Elise Mignot LINGUISTIQUE ANGLAISE Exercices...
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Elise Mignot
LINGUISTIQUE ANGLAISE
Exercices corrigés
1. Exercices de description grammaticale
Ces exercices portent sur la première partie de l’ouvrage.
1.1. Exercice sur la nature des mots
Cet exercice porte sur le chapitre 1.
Indiquez la nature des mots soulignés dans le texte ci-dessous. Justifiez et commentez.
Conseil de méthode : n’oubliez pas d’utiliser les différents critères (sémantique,
morphologique, syntaxique) à chaque fois que cela est possible et pertinent.
‘And when we get there?’
‘Well, we wait. I made Bunny’s walk to the ravine from school twice this afternoon, there and back,
and timed it both ways. It’ll take him at least half an hour from the time he leaves his room. Which
gives us plenty of time to go around the back way and surprise him.’
‘What if he doesn’t come?’
‘Well, if he doesn’t, we’ve lost nothing but time.’
‘What if one of us goes with him?’
He shook his head. ‘I’ve thought of that,’ he said. ‘It’s not a good idea. If he walks into the trap
himself – alone, of his own volition – there’s not much way it can be traced to us.’
‘If this, if that,’ said Francis sourly. ‘This sounds pretty haphazard to me.’
‘We want something haphazard.’
‘I don’t see what’s wrong with the first plan.’
‘The first plan is too stylized. Design is inherent in it through and through.’
‘But design is preferable to chance.’
Henry smoothed the crumpled map against the table with the flat of his palm. ‘There, you’re wrong,’
he said. ‘If we attempt to order events too meticulously, to arrive at point X via a logical trail, it
follows that the logical trail can be picked up at point X and followed back to us. But luck? It’s
invisible, erratic, angelic. What could possibly be better from our point of view, than allowing Bunny
to choose the circumstances of his own death?’
Everything was still. Ouside, the crickets shrieked with rhythmic, piercing monotony.
Francis – his face moist and very pale – bit his lower lip. ‘Let me get this straight. We wait at the
ravine and just hope he happens to stroll by. And if he does, we push him off – right there in broad
daylight – and go back home. Am I correct?’
‘More or less,’ said Henry.
‘What if he doesn’t come by himself? What if somebody else wanders by?’
‘It’s no crime to be in the woods on a spring afternoon,’ Henry said. ‘We can abort at any time, up to
the moment he goes over the edge. And that will only take an instant. If we happen across anybody on
the way to the car – I think it improbable, but if we should – we can always say there’s been an
accident, and we’re going for help.’
‘But what if someone sees us?’
‘I think that extremely unlikely,’ said Henry, dropping a lump of sugar into his coffee with a splash.
‘But possible.’
‘Anything is possible, but probability will work for us if only we let it,’ said Henry. ‘What are the
odds that some previously undetected someone will stumble into that very isolated spot, during the
precise fraction of a second it will take to push him over?
‘It might happen’.
‘Anything might happen, Francis. He might be hit by a car, and save us all a lot of trouble’.
A soft, damp breeze, smelling of rain and apple blossom, blew through the window. I had broken out
in a sweat without realizing it and the wind on my cheek made me feel clammy and light-headed.
Donna Tartt, The Secret History, 1992.
Réponses
The (the ravine)
C’est un déterminant, plus précisément un article défini, donc un mot appartenant à une classe
lexicale fermée. Il se situe juste avant un nom, ravine, qu’il détermine, c’est-à-dire qu’il en
réduit le potentiel de référence. On parle d’un ravin particulier, connu de l’énonciateur et de
ses co-énonciateurs, dans un lieu particulier. L’article the code d’ailleurs ce repérage par
rapport à l’énonciateur (le fait que l’existence du ravin est connue).
Timed (I made Bunny’s walk to the ravine from school twice this afternoon, there and back,
and timed it both ways.)
Il s’agit d’un verbe, plus précisément un verbe lexical (et non auxiliaire), qui appartient donc
à une classe lexicale ouverte. Ce verbe est conjugué à la première personne du singulier I ; il
porte la marque du prétérit, en l’occurrence un suffixe flexionnel (-ed). Il dit une relation
(entre une personne, un trajet, et un outil tel qu’une montre ou un chronomètre), et suit le
sujet, comme cela est le cas dans l’ordre canonique de la proposition (le sujet n’est en réalité
pas répété mais est implicite : I made Bunny’s walk… and [I] timed it both ways.
Which (It’ll take him at least half an hour from the time he leaves his room. Which gives us
plenty of thime to go around the back way and surprise him.)
Il s’agit d’un pronom relatif, dont l’antécédent est toute une proposition (qui représente en fait
l’intégralité de la phrase qui précède : It’ll take him at least half an hour from the time he
leaves his room. Les pronoms relatifs sont souvent des mots en wh- ; c’est le cas ici. Le
pronom occupe une fonction à l’intérieur de la subordonnée relative : il est sujet. Il appartient
à une classe lexicale fermée.
Volition (‘It’s not a good idea. If he walks into the trap himself – alone, of his own volition –
there’s not much way it can be traced to us.’)
Ce mot est un nom, il appartient donc à une classe lexicale ouverte. Sa terminaison en –tion
en est typique (on ne peut pas parler ici de suffixe car on ne peut décomposer le mot en base +
suffixe, mais la terminaison reste caractéristique des noms). Il est précédé d’un déterminant
(his), et d’un adjectif qualificatif (own). Ce nom permet de dire une idée abstraite.
Sourly (‘If this, if that,’ said Francis sourly. ‘This sounds pretty haphazard to me.’)
Ce mot est un adverbe, il appartient à une classe lexicale ouverte. Le suffixe dérivationnel –ly
est typique de la classe des adverbes ; il permet de dériver des adverbes à partir d’adjectifs, ici
sour. Cet adverbe modifie la relation prédicative /He - say/, il en dit la manière. Cet adverbe
est gradable (very sourly est possible), tout comme l’adjectif dont il est dérivé.
Flat (Henry smoothed the crumpled map against the table with the flat of his palm.)
Il s’agit ici d’un nom, qui appartient donc à une classe lexicale ouverte, précédé d’un
déterminant (the). Le même mot pourrait, dans un autre contexte, être adjectif qualificatif. Le
nom est issu de l’adjectif flat par dérivation zéro (ou conversion). Il ne dit pas une qualité
(qu’on ne pourrait se représenter que comme liée à un référent), comme le ferait l’adjectif,
mais une entité concrète (une partie du corps, plus précisément une partie de la main).
You (‘There, you’re wrong,’ he said).
Ce mot est un pronom, il appartient à une classe lexicale fermée. Plus précisément, il s’agit
d’un pronom personnel de deuxième personne. Il a un antécédent : la personne qui vient de
parler, le co-énonciateur. Il référe à un participant de la situation d’énonciation.
Invisible (But luck? It’s invisible, erratic, angelic.)
Il s’agit d’un adjectif qualificatif, qui appartient donc à une classe lexicale ouverte. Sa
morphologie (terminaison en –ble), en est typique. L’adjectif est par ailleurs lié
syntaxiquement à it par l’intermédiaire de be, verbe équatif (il est attribut du sujet, une
fonction typique des adjectifs). D’un point de vue sémantique, il dit une qualité du référent
(dit par luck) ; il est lié à ce référent.
Plus précisément, il s’agit d’un adjectif descriptif. Il n’appartient pas vraiment aux catégories
de l’acronyme TAFCOM (taille, âge, forme, couleur, origine, matière), mais il se rapproche le
plus de la couleur : invisible dit qu’on ne voit pas – on est donc dans le domaine de la vision
(les couleurs se voient). Il est compatible avec les différentes fonctions possibles des adjectifs
(attribut, épithète, apposition), car il dit une signification focalisable. On peut attirer
l’attention sur le fait que le référent est invisible. Il s’agit bien en effet d’attirer l’attention, car
en réalité tout le monde sait que la chance (une idée abstraite) est invisble (ce sont les
manifestations de l’idée abstraite qui sont visibles). L’énonciateur attire l’attention de son
interlocuteur sur ce point car il veut le convaincre. Notons enfin que cet adjectif n’est pas
gradable : on ne peut pas dire *very invisible. Ceci s’explique par le fait que la signification
adjectivale n’est pas située sur un continuum : soit quelque chose est visible, soit il ne l’est
pas, surtout dans le cas d’une idée abstraite telle que luck. Il ne fait pas de doute que la chance
est invisible, elle ne peut pas être partiellement visible.
What (What could possibly be better from our point of view, than allowing Bunny to choose
the circumstances of his own death?)
What est ici un pronom interrogatif. Il appartient à une classe fermée. Sa morphologie en wh-
indique un vide d’information à combler, ce qui est éminement compatible avec le fait de
poser une question.
No (It’s no crime to be in the woods on a spring afternoon,’ Henry said.)
No est ici un déterminant, qui appartient à une classe lexicale fermée. Il précède un nom
(crime), et donne un renseignement sur l’actualisation du référent. C’est en effet la non
actualisation (non existence) de crime qui est dite.
To (to the car)
Ce mot fait partie de la classe lexicale des prépositions, classe fermée. La préposition exprime
une relation, a un sens spatial (mouvement vers), ce qui est typique des prépositions, et
introduit un syntagme nominal (the car).
Splash (‘I think that extremely unlikely,’ said Henry, dropping a lump of sugar into his coffee
with a splash.)
Splash est ici un nom, il appartient à une classe ouverte. Dans d’autres contextes il pourrait
être verbe (lexical). Ce nom est issu du verbe splash par dérivation zéro, ou conversion. Il est
précédé d’un déterminant (a). Il réfère à un procès, même en tant que nom, ce qui n’est pas le
type de référent le plus typique des noms. Cependant en tant que nom il ne dit pas une mise en
relation entre des référents, mais une entité autonome (un événement).
But (‘I think that extremely unlikely,’ said Henry, dropping a lump of sugar into his coffee
with a splash. ‘But possible.’)
Ce mot est une conjonction de coordination, il appartient à une classe lexicale fermée. Il
coordonne deux entités de même niveau, c’est-à-dire les adjectifs qualificatifs unlikely et
possible. Même si ceux-ci ne font pas partie de la même phrase, on comprend qu’ils sont mis
sur le même plan (ils sont tous deux attributs de l’objet it). La conjonction but, contrairement
à and et or, a un sens adversatif. L’énonciateur contredit son interlocuteur, ou du moins tient à
porter à l’attention de son interlocuteur une possibilité que ce dernier refuse de voir.
Probability (‘Anything is possible, but probability will work for us if only we let it,’ said
Henry.)
Il s’agit d’un nom, qui appartient donc à une classe ouverte. Ce nom est dérivé de l’adjectif
probable par ajout du suffixe –ity, typique des noms. Ce nom est donc déadjectival (formé à
partir d’un adjectif) par dérivation, plus précisément par suffixation. On parle de l’idée
abstraite de probabilité, non du caractère probable de tel ou tel référent : la référence n’est pas
liée, comme elle le serait avec l’adjectif qualificatif. Le nom est précédé d’un déterminant,
l’article Ø.
Are (‘What are the odds that some previously undetected someone will stumble into that very
isolated spot, during the precise fraction of a second it will take to push him over?)
Il s’agit d’un verbe lexical (verbe équatif, ici), contrairement au be auxiliaire de be + -ing ou
du passif. Ce verbe appartient donc à une classe lexicale fermée. Cependant ce be se comporte
comme un auxiliaire ; en témoigne ici l’inversion sujet (the odds) – verbe (are) pour former la
construction interrogative. Ce verbe est conjugué à la troisième personne du pluriel et au
présent.
Might (‘Anything might happen, Francis. He might be hit by a car, and save us all a lot of
trouble’.)
Il s’agit d’un verbe auxiliaire, plus précisément un auxiliaire de modalité (il dit le possible).
Ce mot appartient à une classe fermée (dont on peut compter les membres). Son statut
d’auxiliaire lui permet de porter l’emphase, comme l’indique la typographie dans le texte, ce
qui est une des « NICE properties ». Cet auxiliaire est conjugué, à la troisième personne du
singulier, au prétérit. Son sujet est anything. Une particularité des auxiliaires de modalité est
qu’ils sont toujours conjugués (ils n’ont pas d’infinitif, de participe présent, ni de participe
passé, qui sont les formes non-conjuguées du verbe).
1.2. Exercice sur la nature des groupes
Cet exercice correspond au chapitre 2.
Déterminez la nature des groupes soulignés dans le texte suivant. Justifiez et commentez.
Le texte est le même que pour l’exercice du premier chapitre. Nous le reproduisons ici par
commodité.
‘And when we get there?’
‘Well, we wait. I made Bunny’s walk to the ravine from school twice this afternoon, there and back,
and timed it both ways. It’ll take him at least half an hour from the time he leaves his room. Which
gives us plenty of time to go around the back way and surprise him.’
‘What if he doesn’t come?’
‘Well, if he doesn’t, we’ve lost nothing but time.’
‘What if one of us goes with him?’
He shook his head. ‘I’ve thought of that,’ he said. ‘It’s not a good idea. If he walks into the trap
himself – alone, of his own volition – there’s not much way it can be traced to us.’
‘If this, if that,’ said Francis sourly. ‘This sounds pretty haphazard to me.’
‘We want something haphazard.’
‘I don’t see what’s wrong with the first plan.’
‘The first plan is too stylized. Design is inherent in it through and through.’
‘But design is preferable to chance.’
Henry smoothed the crumpled map against the table with the flat of his palm. ‘There, you’re wrong,’
he said. ‘If we attempt to order events too meticulously, to arrive at point X via a logical trail, it
follows that the logical trail can be picked up at point X and followed back to us. But luck? It’s
invisible, erratic, angelic. What could possibly be better from our point of view, than allowing Bunny
to choose the circumstances of his own death?’
Everything was still. Ouside, the crickets shrieked with rhythmic, piercing monotony.
Francis – his face moist and very pale – bit his lower lip. ‘Let me get this straight. We wait at the
ravine and just hope he happens to stroll by. And if he does, we push him off – right there in broad
daylight – and go back home. Am I correct?’
‘More or less,’ said Henry.
‘What if he doesn’t come by himself? What if somebody else wanders by?’
‘It’s no crime to be in the woods on a spring afternoon,’ Henry said. ‘We can abort at any time, up to
the moment he goes over the edge. And that will only take an instant. If we happen across anybody on
the way to the car – I think it improbable, but if we should – we can always say there’s been an
accident, and we’re going for help.’
‘But what if someone sees us?’
‘I think that extremely unlikely,’ said Henry, dropping a lump of sugar into his coffee with a splash.
‘But possible.’
‘Anything is possible, but probability will work for us if only we let it,’ said Henry. ‘What are the
odds that some previously undetected someone will stumble into that very isolated spot, during the
precise fraction of a second it will take to push him over?
‘It might happen’.
‘Anything might happen, Francis. He might be hit by a car, and save us all a lot of trouble’.
A soft, damp breeze, smelling of rain and apple blossom, blew through the window. I had broken out
in a sweat without realizing it and the wind on my cheek made me feel clammy and light-headed.
Donna Tartt, The Secret History, 1992.
Réponses
It’ll take him at least half an hour from the time he leaves his room
Il s’agit d’une proposition indépendante, dont la tête est le verbe lexical take (ce verbe ne
commande pas une subordonnée. La proposition est conjuguée ; en effet take est précédé de
l’auxilaire will, conjugué à la troisième personne du singulier.
Il y a certes une subordonnée dans la phrase, he lives his room, mais il s’agit d’une
proposition subordonnée relative qui dépend du nom time, et non du verbe take.
If he doesn’t, we’ve lost nothing but time
Il s’agit d’une proposition subordonnée conditionnelle, qui dépend du verbe do. La
proposition est conjuguée : le verbe do porte la marque de la troisième personne du singulier
et est conjugué au présent. La proposition est introduite par la conjonction de subordination if.
Il s’agit d’une proposition subordonnée adverbiale : à la place de if he doesn’t on pourrait
imaginer un adverbe : Fortunately, we’ve lost nothing but time.
‘What if one of us goes with him?’
One of us est un syntagme nominal, dont la tête est le pronom one. Ce pronom est suivi par le
syntagme prépositionnel of us, qui en est le complément.
He shook his head
Il s’agit d’un syntagme verbal, dont le verbe shook est la tête. Ce verbe est suivi d’un
syntagme nominal, qui en est l’objet direct.
‘This sounds pretty haphazard to me.’
Il s’agit d’un syntagme adjectival, dont la tête est l’adjectif haphazard. Cette tête est modifiée
par l’adverbe de degré pretty.
‘I don’t see what’s wrong with the first plan’
Il s’agit d’une proposition conjuguée, organisée autour du verbe be (verbe conjugué à la
troisième personne du singulier). Cette proposition est subordonnée au verbe see. C’est une
proposition nominale car elle a pour fonction objet direct du verbe see, une fonction
typiquement dévolue aux constituants nominaux. Plus précisément il s’agit d’une proposition
subordonnée interrogative indirecte. En effet le verbe recteur sert à poser une question :
l’énonciateur dit qu’il ne comprend pas, et, ainsi, il demande. D’ailleurs le co-énonciateur lui
répond (The first plan is too stylized).
L’exercice porte sur la nature, et non pas la fonction. Nous pouvons cependant
évoquer la fonction du segment lorsque cela permet de justifier sa nature.
the flat of his palm
Il s’agit d’un syntagme nominal, dont le nom tête est flat. Ce nom tête est précédé d’un
déterminant (the) et suivi d’un syntagme prépositionnel (of his palm), qui le complète.
If we attempt to order events too meticulously
Il s’agit d’une proposition subordonnée ; le verbe recteur de la principale est attempt. Cette
proposition n’est pas conjuguée, c’est une infinitive (en to). Elle est nominale, car elle suit
directement attempt, comme le ferait un syntagme nominal complément d’objet direct. Elle
est donc complément d’objet de attempt.
from our point of view
Il s’agit d’un syntagme prépositionnel, dont la tête est la préposition from. La préposition est
suivie d’un syntagme nominal, our point of view, qui en est le complément.
we can always say there’s been an accident
Il s’agit d’une proposition, organisée autour du verbe be, et subordonnée au verbe say. Elle est
introduite par la conjonction de subordination Ø, et est conjuguée (le verbe be est conjugué à
la troisième personne du singulier). Il s’agit par ailleurs d’une proposition nominale ; elle
apparaît en fonction objet direct du verbe say, une des fonctions typiquement dévolues aux
constituants nominaux.
‘What are the odds that some previously undetected someone will stumble into that very
isolated spot, during the precise fraction of a second it will take to push him over?
Il s’agit d’une proposition conjuguée, dont la tête est le verbe stumble. Ce verbe est déterminé
par un auxiliaire (will), conjugué à la troisième personne du singulier. La proposition est
subordonnée au nom odds, par la conjonction de subordination that. Il s’agit donc d’une
proposition conjonctive, qui complète le nom odds. Elle est nominale, comme en témoigne la
manipulation suivante : that some previously undetected someone will stumble into that very
isolated spot is very unlikely où that some previously undetected someone will stumble into
that very spot devient sujet du verbe be.
On peut parler de proposition « conjonctive » ou de proposition « complétive ». Le
mot « conjonctive » permet de parler de la nature (le type de proposition, introduite
par une conjonction de coordination), tandis que « complétive » permet de parler de la
fonction (la proposition est un complément).
anything might happen
Le segment en gras est un syntagme nominal. Il occupe la fonction sujet, typique des
syntagmes nominaux. Il est constitué d’un seul terme anything, un pronom indéfini (ou
proforme). Ce dernier peut également être décrit comme le résultat de la fusion de any
déterminant indéfini et thing, nom tête du syntagme nominal.
without realizing it
Il s’agit d’une proposition gérondive, donc non conjuguée, organisée autour du verbe realize.
Elle est subordonnée à la préposition without, dont elle est le complément. Elle occupe une
fonction a priori dévolue aux syntagmes nominaux (complément de préposition) ; elle peut
donc être dite « nominale ». Sa tête (realizing) est suivie d’un syntagme nominal objet direct,
it.
on my cheek
C’est un syntagme prépositionnel, dont la tête est la préposition on. Cette tête est suivie du
syntagme nominal my cheek, qui en est le complément.
1.3. Exercice sur les fonctions
L’exercice porte sur le chapitre 3. Il s’appuie sur l’extrait utilisé dans les deux premiers
exercices. Nous le reproduisons une nouvelle fois par commodité.
Indiquez la fonction des éléments soulignés. Justifiez et commentez. (Le cas échéant,
précisez s’il s’agit de circonstants ou de compléments.)
Conseil de méthode : n’oubliez pas que vous pouvez parfois vous servir de la nature
pour justifier la fonction.
‘And when we get there?’
‘Well, we wait. I made Bunny’s walk to the ravine from school twice this afternoon, there and back,
and timed it both ways. It’ll take him at least half an hour from the time he leaves his room. Which
gives us plenty of time to go around the back way and surprise him.’
‘What if he doesn’t come?’
‘Well, if he doesn’t, we’ve lost nothing but time.’
‘What if one of us goes with him?’
He shook his head. ‘I’ve thought of that,’ he said. ‘It’s not a good idea. If he walks into the trap
himself – alone, of his own volition – there’s not much way it can be traced to us.’
‘If this, if that,’ said Francis sourly. ‘This sounds pretty haphazard to me.’
‘We want something haphazard.’
‘I don’t see what’s wrong with the first plan.’
‘The first plan is too stylized. Design is inherent in it through and through.’
‘But design is preferable to chance.’
Henry smoothed the crumpled map against the table with the flat of his palm. ‘There, you’re wrong,’
he said. ‘If we attempt to order events too meticulously, to arrive at point X via a logical trail, it
follows that the logical trail can be picked up at point X and followed back to us. But luck? It’s
invisible, erratic, angelic. What could possibly be better from our point of view, than allowing Bunny
to choose the circumstances of his own death?’
Everything was still. Ouside, the crickets shrieked with rhythmic, piercing monotony.
Francis – his face moist and very pale – bit his lower lip. ‘Let me get this straight. We wait at the
ravine and just hope he happens to stroll by. And if he does, we push him off – right there in broad
daylight – and go back home. Am I correct?’
‘More or less,’ said Henry.
‘What if he doesn’t come by himself? What if somebody else wanders by?’
‘It’s no crime to be in the woods on a spring afternoon,’ Henry said. ‘We can abort at any time, up to
the moment he goes over the edge. And that will only take an instant. If we happen across anybody on
the way to the car – I think it improbable, but if we should – we can always say there’s been an
accident, and we’re going for help.’
‘But what if someone sees us?’
‘I think that extremely unlikely,’ said Henry, dropping a lump of sugar into his coffee with a splash.
‘But possible.’
‘Anything is possible, but probability will work for us if only we let it,’ said Henry. ‘What are the
odds that some previously undetected someone will stumble into that very isolated spot, during the
precise fraction of a second it will take to push him over?
‘It might happen’.
‘Anything might happen, Francis. He might be hit by a car, and save us all a lot of trouble’.
A soft, damp breeze, smelling of rain and apple blossom, blew through the window. I had broken out
in a sweat without realizing it and the wind on my cheek made me feel clammy and light-headed.
Donna Tartt, The Secret History, 1992.
Réponses
And when we get there?
We est le sujet du verbe get, c’est-à-dire un de ses compléments. Il précède ce verbe, et
déclenche l’accord.
Il ne faut pas oublier d’indiquer de quel verbe un constituant est le sujet.
I made Bunny’s walk to the ravine from school twice this afternoon (…)
This afternoon est circonstant de temps du verbe made. Il précise une circonstance du procès,
en l’occurrence le moment où il s’est actualisé.
‘It’ll take him at least half an hour from the time he leaves his room. Which gives us plenty of
thime to go around the back way and surprise him.’
Which est sujet du verbe give (donc complément de ce verbe), dans la proposition relative
qu’il introduit. Il déclenche l’accord, comme en témoigne le –s de troisième personne du
singulier de gives.
It’s not a good idea
Le syntagme nominal en gras est attribut du sujet it. Il s’agit donc d’un complément du verbe
be. Ce complément ne dit pourtant pas un argument, car a good idea est syntagme nominal
non référentiel. Il sert à dire une propriété du référent. Le lien entre les deux syntagmes
nominaux it et a good idea se fait par l’intermédiaire du verbe équatif be. L’attribut permet de
caractériser le référent. Le co-énonciateur vient d’émettre une idée (dite par one of us goes
with him), et l’énonciateur dit, à propos de cette idée, qu’elle n’est pas bonne. Ce n’est pas
tant le nom qui caractérise que l’adjectif qualificatif, en tant qu’il est nié.
If he walks into the trap himself
Le segment souligné est complément de lieu (ou de destination) du verbe walk. Il s’agit d’un
lieu qui peut être conçu comme réel (le ravin où les camarades de Bunny veulent le
précipiter), mais aussi métaphorique (le piège imaginé par les protagonistes). Il s’agit d’un
complément et non pas d’un circonstant car le syntagme prépositionnel est nécessaire à la
conceptualisation du procès, il n’en dit pas une circonstance, comme cela serait le cas avec
They were walking in the forest, par exemple.
If he walks into the trap himself – alone, of his own volition (…)
Le syntagme prépositionnel souligné est circonstant de cause du verbe walk (c’est sa volonté
qui le fait se diriger vers le piège tendu vers ses camarades). Les circonstants prennent
souvent (mais pas toujours) la forme de syntagmes prépositionnels ; c’est le cas ici.
This sounds pretty haphazard to me.
Le syntagme adjectival souligné est attribut du sujet this. Il s’agit donc d’un complément au
sein de la proposition. Le lien entre les deux syntagmes nominaux this et pretty haphazard est
dit par le verbe équatif sound.
Souvenez-vous qu’il existe d’autres verbes équatifs que be. Sound en est un ici.
This sounds pretty haphazard to me.
Le syntagme prépositionnel to me est objet indirect du verbe sounds. Il s’agit d’un
complément au sein de la proposition. Les compléments d’objet indirects sont souvent dits par
des syntagmes prépositionnels ayant pour tête la préposition to ; c’est le cas ici.
We want something haphazard.
L’adjectif (ou, plus précisément, le syntagme adjectival) haphazard est épithète du nom
thing ; il modifie donc ce nom. Comme something (some + thing) s’est figé, l’adjectif
apparaît après la tête. C’est la deuxième occurrence de cet adjectif, dans un syntagme nominal
qui a une fonction différente de la première.
Il est toujours bienvenu de formuler des remarques d’ordre contextuel lorsque
l’occasion s’en présente.
‘I don’t see what’s wrong with the first plan.’
La proposition en gras est objet direct du verbe see. C’est donc un complément au sein de la
proposition. Il s’agit d’une proposition nominale, qui en tant que telle est compatible avec
cette fonction.
But design is preferable to chance
To chance est complément de l’adjectif preferable. Les compléments d’adjectifs prennent
souvent la forme d’un syntagme prépositionnel ; c’est le cas ici.
Henry smoothed the crumpled map against the table with the flat of his palm.
Le syntagme nominal en gras est complément de la préposition with. Il la suit immédiatement,
et est nécessaire à la compréhension de sa signification (il ne s’agit donc pas d’un modifieur).
Everything was still. Ouside, the crickets shrieked with rhythmic, piercing monotony.
Il s’agit d’un circonstant de manière du verbe shriek. Ce circonstant prend la forme d’un
syntagme prépositionnel, ce qui est fréquent. Avec ce syntagme prépositionnel on dit une
circonstance du procès plutôt qu’un argument (les participants sont les criquets).
Francis – his face moist and very pale – bit his lower lip.
Le syntagme nominal en gras est apposé à celui qui précède, Francis. Il s’agit d’un
complément au sein de la proposition. Il développe le syntagme qui le précède : le premier
syntagme nominal réfère à l’intégralité de la personne (Francis), le second dit la même
personne (il est co-référentiel du premier), mais décrit plus précisément une partie de son
corps.
Am I correct?
Correct est attribut du sujet I. Il s’agit donc d’un complément. L’adjectif correct est lié au
sujet I par l’intermédiaire verbe équatif be. Il dit une propriété du sujet.
It’s no crime to be in the woods on a spring afternoon
It est le sujet de be, il déclenche l’accord. Mais c’est un sujet particulier, non référentiel. Il
diffère par exemple du it de The first plan is too stylized. Design is inherent in it through and
through, qui reprend clairement un élément du co-texte avant (the first plan).
Ne négligez pas ces comparaisons que le texte vous suggère.
Même si it est un complément du verbe, et que les compléments désignent souvent des
arguments, ce n’est donc pas le cas ici. It est le sujet grammatical de is ; on parle parfois de
sujet « explétif ». D’un point de vue sémantique le sujet est to be in the woods on a spring
afternoon. On peut d’ailleurs reconstituer une proposition dans laquelle cela serait le cas : To
be in the woods on a spring afternoon is no crime. On parle dans ce cas d’extraposition du
sujet. C’est la proposition infinitive (to be in the woods on a spring afternoon) qui est
extraposée, et it joue le rôle de sujet syntaxique.
‘What are the odds that some previously undetected someone will stumble into that very
isolated spot, during the precise fraction of a second it will take to push him over?
Il s’agit d’une proposition complétive, complément du nom odds, ce dernier étant qui est la
tête du syntagme nominal the odds that some previously undetected someone will stumble into
that very isolated spot, during the precise fraction of a second it will take to push him over. Il
ne s’agit pas d’un modifieur car la proposition conjonctive participe à l’identification du
syntagme nominal.
He might be hit by a car
Il s’agit du complément d’agent du verbe hit. La proposition est en effet passive comme en
témoigne la forme du verbe be hit. Le syntagme nominal a car serait sujet dans la proposition
active correpondante : a car might hit him. Le syntagme est introduit par la préposition by, ce
qui est typique des compléments d’agent.
2. Exercices portant sur les chapitres 4 à 16 Ces exercices portent sur les chapitres des deuxième, troisième et quatrième parties. Ils ne
mobilisent que les connaissances exposées dans le chapitre concerné.
2.1. Exercice sur les types de noms
Cet exercice porte sur le chapitre 4.
Indiquez le fonctionnement des noms soulignés dans le texte suivant. Justifiez et
commentez.
She didn’t think she was an alcoholic. She wasn’t an alcoholic. She was just turning out to be like her
dad, who sometimes escaped his family by drinking too much. Once upon a time, Walter had
positively liked that she enjoyed drinking a glass or two of wine after the kids were in bed. He said
he’d grown up being nauseated by the smell of alcohol and had learned to forgive it and love it on her
breath, because he loved her breath, because her breath came from deep inside her and he loved the
inside of her. This was the sort of thing he used to say to her – the sort of avowal she couldn’t
reciprocate and was nevertheless intoxicated by. But once the one or two glasses turned into six or
eight glasses, everything changed. Walter needed her sober at night so she could listen to all the things
he thought were morally defective in their son, while she needed not to be sober so as not to have to
listen. It wasn’t alcoholism, it was self-defense.
Jonathan Franzen, Freedom, 2010.
Réponses
Le nom alcoholic a un fonctionnement discontinu. En témoigne le fait qu’il est précédé de
l’article a, et qu’il est pluralisable (alcoholics). Le nom a un fonctionnement discontinu car on
se représente les limites du référent : il s’agit d’une personne, il s’agit donc des limites du
corps. On peut parler de discontinu hétérogène car une personne est décomposable en sous-
parties (les parties du corps).
Le nom dad est ici un nom commun au fonctionnement discontinu. Il est pluralisable, et peut
être précédé de a. Le nom dad est un quasi-synonyme de father. Il s’agit d’une personne, dont
on se représente les limites (le corps) et éventuellement des sous-parties (les parties du
corps) : il s’agit d’un discontinu hétérogène. Une particularité de ce nom, même si ce n’est
pas le cas ici, est qu’il peut être employé comme un terme d’adresse, lorsqu’on s’adresse à
son père, et que dans ce cas il s’apparente à un nom propre (il est alors intrinsèquement défini,
et n’est pas utilisé de façon catégorisante).
Lorsqu’un nom peut être employé d’une autre façon que celle illustrée dans l’extrait, il
est toujours bienvenu de comparer.
Le nom family est un collectif : il dit un groupe d’animés humains. Même si cela n’apparaît
pas dans ce texte, il peut entraîner un accord au pluriel et une reprise pronominale par they ou
them, pronoms personnels pluriels. Cela est une possibilité, mais n’est pas obligatoire ; il
s’agit d’un collectif facultatif. Plus on se représente l’unité par-delà la pluralité des individus
qui composent le groupe, plus on tend vers le singulier. Plus on se représente, au contraire, la
pluralité des individus à l’intérieur du groupe, plus on tend vers le pluriel. Quoi qu’il en soit,
cette grammaire fluctuante tient au sens du mot, qui dit le regroupement de plusieurs
individus. Il existe une tension entre la représentation de l’unité et la représentation de la
pluralité.
Dans l’expression once upon a time, empruntée aux contes de fées, le nom time permet de
dire une époque révolue. Une époque est un référent délimité, plus précisément délimité dans
le temps. La période a un début et une fin. Le nom a donc un fonctionnement discontinu. Il est
d’ailleurs précédé de l’article indéfini a, et est pluralisable (There were times when etc.). Ce
discontinu est cependant homogène ; on n’envisage pas a priori de sous-parties distinctes les
unes des autres. On peut comparer ce fonctionnement discontinu au fonctionnement continu
abstrait du même nom, qui dit l’idée abstraite de temps, plutôt qu’un intervalle temporel
(comme dans Time flies).
Walter est un nom propre, qui réfère à une personne. Il possède les caractéristiques typiques
des noms propres. Il est intrinsquement défini, il n’y a pas d’ambiguïté en contexte sur le
référent (le référent est unique), et il n’est pas catégorisant : il n’inscrit pas le référent dans la
catégorie des « Walters ». Tout au plus l’inscrit-il dans la classe des animés humains de genre
masculin, puisque ce nom propre s’applique par convention à ces derniers. Mais ce n’est pas
ce que dit Walter : le nom propre ne décrit en rien le référent.
Le nom glass a ici un fonctionnement discontinu. Il s’agit de dire un objet concret, délimité.
Le nom est pluralisable, et peut être précédé de a (c’est d’ailleurs le cas dans le texte). Il s’agit
d’un discontinu hétérogène : on peut distinguer des sous-parties du référent : par exemple les
parois du verre, le fond. On peut opposer ce fonctionnement à celui du même nom qui
voudrait dire une matière (le verre). Le nom glass aurait alors un fonctionnement continu
concret. On se situerait dans une perspective qualitative, ce qui n’est pas le cas ici. Même s’il
y a bien sûr un rapport sémantique entre les deux emplois de ce même mot (un verre est a
priori… en verre, a glass is typically made of glass), on observe que ce rapport est néanmoins
facultatif : on peut employer le mot glass pour dire un récipient qui sert à boire mais qui n’est
pas en verre (mais, par exemple, en plastique, en métal, etc.).
Le nom wine a un fonctionnement continu concret ; le référent est mesurable (on peut dire one
litre of wine par exemple). Il s’agit de dire le type de boisson, par opposition à d’autres,
comme l’eau. Le fonctionnement discontinu existe aussi : a cheap wine ou a red wine diraient
par exemple des types de vins qui s’opposeraient à d’autres types de vin (expensive / quality
wine, white wine).
Le nom bed dans l’expression were in bed ne sert pas à dire un lit particulier, vu en tant
qu’objet délimité. Ce fonctionnement (discontinu) existe bien sûr, mais ce n’est pas ce que
nous avons ici. Dans ce contexte le nom permet de construire la référence à une activité, des
enfants en l’occurrence (ils dorment), et à un moment de la journée (le soir). La référence à un
lit particulier est dépassée pour dire autre chose qu’une localisation de quelqu’un dans un lit.
On a donc un fonctionnement continu du nom. Le référent n’est pas mesurable, il s’agit d’un
continu abstrait.
Le nom night ici ne dit pas une partie de la journée. On aurait alors un emploi discontinu du
nom. At night veut dire « tous les soirs », et non pas « un soir en particulier ». La référence à
un soir particulier (donc un intervalle de temps délimité) est dépassée. Le nom a un
fonctionnement continu. Le référent n’est pas mesurable, il s’agit d’un continu abstrait.
Le nom alcoholism a un fonctionnement continu. Il n’est pas pluralisable, et est précédé de
l’article Ø. Plus précisément, il a un fonctionnement continu abstrait : le référent n’est pas
mesurable. Le nom dit une réalité abstraite, dont on ne se représente pas les limites.
2.2. Exercice sur l’indéfini
Cet exercice porte sur le chapitre 5.
Commentez les déterminants indéfinis soulignés dans l’extrait suivants.
The girl on the summit of the load sat motionless, surrounded by Ø tables and chairs with their legs
upwards, backed by an oak settle, and ornamented in front by pots of geraniums, myrtles, and cactuses,
together with a caged canary – all probably from the windows of the house just vacated. There was
also a cat in a willow basket, from the partly-opened lid of which she gazed with half-closed eyes, and
affectionately surveyed the small birds around.
The handsome girl waited for some time idly in her place, and the only sound heard in the stillness
was the hopping of the canary up and down the perches of its prison. Then she looked attentively
downwards. It was not at the bird, not at the cat; it was at an oblong package tied in paper, and lying
between them.
Thomas Hardy, Far from the Madding Crowd, 1874.
Réponses
Le nom table est précédé de l’article indéfini Ø. Il s’agit de l’article indéfini que l’on trouve
devant les noms à fonctionnement discontinu au pluriel. On a une détermination indéfinie car
le référent est mentionné pour la première fois, il est introduit dans le récit.
Le nom cat est précédé de l’article indéfini a, article indéfini qui apparaît devant les noms à
fonctionnement discontinu au singulier. Il s’agit de la première mention de l’animal, on notera
d’ailleurs la structure présentative : there was. On notera également que des informations sont
données à propos de ce chat : il se trouve dans un panier en osier, lui-même décrit dans la
suite du texte. Nous nous trouvons dans un contexte de description, de présentation d’une
scène. On peut comparer cette occurrence à une autre mention du même référent un peu plus
loin : the cat. Le référent a été présenté, il n’est plus nouveau, et c’est ce que dit la
détermination définie.
Le déterminant some qui précède le nom time est un déterminant indéfini. Le laps de temps
est mentionné pour la première fois. Le déterminant some dit en outre l’indétermination : on
ne sait pas combien de temps la jeune fille a patienté ; il s’agit d’une indétermination
quantitative, due au fait que le temps n’a vraisemblablement pas été mesuré. Avec some le
référent est présenté comme actualisé. Le procès dit par wait for some time est bien actualisé,
le laps de temps pendant lequel il s’est déroulé existe donc aussi. Dire l’existence de cet
intervalle de temps permet, dans le récit, de passer à un autre intervalle : d’abord la jeune fille
reste assise à ne rien faire, puis son regard se dirige vers un paquet, dont elle va probablement
faire quelque chose.
Le syntagme nominal an oblong package tied in paper, and lying between them est introduit
par l’article indéfini a. Le nom package a un fonctionnement discontinu, il est au singulier ; il
est donc compatible avec l’article a. L’indéfini s’explique par le fait que, même si le paquet
était déjà là avant d’être mentionné, c’est la première fois qu’on en parle, ceci étant dû au fait
que le personnage pose les yeux dessus. L’indéfini correspond donc à une phase de
découverte du référent pour le narrataire, guidé par le regard du personnage. Ceci est d’autant
plus flagrant dans cet extrait que deux premières possibilités sont d’abord écartées : la jeune
fille ne regarde ni l’oiseau, ni le chat. Elle regarde le paquet. Notre attention est donc guidée
vers ce paquet, que son regard nous fait découvrir. On notera par ailleurs que le paquet est
décrit : oblong, tied in paper, lying between them. Cela est typique de la détermination
indéfinie.
2.3. Exercice sur le défini
Cet exercice porte sur le chapitre 6
Commentez les segments soulignés dans le texte.
It was thus that I found myself walking with extreme rapidity across a grass plot. Instantly a man’s
figure rose to intercept me. Nor did I at first understand that the gesticulations of a curious-looking
object, in a cut-away coat and evening shirt, were aimed at me. His face expressed horror and
indignation. Instinct rather than reason came to my help, he was a Beadle1; I was a woman. This was
1 Dans ce contexte, équivalent de ‘porter’ : a person in charge of a door or gate, especially at the entrance of a large building, a public institution… (Shorter Oxford English Dictionary). Donc, ici, « appariteur ».
the turf, there was the path. Only the Fellows and the Scholars are allowed here; the gravel is the place
for me. Such thoughts were the work of a moment. As I regained the path the arms of the Beadle sank,
his face assumed its usual repose, and though turf is better walking than gravel, no very great harm
was done.
Virginia Woolf, A Room of One’s Own, 1929.
Réponses
Instantly, a man’s figure rose to intercept me
Il s’agit d’un syntagme nominal dont la tête est figure et qui est sujet de rose. Il s’agit de
commenter le génitif.
On peut hésiter entre génitif déterminatif et génitif de qualification. S’il s’agit d’un génitif
déterminatif, a man’s est déterminant de figure. S’il s’agit d’un génitif de qualification, a est
déterminant de figure, et man vient s’intercaler entre le déterminant et le nom à la façon d’un
adjectif qualificatif : « une silhouette masculine ». Il est difficile de trancher aussi bien sur le
plan syntaxique que sémantique car au final il n’y a pas grande différence de sens entre les
deux.
Quelle que soit l’interprétation il y a une préconstruction : on peut reconstituer une
proposition initiale théorique : a man has a figure (où il y a ambiguïté sur le point de savoir si
a man reçoit une interprétation particulière non spécifique ou générique). Cette proposition
est nominalisée en the figure of a man. Dans cette structure en of les outils de la
nominalisation sont la thématisation de figure dans le syntagme nominal, la préposition of qui
dit la séparation et le lien préalable (le lien préalable est dû au fait que les termes sont déjà
réunis dans la proposition de départ, et la séparation est due à la thématisation de figure dans
le nouveau syntagme nominal). Le génitif réélabore cette structure en the + of : a man’s
figure. A ce stade c’est un génitif déterminatif, a man’s est le déterminant de figure.
Le génitif succède à la structure en the + of car on a repère animé humain, d’expression
brève, facilement défocalisé. En effet la différence entre the + of et le génitif est que le génitif
défocalise le repère. Cette défocalisation est également liée au fait que le repère est objet de
discours (thématisé à l’échelle du texte / topicalisé).
On peut ensuite envisager un glissement (syntaxique et sémantique) de (a man’s) figure à a
(man’s) figure. Du point de vue sémantique il y a glissement du sens « la silhouette d’un
homme » à « une silhouette d’homme / masculine », glissement ensuite reflété par la syntaxe
par un processus de ré-interprétation syntaxique.
As I regained the path the arms of the Beadle sank, his face assumed its usual repose
The est un article défini ; il nous faut expliquer la détermination définie.
Nous avons une anaphore textuelle stricte de a beadle (dans he was a Beadle).
Le défini permet de dire qu’on reprend le référent, mais également tout ce qui a été dit à son
sujet : a curious looking object, in a cut away coat and evening shirt, he was gesticulating, his
gesticulations were aimed at me, his face expressed horror and indignation, I realized that he
was a beadle, et aussi, implicitement : He is there to make sure that people respect the rules
(puisqu’on a : Only the Fellows and Scholars are allowed to walk on the grass). Ceci permet
de montrer le caractère synthétique et mémoriel du défini, et son rôle de cohésion discursive.
2.4. Exercice sur les quantifieurs
Cet exercice porte sur le chapitre 7.
Lisez le texte et commentez les formes soulignées.
‘Nothing ever happens to me’, she reflected, as she entered the Piazza Signoria and looked
nonchalantly at its marvels, now fairly familiar to her. The great square was in shadow; the sunshine
had come too late to strike it. (…)
Then something did happen.
Two Italians by the Loggia had been bickering about a debt. ‘Cinque lire,’ they had cried, ‘cinque lire!’
They sparred at each other, and one of them was hit lightly upon the chest. He frowned; he bent
towards Lucy with a look of interest, as if he had an important message for her. He opened his lips to
deliver it, and a stream of red came out between them and trickled down his unshaven chin.
That was all. A crowd rose out of the dusk. It hid this extraordinary man from her, and bore him away
to the fountain. Mr George Emerson happened to be a few paces away, looking at her across the spot
where the man had been. How very odd! Across something. Even as she caught sight of him he grew
dim; the palace itself grew dim, swayed above her, fell onto her softly, slowly, noiselessly, and the sky
fell with it.
She thought: ‘Oh, what have I done?’
‘Oh, what have I done?’ she murmured, and opened her eyes.
George Emerson still looked at her, but not across anything. She had complained of dullness and lo!
one man was stabbed, and another held her in his arms.
They were sitting on some steps in the Uffizi Arcade. He must have carried her. He rose when she
spoke, and began to dust his knees.
E.M. Forster, A Room with a View, 1908.
Réponses
Nothing ever happens to me
Nothing est un syntagme nominal. On peut considérer qu’il est consitué d’un pronom indéfini,
ou d’un nom tête thing précédé du déterminant quantifieur no, qui s’est soudé à thing. Dans
les deux cas il faut commenter l’expression de la quantification.
Il s’agit de quantification absolue : on ne part pas d’une quantité établie au préalable pour
effectuer l’opération de quantification.
Il s’agit d’un syntagme indéfini. Il n’existe pas de déterminant négatif défini.
Ce no dit la quantité zéro, l’abence. Il s’agit d’une négation globale : c’est toute la relation qui
est niée, et non pas seulement un argument ou un circonstant. On interprète no comme un
dépassement de not… any, mais ici on ne peut pas dire (en tout cas à sens équivalent)
something never happens to me. L’intégration de la négation verbale dans le syntagme
nominal est contrainte car ce dernier est sujet (et n’a pas de référence générique, ce qui
rendrait cette intégration facultative).
Two Italians by the Loggia had been bickering about a debt
Two est ici déterminant du nom Italians, qui est la tête du syntagme nominal two Italians. Il
s’agit d’un numéral cardinal. Nous avons une quantification précise, qui ne laisse donc pas de
place à la subjectivité. Par ailleurs il s’agit de quantification absolue : il n’y a pas de groupe
préalablement constitué.
They sparred at each other
Le quantifieur each est ici déterminant ; il détermine other, qui est utilisé de façon nominale.
Il s’agit d’un quantifieur universel, il dit tous les individus du groupe, même si ce dernier
n’est constitué que de deux individus. Each est dissociatif. Il est le seul quantifeur possible
dans cette construction qui exprime la réciprocité : chaque individu est envisagé séparément,
every ne convient pas.
one of them was hit lightly upon the chest.
One est un pronom quantifieur, tête du syntagme nominal one of them. Il s’agit de
quantification relative : elle s’effectue à partir d’un groupe préalablement posé et dit par them.
La préposition of, dont l’invariant sémantique est la séparation qui succède à un lien
préalable, signifie l’extraction d’une quantité inférieure à la quantité de départ. One exprime
un contraste, en l’occurrence un contraste clairement quantitatif : il s’agit de l’un des deux
hommes. Au départ on parlait de deux hommes (qui se disputaient).
That was all.
All est un pronom. Il exprime une quantification car il réfère à l’intégralité de ce qui vient
d’être décrit : l’altercation, le fait qu’un homme a été blessé, et le fait que tout cela est
observé par le personnage féminin. All est un quantifieur universel puisqu’il dit la totalité. Il
s’agit d’une quantification absolue (il n’y a pas de quantité de départ préalablement posée).
All est le plus globalisant des quantifieurs universels, les différents éléments de la scène sont
réunis en un seul événement.
Mr George Emerson happened to be a few paces away
A few est determinant à l’intérieur du syntagme nominal a few paces. Il dit que la distance
existe, même si elle est petite ; mais elle n’est pas quantifiée précisément. Il s’agit d’une
quantification absolue : il n’y a pas de groupe pré-établi sur lequel se fait l’opération de
quantification. La distance est petite mais elle est vue positivement. Dans ce contexte est il
bon pour le personnage dont le narrateur adopte le point de vue que la distance entre elle et
Mr Emerson soit peu importante, car elle a besoin d’aide. Avec few on aurait eu au contraire
un point de vue négatif sur le référent.
She had complained of dullness and lo! one man was stabbed, and another held her in his
arms.
One man est un syntagme nominal, dont la tête est man. One en est le déterminant, plus
précisément, c’est un quantifieur. Il s’agit de quantification absolue : il n’y a pas de groupe
préconstruit à partir duquel on extrait une quantité. One dit l’unicité, mais a pourrait tout aussi
bien la dire (a man was stabbed). One, en plus, exprime un contraste. Ici il s’agit du contraste
entre deux hommes, celui qui a été blessé, et celui qui s’occupe d’elle (cf. another). Mais on
peut également penser qu’il s’agit d’un contraste qualitatif : le contraste entre la situation
précédente (dullness) et la situation nouvelle (une rixe en pleine rue, un incident assez grave
pour qu’elle s’évanouisse).
They were sitting on some steps in the Uffizi Arcade.
Some est un déterminant indéfini, qui présente le référent comme existant, mais qui dit en
même temps que seule compte l’existence. Suivi d’un nom à fonctionnement discontinu
singulier (c’est le cas de steps) il dit l’indétermination quantitative. Peu importe le nombre de
marches, ce qui importe est leur existence : les personnages ont trouvé un endroit pour
s’asseoir et se remettre de leurs émotions.
2.5. Exercice sur le type de référence des syntagmes nominaux
Cet exercice porte sur le chapitre 8.
Dans le texte suivant, déterminez le type de référence des syntagmes nominaux soulignés.
Justifiez et commentez.
All Harry’s spellbooks, his wand, robes, cauldron and top-of-the-range Nimbus Two Thousand
broomstick had been locked in a cupboard under the stairs by Uncle Vernon the instant Harry had
come home. What did the Dursleys care if Harry lost his place in the house Quidditch team because he
hadn’t practised all summer? What was it to the Dursleys if Harry went back to school without any of
his homework done? The Dursely were what wizards called Mugggles (not a drop of magical blood in
their veins) and as far as they were concerned, having a wizard in the family was a matter of the
deepest shame.
J.K. Rowling, Harry Potter and the Chamber of Secrets, 1998.
Réponses
All Harry’s spellbooks
C’est un syntagme nominal à référence particulière spécifique. Il s’agit d’un nombre fini de
livres, on pourrait les compter ; et la référence est par ailleurs spécifique : il s’agit des livres
de Harry et non ceux de quelqu’un d’autre.
The Dursely were what wizards called Muggles
Le syntagme nominal Ø wizards a une référence générique. On réfère à l’intégralité de la
classe des sorciers. Tous appelleraient les Dursleys des « Muggles ». On opére un parcours de
la classe des sorciers (c’est-à-dire qu’on envisage tous les éléments de la classe, sans s’arrêter
sur aucun). Sauf restriction contextuelle, la construction article Ø + nom pluriel a
spontanément une référence générique.
The Dursely were what wizards called Muggles
Le nom Muggles a ici en emploi classifiant. Il est dit que les Dursleys appartiennent à la
catégorie des « muggles », une dénomination qui existe dans le monde des sorciers. Il s’agit
bien d’un syntagme nominal, mais il est non référentiel (puisqu’il dit juste la catégorie à
laquelle appartient le référent). La référence n’est donc ni générique ni particulière.
as far as they were concerned, having a wizard in the family was a matter of the deepest
shame
Le syntagme nominal a wizard a une référence particulière non spécifique. La référence est
particulière car il est question d’un sorcier et non pas de tous. Mais elle est non-spécifique car
il est signifié que cela serait pour eux une honte, quel que soit le sorcier. Ce dernier n’est pas
spécifié. En d’autres termes, il suffit que la personne soit un sorcier (ou une sorcière), et
appartiennent à leur famille, pour que les Dursley en aient honte.
2.6. Exercice sur les propositions subordonnées relatives
Cet exercice porte sur le chapitre 9.
Commentez le segment souligné dans le texte suivant.
The sun was growing harsh. His eyes, which were the colour of light black tea, softened a little. He
smiled too.
Manu Joseph, Serious Men, 2011.
Le segment souligné est une proposition subordonnée relative détachée (ou descriptive /
appositive / non identifiante / non determinative). La relative apporte un élément de
description aux yeux, elle n’explique par la détermination définie (cette dernière s’explique
par la relation de repérage entre l’homme et ses yeux), elle ne permet pas d’identifier le
référent.
Deux analyses syntaxiques sont possibles : on peut dire que his eyes, which were the colour of
light black tea, est un seul syntagme nominal, dont la tête est eyes ; la tête est alors modifiée
par la relative. On peut également considérer que his eyes est un syntagme nominal, et que la
proposition subordonnée relative est un constituant à part entière, qui est apposé à ce
syntagme nominal.
La relative est issue d’un processus de nominalisation : his eyes were the colour of light black
tea est nominalisé en which were the colours of light black tea. Which dit la même chose que
eyes mais en signalant un vide d’information, vide comblé par l’apport sémantique de la
relative. Comme le référent est identifié immédiatement avant dans le contexte, le pronom n’a
pas besoin d’être explicité, la relative peut rester telle quelle, et être apposée à his eyes.
Nous avons un pronom en wh- comme dans la grande majorité des propositions subordonnées
relatives détachées, car le contenu de la relative est descriptif, se présente comme un ajout
d’information, et à ce titre mérite d’être focalisé.
2.7. Exercice sur les types de procès
Cet exercice porte sur le chapitre 10.
Dans le texte suivant déterminez les types de procès dits par les verbes soulignés. Justifiez et
commentez.
Mr Dursley was the director of a firm called Grunnings, which made drills. He was a big, beefy man
with hardly any neck, although he did have a very large moustache. Mrs Dursley was thin and blonde
and had nearly twice the usual amoung of neck, which came in very useful as she spent so much of her
time craning over garden fences, spying on the neighbours. The Dursleys had a small son called
Dudley and in their opinion there was no finer boy anywhere.
The Dursleys had everything they wanted, but they also had a secret, and their greatest fear was that
somebody would discover it. They didn’t think they could bear it if anyone found out about the Potters.
Mrs Potter was Mrs Dursley’s sister, but they hadn’t met for several years; in fact, Mrs Dursley
pretended she didn’t have a sister, because her sister and her good-for-nothing husband were as
unDursleyish as it was possible to be. The Dursleys shuddered to think what the neighbours would say
if the Potters arrived in the street. The Dursleys knew that the Potters had a small son, too, but they
had never even seen him. This boy was another good reason for keeping the Potters away; they didn’t
want Dudley mixing with a child like that.
J.K Rowling, Harry Potter and the Philosopher’s stone, 1997.
Réponses
as she spent so much of her time craning over garden fences, spying on the neighbours
Le verbe spying, dans spying on the neighbours, réfère à un procès dynamique, plus
précisément une activité. Il s’agit d’un procès duratif, dont on se représente le début (on se
met forcément à espionner ses voisins à un moment donné) mais pas la fin (il s’agit d’un
procès atélique), dans la mesure où le procès, même s’il est intentionnel, n’est pas vu comme
débouchant sur un résultat. Il est vu pour lui-même, il s’agit simplement d’un passe-temps (cf.
she spent so much of her time spying etc.). Le procès n’est pas décomposable en sous-parties
distinctes les unes des autres. Si on avait un circonstant de durée on aurait un syntagme
prépositionnel en for (she spied on her neigbours for hours), et non pas en in (*she spied on
her neighbours in hours).
The Dursleys had everything they wanted
Le procès dit par had est un état, il n’implique pas de changement dans le monde. On ne se
représente pas de borne inhérente (ni de début ni de fin), le procès est atélique. Il est vu en
tant qu’il caractérise les Dursleys. L’état est invariant, il ne connaît pas d’évolution, la notion
de durée n’est pas pertinente.
their greatest fear was that somebody would discover it
Le verbe discover permet de dire un procès dynamique. Ce dernier est ponctuel : on se
représente des bornes inhérentes de début et de fin (le procès est télique), mais elles se
superposent. Le procès est ici accidentel, quelqu’un pourrait découvrir la vérité par hasard
(puisque les Dursley veulent la cacher). Ceci est à mettre en rapport avec la présentation
ponctuelle du procès : il n’y a pas de préparation en amont du procès, donc pas de durée. On
peut également avancer que le procès est conceptualisé comme le franchissement d’une ligne
imaginaire : entre savoir et ne pas savoir.
2.8. Exercice sur les temps
Cet exercice porte sur le chapitre 11.
Expliquez les temps grammaticaux des verbes soulignés dans le passage suivant.
We had just got our coats off when the light in Camilla’s room came on and she appeared in the
doorway, blinking, cheeks aflame. ‘Charles? What are you doing here?’ she said when she saw me.
Rather incoherently, Charles explained what had happened. With a drowsy forearm she shielded her
eyes from the light and listened. She was wearing a man’s nightshirt, much too big for her, and I found
myself staring at her bare legs - tawny calves, slender ankles, lovely, dusty-soled boy-feet.
‘Is he there?’ she said.
‘I know he is.’
‘You sure?’
‘Where else would he be at three in the morning?’
‘Wait a second’, she said, and went to the telephone. ‘I just want to try something.’ She dialed,
listened for a moment, hung up, dialed again.
‘What are you doing?’
‘It’s a code,’ she said, the receiver cradled between shoulder and ear. ‘Ring twice, hang up, ring again.’
Donna Tartt, The Secret History, 1992.
Réponses
She dialed, listened for a moment, hung up, dialed again.
Le verbe souligné est conjugué au prétérit. Ce temps dit un repérage en non-coïncidence avec
la situation d’énonciation, qui est le moment où le narrateur (un des personnages de l’histoire)
relate son histoire, bien après les faits. Il y a donc une antériorité temporelle, et cette antérité
fait bien sûr que le procès n’est plus observable. Nous mettrons également le prétérit en
relation avec le récit, régime énonciatif dont le prétérit est le temps privilégié. Mis à part que
le récit est à la première personne, il s’agit d’un récit typique. Les événements s’enchaînent,
comme cela apparaît d’ailleurs clairement avec notre occurrence, prise dans une succession de
procès : dialed, listened for a moment, hung up, dialed again.
It’s a code
Le verbe be est conjugué au présent, et ce temps dit un repérage en coïncidence avec la
situation d’énonciation, qui est le moment où le personnage parle. Nous sommes en effet dans
un dialogue à l’intérieur d’un récit, et donc dans le régime énonciatif du discours, dont le
présent est le temps privilégié.
Le présent dit normalement la coïncidence temporelle, mais ici on peut se demander si c’est
bien le cas. En effet la proposition n’est pas prononcée par Camilla au moment où elle fait le
code (faire sonner le téléphone, racrocher, sonner à nouveau) ; elle vient d’effectuer cette
série d’action, et explique donc rétroactivement ce qu’était sa série d’actions, qui est donc
passée (même s’il s’agit d’un passé très récent). On peut avancer que la temporalité du procès
est plus large que ce que Camilla vient de faire : le code reste valable en tout circonstance, et
pas seulement au moment où elle le fait. Mais cette explication ne suffit pas, car on peut
imaginer à la place de notre phrase, dans le même contexte : It / That was a code. Le présent
est utilisé car le procès a une incidence sur le moment de l’énonciation : il faut que le co-
énonciateur comprenne la situation, et l’énonciatrice la lui explique.
2.9. Exercice sur l’aspect grammatical
Cet exercice porte sur le chapitre 12.
Dans le texte suivant, commentez les formes verbales soulignées du point de vue de l’aspect
grammatical.
We had just got our coats off when the light in Camilla’s room came on and she appeared in the
doorway, blinking, cheeks aflame. ‘Charles? What are you doing here?’ she said when she saw me.
Rather incoherently, Charles explained what had happened. With a drowsy forearm she shielded her
eyes from the light and listened. She was wearing a man’s nightshirt, much too big for her, and I found
myself staring at her bare legs - tawny calves, slender ankles, lovely, dusty-soled boy-feet.
‘Is he there?’ she said.
‘I know he is.’
‘You sure?’
‘Where else would he be at three in the morning?’
‘Wait a second’, she said, and went to the telephone. ‘I just want to try something.’ She dialed,
listened for a moment, hung up, dialed again.
‘What are you doing?’
‘It’s a code,’ she said, the receiver cradled between shoulder and ear. ‘Ring twice, hang up, ring again.’
Donna Tartt, The Secret History, 1992.
Réponses
We had just got our coats off when the light in Camilla’s room came on and she appeared
in the doorway, blinking, cheeks aflame
La forme soulignée est un past perfet. Le participe passé dénote un procès passé, mais ce
dernier est repéré en antériorité non pas par rapport à la situation d’énonciation (le moment où
le narrateur raconte son histoire), mais par rapport au moment où Camilla sort de sa chambre,
une situation elle-même passée par rapport au moment de l’énoncication. Il y a donc une
double antériorité. Le procès dit par got our coats off a une incidence sur cette situation elle-
même passée : Camilla s’étonne de la présence des personnages, ou au moins de l’un d’entre
eux, Charles, puisqu’elle lui demande ce qu’il fait ici.
She appeared in the doorway
Le verbe est conjugué au prétérit, une forme simple. On peut donc parler d’aspect zéro, qui
laisse transparaître l’aspect lexical. Ce dernier relève du ponctuel. Appear dit un procès
dynamique, borné à gauche et à droite, mais sans épaisseur temporelle. Le procès est donc
entièrement situé dans l’avant du moment de l’énonciation.
‘What are you doing?’
L’aspect grammatical est ici marqué par une forme en be -ing. L’énonciateur interroge
Camilla, car la jeune fille fait une série de geste que le jeune homme ne comprend pas. Il
demande ce que la jeune fille est en train de faire. On peut affirmer que le procès préexiste
(Camilla a fait quelque chose que l’énonciateur ne comprend pas, avant que ce dernier ne lui
pose la question), mais il serait excessif de dire qu’on saisit le procès en cours de
déroulement. En effet lorsque le l’énonciateur pose la question, Camilla a fini sa série
d’actions (She dialed, listened for a moment, hung up, dialed again). Il est plus légitime
d’avancer que cette forme en –ing s’explique par le fait que l’énonciateur cherche à
interpréter les gestes de la jeune fille. Le verbe do, de sémantisme large, participe de cette
recherche d’interprétation : en réalité il voit bien ce qu’elle fait puisqu’il est en face d’elle,
mais il ne comprend pas son intention. C’est en réalité sur cette dernière qu’il s’interroge.
Camilla comprend d’ailleurs parfaitement la question puisqu’elle lui répond en indiquant le
sens de ce qu’elle vient de faire, c’est-à-dire l’intention qui a présidé à l’actualisation de la
série de procès (it’s a code). On notera enfin que le procès est objet de discours : ‘I just want
to try something.’ / ‘It’s a code,’ / ‘Ring twice, hang up, ring again.’ Il s’agit-là également
d’une caractéristique des formes en be -ing.
2.10. Exercice sur la modalité
Cet exercice porte sur le chapitre 13.
Lisez le texte et commentez les deux périphrases modales soulignées (‘ll despise et might
have been).
He stopped concentrating on the soft abrasive motion of the razor, and let his mind begin to wander in
random patterns. First of all he thought about Muriel. Robert’s family had kept three cats during his
lifetime, but she had been his favourite: the sweetest-natured, and the most affectionate. Even so, he
was shocked – and somewhat ashamed of himself – to think how visibly affected he had been by the
news of her death yesterday. He was sure that Sarah had noticed him crying when he talked to her in
the kitchen. She probably despised him already. That was always what his father used to tell him,
whenever he cried: ‘If a woman ever sees you like that, she’ll despise you. No woman likes a man to
be weak. You want respect. Nobody respects a cry-baby.’ He could hear these words now, spoken in
the only tone he could remember his father ever using towards him: scornful, unforgiving.
Sarah had not seemed to despise him, though. Perhaps she hadn’t noticed, after all: she might
have been too wrapped up in her own problems. That had been a peculiar story, about the man
insulting her in the street. He hoped she wasn’t still worrying about it. She had nice eyes: metallic,
pale-blue, bordering on grey. Ambiguous eyes, warmly inviting and coolly intelligent at the same time.
J. Coe, The House of Sleep, 1997.
Réponses
If a woman ever sees you like that, she’ll despise you.
Description
Le segment souligné est une périphrase modale, composée d’un auxiliaire de modalité (will)
et d’un verbe lexical (despise). L’auxiliaire est conjugué (au présent), ce qui n’est pas le cas
du verbe lexical, qui apparaît sous sa forme infinitive. L’auxiliaire détermine le verbe lexical.
Le procès dit par l’infinitif
Le verbe lexical (despise) suivi de son complément you dit un procès visé : on s’en représente
l’actualisation et la non actualisation. L’actualisation est envisagée prioritairement : le père
croit cela des femmes. On se représente également la non actualisation car au moment où le
père parle le procès mentionné n’est pas actualisé. En effet le procès est envisagé dans le
futur, son actualisation ne peut donc être certaine. Elle dépend en outre d’une condition : if a
woman sees you crying. If dit que la condition n’est pas certaine, le procès dit par despise you
n’est pas donc certain non plus. La polarité opposée est exprimée dans le texte avec respect
(You want respect. Nobody respects a cry-baby.).
Le type de modalité
La modalité est épistémique. L’énonciateur estime le degré d’adéquation de la relation à
l’extralinguistique et la juge bonne, pourvu que la condition soit remplie.
Le fondement de la modalité
Will dit la nécessité, un procès repéré en coïncidence par rapport au moment de l’énonciation.
La prédiction est faite au moment où l’énonciateur parle, despise dit un procès situé dans le
futur. Elle se fonde d’abord sur un possible matériel : une femme a des réactions, sentiments,
elle peut mépriser. Mais surtout, le procès est vu comme découlant d’une condition prélable
(a woman sees you crying), condition comprise dans la protase. On ici une structure protase
(if a woman ever sees you crying) – apodose (she’ll despise you). La deuxième proposition
(she’ll despise you) est privée d’autonomie énonciative. Will signifie une continuité non
problématique entre les deux situations : a woman sees you crying – she despises you.
Sarah had not seemed to despise him, though. Perhaps she hadn’t noticed, after all: she
might have been too wrapped up in her own problems….
Description
Le segment souligné est une périphrase modale, composée d’un auxiliaire de modalité (might)
conjugué au prétérit et de l’infinitif passé de be (have been), forme non conjuguée du verbe.
Might détermine have been too wrapped up in her own problems.
Le procès dit par be wrapped up in her own problems est visé.
On s’en représente l’actualisation et la non actualisation, tout en privilégiant la représentation
de l’actualisation (be wrapped up in her own problems), car c’est comme cela que
l’énonciateur interprète le comportement de Sarah. (Sarah, plus tôt dans la journée, a été
insultée dans la rue par quelqu’un qu’elle ne connaissait pas, cela pourrait continuer de la
préoccuper). L’adverbe perhaps (Perhaps she hadn’t noticed, after all) conforte la
représentation positive du fait que Sarah était absorbée par ses pensées, en disant aussi la
polarité, c’est-à-dire le fait que l’énonciateur (c’est-à-dire dans ce cas le narrateur, qui adopte
le point de vue de Robert, personnage de l’histoire) n’est pas certain. En effet le procès dit un
état intérieur de Sarah, que Robert ne peut connaître. En outre, contrairement à ce que lui
prédisait son père Robert ne s’est pas senti méprisé au motif qu’il pleurait (Sarah had not
seem to despise him, though), et Sarah lui paraît sympathique (She had nice eyes: metallic,
pale-blue, bordering on grey. Ambiguous eyes, warmly inviting and coolly intelligent at the
same time). Il est donc possible également que son absence de mépris soit naturelle, qu’elle ne
provienne pas du fait qu’elle ait été un peu absente, absorbée ses pensées.
Modalité épistémique
L’énonciateur, qui relaie le point de vue de Robert, exprime une hypothèse sur un état passé
(be too wrapped up in her own problems to notice). L’infinitif passé est rarement compatible
avec la modalité radicale, de même que l’état (be wrapped up est un état : on ne se représente
pas de bornes inhérentes, le procès est entier à chaque instant). Le modal porte sur toute la
relation prédicative : / she – be wrapped up in her own problems/.
Le fondement de la signification modale
Might exprime le possible. Il s’agit d’abord d’un possible matériel : Sarah a des réactions, des
émotions, il est possible qu’elle soit absorbée par un problème. Ce qui fonde la possibilité
qu’elle soit absorbée dans ses pensées est aussi l’existence d’un problème : plus tôt dans la
journée quelqu’un l’a insultée dans la rue. S’il y a un problème, celui-ci peut la préoccuper.
Par ailleurs may est énonciatif, il est particulièrement compatible avec la modalité
épistémique car celle-ci exprime un jugement. L’énonciateur juge qu’étant donnée la situation
(Sarah a été insultée par un inconnu le matin même), il est possible qu’elle soit encore en train
de penser à cet événement). Le possible dit par may est donc fondé sur les circonstances
extérieures mais aussi sur une subjectivité.
Le prétérit
Certes l’histoire est racontée au prétérit et les faits sont présentés comme passés, mais
l’infinitif passé suffit pour situer le procès dans l’avant de l’énonciation. May serait d’ailleurs
envisageable : she may have been too wrapped up in her own problems. Il s’agit donc d’un
prétérit modal. Le prétérit modal exprime l’irréel, qui ici ne porte pas sur la possibilité (la
possibilité existe), mais sur be too wrapped up in her own problems, car le narrateur n’est pas
du tout certain de ce qu’il dit.
2. 11. Exercice sur les constructions et forces illocutoires
Cet exercice porte sur le chapitre 14.
Dans le texte suivant, indiquez et commentez les constructions et forces illocutoires des
propositions soulignées.
‘Nothing ever happens to me’, she reflected, as she entered the Piazza Signoria and looked
nonchalantly at its marvels, now fairly familiar to her. The great square was in shadow; the sunshine
had come too late to strike it. (…)
Then something did happen.
Two Italians by the Loggia had been bickering about a debt. ‘Cinque lire,’ they had cried, ‘cinque lire!’
They sparred at each other, and one of them was hit lightly upon the chest. He frowned; he bent
towards Lucy with a look of interest, as if he had an important message for her. He opened his lips to
deliver it, and a stream of red came out between them and trickled down his unshaven chin.
That was all. A crowd rose out of the dusk. It hid this extraordinary man from her, and bore him away
to the fountain. Mr George Emerson happened to be a few paces away, looking at her across the spot
where the man had been. How very odd! Across something. Even as she caught sight of him he grew
dim; the palace itself grew dim, swayed above her, fell onto her softly, slowly, noiselessly, and the sky
fell with it.
She thought: ‘Oh, what have I done?’
‘Oh, what have I done?’ she murmured, and opened her eyes.
George Emerson still looked at her, but not across anything. She had complained of dullness and lo!
one man was stabbed, and another held her in his arms.
They were sitting on some steps in the Uffizi Arcade. He must have carried her. He rose when she
spoke, and began to dust his knees. She repeated:
‘Oh, what have I done?’
‘You fainted.’
‘I – I am very sorry.’
‘How are you now?’
‘Perfectly well. Absolutely well.’ And she began to nod and smile.
E.M. Forster, A Room with a View, 1908.
Réponses
How very odd !
Tout d’abord nous devons reconnaître que ce segment résulte de la mise en ellipse d’une
partie de la proposition (comme cela est souvent le cas pour les énoncés exclamatifs : How
very odd this is!. Nous constatons alors qu’il y a bien un verbe, et qu’on peut donc parler de
« proposition ». Cette dernière n’est pas une subordonnée donc on peut en étudier la force
illocutoire.
La construction est exclamative : on a un mot en wh- (how) qui débute la proposition, et
l’ordre est sujet – verbe (nous n’avons pas d’inversion). La polarité est positive, ce qui est
typique des constructions exclamatives.
La force illocutoire est celle de l’exclamation : l’énonciatrice exprime sa surprise. Le point
d’exclamation est un indice (mais pas une preuve) de cette force illocutoire. On a donc un
acte de langage direct, car il y a correspondance entre la construction et la force illocutoire
associée par défaut à cette dernière.
On peut voir également une force illocutoire d’assertion : c’est la bizarrerie de la situation qui
est assertée. On pourrait d’ailleurs imaginer une construction déclarative : it was very odd, ou
it was so odd.
On a donc un cumul de deux forces illocutoires.
On peut également considérer que la force illocutoire exclamative est un cas particulier de la
force illocutoire assertive (il s’agirait alors d’une assertion exclamative).
What have I done?
Il ne s’agit pas d’une proposition subordonnée ; nous pouvons donc en étudier la construction
et la force illocutoire.
La construction est interrogative (à polarité positive) comme en témoignent l’inversion de
l’auxiliaire (have, auxiliaire du parfait) et du sujet (I), ainsi que la présence d’un mot en
wh- (what) en début de proposition. La présence de ce mot en wh- indique qu’il s’agit d’une
proposition interrogative ouverte (on interroge sur un participant du procès et non pas sur
l’existence du procès).
La force illocutoire est celle d’une question. L’énonciatrice demande à Mr Emerson ce qu’elle
a fait, ou plutôt ce qui lui est arrivé.
Il s’agit donc d’un acte de langage direct, car la question est la force illocutoire associée par
défaut à la construction interrogative.
On notera le oh, interjection, typiquement associé aux exclamations. On pourrait donc se
demander si on a également une force illocutoire d’exclamation. Certes l’événement (une
lutte entre deux hommes) a choqué l’énonciatrice (elle s’est évanouie), mais il est difficile de
reformuler la proposition par une proposition de construction exclamative. Nous en concluons
que la composante d’exclamation est portée par l’interjection et non par la proposition elle-
même.
Nous notons en revanche une force illocutoire d’assertion : poser la question de ce qu’on a
fait implique qu’on a fait quelque chose (la question en wh- est présupposante). En ce sens on
a un acte de langage indirect, car l’assertion n’est pas la force illocutoire associée par défaut à
la construction interrogative.
I am very sorry.
Cette proposition n’est pas une subordonnée ; nous pouvons donc en étudier la construction et
la force illocutoire.
La construction est déclarative positive, comme en témoigne l’ordre des mots (sujet – verbe –
attribut du sujet).
La force illocutoire est assertive : l’énonciatrice affirme qu’elle est désolée.
On a donc un acte de langage direct, car la force illocutoire assertive est celle qui est associée
par défaut à ce type de construction.
On peut également penser que l’énoncé a une force illocutoire d’exclamation. On pourrait
reformuler en How sorry I am! ; de ce point de vue-là l’acte de langage est alors indirect car
l’exclamation n’est pas la force illocutoire associée par défaut à la construction déclarative
positive.
Les deux interprétations ne sont pas contradictoires, nous avons un cumul de deux forces
illocutoires.
2.12. Exercice sur les propositions subordonnées
Cet exercice porte sur le chapitre 15.
Identifiez et commentez les propositions subordonnées soulignées dans le texte suivant.
On returning one evening I found a new brass plate on the gate of a villa which I pass every day. To
my surprise, the brass plate, instead of making the usual medical announcement, said:
HORRORS MANUFACTURED HERE
Apply Dr Murdoch Mallako
This announcement intrigued me, and when I got home I wrote a letter asking for further information,
to enable me to decide whether or not to become a client of Dr Mallako. I received the following
reply:
Dear Sir,
It is not wholly surprising that you should desire a few words of explanation concerning my brass
plate. You may have observed a recent tendency to deplore the humdrum uniformity of life in the
suburbs of our great metropolis. The feeling has been expressed by some, whose opinion should carry
weight, that adventure, and even a spice of danger, would make life more bearable for the victim of
uniformity.
It is in the hope of supplying this need that I have embarked upon a wholly novel profession. I believe
that I can supply my clients with new thrills and excitements such as will completely transform their
lives.
If you wish for further information it will be given if you make an appointment. My charges are ten
guineas an hour.
This reply made me suppose that Dr Mallako was a philanthropist of a new species, and I debated with
myself whether I should seek further information at the cost of ten guineas, or should keep this sum to
be spent on some other pleasure.
Before I had resolved this question in my own mind I happened, on passing his gate one Monday
evening, to observe my neighbour Mr Abercrombie, emerging from the doctor's front door, pale and
distraught, with wandering, unfocused eyes and tottering steps, fumbling at the latch of the gate and
emerging on the street, as though he were lost in some entirely strange locality.
'For God's sake, man,' I exclaimed, 'what has been happening to you?'
'Oh, nothing particular,' Mr Abercrombie replied, with a pathetic attempt at an appearance of calm, 'we
were talking about the weather.'
'Do not attempt to deceive me,' I replied, 'something even worse that the weather has stamped that
horror upon your features.'
'Horror? Nonsense!' he replied testily, 'his whisky is very potent.'
Since he evidently wished to be rid of my enquiries I left him to find his own way home, and
for some days I heard no more of him. Next evening I was returning at the same hour when I saw
another neighbour, Mr Beauchamp, emerging in the same condition of dazed terror, but when I
accosted him, he waved me off. The next day I witnessed the same spectacle in the person of Mr
Cartwright.
Bertrand Russell, Satan in the Suburbs, 1953.
Réponses
when I got home I wrote a letter asking for further information, to enable me to decide
whether or not to become a client of Dr Mallako.
Le segment souligné est une proposition conjuguée, organisée autour du verbe got. Plus
précisément, il s’agit d’une proposition subordonnée de nature adverbiale, et ayant pour
fonction circonstant de temps. Elle est introduite par when, un mot en wh-, ici conjonction de
subordination. Les mots en wh- signalent un déficit d’information ; dans ce contexte il s’agit
de dire le moment en tant qu’il manque un élément d’information, élément apporté par I got
home. Le mot en wh- permet donc à la fois de véhiculer cette signification (expression du
temps et du déficit d’information) et de subordonner.
and when I got home I wrote a letter asking for further information, to enable me to decide
whether or not to become a client of Dr Mallako.
Le segment souligné est une proposition, organisée autour du verbe become. Cette proposition
est subordonnée au verbe decide, dont elle est objet direct, ce qui fait d’elle une proposition
nominale.
Il faut cependant admettre qu’ici la proposition est difficilement remplaçable par un syntagme
nominal : on ne dit pas *to decide something mais to decide on something ; ce verbe serait
plutôt suivi d’un syntagme prépositionnel. Reste que dans notre construction la proposition
suit directement le verbe, elle est donc objet direct.
La proposition que nous étudions n’est pas conjuguée (to become est un infinitif, donc une
forme non conjuguée du verbe). Il s’agit d’une proposition conjonctive, introduite par la
conjonction de subordination whether. Ce mot est classé comme une conjonction car il n’a
pas de fonction au sein de la subordonnée ; il assure le rôle de connecteur, même si s’il n’est
pas dépourvu de sens (c’est-à-dire que whether ne se limite pas à assurer la « connexion »).
La subordonnée est plus précisément une subordonnée interrogative indirecte. En effet elle
véhicule l’idée qu’on cherche à répondre à une question : to enable me to decide whether or
not etc. ; l’énonciateur se demande s’il veut devenir un client du Dr Mallako. Un équivalent
au discours direct pourrait être : Should I become a client of Dr Mallako?. Il s’agit d’une
subordonnée interrogative fermée (ou : « polaire », ou encore « en oui ou non ») : c’est bien la
relation prédicative /I – become a client of Dr Mallako/ qui est mise en question, et non un de
ses participants ou circonstants (comme cela serait le cas si on avait to enable me to decide
who should become a client of Dr Mallako, ou to enable me to decide when I should become a
client of Dr Mallako).
Même s’il s’agit d’une proposition interrogative fermée, if n’est pas possible ici (if est une
conjonction fréquente dans les propositions subordonnées interrogatives fermées : I don’t
know if I should become his client). Cela tient à ce que la conjonction qui introduit la
subordonnée interrogative est immédiatement suivie de or not ; cela rend whether obligatoire.
De façon générale whether, par rapport à if, insiste sur la dualité (de la question polaire). Par
ailleurs if introduit une proposition conjuguée, ce qui n’est pas le cas ici.
I happened, on passing his gate one Monday evening, to observe my neighbour Mr
Abercrombie, emerging from the doctor's front door, pale and distraught, with wandering,
unfocused eyes and tottering steps, fumbling at the latch of the gate and emerging on the
street, as though he were lost in some entirely strange locality.
Le segment souligné est une proposition participiale, organisée autour du verbe (sous sa
forme de participe présent) fumbling. Le sujet sémantique (non exprimé dans la participiale)
du verbe est My neighbour Mr Abercrombie. La participiale est rattachée à My neighbour Mr
Abercrombie, syntagme nominal qui est objet direct de observe. La participiale est apposée à
ce syntagme nominal.
La proposition participiale est aussi rattachée à observe : le moment où Mr Abercrombie
manipule le loquet est contemporain de l’observation ; la forme en –ing dit cette coïncidence
entre deux situations.
Cependant on observe que dans notre exemple nous avons une succession de trois
propositions participiales (que nous soulignons en inscrivant en gras le participe présent) :
(…) to observe my neighbour Mr Abercrombie, emerging from the doctor's front door, pale
and distraught, with wandering, unfocused eyes and tottering steps, fumbling at the latch of
the gate and emerging on the street, as though he were lost in some entirely strange locality.
Ces trois participiales disent des procès qui ne sont pas simultanés (les uns avec les autres)
mais successifs : d’abord Mr Abercrombie sort de la maison du docteur, ensuite il manipule le
loquet du portail, enfin il sort dans la rue. Malgré tout chaque procès est vu en coïncidence
par rapport à une situation repère, qui est celle de l’observation (dite par observe), et qui dure
donc un certain temps. Plus précisément, chacun des procès dit par une participiale coïncide
avec une partie du procès dit (globalement) par observe.
Cette notion de coïncidence explique une autre propriété du participe présent : ce dernier dit
un procès en tant qu’il est intercepté, donc, souvent, saisi en cours de déroulement, ce qui est
possible ici du fait que fumble dit un procès dynamique et duratif (une activité). On notera
d’ailleurs dans ce contexte l’affinité entre le choix lexical (fumble, qui dit que le personnage
ne parvient pas tout de suite à ouvrir le portail, que manipuler le loquet lui prend un certain
temps) et la valeur du participe présent.
On peut comparer cela à la participiale qui précède : emerging from the Doctor’s front door,
où emerge dit a priori un procès ponctuel (le passage d’un lieu à un autre). Cependant le fait
de rattacher le procès dit par emerging au procès dit par observe a pour effet de dilater le
ponctuel, et d’en faire un procès qu’on peut intercepter. On peut aussi penser que cet effet
d’interception dû au suffixe –ing, même s’il est affecté à des formes verbales particulières
(emerging, fumbling, emerging) vaut en fait pour toute la scène qui est observée et décrite (la
succession des trois procès).
On notera enfin que la participiale (plutôt que l’infinitive) est favorisée par le choix lexical de
observe, plutôt que see (I happened to see Mr Abercrombie emerge mais I happened to
observe Mr Abercrombie emerging). Le verbe observe est plus précis sémantiquement que
see. Il implique see (si on observe, on voit) mais exprime quelque chose en plus : l’intention
(de l’observateur), et la durée (une attention soutenue). Il se prête donc à l’expression de
procès inscrits dans la durée et saisis en cours de déroulement. Ici ce qui est en cours de
déroulement est aussi bien chaque procès (même si deux d’entre eux sont des ponctuels) que
la situation générale (la succession des trois procès dits dans les trois participiales).
'Do not attempt to deceive me,'
Le segment souligné est une proposition organisée autour du verbe deceive, plus précisément
une proposition subordonnée, qui dépend du verbe attempt. Cette proposition subordonnée est
une proposition infinitive (en to), elle n’est donc pas conjuguée. Elle est objet de attempt,
donc nominale (on pourrait d’ailleurs la remplacer par un syntagme nominal : Do not attempt
this).
Une proposition infinitive signale que le procès est visé : on s’en représente simultanément
l’actualisation et la non actualisation (l’actualisation est représentée prioritairement).
L’énonciateur pense que Mr Abercrombie veut le duper (il est clair pour l’énonciateur que Mr
Abercrombie n’est pas sincère), on a donc bien le représentation de l’actualisation. On a
cependant également la représentation de la non actualisation de par le sémantisme de
attempt : si on essaie de faire quelque chose, on n’a pas encore atteint son but. Le procès est
futur, il peut ne pas se réaliser.
2.13. Exercice sur les structures de réagencement
Cet exercice porte sur le chapitre 16.
Commentez les segments soulignés dans le texte suivant.
(Le texte est le même que pour l’exercice précédent, nous le reproduisons par commodité.)
On returning one evening I found a new brass plate on the gate of a villa which I pass every day. To
my surprise, the brass plate, instead of making the usual medical announcement, said:
HORRORS MANUFACTURED HERE
Apply Dr Murdoch Mallako
This announcement intrigued me, and when I got home I wrote a letter asking for further information,
to enable me to decide whether or not to become a client of Dr Mallako. I received the following
reply:
Dear Sir,
It is not wholly surprising that you should desire a few words of explanation concerning my brass
plate. You may have observed a recent tendency to deplore the humdrum uniformity of life in the
suburbs of our great metropolis. The feeling has been expressed by some, whose opinion should carry
weight, that adventure, and even a spice of danger, would make life more bearable for the victim of
uniformity.
It is in the hope of supplying this need that I have embarked upon a wholly novel profession. I believe
that I can supply my clients with new thrills and excitements such as will completely transform their
lives.
If you wish for further information it will be given if you make an appointment. My charges are ten
guineas an hour.
This reply made me suppose that Dr Mallako was a philanthropist of a new species, and I debated with
myself whether I should seek further information at the cost of ten guineas, or should keep this sum to
be spent on some other pleasure.
Before I had resolved this question in my own mind I happened, on passing his gate one Monday
evening, to observe my neighbour Mr Abercrombie, emerging from the doctor's front door, pale and
distraught, with wandering, unfocused eyes and tottering steps, fumbling at the latch of the gate and
emerging on the street, as though he were lost in some entirely strange locality.
'For God's sake, man,' I exclaimed, 'what has been happening to you?'
'Oh, nothing particular,' Mr Abercrombie replied, with a pathetic attempt at an appearance of calm, 'we
were talking about the weather.'
'Do not attempt to deceive me,' I replied, 'something even worse that the weather has stamped that
horror upon your features.'
'Horror? Nonsense!' he replied testily, 'his whisky is very potent.'
Since he evidently wished to be rid of my enquiries I left him to find his own way home, and for some
days I heard no more of him. Next evening I was returning at the same hour when I saw another
neighbour, Mr Beauchamp, emerging in the same condition of dazed terror, but when I accosted him,
he waved me off. The next day I witnessed the same spectacle in the person of Mr Cartwright.
Bertrand Russell, Satan in the Suburbs, 1953.
Réponses
It is not wholly surprising that you should desire a few words of explanation concerning my
brass plate. You may have observed a recent tendency to deplore the humdrum uniformity
of life in the suburbs of our great metropolis.
Le segment dans son intégralité est une proposition, organisée autour de is (nié par l’adverbe
not). Le sujet du verbe est it, pronom personnel de troisième personne. Le verbe est suivi d’un
syntagme adjectival : suprising that you should desire a few words of explanation concerning
my brass plate. Ce syntagme adjectival a pour tête l’adjectif surprising, et cet adjectif a pour
complément une proposition en that : that you should desire a few words of explanation
concerning my brass plate. Cette dernière est organisée autour du verbe desire, elle est
conjuguée (c’est l’auxiliaire should qui est conjugué). Il s’agit par ailleurs d’une proposition
conjonctive, introduite par that (qui en tant que conjonction n’a pas de fonction dans la
subordonnée mais joue un rôle de connecteur). En surface la proposition en that est
complément de l’adjectif surprising, et à ce titre on peut difficilement dire qu’elle est
nominale (elle n’est pas remplaçable par un syntagme nominal). Cependant il faut considérer
la construction dans son intégralité, or celle-ci est particulière en ce que le sujet syntaxique
(it) n’est pas le sujet sémantique de is. Ce it est parfois dit « non-référentiel », car il semble
être présent simplement pour instancier la place du sujet.
Le sujet sémantique (ou sujet « réel ») est la proposition en that ; on pourrait d’ailleurs
reformuler : that you should desire a few words of explanation concerning my brass plate is
not surprising. Le statut nominal de la proposition en that ne pose alors plus de problème, on
pourrait le remplacer par un syntagme nominal : your request is not surprising. La
construction de notre texte n’illustre pas l’ordre canonique (sujet – prédicat), ni le principe
selon lequel le sujet syntaxique coïncide avec le sujet sémantique. Le sujet sémantique est
déplacé à droite de la construction, et le pronom personnel it vient instancier (c’est-à-dire
remplir) la place du sujet. Il y a deux raisons à cela : d’une part le sujet sémantique (la
proposition en that) est long (plus long que le prédicat, ce qui ne serait pas le cas dans your
request is not surpring), d’autre part il est porteur d’une information focalisée : l’énonciateur
(l’auteur de la lettre) rappelle pourquoi son destinataire lui a écrit. Ces deux éléments le
rendent le segment peu compatible avec la position initiale du sujet, et plus compatible avec
une position finale, focalisée.
Rappelons également que le sujet extraposé est une proposition en that, type de proposition
pour laquelle l’extraposition est fréquente, car parmi les propositions nominales elle a un plus
faible degré de nominalité que d’autres, notamment que les propositions en –ing. Plus une
proposition est basse dans l’échelle de nominalité, plus elle est extraposable.
Ce type de construction exprime un commentaire. Nous noterons à ce propos la valeur
sémantique de surprising, adjectif évaluatif qui dit la surprise. Ce qui est commenté est le
contenu propositionnel de la conjonctive en that : /you - desire a few words of explanation
concerning my brass plate/. Ce contenu propositionnel, comme on l’a dit, est focalisé. On ne
peut cependant exclure une focalisation sur surprising, adjectif évaluatif qui apparaît dans le
prédicat, à droite du sujet. Un commentaire est logiquement postérieur à ce qui est commenté,
et est mis en valeur.
Si le sujet est déplacé, on peut supposer que it le reprend, pour qu’il figure également en tant
que sujet ; ceci remet en cause l’hypothèse première du it non référentiel. Dans ce type de
constructions on a en effet besoin de représenter le sujet deux fois : une fois en tant qu’il est
thématisé, c’est-à-dire qu’on en parle (il est alors dit par it), et une fois en tant qu’il est
focalisé (il est alors exprimé par la proposition en that). La conjonction that, qui apparaît à
l’occasion de la nominalisation de la proposition sous-jacente you (should) desire a few words
of explanation concerning my brass plate, est réinterprétée pour servir de connecteur entre
l’adjectif et la proposition.
Nous nous interrogerons enfin sur la possibilité de la formulation sans extraposition : That
you should desire a few words of explanation concerning my brass plate is not surprising. De
façon générale les formulations contenant une proposition extraposée sont beaucoup plus
courante que celles relevant l’ordre canonique. Cependant il arrive que la construction non
extraposée apparaisse, notamment lorsque la subordonnée rappelle une information qui vient
d’être donnée et qu'on observe un phénomène d'enchaînement textuel. Dans notre texte le
phénomène d’extraposition apparaît dans une lettre, c’est-à-dire un contexte de
communication écrite, et non pas de dialogue. Ce qui nous apparaît en tant que lecteur comme
un enchaînement immédiat ne l'est pas pour l'énonciateur (c’est-à-dire l’auteur de la lettre),
qui répond peut-être plusieurs jours après. Les conditions dans lesquelles la version non
extraposée pourrait apparaître ne sont donc pas réunies.
Le registre écrit et formel contribue peut-être aussi à expliquer qu'il n'y ait pas d'effacement
de la conjonction (ou conjonction Ø), que l’on aurait avec it is not wholly surprising Ø you
should desire a few words of explanation concerning my brass plate.
I happened, on passing his gate one Monday evening, to observe my neighbour Mr
Abercrombie, emerging from the doctor's front door, pale and distraught, with wandering,
unfocused eyes and tottering steps, fumbling at the latch of the gate and emerging on the
street, as though he were lost in some entirely strange locality.
Le segment souligné est une proposition, organisée autour du verbe (conjugué au prétérit)
happened, dont le sujet est I.
La proposition est complexe, elle inclut plusieurs subordonnées, avec des phénomènes
d’enchâssements (c’est-à-dire : une subordonnée dans une subordonnée). Ainsi as though he
were lost in some entirely strange locality est une proposition subordonnée qui dépend du
verbe recteur emerging, tête de la proposition participiale emerging on the street, as though he
were lost in some entirely strange locality qui est elle-même subordonnée à observe, tête de la
proposition encore une fois elle-même subordonnée à happened, le verbe de la proposition
principale. Au delà de cette complexité syntaxique, nous nous interrogeons sur l’intégralité du
segment souligné, c’est à dire, pour la représenter de façon simplifier : I happened… to
observe something.
Ceci est un point important de méthode. Dans un commentaire grammatical on doit
toujours s’intéresser à l’intégralité du segment souligné, c’est-à-dire la structure dans
son ensemble.
Ici nous devons nous concentrer sur le fait que I n’est pas le sujet sémantique de happened, et
d’expliquer le phénomène dit de « montée du sujet ».
Le verbe happen dit que quelque chose se passe, avec ici l’implication (liée à la structure) que
cela se passe par hasard. Il commente donc la relation prédicative /I – observe my neighbour
Mr Abercrombie etc./) comme pourrait le faire un auxiliaire de modalité épistémique (qui
porterait donc sur toute la relation prédicative), en en précisant une circonstance, comme
pourrait le faire un circonstant (ou adjoint) : By chance, I observed that etc.
Ce qui « se passe par hasard » pourrait être formulé comme suit : I observed my neighbour Mr
Abercrombie, emerging from the doctor's front door, pale and distraught, with wandering,
unfocused eyes and tottering steps, fumbling at the latch of the gate and emerging on the
street, as though he were lost in some entirely strange locality. D’un point de vue sémantique,
tout ceci est donc sujet de happened (all this happened).
Si l’ordre canonique sujet – verbe était respecté, nous aurions donc un sujet beaucoup plus
long que le prédicat. Par ailleurs le sujet dit a priori la partie thématisée de l’énoncé, or ici
cette partie doit être focalisée : le fait que l’énonciateur ait observé une scène, et la scène en
question, sont mis en valeur dans le récit. Une solution retenue par la langue est celle dite de
la montée du sujet en objet : le sujet de observe (I) monte en position de sujet du verbe de la
proposition principale (I happened, et non plus I observed).
Nous noterons la présence de l’infinitive : to observe etc. Rappelons que les propositions
infinitives réfèrent à des procès visés : on s’en représente simultanément l’actualisation et la
non actualisation. Ici cela est compatible avec le commentaire exprimé par happen : si
quelque chose s’est produit par hasard, cela aurait très bien pu ne pas se produire. Le procès a
été actualisé (nous avons donc bien la représentation de l’actualisation) mais il aurait pu en
aller autrement, par exemple si l’énonciateur n’avait pas été au bon endroit au bon moment
(on se représente donc également la non actualisation).
Une autre solution serait celle de l’extraposition : it happened that I observed that etc.
Précisons toutefois qu’il ne s’agirait pas d’une extraposition à strictement parler car la relation
n’est pas réversible : la version non extraposée serait inacceptable (*that I observed etc.
happened).
La différence entre les deux façons de mettre en forme l’information est que dans celle
retenue ici (la montée du sujet), le sujet (I) est thématisé : l’énonciateur parle de lui-même, à
l’échelle de la phrase et à l’échelle du texte : il observe un voisin, se pose des questions,
continue à observer ses voisins.
3. Exercices mobilisant des connaissances exposées dans plusieurs chapitres
N’oubliez pas que tout commentaire grammatical commence par une description. Il
faut donc nécessairement faire appel aux connaissances exposées dans la première
partie.
Dans le texte suivant, commentez les segments soulignés.
A sunny midsummer day. There was such a thing sometimes, even in Coketown.
Seen from a distance in such weather, Coketown lay shrouded in a haze of its own, which appeared
impervious to the sun’s rays. You only knew the town was there, because you knew there could have
been no such sulky blotch upon the prospect without a town. A blur of soot and smoke, now
confusedly tending this way, now that way, now aspiring to the vault of Heaven, now murkily
creeping along the earth, as the wind rose and fell, or changed its quarter; a dense formless jumble,
with sheets of cross lights in it, that showed nothing but masses of darkness - Coketown in the distance
was suggestive of itself, though not a brick of it could be seen.
The wonder was, it was there at all. It had been ruined so often, that it was amazing how it had borne
so many shocks. Surely there never was such fragile china-ware as that of which the millers of
Coketown were made. (…) They were ruined, when they were required to send labouring children to
school; they were ruined, when inspectors were appointed to look into their works; they were ruined,
when such inspectors considered it doubtful whether they were quite justified in chopping people up
with their machinery; they were utterly undone, when it was hinted that perhaps they need not always
make quite so much smoke.
Charles Dickens, Hard Times, 1854.
Réponses
There was such a thing sometimes, even in Coketown
Le segment souligné est un syntagme nominal, dont la tête est le nom thing. Cette tête est
précédée d’un déterminant indéfini, l’article a, lui-même précédé d’un prédéterminant, such.
Ce syntagme nominal a une référence particulière spécifique, il réfère à la journée ensoleillée
mentionnée dans le co-texte avant (a sunny midsummer day).
Il nous faut expliquer le fonctionnement du nom-tête, ainsi que la détermination nominale
(l’utilisation de l’indéfini ainsi que de such). Nous nous attarderons également le fait que le
syntagme nominal est précédé de there is, c’est-à-dire intégré à une structure présentative.
Le nom thing a un fonctionnement discontinu. Il est pluralisable (things), et précédé de a. Il
dit un référent dont on se représente les limites, en l’occurrence un jour (cf. a sunny
midsummer day) ; il s’agit donc en l’occurrence de limites temporelles.
Ce nom dit le plus souvent des inanimés concrets (I’ve got a couple of things to give you),
mais ici il renvoie à a sunny midsummer day. Le nom thing permet de redire ce référent de par
son sémantisme très large : il peut dire tout référent inanimé (et même parfois les animés dans
des expressions telles que you poor thing!).
Such est un élément anaphorique, mais ce qui est repris n’est pas le référent (la belle journée
dont on parle), mais la catégorie à laquelle il appartient, dite par thing mais aussi par les
modifieurs de ce nom : sunny et midsummer. Ce qui est repris est donc plus exactement une
sous-catégorie. C’est une façon d’insister sur le fait que ce genre de phénomène pouvait
exister, même à Coketown (ville dans laquelle ne voit pas le soleil).
C’est en fait ce qui explique l’indéfini. Même si on peut dire que such est anaphorique, il ne
déclenche pas une détermination définie, car ce n’est pas le référent qui est repris. On met en
avant la catégorie à laquelle il appartient, et c’est ce qui justifie l’élément de nouveauté
toujours associé à l’indéfini. Il s’agit d’une première mention non pas du référent mais de la
catégorie à laquelle il appartient.
Le syntagme nominal suit there was, il appartient à une structure présentative, ou
existentielle. Ceci est à mettre en relation avec la détermination indéfinie, qui est due, comme
on vient de le dire, à ce qu’on présente la sous-catégorie.
Cette structure invite par ailleurs à s’interroger sur la fonction du syntagme nominal étudié.
On peut se demander quel est le sujet du verbe was. Il y a deux possibilités : such a thing ou
there. A propos de ce type de syntagme on parle parfois de « sujet déplacé ». En effet on peut
imaginer une phrase où l’ordre canonique serait respecté (Such a thing sometimes was, even
in Coketown), où such a thing serait clairement sujet. Mais une telle construction a peu de
chances d’apparaître. D’une part le sujet serait plus long que le prédicat, d’autre part le sujet
serait indéfini, ce qui est possible mais n’est pas le plus courant.
Ce qui justifie la structure présentative est que such a thing doit être focalisé, puisque, on l’a
dit, la catégorie est introduite dans le discours, elle est présentée. Or si ce syntagme
apparaissait à l’initiale de la proposition, comme sujet, il serait thématisé. Il doit donc
apparaître à droite du verbe, pour être focalisé, et there joue alors le rôle de sujet. Ce there
provient de l’adverbe de lieu, mais il est très largement désémantisé, et on peut considérer
qu’il devient pronom, sujet du verbe was.
there was such a thing sometimes, even in Coketown
Sometimes peut être décrit comme une proforme, un pronom (pronom indéfini, plus
précisément), ou un syntagme nominal (constitué des éléments some et times, qui se sont
soudés). Sa fonction est circonstant de temps. La référence est particulière non spécifique. Il
s’agit de parler de quelques occasions et non pas de toutes les occasions possibles, donc la
référence est particulière, mais elle est non spécifique car on ne peut identifier plus
précisément les occasions.
Nous devons étudier le fonctionnement du nom time, le pluriel, la valeur de some, et la raison
de la soudure entre le déterminant et le nom.
Ici time a un fonctionnement discontinu. Ce nom est pluralisable, puisqu’il apparaît d’ailleurs
au pluriel ici. On peut également le faire précéder de a. On se représente les limites du
référent : time signifie en effet une occasion, une fois, c’est-à-dire un intervalle de temps. Les
limites sont donc temporelles. Le même nom pourrait avoir un fonctionnement continu
(comme dans Time will tell) ; alors on ne se représenterait pas des limites car il serait question
du temps en tant que notion abstraite.
Le nom est ici au pluriel. Ceci indique bien sûr la pluralité des occasions, mais aussi le fait
que ces différentes occasions sont réunies et forment un ensemble. Le pluriel implique un
processus d’abstraction : pour dire que des référents appartiennent à une même catégorie il ne
faut retenir que les caractéristiques communes. Ici on ne retient que le fait que quelque chose
s’inscrive dans le temps, ce qui est en réalité une caractéristique commune à tous les procès.
Some, que l’on peut encore considérer comme un déterminant, même s’il y a eu soudure entre
le déterminant et le nom, est tout d’abord un déterminant indéfini. L’indéfini s’explique par le
fait que le référent est introduit dans le texte.
Some dit par ailleurs l’indétermination, et présente le référent comme existant.
L’indétermination tient à ce qu’on ne donne pas plus de précisions sur les occasions en
question. Ce qui importe n’est pas d’en dire plus sur ces occasions, mais de dire qu’elles
existent. L’indétermination est quantitative : rien n’est dit du nombre de fois où l’on a une
belle journée à Coketown. On se représente cependant plutôt un petit nombre : some a un effet
de réduction : les occasions existent, mais leur nombre est limité.
L’indétermination quantitative est à mettre en rapport avec la grammaire du nom : times est
discontinu et au pluriel, il peut y avoir une indétermination quantitative (tandis que some suivi
d’un nom au fonctionnement discontinu singulier dirait nécessairement une indétermination
qualitative). On ne peut cependant exclure une indétermination qualitative : les occasions ne
sont pas précisées, elles pourraient se présenter en été, en hiver, mais rien n’est dit de ce point
de vue-là.
Some présente le référent comme existant. Il est a donc plus d’affinités avec les constructions
déclaratives positives, ce que nous avons ici. Le procès dit par la proposition est présenté
comme actualisé (il est dit par un présent de l’indicatif), et il est précisé qu’il s’actualise en
certaines occasions. Ces dernières sont dites par sometimes. Si le procès est actualisé, les
occasions où il est actualisé le sont aussi.
a blur of soot and smoke
Il s’agit d’un syntagme nominal, dont la tête est blur. Cette tête est précédée du déterminant a
(article indéfini) et suivie du syntagme prépositionnel of soot and smoke.
Le syntagme nominal est apposé au nom propre Coketown, même si ici l’apposition précède
le syntagme nominal auquel elle se rattache. Le syntagme nominal a en effet le même référent
que le nom propre Coketown, et en propose un développement (même si, comme déjà noté, ce
développement apparaît avant le nom propre). Le syntagme nominal ayant le même référent
que le nom propre Coketown, il a une référence particulière spécifique : on parle d’une ville,
cette ville est identifiée dans le contexte.
Nous nous pencherons sur la construction en of. Pour ce faire nous nous intéresserons au
fonctionnement des noms, à la détermination indéfinie (nous évoquerons son lien avec la
fonction apposition), et au rôle de la préposition.
Les noms soot et smoke ont tous deux un fonctionnement continu, plus précisément continu
concret. Ils ne sont pas pluralisables, et ne peuvent a priori être précédés de a (a soot, a
smoke), à moins d’être recatégorisés sous l’effet d’un apport de détermination (a smoke which
made it difficult to breathe). Ces noms dénotent des matières, on se situe donc sur le plan
qualitatif : on dit de quoi est fait le « blur ». Il s’agit de continus concrets, on pourrait mesurer
la suie et la fumée (la suie, si elle se dépose, peut par exemple être pesée ; la fumée quant à
elle peut être mesurée en unités de volume). Soot and smoke est un syntagme nominal
coordonné (les deux noms sont réunis par la conjonction de coordination and), et ce qui est
signifié est en fait un mélange de suie et de fumée, le tout formant une sorte de matière, dont
on ne se représente pas plus les limites qu’on ne se représente celles de soot et smoke, et pour
laquelle il semble ne pas y avoir de dénomination adéquate (puisque l’énonciateur a recours à
deux noms, pour dire que la matière est faite d’un mélange. (On pourrait penser de nos jours à
pollution (a blur of pollution) mais d’une part le terme de pollution était moins employé à
l’époque de Dickens pour décrire le phénomène en question, d’autre part son sens est plus
large que le mélange de suie et de fumée décrit par le narrateur. Notons d’ailleurs qu’un mot a
été créé (un peu plus tard, au début du XXe siècle) pour nommer une réalité proche de celle
évoquée par le narrateur : smog, mot-valise mêlant les noms smoke et fog. Soot and smoke
n’est cependant pas exactement équivalent, car dans smog il n’y a pas soot. D’autre part ce
qui est dit dans smog (fog, le brouillard) est dans notre construction dit par blur. Enfin dans
smog le brouillard est au moins partiellement dû aux conditions météorologiques,
indépendantes de l’activité industrielle, tandis qu’ici il ne s’agit que du brouillard créé par
l’activité industrielle, puisque il est justement précisé que la journée est ensoleillée (A sunny
midsummer day).
Le nom blur, tête du syntagme, a un fonctionnement discontinu. Il est précédé dans notre
texte de a, et est pluralisable (comme le serait a smear – smears par exemple). Dans le texte
nous avons aussi blotch, quasiment synonyme. Le nom blur a un fonctionnement discontinu
car il dit la forme que prend ce brouillard, même s’il s’agit d’une forme approximative. Le
brouillard est produit par la ville, il a donc une origine. La question de la forme est l’un des
thèmes de ce texte, on notera par exemple a dense formless jumble. On ne distingue par les
détails de la ville à cause du brouillard, mais le brouillard lui même a une forme, même si ces
contours sont un peu imprécis et fluctuants, et même si cette forme se déplace (now
confusedly tending this way, not that way). Le brouillard a une forme ne serait-ce que parce
qu’il se distingue du reste de l’air par sa couleur plus sombre : il est dit que le soleil ne
pénètre pas dans Coketown.
Il nous faut nous pencher sur la relation entre les noms, plus précisément entre les deux noms
coordonnés soot et smoke d’une part, et le nom tête blur d’autre part. Nous avons deux noms
coordonnés à fonctionnement continu et un nom à fonctionnement discontinu pour dire le
même référent.
Le nom blur, on l’a vu dit une forme : il s’agit de la forme que prend cette matière composée
de suie et de fumée. Ce nom dit par ailleurs l’effet (visuel) que produit cette matière composée
de suie et de fumée, la façon dont on la perçoit, ou même, plus précisément, la façon dont
cette matière altère la perception, puisqu’en réalité ce qui est brouillé n’est pas le mélange de
fumée et de suie mais les détails de la ville : à cause de ce brouillard on ne distingue rien (cf.
shrouded in a haze of its own, not a brick of it could be seen). Blur est donc une dénomination
plus subjective, c’est-à-dire qui résulte d’une construction cognitive et énonciative.
Si blur d’une part dit la forme de ce qui peut aussi être envisagé comme n’en ayant pas (c’est-
à-dire du simple point de vue qualitatif, de la matière), d’autre part présente un point de vue
autre sur le référent dit par soot and smoke, blur succède à soot and smoke. La dénomination
composée soot and smoke est première cognitivement.
La préposition of signifie le passage de l’une à l’autre. Of (étymologiquement apparenté à off)
signifie de façon abstraite une séparation qui succède à un lien préalable. Le lien préalable
consiste en ce que soot and smoke d’une part, blur d’autre part, disent la même réalité. La
séparation consiste à extraire une représentation particulière, observée, dite par blur. Du point
de vue de la construction soot and smoke précède donc blur. Blur dit la forme et l’aspect que
prennent la suie et la fumée pour un observateur.
Les noms soot et smoke sont prédécédés d’un déterminant zéro (indéfini), car il s’agit de leur
première mention dans le texte. Le brouillard qui caractérise la ville de Coketown est
présenté.
La détermination indéfinie de blur quant à elle s’explique par le fait que blur est nouveau par
rapport à soot and smoke, puisque comme on l’a vu il en dit la forme et témoigne d’une
observation. C’est la nouveauté de la dénomination qui justifie la détermination indéfinie ;
cette dernière s’explique donc par la construction elle-même.
La détermination indéfinie de blur s’explique également au niveau du texte. L’aspect de la
ville est présenté. Par ailleurs, on l’a dit, ce syntagme nominal est apposé à Coketown. Il
permet de le développer, ce qui est compatible avec la présence d’une détermination indéfinie
puisque cette dernière signale un élément de nouveauté.
need not always make quite so much smoke.
Le segment souligné est une séquence verbale. Le verbe lexical make est déterminé par need,
qui a ici le statut d’auxiliaire. L’adverbe de négation not s’intercale entre les deux verbes.
Nous nous pencherons sur la détermination verbale, et plus précisément sur le statut de need
(dont on se demandera s’il est auxiliaire ou verbe lexical). Nous commenterons également la
négation.
Make est toujours verbe lexical, mais need est tantôt auxiliaire, tantôt verbe lexical. Ici il est
auxiliaire. En effet l’adverbe de négation se greffe sur need, et non pas sur un do qui aurait été
ajouté pour la formation de la négation. Il s’agit-là d’une des NICE properties (NICE étant un
acronyme signifiant negation – inversion – code – emphasis). Par ailleurs need est suivi de
l’infinitif nu, comme un auxiliaire. Si need était lexical on aurait they didn’t need to make so
much smoke, ce qui est grammatical. On peut expliquer pourquoi need est parfois verbe
lexical, parfois auxiliaire. Il ne fait pas partie à part entière de la classe des auxiliaires de
modalité (can, may, must, shall, will), mais son sémantisme l’en rapproche. La modalité
regroupe l’expression du possible et du nécessaire, et need est du côté du nécessaire (si j’ai
besoin de quelque chose, je dis que cette chose m’est nécessaire). Par ailleurs need implique
la représentation d’une visée. La visée (c’est-à-dire la représentation simultanée de
l’actualisation et de la non actualisation) est signifiée par l’infinitif, forme sous laquelle
apparaît le verbe lexical. Dans le texte il est dit que les industriels de Coketown n’avaient pas
besoin de produire autant de fumée : ils le font, mais ils ne devraient pas le faire ; on a bien la
représentation de l’actualisation et de la non actualisation.
Par ailleurs, les contextes syntaxiques négatifs et interrogatifs (parfois dits « non assertifs »
favorisent l’apparition de need en tant qu’auxiliaire. C’est le cas ici : nous avons une
négation, et need est auxiliaire. En effet la négation est à mettre en rapport avec la
représentation d’une polarité : si on nie une relation prédicative, c’est qu’on refuse son
équivalent positif. On a bien la représentation de l’actualisation et de la non actualisation,
typique des périphrases modales, et need précise la nature de la visée (ou la raison pour
laquelle on se la représente).
Si need est auxiliaire, comme pour tout auxiliaire modal précédant un verbe lexical il y a lieu
de s’interroger sur la portée de la négation. Ici la négation porte sur need et non pas sur make.
On pourrait paraphraser de la façon suivante : it’s unnecessary for them to make so much
smoke, plutôt que it’s necessary for them not to make so much smoke. La paraphrase adéquate
(la première) contient l’adjectif unnecessary, qui inclut un préfixe négatif. Ceci nous indique
que c’est bien l’idée de nécessité, donc la signification modale, qui est niée (et non pas le
verbe lexical).