Dominique TaddeiTonì Casalonga

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le chanoine révolutionnaireErasmo Orticoni

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Automne 1729

Deo gratias, la récolte de châtaignes est

moins mauvaise queces deux dernièresannées.

Je prierai Dieupour votre épouse.

À Merusaglia, il a rendu visite àGiacinto, le père de Pasquale.

Après Bocca di Pratu, il arrive enCastagniccia, où comme ailleurs,

la misère est grande.

* Notables.* Nobles XII : Les 12 notables chargés de conseiller les Génois.

Nous connaissonsvotre sollicitude

pour les malheurs de toutes les familles, des

principali* comme des plus pauvres.

Il faut absolument queDon Luigi, le plus

influent des Nobles XII*,persuade le gouverneur

Pinelli de soulager toutecette misère, sinon…

Si les Génoisrevenaient à

un impôt normal,on pourrait soulager

la misère du peuple.

Le chanoine Orticoni quitte son village de Santa Reparata di Balagna pour rejoindre leCampuloru sur la côte est de l’île, où il exerce.

Par Croce d’Olu, il rejoint leGiussani, puis la pieve diCaccia.

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Chez Don Luigi Giafferi

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Les Génois sont intraitables : ilsexigeront, en décembre,

les mêmes impôts !

Il y a eu des troublesà Nuceta et

Venacu… Nousaurons de plus

en plus de révoltes.

La situation dépend des provinces.Dans les pievi voisines, entre

parents, nous adopterons une position commune.

Quelles nouvelles de Rome ?

Le pape se meurt : il ne se passera rien avant l’électionde son successeur. Les meilleurs

de nos jeunes compatriotesétudient sans relâche pour

démontrer notrebon droit.

La France et l’Angleterre veulentla paix : elles sont pour que rien nebouge ! Seule la reine d’EspagneElisabeta Farnese,

pourrait s’intéresser à nous : elle veut

Parme et la Toscanepour ses fils.

Il nous faudrait aussi laforce ! Je n’ai que mon passé

d’officier. Mon frère et lesautres officiers corses de

Venise pourraient nous aider.Mais, c’est l’attitude des grandes puissances

qui sera décisive.

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27 décembre 1729, Bustanicu

Le collecteur d’impôts menace le vieux Cardone qui ne peut payer tout ce qu’il lui demande.Les villageois disent qu’ils ne paieront pas non plus et deviennent menaçants.De Franchi, le Noble XII, calme tout le monde.

Payez tous la taxe, mais pas un sol de plus…

* La force armée.

… Partez, avec 15 sols ourien du tout ! Si vous

insistez, il vous arrivera un malheur.

Je reviendrais avec le « bras de justice* » :

cela vous coûtera cher !

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Janvier 1730 à Bastia, chez le gouverneur Pinelli

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Le bras de justice a étéarrêté à l’entrée de Bustanico.

Il faut faire un exemple.

Bien sûr. Mais, à Moriani et ailleurs, on risque de les imiter. Je

n’ai pas assez de troupespour faire payer toutela Corse !

Pour Moriani, envoyez uncollecteur prudent, avec une

garde. Qu’il passe par laTavagna, chez Giafferi, qui sera

obligé de le protéger.

Bonne idée. Convoquez les Nobles XII pour la fin du mois, afin de faire exécuter mes

décisions…

J’écris à Gênes pourleur demander lesrenforts promis.

Le gouverneur réunit ses collaborateurs.

Vous devez calmerles populations.

Cela ne servira àrien, si nous

n’avons aucuneamélioration à

leur annoncer.

Depuis des années, nous enréclamons, Gênes ne

prend même pas la peinede répondre.

Excellentissime, je me suis échappé de Poggio di

Tavagna !

Le 1er février, Pinelli reçoit les Nobles XII dans son palais.

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1er février, Poghju di Tavagna

Nous sommes arrivés avec le collecteur d’impôts...

Payezimmédiatementtous les impôts,

sinon…

Rendez vos armes ou vousêtes morts.

Le gouverneur afait arrêter nos

Nobles XII, Giafferiet Battaglini.

Le notable BrandimareMarti propose alors...

Nous avons aussi desprisonniers et des armes.Renvoyez un de leurs soldats

pour que Pinellicomprenne que nous ne

reculerons pas !

Nous paierons 15 sols, pas à un

de plus, sinon…Nous ne tomberons pasd’accord ce soir.

Attendons demain.

Pendant la nuit, 1500 montagnards encerclent le village.

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Ce même matin, à Bastia

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À la porte du palais du gouverneur, Pinelli s’adresse à Giafferi, alors que trois autres Nobles XIIsont déjà à cheval.

Rentrez le plus vite possible, pourque l’on voit que vous n’êtes pas

prisonniers…

Du moins, pas encore…

… et revenez me faire rapport.

Vous me direz ce qu’ils veulentexactement. Allez, Don Luigi, si

vous le voulez, tout dépend devous*.

* Historique.

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