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Marie-Claire BERGUER
LES RELATIONS ENTRE
L'ETAT INDEPENDANT DU CONGO
ET LA SUISSE
1876 à 1908
BRUXELLES 1958
L ________________ ~
Marie-Claire BER GUE R
Faculté de Philosophie et Lettres.
Section Histoire.
LES REL A T ION SEN T R E =========================:=========
L ' E T A T l N D E PEN DAN T DUC 0 N G 0 ===================================================
E T LAS U l S S E. ------------------------------------------
1876 - 1908. ============
Mémoire de Licence - 1ère session.
1957 - 1958.
Université Libre de Bruxelles.
S 0 Il mai r e. ===================
Introduction
1. La Suisse et l'Etat Indépendant du Congo - relations - d'Etat à Etat:
A. Traité d'amitié, d'établissement et de commerce
l
entre la Suisse et l'E.I.C. - 16.XI.1889 4
B. L'E.I.C. a recours à l'arbitrage suisse 9 c. Rel&tions diplomatiques entre la Belgique et la
Suisse et entre l'E.I.C. et l~ Suisse:
1) Introduction 14 2) Consuls de Suisse pour la Belgique et
l'E.I.C. A. RIVIEH 17 J. BOREL DE BITCHE 23
3) Le Gonsul ue l'E.I.C. à Genève, G. MOYNIER 24
4) Le Gonsul de Belgique à Neuchâtel ~ affaire BOILLOT-ROBERT
5) Les Ministres de Belgique à Berne
II. Les Suisses et l'E.I.C.
31
38
A. Oo~ité ~ational Suisse 41
B. Société Suisse de Secours aux Esclaves africains 49
G. La presse suisse de 1876 à 1908 56
D. La Ligue Suisse pour 1& Défense des Indigènes du Congo
1) Introduction 67
2) La campagne anticongolaise 69
3) René CLAPAREDE 72
4) La Ligue Suisse
a origines b activités c Bulletins d Membres e Réactions f Réactions
tiques g) Conclusion
1908 . .
de la Ligue
dans lb. presse dans les milieux diploma-
74
74 80 86 88 90
93 98
III. Les Suisses engagés par l'E.I.C. :
A. Le docteur de Schumacher
B. Les Suisses engagés par l'E.I.C.
Annexe No. 1. G. MOYNIER, " Mes Heures de Travail",
Page
100
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chap. IV. Oivilisation de l'Afrique 117
"
"
No. 2. Copie d'une lettre de BOILLOT-ROBERT à la Co~i8sion de l'Enfance abandonnée à Genève
No. 3. Circulaire du Département Politique pour prévenir les jeunes Suisses des dangers du Congo
" No. 4. Statuts de la Société Suisse Africaine
" Il
"
"
ft
NOe 5. Circulaire de propagande de la LigUé Suisse pour 1& défense des indigènes
No: 6. Appel en faveur des indigènes du Congo
No. 7. Liste des membres de la Ligue Suisse pour la défense des indigènes du Oongo
No. 8. Statuts de la Ligue Suisse pour la défense des indigènes du Congo
No. 9. Liste des agents suisses engagés par IfE.I.C., des origines à 1908
No.IO. Statistique des Suisses établis au Congo, par année.
* * *
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SIGNIFICATION DES ABREVIATIONS.
A.F.
B.N.
:
. •
Archives Fédérales, Berne.
Bibliothèque Nationale, Berne.
B.P.U. : Bibliothèque Publique Ùniversitaire, Genève.
B.O.N~U. : Bibliothèque des Nations Unies, Genève.
B. Croix-Rouge • . Bibliothèque du Co~ité I~rnational de la Croix-Rouge. Genève.
B.R. : Bibliothèque Royale, Bruxelles.
B.R. SL. • • Bibliothèque Royale, Salle de lecture.
P.P. : Papiers privés de RENE CLAPAREDE.
Min. A.E. : Archives du Ministère des Affaires Etrangères.
Min. Colo. : Archives du Ministère des Colonies.
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l N T R 0 DUC T ION. ===========================
En ma qualité de Suissesse, il m'a paru intéressant de choisir un sujet de mémoire qui se rapportât aux relations entre la Belgique et la Confédération helvétique.
M. le Professeur STENGERS a bien voulu me signaler l'intérêt qu'il y aurait à traiter les relations entre l'E.I.C. et la Suisse. Je le remercie vivement de sa suggestion et de l'attention avec laquelle ~l n'a cessé de guider mes 'travaux.
J'exprime également toute ma reconnaissance à M. le Professeur JAGQUEMYNS qui a grandement contribué à ma formation historique et qui a suivi avec bienveillance l'élaboration de ce mémoire.
Les recherches ont été effectuées aux Archives fédérales à Berne, où les dossiers se rapportant au Congo, bien que loin d'~tre classés, ont été aimablement mis à ma disposition, ainsi qu'à la Bibliothèque Nationale Suisse à Berne également.
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Elles ont été poursuivies à Genève, à la Bibliothèque Publique Universitaire, à la Bibliothèque de l'O.N.U., et à celle de la Croix-Rouge, aux Archives de la ville, ain- . si que dans les papiers privés de René CLAPAREDE qui m'ont été confiés avec beaucoup de gentillesse par Mme Fernand OHENEVIERE, sa fille, M. le Professeur Eugène PITTARD et M. BREYCHA-VAUTHIER, Bibliothécaire en chef à la Bibliothèque de l' O.N.U. J'exprime ici mes sentiments de gratitude à toutes les personnes qui, en Suisse, ont facilit~ mes travaux.
Pour les recherches faites à Bruxelles, je remercie Mme VAN GRIEKEN, Archiviste au Ministère des Oolonies, et M. DESNEUX, Archiviste au Ministère des Affaires Etrangères, qui m'ont beaucoup aidée. Mais, je tiens à remercier tout spécialement M. WILLEQUET, Oonseiller historique au Ministère des Affaires Etrangères, dont les conseils m'ont été très précieux.
Il n'entrait P&S dans mon sujet de faire toute l'histoire de l'E.I.C. Ce ni est qu'en regard de ~es relations avec la Suisse, que j'exposerai à l'occasion, la situa,ion de cet Etat, pendant les périodes envisagées.
A première vue, 1& question des relations entre l'E.I.C. et la Suisse, peut püraitre un sujet un peu vide, et sans intérêt. Mais, nous allons voir que, proportionnellement à son étendue et au nombre de ses habitants, la Suisse s'est occupéa du Oongo dans une assez large mesure, cependant uniquement dans le domaine privé et non gouvernemental.
- , -
Depuis le moment de la fondation de l'Association Internationale Africaine en 1876, jusqu'à la reprise du Congo par la Belgique en 1908, nous allons suivre les différentes étapes de la participation suisse à l'oeuvre africaine.
Un problème historique peut être envisagé à dif
férents points de vue: le point de vue politique, le point de vue économique et le point de vue humain.
Pour le sujet qui nous intéresse, je peux tout de suite affirmer n'avoir trouvé aucune intervention économique ou financière de la Suisse au Congo jusqu'en 1908, aussi, ce point de vue est-il dès l'abord éliminé.
Il nous reste à envisager les points de vue poli-1
tique et humain. C'est pourquoi, j'ai divisé cette étude en trois grandes sectiohs, la première traitant des rapporta politiques entre la Suisse et l'E.I.e., et les deux dernières en~isageant les rapports humains, privés, qui ont existé entre les deux pays.
A.
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I. LA SUISSE ET LtETA~ INDEPENDANT DU CONGO
RELATIONS DfETAT A ETAT.
. •
LE TRAITE D'AMITIE D'ETABLISSEMENT ET DE COMMERCE ENTRE __________________ L _______________________ ~------~----__
LA SUISSE ET L'E.I.C. - 16 novembre 1889. ------------------~-
Le gouvernement fédéral helvétique n 1 avait pas été invité à prendre part à la Conférence de Berlin qui reconnut l'existence de ltE.I.C. par ltActe de Berlin du 26 février 1885. Et si jeux personnalités suisses av~ient pris part à la préparation de cette conférence, Cl) la Suisse h'y était pas représentée officiellement, n'ayant aucun intér@t direct dans le continent noir. Aucun traité ne la liait donc au Oongoe
O'est l'E.I.O. lui-m@me qui fit le premier des ouvertures au gouvernement helvétique pour conclure un traité d'extradition. Le Ministre de Belgique à Berne, Joseph JOORIS,(2) fut chargé de "sonder le terrain" et sa première impression était favorable (3). Jusqu'à ce moment-là, ItE.I.C. n'avait co~clu qu'un seul traité d'extradition: avec le Portuga~, ~~ 27 avril 1888 et son traité avec la Suisse ~era le premier traité signé avec une puissance non-signataire de l'Acte de Berlin.
Il est significatif que l'E.I.O. choisisse la Suisse pour la conclusion d'un traité, c'est un peu comme s'il voulait
1) Voir les chapitres sur A. RIVIER et G. MOYNIER. p. 17 et 24 2) Joseph JOORIS : voir notice p.32.De 1888 à 1899 envoyé extra
ordinaire et Ministre plénipotentiaire de Belgique à Berne. 3) Min. Calo. AE 476 JOORIS à VAN EETVELDE. Brux. 8.11.89.
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prendre des garanties auprès de valeurs sOres et qU'il tint à être en bonnes relations avec la plaque tournante de l'Europe. Il fait part d'un réel désir de conciliation; car nous verrons qu'il se montre très acoommodant envers les différentes exigences de la Confédération.
JOORIS communique quelques jours plus tard à VAN EETVELDE (1) que le gouvernement fédéral attend les démarches de l'administrateur général. Elles doivent être faites par l'intermédiaire de RIVIER, consul général de Suisse en Belgique et auprès de l' E.I.C. La Suisse désirerait prendre comme base des négociations son traité diamitié f d'établissement et de commerce oonclu avec le San Salvador le 30 octobre 1883,(2) dont JOORIS joint un exemplaire à sa lettre. Une note du Roi(3) exprime le vif contentement du Souverain vis~à-vis du prOChain tràité, mais il fait une réserve quant à l'article concernant l'exemption du service militaire, ce qui ne peut être garanti aux Blancs du Congo.
C'est le 22 mars que RIVIER annonce officiellement au Conseil fédéral que le gouvernement de l'E.I.C. propose à la Suisse de conclure un traité d'amitié. d'établissement et de commerce et envoie un projet du traité rédigé par le gouvernement de l'E.I.C., sur le modèle du traité de la Oonfédération avec le San Salvador. Le Département fédéral des Affaires Etrangères demande à RIVIER la constitution et les tarifs dudit Etat, ainsi que les traités conclus avec d'autres Etats pour avoir des bases sur lesquelles discuter les différents articles du traité. ~4)
1) VAN EETVELDE : 1852-1925. Secrétaire d'Etat à l'E.I.O. dès 1894. Biographie Coloniale T.II.
2) Min. Colo. AE 476. JOORIS à VAN E~TVELDE. Brux. 2.111.1889. 3) Min. Colo. AB 476. Note du Roi. 2.111. 1889. 4) A.F. General Konsu1at. Brüssel 1886-1918. Dép. féd. à
RIVIER. Berne 13 avril 1889.
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Une lettre de VAN EETVELDE à JOORIS (1) lui fait savoir que l'E.I.C. est tout disposé à accorder à la Suisse la clause de la nation la plus favorisée.
JOORIS qui s'ocoupe de la bonne marche des opérations à Berne a été se rendre compte lui-m3me de l'avance des négociations (2) : des sept départements ministériels auxquels a étE soumis le projet de traité, ceux des finances, de l'Intérieur, de l'Industrie et Agriculture n'y voient aucun inconvénient. Les départements Politique et Militaire demandent le maintien de la clause de l'exemption du service militaire.
Une divergence de compréhension entre les termes de "ressortissants", "citoyens" et "nationaux" employés dans les différents articles, donne lieu à un échange de lettres entre les deux gouvernements •. On décide finalement d'employer dans tous les articles, le terme "ressortissants".
"Quant au service militaire, nous ne pouvons pas nous engager dans un traité à en exempter les étrangers. Tous les Blancs au Congo sont des étrangers et il peut être indispensable, le cas échéant,de les armer pour la défense de la locali~é où ils résident. Si nous exemp~ns les Suisses, tout le monde serait exempté, et la solidarité des Blancs en Afrique ntexige-t-elle pas que tous concourent, le cas échéant, à la défense de leur foyer 1" écrit VAN EETVELDE à JOORIS (3).
3'é±ant rallié à cette opinion, le Oonseil fédéral ordonne le 29 octobre à RIVIER d'entrer en négociation avec le gouvernement de l'E.I.C., en vue de la signature du traité.
1) Min. Colo. AE 476. VAN EETVELDE à JOORIS. Brux. Il juin 1889 2) Min. COLO. AE 476. JOORIS à VAN EETVELDE. Berne 7 aont 1889. 3) Min. Colo. AB 416. VAN EETVELDE à JOORI8. Brux. 3 oct. 1889.
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Les négociations auront lieu sur la base du projet que RIVIER lui avait transmis, en y mod~fiant quelques termes et y ajoutant quelques articles relatifs au service militaire, à It ex-
t'radi"tion des mMaiteurs et aux droits d'entrée {l}.
Un échange de lettres de fin octobre et début novem bre 1889 règle encore quelques questions de détail et c'est le 16 novembre 1889 qu'est signé le traité conclu entre l'E.I C. et la Suisse, par RIVIER, désigné comme plénipotentiaire par le Conseil fédéral, et VAN EETVELDE à qui LEOPOLD II a do né pleins pouvoirs pour la conclusion de cette affaire.
Le traité garantissait réciproquement la clause de la nation la plus favorisée en ce qui concernait le regime de personnes et de la propriété, le libre établissement et le li ore exercice du commerce. On y prévoyait 11établissement de tribunaux d'arbitrage en cas de contestation. Il resta en vigueur après l'annexion jusqu'en 1919 où une convention signée à St. Germain-en-Laye le 10 septembre, revisa l'Acte de Berli et limita aux seuls Etats membres de la Société des Nations qui avaient signé les actes de Berlin et de Bruxelles du 2 juille' 1890, le bénéfice de l'ancienne convention. La Suisse n'ayant sIgné aucune de ces conventions, dut rouvrir des négociations avec 1& Belgi~ue, qui aboutirent le 16 février 1923, à la signature d 1 un accord réglant la situation de la ~uisse au Oongo et lui maintenant les bénéfices de l'égalité commerci:."le instituée par l t Acte de Berlin (2).
Le message du Conseil fédéral à l'assemblée fédérale (3) concernant le traité conclu avec l'E.I.C., expliquait
1) A.F. General Konsulat Brüssel 1886-1918. Conseil féd. à RIVIER. Berne 29 octobre 1889.
2) A.F. Bulletin consulaire 1924. 3e année 1er juin. La Buiss et ses relations avec la Belgique par Frédéric BARBEY.
3) Le 22 novembre 1889. Feuille fédérale suisse. XLle année. Vol. IV nO 50. p. 75, .••
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les raisons qui aVaient poussé les deux gouvernements à la conclusion d'une convention, définissait l'E.I.C., analysait différents articles et concluait co~e suit:
"GrAce à la libéralité des efforts faits pour développer la navigation et établir une ligne de chemin de fer qui atteindra les contrées fertiles du Congo supérieur, on peut espérer que l'Etat du Congo, peut aussi pour la Suisse devenir peu à peu d't une importance directe)si toutefois il s~it se maintenir ~ontre ses ennemis intérieurs et extérieurs.
Cette conclusion nous indique que, dans l'idée du gouvernement fédéral, l'E.I.C. constituerait un bon débouché pour le commerce et l'industrie helvétique. M!me si ce traité nta pas atteint ce but, il constituait quand même une garantie de bonnes relations entre deux pays sans rapport direct~mais dont ltamitié réciproque pouvait être utile à l'un ou à l'autre, comme nous allons le voir dans les cas de demandes d'arbitrage que l'E.I.C. introduisit auprès du gouvernement fédéral.
* *
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B. L'E.I.C. A RECOURS A L'~RBITRAGE SUISSE. e------~-------------------------------
C'est à deux occasions que le gouvernement de l'E.I.C. eut recours à l-intervention des autorités suisses pour défendre ses intérêts politiques. La situation internationale de la Suisse, sa neutralité ancienne, sa position démocratique, ses bons rapports avec toutes les nations en faisaient le pays rêvé pour arbitrer des conflits internationaux.
Le principe d'arbitrage entra très tôt dans les moeurs politiques suisses. Tous les traités d'alliance conclue depuis la naissance de lu confédération, contenaient des prescriptions dt~rbitrage. Il en était de même des traités conclue avec l'étranger. Après 1848, la Suisse travailla au développement de 11 arbitrage inteFnational,et la conférence réunie à La Haye en 1899 a définitivement consacré sa valeur aux yeux de l'opinion publique. Fidèle au principe de Itarb~trage international, la Suisse fut l'un des premiers pays à accepter la notion de l'arbitrage obligatoire devant la Cour Permanen~e de Justice à La Haye (1).
Dans la liste des arbitrages internation~~ dre&aée par Henri LAFONTAINE (2), nous retrouvons qu'à une dizaine de reprises ( sur 177 traités) le gouvernement helvétique fut Chf
gé de régler des questions litigieuses entre différentes nations.
Tout ceci nous montre que le climat en Suisse était préparé depuis toujours au principe d'arbitrage.
1) Alfred CHAPUIS: La Suisse dans le monde. p. 80 2} H. LA FONTAINE, professeur de droit international, avocat
à la Cour d'Appel de Bruxelles: "Histoire des Arbitrages internationaux," 1902.
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Voyons maintenant à quelle occasion l'E.I.C eut recours aux "bons offices" de l'Helvétie et si l'arbitrage eut lieu.
En mars 1886 (1), des contestations de frontières surgirent entre le gouvernement français et celui de l'E.I.C. ~ ... ..,...., .. ~
dans la région de l'Ubangi. LEOPOLD II propose le recours à l'arbitrage du président de la Confédération helvétique. Le gouvernement français accepta d'abord d'examiner la question (7 mars 1886). Mais dix jours plus tard, le ministre de France à Bruxelles, de MONTEBELLO, faisait savoir à VAN EETVELDE que le Quai d'Orsay ne pouvait agréer l'arbitrage suggéré le 7 mar~. Cependant en juillet, un accord provisoire s'établit pour déférer le litige, comme l'avait proposé le roi, à l'arbitrage du Président de la Confédération (2). Le 24 septembre le ministre de France à Bruxelles faisait savoir à VAN EETVE: DE que son gouvernement acceptait l'arbitrage du Président de la Oonfédération, rend&nt ainsi définitif l'accord provisoire du mois de juillet. Le 26 septembre, l'E.I.C. confirmait sa décision. Mais, comme le fit remarquer BANNING (3), la procédure de l'arbitrage, inspirée par le respect de l'article 12 de l'Acte de Berlin, "n'était applicable qu 1 à la question territoriale posée par la convention du 5 février 1885. Elle ntaurait pu slétendre à la solution de difficultés connexes" comme c'était le cas ici.
En conséquence, les deux gouvernements renoncèrent à l'arbitrage pour recourir à la reprise directe de pourpar-
1) Tout ce qui concerne cet arbitrage est extrait de l'articl de LOTAR "Les Suisses et l'E.I.C" dans la Revue "Congo" 1939. Tome II, nO ), p. 250 •.•
2) Min. A.E. Papiers LAMBERMONT 1885-1888. LEOPOLD II à LAMBERMONT ler.VII.18S6.
3) Emile BANNING : 1836-1898. Directeur général au Ministère des Affaires Etrangères. Biographie Coloniale. T. 1.
Il
lers en prenant pour base l'acceptation du cours de l'Ubangi comme limite territoriale. Ces pourparlers aboutirent à la Convention du 27 avril 1887.
Le fait que cette première tentative de recours à Ifarbitrage suisse ait échoué, ne présente en soi qutune importance relative. La chose à souligner est le recours à l'ar· bitrage suisse en lui-même, LEOPOLD II témoignait ainsi sa
\
confiance dans le jugement du gouvernement suisse ou de son représentant, et o'est ceci qui nous intéresse ici.
La seconde oocasion où l'E.I.C. eut recours à
l'arbitrage suisse se place en l'année 1889. Au mois de novembre 1889, un litige s'éleva entre les autorités de Boma et le gouverneur du Congo Portugais, à propos d'un territoire près de Ponta Verme1ha. Cet endroit, que l'on croyait portugais, avait été occupé militairement par des soldats de l'E.I C. (1). Une différence d'interprétation d'une clause ae la Convention du 14 février 1885 était à l'origine de ce litige. L'on convi~t d'envoyer des commissaires sur le terrain pour délimiter la frontière. Si les commissaires envoyés par les deux états ne parvenaient pas à s'entendre, le gouvernement portugais proposa de déférer le différent à l'arbitrage des Pays-Bas (2).
Le choix de cet arbitre ne plut pas à LEOPOLD II qui préférait un gouvernement tout à fai~ neutre et dont aucun sujet n'ait été mêlé directement ou indirectement à Itaffaire à trancher. Il suggéra le gouvernement helvétique/90mme
1) MIn. Colo. AE 297. ~) Min. Colo. AB 297.
,." ("" ",<1" ~ ___ -
( XI.1889. VAN EETVELDE au Roi. Brux. DE GRELLE ( Ministre de Belgique à Lisbonne de 1888 à 1891) à VAN EETVELDE. Lisbonne 25.11.1889.
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réunissant ces conditions (1). Le gouvernement portugais accepta ce nouveau choix bien que, à son avis, le gouvernement suisse soit peu au courant des affaires africaines en général et particulièrement de la topographie du territoire en litige (2).
O'est le 7 février 1890 que les gouvernements de llE.I.e. et du Portugal adressèrent au Conseil fédéral une demande simultanée d'arbitrage éventuel en cas de différents qui surgiraient à l'occasion de la délimitation de la frontière de la zone contestée (3).
Par télégramme du 19 février 1890 RIVIER, chargé des négociations, apprend que le Conseil fédéral accepte les fonctions d'arbitre éventuel entre l'E.I.C. et le Portugal.
Les discussions des commissaires n'ayant pas abouti, l'E.I.C. propose au Portugal de déférer comme prévu, l'af faire au Conseil fédéral (4). Mais on pr~féra régler le différent par un accord direct entre les parties et une convention fut signée à Bruxelles le 25 mai 1891.
Le 21 juillet, Gustave MOYNIER, consul général de l'E.I.C. en Suisse, est chargé par VAN EETVELDE de remercier le gouvernement fédéral et de lui dire que l'arbitrage n'est plus nécessaire (5).
1) Min. Colo. AE 297. VAN EETVELDE à de MACEDO (Ministre du ' Portugal à Bruxelles). Brux.26.X1.1889.
2) Min. Colo. AE 297. DE GRELLE à VAN EETVELDE. Lisbonne 16.XI1.rS89.
3) Min. Colo. AE 297. Demande d'arbitrage au Conseil fédéral Brux. 7.I1.1890.
4) Min. Calo. AE.30L. VAN EETVELDE à de MACEDO. Brux. 2.1.189
5) Min. Cola. AE ~OI. VAN EETVELDE à G. MOYNIER. Brux. 2l.VII 1891.
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Ge nouvel échec d'une intervention de la ~uisse dans les affaires congolaises n'a pas non plus dti~portance, mais il 'faut remarquer, qutencore tme fois, c'est LEOPOLD II qui insista pour que cet arbitrage fût confié à la Suisse, marquant ainsi une nette préférence pour le jugement de ce pays. Si l'arbitrage n'a pas eu lieu, ce n'est qu'une question de circonstances, mais le fait est là; c'est à la Suisse que le Roi pense le plus volontiers comme ~rbitre.
*
*
14
C. LES RELATIONS DIPLOMATI~UE3 ENTRE LA BELGIQUE ET LA ,-
~~--------------------------------------~---------~ SUISSE ET ENTR1'; L'E.I.C. ET LA SUISSE. ---------------------------------------
1· Introduction.
La Suisse et la Belgique, deux pays ne pbssédant pas de frontière commune, ne présentent au point de vue des relations internationales que peu d'intérêt. Leur grandeur réduite, leurs possibjlités restreintes, leur neutralit~ ont fait que souvent ces deux pays furent comparés, mesur~s l'un à l'autre et ces facteurs ont certainement rapproché sentimentalement les coeurs des deux nations, et dès le début, des relations courtoises et amioales ont régné entre la Suisse et la Belgique.
N1 ayant eu aucun incident de frontière et aucun ennui, les dossiers d'archives dans les deux pays ne contiennent que des rapports consciencieux mais sans grande portée, rédigés,par les ministres et les consuls respectifs. Pour pouvoir se rendre compte dans quel esprit étaient faits ces rapports, il importe de connattre la personnalité des représentants qui en étaient chargés.
Pour le sujet qui nous intéresse t je vais parler successivement des consuls de Suisse pour la Belgique et l'E.I.C. p A. RIVIER et Jules BOREL, du consul de l'E.I.C. à Genève, Gustave MOYNIER, du Consul de Belgique à Neuchâtel, Jean BaILLOT-ROBERT et des ministres de Belgique en Suisse.
Il est pourtant utile de jeter un rapide coup
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d'oeil sur les rapports diplomatiques qui ont existé entre la Suisse et la Belgique avant la naissance de l'E.I.O; (1).
Dès le moyen-âge, deo échanges commerciaux, artistiques et universitaires avaient lieu entre les deux pays. De nombreux soldats suisses guerrojèrent en Belgique. Le commerce entre l'Italie et la Belgique traversait la Suisse. Au XVIIIe siècle, une colonie de 400 Genevois commerçants s'établit rue Ducale. Ils disparurent avec la Révolution Brabançonne. Après Napoléon, de nouveaux émigrants s~isaes s'établirent en Belgique et à leur demande ~6néral~, Barthélémy-Georges CHOISY fut nommé consul de Suisse à )~vera le 9 juillet 1819. Consul marchand, il était le premier représentant de la Confédération en Belgique et fut chargé de défendre les intérêts suisses à Anvers, vu le développement des échanges commerciaux entre les deux nations (2).
En 1826, un certain Jacques GRELLET fut nommé Consul résidant à Bruxelles et à Anvers et le rapatriement des soldats suisses engagés pendant la Révolution de 1830 l'occupa beaucoup. En 1832, LEOPOLD l envoya au gouvernement helvétique, son ministre à Rome, le Oomte Charles VILAIN XIV, pour notifier son accession au trOne de Belgique.
En 1834, le consul Henri-François BOREL est nommé à Bruxelles. Cette famille d'ascendance neuchâteloise, établie à Bruxelles au début du XIXe siècle, comprend plusieurs con~uls de Suisse en Belgique.
Le Il décembre 1862, fut signé à Berne le traité d'amitié, d'établissement et de commerce entre la Belgique
1) A.F. Bulletin consulaire 1924. 3e année, 1er juin La Suisse et ses relations avec la Belgique, par Frédéric BARBEY.
2)La Suisse exportait vers la Belgique des tissus: soies -coton - mousseline. De son côté, la Belgique exportait du ~aÎ~ijê.du café, du thé, des draps et des toiles vers l~
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et la Suisse. Dès lors, les rapports entre les deux pays vont en augmentant et différents autres traités furent signés dans les années qui suivirent.
Ce n'est qu'en décembre 1918 que fut créée une Légation de Suisse en Belgique avec à sa tête, Alphonse DUNAND, 'Ministre à Paris et à Bruxelles. M. Frédéric BARBEY fut le premier Ministre de Suisse résidant à Bruxelles.
La représentation consulaire belge en Suisse débuta en 1840 avec Constantin RODENBACH, consul général à Berne. Des consuls honoraires de nationalité suisse défendaient les intérêts belges dans les autres villes : à Genève dès 1840, à Bâle dès 1841, à Zurich dès 1846, à Lucerne d.ès 1890, à Neuchâtel dès 1895, à Lugano en 1918 et à Lausanne dès 1920.
Le premier représentant diplomatique belge à Berne est le même Constantin RODENBACH qui fut nommé Chargé d'Affaires en 1845~ Les chargés d'affaires se succèdent jusqu'en 1879 où Hubert DOLEZ est nommé Ministre résidant de Belgique à Berne. Le 26 aoat 1881, Maurice DELFOSSE reçoit le titre d'Envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire et ses successeurs conservent ce titre.
11 -
2. Les consuls de Suisse pour la Belgique et l'E.I.C.
Alphonse RIVIER (1). =====================
C'est en janvier 1886 que A. RIVIER fut nommé par le Conseil fédéral, consul général de Suisse pour la Belgique et l'E.I.C. Il succédait à Jules BOREL, consul depuis 1861. La personnalité de RIVIER est intéressante à plus d.un point de vue, car à cOté de ses activités consulaires, il fut une autorité dans le domaine du droit international et s'occupa de l'E.I.C. à cet égard.
Alphonse-Pierre-Octave RIVIER est né à Lausanne le 9 novembre 1835. 8a famille, originaire de la DrOme, avait émigré en Suisse au XVIIe siècle. Il fit des études de ~roit et licencié à l'Académie de droit de Lausanne, il sortit en 1858 docteur en droit de Ituniversité-de Berlin. Privat-docent de ladite université en 1862, il fut professeur de droit romain et français à l'université de Berne (1863-61). Nommé professeur ordinaire à l'U.L.B. en 1867, il Y enseigna jusqu'à sa mort en 1898. Il enseignait l'histoire et les institutes du droit romain et les.pandectes. Il fut élu recteur de l'U.L.B. pour 1874-1875.
Le 12 mai 1813, RIVIER est élu membre associé de l'Académie Royale de Belgique, classe des lettres.
1) Dictionnaire historique et biographique de la Suisse T. V. p. 512.
Biographie coloniale T.II. p. 812. Bibliographie académique 1896. Léon VANDERKINDERE. L'U.L.B. 1834-1884. p. 190.
Académie Royale de Belgique. Index bibliographique 1169-1941. p. 194-
Mouvement géographique, 1898, col. 373-374.
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Participant comme MOYNIER, dès ses premiers pas, à l'Institut de droit international, il y occupa la charge de secrétaire général dès 1878 et de la même date jusqu'en 1885 il fut rédacteur en chef de la "Revue de Droit international et de Législation comparée".
Cette longue énumération des activités de RIVIER permet de se rendre compte que l'on a à faire à une sommité internationale en matière de droit et ses capacités ~urent récompensées par de nombreuses décorations. Il est l'auteur de plusieurs publications sur le droit et l'histoire suisses et étrangers (1).
Voyons maintenant les rapports qu'a eus RIVIDER avec l'E.I.C. En novembre 1884, s'ouvrait la Conférence de Berlin. La Suisse qui n' y ava·i t aucun i'ntér~t) ne st y fit pas représenter, mais il est amusant de constater que deux grands juristes furent amenés à s'y intéresser et même à jeter des bases pour les discussions de la Conférence: il s'agit de Go MOYNIER (2) et de RIVIER.
En effet, LEOPOLD II, connaissant sa renommée, fit appel à RIVIER pour qu'il rédigeât, conjointement à ce que préparait de son côté le Baron LAMBERMONT (3), des instructions diplomatiques avec comme programme un régime nouTeau du droit des gens, applicable au Bassin Conventionnel du Congo (4) ..
------,. -1) On trouve la liste de ses oeuvres d~n8 la Bibliographie
Académique 1896.
2) Nous verrons plus loin sa participation. 3) François LAMBERMONT, 1819-1905. En 1885, ministre dtétat,
dès 1859 secrétaire général du Ministère des Affaires Etrangères. Biographie coloniale T.II.
4) Revue "Congo" 1939. T.II. nO 3 LOTAR. "Les Suisses et l'E.I.C". BioaraEhie co~oniale T. II p. 812. RIVIER par LOTAR et OOSEMANS.
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Je n'ai trouvé nulle trace de ces tractations dans les doscuments d'archives, ce qui est normal car cette mission concernait un domaine tout à fait privé des activités de RIVIER.
Pour la rédaction du traité de novembre 1889 entre la Suisse et lfE.I.e., Itintervention de RIVIER fut également importante, non seulement parce qutil intervint en tant que plénipotentiaire pour le gouvernement helvétique, mais parce qutil s'occupa de la rédaction de certains articles du traité, dont celui de la nation la plus favorisée ~l).
En récompense ae ~es services, L~OPOLD II nomma RIVIER, membre du Conseil Supérieur de l'E.I.C., qui dès 1889 joua le rOle de Oour de Cassation et de Conseil Législatif.
RIVIER semble donc avoir été bien placé pour être au courant de la situation de l'E.I.C., introduit dans tous les milieux qui s'y intéressaient, s'en occupant lui-même à
certaines occasions, et, la Suisse peut s'estimer heureuse d'avoir eu un tel informateur. Il est intéressant de voir par les rapports que RIVIER envoyait au Département politique, comment celui-ci voyait le Gongo, à travers son consul.
Le premier rapport de RIVIER sur le Congo date du 30 juin 1886. RIVIER Y décrit le territoire, les cultures, la constitution et l'organisation de l'Etat, le problème du commerce et des communications.
nJusqu'à présent, écrit-il (2), un seul agent est accrédité auprès de ItE.I.C~, c'est le consul général de la Confédération auisse ••• l'initiative prise par le gouvernement
1) Biographie coloniale T.II. p. 812. 2) A.F. Konsulardienst. Bruxelles volume 3. Rapport de RIVIER
sur IfE.I.C. 30 juin 1886.
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suisse, a été vue d'un fort bon oeil en haut lieu et il est à espérer qu'il en sera tenu compte le moment venu".
RIVIER donne également des conseils de prudence aux Suisses désirunt tenter l'aventure africaine, d'autant plus qu'il y a un grand encombrement dans les demandes d'emploi (1).
Dans ses lettres suivantes, RIVIER renseigne le département politique sur les ennuis financiers du Congo, les ettaques de presse dont il est victime, tout cela dans un esprit modéré et sans parti pris.
Dans son rapport annuel du 18 ao~t 1887 (2), RIVIER écrit que tant qu'un chemin de fer ne reliera pas le Bas-Congo au Haut-Congo, les possibilités de débouchés pour le commerce et Itindustrie suisses, resteront très limité~~ car le commerce d'imvortation continuera à être le monopole de cinq ou six grandes maisons8 Il paratt évident que la Suisse comptait réellement trouver des débouchés au Congo où le commerce était théoriquement libre et ~~ 1887, la politique proteotionniste de LEOPOLD II ne stétant pas encore révélée, RIVIER pouvait encore espérer que la situation allait devenir plus propice à un échange commercial avec la Suisse.
Une lettre du 15 juin 1891 (3) me parait intéressante. Nous sommes arrivés au moment où le premier réquisitoire contre le Oongo a été lancé sous forme d'une brochure signée par un Américain, le colonel WILLIAMS. RIVIER remarque
1) Voir à ce propos le chapitre sur les Suisses au Oongo p.101. 2) A.F. Département politique. Oarton 567. Rapport de RIVIER
sur le Congo. lB.VIII.1887. ~)A.F. Konsulardienst Bruxelles volume 2; RIVIER au Conseil
ler fédéral des Affaires Etrangères. 15~VI.1891.
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que cette brochure pourrait avoir un certain effet, surtout si It on y ajoute les attaques de plus en plus nombreuses ae la presse française
" Il faut dire que le gouvernement mécontente parfois les amis même de cette oeuvre par ses allures un peu trop mystérieuses; pour en donner un exemple, c'est l'année paGsée, seulement qu'il s'est décidé à publier son budget. Je ne voudrais cependant pas m'associer aux critiques que j'entends souvent faire de côtés très divers, parce que je sùls convaincu de la sagesse du Roi et de l'honorabilité de ses administrateurs généraux et que je vois que l'accomplissement de leur tAche excessivement difficile serait plutôt entravée que favorisée par les indiscrétions de la publicité, surtout de la publicité belge, vu ltétat généralement inférieur de la presse périodique belge". (1) Ainsi, malgré une légère critique, RIVIER garde sa confiance dans l'oeuvre de LEOPOLD II.
C~t deux ans plus tard, dans un rapport au Conseiller fédéral des Affaires Etrangères que la foi de RIVIER dans l'E.I.e. para1t pour la première fois ébranlée:
"Il faudrait un siècle de culture, peut-être plusieurs, pour pouvoir par le Idbourage, le défrichage, le drainage, améliorer le climat. Et dtailleurs qui labourera, drainera ? Les Elancs mourraient à la peine; le colon Blanc est au Congo un mythe. Les nègres? Mais il faudrait rétablir l'escla vage, car sans cela on n'obtiendra pas de travail sérieux et prolongé ••• " (2).
1) A.F. Konsulardienst. Bruxelles vol. 2. RIVIER au Conseille fédéral des Affaires Etrangères. 15.VI.1891.
2) A.F. Département politique. Carton 567. Bruxelles le lO.VII 1893. Rapport de RIVIER au Conseiller fédéral des Affaires Etrangères.
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C'est en juillet 1898 que la mort surprit RIVIER, au milieu de ses activités, considéré et aimé de tous, avec derrière lui, une vie qu'il avait pleinement consacrée au droit et à des causes justes. Son rôle vis-à-vis du Cong~ ne
fut pas essentiel, mais avec Gustave MOYBIER il fut l'un des premiers Suisses à a·intéresser au Congo.
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Jules BOREL de BITCHE ========================
fut nommé successeur de RIVIER par le Conseil fédéral, comme consul général de la Confédération helvétique pour la Belgique et l'E.I.O. Né à Bruxelles le 15 avril 1865, il mourut à Morlanwelz en janvier 1939. Avocat, il fut nommé auditeur du Conseil supérieur du Congo, lors de sa fondation le 21 aoüt 1889, et conseiller au dit Conseil en 1903. Lors de la fondation de la Compagnie du Katanga en 1891, il prit place parmi les commissaires de cette société jusqu'en 1894 où il donna sa démission. Il était également commissaire de la Oompagnie du Lome~i et du Lusalaba (1).
Son rOle vis-à-vis du Congo me parait avoir été beaucoup plus effacé que celui de RIVIER et ses rapports sont beaucoup moins fréquents. C1est lui cependant qui attira l'attention du gouvernement helvétique sur l'activité de BOILLOT-ROBERT (2) et c'est lui qui en 1908 conseilla au gouvernement fédéral de garder une attitude totalement neutre vis-à-vis de la Ligue Suisse pour la Défense des Indigènes (3).
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1) Biographie coloniale T.III.p.60 Jules BOREL de BITCHE. 2) A.F. Schzeizerische General Konsulat.Affaire BOILLOT
ROBERT. BOREL au Prêsident de la Oonfédération. 23.I1.1903. V-oir chapitre sur BOILLOT-ROBERT. p.31.
3) A,Ft Schweizerische General Konsulat.Bruxelles 1908-1909-1913. Congo Affaires d'Etat. BOREL au Président de la Confédération. Bruxelles 24 oct. 1908.
Gustave MOY ft I E Ra
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~. Le consul de IfE.I.e. à Genève.
Gustave MOYNIER, 1826-1910. =================================
La personnalité de MOYNIER est peut-être la personnalité la plus attachante et la plus intéressante que nous rencontrons dans ce travail et cela, non parce qutelle fut plus active qu'un CLAPAREDE ou qu'un CHRIST-SOOrS (1), mais parce qu'elle fut certainement lti plus effective.
MOYNIER nous intéresse pour les relations entre la Suisse et l'E.I.C8 à divers titres: il s'occupa l'un des premiers de l'oeuvre africaine de LEOPOLD II en prenant part à la Oonférence de l'A.I.A. en 1877; il fonda la première revue coloniale suisse "1" Afri<1ue explorée et ci vilisée", et enfin ce fut le premier consul de l'E.I.C. en Suis-se.
MQYNIER est né à Genève le 21 septembre 1826 d'une famille de la bonne bourgeoisie genevoise (2). Son père fit partie d.u gouvernement de la ville en qualité de Oonseiller d'Etat de 1643 à 1846. A la suite de la Révolution Genevoise du 7 ootobre 1846, la famille MOYNIER émigra à Paris où MOYNIER fit des études de droit. Revenu à Genève, il entra au barreau. Déçu par celui-ci, MOYNIER attiré par le sort des malheureux, se laissa entra1ner dans cette voie et consacra sa vie à des oeuvres de ch~rité.
1) Voir chapitre sur la Ligue Suisse pour la Défense des Indigènes. p. 67~
.~) G. MOYNIER : Mes heures de Travail. Genève 1907. G. MOYNIER Brochure extraite du Bulletin International
des Sociétés de la Croix Rouge. 1910.
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Dans la première partie de sa vie, son activité se situait en Suisse. S'intéressant à la sociologie il présida diverses sociétés d'utilité publique genevoise~ou suiss~ fonda une société suisse de statistique, fit des conférences, des enquêtes sur les assooiations de bienfais~nce et prit part à différentes sociétés genevoises (les sociétés foisonnent à Genève) dont l~ société antiesclavagiste de
1890. (1'
L'orientation de la deuxième partie de sa vie fut déterminée en 1862 par la lecture du livre de Henri DUNANT (2): "Souvenirs de Solférino". Très frappé par la carence du service sanitaire pendant les guerres, il entra en contact aVec DUNANT et ils prirent l'initiative d'une campagne internationale pour re.médier à cet état de choses. MOYNIER s'occupait de l'organisation tandis que DUNANT faisait le tour des souverains d'Europe. Bient6t J4 nations se montrèrent d'accord pour la formation d'un Comité International d'aide aux blessés et le 22 aoftt 1864, fut signée la convention de la CroixRouge à Genève. MOYNIER présida le C.I.C.R. jusqu'à sa mort en 1910 et écrivit de nombreux ouvrages à ce sujet.
Le second point important de son activité internationale fut IR création de l'Institut de Droit Internatio-nal (;). S'étant occupé pour le C.I.C.R. de 18 guerre de 1870, il eut l~idée de régler les lois de la guerre et avec Ro11n JACQUEMYNS de Gand et BLUNTSCHLI de Heidelberg il réunit les juristes de toute 11Europe pour statuer à cet égard.
1) Voir chapitre sur la S.S.S.E.A. p. 493 2) Henri DUNANT 1828-1910, philanthrope genevois. 3) Fondé à Gand le 10 septembre 1873. MOYNIER le présida
longtemps.
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Dans la troisième partie de sa vie internationale, MOYNIER s'occupa de l'Afrique (1). En 1877, lors de la réunion de l'A.I.A., Moynier fut envoyé à Bruxelles par la Société de Géographie de Genève, pour y représenter le Comité National Suisse Africain (2). En rentrant, il fonda la revue ,tAfri.que explorée et ci ... ilis~en qui fut publiée de 1879 à 1894.
Se rendant bien compte du rOle minime, sinon nul, que la Suisse pourrait jouer dans l~ civilisation de l'Afrique, il trouva un autre moyen d'intéresser ses compatriotes à la cause africaine et cela en publiant une revue mensuelle, les renseignant sur les progrès accomplis. Aucun organe en langue française ne s'intéressait aux questions coloniales et MOYNIER voulut combler cette lacune.
Nous espérons écrit-il "que notre journal contribuera non seulement à faire connattre, mais encore à faire aimer le pays et ses habitants qui, malgré leur couleur et leurs superstitions, n'en sont pas moins nos semblables." (3). Ainsi, sous son aspect scientifique, le but de MOYNIER semble être avant tout un but humanitaire et nous retrouvons ici celui qui fonda la Croix-Rouge et s'occupa de tant d'oeuvres de bienfaisance à Genève et à l'étranger.
Quels genres d'articles trouvait-on dans "lAfrique ~
explorée et civilisée"? Cette revue n'était pas exclusivement consacrée au Congo, mais elle envisageait tous les problèmes de l'Afrique, aux points de vue scientifique et humanitaire. Tous les articles étaient rédigés dans un esprit
1) Voir en annexe nO l, le chapitre de son livre tlMes heures de Travail", où il raconte comment il fut intéresse au problème africain.
2) Voir chapitre sur le C.N.S. p. 41. 3) Afrigue explor~e et ciTilisée 1879. 1ère liyraison
Appel aux lecteurs.
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scientifique assez sérieux, et en général bien informés.
Mais ce qui est intéressant pour nous, c 1 est de voir l'évolution de la revue, partie très enthousiaste pour l'oeuvre de LEOPOLbII, créée pour la seconder et qui peu à peu commence à changer de ton, sans jamais pourtant aller jusqu'à une nette critique, L'on peut se demander si la mort de la revue en 1894 est due uniquement à la maladie dtun des collaborateurs (1) de MOYNIER, ou bien si ce ne serait pas plutet un certain dégoût, un certain décourage- -ment, vis-à-vis de l'oeuvre ~ongolaise qui l'aurait poussé à mettre un terme à sa publication.
Une ohose est certaine: dès 188~ (2), MOYNIER s'étonne du fait que l'A.I.A se soit transformée en société commerciale et que le but scientifique et humanitaire ait été oublié. Le silence est complet sur les voyages de STANLEY, le Oomité Exécutif parait in~ctif (3). Dans les années suivantes, la revue déplore le secret qui règne sur la situation au Oongo et le silence de STANLEY sur ses expéditions.
Jusqu'à la fin, cette revue est animée d'un esprit diobjectivité et d'honnêteté indiscutable et il y plane incontestablement l'influence de MOYNIER à l'esprit prati~ue et sensé.
A son penchant de philanthrope, MOYNIER ajoutait des qualités dtun grand juriste. C'est le 4 septembre 1883
1) Comme l'écrit MOYNIER dans "Mes heures de Travail" voir annexe nO 1.
?) Afrique explorée et civilisée.T. IV. pp. 28 et 29. ) "Lors de la Conférence de Bruxelles, en 1877, on avait
prévu des sessions périodiques de la Oommission Internationale composée des présidents des principales sociétés de géographie et des délégués des comités nationaux. Cette commission n'a plus été convoquée. La plupart des Comités Nationaux n'ayant plus rien à communiquer à leurs adhérents ne les ont plus réunis et ne leur demandent plus de contri~ butio~s "Afr. expl. et civil. T. IV. pp~ 28 et 29.
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qu'il présenta à la session de Munich de l'Institut de droit international, un mémoire sur la question du Congo (1). MOYNIER signale que déjà en 1878, à la session de l'Institut à Paris, il avait prévu le danger que pourrait soulever la question du Congo et cela avant l'oeuvre de LAVELEYE sur la neutralité du Congo. Il faut remarquer la primeur de cet-te préoccupation dans le monde international.
Le mémoire de 188~ est à plus d'un point remarquable, car deux ans avant Berlin y sont envisagés tous les sujets qui seront traités en 1885. Est-ce une co!ncidence ? Ou bien les membres de la Conférence furent-ils réellement influenoés par le mémoire que leur envoie MOYNIER avant Itou-verture de la Conférence, comme il le dit (2).
Un projet de convention internationale, résumant son mémoire de Munich, a paru dans ntAfrique explorée et civilisée" (3), consignant ses différentes propositions en dix articles. Dans l'article un, MOYNIER préconise la liberté de navigation sur le Oongo à rapprocher du traité sur le Danube de 1856 (4). L'article 3 établit la liberté de parcours, de commerce et d'établissement dans tout le Basain du Congo. L'article 5 restreint le trafic des liqueurs. L'article 6 interdit la traite et abolit l1 esclavage.
Pour MOYNIER il semble exolu dtenvisager la présence d'une seule nation souveraine sur le Oongo. Il préconise la formation d'une commission internationale pour ré-
l} G. MOYNIER "La question du Congo devant l'Institut de Droit International". Genève 188'.
2} G. MOYNIER "Mes heures de Travail" p. 75. Voir annexe nO 1. ') Afrique explor~e et civilisée. T. VI. p. 20 ••• 4) La navigation est libre et les différentes nations sont
Sur un pied de parfaite égalité.
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~lementer ltusa~e du fleuve et veiller à l'observation de la Convention~lil est assez extraordinaire de voir élaborer ainsi tout le problème futur du Con~o avant sa création.
Il est curieux de constater que MOYNI~R se manifesta d'une manière beaucoup plus intéressante pour nous dans ses rOles non officiels, alors que dans celui de consul de l'E.I.C. à Genève, il appara1t comme extremement effaeé.(2)
C'est au début de 1890 que MOYNIER fut nommé et a~réé comme consul général de l'E.I.C. auprès du ~ouvernement fédéral.
Cette nomination a ceci d'important: MOYNIER était le premier consul de l'E.I.C. à être nommé en Europe et il le fut auprès du premier gouvernement (non-signat~ire de l'Acte de Berlin) qui avait conclu un traité avec l'E.I.C.
Le choix de MOYNI~R n'est pas l'effet du hasard: l'E.I.C. tient à @tre représenté par un homme connu et estimé dans toute l'Europe, lui assurant l'appui d'une personnalité dans les milieux humanitaires et antiesclavagistes (3). Il est important pour l'E.r.C. d'avoir un tel représentant qui pourra devenir, s'il le faut, un défenseur. Si MOYNIER ne se manifesta pas comme dé~enseur de la politique d'exploitation de l'E.I.C., il ne s'en fit pas l'accusateur. Faut-il y voir le fait qu'il était retenu par sa position de consul de l'E.I.C. en Suisse, poste qui lui fermait la bouche pour toute critique? ou bien, mieux informé que les autres
1) " !!.a question du Cong;o devant l' Insti tut de ,Droit International" IS83. p. 26
2) Dans les dossiers d'archives du Ministère des Colonies, des Affaires Etrangères de Berne, je n'ai trouvé que 3 ou 4 lettres se rapportant à MOYNIER, d'un intér&t nul.
3) MOYIUER fit partie de la Société antiesclavagiste de Genève en 18YO.
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et moins exalté, vit-il dès le début que cette campagne était surtout gonflée par du vent et non par des faits réels et ne s'émut-il pas à son sujet?
Les deux causes ont sans doute agi car MOYNIER, qui mourut en 19IO, aurait très bien pu participer à la Ligue de CLAPAREDE, fondée en 1908.
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4. Le Consul de Belgique à Neuchâtel.
L'affaire BOILLOT - ROBERT. ================================
L'affaire Boillot-Robert constitue le seul incident qui eut lieu entre les gouvernemen~de l'E.I.C. et de la Suisse et même le mot "incident" est trop fort pour qualifier l'échange de lettres courtoises entre les deux gouvernements. De quoi s'agit-il? O'est l'histoire d'un consul de Belgique en Suisse qui fit du recrutement de candidats helvétiques pour l'E.I.C. et qui fit si bien, que les autorités fédérales stinquiétèrent et se virent forcées d'intervenir.
Jean BOILLOT-ROBERT, Neuchâtelois d'origine, était comme tout bon Neuchâtelois fabricant d'aiguilles de montres(l) En 1885, il demanda au gouvernement belge d'être nommé viceconsul de Belgique à Neuchâtel. ,En 1895, il fut effectivement nommé Consul de Belgique à Neuchâtel; et depuis lors, son activité va nous intéresser (2).
Pourquoi et comment BOILLOT-ROBERT entra en contact avec l'E.I.C. reste un mystère. Mais d'après une note de LIEBRECHTS (3) à FAVEREAU (4), ministre des Affaires Etrangères, BOILLOT-ROBERT était en rapport avec l'E.I.C. depuis
1) Je n'ai malheureusement trouvé aucune indication biographique à son sujet.
2) Min. A.E. Dossier BOILLOT-ROBERT, Pers. 1046. ) Charles LIEBRECHTS : 1858-1938. Secrétaire général du Dé
partement de l'Intérieur de l'E.I.C. 1889-1908. Biographie coloniale T.III.
4) Paul de FAVEREAU : 1856-1922. Ministre des Affaires Etrangères de 1896 à 1907. Président du Sénat jusqu'à son décès.
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1901. Il recherchait et signalait à l'administration congolaise, les sujets suisses désireux de partir au Congo (1).
Comment sly prenait-il? Il écrivait des articles
et insérait des annonces dans les journaux paysans, écrivait aux directeurs dtassociations d'orphelins et d'enfants abandonnés .•• Il essayait d'atteindre des milieux simples et faciles à persuader d'une promesse d'avenir dans un continent encore peu connu. (2).
BOILLOT-ROBERT engageait les personnes intéressées à se présenter chez lui à Neuchâtel, avec certificats, et il se chargeait de leur faire passer un examen pré-éliminatoire. Il réclGmait un paiement de 4,50 fr.s. pour frais de ports, papiers à lettres, dossiers,etc ••. Quand l'examen était satisfaisant, les candidats devaient se présenter à Bruxelles au sièg~ du gouvernement de l'E.I.C. et étaient engagés après un nouvel examen. LlEtat supportait les frais de voyage et donnait sans doute une commission à BOILLOT-ROBERT pour chaque engagé.
~
Tout march~ très bien et aurait pu continuer ainsi si le consul de Suisse à Bruxelles, Jules BOREL, n.avait eu l'attention attirée par les si nombreuses et si soudaines demandes de renseignements qui lui ven~1ent de jeunes Suisses se recommandant de BOILLOT-ROBERT (3).
Le 9 mars, le Département politique répond à BOREL(4) qu'il se propose d'attirer l'attention du Comte de LALAING,
1) Min.
2) VOir ,) A.F.
4) A.F.
A.E. Congo 1ère série. Vol. VI.Ch. LIEBRECHTS à P. de FAVEREAU. 18.11.1904.
un exemple de ces lettres, annexe nO 2. Sch. G.K. Con~o. Affaire BOILLOT-ROBERT. J. BOREL au Pré. sident de la onfédération 2'.11.1903. Sch. G.K. Bruxelles-Congo. Affaire BOILLOT-ROBERT. Dépar· tement politique à J. BOREL. 9.111.1903.
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Ministre de Belgique à Berne, sur BOILLOT-ROBERT et surtout qu'il envoie dans tous les cantons. une note attirant l'attention des autorités sur le mauvais climat du Congo et les priant de prévenir les jeunes gens désira.nt p8rtir. Cependant, il ne ~aut pas donner un caractère officiel à cet avertissement (1).
L'intervention prévue par le Département Politique auprès du Ministre de Belgique à Berne, n'eut lieu qu'un an
plus tard, et cela à cause du départ du Comte de LA~AING et de ltinterlm du chargé d'affaires. La mort récente du fils de Robert COMTESSE, président de la Oonfédération (1904 à 19l0),décédé au Congo après avoir été engagé par BOILLOTRobert, avait préCipité la réclamation helvétique (2).
Dans sa lettre à LICHTERVELDE (,), le Département Politique le priait dtintervenir auprès du Gouvernement royal afin que BOILLOT-ROBERT cesse sa propagande en faveur de Itémigration au Congo, "ses procédés étant contraires à nos lois" (4).
Le Département Politique ne devait pas considérer l'affaire comme très grave puisqu 1 il s'était permis une attente de un an av&nt une intervention. Cependant, de FAVEREAU qualifia la lettre du Département de "très raide" et voulut que l'affaire fut réslée le plus vite possible avant qu'on en saisisse le Oonseil Fédéral"ce qui provoquerait un
1) Voir l'avertissement en annexe nO 3. Il était inutile de le diffuser dans toute la Suisse, BOILLOT-ROBERT s'adressant surtout à la Suisse romande et spécialement au can-ton de Neuchâtel. .
2) Min. A.E. Dossier (Ministre ~d~e~~e~l~g~i~q~u~e~~~~~~~~~~~~
3) Min. A.E. Congo 1ère série. Vol. VI; LICHTERVELDE à FAVEREAU. Berne 137ÏI.1904.
4) Cette affirmation lamsse supposer que le Département Politique pensait que BOILLOT-ROBERT se livrait à du recrutement de soldats pour le compte de l'E.I.C. ce qui est interdit par la loi fédérale du 30 juillet 1859 concernant
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éclat fâcheux" (1).
FAVEREAU s'étonne du fait que sans en avoir inf'ormé les Affaires Etrangères, un agent du gouvernement belge ait reçu de l'administration de l'E.I.C., une mission de cette espèce (2).
C'est entre fin février et début mars 1904 que BOILLOT-ROBERT reçut une note de la Légation de Belgique à Berne le priant de ne plus s'occuper de recrutement pour l'E.I.O.
Quel était au fond le but de BOILLOT-ROBERT ? Etait-ce un enthousiaste sincère de l'oeuvre de LEOPOLD II ?
Un simple désir de lucre ? Un intérêt réel pour les affaires coloniales ? Il est difficile de se prononcer avec le peu de documents que nous possédons à ce sujet. Une chose parLtt certaine: BOILLOT-ROBERT s'est occupé uniquement de l'E.I.C. et nulle part je n'ai trouvé mention d'une manifestation quelconque de BOILLOT-ROBER~ vis-à-vis d'autres affaires coloniales.
4) (suite) ••• Les enrÔlements pour un service militaire étranger (Min. A.E. Congo 1ère série, vol. VI. LICHTERVELDE à FAVEREAU. Berne 18.11.1904). Ou bien, ce nfétait qu'un prétexte, officiel pour que BOILLOT-ROBERT-cesse son activité, car aucun des quelques 80 agents que BOILLOT-ROBERT envoya au Gongo n'entra dans la Force Publique.
1) Min. A'.E. Congo 1ère série, vol. VI., Note de FAVEREAU du 17.II.190~. ,
2). Min. A.E. con~o 1ère série, vol. VI. FAVEREAU à CUVELIER (Secrétai~e g néral aux Affaires Etrangères de l'E.I.C.) 16.11.1904. BOILLOT-ROBERT me fut pas un cas isolé; en Allemagne, les consuls de, Belgique corrompaient la presse alors que BOILLOT-ROBERT ne se livrait qu'à de l'embauchage et faisait des bénéfices. Voir: dans la Deutsche Kolohialblatt l5.VII.19L7 "Der Fall Ch. LEMAIRE und das Kon~ostaatliche. Bureau de la Presse. Microfilm du Min.A. •
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n'après un rapport sur BOILLOT-ROBERT, ce serait un intérêt financier ayant tout qui l'aurait poussé à s'occuper si activement du Congo (1). Ses annonces dans les journaux lui étaient sans doute remboursées par l'E.I.e. Ses articles ne lui coataient rien (2) et avec le livre qu'il édita sur le Congo, il espérait remplir sa bourse également.
Cet ouvrage, uLEOPOLD II et le Congo - Nos fils au continent noir", avait paru en novembre 1903, au début de la grande campagne anticongolaise. Son but, il le dit dans l'introduction; était de détruire en Suisse une fois pour toute la légende qui représente l'E.I.C. comme un repaire de brigands et le corps de ses fonctionnaires comme une identification de la légion étrangère.
BaILLOT-ROBERT ne se contente pas de faire un pa
négyrique de l'organisation et de d'administration du Congo t
mais il se base sur des lettres qu'il reçoit des Suisses engagés au Congo grâce à lui et avec qui il est resté en rapport. Le procédé est habile, car basé sur des documents avec nOmB,
dates, etc ••• l'aspect véridique est beaucoup plus marqué et convainc plus f~cilemento
BOILLOT-ROBERT divise son livre en deux parties. La première,intitulée "LEOPOLD II et le Congo",examlne les débuts du Congo, l'état actuel, la justice, l'administration, les missions, les voies de communication, l'armée, les
1) Min. A.E. erne
1) Min. A.B. Congo 1ère série. vol. V. BOILLOT-ROBERT à FaVEREAU, 25 septembre 19Q3. BOILLOT-ROBERT signale au Ministre qu'il a écrit quelques articles pour le "National SUisse", organe gouvernemental, en juil1et-aoat 1903. Il soutint une polémique dans la "Gazette de Lausanne" de
_._.Jt~ptembre 1903 en faveur du Congo et répondit en mai 1903 aux attaques du "Genevois", organe radical.
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populations (le cannibalisme, le tatouage et la polygamie sont communs à toutes les tribus !)J etc ••• Il envisage tous les problèmes touchant à lIE.I.O. et c'est une excellente introduction au Congo pour les non-initiés de lK~lvétie.
La conclusion de cette première partie, exposé assez objectif, paraît pleine de bon sens. Après avoir cité de nombreux témoignages anglais ou français favorables au Oongo, BOILLOT-ROBERT conclut qu'il faut faire la part de~ chose~ et que, si tout ne peut être admiré, l'i~portant est qu'il y ait des choses à admirer.
La seconde partie est consacrée à des extraits de lettres d'agents suisses au Congo, engagés par BOILLOT-ROBERT, lettres envoyées à BOILLOT-ROBERT. Ces lettres sont-elles vraies? Il Y a tout lieu de le croire, car leurs auteurs sont des agents dont j'ai à différentes reprises, rencontré le nom dans des listes de Suisses engagés au Congo.
Ces lettres sont des récits assez enthousiastes de IH vie des agents au Congo, les uns protestant contre les accusations de cruauté dont on afflige les agents congolais, les autres se vantant parce qu'ils se font craindre des noirs. Lettres aSl;3ez courantes de jeunes enthousicstes,' un peu exaltés et au ton un peu supérieur vis-à-vis des pauvres Européens restés au pays.
Cet ouvrage a, à première vue, un but louable, il est bien fait, sans exagération ni dans un sens, ni dans l'autre et l'attachement de BOILLOT-ROBERT au ROI et à son oeuvre parait évident et désintéressé.
Cependant, BOILLOT-ROBERT désirait surtout gagner ]de i-argent : dans une lettre à FAVEREAU (1), il annonce au
l);Min. A.E~ Congo 1ère série, vol. V. BOILLOT-ROBERT à FAVEREAU, 25 septembre 1903,
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Ministre la prochaine'parution de son livre (oeuvre de luxe de '00 à 350 pages, au,prix de 4.50 irs.) Il se demande si le gouvernement belge ne pourrait lui accorder exceptionnellement la faYeur d'une souscription de 500 exemplaires, cédés à 3 frs. pièce. Les exemplaires seraient destinés aux écoles, bibliothèques, légations, etc •••
"Je serais d'autant plus heureux d'une décision affirmative du gouverne~ent du Roi, ~ue je lutte seul en Suisse contre la presse, et que cet appui bienveillant constituerait pour moi une approbation des plus précieuses".
Le gouvernement belge accorde la souscription à BOILLOT-ROBERT et une volumineuse correspondance dans le volume VI du Congo 1ère série, au Ministère des Aff~ires Etrangères, est constituée par les lettres de remeroiements des différentes écoleB, légations et bibliothèques auxquelles fut envoyé le livre de BOILLOT-ROBERT, que tout le monde se promet de lire avec le plus grand intérêt.
Dans une lettre de BOILLOT-ROBERT à FAVEREAU (1), Le consul rapporte au ministre, les différentes critiques qu'a suscité son livre dans la presse suisse: quelques entrefilets élogieux de la "Suisse Libérale tl , de la "Gazette de Lausanne", de la "Tribune de Genève", du Journal de Genève" et aurtout le savoureux éloge qu'en fait le "Journal du Val de Travers" dans le style pompeux, ronflant, flatteur et naïf des journaux de province. Pour un peu, on pourrait croire que c'est BOILLOT-ROBERT lui-m~me qui s'est félicité, ce qui ne serait guère étonnant de la part de cet opportuniste (2).
* *
1) Min. A.E. Oongo 1ère série, vol. VI. BOILLOT-ROBERT à FAVEREAU, Neuch~tel 13.Iî.l904.
2) .De bonnes criti~ues de son livre ont paru duns "La Tribune Congolaise du 29 octobre 1903 et dans la "Belgique Coloniale" 1904, p. 32.
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5. Les Ministres de Belgique à Berne.
Nous avons vu que dès 1845, la Belgique avait un représentant diplomatique à Berne. Comme le Congo ntavait pas de représentant diplomatique à ~'étranger, les diplomates belges furent chargés d'en défendre les intérêts.
Pour la période qui nous intéresse, voici les noms de quelques ministres de Belgique à Berne dont j'ai trouvé les lettres dans les dossiers d'archives (1).
Joseph JOORIS. =====================
Entré au Département des Affaires Etrangères en 1~56, Joseph JOORIS était docteur en droit et docteur en sciences politiques et ~dministratives. No~~é chargé d'affaires de Belgique à Berne en 1877, il est élevé au r~~g d'envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire à Berne'en 1888. Il occupa ce poste jusqu'en 1898. C'est JOORIS qui fut chargé de négocier le traité entre l'E.I.C. et la Suisse en 1889.
Dans des rapports généralement très longs, 11 mettait le Ministre des Affaires Etrangères de Belgique au courant de tous les faits saillants de la politique suisse et des réactions suisses vis-à-vis des événeœents belges et congolais.
1) Les notices sur ces ministres m'ont été aimablement communiquées par Monsieur WILLEQUET, Conseiller aux Archives du Ministère des Affaires Etrangères.
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Comte Charles de LALAING. ============================
, Il succéda à. JOORIS le 30 décembre 1898 et occupa
le poste d'Envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire à Berne jusqu'en 190;. Né à Londres le 4 mars 1856. il mourut à Uccle en 1919. Docteur en droit, il entra au Département des Affaires Etrangères en leeO. Après son pas-to à Berne, il fut nommé Envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire à Londres jusqu'en 1915. Comme JOORIS, il enfoya des rapports relatifs à l'opinion publique suisse sur le Congo; son rele fut plutôt effacé.
Comte Gontran de LICHTERVELDE. ========================~=====:
Il succéd~ au Comte de LALAING en 1903 et représenta, la Belgique à Berne jusqu'en 1905. Né à Gand en 1849, docteur en droit, il était entré au Département des Affaires Etrangères en 1872.
De LICHTERVELDE fut mêlé à Itaff~ire BOILLOTROBERT) consul de Belgique à Neuchâtel.
De 1905 à 1907, le poste tut occupé par Maurice ======= MICHOTTE de WELLE. =================
Comte' Werner van den STEEN de JEHAY. \ ======================================
Il fut Ministre de Belgique à Berne de 1907-1910. Né à Gand en 1854, candidat en philosophie et lettres, il était entré au Département des Affaires Etrangères en 1879.
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De 1910 à 1924, il fut Envoyé Extraordinairp. et Ministre, puis Ambassadeur à Rome_
C'est lui qui mit le gouvernement belge au courant des activités de la Ligue suisse anti-congolaise. Quoique la critiquant, il estimait qu'il ne fallait pas en négliger les effets.
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II. LES SUISSES ET L'ETAT INDEPENDANT DU CONGO.
A. COMIT~ NATIONAL SUISSE AFRICAIN. C. N. S.
Dès les premières années de son existence, des tentativea furent faites par la Belgique pour acquérir des établissements outre-mer. Mais le peu d ' enthousiasme de la population fit tomber ces projets.
LEOPOLD II, formé par de longs voyages, esprit audacieux et avisé, avait vu l'avantage que l'on pourrait tirer de colonies bien organisées. Ayant songé, mais sans succès, à Formose, aux Philippines, à la Ohine, il vit enfin s'offrir à lui l'occasion africaine.
L'Afrique était devenue fort à la mode parmi les explorateurs. Aussi, LEOPOLD II prit-il l'initiative de convoquer à Bruxelles ~ne conférence géographique internationale en septembre 1876, pour organiser la pénétration de l'Afrique. Les puissances convoquées (1) y avaient delégué des géographes, des explorateurs, des hommes politiques. Les séances (du 12 au 14 septembre 1876) se clôturèrent par la création de l'A.I.A. dont les buts étaient de compléter l'exploration
1) L'Allemegne, l-Autriche, la Belgique, la France, l'Italie, la Russie et l'Angleterre.
II~\RY BOUTHILLlER DF lHAl \10\ 1
(1'311) 1~9"')
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scientifique de l'Afrique - d'y développer la civilisation européenne - d'y combattre le trafic des esclaves (1).
La création d'une Oommission internationale d'exploration et de civilisation en Afrique fut décidée ainsi que celle de Comités nationaux pour centraliser les efforts (2). Les membres de ces Comités devaient désigner leurs représentants à la Commission Internationale qui se réunirait réguli~rement. Le Comité National Belge fut constitué le premier en novembre 1876.
En Suisse, c'est la Société de Géographie de Genève qui prit l'initiative de la création du C.N.S.A. et surtout son président et fondateur Henri BOUTHILLIER de BEAUMONT (3).
C'est le 22 septembre 1876 qu'à la séance de la Société de Géographie, Henri de B~AUMONT parla de la Conférence de Bruxelles et du projet de formation de l'A.I.A. Il proposa l'adhésion dtun Comité National Suisse formé et patronné par la Société de Géographie. Le vote étant affirmatif, le Bureau de la Société fut chargé des démarches pour atteindre le but proposé. t4).
C'est par une lettre de LEVIEUX (5) que noua apprenons la formation dtun C.N.S.A. dans le sein de la Société de Géographie de GeA~ve (6).
1) Oonférence Géographique de Bruxelles. p. 5. Discours du Roi. 2) Conférence Géographique de Bruxelles. p. '9. 3) 1819-1898. Fondée en mars 1858, par de BEAUMONT et quelques
personnalités genevoises, la Société de Géographie de Genève était Chronologiquement la l4e parmi les sociétés européennes. Elle publiait un organe trimestriel "Le Globe~
4) Globe 1877. 1- Procès-verbaux~ Séance du 22 sept.1876 p. 9. 5) Oonsul de Belgique à Genève depuis 1868. 6) Min. A.E~ Dossier Noir. Conférence de Bruxelles 187 •
LEVIEUX au Min. Affa res Etrang res. Gen ve 19.r.18 7.
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A la séanoe du 26 janvier 1877, de BEAUMONT fait part à la Société de Géographie, des progrès du C.N.S. : un certain nombre d'adhésions a été reoueilli à la suite d'une circulaire envoyée à toue les membres de la Société. Les obligations des membres du nouveau comité n'ont rien d'onéreux: le Oomi té a été crée pour faire c,onnattre l'oeuvre africaine et stimuler le zèle patriotique p~r des souscriptions, des dons, des travaux (1).
A une' séance sui vante, Henri de BEAUMONT annonce que le Baron GREINDL, secrétaire général du Comité Exécutif, lui a écrit que uSa ~ajesté sera heureuse de recevoir en qualité de président, les délégués du C.N'.S. au sein de l'A.I.A." (2). C'est un succès pour un pays comme la Suisse.
Le C.N.S.A. n'a pas encore été fondé effectivement et cette fondation eut lieu le mardi 24 avril 1877. Le 23 avril, à une séance extraordinaire, un membre de la Société de Géographie, le professeur de LAHARPE avait rendu hommage à LEOPOLD II "qui a discerné une oeuvre à accomplir dans un vaste champ et y a apporté toutes les vertus d'un coeur généreux" (3). Il remarqua en outre que le C.N.B. voulait con~ courir à une oeuvre qui répondait aux goats philanthropiques en même temps qu'aux goûts SCientifiques.
Le 24 avril, fut constitué le C.N.S. Aussi suivronsnous avec intérêt le compte-rendu détaillé qu~ donne le Globe (4). La présidence de la séance revint à de BEAUMONT,
1) Glol!e 1871. 1- Procès-verbaux. Séance du 26.1. 1877 p. 2}.
2) Globe 1877. 1- Procès-verbaux. Séance du 2'.11.1877. p. 28. 3) GLObe 1877. 2 ... Séances extraordinaires P .. 123. 4) Globe 1877. 2- Séances extraordinaires pp. 124-127.
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initiateur du mouvement. Après avoir souhaité la bienvenue aux adhérents, il fit l'historique des travaux et résultats de la Conférence de Bruxelles. Il annonçe ensuite que le nombre d'adhésions s'élevait déjà à plus de 110f ce qui me paratt beaucoup pour un pays comme la Suisse, si peu porté sur des questions extra-européennes.
D'après la profession des membres présents, on s'aperçoit que le C.N.S s'adressait à un milieu universitaire et que si le nombre des géographes était limité, le nombre élevé des pasteurs prouvait que dans l'esprit suisse, le point de vue philanthropique et humanitaire l'emportait et ctest avec un idéal de bon samaritain que les pasteurs se sont inscrits à ce C.N.S. pour civiliser les noirs.
La lecture des statuts du C.N.S. me paraît intéressante pour marquer encore une fois l'esprit dans lequel est entrepris ce C.N.S.
Arti~l~ 1. "Les adhérents suisses aux résolutions de Bruxelles se réunissent en Sociétés Générales pour constituer le Comité National qui doit représenter la Suisse par ses délégués à la Commission Internationale de Bruxelles".
Arti~l~ g. "Les membres présents à cette séance constituent et fondent le comité chargé de poursuivre en ce qui le concerne et dans les limites de la Suisse, l'exécution du programme de la Conférence Internationale en vue de l'Exploration et de la Civilisation de l'Afrique centrale, soit
Â. Vulgariser en Suisse, par la parole et la presse, les connaissances de toute nature se rLpp,ortant au but que l'Association Internationale a en vue.
B. Organiser une souscription nationale et centraliser les ressources ùe toute espèce qui seront mises à sa disposition pour l'exécution du programme national".
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Ar1i~1~ L- : " Le Comité nomme dans ce but, parmi tous les adhérents, un bureau composé d'un Président, de vice-présidents en nombre qu'il jugera convenable, d'un secrétaire général et d'un trésorier. Il choisit dans son sein, ou en dehors, deux délégués pour le représenter à la Commission Internationale. Les fonctions des membres du Comité et celles des délégués sont honorifiques et annuelles".
Ces articles, votés chacun en particulier, sont adoptés dans leur ensemble et sur l'observation que ces statuts étaient peu développés, il a été entendu qu'ils seraient revisés et développés à la prochaine réunion du Comité."
La présidence du Comité fut confiée à Henri de BEAUMONT, qui, avec Gustave MOYNIER, fut désigné comme délégué du C.N.S. à la Commission Internationale de l'A.I.A. (l'.
Il faut noter que llintervention suisse est absolument gratuite et sans espoir quelconque d'en retirer quelque chose, tant au point de vue financier qu'au point de vue territorial. Dans les autres pays, lors de la création des comités nationaux, on spécifie que ces comités "partageront" avec l'A.I.A. les bénéfices de leurs recherches et des souscriptions. Ils comptent bien profiter à partie égale, de l'enthousiasme fomenté par cette association dans leur pays respectif; la preuve en est que lors de la disparition de l'A.I.A., bon nombre d'entre eux ont continué à subsister pour leur propre compte.
Voici donc formé notre C.N.S., très sérieusement avec membres adhérents, président et bureau. Quelle sera son utilité?
1) Globe 1877 - 2 - Séance extraordinaire. pp. 124-127.
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Avant la réunion de l'A.I.A à Bruxelles) ~n Ju~n' 1877, le C.N.S. se réunit à Lausanne le 13 mai (1). On discuta l'envoi d'une circulaire aux journaux pour faire connaître l'oeuvre (2) africaine.
Ce qui frappe dans ce comité, ce sont ses travaux dans le vide, cette impression de manque d'information, d'inutilité, qui se dégage des récits de séances sans intérêt, sans objet déterminé de discussion.
Le 19 juin sfouvrit à Bruxelles la premiàre (et la derni~re) réunion de l'A.I.A., à laquelle participaient pour le C.N.S., de BEAUMONT et MOYNIER (3).
Ctest MOYNIER qui fut chargé de faire rapport au C.N.S. de la Conférence de Bruxelles (4). Après avoir fait l'historique de la réunion des différents comités nationaux, MOYNIER exposa les travaux du Comité Exécutif. Il concluait ainsi :
"Je ne puis terminer ce rapport, Messieurs, sans exprimer le voeu que la Suisse s'associe largement et généreusement à l'oeuvre africaine. J'ai du reste bon espoir qu'elle n'y faillir& pas, pUisque déjà, devançant tout appel, elle a sollicité spontanément l'honneur de se ranger sOus sa bannière. Le moment est venu pour nous de témoigner r autrement
~~"I'~
que par une approbation platonique, notre sympathie pour l'en-treprise grandiose et féconde à l~quelle nous avons promis notre concours. Nous devons travailler à la vulgariser dans
1) C.N.S. Documents officiels 1816-18~, p. 141. 2) Je n'en ai trouvé aucune trace. 3) Voir annexe nO 1. "Mes heures de travail" , MOYNIER. 4) C.N.S. Documents officiels pp. 145-160. 31 juillet 1877.
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notre pays et à lui procurer par ce moyen des adhérents nombreux qui la soutiennent par leur intérêt et leurs dons. Nous y réussirons sans peine, je vous assure, car notre peuple n'est indifférent ni aux découvertes sCientifiques, ni au dé~ veloppement du commerce, ni au relèvement de l'espèce humaine, ni, en un mot, à aucun des buts que poursuit l'A.I.A., à aucune des perspectives si dignes de son royal promoteur qu'ale ouvre devant nous" (1).
Le a.N.S. poursuivit ses activités en se réunissant à Berne le 15 novembre 1877 (2). L'asseublée vota de nouveaux statuts plus développés que ceux de la réunion du 24 avril. Je crois qu'il est intéressant de publier ces statuts en annexe (3) pour y souligner l'esprit de sérieux et de définitif qui régnait sur ce C.N.S. s'organisant comme un organisme de longue durée.
A la même séance, diverses recommandations d'ordre météorologique t hydrométrique et médical, sont émises par des membres du C.N.S. pour être transmises au Comité exécutif en vue de la prochaine expédition africaine (4).
Les séances suivantes du C.N.S. se tinrent à Ge-nève.
A la séance du 9 février 1878, une lettre de MOYNIER est lue, faisant part d'une proposition qu'il avait reçue d'un de ses amis, le Docteur CHRIST SOCIN, se rapportant à la protection des esclaves africains (5).
1) C.N.S. Documents officiels p. 159. 31 juillet 1877. 2) LE réunion est annoncée dans le Journal de Genève, 1 novembre
1877 et le ~; 14 novembre 1877. ~) Voir annexe nO 4. 4) C.N.S. Documents officiels, p. 180) 15 novembre 1877. 5) Il s'agit du futur vice-président de la Ligue suisse pour
la défense des indigènes. Voir page 80.
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Ensuite, les réunions du C.N.S. se font de plus en plus rares et la dernière séance mentionnée eut lieu à Neuchâtel en novembre 1879. Et s'il est question de l'Afrique dans les séances de la Société de Géographie, il n'est plus question du C.N.S. Que devient-il?
Il s'est dissout. Ntayant pas trouvé de trace officielle de cette disselution, je me contenterai de citer textuellement la source qui nous l'apprend:
"Elle (la Société de Géographie) a grandement contribué à la création du C.N.S. Africain, qui depuis s'est dissout, en laissant à l'ensemble des Sociétés suisses de Géographie, un petit capital demeuré indivisé entre elles et qui est destiné à faciliter les explorations africaines" (1).
Voici donc toute l'histoire du C.N.S. Que conclure, si ce n'est pour dire encore une fois que, né de rien, basé sur des idées, des enthousiasmes, ce C.N.S. est mort sans bruit, comme s'éteignent de nombreuses associations philanthropiques un peu trop dans les nuages, pour avoir une action effective. Mais il faut reconna~tre toutefois que c'est avant tout parce que l'A.I.A. ne se réunit plus et n'eut plus recours aux comités nationaux que s'éteignit le C.N.S.
1) A. de CLAPAREDE
Au point de vue Comité Exécutif ments officiels
* * *
: Coup d'oeil sur la Société de Géographie de Genève. 1908. p. 40.
financier, le C.N.S. envoya 5.000 fra au de l'A.I.A. - fin ~r$ 1878 (C~N.S. Docu- p. 188.)
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B. SOCIETE SUISSE DE SECOURS AUX ESCLAVES AFRICAINS.
S .. S.S.E.A.
Après la disparition du C.N.S., l'intérêt que portait la Suisse à l'oeuvre africaine de LEOPOLD II n'a pas disparu : nous allons examiner maintenant les différentes tentatives ~aites à Genève pour former des sociétés antiesclavagistes dont l'action serait dirigée vers le Congo.
Ces sociétés forment en quelque sorte le lien entre le C.N.S. de 1877 et la Ligue anticongolaise de 1908, car on y retrouve quelques noms de membres du C.N.S. et plusieurs de ses adhérents feront partie de la Ligue de 1908.
Intermédiaire entre le C.N.S. et la Ligue de 1908, ces sociétés le sont également par les buts qu'elles se proposent : comme la Ligue de 1908, elles se penchent sur le sort des pauvres nègres, mais comme le C.N.S. elles admirent l'oeuvre de LEOPOLD II et ne songent qu'à l'aider.
Les renseignements trouvés au sujet de ces sociétés sont peu nombreux, je me contenterai d'en e~quisser les traits principaux (1).
A la réunion du Comité International de l'Alliance évangélique (2), tenue à Berlin en septembre 1886, le Docteur FABRI, ancien inspecteur de la Société des Missions rhénanes, attirait l'attention de ses collègues sur la croisade antiesclavagiste inaugurée par le Cardinal LAVIGERIE (3).
1) Tous les renseignements sont tirés àu dossier 1759 du Ministère dos Affaires Etrangères.
5~ Association :les églises réformées. Min. A.E. 1759. Ciràulaire de la S.S.S.E.A.Février 1892. Gen~ve.
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Piqué par llinitiatice catholique, il demanda aux délégués présents de s'occuper de cette question et la branche suisse, prenant en sérieuse considération la motion qui lui était transmise, chargea l'un de ses membres, le professeur Louis RUFFET (1) de conférences sur le sujet.
Cette agitation de l'opinion aboutit à la formation en janvier 1889, d'une association antiesclavagiste à Genève. Pendant deux ans, présidée par Edouard NAVILLE (2), cette association stoccupa de la question des noirs et son but était de "seconder les entreprises humanitaires et civilisatrices en faveur Qe la régéhération matérielle et morale des noirs". (3)'
Cette société avait été établie à l'origine, sans aucune couleur religieuse et bien que son siège fOt à Genève, des catholiques en faisaient partie. Mais à cause de ce neutralisme religieux, l'association ne rencontrait pas les sympathies escomptées dans la popUlation calviniste de Genève et des autres cantons protestants de la Suisse romande. Aussi, les fonds récoltés étLient-ils maigres et l'association se dissout au début de 1891. Le capital resté disponible après c~tte liquidation volontaire, fut attribué par NAVILLE à la Société antiesclavagiste anglaise qui avait son siège dans les états du KHEDIVE.
Ltéchec de cette première tentative, qui ne paratt p~s avoir été basée sur quelque chose de solide, ni s'être rattachée à une organisation stable, ne refroidit
1) Je n'ai malheureusement trouvé ~ucune notice biographique à son sujet.
2) E. NAVILLE: 1844-1926. Egyptologue. Professeur d'égyptologie puis d'archéologie à ltUniversité de Genève. Dirigea des fouilles dàns le Delt8~ à Thèbes, à Abydos. Philanthrope, nous le voyons figurer dans de nombreuses sociétés genevoises dont la Ligue de 1908. (Dict. hist. et bic. Suisse T.V.p.84).
3) Min. A.E. l7{9. Lettre de JOORIS au Min. Aff. Etrang. Berne 24.II. 892.
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pas l'enthousiasme des Genevois pour la cauae des esclaves africains. Aussi, vont-ils tenter un second essai, mais en respectant cette fois les barrières de la religion, avec l~espoir qu'une société uniquement calviniste rencontrerait plus de succès dans les cantons protestants comme Genève, Vaud, Neuchâtel, etc •••
C'est à la Conférence oecuménique de l'Alliance Evangélique, réunie à Florence en avril 1691 que fut prise la résolution de former des associations nationales antiesclavagistes sur le terrain évangélique, avec le désir de voir de telles associations se fédérer pour une action commune et chrétienne (1). La branche suisse chargea en septembre 1891, à nouveau Louis RUFFET et Edouard NAVILLE de constituer à Genève tout d'abord, un Comit~ antiesclavagiste à caractère évangélique, devant servir de noyau à un Comité Général groupant des membres de toute la Suisse. Cette nouvelle société fut en rhpport direct avec l'E.I.C.
RUFFET, qui avait rédigé pour la Conférence de Florence un travail sur les esclaves, semble avoir été à Bruxelles ensuite, soit pour remettre sa brochure au Roi et au Ministre des Affaires Etrangères t soit pour entrer en contact avec la Société antiesclavagiste belge fondée à la suite de la Conférence de Bruxelles (2). En effet, dans une lettre au Ministre des Affaires Etrangères; il lui apprend qu'il a enfin
1) Min. A.B. 1759. Circulaire S.S.S.E.A. Février 1892. Genève. 2) Ayant siégé de novembre 1689 à juillet 1890, cette Confé
rence avait décidé la création dtun Bureau International à Zanzibar pour emp~cher la traite ~ar mer et d'un Bureau spécial "à Bruxelles pour échanges d'informations.
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obtenu la fondation d'une nouvelle S.S.SoE.A. (1).
Il est même probable que RUFFET ait offert déjà à ce moment-là la collaboration de la future S.S.S.E.A. à l' E. I.C., c~r il écrit plus loin: "Je voudrais pour ma part témoiiner par ma ooopération à votre Roi, mon respect et mon admiration pour l'oeuvre qu'il a si coura~eusement entreprise et poursuivie".(2)
La future S.S.S.E.A. envisageait d'exercer son activité au Conio et ce- la RUFFET l'exprime lui-même dans une lettre au Ministre des Affaires Etrangères : "Y aurait-il place dans l'Etat Libre d'une station suisse de secours, refuie, asile, colonie professionnelle, etc ••• ? et l'Etat Libre concèderait-il à une société protestante son appui? Pourrionsnous nous placer sur la route des caravanes afin d'y recueillir des libérés de vos armes ? ou bien, notre société pourrait-elle sous une autre forme, venir en aide aux nobles efforts de votre Au~uste Souverain ?". (3)
A cette requête, le gouverne~ent de l'E.I.C. répondit que l'E.I.C. autoriserait volontiers la création d'une station suisse de secours et d'instruction professionnelle pour des eoclaves libérés. Il accorderait à cet effet, le cas échéant, un emplacement sur la rive occidentale du Lac
1) Min. A.E. 1759. RUFFET au Ministre des Affaires Etranières, Genève 29 septembre 1891 : "l'oeuvre sera ardue peut-être, mais je suis revehu de Bruxelles le coeur si rempli, si touohé de l·accueil de Sa .ajesté, qu'avec le secours de Dieu dont c'est l'oeuvre, j'ai l'espoir que les mains se tiendront" •••••••
2) M~me lettre.
3) Mins. A.E. 1759. RUFFET au Ministre des Affaires Etranières, 20 décembre 1891.
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Tanganika. Cependant, il faudrait disposer au départ, d'un capital de 3 à 400.000 frs. (1).
C'est le 4 février 1892 qu'a lieu l'assemblée inaugurale de la S.S.S.E.A. à Genève. Le Comité groupait des membres des cantons de Bâle, Neuchâtel, Vaud et Genève. Il était composé de représentants de profession religieuse surtout. Le milieu àe pasteurs et de professeurs de théologie va se retrouver dans la Ligue de 1908 et ceci prouve une fois de plus, l'aspect tout à fait désintéressé de l'attention que la Suisse portait à l'E.I.C.
La Société une fois constituée, quel est son but et quelles seront ses activités?
Il faut avant tout insister sur l'esprit qui anime cette société. Esprit protestant, esprit missionnaire protestant dont l'activité veut être basée sur l'Evangile.
Le but de la S.S.S.E.A. est de compléter l'oeuvre d'émancipation que les grandes puissances ont entreprise en Afrique en créant près des chemins des caravanes dtesclaves, des asiles pour esclaves libérés ou fugitifs.
"Ces asiles devront posséder le personnel et le m2tériel nécessaire pour pouvoir soigner les malades, donner une occupation aux bien-portants, leur enseigner des métiers Qui les mettront en état de gagner leur vie. et surtout leur apprendre le chemin du salut par la connaissance de la Bible et de la vérité chrétienne". (2).
1) Min. A.E. 1752~ DE GRELLE ROGIER à LAMBERMONT. Bruxelles 2.II.1892.
2) Min. A.E. 1752. Circulaire S.S.S.E.A. Février 1892. Genève.
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Ce programme est très joli sur pa.pier et il est typiquement l'oeuvre de gens animés de bonnes intentions mais qui n't ont jamais été en Afrique et s' imaginent très bien établissant un home pour nègres dans une coquette clairière sur la route des cara.vanes! On ne peut s'empêcher de sourire devant cette naïveté si bien intentionnée.
Oomment la société va-t-elle agir pour réaliser ce beau programme ?
Le Oomité pensait intéresser les habitants des différents cantons par la formation de groupes chargés de faire de la propagande, de réveiller l'intèrêt pour la cause des esclaves, soit à l'aide de l~ presse, soit par des conférences et enfin, de recueillir les fonds nécessaires pour son programme africain.
Ce plan optill\iste d'activité parait plein dta
venir. Il faut pourtant reconna!tre n'avoir vu aucune trace de l'action de cette société dans les journaux ou ailleurs. RUFFET fit des conférences en Suisse allemande (1). Le Comité demanda un exemplaire des actes de la Conférence de Bruxelles (2), et pria le Ministre des Âffaires Etrangères de bien vouloir le compter parmi les institutions a~~quelles le Bureau International de Bruxelles communiquera les renseignements officiels qui lui sont transmis (3).
1) Min. A.E. 1759.
2) Min. A.E. ~.
RUFFET au Ministre des Affaires Etrangères Genève, 11 mars 1892. de st. GEORGES (président de la S.S.S.E.A.) au Min. des Affaires Etrangères. Genève Il mars 1892.
~) Min. A.E. 1159% LEVI EUX (Consul Général honoraire de Belgique à Genève) au Min. des Affaires Etr. Genève 22. II. 1892.
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Ensuite, la trace de la S.S.S.E.A. se perd. Il est probable qu'elle ait subsisté deux ou trois uns tout au plus et elle disparut sans bruit, comme le C.N.S., comme ces associ&tions philanthropiques sans but très défini.
Ltimportance de la S.S.S.E.A. fut donc nulle, mais dans ce travail, il était intéressant d'en signaler la naissance et le but, ainsi que ses rapports avec l'E.I.C. car elle est une nouvelle preuve que dans le domaine privé, le Suisse ne fut pes indifférente au Congo (1).
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* *
1) Outre ses sociétés philanthropiques, d'importantes missions suisses opéraient en Afrique : les missions bâloises en Côte dtOr et celles de Lausanne, sur la Côte Orientale du Continent.
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c. LA PRESSE SUISSE DE 1876 à 1908.
Av~nt de passer à l'étude de la campagne ant~congolaise en Suisse, voyons dans quelle mesure l'opinion suisse était préparée à cette campagne et dans quel terrain celle-ci allait ~1exercer. Bous ~llons examiner rapidement l'attitude de quelques journaux suisses de 1876 à 1908, car depuis 1908, le presse suisse sera envisagée à travers l'activité de 1& Ligue. Nous allons voir que les différents journ~ux suisses se sont intéresBés au Oongo d'une manière plutôt neutre. Nous y trouvons des articles de la tendance pro-leopOldienne comme de la tendance ant1-léopoldienne. Jusqu'en 1908, la presse suisse a parlé du Oongo dans une mesure assez minime et si, dès 1908, elle réserve de ses colonnes aux affaires congolaises, cela est da uniquement à l'agitation fomentée par la Ligue anticongolaise, comme nous le verrons plus loin.
Il étai~ impossible de faire un dépouillement s~stématique d'une dizaine de journaux importants pendant une période allant de 1876 à 1908, mais avec les dossiers de presse du Ministère des Affaires Etrangères et les sondages effectués à la Bibliothèque nationale de Berne, j'ai pu réunir une documentation qui peut donner une idée générale de l'opinion suisse vis-à-vis du Gongo.
Parmi les journaux consultés figurent
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Le Journal de Genève, organe du parti démocrate de Genève. Jouissai ... t à cette époque d'une excellente renommée et l'on peut le comparer quant à s~ diffusion à l'Indépendance belge. Le rédacteur en chef de l'Indépendance belge, depuis 1886, était d'ailleurs le correspondant bruxellois du Journal ue Genève: Roland de MARES (1).
La Gazette de Lausanne est l'organe du parti conservateur du canton de Vaud. Ce journal é',vai t un corre3pondant à Bruxelles de qualité, puisqu1 il s'agissait de Léon LECLERE, professeur d'histoire à l'U.L.B. et recteur de cette Université de 191' à 1920 (2).
Le Bund, édité à Serne, de tendance radicale, était l'organe officieux du gouverne~ent et ses articles sur le Congo sont considérés comme étant le reflet de l'opinion du gouvernement fédéral. Je n'ai malheureusement pu identifier son correspondant à Bruxelles.
La Neue Zürcherzeitung était le jùurnal du grand commerce suisse et émanait du parti radical de Zurich. Je n'ai pas non plus pu identifier son correspondant à Bruxelles.
Enfin, les Basler Nachrichten, vieux journal de la bourgeoisie bâloise à tendance libérale.
1) Roland de MARES: journaliste né à Hasselt. 1896 rédacteur en chef de l'Indépendance Belge.Rédac
teur au "Temps" à Paris. 2) Léon LECLERE : 1866-1944. Bruxelles. 1883 : docteur en
philoloeie et lettres. 1893 : professeur ordinaire à l'U. L.B. 1907 ~ succéda à L. VANDERKINDERE à la Chaire d'histoire contemporaine. nombreuses oeuvres historiques. Correspondant de plusieurs journaux.
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Ces journaux sont ouverts à toutes les opinions et aucun n'adopte une attitude nettement hostile à l'E.I.O. Il est assez difficile de déceler une nette évolution dans leurs articles.
Il Y a pourtant deux journaux qui, dès le début, ont une attitude tranchante et qui vent s'y tenir:
Il s'agit de "La Liberté" de Fribourg, canton très catholique; ce journal défend avec acharnement l'oeuvre de LEOPOLD, de son propre chef ou par les articles de son correspondant de Bruxelles.
Il Y a également le "Signal de Genève"_ petit hebdomadaire de la Cité qui se dit "national, patriotique, indépendant". Il a toujours une attitude férocement anti-léopoldienne et reproduit avec de nombreux commentaires, les attaques de l'Angleterre contre l'E.I.C. (1).
Les journaux qui se sont le plus occupés du Con-go sont le Journal de Genève et la Gazette de Lausa~, ce qui s'explique par le fait que les différentes manifestations suisses vis-à-vis du Congo ayant leur siège à Genève, il est normal que ces deux journaux aient été les premiers à en avoir les échos.
Dès ses débuts, les journaux smsses se sont intéressés à l'oeuvre africaine et, publiant des lettres de STANLEY ou instruisant leurs lecteurs des activités du C.N. S., ils tenaient l t opin:i;.on sui Bse au courant des progrès en Afrique (2).
1) C'est ce journal Qui prêta ses colonnes aux premiers bul-letins suisses du Congo de 1909 à 1911
2) Journal de Genève • ;, 16, 17 septembre 1876; 7, 19 avril, . 15 juin, 7 novembre, 1er décembre 1877.
~ . 14 novembre 1877. .
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Lors de la conférence de Berlin, les journaux de La Suisse alémanique consultés (1) ont suivi attentivement les différentes discussions, hésitations, progrès et enfin cohclusions de Berlin, sans émettre d'appréciation sur la nomination de LEOPOLD II comme Souverain de l'E.I.C;, si ce n'est pour expliquer les différentes difficultés qu'il rencontrera vis-à-vis de la constitution belge.
Dans la Gazette de Lausanne du 25 septembre 1881, le bulletin poli tique traite de la question du Congo et célèbre 10 ans de l'aventure africaine. Il énumère les énormes progrès accomplis et termine en rendant hommage à LEOPOLD II : "C'est l'agent le plus actif contre l'esclavage".
Un article du Journal de Genève du 3 février 1892, prend énergiquement la défense de la Compagnie de chemin de fer du Congo contre les accusations françaises prétendant que l'on pratiquait la traite au Congo: "Quant au traitement appliqué aux travailleurs nègres par les compagnies belges, il est évident qu'il ne saurait être le même que celui des ouvriers agricoles employés dans le gros de Vaud ou dans ItEmmenthal, et je l'avoue, je ne serais ni surpris, ni le moins du monde scandalisé, si l'on me disait que le bâton joue un certain DOle dans les arguments employés à leur égard", dit l'auteur qui ne signe pas.
En 1893 et 1894, la presse suisse se montre favorable au succès des Belges en E.I.C;, remarque JOORIS
1) Bund : 5, 7, 9 janvier 1885; 22 février 1885 et Neue Zürcherzeitung : 2, 17, 18, 20, 22, 28 novembre 1884.
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Ministre de Belgique à Berne (1), et différents articles du Journal de Genève (2) nous montre que ce journal suit avec intérêt le cours des événements.
C'est à partir de 1895 que quelques critiques trouvent place dans les journaux suisses vis-à-vis du Congo. Le projet de reprise du Congo par la Belgique est suivi par la presse :
La Neue Zürcher Zeitung et le ~ reconnaissent la néoessité absolue pour le Roi de parer à une catastrophe ~inancière, la première critique le gouvernement belge pour son indécision et le Bund reconnaît que la reprise serait une lourde charge pour la Belgique (3).
Au milieu de l'année, l'affaire STOKES (4), les révoltes indigènes, sont les premiers signes d'ennuis en E.I.C. et là presse s'en fait l'éoho.
"Evidemment, quelque ohose va mal dans l'organisation de cette vaste entreprise et peut-@tre faudra-t-il arriver à une liquidation. Naturellement les Belges sont peu disppsés à endosser le~ suites de ces affaires compromises et déjà on se demande ce qu t e11es vont devenir et qui pour-
1) Min. A.E. A.F.I. 1 2ème série JOORIS au Ministre des Affaires Etrangères. 14 oct. 1893.
2) Journal de Genève octobre 1893 et 25 mai 1894. }) Neue ZUrcher Zeitung : 9 et 24 janvier, 1er, 15 février
1895. Bund : 9 janvier et 1er février 1895.
4) STOKES, anoien missionnaire anglais qui, sous l'inculpation de vente illégale dtarmes aux Arabes, marchands d'eSClaves, avait été pendu par le commandant LOTHAIRE.
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ra s'en chargerl'écrit le Journal de Genève (1) qui reconna!t malgré "léchec" que LEOPOLD II fut le seul à avoir vraiment agi en Afrique, mais peut-être a-t-il été un peu trop vite.
Les révélatioœ de l'Anglais PARMINTER (2) sont reproduites avec force commentaires au mois de septembre 1896 de même que les révélations du missionnaire baptiste suédoie SJOEBLOM.
La National Zeitung de Bâle, La Neue Zdrcher Zeitung s'abreuvent dans la presse allemande, d'accusations diverses contre le Congo, tandis que dans la Gazette de Lausanne (3), Léon LECLERE essaye de remettre les choses au point en publiant des témoignages favorables au Congo et en parlant de la Commission permanente de surveillance instituée par LEOPOLD II pour réprimer les atrocités.
Les années suivantes sont assez creuses en ce qui concerne les commentaires suisses sur l'E.I.C. et comme le dit le Comte de LALAING dans une lettre à FAV~REAU : ft On ne peut pas dire qu'il y ait en Suisse une opinion bien arrêtée sur cette question à laquelle, il faut bien le reconna!tre, le pays ne s'intéresse que médiocrement. La Suisse n'a pas et ne peut pas avoir de colonies. Il en résulte qu'en principe les questions coloniales de toute nature la laissent un peu indifférente" (4).
1) Journal de Genève: 20 septembre 1895. 2) PARMINTER, major de l'armée coloniale britannique au ser
vice de l'A.I.C. 3) Gazette de Lausanne : 20 septembre 1896. 4) Min. A.E. Congo, 1ère série, vol. III, de LALAING à
FAVEREAU, Berne, 5 juin 1901.
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Quelques articles de la presse romande parlent des dif~érents projets de reprise du Congo, de la question financière et de la situation en E.I.C. (1). Aucune hostilité, un grand calme et un intérêt mitigé marquent l'année 1901.
Faisons un saut jusqu'en 1903, où la campagne anticongolaise se manifeste sérieusement en Angleterre. Nous allons voir que la presse suisse, sans toutefois prendre parti, manifeste un intérêt plus marqué pour le Congo et cet intérêt va croître jusqu'en 1910.
Dans un très long article de la Gazette de Lausanne, (2), Léon LECLERE commentant la parution du livre de Fox BOURNE "Oivilisation in Congoland tf et celle de son opposé belge "La vérité sur la civilisation au Congo", reconna1t que tout n'est pas parfait, mais il insiste sur les immenses progrès accomplis depuis 20 ans par l'E.I.C. et déclare que s'il y a des abus, ceux-ci ne sont que locaux ou accidentels.
Dans deux articles suivants (3)t il expose la situation devenue sérieuse pour l'E.I.C. depuis la note adressée aux puissances signataires de l'Acte de Berlin par le gouvernement anglais, note l'accusant de ne pas pratiquer la liberté de commerce et de maltraiter les indigènes. Mais LECLERE ,remarque que c'est surtout un motif d'ordre matériel qui fait agir le gouvernement anglais.
1) Gazette de Lausanne · 21, 25 mai, 19 juin 1901; Journal de · Geneve • 14, 20 juin, 9, 18 septembre 190r, . 2) Gazette de Lausanne 22 avril 1903. 3) Gazette de Lausanne • 17 juin, 8 juillet' 1903. •
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En septembre, le même journal se fait l'écho de violents articles ant.congolais anglais, ce qui provoque des protestations de la part du consul de Belgique à Neuch~tel, BOILLOT-ROBERT, qui, comme Léon LECLERE, a des doutes sur la bonne foi anglaise (1).
La même année, le Journal de Genève publie de nombreux articles très favorables à l'E.I.C. soulignant les efforts prodigieux de la Belgique et accusant les détracteurs de l'E.I.C. de jalousie (2).
Par contre, en 1904, dans un bulletin politique du même journal, nous voyons pour la première fois la confiance qu'il avait dans l'administration congolaise, ébranlée (3). En effet, après le grand débat qui eut lieu à la Chambre des Communes, le journal se demande s1i1 n'y~a pas quand même un certain bien-fondé à ces accusations. Il préconise une enquête qui, réclamée par la Belgique, serait le moyen le plus sar de se rendre compte de la situation, car il semble que réellement le point de vue commercial a pris le pas sur le point de vue chrétien et civilisateur au Oongo.
Pourtant la même année encore, on relève deux articles favorables à l'E.I.C., 11un (4) lui reconnaissant le droit de limiter la liberté du commerce ou de s'approprier
1) Gaze~te de Lausanne • 6, 8, 15, 17 septembre 1903. • 2) Journal de Genèv~ 28 mai, 5, 8, 10 juin, 1er oct.,
18 nov. 1903. 3) Journal de Genève 17 juin 1904. 4) Journal de Genèv~ . 20 juillet 1904. .
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des terres, l'autre blâmant l'Angleterre de s'attaquer lâchement à un petit pays comme la Belgique (1).
Nous verrons dans le chapitre consacré à la participation de Ed. de SCHUMACHER à la Commission d'enquête, les réactions de la presse suisse à ce sujet (2).
Au sujet du rapport de la Commission d'enquête, la presse suisse se montre favorable à ses conclusions. Léon LECLERE dans la Gazette de Lausa~ (3) et Roland de MARES dans le Journal de Genève (4) insistent tous deux sur la parfaite loyauté qui anime cc rapport et signalent la formation d'une Commission de réforme. Dans deux articles, la Neue Zürcher Zeitung (5) parle dans le même sens.
On trouve ensuite toute une série d'articles de Léon LECLERE dans la Gazette de Lausanne (6) et de Roland de MARES dans le Journal de Genève (7) se faisant ~.~écpo des débats parlementaires des Chambres belges concernant liE.I.C. et des répercussions de la campagne anticongolaise anglaise en Belgique.
1) Journal de Genève : 21 aoQt 1904 2) Voir page 101. 3) Gazette de Lausanne : 8 novembre 1905. 4) t9urnal de Genève: 10 novembre 1905. 5) Neue Zdrcher Zeitung, 13 et 21 novembre 1905. (6 ~azette de Lausanne, 13 mars, 6 avril, 15 juin 1906. 7) Journal de Genève : 22, 24 février, 3 et 6 mars, Il, 17
juin, 26 juillet, l' novembre 1906.
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Mais, le Journal de Genève (1) semble changer d'attitude (jusq\'à présent il s'était montré généralement partisan de l'oeuvre de Léopold), car tout en publiant les articles de Roland de MARES, il prête ses colonnes à René CLAPAREDE qui commence son action anticongolaise.
Voici comment le journal introduit sa longue étude sur l'E.I.C. : "Lorsque la presse anglaise signala à l'indignation du monde, les mauvais traitements infligés aux indigènes dans l'E r C , notre premier mouvement fut de mettre nos lecteurs en garde contre tout jugement prématuré. Les grandes ~uissances ont pa.rfois de singuliers accès de vertu quand il s'agit de s'ingérer dans les affaires de plus petits pays. Malheureusement, les accusations lancées contre l'E.I.C. se sont précisées. La Commission internationale d'enquête ne les a point effacées. Depuis lors, d'autres documents très graves ont été publiés. La Belgique entière s'en occupe. Nous ne doutons pas qutelle ne parvienne à elle seule à rétablir un régime d'ordre et de vraie civilisation. Ces faits forment l'objet de l'étude impartiale qu'on va lire".
L'article de CLAPAREDE expose ensuite le système d'exploitation en cours au Congo: les indigènes sont soumis au travail forcé, s'ils refusent on les fouette avec la chicote ou on coupe la main ou le pied des enfants du réfractaire. Il relate les différentes accusations élevées contre le Congo: celles de CASEMEHT, celles des missionnai~es, de la Commission d'enquête, etc. Il fait ensuite l'historique
1) Journal de Genève, 11 et 18 novembre 1906,
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des débuts de l'E.I.C. qui après avoir respecté pendant 6 ans les clauses de l'Acte de Berlin, stadjugea le monopole des richesses du pays.
La première manifestation de OLAPAREDE en faveur du Congo contient déjà tous les éléments qui vont le guider dans la oonstitution de la Ligue suisse, et si ses ter- ' mes sont encore modérés, ils laissent déjà percer toute la fougue qui va l'entra!ner.
Fin 1906? lad articles de la Gazette de Lausanne (1) comme du Journal de Genève (2)exposent les débats au Parlement belge au sujet du Congo et les tournois d'éloquence aux~uels se livrent les orateurs. Seul, le point de vue politique est abordé.
En 1901, la question congolaise n'a pas retenu spécialement l'attention des journaux suisses, et nous arrivons ainsi en 1908, année de la fondation de la Ligue ùe CLAPAREDE, et c'est en examinant cette question que nous retrouverons la suite de cet exposé sur la presse suisse.
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* *
1) Gazette de Lausanne, 22 novembre, 19 décembre 1906. 2) ;ournal de Genèv~, 6 et 18 décembre 1906.
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D. LA LIGUE SUISSE POUR LA DEFENSE DES INDIGENES AU CONGO. -------------------------------------------------------
1. Introduction.
Après avoir examiné successivement la formation du C.N.S. africain et celle de la S.S.S.E.A., nous allons aborder la partie-clé de ce mémoire; il s'agit de la Ligue Suisse pour la Défense des Indigènes du Congo. C'est également à Genève que cette association prit naissance.
A ce sujet, il faut insister sur le rôle qu'a joué cette ville dans ce travail. Ce n'est pas un pur hasard que la création des différentes sociétés citées ait eu lieu à
Genève. Il y a là certainement une action directe de l'esprit de cette cité, plaque tournante de l'Europe; déjà à ce moment-là, siège de divers organismes internationaux, centre d'un petit monde d'activités humanitaires, origine de la Croix-Rouge. Genève, la cité de CALVIN, qui a toujours voulu rester libre et indépendante dans ses pensées et dans ses actes, est une ville cossue, peuplée de familles aisées, peu occupées à cette époque, si ce n'est de faire prospérer une fortune, libres de s'enthousiasmer pour une idée comme elles l'étaient au XVIe siècle pour suivre CALVIN et sa religion. Genève, la ville internationale, où Iton parle toutes les langues, où Iton discute de tout, est à l'avantplan de l'activité mondiale, elle conna!t tout, parle de tout et sait tout. C~e atmosphère est propice à la formation de sociétés de toutes sortes, car le public a un esprit plus ouvert et plus large que dans d'autres villes renfermées sur elles-mêmes, et il répond plus vite à de nouvelles propositions.
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Il Y a peut-être également un fait religieux qui intervient ici: malgré sa rigidité dans sa doctrine, le calvinisme est une religion plus proche de l'homme et de ses malheurs que le catholicisme qui n'hésite pas à la persécution, à des interventions financières ou à des actions secrètes pour faire triompher ses idées. Le calvinisme est plus humain, plus humble. Aussi Genève, la forteresse duc alvinisme, estelle bien placée pour être le réceptacle d'idées humanitaires,
philanthropiques et gratuites, les plus belles idées à défendre.
Remarquons également que tout comme le C.N.S. et comme la S.S.S.E.A., la Ligue de 1908 est née d'une initiative privée et que jamais le gouvernement n'est intervenu dans sa formation ou dans ses activités.
Dans toute l'histoire des relations entre la Suisse et l'E.I.C., llattitude du gouvernement helvétique est caractérisée par une nette indifférence. Pourquoi la Suisse n'intervient-elle pas officiellement dans la campagne anticongolaise, alors qu'elle aurait facilement pu jouer sur sa corde de pays neutre, sans intérêt en jeu au Congo, et donc bien placée pour intervenir en faveur des noirs d'une manière tout à fait désintéressée. Sans doute, la position géographique de la Suisse, si éloignée des affaires coloniales, est-elle une cause de cette indifférence. Le mouvement anticongolais, sauf en Angleterre, ntétait pas assez prononcé sur le continent pour justifier l'intérêt d'un gouvernement et en Suisse, le manque d'une autorité centrale pUissante, la dispersion des pouvoirs, ralentit les interventions.
Le souci de rester en bons termes avec la Belgique et l'E.l.Co a également joué un rôle dans l'indifférence gouvernementale helvétique. On préféra laisser agir des personnalités isolées, l'opinion, dont l'agitation était la preuve
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d'un intér~t certain, mais non d'une hostilité de la part du pays entier.
2. La campagne anticongolaise.
Il n'est pas dans mon sujet d'expliquer les or~g~nes et les activités de toute la campagne anticongolaise, qui, née en Angleterre, toucha un public nombreux en Amérique, comme en FDance t en Allemagne, en Suisse et même en Belgique. Il ne m'appartient pas non plus de porter un jugement sur la vérité et le bien-fondé de cette campagne. Il suffira d'en tracer, dans les grandes lignes, les principales étapes pour arriver à la partie qui nous intéresse : l~ Suisse.
Les pressants besoins d'argent de LEOPOLD II pour l'E.I.C., que l'avance de 25 millions accordés par les Ohambres belges en juillet 1890, n'avait pas freinés, poussèrent le souverain à adopter une politique plus rigoureuse vis-à-vis de l'exploitation de l'Etat :"11 oublie cet idéalisme humanitaire auquel son Congo doit la naissance. Ce qu'il veut maintenant, c'est t&iller un empire qui trouvera en lui-même les ressources indispensables à son expansion. Le décret du 21
septe~bre 1891 sur la réserve feite à l'Etat du produit de~ terres domaniales peut ~tre considéré comme le début de l'orientation nouvelle", écrit PIRENNE (1).
Pour exploiter ces terres de l'Etat, le gouvernement a recours au travail des indigènes, en expliquant ce trav~tl comme une participation à l'impôt. Ce nouveau système,
1) Henri PIRENNE. Histoire de Belgique, Tome VII. 1932 pp. 357 et 358.
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dans lequel les agents blancs avaient avantage à faire travailler les nègres au maximum, car ils recevaient une prime sur la récolte, donnait naturellement lieu à des abus n~mbreux et c'est de ce moment-là que l'on peut dater le début de la campagne anticongolaise.
Les accusations contre les crimes du Congo, d'a-bord vagues et disparates, émanant surtout de missionnaires anglais et américains, des protestants, se préoisèrent et se firent de plus en plus fréquentes au tournant du siècle, pour se coneré"tiser dans le livre de l'Anglais Fox BOUliNE "Ci vilisation in Gongoland" qui parut en janvier 1903. Fox BOORNE, qui était secrétaire de l' "Aborigines Protection Society" (1),
faisait l'histoire de l'E.I.C. des origines jusqu'en 1903, histoire tend&ncieuse où il ne voyait que les défauts d'une administration en beaucoup de points admirable. Ce livre marque le départ ü'une campagne contre ItE.I.C., campagne organisée, dont l'objectif numéro un sera le gouvernement britannique afin qu'il intervienne auprès de Ifadministration congolaise. Cette campagne fut surtout l'oeuv~e d'un certain MOREL (2).
Né à Parie d'un père anglais et d'une mère française, MOREL fit ses études en Angleterre. Devenu clerc dans une Société COIamerciale à Liverpool, il s'intéressa très tôt à la question des indigènes en Afrique noire, influencé par le climat africain de cette ville commerciale. De 1893 à 1903, il a une grande activité journalistique, en même temps qu'il est le chef du département spécial du Congo dans la firme "Elder-De~pster and CO". Intéressé p~r ce pays neuf, intrigué par les récits d'horreurs que 1'011 rapportait, MOREL
1) Cette société dénonçait les abus du Congo depuis 1896. 2) F. SEYMOUR COOKS •. ~.D. MOREL" The man and his work".
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était bien placé pour se documenter à son sujet et, dès 1900, il commence une oampagne de pamphlets, de lettres, d'articles, de conférences, qui attirent l'attention de nombreuses personnalités sur le Congo. En mars 1904, est fondée la "CongoReform Association" qui devient le quartier général de la campagne anticongolaise. Elle organise des meetings, édite de nombreuses publications, envoie des pétitions au gouvernement britannique, etc. Cette campagne jusqu~-là localement anglaise, va faire son entrée sur le continent avec le publiciste Pierre MILLE (1) et M. Félicien CHALLAYE (2). Oes deux Français vont non seulement s'intéresser au Congo belge, mais également au Congo français.
En 1899, Pierre MILLE alla faire le reportage de l'inauguration du chemin de fer des Cataractes et il en ramena un livre (3). En 1905, il publia dans les Cahiers de la Quinzaine, collection dirigée par Charles PEGUY, "le Congo léopoldien", avec une préface de MOREL (4). Ce livre est très important pour nous, car il est à l'origine de toute la campagne anticongolaise de René CLAPAREDE.
1) Pierre MILLE. 1864-1941, journaliste et romancier français, correspondant du Journal des Débats pendant la guerre gréco turque (1897) et du !emps pendant Ïa Grande Guerre. Très -ironique. (Larousse du XXme s.)
2) Mr. Félicien CHALLEYE, agrégé en philosophie, ancien membre de la Mission Brazza, à qui j'avais écrit, m'a très aimablement répondu pour me confirmer son active participation aux ligues anticongolaises internationale et française.
3) Pierre MILLE: Au Congo belge, Paris 1899. 4) MILLE avait fait la connaissance de MOREL en 1890 au cours
d'une campagne qu'ils menèrent tous deux dans le "Temps", à propos de l'installation dans le Das-Niger, d'une compagnie anglaise la "Nigeria" qui menaçait les intérêts du Haut-Niger. MOREL n'hésita pas à prendre parti contre l'Angleterre. Une amitié se noua et MILLE suivit tout naturellement la campa~ne de MOREL dans un sujet qui l'avait toujours intéressé. (La Gazette, 13 décembre 1906).
~NM C L A PAR EDE
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3. René CLAP AREDE.
ctest, en effet, la lecture de cet ouvrage qui révéla à CLAPAREDE tout le problème du Congo:
"Indirectement, cfest à PEGUY que je dois le privilège d'avoir connu MOREL. Sans le 6me cahier de la 7ème série, dimanche 28 novembre 1905 : P. MILLE, "Le Congo léopoldien", avec préface de E.D. MOREL : nA M. Pierre MILLE, aux Cahiers de la Quinzaine", qui donc en France ou en Suisse, edt jamais pu se rendre compte de la portée de cette collection unique d'oeuvres de beauté, de vérité et de justice, ouvrant ce cahier par un mot d'introduction qui nous montre en quoi M. PEGUY fut essentiellement un prophète françai sn. (1).
Il est nécessaire de présenter en détail la personnalité de CLAPAREDE avant de le suivre dans la formation de la Ligue Suisse, car toute la campagne anticongolaise en Suisse a son origine, sa raison d'être et sa fin en CLAPAHEDE.
René CLAPAREDE est né à Genève en 1862, dtune famille huguenote originaire des Cévennes et ayant émigré à Genève à la révocation de l'Edit de Nantes. Les CLAPAREDE de Genève, commerçants à l'origine, se caractérisaient par leur simplici"té d'existence et leur générosité de coeur. Dans leur descendance, on relève de nombreux syndics, pasteurs et médecins. René était le fils de Théodore CLAPAREDE, historien d.u protestantisme français, et le frère d'Edouard CLAPAREDE, le psychologue célèbre, fondateur de
1) Papiers privés de René CLAPAREDE.
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l'Institut Je&n-Jacques ROUSSEAU à Genève. Son cousin germain, Alfred CLAPAREDE, fut un diplomate fort apprécié, Ministre de Suisse à Washington, à Vienne et à Eerlin.
Après des études à la Faculté des Lettres des Universités de Genève et de Paris, CLAPAREDE fréquenta les HautesEtudes à Paris. Il fit ensuite des voyages d'étude ~u Japon, en Grèce, en Palestine, en Egypte. Publiciste, homme de lettres, il s'intéressa toujours aux questions sociales et, après des enquêtes dans les Universités américaines et anglaises, il institua à Genève, un mouvement en feveuI' de conférences aux ouvriers qui fut à l'origine de l'Université ouvrière de Genève. En 1905, il fut désigné par le Journal de Genève, comme envoyé spécial en Norvège, pour y feire une enquête lors de la séparation de ce pays d'avec la Suède. En 1906, il fit parattre un ouvrage à ce sujet : "La Norvège indépendé'.nte" (1).
Dilettante, amateur, intéressé à tout, réunissant des notes, penché sur tous les problèmes de l'humanité malheureuse, CLAPAREDE est le type parfait du philanthrope au grand coeur. Ses écrits nombreux témoignent d'un intérêt multiple, d'un travail constant, et ses papiers privés, renferment des trésors amassés au cours de recherches patientes et fructueuses.
A part le Congo, CLAPAREDE se pencha sur le sort des Maoédoniens, des Egyptiens, des Ukrainiens, des Monténégrins, des Arméniens et des Iroquois. Co-fondateur du B.I. D.I. (Bureau International pour la Défense des Indigènes) en 1913, il fut l'initiateur, en 1916, du Comité suisse du droit des peuples; en 1920, il présida à Genève la Conférence in-
1) Dict. Suisse des' Contemporains, T. I. Berne 1926 - Dict. Rist. et biographique suisse • T. 2. 1924.
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ternationale de l'U.D.C. (Union of democratic control) à laquelle il s'était intéressé dès Itorigine, avec MOREL. La m~me année, il fonda le Bureau International pour la Défense du Droit des Peuples. En 1923, il présida la Ligue Internationale pour la Défense des Indigènes, ainsi que le B.I.D.I. qui en était 1 f organe exécutif. C" est en février 1928 que René,-·· CLAPAREDE mourut.
Cette rapide énumération des activités de CLAPAREDE permet de se rendre compte de l 'homme et de Si.' personnalité et, connaissant ses intérêts multiples, nous comprenons mieux l'emballement qui 11a saisi pour la question congolai~e et Itexaltation qui dicta ses livres et articles à ce sujet, lui fermant les yeux sur toute logique, ne voyant que les malheurs d'une r~ce opprimée; activité correspondant très bien à la personnalité de ce lutteur infatigable, toujours prêt à intervenir pour dévoiler et combattre les iniQuités.
4. La Ligue Suisse 1908.
Le manque de documents ne nous permet pas de suivre CLAPAREDE avec exactitude depuis le moment où il a lu le livre de Pierre MILLE jusqu'à la fondation de la Ligue (1).
1) Grâce à des lettres de MILLE à CLAPAREDE, à la brochure du journaliste PUBS-AMORE "Le Congo Belge, Al~ion et la r~fle des intérêts privés", 190â, et a un article de "La Gazêfte" le 13 décembre 1906, j'ai pu reconstituer les tentatives qui aboutirent à la fondation de la Ligue.
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Frappé par sa lecture, CLAPAREDE partit pour Paris pour rencontrer MILLE; et il semble que, dès ce moment-là, ils aient discuté de la formation d'une Ligue anticongolaise, et que CLAPAREDE en ait eu l'idée (1).
C'est le 10 décembre 1906 quteut lieu dans les bureaux du journal parisien" Le Courrier européen", la première tentative de constitution d'une Ligue pour la défense des ibd1gènes "du Congo. Un bureau provisoire, composé de MILLE,' alors rédacteur au "Temps", CHALLAYE et Louis DUMUR (2), directeur du "Courrier européen", avait déjà reçu de_nombreu.ses adhésions, dont celles de Sully PRUD'HOMME, Yves GUYOT, ancien ministre, Mathias MORHARDT, secrétaire général de la Ligue des droits de l'homme, etc. etc; parmi l'assistance, on remarquait MM.: Paul VIOLLET, co~laborateur au "Correspondant", revue catholique; MONET, ancien gouverneur des Colonies, quelques professeurs à la Sorbonne, "et enfin, René CLAPAREDE. A cette séance, MILLE et CHALLAYE, après avoir exposé les abus au Congo français et belge, concluaient sur la nécessité d'organiser un contrOle international sur le Congo. Pour cela, il faudrait une Conférence diplomatique et c'est dans le but d'amener l'opinion publique à faire pression sur le gouvernement français que s'est constituée une Ligue pour défendre les indigènes au Congo (3).
1) P.P. Lettre de MILLE à CLAPAREDE, 5 décembre 1906 : "Vous avez été le sel de la terre et sans vous, je ne sais si la C.R.A. (MILLE entendait certainement la branche continentale de la C.R.A.) aurait pu jamais nattre. Tandis que maintenant j'ai bon espoir".
2) Louis DUMUR, 1863-1933, écrivain genevois, établi à Paris, romancier de l'école n&turaliste, ses oeuvres combatives témoignuient d'une antipathie féroce contre les Allemands. Fervent disciple de J.J. ROUSSEAU, auteur de Nach Paris, Le boucher de Verdun, Les Défaitistes, ses oeuvres décha!naient par leur violence, de nombreuses polémiques.
3) ~azette 1906, 13 décembre.
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MILLE avait laissé entendre que l'on pourrait compter sur l'aide de la C.R.A; Ceci provoqua l'intervention de VIOLLET, à qui les intentions de la C.R.A. ne paraissaient pas très desintéressées et après avoir signalé les abus anglais da~~ le Niger t il proposa que puisque la Ligue se plaçait sur le terrain de l'Acte de Berlin, il n'y avait aucune raison qu'elle négligeât le Bassin du Niger auquel s'applique également l'Acte de Berlin. La Ligue tut alors baptisée "Ligue pour la Défense des indigènes dans les bassins conventionnels du Congo et du Niger."
Cette première Ligue s'éteignit tout de suite et cela à cause de la proposition VIOLLET d'ajouter le Niger, ce qui ne plus pas à MOREL (1).
Ce premier échec ne découragea pas pour autant nos ardents anti-léopoldiens, car le 30 janvier 1908, eut lieu une nouvelle réunion d'un certain nombre d'écrivains et d'hommes politiques pour jeter les bases d'une nouvelle association se rapportant au Congo (2). Cette association était destinée à recevoir des adhésions de tous les pays, mais elle favorisait, là où le nombre d 1 adhérents le rendait possible, la constitution de ligues nationales. MILLE était le président de la Ligue Internationale.
La première Ligue Nationale fut la branche française fondée en février 1908, qui avec un Oomité différent, émanait
1) FUSS-AMORE "Le Congo Belge" ••• pp. 16-17; •• Cette op~n~on d'l1t\, journaliste hostile à MILLE et à MOREL est confirmée par une lettre de MILLE à OLAPAREDE du 7 décembre 1907. P.P. "MOREL mta écrit dans le même sens qu'à vous. Mais ctes~e chose qui s'arrangera, entre honnêtes gens, on finit toujours par s'arranger. D'une part, la convention régit en effet les deux bassins. Je ne crois pas que ceci oblige une seconde conférence qui se réunirait sur le Oongo, à évoquer en même temps la question du Niger tt •
2) Courrier Européen, 10.11. 1908.
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des mêmes personnes. Son président d'honneur était •.• Anatole FRANCE, le président effectif CHALLAYE. Ses membres recevaient les bulletins trimestriels publiés par la Ligue Internationale.
Pendant ce temps, CLAPAREDE préparait en Suisse une section nationale et,en même temps, collaborait au Bulletin trimestriel (1). Dans une lettre à Louis DUMUR (2), CLAPAREDE écrit: "J'avance très lentement dans l'élaboration de ma section suisse, mais l'horizon assez vaporeux se dégage, et je me rends de mieux en mieux compte de la nature du terrain où je marche".
Ses efforts aboutirent puisque le 1er jullet 1908, eut lieu à Genève la séance constitutive de la Ligue Suisse pour la Défense des Indigènes dans le bassin conventionnel du Congo.
Le Bureau fut formé avec CLAPAREDE comme président, H. BHRIST-SOCIN (3), Berthold VAN MUYDEN (4), Otto de DARDEL(5)
f'
1) P.P. Lettre de P. MILLE à R. CLAPAREDE. 3 février 1908 : "J'ai lu hier votre article qui est excellent. II faudra nous entendre pour "faire" chacun un bout de ce Congo Belge dans le Bull. de la Ligue; et je crois que ce que j1aurais de mieux à faire pour ma part, c'est de vous présenter, de dire avec quel élan, quel succès, vous vous êtes jeté dans la lutte. Il sera nécessaire de votre côté, que vous disiez à quels résultats vous êtes arrivés en Suisse".
2) P.P. R. CLAPAREDE à L. DUMOR, 14.111.1908. ~) Hermann CHRIST-SOCIN: 1833-1923. Bâlois. Docteur en droit
et en philosophie. Avocat, membre de la Cour d'Appel, grand botaniste, directeur de l'Académie internationale de géographie botanique en 1907, vice-président de la Société des Mis-
sions de Bâle. Dict. hist. et biogr. suisse. T.II. p. 514. 4) Berthold van MUYDEN : 1852-1912. Lausannois. Avocat. Député
au Grand Gonseil. Syndic de Lausanne en 1890 et de 1901 à 1907. P;rétsident .de la Société,. d tnistoire de Suisse Romande. Dlct. hlS • et bloEr. SUlsse. 1. V:J2... 69.
5) o"tto-ëIë-lJA'"RDEL: l8"54-:;-{après 19""u ?). Rédacteur de la " Suisse Libérale" 1894-1906. Député au Grand Gonseil(Neuchâtel) 1898-1907. Conseiller National dès 1915. Dict. hist. et biogr. suisse. T. II. p. 634.
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comme vice-présidente. Le secrétaire était Albert WUARIN (1 0
et le trésorier, Henri FATIO, banquier à Genève.
Le groupe d'initiative (2) était formé de 3~ membres, de divers cantons de la Suisse romande, des pasteurs, des avocats, des professeurs d'université, des hommes politiques et deux banquiers. Ctétait donc un milieu avant tout universitaire et religieux, la finance n'étant qu'à peine représentée.
Dans son discours d'ouverture CLAPAREDE, après avoir expliqué le but de la Ligue : mettre un terme à des traitements inhumains qui déshonorent l'Europe toute entière, fa~t l'historique des différentes ligues et en arrive à la fond~tion de la Ligue Suisse :
" Ici s'impose immédiatement une réponse à une objection. Cette objection consiste à dire : vous fondez une ligue de protection des indigènes à la veille du jour où la Belgique va s'annexer le Congo et réformer l'administration léopoldienne; vous arrivez tant soit peu, nous a-t-on dit, d'une façon familière, mais expressive "comme la moutarde après diner". Cette objection ne résiste pas à la réflexion. Que l'E.I.C. devienne ou non colonie belge, le Bassin 'du Congo, avec les i~enses territoires Qui le composent et appartiennent à diverses puissances, n'en restera pas moins grevé de servitudes internationales inscrites à l'Acte de Berlin. Ces servitudes ont été violées ces seize dernières années par une administration composée -officieusement- d'une majorité de Belges.
1) Albert WUARIN : 1879 - Genevois. Docteur en droit et avocat. 1922-1929 : Arbitre entre Gr~ce et Bulgarie et Grèce et Autriche pour l'exécution des Traités de Neuilly et de St. Germain. Dict. hist. et biogr. suisse. 1. VII. p. 380.
2) Voir la liste annexe N° 5.
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~st-ce à dire que du moment que cette administration deviendra - officiellement - belge, les modifications que 110n réolame se produiront comme par enchantem~nt ? Loin de là hélas Non seulement les garanties sérieuses de réformes font défaut au traité de transfert, et oU projet de la loi coloniale portés devant la Chambre Belge, mais encore rien ne dit que le personnel administratif doive être changé de fond en comble. Comme Suisses, nous avons un intérêt plus direct encore à servir de très près cette question : il est notoire que IVE.I.C. recrute des agents dans notre pays, notamment dans le Jura neuchetelois (1).11 est d'un devoir pressant d'avertir les familles trompées par des rapports fallacieux des dangers physiques et moraux que courent les jeunes gens ainsi recrutés". (2) .. Après avoir encore insisté sur le rôle que la Suisse, pays s~ns colonie, peut jouer dans cette campagne, OLAPARED~ oonclut en insistant sur la nécessité dtune grande campagne à ce sujet et émet l'espoir que la Ligue fer~ du bon travail.
Ce long extrait du discours de CLAPAREDE permet de juger d'abord de sa prose à 1& phrase facile, au vocabulaire fleuri et au style emphatique du début du siècle. On y trouve également les deux leitmotive de la campagne anticongolaise en Suisse: l'annexion a été mal faite et il faut absolument empêcher les Suisses de partir au Congo.
1) Nous retrouvons ici l'action de BOILLOT-ROBERT qui faisait du recruteillent surtout dans le Jura neuchâtelois.
2) Journal de Genève, 7 juillet 1908.
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Voyons maintenant quelles seront les activités de La Ligue av~nt d'examiner ses répercussions dans la presse et les milieux diplomatiques.
Il faut signaler avant tout que si la Ligue fut très active en Suisse, proportionnellement au nombre dthabitante et à l'agitation des autres pays européens, ce fut surtout grâce à son président CL~~AREDE et à son vice-président CHRIST-SOCIN. Ce sont ces deux hommes qui se chargèrent de répandre en Suisse, par des articles de journaux, des conférences, de nombreuses brochures, les atrocités congolaises.
Leur littérature est avant tout une littérature de combat, destinée à frapper les lecteurs et à les i~pre~sio~er. Dans un style imagé et réaliste, ils décrivent les horreurs du Congo (récits de mains coupées; d'otages, d'incendies de villages ••• ) publient des photos d'enfants sans mains ou d'adultes au pied coupé. Les sources de leurs écrits étaient les récits des missionnaires anglais et les articles de la C.R.A.
CLAPAREDE s'occupait de la Suisse romande et écrivait surtout dans le Journal de Genève.
CHRIST-SOCIN était chargé de la propagande en Suisse alémanique. Nous trouvons de ses articles dans le~und~journal officieux du gouTernement, les "Basler Nachrichten". un des
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premiers journaux à avoir parlé des atrocités congolaises en Suisse et dans les revues des Missions de Bâle dont il était vice-président. Il publie de nombreux articles dans le Ko1onial Rundschau (1) de Berlin.
La Ligue se fit connattre avant tout par la presse. La grande presse comme la petite presse locale, paroissiale, qui se montre par~ois plus féroce que tout autre vis-à-vis du Congo.
Au début de 1908, CLAPAREDE avait entrepris une tournée de conférences en Suisse romande pour "préparer le terrain". Ces conférences ont généralement fort impressionné le public romand et reçurent un bon accueil dans la presse (2).
La naissance de la Ligue, le 1er juillet 1908, est annoncée dans les journaux romands également (3).
La première manifestation rérieuse de la Ligue est un important appel (4) qui est reproduit dans différents journaux (5) au mois de septembre 1908 et qui relate en quelques colonnes les différentes tentatives faites pour intervenir en f~veur du Congo et la formation de la Ligue Suisse qui espère de nombreux adhérents. Plusieurs journaux du canton de Zurich et da petites villes de Suisse centrale ne publient qu ' un avis
1) Revue coloniale allemande éditée par Ernst VORSEN qui présida la ligue anticongolaise allemande née en 1910. Le but de la revue était la civilisation des noirs.
2) Gazette de Lausanne, Il.11.1908; Tribune de Genève 13.11.1908 Feuille d'avis de Neuchâtel 24.11.1908; Suisse Libérale (Neuchâtel) 27.11.1908 et 31.111.1908; Impartial (La Cha~ de Fonds 19.111.1908.
~) Journal de Genève 7.VII~08o Genevois 15.Vll.08; Signal de Genève Il.VII.08; Semeur Vaudois [Lausanne) 25.VII.08; Neuchâtelois (Cernier) 2.VI1.08; Le Messager (Montreux) 2.V1l.OU ~eu111e d'Avis de Neuchâtel 2.VII.08.
4) Voir cet appel en annexe nO 6. 5) Feuille d'Avis de Lausanne 12.1X.OS; Feuille du dimanche
(Chaux de Fonds) 13.1X.08; Suisse libérale 10.IX.OS.
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sur la Ligue. Mais la plus grande partie de 1& presse est touchée par la Ligue et se montre généralement favorable à ltinitiative genevoise ou bien tout simplement indifférente.
En novembre 1908, de nombreux journaux suisses allemands publient des articles de CHRIST-SOCIN, résument ses oonférences et annoncent la parution de son ouvrage "Das Schicksal des Kongo" (1). Cet intér@t marqué de la presse suisse pour le Congo fin 1908 est vraiment remarquable et est dÜ à la propagande de la Ligue, puisque même les plus petites ville~ sont au courant de ses activités (2).
5) suite ••••• Nouvelliste Vaudois (Lausanne) lO.IX.OS; Gazette de Lausanne lO.IX.08; Feuille d'Avis de Neuch~tel 15.IX.08i La Revue (Lausanne) 17.IX.08; Journal Religieux (Neuch~tel) 15.1X.08; Luzerner Tagblatt 19.IX.08; Basler Anzeiger 1.X.08; Basellandschaftlicher Volksfreund (Basel) 29.IX.08. Der Volksfreund. Flawil. 29.IX.08; Glarner Nachrichten Glaris. 'O.IX.08; Tagblatt der Stadt. St. Gall. 30.IX.08; Schweizer Handelscourier 2.X.08; Berner Tagblatt 3.X.08; Schaffhauser Intelligenzblatt 2.X.08; Neue Glarner Zeitung Glaris. 1.X.OS; Tagblatt der Landschaft. Liestal 1.X.08; Rorschacher Zeitung 1.X.OB; Anzeiger am Rhein-Diessenhofen 1.X.OB; Aargauer Tagblatt. Aarau. 1.X.OS; Basler Zeitung 4.X.OB; Berner Volksfreund. Burgdorf. 3.X.08; Tagblatt der Stadt. Thun 2.X.08; Luzerner Tagesanzeiger 8.X.08; Appenzeller Zeitung· Herisau. lO.X.OB; Emmenthaler Blatt. Langnau lO.X.OB; Christlicher Volksfreund. Zurich 24.X.08; Christlicher Volksbote. Basel. 7.X.OB; etc •••
1) Ouvrage qui par&1tra en français quelques mois plus tard avec "Les origines de l'E.I.C." par CLAPAREDE dans leur livre commun : "L'évolution d'un Etat PhilanthropigueV Genève 1909.
2) Schwyzer Zeitung 14.XI.08; Schaffhause~ Zeitung 16.XI.OSj Berner Volkszeitung .Herzogenbudhsee I4.XI.08; Gotthard Post Altdorf 14.XI.08j Christlicher Volksbote. Basel. IB.XI.08; Tagblatt der Landschaft. Basel 21.XI.08; Heues Winterthurer Tagblatt 27.XI.08; Zürcherische Freitagszeitung 27.XI.08; Tagblatt der Stad~. St. Gal1en 27.XI.08; Bas1er Zeitung 4.XII.08; Basler Nachrichten 5.XII.08; National Zeitung Ba1e 19.1.09 ••••• -t de nombreux journaux de BaIe et autres villes.
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Au mois de mars 1909, la Ligue a invité MOREL à
faire des conférences sur les crimes du Congo à Genève, Neuch~tel, Bâle et La Chaux de Fonds. Ces conférences ont du succè& parmi les membres de la Ligue et sont signalées dans quelques journaux (1).
C'est le 22 juin 1909 qu'a lieu la première assemblée générale de la Ligue à Genève. OLAPAREDE lit un long rapport (2) où il constate avec satisfaction que la Ligue a déjà 400 adhérents. Toute la Suisse occidentale a été touchée, la Suisse orientale pas du tout. Il résume les diffétentes activités de la Ligue en 1908-1909 : les conférences de CHRIST-SOCIN à B~le, de Daniel BERSOT (3), Albert WUARIN et CLAPAREDE dans les cantons de Genève et de Vaud. Après avoir constaté qu'il nt y a aucun progrès dans la situation du Congo, il termine en encourageant de nouvelles adhésions.
C'est à ce moment-là que sortit de presse le livre de CLAPAREDE et de CHRIST-SOCIN: "L'Evolution d'un Etat philanthropique". Ce livre était l'expreaton m~me de l'esprit de la Ligue, consignant toutes les critiques émises sur le Congo JUSQu'à ce jour, après une histoire de ses origines qui montrait le pasuage dtune Association philanthropique à une
1) Feuille d'Avis de Neuchâtel 6.111.09; Basler Nachrichten 14.III.09; L'Essor (Lausanne) 20.II1.09; Feuille d'AVis de Vevel 31.111.09; La Suisse Libérale 27.111.09; Gazette de Lausanne 27.111.09.
2) Bulletin de la Li ue la d fense des indig Congo. 1909. nO 5 p.
Li ue suisse our conventionnel du
3) Daniel BERSOT : 1873-1916. Neuchâtelois. Engagé à l'E.I.e. en 1898 pour trois ans. Il écrivit sur son séjour "Sous la chicote" 1909, où il critiquait 11 administration congolaise. Il devint rédacteur au journal "L'Express" de Genève> 1911.
et était privat-docent à l'Université de cette ville.
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société commerciale sans scrupule. Ce livre èst très bien accueilli dans la presse suisse qui en fait les plus grands élo
ges. (1)
Un second"appel"de la Ligue en faveur des indigènes est lancé fin 1909, qui reçoit une aussi forte propagande que le premier et n'en diffère pas, si ce n'est pour dire que maintenant que Léopold II est mort, les réformes doivent avoir lieu et que l'activité des ~igues doit redoubler.
En 1910, la seconde assemblée générale a lieu à Neuchâtel le 17 novembre, avec comme "attraction" une conférence de Félicien CHALLAYE sur le Oongo français. Après cette seconde assemblée, la. Ligue lb.nce un petit avis dans les journaux pour rappeler ses efforts et ses buts.
ctest à Lausanne que se place la troisième assem-blée générale de la Ligue suisse sous la présidence de René CLAPAREDE. Le nombre d'adhérents s'élève à quelque 500 membres (2), mais ce n'est pas suffisant, c&r le côté financier est déplorable et il faut faire des économies ! CLAPAREDE reconnaît qu'il y a des progrès au Congo dans la situation des noirs, mais le maintien à leur poste des principaux fonctionnaires au Congo est blâmable. Une conférence du pasteur ANET, pasteur suisse s'occupant des missions du Congo, clôt la séance.
Ce n'est qu'en 1912 que sont publiés les statuts de la Ligue (3), soit quatre ans après sa fondation. Ces statuts, adoptés lors de l'Assemblée Oonstituante du 1er juillet
1) Basler Nachrichten S.IV.C9; Feuille du dimanche (Ohaux de Fonds) l.V.09; Echo vom Rheinfall, Schaffhouse 8.VI.09; Le Juta Bernois (St.Imier) 19.VII.09; Gazette de Lausanne 24. VIII.09; Journal de Ny~~ 6.IX.09; Heue Zdrcher Zeitung 22.X.09.
2) Voir liste des membres En annexe nO 7. 3) Voir ces statuts en annexe nO 8.
fO. _~ __ ._. ______ •••• __
1
.121 1921, itené CLlü? iLiŒDE a vS< i t in vit é Mme HARRIS, en tournée de conférences ~n Suisse,
avec 3 négresses, à survoler Genève en hydravion.
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1908, avaient été revisés par l'Assemblée Générale du 17 novembre 1910.
Le 7 mars 1913, la quatrième assemblée générale de La Ligue Suisse a lieu à Genève, sous la présidence de CLAPAREDE. Le rapport financier est de plus en plus pessimiste. On a dÜ prélever sur les cotisations payées à l'avance. On adopte une résolution tendant à l'é~argissement de l'action de la Ligue (l), en faveur des autres races de couleur et la "Ligue Suisse pour lô défense des indigènes du Congo" devient la "Ligue Suisse pour la défense des indigènes", et elle va se préoccuper désormais, des Indiens d'Amérique du Sud, des indigènes de llAngola, de Rhodésie, etc ••• Mme HARRIS (2) fait ensui te une conférence sur les Indiens du Putumayo. "Dans' Te"
cadre des activités de la Ligue, Mme HARRIS donne également des conférences à Lausanne, à Neuchâtel et à Bâle.
Mais on sent que l'activité de la Ligue se ralentit peu à peu. C'est le 9 mai 1914 qu'a lieu à Genève la cinquième et dernière assemblée générale. Après avoir rappelé le pressant besoin d'argent de la Ligue, CLAPAREDE parle de la situation des indigènes du Gongo belge, où elle ne s'améliore toujours pas, en Afrique occidentale portugaise, dans les Nouvelles Hébrides et en Amérique du Sud.
Pendant les années de guerre, la Ligue n'a plus de réunion, son bulletin ne paraît plus que deux fois par an et tra.ite surtout de la question de la guerre vis_à_vilù des indigènes. Dans les bulletins des années 1915 et 1916, CLAPAREDE prend vigoureusement la défense de MOREL, fort attaqué par la
1) Cette évolution est signalée dans la Heue Zürcher Zeitung 1.IV.1913; Bund 1.IV.1913; Gazette de Lausann~ ~.IV.l913; Semaine religieuse, Genève 29.111.191;; Emmenthaler NachFichten (MUnsingen) 3.IV.1913 •••
2) Missionnaire a.nglaise qui, avec son mari John HARRIS, sillonna l'Afrique et l'Amérique pour enquêter sur le sort des indigènes.
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presse alliée, co~ne pacifiste, et du consul CASEMENT qui avait signalé en 1904 les crimes au Congo, mais Qui fut pendu en Angleterre pour haute trahison.
En 1917, CHRIST-SOCIN se retire de lb Ligue, vu son grand âge. En 1918, un article du Bulletin fête les dix ans de la Ligue, il en rappelle les origines et le but et promet le. reprise de ses activités dès la fin de 12.. guerre.
Dans les Bulletins des années 1918 à 1920, nous remarquons que la LiGue périclite, les soutiens d'av~nt la guerre ont disparu, il n'y a plus d'argent. Une lettre de CHALLAYE à CLAPAREDE (1) met fin aux espoirs de celui-ci de faire repartir l~ Ligue avec l'anCienne équipe (OHALLAYE, MILLE, DUMUR etc •.• ) car MILLE refuse de participer à une oeuvre qui aurait n'importe quel lien &vec MOREL (2).
Le Bulletin de la Ligue pbratt encore jus~u'en 1924 puis il disparaît de la circulation, et c'est le fin de cette association, après seize anz de lutte pour la cause des inuigènes.
Avant de voir quelles furent les répercussions de
la Ligue, examinons l~, série de Bulletins qu'elle fit par&ttre.
1) Papiers privés. CHALLAYE à CLAPAREDE, 16 ~oat 1920.
2) A9rès une lettre du 15 octobre 1917 où MILLE dit clairement à CLAPAREDE ~ue MOREL a eu des relations avec l'ennemi et ~u'il ne veut plus rien avoir à fuire avec lui, la correspondance entre MILLE et CLAPAREDE est interrompue.
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A l'origine, la Ligue française, comme lEI Ligue suisse devaient recevoir le Bulletin trimestriel Que publiait la Ligue internationale (1). Il ne parut que trois Bulletins de lb" Ligue internationale. En effet, le 27 février 1909, MOREL,
MILLE, CHALLAYE, DUMUR et CLAPAREDE (2) s'étaient réunis à Paris. Sur la proposition de MOREL, ils remplacèrent la Li-gue internationale par un Comité intern2tional, composé de représentants des Ligues de tous les pays et dont le siège ét::ü t à Paris. CLAPAREDE .t'ut nommé secrétaire général de ce Comité.Ce Comité av&it un rôle consultatif et centralisa-teur; de cette nanière les Ligues nhtionales gardaient leur indépendance, ce qui ntétait pas le cas avec une Ligue interna~ionale supervisant des sections nationales.
Le Bulletin publié par la Ligue internationale prit le nom de ItBulletin de la Ligue française et de la Ligue suisse pour la défense des indigènes dans le Bassin conventionnel du Congo". Il exista sous ce nom jusqu'en 1914. Ce Bulletin était rédigé en même temps par la Ligue française et par la Ligùe Buisse. Les articles sont signés par CLAPAREDE, ChAlLAYE, CHRIST-SOCIN, MILLE et MOREL, et ont trait aux Oongo belge et français.
En même temps, paraissait en Suisse, d8ns le "Signal de Genève (3), tous les deux ou trois mois, une demipa~e réservée au "Bulletin suisse du Congo", qui s'occupait Jas &ctivités suisses relatives au Congo et des répercussions ~u'avait la Ligue dans l'opinion helvétique. Le "Signal de
1) CLAPAREDE et OHRIST-SOCIN : "L'évolution dt~~. EtLt philanthropique". pp. 298 et 299.
2) Eulletin de la Li ue fran aise et de la Li ue suisse pour la defense des indig nes. nO 4. janvier-avril 1909; p. II. - _.
j) Hebdomadaire genevois, "National, patriotique et indépendant" qui s'est toujours montré hostile au Congo.
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Genàve" pr@ta ses colonnes à la Ligue jusqu'à la fin de 1911.
A partir de 1912, la Ligue suisse publia un bulletin indépendant, en allemand et en français, le "Bulletin suisse du Congo". Le Bulletin des Ligues fran~aise et suisse est le "grand bulletin" par rapport au .Bulletin suisse. Celui-ci trimes~riel, est plus fréquent Que le grand bulletin qui, dès 1912, ne par0!t plus que deux fois par an. Le Bulletin suisse lui reprend Quelques articles de base, mais est plus local dans sa bibliographie et sa nécrologie. Dès 1913, aveo l'élargissement des objectifs ete la Ligue, il s·occupe des ques~ions indigènes du monde entier. En 1914, il se substitue au grand bulletin quLlne paratt plus à cause de la guerre, et c'est sous le nom de "Bulletin de la Ligue suisse pour 1& défense des indig~nes" ~util para!tra jusqu'en 1924.
Dans un carn$ d'adresses, trouvé p&rmi les papiers Pl'i vés de CLAPAREDE, j'ai pu relever la liste des membres à
qui la Ligue faisait parvenir ses bulletins (1). Cette liste nous permet de localiser e.pproximati vement 1 t action de la Ligue: sur 533 membres, il y a 15 personnes habitant l'étranger dont nous ne nous occuperons pas. Sur les 515 membres restant, il y a 150 Genevois, 116 Neuchatelois, 77 Vaudois, 63 Bâlois, 52 Bernois, 29 Zurichois. Les 32 autres membres se répartisseût entre lecl cantons d'Argovie, de Lucerne, de Soleure, des Grisons, d'Appenzell, de Schaffhouse, de st. Gall, de Thurgovie du Tessin, ue Glaris et dtUri.
1) Voir cette liste annexe nO 1.
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Il Y a donc une nette majorité de membres en Suisse romande, dans les cantons protestants de la Suisse romande, aucun membre ne venant des cantons de Fribourg ou du Valais, très oatholiques. Genève vient en tête; ce qui est normal puisque c'est le siège de la Ligue, puis vient Neuchâtel où l'~ctivité de Otto de DARDEL, vice-président de la Ligue, 8e~ble avoir été déterminante.
Les trois cantons allemands sont également uea cBntons protestants, sièges de grandes agglomérations et l'activité de CHRIST-SOCIR ~st déterminante également.
Toute la Suisse orientale ne fut presque pas touchée par 1& Ligue. Cela, parce que celle-ci, s'adressant à un oilieu de philanthropes et d'universitaires, tro~vait naturellement plus d'écho dans les grandes villes. Or t comme en Suisse, le centre de gravité de l'activité artistique, intellectuelle et économique se trouve à l'Ouest, alors qu'à l'Est, les villes sont plus petites, plus renfermées sur elles-mêmes, il est normal Que la Ligue ait recruté tous ses membres d&ns l~ Suisse occidentale.
Sur les 134 personnes dont CLAPAREDE mentionne la profession, nous trouvons 71 pasteurs, les 63 autres membres étant des médecins, des professeurs d'universités, des avocats, des journalistes etc •••
Le milieu auquel s'adresse la Ligue est donc un milieu surtout universitaire et protestant.
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Nous avons vu que, dans son ensemble, la presse suisse était favorable à l'action de la Ligue et l'appuyait m8me de sa propre initiative. On relève cependant quelq~es oppositions, qui, si elles ne sont pas très importantes, prouvent que la Ligue avait des répercussions dans l'opinion.
Lors des conférences que fit CLAPAREDE en Suisse romande au début de 1908, un lecteur du journal du Locle (1), envoie une protestation à ce journal, accusant CLAPAREDE d t 8-tre mal informé et de généraliser des faits isolés. Cette protestation est signée par les familles HUMBERT-DROZ, FEDERSPIEL, MEROZ, GAGNEBIN, FAVARGER etc ••• toutes ces familles ayant un parent établi au Congo. Ce n'est pas un pur hasard que cette protestation émane de la Suisse neuchâteloise : on y retrouve l'action BOILLOT-ROBERT.
L'annonce de la naissance de la Ligue est publiée sans commentair,e par le Mouvement géographique (2). De son cOté, l'Etoile Belge (3) publie un long article constatant que la Maison MOREL de Liverpool étend ses ramifications en Suisse. Les calmes Helvètes s'agitent à leur tour au sujet du Congo et le journal ne voit pas très bien la flotte helvétique apparaître sur les eaux congolaises et il espère que le bon sens naturel des Suisses les fera un peu réfléchir. Le Petit Bleu (4) annonce dans le m@me esprit la fondation de la Ligue Suisse : Les Suisses à la rescousse; MOREL vient de fonder une succursale en Suisse (5).
1) Journal du Locle 25.111.1908. 2) Mouvement géographique; 1908, p. 109 3) Etoile Belge, 13.IX.1908 4) Petit Bleu, 13.1X.1908 5) Ces deux journaux écrivaient sous l'influence des sommes que
leur versait le "Bureau de la Presse". Voir à ce sujet: le Patriote, 6.IX.190B, Journal de Genève, 19.XI.1908.
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En octobre 1908, un ancien ~gent suisse qui tra
vailla trois ans au Congo (1902 à 1905) Louis MONNEY, écrit dans le journal de Rolle (1) que la Ligue exagère ses récits d'horreur sur le Congo et qu'il y a beaucoup de choses à ad
mirer.
Un livre sur l'E.I.C. (2) parut à fin 1908, où un ancien agent de l'Etat prenait sa défense deva~Bs trop nombreuses attaques parues dans la pres~e suisse. FEDERSPIEL,
~ ~~
un Zurichois, avait passé dix ans au Congo, de 1898 à 1908, en qualité de capitaine, chef de zone 1ère classe. Il constate
que le noir ne travaille que lorsqu'il y est forcé. Il explique le système de l'impôt comme quelque chose de nécessaire pour l'entretien du pays. Et il proteste contre la légende qui court représentant tous les agents blancs du Congo comme des can,illes.
Cette tentative de réhabilitation du Congo passe presque inaperçue dans la presse (3). La Ligue en relève l'existence dans un article du Bulletin du Congo (4) intituIé': "Un Suisse qui n'a rien vu" •••
En 1909 on relève qu~lques articles suisses (5) hostiles à la Ligue, disant que ce n'est pas à la Suisse de se mêler du Congo, et qu'il faut se méfier des exagérations. Ces articles sont très peu nombreux en comparaison des écrits favorables à la Ligue.
1) Journal de Rolle, lO.X.1908. 2) Erwin FEDERSPIEL "Wie es im Kongostaat zugeht~ Zurich 1908. 3) Neues Winterthurer Tagblatt 30.XII.1908; Zuger Nachrichten
23.1.1909; Schweizerische Bürgerzeitung, Zurich 5.1.1909; Neue Zürcher Zeitung 28.VIII.1909; Luzerner Tagblatt 29.1. 1909; Der Wachter~ Frauenfeld 26.1.1909.
4) Signal de Genève 4.IX.1909. 5) Le Peuple (Porrentruy) 31.111.1909. Journal du Locle
24.1V.1909 - 21.1V.1909 - 3.V.1909.
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Le livre de CLAPAREDE et CHRIST-SOCIN, si bien accueilli dans la presse suisse, suscite les moqueries ae la Dép~che Coloniale (1), de Paris et de l'Indépendance belge (2), qui toutes deux s'étonnent du fait que la Suisse se mêle de cett. affaire, ce n'est vraiment pas sa ,place.
La campagne anticongolaise en Suisse a donné lieu à une proposition originale de la part d'un inconnu qui publia en 1909 une brochure (3) contenant une proposition pour la solution du problème du Congo par là Suisse. Voyant les nombreuses difficultés internationales que suscitait le Congo, l'auteur proposait de le confier à une petite puissance neutre: la Suisse. Ses qualités dt indépendance, d'honnêteté, de neutralité et de pays pacifique, garantissaient ce choix. Une révision de la constitution serait nécessaire pour que la Suisse devienne puissance coloniale, il faudrait créer une flotte de guerre, organiser une armée de volontaires pour la colonie etc ••• Les avantages qu'en retirerait la Suisse, seraient énormes au point de vue économique et financier. L'auteur préconise d'adopter le système hollandais comme système colonial.
Cette proposition utopique n'est relevée que par deux journaux (4).
En 1912, parut un ouvrage intéressant prenant la défense du Congo (5). Büchler était un ancien fonctionnaire de la justice de l'E.I.C. Dans la première partie de son livre,
1) Dépêche coloniale 4.V.1909. 2) L'Indépendance 17.IX.1909. 3)yorschlag zur Losung des Kongofrage durch die Schweiz. Berne 4)National Zeitung. Bâle 11.XII.1909; Oberlander Tagblatt 1909.
Thun L3.XII.1909. 5) Max BUCHLER "Der Kongostaat Leopolds II''.2 vol; Zurich 1912.
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il fait l'historique de la découverte du Congo. Il expose ensuite l'oeuvre de Li:OPOLD LI en soœ.lignant la participatien suisse et l'oeuvre de MOYNIER. Il passe en revue les différentes possibilités économiques du Cohgo. La seconde partie commence par une longue étude sur les indigènes et leurs possibilités. BUCHLER s'occupe ensuite de la littérature pro et anti-congolaise. Pour lui, le système léopoldien est défendable, car seule une organisation forte peut donner uhe bonne colonisation. Il ne faut pas regarder à son application. d'il y a eu des abus au Congo, lui-même, deux ans juge à Lusamba, n ' en a point constatés. De toute fa~on, l'oeuvre qu'ont accomplie les Belges est admirable et les écrivains "à tempérament", les pamphlétistes ont tort de la dénigrer.
Ce livre est intéressant, car il émane d'un Suisse qui a été au Congo et qui, sans exaltation, expose les faits tels qu'il les a vus.
Dans le Bulletin Suisse du Congo (1), CHRIST-SOCIN fait une sévère critique de cet ouvrage, accusant l'auteur d'~tre un disciple de MARX, car il présente le "pillage" du Congo comme un système d'exploitation nécessaire pour le bien de l'Etat.
Voyons maintenant ce que l'on pense de la Ligue dans les milieux diplomatiques.
1) Bulletin Suisse du Congo, 1913 - nO 2.
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En Suisse d'abord:
En octobre 1908, la Ligue avait envoyé au Président de la Confédération, une lettre le p~évenant des "crimes" l>.erpétré~ ~u Congo et lui signaltint l'existence d '1.gl_ b~reau,.
d'enrÔlement à Bruxelles, jetant avec profit ses filets en Suisse :
"O.est pourquoi, nous nous permettons de prier le Haut Conseil fédéral qui a la chsrge des Suisses émigrés, de publier une déclaration (un manifeste) attirant Itattention de notre jeunesse sur les divers dangers moraux, sociaux et pour leur santé, auxquels ils sont exposés au Gongo, et qui (le manifeste) les détourne si possible de l'émigration" (1).
Nullement ému par cet appel pressant, le'Département Politique le transmet au Oonsul général BOREL (2) à ~ux.ellest· en lui dem&ndant des détails sur le nombre·· de ..... Suisses engagés au Congo et si une intervention est nécessaire.
La réponse de BOREL, pleine de prudence et de réserve, est intéressante, car il a su pénétrer l'esprit de la Ligue et le Gouvernement fédéral suivit ses conseils, car plus jamais il ne s'occupa de cette question:
"Quant à la communication de la Ligue suisse, telle est mon opinion: il n'y a nul doute que les dirigeants de cette campagne en Suisse, personnalité~ disting~ées et d'une honorabilité indiscutée, aient été mus par une pensée
1) A.F. Schweizerische General Konsulat - Congo - Affaires d'Etats 1908 - 1909 - 1913. Ligue Suisse au Président de la Confédération, octobre 1908.
2) A.F. M~me dossier, Département Politique à BOREL, Berne 16 octobre 1908.
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à la ~ois désintéressée et généreuse, mais il est aisé de reconna1tre que, manquant de données personnelles, ils ont accepté sans réserves les dires des auteurs et soutiens du mouvement congolais en Angleterre. On retrouvera dans leur rapports. les expressions m~mes dont se servent les Anglais ••• "(l)
BOREL déconseille au Gouvernement ~édéral de publier un mani~este, le moment n'est vraiment pas opportun, puisque justement le Gouvernement belge fait des efforts pour améliorer la situation.
Du cOté suisse, les répercussions sont donc m1n1-mes, et ceci est assez étonnant si l'on considère l t agi-liation de la presse.
Pour la Belgique, c'est par les lettres de son Ministre à Berne, van den STEEN, au Ministre des Affaires Etrangères, que nous pouvons suivre les réflexions que suscita la Ligue (2).
Le 16 juillet 1908, van den STEEN apprend à DAVIGNON, Ministre des Affaires Etrangères (3), la formation de La Ligue Suisse. Après en avoir défini les buts, van den STEEN se livre à des réflexions peu aimables sur la personnalité de ses dirigeants et prétend mêille que CLAPAREDE est guidé par un intérêt financier et que la plupart des mem- -.., bres de la Ligue appartient au monde du commerce et de la finance (4).
1) A.F. Schweiz. Gen. Kons.- Congo - Affaires d'Etat, BOREL au Président de la Confédération. Bruxelles, 24 oct. 1908.
2: Les documents des Archives du Ministère des Affaires Etrangères n'ont pu être consultés que jusqufà la fin de 1908.
3) Jules DAVIGNON : 1854-1916. Docteur en droit. Sénateur en 1898, Député en 1900, Ministre des Affaires Etrangères de 1907 à 1915.
4) A.E. Congo 1ère sérieJ Vol. ~. van den STEEN à DAVIGNON, Berne 16 juillet 1908.
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Dans une lettre ultérieure (1), il remarque une nette méfiance vis-à-vis du Congo parmi les milieux politiques suisses, fruits de la campagne anticongolaise. Suivant les instructions de DAVIGNON, van den STEEN a distribué aux membres du Comité de la Ligue, la brochure "Belgique et Congo", parue par led soins du gouvernement belge. Cela, notet-il, n'a nullement modifié l'attitude de ces personnages, toute de parti-pris et de propagande (2).
Dans ses lettres suiv&ntes, Le Ministre de Belgique à Berne insiste sur le fait que la Ligue Suisse n'est que le mandataire de la Ligue anglaise et qu'elle s'abreuve dans la littérature de la C.R.A. pour ses conférences et ses écrits.
Nous voyons que, d'après l'opinion de BOREL et de van den STEEN, 1& campagne anticongolaise en Suisse n'est que la suite de celle d'Angleterre. Mais là où le diplomate belge se trompe totalement, c'est en insinuant que cette campagne a été provoquée par l'Angleterre et qu'elle est guidée par des intérêts financiers.
Cette campagne anticongolaise fut en effet, avant tout, l'oeuvre de René CLAPAREDE. C'est lui qui a eu l'initiative de la campagne en Suisse t sans connattre à ce momentlà MOREL. C'est donc en obéissant à des idées tout-à-fait humanitaires et envahi de pitié que CLAPAREDE s'est lancé tête baissée dans la lutte. C'est après avoir pris la décision de faire quelque chose en faveur des noirs, qu'il entra en contact avec MOREL. Il est également absolument exclu de voir
1) A.E. Oongo 1ère sériez Vol~ X.van den STEEN à DAVIGNON, Berne, 28 aoàt 1908.
2) M~me lettre.
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un intérêt financier quelcon~ue guider les membres de la Ligue, car si MOREL avait fait le succès de sa campagne en insistant sur la violation flagrante de la 1ibetté de commerce instituée p&.r l'Acte de Berlin (1), c·est sur le c8té humain, c'est sur les atrocités commises, que la Ligue insiste dans ses nombreux écrits. Ceci est essentiel pour en comprendre l'esprit.
L'accusation selon laquelle la Ligue s'abreuvait dans la littérature anticongolaise anglaise, est fond~e. Mais la Ligue ne s'en cachait absolument pas, et jamais elle ne prétendit avoir découvert ou publié quelque chose d'original sur le Congo.
CLAPAREDE cite toujours ses sources qui sont les oeuvres de MOREL, de Félicien CATTIER (2); du Père VERMEERSCH (3), etc ••• La Ligue suit avec le plus grand intérêt toutes les manifestations de la C.R.A., elle envoie CLAPAREDE à Londres lors d'une séance d'hommage à MOREL en 1911 (4), et lit avec délice toute la littérature congolaise d'Angleterre. L'acharnement avec lequel CLAPAREDE défendit MOREL pendant la guerre, est encore une preuve de l'attachement que vouait 1& Ligue Suisse à la Ligue Anglaise et surtout à son chef (5).
1) SEYMOUR COCKS, Ed. Morel. The man and his work, page 51. 2) F. CATTIER : Etude sur la situation de l'E.I.C. Bruxelles -
Paris, 1906. 3) A. VERMEERSCH : La question congolaise. Bruxelles 1906. 4) SEYMOUR COCKS : op. cit. p. 156. 5) Bulletin de la Ligqe suisse pour la déf~nse des indigènes.
1915. N° 2 - 1916 N° 1 - 1917 N° 1.
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Pour conclure, nous pouvons nous poser une question : La Ligue de OLAPAREDE a-t-elle eu des répercussions profondes? Non, car elle n'a pas empêché les Suisses de partir au Congo et elle n'e eu aucune influence sur le gouvernement fédéral. L'agitation qu'elle a créée, fut une agitation de surface, n'atteignant qu'une certaine couche de la population (milieu de philanthropes, d'universitaires, de pasteurs). Il n'y a pas eu un grand mouvement populaire comme elle en rêvait. Et cela, parce que la Ligue manquait de corps, elle voyageait dans le vide, sur des idées de philanthropie, au cun lien financier ou commercial ne lui valait l'attention des foule~ et c'est en général, un intérêt de cet ordre qui fait agir la masse. La Suisse n'avait aucun intérêt à s'occuper des noirs du Congo. Une campagne qui n'est pas basée sur cette chose essentielle peut être aussi active qu'elle veut, elle ne soulèvera que rarement des montagnes.
Le fait que la campagne n'atteignit que la partie protestante de la Suisse doit être lié au même phénomène que nous constatons en Angleterre et aux U.S.A. Sans vouloir en chercher les causes, nous pouvons dire que les plaintes venant de missionnaires protestants, il est normal qu'elles n'aient trouvé écho que dans les milieux protestants du continent. Mais quant à dire pourquoi les missionnaires protestants ont les premiers parlé dtatrocités du CongoJ(l), c'est plus difficile; et voir dans une rivalité entre deux reli-
1) Il s'agit de missionnaires isolés et non des sociétés missionnaires anglaises, comme l'a clairement démontré Melle Ruth SLADE, dans son article : "English missionaries and the beginning of the anti-congolese campaign in England;" R.B.P.H. 1955. pp. 37-73.
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gions (1), les or~g~nes de la campagne anticongolaise, serait trop simple. Toutefois, il faut tenir compte de cette hypothèse, de même que des intérêts commerciaux contrecarrés deo Anglais (2); et enfi? des incontestables sévices exercés sur la population noire.
En tout cas, pour la Suisse, nous pouvons rejeter dès l'abord, le thème dtun intérêt financier ou commercial quelconque, et nous incliner dev~nt l'ardeur et le désintéressement qui guida OLAPAREDE dans toute sa campagne en Suisse, et saluer dans ce défenseur inlassable des opprimés, ~~ type d'homme qui se fait de plus en plus rare, le philanthrope •
.. * *
1) Les protestants étant peut-être moins favorisés que les catholiques par une administration catholique, auraient exprimé leur mécontentement en révélant les abus de cette administration.
2) En effet, les difficultés rencontrées par les Anglais dans le domaine commercial, semblent avoir été un des éléments moteur de l'action britannique contre l'E.l.C.
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III. LES SUISSES ENGAGES PAR L'ETAT INDEPENDANT DU CONGO.
"Il nous vient d'Afrique une histoire des plus singuli.re : un agent suisse a ~té arrêt'; accusé par les indig.nes dtavoir fait tuer un nègre et de 11avoir mangé. L'agent nie, mais n'a pas de témoin eUTopéen pour prouver que ses d~négatians sont vr~ies. Il est à Sinkkasa, attendant d'être jugé~(l)
Ce macabre article de la Métropole laisse envisager avec une certaine inquiétude le déroulement de ce chapitre et permet d'émettre des doutes sur le comportement de mes compatriotes en Afrique. Heureusement, cet article n'a pas d'écho dans la presse et il est fort probable que cette histoire ne soit ~u'une pure invention. Nous verrons qu'en général les, Suisses ont joui d'une excellente réputIDtion au Congo et qu'ils y étaient mê~e très appréciés. Gomme preuve nous allons examiner maintenant la situation des Suisses partis au Congo et, quand il y a lieu, donner quelques détails biographiques sur les personnalités les plus marquantes.
Ava.nt de parler des Suisses partis au Congo à titre privé, disons quelques mots d.une mission officielle qui fut confiée à un citoyen suisse par le gouvernement de ItE.I.C.
1) La Métropole 16 mars 1905.
- 101.-
A. LE DOCTEUR DE SCHUMACHER.
En 1904, Léopold II,harcelé par la campagne anticongolaise et par les interventions diplomatiques du gouvernement de Lon~res,se décida à envoyer une commission d'enquête au Oongo.
La parution du rapport du Consul anglais à Boma, CASEMENT (1) en février 1904 avait porté un coup très rude à
ltadministration de IfE.I.C. CASEMENT avait été chargé de mener une enquête au Gongo, à la suite d'une interpellation de sir Herbert SAMUEL aux Communes en 1903. Son rapport, publié par le gouvernement anglais dans un livre blanc (2), traçait une image très défavorable de la situation en E.l.C., et accusait l'administration congolaise de nombreux abus. Si ce rapport fit sensation er. ~ngleterre, il crée une impression de
malaise chez le gouvernement de l'E.I.'V}. qui, dons sa réponse au gouvernement anglais, parla d·une enquête éventuelle au Congo
, ~~. ,., ~ ...
pour prouver la fausseté des dires du consul. Le gouvernement anglais s'empara de cette idée d'enquête et il préconise la formation d'une commission dtenqu~te dont les membres seraient étrangers à l'administration congolaise (,).
La constitution de la C.R.A. en mars 1904, le ton plus pressant des orateurs à la Chambre des Commune~ en juin 1904, montrèrent à Léopold II la nécessité impérieuse d'une enquête, et p~r le décret du 23 juillet 1904, il nomma les trois commissaires choisis. Il s'agissait de Edmond JANSSENS, avocat général à 1& Oour de Cassation de Bruxelles; du Baron NISCO, ItEtlien, président ad interi!D. du Tribuha.l d'appel de Boma, et
1) CASEMENT, après cette mission au Gongo, :fut chargé en 1910 d'une enquête du même genre au Pérou. Promu chevalier, il fut pendu pendant la guerre pour haute trahison. Il jouissait en 1904 d'une haute estime en Angleterre.
32) ~~ITE BOOK, série AFRICA 1904 nO 1.
) J. STENGERS : Rôle de la Commission d'enquête - Annuaire de l'Institut de phil. et d'hist. orientales. T. 10, 1950 p.710.
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du Dr. de SCHU~~CHER, conseiller d'Etat, chef du Département de la Justice du canton de Lucerne. Ce choix répond&it au désir anglais dtune enquête à caractère international.
"Le choix du roi Souverain fut accueilli avec une vive satisfaction. La personnalité des trois commissaires enquêteurs était un sar garant de l'impartialité absolue de Itenquête", note Félicien CATTIER (1).
Le choix d'un Belge s'imposait pour intéresser l'opinion belge d'une manière directe à l'E.I.C. Quant au baron NISCO, l'impartialité dans ses jugements à l'égard des indigènes lui avait attiré les sympathies de l'Angleterre (2) et il était également fort apprécié du côté de l'E.I.C.
Le troisième commissaire était le Dr E. de SCHUMACHER de Lucerne. Edmond de SCHUMACHER (3) était né à Naples le 12 BOQ,t 1859. Son père, Félix de SCHUMACHER, avait fait carrière dans l'armée; au service du roi de Naples dès 1848, il fut nommé général à l'Etat-Major général en 1860. Edmond, après des études de droit à Lucerne, fut nommé chancelier d'Etat en 1886, conseiller d'Etat en 1888, et en 1895, il devint député de Lucerne au Conseil des Etats de la Confédération helvétique. Revenu à Lucerne aprés l'enquête au Gongo, il y mourut le 30 aodt 1908.
Pourquoi le gouvernement de l'E.I.C. a-t-il choisi Ed. de SCHUMACHER? (4). Un petit article du Mouvement géographique (5), nous apprend que le gouvernement de l'E.I.C. a
1) F. CATTIER : Etude sur la situation de l'E.I.C. p. 10 2) J. StENGERS : opus cité p. 712 note 2 3) da SCHUMACHER : Dict 2 hist. et biog. Suisse T. VI p. 87 4) Toutes les négociations à ce sujet ont da se faire par des
lettres privées, car je n'ai trouvé aucune allusion de la mission confiée à de SCHUMACHER, ~ue ce soit en Suisse, ou en Belgique.
5) Mouvement géographique 1904, ~. 357.
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institué une Commission d'enquête pour le Congo, qui sera composée de Bd. JANSSENS, du Baron NISCO et d'un troisième commissaire, un Suisse ou un Norvégien. Ainsi, après avoir hésité entre deux nationülités, l'E.I.C •. se décida pour un magistrat suisse. Pourquoi?
Comme le dit V. DEVAUX (1), au point de vue international, "la présence dans cette commission dtun Suisse sans aucune attache avec le gouvernement congolais, était une garantie de le sincérité de l'E.I.C. et de l'impartialité de l'enqu~te. La Suisse ne nourrissait aucune ambition coloniale et d'autre part la réputation de loyauté et dtaustère honnêteté jointe au sens réaliste des nécessités sociales et politiques des hommes dtétat de ce pays démocratique, était universellement connue, particulièrement en Angleterre".
L'image déjà cent fois répétée de la réputation d1honnêteté et d'impartialité, de justice et de sécurité que présente la Suisse aux yeux des autres puissances, a certainement joué en faveur du choix d'une personnalité suisse pour enquêter au Congo. Mais il y a certainement autre chose qui a eu un rôle ici.
Un article du Bund (2) fait part du départ de la Commission d'enquête et d'une plainte adressée par la C.R.A~ au gouvernement anglais du fait que deux Belges et un Suisse, ami du Roi, font partie de cette Commission. Cette affirmation semble avoir eu cours déjà auparavant, car le m@me journal (3) nous explique, quelques jours plus tOt, les relations existant entre la Belgique et les de SCHUMACHER : le père du commissaire, général au service du roi de Naples, fut envoyé en mission
1) V. DEVAUX, Notice sur de Schumacher - Biographie Coloniale Tome III. octobre 1951.
2) BUND 26/27 septembre 1904 3) BUND 23 septembre 1904.
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officielle en Belgique, pour y commander des armes. En Belgique, il fit la connaissance de la fille d'un grand industriel belge qu'il épousa:
"Es iat deshalb nicht ganz richtig wenn gesagt wurde, der Konig der Belgier habe einem Freunden den Vorsitz in der Kongo-Kommission anvertraut~ (1)
Le fait d'avoir une mère belge n'explique pas le choix de SCHUMACHER, mais il n'était pas un inconnu pour le Roi, et cela d'autant plus que son frère Félix de SCHUMACHER (2)
fut consul de Belgique à Lucerne de 1890 à 1908. Cela constituait un lien de plus et les qualités de de SCHUMACHER en temps que juriste, ainsi que les hautes fonctions qutil occupait dans son paya, étaient une garantie pour l'E.I.C.
Le choix de de SCHUMACHER fut bien accueilli dans la presse suisse (3) qui se sentait flattée de la mission de haute confiance échue à un concitoyen. En Belgique on approuva également ce choix (4).
Pour le déroulement de l'enquête, le Roi laissait aux commissaires toute leur liberté et leur autonomie. Ils agissaient collectivement ou individuellement. En plus de son rÔle d'information, la commission était à même de provoquer la répres sion immédiate des infractions qu'elle découvrirait. Partie
l') Le bruit courait en effet dans la presse suisse alémanique que Ed. de Schumacher avait été chargé de la présidence de la commission d'enquête (BUND 23 sept. et 26/27 sept. 1904 -Neue Zürcher Zeitung 24 sept. 1904).
2) Félix von SCHUMACHER : 1856-1916 - Conseiller d'Etat de Lucer ne, chef du Département des Travaux publics du canton dès 1908, Dict. hist. et giogr. suisse. Tome VI p,87;
3) Journal de Genève 31-XII-1904; Neue Zürcher Zeitung 24 IX 04; ~und 26727 IX 1904.
4) A.J. WAUTERS : Histoire politique du Congo p. 232 - Belgique Coloniale 1904, p. 398 - F. CATTIER : Etude de la situation de l'E.I.C. p. 10.
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d'Anvers le 15 septembre 1904, la commission arriva à Boma le 5 octobre. Elle travailla 4 mois et demi, pénétrant loin à
l'intérieur du Congo, entendant des centaines de dépositions, visitant le~ prisons, les stations, les hOpitaux. Rentrée en mars 1905, le résultat de son séjour fut le fameux "Rapport de la Commission d'Enquête dans les territoires de l'E.I.C." (1)
On connaît trop les conclusions de ce rapport, défavo rables à l'E.I.C., pour s'y arrêter. Voyons le rÔle qu(y a joué de SCHUMAOHER. Il est extrêmement difficile à définir, les documents m~nquant à ce sujet. Il semble pourtant avoir eu un rôle effacé, la rédaction du rapport ayant été avant tout l'oeuvre de JANSSENS, du baron NISCO et de Henri GREGOIRE, le secrétaire de la Commissi0n (2).
Le surnom donné par les indigènes semble confirmer l'impression de réserve et d'effacement que donne de SCHUMACHER "Pole-Pole" : celui qui s'avance doucement, sans bruit (3).
J'ai relevé deux lettres que de SCHUMACHER écrivit du Congo: l'une à la Métropole (4)j et l'autre, une lettre pri vée publiée dans le Bund (5). Ces deux lettres relatent les mêmes faits: de SCHUMACHER insiste sur les difficultés et les dangers auxquels la commission a été exposée durant l'enquête. Il raconte le voyage en commun des trois commissaires sur le Congo jusqutaux Stanley Falls, avec un escorte de 1.000 hommes, ce qui fut la partie la plus agré&ble du voyage. Arrivés là, les commissaires se sépar~rent, ayant partagé l'escorte, les vivres et les interprètes. La colonne de de SCHUMACHER s·enfonça vers le Sud-ouest à travers 13 forêt vierge et les marai~
1) Paru au Bulletin officiel de l'E.I.C. 1905 n'~ 9 - 10, p.135 à 285.
2) J. STENGERS : Le rôle de la Commission dtEnquête. Annuaire de l'Institut de philologie et d'histoire orientale, T. 10 1950 p. 715.
3) J. STENGERS : opus cité p. 702. 4) Résumée dans le "Mouvement Géogra12hique" 1905 p. 97. 5) Bund 14-11-1905.
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et victime des fourmis. Partout la colonne fut bien accueillie, après un premier mouvereent de défiance vis~à-vis de l'escorte des soldats. Les sauvages étaient confiants et leurs chefs tenaient à présenter toutes leurs femmes à l'''homme blanc". Lt un d·eux, heureux époux de 200 négresses, en offrit une à de SCHUMACHER. Il se vit obligé de refuser nmit Rücksicht auf die Gemahlin zu Hause". (1)
A ceté de cette pittoresque description de son voyage de SCHUMACHER ne se manifeste pas.
Une lettre de lui est encore publiée en 1906 dans l~ îJTribune Congolaise", où il répond à une demande de détails SUT
l'enquête au Congo que lui avait adressée le missionnaire John HARRIS. De SCHUMACHER regrette de ne pouvoir donner plus de renseignements sur l'enquête, mais tous les documents ayant été remis à l'administration congolaise, il ne dépendait plus de lui de les révéler :
"Quant aux réformes t j'espère que loyalement mises à
exécution, elles contribueront à améliorer le sort des pauvres noirs qui ont trouvé en vous et en votre mission les amis les plus dévoués. Il en sera ainsi surtout lorsque l'innovation peut-être la plus importante que nous avons proposée, l'indépendance de la magistrature vis-à-vis du gouvernement local, aura été acceptée comme nos autres propositions". (2)
Ayant eu un rôle modeste, sa personnalité restera mystérieuse jusqu 1 à la fin, car les causes de sa mort elle-même sont vagues : suicide (~) ? courte maladie (4) ? ou comme le dit CLAPAREDE, dans le premier appel de la Ligue, en citant
1) Bund 14 II 1905 2) Tribune Oongolaise 16 aoüt 1906 3) Comme l'a dit Henri GREGOIRE au professeur STENGERS. 4) .Min. A.E. Dossier personnel Félix de SCHUMACHER 1045.
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de SCHUMACffER parmi les trois commissaires : liCe dernier vient de mourir d'une maladie dont il avait contracté les germes au Congo! (1)
Si effacé que fut de SCHU~~CHER pendant l'enquête en E.I.C;, l'important pour nous est qu'un citoyen suisse ait été choisi par le gouvernement congolais pour représenter la justice européenne en Afrique et son nom s'ajoute à celui des hautes personnalités suisses auxquelles le Roi a eu recours pendant les périodes délicat~s de l'E.L.C.
*
* *
B. LES SUISSES ENGAGES PAR L' E.I.C.
Parmi les buts louables que la Ligue de CLAPAREDE s'était fixés, l'un d'eux mérite d'être placé en tête de cette seconde partie: la Ligue cherchait à dissuader les jeunes Suisses de s'engager au service d'une colonie esclavagiste. Y
avait-il donc un si grand nombre de Suisses travaillant au Congo à cette époque pour que cela inquiète la Ligue? C'est ce que je vais essayer de déterminer dans les lignes qui vont suivre, mais il est nécessaire de signaler qu'il n'existe aucun document précis à ce sujet et que les différentes listes consultées se contredisent, ou sont incomplètes. Aussi les
1) Appel en faveur des Indigènes du Congo dans la presse suisse, septembre 1908.
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conclusions n'auront-elles rien de définitif (1).
Jamais le gouvernement de l'E.I.C. ne fit de demande officielle au gouvernement fédéral en vue de recruter de la main d'oeuvre pour l'Afrique, comme il le fit en Italie (2).
Il Y eut quelques demandes officieuses transmises par les consuls de Suisse auprès de llE.I.e. Dans les premières années de son existence, l'E.I.C. attira très peu de Suisses, et RIVIER déconseill~it de tou~façon le dép~rt de ses compatriotes en Afrique, vu l'insalubrité du climat, l'encombrement des demandes d'eng~gement et le peu de possibilités qui s'offraient
1) Les documents consultés à ce sujet sont: Bulletin officiel de l'E.I.C. (1896 à 1909)
Annu&ire de l'E.I.C. 190~ à 1909 MIn. Colon. SPA 114, SPA Ill, SPA 280, SPA 179 à 193.
LOTAR, Les Suisses et l'E.I.C. Revue "Congo"1939 T. II N° ~ p. 241 à 251
M. BUCHLER, Das KONGObecken in Handelgeographischer Hins1cht
L~ Mouvement géographique (1884 à 1889 - 1899 - 1900 à 1910)
Tribune Congolaise (1906 - 1901 - 1908) Belgique coloniale 1897 Les rapports des cons~ls de Suisse ~uprès de ltE.I.C. dans les dossiers des Archives fédérales à Berne. Les noms des Suisses employés à la Compagnie du Chemin de fer du Gongo m'ont été aimablement communiqués par M. Berlaymont de la Bibliothèque de l' 0 T R A C O.
2) Voir à ce sujet la thèse de Melle L. HANIERI ft Les relations entre l'Etat Indépendant du Gongo et l'Italie", Bruxelles 1957 ..
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aux Suisses à ce momentlà (1).
En 1888, van EETVELDE f&it part à RIVIER (2) que , l'E.I.O. pour compléter son service sanitaire, fait appel au concours de médecins belges et étrangers et demande si le Suisse pourrait en fournir. Averti par RIVIER, le Département de If~ntérieur publie un avis à ce sujet dans deux re~es méd~~al~s, lt une en Suisse Dllemande, Itautre en Suisse française (3). Par~i la quinzaine de réponses qui ont été adressées à RIVIER p~r des médecins, celui-ci en sélectionne qUfêtre qu'il transmet à Van EETVELDE. Sur ces quatre médecins, l'E.I.C. en engage un seul (4).
Ainsi, malgré l'intérêt relatif que suscita l'avis de l'E.I.C., un seul candidnt a été engagé.
1) "Je ne puis, pour le moment du moins, Que déconseiller entièrement le départ de calons suisses pour le Congo, i~
ebt en effet admis généralement que le Bas-Congo, la seule . partie explorée jusqu'ici, est fort insalubre, et quant au Congo-Moyen, qu'on prétend plus sain, il me para!t de la dernière imprudence de se lancer dans l'aventure et sans des prévisions et des renseignements sars dans un pays encore inconnu". A.F. Konsulardienst - BrUssel vol. 2. Rapport de RIVIER sur lfE.I.C. 30 juin 1886.
"Plus encore que je ne l'avais fait l'année dernière, je d~is dissuader les jeunes gens qui veulen; s'expatrier de s'adresser à cet effet au gouvernement de l'E.I.C., celuici à la suite de diverses expériences fâcheuses a renoncé à peu près entièrement à employer des étrangers (c'est-àdire des non-Belges) et les rares places devenant vacantes sont maintenant, presque sans exception, accordées à des Belges t ••• H • A.F. D'pt. polit. Carton 561. Rapport de RIVIER sur l'E.I.C. 18 aoüt 1887.
2} A.F. Schweiz. Gen. Kans. Bruxelles Congo Médecins. VAN EETVELDE à RIVIER, Brux. 27 XII 1888.
3) A.F. Schweiz. Gen. Kons. Bruxelles Congo Médecins. Dépt. Intérieur à RIVIER - Berne 3.1.1889.
4) Il s'agit ou docteur VOURLOUD, voir p. 114
~ 110
En 1890, une lettre du Consulat Suisse auprès de l'E.I.C. (1) au Département des Affaires Etrangères à Berne,
reproduit un avis du "Mouvement Géographique" dans lequel le service de construction du Chemin de fer du Congo, à Matadi, réclame des ingénieurs et des conducteurs de travaux et enga~e des Suisses à répondre à cet appel; le consulat est prêt à donner les renseignements à ce sujet.
Cette tentative va-t-elle avoir d~ succès? Non, comme le note RIVIER dans son rapport des années 1891-1893, "nos compatriotes continuent à ne pas manifester un grand désir de faire connaissance avec 1 t Afrique centrale (2)" et il regrette que malgré ses efforts, aucun ingénieur suisse n'ait accepté les offres de la Compagnie du Chemin de fer.
Donc, jusqu'en 1893, l'E.I.C. a exercé très peu d'attraction sur les Suisses et ce manque d'enthousiasme va se continuer jusqu'aux environs de 1900.
Dans une lettre de 1893, le D6partement militaire suisse demdnde à RIVIER à Quelles conditions les officiers suisses pourraient entrer en qualité d'officiers dans les troupes de l'E.I.C. (3). La réponse de de GRELLE Rogier (4) à
RIVIER sur cette question ne formule aucune objection à ce que des Suisses entrent dans Itarmée congolaise, mais comme les cadres sont complets et que de nombreuses places sont
1) A.F. Dépt. polit. Carton 567. Consulat suisse au Dépt. des Affaires Etrangères. Brux. - ~ 1890.
2) A.F. Dépt. Polit. Carton 567. Repport de RIV~ER au Conseilseiller fédéral du Département des Affaires Etrangères. Brux. 10 VII 1893 •.
3) A.F. Schweiz. Gen. Kons. Bru_elles Congo Belge, Dépt; Affaires Etrangeres à RIVIER - Berne 28 XII 1893.
4) Après avoir représenté la Belgique au Portugal, de 1888 à 1891, il devint Seorétaire d'Etat ?Ux Affaires Etrangères de ItE.I.C. de 1891 à 1894.
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sont promises à des Belges, c'est à déconseiller (1).
Il est intéressant de remarquer que cette démarche émane d'un milieu officiel.
Encore en 1897, RIVIER note que les démarches faites par lui pour placer des Suisses au Congo ont eu peu de succès, soit que leurs exigences aient été trop grandes, soit qu1ils nfaient pas convenu à IfE.I.C. (2). D'après lui, quelques ingénieurs et mécaniciens ont été engagés sans passer par le consulat.
Mais, dès 1902, la situation change brusquement. Le nombre des Suisses établis au Congo monte en flèche, les demandes de renseignements affluent au consulat général; des noms suisses se lisent de plus en plus nombreux dans les listes de départ pour le Congo, le service de l'émigration suisse s'inquiète et dans une lettre à BOREL il s'informe du climat, des traitements, logements et gtiranties d'engagement pour les Suisses au Congo, car depuis quelque temps il est assailli de demandes de départ en Afrique (3).
Que se passe-t-il ? Il se fait tout simplement que nous retrouvons ici le consul de Belgique à Neuchâtel, BOILLOT-ROEERT et que nous voyons dans ce subit intérêt témoigné par les SuisseB pour le Congo, l'action directe de sa campegne de recrutement. La localisation géographique des noms
1) A.F. Schweiz. Gen. Gons. Brux. Congo belge - de GRELLE-Rogier à RIVIER 25 î 1894.
2) A.F. Konsulardienst BrUssel Vol. 2 - RaEEort de RIVIER, Brux. 10 juin 1897.
3) A.F. Schweiz. Gen. Kons. Bruxelles. Con o Affaires d'Etat. Dept. polit. Emigration BOREL. Berne 10.111.190 •
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des citoyens helvétiques envoyés au Congo, indique que son influence s'exerça surtout dans le canton de Neuchâtel et que par ses petites annonces pleines de promesses il avait alléché bon nombre de Suisses (1).
D'après les statistiques (2), c'est en 1907 que les Suisses furent les plus nombreux au Congo: 97. Leur nombre se maintint plus ou moins dans les années suivantes, mais en 1910, lors de l'Assemblée Générale de la Ligue Suisse à Neuchâtel,. CLAPAREDE remarque que le nombre de SuisseG au Congo, qui en 1909 slélevait encore à 90, a été réduit à 72 et il y voit une &ction directe de lB Ligue (3). C'est fort possible, vu la grande campagne de presse à laquelle la ligue se livrait.
Il est intéressant de noter ici une appréciation sur le travai~ des Suisses en E.I.C. : en 1906, BOREL écrit au Président de la Confédération que ItE.I.C. désirerait "voir s'accroître le nombre de ressortissants suisses. On m'en a fait le plus'grand éloge. Ils sont sérieux, vos compatriotes, me disait-on, débrouillards, honnêtes, ils ne maltraitent pas Itindigène; ~ls nlont pas peur de voir du pays (c'est dans la race) et leur besogne est généralement accomplie dans les délais et avec conscience". (4)
Nous voyons ainsi que si la participation suisse qu Congo ne fut pas très importante, elle fut pourtant appréciée du gouvernement de l'E.I.C.
1) Pour les détails de cette affeire, voir le chapitre consacré à BOILLOT-ROBERT, p. }l
2) Voir annexe nO 10 3) Compte-rendu de cette assemblée dans la Feuille d'Avis
de Neuch~t~~ du 18.11.1910. 4) A.F. Schweiz. Gen. Kans. Bruxelles-Congo, Affaires d'Etat,
BOREL au Prés. de la Oonfédération, Bruxelles 26.I. 1906.
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Quelles sont les professions occupées par les Suisses au Congo ?
ntaprès la liste publiée par LOTAR (1), qui groupe touo les Suisses engagés au Congo depuis sa fondation jusqu'en 1908, on totalise un nombre de 181 ressortissants suisses. Cette liste ne précise malheureusem.ent pa s l<-J date d' enga'g-ement de chaque agent en pBrticulier. Dans les Qossiers conHultés au !-1inistère des Colonies, j' ai retrouvé pour la plupart des personnes citées, leur temps de service, mais non la date exacte de leur arrivée en E.I.C.
En général les Suisses partent pour un terme de 3 ans, qu'ils renouvellent parfois, mais rares sont ceux qui s*établissent en Afrique comme colons.
Sur 181 agents, nous trouvons 127 fonctionnaires de l'administration, 21 de l'agriculture, 12 dans les travaux publiC~t 12 dans la force publique, 2 dans la marine, l prospecteur de mines (2).
Parmi les Suisses partis au Congo, quelques-uns ont été remarqués par l'administration, pour leur zèle et leur dévouement.
Le premier Suis~e Qui partit au Congo était un comte Max-Albert de POURTALES, "appartenant à l'une des f",milles les plus connues de la noblesse européenne" (3), était né à Neuchâtel en 1845. Destiné à la carrière militaire, il fut capitaine de.3 dragons dans l'armée allemande et en tant qu' a.ide de ca~p du general MAUTENFFEL, il participa aux campagnes de
--------------------1) Les Suisses et IfE.I.C., Revue "COngo" 1939. T. II. N° 3. p. 241-251. Voir annexe no 9.
2) J'~i pu ajouter à cette liste d'après les dossiers du Ministère des Colonies: 17 fonctionnaires de lfadministration, 6 de l'agriculture, l dans la force publique, 1 dans la marine et 2 dans les tré.lvaux pUblics.
,) Mouvement g60graphique 1884 p. 38 b.
114
1866 et de 1870. Intéressé par l'oeuvre de Léopold II, il s'engagea au service de l'A.I.C. en 1884 et fut nommé adjoint pour la station de Vivi (capitale de l'A.I.C. jusqu1en 1887).
En 1885 il devint chef de la station de Vivi. A la fin de cette année il fut chargé d'tune mission de contrôle des routes jusqu'au Stanley-Pool. Mais sa santé était atteinte, et il fut obligé de regagner la Suisse en 1886. Il mourut à Lausanne en 1933. Jusqu'en mai 1690, de POURTALES fut le seul Sui~se dont le nom figure sur la liste des of!.'iciers et f'onctionnaires partis ~u Congo (1).
Nous ayons vu qu'après une annonce porue dans deux revues médicales suisses, 1 seul candidat fut engagé par l'E.I.C. Il s'agit du docteur Paul VOURLOUD qui pratiqua son art pendant 4 termes successifs en E.I.C. IiJé dans le canton de Vaud en 1856, diplômé de l'Université de Genève, il partit le 11 mai 1890 en qualité de médecin 2me classe pour le BasCongo. En 1892 il fut nommé commissaire du district de Banana. Son te!me achevé il partit pour l'Europe pour revenir au Congo en 1896, en qU&lité de médecin 1ère classe. Malade, il rentra en Europe en 1897. De 1899 à 1902, revenu au Congo, il pratiqua à .Borna puis aux Falls, et à nouveau à Boma, où en 1903 il entamait son 4me terme, y assumant seul la visite et les traitements des indigènes et des européens, en même temps que la direction du service médical de toute la région. Malade, il rentra définitivement en Suisse fin 1903. Tout le monde appréciait à Boma sa gentillesse et son dévouement (2).
1) ~OTAR : Les Suisses et l'~.I!g.Revue "Congo U 1939 Tome II, nO 3 p., 241
A.J. WAUTERS : L'~.I.C. p. 25 ~ouvement Géographique 1884 p. 38 B Biographie Coloniale T.II p. 786.1. LOTAR et M. COOSEMANS 1945
2) Biographie Coloniale T. II p. 962 M. COOSEMANS 1949. LOTAR: Les Suisses et l'E.I.C. Revue ,"Congo" 1939 T.II nO 3 A.J. WAUTERS : L·E~I.C. p. 222 L. LEJEUNE: Le Vieux Congo p. 46 Bull. Association congolaise africaine de la Croix-Rouge,
juin 1902 p. 6. A part VOURLOUD, je n'ai pas trouvé d'autre médecin suisse engagé en E.I.C.; c'est après 1908 que quelques médecins suisses partirent au Congo Belge.
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Trois magistrats suisses furent engagés au Congo et il est nécessaire d'en parler vu leurs fonctions relativement importantes (1) :
Max BUCHLER, né à Winterthur en 1876, inscrit au barreau de Genève, partit en janvier 1~05 au Congo en ~ualité ~e substitut. Il exerça ses fonctions successivement à Boma et à Lusambo. Il rentra en Europe fin 1906. C'est lui qui écrivit "Der Kongostaat Leopolds II" e~ "Das Kongobecken in Handelgeographischer Hinsicht" o~ il analysait objectivement la situation de l'E.I.C.
Frédéric ERDRICH, né à Zurich en 1873, diplômé de l'université de Berne, s'embarqua le 20 aoat 190; pour le Congo en qualité de substitut du Procureur d'Etat. Il contracta un deuxième engagement en 1906, un troisième en 1909 et en-
... " .- ....
fin un quatrième en 1912, pour rentrer définitivement en Europe en 1914. Depuis 1909 il était titulaire du Tribunal de 1ère ins tance de Stanleyville.
Le troisième magistrat, Charles ALTORFER, partit en 1908 en qUâlité de Procureur d'Etat o De 1912 à 1916 il accompli t un second terme de service toujours en qual-i té de subs-
"' .,., titut du Procurer d'Etat près le Tribunal de 1ère instance de Stanleyville, puis de Coquilhatville.
Un jeune Bâlois, Jean-Jacques DAVID (2) (1871-1908), élève de Schwein Furth, entra en 1902 au servi~e de l'E.I.C. pour participer à une exploration du Ruwenzori-Ouest avec un ingénieur des mines belge. Il erra de longs mois dans l'Ituri et,premier blanc, il atteignit 1& hauteur de 5,000 m. dans les Montagnes de la Lune. Revenu en Europe de 1905 à 1906 pour préparer l'installation de mines de cuivre à Bamonga, il repartit vers Stanleyville en 1908, mais mourut à Lisala, à peine âgé de ~1 ans.
1) LOTAR : Les Suisses et l'E.I.C. Revue "Congo" 1939 T. II nOl 2) M. BUCHLER : Der Kongostaat Leopolds II, vol. II p. 396.
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Parmi les 13 Suisses engagés dans la force publique, deux ont pris part aux campagnes de la fin du siècle contre les bandes révoltées et s'y sont signalés pendant leur service:
Il s'agit de Alfred LARDY (1), capitaine de 1& Force pUblique et de Ernest de WECK (2), officier de la Force publiQue. Tous deux, après de nombreuses années dans l'armée suisse, s'engagèrent pour le Oongo et débarquèrent à Borna en juillet 1898. Désignés pour le district des Falls où la situation était très troublée, ils furent placés sous le commandement du major VAN GELE, successeur de DHANIS. Après avoir pris part à diverses expéditions, de WEOK succomba à la fièvre bilieuse en fé-, vrier 1899 et LARDY fut tué au cours d'un engagement à Sungula • • •
On peut également signaler le nom de quelques ressortissants suisses ayant joué un rôle dans les Travaux publics. Edouard PAGGI (3), avec un dipl~me de conducteur de travaux, trav;;;illa. de 1881 à 1886 aux travaux du canal de Panama, où il fut en rapport avec Bun&n-Varilla, puis il devint entrepreneur de travaux d'urbanisation à Buenos-Aires; il s 1 engagea ensuite à la Compagnie àe Chemin de fer, du èongo en qualité de chef de section en 1892. On le retrouve en 1903 secrétaire général de la C.C.F.C. à Matadi. Engagé ensuite par l'E.I.C., il est affecté au service de la marine du Haut Congo et en 1912 il est nommé directeur au service de la marine et de la navigation.
1) Â. LARDY: Neuchâtel 1859 - Sungala 1898. Biographie 0010-niale T.II p. 562.
M. OOOSEMANS 1949 - L. LEJt~NE : Vieux Congo, p. 160-F. MASOIN : Histoire de l'E.I.C., T. II p. 296 - J. MEYERS Le Rrix d'un empire pp. 212 --:219 - 222. Belgique Coloniale 1899 P. 20 - Mouvement géographique 1899 p. 22.
2) Ernest de WECK : Fribourg 1869 - Nyangwe 1899. Biographie coloniale T. III, p. 914. - Â. LACROIX 1950.
3) Edouard PAGGI : Besançon l86} - Paris 1926. Elevé en France -~~~~!~phi~ Coloniale i. III p. 665. - G. MOULAERT 1951.
117 -
Eugène JUNOn (1), après des études d'ingénieur constructeur à
Itunivers~té de Laus arme , s'engagea en 1902 au seryice d~ l1E, I.C. et fut affecté comme ingénieur-adjoint à la Compagnie de Chemin de fer du Congo supérieur aux Grands Lacs Africains. Il participa à 1& construction de la voie ferrée Stan1eyvi11ePonthierville. En 1906, chef de section 2me classe de la même compagnie, il mourut à Léopoldvi1le en juin 1906.
Wjlliam CHENUZ (2), également inÉ,énieur-co.astructeur de l'université de Lausanne, s'engagea en 1906 à l'E.I.C. et fut affecté à la construction du réseau du chemin de fer des Grands L~cs. Chef de section 2me classe en 1908, de 1ère classe en 1911, nous le retrouvons en 1923 ingénieur principal de la C.C.F.C. supérieur /:LUX Grends Lacs J.~fricé:.tins.
*
Nous avons ainsi examiné quelques aspects des relations entre l'E.I.C. et 1& Suisse. Si, dans aucun cas, les résultats ne furent positifs (les sociétés de Genève se sont éteintes, les propositions d'arbitraGe sont restées sans SUite), cela n'a pus empêché les rapports entre les deux pays de se resserrer et de se développer normalement jusqu'à nos jours.
1) E. JUNOn : ste Croix 1871 - Léopoldville 1906. BiOgra~hie C~niade T. II, p. 526 - A. LACRO~X, 1948 - Tribuneongo~aise l~ juillet 1906 p. l - Annua~re de l'E.I.C. 1906 p. 192.
2) W. CHENUZ : Montricher 1883 - Lausanne 1929. Biographie Ooloni3le T. II. p. 158. - A. LACROIX 1948. - Tribune Coneôlai~c 15 juin 1929 p. 3.
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A n n e x e N° l
GUS T A V E MOY NIE R :
n MES R E URE S D E T R A V AIL "
Chapitre IV - Civilisation de l'Afrique, pages 71-75.
Ayant été sollicité de faire partie de la Société de Géographie de Genève, j'en étais membre depuis longtemps, lorsque S.M. le Roi des Belges, s'enthousiasmant pour la civilisation de l'Afrique, envisagée sous tous les aspects, chercha à susciter la formation de groupes nationaux disposés à y travailler avec lui, déclarant qu'il les considérerait comme se rattachant à une société internationale qu'il présiderait pour veiller avant tout à rèxploration méthodique du continent noir. En 1877 il convoqua chez lui leurs délégués pour qu'ils se concertassent à cet égard.
La Société de Géographie de Genève dut y envoyer deux de ses membres et me désigna pour être à Bruxelles l'un de ses représentants à cette occasion, conjointement avec son président, quoique je ne fusse nullement un géographe de profession et qu'elle ne se fut pas encore avisée, ainsi qu'elle le fit plus tard, de songer à me mettre à sa tête. Nous passâmes de la sorte trois jours, comme hôtes de S.M. Léopold II, dans son palais où les délégués suisses n'eurent comme on pense, à jouer qu'un raIe effacé, ainsi que le prouve le rapport que je présentai à' notre société lors de notre retour.
J'étais pour ma part, un peu honteux d'assister à de longues séances de discussion à côté et sous la présidence de S.M. sans y prendre une part active.
Mais je me demandais pendant ce temps d'inaction relative si je ne pourrais pas concourir à seconder les
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explorateurs de divers pays, qui probablement suivraient l'impulsion donnée par le Roi, car l~ tâvhe qu'on allait faire sérieusement entreprendre par la race blanche, de dédommager la race noire du mépris dans lequel elle l'avait tenue pendant si longtemps et de la faire bénéficier des moyens dont diôposait la civilisation moderne pour améliorer Bon sort, me semblait des plus attrayantes et des plus conformes aux vues de la Providence.
Il me p&rut qu'il serait bon, par exemple, qu'un recueil périodique renseignât et éclairât sur toutes le& initiatives par lesquelles des groupes multiples s'efforceraient de dissiper à l'envi les ténèbres de l'Afrique. Aussi me mis-je promptement en état de réaliser cette idée. A peine de retour, j'engageai à mon service deux rédacteurs compétents MM. Charles Faure et William Rosier, avec lesquels, durant 15 ans, je publiai des livraisons mensuelles ornées de cartes sous le titre "l'Afrique explorée et civilisée". Ce trav~ ne prit fin que lorsque l'état maladif de mon principal collaborateur m'en fit une nécessité, après avoir embrassé une période pendant laquelle les découvertes furent plu~ nombreuses et aussi importantes que jamais.
D'autre part, dès que Stanley eut découvert le cours du Congo en descendant ce fleuve jusqu'à la mer, je pressenti. que la diplomatie estimerait nécessaire d'étudier le régime légal qu'il conviendrait de lui appliquer et j'engageai l'Institut de droit international à faire de même. Je lui présentai dans cette intention, pendant sa session de Munich, un mémoire détaillé concernant la flquestion du Congofl, mémoire sur lequel il ne se jugea pas assez renseigné pour oser se prononcer sé&nce tenante, mais auquel il attacha cependant une importance suffisante pour vouloir qu'il fat communiqué de sa part à tous les gouvernements.
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Puis, apprenant qu'une grande conférence officielle aTIait avoir à trancher à Berlin les diverses questions que j'avais traitées, je fis parvenir mon écrit à tous les membres de cette assemblée, qui en usèrent, me firent-ils savoir, dans une large mesure, ce dont je ne pus douter après avoir pris connaissance de leurs discussions.
Lorsque la situation se fut bien éclaircie, je trouvai opportun d'exposer, devant l'Institut de France, la manière correcte mais insolite dont s'était effectuée la fondation de l'E.I.C. du point de vue juridique.
De son cOté le gouvernement congolais, trouvant qu'il était conforme à ses intérêts d'être représenté auprès de la Sui~se par un consul général, daigna me proposer de m'investir de ces fonctions, auxquelles, après 10 ans d'exercice, je ne renonçai plus tard que vu mon âge avàncé, après ~~i! reçu un témoignage de satisfaction des autorités africaines avec lesquelles je m'étais trouvé en relations et avoir été spontanément invité par le Roi souveran à porter en souvenir de ma charge le titre de consul général honoraire."
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AFF AIR E BOl LLO T - ROB E R T
Copie d'une lettre de Baillot-Robert à la Commission de l'Enfance abandonnée à Genève. (1)
Neuchâtel, 16. II. 1903.
MOl1;i3ieur,
L'E.I.G. dispose en Afrique de quelques places pour employés de l'Administration générale; pour être admis il faut être suisse, célibataire, âgé de 21 ans à 35 ans et avoir subi avec succès un examen comportant dictées, compositions, règles d'intérêts simples. Le traitement varie de 1500.- à 2300.- fra., selon le résultat de l'examen; il est net et l'E.I.C. fournit gratuitement le logeI1ent, la nour:citure t pendant toute la durée du contrat qui est de :3 hUS et Sil plus un trousseau de départ de 500.- t'ra si le traitell1~nt
ne d~passe pas les 2000.- frs. Le voyage en 2me classe est payé depuis la Suisse,
enfin pendant le séjour à Bruxelles une indemnité de 8.- frs par jour pour frais d'hôtel. - Si ces conditions vous agréent vous pouvez vous présenter au Consulat un de ces jours à 10 h. du m~tin pour y subir un examen préelable, mais en m'en ~vis&nt 2 jours à l'avance et en vous munissant des pièces suivûntes : acte de naissance, certificat de bonnes moeurs et de célibat, certificat médical et les divers certificats de vos anciens chefs. Envoyez fra 4.50 en timbres-poste pour ports, dossier, plis, charge, lettres, etc.
Avec considér&tion.
s. Boillot-Robert
1) A.F. Schweizerische General Konsulat,Bruxelles - Congo -Affaires d'état.
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.A n fi e x e N° 2.
AFF AIR E BOl LLO T - ROB E R T
Copie d'une lettre de Boillot-Robert à la Commission de l'Enfance abandonnée à Genève. (1)
Neuchâtel, 16. II. 1903.
Monsieur,
L'E.I.C. dispose en Afrique de quelques places pour employé~ de l'Administration générale; pour être admis il faut être suisse, célibataire, âgé de 21 ans à ~5 ans et avoir subi avec succès un examen comportant dictées, compositions, règles d'intérêts simples. Le traitement varie de 1500.- à 2;00.- frs., selon le résultat de ltexamen; il est net et l'E.I.C. fournit gratuitement le loge~ent, la nour~'iture, pendant toute la durée du contrat qui est de 3 ans et en plus un trousseau de départ de 500.- irs si le traitement ne àépasse pas les 2000.- frs.
Le voyage en 2me classe est payé depuis la Suisse, enfin pendant le séjour à Eruxelles une indemnité de 8.- frs par jour pour frais d'hOtel. - Si ces conditions vous agréent vous pouvez vous présenter au Consulat un de ces jours à 10 h. du m~tin pour y subir un examen préalable, mais en m'en ~vis&nt 2 jours à l'avance et en vous munissant des pièces suiy&ntes : Rote de naissance, certificat de bonnes moeurs et de célibat, certificat médical et les divers certificats de vos ànciens chefs. Envoyez frs 4.50 en timbres-poste pour ports, dossier, plis, ch&rge, lettres, etc.
Avec considération.
s. Boillot-Robert
1) A.F. Schweizerische General Konsulat,Bruxelles - Congo -Affaires d'état.
122-
A n n e x e N° 3
AFF AIR E BOl LLO T - li 0 BER T
~ircu1aire du Département Politique pour p~évenir les ieunes Suisses des dangers du Congo (1)~
Politisches Departement der Schweizerischen Eidgenossenschaft
Vertraulich Bern, den 8 Marz 190;.
An s~mtliche Kantonsregierungen.
Hochgeachtete Herren,
Wir haben die Wahrnehmung gemacht, dass die Zahl der jungen Leute in der SChweiz, welche in den Dienst des Kongostaates treten, im Zunehmen begriffen ist. Es scheint, dass auch bei uns Werber tatig sind, die nicht ohne Erfo1g arbeiten. Die Bedingungen die den Stellesuchenden erhalten von der Regierung Kost und Wohnung und ausserdem ein Gehalt das auch fUr das bescheidenste Amt zwischen Fr. 1590.- und 2300.- schwankt; die Reiskosten werden ihnen vergUtet. Aber ~as Klimat ist nichts weniger aIs gesund und vieler Schwei-zer sind schon im Kongostaate gestorben oder nach ihrer Rückkehr in die Heimat dahingesiecht. Hamaturie, Ruln, Leberauschmellung sind die durch die grosse Hitze hervor"gerufenen oder begünstigten Krankheiten.
Wir erachten es für unsere Pflicht, Sie hiervon in Kenntniss ~u setzen, damit Sie durch Warnungen in den Zeitungen auf die Gefahren für Gesundheit und Leben aufmerksam machen, denen s1ch junge Leute aussetzen, die nach dem Kongo auswandern.
Wir mëchten Sie jedoch ersuchen, Ihren Mi~teilungen an die Presse keine offiziellem Charakter zu geben. . . . 1) A.F. Schweizerische General Konsulat Bruxelles -Congo
Affaires d'état.
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A n n e x e N° 4.
STATUTS TI ELA SOC lET E SUI S S E
A F RIe AIN E. (1)
Art.l : Il est fondé en Suisse une Société dite Société nationale suisse africaine, en rapport avec l'Association internationale pour l'exploration et la civilisation de l'Afrique centrale.
Art.2 : La Société se compose de toutes les personnes ou associations qui adhèrent à son oeuvre et s'engagent à payer une contribution annuelle, dont elles fixent elles-mêmes la valeur, en souscrivant, ou qui
Art. 3
Art) 5
payent une fois pour toutes la somme de fr. 100.-
au moins. Chaque souscripteur reçoit un titre qui atteste sa qualité de membre de la Société et indique le mon-tant de sa souscription. Les membres de la Société sont convoqués en assemblée générale où ils pren~ent part aux délibérations et aux votations. Ils reçoivent gratuitement
,
les rapports sur la marche de la Soçiété et sur celle de l'Association internationale. La Société nomme son président et son comité, auxquels elle confie l'administration et la gestion de son oeuvre.
1) Le Globe - 1877 -4- p. 249 - 251
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Art. 6 : Le Oomité, sous le nom de Comité national suisse, se compose des mem-bres présents à la séance de fondation de la Société du 24 avril 1877, des membres de Gon bureau, des membres représentants que celuici pourra ohoisir, et des délégués à la Commission internationale.
~rt~_1 : Le Comité se recrute p~r votation de la Société réunie en assemblée générale, sur des présentations faites par lui.
Art. 8 : Le Comité est chargé: a) de vulgariser en Suisse, p&r la presse, par la parole
ou par tout autre moyen qu'il trouvera convenable, les eo~~aiss8nces de toute nature se rapportant au but que l'Association internationale a en vue.
b) d'organiser les souscriptions et de centraliser les ressources diverses qui seront mises ~ sa disposition pour l'exécution du progr~e international.
AriJ : Le Comité nomme des vice-présidents, en nombre qutil jugera convenable, lesquels assistent le président, dans toute son activité et le remplucent temporairement sur sa demande. Il nomme un secrétaire général et un trésorier, ces
deux fonctions pouvant être cumulées. Il nomme aussi les délégués de la Société à la Go~~ission internationale.
Art. 10 : Le président, les vice-présidents, le secrétaire général et le trésorier, ainsi que les délégués, constituent le bureau de la Société. Leurs fonctions sont honorifiques et gratuites; celle de secrétaire général seule, ou celle de trésorier, peut être rétri~uée.
Are. Il : Le Bureau convoque l'assemblée générale, quand et o'ù il le croi t utile. Il s' occupe de tou t ce qui
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regarde ltadministration de la Société, surveille ses dépenses pour frais de bureau, de secrétariat, de publication, etc., et suit sa correspondance, en entretenant des rapports aussi fréquents que possible avec la Commission exécutive de l'Association internatlonale.
Art. 12 : Le Bureau apure les comptes du trésorier et fait transmettre intégralement la somme de toutes les souscriptions, sous déduction des frais précités, à
l'Association internationale, par son secrétaire général.
Art. 13 : Le Bureau peut choisir, pour l'aider et le seconder dans son activité, des représentants, autant que possible un dans chacun des principaux cantons, et dans ceux où il n'y a pas de vice-président pour représenter le Comité.
Art. 14 : Les représentants soutiennent de leur mieux dans leur cercle respectif tous les intérêts de la Société, provoquant la rentrée des souscriptions, et se chargent de l'envoi des sommes au secrétariat. Ils se tiennent en rapport direct et régulier avec ce dernier, et sont de droit, membres du Comité.
Art. 15 : Les présents statuts, discutés et votés par l'assemblée générale, réunie à ~erne le 15 novembre 1877,
abrogent et remplacent les statuts précédents.
Le secrétaire général
s. Eug. Delessert
Le Président :
s. H. Bouthillier de Beaumont
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A n fi e x e N° 5.
L l GUE SUI S SEP 0 URL A
D E FEN S EDE SIN TI IGE NES L E BAS SIN CON VEN T ION N E L
DAN S
D li CON G 0.(1)
Voici la première circulaire de propagande de la ligue qui vient de se fonder :
ftLa renaissance de l'esclavage au Congo sous le nom de travail forcé, en violation flagrante de l'Acte de Berlin du 26 février 1885, a soulevé l'indignation de tous ceux dont l'uttention a été attirée sur les faits. Il est urgent d'éclairer l'opinion publique: l'esclavagisme déguisé ou non ntosera p~s affronter la pleine lumière. L'Angleterre a donné l'exemple en fondant la C.R.A. avec société soeur du même nom aux Etats-Unis. Il s'est constitué sur le continent une ligue interllt;:..tionale pour la défense des indigènes d<ins le bassin convlS.l'.'l'"',ionnel du Congo. Dans notre pays, les adhésions sont arrivées e.:.) nombre assez encourageant pour nous permettre de fonder un€ sGc-tion ,;misse de la Ligue internationale. Cette section ~ été constituée à Genève le 1er juillet 1908.
Le Comité: ll~;i.. René Claparèùe, président, Genève, adresse en été :
Gingins (V8.ud) Dr. H. Christ-Socin, Bâle ~
Berthold van Muyden, Lausanne~ Otto de Dardel, Neuchâtel J Albert Wuarin, secrétaire, Genève
vice-présidents
Henri Fatie, trésorier, Genève, 12 rue Petitot Gr9u~e d'initiative: MM .. Otto Barblan, prof. Conservatoire de musique, Genève
Georges Berguer, pasteur, Genève Albert Bonnard, rédacteur Gazet te de Lausa.nne, Lausanne
1) Signal de Genèv~, Il juillet 1908
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MM. Pierre Bovet, prof~ à la F~culté des lettres, Neuchttel Dr. H, Christ-Socin, vice-président, Société des Mis
sions de Bâle, B~le René Claparède, homme de lettres, Genève Otto de DardaI, ancien rédecteur e~ chef de la "Suisse
libérale, Neuchâtel. Henri Fatio, banquier, Genève Edouard Favre, Genève Louis Ferrière, Genève Edouard Fischer, prof. à l'Université, Berne J.J. Gardiol-Coquerel, négociant, Genève Alfred Georg, conseiller national, secrétaire. Chambre de
commerce, Genève P. Germond, ancien missionnaire, Ohailly s/ Lausanne Philippe Godet, prof. à la faculté des lettres, Neuchâtel Charles Soth, pasteur, Genève Charles Lenoir, banquier, Genève Frédéric Martin, 8vocat, Genève Aloys de Meuron, conseiller national, Lausanne
Edouard Montet, prof à l'Université, Genève Paul Moriaud, prof. à l'Université, Genève Berthold van Muyden, ancien syndic, Lausanne Edouard Naville, prof. à l'Université, Genève Eugène Ritzchel, conseiller national, Genève Edmond Rochette-Boissier, anc. Secrétaire de Légation,
Genève Jacques Rutty, conseiller national, Genève G. Secrétan, pasteur, Morges Frédéric de Stoutz, avocat, Genève .Benjamin Vallotton, homme de lettres, Lausbnne William Viollier, publiciste, Genève
- 128
A~. Charles Vuille, président de l'ordre des avocats Genève
Georges Wagnière, rédacteur du Journal de Genève Genève
Albert Wuarin , Dr. en droit, avocat, Genève
Cette circulaire ~st accompagnée d'un bulletin d'adhésion à adresser au trésorier de la. ligue, Bankverein suisse, 12 rue Petitot, Genève. (Cotisation minimum: 2 fr. par an).
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A n n e x e N° 6
A P PEL E N F A V E U R DES 1 N D IGE NES D U G 0 N G O. (1)
Les crimes perpétrés journellement au Congo depuis l'inauguration en 1891-92 du nouveau système d'exploitation, ont été dissimulés longtemps avec une prodigieuse habileté. Le Gouvernement de l'E.I.C. niait énergiquement tous les faits qui transpiraient; l'opinion publique n'osait croire que le Roi Léopold ~ût pareillement forfait à ses promesBes philanthropiques d~ début.
Mais les accusations prirent corps avec les révélations du missionnaire suédois Sjolbom (1896), du missionnaire irlandais Murphy, du missionnaire amériCain Morrison (1899) et de bien d'&utres. Les plaintes furent d'abord nai
vement ~dressées aux autorités locales, puis au Gouvernement central à Bruxelles. Gomme elles restaient sans écho, les missionnaires en appe\èrent au Gouvernement anglais, puis à l'opinion publique.
M. Fox Bourne, le secrétaire de l'Aborigines Protection Society prend d'abord la chose en main, puis M. B.D. Morel, rédacteur de la "West African Mail", publie ses premiers &rticles sur le système appliqué au Congo, en 1908.
En 1903, lord Landsdowne lance une circulaire aux puissances en vue de la réunion d'une conférence internationale pour étudier la question du Congo. La réponse des puissances est défavorable.
C'est alors qu'est fondée la C.R.A. (avril 1904) sur l'initiative de E,D. Morel qui avuit sondé la plaie jusqu'au fond et s 1 était promis de It, guérir dans la mesure
1) Feuille d'Avis de Neuchâtel, 15 sept. 1908.
l}O
de ~es forces. Peu de temps après, en novembre, se fond~it à Boston une C.li.A. américeine.
La fondation de ces importantes ligues aux~uelles se rBttachL bientôt l'élite du monde politique et religieux
proauisit aussitÔt ua effet palpable : le Souverain du Congo si vit forcé d'envoyer une commis6ion d'enquête dLns son Ets.t afrioain. Les trois commissé;;.ires furent MM. Janssens (Belgitlue) Nisco (Italie) et de i3chum.~cher (Suisse). - Ce dernier vient de mourir d'une malé.die dont il i:. contrc.ct6 les germes au Congo.
Les commissaires ne purent ft.ire ûutre?1lent que de confirmer toutes les accusations des missionnaires : Ceuxci avaient dit toute la vérité, alors ~ufun bureau con&olais de la presse installé à Bruxelles, les fc.isait :p",-ss1::r "urbi et orbi" pour des cûlomniateurs.
Le Souverain du Congo refusa de publier les déposi tions ainsi <lU' il s'y était engagé et il ne fi t par(;J~tre
(fin 1905) le rapport des 3 co~~issBires que 6 mois uprès leur retour. Cependé.mt, feignant de donner satisfaction à l'opinion publique 1 il nomme une commission de réformes composée en grande partie des hommes ~ui bénéficiaient du régime congolais. Les décrets réformistes élaborés p~r une telle commission (juin 1906) restèrent lettre mOL'te : les plr.intes des missionnaires a~fluèrent de plus belle.
Entre temps le public frBnçais avait été n .. lnti de l~ question par un volume des "Cahiers de la quinzaine", inti tulé "le Congo léopoldien", ayant pour auteur r,':.!.,~ .. P. M,ille et E.D. Morel. Les protestations se f~isaient jour en Belgique avec .ill~. Vandervelde, Lorand, J~nson et d'autres. Enfin, en France, après de longs mois de prép~ration, et après que le beau livre de M. Morel "Red Rubber" (caoutchouc sanglant) eUt montré le mal dans toute son horreur, un groupe ù'écrivains, de philantnropes et d'hommes politiques, se déaida à
Fetti1.,1c d'".vis de ~~uçhG.tel, 15 sept. 1908.
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jeter les bases d'une ligue internationale pour la défense des indig~nes dans le bassin conventionnel du Congo avec siège à Paris, admettant les adhésions isolées de membres de tous les pays mais favorisant, là où le nombre des &dhérents le rendrait possible, la création de sections nationales.
C'est ainsi que se sont fondées successivement: d'abord la ligue française, puis la ligue suisse pour la défense des indigènes du Congo. Cette dernière a été fondée le 1er juillet dernier. Elle a pour but d'améliorer dans le bassin conventionnel du Congo la condition des indigènes et dtéta-blir la liberté du commerce, indispensable à leur relèvement matériel et mordl. Elle s'efforce ~'éclairer l'opinion publiQue sur la situation des dits indigènes et d'agir auprès des gouvernements pour imposer le respect de l'Acte de Berlin du 25 février 1885. Elle cherche à dissuader les jeunes Suisses de s'engager au service d'une colonie esclavagiste.
Ses membres reçoivent un bulletin trimestriel publié par les soins du Comité central intern&tion81, ainsi que toutes les circulaire8 de prop~gande lancées par le Comité.
Son siège est à Genève. La cotis~tion minimum est de fr. s. 2.- par en. On est prié de s'inscrire aupr~s du trésorier M. Henri Fatio, Bankverein suisse, 12 rue Petitot, Genève.
Feuille d'Avis de Neuchâtel, 15 sept. 1908.
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A n n e x e NO 7
LISTE DES MEMBRES DE LA LIGUE SUISSE POUR LA DEFE-WSE DES INDIGENES DANS LE BASSIN
CONVENTIONNEL DU CONGO.
Amez-Droz, 4 ch. de Beau-Séjour, Genève Abegg J.H. Av. Marc Monnier, Champel, Genève Ammann Traugott, pasteur, Rudelfingen p/Aarberg (Berne) André-Pilet H.C., architecte, Morges Ackermann Melle, 7, Av. des Alpes, Lausanne Audéoud-Monod ~~e, Conches, Genève Autier Joseph (pseudonyme de Melle Louise Conatz) Montet/
Cudrefin (Vaud) Alioth R. Alersheim (B~le) Ammann G. Monthal bei Brugg (Argovie) Aeberhard Ad. pasteur, Melchnau (Berne) Appi~ Hélène, 4 Mont de Sion, Genève
Briggen FR., Tivoli, Serrières près Neuchâtel Bovet Pierre, prof. 81 route de la Côte, Neuchâtel Béguin Célestin, Trois-Portes, Neuchâtel Bachelin Merie, Boudevilliers (Neuchâtel) Barblan Otto, rue de Candolles 19, Genève Berguer G., pasteur, ch. Liotard 19, Genève Bouvier Bernard, rue Charles Bonnet, Genève Bertrand Alf. chemin Bertrand, Genève Barth Albert, La Chaux-de-Fonds (Neuchâtel) Burnand, pBsteur, Trélex (Vaud) Burnand Nooe, Trélex (Vaud) Eerthoud Amélie Melle, Gingins (Vaud) Bonn&rd Albert, réd. Gazette de Lausanne, Lausanne
Byse Churles, pasteur, Lausanne Bugnion Gustave, pE,steur, Lausanne Bolomey M., Solitude 5, Lausanne Baylon-Soutter Mme, Cheserex s/Nyon (Vaud) Baylon Gaston, Cheserex a/Nyon (Vaud) Bachmann O. Klaraweg 10, Berne Bernoui1li-Eurkhardt, Leinenstr. 78, Bâle Bauer-Ludwig, Arnold, 6 Freiestr., B~le Burkhalter Ernst, fonet. postal, Bienne Bourquin Emile, rue Léopold Robert, L[~ Chaux-de-Fonds (Heuch. ) Brandt Am. Doubs 119, La Chaux-de-Fonds (Neuchâtel) :9rt:tnllt Mr. Doubs 17, La Chaux-de-Fonds (Neuchs'"tel) Bienz-Lyrenmann, Langenthal (Berne) Breitmeyer-Girard, Tourelles 15, LB. Chaux-de-Fonds (Heuch.) Brei"tschmid, Lucerne .i5reting Adèle, Av .. de Champel, Genève Burgener William, Soleure Baoh C. Dr., Riehen (B~le) Barbey, Valleyres a/Rance (Vaud) Bachhofen Catherine, Rolbeilstr. 40, B~le B&.uler pharI!l.ueien, rue Fleury .:3, Neuchâtel Baumann C. Môtiers (Neuchâtel) .h<::rrelet-de Pury Hélène, Vieux-Châtel Il, Neuchâtel Baumgartner A.J. prof., St. Jean la Tour, Genève Bauer T., pasteur, Heinrichsbad a/Herisau (Appenzell) Bergier R.A. Valentin 21, Lausanne Dertrand Jules, Comba-Borel, Neuchâtel Barsot Danie~, route Caroline, Gen~ve Beaujon L.-Mme, rue st. Honoré 2, Neuchâtel Blanc Arthur, pasteur, Neuchâtel Bauchacourt Melle, rue des Alpes 5, Genève Boeppli E. pasteur, Payerne (VaUd)
- 134
Bory Emma Melle, rue Lefort 2, Genève de Batzheim A., St. Blaise (Neuchâtel) baron Braschos La., 14 rue du Mail, Genève Breitenstein Melle, Bâle Brun Henry, rue Charles Galland 15, Genève Burkhardt - de Bary Mme, Bâle Blanc-Baronnel, place Olaparède, Genève Boissier Edmond; Cité 24, Genève Born Fritz, Bienne Burton Mari", 16 Cours des Bastions, Genève Barrelet - de Gelieur Mme, Neuchâtel Borel, 6 rue du Vieux Collège, Genève Baudenbacher P. pasteur, Berne Baschlin F., Biberist (Soleure) Berguer H., pasteur, rue de l'Athénée, GenèTe Beek Richard, Phusis (Grisons) Bourquin-Monnier, Neuchâtel Butti, Lausanne Bovon, 2 Montbenon, Lausanne Eüschi, missionnaire au Cameroun, Morges Baumann Lucie, 3 Reinacherstr. Zurich Bodener-von MuraIt, Thalacker 39, Zurioh Bertholdberg, Zurich BonnBrd, pasteur, 8, Av. Verdeil, Lausanne Buchenel Paul, pasteur, Peseux (NeUChâtel) Bernard Charles
Carry, vicaire général, rue des Granges l~, Genève Chêtelain Alida, Vill& Belmont, Lausanne Claparède Alex. Crêt de Florissant, Genève Claparède Ed. Champel, Genéve Cl~parède René, ch. de Tournes, Genève
135
Curtet Hélène, postes, Ouchy Oachemaille Mme, Villa Revalenta, Lausanne Oharton Melle, rue Haldima.nd 3, Lausanne Ching G. Melle, Valentin 46, Lausanne Cand Albert, prof. Côte 38, Neuchâtel Colin Marguerite Melle, 16 Sablons, Neuchâtel Clerc Amélie, inst. A. 1er Mars 22, Neuchâtel Consague Zoé, Beaux-Arts ~, Neuchâtel Ouénod E., pasteur, 15 Av. de la Gare, Lausanne Courvoisier Jules, Est 16, La Chaux-de-Fonds (Neuch.) Ohrist Ernst, pasteur, Neuhausen (Schaffhouse)
Christ-Socin, H. vice-président Soc. des Missions de Bâle rue St. Jacques 5, Bâle
Christ Paul, prof. Sempachstr. 45, Bâle
Calame Cécile Melle, Arsenal Plainpalais, Genève
Chopard de Bel P.V. rue Plantamour 15, Genève
Capt-Golay Vve, rue Nêcker, Genève
Ché.tble Bd. père, Beaux-l"rts 6, Neuchâtel
Colin James, Beaux-Arts 6, Neuchâtel
Chopard James, Côte 50, Neuchâtel
Cohn A. Dr. Grand rabbin, Eulerstr. 19, Bâle de Coulon Paul, pasteur, Neuch~tel Charlier L1die ~~e, Le Locle (Neuchâtel) Chapuis Ee not&ire, Chexbres (Vaud) Chapuis Paul, Ollon (Vaud) Ohatelain, chemin des Chênes, Genève Colladon Amélie Melle, " rue Daniel Colladon, Genève C&iller w. 56 rue du Rhône, Genève Capt-Golay Melle, rue Necker, Genève Choisy Eugèhe, prof. 4 Bd. de la Tour, Genève Candrian Christian, pasteur, Flims (Grisons) Comtesse Paul, prof. Fbg. du Crêt 9, Neuchâtel
136
Ohenevière Mme Fernand, Oéligny (Genève) Combe Dr. Lausanne de Dardel Otto, St. Blaise (Neuchâtel) Ducommun-~oillot Mme, Beauregard (Neuc~) Dubois Ch. pasteur, Av. des Arpillères 18, Genève Duhaime, député, Cité 12, Genève Dubourg N~rie, 1 Fbg. du Lac, Neuchâtel Du Bois Lucie, 7 rue Louis Favre, Neuchâtel Delessert, dire des Postes, Lausanne Depraz H. rue de la Prairie 17, Genève Dind G. Av. Bergière 32, Lausanne Dumur Maurice, rue des Min~teries 17, Genève v~perrut Frank, prof. Grand Lancy, Genève Dutoit Lucy Mme, Tourelles, Mousquines, Lausanne Dubois Louis, Buissons 21, .La Chaux-de-Fonds (.!Teuch.) Dubois-Gabus Mme, rue Léopold Robert 51, L& Chaux-de-Fonds (Neuc) Demond Henri ~~e. rue St. Jean 56, Genève Danieldekoff C. Gabriel, 79 rue de Carouge, Genève Légallier Melle, av. de la Gare, Neuchâtel Du Pasquier Alexandre, VieulC-Ch~tel 11, Neuchâtel Deppeler F., 6 rue Bernard Dussard, Genève Dardier J.L. Oratoire, Genève Ducommun R. Temple 89, La Chaux-de-Fonds (Neuchâtel) Desgouttes Edouard, rue Marc Monnier, Genève Desgouttes Paul, rue Marc Monnier, Genève , Dumont Emma Melle, 4 Place Clapnrède, Genève Dubied Clara Melle, ·rue J.J. Lallemand, lieuchâtel Deluz Llie, 11 rue Général Dufour, Genève David. Mme, 33 rue d.e Malagnou, Genève Dégallier C. Genève Dandliker-Pfister W. Stafa-Riedt (Zurich) Diel Georges, mécanicien, Sonvilier (Berne)
137 -
Donnedieu de Valecey Mme, 10 rue Monnetier, Genève Duvillard Alice Melle, TournayjCoppet (Vaud) Dusserre Ad. E. Mme, Bois de Vaux, Lausanne
Dutoit Paul, prof. Solitude 19, LausarJle ~~vid,J. Melle, Florissant l, Genève Droz Henri, Temple 37, Les Eplatures (Neuchâtel)
Ecuyer Hermann, pasteur t Bienne fuery Louis, prof. de théologie Uni versi té, _Lausanpe:,
~wig-Thurneysên Mme, Wallstr. 24, Bâle Etter Théophile, Bubenbergplatz 40 Berne Echel-Lubhart GharleB, 43 Mittlenstr. BaIe Etter, pasteur, Altstaetten (St. Gall) Egli Ed. 26 SCheibenweg, Berne
Godet Philippe, prof. Neuchâtel Guye Maurice, pasteur, route d.e l,. Gare, }~euch~tel
Girard Hélène Melle, Oôte 71, Neuchâtel Gindraux J., pasteur, Gihgins (Vaud) Gautier Victor Mme, 12 rue des Granges, Genève Guisan René, directeur Ecole Vinet, Lausanne GardioI-Ooqueret J.J. Grand Saconnex, Genève Georg AIr. 2 Bd. du Thé~tre, Genève Goth Ch. pasteur, 40 'uai des Eaus-Vives, Genève Guillermet F. Melle, 1 rue de la Prairie, Genève Grenier Sophie Mme, 24 BD. des Philosophes, Genève Germond Paul, anc~ missionnaire, Chailly/Lausanne Godet AA Neuveville (Berne) Gimel James, prof. rue Oourvoisier 15- La Ohaux-de-Fonds (Neuch.) Guigan Henri, 38 av. de la Servette, Genève Gaeser-Hahn, Wartenbergerstr. 35, Bâle Goering Rodolphe, Bottningermühle, B~le
138 ....
Gerber F. pasteur, Rothrist (Argovie) Gussmann Heinrich, 10 Alemannengasse, Bâle Gaudillon Ami, rue Toepffer, Genève Gelser Mme, Seevogelstr. 7, Bâle Gisler G. Fernburgerstr. 37, Bâle Gilgen Jeun, rue de la Paix 65, La Chaux-de-Fonds (Neuchâtel) Grether E. Mme, Promenade noire 5, Neuchâtel Godet Jenny, av. du 1er Mars 6, Neuch~tel Galopin-Schaub Mme, rue de Hollande 12, Genève Gans lierbert M..me, rue Eynard 6, Genève Genequand Che pasteur, Versoix (Genève) Guenin-~ontQnùon Jules, Parcs 52, La Cnaux-Je-Fonds(Neuch.) Groubel Henriette Melle, rue Necker, Genève Glinz, pES teur, Bhel"lfelden (.Argovie) Gantenbein, pasteur, Coire (Grisons) Gampert hug. pasteur, 19 Gr. Rue, Genève Grossmann Th. rue Argand 3, Genève Gautier Lucien, Cologny, Genève Gr~f _~blie, Zurich
His Mme E. Konigstr. 22, Leipzig Buber Dr. ~lb. anc. prés. Trib. civ., rue Socin, Bâle Hoch Karl, Marktgasse 13, Berne Hasler Hans, Petersgraben 23, B~le
dugli James, Colombier (Neuchbtel) Reiner Olara, Grand Pr~ 63, Genève Halte~hof Georges, prof. rue du Rhône 61, Genève I-:Ienny Cha.rlotte Melle, rue Plantamour 6, Genève B.eu-Albrecht J., Glaris Hoch-Trbffipler Olga, Spitalgasse 11. Bâle !loff Eugène, pasteur, La Chaux-de-Fonds (Neuchâtel)
139
Humbert Jules, rue Etienne Dumont 16, Genève Huttinger, Friedengasse 65, Bâle Huguenin L. Mme, rue de la Violette 12, Genève Haerle Wilhelm, Nadelberg 24, Bâle Hagenbach-Bieri, Hebelstr. 15, Bâle Hadorn Dr. pasteur à la cathédrale, B~le Hentzler E. Mme, rue du Jardin 5, Le Locle (Neuchâtel) Hoch-Zwinck, 44 Rheinfeldstr. Bâle Hentsch Ch. Mme, Contamines, Genève Henni R., Malix (Grisons) Ho ffmann-Burkhardt, 21 Rittergasse, Bâle Hopf, pasteur, Steffisburg (Berne) Henzi E. Haslel Burgdorf (Berne) Hiltbold, pasteur, Bürglen (Berne) Hess S. Melle, 23 Mühlegasse, Zurich Horber Melle, Küssnacht, Zurich Hardegger Marguerite Mme, PflUgweg 5, Berne
Isnard Melle, Riant-Mont, Lausanne lmhof Henri, Envers 6, La Chaux-da-Fonds (Neuchâtel) lmhof B. Melle, Weibergweg 12, Bâle
Jung, pasteur, Fbg. de la Gare }, Neuchâtel
Junod Anna, 7 Fbg. du Crêt, Neuchâtel Junod Mme, 7 rue Louis Favre, Neuchâtel
Jeanneret P. rue de la Loge 6, La Chaux-de-Fonds (Neuch.) Jourdan Daniel, pasteur, rue des Terreaux, Neuchâtel Jaccard, pasteur, Gimel (Vaud) Junod Ed. Charmilles 24, Genève Jeannet A. Le Locle (Neuchâtel) Jaeglé Georges, Vieux-Thann (Alsace) Jaquet, notaire, La Chaux-de-Fonds (Neuchâtel)
- 140 -
Juvet Numa, 9 rue du Mont-Blanc, Genève Jucher J. pasteur, Braunau (Thurgovie) Jaoob Paul, notaire, Sonvilier (Berne) Joso Bernard, Tranchée de Rive 9, Genève
Künzi-Locher, libraire, Marktgasse l, Berne muœmer Ernst Dr. 15 Plateau de Champe1, Genève Kocher-Lauterburg Théodore Dr. Laupenstr. Berne Kuœbli, pasteur, Lichtensteig (St. Gall) Kr~henbühl Jeanne, rue Calvin 7, Genéve Knapp Charles, prof. 29 av, du Mont-Blanc, Neuchâtel Raser F. inst. Sihlstr. 45, Zurich Reser Valérie Melle, Place Claparède, Genèye Kerwehl, pasteur, Neue Konigstr. Portdan (ligue allem.) Klingenberg, pasteur, Dërflingen (Schaffhouse) Klag, Berne Kasser, pasteur, Niederschertz (Berne) Koenig, inst. 20 Gotthelfstr. Bâle Kull J. 72, Guchtigs8~$8e, Berne Korwarski Ada, 29 Orellistr. Zurich Keller Adolf, pasteur, 6 Peterhofstald, Zurich Koll, Parcs 44, La Chaux-de-Fonds (Neuohâtel) Kruger Mme F. 22 Scharbingasse
Lebet Louise, place Pury 3, Neuchâtel Liengme Alb. Numa Droz 171, La Chaux-de-Fonds (Neuchâtel) LtEplattenier Ad. Mme. Montagne 38, La Chaux-de-Fonds (Neuch.) Lantz F. Cheneau de Bourg, Lausanne Laroohe Théophile, Münchersteinstr. 4, Bâle Lewis Ch. av. Marc Monnier, Genève de Lerber Mme Ed. BdN de Granay 29, Lausanne
- 141
Lombard Frank, Oontamines, Genève Lombard Alexis, rue Massot 114, Genève Lombard Mme Mathilde, Pte de Malagnou, Genève Lion A. rue Merle dtAubimPé, Genève Le Goultre prof. 4 av. de la Gare, Neuchâtel Lauterburg Otto, réd. chef Freier Schweizer Arbeiter, Berne Lichsteiner J. Moosmattstr. 20, Berne Leutenegger E. inst. Hagenwill (Thurgovie) Lehmann Fr. réd. Freisinnigen, Weitzikon (Zurich) Lagier Erica Melle, 16 cours des Bastions, Genève Lasserre Dr. Grand Saconnex, Genève Lenoir H. Pinchat/Carouge (Genève) de Lessert G. 4, av. Marc Monnier, Genève Labhardt Lydia, inst. Rüterstr. Zurich Lombard Dr. Henri, Malagnou, Genève Lip Eugen, 252 Sihlquai, Zurich
Muyden van Berthold, Lausanne Morax René, Morges (VaUd) de Meuron Aloys, cons. nat. Lausanne Mattmuller L. Bachlettenstr. Bâle Merian E. 16 Tavelweg, Berne Matthey Louise, 1er mars 2, Neuchâtel Ménétrey Mme, Maujobia 3, Neuchâtel de Meuron Laure, Fbg. du Château, Neuchâtel Ménétrey V. Clochette, Lausanne Martin Oharles, pasteur, Gours des Bastions, Genève Martin Charles, pasteur, Malagnou, Genève Monnier Philippe, Puits St. Pierre 2, Genève Moriand Paul, prof. Ed. de la Tour, Genève Montet Ed. prof. 4, Quai des Eaux-Vives, Genève
- 142
Martin A.E.E. avocat, rue Toepffer, Genève de Morsier Aug. Genève Muller-Gruner, J. Friedensgasse 55, Bâle Meier Henri, rue d'Orbe 21, Yverdon (VaUd) Meister Rosa Melle, Hondrich près Spiez (Berne) Moreillon H. pasteur, La Tour de Peilz (VaUd) Marthaler Harold, pasteur, Pavillonweg l, Berne Matter Daniel, Birsigstr. 48, Bâle Martin Mme~ rue A. Vessy, Genève Meyer Katharina, MitlBdi, Glaris Metzger P. prof. Alvanvorstadt 91, B~le
de Mauron James, St. Blaise (Neuchâtel) Montandon Jumes, Neuchâtel Ma:hly-EglingerDr. l Sonnenweg, B~le Michaud Louis, dr. en droit, rue du Bassin, Neuchâtel ~üller Dr. O. Apples (VaUd) Martin-Pichard Melle, Mathilde, Oologny, Genève Michod Mme C. 46, place du Pont, Lausanne Moser Rod. 21 Steinergraben, Bâle Mort Gustave, Côte 109, Neuchâtel
Nicole Jules, prof. ch. des Roches, Genève Naville Ed. Malagnou, Genève Naville Aug. rue de l'Athénée, Genève Nast N. Melle, Place Cornavin, Genève Necker Frédéric, Satigny (Genève) Niehans-Kaufmann Dr. Inselspital, Berne Nardin D. Serre du Jardin, Le Locle (Neuchâtel) Naville Jules, Vernier (Genève) Naville G. Melle, 10 rue de Monnetier, Genève
Odier Gabriel, 2 av. Marc Monnier, Genève Ohlmeyer G. Parcs 96, Neuchâtel Oriol Théophile, pasteur, La Chaux-de-Fonds (Neuchâtel) Oberholzer Dr. J. Auf der Maur 7, Zurich Oberholzer Ferd. Wald (Zurich)
Pasch V. rue de la DÔle Il, Genève Pictet de Rochemont Mme, rue Bellot 3, Genève Perret Clémence, Chambésy, Genève Peschier Melle, 15 Bd. des Philosophes, Genève Paris-li1undler Mme, Malagnou, Genève Preiswerk-Imhoff w. 34 rue des Tailleurs, Bâle Pfisterer-Kober G. Socinstr. 58, Bâle Piaget G. Chappelle, La Côte-aux-Fées (Neuch~tel) Pochm.ann Alf. Clos du Matin 46, Lausanne Pilliod Constant, syndic, Blonay (Vaud) Perret Ch. H. prof. Côte 32, Neuchâtel Pettavel Paul, pasteur, La Chaux-de-Fonds (Neuchâtel) Primault Adrien, Balance 6"La Chaux-de-Fonds (Neuchâtel) Prêtre E. Melle, Peseux (Neuchâtel) Perrenoud-Junod E. Fbg. du Urêt 8, Neuchâtel de Pury Philippe Mme, 7 Av~ de la Gare, Neuchâtel Perret Paul, pasteur, Corcelles (Neuchâtel) Perrenoud Marie_, Nord 61, La Chaux-de-Fonds (Neuch4tel) Perrot Louis, Chambésy (Genève) Phildius, route de Chêne 57, Genève Penard A. Grange-Colomb, Genève Prieur J. Melle, Magnio1astr. 6, Zurich Privat Edm. 2 ch. des Roches, Genè~e
de Perregaux F. Neuchâtel
- 144
de Quervain Dr" F. 27 rue du Parc, La Chaux-de-Fonds (Neuch.)
Rutty Jacques, rue Pierre ~dtio 15, Genève Rifschel, cons, Nat. Av. de Vollandes 2, Genève Rochette Edm. Genève Rochat Max, Ma.~lerey (Berne) Robert Alf. rue Ph.R, Matthey 7, La Chaux-de-Fonds (Neuch.) Robert-Tissot Edm. pasteur, Ponts-de-Martel (Neuchâtel) Roches Charles, Mürzrain l, Berne Reinhard W. contrôleur des douanes, Chiasso (Tessin) Ravey Julie, Melle, inst. Valleyres a/Rances (VaUd) Roussy Fanny Mme, rue des Eaux-Vives, Genève Roussy Louis, 67 " " " " Genève Renz Charles, A1lschmiederstr. 38, Bâle Rütimeyer, prof. Socinstr. 25, Bâle Ramseyer Louis , Ecluse 36, Neuchâtel Ramseyer Laure Melle, Gizellaplatz 8, Budapest Ramseyer Fr. missionnaire, Ecluse 32, Neuchâtel Reymond Marc, Envers 16, La Chaux-de-Fonds (Neuchâtel) Robert-Tissot Charles, Doubs 53, La Chaux-de-Fonds (Neuch.) Reutter Fritz, Paix 7, La Ghauz-de-Fonds (Neuchâtel) Renard L. Bd. de st'. Jean 31, Genève Ramseyer E. prof. Neuchâtel Renaud Eug. Melle, Gimel IRoiie (VaUd) Russel-Hamilton Mme, Perroy (Vaud) Robert Samuel, pasteur, Coq dtlnde 5, Neuch~tel Roux dtEglotf Mme, rue de Candolle, Genève Rappard, les Fougères, Sécheron. Genève Rimond, Oroix-Rouge 2, Genève Ruffet Louis, villa SalèTe, Grange-Cabal, Gen~ve
de Rougemont Alb. St, Blaise (NeUChâtel) Roemer, pasteur, Henlergasse, Berne
145
Roth Emile, Holligerstr. 82, Berne Reymond P.M. rue Dassier 9, Genève Rochedieu de pasteur, JI, route de Lyon, Genève Rochat L~L., Genève Roth Dr. jure Julius, Eichwaldstr. 12, Lucerne Roth Hans, pasteur, Alpnach (Unterwald) Rohr Ern. pasteur, Hilterfingen (Berne) Redard Alice, Echendens (Vaud) Ramette Henri, 63 rue de Vouves, Paris XIV Reich R. pasteur, DorfjHenggart (Zurich) Redard Mme Vve. Ecublens (Vaud) Renz, Schaffhauser Rheinweg 97, Bâle Rusiecke de Dr. Hôtel de France, Berne
de stoutz Frédéric, rue du Cloître, Genève Senn-Gruner, 31 Bundstr. Bâle Bioret-Dubois S. Contamines 14, Genève Btricker Rodolphe, chef serve télég. Lausanne Scnnell G. pasteur, La Chânterelle, AT~ des Cerisiers,Lausanne Secrétan G. pasteur missionnaire, Morges Schweizer C, Bienne (Berne) Buter A. Bethusy, Lausanne Schnell Wilhelm, Lochbach par Berthoud (Berne) Stoll Amélie, Neuchâtel Sarasin Th. }2 Albantorstadt, Bâle Sarasin-Alioth Peter, Baumleingasse 18, Bâle Sa~asin Al!. banquier, Dâle Sarasin Dr" Paul, Spitalstr. Bâle Staehlin-Merian E. pasteur, Rheinfeldstr. Il Bâle Colonel Th. von Sprecher-Bernegg, Commt. Bree div. Maienfeld
(Grisons) &tauffeF H.J. Tonnelles 41, La Chaux-de-Fonds (Neuchâtel)Stammelbuch Paul, pasteur, Doubs 82, La Chaux-de-Fonds (Neuch.)
Sorgen A1b. 9 rue Jaquet-Droz, La Chaux-de-Fonds (NeuchAtel)
146
Sordet Ed.A. 15 rue Oh. Galland, Genèye Schuster R. 4~ Zwinglistr. Zurich Schuster Gottfried, Universitâtstr. Zurich yon 3peyer Alf. Albananlage 3, Bâle Sandoz Mme. Cossonay (Vaud) Schuler Mme. 19 Rudolfstr., Bâle Schmidt Jules, Chemin Vert 65, Eaux-Vives, GenèTe Stocklin-Hilsenhut Sam. Engelgasse ~7, Bâle Schneeberger, pasteur, Lüsslingen (Soleure) Schuli prof. Paradies 30, st. Gall Sch18fli A. pasteur, Frutigen (Berne Schwat> Dr. R. prof. Ecole de commerce, Berne von Sa~is X. Münsterhof 2, Bâle S"taehelin-Burkhardt A. 42 Leonardsgraben, .8â~e
Salzmann Ch. H~\lstetten, Berne Staehelin de Fellenberg E. Via Louto, Lugano (Tessin) Staehelin Theodore,' Bâle Schmidt Mme, Mitlëdi (Glaris) de Saussure Fer~. Terrasse 2, Genève Sarasin-Vischer R. Mme. Taub St. Alban 17, Bê'le Staub Berthe Melle, Goldbach, Küssnacht (Zurich) Stouvenel Augusta Melle, Florissant 56, Genève Straisguth Oh, Genève Serex Jules, lalézieux (Vaud) Sutter Louis, 16 aT. de l'Alma, Paris Schnell Wilhelm, Lochbach IBerthoud (Berne) Ton Schultess-Rechberg, Zeltweg (Zurich) Sturler Al~. de Gümlingen (Berne) Schellenberg-Fiertz, Piletusstr. 16, Zurich Schnetzler Melle A. Bülach (Zurich) Serex Louis-Fréd. Palézieux (Vaud) St. George6. comte de, 7 rue de l'Atnénée, Genève
- 147
Schuppisser, Tizi-Ouzou, dp. Alger, Algérie Schutze Emile, pasteur, Betschwanden (Glaris) S0hindler A. Lago Maggiore (Italie) Schmutz, inst. Wyningen/Berthoud (Berne) Spiro, pasteur, Huémoz (Vaud) Saunier Marie, Tavannes (Berne) Schlgfli Fr. pasteur, Gerbenstr. 5, Berne Schonenberger Félix, Bollwerk 67, Berne Schoop Dr. H. Këniginstr. 103, Munich Sulzberger, Neustadt 23, Schaffhouse Spuhler E. 3 Mornex, Lausanne Speiser Félix, Dr. phil. Handstr. 35, Bâle
Schneegans Ch. 4 rue des Bouchers, Rtrasbourg (Alsace) Stehli E. Zeltweg 66, Zurich Schenk Mmee l av. Jomini, Lausanne
Speak Joseph, III Kanzlerstr. Zurich Stadelmann E. 42 Josephstr. Zurich Sorgen W. La Chaux-de-Fonds (Neuchâtel) Soltermann M. 27 rue des Sources, Genève
Tuscher John, Pontaise, Lausanne Tatchaloff, Riant-Mont, Lausarme Tarin Joseph, Gossonay (Vaud~ Tartaglia U. prof. Beaux-Arts 21, Neuchâtel Tripet Ernst, l~uma Droz- 109, La Chaux-de-Bonds (NeuchS,tel) Tuscher Julia, Orbe (Vaud Thomas Frank, pasteur, 4 route de Chêne, Genève
Terrisse Charles, Neuchâtel Thiébaud Auguste, st. Nicolas 8, Neuchâtel T~amer Mme. Klingentasg. 37, Bâle
148
Union des femmes, rue du Port, Genève Usteri Dr. A. Gloriastr. 4, Zurich Union chrétienne des jeunes gens, La Chaux-de-Fonds (Neuchât.)
fi n " " "St. Iaier (Berne) Uldry Ed. Gillel, (Va.ud)
Vogler Herm. Dr. en droit, Ecluse }2, Neuchâtel Veuve Florian, rue de l'Hôpital 17, Neuchâtel Virieux Fard. cons. d'Etat, Lausanne Vui11e Ch. 1 rue Bellot, Genève Viollier W. Villereux, Genève von der MUhl Georg, 36 Albanvorstadt, B~le Vautier Louis P. missionnaire, Vers l'Eglise s(Aigle (VaUd) Vallotton Benjamin, 12 rue d'Alsace, Mulhouse (Alsace) Vuillieumier Numa, Bühlstr. 49, Berne Wagnière Georges, réd. Journal de Genève, Genèye Wue.rin Al!. dr. en droit, 53 rue du Stand, GenèTe Wol!rath Henri, dire Feuille d'Avis de Neuchâtel, Neuchâtel Wenker Paul, route de la Gare 19, Neuchâtel Wurthner Marie Melle, 33 ch. Liotard, Genèye Yaucher Alphonse, ch. de Miremont l, Genèye Vautier Emmeline, Fleur d'eau, Grandson (VaUd) Veraaire L. 9 rue des Eaux-Vives, Genèye Vogel J. Melle, Place Cornavin, Genève Tan Booven, 4 Diergaardepark, Hofenheerd-Hilversum (HOllande) Wavre G. pasteur, St. Blaise (Neuch~tel) Walchli fils, Reinach (Argovie) Wolf'-Grunbach MiTai, 4 Freistr. Bâle Weber Leo, anc. juge fédéral, Berne Wagner Melle, Wartenbergstr. 35, B~le
Welti-Schneider B.
- 149
Würg1er E. Houggerstr. 6, Zurich Voge1-Keller ~e. Schloss Goldenberg, Henggart, Zurich Wi1ls E.J. route de Morges, Lausanne Waidelich E. Freundlangstr. 5, Tubingen, AlI. Wenger F. Préfargier, Neuchâtel Waldvogel Eva, Vieux-Châtel 17, Neuchâtel
Whitley R.J. 9, rue Neuve, La Ohaux-de-Fonds (Neuchâtel)
Weber-HUni, 16 Unionstr. Zurio~
Wurz-Ghrist, St. Jakobstr. 16, Bâle Verrey-Westphal, Dx'. Arnold, :5 rue Pichard, Lausanne van Hotten J.C. ch. des Ch@nes, Genève Vischer W. Dr. notaire, ~l Rittergasse, Bâle Vivien G. pasteur, Corcelles (Neuchâtel) de Winzeler, 29 via Nova, Lugano (Tessin) WaldYoge~ Diessenhofen (Thurgovie)
Zellweger v. 45 Wartenbergstr. Bâle Zwingli Ulrich, Herrengraben 60, B~le Zamp Lydie, le Rosiaz, Lausanne
Zonef Boris, Odessa Zoziechowski M. prof. Univ. rue Gertrude 1, Cracovie Zulauf F. pasteur, Délémont (Berne)
- 150-A n n e x e N° 8 -
S T A TUT S DEL ALI GUE SUI S S ~.
Ligue Suisse pour la défense des indigènes dans le basœin conventionnel du Congo.
Sociét6&ins~rite au registre du commerce en date du 17 sept.1908 Siège social : 53, rue du Stand, Genève. (1)
Art. l
Art. 2
Art; ').
. .
Il est constitué entre les personnes individuelles ou collectives qui adhèrent aux présents statuts, une société jouissant de la personnalité civile, conformément à l'~rt. 716 du Code fédéral des obligations, et dont le siège est à Genève. Cette société s'intitule : Ligue suisse pour la
défense des indigènes dans le bassin conventionnel ~u Con~o. Tout en gardant sa complète autonomie et son entière libert' d'action, elle se rattache au Comité international pour la défense des indigénes du Congo, qui s'est constitué pour seryi~ d'intermédiaire aux ligues déjà existantes, établir entre elles des liens de solidarité et de courtoisie et leur donner tous les renseignements nécessaires binsi qu'aux ligues en formation. Elle a pour but d'améliorer dans le bassin conven
tionnel du Oongo la condition des indigènes et d'y rétablir la liberté de commerce, indispensable à leur relèvement matériel et mor&l. Elle s'efforce d'éclairer l'opinion sur la situation des dits indigènes et d'agir auprès de~ gouvernements pour imposer le respect de l'Acte de Berlin du 26 février 1885.
1) Bulletin suisse du Oongo - mai - juin 1912 - p. Il
Art" 4 Art. 5
Art. 6
Art. 7
Art. 8 _.-
151
La durée de la Société est indéterminée. La cotisation est de 2 fr. par an au minimum. Elle
peut être rachetée pour une durée de dix ans par un versement unique d'au moins 20 franos.
Les meIl'bres reçoivent les publications de la ligue (Bulletin de la ligue suisse et bulletin de la ligue françai~e et suisse).
Les nouveaux membres sont admis en tout temps par le Comité. Ils peuvent se retirer en tout temps de la Société moyennant un avertissement donné par écrit 2U Oomité pour l'exercice suivant. Sera radié tout membre qui n'a pas payé sa cotisation deux années de suite.
Les sociétaires n'ont individuellement aucun droit sur les biens sociaux. Ils ne sont tenus à aucune responsabilité personnelle quant aux engagements de la Société, lesquels sont uniquement garantis par ses biens. L'assemblée générale se réunit chaque année. Le
Comité peut en tout temps convoquer une assemblée générale extraordinaire. 11 doit le faire lorsque la demande lui en est adressée par un dixième des sociétaires ou p&r les commissaires-vérificateurs.
Arte 10 La convocation se fait au moins dix jours à l'avan-ce par circulaire envoyée à chaque sociétaire.
Art. Il: L)Assemblée générale délibère Talab~ement à la
Art. 12 • • >
majorité des voix, quel que soit le nombre des sociétaires présents, sous réserve des dispositions de l'art. 16 ci-après.
L'assemblée reçoit et approuve les comptes et rapports du Comité et des commissaires-vérificateurs. Elle nomme les membres du Comité et les commissaires-Térificateurs. Elle délibère sur toutes les propositions ~ui lui sont faites ~près avoir entendu le préavis du Comité.
Art. ;t.3 . .
~ 152
Le Comité peut renvoyer à l'ordre du jour d'une ~ssemblée subséquente toute proposition individuelle qui ne lui a pas été communiquée au moin~ trois jours à l'avance.
La Société est. dirigée et administrée par un
Oomité de six membres dont un président, l secrétaire et l trésorier, élus chaque année par l'Assemblée générale parmi les soci~taires. Le Comité est assisté d'une commission consultative qu'il no~e lui-même, en déterminant librement le nombre de ses membres.
Art. ~4: Le Comité donne son préavis sur toute les ques_
Art. 15
Art. 16
Art. 17 - -,,- ~ ---
tions soumises à l'Assemblée générale. Elle a les pouvoirs les plus étendus sur la gestion de ses affaires.
La Société est représentée vis-à-vis des tiers par la signature collective de deux membres du
Comité. Le Comité rend compte chaque année de sa gestion
à l'Assemblée générale. La dissolution de la société et la révision des
statuts ne pourront être prononcées Qu'à la majorité des deux tiers des membres présents. Pour décider 1& dissolution, il faudra en outre que l'Assemblée générale représente la moitié des sociétaires. Si ~e quorum n'était pas atteint, une autre assemblée pourrait ~tre convoquée qui prononcerait quel que soit le nombre de ses membres.
En cas de dissolution l'actif sera remis à un ou plusieurs établissements ou sociétés poursuivant un but d'utilité pUblique au choix de l'assemblée
générale.
Art. 18
153
Les notifications de la Société à ses membres sont faites par circulaires adressées à chaque sociétaire.
(statut3 adoptée en l'Aôsemblée constituante le 1er juillet 1908 et ravisés par l'_cssemblée génér&1e du 17 novembre 1910).
154
A n n e x e N° 9.
Liste des agents suisses engagés par l'E.I.C.
des origines à 1908. (1)
l. Force Publique.
Date de naissance Durée de SéjOUl
Dutoit R.V. Liwenthal Ch.
Lardy A.E. de Weck E.,M.G. Klopfenstein A.i. Rupp
Federspiel J.l\:.
Perrenoud H.J. Dotta F.F.A. Gre11et G.H. Heer O.J.
Hirschbuhl J.A. + Pi.ot R.H.
Lieutenant s.lieutenant
capitaine capitaine
1er sergent 1er sergent capitaine chef zone 1ère
cl. lieutenant lieutenant 1er sous-of.t'.
2.XI. 1866 22.Vl. 1859 lO.lX. 1869 25.IV. 1815
16.Vl. 1869
23JXI. 1817 ;.IX. 1868
12.IV. 1872 9. I. 1879
c&p.commandant adj.sup.puis commissaire ùistr. Stanley-Pool ;O.VI. 1868 sous-lieut. 5.1ieut. 2me cl lO.VIl. 1811
'3 ans 2 m. 4 mois
6 " 1 an 6 m. 2 ans 10 m.
8 ans 1 an 7 mois 1 an
4 ans 8m.ElC 5 " 5m.C.B.
7 mois
1) Cette liste, tirée de l'article de L. LOTAR "Les Suisses et IfE.I .. C., revue "Co.r..go", oct. 1939, a été cOlilplétée, quant à 1 durée de séjour, par le dossier SPA. 114. JILi:3te nominative du personnel de nationalité étrangère en E.I.C." du Ministère des Colonies. Les noms marqués d'une + sont étialement relevés dans ce dossier. LOTAR a établi sa liste d'après l'ordre chronologique d'arrivée des agents au Congo, ordre que je respecterai.
- 155
Il. Travaux publics.
Date naissance Durée de séjour
Dupuis L.E. Dutoit Edm.
Fig! Th. Ess B.L. Coquoz L.N. Gremaud L.
Perrin D.
stiefel J.H. Junod 1.1-..
poseur télégr. ing.chef section chemin de fer cond~de travaux condlde travaux surv.trav.lère cl. ing. chef section
1ère classe in~ochef section
ime cl. poseur télég. ing. chef section
2me cl. Nussbaumer C.N.M. dessinateur
+
+
+
Spyeher R.O.
Brun P.E. Itten G.
Fauconne\: J.V.
Jomini O.J.
BUlllann s. Breiter A.
+ Paggi J.D.L.E.
cond. travaux
prospecteur ingénieur chef
cond. travaux
ing. chef aection
III. Marine.
mécanicien 2me cl. mécanicien 2me cl. directeur service
15.XI1.1813 6 mois 20.VIII~1860 18 mois
29.VI.1876 10 mois C.B. 2l.VlII.188l 1 an 9 mois l3.V. 1811 4 ans 10 m.Ele
6 ft 5 fi C.B. 4.IV.1874 , ans
25.IX.1878 22 mois
22.XII.1877 3 ans 1 m.C.B. 3l.VIII.I883 23 mois E.I.C.
1 an O.B.
29.XII.1882 13 mois E.I.C. 4 ans C.B.
18.1I.1870 13.IX.1816
23.VIII.1882
2 ans 2 mois 6 ans E.I.C. .1-7;112 CB ,,1 m...
3 ft Il m.Elc' 14 ft 1 m., C.B.
6.XII.1878 4 Il 5 m.E.I.C. 13 ft 7 m. C.B.
. l4.VII. 1863 2 ans Il mois 28.111. 1818 l an 12. 1 .. 1863 3 ans 8 m.lue
4 ans 10 rn. OB.
- 156 -
IV. Agriculture. date naissance TIurée séjour
Favarger 'N.P. Junod B. Joost W.E. Eggenberger J.
Monney L.S. Montchal H.L ..
Egger J.T.
Sutter R.O. Lonini S.
Gan'uzzo J.C. Schmid J .A.
Bille G.F. Hasler J.M.
contrôleur fore~t. 9.VII 1869 chef culture 2e cl. 2l.VI.1875 chef culture 3e cl. 13. V.1879 chef culture 3e cl. 7. 1. 1880
chef culture 2e cl. 26.11.1880 chef culture 2e cl. l2.XII.1878
chef culture 2e cl. 27.XI.1877
chef culture 3e cl. 6.VIII.1878 chef culture chef culture 3e cl. chef culture 3e cl. chef culture 3e cl. chef culture
1.VI.187l 5.111.1871
23. X.1882 14. V. 1872
Humbert-Droz G.E.contr. forestier chef culture 3e cl.
3. V.1870
Faillettaz L.F.V.chef culture 3e cl. Moren C.F. Tanner V.A.
Feller H.
Feller A. Aubert A.S.G.
Broquet A.J. + Arnrhyn E.A.B.
+ Bieler S. + Carruzzo F.P. +Donini S. + Risch A.
+ RUffy V.
chef culture sous-chef cult.
chef culture
chef culture SUry. culture
chef culture
31. X.188;
22.11.1881
l6.VI.1880
chef culture 3e cl 30. X.1874
contr. forestier 3.X1I.1870 chef culture 3e cl.15.VIII.1878 chef culture 3e cl. 9.IX.1880 inspecte ppa1 23.111.1881
inspecte agric. 3l.Vll1,1888
6 ans 2 mois ) ans 6 mois 10 mois lan
3 ans 8 m. j am, 9 m.EIC.
10 " :3 m.C.B. 5 ans 4 m.EIC l an 4 m.C.B. 3 ans 10 m.
Il mois 8 mois 5 mois 2 ans 1 m.
'3 ans 10 m.ElC :3 ans 8 m. C.B.
10 mois :3 ans 5 m.
2 ans :3 m. EIC 9 ans 8 m.C.B.
:3 ans 1 m~EIC 5 ans C.B.
:3 ans 8 m.EIC 10 ans :3 m.C.B.
:3 ans '3 m. :3 ans l an :3 ans 6 m.EIC
15 ans 4 m.C.B. 2 ans
157
v. Finances. _ .. ____________ 00IJ0IIiI _____ _
Roeselet-Petit-Jae~ue3 C.H. contr. forestier
VT. , Administration. ---------------------Comtesse A.F. Bertrand D.L. Gouzy R.G.A. Guillaume-Gentil
commis 1ère cl. commis 2me cl. commis 2me cl.
P.E. commis 1ère cl. Cuchet L. agent territ.
1ère cl, commis ':<'me cl. commis Sme cl commis 1ère cl. elQus-intendant agent adm.
Date naissance Durée séjour
30.VI. 1877 2 ana 10 m. 8.VII.1876 8 mois
22.II.1877 1 an '3 m.
13.V1I1.1864 1 an 7 mois
23.V. 1874 1 .. 1I,1875
30.VI.1813 1. I. 1866
IJ. X.1873 9. V.1875
7 ans 4 ID.
2 mois 6 m. '3 ans "3 ans
l>uBois J.A. Bersot J.D. Virchaux G.V. Hall C.H. Dailled.ouze M.E. Thevoz B.V. 'fripet Otto
sous-int. I.cl. 13.1V.1861 agent adm.2me cl. 24.XI,1878
7 ane 10 m. 7 ans 6 ans 2 m.EIC 5 mois C.B.
Niestlé C.A. Droz dit Busset
F.H. Huguenin A.JaB. Kocher F.E. Kormann H.A .. Kocher B.F.
:Béguin F.A.
Kunz A. Robert J.:E.
commis 2me cl. commis chef
commis chef commis chef commis 1ère cl. commis chef
commis-chef
commis-chef commis 2me cl.
11.IV.1878 30.Vl.1879
6.VII.1875 17.11.1879 25.Il.1880 13. V. 1873
3.111.1879
7.VI.1869 31. 1. 1879
l an 7 moie 5 ans 4 m.EIG. 9 ans 2 m.C.B. 3 ans 6 ans 3 moia '3 ans 5 mois 5 ans 10 ·lr~.JUC. '~ ans 2 pol.G.B.
6 ans EIC 1 an Il m.C.B. '3 ans 2 m. '3 ans 4 ID.
158
VI. Administration (suite)
Date de naissance Durée séjour
Sohnegg C~A. commis 2me cl. 30.111.1877 7 mois Jeanneret A.F. commis 2me cl. 31. v. 1878 9 mois Giat R.H. Luthy A. agent adm. Il. 1. 1878 ~ &ns éO MCE~ C ans m .•• Perret G.C.C. commis chef Il. x. 1880 6 ans
Noverraz S.H.L. commis 2me cl. 23.IX.1879 10 mois
Treybal .R.H. commis 2me cl. Il. 1. 1878 13 mois Kemp! P.E. commis chef 6. v. 1877 6 ans EIC
12 ans 3 m.CB.
Blanchet H.M.M.R. commis chef 28.XII.1879 4 ans
Gobat M. commis 2me cl. 18.XI.1875 5 ans 7 m.ElC 5 mois C.B.
Garein J.H. commis chef 15.111,,1877 3 ans 6 m. Wehrmuth J. ê.gent adm. 17.V1.1871 5 ans 9 m.EIC
7 ans 7 m.C.B. Besson H.A. agent terr.l.cl. 12.11.1878 5 ans 7 m.ElC
7 ans 1 m.C.B. Hemmer D. commis 2me cl. 23.111.1877 l mois Grasset F.A. agent adm.l.cl. 14.V11.1877 5 ans 7 m.ElC
7 ans 5 m.C.B. Berlinger G.Â. commis 2me cl. 21.VII.1880 7 mois
Redard E.E. agent adm.3cl. 1.111.1880 3 ans 8 m.EIC 2 ans C.B.
Barret G.A. commis 1ère cl. 23. v. 1881 5 ans 2 m.EIC l an 4 m.C.B.
Pelet J. agent adm.3cl. 13.VIII.1878 3 ans Il m.ElC 7 ~ns 6 m.C.B.
Steffen P. F. commis 1ère cl. 13. V. 1878 4 ans 6 m. Demaure:x: J.C. commis 2me cl. 29. x. 1881 2 ans 1 m. Veil1ard A.H. commis chef 29. v. 1880 5 &ns 3 m.EIC
l an 3 M.C.B. Monnier R.P. commis 2me cl. 16.V1I.1876 2 ans 2 m. Real L.A. commis chef 7. 1. 1881 5 ans 4 m.ElC
2 ans 6 m.C.B. Kolb F. commis ohef 2. V. 1880 3 ans 2 m. Farquet A.T. ohef culS. 301. 5. x. 1881 5 ans 2 m.EIC
3 ans Il m.C.B.
.... 159
VI. Administration (suite)
------------------------Date naissanc~ Durée séjour
peyot M.A. commis chef 3.IV.1882 4 ans G.B. 5 ans 3 m.EIC
Glere M.A. commis chef 4.VIII.1881 4 ans ElC 1 17 10 m.C.B. ans
Bornoz B.H. agent terr.lc1. ~1. x. 1880 5 ans 2 m.EIC 5 ans 2 m.C.B.
Matthey C.A. commis chef 28.VlI1.1881 5 ans 1510 6 ans 2 m.C.B.
Gagnebin G.A .. agent adm. 3.111.1882 5 ans EIC 3 ans 4 m.C.B.
Godat P. commis chet 26.XI .. 1879 5 ans 1 m.15IC 16 m.C.B.
Kuffer G.F. commis chef 17.VIII.1873 3 ans Perret E. commis chef 2. X. 1872 4 ans 5 m.EIC
1 an 9 m.C.B. Moine P.C.F. commis chef 19.IX.1875 5 ans Conod S.L. agent adm. 3cL 26. 1. 1879 '3 ans :3 m. Sa11in S.L. commis chef 3. x. 1877 4 ans Zutter P.J. commis 1ère c1._ 8.IV.1879 2 mois Corthay E.S.L. agent terr.Icl. 15. 1. 1881 '3 ans 9 m.EIC
7 ans :3 m.C.B. Jeannin H.A. commis 1ère cl. 8.IX.1880 , ans Il m. Gauder G.S" Ioverraz D.L. agent terr.lc1. 28.11.1876 4 ans 8 m.EIG
8 ans 8 m.C.B. Butticaz L.A. commis chef 29.X11.1879 4 ans 7 m.EIC
4 ans Il m. C.B.
Roessinger F.E. cOJllmis chef 17.V1.1879 4 ans 8 m.EIC 6 m.C.B.
Jacot-Guil1ar- commis chef 25.V1I.1870 4 ans 1 m. mot L.E. Capt M.L. commis 1ère c1.21.V111.1882 2 ans 8 IU.
Meroz C.O. commis chef 22.VII.l882 4 ans 7 m.EIC 2 ans 6 m.C.B.
Rais J.J.F. commis 2me cl. '.IX.1878 3 ans
- 160
VI. Administration (suite)
Date naissance Durée séjour
Delez L.A.J.B.
Oartier M. Rouiller O.G.
Peyffer R.E. Junod J.S.
Datoit R.M. Sordet L.S. Cartier D. Gaudin E.A. Vuagniaux L.
Treboux O.G.F. Logoz A. Bezençon C.
Bauer F.L. Sommer l.A.M.
Bard J.L.
Rohrbach S.L.
Walther C.L. Schottli Ed.
Gilliard L.A. TIidier R. Suss M.
agent terre IcI. 24. V. 1882
commis 1ère cl. commis chet
commis 2me cl. agent ter. IcI.
commis 1ère cl. commis 1ère cl. commis 2me cl. agent adm.2cl. adm. terre IcI.
commis 2me cl. commis chet commis chef
commis 1ère cl. agent 2me cl.
commis chef
commis chef
commis 2me cl. commis chef agent adm. 3cl.
18.12.1881 2 .. IV.1879
5. X. 1892 -22.VI.1880
9. Xl. 1882 Il.XI.1882 30. 1. 1879
3. V. 1880 19.VII.1875
23. V. 1882 24.XI. 1871 13. IV .1878
8. X. 1877 26.XI.1883
1.!II 1882
12.IX.1875
10.XI.1881 29. 1. 1877 Il. V. 1881
Roques dit Lardit H. commis chef 16.VIl.1869 19.111.1883 Il.111.1883
Senglet J. Aubert J.A.
Schwab (}.
commis 2me cl. adm. terr. 2c1.
agent adm. 2cl. 3. V. 1883
4 ans 5 m.ElG 5 ans 8 m. C.B. 2 ans Il m 4 ans 4 moEIG 3 ans 6 m.C.B. :3 ans 6 m. 4 ans 4 m.EiC 4 ans 9 m.C.B. 3 ans 1 m. 1 an 9 m.
10 mois l an
4 ans l m. J.HC 4 ans 8 m.C.B. l an 4 m. 4 ans 7 m. 3 ans Il m.J;I;IC :3 ans 3 m.C.B.
4 ans l an 9 m.
3 ans 8 m.EIC 4 ans 5 m.C.E.
3 ans :3 m.ElG 2 ans 8 m.G.B. l an 3 m. 2 ans Il m. :3 ans 4 m.1ÜC 1 an 7 m.O.B. 2 ans 4 m. 4 mois 3 ans l m.ElC 5 ans C.B. 3 ans 2 m.iHG 8 ans 2 m.C.B.
161
Date naissance Durée séjour
Barrilliet P.E. Bras(.y J.B. Studer D.
commis 2me cl. 9. X. 1881 commis 1ère cl.2;.XI.1880 agent 2me cl. 18. X. 1879
Grandjean-Perrenoud L.V. agent 2me cl. 5.I11.1884
Cornuz J.L. commis chef 12.V111.1884
steiger R.A. Bastaroli J.L.A.
Voumard J.H. Bruggmann J.A. Nicole G.
Fornerod V. Brugger T.
Ohatelain J.E. Bovard E.F.
commis chef commis IcI.
commis 2me cl. commis 2me cl. commis chef
3.XI.1883 27. V. 188;
6. V. 1879 2.1X.1877 3.VIII.18BO
commis 2me cl. 15.1X.1881 agent d'adm. 17.11.1884
'me cl.
commis 2me cl. 13.XI.1884
Grand-Guillaume O.E. " 2me cl. 6.VI.1878 Ris B.E.
Mont&ndon G.E.
Perrottet G.H.
Sterroz A.H.
Mirault L. R0y H.F.
Chedel F.R.
agent terr.lcl. 3.XII.1884
commis chef 2.XII.1884
commis 2me cl. Il.VI11,1884
agent adm.3cl. 13.X1I.1882
commis 2me cl. 28.XII.1883 agent adm.lcl. 1.11.1879
commis 2me cl. 1.XI. 1885
4 mois 2 ans Il m. 3 ans 5 m.
10 mois 3 ans 2 m.EIC 3 mois C.B. 2 ans 10 mois
3 ans EIC 6 mois C.B. 2 ans 8 m. l an l m. 2 ans 7 m.lUe 3 ans 9 m.C.B. l an l mois 2 ans 7 M.EIO 9 ans 6 m.C.B.
2 ans 5 m.EIO 2 mois O.B. 2 ans 5 m. 2 ans 5 m.EIO 5 ans 5 m.C.B. 2 ans EIO ; ans 6 m.O.B.
23 mois Eic l an 10 m.C.B.
22 mois EIC 3 ans 5 m.C.B.
10 mois 22 mois EIO
8 ans 3 m.C.B. 22 mois EIC 11 mois C.B.
Jaccottet P.
steller L.E. Minder L.F.
Tripet E •. ?..
stettler G.L.
Rey L.C.A.
Wangler J.L.
Lapierre A. François G.M.
Depallens .A.G.
+ Beaud F.E.
+ Bernard A.E.G.
+ Bloch R.
+ Chenuz W.Ce
"" Gander'" J . J • + Graud J.B.
+ Jeanneret' C.E.
+ Kohrbach J.L. + Lavorel G.e.
+ Liaudet A.L.
+ Mé5hr P.J.
162
Date naissance Durée séjour
agent terr.lcl.
commis 2me cl.
commis 2me cl. commis 2me cl.
commis 1ère cl.
commis 1ère cl.
l2.III.1884
23. X. 1879
9.XI.1879 28.IV.1885
9.VIII.1881
4. V. 1881
agent atim. 2cl. 3.VI.1877
commis chef Il. V. 1885
directeur 2. V. 1880
chef sect.2me cl. 9. V. 1882
adm.terr.Ière cl. l6.IV.1881
chef section IcI. 28.VI.1883
agent terr.lcl. 23.II.1884
commis chef 17.Vl.1882 CON~IS 2me cl. 1.VI.1883
adm.terr.lcl. 12.VII.1877
commis ière cl. 21.111.1880 agent terre leI. 19.1V.1880
chef section 1.VII1.1878
commis chef 16.10.1881
14 m. EIC 3 ans Il m.C.B.
13 m'. EIC 6 m. C.B. a mois 6 mois EIC 10 m. C.B. 6 mois EIC 2 ans 6 m.C.B. 5 mois EIC-10 m.C".B.
3 ans 5 m.EIC 4 ans 9 m.C.B. 1 an 10 m.EIC 2 ans 2 m.C.B. 5 ans 2 m.EIC 18 ans 10 m.C.B. 4 ans 8 m;EIC 13 ans 3 m.C.B. 4 ans 4 m.EIC 15 ans 2 m.C.B. 2 ans EIC
l'ans C.B. 1 an EIC 14 ans C.B. 2 ans Il m. 2 m. ~IC 1 an 7 m.C.B. 3 ans 5 m.ElC 6 ans 7 m.C.B. 3 ans
:3 ans :3 m.EIC 5 ans 7 m.C.B. 5 ans EIC 12 ans 10 m.CB. 5 ans ~IC 1 an C.B.
163
Date naissance Durée séjour
+ Robert A. COIllI.:1is 1ère cl. 21.XI.1876 1 mois
+ stettler L.E. agent terr.lcl. 5.XI.1883 16 mois ElC 8 ans 8 m.C.B.
+ st5cker J.G. commissaire dis- 17. VII. 1879 6 mois ElC trict adjoint 15 ans 9 m.G.B.
+ Thorin J .. O.1;. directeur stetion 1.IV.1885 2 ans 3 m • .1nc expérimentale 10 ans 10 m.C.B.
W.,1+hoT C.V. commis 2me cl. 1. 1. 1883 10 mois
* *
- 164
Lis t e des SU1sses engagés par la Compagnie
Du Chemin de ter du Congo (1).
Date naissance Durée séjour
Wendler J.U. employé 20.IV.1868 3 Rohner J.G. comptable 9. v. 1865 6 paggi L.J.B. cond.travaux 12. 1. 1863 6 Mezzer G. voy. commerce 2. x. 1857 6
Jacquot A.C. cond.travaux 5 Fischer H. comptable 5.Vl. 1874 3 Fauconnet J.V.L. surv. travaux 23.VIII.1882 18 Escoffier L.A. employé 6.XII.1879 2
Duboia E.A. comptable 7.11.1866 10
Correvon F.H". Dr, médecine 24.XI.1870 10
* "* *
1) Cette liste m'a été aimablement communiquée par M~ BERLAYMONT, de la Bibliothèque de l'OTRAGO.
mois ans ans 6 ID ..
ans 3 m. ans
ans
ans ans mois ans
- 165 -
A n n e x e N° 10
Année _ ... 1889 1890 1896 1897 189B 1899 1900 1901 1902 1903 1904 1905 1906 1907 1908 1909
Statistique des Suisses établis au Congo par année (1).
Total des Blancs Belges Suisses
430 744
1325 1474 J 678 16~0
1958 2204 2346 2365 248; 2511 2635 2760 2943 2938
175 338 839 882
1060
1318 1463 1417 1442 1410 1501
1 2
'3 14 Il 18 13 19 21
52 85 92 89 97 94 89
En 1904, les Suisses sont en 6me pos;.tion parmi les étrangers établis en El.C., après les Ita.liens (2}0), les Anglais (133), les Hollandais (119, ~es Suédois (108), et les Po~tugais (96). En 1905 également. En 1906, ils sont en :2m.e position après les Italiens. En 1908, ils sont en 3me position, après les Italiens et les Suédois.
* *
1) Cette statistique B été dressée d'après les différentes listes p. 108, note 1.
166 -
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GLAPAREDE René
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Almanach des Missions Evangéliques, Bâle (1909)
Annuaire de l'Etat Indépendant du Congo, Bruxelles (1903-1905-1906-1909)
Basler Nachrichten (1877-1904-1909-1910)
Belgique Coloniale, Bruxelles 1895-1905 publié par René VAUTHIER
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Bulletin de la Ligue Internationale pour la défense aes indigènes dans le Bassin Conventionnel du COhgo. Paris 1908-
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Bulletin de la Ligue Suisse pour la défense des indigènes. Genève, 1914-1924. B.N.Qq 670
1) Les dates entre parenthèses sont les dates des années consultées.
-172-
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Der Bund, Berne (1811-1885-1895-1900-1904-1905-1908-1910). B.N. Zf (Be)
~vange1isches Missions Magazin, Bâle (1908) B.N. R 6697
Gazette de Lausanne (1908-1909) B.N. Zf (Vaud)
Le Globe, Organe de la Société de géogra-phie de Genève. Genève (1871 à 1881)BPU. gf 410
Journal de Genève (1876-1817-1885-1898) B.N. Zf (Genf)
Kolonia1e Rundschau, Berlin (1909-1911-1912-1914-1915-1916-1918-1925) B.R. 1877 R
Mouvement Géographique, édité par A.J. WAUTERS. Bruxelles (1884-1889-1899 à 1910) B.R. B }13b
Neue Zürcher Zeitung (1817-1884-1895-1900-1904-1905-1906-1908) B.N. Zf (ZÜ)
Semaine Littéraire, Genève (1908 à 1910) B.N. Rq 4818
i~inal de Genève (1908-1909-1910-1911-1912) B.N. zr (Genf)
Tribune congolaise. Anvers (1906-1907-1908-1918-1929-1939) B.R. B 911
173
III. DOCUMENTS CONSULTES DANS LES DEPOTS D'ARCHiVES.
A. Archives Fédérales à Berne (1).
General-Konsulat Bruxelles 1886-1918 : Traité d'établissement d'amitié et de commerce entre l'Etat Indépendant du Congo et la Suisse.
Département Politique - carton 567 : Correspondunce des représentants de la Suisse en Belgique avec la Confédération.
Congo Belge - Affaires d'.tat - Divers - Traité avec le Congo. 1914.
Cqngo Belge - Rupports sur le Congo - Divers - 1908-1909-
1913.
Congo Belge - Affaires particulières - 1911 - 191~ - 191~.
Konsulardienst der Eidgenossenschaftliche Politik Departement 1848-1936. Bruxelles - vol. 1-2-3.
Schweizerisohe General Konsulat - Bruxelles - Congo Belge : Affaires particulières.
Schweizerische General Konsulat - Bruxelles - Congo Bel~e Union Postale.
1) Les archives relatives au Congo Belge n'ont pas encore été classées aux Archives fédérales de Berne, ce qui explique le désordre relatif de la répartition des pièces dans les dossiers.
- 174
Schweizerische General Konsulat - Bruxelles - Congo Belge
Médecins.
Schweizerische General Konsulat - Bruxelles - Congo Belge Demandes d'emplois ( 1903).
Schweizerische General Konsulat - Bruxelles - Congo Belge Affaires d'Eta~.
Sehweizerische General Konsulat - Bruxelles - Congo Belge Affaire Boillot-Robert (1899-1904).
* *
175
B. Archives du Ministère des Colonies à Bruxelles. -------------------------------------------------
Frontière Congo-Portugal. 1889-1890
Traité d'établissement, d'amitié et de commerce avec la Confédération Helvétique 16.XI.1889.
Portugal - Frontières avec le Congo
Adhésion de l'E.I.C. à la Oonvention de Genève du 22 o VIII. 1864.
Gonférence diplomatique concernant la création d'une Union internationale pour la publication des traités. Berne, sept. 1894.
Oonsulat de l'E.I.C. à Genève: G. MOYNIER
Gonsulat suisse à Bruxelles : Oorrespondance-
A l!; 291
A.I!; 476
A.t; 301
A l!i 394 à 398
A ~ 427
A ~ 136
création. A ~ 220-221
Relations de l'E.I.C. avec la Légation de Beliique à Berne. A E 175
Correspondance échangée avec les représentants du Gouvernement fédéral suisse 1888-1890-1897-1898. A ~ 114
Commission d'enquête 1904-1905, Pièces iénérales. A ~ 523-524
Répertoire et liste du personnel de l'E.l.C. SPA 179 à 193
Liste nominative du personnel de nationalité étrangère en E. I.C. SPA 114
Statistique sur le personnel de l'A.I.A. -E.r.C. - C.B. - 1879-1914. SPA III
Répertoire du personnel de l'A.l.A. et de l'E.I.C. décédé en service. 1871-1904. SPA 280
*
176
o. Arohives du Ministère des Affaires Etrangères
à Bruxelles. ~~---------------------------~-----------------~--
Conférence géographique de Bruxelles - 1876 à 1884.
Conférence de Bruxelles - 1889-1890.
Papiers Lambermont.
Correspondance politique suisse 1890-1901-1902.
Congo: Politique et administration générale. 1ère série vol. l à XI.
Sociétés suisses antiesclavagistes, dossier nO 1759.
A.F.I. 1 Congo. Politique et administration générale -2me série. 1876 à 1884 - 1904 à 1912.
A. F. l. 12 - Con~o. Demandes d'emploi. Etrangers au Congo ~migration. Oolonisation.
A.]'cI. 20 - Congo-France. Relié et non-relié.
A.F.I. 25 - Congo-Allemagne. Relié et non-relié.
A.F.I. 378 - Congo-Suisse
Dossierd personnels 1044 Genève. Consulat honoraire: MOYNI~R G.
1045 Lucerne. Consulat honoraire: de SCHUMACH~R F.
1046 Neuchâtel. Consulat honoraire: BOILLOT-ROB~RT J.
Dossiers de Presse 68
72
80
83
177
Congo - Etat Indépendant. Question du Nil (1887-1891).
Congo. Reprise par la Be1~ique. Législation coloniale. Campagne anticongolaise. Polémique sur annexion. (1902-1907). Accusations contre l'E.I.C. (1887-1907).
Convoitises étrangères (1911-1913).
85 : Congo-Katanga.
86 : Congo-Missionnaires (1900-1913).
88 Congo. Etat Indé~endant. Inc$dent STOKES-LOTHAI~ (1886-1897).
89 : Congo. Procès con~ol&is. Affaire ARNOLD (1911-1914).
91 : Congo. Questions des réformes. Réclamations de l'Angleterre et des Etats-Unis (1908-1914).
93 : Oongo. Soulèvement Arabe (1892-1894).
94 : Congo. Situation générale et renseignements divers (1899-1905).
95 Congo. Voyage RENKIN.
162 Gongo. Question du Nil. Bahr-e1-Ghaza1. Lado. (1902-1911).
235 Congo. Traite des esclaves (1890 -1913).
*
178
J'ai éislement pu consulter des papiers privés de René CLAPAREDE, président de 18 Ligue suisse pour la 4éfense des indigènes, chez sa fille, Madame Fern~nd 'C~ENEVI~RE, chez Monsieur le Professeur Eugène P1TTARD, et chez Monsieur BR~YCHA-VAUTH!ERt bibliothécaire en chef à la Bibliothèque de l'O.N.U. à Genève.
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