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Laurent Chateau La " Tao-entreprise " Soigner l’entreprise comme un corps humain par la sagesse traditionnelle chinoise Performance globale et harmonie Préface de Bernard Plano

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Laurent Chateau

La" Tao-entreprise "

ISBN 978-2-8041-8400-1TAOENT

issN 1373-0274

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Soigner l’entreprise comme un corps humain par la sagesse traditionnelle chinoise

Performance globale et harmonie

www.deboeck.com

• Et si on pouvait soigner l’entreprise (baisse des ventes, baisse de la qualité, conflictualité…) comme un corps humain, par la médecine traditionnelle chinoise (MTC d’entreprise) ?

• Et si on pouvait motiver les salariés, par l’adhésion à un projet supérieur et fédé-rateur ?

• Et si on pouvait manager par l’harmonie, et par un supplément de sens et d’utilité ? • Et si on pouvait améliorer la performance globale (innovation, collaboration,

ouverture au changement, productivité…) et la pérennité des entreprises, par les enseignements de la sagesse taoïste et de la nature (Taoïsme d’entreprise) ?

• Et si les nouveaux modèles d’entreprise occidentaux préfiguraient la " Tao-entre-prise " de demain ?

• Et si les entreprises prenaient leur « part du monde » pour œuvrer à la fabrication d’une société meilleure ?

Voilà quelques questions auxquelles répond la " Tao-entreprise " à l’aide d’exemples et de cas concrets. Innovante, décapante, elle rebat les cartes de ce que l’on prenait pour des évidences, en abordant de nouveaux concepts de la sociologie des orga-nisations, en apportant aux décideurs et aux managers des outils ou des concepts inédits et opérationnels comme le Business-sens, la Pyramide du Tao-Projet, le Smart-Tao, la Tao-gouvernance, la Taorganisation, le Tao-management, le modèle POOC, la synergétique, l’ « harmonance », l’ « écolistique », le Tao-business grid, etc.

à bout de souffle et sans boussole, nos économies concurrentielles et mondialisées ont besoin de nouveaux repères, nos entreprises de nouveaux leviers de performance, nos salariés de nouvelles raisons de se motiver. La " Tao-entreprise " se propose de les aider à trouver ces nouvelles clés, à ouvrir de nouvelles voies à partir de la nature bienveillante et performante qui sommeille en chaque homme et en chaque décideur.

Laurent CHATEAU Convaincu que le changement de nos sociétés passera par l’évolution intérieure et la prise de conscience des acteurs économiques et des dirigeants qui la com-posent, Laurent CHATEAU a fondé la structure de Conseil « Tao&Organisation ». Concepteur original et exclusif des outils de la Tao-entreprise (Qi Gong d’entre-

prise, MTC d’entreprise, Taoïsme d’entreprise), il forme aujourd’hui des Tao-formateurs certi-fiés et conseille les dirigeants des entreprises et des collectivités pour donner à partir de la sagesse chinoise, un supplément de sens, de performance et d’harmonie à leur action.

Diplômé en marketing (DESS) et en aide à la décision en entreprise (DEA) de l’Université Paris Dauphine, dans la vie active depuis près de 25 ans, Laurent CHATEAU a exercé dans plusieurs entreprises des fonctions de direction et de consultant dans les domaines du marketing, du commercial, de la communication et de la gestion de projets.

Diplômé de la Fédération des Enseignants de Qi Gong et des Arts énergétiques (FEQGAE), il a pratiqué pendant 12 ans les arts martiaux vietnamiens et enseigne le Qi Gong depuis 2008. Il est l’auteur de nombreux articles et de deux ouvrages sur « Le Qi Gong dans l’entreprise ».Tao-entreprise® est une marque déposée par l’auteur.

Site de l’auteur : www.taoetorganisation.com

Et si on pouvait soigner l’entreprise comme un corps humain ?

Préface de Bernard Plano

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Cette collection est destinée à fournir aux cadres, mais aussi à tous ceux qui sont ou seront impli-qués dans la vie quotidienne d’une entreprise moderne, des outils efficaces, pratiques, faciles et rapides à consulter.Qu’il s’agisse de la rédaction d’un rapport ou d’une note de service, de la préparation de sémi-naires ou de voyages d’affaires, de délégation de pouvoir ou de motivation du personnel, les ouvrages publiés dans le cadre de cette collection se veulent des aides à une gestion optimale de la productivité.

•LaurenceAubourg,OlivierLecointre, Manager avec les Accords toltèques. Une nouvelle voie vers l’intelligence collective

•MichelAmiel,FrancisBonnet, Recruter sans trop d’erreurs. Procédures, outils, méthodes

•BrigitteAndré, Self-leadership pour (se) manager. Guide des 8 principes pour la réussite… de soi

•PierreBach, Le management de projets de formation en entreprise, administration et organisation

•RichardBarrett, Libérer l’âme de l’entreprise. Bâtir une organisation visionnaire guidée par les valeurs

•JacquesBoy,ChristianDudek,SabineKuschel, Management de projet. Fondements, méthodes et techniques + CD-Rom - 2e édition

•LaurentChateau, La " Tao-entreprise ". Performance globale et harmonie.

•AnneDeering,RobertB.Dilts,JulianRussel, Alpha Leadership. Les 3 A : anticiper, aligner, agir

•RobertB.Dilts, Leadership visionnaire. Outils et compétences pour réussir le changement par la PNL

•ClaudeDuterme, La communication interne en entreprise. L’approche de Palo Alto et l’analyse des organisations

•Ernst&Young,L’écho, Maîtriser la croissance des PME. Gestion, gouvernance, développement

•PierreGuilbert, Le B.A.-BA du management. Guide pratique & roman

•ElisabethLecœur, Gestion des compétences. Le guide pratique

•FranckJullien,ChristianGallerey,CatherineKleinberg,GuyTopall, Les 6 couleurs du manager. Managez selon votre personnalité… et celle des autres !

•FranckMartin, Managez humain, c’est rentable ! Comment humaniser les relations professionnelles

•RogerMoyson, Gérer son temps et son stress. Pour un nouvel humanisme - 2e édition

•RogerMoyson, Le coaching. Développer le potentiel de ses collaborateurs

•RogerMoyson, Faire face au public et aux médias. Conseils, techniques, exercices

•RogerMoyson, Une nouvelle gestion du temps ! Qualité de vie et efficacité personnelle

•DanielOllivier,CatherineTanguy, Génération Y, Mode d’emploi. Intégrez les jeunes dans l’entreprise ! - 2e édition

•HuguesPoissonnier,MichelPhilippart,NicolasKourim, Les achats collaboratifs. Pourquoi et comment collaborer avec vos fournisseurs

•SanderSchroevers, Comment… communiquer par écrit en entreprise … en 6 langues

•SanderSchroevers, Comment… faire un communiqué de presse d’entreprise … en 6 langues

•SanderSchroevers, Comment… téléphoner en entreprise … en 6 langues

•RobertStahl, Management, formation et travail en équipe. Pratiques issues du coaching et de l’intelligence collective

•Pierre-EricSutter, Comment… recruter ou se faire recruter Réussir sa recherche de candidat, d’emploi gagnant-gagnant

•JosefW.Seifert, Visualiser, présenter, animer. Outils et techniques de valorisation des rapports, exposés et réunions

•GrégoireTalbot, CamillevanVyve(Avec la collaboration de), Pilotez votre entreprise grâce au Management Cockpit

•BenoitTas,JacquesVandersanden, Transmission d’entreprises. Prix et valeur

•AlainThiry, La PNL en réunion. Trouvez ensemble des solutions… intelligentes !

•AlainThiry, Les 3 types de coaching. La PNL de 3e génération en entreprises et organisations

•RichardVairez, Techniques de vente et management des vendeurs. Vendre au détail ou en magasin

•LouVanBeirendonck, Tous compétents ! Le management des compétences dans l’entreprise

•DominiqueVian, ISMA360®. La boussole de l’entrepreneur innovateur

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LaurentChateau

Soigner l’entreprise comme un corps humain par la sagesse traditionnelle chinoise

Performanceglobaleetharmonie

Préface de Bernard Plano

La" Tao-entreprise "

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©DeBoeckSupérieurs.a.,2014 1reédition FondJeanPâques,4-1348Louvain-la-Neuve Tousdroitsréservéspourtouspays. Ilestinterdit,saufaccordpréalableetécritdel’éditeur,dereproduire(notammentparphotocopie)partielle-

mentoutotalementleprésentouvrage,delestockerdansunebanquededonnéesoudelecommuniqueraupublic,sousquelqueformeetdequelquemanièrequecesoit.

ImpriméenBelgique

Dépôtlégal: Bibliothèquenationale,Paris:mars2014 ISSN1373-0274 BibliothèqueroyaledeBelgique,Bruxelles:2014/0074/026 ISBN978-2-8041-8400-1

Photodelajaquette:©ojoimages4-Fotolia.com

Pourtouteinformationsurnotrefondsetlesnouveautésdansvotredomainedespécialisation,consulteznotresiteweb:www.deboeck.com

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À mes Tao- entrepreneuses.Pour inspirer nos vies.

« Le sage du Tao n’écrit pas par désir intérieur, mais pour répondre à un besoin extérieur, parce que le Tao l’exige,

parce que la situation des hommes le réclame. »

« L’essentiel n’est pas d’être immensément riche mais de devenir richement immense. »

Marc Halévy (Lecture du Tao)

« Projet d’entreprise. Projet de société. Projet d’humanité. Notre monde a impérieusement besoin de projets qui rassemblent et unissent. »

Marc Halévy (Tao et management)

Le départ est solitaire mais l’arrivée est multiple. Un grand merci à Gabriel Colom (http://www.progcens.com) pour sa connaissance du monde du coaching et sa bienveillance toute taoïste.

Un remerciement amical également à Delphine, pour son appui et sa créativité graphique ainsi qu’à Xavier, pour sa parfaite maîtrise du web 2.0.

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Comprendre pour motiver,motiver pour agir,

agir pour comprendre.

L’homme est ce triangle qui permet de passerdes principes du carré à la logique du cercle.

Rêver la vie de l’entreprise la nuit,vivre le rêve de l’entreprise le jour.

« La Tao- entreprise »,qui peut également s’entendre

comme « la voie de l’entreprise », et qui ne doit pas nous faire oublier

l’entreprise de la Voie.

Le dirigeant, le manager, l’actionnaire l’investisseur est un médecin qui ignore sa capacité à guérir le déséquilibre

des hommes, des systèmes et du monde. Ce livre cherche à développer sa prise de conscience

et son aptitude thérapeutique.

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Lorsque Laurent m’a demandé de préfacer son ouvrage, j’ai tout de suite adhéré au thème qu’il a étudié et développé avec minutie. Pourquoi ?

Ma carrière, mes expériences industrielles successives ainsi que les dix dernières années consacrées à l’animation des collectivités territoriales, m’ont permis de constater que les entreprises et les différents groupes sociaux réagissent à leur échelle comme un individu, comme un être humain. Je vais m’en expliquer simplement.

En premier lieu, toute action est l’aboutissement d’un cheminement de la réfl exion. À ce titre, il est étonnant de constater combien ce processus est similaire entre un « corps social » et un corps humain.

Dans ce parcours qui nous amène de l’information à l’action, une première phase consiste en effet à collecter l’ensemble des informations pertinentes et nécessaires à la prise de décision. La deuxième étape permet à travers l’analyse, l’évaluation, la comparaison, la mise en place d’une feuille de route adaptée aux enjeux tactiques ou stratégiques identifi és. La troisième étape enfi n consiste à agir le mieux possible en réponse aux questions et constats posés, aux différents problèmes soulevés par le questionnement initial.

Nous avons ainsi trois étapes qui peuvent se résumer par les verbes suivants :

— la première : voir, entendre, écouter, toucher, sentir… — la seconde : comprendre, évaluer, analyser, décider… — la troisième : réagir, agir…

Le simple énoncé de ces verbes d’action et quasi sensoriels caractérise aussi bien le comportement humain que les démarches et analyses stratégiques utilisées au sein de l’entreprise ou des groupes sociaux de nos cités. Dans nos processus de management, ils portent des noms de tâches ou d’activités comme :

— bilan, état des lieux ou diagnostic — analyse ou plan stratégique — feuille de route ou plan d’actions

Préface

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ÉFAC

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L’expérience met en évidence que si l’une de ces fonctions sensorielles, corporelles, cérébrales est atrophiée ou négligée dans la démarche, le résultat fi nal n’est pas optimisé, tant dans le comportement humain que dans la marche de l’entreprise. À l’inverse et plus positivement, un bon dosage et la meilleure harmonie possible entre ces trois séquences donnent d’excellents résultats et aboutissent à l’équilibre. Bien sûr, on pourra toujours objecter que cette belle mécanique peut être bousculée par d’autres facteurs comme l’intuition ou les « actions – réfl exes ». Je tiens pour ma part ces « actions-réfl exes » comme une prise de décision rapide basée sur l’expérience acquise au travers du vécu de situations analogues. Elles démontrent là encore s’il en était besoin, toute l’analogie qui peut être trouvée entre la mémoire du comportement humain et le management de nos entreprises.

Pour insister, c’est bien l’amélioration et la bonne utilisation des diverses séquences qui font la différence dans l’obtention des meilleures performances individuelles ou collectives. Le renforcement de certaines fonctions sensorielles, corporelles ou comportementales produit des résultats supérieurs aussi bien chez l’individu qu’au sein de nos entreprises, par exemple :

— le réveil de la fi erté, la stimulation de l’honneur à atteindre un résultat brillant, — le développement du sentiment d’appartenance à un groupe, uni autour d’un

objectif commun et ambitieux, — l’évolution de la transmission des ordres hiérarchiques en une prise de déci-

sion collective animée par un leadership respectant les idées individuelles, — l’appel à la responsabilisation par la concertation dans la prise de décision…

Ces principes permettent aux individus de s’inscrire dans un schéma positif d’évo-lution personnelle et d’obtenir l’engagement individuel de chacun des acteurs de l’organisation. Cet engagement débouche, nous le savons tous, sur le gain de per-formance dont nos entreprises ont besoin.

Oui, Laurent va nous démonter avec talent et méthode toute l’analogie qui peut être trouvée entre le comportement d’un être humain et celui d’une entreprise à partir des enseignements de la tradition chinoise.

Je vous souhaite une bonne lecture de « La Tao-entreprise ».

Bernard Plano

Ingénieur ENSEA et diplomé MBA/CPA.Ancien dirigeant des groupes Matra et EADS.

Consultant international. Senior Vice-Président de Spacebel,

en charge du développement international.Maire de Lannemezan,

Président de la communauté de communes du Plateau de Lannemezan et des Baïses.

Conseiller régional de la région Midi-Pyrénées, Président de la commission Industrie,

Grands groupes et services aux entreprises, Président de Midi Pyrénées Expansion

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L’entreprise, la collectivité ou l’administration ne déploient par expérience que 40 à 60 % de leur potentiel productif et créatif. Certains salariés s’ennuient (20 % seulement des salariés se disent enthousiastes quant aux buts de leur équipe ou de leur entreprise), d’autres, bien que capables sont sous- employés, certains ne sont pas à leur place, des collaborations sont ratées, des actions sont inutiles, des marchés porteurs sont délaissés, des idées ou des possibilités de faire mieux sont perdues, les pertes (de temps, de coopération, de matière, de déchets, de progrès, de satisfaction, de plaisir) sont partout. L’entreprise gaspille 1. Elle ressemble à cette voiture dotée d’un moteur V6 bridée sur la troisième vitesse, poussant à l’excès les rapports de sa boite de vitesse, recherchant l’adhérence qui lui permettra de trouver le bonheur de conduire dans les courbes.

Si l’entreprise 2 était un individu en chair et en os – et de plus en plus de théoriciens l’assimilent à un organisme vivant – on dirait qu’elle est souffrante ou malade, débi-litante. Affaiblie, la personne morale connaît les mêmes troubles énergétiques que la personne physique. Son corps social ressent les mêmes stagnations d’énergie et souffre des mêmes déséquilibres organiques. Certains de ses organes sont grip-pés ou ont du mal à collaborer avec les autres organes de l’« organ(e)isation ». Le

1 . Olivier Devillard, dans Dynamiques d’équipes (Éd. d’Organisation, 2005) mentionne trois pertes énergétiques : l’énergie latente, qui représente l’écart entre ce que le salarié est capable de donner et ce que l’entreprise lui demande, l’énergie d’entretien, qui relève des pertes liées aux conditions de travail (ambiance, confl its…) et enfi n l’énergie dispersée, qui porte sur les dysfonctionnements organisationnels (manque de vision, processus peu clairs, outils inadaptés, etc.).

2 . La notion d’« entreprise » ne renvoie pas uniquement à une « organisation autonome de production de biens et de services marchands », mais doit ici s’entendre au sens large, à savoir toute orga-nisation humaine constituée, cherchant à atteindre un objectif économique, politique, social… commun. À ce titre, on peut élargir cette acception économique d’« entreprise » notamment aux associations, aux collectivités locales et territoriales, de même qu’aux administrations publiques et parapubliques (hôpitaux, établissements scolaires ou pénitentiaires…), sans oublier les écoles de commerce ou d’ingénieurs qui forment nos futurs dirigeants. Ce point étant éclairci, on n‘y reviendra plus par la suite et on parlera indistinctement d’« entreprise » pour évoquer toutes ces singularités d’organisations socioéconomiques.

PréambuleL’entreprise comme un corps humain

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remède de la rémunération ou de la prime porte rarement ses fruits dans la durée, et trouve rapidement ses limites en période de crise ou de pénurie.

Ce constat établi, j’ai rêvé que l’entreprise était un corps humain et je me suis inter-rogé pour savoir si la médecine traditionnelle chinoise (une des plus anciennes du monde) pouvait l’aider à recouvrer la santé et la pleine potentialité de ses moyens créatifs et productifs. J’ai envisagé d’appeler MTC d’entreprise (MTCE) cette nouvelle branche possible de la sociologie des organisations. Je me suis ensuite aventuré plus loin en me demandant si les enseignements de la nature et de la philosophie taoïste pouvaient aider l’entreprise à devenir plus performante encore et à vivre dans une plus grande harmonie avec elle- même, avec les autres acteurs du marché et avec le monde. Faute de mieux et par raccourci, j’ai appelé cette entreprise à venir la Tao- entreprise et le taoïsme d’entreprise (TAOE) sa source d’inspiration.

J’ai enfi n tenté de savoir s’il existait quelques initiatives ou impulsions en matière de gouvernance, d’organisation ou de management qui se rapprochaient de la philosophie taoïste et j’ai pu constater avec plaisir que l’Occident commençait à apporter des réponses très approchantes aux solutions suggérées par l’observation de la nature et par la sagesse orientale.

Dans un contexte de concurrence accrue, d’un besoin d’adaptation et d’innovation toujours plus affi rmé et rapide, ce livre cherche à aider le chef d’entreprise, le décideur, le manager (sans oublier l’actionnaire ou l’investisseur) à trouver le sens et l’utilité de leur action, à mieux comprendre les dysfonctionnements de leur organisation et, à l’image du médecin de famille, à leur fournir quelques outils susceptibles de les aider à résoudre les problèmes qu’ils rencontrent, à trouver de nouveaux leviers de performance et à se développer dans un environnement socioéconomique plus harmonieux et pacifi é.

Les questions traitées dans ce livre sont fi nalement simples :

— Et si on pouvait soigner l’entreprise comme un corps humain par la méde-cine traditionnelle chinoise ?

— Et si on pouvait motiver les salariés par l’adhésion à un projet supérieur et fédérateur ?

— Et si on pouvait manager par l’harmonie  et par un supplément de sens et d’utilité ?

— Et si on pouvait améliorer la performance et la pérennité des entreprises par les enseignements de la sagesse taoïste et par la voie de la nature ?

— Et si les nouveaux modèles d’entreprise préfi guraient la Tao- entreprise de demain ?

— Et si les entreprises prenaient leur « part du monde » pour œuvrer à la fabri-cation d’une société meilleure ?

Une conviction en assonance pour fi nir : le sens plus que la récompense crée la performance.

Vous entrez dans le cabinet médical chinois des entreprises. Bonne lecture dans la salle d’attente de l’effi cacité taoïste, qui vous montrera que les dirigeants, plus que beaucoup d’autres, font partie des remèdes de notre monde.

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PartiePartie 1

COMPRENDRE : les concepts taoïstes et de la médecine traditionnelle chinoise

« Quand on choisit un nouveau dirigeant,n’offre pas de l’aider avec tes richesses ou ton expertise.

Offre plutôt de l’instruire au sujet du Tao. »

Lao Tseu (Tao Te King, 62)

Si l’entreprise est un corps humain qu’on se propose de traiter à l’aide de l’une des plus anciennes médecines du monde (5000  ans d’observation et d’effi cacité empirique), il nous faut alors immanquablement nous attarder sur les principales notions qui fondent cette thérapeuthique. Pour en comprendre le sel et le sens prophylactique général, il va nous falloir aborder de manière simplifi ée 1 et un peu analytique, les concepts éloignés de notre connaissance commune que sont le Tao, le fonctionnement du Yin- Yang, la théorie des cinq éléments et la défi nition des trois « trésors énergétiques », pour les mettre ensuite de manière dynamique, au service du monde professionnel.

1.1 L’APPROCHE ANALYTIQUE DU TAOÏSME ET DE LA MÉDECINE TRADITIONNELLE CHINOISE

Avant d’aborder explicitement leur application dans le monde du travail, présentons succinctement les principes taoïstes de l’organisation du monde.

1 . Afi n de ne pas trop alourdir le propos, les concepts de la sagesse chinoise ont été ici réduits à leur plus simple expression. Réduire étant trahir, nous recommandons aux dirigeants ou managers qui souhaiteraient approfondir ces notions de consulter les références bibliographiques citées en fi n d’ouvrage.

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1.1.1 Du côté de la nature

1.1.1.1 Le Tao« La voie que l’on peut défi nir n’est pas le Tao, la Voie éternelle.

Le nom que l’on peut prononcer n’est pas le Nom éternel. Ce qui ne porte pas de nom, le non- être, est l’origine du Ciel et de la Terre.

Ce qui porte un nom est la mère de tout ce que nous percevons, choses et êtres. ».

Lao Tseu (Tao Te King, 1).

Le taoïsme est né d’un homme légendaire, Lao Tseu (« Viel enfant » en chinois), qui aurait vécu au VIe siècle avant notre ère et qui a laissé une œuvre dense et brève, constituée de 81 paragraphes quelque peu hermétiques pour le non- initié : le Tao Te King, ou Classique de la Voie et de la Vertu, qui est le deuxième livre le plus traduit dans le monde après la Bible. Plusieurs siècles plus tard, Tchouang Tseu et Lie Tseu ont illustré de manière plus profane les pensées du Maître.

En quelques mots, le Tao est à la fois la source créatrice du monde, l’Unité ultime 2, le principe premier de tout ce qui existe sur Terre et dans le cosmos (Taï Yi 3) et la voie qui permet d’y retourner. But et principe, cible et chemin, fi nalité et moyen, origine et destination, dedans et dehors, le Tao embrasse l’ensemble et se symbolise par un cercle 4. « Fonctionnement des choses 5 », le Tao est à l’origine du monde et en inspire le mouvement, notamment par la régulation dynamique et perma-nente du Yin et du Yang. Il est à l’origine des « 10 000 êtres » (toutes les créatures terrestres) et de tout ce qui vit sur Terre. Il vibre en chaque homme, en chaque entreprise et existe en chaque objet animé ou inanimé en apparence. Totalité une que l’on ne peut nommer, il se déploie dans l’univers à travers toutes ses diversités et ses transformations, pouvoir régulateur et dynamique de ce déploiement toujours en activité et en mouvement. Il est à l’origine de tout ce qui est et de tout ce qui n’est pas encore, de ce qui est manifesté comme de ce qui ne l’est pas.

Inaccessible, le Tao est le tout, le Tao est partout. Innomé, il ne peut se défi nir par des mots puisque le simple fait de le nommer supposerait l’existence de quelque chose qui le complète 6, ce qui est impossible puisqu’il représente lui- même le Tout

2 . Ce principe d’unité se retrouve dans de très nombreuses traditions spirituelles, parfois de manière troublante dans la proximité de formulation. Un exemple avec Plotin, néoplatonicien du IIIe siècle : « En réalité, aucun nom ne lui convient. Pourtant, puisqu’il faut le nommer, il convient de l’appeler l’Un. »

3 . Par souci de simplicité, cette notion du « Grand Un » (Taï Yi) ne sera pas détaillée ici, sinon pour dire qu’il s’agit du premier niveau de manifestation et d’incarnation du Tao, l’ensemble du monde matériel visible et invisible dans lequel nous évoluons. On y retrouve la matière (minérale, végétale, animale…), nos désirs, nos pensées, notre esprit, etc.

4 . Même si le dessiner, c’est déjà le réduire.5 . Selon la belle traduction du sinologue suisse Jean François Billeter.6 . Pour illustrer, dire qu’un crayon est « vert » nous faire dire implicitement qu’il n’est pas « rouge »

ou « carré », qu’il n’est pas quelque chose d’autre. Nommer crée la négation simultanée de ce que l’objet ou le concept n’est pas. Dire ce qu’est le Tao suppose qu’il pourrait exister quelque chose qui est le « non- Tao », ce qui est impossible puisque le Tao est supposé tout englober, s’assimilant en cela au concept du « Tout » occidental. On lira avec intérêt sur ces notions l’ouvrage d’Isabelle Robinet, qui fi gure dans les repères bibliographiques.

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oise(et son complément), l’objet et le sujet, le manifesté et le non- manifesté, le créateur

et la créature, le créé et l’incréé, l’intention et la destination, le mouvement et son résultat. Silencieux et vide, indépendant et inaltérable, il circule partout sans se las-ser jamais. On peut le considérer comme la mère du monde entier. Ne connaissant pas son nom, je le nomme Tao, nous dit Lao Tseu (Tao Te King, 25).

Au- delà de cette acception de totalité et dans cette idée que le Tao est à la source du mouvement dynamique et permanent de la vie, on lui donne le sens de « Voie », ou de cheminement. Plus précisément, l’analyse de l’idéogramme nous parle d’un « chemin qui mène fermement à la racine des choses ». Le Tao est cette notion subtile et toujours réinterprétée de ce par quoi les choses sont et deviennent, ce qui naît de ce qui n’est pas encore, une voie sans gare où le mouvement vers une plus grande fl uidité avec la nature et le « grand Tao » importe plus que le but à atteindre, puisque ce but se dérobe sans cesse. C’est un terme qui désigne un comportement, une attitude de vie consistant à se comporter de la manière la plus « naturelle » et énergétiquement frugale possible, en résonance avec l’énergie et les lois de l’univers. Le Tao prend également de temps à autre le sens de vérité première et faîtière, à la fois immanente et transcendante. Unitaire, il porte égale-ment les principes de l’impermanence de toute chose ou situation et de l’interdé-pendance de tout ce qui existe sur Terre et dans le cosmos. La globalité n’est pas seulement la somme des parties qui la constitue. Tout est en tout 7, tout dépend de tout et tout bouge tout le temps.

Plus près de nous sur le plan matériel, l’homme est situé entre le ciel et la terre. Il dépend pleinement de l’infl uence de l’énergie du Ciel- Tian (les étoiles, le soleil, les planètes, la lune…) et de l’énergie de la Terre- Di (la nature), elle- même dépen-dante de l’énergie du ciel (les saisons dépendent de la position de la Terre par rapport au soleil, les marées dépendent de l’infl uence de la lune). À titre d’exemple et pour bien prendre conscience de l’interdépendance du monde économique avec le monde de la nature qui nous entoure, souvenons- nous que la téléphonie dépend très largement des éruptions solaires et que les inondations thaïlandaises de 2011 ont affecté la production automobile mondiale, ainsi que la fabrication des composants téléphoniques. La nature est encore très présente dans notre éco-système artifi cialisé et homocentré.

Le microcosme (l’homme ou l’entreprise) est à l’image du macrocosme (le ciel, la nature). Indissocié de son état de nature et de ses biorythmes énergétiques, l’homme suit les rythmes imposés par son environnement. Il déploie sa pleine capacité d’action en été, au moment où la nature est la plus féconde (production des fruits, récoltes et moissons…) et entre dans une forme de dormance en période hivernale, comme l’atteste le besoin accru de sommeil ou le phénomène de la dépression saisonnière liée à la diminution de l’exposition à la lumière du soleil.

En outre, ce qui est en bas est à l’image de ce qui est en haut. À titre d’exemple, les liquides organiques du corps se vaporisent vers le haut et s’écoulent vers le bas comme les nuages s’élèvent vers le ciel et la pluie descend sur la Terre. Dans le monde économique, par un phénomène mimétique et fractal, le manager du bas

7 . Le grand dans le petit, l’extérieur dans l’intérieur… Il est troublant de constater que la physique quantique valide aujourd’hui ces intuitions anciennes.

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de la pyramide (la Terre) aura tendance à reproduire les comportements et valeurs de son N  +  1 qui, lui- même, reproduit les comportements et valeurs du niveau hiérarchique qui lui est supérieur, jusqu’au dirigeant lui- même (le Ciel), qui impulse fondamentalement la culture et la tonalité énergétique de l’organisation. À l’inverse, la tête de l’entreprise peut être infl uencée par des phénomènes individuels ou col-lectifs qui proviennent du terrain (échanges avec les salariés, résultats d’enquêtes, grèves, boycotts de clients…).

Avec l’idée de se rapprocher de l’harmonie du Tao et à l’inverse de certaines conceptions occidentales (Descartes, écrits bibliques…), les Chinois ne conçoi-vent pas l’être humain comme une entité destinée à vaincre et à dominer l’univers, mais au contraire à s’y soumettre. Pour ces grands découvreurs, l’être humain est une parcelle de l’univers et porte en lui toutes les caractéristiques de celui- ci. L’être humain est ici important parce qu’il fait partie du monde vivant mais au même titre que les autres espèces de la création : tigre, mouton, arbre… Amoral et rejetant le principe d’un humanisme inutilement anthropocentré, le taoïsme pose qu’un homme ne devient remarquable que par les actions qu’il engage et par sa capacité consciente de fondre son Tao personnel dans le Tao du monde. On le voit, pas de relation égotisante dans le taoïsme et pas de sacralisation non plus de celui qui est supposé se soumettre aux lois de la nature, qui le (sup)porte et le fait vivre.

Ainsi, et on trouve là une première idée force, c’est en se conformant en tout lieu et en permanence aux lois de l’univers, en pratiquant le « non- agir » (Weï- Wu- Weï, l’action la plus parcimonieuse en énergie et la plus effi cace, une forme de non- violence à l’égard de soi- même et de son entourage) et la « voie du juste milieu » (la recherche de l’équilibre et la sublimation des contraires) que l’être humain trouve son salut et son bonheur ; en revanche, il devient malheureux ou moins effi cace dès qu’il en viole les lois élémentaires. Si on devait prendre une formule facile mais synthétique, on pourrait dire : « Suit le Tao, il te porte, résiste au Tao, il te traîne ». À titre d’exemple, le Tao ne confond jamais action et agita-tion ; il nous enseigne que l’« effet tournesol » (se tourner vers les chefs plutôt que vers les équipes ou vers le marché) est rarement optimal dans la durée, il nous apprend à travailler avec l’ensemble des ressources de l’entreprise sans en négliger aucune (principe de frugalité) et nous aide à trouver le sens de notre action. Nous en reparlerons plus bas.

1.1.1.2 Le Yin- YangLe Tao dans son unité et sa plénitude absolue s’ennuie et n’induit pas le mouvement. Il a besoin de la bipolarisation de la vie (« Le Un engendre le deux »). Émanation du principe originel d’où provient toute chose, le Tao, la tradition chinoise s’applique à expliquer les phénomènes du monde sur une base bipolaire 8 « positive- négative », appelée Yin- Yang, principes dynamiques de vie symbolisés respectivement par un trait discontinu (- - ) et un trait plein (__). Ce sont deux principes créatifs, deux fon-dements, deux forces, deux souffl es du monde posés comme contraires mais égaux

8 . Et non dualiste, ce qui supposerait que le Yin s’oppose au Yang (ou l’inverse), alors qu’ils agissent en parfaite complémentarité, qu’ils s’appuient et se nourissent l’un l’autre.

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oiseet complémentaires, se succédant, s’engendrant simultanément et mutuellement

l’un l’autre, sans prééminence de l’un par rapport à sa moitié dans l’espace ou dans le temps, à l’image d’une clef dans une serrure. Ces deux forces pro- conceptives, auto- engendrées et complémentaires sont traditionnellement représentées par le symbole du Taï Ji 9 (le grand faîte), connu dans le monde entier depuis sa création il y a plus de 1000 ans 10.

Ces deux forces motrices de la réalité du monde se rapportent au fi nal à l’Unité (représentée par le cercle qui entoure les « deux poissons »), l’unité du Tao dont il est l’émanation matérielle, les deux faces (éclairée et non éclairée, adret et ubac) d’une même montagne. À l’image des principes mâle et femelle, où l’un ne saurait l’emporter sur l’autre, de leur engendrement mutuel naît le cycle dynamique de la vie. Cyclique, le Yin est ce qui tend à devenir Yang et réciproquement. Cette attirance- répulsion explique le mouvement perpétuel, la complexité et l’équilibre du monde. Comme pour une respiration ou une vague qui monte, le Yin du Yang (le point noir) permet de redescendre ou d’expirer (le refl ux), le Yang du Yin (le point blanc) permet à l’inverse de remonter et d’inspirer (le fl ux).

Cette cosmogonie du Tao articulée sur le concept de Yin- Yang exprime l’imper-manence dynamique et l’interdépendance des choses, l’existence de cycles et la nature interdépendante des changements. Le Yin- Yang traduit aussi l’équilibre des forces qui circulent en toute chose, équilibre qui fonde le principe même de la vie ; pas de vie sans mort, pas de mort sans naissance, pas de projet pro-fessionnel sans contrainte, pas d’équilibre dans l’excès. Le Yin représente l’inac-tivité, l’hypotonie, le moins- manifesté, alors que le Yang caractérise l’activité, l’hypertonie, le plus- manifesté. Pour permettre la cyclicité des phénomènes et le retour à l’équilibre, il y a cependant toujours du Yin dans le Yang, et inverse-ment. Le point noir est dans le blanc et le point blanc est dans le noir. À titre d’exemple, la pluie Yin tombe du ciel Yang. Inversement, la germination Yang monte de la terre, qui est Yin. En l’absence de ce principe contraire, qui peut être compris ici comme une force de retour et de changement sans laquelle la réver-sibilité du cycle ne serait pas possible, le mouvement deviendrait entropique

9 . Le Yin est noir et le Yang est blanc. Le Yin est associé à la Terre, le Yang au Ciel. Le Taï- Ji tourne dans le sens des aiguilles d’une montre, le changement étant supposé emmener la lumière du Ciel plutôt que l’obscurité de la nuit. Beaucoup de représentations du Taï Chi sont inversées, laissant fallacieusement supposer que l’hiver arrive après le printemps et que l’automne suc-cède à l’hiver.

10 . Datation extraite du livre de Cyrille Javary, Le discours de la tortue, Éd. Albin Michel.

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et fi ni, rendant la manifestation de la vie impossible. La respiration en est le meilleur exemple qui soit.

Ce principe du Yin- Yang donne une caractérisation pratique des diverses mani-festations de l’énergie, tant macrocosmique (les astres, les saisons, la météo…) que microcosmique (l’homme, l’économie, l’entreprise). Ainsi, la société humaine qu’est l’entreprise est placée entre la Terre (Yin) et le Ciel (Yang) et est soumise aux lois célestes. De fait, sa polarité Yin- Yang (donc sa santé, sa capacité d’action et d’infl uence ou sa longévité) dépendent de l’attitude qu’elle adopte face aux lois du Tao (lâcher- prise, non- agir et parcimonie, gestion relationnelle et managériale, recrutement et constitution des équipes, gestion et prévention du risque, discer-nement dans les alliances…) et, quant au choix de son environnement (environ-nement de travail  : sonore, visuel ou électromagnétique, Feng Shui et principes d’agencement immobilier, etc.).

Les exemples repris ci- dessous et empruntés aux mondes corporel, émotionnel, naturel ou symbolique illustrent cette complémentarité dynamique permettant la manifestation et le foisonnement de la vie :

Applications corporelles ou énergétiques

Yin Yang Yin Yang

Qi Gong Activité sportive Bas Haut

Descente Élévation Mouvement

intérieur

Mouvement extérieur

Contraction Expansion Accumulation Dispersion

Froid Chaud Main droite-

Devant

Main gauche- Derrière

Inspiration Expiration Vide Plein

Inaction- immobilité Action- Mouvement Interne Externe

Souple Rigide Fermé Ouvert

Réception Émission Continue Commence

Intérieur Extérieur Profond Superfi ciel

Organe Viscère Pensée

rationnelle (YI)

Pensée émotionnelle

(XIN)

Sang Énergie Organe Entraille

Applications naturelles

Yin Yang Yin Yang

Nuit Jour Eau Feu

Nord Sud Obscurité Lumière

Hiver Été Creux Relief

Terre Ciel Lune Soleil

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Applications symboliques

Yin Yang Yin Yang

Pair Impair Trait discontinu Trait continu

Féminin Masculin L’autre Le même

Wu (ce qui semble

ne pas exister,

le non- manifesté,

le noumène)

You (ce qui existe,

le manifesté,

le phénomène)

Immanence Transcendance

Fin de vie Renaissance Après Avant

Dans le domaine plus particulier de l’entreprise, nous pouvons, à titre d’exemple, relever les illustrations Yin- Yang suivantes :

Applications économiques au monde de l’entreprise

Yin Yang Yin Yang

Collaborateur Hiérarchique Syndicat Direction

Réunion- Réfl exion Action- Décision Objectif, indicateur Ambition

Partenaire Concurrent Salarié Actionnaire

Service Produit Remise, rabais Prix

Social-

Environnemental

Économique Valeurs Résultats

Stock Flux Back offi ce Front offi ce

Communication

écrite

Communication orale Expert, conseiller Manager

Domicile Bureau Silence Parole

Jupe Pantalon Col ouvert Cravate

Non exhaustive, cette liste peut bien évidemment s’enrichir de vos perceptions et représentations personnelles.

*

* *

Au- delà du Tao et du principe du Yin- Yang, nous avons besoin de comprendre dans leurs grandes lignes les concepts fondateurs de la philosophie taoïste, puisqu’ils vont structurer toute notre réfl exion et nos propositions en matière de gouvernance, d’organisation et de management de la Tao- entreprise.

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1.1.1.3 Dix- huit principes taoïstes à retenirDes textes classiques et de la littérature, on peut retenir dix- huit principes fonda-teurs du taoïsme, qui vont nous inspirer tout au long de notre voyage au sein de la Tao- entreprise.

2. L’impermanence 3. L’interdépendance

14. La bonté

11. La simplicité

9. La frugalité-Non-agir

4. La bipolarité

13. La spontanéité-Intuition

12. Le non attachementLa liberté, le calme

16. L’ouverture au beau17. La joie

8. La nature

1. L’harmonie

18. Ici et maintenant,le réel, l’adaptabilité

7. L’unité, l’immortalité

15. La vérité intérieure

6. Le cosmocentrisme

5. L’en-bas est à l’imagede l’en-haut

Le Ciel

La Terre

L’HommeL’Entreprise

© La Tao-entreprise - 2013

10. La voie du juste milieu

Avant de les décrire, précisons que tous ces principes sont « par nature » interdé-pendants les uns des autres, comme les pétales peuvent l’être d’une fl eur. Chacun de ces principes procède de l’autre, en provient ou débouche sur le suivant. La beauté peut s’exprimer par la simplicité (d’un jardin zen), l’harmonie est proche de la joie dans sa vibration, le non- attachement peut s’ouvrir sur l’intuition ou la vérité intérieure, etc. L’interdépendance des principes laisse apparaître par simplifi cation des liens bimodaux du type : nature = interdépendance, bonté = impermanence, beauté = simplicité, harmonie = cosmocentrisme, frugalité = joie, etc.

Bien évidemment, ce jeu d’infl uence et d’interdépendance à 153  combinaisons est un jeu de cloisonnement principiel, pour le moins artifi ciel aux yeux du sage taoïste. Le ressenti est un et renvoie à l’origine unitaire et à sa manifestation d’in-terdépendance dynamique. Tentons malgré tout l’exercice analytique de détailler ces principes pour mieux en saisir l’esprit.

Premier principe : L’harmonie

L’harmonie est l’art de poser son Tao dans le grand Tao du monde (Tchouang Tseu), de prendre sa place dans le concert du vivant et de créer conformément à

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oisece que l’on est et ce pour quoi et avec quoi l’on est né. L’harmonie est ce quelque

chose qui « va de soi » ou qui « coule de source », une évidence, une circulation maximale de l’énergie : un coucher de soleil, une cascade, un arbre, un homme et son chien. Pas de fi oritures ou de détails inutiles. La nature est harmonie parce qu’elle fait de la manière la plus frugale possible ce pour quoi elle est faite. L’harmonie de l’homme ou de l’entreprise apparaît et résonne lorsqu’il ou elle fait, ici et maintenant, en cohérence et sans peur, ce pour quoi il ou elle existe, dans la plus grande parcimonie de moyens, d’efforts et de déperditions diverses, pour ne pas s’épuiser ou épuiser la nature. Dans ce processus d’autoréalisation, l’homme ou l’entreprise utilise ce que lui prodigue sa nature et son environne-ment pour se développer et s’épanouir, devenir pacifi quement ce qu’il a vocation à être et à devenir. Équilibre parfait du Yin- Yang, magie et intensité de l’instant présent, paroxysme énergétique, le Tao de l’homme ou de l’entreprise s’inscrit alors dans le grand Tao de l’univers et génère la joie, la libre et pleine circulation de l’énergie. Lien bimodal : harmonie = joie. L’harmonie ne s’inscrit pas dans une logique dualiste de confrontation, de domination ou de sujétion mais plutôt de partage, de circulation et d’échange, de pacifi cation, d’accomplissement et de réalisation mutuels (de soi, des autres et du monde). La nature procure des fruits à l’homme pour lui permettre de se développer et de vivre. L’homme cultive la terre pour l’aider à produire et la bonifi er. De même, le concurrent n’est pas celui qu’il convient de détruire ou d’abattre, mais celui qui aide à avancer et qu’on aide à avancer, celui qui nous inspire (benchmarking), dans l’harmonie du déve-loppement et du respect mutuels. Dans la Tao- entreprise, tout ce qui contribue à la vision et au Projet- Ciel 11 est harmonieux. On y reviendra.

Deuxième principe : L’impermanence

Le Tao est sans fi n et sans commencement. Tout le reste meurt, vit, est régi par l’impermanence (Tchouang Tseu). À l’image de la nature et des saisons, tout se transforme en permanence, de manière ordonnée et logique. Le mouvement et le changement sont à la source même de la vie. Nos cellules se renouvellent par millions à chaque instant. L’océan se vaporise en nuages, qui se liquéfi ent en gouttes d’eau, qui viendront alimenter les rus puis les rivières qui, à leur tour, viendront alimenter l’océan. Liquide, gazeuse ou cristalline sous la forme de glace, l’eau et son cycle traduisent cette impermanence de la vie. Il n’arrive jamais que rien n’arrive et tout est en éternel mouvement. Le cycle de la nais-sance, de la croissance, de la maturité, du déclin et de la mort nous rappelle tous les jours cette loi de l’impermanence, même si la société cherche à nous cacher cette dernière étape, funeste en apparence mais début d’un nouveau cycle dans l’esprit du Tao. Partageant en cela la vision du bouddhisme (« Il n’est rien de permanent que l’impermanence »), le taoïsme nous rappelle que la vie procède fondamentalement du mouvement et que l’absence durable de mobilité s’appelle la mort. L’entreprise ne sera jamais à l’abri d’une nouvelle réglementation, de l’innovation de rupture d’un concurrent, de la compression du marché, d’une crise, de troubles internes divers et variés. La nature est créative. Ce faisant, vouloir la prospérité de l’entreprise pour 1000 ans est illusoire et anaturel. Nul

11 . Voir cette notion dans la section 1.3.3 ou dans l’annexe 5.

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monopole ne dure toujours. Parmi les dix premières entreprises américaines, sept n’existaient pas il y a seulement vingt ou trente ans, les secteurs du low- cost et du discount se répandent, d’anciens leaders (Kodak, Arthur Andersen…) ont aujourd’hui disparu, la réalité augmentée ou le clonage sont à nos portes. Accepter cette réalité appelle à la vigilance et à la prévoyance. Arrêtez le mal avant qu’il n’existe ; calmez le désordre avant qu’il n’éclate (…) soyez attentifs à la fi n comme au commencement et alors vous n’échouerez jamais (Tao Te King, 64). C’est la voie de la sagesse et les Tao- collaborateurs le savent.

Troisième principe : L’interdépendance

Le Feu dépend du Bois, qui dépend de l’Eau, qui dépend du Métal,  etc. ; la femme dépend du cycle lunaire, les télécommunications dépendent des érup-tions solaires, le carnivore dépend de l’herbivore, l’homme de la nature, le maître de l’esclave, le client de son fournisseur, le fournisseur de son client, le patron de son personnel, le personnel de son patron… avec des circularités parfois amusantes et jubilatoires : le patron dépend des lois, qui dépendent des politiques, qui dépendent des électeurs, qui sont des salariés, qui dépendent du patron, qui dépend… etc. Tout dépend de tout dans la nature, tout s’in-fl uence et l’homme ne fait pas exception à cette règle de l’interdépendance globale, fractale et multifactorielle. Vouloir comprendre le tout en le découpant de manière analytique est illusoire, incapables que nous sommes de saisir la profondeur de l’ensemble et la complexité combinatoire de la globalité. Savoir décrire une clef ne sera jamais d’aucune aide pour connaître la porte qu’elle ouvre. Le tout est toujours supérieur à la somme des parties, un optimum global sera toujours supérieur à une somme d’optima locaux, le centre de gravité de l’homme n’est pas à l’endroit de la somme des points de gravité de chacun de ses membres. Tout homme et toute entreprise agissent sur le monde dont ils dépen-dent (lobbying par exemple), comme le monde agit sur l’homme et l’entreprise (législation, réglementation…). Ainsi, le Tao- entrepreneur cherchera toujours le sens de son action au regard du projet de son entreprise sans systématiquement chercher à entrer dans le détail analytique des causes qui lui seront remontées et qui ne traduisent le plus souvent qu’une réalité partielle, parfois partiale et dans tous les cas déformée de la totalité des phénomènes et de l’arbre (ou de la forêt) des causes. De la même manière, le Tao- entrepreneur trouvera inutile, sous- performant et énergétiquement usant, l’intention de vouloir tout contrôler 12. La complexité des phénomènes et la multiplicité des acteurs d’infl uence rend impossible la maîtrise globale de l’écosystème dans lequel évolue l’entreprise. De fait, le sage entrepreneur aura tendance à associer le plus grand nombre d’acteurs en interne et à l’externe, à faire confi ance à l’intelligence du terrain et à sa propre intuition, à nommer les bons profi ls au poste qui leur convient le mieux et à tout faire pour stimuler la vigilance et simplifi er la biologie de l’or-ganisation. Nous y reviendrons lorsque sera abordé le principe de la simplicité et plus globalement le « Smart- Tao ».

12 . On a tous connu ces managers qui déploraient de ne pouvoir lire tous leurs mails bien qu’ils ne dormissent que 3 à 4 heures par nuit, faute d’une capacité suffi sante à déléguer.

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oiseQuatrième principe : La bipolarité

On en a parlé plus haut  : pas de noir sans blanc, pas de blanc sans noir, pas de nuit sans jour, pas de rire sans larmes, l’inspiration succède à l’expiration et l’inverse est aussi vrai. Qui est triste forge sa prospérité. Qui est joyeux forge sa ruine (Lie Tseu), le bonheur naît du malheur, le malheur est caché au sein du bonheur (Tao Te King, 58). La progression naît de la contrainte, non pas à entendre dans le sens de l’opposition, mais plutôt d’une complémentarité inter-dépendante et créative. Celui qui décide du vrai sans considérer le faux, qui parle d’ordre sans voir son corollaire, le désordre, ne comprend rien aux principes de l’univers, nous dit Tchouang Tseu. Dans cet esprit d’engendrement mutuel, pas d’avancée sans résistance, pas de motivation sans épreuves, pas d’excellence sans efforts ou sans discipline, pas de smartphone sans ondes, pas de rapidité des surgelés sans déchets. De la même manière, pas d’entreprise sans contraintes endogènes (crises sociales, démotivation, fi nancements…) ou d’environnement (concurrents, besoins des clients, pression réglementaire ou fi scale…). De cette cyclicité naît le processus dynamique fondateur de la vie elle- même et le gage de notre devenir. Le principe de la bipolarité nous rappelle que le risque couve sous le succès, que la défaite est la mère de la victoire. Impermanence, inter-dépendance et bipolarité. Gagner génère simultanément le risque et la crainte de perdre, perdre fait gagner une expérience. En matière économique, perdre un client important peut provoquer un sursaut commercial ; à l’inverse, un succès commercial peut émousser provisoirement la politique d’investissement et éroder les budgets de la R&D, une réglementation peut ouvrir les marchés (abaissement des barrières douanières) ou nuire aux ventes ou à la marge (exemple : médica-ments génériques contre marques). Ainsi, l’entreprise connaîtra à tout coup une alternance de croissance et de décroissance, de succès et d’échecs, de périodes fastes et de périodes de licenciements. La voie du cycle et de la vie elle- même. Le comprendre permet de mieux l’accepter et de mieux décider. Oublier la dis-tinction entre le pour et le contre permet à l’esprit de s’adapter parfaitement aux infl uences intérieures et extérieures en s’oubliant dans l’acte, nous dit Tchouang Tseu. La bipolarité nous enseigne à nous détacher des dualités faciles (bon client- méchant concurrent…), pour privilégier l’utilité au Projet- Ciel de l’entreprise. Ainsi, sera juste et bon ce qui sera utile au Projet- Ciel, ce qui servira la vision de l’entreprise. Le taoïste n’aura recours à aucune référence au bien ou au mal. Contrairement à nos cultures judéo- chrétiennes, le taoïsme ne connaît pas les obligations morales et culpabilisantes. Il parlera plutôt de « juste » et de « non- juste ». À la toute fi n du cycle, la bipolarité nous ramène à l’origine (FU), tout retourne à l’unité, le cercle qui entoure le Taï Ji ; comme si la vague qui vient mourir à nos pieds n’avait jamais existé. Les forces de domination et de sépara-tion de l’ego seules nous font croire que la vague peut durer toujours. Parler de bipolarité, c’est reconnaître in fi ne l’illusion, la vanité et la relativité du « Je », dépasser la croyance selon laquelle la mort est la fi n. « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme », disait Lavoisier. Mourir est la fi n d’un cycle, la fi n d’une vague, avant la naissance d’un nouveau cycle, d’une nouvelle vague sur la mer du Taï Yi, de notre réalité.

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Cinquième principe : Ce qui est en bas est à l’image de ce qui est en haut (et vice- versa) 13

Les liquides organiques du corps se vaporisent vers le haut ou s’écoulent vers le bas, comme les nuages s’élèvent vers le ciel et la pluie descend sur la terre. L’organe du Cœur vibre au diapason de l’énergie de l’été, l’énergie des Reins est en résonance avec l’énergie de l’hiver. De même, l’entreprise est à l’image du monde qui l’infl uence, le manager est à l’image de son directeur (mimétisme managérial), le salarié est à l’image de la culture de son entreprise. Ce qui est en bas est à l’image de ce qui est en haut. « L’homme imite la Terre ; la Terre imite le Ciel ; le Ciel imite le Tao ; le Tao imite sa nature. » (Tao Te King, 25). Basées sur la théorie des cinq éléments, détaillée dans la sec-tion qui suit, les correspondances fractales ci- dessous illustrent le propos de Lao Tseu :

Inversement, ce qui est en haut peut être infl uencé par ce qui est en bas. La nature et le climat sont infl uencés par l’action de l’homme (pollution de l’air ou des océans, appauvrissement de la biodiversité…), le politique peut être infl uencé par le pouvoir de la rue ou des urnes, l’actionnaire écoute ses dirigeants, la direction peut être infl uencée par les revendications ou le comportement de son personnel. Déclinaison verticale du principe de l’interdépendance, chaque sphère inspire et infl ue sur l’autre  : cosmos- nature, nature- homme, direction- manager, entreprise- salarié ou parties prenantes… Dans l’acception de ce principe, on comprend aisé-ment que l’exemplarité de la direction prend ici toute son importance et trouve dans le modèle de la gouvernance la vigueur du vice ou de la vertu.

Sixième principe : Le cosmocentrisme

L’homme ne vaut que par les actions qu’il engage. Selon la tradition taoïste, même si les humains sont les plus subtils des vivants (Lie Tseu), l’homme est une partie

13 . Curieuse coïncidence : on retrouve en Orient ce principe de l’alchimie occidentale portée par Her-mès Trismégiste (la table d’émeraude).

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oiseconstitutive de la nature au même titre que l’insecte ou que le plus insignifi ant des

animaux, surtout qu’un humain peut avoir un esprit de bête (…) et une bête un esprit d’humain (Lie Tseu). Loin des considérations purement humanistes, Tchouang Tseu nous le dit clairement  : le Tao du ciel est fondamental, le Tao de l’homme est accessoire. La nature et le cosmos peuvent se passer de l’homme. Toutes les planètes du cosmos, d’ailleurs, se passent de l’homme, hors la Terre. À l’inverse, l’homme ne peut se passer de la nature. Par les liens de l’interdépendance, chaque objet ou créature a sa place et son rôle à jouer dans la grande pièce de théâtre de l’univers. L’homme mange ce qu’il trouve comestible. Cela veut- il dire que ces denrées furent créées à l’origine par la nature pour les humains ? Cousins et mous-tiques nous piquent, tigres et loups nous mangent. Cela veut- il dire que les humains furent à l’origine créés par la nature pour les cousins, moustiques, tigres et loups ?, nous questionne avec humour Lie Tseu. Pas d’anthropocentrisme, donc 14. Pas d’in-féodation de la nature par l’homme mais, au contraire, une totale acceptation de ses cycles et de ses lois ; accepter les saisons, leurs aléas et s’y soumettre de bon gré, accepter avec bienveillance les réalités de la vieillesse, de la météo ou de la contrainte. Cette acceptation nous invite également à accepter notre propre nature, dans son exubérance créative comme dans ses aspects les plus sombres.

Ainsi, l’homme ne vaut que par les actions conscientes qu’il engage pour que son Tao personnel, sa véritable nature s’exprime et contribue à l’harmonie du Tao universel. Par corollaire, le sage taoïste respecte l’homme qui se trouve sur la voie du Tao et s’indiffère du reste de l’humanité. Pourquoi, en effet, idéaliser certains représentants du genre humain, alors qu’ils vivent dans l’ignorance d’eux- mêmes et qu’ils nuisent à la nature dont ils dépendent ? Pourquoi saluer celui qui saccage et exploite démesurément en conscience, celui qui ne comprend pas l’interdépen-dance des choses et qui scie la branche sur laquelle il (et nous) est assis ?

Cosmocentriste, la Tao- entreprise agit en faveur de la nature et cherche à la valori-ser à l’extérieur comme à l’intérieur d’elle- même. Elle cherche à s’inscrire dans ses cycles et à en comprendre les lois. Elle trouve dans la politique du développement durable une matière à guider son action et à incarner ses convictions profondes.

Septième principe : L’Unité, l’immortalité

Principe essentiel. Le Tao est Un, manifestation ultime de l’unité, origine de toute provenance et de toute fi nalité. On l’a vu, tout naît, croît, vit et meurt pour retour-ner à l’origine du Tao et à l’unité. Le sage sait que toute chose revient à l’unité et que la vie et la mort sont des phases de la même existence (Tchouang Tseu). Cette cyclicité de la vie et de la mort nous renvoie au principe de l’immortalité, puisque la mort n’est que la renaissance d’autre chose, le Yang sommeille dans le Yin, le pêcheur au chômage peut se reconvertir en promoteur d’éoliennes ou d’énergies renouvelables.

Sur le plan intellectuel, décomposer les phénomènes et oublier la globalité, c’est perdre le sens de l’ensemble. Si vous décomposez un char, vous n’avez plus de char (Tao Te King, 39). Sur le plan médical, pourquoi étudier et dissocier la fonction d’un organe indépendamment des autres, alors que la bonne santé de l’un dépend

14 . Comme le dit Pierre Rabhi, il nous faut sortir de l’hominisation du monde.

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de la santé de l’autre ? À titre individuel, tout est également unité. Comment dis-tinguer le salarié de l’époux, du père de famille, du coureur de fond du week- end, du contribuable, du citoyen, de l’ami, du président d’association, etc. ? Et pourquoi les dissocier en parts élémentaires ? N’est- ce pas la même personne ? Ne perd- on pas ainsi sa compréhension d’ensemble ? Ne choisir que le salarié, n’est- ce pas se priver des compétences de l’homme du week- end et du soir ? L’entreprise n’aurait- elle pas intérêt à recourir aux compétences extraprofessionnelles de ses collabo-rateurs pour servir ses intérêts propres ? Sur un autre plan, le corps n’a- t-il pas vocation à vivre dans l’unité des émotions et du psychisme ? L’intelligence du corps n’aide- t-elle pas l’intelligence cérébrale et cognitive 15 ? Sans parler de spiritualité, pourquoi soigner le corps sans soigner la tête ou le cœur, puisque l’on sait, par le jeu des interdépendances, que tout est lié ?

Au- delà de la séparation apparente des hommes entre eux, de l’homme et de la nature, des entreprises entre elles, réside l’unité de la vie et du Tao, du haut et du bas, du Ciel, de la Terre et de l’Homme, l’abolissement de l’instinct de séparation et de domination de l’ego. De manière plus horizontale, le ressenti de ce principe d’unité renforce la conscience de respirer un air commun à tous, d’habiter une planète unique et identique pour tout le monde. Les astrophysiciens eux- mêmes nous rappellent que tout dans l’univers, à commencer par nous- mêmes, provient des mêmes poussières d’étoiles. La conscience planétaire qui sourd de toute part aujourd’hui nous renvoie au principe taoïste de l’Unité. De fait, créer de l’unité avec soi- même (suivre sa voie), de l’unité avec les autres (créer de la joie) et avec son environnement (créer de l’harmonie), c’est se mettre en « état de Tao », contri-buer à la convergence du monde. L’unité au changement, c’est là le Tao (Tchouang Tseu). Transformer le chaos apparent du monde en harmonie par l’unité, voilà le chemin. La Tao- entreprise en comprend les enjeux et joue collectif, au lieu de céder à la voie facile mais entropique du chacun pour soi.

Huitième principe : La nature

On en a parlé en évoquant le cosmocentrisme. L’homme de la voie du Tao est en relation étroite avec la nature. Par le principe de l’interdépendance, il sait que la nature vit en lui, de même qu’il dépend de la nature. Il sait et ressent qu’agresser la nature revient à agresser l’ensemble du monde vivant et, par transitivité, l’apti-tude de l’homme lui- même à survivre sur cette planète. Cette nature lui apporte la joie, le beau, l’harmonie et il s’y replonge volontiers et régulièrement, pour se remettre au diapason de la vibration de l’univers, loin des déséquilibres du monde dit « civilisé » et des normes sociales ou sociétales de nos temps. Pour toutes ces raisons, il est naturellement enclin à lui porter assistance lorsque le genre humain en vient à l’agresser sauvagement. Loin des principes cartésiens ou bibliques, qui voudraient que la nature soit assujettie à l’espèce humaine, le taoïsme, au contraire, nous enseigne que la nature ne nous appartient pas. Elle nous est fournie par l’univers (Lie Tseu). Loin de chercher à la maîtriser (qui peut contrer le vent ou la houle des vagues ?), nous devrions au contraire nous plier à ses lois pour en tirer

15 . Il existe par exemple, dans le Qi Gong, des automassages très simples qui permettent de se « vider la tête » ou de retrouver le calme mental.

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oiseun plein bénéfi ce (la voile s’oriente en fonction du vent, le moulin à eau profi te

de la gravité terrestre et du courant de la rivière…). Pour une large part, les mou-vements écologiques actuels (de tous bords) et les élans de conviction en faveur du « développement durable » sont d’essence taoïste.

De manière homothétique, l’homme sage ne cherche pas à contrer sa propre nature. Il suit ce que lui dicte son instinct, ses dons « naturels », ses inclinations spontanées, la justesse de ses intuitions, ce qui lui apporte la joie de vivre. Il répond à l’appel de son « mandat céleste », sa raison d’être, et réalise avec authenticité ce pour quoi il est fait, de la même manière que le pommier ne produit que des pommes. Un pommier qui ne voudrait produire que des poires ou des châtaignes serait condamné à s’épuiser et à mourir dans l’effort et le chagrin, sans n’avoir rien produit. Deviens ce que tu es, nous disait Nietzsche. Découvre et sois ce que te dicte ta véritable nature, déclare le sage taoïste, puisque ceux dont la nature est fi xée n’ont pas d’échappatoire (Lie Tseu).

Suivre l’appel suppose bien évidemment de commettre des erreurs. La perfection de Soi naît de l’imperfection de l’avant- Soi. Si l’erreur est humaine, comme le dit le dicton, la nature elle- même nous enseigne que l’erreur est « naturelle » et fait partie du processus logique de l’évolution. Rendons- nous compte que 98 % des espèces que la Terre a portées sont aujourd’hui éteintes. Partie réductible de la nature, pourquoi l’homme ferait- il exception à cette loi cosmique ? La nature tâtonne et joue. Elle nous apprend à jouer avec elle. La Tao- entreprise accepte de jouer et se donne le droit à l’erreur.

Neuvième principe : La frugalité et le non- agir (Wu- Wei)

Non- agir ne signifi e pas ne pas agir, mais agir, au contraire, avec fl uidité et en cohérence, sans même penser agir ; engager l’action naturelle qui s’impose à soi ou à la situation, cette action ou décision qui permet de déployer le moins d’énergie possible avec l’effi cacité maximale. Le fort gagne à moins fort que lui, le souple gagne grâce à lui- même. Le fort est en danger lorsqu’il rencontre un égal, le second n’est jamais en danger (Lie Tseu).

L’eau choisit toujours le chemin optimal, en exploitant au mieux les courbes natu-relles du relief, la force de gravité et la composition de la roche. Ne pas aller à l’en-contre du mouvement naturel des choses mène à la perfection, nous dit Tchouang Tseu. Dans un temps plus long, ce prédicat suppose de suivre la voie de « ce pour quoi on est fait », sa mission de vie dans l’évidence de ce que l’on ressent et connaît de soi. Vivre sa vie, établir ses qualités et réaliser le Tao, n’est- ce pas là s’ac-complir ? Si la réalité m’est diffi cile (lorsque je choisis un métier alimentaire, par exemple, plutôt que de suivre ma vocation), c’est que je ne respecte pas ma réalité et que je ne suis pas dans le non- agir, que je déploie une énergie trop grande ou mal orientée. La prééminence de choix fi nanciers ou court- termistes, au détriment par exemple de choix industriels ou salariaux de moyen terme, peuvent nuire à la motivation globale de l’organisation et créer des tensions inutiles, énergétiquement déperditives. Dans l’esprit, le principe de frugalité favorise au maximum soi- même, les autres et le monde tout en luttant toujours davantage contre le gaspillage éner-gétique. Faire toujours mieux avec toujours moins, nous dit Marc Halévy.

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Dans sa volonté d’épouser les forces de la nature qui s’expriment en lui et en dehors de lui, afi n d’économiser son énergie vitale, le taoïste ne sera jamais CONTRE les forces de la nature qui s’expriment, mais toujours AVEC elles ou POUR elles. Le marin travaillera AVEC le vent, le surfeur glissera AVEC la vague, l’agriculteur culti-vera AVEC les saisons et AVEC la pente. Le ET remplacera le plus souvent le OU (l’arbre peut aussi devenir pirogue), la complémentarité remplacera la confrontation pathogène qui fatigue les corps et use les esprits. À ce jeu, le taoïsme souscrit à une forme de non- violence, ou plus précisément de non- agression constructive. Sur un plan économique, le barrage, qui utilise la force de la gravité terrestre ou la station marémotrice, qui ne fait qu’utiliser la puissance naturelle des marées, sont une bonne image du principe du non- agir et de l’effi cacité via la parcimonie de moyens.

La nature optimise, car elle est toujours en phase avec l’énergie frugale du Tao. Dans cette fi nalité d’optimisation de notre propre énergie et de l’énergie de l’or-ganisation (consommer peu et bien), le Wu- Wei nous invite à suivre les inclina-tions de notre propre nature pour générer la joie, la beauté naturelle, libérer nos potentialités, devenir le potentiel de nous- mêmes et nous rapprocher du « deviens ce que tu es » nietzschéen. Lorsque l’on fait ce pour quoi on est fait, il n’est pas besoin de parler ; l’action se contente d’être ou de s’« autoréaliser ». Un des plus beaux exemples de non- agir nous est donné par Lie Tseu dans Le Traité du vide parfait : un enfant qui vivait au bord de la mer aimait les mouettes, jouait tous les matins sur la plage avec elles, et elles venaient par centaines. Son père lui dit : j’ai appris que les mouettes jouaient avec toi. Attrape m’en une, que je m’amuse avec. Les mouettes dansèrent le lendemain au dessus de la plage sans y descendre. C’est pourquoi l’on dit  : le discours parfait est inexprimé, l’action parfaite est inaction, le savoir du sage est superfi ciel ». Et plus loin : Qui agit bien sans penser au bien sera aimé de tous. Ainsi est le paradoxe. On atteint ce que l’on ne cherche pas à atteindre. On obtient ce qui est dans l’évidence de la non- action, de la non- intention, de ce qui est « par nature ». Il faut souvent beaucoup de temps pour reproduire la simplicité naturelle de l’enfant. Picasso ne disait- il pas qu’il lui a fallu toute sa vie pour peindre comme un enfant de six ans ? Pourquoi la Tao- entreprise ne commercerait- elle pas avec le naturel d’un enfanceau, dans le but de faire venir à elle les mouettes de la rentabilité ?

Dixième principe : La voie du juste milieu

Qui a raison ? Qui a tort ? Rien de tout cela dans la voie du juste milieu. Pourquoi, en effet, ne pas pousser le champ des possibles pour donner raison aux deux par-ties ? La rivière ne donne- t-elle pas de l’eau à ses deux berges ? La voie du juste milieu est la décision, le choix qui permet de sortir et de dépasser les dualités faciles entre celui qui a raison et celui qui a tort, de faire fl eurir les berges et les cailloux, de trouver une solution supérieure à l’opinion exprimée par deux parties distinctes, en apparence irréductibles et opposées. C’est la « sublimation des contraires » qui, à partir du noir et du blanc fait apparaître l’optimum global et la joie partagée des couleurs. Entre l’effi cacité économique et la pollution d’une rivière, par exemple, il y a peut- être une solution fi nancièrement intéressante et environnementalement satisfaisante. Cette attitude fonde le comportement, souvent mal compris par les

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oiseOccidentaux, du sourire fi gé de nombreux Asiatiques, qui ont trouvé là un moyen

de ne pas perdre la face ou de ne pas la faire perdre à l’autre. Point de ruse ou de matoiserie ici (pas toujours en tout cas), mais plutôt une attitude élégante destinée à sortir par le haut de la relation commerciale ou humaine en ne lésant aucune des parties prenantes. Cette voie supérieure à la voie médiane oblige chacun à redoubler d’imagination et à s’autoriser de réinventer la solution en dehors de tout conformisme, à sortir du cadre pour mieux y revenir, à tenter de trouver un opti-mum global et surtout à sortir des oppositions traditionnelles ou conventionnelles dans les rapports humains ou commerciaux. Pas de compromis déséquilibré ou de compromission dans la voie du juste milieu, pas de concession outrancière, mais plutôt une optimisation dans l’élégance et le respect des deux parties. Cette voie réclame souvent de la créativité et de l’innovation, du temps pour être trouvée, puis suggérée diplomatiquement à son interlocuteur, pour être comprise et mise en œuvre. Le temps de l’élégance et du panache. La Tao- entreprise se donne le temps de trouver la voie du juste milieu sans léser aucun des acteurs de la partie jouée. La voie du juste milieu nous enseigne enfi n le juste équilibre entre l’autre et le soi : trop s’ouvrir à l’autre et copier les produits du concurrent conduit à se nier soi- même, par le renoncement de sa propre identité. Se replier sur soi- même conduit, à rebours, au dessèchement narcissique et au rejet du marché. L’ouverture par l’innovation est la voie du juste milieu de la Tao- entreprise.

Onzième principe : La simplicité

Peu de biens, car bien de peu. Émanation du principe de frugalité, la simplicité est cette forme de dépouillement qui se décline dans toutes les directions de son existence  : dans la relation à soi, à ses désirs, à l’autre, à son habitat, à son ali-mentation et à ses modes de vie, à la vie elle- même. La nature est simple pour qui sait la regarder et peut être prise comme exemple. Dans la relation à soi, la simplicité nous éloigne du besoin de posséder (ou d’être possédé par ce que l’on possède). L’usage l’emportera toujours sur la propriété, l’autopartage sur le véhicule qui nous sert d’objet de valorisation sociale. Que les hommes tâchent de laisser voir leur simplicité, de conserver leur pureté, d’avoir peu d’intérêts privés et peu de désirs (Lao Tseu). On se souvient de Diogène, qui fait brutalement chuter le bol de bois d’un enfant qui allait boire à la fontaine, jugeant que ses seules mains suffi saient. Pas de bibelots, pas d’encombrement inutile, peu de biens car bien de peu. Pourquoi posséder ce qui ne nous sert pas, ce qui nous encombre et fi nit par nous peser et nous ralentir dans notre volonté d’avancer ? Pourquoi ne pas partager ce qui nous sert si peu, comme commencent à nous le proposer certains sites 16 ? Sa tondeuse à gazon, son échelle, ses outils, sa maison 17, sa voiture 18… surtout qu’il est démontré que le partage aide à rendre heureux 19. La simplicité supposée servir

16 . Tipkin.fr.17 . Le premier hôtel au monde s’appelle couchsurfi ng.com. Il consiste à héberger des voyageurs de

passage à son domicile pour le plaisir des rencontres, voire à permuter ses logements le temps des vacances.

18 . Voir des sites comme Drivy, Citizencar ou Buzzcar.19 . Selon une étude britannique, 80  % des personnes interrogées se disent plus satisfaites de leur

vie quand elles partagent avec leurs pairs. Les 25-34  ans sont les plus motivés pour partager (cf.  mescoursespourlaplanete.com).

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les individus prévaut également pour la loi : Plus les lois se manifestent et plus les voleurs s’accroissent. (…) J’aime la quiétude et le peuple se rectifi e de lui- même (Tao Te King, 57). L’hyperinfl ation législative de nos temps nous éloigne des vertus de la simplicité et affaiblit la capacité créative de l’homme.

Dans la relation à autrui, cette simplicité nous éloigne de notre instinct de domi-nation, de séparation d’avec l’autre : cette face sombre de l’ego qui sommeille en chacun d’entre nous. La simplicité nous invite à nous investir dans la totalité de la mission sans s’encombrer du superfl u (surconsommer, le jeu des vanités et des apparences,  etc.), dans la sincérité de notre engagement. Corollairement, de la simplicité naît le principe de transparence et de sincérité. On ne cache pas ce qui est simple, il est simple de ne rien cacher. Elle est également une leçon d’humilité : le Saint fait le bien et ne s’en prévaut point (Tao Te King, 77), car le Tao qui brille n’est plus le Tao (Tchouang Tseu).

Au- delà de soi et de l’autre, la simplicité est ce supplément d’attention qui nous permet de réussir là où les autres s’arrêtent, de voir le beau là où les autres ne voient que l’objet ou la chose, et de s’émerveiller des réalités simples de la vie, le regard de l’enfant. La simplicité apparente d’un Projet- Ciel, d’une vision, d’un slogan en fait sa force et l’ancre dans la réalité et dans le quotidien de tous. La volonté de Nelson Mandela en 1995 de gagner la Coupe du monde de rugby à domicile était simple, mais elle était forte en termes de cohésion nationale. La sim-plicité génère la compréhension, la compréhension génère l’adhésion, l’adhésion la mise en œuvre. Dans le monde des affaires, pourquoi complexifi er (les contrats, les procédures, les discours), si ce n’est pour servir les vils besoins d’un ego ou d’un portefeuille ? Compliquer éloigne de l’essence des choses.

La simplicité devient une esthétique et un art de vivre, l’expression manifeste du dépassement de son ego au service de quelque chose qui est plus grand et qui nous dépasse (la nation et l’unité derrière les Springboks). C’est ce que nous rappelle Lao Tseu lorsqu’il nous dit que c’est de son vide que dépend l’usage des vases (Tao Te King, 11). Ce dépouillement nous permet de rester réceptifs au réel et à ses signes, de développer notre instinct de vigilance qui nous prémunit un peu mieux du risque. Trop de biens encombrent le champ de vision. En vacances, la plage arrière encombrée ne permet plus de voir la route. La vision suppose le dépouillement de la simplicité, sous peine de se perdre dans l’accessoire. Voir la route suppose de se poser la question de l’intérêt de chaque acte, de chaque objet, de chaque parole, de chaque emploi, de chaque niveau hiérarchique, de chaque réunion. La Tao- entreprise le sait et le mesure.

Derrière son apparente complexité, la création nous apprend ce que peut être la simplicité en jouant, par exemple, à reproduire des modèles simples. Un atome entouré de ses électrons est à l’image d’une planète avec ses satellites, ou d’un système solaire avec ses planètes. Le cerveau est à l’image d’une galaxie. Une feuille d’arbre est une fractale, la reproduction d’un motif ou d’un principe simple, la ramifi cation d’un modèle d’embranchements et de divisions qui se démultiplient sans cesse. De son côté, le bourgeon porte l’essence de l’arbre et pourra en repro-duire un s’il vient à tomber par terre dans des conditions favorables. La science démontre progressivement la simplicité intrinsèque de la nature, malgré son appa-rente complexité. Les phénomènes physiques obéissent à un tout petit nombre de

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oisetrès grands principes, précise le scientifi que Renaud Parentani. Une supernova est

semblable à un tourbillon d’eau dans un banal entonnoir, le cœur d’une étoile se comporte comme une cuve de métal en fusion, les poussières qui entourent de jeunes étoiles évoluent comme un volume d’eau enchâssé entre deux cylindres. Les formes de la nature se reproduisent  à différentes échelles  : la spirale formée par le tube de la vague ou par le siphon, la spirale de l’ouragan ou celle de la galaxie. La nature est simple et se répète, résume le chercheur Carlo Rovelli 20. Par extension et à l’image du bourgeon, on comprend que la Tao- entreprise aura réussi si le collaborateur ou le partenaire porte et incarne l’essence de l’organisation qui le nourrit. Plus globalement, elle cherche à « fabriquer de la simplicité » pour ses clients, par une politique de services adaptée, par exemple, pour ses collaborateurs, par un dialogue social sincère et transparent notamment, et pour ses partenaires, par une politique équitable et juste.

Douzième principe : Le non- attachement, la liberté, le calme

À l’inverse de l’Occident, le chemin du taoïste l’emporte sur l’objectif. La vie est un continuum qui ne s’arrête jamais. La mort elle- même n’est que l’amorce du renouveau et d’un nouveau cycle. Seul le chemin construit, façonne et transforme. L’Occidental se fi xe et se fi ge sur ses objectifs. C’est une illusion. Personne ne peut garantir qu’il n’y aura pas d’accidents du travail durant l’exercice, et pourtant on affi che un objectif de zéro accident sur la période à venir. Sans oublier que l’at-teinte à toute force de l’objectif peut nuire à la vision et au Projet- Ciel, sacrifi er le patrimoine de l’entreprise (qualifi cation de la base clients, traitement de fond des réclamations, etc.) au profi t d’objectifs de court terme, et sans doute de moindre enjeu. Le sage taoïste observe l’environnement et le résultat. Ce résultat n’est que la conséquence d’une observation et d’une action passée, qu’on a tenté de réaliser au mieux, par une vigilance de tous les instants. Tout idéal fatigue, car il n’est par défi nition jamais atteint (on peut toujours se rêver plus grand ou plus fort) et ne s’inscrit pas dans le principe de la non- action et de la frugalité de l’énergie dépensée. La recherche de la perfection des objets n’est pas le but du voyage, nous rappelle Lie Tseu. En revanche, on peut agir au mieux dans le sens de son idéal et de « ce- pour- quoi- on- est- fait » au quotidien (sa mission, sa destinée- Ming), ce qui nous procure de la joie, sans forcément s’attacher au résultat obtenu. On pourrait jouer sur les mots en disant qu’il convient d’agir vers l’idéal de son action (le Projet- Ciel), plutôt que par une hypothétique action idéale. Un idéal peut s’as-similer à une addiction, au même titre que la dépendance au tabac ou à l’alcool. Au sens taoïste et à rebours de l’Occident, la manière l’emporte sur la résultante, l’état de réalisation du calligraphe est plus important que la trace du cercle qu’il laisse sur la feuille de soie blanche ; peu importe que la fl èche touche la cible si l’harmonie guide sa trajectoire. Dans l’entreprise, importe prioritairement la possi-bilité de devenir ce qu’on a vocation à devenir (l’obtention de la plénitude de soi est le but du voyage), la contribution au Projet- Ciel et la vigilance permanente à sa contribution plus encore qu’à la mesure des résultats qui, pour une large part, ne dépendent pas de l’entreprise elle- même. À titre d’exemple, l’objectif n’est pas de « techniciser » à l’envi les fonctionnalités des smartphones, mais bien davantage

20 . Cité dans le magazine Science&Vie de janvier 2013.

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de s’interroger sur l’utilité de leur usage ; en quoi peut- on en faire un accessoire de communauté, de partage, de plaisir, d’expérience ou de convergence ?

Corollairement, cette idée de devenir ce qu’on a vocation à être renvoie à la nécessité de disposer des moyens et des marges de manœuvre nécessaires pour y parvenir. La volonté désire jouir de la liberté, je dis qu’il y a entrave à la nature si elle ne le peut, déclare Lie Tseu. La créativité et le potentiel du salarié ne se déploient que lorsque l’entreprise lui accorde la confi ance et la délégation requises pour que l’individu s’assume et devienne ce qu’il a vocation à devenir, dans l’in-térêt même du projet collectif et des résultats de l’entreprise qui l’emploie. Une relation adulte- adulte, nous dit l’analyse transactionnelle.

Au- delà, l’apprentissage de la liberté passe par une forme de détachement non pas à l’acte, mais plus probablement à ses conséquences ; ainsi, le sage ne trouve aucun plaisir dans le succès ni aucune tristesse dans l’échec (Tchouang Tseu). Un rien touche le sage mais rien ne l’atteint, dit un proverbe chinois. Il s’agit ici de tout faire pour le mieux à tout instant, et d’observer les résultats induits de manière détachée mais vigilante, pour faire évoluer l’action dans l’avenir. La nature préci-sément nous apprend ce qu’est la liberté véritable : sans attache, sans soumission à un quelconque pouvoir (gloire, pouvoir, argent, renommée, amour, objectif) que ce que l’on est et ce à quoi on aspire. Ainsi, la liberté ne veut pas dire faire ce qu’on veut, mais faire ce pour quoi on est fait, du mieux qu’on le peut. Liberté pour soi, liberté également pour les autres  : le dirigeant taoïste légifère peu et laisse à l’autre le même droit d’exister par lui- même. La liberté n’est pas l’expres-sion de ses caprices mais, au contraire, la focalisation durablement orientée de son énergie vers ce qu’on a compris de sa mission et vers ce qui nous apporte la joie 21  : faire ce qu’on peut vers ce qu’on souhaite devenir et non pas faire ce qu’on veut quand on le veut, ce qui n’est que l’emprisonnement de l’homme dans l’animalité de ses instincts, la servitude de ses désirs et le conformisme social de ses comportements. Les entreprises libérées 22, on le verra plus bas, s’inscrivent dans ce principe de liberté taoïste.

Enfi n, par delà les plaisirs ou la tristesse, le non- attachement conduit naturellement au calme qui est l’état endogène du Tao. Calme = Tao. Ainsi, la voie du Taoïste est ce chemin qui vise à atteindre continûment cet état natif de réceptivité active, en faisant taire ses pensées, en apaisant ses émotions, en détendant le corps, en se mettant à l’écoute et à la disposition de son propre Tao et du Tao du monde. Celui qui est pur et tranquille devient le modèle de l’univers (Tao Te King, 45) ou bien le Saint vivant dans le monde reste calme et tranquille, et conserve les mêmes sentiments pour tous (Tao Te King, 49), ou encore le naturel est silencieux, achevé, paisible, serein, progresse en avant (Lie Tseu). Dans l’économique comme dans la vie, c’est dans le calme qu’on voit mieux le monde et à l’intérieur de soi- même. La fébrilité permet d’observer mais sans voir, de s’agiter sans agir, de dépenser sans penser. Le calme de l’organisation permet le calme des hommes qui la constituent et l’effi cacité de l’observation, de la réfl exion et de l’action. La Tao- entreprise s’en souvient.

21 . À partir notamment des dons qui nous ont été accordés à la naissance.22 . Cf. Liberté et Cie d’Isaac Getz et Brian Mac Carney.

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oiseTreizième principe : La spontanéité, l’intuition

La nature est, elle ne se demande pas pourquoi elle produit des fruits ou pousse avec le soleil et la pluie. Toutes les choses naissent, spontanées, sans savoir d’où elles viennent ni comment elles sont produites et chacun possède des qualités intrin-sèques… dans l’état de nature (Tchouang Tseu). Le blé produit des graines qui ne sont pas du riz. L’enfant joue sans se poser la question du pourquoi et du comment il joue. Il est dans le jeu, il est le jeu. La spontanéité est cette action d’évidence qui ne passe pas par la case du mental ou du cognitif. Je pose mon attention sur les diffi cultés particulières rencontrées à chaque fois, agis lentement, et les parties se séparent d’elles- mêmes, comme si j’émiettais une poignée de terre (Tchouang Tseu). L’action spontanée devient intuitive et naturelle. Dans le domaine artistique, on dit que le musicien qui ne pense plus à sa technique et qui vit l’émotion de sa musique a « avalé son instrument ». Dans le domaine des arts martiaux, au terme de beaucoup de temps et de discipline, le combattant anticipe les coups de l’adversaire et réagit sans réfl échir, car il a fi ni par internaliser la nature de l’autre et la sienne propre. L’action devient instinctive et intuitive. Le calligraphe trace son cercle dans l’évidence du geste, sans se poser la question du pourquoi et du comment. La bonne réponse n’est pas forcément une réponse apprise (de connaissance) ou une réponse analytique. Il n’est pas sûr non plus que ce soit celles- ci qui nous apportent les plus grandes satisfactions et nous rendent le plus heureux.

Dans le monde économique, l’intuition est parfois à privilégier pour guider l’action. Les instruits gâchent leur vie à cause des nombreuses opinions. Les études ont des hypo-thèses semblables mais des conclusions différentes. Les savants ne peuvent connaître ni le moment d’agir ni le moment de s’arrêter. Seul celui qui retourne au semblable, à l’identique échappera aux périls (Lie Tseu). La lenteur itérative, la partialité et l’incom-plétude du raisonnement intellectuel ne sont pas toujours la meilleure voie pour trouver l’optimum global et le chemin au milieu du maquis de l’information, « l’infobésité ». La spontanéité nous appelle à nous mettre à l’écoute de la vibration du monde et du mar-ché, pour fi nir par penser comme lui et mieux anticiper ses besoins et ses évolutions. On se souvient de ces boursicoteuses qui achetaient les actions des entreprises et des marques dont elles aimaient les produits, avec une performance boursière supérieure à celle des spécialistes traders, qui plaçaient l’argent de leurs clients sur la base de calculs et d’analyses compliqués. En matière de stratégie, la bonne réponse ne nous parvient pas toujours par la tête, mais par le corps ou le Cœur : qui cherche l’inspi-ration exacte suit son cœur, nous rappelle Tchouang Tseu. Nombre de physiciens ou de mathématiciens ont fait référence à ces fulgurances intuitives qui ont fait avancer la science (Newton et sa pomme, Archimède et sa poussée…). Albert Einstein l’a dit avec ses mots : Le mental intuitif est un don sacré et le mental rationnel est un serviteur fi dèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don. En économie, l’intuition accompagne pourtant le marketing de l’offre. On ne peut pas demander à un client d’inventer ce qu’il ne connaît pas encore (le CD- ROM, le smartphone, la biométrique, etc.). Le classique taoïste Yin Fu nous dit  : Les gens utilisent seulement leur conscience pour penser. Ils ignorent ce qui transcende la pensée et ce qui crée la pensée. Le taoïsme nous invite à nous écouter pour mettre en œuvre ce que l’on ressent comme juste et utile. La parfaite doctrine est aussi proche de l’être humain que l’ombre de la forme et que l’écho au son. Appelez- la, elle répond, impartiale, prête à

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remplir son rôle d’aide (Tchouang Tseu). La Tao- entreprise fait confi ance à l’intuition de ses managers et de ses collaborateurs, leur accorde la prime de la créativité, favorise la prise de risque et accepte le droit à l’erreur.

Quatorzième principe : La bonté, la bienveillance

Souplesse et gentillesse l’emportent sur la dureté et la violence, qui gèle comme la glace ou brûle comme le feu ; et plus loin : Que l’autre et soi- même cessent de s’opposer. Voilà le pivot du Tao, nous dit Tchouang Tseu. Le saint excelle constam-ment à sauver les hommes ; c’est pourquoi il n’abandonne pas les hommes » (Tao Te King, 27). Globalement peu développée par la littérature, cette notion me semble pourtant essentielle dans l’esprit des fondateurs taoïstes. Tchouang Tseu, en tête de cortège, nous en donne l’exemple : Aimer les êtres et en prendre soin développe la bonté, ou encore : La plus lamentable des morts, c’est la mort du cœur ; elle est bien pire que la mort du corps. Lao Tseu lui- même n’est pas en reste  : L’homme d’une vertu supérieure est comme l’eau. L’eau excelle à faire le bien aux êtres et ne lutte point (Tao Te King, 8). La recherche de l’harmonie, la quête de la joie dans la simplicité provoque ou provient (c’est selon) d’un état général de bienveillance vis- à vis de l’autre. Comment, à l’inverse, envisager un monde plus harmonieux, dans une logique qui resterait confi née à soi ? Comment imaginer mieux faire cir-culer l’énergie du monde et de la nature au moyen d’une stratégie de repli ou de suspicion ? Poursuivre le bon permet de trouver le mieux, trouver l’autre permet de retrouver l’unité du Tao. Souvenons- nous de nos appariements : nature = bonté. La nature est généreuse et ne retient pas la production de ses fruits et de ses semences. La bonté génère l’abondance. La bonté procède du don, le don précède la richesse. Donner avec bienveillance et sincérité pour recevoir encore davantage en retour. Le Yang du don induit le Yin de la reconnaissance et de la multiplicité. La bonté aide à converger vers l’unité, à retourner à l’origine. Travail de tous les instants, elle n’est jamais acquise mais se révèle, pourtant, sous de nombreuses appellations (agapê, amour, bienveillance, compassion) dans tous les textes sacrés. Curieuse universalité de pensée… Cette bienveillance spontanée peut être cultivée et trouver sa place dans la Tao- entreprise.

La nature, enfi n, ne juge pas. Les rayons solaires sont les mêmes pour tous, sans distinction de race, de sexe, de lieu ou de classe. Même si nos potentialités diffèrent, nous sommes unis sous le rayonnement solaire, ou sous la pluie du nuage. Cette indifférenciation naturelle s’assimile au non- jugement. Voir et observer sans juger. Cette pratique naturelle nous est diffi cile, car nous avons cette tendance fâcheuse à reprocher à l’autre nos propres faiblesses ou manques. La voie délicate du non- jugement est une ouverture à la nouveauté et à l’inconnu de la vie, l’autorisation de voir apparaître ce que l’on ignore, ce que l’on craint et ce qu’on est venu chercher. Le non- jugement de l’autre et de soi, à l’image du rayon de soleil ou de la goutte de pluie, est la condition sine qua non de l’apparition de la vie, de la surprise du monde. La relation à l’autre et à soi aura du mal à apparaître dans la fermeture du jugement. La plante de l’évolution ne peut pas pousser dans un espace déjà occupé par ses préjugés, ses habitudes ou ses conventions sociales. Le non- jugement dés-herbe et fertilise pour faire apparaître la fl eur de la tolérance et des métissages fl oraux insoupçonnés, qui peuvent repousser le champ des possibles et déboucher sur des

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oiseinnovations avantageuses (des partenariats économiques, des alliances syndicales, des

idées de diversifi cation, des innovations techniques jugées inutiles ou non rentables, des recrutements plus diversifi és…), qui servent les intérêts de la Tao- entreprise.

Quinzième principe : La vérité intérieure

Donnons la parole à Tchouang Tseu pour introduire cette notion : La vérité se trouve dans la sincérité. Quiconque n’est pas sincère ne peut agir sur autrui. Seule la vérité intérieure permet à l’esprit d’agir à l’extérieur. Et Lie Tseu d’ajouter  : Ne s’agit- il pas d’avoir sincérité et confi ance envers les humains plus encore qu’envers l’eau ? Car celui qui n’a pas confi ance dans les autres n’obtient pas leur confi ance (Tao Te King, 17). Les études comportementales le démontrent aujourd’hui : 35 % de ce que com-prend notre interlocuteur provient du ton de notre voix, 55 % provient du langage non verbal (posture, gestes, crispation du visage, regard…). Seuls 7 à 10 % de ce que notre interlocuteur retiendra provient du langage verbal et du monde des mots. C’est peu de dire que le corporel est fondamental dans l’art de la communication et que le jeu de la communication est d’abord et avant tout un jeu de la vérité. Et on n’est jamais aussi vrai que lorsqu’on est dans la sincérité de ses pensées, de ses paroles et de ses agissements. Vouloir agir sur le monde suppose de pouvoir agir sur les autres ; agir sur les autres induit, de manière quasi syllogistique, d’agir dans la pleine authenticité de son propos et de sa mission. Cela peut ne pas être une condition suffi sante, mais elle est en tout cas nécessaire. Doxa répandue en communication, une bonne pub ne fera jamais vendre un mauvais produit. Un beau discours ne sauvera jamais une gestuelle insincère ou une réalité défi ante ou dissimulatrice. Pour toutes ces raisons, le sage taoïste s’éloigne généralement du jeu des vanités et des mondanités ou ne s’y prête que dans la perspective consciente de servir sa vision ou ses missions.

Conviction, authenticité, sincérité donc, même si on ne parvient pas toujours à convaincre l’autre ou à coopérer. Maintenant, la vérité nous est propre et ne demande pas à être partagée par la force. Le taoïsme n’impose jamais ses vues. Il n’est qu’inter-prétation et repose sur la justesse de son ressenti intime. Est vrai ce que l’on ressent comme juste. Cette notion de vérité est d’ailleurs davantage une affaire de ressenti corporel et émotionnel plutôt qu’une simple croyance mentale, qui ne s’appuie le plus souvent que sur un savoir parcellaire. Lire un texte du Tao Te King est un exer-cice d’exégèse et d’interprétation personnelle, basées sur ce que l’on en comprend et ce qui nous parle. La maïeutique d’un texte taoïste n’est pas tant d’instruire que d’inviter à la réfl exion et de planter la graine de la maturation de sa propre pensée vers une plus grande utilité à soi, aux autres et au monde. Le taoïsme débouche sur une forme de tolérance et de relativité bienveillantes à l’opinion exprimée par autrui. On retrouve cette ouverture dans les relations sociales de la Tao- entreprise et dans les relations qu’elle entretient, notamment avec ses clients et ses fournisseurs.

Seizième principe : S’ouvrir au beau

Prolongement ou prémisse des principes de l’harmonie, de la simplicité ou de la joie, grandir par le Tao nous apprend à voir le beau (plutôt d’ailleurs que d’être vu), partout où il est : dans la forme d’un coquillage, dans les rides d’un vieillard, dans la forme et la radiance de la lune, dans le silence, dans la simplicité d’un objet,

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Préface ............................................................................................................................. 11

Préambule ........................................................................................................................ 13

Partie 1 COMPRENDRE : les concepts taoïstes et de la médecine traditionnelle chinoise ..................................................................................................... 15

1.1 L’approche analytique du taoïsme et de la médecine traditionnelle chinoise ....... 151.1.1 Du côté de la nature ............................................................................. 16

1.1.1.1 Le Tao .................................................................................... 161.1.1.2 Le Yin- Yang ............................................................................ 181.1.1.3 Dix- huit principes taoïstes à retenir ....................................... 221.1.1.4 La théorie des cinq éléments ................................................. 401.1.1.5 Les trois trésors (Jing, Qi, Shen) ............................................. 44

1.1.2 Du côté de l’entreprise .......................................................................... 471.1.2.1 Les fonctions organiques de la Tao- entreprise ........................ 481.1.2.2 Les « trois trésors » dans la Tao- entreprise ............................. 531.1.2.3 Les métiers et leur organe de référence ................................. 541.1.2.4 Les équivalences entre la médecine traditionnelle chinoise

et le monde de l’entreprise .................................................... 571.2 L’approche dynamique et globale des fonctions organiques

de la Tao- entreprise ............................................................................................... 611.2.1 Le cycle d’engendrement de la Tao- entreprise ...................................... 641.2.2 Le cycle de contrôle de la Tao- entreprise .............................................. 671.2.3 Le cycle d’agression (ou de domination) de la Tao- entreprise ............... 691.2.4 Le cycle d’affaiblissement de la Tao- entreprise ...................................... 691.2.5 Le cycle de révolte de la Tao- entreprise ................................................ 751.2.6 Symptomatologie d’entreprise : exemples ............................................. 77

1.3 La question du sens de l’action de la Tao- entreprise ............................................ 791.3.1 Les objectifs (le cockpit) ........................................................................ 791.3.2 La mission, les valeurs, l’ambition (les moteurs, les ailes,

le fuselage) ............................................................................................ 811.3.3 La vision, le business- sens, le Projet- Ciel (le cap, le vol) ...................... 83

Table des matières

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1.3.4 La comparaison synthétique des trois niveaux de cohérence ....................911.3.5 Et le taoïsme dans tout cela… ............................................................... 961.3.6 Ce qui différencie la Tao- entreprise de l’entreprise traditionnelle........ 1011.3.7 Ces modèles occidentaux qui s’inspirent de la Tao- entreprise ...................105

Partie 2 AGIR : les outils de la Tao- entreprise...................................................... 1092.1 Les techniques pour trouver le sens et le Projet- Ciel .......................................... 110

2.1.1 Le recours au cognitif : la porte de la tête .......................................... 1102.1.2 Le recours à l’inconscient : la porte du corps et du cœur .................. 115

2.2 Le Smart- Tao ....................................................................................................... 1182.2.1 La Tao- gouvernance ............................................................................. 119

G1. Formaliser et piloter le Tao- projet s’inscrivant dans une ambition supérieure ............................................................. 120G2. S’inscrire dans des cycles longs ................................................... 121G3. Penser monde et export, penser excellence ................................. 122G4. Se concentrer sur le chemin plutôt que sur la cible ..................... 123G5. Travailler à l’harmonie de la relation ........................................... 124G6. Conserver son indépendance ....................................................... 125G7. Trouver des solutions simples aux questions compliquées ........... 125G8. S’engager dans le partage des richesses et des pouvoirs ................ 127G9. Toujours innover........................................................................... 128G10. Laisser transparaître la transparence ........................................... 130

2.2.2 La Taorganisation ................................................................................. 130O1. Opter pour une organisation souple et légitime ........................... 131O2. Sélectionner les dirigeants sur la voie du Tao .............................. 132O3. La juste personne au juste poste .................................................. 133O4. Aller chercher les compétences là où elles se trouvent ............... 134O5. Augmenter la représentation des femmes ..................................... 135O6. Respecter le rythme des hommes................................................. 136O7. Agir moins mais agir mieux ......................................................... 137O8. Être vigilant, écouter les signaux faibles ...................................... 138O9. Penser toujours « coûts évités » .................................................... 140O10. S’autoriser la créativité et le risque ............................................ 141O11. Simplicité à tous les étages ........................................................ 142O12. S’ouvrir au beau et à la nature .................................................. 143O13. Penser global, agir local ............................................................. 144

2.2.3 Le Tao- Management ............................................................................ 145M1. Savoir qui on est .......................................................................... 147M2. Cultiver les cinq vertus taoïstes .................................................... 148M3. Accéder au calme, incarner et diffuser le calme ................................149M4. Faire du temps un allié ................................................................ 150M5. Connaître les lois du cycle .......................................................... 151M6. Devenir l’ami des forces de la nature .......................................... 151M7. Agir est mien, la résultante appartient au Tao ...................................152M8. Rechercher l’équilibre .................................................................. 153M9. Penser avec le corps .................................................................... 154M10. Réfl échir aux problèmes- sources plutôt qu’aux solutions- pierres .. 155M11. Laisser jaillir la spontanéité et la positivité ................................ 155M12. Développer l’« instinct de vigilance » ........................................ 156

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M13. Mettre son ego au service des autres et du Projet- Ciel .............. 157M14. Donner pour recevoir ................................................................ 158M15. Prendre un soin particulier à nommer les collaborateurs .......... 158M16. Créer des équipes compatibles .................................................. 159M17. Écouter et être à proximité des équipes ..................................... 160M18. Penser collectif ........................................................................... 160

2.3 Le Tao- Profi le©, le Tao- Scan©............................................................................. 1622.4 La MTC d’entreprise (MTCE), le modèle POOC ................................................. 1622.5 Le Marketing- MIX de la Tao- entreprise ............................................................... 1752.6 Pratiquer le Qi Gong au sein de l’entreprise ...................................................... 1822.7 Le Feng Shui ....................................................................................................... 1912.8 Le Yi King ........................................................................................................... 1932.9 Penser la stratégie comme un Chinois (Sun Tzu) ................................................ 194

Conclusion et perspectives ............................................................................................ 199

Innover pour durer, mettre en mouvement l’intelligence collective .................... 200La performance et l’innovation supposent de faire exister les  collaborateurs ..... 201La performance et l’innovation supposent de coopérer, d’observer, de s’ouvrir ........................................................................................................... 201La performance et l’innovation supposent de motiver, motiver  suppose de disposer du SENS ........................................................................................... 201Les lignes bougent, les initiatives se développent ............................................... 203Le monde est à un carrefour et il y a urgence .................................................... 203C’est à l’homme de changer, pas à la nature ...................................................... 204On partage les crises, il nous revient de partager le rêve d’humanité ................... 205Les entreprises peuvent porter le rêve ................................................................. 205La Tao- entreprise est un début de réponse .......................................................... 206La réponse ultime est le changement de l’homme lui- même ............................. 209Et maintenant ? Réapprendre à rêver… ............................................................... 210Rêver, « utopier »… ............................................................................................. 211

Repères bibliographiques ............................................................................................... 215

Annexe 1 : La fonction des organes de la Tao-entreprise ............................................... 219

Annexe 2 : Êtes-vous un Tao-dirigeant ? ......................................................................... 224

Annexe 3 : Le Smart-Tao : synthèse des enseignements taoïstes .................................... 226

Annexe 4 : Un exemple de pyramide du Tao-projet (ou Projet-Ciel) et de ses déclinaisons dans l’univers des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) ............................................................................................. 236

Annexe 5 : Les mots de la Tao-entreprise....................................................................... 237

Pour aller plus loin, passer à l’acte… ............................................................................ 245

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Du même auteur

Le Qi Gong dans l’entreprise : Théorie et pratique. Éditions Chariot d’Or. 2012.

Le Qi Gong dans l’entreprise : Exercices appliqués. Éditions Chariot d’Or. 2013.

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Notes personnelles

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Laurent Chateau

La" Tao-entreprise "

ISBN 978-2-8041-8400-1TAOENT

issN 1373-0274

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Soigner l’entreprise comme un corps humain par la sagesse traditionnelle chinoise

Performance globale et harmonie

www.deboeck.com

• Et si on pouvait soigner l’entreprise (baisse des ventes, baisse de la qualité, conflictualité…) comme un corps humain, par la médecine traditionnelle chinoise (MTC d’entreprise) ?

• Et si on pouvait motiver les salariés, par l’adhésion à un projet supérieur et fédé-rateur ?

• Et si on pouvait manager par l’harmonie, et par un supplément de sens et d’utilité ? • Et si on pouvait améliorer la performance globale (innovation, collaboration,

ouverture au changement, productivité…) et la pérennité des entreprises, par les enseignements de la sagesse taoïste et de la nature (Taoïsme d’entreprise) ?

• Et si les nouveaux modèles d’entreprise occidentaux préfiguraient la " Tao-entre-prise " de demain ?

• Et si les entreprises prenaient leur « part du monde » pour œuvrer à la fabrication d’une société meilleure ?

Voilà quelques questions auxquelles répond la " Tao-entreprise " à l’aide d’exemples et de cas concrets. Innovante, décapante, elle rebat les cartes de ce que l’on prenait pour des évidences, en abordant de nouveaux concepts de la sociologie des orga-nisations, en apportant aux décideurs et aux managers des outils ou des concepts inédits et opérationnels comme le Business-sens, la Pyramide du Tao-Projet, le Smart-Tao, la Tao-gouvernance, la Taorganisation, le Tao-management, le modèle POOC, la synergétique, l’ « harmonance », l’ « écolistique », le Tao-business grid, etc.

à bout de souffle et sans boussole, nos économies concurrentielles et mondialisées ont besoin de nouveaux repères, nos entreprises de nouveaux leviers de performance, nos salariés de nouvelles raisons de se motiver. La " Tao-entreprise " se propose de les aider à trouver ces nouvelles clés, à ouvrir de nouvelles voies à partir de la nature bienveillante et performante qui sommeille en chaque homme et en chaque décideur.

Laurent CHATEAU Convaincu que le changement de nos sociétés passera par l’évolution intérieure et la prise de conscience des acteurs économiques et des dirigeants qui la com-posent, Laurent CHATEAU a fondé la structure de Conseil « Tao&Organisation ». Concepteur original et exclusif des outils de la Tao-entreprise (Qi Gong d’entre-

prise, MTC d’entreprise, Taoïsme d’entreprise), il forme aujourd’hui des Tao-formateurs certi-fiés et conseille les dirigeants des entreprises et des collectivités pour donner à partir de la sagesse chinoise, un supplément de sens, de performance et d’harmonie à leur action.

Diplômé en marketing (DESS) et en aide à la décision en entreprise (DEA) de l’Université Paris Dauphine, dans la vie active depuis près de 25 ans, Laurent CHATEAU a exercé dans plusieurs entreprises des fonctions de direction et de consultant dans les domaines du marketing, du commercial, de la communication et de la gestion de projets.

Diplômé de la Fédération des Enseignants de Qi Gong et des Arts énergétiques (FEQGAE), il a pratiqué pendant 12 ans les arts martiaux vietnamiens et enseigne le Qi Gong depuis 2008. Il est l’auteur de nombreux articles et de deux ouvrages sur « Le Qi Gong dans l’entreprise ».Tao-entreprise® est une marque déposée par l’auteur.

Site de l’auteur : www.taoetorganisation.com

Et si on pouvait soigner l’entreprise comme un corps humain ?

Préface de Bernard Plano