ÉSOTÉRISME XXIe SIÈCLE. Autour de René Guénon

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    SOTRISME XXIe SICLE. Autour de Ren Gunon

    Suivi de Ren Gunon ou la Voie mtaphysique ( plus bas )

    SOTRISME XXIe SICLEAutour de Ren Gunon

    Federico Gonzlez

    PROLOGUE

    Javais lintention dcrire un livre intitul comme celui-ci, lorsque je constatai quil tait djcrit. En effet, le panorama que je tentais dy dcrire pour ce XXIme sicle en rapport avec laMtaphysique, englobait tout la fois les quelques rares groupes et individualits srieux et detype initiatique qui travaillent en Occident, et lnorme masse de personnalits, cellules, et enfinsectes, qui pullulent autour de la Science Sacre en la dnaturant, et qui ont apport laconfusion, le chaos et les errements propres lobscurit de tout on qui sachve; ce qui rendindispensable un redressement, au moins doctrinal, au nom de la prservation des valeurstraditionnelles, des Ides Universelles sans restriction de temps ni de lieu, directement enrapport avec lessence du Cosmos et sa constante recration et, par consquent avec laconservation de la Vie, la Libert, et la Connaissance qui rendent possible la rgnration.

    Je constatai alors que dcrire ce temps prsent dans lEsotrisme revenait ter la paille dugrain (Cf Saint Matthieu 13, 24-31). En effet, lambiance rgnant en ce commencement duXXIme sicle, dont tmoignent aussi sur la scne sotrique le mensonge et la tromperie, lafalsification et le vol, lignorance et la trahison, nchappe pas aux grandes lignes de la loi quicaractrise les temps modernes. Ainsi, un spcialiste de ces questions devait inclure desinformations de premire main des sujets traits, ainsi que des rles jous par les acteurs sur lascne rduite des ides sotriques contemporaines. Une uvre de ce genre devait alors runirune abondante documentation qui enrichisse nimporte quelle investigation dans ce sens et quiordonne le chemin dune faon gnrale.

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    Cest alors que je compris que le livre tait dj crit et quil ltait de ma main.

    Ceci vient du fait de diriger la revue SYMBOLOS, dans laquelle jai pu rendre compte dupanorama sotrique gnral des onze annes antrieures la fin du millnaire, ce qui revientau mme que de mettre en valeur les lments qui furent la semence du XXIme sicle, et

    distinguer entre eux les appartenances diffrents ordres, tmoignant ainsi de lexistence duneScience Sacre, cest--dire dune Tradition Unanime, si vivante de nos jours, et aussi vraie queses origines non-cres.

    Nous sommes nombreux croire que la plus haute autorit de la Science Sacre en Occidentde notre temps (bien quil en existe galement dautres auteurs authentiques) est Ren Gunon;et son uvre, qui touche plusieurs disciplines, est le tmoignage synthtique et global de cetteScience en ces temps que traverse la Civilisation Occidentale que beaucoup dsotristescomparent une Fin de Cycle.

    Mais ce nest pas seulement laspect doctrinal ou ordonnateur de son Travail qui ressort, mais

    aussi son influence dans les milieux sotriques, et dans lHistoire de lEsotrisme en gnral, travers lautorit quil a exerce sur divers groupes, crivains et lecteurs qui ont considr safigure providentielle, morts et vivants qui ont bu sa source malgr que beaucoup dentre euxne le mentionnent qu peine, ou bien se soient par la suite retourn contre lui, se joignant aucollectif qui ne peut que nier les ides sotriques, de par leur propre nature qui les rendincomprhensibles pour ceux qui avec raison les voient comme contraires toute logique ouscience.

    Et cest au travers de cette masse de lecteurs qui ladulent ou le dtestent puisque sa pensecritique eut dinnombrables ennemis depuis le dbut jusqu sa mort avec toutes les nuancesintermdiaires, que la pense de Gunon sest diffuse dans le milieu sotrique, autant pour

    ses rfrences la Maonnerie et lHermtisme, ou aux Religions du Livre, ou lHindouisme,Lamasme, Taosme ou encore les aborignes amricains, que pour lesprit irradiant son travail etles aveuglantes analogies quil ralise, aliment pour lintelligence et vhicule pour lacomprhension. Et cest aujourdhui, cinquante ans aprs sa mort, ce que lon peut vrifier enobservant combien son uvre reste vivante, peut-tre plus encore que durant sa propreexistence temporelle; clbrations, symposiums, numros de revues, livres, articles, tmoignentdes divers hommages qui lui sont rendus.

    Ainsi, de faon naturelle, la figure de Gunon devint laxe de ce livre sur lsotrisme auXXIme sicle.

    Pour les mmes motifs, il stait institu comme le guide spirituel de la revue SYMBOLOS et dugroupe de rdacteurs qui la forment. Cest pour cel quil est absolument normal que je publie icice que jai crit sur Gunon lui-mme, la Maonnerie et la Tradition Hermtique, ce qui forme depar ses propres caractristiques un regard sur lsotrisme contemporain, puisque en tant quedirecteur de SYMBOLOS je me devais dtre en contact avec les principales ides et milieuxsotriques de ces derniers onze ans, aussi bien en Europe quen Amrique, ainsi quavec lesauteurs actuels.

    Depuis les dbuts de sa publication, cette revue, que nous distribuons parmi les principauxmilieux sotriques, reut un accueil favorable, spcialement auprs de ceux qui connaissaientou taient au courant de luvre de Gunon, avec lesquels nous changions des exemplaires de

    nos publications et articles en diverses langues que nous publions dans SYMBOLOS, tout commeplusieurs de nos collaborations furent traduites et diffuses dans ces milieux. A ceci il faut

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    ajouter lenvoi dune abondante correspondance de Gunon, qui navait pas encore t publie,et dtudes de lauteur qui, ayant t publies dans des revues de son poque, navaient pas trecueillies dans ses livres et que quelques correspondants me firent parvenir aimablement. Ilfaut galement mentionner que, tant donn la qualit des articles initiaux, nous avons reu denombreux travaux dauteurs qui dsiraient spontanment se joindre SYMBOLOS et publier

    dans ses pages, ce qui se fit vu la valeur de beaucoup des textes envoys bien que ces auteurs neparticipent pas de tout ce qui est manifeste dans ce milieu et nappartiennent pas au noyaudcrivains qui forment la rdaction de notre revue.

    Ce qui fit que SYMBOLOS sinstitua ainsi, et sans lavoir prtendu, comme une sortedminence do observer le panorama de lambiance sotrique de son poque; un point devue privilgi puisqutant intervenu directement dans les questions dont traite le thme, ycompris de forme polmique, tout en rendant compte au moyen de commentaires, recensions,ou encore la reproduction photographique de sommaires que nous avons conserv ici dumouvement sotrique en gnral; pendant que Gunon, la Tradition Hermtique et la Franc-Maonnerie, comme moyens daccs la Connaissance en particulier, cest--dire comme guides

    et chemins de ralisation, constituaient le programme sur lequel insistait tout particulirementnotre revue.

    De fait, SYMBOLOS a dj publi jusqu prsent plus de 4.000 pages sur des thmessotriques de toutes les grandes traditions, y compris la Tradition Prcolombienne, que Gunonna presque pas approche, laquelle SYMBOLOS consacra plusieurs travaux; ce dernierprogramme a t limin en vue de cette collection qui comprend seulement ceux qui sontconsacrs aux voies cites prcdemment et leur vigueur, documente par les publications etles auteurs qui en tmoignent dans un sens ou dans lautre, car la polmique nest excluedaucune manire, tout en signalant concepts et chemins, symboles et penses ou points de vuegalement valides, en rejetant beaucoup derreurs dans linterprtation, presque toujours

    intresse, de concepts en rapport avec la doctrine traditionnelle et manant de sources qui, denos jours plus que jamais, sont opposes cette doctrine quelles prtendent pourtantmanipuler et utiliser leur profit, qui est le mme que celui de lAdversaire. Dans ce sens, loninsiste tout particulirement sur les diffrences entre religion et mtaphysique, exotrisme-sotrisme et Etre et Non-Etre, qui ont si souvent prt des confusions encore aggraves parles personnes et les groupes qui, ou bien par ignorance qui mne la haine ou bien par dsirdhgmonie et pouvoir, ont adultr la pense de Gunon dj de son vivant. Comme parexemple ceux qui sapproprient sa figure et son uvre des fins religieuses qui frlent lefanatisme ou des fins politiques, dans ce dernier cas des groupes fascistes et traditionalistes dutype dur, rallis aujourdhui au drapeau de linnocente Nouvelle Droite.

    CHAPITRE I

    RELIGION ET MTAPHYSIQUE LA FIN DU CYCLE *

    De fait, non seulement notre Revue nest compromise avec aucune religion enprcisant que nous appelons religions les trois branches: judasme, christianisme,islamisme, drives du monothisme abrahamique mais elle est areligieuse, cest--dire quelle a un support et un but mtaphysique et nadore pas de divinitspersonnifies ni possde de vision anthropomorphique, ou individualise, de lIdentitSuprme.1 La Tradition Hermtique, comme Enoch-Herms dont elle tire son nom, estvidemment prchrtienne mais surtout antdiluvienne, cest--dire quelle survit aux

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    catastrophes de divers mondes. Cest pour cela que ltude des cycles est extrmementproductive dans le travail de la Connaissance, puisquelle nous oblige nous passerdune vision religieuse, cest--dire exotrique donc historique, rattache nimportequel cycle, pour nous placer aprs dpuisantes preuves et travaux dans une positionbeaucoup plus ample, de type polaire, o les diffrences entre les religions et les

    religions mmes sont rduites nant face la Majest de ltre Universel et ses diverstats, la lumire duquel toute querelle samoindrit voire disparat ds que ces passions(nes de la dualit, donc dun dualisme qui doit recourir un monisme radical pourrsoudre son conflit) se dissolvent cause de leur genre religieux dans lefondamentalisme, lintgrisme, ou le sionisme,2 et sont un vritable obstacle pour laConnaissance, cest--dire la Gnose, comme lindique lun des sous-titres de SYMBOLOS.Nous tenons pour acquis que cette attitude nous a dj caus des problmes avec lesreligions manant du Livre. Nous nous rfrons notamment quelques escarmouchesque nous avons d essuyer avec des juifs et des islamiques radicaux peu disposs respecter la Tradition Hermtique, leurs dieux et desses, ceux quils ont eulopportunit de connatre ou mme assimiler dans leur corps exotrique en tant que

    Noms de Pouvoir, Archanges, Anges, etc.; les hbreux ont la base des problmes avecGunon notre rfrence intellectuelle parce quil est mort en Islam, sans remarquerque ce dernier cite plusieurs reprises leur Kabbale, cest--dire leur Tradition.

    Paradoxalement nous en avons trouv dautres, trs irrits, pour nous accuser nous-mmes et Gunon dtre hbrasants. Il y a galement des groupes islamiquestraditionnels, de ceux qui prient, qui croient leur faon la guerre sainte et seconsacrent systmatiquement la provocation (aussi purile que daller prier lamanire islamique dans la cathdrale de Cordoue ou aussi srieuse que dmettre leurpropre monnaie Grenade), accaparent des groupes dtudes, spcialement de jeunesou de faibles ayant besoin de secours religieux, et autres broutilles ralises par des

    individus nayant en ralit aucun niveau de Connaissance en dpit de leurappartenance des groupements traditionnels, donc drivant directement du prophte,ce qui est, dit-on, diffrent de lirrgularit de Schuon et sa secte qui depuis des annesnous molestent de toutes les manires possibles, essayant concrtement de nousassimiler au satanisme et utilisant mme le mensonge et les moyens les plus vils pournous dtruire. Prcisons que pratiquement tous les martyrs soufis ont trouv la mortaux mains dautorits fanatiques religieuses ou lgalistes littrales, toutes convaincuesdavoir raison et de reprsenter officiellement lIslam; de fait celui-ci rpteconstamment cette fragmentation et regroupement de structures particulires,sopposant parfois les unes aux autres, ce qui rend difficile savoir laquelle estintgriste, fondamentaliste, ou traditionnelle et font que de sa propre dynamique leur

    rseau continue de stendre vers les quatre points de lespace.

    Nous avons gard pour la fin la religion dans laquelle sont ns la totalit desrdacteurs de SYMBOLOS, la religion catholique, qui nous disqualifie pour notreappartenance lOrdre Maonnique. Ceci est particulirement outrageant du fait queces officiaux, qui depuis des sicles ont trahi leur fondateur et son hritage, sonvangile, dans lequel se consignent ses enseignements, se consacrent en revancheaujourdhui des questions "sociales" labri de la science, quils bnissent, sefforantainsi dassurer leur part de pouvoir et dinfluence dans la grande escroquerieinstitutionnalise, de laquelle ils ont t et prtendent continuer dtre lun despiliers. Inutile de prciser que ces gens ne croient aucune sorte dsotrisme, voire

    mme ne semblent pas donner crdit leurs propres dogmes, comme lon a pu levrifier auprs de quelques fonctionnaires du Vatican avec lesquels nous avons

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    convers il y a quelques annes Rome.

    Quoi quil en soit, nous pensons que ces mouvements radicaliss ne montrent que lacrispation et la rigueur quils annoncent, ne survivent que brivement la mort duntre vivant, et ne sont rien de plus, bien que leurs membres intgrants se sentent bien

    suprieurs (saints hroques qui dfendent la cause de Dieu), ce qui est souvent ainsidun point de vue dissolvant, au contraire de ce quils imaginent et prtendent... Dansce sens il faut souligner lattitude oppose de la Tradition Hermtique, qui accueillit Alexandrie toutes les gnoses, et intgra hbreux et chrtiens sous son gide paenne etpolythiste, qui a tellement enrichi lOccident et aussi cette humanit adamique, delaquelle elle est en fait lesprit aussi bien que lme, malgr que son cheminementsubisse les constantes interfrences de prtentions religieuses fondes sur le monismedune croyance qui dnie son Dieu la possibilit de Non-tre.

    En dernier recours et en appliquant cet expos gnral au cas de SYMBOLOS avec uneperspective vraiment Universelle, cest--dire depuis le ple, o les mouvements

    passionns du cur-soleil ne sont plus seuls tre perus et o lon voit clairement laporte ouverte sur dautres tats de ltre Universel, nous dirons que ceux-l ne sont pasexclusivement affirmatifs ou ontologiques, mais aussi compltement diffrents de ceque signe nimporte quelle dtermination. Nouvelle ralit dans laquelle on vitseulement par la Grce de Dieu, qui nous limite par le numro, et nous donne ainsi lapossibilit de transcender le cosmos au moyen dun vhicule notre porte.

    Autrement dit, dans lhumanit o nous devons vivre, cest--dire dans le segment deltre Universel que constituent cette Cration et son Grand Faiseur (et non pas sonassistant, le Dmiurge, seigneur du feu et du souffle, pris comme le Dieu des religions).La possibilit nous est alors offerte de nous identifier lui, tout comme lui-mme

    sidentifie lon, ou Manu, et son tour ce dernier sidentifie avec le Manu des Manuqui englobe la totalit des crations, des mondes et des humanits dans ses possibilitset dveloppements indfinis, et, encore plus stupfiant, dans une parfaite simultanit,dans linstant. Cest alors que survient la question: si nous ne savons rien, et mme il nya rien savoir, qui sait vritablement pour qui il travaille?

    Nous ne sommes antireligieux daucune faon, mais il convient de savoir o sonttombes les traditions dgnres par leurs tendances exotriques et les agissementsdindividus, depuis des sicles usurpateurs du pouvoir, et stant institus officiersdogmatiques de ces religions quils utilisent leur profit, ce qui est vident dans lecatholicisme et sa pompe.

    Dans le catholicisme, ltymologie mme du mot religion perd son sens puisque lesvoies sont brises, et le pont (pontifex) qui unissait ltre individuel ltre Universel parle biais de la Connaissance nexiste pas, cette dernire ayant t abandonne etremplace par une Foi aveugle dont le contenu changeant peut tre une chose oulautre, cest--dire en complte contradiction avec la Science Sacre.

    Lon pense parfois, erronment, que cette fin de cycle voit des forces obscuressattaquer aux religions, lorsque cest prcisment le contraire qui se passe: celles-cisont tellement corrompues et adultres quelles ont de ce fait pratiquement perdutoute connexion avec le Principe; elles doivent donc tre considres dans toute leur

    imposture, et dpasses une fois pour toutes par tous ceux qui aspirent la Sagesse. En

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    ralit les monothismes tels quils se prsentent actuellement demeurent dessystmes incomplets, de type unidirectionnel fond sur la dvotion, qui napportent pasde solution au problme du mal, et sont incapables de dpasser la sphre du dmiurge.

    Nous voudrions apporter ici quelque argument plus favorable aux religions, puisque

    nous sommes loin de vouloir leur faire mal ou de les nier en quelque sorte comme lerite exotrique bien que nous ne voulions pas non plus tre complices par notresilence dune chose qui nous proccupe. De plus, noublions pas que la perspective dunhermtiste est de voir les credo nier sa Tradition, aussi authentique quune autre, quiest mme prsente parmi les religions du Livre, bien que ces dernires nadmettent pasde chemin ou voie de ralisation qui ne passe par leur intermdiaire; dans quelques cas,les esprits religieux les moins triqus "acceptent" officiellement quatre autrestraditions orientales considres tort comme des religions. Tout ceci sans mentionnerlimportance nulle quils attribuent la Tradition prcolombienne, et aux traditionsarchaques en gnral, dont les vestiges culturels et spirituels nont pas encorecompltement disparu.

    La raison en est que, bien quen relation troite, la mtaphysique et la religionappartiennent deux milieux distincts. Et mme en considrant, comme le prtendlIslam, quil existe un sotrisme dans la religion, dans le meilleur des cas il sagittoujours dun sotrisme solaire (bien que lIslam soit rattach au lunaire, ce que meten vidence son emblme du Croissant et de ltoile), alors quelle doit obligatoirementcontenir des dogmes exotriques pour assumer sa fonction en opposition avec laralisation polaire, strictement mtaphysique.

    Tant que notre groupe fut ferm, cest--dire lorsque nous travaillions seulement ennous-mmes au moyen des mthodes hermtiques, Tarot, Kabbale, Alchimie,

    Arithmosophie, etc., ou mme avec la Cyclologie, nous nemes pas de plus gravesproblmes, bien quil soit connu que ne manquent pas les malheureux dont luvre soi-disant pour le bien public est lun des travestissements, par le biais dune supposevertu invente pour justifier leur ignorance et leur dsir de contrle et pouvoir.Nanmoins, nos ennemis ne faisaient encore que montrer une part infime de ce quisest dchan par la suite mettant en vidence le degr lmentaire des ces "initis" etleurs qualits inexistantes, voire une profonde ignorance devant tre occulte derrirele fanatisme religieux, sujets qui nont rien voir avec la Connaissance et leJnni yoga-et la rapidit du mercure et la mallabilit de lor prsents dans la Tradition Hermtico-Alchimique, dans laquelle un grand dieu, celui qui a fabriqu la lire dApollon, le grecHerms descendant de lgyptien Thot, est la fois messager, psychopompe et hros

    culturel; le dieu des diplomates et des commerants. Signalons en outre que, notrepense tant mtaphysique, cest--dire propre aux "Grands Mystres" et dincarnationontologique au travers de la cosmogonie et du symbole, donc du plan intermdiaire,elle fut immdiatement repousse par les fausses hirarchies abrahamiques, ignares ence qui concerne la Science Sacre, comme lattestent leur petitesse et lextrmelimitation de leur vision. Ces violentes dissensions sont illustres par les guerres quiopposent ces religions, ou de leurs noyaux, qui se produisent mme dans les soi-disantsocits initiatiques, ou sotriques, comme certains les nomment bien que, au lieu desoccuper de la Connaissance implicite dans leur Tradition, elles ne traitent que de leurexpansion quantitative, cest--dire leur nombre de fidles ou la mesure du pouvoirquils possdent, quand ce nest pas des revers infligs aux adversaires osant discuter

    leur hgmonie, ou lautorit absolue destine imposer leurs vues. Y a-t-il plus grandeimposture que de laisser la religion supplanter linitiation?

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    Cette engeance est de fait totalement prime et si certains croient en la "pauvret"et le "sacrifice" comme un bien en soi, cest--dire que leur croyance trouve sa sourcedans les uvres humaines et non dans la grce du Seigneur, nous trouvons surprenantquil subsiste encore une ignorance aussi cristallise que les orthodoxies, tantreligieuses que politiques; les gens sont las de ces alternatives aussi fausses

    quarbitraires o se trouve plong lhomme moderne, et malgr une certaine relationsuperstitieuse avec la religion, le peuple semble sen tre oubli et se rvle agnostique,sauf lors de grandes catastrophes ou de certaines "apparitions" mariales et de saintsnies par lglise; les juifs, replis sur eux-mmes, attendant la ronde du rabbincollecteur dimpts... Ceci nest pas compltement valable dans le cas de lIslam, enplein essor religieux contemporain, bien que son fondamentalisme mme, y compris leterrorisme, trahit sa faiblesse et rencontre un fort rejet parmi les fidles, ce qui est trsclair en Afrique du Nord.3

    La vie du Prophte et lHistoire de lIslam sont pleines dexemples dinterventiondivine directe, ce qui illustre quil nest nul besoin des obscures manuvres et des

    manigances, ni des "pousses" et "coups de coude" de ceux qui ne constituent, aumieux, que lun de ses groupements, sans compter les diverses Traditions, quiaffronteront plus ou moins consciemment la Fin des Temps. De notre ct nous necherchons pas gagner quoi que ce soit, et encore moins une guerre, puisquil y a desannes que nous avons accept notre dfaite la plus complte devant les invitablescirconstances cycliques.

    Lon pourra comprendre ltonnement ressenti cependant lorsque lon entend direque lIslam nest pas seulement une religion, ni signifie uniquement soumission, maisque ce nom indique la puret essentielle de toute religion ou connaissance, antrieureou postrieure. Cest--dire quil rend islamique par dcret nimporte quel penseur, de

    nimporte quelle poque. Ce fait devient parfaitement clair en lisant dans S. H. Nasr(Vida y pensamiento en el Islam, Herder, Barcelone 1985, p.9) que lIslam nest passeulement le Coran et le Hadith, donc lhritage reu il y a quatorze sicles, sinon que"LIslam comporte, en plus de cette essence, son dploiement dans le temps et danslespace et tout ce quil a absorb selon son gnie propre et a fait sien par son pouvoirde transformation et synthse." Le choc est dautant plus fort que, au chapitre IX decette uvre, lon parle dHerms et des crits hermtiques dans lIslam, et que lon ycommente linfluence exerce sur ce credo par Herms Trismgiste (le prophteislamique Idris) par lintermdiaire des hermtistes sabens (hritiers de Balkis, reine deSaba, en rapport troit avec Salomon et son temple), certains dentre eux ayant tislamiss par la suite ou ayant d cohabiter par la force avec cette religion et loi, comme

    ce fut le cas de nombreux sages et martyrs parfois revendiqus posteriori. Il semble entout cas pour le moins curieux quune tradition comme la Tradition Hermtique, qui estdemeure vivante en Occident jusqu nos jours, et qui fut connue des islamiques eux-mmes (Mohamed c.571-631) plusieurs sicles aprs son avant-dernire irradiationimportante, Alexandrie (nous gardons la dernire pour Florence et son postrieurdveloppement rose-croix et franc-maon), fasse aujourdhui partie de la doctrineislamique, ce avec quoi ne peuvent tre daccord ni les hermtistes ni aucune personnesrieuse, sans compter que ceux-ci ne veulent se soumettre aucune obligationreligieuse puisquil ny en a aucune ncessit, selon les impratifs de leur propreTradition, dont le patron est le dieu Herms Trismgiste et le Livre est le CorpusHermeticum.4

    Il demeure que lintrt envers les institutions religieuses, voire mme pour les

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    "grandes" religions, sest affaibli5 et cest prcisment ce quelles savent et se refusent accepter, motif pour lequel elles tentent de se rendre plus attirantes (de la faon la pluslmentaire et grossire, la ressemblance des sectes) afin dessayer de canaliser lesfortes tendances qui existent envers la Connaissance. Car il existe une vritable soif desavoir et un esprit "religieux" une fureur que connurent les paens plus en rapport

    avec la Cosmogonie, le Symbole et la Mtaphysique et de nombreuses autresalternatives opposes toute forme dorthodoxie religieuse, de dictature intrieure, demenace, censure ou fanatisme, soit tout leur entourage ordinaire, au sein duquel leursus et coutumes, leurs tabous, phobies et obligations devant tre imposs autrui, ne lesrendent bien entendu pas trs attirantes aux yeux des habitants de cette fin de cycle. Atout ce qui prcde et qui est rejet des nouvelles gnrations il faut ajouter que celase trouve tre reprsent par des individualits aux vises limites: historiques,idologiques, sans aucun doute passionnelles, rgies par la haine quengendre lenvie dece que lon na pas et que lon devine quon ne le possdera jamais.

    Dans lIslam, ce qui est nomm loi islamique correspond videmment lexotrisme;

    ce que lon appelle sotrisme disons-le une bonne fois est en propre un point de vuereligieux, gnralement rattach la pit-dvotion-sentimentalisme ou mme desdoctrines philosophiques, ou plus exactement thologiques, linstar du christianisme,quoique celui-ci nie toute possibilit dsotrisme et conforme avec sa doctrine la solideorthodoxie dune force arme, soit une loi religieuse dfinie par un groupe possdant lecontrle, ou par des mafias possdant une force de pression suffisante pour lexercer dediffrentes positions.6

    Dans les deux cas la masse des fidles, ou la presque totalit de ses affilis, demeuredans la plus profonde ignorance comme cest le cas du judasme, bien que personne nepuisse nier le rle ducateur et ordonnateur des religions, les consolations quelles

    apportent, les morales quelles propagent, cest--dire les rgles de leurs us etcoutumes; il faut galement prciser quelles furent en dautres temps le sige de sageset de mages, vritables hommes de Connaissance, et paradoxalement comptent encoreaujourdhui de nombreux initis.

    ** *

    Nombreux sont ceux qui ont essay et essayent depuis des annes dintervenir debonne foi au sein mme des religions abrahamiques, pour que celles-ci comprennent

    leurs desseins et origines authentiques, et puissent ainsi remplir les fonctions pourlesquelles elles ont rellement t cres. Au moins depuis lpoque o Gunon publiaitson uvre, les tentatives ont t totalement infructueuses, et en particulier beaucoupdentre nous ont recherch le dialogue avec prtres et fidles catholiques de toutetendance durant plus de deux dcennies, avec les rsultats les plus aberrants ettoujours ngatifs. Dautre part, des personnages de responsabilit marque ont essayet essayent que les autorits religieuses mondiales comprennent quelles se trouvent aubord de la fin des temps, donc quelles nous expliquent, malgr leur impuissance, ce quiest rellement en train de se passer, ce qui arrivera et quoi devons-nous nousattendre; en dfinitive, quelles rpondent prsent aux questions ternelles de ltrehumain, comme le font leurs livres sacrs et le firent leurs prophtes et sages

    hermneutiques. Car dans lessence, lorigine mme des religions, se trouve le

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    message rvl par la voix de leurs envoys, mais aujourdhui il est inutile de lerechercher dans le temple "rel", dans celui du quartier ou auprs des autoritsecclsiastiques. Il semblerait que personne ne veuille se rendre compte que, si unepierre est lance du haut dune tour sa vitesse augmente de faon gomtriquementproportionnelle la distance parcourue, et cest ce qui est en train de se passer

    temporairement de nos jours, alors que nous atteignons le millnaire. Lhomme pourraajouter une nouvelle illusion un monde qui sefface (de par la logique des cycles) etpeut-tre songer dans ce cas la projection historique et quantitative dune guerre sainte ou non qui mettra dans sa main tous les atouts, et rgnera purilement sur lesautres. Pour combien de temps? Cest la question que nous nous posons tant donn lasituation cosmique. De plus, cette querelle mme nous place spcifiquement enMditerrane, cest--dire dans une zone gographique rduite qui si lon nous passelexpression est un cadre plutt local, presque une bagarre de rues pour ces religionsqui prtendent possder toute Universalit et se limitent des chicanes Jrusalem,mme sils en arrivent peut-tre utiliser des armes atomiques. Et sil est vrai, commenous le remarquions, qu lorigine elles manent de la Divinit, le processus cyclique

    les en a tellement loignes quun futur Homme de Connaissance devra vraiment syopposer mme au sein de son propre credo pour la corruption et le poison moralimplicites quelles portent, pour avoir reni leurs origines sacres afin de nous offrir leurversion dtache du Principe et lie des opinions personnelles, parfois bases sur desthmes traditionnels, mais forges avec la complicit du groupe et imposes avec laferveur et le fanatisme de crnes rass, hros communistes ou "fachos", oufondamentalistes religieux.7 Cest un symbole que ces extrmismes et surtout la"spiritualit" qui les motive se traduisent par le terrorisme, quoique didologiesopposes. Seuls les ennemis de Dieu sont capables dchanger son ternit contrelappui prtendu une guerre rgionale ou mondiale, simple escarmouche compare elle. Ni arbitraire ni casuel, cest seulement ce qui dcoule du niveau o lon place la

    dit: si le degr est mtaphysique un tel problme nexiste pas; tant religieux,ladquation est toujours insuffisante, puisquil sagit dune dit personnelle, doncindividuelle, ou dun dieu personnalis, deux formes analogues inhrentes ce point devue toujours rattach la possession, ou la matrialisation de ce qui est spirituelcomme une chose pouvant tre acquise, reniant la grce, base de gnuflexions oucommerce de faveurs et rmunrations avec de soi-disant esprits, dnaturant ainsilide de sacrifice. Dans ce cas, lon peut arriver justifier certaines critiques gnostiquesenvers le judasme o lon assimile Jhovah, non pas avec la figure de ltre suprme,mais avec son second, le Dmiurge.

    Quant aux collaborateurs de SYMBOLOS, nous dirons que nous sommes entrans la

    concentration, o la coexistence de diffrents points de vue, mme opposs (mais aussicomplmentaires dans leurs multiples et tranges relations, donc pouvant seconjuguer indfiniment), nest jamais le fruit dune fixation a priori sur une seule voie delesprit, sur laquelle se plaque toute la volont forge par des raisons prises commecredo, lexclusion de toute forme de conciliation des opposs ou dexercice du librearbitre, refusant ou compromettant la reddition lintelligence, desse aussi fuyanteque relle. Cest par langoisse du doute, par la vrification de notre rien qui est chaque fois encore moins, donc grce aux instruments du cabinet alchimique de lme,que lon peroit la simultanit des ons et la perptuelle naissance de la cration.

    Pour nous et pour bien dautres la dit ou la conception que nous en avons, ne se

    forme pas diffrents niveaux et nadopte aucune couleur, religieuse ou non; donc ilimporte peu quel intrt quantitatif ou historique, li des notions de comptition et

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    de triomphe (un point de vue presque sportif), est soutenu par ces groupesantagoniques et extrmement limits. Et aussi parce que, mme dans le meilleur descas, si nous devions incarner une entit destine vaincre lAntchrist Jrusalem, celanous laisserait compltement froids vu que cela nous semble mineur, quand bien mmecette situation surviendrait-elle de faon symbolique, ou serait dj vidente.

    Tout ceci est minime, notre dit est prsent, maintenant mme, comme elle atoujours t, jamais conditionne par aucune dtermination; hors de la Ralit il ny arien. Le signe que nous attendons est non-humain, et ce nest pas lintervention dunereligion, malgr que lon nous dise que celle-ci ou celle-l nest pas une religion de plus,sinon La Religion, ou bien que lon nous rappelle que lhumain rvle le non-humain, ouque lon nous demande de quelle faon ce dernier pourrait-il sexprimer si ce nest autravers de lhomme ou du groupe. Une supercherie dangereuse puisque mettantlaccent sur laspect le plus lointain de la dit : ltre individuel dplac, invers, jouantle rle de ltre Universel avec lequel on le confond.

    ** *

    Quattend-on encore, que dsire-t-on, quelle pourrait tre la rcompense, quelleserait la gloire ! Devant quel autre serait-ce quelque chose sinon devant soi, face facemaintenant et toujours avec Soi-Mme ? Il est difficile en vrit de comprendrequelle serait la "satisfaction" de llu, quel sceptre, quelle couronne, quel pouvoir, parrapport quoi ou qui ? Et quelle serait la relation de tout ceci avec lIdentit Suprme,avec le Principe indiffrent, tranger au schisme sur quel sera le vainqueur de cetteguerre sainte ou de lautre ?

    La Volont du Ciel ne partage pas les vicissitudes cycliques et le Manu de chaquemanvntara fait tourner la Roue de lExistence Universelle, et prcisment sansparticiper ce mouvement dont cependant il est involontairement lorigine. Il ny adonc pas besoin de sefforcer, ni rien conqurir sur personne, mais rintgrer la GrandePaix, limmobilit du Ple, la totale renonciation de lHomme Universel tandis quesaccomplissent toutes les prophties, dont normment sont trangres au flux desreligions abrahamiques, aujourdhui franchement dcadentes. Il faudrait ajouter toutce qui prcde linaptitude reconnatre la dit lorsquelle se manifestedinnombrables manires loignes de la pompe religieuse actuelle (par ailleursadultre), tout comme le savaient les peuples "primitifs" et les sages de lantiquit,

    commencer par les taostes et tantristes orientaux et les paens occidentaux.

    La religion est pour beaucoup, ou peut-tre a t, une forme adapte du sacr, uneforme simplifie afin dtre comprise par la majorit, quelle commande par une loimorale qui devient en dfinitive un ensemble dus et coutumes, et ainsi se perptuedans un groupe considrable suivant les prceptes dun dirigeant pour le bien de lasocit. Il suffit dobir linstar de braves bufs patients et castrs et davoir la foi ;cette attitude est prfrable toute tentative de Connaissance, qui pourrait mmearriver mettre en conflit ou tourner en ridicule nimporte quelle autorit religieuse.

    La supriorit de niveau de la mtaphysique vient de sa propre nature, cest--dire de

    son Origine et son Objectif, tout comme la limitation exotrique de la religion, ses

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    dogmes et ses transports, ne peut dpasser un certain degr. Ces deux formes sontapparentes au Sacr, malgr que par les temps qui courent la religion pourrait bientre qualifie de profane, puisquelle refuse la vritable intellectualit, son authentiquespiritualit confondue avec les adhsions dintensit variable dune pit incertaine aufanatisme exclusif, descendants directs de lmotionnel, qui va et qui vient.

    Mais ce nest pas tout car, comme nous le remarquions, ces deux formes du sacr setrouvent sur des plans distincts, et la mconnaissance de la mtaphysique et sasubstitution par la religion, qui la supplante, quivaut une ngation. Ce pour quoi lonpeut confondre aujourdhui de bonne ou de mauvaise foi la mtaphysique avec leprofane, (notez linversion) force de toujours associer la religion et le sacr. Lesdiffrents credo abrahamiques tels quils sont exprims actuellement doivent treplutt pris comme des entraves aux nombreuses formes de Connaissance, ou ScienceSacre, en accord avec leurs limitations. Surtout en ce qui concerne le plus haut stade,paradoxalement le seul donner un sens lchafaudage religieux, tant donn que sarvlation dnature et ses conceptions sont des erreurs nes de lignorance de ce qui

    est intimement sacr ou mtaphysique et de sa substitution par les valeurs morales,pieuses et sentimentalistes auxquelles nous nous rfrions qui se rduisent desquestions minuscules, qui se manifestent leur tour par des comportements triqusqui, bien quallgoriques, ne dpassent pas le niveau des tabous comme celuiconcernant lingestion de viande de porc. En dfinitive, la religion prise comme lune desexpressions de la mtaphysique a perdu sa signification par sa plonge jour aprs jourdans la corruption, fait invitable par ses propres caractristiques dans un monde entrain de succomber. Le Messie, Le Christ Intrieur, Le Mahdi, vient pour restaurer laConnaissance, le Rgne de la Mtaphysique, et non pour promouvoir ni consacrer uneaucune religion en particulier dont la description de la ralit nest pas de nos joursdiffrente de celle de la science profane, et ce traduit en obnubilations sportives plutt

    propres de "hooligans". La religion, lie dans le meilleur des cas avec le salut, estlobissance une mthode dtermine pour obtenir la "libration", tandis que lamtaphysique est la Libert mme, en lettres majuscules ; ainsi donc, cest la Librationdu concept de "libration". De nos jours, la Connaissance et la Mtaphysique ne passentpas par la Religion, qui sidentifie au monde moderne dans tous ses aspects, pour lesimple motif, dj mentionn, que cette dernire nappartient mme plus au domainesacr, sinon plutt au social, encore quil existe bien sr quelques exceptionsindividuelles, presque aussi rares que celles dinitis solitaires rattachs nul appareilreligieux, bnficiaires donc de plus amples points de vue et dune conception plusuniverselle, souvent lie la sacralisation de la Nature incarne entre autres par ros etDionysos qui nont jamais t oublis dans les cosmogonies traditionnelles ni par les

    peuples archaques. Quoi quil en soit nous ne voulons pas terminer cette note sansrevenir sur ceux qui se disent traditionnels et qui, de faon contre-initiatique,prtendent parer de caractristiques suprmes leur vague religiosit (quils lvent lacatgorie de vrit transcendante officielle et quils nomment sotrisme ou mmereligion perptuelle), constituant une scandaleuse dnaturation, aussi bien de laMtaphysique que de la Racine de toute religion monothiste.

    Cest justement en cette fin de cycle quil faut exposer toute la vrit, commencerpar la rvlation de lauthentique cosmogonie, le modle de lUnivers, les Secretsconnus des sages de tous les temps, et dmasquer les desseins de limposture"religieuse", ses fausses thologies et ses "saints" matres dont les exposs littraux

    sont minemment inspirs du profane et arrivent lextrme de renier leurs propreslivres sacrs en dtournant leurs contenus ou mme les utilisent en leur propre

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    bnfice. Si le moment nest pas venu de remettre leur place ces tentatives contre-traditionnelles, apparemment acceptes au sein des religions abrahamiques et par desgroupes mystico-sotriques dont le trait est lhypocrisie face aux authentiques valeursmorales, jusqu quand attendrons-nous ?

    Linitiation est la subtile nourriture des dieux et exige autosacrifice et stocisme,tandis que la religion est comme une boisson light, dans le fond un bouillon aussiconventionnel que non-transcendental, en dpit de prendre des formes guerrires,mystiques ou miraculeuses.

    Il est vident que linitiation est une action contre-courant dtermine parltranget de certaines terribles preuves avec lesquelles se certifie la qualit delAmour. La religion actuelle, en revanche, nest que complaisance envers la bont dunsystme qui se considre valide et lgotisme satisfait de se distinguer enlaccomplissant. La premire se rapporte la magie et la grce, la seconde au travail,au devoir, la routine et la rigueur de la loi.

    Confondre religion et mtaphysique ou religion et sacr revient prendre la santpour le moral, ou la bienfaisance pour de lamour. Il se passe la mme chose lorsquelon substitue la loi la justice, lrudition la Connaissance, ou que lon prend lespolyglottes pour la culture, bien que lon naille gnralement pas jusqu confondre"saintet" et sagesse.

    Pour terminer nous mentionnerons une nouvelle catgorie : celle du ressac pseudo-sotrique, les insparables de ceux que nous avons dj nomms au point de pouvoirles identifier. Il sagit encore de fanatiques obsds par leurs devises en dehorsdesquelles rien na de valeur, ou mme pire: est mauvais ou suspect tout ce qui dpasse

    leurs troites limites. En ralit ces personnages rsiduels ne se sont jamais intresss la Connaissance, sinon que leur position est lie au pouvoir et la politique,8 donc descommerces douteux. Le paradoxe est que ces individus se dnomment "traditionnels",alors quils sont en ralit "traditionalistes" et que leur domaine est laction et laviolence laction et la violenceper se et ignorent tout de ce que sont la cosmogonie etla mtaphysique qui leur importent peu, nonobstant leurs tentatives dutiliser Gunonlui-mme leurs fins, bien quils ne sachent ni do ils viennent, ni qui ils sont, ni o ilsvont, et encore moins que le mot tradition tel quils lemploient na rien voir avec laTradition laquelle se rfre le mtaphysicien franais. Ils sont encore plus loindimaginer quils sont dirigs politiquement par des meneurs occultes et concrets,partisans de la confusion et de lerreur quils ne peuvent bien entendu pas dceler par

    eux-mmes en raison de leur manque de prparation leur rayon daction visant lesmilieux sotriques au travers de critres religieux voire mme comme guerrereligieuse. Ces gens nont seulement jamais entendu parler de la plus haute forme deConnaissance, et ne pourront donc jamais rver latteindre, et entretiendront leurfrnsie dans les aspects les plus positifs et "populaires" de la dit, quon leur prsentede faon exclusivement affirmative ou mme grossire, presque matrielle. Certainsdentre eux adhrent au catholicisme ou lislamisme en rvant un Moyen-geimaginaire dans lequel ils seraient de nobles chevaliers en dpit de leurs actionsdlictueuses encore que leur adhsion se limite se signer lentre dune glise, ou roter clairement aprs manger, et lon dit que daucuns sont laise dans lIslam pourrosser les Juifs (qui leur tour cognent sur les Palestiniens) ou battre ceux qui ne

    partagent pas leur propre mdiocrit. Lorigine de cette engeance se trouve dans lamassification et la perversion instaures en Europe et Amrique par des rgimes

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    totalitaires sabritant derrire un vague messianisme et portant pareillement la haine etlenvie ; ou alors, ce qui revient au mme, le manque de gnrosit et charit les pousseau mtier de terroriste et des agissements aussi abjects quintresss, donc tout lecontraire de la puret du geste gracieux. Inutile de souligner que ces disciples de LoTaxil ne connaissent rien de la Tradition Hermtique quils pourraient dcouvrir, sils sy

    intressaient, comme tant la plus ancienne Tradition subsistant encore et par-l la plustraditionnelle selon leurs critres troits.

    NOTES

    * Ce texte ne fait pas rfrence la religion telle que la dfinit lHistoire des Religions, ou

    lorsque le terme est pris au sens gnrique (ce qui est religieux), sinon aux religionsabrahamiques dans leur tat actuel, et concrtement leur ton pieux-moral-dogmatique,sceau du fanatisme promoteur de la dissolution.

    1 En Occident, mme les adeptes de traditions orientales les interprtent aussi de faon

    religieuse.

    2 Dans ltat dIsral actuellement, les sionistes ont t remplacs par les ultra-orthodoxes,

    totalement politiss. Nous venons de lire, dans les mmoires de Y. Rabin, se rfrant ungroupe de fanatiques ultra-nationalistes : "... groupe sauvage, un cancer lintrieur de ladmocratie isralienne, qui se rclame dun mandat divin et impose la terreur dans les rues."Il sagit dune nouvelle orthodoxie ultra-religieuse de type radical qui a pris divers degrschez les jeunes et pas tant que cela ou dans dautres parties du monde, et qui peut mmetre terroriste et sidentifier lassassinat, comme le cas bien connu dYitzac Rabin unhomme de paix ayant trouv la mort des mains des plus fanatiques. Ce sont les mmes qui

    sont les auteurs des crimes commis envers le peuple palestinien.3

    Certains jetteraient les hauts cris si on leur disait que la religion nest pas la modeactuellement. Cest cependant lternit qui est toujours la mode, tandis que les religionspassent.

    4 Dautre part, au sujet de la citation de Nasr sur lannexion de toute chose lIslam, elle peut

    avoir plusieurs lectures parmi lesquelles celle de lappropriation des biens privs, cest--direla confiscation de toutes les possessions et la ngation de tous les droits, commencer parles droits de lhomme. Lon peut y ajouter laccent mis exclusivement sur des phnomnesdordre quantitatif, comme le milliard dislamiques quil y a dans le monde et leur progressioninvincible et celle de leur loi (la shariyah) dans tout lunivers, comme si cela tait

    rellement de nature spirituelle (et ce sont l les arguments dcisifs de luvre de Hossein S.Nasr) et non pas exactement marqu du sceau de la quantit, cest--dire dune faussespiritualit ou, pour reprendre les mots de Gunon, dune spiritualit lenvers.

    5 Lon peut cependant observer paralllement ce rejet de la religion, un courant inverse qui

    sest fait remarquer ces dernires annes, en particulier dans lislam, mais aussi parmi dejeunes juifs qui reviennent leurs croyances et crmonies, spcialement au Talmud, et denombreux jeunes qui sont attirs par le catholicisme, dans ses variantes fraterno-chrtienne,social-lniniste, opus-diste, ou fanatisme religieux rattach tout autoritarisme fasciste etinquisitorial.

    6 Il semblerait cependant aujourdhui que ce qui tait contrl par ces maffias est en train de

    leur chapper, et que les hirarchies ne paraissent pas au courant de ce quil se passe. Ainsi,dans un journal du 10 juin 1997, lon apprend que le cardinal J. Ratzinger, lun des plus

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    proches collaborateurs du Pape, rvla que les glises protestantes ont financ dans lesannes 60-70 des mouvements subversifs latino-amricains. En vrit, cette accusationrtrospective nous semble incroyable aux habitants dAmrique du Sud, o beaucoup desdlinquants ayant pris les armes sont ou ont t prtres, tout comme les agitateurs quiencouragent les invasions de la proprit prive, le vol et la mise sac pacifiques selon eux,

    tout ceci sous les auspices de lglise et le consentement des vques qui nienthypocritement tout contact avec la Thologie de la Libration. En Amrique du Sud,nimporte qui peut le constater et cela parat quotidiennement dans les journaux. Dautrepart, il ny a pas de village, pour loign quil soit, qui ne subisse le samedi durant toute lanuit, les lamentations assourdissantes des prires protestantes et des chants dissonants aumaximum de volume, afin que les voisins soient forcs de les entendre et ne puissent dormir,pour des motifs confessionnels, de pouvoir, et dagression la communaut tout entire. Cesnuits reprsentent de vritables tortures pour le voisinage, surtout lorsque les catholiquesripostent avec la mme mthode. Dans le journal daujourdhui aussi, lon informe que lepatriarche orthodoxe Alexis II ne se runira pas avec le pape. Motif: la prtendue influencesouhaite par le catholicisme dans les pays de lex-U.R.S.S. Pendant ce temps, la Tchtchnie

    a impos la shariyah, ou loi islamique, dans laquelle comme on le sait, la femme est mutiledans sa plus intime essence de fille de Dieu et le voleur se voit couper la main.

    7 Les ennemis de lIslam devraient tre gorgs sans merci, depuis le nouveau-n jusquau

    vieux au bord du tombeau, dclare un chef du Groupe Islamique Arm (G.I.A.) dans lebulletin clandestin de lorganisation diffus en Europe, en justifiant les tueries en Algrie.Nous ne faisons ici quappliquer les prceptes de Dieu et son prophte. Lorsque vousentendez parler dassassinats et de gens gorgs dans une ville ou un village, sachez quilsagit de partisans du pouvoir ou que lon excute les ordres (des chefs du G.I.A.) de faire lebien et combattre le mal (de la section internationale du journal ABC, Madrid, dbut octobre1997, partir dun interview intitul Notre position publi dans le numro 13, de juin 1997,de Al Yamaa, qui se prsente comme lorgane officiel du G.I.A. en Occident.).

    8 Quils nomment cyniquement mta-politique.

    CHAPITRE II

    SOTRISME ET FIN DE CYCLE

    Un fait courant chez les lecteurs de Ren Gunon est que, sous linfluence directe dela vrit et la beaut de ses textes, ils dsirent un moment donn rendre effectif toutce qui est en train de se produire en eux et, lexemple de leur guide intellectuel, quileur dit que lui-mme nest pas un matre et quil y a besoin dun lien avec une tradition,quils veuillent formaliser ce qui est encore virtuel dans le long cheminement vers laConnaissance. Il est reconnu que le mtaphysicien franais dsigne les grandesTraditions de lhumanit y compris les trois religions monothistes comme depossibles vecteurs de la ralisation intellectuelle. De fait, cette possibilit conduit despersonnes mal informes croire que ces voies religieuses sont les seules disponiblespour laccs et postrieure incarnation de la Sagesse; la cause en est lamalgamevulgaire entre religieux et sacr et la confusion pour qui entame un chemin aussinouveau que surprenant entre religion et mtaphysique. Cest--dire entre sotrismeet exotrisme, quivoque diffuse par plus dun semeur de dsordre par ignorance oumauvaise foi, toutes deux nuances dun certain fanatisme propre cette fin de cycle.

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    ou Suprme Identit (En Soph de la Kabbale) ; ce qui fait que se retourne la conceptionordinaire, puisque ce qui nEst Pas est lorigine aussi de ltre Universel, ds lors quecelui-ci est une affirmation du prcdent. Sans aucun doute, le monde actuel ignore etnie cette possibilit quest la Mtaphysique et naccepte que la Religion dans le meilleurdes cas, et il va de soi que ces deux modalits ne sont pas incompatibles, sauf si

    lexotrisme coupe ses attaches avec "les racines des plantes", ce qui malheureusementse passe si souvent dans la culture europenne comme dans lamricaine et sa zonedinfluence qui stend de nos jours dans le monde entier. Pour lOccident, RenGunon a signal tout spcialement deux institutions o lon pourrait trouver desvestiges pour faciliter cette Initiation la Connaissance : la Franc-Maonnerie, qui estcomme nous le savons une association sotrique qui, malgr la dgradation desinstitutions contemporaines, conserve encore vivante lInitiation dans certaines Loges,et contrecur lglise Catholique comme emblme du christianisme en gnral,bien que cette dernire ait souffert de grandes modifications depuis la mort de Gunon,en particulier dans sa liturgie, malgr que lon puisse encore y dceler quelques noyauxsotriques, spcialement dans les ordres monastiques bndictins et cisterciens (pas

    uniquement, en fait) ; ceci doit stendre aux glises orthodoxes grecque et russe toutcomme dautres ramifications du christianisme ; il ne faudrait pas non plus oubliercertains kabbalistes, encore que ceci ne soit pas valable pour la grande majorit desrabbins, linstar de ce qui se passe avec les prlats chrtiens. La pauvret des religions,en gnral, est actuellement vidente, et ici doit se joindre lexotrisme islamique, soitla troisime branche des traditions du Livre, qui de la mme manire nient dans leurdoctrine, ou en pratique, toute possibilit dinitiation. Cest l un triste panorama offert lhomme et la femme moyens dans laire dinfluence de la culture Occidentale, saufsils adhrent quelque Tradition de lOrient, comme lHindouisme, le Bouddhisme, leZen, le Taosme, ou mme celle dune rarissime Tarqah authentique.

    tant donn que soit pour la difficult de connexion avec ces vrais centrestraditionnels, soit pour limpossibilit de sattacher effectivement des cultures, us etcoutumes parfois diamtralement opposs aux siennes cette sombre situation est laralit prsente, il convient de se demander quelles sont les autres possibilits qualhomme actuel de trouver sa vritable identit et de rendre effective sa ralisationintellectuelle-spirituelle par les temps qui courent.

    Dans ces circonstances et au vu des cueils qui les jalonnent qui pourraient bien trepris pour les premires preuves de lapprenti il nest pas surprenant quil se produiseaujourdhui des initiations solitaires, cest--dire sans lappui dun matre vivant, mmedans des traditions archaques ou apparemment mortes, et lon doit tenir compte que

    ces cas, rares jadis, doivent tre de plus en plus frquents par limpossibilit de pouvoirsunir ceux qui seraient capables de nous guider dans notre cheminement, ou celledavoir accs des groupes sotriques traditionnels comme certaines logesmaonniques.

    Dans un article paru dans la revue Vers la Tradition et remani pour le numro 9-10de SYMBOLOS, Roland Goffin expose dans ce sens la possibilit de linitiationindividuelle dans le monde actuel (pour sa propre irrgularit) en crivant : Limportance reconnue par Ren Gunon la connaissance thorique des principesmtaphysiques et cela en dehors de tout rattachement initiatique, semble trop souventtre perdue de vue par bon nombre de gunoniens . Dautre part, Gunon a aussi

    trait dans ses tudes le sujet des afrd: Une autre question, qui se rapporte aussi au

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    rattachement initiatique, a encore t souleve en ces derniers temps ; il faut dailleursdire tout dabord, pour quon en comprenne exactement la porte, quelle concerneplus particulirement les cas o linitiation est obtenue en dehors des moyensordinaires et normaux. Il doit tre bien entendu, avant tout, que de tels cas ne sont

    jamais quexceptionnels, et quils ne se produisent que quand certaines circonstances

    rendent la transmission normale impossible, puisque leur raison dtre est prcismentde suppler dans une certaine mesure cette transmission. Nous disons seulementdans une certaine mesure, parce que, dune part, une telle chose ne peut se produireque pour des individualits possdant des qualifications qui dpassent beaucouplordinaire et ayant des aspirations assez fortes pour attirer en quelque sorte elleslinfluence spirituelle quils ne peuvent rechercher par leurs propres moyens, et aussiparce que, dautre part, mme pour de telles individualits, il est encore plus rare, laidefournie par le contact constant avec une organisation traditionnelle faisant dfaut, queles rsultats obtenus comme consquence de cette initiation naient pas un caractreplus ou moins fragmentaire et incomplet. 12

    Nanmoins, ce nest pas la peine daller si loin et de chercher des cas spciaux,puisque Gunon lui-mme reconnat la validit de la Tradition Hermtique.

    En effet, diverses occasions au cours de son uvre et dans sa correspondance, lemtaphysicien franais traite de la Tradition Hermtique comme dune Initiation lieaux Petits Mystres, cest--dire la restitution de ltre adamique : donc la naissancedu vritable tat humain.

    Il nexplique cependant pas de quelle manire peut sobtenir cette initiation, placesous linvocation du dieu Herms (Herms Trismgiste), laquelle se rattache cettetransmission qui ninclut aucun rite autre que le sentier de la Connaissance, ltude, la

    mditation et la transmutation qui seffectuent par cette voie appele en IndeJnn-Yoga, o se produit lillumination en vertu de lidentit entre sujet et objet de laconnaissance. Quoi quil en soit ce fait nest absolument pas surprenant, car il nementionne pas non plus dans ses crits ne serait-ce quune insinuation au sujet duneautre "mthode" ou obtention de "rsultats" dans le parcours initiatique, partdsigner comme vecteurs le symbole ou des pratiques universellement reconnues,comme peuvent ltre la respiration, le chant et la danse, la prire, le silence et lasolitude, etc.

    Nous sommes chrtiens, spcifiquement catholiques, nous avons t baptiss etconfirms ; nous connaissons les sacrements de la confession et la communion et mme

    lun dentre nous a eu la vocation religieuse. Nous avons galement baptis nos enfantsparfois dune faon personnelle et nous ne leur avons pas refus linstruction decaractre religieux. Mais en fait nous ne pouvons nous identifier ni avec la Thologieofficielle, ni avec lglise de Rome, et encore moins avec lignorance, lhypocrisie, lacorruption voire la dlinquance du clerg de nos jours. Dun autre ct, le milieu danslequel nous sommes ns, la culture qui nous a nourris, sont chrtiens et par-lcontenant un arrire-fond juif et paen, bien que vus sous langle de la programmationet le conditionnement historique octroys gracieusement par lglise romaine, nuancsde nationalisme, intolrance et dictature, exercs dans ce sicle mme dans les pays delangue castillane. Lon peut observer comment nous avons d nous dpouiller peu peude nos entraves et tabous, beaucoup sur le plan religieux et moral, ce qua d faire

    lglise elle-mme, pour ses besoins et ceux des fidles qui sont malgr cela un peu

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    moins nombreux chaque jour. Dans ce sicle-ci, le catholicisme a en fait totalementmodifi les rites, la thologie, la conduite et la pit de ses ouailles et de leurs pasteurs.En honneur la vrit, il nous faut rpter que, pour des raisons de rythme touchant lafin de cycle, toutes les institutions sont galement corrompues. En dpit de quoi nous,rdacteurs de SYMBOLOS, sommes demeurs totalement fidles aux enseignements

    vangliques, ainsi qu ceux de lAncien Testament. A la doctrine de lglise aussi, sielle ne scarte pas de la pense traditionnelle, nonce en Grce par Pythagore etPlaton, postrieurement exprime par les noplatoniciens et les gnostiques (chrtiensou pas), le Corpus Hermeticum, ou encore Proclus, et manifeste plus tard par DenyslAropagite, cristallisant ainsi les structures du Moyen-ge, et ce qui en suivit (ScotErigne, lcole de Chartres, les Saint-Victor, Albert le Grand, aussi plusieurs aspects delaristotlicien Thomas dAquin, Eckhart, Suso, et encore tant dautres) jusqu laRenaissance: Gmiste Plthon, le Cardinal Bessarion, Marsile Ficin, Pic de la Mirandole,Nicolas de Cuse, Guillaume Postel, etc., etc. et leurs prolongations jusque dans lemonde moderne. Telle est la doctrine qui nous intresse car elle est identique la basemtaphysique de lauthentique christianisme originel. Et nous devons reconnatre que

    cette conception nous est parvenue au travers de lOccident, et donc de la chrtient, etbien sr de son mode de vie et ses us et coutumes, qui sont les ntres, pour une grandepart, nous le rptons, dorigines juives et paennes.

    Nous devons y ajouter que la Bible est jusqu prsent le Livre Sacr de notre Loge ouverte au commencement de lvangile selon saint Jean, en dpit delexcommunication dont nous a frapp lglise Catholique, ce qui nous importe gure,vu le parcours pour le moins accident de cette institution, au long des cycles de sonexistence, donc de la civilisation occidentale, et ltat de corruption dans lequel elle setrouve ce jour.

    Mais si la proximit de la Fin de Cycle sobserve particulirement au sein des religionset dans les groupes sotriques, elle se constate aussi dans dauthentiquesorganisations sotriques, comme la Franc-Maonnerie ; il nous faut cependantremarquer que le fait est des plus flagrants chez les "adeptes" de Gunon, et plusspcialement chez trois de ses "hritiers" : F. Schuon, M. Pallis et J. Reyor. A ces derniersse joignent les "traditionalistes gunonniens de stricte observance" qui sont pour laplupart plus royalistes que le roi, et sont tenus par une sorte de rigueur quils associent la vision religieuse, la morale, la politique inquisitoriale et une prsomptioninversement proportionnelle leur Connaissance. Et la logique veut quil en soit ainsi ;de quelle meilleure faon la contre-tradition pourrait-elle remplir sa fonction quendnaturant la pense et luvre du plus grand interprte de la Science Sacre de ce

    sicle ? Gunon a entam le combat contre les imposteurs et cela na pas cess dedgnrer depuis ; o pourrait-on mieux le remarquer si ce nest prcisment dans lesmilieux soi-disant en relation avec cette Science Sacre ?

    NOTES

    9 Ren Gunon crit dans sesAperus sur lsotrisme islamique et le taosme :

    Lsotrisme islamique: De toutes les doctrines traditionnelles, la doctrine

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    islamique est peut-tre celle o est marque le plus nettement la distinction dedeux parties complmentaires lune de lautre, que lon peut dsigner commelexotrisme et lsotrisme. Le texte original fut publi dans Cahiers du Sud,1947, p.153-154, et il est intressant de noter quil fut crit aprs plus de vingt anspasss au Caire, sans compter le prcdent sjour de Gunon en Algrie.

    10 La vision religieuse narrive que jusqu la ligne dhorizon, incapable daller plus

    loin ou de pouvoir embrasser quelque chose de diffrent.

    11 Nous ne nous rfrons pas seulement, en Orient, lhindouisme ou au

    bouddhisme, mais aussi leurs innombrables variantes (zen, djanisme, etc.). Entout tat de cause, les glises disperses du monde entier peuvent littralementcomptabiliser des millions de fidles.

    12 Initiation et ralisation spirituelle. Ed. Traditionnelles, Paris 1986, p.55. Et il

    continue plus loin disant : Un autre point trs important est celui-ci : mme enpareil cas, il sagit bien du rattachement une chane initiatique et de la

    transmission dune influence spirituelle, quelles que soient dailleurs les moyenset les modalits, qui peuvent sans doute diffrer grandement de ce quils sontdans les cas normaux et impliquer, par exemple, une action sexerant en dehorsdes conditions normales de temps et de lieu ; mais, de toute faon, il y ancessairement l un contact rel, ce qui na assurment rien de commun avecdes visions ou des rveries qui ne relvent gure que de limagination. (cf.p.56-57). Et il ajoute, dans les pages 271-272 : Nous dirons, au point de vue dutaawwufislamique, que ce dont il sagit relve de la voie desAfrd, dont lematre est Seyidna El Khidr, et qui est en dehors de ce quon pourrait appeler la

    juridiction du Ple (El-Qutb), qui comprend seulement les voies rgulires ethabituelles de linitiation. On ne saurait trop insister dailleurs sur le fait que ce ne

    sont l que de cas trs exceptionnels, ainsi quil est dclar expressment dans letexte que nous venons de citer, et quils ne se produisent que dans decirconstances rendant la transmission normale impossible, par exemple enlabsence de toute organisation initiatique rgulirement constitue. Sur ce sujet,cf. aussi Orient et Occident, p. 230-231.

    CHAPITRE III

    QUEST-CE QUE LA TRADITION ?

    Tout comme lon peut dire que lexistence du dsordre est ncessaire pour que se

    cre un ordre, un cadre, lon pourrait affirmer que linstauration de ces limites est ce quipeut nous conduire la pense de lillimit.

    La socit contemporaine est donc le cadre, la limitation, o peuvent se voir desvnements dun autre ordre qui ont exist et existeront jamais.

    Lhomme contemporain a cru que grce au simple expdient qui consiste fermer lesyeux et nier ce qui a t unanimement appel Connaissance et Ralit, par toutes lescivilisations traditionnelles et par tous les sages dignes dtre considrs comme tels, laConnaissance et la Ralit nexistent pas.

    Cest l exactement ce qui est arriv avec lEsprit qui, puisquon le nie, est estim

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    insignifiant et ainsi se rduit pratiquement rien ; cependant, du point de vuehermtique, le moindre est le plus puissant.

    LEsprit, tout juste virtuel dans chaque homme, est la plus forte nergie et luniquequi aie rellement le pouvoir de transmuter.

    Cest vers cette transmutation que se dirige tout le travail hermtique et cette uvrene peut se raliser si ce nest dans le milieu o nous sommes placs, avec la "matire"que nous avons entre les mains.

    Comme lon sait, cette "transformation de la matire" nest rien dautre que notrepropre transformation, dans le milieu o nous avons t appels vivre et duquel nousne sommes pas indpendants, qui englobe aussi bien lEurope que lAmrique, car danschaque segment du cycle existe la possibilit latente de la libration.

    Cest en voyant ce que nous sommes vraiment, et non en supposant ou imaginant ceque nous voudrions tre, que nous allons pouvoir raliser notre tche.

    Ce milieu est aussi dans ce sens un reflet de nous-mmes dans lequel nous pouvonsvoir sans cesse notre propre image ; nous ne sommes pas trangers lui sinon, aucontraire, semblables puisque la vie tant un ensemble de relations en mouvement,nous sommes troitement lis la socit actuelle, vu que nous sommes ns en sonsein, ce par quoi notre relation est mutuelle, tout comme ce quil se passe entre lemicrocosme et le macrocosme.

    La diffrence tablie par le fait que notre vie individuelle se soit produite dans lamatrice, dans le moule de la socit contemporaine nest pas essentielle, mais justesecondaire, entre nous et un homme n sous le signe de nimporte quelle autre socit,soit dans un milieu diffrent, et une autre poque, sous dautres toiles.

    Le cosmos tout entier est un ensemble immense de relations harmoniques enmouvement et la terre constitue une part de cet ensemble. Il est reconnu quelharmonie sobtient au travers de la dysharmonie, puisque ce premier concept nepourrait exister sans le second. Ainsi donc les apparentes dysharmonies partielles nesont que lexpression dans un monde, un plan ou un ordre, de ce quest lharmonie delensemble.

    De mme lhistoire des civilisations et les diffrentes tapes quelles ont traversessont galement le reflet de ce quil leur est inhrent ; il est important de faire ressortirdans ce sens que lhomme actuel se visualise comme historique. Il ne peut en faitimaginer son existence sans lhistoire : les dtails anecdotiques de sa personnalit seprolongeant sur le ruban de la succession temporelle constituent ce quil appelle sontre, ce avec quoi il sidentifie. Il ressent la mme chose au sujet du corps social quildoit doter dune histoire, ou dun credo, pour quil soit "effectif", "rel".

    En revanche, pour les civilisations traditionnelles ou les cultures archaques, cest--dire pour celles qui vivaient la Connaissance et qui nous lont lgue commelexpression suprme de leur propre essence, par-dessus toute chose ou dtailslhistoire tait secondaire.

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    A vivre lternel Prsent, les deux faces de la succession pass et futur sannulaienttotalement. Sans lillusoire anxit de venir de quelque part et daller autre part, cescultures taient, tout simplement; elles ralisaient en soi ce pour quoi elles avaient tconues, leur modle social rpondant ainsi leur structure interne, en intime relationavec le cosmos. Chacun des individus formant part de cet ordre, taient aussi inclus

    dans linspiration mme de cet ordre, sa raison dtre. Ainsi le schma social ntait niarbitraire ni fortuit, et lappareil culturel, leur Tradition, ntait pas une simple sommede conventions quelconques. Mais ceux-ci symbolisaient dautres ralits qui semanifestaient par leur intermdiaire afin dtablir un encadrement adquat pourexprimenter diffrents niveaux de connaissance et pour concrtiser diverses maniresdexistence ; pour cette raison lon dclare que les origines de toute culture sontsacres. Il est inutile de souligner que cette phrase ne se rfre en rien la conceptiondu sacr que possde en gnral lhomme contemporain. Ce dernier nest pas pourautant entirement responsable, ni coupable, de ses propres conceptions. Hritierdune Tradition dgnre, habitant dune ville profane qui a perdu toute la mmoiredes choses, devant sidentifier elle pour pouvoir subsister, il est invitable quil porte

    au front le sceau de lignorance et donc de la souffrance. Et il est intressant deremarquer que celui qui porte cette marque indlbile, par laquelle il est constammentet en toute occasion conditionn, nest autre que chacun de nous, sexprimant entermes de conception de type historique et mme gographique.

    Nous apprenons manger, marcher, parler. Nous apprenons symboliser et avoir de la mmoire. Et cependant nous oublions que, chez lhomme ordinaire,absolument tout est appris. Nous tenons toutes ces choses pour naturelles. Et, commetout le monde fait de mme, dun ct nous assistons au spectacle de la plusinconcevable confusion de langues et dincommunicabilit ; de lautre lexplosion de laviolence sous toutes ses formes et manifestations, drivant directement de ces

    prjugs, de ces valorisations que nous jugeons opportunes ou inopportunes, delaccord de personnes, dides, de choses que nous acceptons sans discussion, nousidentifiant elles pour ainsi les faire "ntres".

    Il nest donc pas tonnant que, dans une socit comme celle qui nous est chue, lesconcepts soit clairement dnaturs au point de sembler inverss par rapport unecivilisation authentique ou une culture "primitive", ce qui revient dire par rapport la Connaissance et la Sagesse. Les images lies au sacr qui sassocient invitablement la religion ne pouvaient subir dautre destin. Cette purile conception est apparente quiconque sarroge la possession dune dit ou dune autre. La Vrit est une, et cestseulement dans ses strates les plus basses quelle se divise pour donner place dans

    notre ordre au fait de la multiplicit institutionnelle. Comme il est vident, la Vrit naen soi rien voir avec aucune institution,

    Dun autre ct, les diffrentes glises, pseudo-glises et sectes daujourdhui quiseront de plus en plus nombreuses, comme on peut le voir nont pas de point de vue,de vision diffrente de la socit o elles sont insres (beaucoup dentre elles en sontle produit), et modifient plutt leur optique qui avait lorigine un environnementsacr afin de survivre dans le milieu actuel. Cen est arriv de tels extrmes quil estdifficile de les distinguer de certaines fraternits ou associations de secours mutuelsdune part, de socits commerciales se partageant lutilit de plusieurs bilans dautrepart, et dernirement, de simples bandes de brigands.

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    Linstitution visible porte en elle le germe de sa propre dcadence et de lhumanit laquelle elle appartient. Quand les temples et les cultures sont achevs de construire,de se solidifier, cet instant commence leur lente dgradation. Telle est la loi du cycle ;lorsque sest enfin pu constituer la culture ou la cit, cre par ses constructeurslorsque finalement limmense effort de quelques-uns a donn lieu une codification,

    un ordre, appropri la manifestation de la vie humaine, cet ordre commence dcliner. Son poque la plus brillante correspond lapoge de son fonctionnement.Mais ce "fonctionnement" mme est la cause de sa "chute". Lorganisation vivante seconvertit en un modle mcanique. Avec le temps, les hommes loigns de leursorigines prendront littralement le modle mcanique pour la "ralit". Ou, poursexprimer autrement, ils confondront leurs propres conceptions culturelles avec la viemme. Le fait est particulirement douloureux lorsque ces conceptions ont vu leurvrit samoindrir en vertu de lusure inhrente tout cycle.

    Cest dans ce sens que lon dit que, dans le cycle solaire, le soleil est lui-mme leprotagoniste et la victime de son rituel symbolique quotidien. En effet, enferm dans sa

    propre prison, il ne peut outrepasser les limites de laurore, midi, crpuscule et minuit,soit de sa "chute". Il ne peut non plus transcender celles que lui imposent solstices etquinoxes. Au cours de cette danse rituelle, parvenu lt et midi dans sonascension, il ne peut que descendre vers lautomne et le crpuscule.

    Si nous tenons compte du fait que le cycle solaire se lve lOrient et se couche lOccident, et que ce point cardinal correspond lautomne, symbole delaffaiblissement que vit la nature en cette priode, et au crpuscule, ce moment ducycle quotidien o la nuit tombe et se gnrent les ombres qui rendent la vision plusdifficile, nous pouvons en dduire quelques choses intressantes.

    Et non seulement celles qui sont en rapport avec lactuel milieu social, qui se dfinitlui-mme comme occidental, mais aussi avec le fait que ce cycle mme que nous vivonsest prcd dun autre dans lequel la socit et ltre humain individualis peuventavoir t diffrents et quun autre doit le suivre, cest--dire une autre humanit ; nousignorons pratiquement tout de lun comme de lautre.

    Mais ce que nous ne pouvons nous permettre, cest de ne rien savoir au sujet descirconstances qui nous sont donnes de vivre. Nous devons les connatre parce quellessont les formes, les symboles, les manifestations de la vie dont elles sont partiesintgrantes. Si nous ne connaissons pas notre milieu et nen sommes pas lesparticipants un degr plus ou moins grand, nous ne pourrons en sortir. Et alors il ne

    nous restera qu tenter une fuite imaginaire, ce que par ailleurs nous avons coutumede faire chaque jour. Au contraire, la premire tche de laspirant la Connaissance estdaffronter le monde qui lui est chu. Cest--dire le voir et lentendre, bien que noussoyons dans la phase finale du Kali-Yuga.

    Afin de pouvoir atteindre cet objectif, il est paradoxalement ncessaire de nouscarter du monde, car tant mls son avenir et en ayant extrait toutes les valeursconstituant notre tre, il nous faut nous arrter et lobserver sans passion.

    Cest bien videmment un travail trs ardu, puisque notre propre programmation avec laquelle il ne nous viendrait jamais lide de cesser de nous identifier, nest rien

    dautre quun sentiment adopt et caress par le milieu mme que nous essayons

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    dobserver. En effet, en nous disant que nos conceptions sont extraites delenvironnement, lon ne nous dit pas que le fait ne concerne que lintellect, sinon latotalit de ltre humain ; les croyances les plus chres, les convictions les plusenracines, les sentiments les plus purs, soit lidentit de lhomme ordinaire, qui est unealternative de ce que lui offre le systme socio-culturel en vigueur dans un temps

    cyclique et cosmique dtermin. Ses diffrents rles seront jous en fonction de cela.

    Il va de soi, donc, que ce que nous entendons par Culture ne sont pas les "arts" et les"lettres" rgnant dans une priode donne, ni ce que nous concevons par Tradition estreprsent par les us et coutumes dun temps historique. Ce nest pas mme lecatalogage des dtails de ces diffrents peuples. Une Culture est la conceptionintriorise dune faon dtre cohrente, quexprimentent tous ceux qui sy intgrent.Cest un organisme vivant qui, pour se manifester, a pris une structure dtermine lerendant apte linteraction de ses diffrents composants, dont les canauxcommuniquent dans le but de satisfaire toutes leurs ncessits.

    Cette forme particulire de voir lorganisation, culturelle ou sociale, prend un intrtspcial ds que lon songe que toutes les cits ou civilisations ont, comme nous lavonsdj soulign, une Origine Mythique, ce qui revient dire sacre. Dans un milieu decette nature, la Tradition en soi nest que limage du Monde Archtypal, Intemporel quisexprime cycliquement sur le ruban du temps.

    Et lattention est fortement attire par le fait que tous les instruments culturels osexprime sa fonction civilisatrice, cest--dire luvre de ses dieux, demi-dieux, sagesou hros, sont attribus unanimement des rvlations supra-cosmiques, doncsurhumaines.

    Il nest pas non plus correct de supposer quexistent plusieurs cosmos. Le cosmos estun seul, comme se charge de fort bien de lexpliquer Platon dans Timeo. La successionde mondes ou de cycles de taille ou de dure indfinies est le sens conceptuel donn aumot Cosmos. Le cycle de llectron vivant, le cycle atomique insr dans le cyclemolculaire, le molculaire naviguant dans le cellulaire, le cellulaire prsent dans lecycle humain, lhumain se dplaant dans le cycle de la nature, le cycle de la naturecoexistant avec celui de la Terre, celui de la Terre dpendant totalement du cyclesolaire, le cycle solaire circonscrit lordre de son centre galactique, le centre de lagalaxie dtermin par un autre centre galactique, et ainsi successivement, indfiniment,est constitu le concept de Cosmos. Rien nest possible au-dehors, puisquil ne peut rienexister dextrieur au Cosmos. Est exclue toute possibilit, de nimporte quel type,

    puisque le Cosmos est un et lide dune pluralit de Cosmos ou de diffrentesmtaphysiques, est une pure contradiction envers ce que signifient les concepts deCosmos et de Science Sacre.

    Le Cosmos nest pas la somme de ses parties, tout comme la Tradition nest paslensemble de coutumes, morales et orthodoxies dun temps donn, puisque leurOrigine est au-del de toute poque ou dtermination.

    Ainsi donc, lorsque lon nous dit que quelque chose est supra-cosmique, ou constituela Tradition, nous devons comprendre que lon traite dun concept qui se trouve au-delde la comprhension ordinaire de lhomme. De quelque chose dinvisible que ne

    peuvent apprhender les sens de lhomme moyen. De quelque chose qui est cependant

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    si authentique et si rel que lon peut dire quil sagit de la vie mme.

    Ce niveau de perception (pour lui donner un nom) est intimement li laconnaissance directe dautres modalits du temps et de lespace commun. Car cethomme se trouve emprisonn entre les murs de son propre cosmos. Cest--dire de toutce quil a t capable de concevoir, puisquil ny a rien hors du cosmos de notreconscience. Ces conceptions se transmettent dans lorganisme humain aller et retourau travers des conduits du systme nerveux, analogues ceux qui rvlent lacivilisation, les rues, voies de communication dune ville.

    Il est facile de comprendre que cette dernire nest pas la somme de ses habitants,des briques formant maisons, non plus que de quelque accident gographique ouparticulier, bien que tout ceci en soit partie intgrante.

    Mais que la Culture transmise par la Tradition il ny a pas de Tradition sans Culture nide Culture sans Tradition est fondamentalement un concept, une ide, un espaceautre, pour le dfinir ainsi.

    Limage se fait plus claire si lon prend une part constitutive du modle de la cit oubien une tradition particulire. Le temple ou la maison-foyer est une rplique lchelledu modle social et de la rvlation qui la engendr. Autant la ville, que le temple ou lamaison-foyer, sont des espaces construits, significatifs par rapport laridit de lespaceamorphe et dsertique qui les entoure.

    Ces espaces significatifs, ces hritages traditionnels, furent crs partir de matiresprexistantes, indivises, invisibles et chaotiques au plus haut degr de cette dernireacception, comme il est dit dans toutes les genses ; luvre de la cration est ralisepar le Dmiurge et ses aides.

    Aussi bien dans la cit que dans le cosmos, le crateur (ou les crateurs) sont toujoursprsents mais nen forment pas partie. Toute construction est le produit dune ideprimitive, dune conception intelligente se dveloppant partir dun centre, dunesynthse conceptuelle, par intuition directe.

    Et, de la mme faon que nous ne sommes pas notre cur ou nos poumons, ni notrefoie ou nos pieds et mains sinon que les relations du tout constituent un organismevivant, les diverses relations rvles conforment la Tradition, le Cosmos, et leurscycles. Cependant, cette limitation impose par le cosmos mme, duquel nousdpendons en tout pour vivre, duquel nous sommes les enfants, donc faits son imageet ressemblance, peut tre transcende par son propre milieu et celui de la Traditionquil a faite sienne.

    En effet, les "vibrations" du crateur sont toujours prsentes dans son uvre bienque de faon immanente.13 Autrement dit, occultes sous la forme de lide ou delintelligence cratrice. Cette ide ou intelligence est dun autre ordre que laconstruction matrielle laquelle elle donne lieu. Elle est "antrieure", en tempssuccessif, la construction manifeste mais coexiste parfaitement avec. De cette autredimension du temps linaire, lon peut dire quelle est au-del de celui-ci ; quelle letranscende et lui donne son sens vritable.

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    Cela se passe ainsi avec le monde, car lide que nous en avons est relativise par lesparts qui le constituent ; mais de mme que tout espace, par exemple une chambre,nest pas la somme de ses constituants14 sinon quil ralise une ide "antrieure" que lachambre ou lespace symbolisent et qui y est implicite, ainsi la Tradition ne peut treassujettie des normes...

    Ce quil sagit de dire en dfinitive, cest quautant le cosmos que la culture sontlimits. Et que cest cette limitation qui marque notre conditionnement. Ce sont parailleurs ces mmes structures qui nous permettent den sortir et cest l exactement cepour quoi elles ont t conues ; tel est le cas de la Tradition, car tout comme lemouvement cosmique nous donne une ide de limmobilit, ainsi la limite est ce quinous donne lide de lillimit.

    La Culture devient alors une absence nayant rien voir avec linformation oulhistoire, quelque chose qui nest pas la statistique de lacte culturel mais plutt sangation.15 Il se passe quelque chose danalogue avec lmanation cosmique. Lintrtnest pas telle ou telle autre part du cosmos ou son nergie, mais vrifier que cetteralit est inexistante comme telle, au-del de ses propres limites.

    Le symbole en est la pierre qui couronne luvre constructive et qui est aussi lorigineet lissue du cosmos, ce qui tablit un contact avec "dautres mondes", cest--diredautres relations spatio-temporelles qui ne se peroivent, linstar de toute chose, quedans lintriorit de la conscience.

    Tout ceci est strictement en rapport avec ce quest la Tradition, Unanime et Prenne,toujours prsente et verticale, aussi valable aujourdhui quelle la toujours t et le serapour tout autre manvntara, ou toute autre humanit, puisquelle est ternelle etsimultane, symbolise par le Ple comme porte dentre et de sortie vers lesupracosmique, origine et fin de toute manifestation, lencontre de la visionperptuellement historique et sociale de ceux que leurs limitations traditionalistes nelaissent quimaginer des socits et des glises idales, aussi confuses dans leur vagueimagination que les projections de leurs aspirations frustres.

    NOTES

    13 Ces vibrations harmoniques relient en permanence limmanence et la

    transcendance divines, tout comme le microcosme et le macrocosme sont unemme chose dans lternel Prsent, en raison de quoi ltre humain peut accder ltre universel en tout segment du temps chronologique, ce qui revient incarner la Tradition Primordiale.

    14 La rsistance des murs aux impacts, la capacit en mtres carrs ou mtres cubes,

    le poids des matriaux de construction, le sujet de lacoustique, etc., ou touteautre mesure, qui pourraient remplir des rapports entiers, dinnombrablescodes qui ne nous diraient rien de cette chambre en soi et avec lesquels nous nepourrions pas la connatre.

    15 Lhistoire a son importance, mais pas autant lorsquil sagit de ce qui est

    intemporel, ce qua parfaitement compris Mircea Eliade. Une autre des erreurs

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    historicistes occidentales est lassimilation pure et simple de la Tradition, polaireet toujours actuelle, aux religions du Livre au dtriment de toutes ses autresexpressions historico-sociales, et surtout en regard de sa manifestation au-del detout cadre espace-temps.

    CHAPITRE IV

    BRVE SUR LA NCESSIT DE LEXOTRISME

    En 1925 Gunon crivait dans Lhomme et son devenir selon le Vdnta :

    Lexotrisme et lsotrisme, envisags, non pas comme deux doctrines distinctes etplus ou moins opposes, ce qui serait une conception tout fait errone, mais commeles deux faces dune mme doctrine, ont exist dans certaines coles de lantiquitgrecque. On les retrouve aussi trs nettement dans lIslamisme mais il nen est pas de

    mme dans les doctrines plus orientales. Pour celles-ci, on ne pourrait parler que dunesorte dsotrisme naturel, qui existe invitablement en toute doctrine, et surtoutdans lordre mtaphysique, o il importe de faire toujours la part de linexprimable, quiest mme ce quil y a de plus essentiel, puisque les mots et les symboles nont ensomme pour raison dtre que daider le concevoir, en fournissant des supports pourun travail qui ne peut tre que strictement personnel. A ce point de vue, la distinctionde lexotrisme et de lsotrisme ne serait pas autre chose que celle de la lettre etde lesprit ; et lon pourrait aussi lappliquer la pluralit de sens plus ou moinsprofonds que prsentent les textes traditionnels ou, si lon prfre, les critures sacresde tous les peuples. La mme anne, il affirmait dans Lsotrisme de Dante :

    ... lsotrisme vritable est tout autre chose que la religion extrieure, et, sil aquelques rapports avec celle-ci, ce ne peut tre quen tant quil trouve dans les formesreligieuses un mode dexpression symbolique ; peu importe, dailleurs, que ces formessoient celles de telle ou telle religion, puisque ce dont il sagit est lunit doctrinaleessentielle qui se dissimule derrire leur apparente diversit. Cest pourquoi les anciensinitis participaient indistinctement tous les cultes extrieurs, suivant les coutumestablies dans les divers pays o ils se trouvaient ; ...

    Les citations de ce genre se multiplient dans luvre de Gunon et peuvent se trouverdans diffrents ouvrages, parmi lesquelsAperus sur linitiation (1947) :

    La religion considre ltre uniquement dans ltat individuel humain et ne viseaucunement len faire sortir, mais au contraire lui assurer les conditions les plusfavorables dans cet tat mme, tandis que linitiation a essentiellement pour but dedpasser les possibilits de cet tat et de rendre effectivement possible le passage auxtats suprieurs, et mme, finalement, de conduire ltre au-del de tout tatconditionn quel quil soit. Et dans Symboles fondamentauxde la Science Sacre, dansles deux volumes de ses tudes sur la Franc-Maonnerie et le Compagnonnage, etc., eten particulier dans ltude appele "Christianisme et Initiation" deAperus surlsotrisme Chrtien, duquel nous citerons : Pour conclure enfin, nous pouvons direceci : en dpit des origines initiatiques du Christianisme, celui-ci, dans son tat actuel,nest certainement rien dautre quune religion, cest--dire une tradition dordre

    exclusivement exotrique, et il na pas en lui-mme dautres possibilits que celles de

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    tout exotrisme ; il ne le prtend dailleurs aucunement, puisquil ny est jamaisquestion dautre chose que dobtenir le salut. Ces citations dintroduction sontimportantes car nous voulons nous rfrer au chapitre de Gunon sur la "Ncessit delexotrisme" dans son uvre Initiation et Ralisation Spirituelle (qui a prt tant deconfusion et qui en effet prend le contrepoint des prs de vingt-sept volumes de ses

    uvres compltes, et se rduit dailleurs quelques rares phrases dissonantes dans lecontexte habituel de son discours), paru dans tudes Traditionnelles la fin des annesquarante. Nous pensons que cest peut-tre d une situation de circonstancetemporaire, de moment historique ; de nombreux crits de Gunon en sont lexemple,publis diverses poques, dans divers mdia (beaucoup parmi eux se trouvant tremme opposs entre eux, antagoniques), revues et publications de styles trsdiffrents, et donc destins des auditoires diffrents. Cependant lessence de sadoctrine est la mme et nombre de ces tudes ont form part des livres qui constituentson uvre complte, comme cest le cas ici; dans une forte proportion, la doctrine delauteur en est la cause, partant dune Tradition Primordiale qui se fragmente et donneplace de nombreuses formes traditionnelles parmi lesquelles se trouvent les religions

    connues, la Maonnerie (il mentionne mme les amrindiens), etc., et il nhsite pas voir en elles essentiellement la mme chose, cest--dire les Principes Universelsmanant dune unique Origine.

    Pour nous, cette adquation aux formes nie prcisment que nimporte laquelledentre elles soit infaillible ou unique, comme laffirment les catholiques ou lesfondamentalistes de toute religion ou mouvement y compris les francs-tireurs quitentent dutiliser luvre de Gunon pour leurs discours gotistes personnels enraison de la possibilit de leur donner diverses interprtations ; de mme pourlinfaillibilit de quiconque traite ou exprime les thmes de la Connaissance, parexemple Gunon. En effet, la Doctrine (verticale) est une, mais les modalits quell