Endoscopie digestive et antiagre´gants : comment bien ge´rer...

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Endoscopie digestive et antiagre ´ gants : comment bien ge ´ rer nos patients en 2011 ? L a pr evalence des patients trait es par antiagr egants pla- quettaires (AAP) ne cesse de cro ^ itre en France, en raison de la multiplica- tion de leurs indications, li ee notam- ment a l’ emergence de nouvelles techniques (stents actifs) et de nou- velles modalit es de pr evention du risque thromboembolique mais aussi du vieillissement naturel de la popu- lation. L’augmentation parall ele des prescriptions d’AAP et du nombre d’endoscopies pose le probl eme de la gestion du risque h emorragique li e au geste r ealis e par le gas- troent erologue et du risque throm- botique li e a l’arr^ et du traitement lorsqu’il est n ecessaire. L’arr^ et des AAP chez le patient coronarien, afin de r ealiser un geste invasif, est un R esum e Les antiagr egants plaquettaires sont de plus en plus souvent prescrits et sont pr esents chez environ 13 % des malades ayant une endoscopie digestive. La continuation du traitement d epend du risque thrombotique du malade et du risque h emorragique potentiel du geste endoscopique. Dans la majorit e des cas, l’endoscopie peut ^ etre faite sous aspirine seule et/ou apr es cinq jours d’arr^ et du clopidogrel. Le traitement antiagr egant doit ^ etre repris au plus tard deux jours apr es l’endoscopie. En cas de risque thrombotique majeur, le double traitement antiagr egant ne devant pas ^ etre arr^ et e, il faut privil egier, si possible, des investigations non invasives ou diff erer l’examen. n Mots cl es : endoscopie, antiagr egants plaquettaires, risque thrombotique, risque h emorragique Abstract Platelet antiaggregants are more and more widely prescribed and are encountered in around 13% of patients undergoing digestive endoscopy. Continuing or stopping this treatment depends on the thrombotic risk of the patient and the haemorrhagic risk of the procedure. In most of the cases, endoscopy might be performed under aspirin only and/or after a five-day withdrawal from clodiprogel. Platelet antiaggregant treatment might be taken again two days after endoscopy. In case of major thrombotic risk, excluding the discontinuation of double antiaggregant drugs, one should consider non- invasive alternative to endoscopy or delay the procedure. n Key words: endoscopy, platelet antiaggregant treatment, thrombotic risk, haemorrhagic risk Digestive endoscopy and platelet antiaggregants: How to manage in 2011? Arthur Laqui ere, G eraldine Gascou-Tessonnier, Christian Bousti ere H^ opital Saint-Joseph, Service de gastroent erologie, boulevard de Louvain, 13008 Marseille, France e-mail : <[email protected]> HEPATO y GASTRO et Oncologie digestive Tir es a part : C. Bousti ere Pour citer cet article : Laqui ere A, Gascou-Tessonnier G, Bousti ere C. Endoscopie digestive et antiagr egants : comment bien g erer nos patients en 2011 ? He ´ pato Gastro 2011 ; 18 : 21-27. doi : 10.1684/hpg.2010.0538 doi: 10.1684/hpg.2010.0538 21 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 18 n8 1, janvier-f evrier 2011 ini-revue M

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  • Endoscopie digestive etantiagrégants : commentbien gérer nos patients en2011 ?

    L a pr�evalence des patientstrait�es par antiagr�egants pla-quettaires (AAP) ne cesse de crôitreen France, en raison de la multiplica-tion de leurs indications, li�ee notam-ment �a l’�emergence de nouvellestechniques (stents actifs) et de nou-velles modalit�es de pr�evention durisque thromboembolique mais aussidu vieillissement naturel de la popu-

    lation. L’augmentation parall�ele desprescriptions d’AAP et du nombred’endoscopies pose le probl�eme de lagestion du risque h�emorragique li�eau geste r�ealis�e par le gas-troent�erologue et du risque throm-botique li�e �a l’arrêt du traitementlorsqu’il est n�ecessaire. L’arrêt desAAP chez le patient coronarien, afinde r�ealiser un geste invasif, est un

    R�esum�eLes antiagr�egants plaquettaires sont de plus en plus souvent prescrits et sontpr�esents chez environ 13 % des malades ayant une endoscopie digestive. Lacontinuation du traitement d�epend du risque thrombotique du malade et durisque h�emorragique potentiel du geste endoscopique. Dans la majorit�e descas, l’endoscopie peut être faite sous aspirine seule et/ou apr�es cinq joursd’arrêt du clopidogrel. Le traitement antiagr�egant doit être repris au plus tarddeux jours apr�es l’endoscopie. En cas de risque thrombotique majeur, le doubletraitement antiagr�egant ne devant pas être arrêt�e, il faut privil�egier, si possible,des investigations non invasives ou diff�erer l’examen.

    n Mots cl�es : endoscopie, antiagr�egants plaquettaires, risque thrombotique, risqueh�emorragique

    AbstractPlatelet antiaggregants are more and more widely prescribed and areencountered in around 13% of patients undergoing digestive endoscopy.Continuing or stopping this treatment depends on the thrombotic risk of thepatient and the haemorrhagic risk of the procedure. In most of the cases,endoscopy might be performed under aspirin only and/or after a five-daywithdrawal from clodiprogel. Platelet antiaggregant treatment might be takenagain two days after endoscopy. In case of major thrombotic risk, excluding thediscontinuation of double antiaggregant drugs, one should consider non-invasive alternative to endoscopy or delay the procedure.

    n Key words: endoscopy, platelet antiaggregant treatment, thrombotic risk, haemorrhagicrisk

    Digestive endoscopyand plateletantiaggregants: How tomanage in 2011?

    Arthur Laqui�ere, G�eraldineGascou-Tessonnier, Christian Bousti�ereHôpital Saint-Joseph, Service degastroent�erologie, boulevard de Louvain,13008 Marseille, France

    e-mail :

    HEPATO yGASTROet Oncologie digestive

    Tir�es �a part : C. Bousti�ere

    Pour citer cet article : Laqui�ere A, Gascou-Tessonnier G, Bousti�ere C. Endoscopie digestive etantiagr�egants : comment bien g�erer nos patients en 2011 ? Hépato Gastro 2011 ; 18 : 21-27.doi : 10.1684/hpg.2010.0538

    doi:10.1684/hpg.2010.0538

    21HEPATO-GASTRO et Oncologie digestivevol. 18 n8 1, janvier-f�evrier 2011

    ini-revueM

  • facteur de risquemajeur de thrombose pour tous les stents,mais il est particuli�erement �elev�e chez les porteurs d’unstent actif.

    �Etat des lieux en France

    Les r�esultats d’observatoires r�ecents ont r�ev�el�e que 12,2%des sujets de plus de 50 ans sont trait�es par aspirine �a faibledose, soit environ 2,4 millions de personnes [1]. Ce chiffreglobal est en constante augmentation et on peut estimerque 200 000 �a 300 000 nouveaux patients par anentreront dans un sch�ema de pr�evention par AAP.En 2007, 117 000 angioplasties ont �et�e r�ealis�ees en Franceavec le plus souvent la pose d’un stent, dont environ lamoiti�e �etaient des stents actifs, et ce geste �etaitaccompagn�e de l’instauration ou du renouvellementd’un traitement AAP avec mise en place d’une doubleantiagr�egation pouvant aller jusqu’�a 12 mois.

    ‘‘12,2 % des sujets de plus de 50 ans sonttraités par aspirine �a faible dose, soit environ

    2,4 millions de personnes

    ’’Par ailleurs, le nombre d’endoscopies digestives r�ealis�eeschaque ann�ee augmente (enquête « deux jours d’endos-copie en France », 2008) et, en particulier, le nombre decoloscopies (environ 1,25 millions) cons�equence essen-tiellement de la mise en place du d�epistage g�en�eralis�eorganis�e du cancer colorectal. Dans ce contexte, un patientsur trois aura une ex�er�ese d’un polype ad�enomateux ce quitransforme �evidemment la coloscopie diagnostique engeste th�erapeutique pour plus de 300 000 patients. Lamême enquête a permis de chiffrer �a 13% les endoscopiesdigestives concernant des patients sous AAP ou anti-coagulant [2].

    ‘‘Les endoscopies digestives concernent despatients sous AAP ou anticoagulant dans

    13 % des cas

    ’’La prise en charge de ce type de patient en vue d’un acteendoscopique a fait l’objet d’une recommandation dela SFED publi�ee en 2006 [3] et ayant abouti �a uneclassification des gestes en fonction de leur risqueh�emorragique en trois cat�egories. Sur le plan international,on dispose de la recommandation am�ericaine de l’ASGE,r�eactualis�ee et publi�ee en 2009 [4], et anglaise, qui est tout�a fait comparable avec de nombreux points non discut�es[5]. C’est pourquoi la HAS, en partenariat avec laSFED, a entrepris l’�elaboration d’un consensus formalis�e

    d’experts sur ce th�eme dont la publication est pr�evue cetteann�ee.

    Les principales questions qu’il faut seposer

    La r�ealisation d’un examen endoscopique chez un patientsous AAP implique de pouvoir r�epondre �a plusieursquestions en amont de l’acte :– quel est le risque thrombotique du patient ?– quels sont les diff�erents AAP et leurs modalit�es

    d’utilisation ?– faut-il r�ealiser un bilan d’h�emostase ?– quel est le risque h�emorragique potentiel du geste

    endoscopique ?

    Quel est le risque thrombotique du patientsous antiagrégants plaquettaires ?

    Id�ealement, c’est en concertation avec le m�edecinprescripteur du traitement que les adaptations th�erapeu-tiques devraient être envisag�ees en �evaluant, au cas parcas, le rapport b�en�efice/risque de la proc�edure et desmodifications du traitement antithrombotique [6]. Le plussouvent, cette situation id�eale est difficile �a mettre enœuvre et le gastroent�erologue ne pourra se dispenser deconnâitre le niveau de risque cardiovasculaire de sonpatient, ne serait-ce que pour valider le bien-fond�e del’indication de l’endoscopie. Ainsi, on peut classer le risquethrombotique en deux niveaux selon la date de pose dustent, sa nature (nu ou actif) et les facteurs de risquesassoci�es (diab�ete, st�enoses coronaires complexes, alt�era-tion de la fonction ventriculaire, ant�ec�edents d’accidentvasculaire c�er�ebral), selon la recommandation de la Sfar en2006 [7] :– risque majeur : pose de stent nu de moins de 6 semaines

    ou stent actif de moins de douze mois ;– risque mod�er�e : stent nu de plus de 6 semaines ou stent

    actif de plus de 6 semaines apr�es la pose, et maladiecoronarienne contrôl�ee. Un patient class�e en risquemod�er�e mais avec facteurs de risques pr�esents oumaladie coronarienne instable est reclass�e en risquemajeur.

    ‘‘Le gastroentérologue ne pourra se dispenserde connaı̂tre le niveau de risque cardiovas-

    culaire de son patient, ne serait-ce que pour valider lebien-fondé de l’indication de l’endoscopie

    ’’Le niveau de risque majeur n�ecessite une double anti-agr�egation par aspirine (ASP) �a faible dose : 75 mg associ�eau clopidogrel (CLO) 75 mg par jour, traitement qui doit

    22 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestivevol. 18 n8 1, janvier-f�evrier 2011

  • être maintenu 6 semaines pour les stents nus et jusqu’�a 12mois pour les stents actifs [8].Le niveau de risque mod�er�e n�ecessite en principe lemaintien d’un AAP en monoth�erapie, le plus souvent ASPmais certains patients seront mis plutôt sous CLO soit pourdes raisons de tol�erance soit pour augmenter l’efficacit�e surle terrain art�eriel.La prescription d’une h�eparine de bas poids mol�eculaire(HBPM) �a titre de relais n’est pas recommand�ee en casd’arrêt des AAP chez un patient �a risque majeur.Dans la majorit�e des cas, on pourra conserver le traitementpar aspirine en monoth�erapie durant le geste endosco-pique car l’arrêter même pour une p�eriode la plus courtepossible expose �a la survenue d’�ev�enements cardiovascu-laires graves d�ecrits dans les sept jours suivant un arrêtcomplet [9].

    Quel est le mode d’action des antiagrégantsplaquettaires ?

    Les AAP inhibent les fonctions plaquettaires et enparticulier l’activation et l’agr�egation, dont le rôle estessentiel dans le processus d’h�emostase primaire [10].

    � L’aspirineL’aspirine limite l’agr�egation plaquettaire en entrâinantune inhibition irr�eversible de la cyclo-oxyg�enase. Laperturbation de l’h�emostase primaire n’est compl�etementcorrig�ee que lorsque l’ensemble des plaquettes a �et�erenouvel�e soit apr�es sept �a dix jours. Cependant, un chiffrede 50 G/L de plaquettes fonctionnelles est consid�er�ecomme suffisant pour une action h�emostatique normale.Or, le renouvellement du pool plaquettaire est de l’ordre de10% par jour. Ainsi, en fonction du chiffre plaquettaire debase, cinq jours d’arrêt du traitement sont suffisants pourque le patient r�ecup�ere une fonction h�emostatiquenormale.

    ‘‘Cinq jours d’arrêt du traitement sont suffi-sants pour que le patient récup�ere une

    fonction hémostatique normale

    ’’� Les thiénopyridines : le clopidogrel (Plavix1) et leprasugrel (Efient1)

    Ces mol�ecules provoquent un blocage irr�eversible de l’undes r�ecepteurs plaquettaires �a l’ad�enosine diphosphate(ADP). En cas de saignement, la transfusion de plaquettespeut être utile. Si elles induisent fr�equemment uneaugmentation du temps de saignement aucun test nepermet, actuellement, d’objectiver le retour �a la normaledes fonctions plaquettaires. Cependant, comme pourl’ASP, cinq jours d’arrêt peuvent suffire pour r�ecup�ererune fonction plaquettaire normale. En p�eriode aigu€e ou

    critique, on utilise des doses plus fortes dites « de charge »allant de 300 �a 600 mg par jour afin d’induire uneffet antithrombotique rapide et, dans ce cas, le risqueh�emorragique est �evidemment major�e. On connâit mainte-nant la variabilit�e individuelle des patients soumis au CLO etcertains tests d’agr�egabilit�e sont utilis�es en service sp�ecialis�epouradapter aumieux ladoseefficace. Enfin r�ecemment,ona mis en �evidence une possible comp�etition entre la classedes inhibiteurs de la pompe �a protons et l’action du CLO quiemprunterait la même voie m�etabolique du cytochrome[11]. Bien que les �etudes comparatives soient tr�es peunombreuses, les donn�ees actuelles n’ont pas mis en�evidence de diff�erence nette du risque h�emorragique entreces produits et l’aspirine [12].Le prasugrel est une nouvelle mol�ecule de la même classeque le CLO et vient d’obtenir une AMM pour lapr�evention secondaire antithrombotique chez le patientcoronarien appareill�e. Nous allons devoir donc compterdans les prochains mois avec cette nouvelle mol�ecule,plus efficace mais plus �a risque sur le plan h�emorragiquequi devrait concerner environ 30 % des futurs patientsavec stent coronaire. En revanche, il sera impossibled’envisager un geste invasif en poursuivant ce traite-ment.

    � Autres moléculesD’autres produits sont en cours de d�eveloppement maisil faut surtout insister sur l’absence de preuve concernantles AINS comme le Cebutid1 ou sur les nombreux effetssecondaires du (Ticlid1) qui font que ces produits nedoivent plus être utilis�es dans cette indication.

    Faut-il réaliser un bilan d’hémostase ?

    Chez un patient sous AAP, on peut consid�erer deuxniveaux d’exploration de l’h�emostase, l’un concerne lestests de routine qui seront toujours demand�es et l’autreconcerne la fonction plaquettaire et la mesure del’agr�egabilit�e [13].Le bilan standard permet de v�erifier la num�erationplaquettaire de même que le taux de prothrombine afinde d�eceler une anomalie surajout�ee de l’h�emostase. Untest global de coagulation comme un temps de saignementstandard ou un TCK sont inutiles dans ce cas. Le plusimportant est encore la recherche par l’interrogatoire oul’examen clinique de toute manifestation h�emorragiquespontan�ee ou postop�eratoire qui pourrait faire �evoquerune diath�ese h�emorragique h�er�editaire et en particulierune maladie de Willebrand.En revanche, l’�evaluation de l’agr�egabilit�e plaquettairesous AAP pose encore un r�eel probl�eme, même si certainstests r�ecents pourraient apporter des solutions. Pourl’aspirine, l’utilisation du temps d’occlusion plaquettairepermet d’avoir une indication relative de son action

    23HEPATO-GASTRO et Oncologie digestivevol. 18 n8 1, janvier-f�evrier 2011

    Endoscopie et anti-agrégants

  • antiagr�egante mais il n�ecessite des conditions der�ealisation tr�es strictes.

    Quelles sont les procédures endoscopiques �arisque hémorragique ?

    On peut actuellement classer les examens endoscopiquesen deux cat�egories :– risque h�emorragique mineur : toute endoscopie diag-

    nostique avec ou sans biopsies ou proc�edure �a risqueh�emorragique facilement contrôlable ;

    – risque h�emorragique �elev�e : geste interventionnel sanscontrôle possible du saignement ou risque de complica-tion h�emorragique grave.

    � Les procédures �a faible risque hémorragiqueEndoscopies diagnostiques ne n�ecessitant pas l’arrêt desAAP :– la gastroscopie par voie buccale ;– la rectosigmo€idoscopie ;– la coloscopie sans polypectomie.Au cours de ces explorations, la r�ealisation de biopsies,qu’elles soient faites avec des pinces standards oup�ediatriques, ne majore pas le risque de mani�eresignificative [14] ;– l’�echoendoscopie diagnostique ;– la ponction sous �echoendoscopie �a l’aiguille fine (22 ou

    25 G) de masses solides est possible sous ASP ;– la cholangiopancr�eatographie r�etrograde endoscopique

    (CPRE) diagnostique ou sans sphinct�erotomie ;– l’ent�eroscopie diagnostique pouss�ee �a ballonnet

    (aucune �evaluation n’�et�e faite avec le syst�eme Spirrus1).

    ‘‘La réalisation de biopsies, qu’elles soientfaites avec des pinces standards ou pédia-

    triques, ne majore pas le risque de mani�eresignificative

    ’’� Les procédures �a risque hémorragique contrôlableCe sont toutes les endoscopies th�erapeutiques qui ont lapossibilit�e de r�ealiser un contrôle endoscopique dusaignement induit, en per- ou post-proc�edure, avec ungeste d’h�emostase [15,16]. Dans ce cas, le maintien d’untraitement par aspirine seul est possible mais le maintien duclopidogrel reste d�econseill�e ;– polypectomie colique si le diam�etre du polype est

    inf�erieur �a 1 cm ou si le polype est p�edicul�e ;– la r�esection des polypes sessiles de plus de 1 cm par

    mucosectomie reste �a �evaluer [17] ;– la sphinct�erotomie endoscopique [18] ;

    – la photodestruction et la photocoagulation laser ouargon ;

    – le traitement endoscopique des varices œsophagiennesou gastriques ;

    – les proc�edures d’h�emostase sur des l�esions vasculaires.

    � Procédures �a haut risque hémorragique : (< 1 %)mais sans possibilité de contrôle endoscopique

    – la ponction sous �echoendoscopie d’une l�esion kystiqueou en cas d’interposition vasculaire et n�ecessit�ed’utiliser une aiguille 19 G (drainage de collections)[19] ;

    – la gastrostomie percutan�ee [20] ;– le traitement des st�enoses digestives par dilatation

    (pneumatique ou bougies) ;– la pose de proth�eses digestives m�etalliques [21] ;– la gastroscopie par voie nasale (en raison du risque

    d’�epistaxis) [22] mais l’usage d’appareil encore plus fin(< 6 mm) pourrait att�enuer ce risque.

    En pratique

    Ce qu’il faut faire

    La coloscopie �etant l’acte le plus fr�equent et celui pourlequel un geste th�erapeutique est impr�evisible avant lar�ealisation de l’examen en fonction de la pr�esence ou nonde polypes, il est int�eressant de consid�erer le probl�eme desAAP dans ce cadre.La premi�ere �etape est de bien �evaluer le niveau de risquethrombotique du patient qui conditionne le traitement parAAP en cours et la possibilit�e de le modifier en vue del’examen.On peut consid�erer qu’actuellement, la majorit�e desexamens peut être r�ealis�ee sous aspirine seule.Chez les patients sous bith�erapie, il faut proposer l’arrêt duCLO, cinq jours, et la r�ealisation de la coloscopie sousaspirine seule.En cas de monoth�erapie par CLO, si on ne peut pasl’interrompre cinq jours, on peut envisager un remplace-ment temporaire par aspirine pour revenir �a l’une dessituations pr�ec�edentes.En cas de risque thrombotique majeur (stents r�ecents,stents actifs, syndrome coronarien en phase aigu€e)ne permettant pas l’arrêt de la bith�erapie, il faudradiff�erer l’examen s’il n’est pas urgent ou le remplacerpar une alternative non invasive (coloscanner ouvid�eocapsule colique) sachant qu’une coloscopie diag-nostique prudente est cependant toujours possible si elleest indispensable.�A l’oppos�e, chez les patients �a faible risque thrombotique,qui sont sous aspirine seule �a faible dose en pr�eventionsecondaire d’un accident coronarien ancien (plus de

    24 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestivevol. 18 n8 1, janvier-f�evrier 2011

  • 12 mois) et sans facteurs de risque associ�es, le traitementpourra être interrompu cinq jours si le geste pr�esente unrisque h�emorragique major�e (mucosectomie ou grospolype).

    Ce qu’il ne faut pas faire

    – surestimer le risque h�emorragique d’une polypectomieet reprogrammer un patient parfois fragile pour unnouvel examen impliquant une nouvelle pr�eparationcolique ainsi qu’une nouvelle anesth�esie g�en�erale ;

    – arrêter intempestivement un traitement par AAP sans�evaluer le risque thrombotique qui sera au mieux pr�ecis�epar le cardiologue traitant ;

    – mettre en place un relais par HBPM, ce qui est inefficaceet pourrait même être d�el�et�ere ;

    – prolonger l’arrêt du traitement au-del�a de 48 heuresapr�es le geste ;

    – utiliser un test de coagulation global pour �evaluer ledegr�e d’inhibition plaquettaire ou son retour �a lanormale.

    ‘‘Un relais par HBPM est inefficace et pourraitmême être délét�ere

    ’’Comment prévenir et gérer le saignementpost-polypectomie sous aspirine ?

    – s�ecuriser au mieux la r�esection des polypes de plus de1 cm en utilisant tous lesmoyensmodernes d’h�emostase(clips, anses largables) (figures 1-4) ;

    – utiliser un bistouri �electrique muni d’un courant mix�eautocontrôl�e « endocoupe » ;

    – hospitaliser le patient 24 heures pour pouvoirr�eintervenir endoscopiquement en cas de saignementpr�ecoce dans les heures qui suivent l’examen ;

    – informer le patient de la possibilit�e d’un saignementretard�e qui, habituellement, se produit entre lecinqui�eme et le dixi�eme jour correspondant �a la classiquechute d’escarre. Ce saignement peut être abondantaboutissant �a une transfusion dans la moiti�e des cas,mais ne n�ecessite qu’exceptionnellement un gesteh�emostatique [23].

    Figure 1. Injection adr�enalin�ee avant r�esection �a l’anse.

    Figure 2. Endoloop1 largu�ee sur un polype p�edicul�e.

    Figure 3. Polype r�es�equ�e avec Endoloop1 en place.

    25HEPATO-GASTRO et Oncologie digestivevol. 18 n8 1, janvier-f�evrier 2011

    Endoscopie et anti-agrégants

  • Quand reprendre le traitement complet parantiagrégants plaquettaires ?

    Chez les patients �a haut risque thrombotique, il fautreprendre le traitement le plus tôt possible, id�ealementdans les 24 heures qui suivent le geste. Cependant,lorsqu’il existe un risque h�emorragique important, on peuttol�erer une reprise diff�er�ee �a 48 heures.

    Sur un plan pharmacologique, la reprise de l’AAP �a faibledose (dose d’entretien) n’induit une inhibition plaquettaireefficace qu’au bout de trois �a cinq jours. Certaines �equipesproposent donc une dose de charge le jour de la reprise.En l’absence actuellement de test d’h�emostase fiableet reproductible �evaluant l’inhibition de l’agr�egabilit�eplaquettaire, il est difficile de valider cette attitude.

    Conflits d’int�erêts : aucun. &

    Références

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    Figure 4. Contrôle d’un saignement post-r�esection par la pose de clips.

    T ake home messages

    & La r�ealisation des endoscopies digestives sous AAPest une situation de plus en plus fr�equente.

    & Le gastroent�erologue doit être inform�e des risquesthrombotiques imputables �a l’arrêt du traitement parAAP et il doit �evaluer le rapport b�en�efice/risque del’examen indiqu�e en incluant le risque h�emorragique li�eau geste.

    & Le plus souvent, l’endoscopie sera r�ealis�ee sousaspirine ce qui repr�esente pour certains une v�eritabler�evolution culturelle

    & Il est n�ecessaire d’adapter sa pratique en int�egrantdes pr�ecautions particuli�eres selon le type de proc�edureainsi qu’une information compl�ete du patient.

    & Le peu de donn�ees scientifiques disponibles et lan�ecessit�e d’actualiser les recommandations ont pouss�ela SFED en partenariat avec la HAS �a �elaborer unconsensus formalis�e d’experts sur ce th�eme qui seradisponible d�es cette ann�ee.

    26 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestivevol. 18 n8 1, janvier-f�evrier 2011

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    Endoscopie et anti-agrégants

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