Envie de lire n°30

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Les coups de coeur des bibliothécaires

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Vous tenez entre les mains un recueil éclectique de propositions de lectures concocté par vos dévoués bibliothécaires. Vous y trouverez aussi bien des nouveautés que des classiques, des essais que des bandes dessinées ou des romans, sans oublier la science-fiction ou les polars, bref, tout ce qui fait la diversité des collections que les bibliothèques municipales mettent à votre disposition.Nous, bibliothécaires passionnés de lecture, partageons avec vous nos coups de coeur dans ces textes que nous vous laissons découvrir et dont nous espérons qu’ils vous donneront

Visitez aussi le blog des livres des Bibliothèques municipales :lhibouquineur.wordpress.com

EnviE dE LirE

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AGASSI, Andre Open Paris, Flammarion, 2009. 500 p.Je n’ai pas pour habitude de lire les autobiographies de joueurs de ten-nis à la retraite, mais lorsque ce livre m’est arrivé dans les mains un peu par hasard et que je l’ai ouvert, je n’ai pas pu le lâcher. Tout ce que les médias retiendront de ce livre tient en quelques pages : Agassi a avoué s’être drogué aux métamphétamines en 1997. La belle affaire ! Scanda-leux, les boutons sur lesquels il faut appuyer pour attirer le lecteur de la honteuse presse people. Cette histoire de drogue n’est qu’anecdotique dans une vie qu’Andre Agassi nous livre avec beaucoup de sincérité. Dès ses débuts au tennis (qu’il hait, et on comprend pourquoi) sous l’im-pulsion d’un père violent et obsessionnel, Andre est doué. Il va vouer sa vie au tennis parce qu’il ne sait rien faire d’autre, déscolarisé dès l’âge de 14 ans pour cause d’internat sportif, une sorte de prison pour jeunes prodiges où, déjà, il se montre rebelle, futur échevelé vêtu de shorts en jeans que personne n’a oublié. Il sera tour à tour haï et adulé par les média. Andre sort la poussière cachée sous le tapis et nous dévoile sa vérité d’un monde qu’on ne soupçonne qu’à peine, un monde superfi-ciel. Et si il y a un adjectif dont on ne peut pas qualifier Agassi, c’est bien celui-là, au contraire, il est profond. Profond et attachant. DM

ALDERMAN, Naomi La désobéissance Paris, Olivier, 2008. 304 p.

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Histoire du retour d’une jeune femme installée à New York où elle s’est construit une vie à l’opposé de sa jeunesse passée à Heston, dans une banlieue juive de Londres. Ronit revient quinze ans plus tard à la mort de son père, l’incontournable rabbin Rav Krushka. Elle avait dû émigrer, parce qu’elle avait aimé Esti, Esti qui s’est mariée avec le cousin Dovid, Esti, devenue effacée, transparente. Les paroles de la communauté ac-cueillent la rebelle, la bannie, du bout des lèvres. Ronit est différente, son accoutrement de new-yorkaise jure avec les vêtements neutres des autres femmes, son franc-parler horrifie, et tous souhaitent qu’elle re-parte… sans bruit. Cette histoire originale nous plonge dans les sociétés orthodoxes, au sein de ces familles sans individualité, des personnages pétris, confits dans une religion inerte. Ronit incarne la vie même, l’éner-gie qu’elle dégage est moderne, audacieuse, vivante et semble la repré-sentation authentique de la femme moderne, libre et entière. MCM

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Andre AGASSI40 ans

Surnom : Le Kid de Las VegasPrise de raquette : droitier ; revers à deux mainsGains en tournois : 31 152 975 $Titre(s) 60Finale(s) perdue(s) 30Meilleur classement 1er (10/04/1995)

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ARNALDUR INDRIDASONLa cité des jarresParis, Métailié, 2006 (Noir)286 p.

APPELFELD, AharonEt la fureur ne s’est pas encore tueParis, Olivier, 2009269 p.

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Il y a un mot mystérieux près du corps du vieux Holberg, retrouvé assassiné dans son appartement à Reykjavik. L’enquête, qui semble au départ banale, se révèle au fur et à mesure complexe et troublante, le passé de la victime est sombre et pervers et de nom-breuses personnes auraient mille raisons de le haïr. Sous une ville en apparence tranquille se trouve en réalité un monde souterrain violent et macabre. Cette enquête bouleverse l’ins-pecteur Erlendur et le mène à réfléchir sur sa propre vie d’homme divorcé et solitaire aux prises avec sa fille toxicomane. Un roman noir plein de tension et pourtant tendre. EG

Écrire l’indicible est certainement l’une des questions à laquelle tentent de répondre les écrivains survivants de l’holocauste. Aharon Appelfeld est de ceux-ci et, pour ce roman, son récit se situe quelque part entre conte et épopée. Le « héros » évoque un personnage de conte. Jeune homme handicapé – il a été amputé d’une main dans son enfance – il va développer une force et une détermination hors du commun pour surpasser son infirmi-té. Elle lui permettra de survivre à l’enfer du camp, de s’en échapper avec quelques co-détenus, puis après la guerre, de faire fortune

en faisant du commerce sur les routes qui ramènent les survivants chez eux. Pour ce qui est du héros, comme pour beaucoup, ce retour est impossible, puisque son foyer, sa famille, ont été détruits. Son épopée va ainsi se transformer en une quête difficile, une reconstruction presque impossible des fraternités, de la morale, de la culture et de la spiritualité. FD

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ATWOOD, MargaretLe fiasco du Labrador : et autres nouvellesParis, Laffont, 2009 (Pavillons)301 p.

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Onze nouvelles autobiogra-phiques construites comme les chapitres d’un roman, dans lesquelles on a l’impression de feuilleter avec l’auteur les sou-venirs de soixante ans d’une famille canadienne, la sienne. L’ordre des nouvelles n’est pas chronologique, chacune d’elles retrace un moment précis de la vie de Nell et de ceux qui l’en-tourent  : les parents, la famille, les enfants, amis et ennemis, animaux, enseignants. Le temps passe et les lieux changent, de la ville à la campagne, nous découvrons joies et souffrances d’une vie ordinaire qui, par mo-ments, ressemble terriblement à la nôtre. Un très beau puzzle à reconstruire. EG

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AUBRY, Gwenaëlle Personne Paris, Mercure de France, 2009. 158 p.Sous forme d’abécédaire, de A comme Artaud à Z comme Zélig, Per-sonne est le récit du père de l’auteure, un père différent, absent à lui-même comme au monde. Issu de la grande bourgeoisie, professeur de droit à la Sorbonne, ce père souffrait de maniaco-dépression et son exis-tence entière ne fut plus que délires, vagabondages et errances psycho-logiques. Entre deux internements, il s’est enfoncé dans la déchéance, le déni de lui-même et la désintégration physique et psychique. A sa mort, ses filles retrouvèrent des écrits, intitulé « Le mouton noir mélan-colique ». Gwenaëlle Aubry, en s’appuyant sur les mots de son père nous entrouvre le monde de la folie, elle se souvient de son enfance face à ce père de plus en plus loin, de plus en plus rien et nous conte les paysages sans mémoire de cet homme égaré, les sauvetages voués à l’échec de ce père qui n’était plus rien, qu’un homme en désordre. MCM

BAKKER, Gerbrand Là-haut, tout est calme Paris, Gallimard, 2009 (Du monde entier). 350 p.

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Une ferme entourée de canaux dans la campagne néerlandaise. Helmer, un fermier de cinquante-cinq ans se met à tout changer : il transporte son père infirme au premier étage, transforme, redécore la maison, se débarrasse des vieux meubles. Helmer avait un frère jumeau, Henk, mort à vingt ans dans un accident de voiture. C’était Riet, la fiancée, qui conduisait. Et la voici qui réapparaît dans la vie d’Helmer. Elle lui demande de s’occuper de son fils, un adolescent difficile, nonchalant et indifférent. Helmer observe cet enfant, essaie de le comprendre et de le faire travailler à la ferme. Peu à peu celui-ci se confie, raconte sa vie et ses souffrances, ses manques. Et Helmer de se souvenir de sa propre jeu-nesse, de la terreur que leur inspirait son propre père et de l’accident qui l’obligea à reprendre l’exploitation, alors qu’il se destinait à des études littéraires. Ce roman, tout en souplesse, par petites touches, nous trans-porte dans un univers de tranquillité, faite des douces lumières du Nord, de l’impassibilité des paysages et de ses personnages mélancoliques en attente d’un futur différent, un futur favorable et faste. MCM

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GerbrandBakkerLauréat 2010

Titre original en néerlandais :Boven is het stil

Le prix littéraire international IMPAC de Dublin, créé en 1996, est décerné chaque année en Irlande avec pour objectif de promouvoir l’excellence dans la littérature mondiale.

La première sélection des romans nominés est établie par des bibliothèques municipales du monde entier.Les bibliothèques municipales de Genève y participent depuis plusieurs années.

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BALDWIN, James1924 - 1987

Écrivain noir américain, romancier, poète, auteur de nouvelles, de théâtre, d’essais. En 1948, écoeuré par les préjugés contre les noirs et les homosexuels, il quitta les Etas-Unis pour Paris oú il passa pratiquement le reste de son existence.

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BARRY, SebastianLe testament cachéParis, Losfeld, 2009 (Littérature étrangère)328 p.

BALDWIN, JamesLa conversionParis, Rivages, 1999(Littérature étrangère)255 p.

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Roseanne a près de cent ans et a été internée pratiquement toute sa vie adulte. William, la petite soixantaine, est le psychiatre chargé de l’évaluer car l’asile va être démoli. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait avant  ? L’histoire ne le dit pas vraiment, surcharge de travail, lâcheté, sans doute un peu des deux. Chacun de son côté et en cachette, ils écrivent leur histoire. Elle écrit pour ne pas oublier, lui pour tenter de comprendre ce qu’il a bien pu rater dans sa vie de couple. L’histoire de Roseanne est tragique. Elle idolâtrait son père et il semble qu‘aux temps troublés de la guerre civile irlandaise, il ait été un traître. Lorsqu’elle pense avoir trouvé le bonheur, le prêtre Gaunt lui annonce que son mariage a été déclaré nul et non avenu. Dans le rapport que le psychiatre parvient à exhumer, le « bon » père ajoute même qu’elle est infanticide. William, touché par la dignité de la vieille femme, essaie de percer la vérité. Pour-tant, même si Roseanne, rendue méfiante par des années d’enfermement, ne lui répond jamais directement, elle le réconforte et l’encourage à sa manière. Ce dialogue décalé donne un roman attachant qui finit de manière inattendue et singulière. FA

Fin des années 30 à Harlem, John Grimes est un enfant noir de 14 ans qui se débat avec sa haine du père. Double de l’auteur puisque l’un comme l’autre sont des enfants illégi-times élevés par un père d’adoption violent et pourtant, prédicateur. C’est aussi le roman de cet homme qui ne tolère aucune faille chez ses proches comme s’il avait oublié que lui-même avait trompé sa première femme et mis enceinte sa maîtresse pour l’abandonner ensuite avec leur enfant. Pour se racheter il devint serviteur de Dieu, épousa Elizabeth et accepta d’élever son fils John. La figure de sa

sœur est aussi importante car tout comme son neveu, elle déteste ce frère si dur qui ne s’est jamais vraiment remis en question. Baigné par une atmosphère très religieuse, le roman dévoile ces relations familiales à travers la voix du père, et les prières de ses trois femmes et de sa sœur. Une force se dégage de ce livre qui confirme que Baldwin fut un grand écrivain, porte-parole des Noirs, puis plus tard des homosexuels. RL

Existe aussi en grands caractères

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Mohammed est un bon croyant, bon travail-leur à l’usine et il habite en banlieue pari-sienne. Toute sa vie, il a fait ce qu’il pensait être le mieux pour sa famille. Et à l’heure de la retraite, de « lentraite » comme il dit, il pa-nique. A part la petite dernière, ses enfants sont tous partis. Il décide alors de retourner au bled, non pas pour un mois comme pen-dant toutes ces années où il travaillait, mais pour toujours. Il rêve d’une maison pour toute sa famille. Il embarque dans son rêve et rentre au Maroc. Hélas le retour sera cruel. FA

BEN JELLOUNAu paysParis, Gallimard, 2009 (Blanche)188 p.

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BEAUVERGER, Stéphane Le déchronologue Clamart, La Volte, 2009 389 p.

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Un vieil homme, un gardénia à la bouton-nière, se jette à l’eau. Voulant lui porter se-cours, le narrateur plonge dans la Mer des Bri-gantes. Dans les profondeurs, il distingue une enseigne lumineuse  : BAR. Il suit l’homme à la fleur qui est entré. Le barman et ses 19 clients (dont un chien et sa puce) vont alors raconter, à tour de rôle, une histoire. Ces dif-férentes voix, toutes empreintes d’humour, nous entraînent dans l’univers fantastique de Stefano Benni. Point d’elfes ni de trolls mais tout de même un chien qui parle, le diable intéressé par un restaurateur, une créature qui débarque sur terre pour ramener un souvenir à sa femme : un bout de route ou un cylindre rouge et brillant de « Coco-Colo » ? Truculent, Benni enchante et, l’air de rien, parle de notre société. Ces contes de comptoir sont une belle entrée dans l’œuvre de ce grand auteur italien qui ne demande qu’à être dégustée, comme un très bon Chianti. RL

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BENNI, StefanoLe bar sous la merArles, Actes Sud, 2008 (Babel ; 490)252 p.

« Je suis le capitaine Henri Villon et je mourrai bientôt. Non, ne ricanez pas en lisant cette sen-tencieuse présentation. N’est-ce pas l’ultime privilège d’un condamné d’annoncer son trépas comme il l’entend ? C’est mon droit. Et si vous ne me l’accordez pas, alors disons que je le prends…Ma frégate n’est plus qu’une épave percée de part en part, aux ponts encombrés par les cris des mourants, aux coursives déjà noircies par les flammes. Ce n’est ni le premier bâtiment que je perds ni le premier naufrage que j’affronte, mais je sais que nul ne saurait survivre à la dé-vastation qui s’approche». Stéphane Beauverger nous entraîne dans une étourdissante aventure sur les mers des Caraïbes où marins et flibustiers, Indiens et Français, Espagnols du 17ème siècle sont confrontés au passé et au futur. On y croise l’armée d’Alexandre et un mystérieux navire de fer invincible. A quoi servent les maravillas que tous se disputent? Qui sont les Targui et pourquoi ont-ils offert le Déchronologue au capitaine Villon ? A vous de le découvrir après la lecture de ce roman, élu Grand prix de l’imaginaire 2010. FA

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BOYD, William Nat Tate : un artiste américain, 1928-1960 Paris, Seuil, 2002 (Points ; 1046). 87 p.William Boyd signe, avec ce petit ouvrage, une biographie très intéres-sante de Nat Tate, peintre américain né en 1928 et décédé tragiquement en 1960, qui connut son heure de gloire dans les années 50. Largement documentée, avec des photographies et des reproductions des oeuvres de l’artiste, cette monographie donne la parole à des personnes qui l’ont connu, entre autres Logan Mountstuart, écrivain et critique anglais, mais surtout Janet Felzer, la galeriste qui fut la première à exposer ses oeuvres, à Manhattan, dès 1952. Depuis sa naissance jusqu’à sa mort, sa vie est retranscrite avec minutie.William Boyd parvient parfaitement à plonger le lecteur dans cette période artistique si intense aux Etats-Unis et plus particulièrement à New York, avec l’émergence de l’impressionnisme abstrait et d’artistes comme Pollock ou De Kooning. Mais surtout il se joue, avec malice, du lecteur. PB

BOYLE, T. Coraghessan Les femmes Paris, Grasset, 2010. 580 p.

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1932, Tadashi Sato, étudiant en architecture, arrive à Taliesen, Wiscon-sin. Accepté comme élève, il est accueilli par le maître des lieux, Frank Lloyd Wright en personne. Taliesin est la propriété que le grand archi-tecte a construite à son image : immense, à la pointe du modernisme et terriblement… dispendieuse. Ici vivent le maître et ses élèves, les ou-vriers, les dessinateurs-architectes, ainsi que des invités à demeure et sa compagne du moment. Ses différentes femmes ou maîtresses ont défilé là au fil du temps : Ketty, la mère de ses enfants, Miriam, cocaïnomane, Mamah – la parfaite ? - et maintenant voici Olgivanna, Olga la jeune énamourée par qui le scandale arrivera. Sous les yeux de Tadashi, ébahi par tant d’opulence notoire mais surfaite, effrayé par les poses et volte-face de tous ces personnages excentriques en diable, nous découvrons l’envers du décorum. F. L. Wright fut un grand artiste de génie, créateur visionnaire hors pair, mais il dut se battre toute sa vie pour trouver de l’argent, pour satisfaire son grand appétit charnel et pour conjuguer avec toutes ces femmes. Ah, les femmes ! MCM

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Nate Tate, Portrait de K, 1958(91,44 x 121,92)

The Sander-Lynde Institute, Philadelphie

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BRANDRETH, GylesOscar Wilde et le jeu de la mortParis, 10-18, 2009(10/18 ; 4309. Grands détectives)460 p.

BRANDRETH, GylesOscar Wilde et le meur-tre aux chandellesParis, 10-18, 2009(10/18 ; 4194 .Grands détectives)384 p.

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Après avoir résolu le mystère du jeune homme assassiné (voir résumé ci-dessus), Oscar Wilde est ici victime de son propre jeu. Lors d’une soirée du Club Socrate qu’il a fondé pour se délasser le dimanche soir, les 6 membres ac-compagnés chacun d’un invité (c’est la règle du Club : on invite, on mange bien, on fume, on boit, on s’habille « cool » et on philosophe) sont priés de noter discrètement sur un papier quelle personne ils souhaiteraient le plus tuer. Le nom d’Oscar Wilde apparaît 3 fois, celui de sa femme une fois, quelques autres parti-cipants au repas figurent aussi sur les papiers ainsi que le perroquet bruyant du directeur de l’hôtel, un bulletin blanc, des politiciens ou des proches des participants. Ce «  jeu de la mort  » va mal tourner lorsque, jour après jour, une personne de la liste va mourir… On prend peur, Oscar Wilde enquête avec l’aide de son ami médecin écrivain, Conan Doyle. En plus du suspens bien mené, on apprend beaucoup sur cette fin de siècle à Londres et sur Oscar Wilde. Le talent de Brandreth, son érudition et son humour font encore une fois mouche. RL

Dans ce roman, Gyles Brandreth nous emmène à Londres dans les années 1890. Le narrateur, un certain Robert Sherard, raconte une histoire qui lui est arrivée avec son ami Oscar Wilde. Ce Sherard a réellement existé et fut non seule-ment ami avec Oscar Wilde, mais aussi son bio-graphe de référence. Fin connaisseur de l’au-teur anglais, de son époque, Brandreth réussit à mettre Oscar Wilde en situation de mener une enquête qui lui tient à cœur : l’un de ces jeunes amants a été tué mais le corps a disparu… Truf-fée d’anecdotes, de citations, de références historiques et littéraires, la fiction gagne en épaisseur  ; nous sommes captivés, non seule-

ment par l’histoire, mais aussi par la personnalité d’Oscar Wilde et de ceux qu’il a bien connus, comme Conan Doyle qui commence ici à écrire ses Sherlock Holmes ou Bram Stocker, le créateur du fameux Dracula. Le premier volume d’une série qu’on espère longue et aussi palpitante. RL

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BRUEN, KenLa main droite du diableParis, Gallimard, 2008(Série noire)358 p.

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« Le lendemain, j’avais mal. On ne peut pas être irlan-dais, envoyer une religi-euse au diable et ne pas être mal.  » C’est ce qui arrive au privé Jack Taylor, enquêteur malgré lui dans sa bonne ville de Galway. Dévoré par la culpabilité après la mort d’une fillette qui lui avait été confiée, il se retrouve contraint de retrouver le meurtrier ou la meurtrière d’un prêtre dé-capité. L’homme d’Eglise, adulé par ses paroissiens et par une religieuse, est soupçonné d’avoir trop aimé les jeunes garçons. Un roman noir aux anti-podes de l’image idyllique de la verte Irlande. FA

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BUSINO, Jean-JacquesCancer du CapricorneParis, Rivages, 2010183 p.

BÜHLER, MichelUn si beau printempsOrbe, Campiche, 2010219 p.

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L’auteur nous raconte avec un humour féroce le dysfonctionnement de son corps atteint par une étrange maladie du système sanguin, a priori incurable. Quelques années plus tard, alors que, contredisant tous les pronostics des médecins, l’auteur se trouve toujours en vie, son fils est renversé par un chauffard. L’ado-lescent se retrouve dans un coma végétatif. Ce roman devient dès lors une confession intime, une méditation sur la paternité, une fine analyse du regard des autres, les bien-portants, les « amis », mais aussi un pamphlet contre l’inhumanité du système médical. Le lecteur, quelque peu décoiffé si ce n’est com-plètement ébouriffé, parcourt avec l’auteur un chemin à rebours. Cette écriture nous offre une œuvre tonique et, aussi incroyable que cela puisse paraître, pleine de vie. CD

S’adressant à ses trois (presque) neveux, l’artiste romand Michel Bühler souhaite leur décrire ce que fut la vie dans les années soixante-dix, époque bénie des grands rêves, des grands discours, où chacun cherchait à changer la société, les mœurs ou la politique, donnant de la voix, se mélangeant les idées. Cette époque de liberté, de grandes ques-tions favorisait les contacts, faisait émerger le débat et des idées novatrices. Quarante ans plus tard, qu’en reste-t-il, et pourquoi ces mouvements ont-ils échoué  ? Le libéralisme de Reagan et de Thatcher a écrasé l’esprit de solidarité et de partage, et le capitalisme a étendu ses tentacules partout et dans toutes

les têtes. A travers ses expériences d’artiste, de voyageur, le récit de M. Bühler nous invite à reprendre la voie de l’engagement et de la protestation pour ne pas perdre notre plus grand bien : la liberté d’agir, la liberté de penser. MCM

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BUJOLD, Lois MacMasterLe couteau du partageParis, Bragelonne, 20084 vol.

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La jeune Faon quitte sa mai-son après avoir « fauté » lors d’une fête de village. Sur sa route, elle va croiser une pa-trouille de Marcheurs du Lac, peuple de guerriers-sorciers mystérieux qui combattent des êtres malfaisants, inhu-mains, à l’aide de couteaux taillés dans des os humains. Très vite, elle va s’attacher à Dag Hickory, l’un des pa-trouilleurs guerriers, et leur quête va rencontrer de nom-breux obstacles car ni les Fermiers ni les Marcheurs du Lac ne voient leur union d’un bon œil. FG

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L’écrivain Benjamin Lorca a mis fin à ses jours à l’âge de 34 ans, laissant derrière lui une œuvre romanesque et surtout un journal intime inédit. Le personnage central étant absent, Arnaud Cathrine convie différents témoins pour décrire l’écrivain décédé, à la vie énigmatique, buveur, joueur et dépressif : son jeune frère, ses deux ayants droit (un ami très proche et une ex-amante) et un éditeur aux motivations moins nobles, secrètement amoureux, qui cherche à tout prix à s’emparer du journal intime, à la recherche de passages croustillants.En quatre chapitres, à rebours des quinze années qui les séparent de la mort tragique, chacun donnant la voix à un des protagonistes, Arnaud Cathrine s’interroge sur la postérité d’une oeuvre littéraire et sur la res-ponsabilité morale des héritiers. PB

CATHRINE, Arnaud Le journal intime de Benjamin Lorca Paris, Verticales, 2010. 195 p.

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« Le livre va disparaître », une sentence qui plane depuis des années sans que cela ne se confirme vraiment. Eco et Carrière, deux biblio-philes érudits, donnent ici leur point de vue sous forme de dialogue. Ils sont d’avis que les manuels destinés aux étudiants régulièrement mis à jour, les 25’000 pièces encombrantes du procès pour le magistrat, les « romans de gare », les « coups commerciaux » vont pouvoir être avan-tageusement lus (et emportés) sur un e-book au contraire des beaux livres qui, eux, résisteront encore. Ils soulèvent aussi le problème de l’évolution des supports : les disquettes, les CD-rom d’hier sont illisibles aujourd’hui. Portables, livres électroniques, PC, tout fonctionne à l’électri-cité et on se questionne sur ce qu’on va emporter en cas de panne ou de catastrophe sinon le livre qui ne nécessite que nos yeux pour le lire. Reliure, édition, transmission, hiérarchisation du savoir, mémoire, collections, conservation, Internet, tant de thèmes traités avec brio et humour. RL

CARRIERE, Jean-Claude N’espérez pas vous débarrasser ECO, Umberto des livres Paris, Grasset, 2009. 330 p.

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N’espérez pasvous débarrasser

des livres

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Bunny Munro est un antihéros pathétique et obsédé. Il fait du porte à porte dans le sud de l’Angleterre pour vendre des produits de beauté à des femmes esseulées qu’il essaie de posséder en plus grand nombre possible. Suite au suicide de sa femme qui ne sup-porte plus ses frasques pathétiques, Bunny prend la route avec Bunny junior. Au volant de sa Fiat Punto, il continue son petit com-merce, laissant son fils attendre dans la voi-ture, feuilletant son encyclopédie, s’inventant des mondes imaginaires. Ce voyage vire peu à peu à la descente aux enfers, Bunny étant la proie de fantômes qui ne cessent de le harceler, de le happer. Dans cette histoire menée tam-bour battant, avec une écriture habile, compulsive et crue, chargée de références religieuses, Nick Cave dresse avec talent le portrait d’une relation entre un père et son fils, d’un paumé à la recherche de rédemption. PB

CAVE, NickMort de Bunny MunroParis, Flammarion, 2010332 p.

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Le narrateur, patron d’une grande entreprise française de luxe, vit depuis trente ans à To-kyo. Epris de culture japonaise, il se sent très à l’aise dans le style de vie raffiné, plein de délicatesse et d’harmonie de cette société. Un jour, il reçoit une lettre où une inconnue lui parle de son passé, celui de sa propre jeu-nesse lorsqu’il vint pour la première fois au Japon. Intrigué par cette femme qui semble si bien le connaître, il accepte de la rencontrer et se retrouve devant son amour de jeunesse. Akane et lui avaient passé cinq jours à s’aimer,

apprenant leur corps, leur cœur et se faisant mille serments. Mais Akane, découvrant qu’elle attendait un enfant, dut fuir sa famille et le jeune homme ne put jamais la retrouver. Elle lui annonce que leur enfant métissé a mis fin à ses jours, ne pouvant plus supporter le mépris et le rejet de son entourage. Le narrateur comprend alors que cette société archaïque, figée dans ses codes, est incapable d’intégrer l’autre, l’étranger, et que, abusé par un vernis de politesse, d’élégance retenue, il s’est fourvoyé en pensant comprendre et assimiler ce style de vie et de pensée sans indulgence ni compassion pour tout ce qui n’est pas la norme. MCM

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COLLASSE, RichardLa traceParis, Seuil, 2007315 p.

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Candy est la plus jolie fille qu’il ait jamais vue, ça fait peu de temps qu’ils sont ensemble, le narrateur et elle. Elle deviendra sa deuxième drogue. La première c’est l’héroïne, et même la plus belle femme du monde ne peut la détrôner. Lorsque Candy lui demande d’essayer, il refuse d’abord de lui injecter sa première dose, avant de céder sous son insistance. Elle deviendra aussi accro que lui en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. Et à partir de là, il y a les instants de grâce : avec l’héro, il y a l’amour, une complicité incroyable, des rires, des parties de jambes en l’air formidables. Mais sans l’héro… la recherche effrénée de la drogue, des dealers, de l’argent, une tension exacerbée. On tombe dans le glauque : Candy commence à se prostituer pour pouvoir ache-ter leurs doses. A plusieurs reprises ils tenteront de s’en sortir et capi-tuleront presque toujours après seulement quelques jours effroyables de fièvre, suées, diarrhées, démangeaisons, frissons, etc. Évidemment, tout cela va mal, très mal se terminer. J’ai dévoré ce livre autobiogra-phique mais il m’a laissé un goût amer, ses personnages m’ont habitée plusieurs jours après que je l’aie terminé. Âmes sensibles, comme le dit la formule, abstenez-vous ! DM

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DAVIES, Luke Candy Paris, Ormesson, 2010. 344 p.

Le peuple juif ne vit pas en Israël mais en Alaska que les Etats-Unis d’Amérique lui a loué après la défaite contre les Arabes. Certains rab-bins ont monté une mafia très puissante et l’inspecteur Landsmann, qui survit dans un hôtel minable grâce à l’alcool après avoir foiré sa carrière et son mariage, pressent que le cadavre de junkie retrouvé dans une chambre voisine de la sienne va le rapprocher de ces mafieux. Dans un univers crépusculaire et glauque (la rétrocession de l’Alaska approche à grands pas), Landsmann va foncer tête baissée dans une affaire de meurtre beaucoup plus compliquée qu’il n’y paraît et en pro-fiter pour régler ses comptes avec tout le monde, car, partir pour partir, autant ne pas le faire tout seul… FGBUS CIT EVI JON PAQ

cote R CHAB

CHABON, Michael Le club des policiers yiddish Paris, Laffont, 2009 (Pavillons). 481 p.

Titre original anglais : The yiddish policemen’s union

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“ plus n’est jamais assez ”

Candy [2006]Adaptation cinématographique réalisée par Neil Armfield

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cote 828.03 DID

Joan Didion, une icône des lettres améri-caines (mais assez peu connue en Europe), nous parle de son deuil suite au décès subit de John, son mari. Le récit débute ainsi : « La vie change dans l’instant. La vie change vite. On s’apprête à dîner et la vie telle qu’on la connaît s’arrête. La question de l’apitoiement. Tels étaient les premiers mots que j’avais écrits après l’événement. [...] Pendant longtemps je n’ai rien écrit d’autre ». Elle va se pencher sur ce moment « comme les autres » avant l’arri-vée de l’impensable qui anéantit tout. La pen-sée magique «c’est le sentiment de pouvoir contrôler les événements par la seule force de la pensée : John va revenir si je ne me débarrasse pas de ses chaussures». L’écriture de ce livre va permettre à l’auteure de faire sont deuil, d’accepter le « jamais plus ». Renoncer à ressusciter le mort, à revenir en arrière, arrêter les « si on n’avait pas mangé cela, si j’avais appelé l’ambulance, si... », c’est le propos de ce livre poignant. RL

DIDION, JoanL’année de la pensée magiqueParis, Grasset, 2007. 281 p.

« Je suis un homme et je suis en voie de dis-parition […]. Si vous souhaitez des joyeuseries, passez votre chemin. Si vous pensez sortir d’ici le ventre grouillant de bons sentiments, vous vous êtes trompé de porte. Gens qui criez trop fort sans avoir rien à dire, écoutez-moi si vous le voulez ou bien foutez le camp. Tout cela m’indiffère  ». Voici donc le lecteur averti par le narrateur, un vieux médecin en train d’ago-niser sous le regard de sa fille unique, Kitty, et de sa petite-fille, Malika. Complètement dé-pendant d’elles, il se montre néanmoins aussi

cruel qu’il l’a toujours été dans sa vie envers les femmes. A l’âge de 20 ans, sa belle épouse est morte dans des circonstances mystérieuses, mais on apprend assez vite qu’il avait le poing leste sur la pauvre femme, avant de vivre en huis clos avec sa fille qu’il ne traitera pas mieux. Le mys-tère s’éclaircira peu à peu, dévoilant toute la noirceur de l’âme de ce bourreau qui pourtant s’est toujours senti dans son bon droit. Un livre assez insoutenable, mais très bien écrit, par l’auteure mauricienne Ananda Devi. DM

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cote R DEVI

DEVI, AnandaLe sari vertParis, Gallimard, 2009 (Blanche)214 p.

(Dans cette brochure lire aussi le résumé de Exercices de la perte de A. Tuszynska sur le même sujet)

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Marc et sa sœur Marianne vivent ensemble dans un cha-let retiré et travaillent sur le même campus universitaire. Leurs rapports compliqués, peut-être dus à une enfance malheureuse, maltraités qu’ils étaient par une mère bru-tale rappelant la terrible Fol-coche du Nœud de vipères de Mauriac. Depuis lors, ils recherchent un équilibre pré-caire sans vraiment y parvenir. Lui sombre dans les bras de ses étudiantes, elle plonge dans le fromage blanc à 0%... Pour Marc, tout va s’accélérer lorsqu’il retrouve sa dernière jeune conquête, Barbara, dé-cédée dans son lit après une folle nuit. Dans une société sinistrée par la crise et en proie au «flicage» permanent, d’autres drames vont se jouer. Voilà un roman bien noir du talentueux Philippe Djian. FB

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cote R DJIA

DJIAN, PhilippeIncidencesParis, Gallimard, 2010. (Blanche)232 p.

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Dans ce roman lumineux, Maxence Fermine dresse le portrait authentique de Henri Mou-hot, explorateur français né en 1826 et mort en 1861. Après des études dans sa ville natale, en Franche-Comté, il rêve de partir sur les routes au point de faire une fugue qui échouera. A l’âge de 18 ans, on lui propose un poste de précepteur à St-Petersbourg, première étape de ses innombrables voyages. Après avoir sillonné l’Europe, rencontrant en chemin une jeune Anglaise, descendante de l’explora-teur Mungo Park, qui deviendra sa femme, il entreprend un voyage à la découverte du Siam, du Cambodge et du Laos, grâce à des subventions de l’Académie royale britannique. En contrepartie, il devra capturer un spécimen de papillon, le Teinopalpus aureus, qui manque à la collection royale. Maxence Fermine parvient à emporter le lecteur dans cette histoire magique et rocambolesque grâce, entre autres, à une écriture fluide et magnifique. PB

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cote R FERM

FERMINE, MaxenceLe papillon de SiamParis, Albin Michel, 2010154 p.

A l’internat, il y avait Didier Bizerte, Greg Lan-ginieux et, surtout, il y avait Jimmy Callaghan. Il fumait des Benson qu’il partageait avec tout le monde et passait par un trou dans le grillage pour aller voir les filles. Il était anglais, il allait parfois voir son père, un maçon alcoo-lique, à Londres. Sa mère était remariée et vivait en Provence, alors il était un peu seul à Paris. Après l’internat, Callaghan n’a pas trop donné de nouvelles. Et, un jour, le narrateur le voit dans un parc, à Paris, flanqué d’une grosse valise. Il a près de 40 ans, il est SDF, il revient d’un séjour de plusieurs années en

Australie. Il lui confie sa valise. Dix ans passent. Le narrateur lui ramène sa valise à Londres, Calla-ghan est gérant d’un pub et il a beaucoup grossi. Ce roman plein de nostalgie parle de l’amitié, de la solitude moderne et, surtout, du deuil à faire d’une vie qui n’a pas tenu ses promesses d’adolescence. Pas de pathos, mais triste quand même. DM

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FABRE, DominiqueJ’aimerais revoir CallaghanParis, Fayard, 2010221 p.

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En 1912, le réalisateur de cinéma Robert Fla-herty se trouve à l’extrême nord-est de la baie d’Hudson. Un jour de chasse, il rencontre une famille d’esquimaux revenant d’un long voyage. Comock, le père de famille, raconte à Flaherty son périple de plus de 10 ans. L’his-toire nous est relatée dans une édition de Héros-limite magnifiée par des dessins origi-naux d’esquimaux  touchants de délicatesse. Poussés par la faim, Comock et sa famille quittent leur terre pour rejoindre une île plus prospère. En route, sur la mer glacée, le sol s’effondre sous eux et engloutit la moitié de la tribu. Mais l’heure n’est pas à l’attendrissement. La troupe décimée finit par atteindre l’île convoitée où elle vivra de nombreuses années en complète autarcie. Dès les premières lignes, ce récit m’a conquise. L’histoire de Comock témoigne d’une manière émouvante de la vie des Esquimaux du début du 20e siècle, une période pas si lointaine et pourtant bien révolue… Voilà un petit bijou très rafraîchissant… dans tous les sens du terme ! FB

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cote 909.049.071 COM

FLAHERTY, RobertL’histoire de Comock l’esquimauGenève, Héros-Limite, 2009 (Géographies)90 p.

Ecrites entre 1920 et 1940, chacune de ces nouvelles traite de la séduction. Certains disent que séduire est un art, mais il faut plus encore pour saisir et rapporter cette atmos-phère, ces tensions du regard, ces déhanchés lascifs, ces silences lourds de reproches ou de non-dits. L’homme y est toujours grand, très grand, d’une élégance rare et insolente et la jeune fille sportive ou romantique, brune ou rousse, éprise ou non, souvent amou-reuse d’un autre. Les décors ? Le salon d’un grand hôtel, les contre-allées d’une ville de la Riviera, les quais de Grand Station à New York. Devant nous, des couples en devenir,

des couples qui se déchirent et surtout des personnages novices qui savent tous que le paradis s’éloigne inexorablement, le paradis de la jeunesse… Si la séduction est un art, la raconter exige encore plus, le don d’écrire, et F. S. Fitzgerald en possède toutes les clés. MCM

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cote R FITZ

FITZGERALD, Francis ScottFragments du paradisParis, Belfond, 1991437 p.

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Une prophétie annonce que si le Royaume de Skala venait à ne plus être dirigé par une femme, il courrait alors à sa perte. Or, l’homme qui a pris le trône a décimé toutes les prétendantes légitimes en vue de conserver son pouvoir. Ainsi, lorsque la sœur du roi accouche de jumeaux, un plan secret est monté afin de préserver la fille nouvellement née grâce à une magie ancienne. L’essence de son frère jumeau sera utilisée pour la transformer en un gar-çon, Tobin, le temps qu’elle soit en âge de monter sur le trône. A partir de là, nous suivons ses années de jeunesse et les turpitudes du royaume mené au bord du chaos ainsi que l’avait prédit l’Oracle. Au fil des volumes, on grandit avec Tobin et sa féminité étouffée, jusqu’à la révélation. Passé les premiers chapitres parfois un peu confus, il devient vraiment difficile de décrocher ! JM

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FLEWELLING, LynnLe royaume de TobinParis, Pygmalion, 20076 vol.

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cote R GAIL

GAILLY, Christian Lily et Braine Paris, Minuit, 2010. 188 p.

L’auteur ne s’est pas toujours appelé Fotto-rino. A neuf ans, le petit Eric Chabrerie change de patronyme, lorsque sa mère se remarie. Et le temps a passé. Le second père vient de se suicider dans sa voiture face à l’océan. Et le romancier de se souvenir. D’une voix juste, il se rappelle l’homme qui, naturellement, l’a élevé, lui a transmis son amour du sport, des belles choses, le courage aussi  : c’est la transmission des liens entre un père adoptif et son fils adopté, accepté et aimé comme les deux fils qu’il aura plus tard. Mais à la fin de sa vie, l’homme enthousiaste et qui aida tant de

gens ne savait plus tenir sa vie, tout partait à vau-l’eau, factures impayées qui deviennent des dettes, le corps qui lâche peu à peu. Seul un suicide pouvait arrêter le naufrage. Ni sensiblerie ni tristesse n’envahissent ce livre d’une grande humanité ; seulement un fils qui raconte son père, l’homme qui l’aimait tout bas, tel un dialogue qui reprendrait malgré la séparation. Un roman plein de grâce. MCM

FOTTORINO, EricL’homme qui m’aimait tout basParis, Gallimard, 2009(Blanche)147 p.

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cote R FOTT

Existe aussi en grands caractères

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Braine a passé trois mois dans un hôpital militaire, gravement commotionné. Il est maintenant de retour auprès des siens, de sa femme Lily, de son petit garçon Louis et de la chienne Lucie, qui l’attendent sur le quai de la gare. Il fait chaud, Braine va mieux et leurs retrouvailles exhalent un goût de carte postale. C’est sans compter sur la malice de Christian Gailly, car même si la famille joue la mélodie du bonheur, certaines ombres apparaissent peu à peu, comme par exemple le revolver que Braine cache dans une armoire. Mais qui est Braine ? Est-il heureux avec sa femme ? Se réjouit-il de sa nouvelle grossesse ? Qui est cette femme séduisante et fascinante, patronne d’un night-club dont Braine se rapproche dangereusement ? Sur fond de musique de jazz et sous l’écriture ciselée de Christian Gailly, la machine se met en route, lentement, et rien ni per-sonne ne pourra l’arrêter. PB

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cote R FREC

FRECHE, EmilieChouquetteArles, Actes sud, 2010 (Domaine français)132 p.

A 60 ans, Catherine, «  Chouquette  » pour son petit-fils, ne veut pas rester sur la touche. Après tout, elle s’est sacrifiée pour élever sa fille, et elle veut continuer de vivre à cent à l’heure, tâcher de récupérer son mari volage (effort qui s’avère complètement vain, le lec-teur l’apprend très vite). La voici à St-Trop, dans leur luxueuse maison, en compagnie de Diane, superwoman bombesque et ex-maî-tresse de son mari, bien décidée à profiter de ses vacances malgré la crise qui se déclare. Sa fille Adèle a laissé Lucas, 5 ans, en colo pour partir sauver l’Afrique, mais voilà que le petit est atteint de varicelle, renvoyé, et se retrouve chez une grand-mère pas franchement en-chantée de jouer les baby-sitters. Ce court roman, même si il tombe parfois dans la cari-cature, est tout à fait dans l’air du temps. DM

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Marc est retraité et se trouve à l’étroit dans son quotidien. Il se met à regarder le monde différemment, à rêver de « grand loin ». Il regarde ce qui l’entoure d’une autre façon ; à quatre pattes, il scrute son tapis à la loupe sous le regard perplexe de Chloé, sa compagne, et, tel un enfant, il imagine des univers étranges dans les arabesques agrandies. Une autre fois, lors d’une ennuyeuse soirée « entre amis », il sort de son mutisme en hurlant qu’il connaît Agen. Il passe également des heures sur un pont d’autoroute à regarder le flux de voitures sous la pluie pour atteindre une « stupeur méditative ». Insidieusement il déborde du cadre, il s’aventure dans un ailleurs étrange. Avant le grand saut, il tombe amoureux d’un gros chat flemmard qu’il achète. Il l’installe dans sa voiture et fugue avec sa fille Anne qu’il a enlevée de l’hôpital psychia-trique. Commence alors un road movie où ces personnages borderline nous entraînent dans leurs délires. Pascal Garnier fait rire, mais aussi réfléchir à nos vies qu’on pourrait si vite affoler. RL

Petit à petit et tout à fait sournoisement un homme s’escamote… Privé du regard des autres il devient tout d’abord un peu flou puis tout à fait transparent. Cette belle métaphore décille le regard ! Pensons à tous ceux tombés dans la marge et que nous ne voyons plus vraiment. Peu à peu donc, Aurélien disparaît de l’attention, puis des pensées de ses collègues, de Clotilde son aimée, et même de sa mère, sans parler de tous les gens croisés dans la rue qui le bousculent sans le voir. Un vrai cauchemar qui s’accentue au fil des jours. Le pire réside dans le fait que ce phénomène se déroule au milieu de toute l’agitation de la vie alentour. L’écriture plus sobre, moins flamboyante que d’habitude serre l’histoire de près. Un livre étrange qui laisse comme une ombre à côté de vous pendant longtemps… CD

GARNIER, Pascal Le grand loin Paris, Zulma, 2010. 157 p.

GERMAIN, Sylvie Hors champ Paris, Albin Michel, 2009. 195 p.

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cote R GARN

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cote R GERM

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Anna Funder, journaliste australienne, partie habiter à Berlin pendant plusieurs mois lance un appel à té-moignage : elle recherche tout témoin des années passées sous le joug de la Stasi. Au fil des mois elle interroge ainsi aussi bien d’anciens agents de la police politique que de simples citoyens employés comme espions à la solde du pouvoir ou des victimes de ce pouvoir. Des témoi-gnages véritablement effa-rants d’une époque pas si lointaine et d’un pays voi-sin du nôtre. Un ouvrage rédigé comme un roman mais constitué de témoi-gnages réels, une plongée éclairante dans le passé de cette Allemagne encore en mal d’unité, même vingt ans après. JM

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cote R FUND

FUNDER, AnnaStasilandParis, Ormesson, 2008365 p.

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Mandred est le jarl d’un petit village de Scandinavie et, à ce titre, il a le devoir de traquer un sanglier fabuleux qui tue tout autour de son village. Seul survi-vant de l’expédition massacrée non pas par un sanglier mais par un démon, il se retrouve dans le monde d’Albemark, le monde des elfes, et leur de-mande de lui venir en aide. La reine des elfes accède à sa demande et le nomme à la tête de la Chasse des elfes, groupe de guerriers chargé de tuer la bête, à la condition que Man-dred lui abandonne son enfant à naître. Au cours de leur quête, Mandred et ses deux amis elfes survivants, Nuramon et Farodin, vont devoir affronter de mul-tiples périples dans différents mondes pour se sortir de la situation dans laquelle la reine des elfes les a plongés. FG

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cote R HENN

HENNEN, BernhardLes elfesParis, Milady, 20083 vol.

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Le jeune étudiant hollandais Alfred se rend en Nor-vège afin d’étudier le sol du Finnmark et finir sa thèse. A Oslo, le professeur Nummedal doit lui re-mettre les clichés aériens indispensables à son ex-pédition géologique dans le Grand Nord. Les pho-tos sont invisibles, perdues, cachées ? personne ne peut le renseigner. Il se rend au point de rencontre avec les autres membres norvégiens qui doivent le guider dans cette aventure. Des millions de mous-tiques, de mouches ennemies, d’insectes ravageurs fondent sur Alfred. Rivières tumultueuses à passer à gué, chutes dans des ravins profonds, rien ne lui est épargné, jusqu’à la disparition de ses acolytes. Seul, blessé, abandonné dans cette nature hostile et glaciale, les doutes l’assaillent. Qu’est-il venu chercher ici ? Qu’a t-il trouvé dans ces paysages humides ? Veut-il réellement devenir géologue ? Pourquoi pas flûtiste ? Il réussira néanmoins à rentrer. Seul. Il a réussi à survivre. Son esprit encombré de questionne-ments, d’indécision. Avec un peu plus de lucidité, de compréhension de lui-même et de cette nature magni-fiquement dépeinte par le grand écrivain qu’est Hermans. Une histoire toute en finesse, presque magique, en tous les cas très touchante. MCM

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cote R HERM

HERMANS, Frederik WillemNe plus jamais dormirParis, Gallimard, 2009(Du monde entier)369 p.

Les trois filles de Herta se retrouvent aux obsèques de leur mère. La narratrice, Iris, a hérité de la mai-son de sa grand-mère, celle où elle passait, enfant, tous ses étés. Doit-elle vendre, ou garder vivant cet endroit symbolique ? Elle décide de prolonger son séjour et redécouvre la bâtisse, le jardin, les dépendances. Une plante, un rideau, une porte qui grince, le poulailler dans l’herbe haute, le vieux vélo du mari d’Herta accompagnent ce séjour solitaire. Bien sûr les souvenirs de ces jeunes années, ce qu’elle sait et apprendra sur ses tantes et sa mère l’entourent, la cajolent et la surprennent au plus haut point. Vêtue des robes de soirée qui avaient appartenu à toutes ces femmes, elle parcourt la

région, se baigne, rencontre les habitants de Bootshaven, et se sent comme enveloppée de ces bribes aériennes et indicibles des souvenirs, les bons comme les plus tragiques. La mort accidentelle de sa cousine la hante, la tourmente, mais l’élève aussi dans des lieux poétiques et plus secrets dans ce texte servi par une très belle écriture, naturelle et rêveuse à la fois. C’est un roman très agréable. MCM

BUS CIT EVI JON MIN PAQ SER STAcote R HAGE

HAGENA, KatharinaLe goût des pépins de pommeParis, Carrière, 2010267 p.

Existe aussi en grands caractères

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HOMES, A.M Le sens de la famille Arles, Actes sud, 2009 (Lettres anglo-américaines). 234 p.

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cote 828.03 HOM

Depuis trente et un ans, Amy sait qu’elle n’est pas la fille biologique de ses parents, et elle est partagée entre ce double sentiment d’être déles-tée de leur héritage génétique et de ne pas savoir d’où elle vient. Un soir de 1992, ses parents lui annoncent la nouvelle : quelqu’un la cherche. Sa mère. Au fil des appels téléphoniques qu’elle entretient avec Ellen, elle apprend qui sont ses parents. Ellen est une femme pathétique, qui a toujours vécu seule, qui boit et fume trop, et dont les sentiments d’affection qu’elle éprouve pour sa fille sont trop lourds à porter pour Amy. Le père, Norman, était son patron, un homme plus âgé, marié et père de famille. Au moment où Ellen tombe enceinte, il se compor-tera en lâche, une lâcheté dont il fera également preuve, plus de trente ans après, alors qu’il a repris contact lui aussi avec Amy. Elle décide d’entreprendre ce récit autobiographique alors qu’elle va devenir mère à son tour, et c’est ce récit poignant qu’elle nous livre, entre recherche d’identité, illusions, déceptions, volonté à tout prix de connaître la vé-rité, quelle qu’elle soit, et de s’inscrire dans une histoire familiale. DM

HERBERT, Frank Le cerveau vert Paris, Pocket, 2009 (Pocket ; 5992. Science-fiction). 243 p.

On ne présente plus l’auteur de Dune et j’avoue que j’étais sceptique avant de commencer ce roman qui date de 1966. J’avais grand tort car cette histoire n’a pas pris une ride. Les hommes tentent d’éradiquer les insectes sans se soucier des conséquences pour la planète. Les insectes font plus que s’adapter, et sont fort heureusement moins bêtes que les humains… FA

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cote R HERB

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Frank HERBERT1920 - 1986

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George …, 58 ans, est professeur à l’Université de Los Angeles. George s’interroge sur sa vie, sur le sens de son existence solitaire. Son amant Jim vient de mourir dans un accident de la route et l’esprit de l’homme vieillissant ne cesse de songer à cet amour mort. Encore une journée à vivre sans Jim : trouver la force pour se lever, saluer les voisins, prendre la voie express jusqu’à la faculté, se préparer à affronter ses étudiants, les amener à aimer la littérature, puis toujours seul, rentrer, ressortir pour passer la soirée avec sa vieille amie Charley, boire et s’enivrer des souvenirs du passé. Que pourrait être l’avenir, quand le présent n’est que mélancolie et absence d’amour. Sur un ton tragi-comique, à travers ce double de papier, Isherwood se représente sans fard, lucide sur sa situation, et pose un regard acide sur cette époque sans plus de saveur, où les sensations, les relations humaines sont de plus en plus faussées ou convenues. MCM

ISHERWOOD, Christopher Un homme au singulier Paris, Fayard, 2010. 205 p.

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cote R ISHE

Emily est métisse, blanche du côté de son prospecteur de père, abori-gène par sa mère. Après de longues années loin de la réserve où elle a grandi, elle a à peine le temps de renouer avec son amie d’enfance que le père de celle-ci est assassiné. Tout accuse Blakie le sorcier mais la conviction d’Emily est ébranlée lorsqu’elle réalise que la veille de sa mort, Lincoln avait signé avec un fermier blanc un accord qui prive la communauté de ses terres. De rebondissement en rebondissement, Adrian Hyland nous mène au dénouement final et dresse avec humour le portrait d’une communauté aborigène en lutte pour sa survie. FA

HYLAND, Adrian Le dernier rêve de la colombe diamant Paris, 10/18, 2009 (10/18 ; 4266. Domaine policier). 413 p.

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cote R HYLA

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Au début du 20ème siècle, Christopher Banks vit l’enfance dorée et solitaire des enfants d’Anglais expatriés dans la concession internationale de Shan-gai. Mais un jour ses parents disparaissent sans lais-ser de traces. Assassinat  ? Enlèvement  ? Le jeune garçon est renvoyé en Angleterre et finit ses études dans un pensionnat. A l’age adulte, Christopher est devenu un détective en vue. Rongé par son passé il part à Shangai dans l’espoir de retrouver ses parents. La ville est ravagée par la guerre, les combats contre les Japonais font rage, la concession internationale est en ruines, les repères que Christopher avaient connus n’existent plus et la vérité sur ses parents est bien différente de celle qu’il avait imaginée. Récit complexe et passionnant, à la fois historique et poli-cier Quand nous étions orphelins est aussi un récit initiatique, quête douloureuse du paradis perdu. CLR

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cote R ISHI

ISHIGURO, KazuoQuand nous étions orphelinsParis, Calmann-Lévy, 2001375 p.

Après le suicide de sa fille aînée Keiko, Etsuko, Japonaise installée en Angletterre depuis plus de vingt ans, replonge dans son passé. A la fin de la guerre dans un Nagasaki particulièrement éprouvé, Etsuko alors enceinte de sa fille aînée tente de se reconstruire. Elle fait la connaissance d’une voisine, Sachiko, mère célibataire d’une petite fille, qui ne rêve que de quitter ce Japon meurtri et tourné vers le passé, pour une Amérique pleine de promesses. Sachiko paraît peu préoccupée par le bien–être de sa fille et lui imposer un changement de culture ne semble lui poser aucun problème. On ne peut s’empêcher de penser que quelques années plus tard Etsuko fera subir le même sort à sa fille, lorsque veuve elle se remariera avec un Anglais et quittera elle aussi le Japon. Est-ce là une explication au sui-

cide de Keiko ? Profondément beau et touchant, ce roman d’Ishiguro évoque avec finesse et subtilité les ravages de l’exil et des non-dits. CLR

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cote R ISHI

ISHIGURO, KazuoLumière pâle sur les collinesParis, 10-18, 2002(10/18 ; 2122. Domaine étranger)248 p.

Titre original anglais : A pale view of hills

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Titre original anglais : When we were orphans

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Existe aussi en grands caractères

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Dans ce court roman polyphonique coup de poing, quatre voix se croisent. Celle de Mona, qui occupe le centre de ce qua-tuor qu’elle compose avec sa soeur Luisa et avec Katia et Lisa, ses filles. Mona, qui perd la mémoire, tente, péniblement, en s’arrimant aux objets qui l’entourent, de reconstituer les événements tragiques survenus durant la période de la dictature des généraux en Argentine (1976 à 1983). Comme un iceberg, les souvenirs sur-gissent et ce sont des images de torture, de viol, de terreur, de la disparition de sa soeur Luisa et de l’enlèvement d’Ernesto, compagnon de cette dernière. Chaque voix vit à sa manière, avec ses propres sen-timents, avec ses propres souvenirs, cette mémoire familiale qui, après 30 ans de si-lence, éclate dans un bruit assourdissant. Avec beaucoup de finesse et d’économie, Ophélie Jaësan construit un récit fort, vio-lent, qui n’est pas uniquement centrée sur les horreurs de cette période, mais aussi sur l’histoire de ces deux soeurs, sur l’exil et les départs sans retour. PB

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cote R JAES

JAESAN, OphélieIceberg memoriesArles, Actes sud, 2009(Un endroit où aller ; 212)67 p.

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On ne présente plus le haïku, cette forme poé-tique japonaise courte de 31 syllabes compo-sées en deux parties. De nombreuses anthologies existent déjà, mais celle-ci a l’avantage de présenter exclusivement des poé-tesses, qui sont classées par ordre chronologique, du 17ème siècle à nos jours. A chaque fois, le lec-teur découvre les auteures grâce à une courte bio-graphie ainsi qu’une dou-zaine de haïkus, en version bilingue, avec une mise en page extrêmement soignée. Cette antholo-gie permet de découvrir d’autres voix, d’autres sensibilités, laissant une large place aux auteures contemporaines. Une vraie découverte. PB

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cote 895.6 DUR

KEMMOKU, MakotoCHIPOT, Dominique [éd.]Du rouge aux lèvres : Haïjins japonaisesParis, Table Ronde, 2008. 269 p.

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Tigane est le nom d’une province sur laquelle un sort terrible a été jeté  : désormais, seuls les habitants de Tigane seront capables d’en-tendre et de prononcer ce nom. Telle est la vengeance du roi sorcier Brandin d’Ygrath pour son fils tué lors de l’invasion de Tigane. Ainsi, année après année, cette province sera réellement anéantie, engloutie dans l’oubli. Nous suivons ici les aventures de deux tiga-nais, Alessan, le dernier prince de Tigane, et Dianora, la fille d’un célèbre sculpteur. Deux personnages, deux caractères, deux straté-gies pour abattre le roi sorcier et annuler ainsi le sort jeté. D’une histoire qui pourrait paraître sans finesse et purement manichéiste, Kay joue au contraire sur une modulation subtile des personnages, jamais entièrement noirs ou blancs. JM

JON PAQ SER

cote R KAY

KAY, Guy GavrielTiganeNantes, Atalante, 1998681 p.

Dans ses livres, Régis Jauffret parle souvent de rapports humains difficiles qui se ter-minent de manière tragique. Il ne paraît donc pas étonnant que l’affaire Stern l’ait inspiré au point d’écrire ce roman. Car, comme il le mentionne dans le préambule « de manière magistrale » il explique la place de la fiction et se pose en romancier, « je suis romancier, je mens comme un meurtrier ». La narratrice est une femme, Betty, qui, au début du roman, tire sur son amant avant de s’enfuir en taxi pour Milan, puis en Australie. Bourrée de mé-dicaments et d’alcool, elle pense que cette

fuite lui permettra d’arrêter le temps et que le décalage horaire lui fera oublier son geste. Mais lors d’une escale, la réalité la rattrape, son amant faisant toutes les couvertures des quotidiens et des magazines. Dans un style implacable, de toute beauté, Régis Jauffret donne une seconde vie à ce fait divers, en se l’appropriant, en le malaxant, en lui donnant une portée littéraire. PB

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cote R JAUF

JAUFFRET, RégisSévèreParis, Seuil, 2010160 p.

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Avec Sur une terre étrangère, Jhumpa Lahiri dresse, aux travers de nouvelles, le portrait de la deuxième génération de migrants, dont elle fait elle-même partie. Ces personnages sont nourris de deux cultures, parlent souvent mieux l’anglais que le bengali, ne portent plus les vêtements traditionnels de leurs parents. Le livre est construit en deux parties. Cinq nouvelles forment la première où il est souvent question de conflit entre ces deux générations, entre ces deux cultures que tout oppose. La deuxième partie permet de découvrir un court roman for-mé de trois chapitres. C’est à mon sens le texte le plus abouti du recueil qui se concentre sur deux personnages principaux, Hema et Kaousik. Ils se sont connus, au travers de leurs parents, lorsqu’ils étaient enfants, se retrouvent à l’adoles-cence, Hema tombant secrètement amoureuse de lui, et enfin vingt ans plus tard.Avec une écriture très précise et très sensible, Jhumpa Lahiri parvient à captiver le lecteur, le tenant en haleine jusqu’aux dernières lignes de ses nouvelles, grâce à l’émotion qu’elle transmet. PB

LAHIRI, Jhumpa Sur une terre étrangère Paris, Laffont, 2010 (Pavillons). 426 p.

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cote R LAHI

A la mort de son père, l’auteur retourne en Haïti pour annoncer la triste nouvelle à sa mère. Comme son père, il vit en exil au Canada, alors que sa mère est restée sur place, se refusant à fuir. Par bribes et fragments poétiques, en deux parties (Lents préparatifs de départ et Le retour), Dany Laferrière retrace ce long voyage avec une émotion intense, à fleur de peau, émotion qu’il a lui-même ressentie en redécouvrant sa famille, des lieux connus, ses racines qu’il a quittés à l’âge de 4 ans, mais aussi la pauvreté, la violence, les gangs, la prostitution... Accompa-gné de son neveu, qui porte le même nom que lui et qui veut devenir lui aussi écrivain, il retrouve ses traces, pose les pieds dans les empreintes de ses pas et parvient à une sorte d’apaisement, de sagesse :«  On me vit aussi sourire/dans mon sommeil./Comme l’enfant que je fus/du temps heureux de ma grand-mère./Un temps enfin revenu./C’est la fin du voyage. »Écrit en alternance en vers libres qui lui confèrent une très grande musicalité, L’énigme du retour est un roman sur la famille, l’exil, l’identité et le temps qui passe. PB

LAFERRIERE, Dany L’énigme du retour Paris, Grasset, 2009. 301 p.

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cote R LAFEExiste aussi en livre lu

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Dany LAFERRIERE

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Voici un roman noir américain comme on les aime. Nous sommes au Texas d’il y a quelques années voire un siècle en arrière. Le vieux Sud américain dans toute sa splendeur avec ses cyclones, ses sauterelles, ses Blancs et ses Noirs, ses lynchages. Cerise sur le pétrole, le shérif est une femme rousse qui a eu le bon ou le mauvais goût de révolvériser son constable de mari car ce dernier l’avait tabassée une fois de trop. Avec l’aide de deux vagabonds, dont un fort séduisant « hobo » joueur de guitare, elle a fort à faire pour continuer à aimer sa fille, sa belle-mère, se découvrir un père, et élucider le meurtre de la maîtresse de feu son mari… FA

LANSDALE, Joe R. Du sang dans la sciure Paris, Gallimard, 2010 (Folio policier ; 572). 481 p.

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cote R LAND

Caelum Quirk est marié à Maureen. Il enseigne, elle est infirmière sco-laire au lycée Columbine. Elle sera témoin et victime du massacre per-pétué par deux adolescents ivres de violence. Pendant toute la tuerie, elle est restée cachée dans un placard où, pliée en deux, elle assiste aux exécutions des élèves par leurs « camarades ». Le retour à la vie ordinaire est atroce pour Maureen. Caelum décide de retourner dans la ferme familiale de Three Rivers, l’ancien et gigantesque domaine qui abrite la première prison pour femmes du Connecticut, créée par son arrière-grand-mère. Caelum travaille d’arrache-pied en cumulant plusieurs jobs, Maureen ne fait plus rien, elle boit. Responsable d’un accident de voiture où un jeune a trouvé la mort, elle est condamnée à quatre ans de prison. Caelum héberge un couple dont la jeune femme se passionne pour les papiers anciens de la famille Quirk. Se révèlent pour Caelum des histoires obscures et occultées. Livre magistral, gran-diose, à lire de toute urgence. MCM

LAMB, Wally Le chagrin et la grâce Paris, Belfond, 2010 (Littérature étrangère). 532 p.

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cote R LAMB

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Ce court recueil poétique est poignant car c’est le livre de l’après. Après le départ de l’être aimé, après la mort d’un proche. La voix d’Yvon Le Men cherche des réponses, des solutions face au silence. D’après lui, il reste une mélodie, une musique qui ne meurt pas et qu’il appelle une chambre d’écho.Dans une sorte de variation mélodique et lan-cinante sur la douleur et l’absence, le poète parvient, dans une sorte de dépassement de soi, à ne jamais sombrer dans la désespé-rance ou l’amertume. Ne reste qu’un chant, limpide et profond, qui s’élève vers le ciel pour conjurer le chagrin.« Je ne suis pas désespéré/tu me connais/je souffre/mais si la présence/en moi/résiste/alors je continuerai/nous continuerons » PB

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cote 841 LEM

LE MEN, YvonChambres d’échoMortemart, Rougerie, 2008. 55 p.

Dans ce bref roman, Siegfried Lenz nous em-mène dans le cœur d’un jeune homme qui aime une femme un peu plus âgée et en est aimé. Tout un été, sur une île de la Baltique du Nord de l’Allemagne, ils se retrouvent, se touchent peu à peu et s’enflamment. Mais la jeune femme se noie accidentellement dans le port. Tous les habitants sont bouleversés par cet accident tragique. Que dire alors du cœur de Christian, l’amant de Stella qui vient de mourir  ? Que penser de cet adolescent amoureux d’une femme adulte  ? Comment fera l’élève pour survivre à la mort brutale de sa professeure d’anglais ? Leur amour secret

devait-il se dissoudre ainsi pour ne durer que le temps d’un été ? Pendant la minute de silence dédiée à la disparue lors d’une cérémonie, tout ressurgit dans le secret de son cœur, déchirantes dernières pensées pour son amour perdu, son premier amour. MCM

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cote R LENZ

LENZ, SiegfriedLa minute de silenceParis, Laffont, 2009 (Pavillons)124 p.

Titre original allemand : Schweigenminute

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Ce roman se déroule pendant la longue guerre sino-japo-naise. Nous sommes en 1937, à Pékin, et plus exactement dans la ruelle du Petit-Bercail, dé-dale de rues et de cours où se maintient la vie de la Chine an-cestrale, avec ces métiers tra-ditionnels et ses petites gens; barbiers, artisans, musiciens ambulants, tireurs de pousse...  C’est là que résident les princi-paux personnages de ce récit et en premier lieu la famille du vieux Qui, son fils, ses petits-en-fants et arrière-petits-enfants, mais aussi celle du poète Qian et celle du traître Guan Xiaohe. L’armée impériale japonaise, cruelle et impitoyable, occupe la ville et petit à petit chacun se révèlera, résistant ou collabora-teur. Mais ce roman-fleuve est avant tout une extraordinaire fresque de la vie à Pékin avant la révolution. TLA

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cote R LAO

LAO SHEQuatre générations sous un même toitParis, Mercure de France, 1996Vol. 1. 550 p.

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cote R LESB

LESBRE, Michèle Le canapé rouge Paris, Wespieser, 2007 148 p.

Le personnage principal de ce livre est un jeune homme de 25 ans qui se supprime de manière brutale et inattendue. Alors qu’il sor-tait de chez lui avec sa femme pour aller jouer au tennis, il prétexte avoir oublié quelque chose à l’intérieur, descend à la cave et se tire une balle avec un fusil de chasse. Le narrateur, un ami de cet homme, va dresser son portrait, racontant des anecdotes communes, relevant ses traits de caractère. Le livre se clôt par une série de tercets écrits par le défunt, qui se terminent ainsi : Le bonheur me précède/ La tristesse me suit/ La mort m’attend.La lecture prend une tournure différente

lorsque l’on sait que l’auteur s’est lui-même suicidé quelques jours après avoir envoyé le manus-crit à son éditeur. On ne peut s’empêcher de penser que le « tu » pourrait être un « je » et que ce livre, qui fait exploser toutes les règles du roman, comme de l’autobiographie ou de l’autofic-tion, est un testament littéraire, dominé par une plume froide et détachée. PB

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cote 848 LEV

LEVE, EdouardSuicideParis, POL, 2008123 p.

Existe aussi en livre lu

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Anne, la narratrice, décide de prendre le Transsibérien pour rendre visite à un homme qu’elle a aimé et qui a décidé de refaire sa vie au bord du Lac Baïkal. Les paysages défilent avec les fuseaux horaires. Somnolente, Anne se souvient, rêve, lit et va à la rencontre de ces gens qui prennent le train pour partir travailler ou rendre visite à des proches, à des milliers de kilomètres de leur datcha. Ses pensées s’envolent aussi jusqu’à Paris où elle a laissé sa voisine Clémence, une vieille dame à qui elle lit des histoires de femmes remarquables. Cachée dans son canapé rouge, la photo d’un homme qu’elle a aimée quand elle avait 19 ans, en 1943 et qui a été tué pour avoir été un peu trop communiste. Une amitié entre deux femmes de générations diffé-rentes, l’une qui voyage, l’autre qui n’a connu que les quais de la Seine. On rentre changé de tout voyage et même si nous, lecteur, ne l’avons pas réellement fait, c’est tout comme… RL

Ah  ! Zola Jackson. Ne dirait-on pas le nom d’une héroïne de roman ? Zola est noire, plu-tôt âgée, elle a un fichu caractère  : une tête de mule en un mot. L’ouragan Katrina va dévaster la Nouvelle Orléans. Le Mississippi va se confondre avec l’océan déchaîné. Les quartiers les plus pauvres vont disparaître sous les boues des flots tumultueux et mor-tels. Mais Zola s’accroche. Elle a refusé de gagner le Nord, de quitter sa petite maison qui abrite tous les souvenirs de sa vie. Elle s’installe au rez-de-chaussée puis au premier étage, tentant d’échapper au déluge. Mais bientôt, il lui faut monter encore plus haut, se blottir dans le grenier, où Zola grelotte de froid et de désespoir. Zola dans ses dernières forces arrivera à défoncer le toit pour fuir la furie des eaux maléfiques. Et toujours ces vrombissements funestes des hélicos des télévisions filmant les victimes flottantes, celles accrochées aux arbres, aux poteaux. Zola est une survivante, ce qu’elle a été toujours été. Zola est notre amie, une sœur. Zola, celle qui porte le nom d’une héroïne de roman. MCM

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cote R LERO

LEROY, GillesZola JacksonParis, Mercure de France, 2010. 139 p.

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cote R LOY

LOY, RosettaAy PalomaParis, Rivages, 2009(Littérature étrangère)72 p.

Kevin vient de sortir de prison, il est marié et a une fille. Mitch va se faire licencier de son job ennuyeux dans un supermarché. Doug, son colocataire, aide-cuisinier, va également se retrouver sans ressources au moment où ferme le restaurant où il travaillait. Kevin, Mitch, Doug : un trio de losers qui rêvent de ce que pourrait être leur vie si seulement ils avaient de l’argent. Car promener des chiens, ça ne rapporte pas beaucoup, à peine de quoi s’acheter assez d’herbe. Alors quand on leur propose un coup facile (voler une Ferrari) pour 20’000 dollars cash, ils n’hésitent pas. Evidemment, les trois compères au cerveau embrumé par les joints ont un peu perdu le sens des réalités et l’affaire est un fiasco. Ils ne se démontent pas pour autant, faisant fi des signes clairs du destin qui leur suggère de se tenir à carreau… Levison donne comme toujours la parole aux laissés pour compte de la société occi-dentale qui tentent en amateurs de forcer un destin tout tracé. Pathétique et jubilatoire. DM

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cote R LEVI

LEVISON, IainTrois hommes, deux chiens et une langousteParis, Liana Levi, 2009266 p.

Existe aussi en livre lu

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Titre original italien : Ahi, Paloma

CIT JON SER

En été 1943 pour échapper aux bombarde-ments, les riches familles italiennes se réfu-gient dans un grand hôtel du Val d’Aoste. Coupés des réalités du monde les jeunes se rencontrent, tombent amoureux, écoutent de la musique et jouent au tennis avec l’insou-ciance de leur âge. Lorsque le régime fasciste s’écroule, chacun doit prendre position et quitter abruptement l’enfance. Ces événe-ments tragiques sont racontés par une fillette de douze ans qui observe ce qui l’entoure avec un regard aussi naïf que lucide. Ce récit aussi bref qu’intense nous révèle avec sensibi-

lité et finesse un pan méconnu de l’histoire italienne. CLR

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Lisa LUTZ

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cote R MACI

MacINERNEY, JayMoi tout crachéParis, Olivier, 2009297 p.

Chez les Spellman, on travaille en famille dans un domaine bien particulier : les enquêtes. Papa et maman ont monté leur entreprise de détectives privés et leurs enfants y trempent largement, sauf David, l’aîné : le beau gosse super intelligent qui a toujours été d’une per-fection inatteignable est devenu un brillant avocat. Sa sœur Lizzie, elle, est d’un tout autre calibre : elle compense un passé d’adoles-cente houleux par un grand talent d’enquê-trice. Et la petite dernière possède aussi un sacré caractère. Initiée dès son plus jeune âge aux secrets des micros, elle mène son monde

par le bout du nez. Lorsque l’oncle Ray débarque dans le foyer, les hostilités sont lancées. Car il règne une drôle d’ambiance chez les Spellman, tous tellement déformés par leur métier qu’ils ne s’épargnent entre eux ni mises à l’écoute ni filatures ! Comment Lizzy peut-elle trouver l’homme de sa vie dans ces conditions ? J’ai aimé ce roman pour ses personnages anti-conventionnels où enquêtes et relations familiales se mêlent étroitement. FB

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cote R LUTZ

LUTZ, LisaSpellman et associésParis, Albin Michel, 2007427 p.

Titre original anglais : How it ended

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Après huit romans, Jay MacInerney signe ici son premier recueil de nouvelles, qui ont été écrites entre 1982 et 2009. Les lecteurs de MacInerney ne seront surpris ni par le ton ni par les thématiques de ces histoires qui se passent en majorité à New York. Comme toujours, ce n’est pas la classe des prolétaires qui inspire MacInerney, mais au contraire les jeunes branchés, les narines pleines de coke, qui ne voient jamais la lumière du jour, les familles en déliquescence ou les couples en crise… Avec son écriture dynamique, son cynisme, son langage branché et ses chutes fracassantes, Jay MacInerney nous embarque dans la spirale effrénée de la Grande Pomme et c’est un vrai bonheur de lecture. DM

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Un hommage très doux, très tendre à la grand-ma-man disparue mais aussi un coup de gueule, un pamphlet à la bienséance ambiante par rapport à la mort et à la maladie. La médecine en prend un peu pour son grade ! A côté de cela Yves Mugny nous offre un portrait très vivant et émouvant de la grand-maman, nous décrit les lieux traversés, visi-tés, le parc des Cropettes… là où elle aimait par exemple se promener, s’asseoir et réfléchir. On sent d’emblée qu’elle a beaucoup donné à l’auteur et qu’il y était très attaché. Un livre bien revigorant donc qui est le deuxième de ce jeune auteur au verbe généreux. CD

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cote R MUGN

MUGNY, YvesMa terre douloureuseGrolley, Hèbe, 200099 p.

Le 7 août 1974, le Français Philippe Petit s’élance sur un câble tendu entre les tours jumelles de Manhattan. Quatre cents mètres plus bas, le re-gard des passants est suspendu à chacun de ses pas, à ce lien fragile où évolue cette marionnette improbable. Quelques-uns de ces passants seront les personnages de cette histoire et l’auteur va s’immiscer dans leur existence. Un prêtre irlandais aide les prostituées du Bronx et leur permet de se reposer chez lui entre deux passes. Un couple d’artistes branchés reviennent à New York qu’ils avaient quittée, lassés de leur vie futile et débridée. Gloria, une femme noire qui a perdu ses trois fils au Vietnam, rencontre une bourgeoise qui s’ennuie entre un mari absorbé par son travail et la terrible absence de son fils tué lui aussi à la guerre. Gloria

recueillera les filles d’une des prostituées qui sera tuée avec Corrigan le prêtre dans un accident de la route provoqué par le couple d’artistes. Dans l’enchevêtrement des faits, écrasés par l’air ambiant suffocant, les personnages déambulent dans l’effervescence de New York tentant de comprendre les méandres de leur existence devenue si banale de désespoir et de chagrin. Ce roman unique est un état des lieux, un tableau vivant des années soixante-dix, entre liberté des mœurs, contestation politique et désenchantement. Ceci en un seul jour, celui où un homme a marché sur un fil tendu entre les tours jumelles de Manhattan, méta-phore de l’avenir où tout peut s’écrouler soudainement pour chacun. MCM

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cote R MACC

McCANN, ColumEt que le vaste monde poursuive sa course folleParis, Belfond, 2009(Littérature étrangère)435 p.

Existe aussi en grands caractères

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Titre original anglais : Let the great world spin

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MITCHELL, DavidLe fond des forêtsParis, Olivier, 2009473 p.

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cote R MITC

Jason est un jeune Anglais de l’ère thatchérienne. Il a 13 ans, il est bègue, et es-saie désespérément de le cacher. Circonstance aggra-vante, il aime les forêts et la poésie. Il en écrit en cachette, car à l’école, il n’est pas à la fête. Ses persécuteurs le re-trouvent toujours. A la mai-son, la situation n’est pas tel-lement plus réjouissante  : sa sœur est partie à l’université, et ses parents se disputent sans arrêt de manière feutrée. Jason résiste à sa manière grâce à son imagination jus-qu’au jour où il n’en peut plus et ose se révolter con-tre son principal harceleur. Autobiographie ou roman ? qu’importe, l’auteur décrit magistralement les tour-ments de l’adolescence. FA

Titre original anglais :Black swan green

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Chien du heaume est une jeune femme mercenaire qui n’a que quelques sou-venirs de son père qui lui a appris le métier des armes et le maniement de sa lourde hache. A la re-cherche de son nom et de ses origines, elle se fait ap-peler Chien, car comme un chien elle accourt lorsqu’on l’appelle pour faire la seule chose qu’elle connaît : com-battre. Situé à l’époque du Haut Moyen-Âge, ce récit surprenant est à la frontière du roman historique, de la fantasy historique et de la saga… A vous de choisir. FG

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cote R NIOG

NIOGRET, JustineChien du heaumeParis, Mnémos, 2009 (Icares)216 p.

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Lorsqu’il apprend que le corps de Chuck Ram-kissoon a été retrouvé dans l’Hudson, sans doute assassiné, Hans entreprend de nous livrer ce qu’il sait de lui. Né aux Pays-Bas, parti ensuite à Londres où il rencontra sa femme Rachel, Hans s’installa en-suite, avec sa famille, à New York, comme analyste financier. L’essentiel de ce roman se situe dans les quelques mois qui suivirent les attentats du 11 sep-tembre. Hans vit désormais en solitaire, ayant aban-donné son loft, pour vivre au Chelsea hôtel, dans la douleur d’être séparé de sa femme et de son fils retournés en Angleterre. C’est par sa passion du cricket qu’il rencontrera Chuck qui est son opposé, un Cubain mystérieux, entreprenant, flambeur, sur-volté et beau parleur qui rêve de lancer le cricket à New York.Ces deux êtres semblent combler le vide et le traumatisme laissé béant par les attentats. Alors que le monde ne croit plus en rien, eux continuent d’espérer. L’écriture de Joseph O’Neill est fluide, spontanée, gérant parfaitement le récit. Il fait en effet arriver les souvenirs par flots désordonnés ce qui renforce encore ce témoignage sur l’amitié. PB

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cote R ONEI

O’NEILL, JosephNetherlandParis, Olivier, 2009296 p.

Marc-Antoine Muret (1536-1585) fut l’un des grands humanistes de la Renaissance. Il eut Montaigne comme élève, Ronsard comme ami. Erudit, biblio-phile, mais aussi grand amateur de musique, de bonne chère, de vin et de jeunes hommes, il ne pouvait que plaire à l’auteur, son presque double. Dans un style truculent et raffiné, il se met habile-ment dans la peau du jeune Muret parti de son Li-mousin natal pour aller étudier les lettres à Poitiers et à Bordeaux. Soucieux de développer son esprit, il n’oublie pas son corps qu’il sollicite constamment lors de beuveries ou de bacchanales. Enseignant ensuite à Paris, son charisme attirera de nombreux étudiants à ses cours et dans les bouges. Sa relation amoureuse avec Memmius, une orgie très bruyante

dans les catacombes, bref, trop de liberté revendiquée le conduira à la case prison. Ses relations l’aident à fuir à Toulouse puis à Venise où un drame terminera ce qu’il appelle sa « première vie » ; la deuxième sera marquée par honneurs et reconnaissance de l’Eglise de Rome si sensible à ce penchant qui aurait pu le conduire sur le bûcher à Paris. Paradoxe de l’époque ! RL

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cote R OBER

OBERLE, GérardMémoires de Marc-Antoine MuretParis, Grasset, 2009278 p.

Titre original anglais : Netherland

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Ce roman épistolaire à quatre mains mais une seule voix est une his-toire d’amour, une passion dévastatrice. Un homme et une femme, tous deux écrivains, décident de s’écrire des lettres. De cet échange, il ne reste plus que la voix de la femme, d’Emmanuelle Pagano. L’une des forces de ce livre réside justement dans l’absence de la seconde voix, le lecteur devinant les mots et les élans de l’homme. Ce manque, les silences, la frustration sont au centre de l’histoire d’amour, mais aussi de ce projet littéraire. Le livre qui se développe en trois parties - avant, pen-dant leurs rencontres charnelles et après une brève vie commune vouée à l’échec - est à fleur de peau, avec des pages déchirantes. L’écriture d’Emmanuelle Pagano est sensuelle, animale, directe et crue, comme la passion qu’elle vit. Malgré la rupture, il reste un poème aquatique magnifique. PB

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cote R PAGA

PAGANO, Emmanuelle L’absence d’oiseaux d’eau Paris, POL, 2010. 296 p.

En 1945, Gunnar Huttunen débarque dans un petit village du nord de la Finlande. L’homme, une force de la nature, rachète et répare le mou-lin désaffecté et propose ses services à la communauté qui accueille Gunnar avec un intérêt teinté de méfiance. On ne sait rien de ce grand bonhomme solitaire, on raconte que sa femme serait morte dans un incendie… Gunnar travaille dur, mais sait aussi se montrer drôle et char-meur et séduit l’appétissante conseillère agricole Selma R. Seule ombre au tableau : pour évacuer ses tensions le meunier hurle la nuit, ce qui finit par terroriser les villageois. Ceux-ci le déclarent fou et finissent par le faire interner. L’amour de la belle conseillère agricole et l’amitié du postier parviendront-ils à le sauver ? Humour noir, situations cocasses et absurdes, portrait grinçant d’une société qui rejette ceux qui sont différents, Le meunier hurlant est un livre formidable où la nature reste le seul refuge des humains qui ne peuvent se couler dans le moule. CLR

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cote R PAAS

PAASILINNA, Arto Le meunier hurlant Paris, Denoël, 1991. 250 p.

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Eddie Whitt poursuit de toutes ses forces le salopard qui a tué sa fille, première d’une longue liste de victimes, et que la presse a surnommé Killjoy. Cet assassin, non content de tuer des enfants, a tout d’un coup changé son mode opératoire en enlevant des enfants maltraités pour les ramener aux familles de ses victimes, prolongeant ainsi leurs souf-frances car ils ne peuvent les garder avec eux et doivent en endurer la perte à nouveau. Eddie, que Killjoy manipule notamment en lui écrivant des lettres et en lui téléphonant, s’est musclé, initié aux arts martiaux et formé à l’utilisation des armes à feu, et il a juré la perte de Killjoy pour venger tous ces enfants massacrés, sa femme tombée dans la folie et son bonheur à jamais perdu. FG

PICCIRILLI, Tom La rédemption du marchand de sable Paris, Denoël, 2009 (Lunes d’encre). 336 p.

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cote R PICC

Au début du 18ème siècle, guerres et obscurantisme font rage dans une bonne partie de l’Europe. En Silésie, tout près de la frontière polonaise, un jeune officier suédois, Christian von Tornfeld, déserteur des armées du roi Christian X et un brigand sans nom échangent leurs identités… Le jeune von Tornfeld subira un destin terrible tandis que le voleur devenu le Cavalier suédois vivra une existence riche et belle où même l’amour sera au rendez-vous. Mais peut-on vivre la vie d’un autre sans remords et sans châtiment ? Le Cavalier suédois sera-t-il un jour démasqué ? Fan-tômes, anges et démons tiennent aussi une part importante dans ce roman riche et foisonnant, à la fois récit d’aventures, roman historique et fresque picaresque. Un chef d’œuvre sombre et bouleversant porté par une écriture flamboyante qui tient le suspense jusqu’au bout. CLR

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cote R PERU

PERUTZ, Leo Le cavalier suédois Paris, Phébus, 1999 (Libretto ; 32). 274 p.

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RADGE, Anne BirkefeldtLa terre des mensongesParis, Balland, 2009370 p.

CIT EVI JON PAQ STA

cote R RADG

PROULX, Annie Nœuds et dénouement Paris, Grasset, 2005 (Les cahiers rouges) 466 p.

CIT EVI JON MIN PAQ SER STA

cote R PROU

En dépit du secret très lourd qui pèse sur la famille d’Anna, j’ai trouvé ce roman fort jubila-toire, et au final pas du tout déprimant. Anna, la mère, se meurt. Le père est sans réaction, comme absent, dans la maison abandonnée à la crasse. Tor, l’éleveur de cochons, est le seul des trois frères à avoir du chagrin : il est même complètement désemparé. Son frère aîné, Margido, croque-mort de son état, prend les choses avec une relative philosophie. Quant au cadet Erlend, il n’a plus vraiment donné signe de vie depuis qu’il a quitté la maison pour le Danemark. Il vit sa vie de décorateur mondain, en couple, ô horreur absolue pour

Tor, avec un autre homme. Quoiqu’il en soit, les trois frères vont se retrouver au chevet de leur mère mourante, accompagnés de Torunn, la fille de l’éleveur de cochons. Cette dernière, ce sont plutôt les chiens qui la branchent ; elle n’a pratiquement pas connu son père et n’a jamais rencontré sa grand-mère. La rencontre avec l’oncle Erlend, homosexuel assumé, se passe bien, et tous deux décident contre toute attente d’habiter quelque temps la maison familiale…FA

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cote 770.9 RON

RONIS, WillyCe jour-làParis, Mercure de France, 2006 (Traits et Portraits)176 p.

Décédé en septembre 2009 à l’âge de 99 ans, Willy Ronis aura traversé le temps, son appa-reil photo à la main, pour livrer de sublimes clichés. Avec Robert Doisneau et Edouard Boubat, il est considéré comme l’un des pho-tographes majeurs de l’école française, de cette école qui a été qualifiée de photogra-phie humaniste. Dans cet ouvrage, le lecteur découvre non seulement ses talents de pho-tographe, mais aussi ceux de conteur. A partir d’une cinquantaine de photos, il dresse son autobiographie. On le suit dans ses voyages, ses rencontres, ses virées à Paris, au bord de la Marne ou lors de ses reportages sur le monde ouvrier. Tout en dressant le portrait de la France, il explique sa technique, les rencontres qui ont jailli ou les témoignages de personnes qui se sont reconnues sur ses photographies. Magnifique et touchant à la fois. PB

Port-Crachin, un nom de village de Terre-Neuve qui sent la mer, les embruns, la grisaille. C’est là que Quoyle vient s’installer avec ses deux petites filles et sa tante. Il a quitté New York après la mort accidentelle de sa femme qu’il chérissait malgré ses continuelles infidélités. Prêt à tout recommencer sur la terre de ses ancêtres, il trouve un job à l’Eider Cancaneur, le journal local. Même s’il ne connaît rien au monde des marins (« ça sera marrant » dit son patron), il doit écrire « Les chroniques du port », des reportages hebdomadaires sur des bateaux qui mouillent dans le coin. Annie Proulx décrit avec efficacité les paysages, les caractères de ces pêcheurs de phoques et de morues, toute la rugosité de l’île. Quoyle l’étranger pourra-t-il s’intégrer chez ces gens d’apparence austère ? Repartira-t-il comme le font même ceux qui sont nés là-bas ? Un prix Pulitzer en 1994 pour ce roman qui malgré les années, n’a pas une avarie. RL

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Lorsque Rose décide d’inviter sa sœur, son mari, son neveu ainsi que son beau-frère et une excentrique lady pour le week-end de Pâques, elle pense tout simplement distraire son mari Walter. La vie de ce couple d’âge mur est sans surprises, sans cahots, sans passion pourrait-on même ajouter. Au fil des pages, on comprend que Walter et Rose ont conclu un pacte de compagnonnage, de res-pect mutuel, Walter n’ayant jamais accepté de relations plus intimes… Ce week-end-là, pour la première fois, Rose a besoin de par-ler de sa frustration. C’est au frère de Walter qu’elle se confie. Il décide alors de bousculer

Walter, de lui faire perdre son self-control, son flegme britannique. Pour cela, il va aller gratter ses deux points faibles : son chien qu’il adore et sa belle demeure de famille où il se sent si bien, au calme, préservé des bruits de la société. Vita Sackville-West (1892-1962) réussit à nous cap-tiver dans ce court roman écrit dans les années 50. L’auteure décrit ici une aristocratie anglaise qu’elle connaît bien et qu’elle aussi a pris plaisir à choquer… RL

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cote R SACK

SACKVILLE-WEST, VitaPlus jamais d’invités !Paris, Autrement, 2007 (Littératures)164 p.

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cote 848.03 SAG

SAGAN, Françoise Toxique Paris, Stock, 2009 96 p.

Existe aussi en grands caractères

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SACKVILLE-WEST, VitaToute passion abolieParis, Autrement, 2005 (Littératures)157 p.

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cote R SACK

Lady Slane a 88 ans quand son mari décède. Leurs six enfants accompagnés de leurs époux et épouses se recueillent auprès de ce père qui fut surtout premier ministre d’Angle-terre et vice-roi des Indes. Discrètement, les enfants discutent de l’avenir de leur « pauvre mère », « si merveilleuse », « si digne ». A tour de rôle ils la prendront chez eux, vendront la maison et lui demanderont une petite parti-cipation financière, pour la peine... Des plans qu’elle refuse car elle veut habiter seule avec sa vieille dame de compagnie dans une mai-son repérée il y a bien 30 ans. Pour la pre-mière fois de sa vie lady Slane s’affirme, elle qui n’a fait que suivre son mari, obéir aux convenances et renoncer à ses rêves. Les enfants sont choqués : « Le grand âge a irrémédiablement affecté sa lucidité ». Dans ladite maison où elle s’installe, elle se lie d’amitié avec trois messieurs de son âge et coupe les ponts avec sa famille. Auprès de ses nouveaux amis, elle constate que ses opinions intéressent, qu’elle n’est plus seu-lement décorative. Elle devient une femme avec un cœur et un esprit ; il n’est jamais trop tard. « Son meilleur roman » dira Virginia Woolf, l’amie intime de son auteure. RL

Toxique est un court journal de désintoxication. Agée de 22 ans, Françoise Sagan doit, après un accident de voiture qui l’a obligée à prendre un succédané de morphine, faire un séjour dans un hôpital spécialisé pour se soigner. Jour après jour, elle note ses impressions, observe, analyse et décrypte son état physique et psychologique. La solitude semble la rendre folle, mais elle par-vient à trouver un salut dans les textes qu’elle lit, de Céline, Rimbaud ou Proust.Toxique est aussi une alliance réussie entre les mots et les dessins à l’encre de Chine de Bernard Buffet, les deux se complétant pour offrir un portrait cru, sans concessions. Montrant une femme qui doute, qui a peur de la maladie, de la déchéance, de la fuite du temps. PB

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José SARAMAGO1922 - 2010

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Le jour de sa sortie de prison, Jörg, un ancien terroriste. est amené par sa sœur dans une maison à la campagne où l’attendent certains de ses anciens amis. Eux sont maintenant intégrés dans la société jadis haïe et violemment combattue. Le dialogue tente de se renouer, mais jalousies, soupçons de trahison, souvenirs amers émaillent ce week-end de retrouvailles. Et d’ailleurs, qui l’a « donné » aux autorités ? Après vingt ans d’incarcération, devra-t-il continuer le combat, ainsi que le lui demande un de ses amis. Jörg tente de fuir le présent, il se détourne des questions par trop insidieuses sur le passé et ne peut imaginer l’avenir. D’ailleurs l’ancien terroriste ne peut leur avouer qu’il est gravement malade et condamné. Qu’est-ce qu’une vie ? Schlink tisse très adroitement dans ce livre les thèmes du retour à la liberté, de la rédemption impossible et des inévitables contradictions entre ceux qui sont choisi de se replacer dans la société et celui qui a dû payer et ne trouvera plus jamais sa place nulle part. MCM

SCHLINK, Bernhard Le week-end Paris, Gallimard, 2008 (Du monde entier). 217 p.

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cote R SCHL

José Saramago, le grand auteur portugais nobélisé, réussit à nous embarquer dans une aventure extraordinaire. Embarquer, c’est bien le mot puisqu’au début du livre la Péninsule ibérique va se détacher de l’Europe et entreprendre une glissade vers le Sud. Les Pyrénées se fissurent, se divisent, créant un canyon, d’abord de quelques mètres, puis au fil des jours, de plusieurs kilomètres. La Péninsule vogue vers les Açores. On risque la collision. La population des côtes portugaises et espagnoles s’en va vers l’intérieur, les touristes quittent le pays, les géologues et autres spécialistes n’y comprennent rien. Cette catastrophe quasi surnaturelle permet aussi à cinq personnages atypiques et un chien de se rencontrer afin de cheminer un bout de vie ensemble. Cette parabole aux multiples interprétations (l’anti-européanisme de l’auteur, la frilosités du gouver-nement portugais, les conflits Nord-Sud, les USA « sauveurs » du monde, mais aussi les « hasards » des rencontres, les changements…) est fascinante. Le style baroque, si particulier à Saramago, son humour, son acuité, tout est mis en œuvre pour nous donner à lire un roman décapant et tonifiant. Un régal ! RL

SARAMAGO, José Le radeau de pierre Paris, Seuil, 1990. 312 p.

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cote R SARA

Titre original allemand : Das Wochenende

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Titre original portugais : A jangada de pedra

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Shepard est un écrivain difficilement identi-fiable. Bien que la couverture de ce recueil se réfère à la science-fiction, seule une des cinq nouvelles relève vraiment du genre. Ber-nacle Bill le spatial est en butte aux persécu-tions. Il faut dire que la Terre est abandonnée à ceux qui n’ont pas eu la chance de la quitter. Sur la colonie extra-terrestre, la sélection est féroce et il n’y pas de place pour un simple d’esprit comme Bill, même s’il comprend les bernacles, ces drôles de coquillages que les autres ne veulent pas voir. Les autres textes mettent en scène d’étonnants zombies joueurs de poker, des femmes fatales dignes d’un bon « hard-boiled », des directeurs de cirque. L’imagination de l’auteur est sans limite et questionne les apparences ; où est la réalité, où est la mort, où est la vie ? L’écrivain baroudeur, qui a même couvert comme journaliste la guerre du Salvador a l’art d’abolir les frontières de toutes sortes. On ressort de ce livre un peu meurtri, mais aussi ébloui par les étoiles de tous ses singuliers univers. FA

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cote R SHEP

SHEPARD, LuciusSous des cieux étrangersSaint-Mammès, Bélial’, 2010471 p.

Epris de liberté et de grands espaces, Roger quitte la vie monastique et fait ses premiers pas de colporteur. Gourdin en main et balluchon sur l’épaule, il s’en va en direction de Londres qu’il a si longtemps rêvée. A Bristol, il fait connaissance de l’échevin Weaver dont le fils, porteur d’une grosse somme d’argent, s’est mystérieusement évaporé dans un quartier de la capitale, à proximité d’une auberge. Roger est prié d’éclaircir ce mystère… Commence pour lui une longue carrière d’enquêteur… Roger est un jeune homme fort sympathique qu’on a plaisir à suivre dans ses pérégrina-tions. Il nous emmène dans la société anglaise

du XVe siècle, bien mise à mal par la guerre des Deux-roses. Avec lui, on côtoie aussi bien les petites gens des arrière-cuisines que les bourgeois et les aristocrates. Voici le premier épisode, fort distrayant et dépaysant, d’une longue série d’enquêtes menées par ce cher Roger. FB

CIT JON PAQ

cote R SEDL

SEDLEY, KateLe colporteur et la mortParis, 10/18, 1998(10/18 ; 2921. Grands détectives)283 p.

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Sedaris fait souffler un vent de fraîcheur et de rire sur nos rayons remplis d’histoire plus désespérées les unes que les autres. Armé de son carnet de notes, il croque les situa-tions cocasses auxquelles il est amené à assister et, croyez-moi, même les plus banales deviennent des événements sous les yeux de Sedaris qui savent voir partout le comique et l’extraordinaire. Les des-criptions de la famille sont de grands moments de bonheur : il y a David, ses quatre sœurs et le petit dernier, Paul, qui deviendra aussi bourru que David est délicat. Chacune de ces nouvelles est un plaisir à s’offrir, alors pourquoi se pri-ver ? DM

BUS CIT JON PAQ SER

cote R SEDA

SEDARIS, DavidHabillés pour l’hiverParis, Plon, 2006227 p.

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En 1907 le jeune aventurier Rupert Sent Leger hérite de son oncle une immense fortune. Mais le testament pose une condition à la jouissance de cet héritage : le jeune Rupert doit passer une année au château de Vis-sarion, situé dans le pays des mon-tagnes bleues au cœur des Balkans, dans une région menacée par les invasions turques. Le jeune homme accepte et tombe rapidement sous le charme de cette région mystérieuse et sauvage. Une nuit de pleine lune Rupert voit une jeune femme très pâle vêtue d’un linceul détrempé errer sur sa terrasse. Le jeune homme recueille l’inconnue sans savoir si elle appartient au monde des vivants ou des morts. Au petit matin la visiteuse s’enfuit sans un mot d’explication. Dès lors le jeune homme guettera chaque nuit le retour de l’inconnue au linceul… Comme Dracula, le chef d’œuvre de Stoker, La dame au lin-ceul  est un roman épistolaire. Moins abouti que les aventures du célèbre vampire ce récit vaut quand même le détour pour l’ambiance gothique et son histoire d’amour aussi étrange qu’inquiétante. CLR

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cote R STOK

STOKER, BramLa dame au linceulArles, Actes sud, 1996 (Babel ;181)192 p.

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Dans la campagne de l’Alentejo, un homme est assoupi. Gagné par une hallucination, il se retrouve aux heures de midi, en pleine chaleur, dans un jardin de Lisbonne. Un drogué l’accoste pour lui demander de l’argent, puis arrive le Boîteux de Loterie sorti du Livre de l’intranquillité de Pessoa, son auteur favori, un fantôme qu’il croisera égale-ment plus tard dans le récit. Suivent un chauffeur de taxi paumé, un contrôleur de train amateur de mots croisés, le père de l’auteur âgé de 20 ans, un barman spécialiste de cocktails frustré de ne ser-vir que des limonades, un peintre fanatique des tableaux de Bosch, un défilé de personnages morts ou vivants qui vont nous mener d’un coin à l’autre de la ville. Tabucchi a écrit ce livre suite à un rêve où son père décédé revient pour converser avec lui en portugais. Ce Requiem ne pouvait être écrit qu’en portugais, une langue « d’affection et de réflexion » dira l’auteur dans sa préface. RL

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cote R TABU

TABUCCHI, AntonioRequiem : une hallucinationParis, 10/18, 1994(10/18 ; 2467. Domaine étranger)121 p.

Coincé dans sa maison en fauteuil roulant, Lyman Ward décide d’écrire l’histoire de sa grand-mère à partir des lettres qu’elle a écrites, de divers autres témoignages et, bien sûr, de son imagination. Su-san Burling est une jeune amatrice d’art et de litté-rature née dans l’Est des Etats-Unis où elle évolue, charmante et sociable dans une société cultivée. Rien ne la prédisposait donc à tomber amoureuse d’Oliver Ward, un ingénieur aventurier et toujours en avance sur son temps, avec qui elle va partir vivre à la rude dans l’Ouest, dans une des mines les plus prometteuses du pays. Entre recherches de fonds, conflits sociaux et tentatives échouées, l’Ouest sau-vage se conquiert, mais ne se rend pas facilement. Susan, la délicate, est entourée de rustres et doit

constamment déménager au gré des emplois de son mari. Ils iront d’échec en désillusion, finissant par vivre côte à côte en dépit de l’amour qui s’en va. Les meilleurs amis de Susan, eux, restés dans l’Est, connaîtront une éclatante réussite et fréquenteront les grands de ce monde. Ce magnifique gros roman nous raconte combien la flamboyante réussite collective de l’Amérique a laissé d’idéalismes personnels en route, piétinés par l’ambition d’hommes qui ne reculent devant rien pour assouvir leur soif de richesse et de gloire. DM

CIT STA

cote R STEG

STEGNER, WallaceAngle d’équilibreParis, Phébus, 2000 (D’aujourd’hui étranger)714 p.

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«  Il est deux heures de l’après-midi et nous sommes le 16 décembre. Nous ne reverrons pas la lumière du jour avant Noël et encore… ce ne sera qu’une faible lueur. Kate a raison. Autant regarder la vérité en face  : nous ne sommes qu’une bande d’alcooliques dépri-més qui se gèlent dans une nuit sans fin. Le Kaamos est dur à supporter pour tout le monde. Je comprends donc sa vulnérabilité et son angoisse à se retrouver enceinte dans ce pays. ».D’entrée de jeu, le ton de ce polar est donné, digne des Mankell ou Arnaldur Indridason, sauf que cette fois, c’est un Amé-ricain qui s’essaie au genre et nous emmène

dans une Finlande bien glauque. L’inspecteur Vaara, marié à une Américaine, doit élucider le meurtre d’une jeune actrice noire qui semble-t-il avait une liaison avec le mari de son ex-femme. Une de ses angoisses serait de tomber en plus sur un crime raciste. Bref, alcool ou pas, voici un roman noir à déguster sans modération. FA

BUS CIT EVI JON PAQ STA

cote R THOM

THOMPSON, JamesLa nuit glaciale du KaamosParis, Balland, 2009(Policier)316 p.

Dans une banlieue tranquille de Suisse alle-mande, un jeune homme de 22 ans essaie tant bien que mal d’apprendre l’allemand, une langue d’abord hermétique pour lui, le réfugié timide fuyant un pays de l’Est encore sous le joug russe. Mais Martha, son profes-seur privé, lui fera faire d’énormes progrès. Entre la mère de famille et l’étudiant s’éta-blissent des relations particulières dépassant celles d’enseignant à élève… jusqu’à l’envol de celui-ci vers un autre ailleurs. A nouveau, Alain Claude Sulzer traite le thème de l’aban-don dans ce roman. Et comme dans Un gar-çon parfait, on est rapidement imprégné dans une ambiance feutrée où les brisures de l’âme se jouent en sourdine. FB

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cote R SULZ

SULZER, Alain ClaudeLeçons particulièresParis, Chambon, 2009253 p.

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A deux époques différentes, deux frères sèment la zizanie en Australie. Le premier, voulant se venger d’une escroquerie de pots de vins dans le milieu sportif, tue à tout-va. Le second emmènera le pays entier dans une incroyable histoire, où chaque Australien doit devenir millionnaire grâce à une loterie. Jas-per, son fils et narrateur, a dû vivre et subir patiemment les multiples embrouilles et élu-cubrations de son paternel, qui se veut et se proclame «  philosophe dans une impasse  » et qui l’embarquera dans une vie délirante entre coups fumeux et replis hors du monde. Immense roman baroque (presque cinq cents pages), puissance du style et force de l’évocation servent l’incroyable histoire de cette famille hors normes et font de ce roman jubilatoire un pur bonheur de lecture : on en redemande. MCM

BUS CIT EVI JON

cote R TOLT

TOLTZ, SteveUne partie du toutParis, Belfond, 2009(Littérature étrangère)496 p.

Voici un premier roman fort réussi. Il s’agit du récit très autobiographique d’une jeune femme canadienne d’origine vietnamienne. Dans son enfance, la narratrice a tout vécu : la richesse et l’éducation propres à un milieu privilégié puis, après une période de transi-tion où il a fallu partager ses biens avec l’oc-cupant communiste, l’exil dans un camp de réfugiés surpeuplé en Malaisie. Là, la promis-cuité, le manque d’hygiène, en deux mots la misère est le lot quotidien de ces «nouveaux pauvres». Heureusement, le Canada accueille la famille à bras ouverts. Ru, ce sont de petites

anecdotes du quotidien qui surgissent de la mémoire, des petites histoires ou réflexions nées de la vie au Vietnam, en Malaisie, au Canada. Jamais d’attendrissement dans ces lignes mais une force de vie qui transperce le récit de part en part. Beau témoignage sur l’immigration et la reconstruction de soi. FB

BUS EVI JON MIN PAQ

cote R THUY

THUY, KimRuParis, Liana Levi, 2009143 p.

Titre original anglais : A fraction of the wholeBUS JON

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TINTI, Hannah Le bon larron Paris, Gallimard, 2009 (Du monde entier) 375 p.

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cote R TINT

Salvador est balayeur dans un grand aéro-port. Proche de la retraite, grand observateur, tel Shéhérazade, il raconte des histoires à qui veut l’entendre. Parfois, un récit s’inter-rompt car il faut embarquer… ou balayer  ; il le reprendra plus tard avec la même (ou une autre) personne. Ainsi on apprend comment Eduardo partira au Népal refaire sa vie d’une manière très spéciale, comment Roberto, an-cien serveur à la cafétéria, réussira à séduire sa collègue Rosalia qui croit aimer quelqu’un d’autre. Il y a aussi la voyageuse amnésique, le poète mort dans l’aéroport et l’homme angoissé qui ne veut plus sortir des WC. Le

petit balayeur qui n’a jamais voyagé connaît très bien les pays jusqu’à révéler à un homme en partance pour Tokyo que « Le Japon n’existe pas », que c’est une opération marketing. Beau-coup d’humour et d’originalité et au final, un premier roman qui ne manque pas de piquant. Il a obtenu le prix Las Dos Orillas qui consiste à une publication simultanée en Italie, Grèce, Espagne (origine de l’auteur), Portugal et France. RL

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cote R TORR

TORRES-BLANDINA, AlbertoLe Japon n’existe pasParis, Métailié, 2009(Bibliothèque hispanique)158 p.

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Roman d’aventures, voici un livre surprenant de l’Américaine Hannah Tinti. Plongés en plein 19e siècle en Nouvelle Angleterre, où l’orphelin Ren attend sans illusions d’être adopté, nous sui-vons notre héros dans un ballet d’évènements rocambolesques et inquiétants. Il faut dire que le garçon n’est pas vraiment l’ange dont rêvent tous les parents en mal d’enfant : il a dépassé les douze ans, il est manchot, un peu voleur, pas mal hâbleur. Mais voici qu’un homme, Benjamin Nab, prétend être son frère et l’embrigade sans tarder dans ses entreprises de marlou : vente d’élixirs (à base d’eau  !), tromperies diverses, se rendre dans les cimetières à la brune pour dépouiller les morts quand ce n’est pas dérober les cadavres qu’on sort nuitamment. Entouré de ces personnages de cour des miracles, Ren l’orphelin va forger sa volonté, forcer son destin jusqu’à découvrir ses origines, et toujours avec un cœur gros comme ça, malgré les trahisons et défaillances de ses abominables compagnons. MCM

BUS CIT EVI PAQ STA

cote 891.85 TUS

«  L’homme que j’aime et avec qui je devais vieillir est mortellement malade. Le verdict est sans équivoque. Il n’y a pas eu de signes avant-coureurs. Dans un mouvement de dé-fense, nous parlons d’amour. Nous allons nous battre, nous serons ensemble. Nous n’allons pas capituler»  : ainsi commence le livre. Ce glioblastome multiforme, la plus féroce des tumeurs au cerveau, fait bifurquer deux vies jusque-là parallèles, quasi fusionnelles. L’une prend le chemin de la mort, c’est sans appel, c’est juste une question de temps, l’autre celui de la perte. « C’est la dernière fois que nous, …qu’il, …que je... », ces moments où on se dit que jamais plus ce ne sera comme avant, c’est ce que l’auteure appelle les « exercices de la perte ». Au fil de la maladie, elle apprend à perdre, en passant par le refus, la colère, la tristesse, jusqu’au jour de la perte finale : la mort de son mari. Un livre choc qui secoue nos peurs avec pudeur et talent. RL

TUSZYNSKA, AgataExercices de la perteParis, Grasset, 2009. 313 p.

(Dans cette brochure lire aussi le résumé de L’année de la pensée magique de J. Didion sur le même sujet)

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EVI

cote R WATS

WATSON, Brad Le paradis perdu de Mercury Paris, Librairie générale française, 2007 (Le livre de poche ; 30766) 441 p.

Ils se sont entraperçus enfants et ne se sont jamais oubliés. La vie les fait se recroiser à plusieurs reprises. La septième fois sera-t-elle la bonne? Ce qui pourrait être une histoire assez mièvre devient chez Herbjorg Wassmo l’exploration du cheminement de jeunes adultes aux prises avec la pesanteur familiale dans le milieu assez fermé du grand nord de la Norvège. Gorm est un petit garçon solitaire qui ne voit presque jamais son père et que sa mère ne veut pas laisser grandir. Rut est une petite fille tout aussi solitaire qui se sent cou-pable du retard mental de son frère jumeau, et qui a pour père un prédicateur qu’elle

n’appelle jamais papa. Chacun tente d’échapper à sa condition: le garçon prend la mer avant de revenir dans le giron familial; la fille quitte son île pour devenir institutrice, puis « entre » en peinture. Tout l’art de l’auteur est dans la description du parcours rude, tragique, et pourtant jamais désespéré de Rut. FA

CIT EVI PAQ

cote R WASS

WASSMO, HerbjørgLa septième rencontreParis, 10/18, 2009(10/18 ; 4248. Domaine étranger)569 p.

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WHITE, EdmundCity boy : chronique new-yorkaiseParis, Plon, 2010(Feux croisés)326 p.

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cote 828.03 WHI

« A New York, dans les années soixante-dix, tout le monde dormait jusqu’à midi. C’était une ville crasseuse, dangereuse, en faillite, la plupart du temps sans services municipaux (…) Nous, les gays, portions un sifflet en sau-toir pour appeler les autres à la rescousse quand l’un d’entre nous était attaqué dans la rue par les bandes des cités, entre Greenwich Village et les bars cuirs du West Side. » C’est dans ce décor que le jeune Edmund White fait ses débuts d’écrivain et croise les artistes de l’époque tels que Susan Sontag, Nabokov, Jasper Jones, Peggy Guggenheim… Le mi-lieu gay est encore discret et les émeutes de Stonewall en juin 1969 marquent un tournant dans cette communauté : les homos s’organisent, s’affirment, revendiquent. Edmund White relate avec une énergie et une franchise extraordinaire ses années de bohème à la recherche d’un éditeur, son besoin insatiable de sexe dans un New York aussi bouillonnant que chaotique qui devient au fil du récit le personnage principal de ce livre, formidablement bien écrit, témoignage d’une époque et d’une ville ou tout était encore possible... « Rien ne dure à New York, mais la vie qui s’y vit ne pourrait être plus intense. » CLR

Mercury, petite ville du Mississippi est le cadre de ce beau roman et l’amour qu’éprouve Finus pour Birdie en est le fil. Encore enfant, il l’a aperçue faisant la roue près d’une rivière et il s’est dit qu’elle serait pour toujours son étoile, son paradis. L’image de cette fillette nue et libre vire-voltant dans l’air ne le quittera plus et tout au long du vingtième siècle, nous suivons la vie de ces personnages, de leur famille, de la communauté où blancs et noirs ne se côtoient pas, ne se voient pas. Après une carrière de journaliste, Finus anime chaque matin une émission de radio pendant laquelle il parle à ses concitoyens et leur apprend les dernières nouvelles, les potins et de plus en plus souvent les avis de décès de ses amis et connaissances. Et de se souvenir de chacun, des belles histoires, des inimitiés personnelles et des trahisons, des beaux souvenirs aussi. Toute une vie, c’est si long, et toutes ces paroles prononcées, ces actes qu’on regrette, ces idées fixes, ces instants de grâce, voilà tout ce que nous trouvons dans ce magnifique roman tout en douceur ; nous sommes avec Finus, Birdie, Earl, Creasie et Parnell et à notre tour, nous les apercevons, bougeant devant nous, liés les uns aux autres et faisant la roue. MCM

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Emmanuelle est la mère comblée de trois charmants bambins. Trop comblée peut-être car entre son mari, ses enfants, le ménage et son emploi, elle n’a plus une minute à elle. Un jour, elle décide de faire l’école buissonnière et s’annonce malade au travail. Pour une fois, elle pourra flâner à sa guise et faire le point sur sa vie, aidée par sa lecture du moment, l’histoire de Lila, une photographe fonceuse et passion-née. Valérie Zanetti, dont le roman précédent, En retard pour la guerre a été porté à l’écran sous le titre Ultimatum, brosse ici alternativement le portrait de Lila et d’Emmanuelle avec au final un récit d’une grande finesse et d’une originalité certaine grâce à sa forme de roman dans le roman. FB

ZENATTI, Valérie Les âmes sœurs Paris, Olivier, 2010. 171 p.

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cote R ZENA

Alors que les proches, amis et voisins défilent dans la maison de sa grand-mère pour rendre un dernier hommage à cette femme respec-tée, la narratrice en profite pour se réfugier dans le boudoir où elle retrouve lettres et témoignages d’une vie totalement inconnue d’elle. D’une grand-mère toute en sérénité, veuve depuis ses 30 ans, la nar-ratrice met en lumière une femme différente de tout ce qu’elle croyait savoir. Lors d’une conversation sous une tonnelle avec l’un des visiteurs, elle découvre ainsi que sa grand-mère a aussi été une femme ardente ayant vécu durant de longues années une histoire d’amour secrète et passionnée. Au travers de ce roman et de la richesse de sa prose, c’est aussi toute l’histoire récente du Liban qui se déroule en filigrane et, en particulier, celle de Beyrouth. JM

BUS EVI JON PAQ STA

cote R YARE

YARED SCHOUCAIR, Hyam Sous la tonnelle Paris, Wespieser, 2009. 277 p.

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Hyam YARED SCHOUCAIR

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ZERMATI, Jean-Philippe Maigrir sans régime Paris, Jacob, 2002. 416 p.

CIT JON SER

cote 613.2 ZER

Jean-Philippe Zermati, nutritionniste et psychologue, part en guerre contre les régimes et leur ribambelle d’effets néfastes (effet yoyo, com-pulsions, culpabilité, perte de repères, etc.). Il montre très bien le pro-cessus qui mène les personnes suivant un régime à ne plus tenir compte de leurs sensations alimentaires et à avoir une attitude artificielle face à la nourriture. Or, selon lui, le secret d’une relation saine à la nourriture est là : réapprendre à écouter des sensations aussi basiques que la faim, la satiété et l’envie pour parvenir à se réguler et à atteindre son poids de forme. Un ouvrage libérateur, excellent accompagnement lorsque l’on fait justement un régime car il permet de prendre la distance voulue avec celui-ci et ainsi se préparer à gérer sainement son alimentation au quotidien. JM

ZSCHOKKE, Matthias Maurice à la poule Carouge, Zoé, 2009. 258 p.Matthias Zschokke jubile (ainsi que son éditrice !) depuis que Maurice à la poule a obtenu le prix Femina étranger 2009, un coup de pouce bien-venu dans sa carrière discrète. Bernois d’origine, il habite Berlin depuis 30 ans. Cette ville est la toile de fond de ce roman, mais pas le Berlin fré-missant, branché, celui du quartier Nord où le narrateur travaille (et rêvasse) et passe une bonne partie de son temps ; une banlieue où arrivent les gens de l’Est et qu’on dit « sensible ». C’est par petites touches que l’auteur nous peint la vie de Maurice, cet homme sans passion, paresseux, paradoxal, qui n’aime pas rencontrer ses amis car il dit que rien de sa vie ne vaut la peine d’être raconté. Il aime s’enfoncer dans son fauteuil et regarder dans le vide en écoutant le gémissement du violoncelle derrière la paroi. Il vou-drait tellement trouver le musicien mais les immeubles sont barricadés, personne ne peut rentrer, on se protège de « l’autre » potentiellement dangereux. D’une pensée à l’autre, de petit rien en petit rien, Matthias Zschokke étonne et envoûte avec cette histoire d’homme-poule sorti tout droit du tableau d’Anker. RL

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cote R ZSCHTitre original allemand : Maurice mit Huhn

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Bandesdessinees

*La cote des BD étant variable d’un site à l’autre, nous ne l’avons pas mentionnée. Vous pouvez vous renseigner auprès de votre bibliothèque.

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A Beausonge, dans les Ardennes, Silence, jeune homme muet et simple d’esprit, travaille et vit dans la ferme d’Abel Mauvy, un paysan dur et cruel. Silence le simple ignore la haine et malgré les mauvais traitements que son maître lui inflige, son cœur et son esprit restent purs. Un jour Silence ouvre une porte interdite et découvre un théâtre abandonné et une carte postale de la mer. Grâce à «  la Sorcière » et sa magie le jeune homme va apprendre le secret de ses origines… Cette histoire poignante qui mêle la magie et le fantastique est admirablement servie par un dessin noir et blanc très contrasté. Paru en 1980, ce récit récom-pensé à l’époque par de nombreux prix, est à (re)lire absolument ! CLR

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COMES, Didier Silence Paris, Casterman, 1980 (Les romans A suivre)

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Zeina Abirached est une jeune illustratrice libanaise de talent qui retrace son enfance passée à Beyrouth, alors déchirée par la guerre. Avec ten-dresse et humour, elle croque ainsi les portraits de ses voisins de palier, de sa maison avec son entrée transformée en refuge en cas de bom-bardements ou de ses jeux avec son petit frère. Si dehors la guerre fait rage, si les conditions de vie sont de plus en plus difficiles, si la peur est omniprésente, Zeina nous montre au contraire son univers d’enfant, rassurant et chaleureux. Un pied-de-nez à l’horreur au travers de cette galerie de petits détails comiques servis par un dessin noir-blanc franc et sobre. JM

ABIRACHED, Zeina Je me souviens : Beyrouth Paris, Cambourakis, 2008

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CHABOUTE, Christophe Fables amères : de tout petits riens Grenoble, Vents d’ouest, 2010De toutes petites tranches de vie où se mêlent les « petits » travers de tous les jours  : égoïsme, racisme, méchanceté, etc. Chabouté croque avec son dessin noir-blanc des petites scènes sans jamais juger, avec beaucoup de sobriété, ce qui ne fait que renforcer les sentiments qu’il dépeint. Très vite lue, cette petite bande dessinée donne à réfléchir sur sa propre attitude dans les « tout petits riens » de tous les jours. FG

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En 1913, le bateau La Marie-Jeanne part en mer pour pêcher la morue au large de Terre-Neuve. Pendant cette saison de pêche, les marins – aux gueules parfaitement dessinées par Chabouté – sont prisonniers sur ce bateau à bord duquel règne une atmosphère virile, imbibée d’alcool, de plus en plus électrique à mesure que les mois passent. Il y a la mer à perte de vue et une brume à couper au couteau qui empêche trop souvent de voir ce qui se passe réellement. Une ambiance silencieuse, presque irréelle. C’est alors qu’un des membres de l’équipage, le se-cond, est retrouvé mort, poignardé. Chabouté poursuit sa réflexion sur le thème de la solitude et réussit un véritable thriller avec ce huis-clos angoissant, en grande partie grâce à son dessin en noir et blanc. Le blanc de la brume et de la lumière semble se battre avec le noir de la nuit et des yeux hagards des pêcheurs. Sa maîtrise des pages silen-cieuses et la subtilité de son cadrage font le reste. Un récit noir plein d’humanité. PB

CHABOUTE, Christophe Terres neuvas Grenoble, Vents d’ouest, 2009

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Le titre et le dessin de couverture (malgré sa couleur rose) en disent déjà long, c’est donc sans réelle surprise qu’on ouvre cette BD sur la scène insoutenable du père de Lily qui vient la visiter pendant la nuit pour la violer. Cette pauvre petite voix qui crie en silence «  Par pitié, va-t-en  !  », on aimerait que quelqu’un l’entende… la mère de Lily ou sa sœur. Dans cette famille de quatre sœurs où l’on ne per-çoit aucun amour et qu’une communication lapidaire, la petite Lily porte ce secret trop lourd pour elle, qui va conditionner toute sa vie, ses relations avec sa famille, avec ses amis et, bien sûr avec les garçons, car comment peut-on leur faire confiance quand son modèle abuse de soi ? Faire vivre cette histoire par la BD a sans doute été nécessaire à son auteur pour exorci-ser sa terrible enfance. Car sans que cela soit vraiment dit, cette histoire est autobiographique, du moins est-ce que j’ai pu glaner comme information. Savoir qu’elle a vraiment vécu ça, comme d’innombrables autres enfants, est plus que dur, insoutenable. DM

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DRECHSLER, DebbieDaddy’s girlParis, Association, 1999 (Ciboulette ; 20)

Adaptés de deux contes de Ryûnosuké Aku-tagawa, ces deux récits racontent pour le premier l’histoire d’Otomi, jeune servante dé-vouée à sa maîtresse qui retourne sur ses pas chercher son chat alors qu’une guerre est im-minente. Arrivée dans la maison, elle rencon-trera Shintô, un mendiant, avec qui elle va se livrer à un affrontement psychologique. Dans le second récit, Le martyr, il est question de Lorenzo, jeune garçon sauvé par les moines de l’église de Santa Lucia. Injustement accusé d’avoir mis enceinte une jeune fille, il va vivre une terrible descente aux enfers, abandonné

par tous, avant de se sacrifier dans d’atroces souffrances. C’est seulement à ce moment que tous reconnaîtront l’injustice de leus accusations. FG

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DEVILLE, MkOtomiJuan les Pins,Enfants Rouges,2009 (Asturiale)

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Elodie Durand revient avec beaucoup de pudeur sur sa vie, sur des événe-ments tragiques. Vers l’âge de 21 ans, elle a eu les premiers symptômes de crises d’épilepsie. Du jour au lende-main, elle est confrontée à la maladie, à ces crises qu’elle ne peut contrôler. Elle doit prendre de nombreux médi-caments qui, malgré un fin dosage, ne parviennent pas à faire disparaître les crises ni à en diminuer la fréquence. Cette maladie va complètement pa-ralyser sa vie, lui faisant perdre la mémoire - jusqu’à ne plus connaître les nombres, ne plus pouvoir lire - et provoquant d’énormes fatigues qui la plongent dans un état presque léthar-gique. En alternant sa voix et celles de ses parents, Elodie Durant parvient à réaliser un très beau roman graphique autobiographique qui possède une force incroyable et ne peut laisser le lecteur indifférent. En utilisant dif-férents moyens graphiques, tout en restant dans le crayonné noir et blanc, elle emporte le lecteur dans ce témoi-gnage poignant qui ne sombre jamais dans la complainte. PB

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DURAND, ElodieLa parenthèseParis, Delcourt, 2010

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Dans ce premier tome d’une trilogie (Al-pha, Beta et Gamma), Jens Harder fait le pari fou de traiter 14 milliards d’années d’évolution en représentant ce processus, du Big bang à nos jours, à l’apparition de l’homme. Il nous montre les différentes formes de vie, dans un ordre chronolo-gique, mais surtout confronte l’état de nos croyances avec les représentations anté-rieures, naïves ou fantastiques. Car c’est en effet à la fois un document qui s’inter-roge sur le langage de la bande dessinée et un essai sur le discours scientifique. Ce qui frappe le plus le lecteur, c’est l’éblouis-sement face à ce projet graphique foi-sonnant et pharaonique, qui s’éloigne des codes de la bande dessinée (pas de personnage récurrent, des textes qui ne sont là que pour appuyer les dessins, etc.) et qui se base sur une iconographie sans limite, tirée de ses nombreuses recherches scientifiques, mythologiques, religieuses ou de l’imagerie et des créations popu-laires. Malgré les cinquante premières pages un peu abstraites, ce grand récit de la Vie - probablement la première bande dessinée documentaire - est passionnant. Une référence. PB

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HARDER, JensAlpha… directionsArles, Actes sud, 2009 (Actes sud-L’An 2)

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FIOR, ManueleCinq mille kilomètres par secondeGenève, Atrabile, 2009 (Flegme)

La bande dessinée, malgré le périmètre figé de ses cases, représente à merveille le temps et l’espace, ce qu’exprime bien le titre de ce livre. La vitesse dont il est question ici est celle de la transmission de la voix par le téléphone et, de fait, de la distance, du temps, qui peuvent séparer les êtres. L’histoire débute un été dans une petite ville d’Italie. Deux gar-çons et une fille terminent leur scolarité. Ils se posent la question de la suite à y donner. Qui restera ici pour reprendre le commerce pater-nel, qui partira, jusqu’où, pour poursuivre ses études. Qui est amoureux de qui, bien sûr, mais avec qui choisira-t-on de construire sa vie. Un récit tout en finesse, en courts chapitres espacés dans le temps et l’espace, un dessin superbe, tout en couleurs chatoyantes. FD

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Manuele Fior réussit parfaitement l’exercice périlleux de l’adaptation d’un « monstre » de la littérature, dans ce cas de Arthur Schnitzler. L’héroïne, Mademoiselle Else, est une jeune Autrichienne en villégiature dans les Alpes italiennes. Elle reçoit une lettre de sa mère lui annonçant que sa famille est ruinée. Dans le même hôtel qu’elle réside un richissime marchand d’art à qui sa mère lui conseille de demander un prêt pour sauver l’honneur de la famille. Ce vieil homme, un peu lubrique, ac-ceptera à condition qu’elle se déshabille pour

lui. Avec des dessins au crayon magnifiquement colorisés à l’aquarelle et un trait qui semble hérité de la Belle Epoque, Manuele Fior parvient parfaitement à plonger le lecteur dans ce huis clos à l’ambiance lourde, tragique. PB

FIOR, ManueleMademoiselle Else, récit en deux partiesParis, Delcourt, 2009 (Mirages)

Prix international de la bande dessinée de la Ville de Genève 2009

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A travers son journal, on revit avec Clémen-tine son adolescence. Une adolescence diffi-cile, solitaire, où elle comprit très vite qu’elle était différente, pas « normale ». Malgré elle, Clémentine aime les filles, et elle parviendra à vraiment vivre son homosexualité grâce à Emma, l’artiste aux cheveux bleus qui, elle, a traversé les mêmes affres de souffrance et s’en est sortie. Cette BD magnifiquement dessinée décrit avec beaucoup de sensibilité la difficile découverte de son homosexualité et surtout raconte l’histoire d’une intense pas-sion amoureuse. Une très belle réussite. DM

MAROH, JulieLe bleu est une couleur chaudeGrenoble, Glénat, 2010

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Dans ce premier volet d’une trilogie, Lisa Mandel donne la parole à ses parents et leurs amis, tous infirmiers en hôpital psychiatrique à la fin des années 60. A travers certains té-moignages parfois accablants et d’autres franchement burlesques, on découvre des employés sous pression, manquant de moy-ens et des malades quelquefois victimes de traitements inhumains. A la fin des années 60, la psychiatrie française est à un tournant mais les vieilles méthodes telles que piqûres d’insuline, coups et électrochocs sont encore monnaie courante. Découpé en saynètes, ce

récit soutenu par un dessin en bichromie révèle un monde méconnu où patients et soignants sont dans le même bateau et l’humour (noir) est parfois la seule arme qui permette de garder un peu de distance. Les deux autres volets sont en préparation et Lisa Mandel y évoquera les progrès de la psychiatrie ainsi que la situation actuelle. CLR

MANDEL, LisaL’asile d’aliénés : de 1968 à 1973 : souvenirs d’infirmiersParis, Association, 2009 (Espôlette ; 5)Titre de série : HP, 1

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L’histoire se déroule à Tokyo, au début de la libération des mœurs des années 70. Kyôko (21 ans) et son ami Jirô (23 ans) se rencontrent et décident d’habiter ensemble, sans être mariés. Elle est graphiste dans une agence de publicité et lui illustrateur débutant. Ces deux êtres tourmentés semblent avoir laissé derrière eux les douleurs du temps passé pour se tourner vers un nou-veau projet de vie, sans pour autant renoncer à cet absolu d’amour qui les unit. Au fil des saisons, le couple évolue, se soude ou se déchire, par-fois jusqu’à la folie.Avec un dessin magnifique et inno-vateur, proche de l’estampe tradi-tionnelle et avec un découpage in-ventif et parfois cinématographique, Kazuo Kamimura emporte le lecteur dans un scénario touchant et univer-sel. Sur plus de 2000 pages, il dresse, avec justesse et poésie, une histoire d’amour passionnée et tumultueuse qui ne peut laisser le lecteur indiffé-rent. Un chef d’œuvre. PB

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KAMIMURA, KazuoLorsque nous vivions ensembleBruxelles, Kana, 2009 (Sensei). 3 vol.

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Camille est une jeune femme un peu simplette qui est tom-bée enceinte dans la France de l’entre-deux guerres.Sa petite Lydie est une enfant mort-née, mais Camille se re-fuse à l’accepter et vit comme si son bébé était bien là. Petit à petit, tout le quartier va jouer le jeu et faire «  comme si  », pour que Camille ne soit pas trop malheureuse. Et lorsque l’institutrice accepte de garder une place pour Lydie sur les bancs de l’école, les enfants commencent à parler de Lydie comme une vraie camarade de classe, de ses habits, de ce qu’elle raconte, etc.Voilà une histoire très tendre malgré un sujet lourd, et qui surtout nous raconte que la solidarité des petites gens peut accomplir des miracles. FG

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LAFEBRE, Jordi, ZIDROULydieParis, Dargaud Benelux, 2010. (Long courrier)

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Le dessinateur Canadien Seth est un spécia-liste de la nostalgie, celle de l’Amérique des années 20 à 50. Son trait et son ton en sont imprégnés et il les met ici au service d’une biographie imaginaire. En courts chapitres qui sont autant de flash-back et de points de vue, le lecteur suit la dernière journée de la vie de George Sprott. Ce pseudo aventurier ressasse sans cesse sur la chaîne de télévi-sion locale d’une petite ville de l’Ontario ses quelques exploits dans le Grand Nord, par ailleurs douteux tant sur le plan scientifique qu’humain. La routine navrante du personnage est transcendée par le souci du détail de Seth qui se traduit dans son invention minutieuse de l’environnement et des personnages, quasi documentaire, ainsi que par la beauté formelle de la composition, de la case au livre lui-même, hors norme.Un récit doux-amer, un regard à la fois tendre et lucide sur une époque et ses échecs. FD

SETHGeorge Sprott: 1894-1975Paris, Delcourt, 2009. (Outsider)

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Swallow me whole (qui se traduit par « avale-moi tout entier  ») est un roman graphique saisissant qui raconte le monde trouble de l’adolescence. Ruth et Perry sont demi-frère et demi-sœur. Ce sont des enfants américains comme beaucoup d’autres. Ils vivent avec leurs parents, plutôt absents, et leur grand-mère, sénile et en fin de vie. Ces deux ado-lescents nourrissent d’étranges obsessions intimes qui en font des êtres différents, en marge. Ruth voue un culte aux insectes qu’elle collectionne dans des bocaux, alignés dans sa

chambre sur une étagère. Perry, lui, perçoit la voix de son crayon, qui le pousse à des séances frénétiques de dessins qui peuvent durer des heures. La limite entre le délire infantile et la folie est parfois très ténue… En noir et blanc, alternant de nombreux changements d’atmosphères (scènes dialoguées, passages oniriques, dessin en pleine page, longue séquence muette, etc), Nate Powell signe un roman graphique à la fois fascinant et déstabilisant, grave et déroutant. PB

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POWELL, NateSwallow me wholeBruxelles, Casterman, 2009. (Ecritures)

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Margaux Motin est une illustratrice de 30 ans, auteure d’un blog (http://margauxmotin.type-pad.fr/) qui met en scène la femme multiple qu’elle est. Une mère, une épouse, une fille, une amie. Mais surtout la typique trentenaire citadine shopping-addict et fashion-victim. Avec un trait qui ressemble beaucoup à celui de Pénélope Bagieu, elle met le doigt sur les petits travers, les frustrations, et les bonheurs de la femme qu’elle est et en qui chacune de nous pourra reconnaître ses amies ou, au pire, se reconnaître soi-même. Mais cette BD n’est pas réservée aux femmes, au contraire ! J’aime beaucoup le dessin de Margaux Motin et son humour, pas toujours très raffiné, certes, fait mouche à chaque page. C’est hilarant et tellement juste ! DM

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MOTIN, MargauxJ’aurais adoré être ethnologueParis, Marabout, 2009

A lire aussi du même auteur Tamara Drewe présenté dans EDL no 28

SIMMONDS, PosyGemma BoveryParis, Denoël, 2000

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Gemma, jeune Anglaise mal mariée à Charles Bovery, quitte l’Angleterre pour s’installer dans une maison en Normandie avec son mari. Rapidement la vie en France va déce-voir Gemma et la jeune femme commence à déprimer. Son mari l’ennuie, l’ex-femme de celui-ci les harcèle et régulièrement Gemma doit accueillir et supporter les jeunes enfants de son mari qui lui font bien sentir qu’elle est de trop. L’histoire de Gemma est racontée par le boulanger du village, Raymond Jou-bert, voisin des Bovery, amoureux transi de la jeune femme, qui s’interroge sur sa part de responsabilité dans le décès de celle-ci. Car depuis le début du livre on sait que Gemma

est morte et Raymond ne peut s’empêcher de lire le journal intime de Gemma et faire un paral-lèle entre la tragique héroïne de Flaubert, Emma Bovary et sa voisine. Posy Simmonds mêle adroitement textes denses et dessins délicats dans cette comédie de mœurs à l’humour grin-çant qui réjouira les amateurs du genre. CLR

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TANIGUCHI, JiroMORVAN, Jean-DavidPrintempsBruxelles, Dargaud, 2009(Mon année ; 1)

Quel plaisir que cette bande dessinée issue de la collaboration du scénariste Jean-Da-vid Morvan et du célèbre mangaka Jîro Ta-niguchi  ! Mon année raconte, à travers les quatre saisons, la vie de Capucine, une petite fille de huit ans, trisomique, et des difficultés que ses parents rencontrent pour lui assurer une vie la plus normale possible. Dans ce premier tome, Capucine fête ses huit ans et reçoit, de ses parents, un chiot qu’elle décide aussitôt d’appeler « garçon ». Malgré sa joie de vivre, son quotidien n’est pas tout à fait le même que celui des autres enfants. Même si la trisomie ne se voit pas au premier coup d’œil, Capucine a besoin d’énormément d’attention, que ses parents lui offrent sans compter, au péril de leur propre vie. A cause de ses difficultés d’expression et de ses retards psychomoteurs, l’école normale ne peut plus la garder.Cette histoire émouvante, mais pas du tout larmoyante, convient tout à fait aux dessins de Tani-guchi qui parvient à retranscrire avec justesse le quotidien et les émotions. Avec un trait délicat, il s’empare parfaitement de l’espace et va à l’essentiel. Magique PB

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A la bibliothèque publique d’Oakland, Cali-fornie, on ne plaisante pas avec les lecteurs récalcitrants ! En effet, une police des biblio-thèques se charge de traquer les voleurs d’ouvrages et autres lecteurs qui se per-mettent de garder les livres trop longtemps… Lorsqu’un précieux incunable est dérobé à la bibliothèque, l’agent Bay et son équipe dé-ploient les grands moyens dignes du meilleur épisode de Starsky et Hutch ! Planque dans un faux camion d’Ice cream, poursuites infer-

nales, assaut en tenue de Robocop, rien n’est négligé pour récupérer les précieux ouvrages. Le dessin décliné en camaïeu marron n’est pas forcement très attirant, mais les bouilles rondes des personnages et l’humour décalé de Jason Shiga font de ce Bookhunter une lecture fort réjouissante ! CLR

SHIGA, JasonBookhunterParis, Cambourakis, 2008

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ZIDROU La vieille dame qui n’avait jamais joué au tennis et autres histoires qui font du bien Marcinelle, Dupuis, 2009

Septembre en t’attendant est l’histoire vécue par Alissa Torres. Le 11 septembre son mari Eddy, un jeune Américain d’origine colom-bienne, qui vient de décrocher un travail dans une des tours du World Trade Center, est heu-reux. Hélas, les rêves de ce couple vont être brisés. Pour Alissa, enceinte, puis maman, il va falloir réapprendre à vivre. Elle est tout d’abord très entourée par des organismes caritatifs qui lui proposent des aides morale, matérielle et financière, avec compassion et empathie. Mais peu à peu, les relations se tendent, les procédures administratives se

durcissent. Ces victimes éplorées deviennent les boulets d’une société patriotique, honteuse de ces personnes qui quémandent de l’argent. Pour preuve, le fonds fédéral de compensation pour les victimes qui n’est qu’un leurre, une vaste supercherie.L’histoire d’Alissa Torres, mise en image par Sungyoon Choi, est vraie, touchante, mais pas impu-dique, car le lecteur sent que l’auteur ne cherche pas à étaler son expérience au monde, mais veut laisser une trace de son mari, pour que son fils puisse connaître un peu son père. PB

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TORRES, AlissaSeptembre en t’attendantBruxelles, Casterman2009(Ecritures)

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Qui pourrait se douter que cette vieille dame qui vit seule avec ses animaux est une passion-née de tennis ? Que cette jeune femme qui se rend chaque jour à la piscine cache un drôle de secret sous son maillot intégral ? Qu’en n’accompagnant pas sa famille à la messe de minuit une femme apprendra de son père un grand secret ? Ces quinze histoires écrites par Zidrou et dessi-nées par neuf auteurs différents sont pleines de tendresse, d’amitié et d’humanité, bien qu’elles soient parfois teintées de nostalgie. Des histoires qui ressemblent à la vie. DM

En 1980 Howard Zinn avait écrit Une histoire populaire des Etats-Unis d’Amérique, réguliè-rement mise à jour, un «  must  » en matière d’histoire. A 85 ans, il signe ici l’adaptation de ce best-seller en bande dessinée. Même simplifié cet ouvrage reste extrêmement complet. Howard Zinn est dessiné dans la position de conférencier qui s’adresse à des militants pacifistes pour leur parler de ce que les manuels d’histoire américains préfèrent taire. Confrontant les versions officielles avec les témoignages des plus modestes (ouvriers, minorités ethniques, esclaves, soldats, etc…), il passe en revue tout ce que l’Amérique a fait (de pire) pour non pas «  sauver le monde ». comme elle l’a fait croire, mais plutôt pour le dominer. Zinn n’oublie rien, ni Sacco et Vanzetti, ni les guerres sales des Philippines, du Vietnam, d’Amérique centrale et plus récemment d’Irak. Il lève le voile sur les tortures faites aux pacifistes, sur le lynchage des Noirs, il n’oublie aucune des atrocités perpétrées au nom du drapeau étoilé. Zinn est mort en janvier 2010 et grâce à sa BD, on regarde l’Amérique d’un œil encore plus critique… RL

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ZINN, HowardKONOPACKI, MikeBUHLE, Paul M.Une histoire populaire de l’empire américainParis, Vertige graphic,2009

Existe aussi en documentaire sous le titre Une histoire populaire des Etats-Unis d’Amérique

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