Envie de Nature? 2014/2015

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LE MAGAZINE GRATUIT DE LA FÉDÉRATION DES CHASSEURS DE L’ISÈRE Le chien, meilleur ami de l’homme et du chasseur La chasse aux préjugés La chasse et ses bienfaits ÉDITION 2014 / 2015

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Magazine de la fédération départementale des Chasseurs de l'Isère.

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LE MAGAZINE GRATUIT DE LA FÉDÉRATION DES CHASSEURS DE L’ISÈRE

Le chien, meilleur ami del’homme et du chasseur

La chasse aux préjugés

La chasse et ses bienfaits

ÉDITION 2014 / 2015

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Hors série Fédération départementale des chasseurs del’IsèreProduction Éditions SPOTDirecteur de publication Jean-Louis Dufresne (FDCI)Directrice de la rédaction Audrey Vargas (FDCI)

Rédacteur en chef Martin LégerGraphisme et Maquette Géraldine Crosio (Spot) Tirage 20 000 exemplaires en libre service, diffusés parDiffusionActiveImpression Rotimpres (Espagne)

Ne pas jeter surla voie publique.

La rédaction n’est ni responsable des textes publiés qui engagent la seule responsabilité de leur auteur, ni des erreurs ou omissions. Malgré le soin apporté à la réalisation de cette publication,les tarifs et informations sont donnés à titre indicatif et n’engagent en aucun cas l’éditeur.

Chien retriever© Gest

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« La chasse, ma passion »J'ai commencé à chasser avec mon père, vers l’âge de dix ans, mais sanstenir le fusil parce qu’il ne voulait pas. C’est à 24 ans que je m’y suisvraiment mis, avec mon beau-père. Ce qui m’attire dans la chasse, c’est lecôté nature : observer le biotope, les chevreuils, perdrix, lièvres et autreslapins. Il y a aussi le plaisir de se promener avec les chiens, d’admirer leurtravail. Il y a une vraie complicité entre le chasseur et ses chiens.

Le monde de la chasse a d’autres valeurs que le simple fait de chasser. Nous,chasseurs, accomplissons de nombreuses missions d’intérêt général, comme l’entretiende sentiers ou la plantation de haies, cette dernière action ayant pour but de permettrela diversification d’une nature ordinaire (sur des grands champs agricoles notamment).Les animaux peuvent ainsi y trouver un habitat propice à leur épanouissement. L’undes rôles du chasseur est d’ailleurs de protéger les habitats des animaux, afin de garderles espèces en bonne santé et en nombre suffisamment important. Lorsque je suisdevenu président de l’ACCA (association communale de chasse agréée) de la Terrasseen 1999, ma première mesure a été de repeupler le territoire en lapin de garenne. C’estune très belle chasse, car c’est un gibier qui n’est pas évident à tirer, qui va vite secacher dans les terriers.

En tant que président de la Fédération Départementale des Chasseurs de l’Isère (FDCI),je tiens absolument à maintenir les ACCA, qui sont un privilège. Ces ACCA représententla chasse populaire : tout un chacun peut chasser, sans être soumis au bon vouloir despropriétaires des terrains. Et je parle en connaissance de cause : je suis originaire dela Sarthe, où il n’y a pas d’ACCA, mais uniquement des chasses privées.

Je souhaite également améliorer l’image de la chasseet des chasseurs auprès du grand public. Les a priorinégatifs sont principalement dus à l’ignorance. C’estpourquoi la FDCI veille à communiquer davantage pourmieux se faire connaître. Nous tâchons également defavoriser les rencontres entre les chasseurs et le grandpublic. C’est dans cette optique que nous avonsaménagé depuis trois ans, en partenariat avec le Comitédépartemental de randonnée pédestre de l’Isère etl’association Isère Cheval Vert, une trentaine de RelaisCyné. Il s’agit pour les ACCA de proposer leurs cabanesde chasse comme lieux de halte pour les cavaliers etles randonneurs (avec points d’eaux et barresd’accroches pour les chevaux, bancs et chaises pourles cavaliers et les randonneurs), afin de pouvoir nouerle dialogue. Le 19 octobre, nous organisons égalementune opération « Un dimanche à la chasse », au coursde laquelle les chasseurs invitent le grand public à venirpartager une journée de chasse, de la phasepréparatoire au casse-croûte, très important à nos yeuxparce que symbole de la convivialité qui nous est chère.

Jean-Louis Dufresne, président de la FédérationDépartementale des Chasseurs de l’Isère

Propos recueillis par Martin Léger

La chasse aux préjugésPages 4 et 5

La Fédération départementale desChasseurs : rôle et réseauPages 6 et 7

La chasse et ses bienfaitsPages 8 et 9

Le permis de chasse, mode d’emploiPages 10 et 11

Le chien, meilleur ami de l’homme et duchasseurPages 12 à 15

5 portraits de chasseursPages 16 à 21

Trombinoscope du gibier IséroisPages 22 à 27

L’après ChassePages 28 à 31

ÉDITO

SOMMAIRE

© FDCI

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La chasse aux préjugés

LE ChASSEUR NE SERAIT qU’UN éNERVé DE LA gâChETTE, qUI TIRE SURToUT CE qUI boUgE, LE PLUS SoUVENT APRèS AVoIR ENqUILLé qUELqUES« CANoNS ». C’EST L’ImAgE qU’oNT – ENCoRE – LES PLUS FARoUChESoPPoSANTS à LA ChASSE. CES A PRIoRI NégATIFS SUR LES ChASSEURSN’oNT PoURTANT PAS LIEU D’êTRE, NoTAmmENT EN qUI CE qUI CoNCERNELA SéCURITé, éRIgéE EN PRIoRITé AbSoLUE PAR LA FDCI ET L’ENSEmbLEDES ACTEURS DE LA ChASSE.

Lâcher de chevreuil© Gest

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« bon, bah, le mauvais chasseur, c’est le gars, il a un fusil,y voit un truc qui bouge, y tire… Le bon chasseur, c’est legars, il a un fusil, y voit un truc qui bouge, y tire, mais c’estun bon chasseur quoi ! » Le sketch des Inconnus sur leschasseurs, diffusé pour la première fois à la télévision en1991, a fait beaucoup de mal au monde de la chasse…même s’il ne fait au fond que refléter les clichés les plustenaces qui existent encore aujourd’hui dans l’esprit desplus farouches opposants à la chasse.Le plus négatif de ces a priori concerne la sécurité. Celle-ci constitue pourtant une priorité absolue des chasseurs. Ilfaut déjà savoir qu’il est impossible d’obtenir son permis dechasse sans être pointu dans ce domaine : une mauvaiseréponse sur une question concernant les armes et lasécurité est en effet éliminatoire. « Depuis 1997, lesaccidents de chasse font l’objet d’un recensement exhaustifde la part de l’office National de la Chasse et de la FauneSauvage, afin d’identifier les défauts de comportement oud’organisation qui conduisent à ces accidents. A laFédération des Chasseurs de l’Isère, nous proposons desformations continues, qui s’adressent principalement auxresponsables de chasses collectives, c’est-à-dire auxorganisateurs de battues, au cours desquelles interviennentla plupart des accidents. Nous en avons formé 6000 depuis1997, l’Isère comptant environ 18 000 chasseurs. De plus,depuis cinq ans, juste avant l’ouverture de la chasse, nousinvitons les chasseurs sur un pas de tir fermé, afin devérifier que leurs armes sont bien réglées, qu’ils ont labonne gestuelle de sécurité… 100 à 150 chasseurs yparticipent par journée, sachant qu’il peut y avoir jusqu’àquatre journées de ce type  », détaille Yann Pelletier,formateur sécurité à la FDCI. Sur le terrain, cette obsessionde la sécurité se traduit par la pratique du tir fichant : « ontire toujours en direction du sol. Ainsi, si on rate l’animal, laballe ira se nicher dans le sol  », précise Jean-LouisDufresne, le président de la FDCI, qui rappelle égalementque les zones de battues sont systématiquement baliséespar des panneaux temporaires, afin d’avertir les autresusagers de la nature. Notez également que la FDCIaménage de nombreux postes de tirs surélevés(couramment appelés «  miradors de battue  »), afind’améliorer la sécurité. «  que vous soyez promeneur,cavalier ou vététiste, la meilleure solution pour éviter toutrisque reste le dialogue. Lorsque vous voyez les chasseurs,n'hésitez pas à les consulter pour continuer à évoluer sansse soucier de leurs actions.», conseille Jean-LouisDufresne. malgré ces précautions, les accidents existent,mais ils restent assez limités. on en dénombre environ 250par an en France, dont 10 % sont mortels. Un chiffre qu’ilconvient de rapporter aux 161 millions de journées dechasse cumulées et 7 millions de cartouches tirées chaqueannée par l’ensemble des 1,3 millions de chasseursfrançais. « En outre, le nombre global d’accidents – ainsique le nombre d’accidents mortels – a été divisé par deuxen France depuis 1997. Il faut aussi savoir qu’il estextrêmement rare qu’un autre usager de la nature soit

victime d’une balle perdue, 90 % des accidents de chasseconcernant les chasseurs eux-mêmes  », précise YannPelletier. Si les accidents de chasse sont aujourd’hui peu nombreuxau regard du nombre de chasseurs en France, c’est aussiparce que les chasseurs sont loin de « tirer sur tout ce quibouge ». En moyenne, pour un grand gibier (sanglier, cerf,chamois,etc) tué à la chasse, seulement sept cartouchessont tirées. C’est peu quand on sait que ces chasses durentsouvent plusieurs heures… De plus, depuis l’instaurationdu plan de chasse en 1978, les chasseurs sont tenus de netirer que le «  juste nombre » d’animaux pour garantir lapérennité de chaque espèce, et le dépassement de cesquotas est lourdement sanctionné. La croyance selon laquelle la chasse serait une activité« vieux jeu » est l’un de ces autres préjugés qui ont la viedure. Certes, la moyenne d’âge des chasseurs avoisine les55 ans, mais la chasse a pourtant de nombreux atouts àfaire valoir auprès des jeunes. La France compte ainsiquelque 100 000 chasseurs de moins de 25 ans et plus de60 associations de jeunes chasseurs. De même, la chasseattire aussi plus de femmes qu’on ne pourrait le croire. ondénombre 30  000 chasseresses à l’heure actuelle enFrance, et 20 % des candidats à l’examen du permis dechasse sont des candidates.La chasse peut être (très) sportive, un chasseur de chamoispouvant par exemple être amené à faire des randonnéesde 1000 à 2000 mètres de dénivelé positif dans la journée.Le tir comme activité sportive peut aussi attirer les jeuneschasseurs. « on a aussi de plus en plus de geeks de la chasse : sur lesite internet de la Fédération nationale de chasse, on peutgéo-référencer ses prélèvements. Ça n’existe pas encoreen Isère, mais on pourrait l’imaginer prochainement. Il fautaussi savoir que la plupart des chiens chassant le sangliersont équipés de colliers-gps afin de permettre à leur maîtrede les retrouver en fin de traque.», explique Jean-LouisDufresne. La FDCI est aujourd’hui très ouverte pourchanger l’image de la chasse auprès du grand public  :«  Nous travaillons sur notre projet associatif encollaboration avec un laboratoire universitaire, sur unedurée de trois ans, afin d’avoir un regard extérieur et demieux comprendre comment nous sommes perçus. Ceci demanière à pouvoir nous remettre en question », poursuit leprésident de la FDCI. « La chasse, c'est un contact avec Dame Nature, dès quel'aurore darde ses rayons d'argent à travers les écharpesde brume », assurait bernard Campan dans le cultissimesketche des chasseurs des Inconnus. C’est sans doute laseule vérité de cette parodie. bien davantage que desénervés de la gâchette, les chasseurs sont avant tout desamoureux de la nature. A l’image de Francis Colin, unchasseur de chamois de montaud, qui affirme : « Si je voisles animaux et que je ne les tire pas, je suis le plus heureuxdes hommes ».

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Fédération départementale des chasseurs :rôle et réseauASSoCIATIoN DE LoI 1901 AgRééE AU TITRE DE LA PRoTECTIoN DE LANATURE, LA FéDéRATIoN DéPARTEmENTALE DES ChASSEURS DE L’ISèREACComPAgNE LES qUELqUE 720 ASSoCIATIoNS ET 18 000 ChASSEURS DUDéPARTEmENT. DE LA CooRDINATIoN DES ACTIoNS CYNégéTIqUES ENISèRE à L’INDEmNISATIoN DES DégâTS oCCASIoNNéS PAR LE gRANDgIbIER SUR LES PRoPRIéTéS AgRICoLES, EN PASSANT PAR LA FoRmATIoNAU PERmIS DE ChASSER, LA FDCI ASSURE DE mULTIPLES mISSIoNS.

L’OrgaNIsaTION De La FDCILe siège de la FDCI se trouve à gières, où se réunit leconseil d’administration. mais afin de répondre au mieuxaux problématiques des chasseurs locaux – qui sont trèsdifférentes entre les plaines du Nord-Isère et les montagnesde l’oisans – la FDCI est découpée en douze payscynégétiques (cynégétiques signifiant «  l’art de lachasse »). Ces pays sont définis selon des limites naturelles(montagnes, cours d’eaux,etc), mais aussi selon le modede chasse qu’on y pratique. «  L’idée est d’avoir uneorganisation cohérente des unités de gestion au sein dechaque pays, mais aussi une approche locale desproblèmes », explique Patrice Sibut, le directeur de la FDCI.A la tête de chaque FDCI, on retrouve un administrateur(généralement le président d’une association de chasselocale). Cet élu – qui siège au conseil d’administration dela FDCI – travaille de concert avec un technicien afind’animer le pays cynégétique dont il a la charge, mettre enœuvre des projets locaux, faire le lien entre les chasseurset le conseil d’administration de la FDCI… Au total, 16salariés et 12 élus travaillent à la FDCI.La FDCI compte aussi trois commissions (Environnement,Sanglier et Communication), qui font des propositions auConseil d’administration. Sachez aussi que la FDCI eststructurée en trois services (Environnement, Administratif,Prospective et développement), qui assurent le suivi et lamise en œuvre des activités et missions de la Fédération.

Les mIssIONs De La FDCILa mission première de la Fédération est de coordonner lesactions cynégétiques en Isère. A ce titre, tous les six ans,elle rédige le Schéma Départemental de gestionCynégétique (2012-2018 actuellement), en concertationavec les forestiers, les agriculteurs, les associations deprotection de la nature,etc, « La faune sauvage doit êtrebien gérée pour se maintenir et prospérer. Cette gestionpasse entre autre, par le Schéma Départemental degestion Cynégétique, un document officiel rédigé par laFédération Départementale des Chasseurs et signé duPréfet, qui définit les pratiques de chasse à améliorer,toutes les mesures de gestion à apporter et lesaménagements environnementaux à réaliser pourpréserver l’habitat du gibier» précise Patrice Sibut. De plus,un arrêté préfectoral régit les conditions d’exercice de la

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chasse sur le département, du 1er juillet au 31 juin del’année suivante. « Toutes les populations de grand gibier – cerf, chamois,mouflon, chevreuil, daim – sont soumises à des plans dechasse nationaux. Pour avoir le droit de les prélever, lesACCA (associations communales de chasse agréée, lireencadré) doivent faire une demande de plan de chasse àl’Etat, via la FDCI. Nous gérons ainsi quelque 700demandes de plan de chasse par an, instauréesofficiellement par un arrêté préfectoral », détaille le directeurde la FDCI.La FDCI assure également trois missions de service public.La première est l’indemnisation, aux agriculteurs, desdégâts causés par le grand gibier (400 000 à 1 millionsd’euros par an en Isère). 80 à 90 % de ceux-ci sont commispar les sangliers. Il faut d’ailleurs savoir que les chasseurssont les seuls à prendre en charge cette indemnisation. Ladeuxième mission de service public assurée par la FDCIest la formation au permis de chasser (lire page 10). Enfin,la Fédération s’occupe aussi de la validation du permis,sous différentes formules proposées (un ou deuxdépartements, France entière, validation temporaire, petitgibier, petit et grand gibier..). Autrement dit, le chasseur doitpayer sa cotisation auprès de la FDCI pour avoir le droit dechasser.

Les ACCA, késAko ?

S’il existe quelques chasses privées le territoire de chasse de l’Isère estprincipalement découpé en ACCA, les associations communales de chassesagréées. Une ACCA fonctionne comme un club sportif rattaché à une Fédération.Il en existe 529 en Isère (elles couvrent 80 % du territoire chassable dudépartement). Après avoir obtenu et validé son permis de chasse, le chasseur doitnécessairement adhérer à une ACCA pour avoir le droit d’exercer son activitéfavorite. Vous pouvez adhérer à l’ACCA de votre commune de résidenceprincipale (puisque vous en êtes membre de droit), et éventuellement à une ACCAd’une autre commune. Chaque ACCA doit en effet avoir un minimum de 10 % dechasseurs « étrangers ». En pratique, dans des territoires peu habités, cetteproportion peut monter à 80 %, voire 100 %. L’ACCA a plusieurs obligations :maintenir l’équilibre agro-sylvo-cynégétique (gibier/forêt/agriculture), aménagerson territoire, mettre en place des schémas de sécurité…

Photo 1 :Maison de la chasse et de la Faune Sauvage,siège de la Fédération à Gières© FDCI

Photo 2 : Carte des pays cynégétiques© FDCI

© FDCI

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La chasse et ses bienfaits

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VéRITAbLES AmoUREUx DE LA NATURE, LES ChASSEURS CoNTRIbUENT, AUmêmE TITRE qUE LES AgRICULTEURS, à FAÇoNNER NoS PAYSAgES. AFIN DEFAVoRISER LA bIoDIVERSITé, ILS PLANTENT DES hAIES oU DébRoUSSAILLENTDES ALPAgES. L’ENTRETIEN DE SENTIERS FAIT égALEmENT PARTIE DE LEURqUoTIDIEN. bREF, LES bIENFAITS DE LA ChASSE SoNT bEAUCoUP PLUSNombREUx qU’oN LE PENSE.

Si on décidait d’interdire purement et simplement la chasse,les agriculteurs et autres maraîchers auraient du souci à sefaire. Récoltes labourées par les sangliers, saladesmangées par les chevreuils, … En prélevant des animaux,les chasseurs contribuent à maintenir l’équilibre agro-sylvo-cynégétique, autrement dit l’adéquation entre les besoinsdes animaux, des forêts et des agriculteurs. La chasse –ou non – de tel ou tel gibier peut même avoir desrépercussions sur d’autres espèces animales. « Une année,en Suisse, des bouquetins atteints d’une maladie raren’avaient pas été chassés. Ils ont contaminé des moutons,qui ont à leur tour transmis le virus aux vaches, qui ont dûêtre euthanasiées. Si ces bouquetins avaient pu êtrechassés, rien de tout cela ne serait arrivé », raconte FrancisColin, chasseur à montaud. Les chasseurs jouentégalement un rôle important (bien que méconnu) enmatière de santé publique. Ils renseignent le réseau desurveillance épidémiologique SAgIR (Surveiller pour Agir),qui a pour vocation de mettre en évidence les causes demortalité des espèces de gibier. Par exemple, en 1993, leréseau a décelé des cas d'intoxication massive deFurathiocarbe (un pesticide puissant) sur les pigeonsramiers. En 2006, c’est la grippe aviaire h5N1 (hautementpathogène) qui est détectée grâce aux cadavres d’oies etde canards sauvages récoltés par les chasseurs de l’Ain.C’est aussi parfois grâce aux chasseurs qu’ont étédécouvertes les zoonoses, c’est-à-dire les maladiescommunes aux animaux et aux hommes. En moyenne, unecentaine d’analyses sont effectuées tous les ans en Isère,sur différentes espèces : lapin, lièvre, sanglier, renard,ragondin, etc. Cette surveillance quotidienne permetd’ajuster en conséquence, la gestion des espèces maissurtout, d’anticiper tout risque d’épidémie. La régulation desdifférents gibiers est en effet la mission première deschasseurs. Rappelons que les plans de chasse, établis parla Commission départementale de la chasse et de la faunesauvage, sont instaurés officiellement par arrêté préfectoral.Et les différentes ACCA (associations communales de

chasse agréées) ont l’obligation de réaliser ces plans dechasse à au moins 50 %.Afin de garantir la biodiversité nécessaire à la bonne santédes animaux qu’ils chassent, les chasseurs plantent denombreuses haies  : « 31 km précisément entre 2008 et2012, ce qui fait de la Fédération départementale deschasseurs de l’Isère (FDCI) le premier planteur de haies dudépartement. Derrière cette action, l’idée est de rediversifierune nature dite ordinaire, afin que les animaux puissent ytrouver de quoi se nourrir. C’est aussi pourquoi nousdéveloppons les CIPAN (culture intermédiaire pièges ànitrate). Comme la moutarde – une plante aux pétalesjaunes vifs – les CIPAN aident temporairement à fairereposer la terre pour permettre la reconstitution de la fertilitédu sol, mais ils sont plus riches que la moutarde », détaillePatrice Sibut, le directeur de la FDCI. Dans cette mêmeoptique, à savoir maintenir la diversité du territoire, leschasseurs se lancent fréquemment dans des opérations dedébroussaillage, afin de permettre aux alpages de regagnerdu terrain. « En montagne, entre l’alpage et la forêt, ondéveloppe une gestion concertée des alpages, afin d’avoirune mosaïque de végétation. La présence de tétras-lyre estgénéralement l’indicateur d’une bonne biodiversité  »,précise Patrice Sibut.Agriculteurs et bergers comptent ainsi parmi les principauxbénéficiaires des différentes missions assurées par leschasseurs. on peut ajouter les randonneurs à cette liste :en Isère, les chasseurs entretiennent une centaine dekilomètres de sentiers par an. même les Restos du Cœuront pu compter sur la générosité des chasseurs, « avec 120repas cuisinés avec du chevreuil l’an passé », indique Jean-Louis Dufresne, le président de la FDCI.Les gourmets peuvent aussi remercier les chasseurs : laviande de gibier est un met délicat qui se cuisine aussi bienen rôti qu’en civet, au barbecue ou en fondue. Pauvres enlipides et riches en sels minéraux, elle présente de grandesqualités diététiques : elle est moins grasse qu’un yaourtnature, très riche en fer et plus dosée en phosphore que lepoisson ! Pourtant, le grand public ne connaît que très peu lesbienfaits de la chasse. Il faut dire que les chasseurs necommuniquent guère sur toutes ces actions, parce qu’ilsconsidèrent que c’est leur travail, et que ça n’a donc riend’exceptionnel. 

Photo : Plantation de haie avec des scolairessur la commune de Beaulieu© FDCI

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Permis de chasser, comment ça marche ?

à L’ImAgE DE LA CoNDUITE AUTomobILE, LA ChASSE REqUIERT UN PERmIS,DéLIVRé APRèS UN ExAmEN PoRTANT AUSSI bIEN SUR LA PRATIqUE qUESUR LA ThéoRIE. CET ExAmEN A D’AILLEURS éTé RéFoRmé EN 2014, AVECLE REgRoUPEmENT DES éPREUVES SUR UNE SEULE JoURNéE, AU LIEU DEDEUx AUPARAVANT.

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Si, jusqu’en 1976, aucune formation ni examen n’étaientnécessaires pour obtenir son permis de chasse – il suffisaitpour cela d’aller payer diverses redevances en mairies –les choses ont bien changé depuis. L’examen théorique aété créé en 1976. La formation pratique obligatoire,préalable à l’examen, a été instaurée en 1994. C’est en2003 qu’on a ajouté une épreuve pratique et que sontapparues des questions éliminatoires lors de l’épreuvethéorique. Celles-ci concernent les armes et la sécurité. Si vous souhaitez devenir chasseur, sachez déjà que vousdevez formuler une demande d’inscription à la formation aupermis de chasser, auprès de la FédérationDépartementale des Chasseurs de l’Isère (FDCI – infos au04 76 62 97 78). Cette formation s’effectue sur deux demi-journées : le samedi pour la partie théorique, au siège dela FDCI, à gières, et en semaine pour la pratique, à LaRivière, en privilégiant les vacances scolaires. Vient ensuite l’examen, d’une durée totale de 40 minutes,et qui se déroule à La Rivière. A l’inverse du permis deconduire automobile, on commence ici par l’examenpratique. Celui-ci dure 20 minutes et comporte quatremodules : un parcours d’obstacles avec un fusil chargé decartouches à blanc et des simulations de tir ; une épreuvede transport, démontage et rangement d’une arme dechasse (fusil à canon lisse) dans un véhicule ; une épreuvede tir sur plateaux d’argile avec cartouche à grenailles, soitavec un fusil à canon basculant, soit avec une arme semi-automatique (au choix du candidat) ; et enfin une épreuvede tir sur sanglier courant avec arme à canon rayé, mettant

le candidat dans une simulation de posté en battue.L’examen théorique se déroule dans la foulée des atelierspratiques, sous forme de qCm. quatre thèmes y sontabordés  : la connaissance de la faune sauvage, de seshabitats et de leur gestion  ; les lois et règlements dechasse ; la connaissance des modes de chasse ; les armeset la sécurité. Sachez que cet examen du permis de chasseest noté sur 31 points (21 pour la pratique, 10 pour lathéorie), et qu’il faut obtenir au moins 25 points. mais sivous échouez à l’examen pratique (par exemple en cas decomportement dangereux), vous ne pourrez pas passerl’examen théorique. De même, vous serezautomatiquement recalé(e) si vous donnez une mauvaiseréponse à une question éliminatoire. Vous avez réussi votre examen ? Il ne vous reste plus qu’àle valider, c’est-à-dire à payer vos cotisations à la FDCI (ausiège de gières les lundis et jeudis de 8h30 à 12h et de13h30 à 16h, en chèques ou espèces, ou alors surwww.chasse38.com par carte bancaire). Le montant de cescotisations dépend de la validation que vous choisissez :départementale petit gibier et grand gibier  ; bi-départementale petit gibier et grand gibier (Isère + un autredépartement)  ; nationale petit gibier et grand gibier  ;temporaire de 3, 6 ou 9 jours. Comptez environ 120 eurosla validation départementale petit gibier, 150 euros pour legrand gibier  ; 320 euros / 380 euros pour un permisnational. Ce prix s’entend hors assurance et hors adhésionà l’ACCA de votre choix (obligatoire), qui peut varier de 50à 150 euros pour un membre de droit (c’est-à-dire si vousadhérez à l’ACCA de votre commune de résidence) et de200 à 600 euros pour des chasseurs « étrangers » (quandvous chassez sur une autre commune que celle où voushabitez).

LA ChAsse ACCompAgnée, un fusiL pour deux ChAsseurs

Instaurée en 2001, la chasse accompagnée peut être un moyen de découvrir l’activité avecdavantage d’accompagnement, de mise en confiance et de prise en main de l’arme, que si vousvous lancez dans la démarche classique d’obtention du permis de chasse. Le chasseur« accompagnant » doit simplement suivre une formation de trois heures. Dès lors, il a le droit de

partir chasser en présence et sous la responsabilité civile d’un chasseur « accompagnateur », nécessairement titulairedu permis de chasse depuis au moins cinq ans. Le binôme « accompagnant – accompagnateur » dispose d’un seulfusil, celui-ci pouvant être indifféremment utilisé par l’un ou l’autre. Si la chasse accompagnée permet aux adolescentsdès 15 ans de partir chasser (au lieu de 16 ans s’ils passent le permis traditionnel), elle est plus généralement ouverteà TOUS les nouveaux chasseurs. Cette formation est donc aussi accessible aux adultes, et ce quel que soit leur âge.

Photo 1 : Présentation des différentes armes de chasseet leurs munition© FNC

Photo 2 : Séance de tir sur plateaux d’argile© FNC

CHASSE ACCOMPAGNÉE

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Le chien, le meilleur ami de l’homme etdes chasseursLA ComPLICITé ENTRE LES ChASSEURS ET LEURS ChIENS N’EST PAS UNE LégENDE. boN NombRE D’ENTREEUx CoNSIDèRENT D’AILLEURS LA ChASSE AVANT ToUT CommE UN PRéTExTE DE SE PRomENER EN PLEINENATURE AVEC LEURS ChIENS. CETTE ComPLICITé SE CULTIVE DE DIFFéRENTES mANIèRES, PUISqU’IL ExISTEDE mULTIPLES moDES DE ChASSE (DE LA ChASSE AU ChIEN CoURANT à LA ChASSE à L’ARC, EN PASSANT PARLA ChASSE à L’APPRoChE ET CELLE à LA PASSéE), AVEC PoUR ChACUNE D’ENTRE ELLES DES ChIENS bIENSPéCIFIqUES, VoIRE D’AUTRES ANImAUx (FURETS, FAUCoNS NoTAmmENT), CERTAINES ChASSES SEPRATIqUANT AUSSI SANS L’AIDE D’UN ComPAgNoN à qUATRE PATTES. ToUR D’hoRIzoN.

Les ChIeNs COuraNTsLa catégorie des chiens courants regroupe des races trèsdiverses en taille, avec des chiens pouvant être autant àpoils ras qu’à poils durs (ces derniers étant moins sensiblesaux épines). Les griffons (fauves de bretagne, griffonnivernais, griffon vendéen…) et les beagles comptent parmiles plus utilisés, mais on retrouve aussi des Saint-hubert,des bleus de gascogne, voire des chiens d’Artois.Le chien courant est utilisé pour chasser du gibier «  àpoils » : lapins, lièvres, renards, chevreuil, sanglier, cerf,etc. « Le rôle du chien courant est de trouver la piste d’ungibier, puis de rapprocher – c’est-à-dire donner de la voix –jusqu’au gîte ou à la remise (où se cachent les lièvres,lapins, etc.). Il doit ensuite lancer le gibier, autrement dit lefaire partir. Puis il le suit à la trace, on parle alors de menée.En général, le chasseur suit ses chiens au début, puis vase placer sur un poste de tir  », explique gilbert grand,président de l’Association des Chasseurs aux ChiensCourants de l’Isère. on utilise ces chiens le plus souventen meute, « afin d’entendre la musique des chiens, qui vamontrer l’homogénéité d’un groupe. Pour moi, la chasse auchien courant, c’est la passion du chien avant tout. Je parssouvent chasser le lièvre sans mon fusil, juste pour le plaisird’observer le travail de mes chiens, sans avoir l’obsessiondu tableau de chasse. »

Les ChIeNs D’arrêTLes chiens d’arrêt se répartissent en deux grandescatégories : les « continentaux » (une dizaine de races :épagneul breton, braque allemand, griffons korthal, braquefrançais,etc) et les « britanniques » (quatre races : settersanglais, setters gordons, setters irlandais et pointers). onles utilise principalement pour chasser les oiseaux de plaine(faisan, perdrix, caille), de montagne (tétras-lyre, lagopède,bartavelle, gélinotte, bécasse) ou des marais (bécassine)et parfois, les lapins et les lièvres. Claude Ferra-martin,président de l’Amicale grenobloise du Chien d’Arrêt, nousdétaille la façon dont se déroule la chasse avec des chiensd’arrêt. « Au départ, le chien est à côté du chasseur. Il faitla quête, c’est-à-dire qu’il part à la recherche du gibier.quand il a trouvé l’émanation (l’odeur), il doit l’arrêter, c’est-à-dire bloquer l’oiseau – mais sans le toucher – jusqu’à ce

que son maître arrive. Cet arrêt peut durer entre dixsecondes et dix minutes. Une fois qu’il a rejoint son chien,le chasseur fait envoler l’oiseau. Vient enfin le tir, lorsquel’oiseau est en l’air, la bonne distance étant comprise entre10 et 45 mètres selon l’environnement. Le chien a fini sontravail une fois que le tir est exécuté, mais parfois il peutaussi rapporter l’oiseau à son maître ».

Les ChIeNs TerrIers Ces chiens sont généralement de petite taille, avec uncaractère assez fort. « Il s’agit surtout de fox terriers, dejack russell et de teckels – aussi bien à poils lisses qu’àpoils durs – mais on peut aussi voir des wett scott »,énumère Roger gourraud, de l’ACCA de Corbelin. Il fautsavoir que ces chiens sont utilisés pour la chasse sous terredu blaireau ainsi que la régulation des prédateurs (renard,ragondin). « on intervient à la demande des agriculteurspour réguler des blaireaux, qui attaquent les champs demaïs où ils causent autant de dégâts que des sangliers ».Le rôle de ces chiens terriers est de repérer les renards,ragondins et autres blaireaux dans les terriers, puis de tenirl’animal en respect (au ferme) au fond du trou à l’aide deleurs aboiements, (mais pas d'attraper l'animal). « onévolue par équipes d’au moins cinq personnes et troischiens. Pendant que le chien tient l’animal en respect aufond du trou, on va creuser, jusqu’à pouvoir attraper l’animalavec des pinces, pour ne pas lui faire mal et le servirproprement. Parfois on peut avoir fini en une heure. maisdans certains cas, on peut être amenés à creuser jusqu’à4,50 mètres sous terre ! C’est alors extrêmement physiqueet ça peut pratiquement prendre toute la journée », expliqueRoger gourraud.

Les ChIeNs De rOugeAussi appelés « chiens de sang », les « chiens de rouge »sont principalement des teckels, « même si on a aussi desRouges de hanovre, Rouges de bavière, sans oublierquelques labradors et aussi des Daschbracke, voire deschiens de Saint-hubert  », explique geneviève Richard,déléguée pour l’Isère de l’UNUCR (Union Nationale desUtilisateurs de Chiens de Rouge).

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Leur rôle est de rechercher du gibier blessé, plusieurs heuresaprès la blessure, qui peut autant avoir été provoquée par untir d’un chasseur que par une collision avec une voiture.« Nous amenons notre chien de rouge à l’endroit où le gibiera été blessé, afin de relever des indices (poils, sangs, etc) quivont permettre au chien de suivre la trace du gibier, parfoissur plusieurs kilomètres. Afin d’éviter à un gibier blessé deparcourir plusieurs kilomètres parce qu’il se sent traqué et desouffrir inutilement, on attend au moins quatre heures avantde lancer le chien de rouge, voire six heures pour lessangliers. quand ils sont bien entraînés, les chiens de rougepeuvent retrouver une bête jusqu’à 40 heures après sablessure », précise geneviève Richard. Le dressage d’unchien de rouge dure généralement entre un an et demi etdeux ans, « mais ça doit rester un jeu, parce qu’un chiencontraint sera moins volontaire. Il faut travailler la complicitéavec son chien, car celui-ci ne sera jamais aussi efficace ques’il veut faire plaisir à son maître, qu’on appelle conducteur ».« L’intervention des conducteurs de chien de rouge eststrictement bénévole. L’ensemble de leurs coordonnées sontreportées sur les cartes de chasse. on peut aussi lescontacter via le site www.unucr.fr rubrique « conducteurs »(classement par département).

LA ChAsse AveC Les furets

On utilise les furets uniquement pour chasser le lapinde garenne, lorsque celui-ci est considéré commenuisible ou en surnombre. Ceci après avoir obtenuun arrêté préfectoral de reprise et de réimplantation.Le principe est simple : les furets s’introduisent dansles terriers des lapins et les poursuivent tout au longdes galeries, jusqu’à ce que le lapin sorte à l’air libre.Généralement, les chasseurs auront préalablementposé des filets (appelés bourses ou filoches) àl’entrée des terriers, afin de pouvoir capturer le lapinvivant. Cette méthode est utilisée notamment pourréintroduire des lapins dans des régions où ils sontdécimés par la maladie. Dans certains cas, leschasseurs peuvent attendre très longtemps…puisqu’il arrive que le furet saigne le lapin et neressorte qu’après avoir fini sa digestion !

Fox-Terrier© Serriere

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Le chien, le meilleur ami de l’homme etdes chasseurs

La Chasse à La passÉeCette chasse au gibier d’eau se pratique sur le domainepublic fluvial. « on est posté sur les berges de l’Isère, à desendroits stratégiques, et on attend que les canards, colvertset autres sarcelles d’hiver quittent leur zone de repos pourrejoindre leur zone de gagnage (là où ils mangent). on a ledroit de les tirer uniquement au-dessus des nappes d’eau,dans les deux heures précédant le lever du soleil ou lesdeux heures suivant le coucher du soleil. mais en pratique,les créneaux sont d’à peine de dix minutes le matin et dixminutes le soir », explique Jean-Yves Expilly, président deschasseurs de gibier d’eau de l’Isère. La chasse à la botte ou à la barque est une variante de lachasse à la passée. « on descend l’Isère en barque – ou àpied, avec des cuissardes – et on avance le long desberges avec ou sans chien qui quête pour faire décoller lescanards, voire les poules d’eau, foulques ou râles d’eau. Làaussi, on attend qu’ils passent au-dessus de l’eau pour lestirer », précise Jean-Yves Expilly. « L’important, ce n’est pastant de ramener un canard que de profiter d’un beaucoucher de soleil, d’être seul face à la nature. Il y a toujoursquelque chose à observer, et puis c’est très apaisant d’êtreau bord de l’eau ».

La Chasse à L’apprOCheCette chasse pratiquée notamment par les chasseurs dechamois requiert beaucoup de patience et de minutie. « Lachasse au chamois se pratique en montagne. Il faut partirtôt, afin d’être en place avant le lever du jour. Ensuite, lerepérage est primordial. Le chasseur est dans la forêt, ilavance discrètement de deux mètres, écoute tous les bruitsalentours et scanne le champ visuel avec des jumelles. Puisil répète ça jusqu’à ce qu’il aperçoive le gibier », expliqueFrancis Colin, un chasseur de montaud (lire aussi sonportrait en page 19). Elle se pratique seul ou à deux, dansle silence total, et peut facilement durer toute la journée.«  Ce n’est pas un problème pour moi. quand on estconcentré sur les bruits, les traces, le temps est suspendu.Dans notre société actuelle où tout va vite, où on est dansl’instantané, la chasse à l’approche permet de revenir aurythme naturel de l’être humain. C’est pour ça quej’apprécie ce type de chasse ». La chasse à l’approche estégalement utilisée pour prélever d’autres grands gibiers,comme le cerf ou le mouflon. Pour ces derniers, commepour le chamois ou le chevreuil, la chasse à l’approches’inscrit dans le cadre d’un plan de gestion, avec des règlestrès strictes à respecter. Le chasseur doit en particuliermunir d’un dispositif de marquage l’animal prélevé(concrètement, un bracelet avec la date et le type de gibier,délivré par la FDCI), et ce sur le lieu exact où il a été touché.

LA ChAsse AveC Les fAuCons

Originaire des Hauts-Plateaux d’AsieCentrale, ce type de chasse a connu sonâge d’or en France au Moyen-Âge. Elle estaujourd’hui assez marginale (l’AssociationNationale des Fauconniers et AutoursiersFrançais compte environ 300 membres,dont une centaine d’équipages actifs). On distingue la chasse de haut-vol et lachasse de bas-vol. La première se pratiqueavec des faucons (pèlerin, gerfaut, sacre,lannier, emerillon…). En vol d’amont, lefaucon va se placer au-dessus dufauconnier pour attaquer en piqué un gibierà plume qui lui sera servi par le chien d’arrêtou par le fauconnier lui-même. En vol à vue,le faucon est lancé sur un gibier déjà en l’air,ce qui peut donner lieu à de splendidespoursuites. Là aussi le faucon vagénéralement attaquer sa proie en piquépour la lier (s’en saisir) ou la buffeter(attraper fermement avec ses serres puis lafaire tomber au sol). La chasse de bas-vol, également appeléeautourserie, utilise principalement l’aigle,l’autour, l’épervier et la buse de Harris.Légèrement retenu sur le poing dufauconnier, l’oiseau s’élance pour unepoursuite du gibier généralement brève(quelques centaines de mètres aumaximum). Le bas-vol est une méthodeadaptée pour le petit gibier de plaine (lapin,lièvre, faisan, pie…). Pour une meilleureefficacité, le fauconnier travaille souventavec des chiens (pointers, braques,épagneuls, springers,etc) qui sont chargésde faire lever le gibier (c’est-à-dire deprovoquer sa fuite) afin que le faucon (oul’aigle, l’épervier,etc) puisse entrer en action.Dès lors qu’il est associé à un équipage dechasse au vol, le meilleur ami de l’hommeest appelé chien d’Oysel (Oysel signifiant« oiseau » en vieux français).

Photo : Chasse au vol au Péage de Roussillon© FDCI

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La Chasse à L’arC« Tout ce qu’on peut chasser avec un fusil se chasse aussià l’arc, du faisan au sanglier, en passant par le renard,lechevreuil,etc », explique Alain Renault, un spécialiste de cemode de chasse. Avec un arc, on peut pratiquer la chassedevant soi, la chasse à l’affût (on se place dans un postede tir et on attend que le gibier passe) ou la chasse àl’approche. « Cette dernière est l’une des plus prisées deschasseurs à l’arc, principalement pour le grand gibier detype chevreuil. Contrairement à la carabine, où on peut tirerjusqu’à 300 mètres avec des organes de visée, ici lesdistances de tir sont courtes, souvent de l’ordre d’une

vingtaine de mètres. » De fait, la chasse à l’arc peut serévéler difficile, «  mais le plaisir et avant tout dansl’approche. C’est une chasse qui demande de mettre tousses sens en éveils, de faire attention aux bruits, au sens duvent, à la lumière… C’est cette forme de lutte avec le gibier,bien davantage que le tir, qui est passionnante », conclutAlain Renault.

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5 portraits de chasseurs

IL ExISTE PRESqUE AUTANT DE ChASSEURS qUE DE moDES DE ChASSE. qUAND CERTAINS VIENNENTà LA ChASSE PoUR RETRoUVER LEURS INSTINCTS PRImAIRES oU ExERCER ToUS LEURS SENS,D’AUTRES APPRéCIENT CETTE ACTIVITé PARCE qU’ELLE LEUR PERmET ToUT SImPLEmENT DE SEPRomENER DANS LA NATURE, SEUL(E) oU AVEC DES ChIENS. ET qUE DIRE DE LA CoNVIVIALITéASSoCIéE à JUSTE TITRE à LA ChASSE – LE FAmEUx « CASSE-CRoûTE DU ChASSEUR » ? SANSoUbLIER LE LIEN SoCIAL qU’ELLE géNèRE, SoUVENT AU-DELà DES ChASSEURS, NoTAmmENT ENmILIEU RURAL. LES PoRTRAITS DE ChASSEURS qUE NoUS DRESSoNS DANS LES PAgES SUIVANTESoNT VoCATIoN à VoUS FAIRE DéCoUVRIR UN UNIVERS RIChE ET mULTIPLE, LoIN DES CLIChéSVéhICULéS PAR LES méDIAS géNéRALISTES.

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Lionel Chabert, l’instinctif

Comme beaucoup, Lionel Chabert a attrapé le virus de lachasse en accompagnant un oncle chasseur dans sessorties. « A l’époque, on prélevait plutôt du petit gibier demontagne comme le coq de bruyère ou la bartavelle. Puison est passé au gros gibier – chamois, chevreuil, mouflon,sanglier – mais le plaisir est resté le même ». Ce plaisir,c’est d’abord celui d’être en montagne, de voir les bêtes etde se rapprocher de la nature. « Avec l’expérience, on saitdans quel secteur on va parvenir à trouver le gibier. maisencore faut-il arriver à se confondre avec la nature pouressayer de feinter le gibier. Il faut faireattention au vent, au bruit… bien sûr,je pourrais tirer des chamois à plus de250 mètres, mais ça ne m’intéressepas, j’aurais l’impression de faire du tirsur cible. »Lionel Chabert assume parfaitementd’être chasseur, et n’a pas peur dedire qu’il apprécie de « redevenir unprédateur, avec cet instinct animal quiressort. Dans l’action de la chasse, onfait travailler tous ses sens. J’aimeparticulièrement la chasse de contact, parce qu’elle apportedes émotions fortes, elle est plus vivante. quand on fait latraque aux sangliers, il peut y avoir de belles montéesd’adrénaline. C’est un peu comme un jeu avec le gibier, qu’ilfaut parvenir à leurrer. on ne prélève pas toujours, mais iln’y a pas de frustration. Il faut aussi savoir reconnaître quela bête a parfois bien manœuvré, qu’elle a su saisir lachance qu’on lui laissait. Et puis si on était sûr de fairemouche à chaque fois, le plaisir ne serait peut-être pas lemême. »Lionel Chabert a aussi un bon coup de fourchette, et

apprécie également la chasse pour cela. « on a souventtendance à dire que la viande de gibier est forte. Ce n’estpas vrai, à condition de savoir la préparer. La clé, c’est detout de suite vider la bête en rentrant de la chasse et de lamettre au frais. mais on peut tout manger, y compris lesabats. on peut faire des steaks avec le foie, du pâté avecla tête, congeler le cœur et les rognons… Ça peut prendrefacilement une journée de travail pour bien préparer laviande de gibier, mais au moins on sait ce qu’on mange etc’est savoureux. Ça n’a rien à voir avec ce qu’on trouve

dans le commerce, qui peut en effetfaire peur. »

Employé aux services techniques de la mairie d’Allemont, Lionel Chabert pose ses jours de congés de façonà se dégager un maximum de temps pour aller chasser, et ce quelle que soit la météo. Il fait dire que cechasseur de grand gibier âgé de 48 ans apprécie particulièrement le côté instinctif que requiert son activitéfavorite.

« J’aime la chasse de contact,parce qu’elle apporte des

émotions fortes »

Photo : Retour de battue pour l’ACCA d’Allemond© FDCI

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5 portraits de chasseurs

Jean Janin, le fédérateur

Le parallèle est peut-être osé, surtout à une époque où lesstars du ballon rond sont souvent pointées du doigt pourleurs excès d’individualisme, mais pour Jean Janin, « lachasse c’est un peu comme une équipe de football. Pourla réussite d’une battue, il faut que les gens aient envie dejouer ensemble. » Dans son discours, le terme « fédérer »revient fréquemment, et c’est tout sauf anodin. Il faut direqu’en tant que président de l’Association Communale deChasse Agrée de Chatonnay, Jean Janin a eu jusqu’à 213chasseurs sous sa responsabilité, même s’ils ne sont plusque 155 aujourd’hui. « Notre rôle, àl’ACCA, c’est d’organiser les battues.Il faut baliser le territoire sur lequel sedéroule les battues, se répartir lesrôles entre ceux qui font la traque etceux qui sont postés aux endroitsstratégiques… Il y a nécessairementune notion de solidarité au sein deséquipes constituées pour ces battues,qui sont au nombre de 18 cheznous. » Cette solidarité se prolongeau-delà de l’action de chasse elle-même. « Elle s’exprime lors de l’après-chasse, quand ils’agit d’aller récupérer les chiens. mais aussi lors descorvées, comme l’installation de clôtures ou la réparationdes dégâts causés par les sangliers. mais ça reste desmoments conviviaux, parce qu’on va manger ensembleaprès ça. »Pour Jean Janin, la chasse est bien davantage qu’uneactivité de loisir parmi d’autres. «  Elle imprègnevéritablement la vie de toute la commune, qu’on soitchasseur ou pas. » C’est pourquoi le président de l’ACCAest particulièrement sensible au lien social généré par lachasse. « Il ne faut pas oublier que dans ACCA, il y a le motcommunale. C’est pourquoi j’ai des liens très étroits avecla mairie. En tant que président de l’ACCA, j’ai participé à

la commission environnement de la commune. Leschasseurs peuvent amener des idées dans ce domaine. »Il faut d’ailleurs noter que Chatonnay, à l’initiative de sonACCA, fut l’une des premières communes à organiser unejournée de l’environnement il y a trente ans. Et l’ACCAparticipe aujourd’hui à des manifestations comme le comiceagricole. Jean Janin organise aussi régulièrement desexpositions sur la nature (sur le loup, la bécasse, lelièvre,etc) afin de faire partager à tous sa connaissance dumilieu naturel, acquise en grande partie grâce à la chasse.

Président de l’ACCA de Chatonnay depuis une quinzaine d’années, Jean Janin, 68 ans, est particulièrementsensible au lien social que génère la chasse. Les notions d’équipe, de solidarité et de convivialité sontessentielles à ses yeux.

« La chasse imprègnevéritablement la vie de

toute la commune, qu’onsoit chasseur ou pas. »

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19ENVIE DE NATURE ? - Le magazine de la FDCI

Francis Colin, chasseur éthique

Adepte de la chasse à l’approche, qui requiert une grandepatience, Francis Colin est l’antithèse du chasseur-qui-tire-sur-tout-ce-qui-bouge. Ce chasseur de montaud, âgé de 56ans, est plutôt du genre à attendre d’être certain de fairemouche avant de tirer. « A la chasse, on ne tire pas sur lepremier animal qui passe. Il faut respecter une certaineéthique, afin que l’animal ne se sente pas mourir, ce qui estle cas si on le touche dans une zone vitale. Il faut savoirque la vitesse d’une balle de carabine est de 1000 mètrespar secondes, et la vitesse du son de 340 mètres parseconde, ce qui signifie que l’animalest mort avant d’entendre ladétonation.» C’est d’ailleurs parce quecette éthique est très importante à sesyeux que Francis Colin a passé undiplôme de chasseur de grand gibier.Ce diplôme, qui n’a aucun caractèreobligatoire, demande de suivre aupréalable une formation très complètede quatre à cinq mois. « on doit avoirune connaissance parfaite du grandgibier, qu’il s’agisse des temps degestations, de son biotope, des indices de reproduction…Il y a aussi des parties vétérinaire ou encore balistique. onpasse un examen théorique, mais aussi un examenpratique avec un tir sur sanglier courant, qui est représentépar une affiche. on obtient des points positifs ou négatifsselon qu’on tire dans des parties vitales ou non. on veutque l’animal meurt foudroyé, et non à la suite d’une longueagonie après qu’on lui ait blessé une patte ». Francis Colin apprécie la chasse parce qu’elle « lui permetd’être en contact avec la nature, de retrouver les sensoriginels de l’être humain. on utilise l’ouïe, le sens du vent,on va aussi prendre en compte de nombreux paramètrescomme les chutes de pierre pour repérer un chamois.Personnellement, ce n’est pas la recherche de la viande quime motive, c’est davantage le côté esthétique de la chasse,

la mise en œuvre de différentes techniques qui tepermettent d’arriver au résultat escompté. » Ce résultat,c’est le prélèvement des animaux, en l’occurrence leschamois pour Francis. « La forêt ne peut pas supporter unnombre exponentiel d’animaux, tout simplement parce qu’iln’y a pas à manger pour tout le monde. Le prélèvement estdonc nécessaire pour la survie des animaux. De même, lachasse permet de conserver les animaux en bonne santé.Ils sont par exemple obligés de développer leurs capacitéspulmonaires pour nous échapper. » Si Francis Colin est

parfaitement conscient des bienfaitsde la chasse pour l’équilibre desespèces animales, il n’est pas dugenre à « confondre congélation etgestion ». Revenir bredouille d’unepartie de chasse ne lui pose pas deproblème. « Si mon approche a étésuffisamment efficace pourapercevoir les animaux mais que jene tire pas, je suis le plus heureuxdes hommes. »

Amoureux des sports de nature – il est également parapentiste – Francis Colin apprécie la chasse pour soncôté sportif. Ce chasseur de chamois de Montaud est aussi très sensible au respect d’une certaine éthique,fondée notamment sur le respect des animaux.

« Le prélèvement estnécessaire à la survie des

animaux »

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5 portraits de chasseurs

Alain Renault, la chasse au naturel

bien qu’il ait pratiqué le tir au pistolet à l’approche de laquarantaine, et qu’il ait même trouvé cette activité« intéressante », Alain Renault n’est pas venu à la chassepar passion pour les armes. « J’ai commencé avec mesoncles. on chassait le petit gibier au fusil. Pour moi dontles activités de loisir ont toujours été tournées vers lanature, la chasse était avant tout un prétexte pour partirdans la nature. A la rigueur, la recherche du gibier auraittout à fait pu se faire sans fusil ». Ce n’est donc pas un hasard que ce chasseur qui a écuméles ACCA du Nord-Isère (Villefontaine,Cheyssieu, Courtenay, Roche…) soitrevenu vers la chasse par le biais dela chasse à l’arc. « Je m’étais mis autir à l’arc à 43 ans, après avoirabandonné le tir au pistolet parce quela détention d’armes était tropcomplexe au niveau administratif. Autir traditionnel sur cible, j’ai très vitepréféré le tir chasse – qu’on appelleaujourd’hui tir nature – qui est unparcours sécurisé en pleine nature, oùon découvre des cibles représentant des animaux au fur età mesure du parcours. Dès que l’interdiction de la chasseà l’arc a été levée, j’ai repris mon permis et débuté lachasse à l’arc. »Si plusieurs types de chasses peuvent se pratiquer avec unarc, pour Alain Renault, c’est la chasse à l’approche qui siedle mieux à cette arme. « Contrairement à la carabine où onpeut tirer le gibier avec un système de visée jusqu’à 300mètres, à l’arc il faut approcher l’animal de près, à unevingtaine de mètres. Ce qui implique d’avoir le vent de face– sinon, grâce à son odorat, le gibier nous repère tout desuite – d’apprendre à pratiquer une marche silencieuse quiest loin d’être naturelle, de savoir profiter du bruit ambiant– vent, pluie – pour masquer son propre bruit, d’éviter de

se retrouver en contre-jour, de prendre des postures àquatre pattes pour ressembler à un animal… bref il faut êtreplus rusé que le gibier, se servir de ses failles – par exempleun chevreuil est plus facile à approcher en période dereproduction parce qu’il ne pense qu’à l’acte sexuel – bienconnaître le milieu naturel. Il y a dans la chasse àl’approche une forme de match qui est absolumentpassionnante. » Au point qu’Alain Renault estime « qu’aulieu de tirer une flèche, on pourrait appuyer sur ledéclencheur de l’appareil photo. mais en même temps,

même si je n’éprouve pas de plaisirà tuer l’animal, je dois reconnaîtreque la possibilité de ce prélèvementapporte quelque chose en plus. oncherche la conclusion de la partie dechasse, la satisfaction d’avoir été aubout d’un acte difficile.».

S’il est titulaire du permis de chasse depuis ses 16 ans, Alain Renault a fait une pause d’une vingtained’années dans sa « carrière » de chasseur, avant d’y revenir en 1992, lorsqu’a été levée l’interdiction de lachasse à l’arc en France. Cet amoureux de la nature, aujourd’hui âgé de 67 ans, apprécie cette chasse avanttout pour la nécessité d’être en totale immersion avec la nature.

« Il y a dans la chasse àl’approche une forme dejeu qui est absolument

passionnante. » 

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21ENVIE DE NATURE ? - Le magazine de la FDCI

Jocelyne Clavel, jamais sans ses chiens

L’univers de la chasse, Jocelyne Clavel a toujours baignédedans. Normal quand on a été élevée dans une famille dechasseurs. « mon père chassait le lièvre, je l’accompagnaispour m’occuper des chiens. Plus précisément, mon rôleétait de faire les pieds, ce qui dans notre jargon signifierepérer les empreintes de pas des animaux qu’on chasse. »Pourtant, pendant longtemps, Jocelyne Clavel, aujourd’huiâgée de 60 ans, n’était pas une chasseuse au sensstatistique du terme. « J’ai dû passer mon permis de chassevers l’âge de 45 ans, à partir du moment où on n’a plus eule droit de faire les pieds et traquersans être titulaire du permis ». Il fautdire que le tir et les armes, ce n’estpas franchement le truc de JocelyneClavel  : «  Etre postée avec macarabine et attendre de tirer l’animal,ça ne m’intéresse pas. Certes, j’ai bientué une fois un sanglier de 67 kilos,mais je dois avouer que j’en ai aussiraté beaucoup ! »Si Jocelyne Clavel a autant de plaisirà aller à la chasse aujourd’hui, c’estavant tout pour se promener avec ses chiens, quatregascons Saintogeois. «  C’est important de les voirtravailler, mais pas uniquement pendant la saison dechasse. Contrairement à certains, qui les remettent auchenil dès que la chasse s’arrête, je m’en occupe toutel’année, parce que je considère que ce sont des membresde ma famille à part entière. » En dehors de la saison dechasse, Jocelyne Clavel emmène ses chiens au moins unefois par mois dans un parc d’entraînement. « C’est l’endroitoù on va aussi pour les habituer à l’odeur du sanglier, et cedès l’âge de six mois. Il s’agit de parcs clos où viventquelques sangliers. Ils font généralement une vingtained’hectares, mais certains peuvent aller jusqu’à plus de 130hectares. Le fait de les amener ici est très bénéfique dans

l’optique de la chasse, afin qu’ils exercent leur savoir-faire.Sans cela, il y a un risque que les chiens suivent n’importequelle odeur, par exemple du chevreuil au lieu du sanglier.Et puis au-delà de ça, c’est important pour l’équilibre deschiens et leur bien-être de pouvoir s’entretenir toute l’année,et non uniquement pendant la saison de chasse. »

Pour Jocelyne Clavel, secrétaire de l’AFACCC 38 (Association des Chasseurs de Chiens Courants de l’Isère),la chasse, c’est d’abord la complicité entre le chasseur et ses chiens. Elle considère d’ailleurs ces dernierscomme faisant partie intégrante de sa famille, et pas uniquement pendant la saison de chasse.

« Je considère mes chienscomme des membres de ma

famille à part entière. »

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ENVIE DE NATURE ? - Le magazine de la FDCI22

Trombinoscope du gibier Isérois

DU SANgLIER à LA béCASSE, EN PASSANT PAR LE TéTRAS-LYRE ET LE LIèVRE (CommUN oU VARIAbLE), LEgIbIER ISéRoIS SE CARACTéRISE PAR SA DIVERSITé. PARCE qU’ILS LE PRéLèVENT ET CoNTRIbUENT àL’AméLIoRATIoN DE L’hAbITAT DE CE gIbIER, LES ChASSEURS ISéRoIS EN oNT UNE ExCELLENTECoNNAISSANCE. LES TEChNICIENS DE LA FéDéRATIoN DéPARTEmENTALE DE LA ChASSE DE L’ISèRE (FDCI)NoUS LIVRENT ICI LES PRINCIPALES PARTICULARITéS à DéCoUVRIR SUR LES DIFFéRENTS ANImAUx qU’oNPEUT ChASSER DANS LE DéPARTEmENT.

LE PETIT GIBIER DE PLAINE

Le LapINEspèce grégaire (il vit en groupe de 5 à 7 individus enmoyenne), le lapin aime les zones sablonneuses (commeles bords de l’Isère) et les terres plutôt meubles. Il vit plutôtdans les petits bois, les lisières de forêts et les talusarborés. mais on le trouve aussi de plus en plus dans leszones industrielles, proches de habitations, dans les tas debois, les parcs municipaux ou encore les centres équestres.« on en trouve aussi beaucoup au cimetière de grenoble »,assure Florian Rodamel, technicien à la FDCI, en chargede la tutelle « petit gibier de plaine ». herbivore, il se nourritprincipalement de jeunes pousses. Comme le lièvre, il a laparticularité de manger ses caecotrophes (c’est-à-dire ses

petites crottes riches en vitamines, protéines et minéraux),parce que c’est la seule façon pour lui de récupérer tous lesnutriments dont il a besoin. S’il était il y a une vingtaine d’années le gibier le plus chasséen France, il connaît aujourd’hui un déclin, conséquence del’épidémie de la myxomatose (une maladie qui semanifeste notamment par des nodules cutanés et desœdèmes des organes génitaux et de la tête).Sa répartitionest très inégale. En Isère, on le trouve plutôt dans le Norddu département. Chaque ACCA définit directement desquotas à prélever, en fonction de ses observations deterrain.

Lapins© Gest

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Le LIèvrePlus gros que le lapin (4 kilos contre 1,2 kilos en moyenne),le lièvre a aussi besoin de beaucoup plus d’espaces, sondomaine vital pouvant aller jusqu’à plus de 200 hectares(moins de 10 pour le lapin). L’une de ses principalescaractéristiques est d’être autonome très rapidement. Lelevraut n’a que deux allaitements par jour et il est sevré dèsdouze jours. Il pèse déjà 1 kilo au bout d’un mois, et est mûrsexuellement autour de cinq mois. L’une des particularitésde la hase (femelle du lièvre) est qu’elle peut être fécondéeune deuxième fois quelques jours seulement avant d’avoirmis bas une première portée de levrauts, autrement ditd’enchaîner deux gestations ! Pour les chasseurs, le lièvre a toujours été un gibier degrande valeur Des comptages nocturnes ont lieu au sortirde l’hiver, « parce qu’à ce moment-là on peut apprécier lapopulation avant reproduction. Ces comptages permettentaux chasseurs de définir leurs futurs quotas de chasse. Ami- saison de chasse, nous allons également, dans plus de150 communes de l’Isère, palper les pattes avant deslièvres prélevés, ce qui permet de déterminer leur âge. Sibeaucoup de jeunes ont été prélevés, on peut en déduireque la reproduction a été bonne et la chasse peut sepoursuivre normalement. à l'inverse, si peu de jeunes ontété prélevés, une fermeture anticipée peut être adoptée oules taux de prélèvements peuvent être revus à la baisse»,explique Sébastien blanchard, un autre technicien de laFDCI.

Le FaIsaNoriginaire d’Asie, le faisan a d’abord été introduit en Francecomme animal d’ornement, avant de devenir l’un desgibiers les plus populaires. Le coq (mâle) est très coloré devert et rouge pour la tête et le corps avec, parfois, un collierblanc chez l'adulte. Il possède des plumes caudales(plumes de la queue appelées rectrices) pouvant mesurerde 40 à 50 centimètres de long. La femelle a elle unplumage dans les bruns clairs, couleur terre ; ce qui luiconfère un mimétisme presque parfait (camouflage) danstous les milieux. « Il s’agit d’un oiseau très opportuniste, cequi veut dire qu’il a de grandes capacités d’adaptation àtous types d’habitat. Il n’y a pas pour cet animal de plan degestion élaboré par la FDCI. mais nous avons une volontéde réintroduire des faisans de meilleure qualité génétique,en améliorant la qualité de leur habitat. C’est pourquoi nousallons planter des haies, des cultures à gibier, poser desagrainoirs ou créer des zones refuges », explique Sébastienblanchard.

La perDrIxEn Isère, on trouve principalement des perdrix rouges (il enexiste aussi des grises). La perdrix rouge est exigeantequant à son habitat : elle recherche essentiellement deszones basses, sèches et dégagées comme les landes, lagarrigue ou certaines prairies. En cas de danger – parexemple si elle se sent menacée par un rapace en vol – ellene va pas voler, mais plutôt courir pour se mettre à couvert.Elle s’aplatit au sol sans bouger, profitant de l’excellentcamouflage que lui offre son plumage. haies et culturesintermédiaires plantées conjointement entre chasseurs etagriculteurs isérois contribuent au développement del’espèce en Isère.

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Trombinoscope du gibier Isérois

LE GIBIER DE PASSAGE

La bÉCasseCet oiseau forestier, pèse entre 250 et 400 grammes, etpossède un bec d’environ 7 centimètres de long, qui luipermet d’attraper des lombrics dans les prairies (quiconstituent 90 % de son alimentation). C’est un oiseaumigrateur provenant d’Europe de l’Est (mais il existe aussides bécasses originaires de Scandinavie et des îlesbritanniques). Celles qu’on peut observer en Isère  - finoctobre début novembre pour le trajet aller vers l’Espagneou le maghreb, en mars pour le retour - proviennent deRussie, où se trouve leur zone de nidification.« généralement, la bécasse est assez fidèle à ses couloirsaériens. La Fédération des Chasseurs étudie de près sesflux migratoires en réalisant à chacun de ses passages enIsère des campagnes de baguage et en s’échangeant sesobservations avec des scientifiques russes. Ainsi, enFrance, une bécasse avait été prélevée à seulement 500mètres de l’endroit où elle avait été baguée, 17 ans plustôt ! », se souvient Sébastien blanchard. La bécasse estsoumise à un prélèvement maximal autorisé, qui est de 30oiseaux par an et par chasseurs. 7500 bécasses sont ainsiprélevées chaque année en Isère (pour 1 million sur laFrance entière).

Les grIvesIl en existe quatre sortes  : mauvis (la plus petite),musicienne (la plus commune et bruyante), litorne (la plusreconnaissable, à son chant, ce qui explique pourquoi onl’appelle aussi « tcha-tcha » ou « quia-quia ») et la draine(la plus grosse). Cet oiseau migrateur vit essentiellementperché, n’allant sur la terre que pour s’alimenter. Siquelques spécialistes la chassent, on ne la trouve plusforcément en masse du fait du remembrement agricole, quia conduit à la disparition de nombreuses haies, qui luiservent de refuge.

LE GIBIER D’EAU

Le CaNarD COLverTAppelé ainsi en raison de sa tête d’un vert brillant (pour lemâle, pendant la période nuptiale, alors que la femelle estentièrement de couleur beige), le canard colvert est uneespèce très «  plastique  » (qui a de grandes capacitésd’adaptation). C’est-à-dire que n’importe quellesurface d’eaupeut lui convenir, même si sa préférence va aux maraisd’eau douce ou saumâtre, aux lacs et aux étangs. Le colvertest un canard de surface, dans la mesure où il ne faitfinalement que mouiller sa tête pour se nourrir. En cela ildiffère des canards plongeurs (comme la nette rousse ou lefuligule milouin) qui plongent eux tout le corps, jusqu’àplusieurs mètres sous l’eau. Ces derniers ont leurs pattesen arrière du corps, ce qui les contraint à prendre de l’élansur une longue distance avant de décoller. Le colvert, grâceà ses pattes situées au milieu de son corps, peut avoir unenvol direct, sans course préalable sur l’eau. Il est assezprisé des chasseurs car il s’agit d’un gibier naturel. Pour lepréserver, les chasseurs réhabilitent tous les ans plusieurshectares de zones humides.

LE PETIT GIBIER DE MONTAGNE

Le TÉTras-LyreEgalement appelé petit coq de bruyère, le tétras-lyre est unoiseau qui niche au sol, mais qui se déplace à longueur detemps. En hiver, afin d’économiser de l’énergie, il s’abritedans une sorte « d’igloo » (des trous dans la neige). Sesplumes recouvrent ses narines et une grande partie de sespattes, afin de faire filtre thermique. Si son appareil digestifest capable de digérer des aiguilles de pin, le tétras-lyrepréfère se nourrir pousses tendres ou de baies comme lesmyrtilles. Les cocardes rouges (ou caroncules) qui apparaissent au-dessus des yeux du tétras-lyre mâle sont dues à un afflux desang. on les aperçoit uniquement à l’époque des paradesamoureuses. Celles-ci se déroulent au mois de mai. Les mâlesse regroupent sur des sortes d’arènes, où on peut compterjusqu’à une quinzaine d’individus, ce qui donne parfois lieu àquelques bagarres. La femelle, très discrète, va choisir un seulmâle, en l’occurrence le plus dominant sur la place. Le tétras-lyre est soumis à plan de chasse (65 prélèvementspar an en Isère en moyenne). A noter que comme d’autresoiseaux de montagne, le tétras souffre de la disparition deson habitat. C’est pourquoi les techniciens de la FDCI fontprocéder à des broyages, afin de maintenir les milieuxouverts, en évitant la colonisation de ces milieux par l’aulnevert ou le rhododendron.

Bécasse© FDC69

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Le LagOpèDe aLpINEgalement appelé « perdrix des neiges », il vit dans desmilieux ouverts, très rocheux, entre 1800 et 2800 mètresd’altitude. Il s’agit de l’oiseau le plus volumineux vivant toutel’année à une altitude aussi élevée. Les plumes, grises enété, deviennent blanches en hiver, seul le mâle ayant unepetite bande noire entre le bec et l’œil. « Ils ne font pas deréserve d’alimentation et ne mangent pas grand-chose, sice n’est quelques baies et fleurs en été, et en hiver desplantes ligneuses qui dépassent des rochers. C’estpourquoi ils préfèrent des versants ouest et ventés, avecun peu de végétation déneigée  », explique Sébastienzimmermann. malgré tout, ils peuvent vivre 10 à 12 ans,contre 4 à 6 ans pour les autres oiseaux de montagne. Si, à l’image de la perdrix bartavelle, le mâle essaye demarquer son territoire en chantant, jusqu’à ce qu’une poule– terme générique désignant la femelle du lagopède – lerejoigne, le lagopède alpin a pourtant un chant qui n’est«  absolument pas mélodieux. on dirait une sorte decraquement ». Chaque printemps, les chasseurs dénombrent les oiseauxchanteurs actifs entre 4h30 et 5h30 du matin sur le siteréférencé du Pic de l’Etendard (dans le massif de l’oisans).Les résultats obtenus lors de ces comptages permettentainsi d’obtenir une tendance d’évolution de la population.

Le LIèvre varIabLePlus léger que le lièvre commun (2,5 à 2,8 kilos, contre 4 à5 kilos), le lièvre variable présente la particularité dechanger de couleur de pelage suivant les saisons : brun enprintemps et en été, blanc en automne et en hiver. Il vitentre 1400 et 2500 mètres d’altitude, «  les plus bellespopulations se trouvant en oisans, belledonne, Vercors età l’obiou », précise Sébastien zimmermann, le spécialistedu petit gibier de montagne à la FDCI. Il n’hiberne pas, maisil fait des réserves de graisse et économise au maximumses déplacements. Il cherche à capter les rayons du soleil,tout en restant à l’abri sous une pierre bien exposée. Il senourrit uniquement de végétaux (herbes sèches, écorces),ce qui explique qu’on le retrouve sur des microreliefséventés, où la neige ne tient pas. Il est extrêmement difficileà observer. « même si on voit parfois passer des ombresvers 4 ou 5h du matin, en gros il faut presque marcherdessus pour le voir, parce qu’il passe sa journée installésous une pierre. La seule petite chance d’en voir, c’estlorsque son pelage mue du brun au blanc avant que laneige ne tienne au sol », affirme Sébastien zimmermann.Entre 20 et 40 lièvres variables sont prélevés chaque annéeen Isère.

Tetras-Lyre© Bellon

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Trombinoscope du gibier Isérois

LE PETIT GIBIER DE MONTAGNE (SUITE)

La perDrIx barTaveLLe Plus lourde que les autres perdrix (jusqu’à 800 grammes,contre 400 à 500 pour les perdrix « de plaine »), la perdrixbartavelle est la perdrix vivant le plus haut en altitude. Si onl’observe entre 1300 et 2500 mètres d’altitude la majeurepartie de l’année, elle n’est pas aussi bien adaptée à lamontagne que le tétras-lyre et supporte assez mal le froid.« En hiver, elle passe son temps à chercher des crêtesensoleillées et sans neige, quitte à descendre jusque vers800 mètres d’altitude). C’est un oiseau piéteur, incapablede se brancher, qui va passer sa journée à terre », expliqueSébastien zimmermann. on estime que 400 à 500 couplesvivent en Isère, surtout en oisans et dans le beaumont.Avec sa couleur gris ardoise, et malgré son bec rouge vif(tout comme le contour des yeux), elle est extrêmementdifficile à observer. Si vous avez de la chance, vous pourrezpeut-être la voir dans les deux heures qui suivent le leverdu soleil, dans des pierriers exposés sud / sud-est. Laperdrix bartavelle est soumise à plan de chasse, avec 40 à50 individus prélevés chaque année en Isère.

LE GRAND GIBIER

Le saNgLIer Le sanglier étant un animal très opportuniste, on peut letrouver partout où il y a de la nourriture et du couvert (maïs,forêts, ronces). omnivore, il mange des fruits forestiers,des céréales, des vers de terre, de l’herbe, voire descarcasses d’animaux. Les plus grosses femelles peuventatteindre en moyenne 80 kilos, les mâles 150 kilos. Lesjeunes sangliers naissent généralement en début deprintemps (rut en hiver) mais il peut y avoir des naissancestoute l’année. La gestation est de 3 mois, 3 semaines et 3jours, avec des portées de 4 à 10 marcassins. Ceux-civivent avec les femelles, en « compagnies » de 5 à 20individus, alors que les mâles adultes (c’est-à-dire à partirde leur maturité sexuelle, entre deux et trois ans) viventgénéralement en solitaire. L’espèce peut connaître des tauxd’accroissement annuel de ses effectifs allant jusqu’à 300% ! Le sanglier a un domaine vital pouvant représenterentre 10 000 et 15 000 hectares pour les mâles (1000 à6000 pour les laies), mais pouvant se réduire à quelquesdizaines d’hectares en période de chasse dans des zones

dites de refuge. Le sanglier cherche beaucoup à se cacher.C’est à la tombée de la nuit ou au lever du jour qu’on a leplus de chances de l’apercevoir, mais il est très dur àobserver.Il est obligatoirement soumis à un plan local de gestioncynégétique, géré par 27 unités de gestion. Lesprélèvements de sangliers s’effectuent principalement enbattues. Ils font l’objet d’importantes fluctuations selon lesannées en Isère : 6850 sangliers prélevés en 2012-2013 ;4370 en 2013-2014, pour une moyenne de 5200 par andepuis cinq ans. L’homme reste son principal prédateur.

Le CerF S’il mesure 125 à 145 cm au garrot, pour un poids de 120à 200 kilos (107 à 122 cm / 70 à 110 kilos pour les femelles),le cerf peut perdre jusqu’à 20 % de son poids pendant lerut, période pendant laquelle il ne s’alimente plus. Le restede l’année, il mange en moyenne entre 10 et 15 kilos devégétaux chaque jour. Il perd ses bois à la fin de l’hiver(pour les plus âgés) ou au début du printemps (pour les plusjeunes), ces bois repoussant pendant l’été. Il perd aussi sonpelage épais au printemps pour laisser apparaître une peauplus fine et plus claire, d’une teinte brun-roux en été. Le cerf a été réimplanté en Isère à partir des années 1970,avec un objectif de développement jusque dans les années2000, pour une population actuelle estimée entre 3 et 5000individus. «  mais les forestiers nous ont demandé deréduire cette population de moitié à partir de 2014-2015, enciblant nos efforts sur le Trièves, belledonne et le Vercors.Comme il se cantonne dans les zones boisées en hiver, ilimpacte la régénération naturelle, puisqu’ils mangent nonseulement les écorces, mais aussi les pousses de l’année.on estime sa population à quatre individus par 100hectares boisés », explique Yann Pelletier, le spécialiste dugrand gibier à la FDCI. Au moment du brame, les chasseurs recensent les mâlesreproducteurs sur certains massifs. Plus généralement,courant mars/avril, les chasseurs réalisent undénombrement des populations de cerfs, biches et faons.Cette opération se déroule de nuit et en voiture sur desitinéraires référencés. Elle permet d'établir un indicekilométrique d’abondance et de déterminer les tendancesd’évolutions des populations. L’ensemble de ces opérationssont réglementées par arrêté préfectoral et constituent dessources d’information solides pour l’établissement desplans de chasse.

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Le ChevreuILPlus petit des cervidés européens, le chevreuil (souventconfondu avec la biche, qui est la femelle du cerf) estcapable de courir à près de 80 km/h, et de bondir à 2 mètresde haut et 6 mètres de long ! C’est un animal sédentaire,sauf pendant la période de rut, au cours de laquelle le mâle(appelé brocard, la femelle étant la chevrette) se déplacepour aller féconder le plus grand nombre de femelles surson territoire. Le pic de rut s’étale du 15 juillet au 15 août.Son activité est très saccadée (il peut courir pendant uneheure, manger pendant une heure, de nouveau courir), cequi explique aussi qu’on puisse l’observer facilement. Unautre facteur explicatif étant sa population, estimée entre18 et 20 000 individus en Isère, avec la plus forte densitédans le Nord-Isère. Soumis à plan de chasse (environ 6000animaux prélevés chaque année), « le chevreuil fait l’objetde nombreuses collisions avec les voitures. D’après uneenquête menée au début des années 2000 en Isère, il y après de 1000 collisions par an. Sur certaines communes,autant de chevreuils sont tués sur la route qu’à la chasse »,observe Yann Pelletier.

Le ChamOIsContrairement à certaines idées reçues, le chamois vit à toutealtitude, à partir du moment où il trouve un relief escarpépouvant lui servir de refuge. Extrêmement agile et rapide, ilpeut parcourir près de 1000 mètres de dénivelé en à peine15 minutes. herbivore, il fréquente certes des zones de hautealtitude, mais affectionne plutôt les forêts et la partie inférieurede la montage pastorale, entre 800 et 2300 m d’altitude. Sescornes poussent dès sa première année, avec unecroissance marquant un arrêt en hiver pour reprendre auprintemps. Cette interruption génère l’apparition d’un anneaude croissance, permettant de déterminer l’âge du chamois. on compte actuellement entre 15 et 18 000 chamois enIsère. Il est soumis au plan de chasse (2000 prélèvementspar an). Il est obligatoirement chassé à l’approche et sanschien, du 1er septembre au 31 janvier. Comme pour les cervidés, les chasseurs réalisent descomptages pour connaître ses tendances d’évolution  ;données capitales pour l’élaboration des futurs plans dechasse en Préfecture.

Chamois© Bellemin

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La chasse est ouverte

PARTANT DU CoNSTAT qUE C’EST EN SE FAISANT CoNNAîTRE DES AUTRES USAgERS DE LANATURE qU’IL SERA PoSSIbLE DE mETTRE FIN AUx PRéJUgéS SUR LA ChASSE, LAFéDéRATIoN DES ChASSEURS DE L’ISèRE A INITIé oU ACComPAgNé CES DERNIèRESANNéES DE NombREUSES INITIATIVES VISANT à FAIRE DéCoUVRIR L’UNIVERS DE LAChASSE. zoom SUR TRoIS D’ENTRE ELLES : LES RELAIS CYNé, « UN DImANChE à LAChASSE » ET LE FESTIVAL NATURE EN bIèVRE.

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Les Relais Cynéouvrir les cabanes de chasse aux cavaliers comme auxrandonneurs, afin qu’ils puissent y faire une petite pause,prendre un repas, ou simplement discuter avec les chas-seurs pour mieux se connaître, c’est le principe des « RelaisCyné ». Ils ont été mis en place, à l’initiative des chasseurs,par la signature d’une charte, le 6 septembre 2012, entrela Fédération des Chasseurs de l’Isère (FDCI), les Associa-tions Communales de Chasse Agrées (ACCA), Isère Che-val Vert et le Comité départemental de l’Isère de laRandonnée Pédestre (CDRP 38). Ilen existe aujourd’hui une trentaine, si-tués principalement dans la moitiénord de l’Isère. «  Sur le terrain,chaque relais cyné est orné d’un logorond représentant un cavalier, un ran-donneur et un chasseur. on trouveune barre d’attache pour les chevaux,un point d’eau, des tables de pique-nique, des toilettes…  », expliquePierre Colin-madan, le présidentd’Isère Cheval Vert. « on profite del’équipement de ces cabanes : tables,chaises, cuisinières, vaisselle. La plupart d’entre elles sontchauffées – ce qui est particulièrement appréciable en au-tomne ou en hiver – et peuvent accueillir jusqu’à une ving-taine de personnes, même si certains relais cyné sont pluspetits », ajoute gérard Revellin, le président du CDRP 38,qui a récemment utilisé un relais cyné pour y installer le ra-vitaillement d’une « Rando pour tous » (mélangeant valideset handicapés) du côté de Paladru. « Avec ces relais cyné, nous souhaitons créer des pointsde rencontre entre les chasseurs et les autres usagers dela nature. Afin que le grand public comprenne la chasse etla considère mieux, nous devons nous faire connaître. Lacommunication est la base du respect », estime Jean-Louis

Dufresne, le président de la FDCI. Et après deux ans d’exis-tence, on note déjà une amélioration tangible des relationsentre randonneurs et chasseurs, d’après gérard Revellin :« Nous avons aplani beaucoup de différends. Avant, le par-tage de la nature entre chasseurs et randonneurs n’étaitpas très harmonieux. Désormais, les jours de battue, on vaappeler le président de l’ACCA qui organise la battue afinde trouver ensemble un itinéraire qui nous permette à lafois de randonner en toute sécurité et de ne pas perturber

la battue. Il y a quelques années, ledialogue était presque inexistant».Pierre Colin-madan assure lui aussique les frictions entre chasseurs etcavaliers tendent à disparaître grâceà la mise en place de ces relais cyné.«  Nous partageons tous les mêmeespace naturel. Les chasseurs sontpour nous des partenaires impor-tants, parce qu’ils sont une excellenteconnaissance du milieu naturel. Noussommes par exemple amenés à lesconsulter pour connaître l’état de cer-

tains chemins ».Points d’étape lors des randonnées pédestres ou éques-tres, les Relais Cyné pourraient même devenir des buts debalade dans les mois ou années à venir. Une Rando-Cynéautour du lac de Paladru est actuellement à l’étude. Plusd’infos sur www.chasse38.com

« Nous avons aplanibeaucoup de différends ».

Photo : Les Relais Cyné, une cohabitation réussie entrechasseurs, randonneurs et cavaliers© FDCI

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La chasse est ouverte

Un dimanche à la chasseProgrammée le dimanche 19 octobre 2014, cette opérationconsiste à inviter les non-chasseurs à participer à une partiede chasse, près de chez eux, sans formalités ni frais. « Lepublic peut ainsi partager avec nous l’ensemble des actionsd’une journée de chasse, de la phase préparatoire aucasse-croûte », détaille Jean-Louis Dufresne, le présidentde la FDCI. Cette dernière fait partie des fédérations enpointe en matière d’actions de découverte de la chasse àdestination du grand public. Elle avait en effet lancé, il y aquelques années, les journées Saint-hubert, une opérationsimilaire à « un dimanche à la chasse ». D’aucuns diraient que cette opération ne vise qu’à « recru-ter » de nouveaux chasseurs ? Il n’en est rien. Il s’agit plutôtd’améliorer l’image de la chasse auprès des non-chas-seurs, en « effaçant » bon nombre d’a priori négatifs. C’estce qu’il ressort du bilan - établi au niveau national – de lapremière édition en 2013, qui avait attiré 1575 participants(non chasseurs), dont 37 % de femmes. 98 % disent avoirapprécié cette journée, 96 % se sont sentis tout à fait ensécurité pendant la partie de chasse, et 99 % sont repartisde ce dimanche à la chasse avec une meilleure image deschasseurs. 99 % sont prêts à recommencer, et à conseillercette journée à leurs amis. Alors pourquoi pas vous ?

Festival Nature en Bièvre« Notre festival s’adresse bien évidemment aux chasseurs,mais aussi aux novices. on y vient d’ailleurs beaucoup enfamille  », explique gilles manchon, le président de lel’ACCA de la Cote-Saint-André, qui organise le Festival.L’édition 2014 est prévue samedi 5 et dimanche 6 juillet auParc d’Allivet de la Cote-Saint-André. Sur place, les visi-teurs pourront arpenter les stands d’une centaine d’expo-sants  : armuriers, vêtements de chasse, voyagesspécialisés chasse, éleveurs de chiens, producteurs lo-caux,etc. Toute la journée, ils pourront également assisterà un concours de cor de chasse mais aussi à de nom-breuses démonstrations : de parachutes, de furetage, dedéterrage, de chiens d’arrêt,etc. Les chiens, trait d’unionentre les chasseurs et le grand public, seront en effet lar-gement à l’honneur pendant ces deux jours. L’AFACCC 38(Fédération des Associations de Chasseurs aux ChiensCourants de l’Isère) exposera plus de 600 chiens courantsallant du gascon Saintongeois, au griffon bleu ou vendéen,en passant par le Porcelaine, le basset des Alpes, le beagleou encore, le bleu de gascogne, petit et grand. Lesquelque 2000 visiteurs attendus pourront aussi découvrir letravail des chiens de sang (aussi appelés «  chiens de

rouge »), spécialisés dans la recherche d’animaux blessés(à la chasse ou à la suite de collisions routières). Le Comitédépartemental de la randonnée pédestre sera aussi pré-sent, pour présenter ses activités, ses clubs,etc. bref, da-vantage qu’une simple réunion de chasseurs, le FestivalNature en bièvre s’adresse aux amoureux de la nature,quels qu’ils soient.Programmation complète surhttp://festival-nature-en-bievre.fr/

une CoLLAborAtion ACtiveAveC Les usAgers de LAnAture

Depuis quelques années, la FDCI a entaméune démarche d’ouverture en direction desautres usagers de la nature. Dès 2011, elles’est rapprochée de la Fédération de laRandonnée de l’Isère, et du ComitéDépartemental de la Randonnée Pédestre(CDRP 38) en animant un colloque "naturepartagée" lors du Festival du chien et de lachasse à Alpexpo Grenoble mais aussi, enréalisant un dépliant commun intitulé «Randonnée et Chasse en Isère ». Ledocument retrace le b.a.-ba de la chasse enIsère : son organisation, sa réglementation,ses différents modes de chasse et sesdispositifs en matière de sécurité. Disponibleà la FDCI ainsi qu'auprès des principalesassociations de randonnée du département,le dépliant donne également quelquesconseils aux randonneurs qui se trouveraienten présence d'une action de chasse. La FDCIparticipe aussi activement aux réunions de laCommission Départementale des EspacesSites et Itinéraires. Créée en 2006, cettecommission est l’instance représentative desacteurs du territoire concernés par les sportsde nature (clubs sportifs, professionnels dutourisme, associations environnementales,FDCI,etc). Elle se charge de coordonner lesdifférentes pratiques sportives dans lerespect de tous et de l’environnement.

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31ENVIE DE NATURE ? - Le magazine de la FDCI

2014

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RenseignementsRenseignements 04 74 20 61 4304 74 20 61 43 etet festival-nature-en-bievre.frfestival-nature-en-bievre.fr

2727èmeèmeChasse & LoisirsChasse & LoisirsChasse & LoisirsChasse & Loisirs

La Côte Saint-André - Parc d’Allivet - Isère

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32Informations - Inscriptions : Tél. 04 76 62 97 78 www.chasse38.com

Inscriptions avant le 10 octobre 2014

19 octobre 2014