur avec de la cinabre, comme pour le Mabizashi et se pose directement sur le visage. Quand il protège la totalité du visage, on l’appelle Somen. Quand il protège les joues, le nez, la bouche et le menton, on l’appelle Hanpo/ Hampo. La bouche reste ouverte pour mieux pouvoir parler et respirer. Sous le menton, on trouve souvent un petit trou qui a pour but de laisser la sueur s’écouler. En dessous du nez, il y a une moustache faite en poils d’ours ou en crin de cheval. On trouve parfois une toute petite touffe du même type de poils sous la bouche. Le nez, qui peut prendre différentes formes, de la plus classique à celle d’un nez de Tengu, est presque toujours amovible, ce qui permet aussi de se débarrasser de la moustache.

Cette pièce d’armure visait avant tout à améliorer la tenue du casque. En effet, le mempo s’attache à l’arrière de la tête et le casque va venir par dessus. La forme grimaçante de la bouche et du menton

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permet de mieux tenir les cordons qui sont mieux calés par les plis. Ces cordons passent dans les crochets des joues du mempo puis en général sous la bouche et sous le menton. Le casque est ainsi solidaire de toute la tête, ce qui améliore sa tenue.Si le travail est esthétiquement assez impressionnant, le mempo est très rarement porté au combat. Il gêne les combattants qui respirent mal dedans. Pour les rares cas où on le trouve, le nez est retiré. Quand il est porté, il se retrouve plutôt chez les samouraïs de rang moyen et élevé qui ont moins à courir.

Sous le mempo, il y a des rangs de lames pleines ou des rangs montés en lamelles Iyozane ou en Hon kozane qui visent à protéger la gorge (Nodawa). En général, ces rangs suivent le style employé sur le shikoro.

Les armées utilisent massivement des yaris. La forme de shikoro en parasol de l’époque kamakura laisse un espace pour le bas du visage et le cou exploitables en combat. Les shikoros de cette époque redescendent donc et touchent presque les clavicules. Pour éviter un contact désagréable, on trouve parfois sur la dernière lame du shikoro une doublure en cuir ou même de la fourrure.

On trouve de plus en plus de shikoros qui redescendent légèrement en dessous de la ligne des épaules. La dernière lame est alors légèrement arrondie pour intégrer la forme des épaules. Ces shikoros sont cependant moins lourds que ceux de la période Heian. L’extérieur des épaules et des clavicules n’est plus protégé par cette nouvelle forme. Cette partie est maintenant protégée par la nouvelle forme de Sode qui se développe. Elle est moins grande et moins lourde que l’ancienne, mais elle suit la courbure de l’épaule.

5) Les Kabutos Azuchi- Momoyama (1573-1603)

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Cette période est très courte. Pourtant, elle va marquer l’histoire du Japon par l’apparition des grands hommes qui ont œuvré pour unifier le pays. Les grands seigneurs féodaux se battent avec des armées extrêmement nombreuses : elles intègrent massivement des Ashigarus : simples paysans peu voire pas entraînés. Ces hommes allaient très souvent au combat sans aucune protection à la fin de la période Muromachi. Les grands Daimyos prennent l’habitude d’équiper ces troupes d’armures peu coûteuses qu’ils leur « prêtaient ».

Si de rares Ashigarus pouvaient porter des kabutos, en général, ils portent sur la tête un chapeau fait de bois, de paille ou parfois de fer laqué. La forme reprend exactement la forme conique du chapeau civil (Gasa / Kasa). Ce « chapeau militaire » (Jingasa) est parfois accompagné d’un tissu attaché au bord, positionné comme un shikoro et qui sert à se protéger… du soleil. Ce casque là est très utile car par sa forme, il permet de transporter l’eau.Parfois, les Ashigaru et les samouraïs de petite extraction peuvent porter un Kabuto fait de rectangles métalliques reliés par de la maille (Tatami kabuto) ou « Karuta kabuto» : la forme et la taille des rectangles est très proche de celles des cartes à jouer des Portugais. Les Japonais ont donc donné le nom de « carte » à ce casque et à l’armure associée. Parfois, les Tatami kabuto sont constitués de lames horizontales. Cela donne l’impression que le casque n’est en fait qu’un grand shikoro. L’avantage de ce casque est simple : plus simple à produire, il permet surtout d’être rangé facilement car il prend peu de place. Son transport est donc facilité.

Pour les samouraïs, une mode commence à arriver : l’utilisation d’armures et de kabutos en deux couleurs : une pour le bol et le Maebashi (en général rouge sombre ou couleur marron- fer rouillé) et une pour le Shikoro et les Fukigaeshis (en général noir). Le mempo, quand il est présent, est d’une des deux couleurs, selon le goût de son porteur.

On assiste aussi à l’augmentation des armures et kabutos peints en « fer rouillé » qui étaient apparus dans le dernier siècle de la période Muromachi. Cette couleur est réellement due au fer, mais dont on a arrêté le processus d’oxydation. Les casques produits ainsi sont bruns. Une version simplifiée consistait simplement à recouvrir le kabuto d’une laque qui reprenait la même couleur et la même texture que celle du fer rouillé. En parallèle, une autre couleur se développe : le rouge foncé. Les armures en rouge vif existent aussi, mais sont en général portées par des armées ou des régiments

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entiers, dans un but de distinction. Le noir reste de toute façon, de loin, la couleur la plus employée. Certains casques et certaines armures pouvaient être recouvertes de feuille d’or ou d’argent, bien que la majorité des armures dorées ne contiennent pas d’or. On applique sur le métal une feuille d’étain et le tout est recouvert d’une laque ambrée. Le résultat est visuellement assez proche de l’or, sans en être. Naturellement, le but de cette couleur est d’être vu et ne se retrouve que chez les commandants d’une armée.

Bien que l’on n’utilise plus de Egawa peint sur les casques, comme aux anciennes périodes, on conserve parfois les bandes de laiton Fukurin sur les bords des lames du bol, sur les bords des Fukigaeshi, du Maebashi et sur certaines parties de lames du Shikoro. Ces Fukurins ne servent à rien, mais comme ils rappellent les anciennes formes de casques, ils indiquent un samouraï de rang assez élevé. De même, certains kabutos conservent la forme obsolète des Fukigaeshis rectangulaires, assez grands et qui recourbent en arrière. Comme ils sont gênants au combat, les artisans les montent parfois de façon amovible.

Enfin, se développe une nouveauté dans les kabutos : les kabutos grotesques (Kawari Kabuto). Ces casques là sont portés par des personnages de très haut rang. Ils remplacent les anciens Kuwagatas mais ont la même utilité : être vu. En effet, de plus en plus de petits samouraïs portent des maedates de toutes formes. Pour s’illustrer, le Daymio va porter un casque dont le bol lui-même sera différent.

Les premiers Kawari Kabuto sont une simple adaptation des casques militaires courants. On leur rajoute de grandes cornes ou une pièce imposante. Quand ce rajout se fait sur une pièce latérale, on l’appelle «Wakidate ». Quand le rajout est fait sur une pièce arrière, on l’appelle « Ushirodate». Quand le rajout est au dessus, on l’appelle «Kashiradate ».

Le bol utilisé pour ce genre de casque peut être de forme classique, un momonari ou un zunari.

Rapidement, le bol se met à évoluer pour prendre toute une série de formes originales. Certaines sont des reprises de casques étrangers : Coréens, Chinois, Espagnols… Parfois, le casque est simplement inspiré des modèles étrangers. Parfois, il est simplement repris. On y rajoute alors les éléments jugés essentiels au combat.

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Puis on assiste rapidement à une progression : plus le niveau social est élevé, plus on porte des casques originaux et voyants. Le but de ces casques là est d’être remarqué. Le samouraï d’un certain rang combattant pourra porter un kawari kabuto sobre et distinctif, dans l’idée d’être remarqué par ses supérieurs quant à sa bravoure développée dans le combat. Les généraux porteront aussi un kawari kabuto afin d’être vus par leurs troupes du premier coup d’œil. Le Daimyo, enfin, portera le plus impressionnant de ces casques spectaculaires à la fois pour être vu, mais aussi pour encourager ses armées par sa présence. Etre vu pendant le combat est en même temps un acte de bravoure puisque l’on attire sur soi les flèches et les balles et en même temps une nécessité : que les ordres soient perçus et respectés. Ces kabutos sont donc au moins aussi lourds que les modèles plus classiques des combattants.

Naturellement, le supérieur interdit à son inférieur de porter un kabuto plus voyant et plus impressionnant que lui. Les kawaris kabutos des Daimyos sont donc les plus extravagants, les plus colorés, les plus spectaculaires.

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Le fameux casque de Takeda Shingen était ainsi recouvert de « cheveux blancs » en poils de Yack mongol.On comprendra que ce type de kabuto soit à la fois le plus remarquable et en même temps le plus rare. Les quelques rares kawaris kabutos utilisés au combat n’ayant que rarement survécu, il ne reste que ceux portés par les grands généraux et les Daimyos.

L’utilité de ces kabutos est apparue avec l’augmentation de la taille des armées en présence. Aussi, les premiers kawaris kabutos apparaissent timidement vers 1500 et se développent jusqu’en 1600.

6) Les Kabutos Edo (1603-1868)

La période Edo est remarquable par sa paix, son absence de combat et son absence total d’intérêt du point de vue militaire. Néanmoins, étant la dernière période avant la rentrée dans l’ère « moderne », l’immense majorité des armes et armures qui nous restent datent de cette période.

Le dernier des 3 grands unificateurs du Japon, Ieyasu, a instaurée après les batailles de la période précédente une période de paix de 250 ans. Pourtant, le kabuto va encore très légèrement évoluer.

Si au début du XVII ième siècle, le Japon continue de forger des casques militaires, ils deviennent rapidement très fins et donc très légers. Un élément qui permet de les reconnaître est la taille du Shikoro. Celui-ci garde sa forme proche du visage, mais se raccourcit. Le gain au niveau du poids esta lors significatif. Visuellement parlant, ces casques de style militaire peuvent être très proches des casques de la période précédente. Mais ils n’ont plus réellement vocation à être utilisés au combat. Le nombre de guerriers diminuant et les armures n’ayant plus aucune utilité, on les décore de plus en plus pour les plus riches.

Ainsi, les Suji Kabutos voient souvent les segments rehaussés de Fukurin. Ces parties n’ayant aucun contact avec la peau et comme il n’y a pas de cuir sur le bol, elles ne servent à rien, sinon à l’esthétique. Elles servent de décors et rappellent les Fukurin des Maebashi et Fukigaeshi (qui eux même ne servaient déjà plus à rien). Naturellement, ces décorations ne se trouvent que sur les casques haut de gamme.

Au XVII ième, on prend l’habitude de décorer les Suji Kabuto avec des petites pièces en laiton (Igaki) à la base de chaque segment du bol qui reprennent la forme d’encoches de flèches. Ce rajout qui n’a,

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là encore, aucune utilité militaire, se retrouve parfois sur des casques plus anciens. La raison est que ces casques ont été souvent retouchés plus tard et on leur a rajouté ces pièces. Ce mélange des époques sur un même casque rend les datations plus difficiles. Néanmoins, il faut noter que les Igakis et Fukurins sur le bol apparaissent sur les Sujis Kabutos vers le milieu de la période Muromachi. Mais ils resteront assez rares et ne se trouveront massivement qu’à la période Edo.

Les Tatami kabuto sont de plus en plus portés par les samouraïs alors qu’ils étaient en général réservés au Ashigarus des périodes précédentes. La raison est que son aspect « pliable » donc plus aisément transportable est un avantage important : la qualité du casque comme pièce défensive est devenue accessoire.

A côté de ces casques, le kawari kabuto continue d’évoluer. Celui-ci est de plus en plus commandé par les seigneurs. Mais comme ils ne combattent plus, ils changent de structure. Le bol militaire qui était caché dans la majorité des cas précédents disparaît : son poids sera ainsi divisé par deux. Le casque peut être totalement en fer très fin sculpté ou en cuir, parfois recouvert de tissu, de carton, de papier ou de fourrure. Le tout est laqué, incrusté, pailleté d’or ou d’argent, gravé selon l’idée de l’artisan- artiste, le goût du commanditaire et ses moyens.

Si l’histoire du kabuto est remarquable par sa continuité et sa faible évolution, les kawaris kabutos sont étonnants par leur variété, leur richesse, leur créativité et parfois leur degré de stylisation. Tous différents, ils tirent leur inspiration de la nature, des végétaux, des animaux réels ou imaginaires, de la mythologie, du Shintoïsme, du Boudhisme…Les motifs sont infinis. Certains sont courants, d’autres plus rares : ils reprennent la forme figurative ou stylisée d’objets courants : un sceau, un éventail, une gourde, un sac…

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L’Europe étant très à la mode à la période précédente et jusqu’à l’isolement du Japon, les kawaris kabutos reprennent des formes européennes : casques, boulets de canons, bonnets de feutre…Les Daimyos Chrétiens indiquent même sur leurs casques leur foi en plaçant des croix. Mais Tokugawa leur faisant la guerre, il n’est plus bien vu d’orner son casque de ce genre de motif, aussi, ils disparaissent brutalement en 1615.

Certains kawaris kabutos de la période Edo se veulent « effrayants ». En réalité, ceux qui ont servi à la période précédente au combat n’avaient pas ce but. Au contraire, ils étaient plutôt ornés de symboles indiquant que le propriétaire était plein de compassion pour les hommes qu’il avait (ou qu’il allait) tuer. Cette idée vient de la tradition bouddhiste de prier pour les âmes des défunts.

En réalité, les kawaris kabutos ne servent plus à être vu par les guerriers sur le champ de bataille mais à être vu par les paysans dans les champs de culture. Les formes de kabutos qui se veulent « effrayantes » ont beaucoup plus d’effet sur ces gens là que sur des combattants aguerris…

La raison de l’évolution des kawari kabuto est simple : le Shogunat a décidé que les Daimyos viendraient séjourner à la capitale Edo régulièrement pendant plusieurs mois dans l’année et laisser des membres de leur famille le reste du temps à leur place en otage. L’objectif du Shogun est de contrôler les seigneurs locaux, d’enrichir la ville d’Edo par les dépenses obligatoires des Daimyos et ainsi d’éviter toute révolte.La richesse du Daimyo et son éloignement se traduisent par la régularité de ses séjours à la capitale, le nombre d’hommes qu’il doit amener avec lui et le montant des dépenses. Les seigneurs sillonnent ainsi continuellement le Japon, exhibant leurs richesses, leurs armes et leurs armures et enrichissant du même coup les villes qui sont sur leur chemin. Ces Kawari Kabutos là atteignent leur apogée dans l’originalité et l’exubérance.

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A la fin du XVII ième siècle, le Japon s’est enfermé sur lui même. Le confucianisme promu par le Shogunat fige le pays dans le respect maladif des ancêtres et dans le conservatisme. L’innovation n’est pas bien vue. Cela se traduit dans les Kawaris kabutos par l’arrêt de la créativité et l’absence de création. On se contente de recopier les kawaris kabutos plus anciens. La vie de ces casques a duré ainsi 200 ans. Mais ces 200 ans auront été d’une grande richesse artistique et esthétique.

Pour les casques « militaires », on retrouve la même logique : on recopie les casques anciens Heian ou Kamakura que l’on voit comme nobles. Mais le temps est passé et bien souvent l’utilité de certaines pièces n’est pas comprise. Aussi, elles sont mal montées et d’un point de vue militaire sont parfois totalement incohérentes. Ce qui ne gêne pas particulièrement dans cette période de paix. L’artisan mélange ainsi souvent les époques. Tentant de recopier une armure de style Heian ou Kamakura, il y met des pièces postérieures qui n’existaient pas. Il les agence d’ailleurs parfois de façon illogique, ce qui gênerait lors d’un combat.

Plus on avance dans la période Edo, moins ces armures d’apparat seront réalistes, mais plus elles seront nombreuses. A la fin du XIX ième siècle, la méconnaissance est telle que face à des réelles armures historiques anciennes, on rajoute des pièces postérieures qui n’existaient pas, croyant faire de la restauration. On trouve ainsi par exemple des Kabutos Heian affublés de Mempo, pensant que l’armure d’origine avait perdu le sien…

Ce genre d’erreur, (certains spécialistes disent même « d’horreur »), est très fréquent à cette période. Si leur réalisation peut être très soignée, leur respect des anciennes formes historiques, leur réalisme et leur réelle efficacité en combat est souvent totalement illusoire. Le kabuto, jadis casque de combat, est devenu un simple symbole d’apparat.

Enfin, les samouraïs nobles se mettent à porter un modèle particulier de Jingasa : il n’a pas la forme conique de celui réservé aux Ashigarus mais une forme plus complexe, plus arrondie et dont les bords avant et arrière sont souvent un peu surélevés. On trouve dessus le mon. Sa conception est bien plus soignée. Certains sont en fer laqués, mais plus souvent en bois laqué. Certains ont même… un Tehen Kanamono décoratif, afin de rappeler une forme militaire. Ce modèle de casque est surtout porté à cheval et correspond à la bombe de cavalerie.

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Conclusion :

On ne peut comprendre la logique d’une protection que lorsque elle est replongée dans son contexte, en fonction des armes en face et du type de combat qui se pratique. Le kabuto ne déroge pas à cette règle. Si il a relativement peu évolué dans le temps, les armes utilisées pour l’attaquer ont aussi peu évolué. Il faudra attendre la période des royaumes en guerre du XVI ième siècle pour voir apparaître plus de styles et enfin, le kawari kabuto. Les armuriers, devenus artistes, pourront alors donner libre cours à leur inspiration et produire des pièces qui impressionneront le monde entier.

Mad.

Lexique :Agemaki = nœud en forme de croix réalisé à partir de cordons de soie. Se trouve parfois noué à un anneau, à l’arrière du bol et servant à empêcher ce même anneau de faire du bruit en tapant contre le bol

Bushi = Guerrier

Etchû kabuto = autre nom du Zunari kabuto, la bande centrale du casque passant par dessus la visière

Fukigaeshi = Partie du Shikoro qui se retourne à l’avant du casque afin de protéger le tressage des rangées de lames. Porte parfois à partir de la période Muromachi un blason

Egawa = Cuir peint que l’on trouve parfois sur les casques de haut rang sur le Maebashi et les Fukigaeshi

Fukurin = Petite bande en laiton, en cuivre ou en fer laqué qui entoure les arrêtes du casque afin d’éviter les coupures. On les trouve sur le Maebashi à la période Heian, puis plus tard sur les Fukigaeshi. On les trouve enfin parfois sur les casques de haut rang de type Suji Kabuto sur chaque arrête des lames du bol dans un souci purement esthétique

Gasa = Chapeau, par extension : casque en forme de chapeau. Autre nom = Kasa

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Hachi= Bol du casque, partie qui protège le crâne au dessus des oreilles et des sourcils

Hampo = Forme générale du Mempo : protège les oreilles, les joues, le nez et le menton du guerrier. Le nez est en général amovible. Très rarement porté au combat dans sa version complête, on le trouve plus facilement sans le nez. Sert surtout à mieux sécuriser le kabuto sur la tête du guerrier grâce aux crochets que l’on trouve sur les joues dans lesquelles passent la sangle d’attache du casque

Happuri = Masque en cuir ou en métal laqué à l’extérieur en noir et à l’intérieur en rouge, parfois recouvert de cuir Egawa à l’extérieur. Il laisse à découvert la zone en forme de « T » constituée des yeux, du nez, de la bouche et du menton. Porté parfois avec le kabuto, parfois sans Kabuto par les guerriers plus modestes. Autre nom de Sarubô

Hineno Kabuto = Autre nom du Zunari Kabuto, la bande centrale passant sous la visière

Hon Kozane = Kozane « pleine ». Lamelle rectangulaire verticale dont un angle du haut a été coupé. Elle est perçée par 2 ou 3 rangées de trous. Quand elle est en fer, son épaisseur varie de 0,6mm à 1,1 mm. Quand elle est en cuir, son épaisseur varie de 2,5mm à 3,5 mm

Hoshi = Gros rivets en fer du bol, caractéristiques de la période Heian

Igaki = pièce en laiton ou en cuivre reprenant la forme d’une encoche de flèche que l’on trouve à la base des segments des Suji kabuto. N’a aucune utilité outre l’esthétique

Iyozane = lamelle plus large et plus épaisse que la Hon Kozane en fer ou en cuir laqué. Constituée de 2 rangées verticales de trous, elles se recouvrent moins que les Hon kozane et nécessitent moins de tressage. Au début réservées aux guerriers de moindre extraction, elles constituent à partir de la période Muromachi les armures des guerriers de rang moyen à élevé, jusqu’aux généraux

Jingasa = casque militaire en forme de chapeau. Il est porté par les Ashigaru à la fin de la période Muromachi et Momoyama, par les samouraïs de haut rang et les Daimyos à la période Edo quand ils ne sont pas en armure

Kabuto = Casque militaire

Kamon = Armoiries d’un clan ou d’une famille. Autre nom : Mon

Karuta kabuto = Autre nom du Tatami Kabuto

Kasa = Autre nom de Gasa

Kashiradate = Décorations portées au dessus du bol du casque

Kawari Kabuto = Casque « grotesque » ou « spectaculaire » porté par les Daimyos et les samouraïs de très haut rang

Ken = Littéralement « lame ». Correspond à une forme d’épée droite à deux tranchants ou plus généralement à toute forme en fer plate et rectangulaire

Koboshi = Petit rivet

Koshimaki = Première bande du shikoro, rivetée au bol dans laquelle on trouve les trous pour les cordons d’attache

Kote = Protection de bras

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Kozane = Lamelle. Bande de métal ou de cuir trouée puis laquée

Kuwagata = Maedate reprenant la forme de cornes stylisées. Uniquement porté par les généraux aux périodes Heian et Kamakura et servant à être vu de loin par les guerriers

Mabisashi = Partie du kabuto ayant la forme d’une visière de casquette, plus ou moins inclinée vers le bas. Autre nom : Maebashi

Maebashi = Partie du kabuto ayant la forme d’une visière de casquette, plus ou moins inclinée vers le bas. Autre nom : Mabisashi ou Mabizashi

Maedate = Décoration accrochée au Maebashi ou à l’avant du bol. Réalisée en laiton, cuivre, bois laqué, sculpté ou recouvert de feuille métallique

Mempo = Protection de visage plus ou moins complête, selon les versions. Il apparaît à l’extrême fin de la période Muromachi

Momonari kabuto = Casque fait en deux parties latérales reliées par une bande centrale. La forme générale est celle d’un noyau de pêche dans le style des casques espagnols. Le bol lisse a une forme de bonnet phrygien pointu

Mon = Armoiries. Autre nom : Kamon

Nagamaki = Arme d’hast typique de la période Heian. Fauchard composé d’une longue lame courbe de 70cm à 1m de long avec un manche de 1m à 1m20 en bois recouvert de cuir enroulé. Le Nagamaki n’a pas de tressage sur son manche comme un sabre : lorsque il existe, le tressage a été rajouté bien après son emploi réel. Cette arme est l’ancêtre du Naginata

Naginata = Arme d’hast composée d’une lame courbe de 40 cm à 65 cm de long avec un manche parfois laqué de 1m40 à 1m80. Utilisée d’abord par les guerriers à pieds, elle deviendra une arme noble à partir de la fin de la période Kamakura. A partir de la période Edo, une forme allégée devient l’arme principale des femmes pour qui le gain de distance permet de compenser le manque de force, ce qui explique que cette arme soit souvent décrite de nos jours, à tort, comme une arme de femme

Namban = Nom assez péjoratif donné aux européens. La traduction littérale « barbare du sud» vient du fait que les Européens avaient débarqué au Japon par le sud

Nodachi = Long Tachi de champ de bataille. La lame a une longueur de 80 cm à 1m20 et une poignée de 30 cm à 50 cm. Apparaît à la fin de la période Kamakura

Nodawa = Protection du cou en lames pleines ou en lamelles souvent identiques au shikoro mais pas obligatoirement. Parfois liées au Mempo, parfois porté sans.

Odoshi = Tressage fait de soie, de cuir type nubuck/daim ou à partir de la fin Muromachi de coton

Oke tenegui = Nom de kabuto utilisés principalement sur l’île de Kyushu dans la province de Saiga (ou Saika). Le bol est constitué généralement de 1 à 4 pièces rivetées, le tout formant une sorte de couronne assez haute. Une autre pièce est rivetée à celles de la couronne par-dessus et continue légèrement sur l’arrière. En général, ces kabutos sont en couleur sabiji. Parfois classés comme des Kawaris Kabutos malgré leur réelle utilité et efficacité au combat

Sabiji = Couleur fer rouillé, parfois nommée aussi Tetsu Sabiji. Correspond à du brun-rouge

Sarubô = Autre nom de Happuri

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Shikoro = Couvre nuque constitué de lames, elles mêmes composées de bandes pleines, de lamelles étroites, de lamelles larges ou de bandes pleines imitant des lamelles

Shoukakutsuki = Ancienne forme de casque datant de la période Nara

Sode = Protection d’épaule attachée au niveau des clavicules et qui pend librement sans suivre le mouvement des bras. D’abords lourds, larges, verticaux et rectangulaires, ils deviennent à partir de la période Muromachi plus petits, moins lourds et suivent la courbure des bras

Somen = Forme particulière de Mempo qui protège aussi le front. Assez rare, beaucoup d’historiens doutent fortement qu’ils aient été réellement portés au combat

Tachi = Sabre courbe porté tranchant vers le bas. Ancêtre du katana, il est porté avec l’armure par les cavaliers et en civil par les seigneurs de haut rang

Tanto = Couteau porté avec le Tachi

Tatami kabuto = Casque constitué de petites plaques liées entre elles par des anneaux de fer laqués par les Ashigaru de haut rang et les Samouraïs modestes. Avantage : il est pliable, donc prend moins de place pour le transport. Autre nom du Karuta kabuto

Tehen = Trou du casque par lequel le Bushi passait sa queue de cheval à la période Heian et début Kamakura : situé à l’apex du kabuto, il est à l’endroit où se rejoignent les lames du casque

Tehen Kanamono = Pièce de laiton très ornée qui entoure le trou Tehen

Urushi = Laque provenant d’un arbre japonais. De couleur translucide-jaune à l’état naturel, elle brunit avec le temps quand on la malaxe. Au delà d’un certain temps, elle devient noire. Toxique à l’état liquide, elle devient sans danger quand elle est totalement sèche

Ushirodate = Décorations à l’arrière du bol du casque

Wakidate = Décorations sur les côtés du bol du casque

Yari = Lance

Yumi = Grand arc asymétrique

Zunari kabuto = Casque fait en 3 parties : deux parties lattérales et une bande centrale qui passe par dessus ou sous le Maebashi. La forme générale, plus ou moins haute, reprend théoriquement la forme du crâne humain. Autre nom : Hineno Kabuto, Etchû Kabuto

Les sources :Sources Internet :

http://en.wikipedia.org/wiki/Kabuto

http://www.aisf.or.jp/~jaanus/deta/k/kabuto.htm

http://www.sengokudaimyo.com/katchu/katchu.html

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http://www.toraba.com/index.html

http://www.taots.co.uk/content/view/20/28/

http://www.picure.l.u-tokyo.ac.jp/arc/stibbert/content/tn01.html

http://www.kitsunegaroo.com/Desarmor.asp

http://www.samurai-archives.com/KabArt.html

http://www.narahaku.go.jp/meihin/kouko/146.html

http://www.geocities.com/normlaw/page13d.html

http://blog.goo.ne.jp/makkyi0112/m/200605

http://www.pbase.com/joanseeuw/arms_and_armour_

Sources papier

Warriors of Medieval Japan, de Stephen Turnbull

Samourai, The world of the warrior, de Stephen Turnbull

War in Japan 1467-1615, de Stephen Turnbull

Samouraïs, de Mitsuo Kure

Kawari Kabuto, de Marie-Céline Cortier