Entrepreneuriat étudiant en école d'ingénieur (Institut d'Optique Graduate School)

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CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS. Chaire de l’innovation Unité d’enseignement 204 « Culture de l’innovation » DOSSIER DE VALIDATION Etude d’un cas d’innovation La Filière Innovation-Entrepreneurs de l'Institut d'Optique Graduate School BILLER François. ANNEE UNIVERSITAIRE : 2009-2010.

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L’innovation dans l’entrepreneuriat est l’objet de ce document au travers de la Filière Innovation- Entrepreneurs de l'Institut d'Optique Graduate School.

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CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS.

Chaire de l’innovation

Unité d’enseignement 204 « Culture de l’innovation »

DOSSIER DE VALIDATION

Etude d’un cas d’innovation La Filière Innovation-Entrepreneurs

de l'Institut d'Optique Graduate School

BILLER François. ANNEE UNIVERSITAIRE : 2009-2010.

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Etude d’un cas d’innovation : La Filière Innovation-Entrepreneurs de l'Institut d'Optique Graduate School

François Biller 1

INTRODUCTION. C’est au cours de rencontres avec de jeunes ingénieurs-créateurs d’entreprises que je fus non seulement étonné par la personnalité sereine et visionnaire, la maturité d’esprit et le caractère « trempé » d’entrepreneur à peine diplômés de l'Institut d'Optique Graduate School, mais également impressionné par les concours, distinctions et prêts obtenus par ces jeunes porteurs de projets.

Lorsque j’apprends que c’est pendant leurs études, qu’on enseigne à ces élèves-ingénieurs et qu’ils l’appliquent sur leur projet technologiquement innovant, la création d’entreprises, ma curiosité de passionné de méthodes d’innovation m’amène à en savoir plus.

Je découvre que l'Institut d'Optique est pourvu depuis 2006 d’une Filière Innovation-Entrepreneurs. Il s’agit d’un cycle de formation de 2ème et 3ème année de l'Institut d'Optique Graduate School, Grande Ecole membre de ParisTech située sur le plateau de Saclay (à proximité d’autres Grandes Ecoles dont l’Ecole Polytechniques et HEC).

L’innovation dans l’entrepreneuriat est l’objet de l’étude de cas que nous avons choisi de traiter : La Filière Innovation-Entrepreneurs de l'Institut d'Optique Graduate School.

Nous présentons ici le pitch du projet, les personnes clés impliquées ainsi que la naissance du projet. Nous terminons par la dynamique du projet avec ses grandes étapes et les résultats obtenus.

Pour éviter redondance dans la rédaction, les éléments constitutifs de la synthèse créative, la convergence des compétences dans le projet, sont identifiés comme cela dans le document.

Ce document est disponible en version électronique à l’adresse internet : http://EtudecasETN204.biller.be.

1. Pitch du Projet1

L’esprit de la Filière Innovation-Entrepreneurs (FIE) de l'Institut d'Optique est de proposer à des élèves ingénieurs des idées technologiques innovantes et de mettre tous les élèves ingénieurs apprentis entrepreneurs de la filière dans la perspective de création d’entreprise à l’issue de leur scolarité.

La Filière Innovation-Entrepreneurs :

Propose un panel d’idées technologiques innovantes exprimées par des industriels ou des laboratoires de recherche dans le domaine de l’industrie optique et photonique qui ne demandent qu’à avoir des porteurs.

Permet la rencontre de ces idées avec les élèves, qui s’approprient l’idée, la font murir en situation réelle sous des aspects technologiques et de rentabilité économique.

Façonne des élèves ingénieurs apprentis entrepreneurs en les faisant travailler sur leur projet de création d’entreprise.

Fait murir les projets technologiques portés par ces élèves ingénieurs apprentis entrepreneurs.

Offre un cursus qui articule au plus près l’enseignement scientifique et entrepreneurial.

Encadre et assure un suivi des élèves avec une équipe d’entrepreneurs, d’ingénieurs et de coachs expérimentés.

Si le résultat est concluant et qu’ils le veulent, les élèves partent avec leur projet : en créant leur société après leur scolarité ou juste avant la fin. Sinon l’idée retourne dans la FIE et peut repartir avec d’autres élèves.

2. Personne clés impliquées

François Balembois : ingénieur de l'Institut d'Optique (1991), intègre son 1 D’après la plaquette de présentation de la FIE « Devenez Ingénieur-Entrepreneur »

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corps enseignant en 1994 en tant que Maître de conférence et enseignant chercheur. Dans ces recherches François Balembois mets en œuvre des nouveaux concepts physiques des sources laser. Leur déclinaison en prototype pour des applications ciblées, puis produits l’amène à travailler conjointement avec des entreprises et appréhender les problèmes de leurs clients. Il prend les fonctions de Directeur des Etudes de l'Institut d'Optique en 2004 et de responsable de la Filière Innovation-Entrepreneurs qu’il lance en 2006.

Frédéric Capmas : Ingénieur, intègre l'Institut d'Optique en 2006 en tant responsable, coordinateur du développement de la FIE. Il définit le programme, réalise un important travail de benchmark, travaille au suivi de sa mise œuvre. Il devient rapidement responsable pédagogique de la filière.

Jean-Louis Martin : Directeur de l'Institut d'Optique depuis 2006. Il n’intervient pas directement dans la mise en œuvre de la FIE. Il donne le cap du développement de la création d’entreprise à atteindre à l’issu de la scolarité et fourni les moyens pour que les actions et programmes permettant de réaliser cet objectif, soient lancés.

3. Naissance du Projet

3.1. Contexte de la naissance

Le pourquoi

Pas assez d’ingénieurs diplômés créent leur entreprise à la sortie de l’école. Cela correspond :

a une sorte de blocage du système Français qui créent 7 fois moins d’entrepreneurs jeunes qu’aux Etats-Unis.

Une croyance forte qu’il faut avoir « roulé sa bosse » pendant 15 ans avant de pouvoir créer sa boite et qui se vérifie : le pic des porteurs de projets se situe à la quarantaine.

L’optique est un domaine qui foisonne, où c’est assez facile de trouver des innovations technologiques, connectées à

la recherche et qui ont des applications dans des domaines très divers.

La volonté de la direction

Jean-Louis Martin accepte en 2006 de prendre la direction de l'Institut d'Optique sous 2 conditions :

Développer l’international.

Développer la création d’entreprises.

3.2. De l’idée à l’innovation

Evènement externe déclencheur

En 2004, un entrepreneur qui veut faire de l’enseignement prend contact avec François Balembois, alors directeur des études de l'Institut d'Optique et lui propose une méthode d’apprentissage de la création d’entreprise par le concret.

L’idée a pour origine un email accrocheur envoyé à François Balembois : « Voilà le monde évolue très vite, dans 10ans il y a plus de 80% des entreprises qui ne sont pas encore nées qu’il va falloir générer, moi je propose un cours pour les élèves autour de la création d’entreprise » mail, d’un entrepreneur un peu particulier, qui voulait faire passer son savoir faire à des élèves.

Un besoin lattent

François Balembois venait de prendre son poste de directeur des études, avait en charge de rénover toute la formation d’ingénieur. Il était donc a l’affut de nouveauté sur comment enseigner le métier d’ingénieur à nos élèves, et d’ouvrir les élèves à l’entreprise car de par la nature de l’école, les enseignements restaient très centrés sur la recherche et la physique.

De l’idée apportée par cet entrepreneur, abouti à une rencontre avec François Balembois qui la plante dans un terrain d’expérimentation que nous détaillons dans le paragraphe suivant.

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3.3. Phase de prototypage

Décision d’élaboration d’un prototype

Bénéficiant d’une autonomie dans les décisions en tant que Directeur des études, François Balembois tente une expérimentation auprès d’une vingtaine d’étudiants divisés en trois ou quatre groupes de 3ème année sur de la création d’entreprise par le concret. L’expérimentation comprend 20 jours de « formation par le concret » étalés sur 3 mois. L’entrepreneur se voyait confier la totalité de l’expérimentation et :

proposait des sujets ou demandait aux étudiants de chercher des idées à développer.

faisait le coaching des étudiants.

L’objectif de départ

L’objectif était de jouer le jeu de la création d’entreprise sur de la technologie innovante, en partant de zéro et arriver à une soutenance qui pourrait convaincre de poursuivre.

L’enthousiasme

Les projets où ils ont à définir des choses et à les vivre par eux-mêmes enthousiasment les étudiants. Ils étaient 6 dans chaque groupe et s’ils organisaient bien pouvaient produire quelque chose d’innovant. A titre d’exemple parmi les premiers projets de cet expérimentation nous citerons Le vinspecteur, concept qui consiste à détecter le goût de bouchon du vin sans ouvrir la bouteille. Grace à 2 sondes optiques, une émettrice l’autre réceptrice, l’équipe qui porte ce projet se propose de mettre au point un dispositif commercialisable qui sans ouvrir la bouteille, permet de savoir si le vin à goût de bouchon. Les élèves-ingénieurs se prêtaient au jeu, qui était technologique. Ils sont allés voir des chercheurs de la faculté, qui utilisaient les propriétés des molécules et avaient des connaissances pour identifier la molécule du goût de bouchon et par la suite trouver son spectre.

Devant sa charge de travail de d’enseignant-chercheur et directeur des études, François Balembois, hésite à renouveler cette expérimentation. Mais c’est sans compter l’intérêt qu’elle procure à l'Institut d'Optique : l’enthousiasme se propage à des élèves de 2ème année qui demandent à bénéficier de cet enseignement durant leur 3ème année. Sous la pression des élèves, François Balembois se laisse convaincre et relance en 2005 un 2ème « prototype ».

Evènement accidentel qui précipite les choses

L’entrepreneur qui a construit, mené l’expérimentation et apporté un état d’esprit arrête en plein milieu de l’année 2005, sa collaboration avec l'Institut d'Optique. François Balembois est obligé de chercher une solution pour terminer l’année scolaire. Une démarche réseau sauvera la 2ème expérimentation.

La démarche réseau

Contactée par François Balembois, Scientipôle Initiative, installée sur le plateau de Saclay, structure qui coache les entrepreneurs et leur fait des prêts d’honneur, accepte de donner un coup de main. L’ouverture de son réseau permet de trouver des professionnels désirant intervenir à l'Institut d'Optique.

3.4. Le terrain qui favorise le lancement de l’innovation

Le succès de la phase d’expérimentation

Le succès et les retours des expérimentations en phase de prototypage donnent de l’assurance et apporte un minimum d’expérience nécessaire au bon démarrage de la FIE.

Mission, moyens, et autonomie

Les responsabilités de directeur des études et le soutient de sa direction donnent à François Balembois une marge de manœuvre pour passer à la vitesse supérieure : lancer la filière.

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L’outil de production existant

La scolarité de l'Institut d'Optique était organisée de façon à faire de l’alternance en parallèle avec une filière classique. De part et d’autres des vacances du temps est dégagé pour permettre aux apprentis de partir en entreprise, alors que les étudiants de la filière classique se voient confier des projets spécifiques. La structure d’emploi du temps était prête pour lancer la FIE.

La localisation de l’innovation

Située sur la communauté d’agglomération du Plateau de Saclay (qui comprend 10 communes de l’Essonne), l'Institut d'Optique, bénéficie du 1er pôle scientifique et technologique de France avec 4000 entreprises, ses 160 laboratoires et ses 12 000 chercheurs (25% de la recherche en Ile de France), 6 Grandes Ecoles et l’Université de Paris 11, 1 pôle de compétitivité mondial, 3 pépinières d’entreprises. Incontestablement cette richesse technologique, économique et universitaire disponible sur 70 km2 permet à la FIE de trouver les meilleures ressources et partenaires pour son lancement et de les mobiliser avec peu d’efforts tout en conservant son énergie pour innover.

L’apport d’expertise externe

Scientipôle initiative qui a sauvé la 2ème expérimentation (cf. Phase de prototypage) connait les savoirs faire et savoirs être qui manquent aux entrepreneurs que Scientipôle initiative coach au quotidien. Leurs conseils se sont avérés très utiles pour définir le contenu de la pédagogie de la FIE.

3.5. Les éléments qui permettent à la FIE d’être particulièrement innovante et performante

Benchmark

Pour se mesurer avec les autres et d’avoir un cadre de référence, les créateurs de la FIE enquêtent sur ce qui se fait dans différentes institutions en

France et à l’Etranger. Ils se comparent avec les différentes formations de ce type qui existent déjà, notamment :

une FIE à Lyon qui existe depuis 10 ans,

Centrale Entrepreneur, grâce au réseau ScientiPôle Initiative,

des expériences au Canada et en Belgique,

des masters à l’entreprenariat qui n’étaient pas technologiques et qui en général n’avaient pas de projet entrepreneurial au long terme ou couplé à la formation. Mais qui a tout de même apporté des points de repères pour se construire en contrepoint.

Ces benchmarks ne sont pas systématiquement utilisés pour faire du « me too ». Mais c’est la multiplicité des benchmarks provenant d’expériences différentes qui permet à la FIE d’innover en prenant le meilleur et en créant ce n’existait pas ailleurs.

Des partenaires qui apportent leurs ressources, leurs moyens, leur réseau ou leur expertise

Le projet est fédérateur, de nombreuses parties s’intéressent au projet et apportent leur contribution. Cela permet à la FIE d’être à la pointe, de ce qui se fait le mieux et rapidement :

6 Grandes Ecoles et Universités adhèrent au projet dont HEC Entrepreneur, l’Ecole Polytechnique, l’Université de Paris-Sud 11.

L’incubateur de startup ; IncubAlliance apporte son réseau et ses experts. Il est doublement intéressé car il dispose au travers de la FIE, d’un étage de pré-incubation de projets qui peuvent le rejoindre après la scolarité, si les porteurs de projets décident de créer leur société.

L’association des diplômés de l'Institut d'Optique recherche les anciens élèves de l’institut ayant créé leur entreprise pour apporter leur témoignage ou intervenir dans la scolarité.

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Le réseau ScientPôle initiative fourni des conseils dans la mise en œuvre de la formation et apporte son réseau d’expert.

Des entreprises dont Altran participent activement en apportant leurs méthodes et leurs experts pour les sessions créatives et Strategyn2 avec leur processus d’innovation et de stratégie de développement produit.

Le soutient et le financement du Conseil Général de l’Essonne et de la Direction Régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement de l’Ile de France sans lesquels le FIE n’auraient pas eu les moyens nécessaires pour se développer.

La mise en place d’un écosystème

Les étudiants de la FIE devaient être au contact au jour le jour avec des entrepreneurs mais aussi des ingénieurs. Un étage de pré-incubation technologique a été mis en place dans un bâtiment réservé à cet effet, qui est l’ancien immeuble de l'Institut d'Optique.

Une surface de 6000 m2 a été complètement redimensionnée dans ce bâtiment pour en faire un « écosystème », dans lequel l'Institut d'Optique accueille des entreprises ayant toutes un rapport avec les technologies optiques et qui ont acceptées de s’y installer et de contribuer à la formation de la FIE.

Cet écosystème permet des échanges de proximité. Une trentaine d’étudiants de la FIE et de porteurs de projet diplômés y travaillent et côtoient les entreprises. Les « apprentis entrepreneurs » sont ainsi entourés3 à la fois d’entrepreneurs et d’ingénieurs expérimentés, mais aussi de leur ainés de la FIE qui ont réussi à porter leur projet. C’est à la fois motivant et permet aux étudiants de ne pas être bloqués sur un problème : ils peuvent frapper à la porte de ces entreprises pour 2 www.strategyn.com 3 Au sens propre (la géométries des lieux) et figuré (la disponibilités des entreprises pour aider les étudiants dans leurs difficultés).

demander des conseils ou de l’aide pour leur projet.

Là où la FIE améliore ce qui fait la force d’un incubateur - où différents porteurs de projets sont rassemblés dans un même endroit et bénéficient de conseils et de suivi, et peuvent s’épauler les uns les autres - l’écosystème mis en place par l'Institut d'Optique va plus loin : c’est un pré-incubateur à la fois pépinière d’entreprises expérimentées. Il permet aux porteurs de projets de bénéficier de l’expérience d’entreprises qui ont entre 5 et 10 années d’existence qui leur apporte le conseil du « grand frère ».

Un coaching et un suivi à multiple facettes

Le coaching et le suivi du développement d’une innovation font également parti de sa réussite.

A la FIE, chaque équipe projet bénéficie de l’accompagnement et de suivi de plusieurs coach et experts qui forment une équipe accompagnatrice :

L’apporteur d’idée technique ou d’idée marché (c’est un chercheur ou un entrepreneur).

Le tuteur technique (il supporte l’équipe projet sur les sujets techniques).

Le tuteur technologique (il supporte l’équipe projet sur les sujets d’ingénierie et de technologie).

Le coach (issu du monde de l’entreprise, il supporte l’équipe projet sur les sujets de management, de marketing, de finances, et autres du domaine du management de l’entreprise)

Cette équipe accompagnatrice veille globalement à la cohésion de l’équipe projet sur (1) les plans de respect des objectifs assignés et de documentation des écarts, (2) des relations humaines dans le groupe, d’assignation d’un leadership et de modes de fonctionnement respectés.

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Une remise en cause régulière

Dans son processus La FIE se remet en cause régulièrement, le programme est remis à jour tous les ans, les contenus revus et améliorés. Les étudiants, clients de la FIE, sont parties prenantes des améliorations : il est tenu compte prioritairement de leur avis dans les changements et amélioration à apporter.

La théorie est réduite à son strict minimum, elle est là en appui de la pratique au profit de méthodes innovantes et outils qui sont applicables immédiatement. Les responsables de la FIE recherchent donc des formations permettant une mise en application pendant qu’elle est donnée ou juste après sur le projet des étudiants.

Un laboratoire de prototypage technologique

Les groupes viennent élaborer leur prototype dans ce laboratoire situé au cœur de l’écosystème. Il comporte des équipements techniques de derniers cris (et pour certains de l’ordre de plusieurs dizaine de milliers d’euros), qui servent à tous mais aussi aux entreprises de l’écosystème qui y ont de plus en plus accès.

Une vision appuyée d’une réflexion constante

Cette vision a déjà donné lieu à la création pour les élèves de 1ère année, d’un programme d’entrepreneuriat ou en 2 mois les étudiants de 1ère année doivent faire éclore un projet qui passe par toutes les étapes de la création d’une entreprise. L'Institut d'Optique réfléchit actuellement à ce que pourrait apporter la FIE aux post-diplomés (les masters et les doctorants) afin de les insérer également dans ce dispositif de création d’entreprise.

Ingénuité et humilité des créateurs

Les créateurs partaient comme ils le disent de zéro ; en tant que chercheur, François Balemblois ne connaissait rien à la création d’entreprise. N’étant pas du métier, cette ingénuité et humilité a

profité à l’innovation : ils se sont servi de leur naïveté de « pauvre chercheur qui voulait se mettre à la création d’entreprise » pour apprendre, poser les questions les plus évidentes, sans avoir peur du ridicule.

On peut penser qu’avec une outrecuidance des créateurs, la mobilisation des énergies extérieures n’auraient pas été les mêmes et les résultats pas au rendez-vous pour cette innovation.

4. La dynamique du projet

4.1. Les grandes étapes du projet

Prototypage (2004-2005)

La 1ère étape est la phase de prototypage. Comme la mise au point du prototype ne demandait pas de ressources internes, son coût était quasiment identique à une intervention externe, et concernait une vingtaine d’étudiants. Les risques étaient très limités et « il y avait tout à gagner et rien à perdre ».

Une montée en charge progressive (2006-2007)

La FIE étant un programme en 2 années a d’abord été lancée pour une seule promotion : les élèves de 2ème année en septembre 2006. Le nombre d’étudiant (20) et les programmes concernés (ceux de 2ème année : 200 heures) représentaient un peu moins de la moitié de ce qu’était la FIE à plein régime en septembre 2007 : 2 années de promotions (2ème et 3ème année) soit 40 étudiants et 600 heures de cours et de suivi.

Le démarrage de l’écosystème FIE (septembre 2008)

L’écosystème démarre en septembre 2008 est encore en phase de « rodage » puisque cela fait 18 mois qu’il est en service. D’autres entreprises rejoignent la quinzaine d’entreprises qui s’y sont installées.

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4.2. Quelques chiffres

L'Institut d'Optique comporte entre 90 et 100 étudiants par an avec un coût de formation sur les 3 années de formation d’ingénieur compris entre 10.000 et 15.000! par étudiant. La Filière Innovation-Entrepreneurs comporte sur les 2ème et 3ème année, 40 étudiants représentant un coût supplémentaire de 5.000 à 10.000! par étudiant. Ces coûts servent à financer les salaires/honoraires des intervenants de la FIE, le coaching, et le matériel technologique (qui peut atteindre les 50-100 K!).

4.3. Difficultés rencontrées

La FIE est un système qui coute cher, les créateurs indiquent que leur principales difficultés résident dans la recherche des financements qu’ils cherchent à sécuriser en diversifiant et développant les apports (actuellement 60% d’origine publique et 40% d’origine privée).

Dans une moindre mesure la gestion d’un réseau complexe de 60 intervenants et la gestion individuelle des groupes

d’étudiant, tous les groupes étant des cas particuliers est relativement lourde.

4.4. Les résultats obtenus

Les résultats obtenus dépassent les espérances, à peine 2 ans après la création de la FIE. La Figure 1 montre « une rupture », une réelle inversion des habitudes qui se constate au quotidien à l'Institut d'Optique : « on voit régulièrement des élèves en cravate qui développent leur affaire alors que cela n’arrivait jamais avant », remarque François Balemblois.

Seulement 1 an après leur diplôme, on compte 13 entreprises créées, ce qui n’était jamais arrivé dans l’histoire des diplômés de l'Institut d'Optique Il faut attendre dans les promotions avant la créations de la FIE, entre 3 et 5 années ou entre 11 et 20 années après le diplôme pour atteindre ou dépasser ce niveau d’entreprenariat.

D’autre part l’efficacité de la FIE est reconnue au travers des distinctions et concours que remportent les projets en faisant parti (cf. Figure 1).

Figure 1: Nombre d’années après le diplôme d’ingénieur de l’Institut d'Optique pour être créateur d’entreprise4.

4 Source : François Balembois, reproduit avec accord.

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Tableau 1: Distinctions obtenues par les projets portés par la Filière Innovation-Entrepreneurs de l'Institut d'Optique depuis sa création5.

PULSE FIE 2010 Lauréat Prix de l’Innovation 2009 Ecole Polytechnique Projet en

développement

Lauréat Prix Créateurs d'Avenir du concours PetitPoucet 2009 PetitPoucet

3ème prix Concours de la Création 2008 Société Créatests

Lauréat Concours du Meilleur Projet des Étudiants Entrepreneurs 2008

Ernst & Young, ESCP-EAP, l’Entreprise

SOM Systems FIE2009

Lauréat Concours National d’Aide à la Création

d’Entreprise 2009, Catégorie Emergence

Ministère de l’Education et de la Recherche

Société créée

Lauréat Prix Créateurs d'Avenir du concours PetitPoucet 2009 PetitPoucet

3ème prix Espoirs Européens de l’Innovation 2009 Innovact

Lauréat Prêt d’honneur Scientipôle Initiative

Lauréat Concours Innovons Ensemble, catégorie création-developpement RETIS

Effilux FIE2009

Lauréat Concours National d’Aide à la Création

d’Entreprise 2009, Catégorie Emergence

Ministère de l’Education et de la Recherche

Société créée

ULYSSE 3D FIE2008 Lauréat

Concours National d’Aide à la Création d’Entreprise 2008, Catégorie

Emergence

Ministère de l’Education et de la Recherche

en cours de création

5 Source : François Balembois, reproduit avec accord.

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CONCLUSION. Le processus d’innovation est un processus complexe où peut intervenir des évènements non prévus – nous assistons à deux évènements par 2 fois involontaires, dont l’idée de départ – qui sans eux n’auraient pas permis à la FIE d’éclore et de se développer comme elle l’a fait. C’est aussi une alchimie d’éléments :un terrain propice, la personnalité et volonté des créateurs, leur créativité qui sans méthodes et connaissances particulières pour innover ont procédé pas à pas, regardé autour d’eux, fait appel à des compétences extérieures, créé ce qui n’avaient pas été créé jusque là.

Incontestablement cette innovation est un succès, les résultats non seulement le prouvent mais aussi sa mise en œuvre qui mobilise les énergies et rend enthousiastes ceux qui participent à son développement et aussi ceux qui l’adopte.

Ce qui profite à l’innovation pour avancer !

Pour témoin le regard de son co-créateur François Balemblois sur son innovation : « ce qui me plaît et c’est vraiment marrant, c’est de voir qu’au bout de 2ans, nos élèves ne sont plus les mêmes, ce sont des gens qui savent ceux qu’ils veulent, la formation façonne, forge un état d’esprit, et c’est l’objectif qu’on c’était donné au départ.»

Et l’innovation continue : les créateurs vont maintenant s’attaquer aux étudiants de 1ère années et les étudiants chercheurs.

C’est réjouissant de savoir que dans notre société où la culture de l’innovation et l’entrepreneuriat peinent à se développer y compris dans l’enseignement supérieur, il y a des ilots d’innovation qui font leur preuve et ne gagnent qu’à être généralisés – le Ministère de l’Economie de l’Industrie et de l’Emploi et celui de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche l’ont compris – ils viennent de lancer un appel à projet « Pôle de l’entrepreneuriat étudiant6 ».

Nous formulons le souhait que les projets financés connaîtront le même succès que la Filière Innovation-Entrepreneurs de l'Institut d'Optique Graduate School. 6 http://www.pme.gouv.fr/essentiel/vieentreprise/aap.pdf

REMERCIEMENTS Cette étude de cas d’innovation n’aurait pas été possible sans les interviews et les informations données par les créateurs François Balembois et Frédéric Capmas. Nous les remercions vivement pour leur ouverture et disponibilité.

Nous remercions également, Christophe Le Paysan et Johan George Des Aulnoy, ingénieurs diplômés de l'Institut d'Optique ayant suivi la FIE et Emilie Benoît, Timothée Leuger, Talal Hakam, élèves ingénieurs de la FIE, qui ont accepté de nous rencontrer.