Ecologie Industrielle Valorisation des Déchets · 2019-06-05 · détriment de la valorisation...

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Faculté des Sciences de l’Administration Ecologie Industrielle & Valorisation des Déchets Essai Stage encadré par : Olivier Boiral Vorburger Julia (04 146 528) MBA Gestion Internationale Déposé à la session d’hiver 2006

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Faculté des Sciences de l’Administration

Ecologie Industrielle&

Valorisation des Déchets

Essai Stage encadré par : Olivier Boiral

Vorburger Julia (04 146 528) MBA Gestion Internationale Déposé à la session d’hiver 2006

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Remerciements

Je tiens à remercier Monsieur Olivier Boiral, professeur de Management à la

Faculté des Sciences et de l’Administration – Université Laval – Québec, et

directeur de recherche de cet essai stage, pour son enseignement, son appui et ses

conseils tout au long de ce travail.

Je tiens également à saluer le corps enseignant et les conférenciers de

l’Université Laval, qui, tout au long de mon MBA en Gestion Internationale,

m’ont donné goût à des matières que je ne connaissais pas ou peu, telle que

l’écologie industrielle, et toutes les disciplines touchant à l’international.

Enfin, une pensée à toutes celles et ceux qui m’ont soutenu durant cette

formation, en France comme au Québec, je ne vous serai jamais assez

reconnaissante.

Merci.

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Résumé

De nos jours, la production de déchets augmente de façon considérable malgré les efforts de

prévention. Abondance de décharges sauvages, défaut de répertoires statistiques nationaux,

hétérogénéité des nomenclatures, (…) transfert des déchets industriels à l’international : les

statistiques relatives à la production de déchets ne permettent pas de dresser un bilan objectif

de la situation mondiale. Toutefois, selon un rapport effectué par l’OCDE (2004), d’ici 2020,

la production de déchets par habitant d’un pays membre devrait s’élever à 640 kg

(actuellement, elle est de 200 kg environ pour un Slovaque, contre une tonne pour un

Canadien). Par ailleurs, la majorité de ces déchets sont encore déposés dans des décharges au

détriment de la valorisation (recyclage, incinération avec valorisation énergétique,

compostage) dont les méthodes de traitement sont plus écologiques.

Pour répondre à cette problématique grandissante, l’écologie industrielle a inspiré un certain

nombre de chercheurs1 en quête d’un nouveau modèle de développement économique, en

harmonie avec les écosystèmes naturels. Si les définitions sont multiples, ses principes

reposent sur quatre éléments principaux : l’optimisation de l’usage des ressources ; la

fermeture des cycles de matières et la minimisation des émissions ; la minimisation des

ressources ; la réduction de la dépendance envers les énergies non renouvelables.

Cet essai cherchera à démontrer les limites des systèmes de gestion environnementale actuels

et soutiendra les principes de l’écologie industrielle. Les différentes contributions de cette

recherche, après avoir justifié la pertinence de l’écologie industrielle, seront d’ordre

managériales. En effet, les gestionnaires ont trop tendance à réfléchir en termes de profits et

perçoivent les actions environnementales comme un coût. L’enjeu de cette étude consistera à

prouver la pertinence, pour les industriels, de travailler dès la conception des produits à

anticiper et minimiser la génération de résidus (tout au long de son cycle de vie), et les

convaincre que de telles actions sont sources d’opportunités. Pour cela, des recommandation

seront faites afin que l’entreprise revoie ses méthodes de gestion : introduction des principes

d’écologie industrielle, sensibilisation, formation… Et quelle que soit la démarche

environnementale mise en œuvre, cette dernière devra avant tout respecter les écosystèmes

naturels et la santé humaine, plutôt que de se subordonner à des considérations économiques.

1 Néanmoins, il est à noter qu’en management, peu de chercheurs s’intéressent à cette étude, la majorité deschercheurs étant en général des scientifiques.

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Table des Matières

TABLE DES FIGURES .........................................................................................................................................III

INTRODUCTION .................................................................................................................................................... 4

CHAPITRE 1 : LES DECHETS ............................................................................................................................. 8

I. HISTORIQUE ............................................................................................................................................ 9

A. L’origine du mot « déchet » ................................................................................................................... 10B. Du Moyen Age au XVIIIe siècle............................................................................................................ 10C. Du XIXe siècle à nos jours .................................................................................................................... 12

II. LES DIFFERENTES CLASSIFICATIONS DES DECHETS .............................................................. 16

A. Les définitions ........................................................................................................................................ 16B. La classification des déchets en Europe................................................................................................ 19C. La classification des déchets selon l’ADEME ...................................................................................... 20

III. LES DIFFERENTS MODE DE GESTION DES DECHETS................................................................ 22

A. La gestion de la collecte des déchets ..................................................................................................... 22B. Les différents modes de traitement des déchets .................................................................................... 23A. La valorisation de matière par le réemploi, la réutilisation ou le recyclage ........................................ 24

1. Le réemploi .......................................................................................................................................................... 242. La réutilisation...................................................................................................................................................... 243. Le recyclage ......................................................................................................................................................... 24

B. La valorisation organique par le compostage ou la méthanisation ..................................................... 261. Le compostage...................................................................................................................................................... 262. La méthanisation .................................................................................................................................................. 28

C. La valorisation énergétique ................................................................................................................... 291. L’incinération avec valorisation énergétique........................................................................................................ 292. La thermolyse ....................................................................................................................................................... 30

D. L’enfouissement..................................................................................................................................... 31

IV. BILAN DU GISEMENT DES DECHETS .............................................................................................. 32

A. La production globale de déchets .......................................................................................................... 33B. La production de déchets municipaux .................................................................................................. 34

1. La production totale.............................................................................................................................................. 342. La gestion des déchets municipaux ...................................................................................................................... 37

C. La gestion des déchets industriels ......................................................................................................... 421. Les différents types de déchets solides industriels................................................................................................ 422. Les problèmes liés aux déchets industriels ........................................................................................................... 44

CHAPITRE 2 : L’ECOLOGIE INDUSTRIELLE .............................................................................................. 48

I. HISTORIQUE DE L’ECOLOGIE INDUSTRIELLE........................................................................... 49

II. DEFINITIONS ......................................................................................................................................... 51

A. De nombreuses interprétations .............................................................................................................. 51B. L’écologie industrielle : un véritable champ multidisciplinaire........................................................... 53C. Du système industriel à l’écosystème industriel.................................................................................... 55

III. LES QUATRE COURANTS DE PENSEE DE L’ECOLOGIE INDUSTRIELLE ............................. 58

A. L’approche « réformiste douce »........................................................................................................... 58B. L’approche technocrate ......................................................................................................................... 58C. L’approche radicale ............................................................................................................................... 59D. L’approche pragmatique ....................................................................................................................... 60

Table des matières i

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IV. PRINCIPES ET OBJECTIFS DE L’ECOLOGIE INDUSTRIELLE .................................................. 62

A. Le métabolisme industriel...................................................................................................................... 62B. Les quatre grands axes d’actions de l’éco-restructuration................................................................... 64

V. PARCS ET RESEAUX INDUSTRIELS ................................................................................................. 65

A. La symbiose de Kalundborg................................................................................................................... 66B. Les parcs éco-industriels........................................................................................................................ 69

1. Définitions............................................................................................................................................................ 692. Le développement des parcs éco-industriels......................................................................................................... 713. Discussions autour du concept de parc éco-industriel .......................................................................................... 724. Pour une réussite des parcs éco-industriels........................................................................................................... 73

VI. LA MISE EN ŒUVRE DES PRINCIPES DE L’ECOLOGIE INDUSTRIELLE............................... 75

VII. LES LIMITES DE L’ECOLOGIE INDUSTRIELLE ........................................................................... 80

CHAPITRE 3 : VERS UNE GESTION PLUS ECOLOGIQUE DES DECHETS ........................................... 82

I. POUR ASSURER UN DEVELOPPEMENT DURABLE : LES PRINCIPES A ADOPTER............. 83

A. La théorie du risque ............................................................................................................................... 841. Le principe de précaution ..................................................................................................................................... 842. Le principe de prévention ..................................................................................................................................... 84

B. La théorie de la responsabilité............................................................................................................... 851. Le principe pollueur/payeur/consommateur ......................................................................................................... 862. Le principe de transparence .................................................................................................................................. 873. Le principe de traçabilité ...................................................................................................................................... 88

C. La théorie d’action................................................................................................................................. 891. Le principe de solidarité ....................................................................................................................................... 892. Les principes de participation et de subsidiarité ................................................................................................... 90

II. INTEGRER LA VARIABLE « ECOLOGIE » AUX FONCTIONS DE L’ENTREPRISE ................ 92

A. L’Ecologie Industrielle comme source de profit................................................................................... 92B. Coopérer ................................................................................................................................................. 95C. Optimiser la conception des produits .................................................................................................... 96

1. Optimiser la conception des processus de fabrication et des produits .................................................................. 972. Les objectifs du design en vue du recyclage (designing for recycling) ................................................................ 99

D. Le marketing écologique...................................................................................................................... 100Le mix écologique unit la fonction marketing à l’écologie ...................................................................................... 101

III. LA DIMENSION HUMAINE ET SOCIALE ....................................................................................... 104

A. La direction .......................................................................................................................................... 105B. La planification.................................................................................................................................... 106C. L’organisation...................................................................................................................................... 107

1. La formation....................................................................................................................................................... 1072. La prévention et la gestion de crise .................................................................................................................... 110

D. Le contrôle ........................................................................................................................................... 111

CONCLUSION ..................................................................................................................................................... 112

TABLE DES ANNEXES...................................................................................................................................... 114

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................................... 151

Table des matières ii

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Table des figures

FIGURE 1 : LES DIFFERENTES CATEGORIES DE DECHETS SELON L’ADEME ........................................................... 21

FIGURE 2 : PRODUCTION GLOBALE DE DECHETS EN 2002....................................................................................... 33

FIGURE 3 : PRODUCTION DE DECHETS MENAGERS PAR HABITANT EN 2002 ............................................................ 35

FIGURE 4 : "PLUS ON EST RICHE, PLUS ON JETTE"................................................................................................... 36

FIGURE 5 : LA GESTION DES DECHETS MUNICIPAUX DANS LES PAYS DE L'OCDE................................................... 37

FIGURE 6 : TAUX DE STOCKAGE EN DECHARGE DES DECHETS MUNICIPAUX........................................................... 38

FIGURE 7 : TAUX D'INCINERATION DES DECHETS MUNICIPAUX .............................................................................. 39

FIGURE 8 : TAUX DE RECYCLAGE/COMPOSTAGE DES DECHETS MUNICIPAUX ......................................................... 40

FIGURE 9 : ORIGINE DES EMISSIONS DE DECHETS SOLIDES DANS LES ACTIVITES INDUSTRIELLES EN PG................. 42

FIGURE 10 : LA SYMBIOSE DE KALUNDBORG......................................................................................................... 67

Table des matières iii

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INTRODUCTION

Le domaine sur lequel porte cette recherche a trait à l’environnement et plus particulièrement

à l’écologie industrielle et la valorisation des déchets.

La mise en évidence des dégâts causés à la planète par les activités humaine (comme l’effet

de serre, les pluies acides, la désertification, la diminution de la couche d'ozone...), contribue

à forger la notion de développement durable, popularisée à la fin des années 80. De même, un

certain nombre de mesures ont été prises pour inciter le tri à la source des déchets, limiter les

rejets dans l'air, le sol et l'eau, réduire les emballages, augmenter les taux de recyclage, etc.

Selon l’Agence Européenne pour l’Environnement (2003), la situation globale de

l’environnement en Europe reste contrastée. Si les politiques environnementales ont entraîné

de nettes améliorations (réduction importante des émissions atmosphériques et des rejets dans

l’eau), les politiques relatives à la gestion des déchets n’ont pas permis une réduction

significative de la consommation des ressources naturelles (ce qui démontre que la

progression dans ce secteur est intimement liée au développement économique et social en

général). Par ailleurs, ce même rapport souligne la probabilité « que les progrès constatés ne

pourront être maintenus face à une croissance économique continue ou renouvelée. Bon

nombre d’impacts négatifs risquent au contraire de s’accentuer » (Agence Européenne pour

l’Environnement, 2003, p.6). Il est alors indispensable que l’Europe accélère la mise en œuvre

de politiques intégrées si elle veut atteindre ses objectifs de développement durable ; il en est

de même pour le reste du monde, ce qui implique des actions à tous les niveaux : local,

régional, national et international. En effet, des divergences importantes existent, selon les

régions et les pays, au niveau de l’ampleur et la nature des pressions environnementales.

Ainsi, les niveaux élevés d’utilisation des matières sont à l’origine d’une charge

environnementale croissante dans de nombreux pays, notamment ceux de l’Europe Orientale

du Caucase à l’Asie centrale (EOCA). Ceci résulte d’une transition plus lente vers l’économie

de marché de cette partie de l’Europe qui, désormais, importe une grande quantité de matières

premières, d’où un déplacement de la charge environnementale liée à l’extraction vers

d’autres régions. Une responsabilité globale impliquerait que chaque pays soit conscient de

l’impact qu’il exerce sur le reste du monde.

Dans le domaine des déchets, depuis des décennies les hommes enfouissent, brûlent et

réutilisent leurs résidus comme aliments pour le bétail, fertilisants pour les terres ou comme

Introduction 4

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matériaux promis à une nouvelle vie. Si ces trois modes de résorption sont toujours

d'actualité, les technologies ont considérablement sophistiqué les méthodes de traitement et

ont fait de l'activité de propreté un secteur industriel à part entière, avec ses filières et ses

spécialistes. Néanmoins, la production de déchets est une perte de matière et d’énergie

imposant à la société des coûts économiques et environnementaux pour leur collecte, leur

traitement et leur élimination. Les déchets sont un problème majeur dans chaque pays et leurs

quantités sont généralement en augmentation. Par ailleurs, la plupart des déchets sont mis en

décharge ou sont incinérés, ce qui engendre des émissions de gaz à effet de serre et la

migration transfrontalière de micropolluants et de métaux lourds volatils.

Selon une étude menée par Onyx (numéro deux mondial de la gestion des déchets et filiale de

Véolia Environnement) sur la production des déchets, la production annuelle de déchets

ménagers dans l'Europe des 25, en 2002, est comparable à celle des États-Unis. Par ailleurs,

celle-ci varie de un à cinq : 200 kg environ pour un Slovaque, contre une tonne pour un

canadien. En revanche, le tonnage des déchets industriels européen (tous secteurs confondus)

est trois fois supérieur à celui des américains et dépasse largement le volume des déchets

ménagers : selon les pays, ils représentent entre 60% (États-Unis) et 95% (Finlande) des

déchets produits. Ce constat est d’autant plus problématique que les procédés industriels

exigent, selon l’activité, une quantité importante de ressources et d’énergie et, engendre de

nombreux rebuts. Par exemple, la production d’une tonne d’aluminium nécessite deux tonnes

d’alumine qui requièrent, elles mêmes, quatre tonnes de boxyte2.

Ces résultats soulèvent alors plusieurs questions :

- Comment concilier la gestion des déchets avec la protection de l’environnement, les

aspirations de la population, les besoins des industriels et les opportunités qu'offre la

mondialisation de l'économie ?

- Comment convaincre les producteurs qu'un produit recyclable peut, à terme, devenir

une matière première secondaire et non un déchet à détruire ?

- Comment amener les citoyens à une démarche écologique ?

- Quelles compétences managériales développer en vue d’un développement durable ?

2 Par ailleurs, la production d’aluminium de deuxième fusion utilise 20 fois moins d’énergie que la productiond’aluminium de première fusion (Boiral, 2005).

Introduction 5

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Comme nous pouvons le constater, plusieurs raisons sont réunies pour motiver l’étude et la

compréhension des interactions entre un développement durable et la gestion des entreprises

(que ce soit en termes de compétences et de pratiques managériales ou, en termes

d’engagements pris par les entreprises).

Ce sujet est d’autant plus pertinent, qu’en tant que futurs gestionnaires il est important de

s’interroger sur le devenir de notre planète, à l’heure où l’économie est caractérisée par la

globalisation des marchés. En effet, le concept de développement durable mérite de

s'interroger sur les limites de notre mode de fonctionnement actuel alors que nous détruisons

chaque jour un peu plus notre environnement. La prise de conscience de la pollution générée

par les déchets a conduit les autorités à prendre des mesures. Toutefois, les engagements pris

par les entreprises (notamment dans le cadre des accords de Kyoto) se montrent en réalité très

en deçà du nécessaire. Par conséquent, il est impératif que les méthodes de gestion soient

ajustées en fonction de ces problèmes. Cela se traduit, entre autre, par une transformation des

résidus des activités humaines pour les réinsérer dans un circuit économique ou de les

restituer à la nature de la façon la moins dommageable, mais encore par une sensibilisation

des différents acteurs économiques : ce à quoi répond les principes de l’écologie industrielle.

En effet, le concept de l’écologie industrielle cherche à modifier le système industriel en

prenant pour modèle les écosystèmes naturels (bio mimétisme) et ce veut être un outil

intéressant pour le développement durable.

L’objectif général de cette recherche consistera, par conséquent, à démontrer la pertinence de

l’écologie industrielle pour relever le défi environnemental, notamment la production de

déchets. La réflexion s’articulera autour d’une revue de littérature dont les objectifs

spécifiques seront les suivants :

a) Faire l’inventaire des différentes méthodes de gestion des déchets ;

b) Identifier les différentes méthodes de valorisation des déchets ;

c) Faire ressortir la portée de l’écologie industrielle à l’heure d’une économie de

marché globalisée ;

d) Analyser les facteurs freinant la mise en place d’un tel concept ;

e) Formuler des recommandations pour une meilleure politique de gestion/valorisation

des déchets, basée sur la relation entre les compétences managériales et les technologies

déployées pour traiter les déchets.

Introduction 6

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Le cadre conceptuel de la présente recherche permettra ainsi de cerner de façon spécifique les

thèmes associés à l’étude du processus de gestion et de valorisation des déchets et de

comprendre les relations avec le concept de l’écologie industrielle. Par ailleurs, la recherche

sera de type fondamental et la méthode exploratoire, dans la mesure où, au départ, les

connaissances et les préoccupations théoriques dans ce domaine seront déjà établies. D’autre

part, ce type de recherche aura pour objectif de faire progresser les savoirs indépendamment

de toutes retombées pratiques ; les résultats ne seront pas en soi, une finalité. Comme dit

précédemment, l’opérationnalisation du cadre de recherche se fera à travers une revue de

littérature complète et le design visant à opérationnaliser la recherche sera de type non

expérimental. En effet, cette étude visera à formuler un problème, à développer des

hypothèses permettant d’établir des priorités d’examens et d’éliminer les idées peu réalistes

en vue de clarifier les concepts.

Enfin, l’étude sera composée de trois chapitres. Le premier, dressera un portrait des différents

modes de gestion des déchets et fera un bilan des gisements. Le second, exposera le concept

de l’écologie industrielle pour répondre à la problématique des déchets et illustrera les

principes préconisés. Enfin, le dernier chapitre exposera les divers objectifs auxquels les

entreprises devront répondre en vue d’intégrer pleinement la variable écologique dans leurs

activités.

Introduction 7

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Chapitre 1 : Les Déchets

Chapitre I : Les Déchets 8

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L’organisation de l’élimination des déchets a toujours existée dans la vie des hommes ; la

problématique n’est donc pas nouvelle, comme les autorités publiques ont tendance à le

mettre en avant. Certes, avec le temps cette gestion s’est améliorée, toutefois des problèmes

liés aux modes de consommation des différentes ressources sont apparus. Ainsi, les sociétés

se retrouvent confrontées à des quantités grandissantes de production de déchets. Selon

l’Agence européenne pour l’environnement, plus de 3 000 millions de tonnes de déchets sont

produites chaque année en Europe, et d’ici 2020, la production de déchets par habitant pour

un pays membre de l’OCDE sera de 640 kg, selon l’OECD (2004). Par ailleurs, les modes de

traitements ne sont pas toujours respectueux de l’environnement et occasionnent des

nuisances pour les citoyens. En conséquence, il est impératif que les gouvernements prennent

des mesures coercitives pour réduire la production de déchets, en favorisant des techniques

plus propres et écologiques.

Dans un premier temps ce chapitre fera un historique des modes de gestion des déchets. Dans

un second temps, une définition des déchets et leur classification seront établies ; puis dans

une troisième et quatrième partie, les différents modes de collecte et de traitements seront

détaillés. Enfin, dans la cinquième et dernière partie de ce chapitre, un état du gisement des

déchets sera exposé.

I. HISTORIQUE

Cette première partie, qui s’articule autour d’un historique de la gestion des déchets, met en

évidence que la problématique liée aux déchets n’est pas nouvelle, comme on aurait trop

tendance à la concevoir. En effet, depuis la création de la civilisation humaine et la vie en

société, les hommes se sont organisés pour gérer leurs déchets, pas toujours de manière

écologique, mais avec un souci environnemental grandissant dans le temps.

L’étude suivante a été réalisée à partir de l’ouvrage de Gouilliard et Legendre, « Déchets

ménagers », paru en 2003 chez Economica. Elle s’attache à décrire l’évolution chronologique

de la gestion des déchets en Europe (et plus particulièrement en France), « continent » plus

riche en histoire, où les données sont plus faciles à obtenir.

Chapitre I : Les Déchets 9

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A. L’origine du mot « déchet »

Les origines du mot déchet sont tirées du participe passé du verbe latin déchoir : « dechie » et

évoquent un bien déchu. Le mot sera par la suite remplacé par « déchiet » au XIVe siècle puis

par le mot déchet (Gouilliard et Legendre, 2003).

Par ailleurs il est important de distinguer l’utilisation, dans le langage « industriel », des

termes déchet et résidu. Ainsi, l’expression « déchet » se réfère aux matériaux pour lesquels il

n’y a plus d’utilisation possible dans le processus de production. A contrario, le « résidu »,

n’a plus d’utilisation dans un processus de production défini mais peut être réutilisé dans un

autre processus, dans la mesure où le système industriel est considéré comme un ensemble de

systèmes de production (Braden & Allenby, 1998).

Suite à la sédentarisation de l’homme, ce dernier est obligé de s’organiser en vue d’éliminer

ses déchets. Dans l’Antiquité, sous l’Empire Gréco-romain, la collecte s’effectuait déjà en

utilisant des récipients (vases en terre cuite ou réceptacles en pierre) ; tandis que les paysans

récupéraient aussi les résidus alimentaires pour en faire de l’engrais : le recyclage n’est donc

pas une pratique nouvelle, mais existe bien depuis des millénaires.

B. Du Moyen Age au XVIIIe siècle

Au Moyen Age, les questions de récupération et de recyclage des déchets sont, là aussi, bien

maîtrisées. A cette époque les déchets sont disposés dans les rues et si la population se plaint

d’odeurs nauséabondes, les risques bactériologiques sont encore ignorés. Des cochons étaient

élevés et déambulaient dans les rues pour qu’ils se nourrissent des ordures, des carcasses et

des excréments rejetés par la population. En 1131, suite à la chute mortelle d’un prince

occasionnée par un de ces cochon, seuls les porcs de l’abbaye royale seront autorisés dans les

rues parisiennes. Toutefois, en province, ces animaux continueront à nettoyer les rues tout en

étant soumis aux mêmes lois que les humains : passibles de peine de mort en cas de délit.

Si par la suite, une longue série de décisions royales sont prises, peu d’entres elles se

concrétiseront. En effet, en ces temps, les populations se préoccupent davantage de leur survie

alimentaire que de questions relatives à l’hygiène.

Chapitre I : Les Déchets 10

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Sous Louis IX, Jean Sarrasin, chargé de la voirie de Paris, imposera aux riverains de nettoyer

les rues et de mettre les ordures en dehors de la ville sous peine d’amende. La collecte,

effectuée par des tombereaux1, envoie les ordures en périphérie dans des décharges. Avant ce

passage, les chiffonniers peuvent récupérer les tissus pour fabriquer du papier, les os pour

fabriquer des boutons, les graisses pour faire des bougies… ; des communautés et des

associations se créent autour des métiers liés à ces activités.

En ville, les ordures sont drainées lors des pluies et dirigées vers des égouts qui se déversent

dans les rivières, où s’approvisionne directement la population en eau potable. Lorsque les

déchets ne sont pas évacués de cette manière, ils se mêlent à la terre et participent à

l’élévation de la chaussée ou à l’apparitions de monticules en périphérie. C’est ce qui

explique pourquoi certains quartiers de Paris sont si vallonnés (Boulevard St Denis), puisque

l’extension des villes intègre désormais les anciens sites de décharge. A la campagne, la

gestion des ordures se fait par la population elle-même. Les restes de nourritures alimentent

les animaux ou sont utilisés comme compost, les papiers et cartons sont brûlés dans la

cheminée, quant aux tissus, les habits sont souvent utilisés par plusieurs générations. Il

apparaît donc que le recyclage (notamment à la campagne où la population est plus

« débrouillarde ») est plus maîtrisé que les autres modes de gestion.

L’analyse serait incomplète si la place des déchets comme élément déclencheur d’épidémies

n’était pas étudiée. Ainsi, entre 1346 et 1353, 25 millions de personnes sont mortes de la peste

en Europe. Suite à une autre crise en 1562, suivie de la coqueluche, la ville de Paris ordonne à

ses citoyens de déposer leurs ordures dans des paniers clos et de balayer devant leur porte.

Au XVIe siècle, la royauté de François 1er, qui s’occupe du ramassage et de l’évacuation des

déchets, instaure une taxe et des paniers à ordures. Sous Henri IV, Roi de Navarre, Sully2 est

chargé de recouvrir cette taxe, servant au finançant des dépenses de collecte et de transport.

Ce n’est qu’à partir du XVIIe siècle, que les autorités se soucieront davantage de la pollution

de l’air (odeurs) et de l’eau (toutefois, le terme de pollution n’est pas encore employé).

Suite à l’obtention, par Paris, du titre de « ville la plus sale d’Europe », Louis XIV charge

Colbert d’organiser le nettoiement. Ainsi, en 1666, une grande enquête est menée sur la

1 Tombereau : caisse montée sur deux roues, servant à transporter des matériaux et qu’on décharge en la faisantbasculer (Le Petit Larousse, 1996).2 Sully était surintendant général des finances du roi.

Chapitre I : Les Déchets 11

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situation hygiénique de Paris aboutissant à l’élaboration d’itinéraires, d’horaires de collecte et

d’amendes. Le nettoyage à grandes eaux n’est toutefois pas possible en raison du manque de

fontaines dans certains quartiers. A cette époque, la taxe, imposée à tous sauf à l’Hôtel Dieu

et aux institutions de bienfaisances, est payable à l’avance tous les six mois au receveur du

quartier. Ces usages ne seront finalement adoptés qu’à force de contraventions. En 1686,

l’organisation des métiers du recyclage pouvant être exercés à Paris figure dans les textes et

fait preuve d’une rigueur administrative. Enfin, au XVIIIe siècle, le déchet fait partie

intégrante du cycle de vie, rendu populaire sous l’expression de Lavoisier « rien ne se perd,

rien ne se crée, tout se transforme » ; les récupérateurs sont alors soumis au port de la

médaille, habitude qui perdure de nos jours chez les brocanteurs.

Peu avant la révolution française, la gestion des ordures est comparable à l’organisation de

concours en ce qui a trait à la responsabilité des personnes. Ainsi, à Berne ce sont les forçats

qui sont chargés du ramassage des ordures et du nettoyage de la chaussée ; à Bruges ce sont

les vieillards ; et à Paris, malgré des propositions mettant en avant les vieillards, les infirmes

ou les vagabonds, ce sont des entrepreneurs privés qui en ont la responsabilité.

Ce n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle, en 1790 que l’on confèrera aux municipalités la gestion

de la voirie et des déchets et que les recycleurs pourront exercer leurs activités sans

contraintes.

C. Du XIXe siècle à nos jours

Au XIXe siècle, la police se voit chargée des services de voirie, responsabilité qui lui est

retirée cinquante ans plus tard face à ses incompétences. A cette même époque, des

balayeuses mécaniques et des lances d’arrosages soulagent le travail des riverains, des

compagnies privées et des services publics, mais les détritus persistent. Il en est de même

dans le reste de l’Europe, sauf en Hollande, où l’éducation de la population et les installations

techniques rendent cette gestion plus efficace.

En 1870, un arrêté gouvernemental interdit de jeter sur les trottoirs, « de jours comme de nuit,

tout type d’ordure sous peine d’être contraint à payer une amende de 300 livres » (Gouilliard

et Legendre, 2003, p. 17). Ainsi, chaque citoyen est tenu de se procurer un contenant fermé

destiné à recevoir les ordures et à être présenté pour son ramassage. Toutefois, en cette

Chapitre I : Les Déchets 12

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période de guerre civile, la mesure n’est pas très suivie. Quelques années plus tard (en 1884),

la charge de balayage est transformée en impôt municipal, dont la responsabilité incombe aux

cantonniers.

Durant la IIIème République, apparaît le mouvement hygiéniste qui est la source d’une prise de

conscience et de mise en application de principes élémentaires de « savoir vivre ». Dès lors,

les réseaux d’eau potable et le tout-à-l’égout sont rendus obligatoire. On doit, notamment à

Louis Pasteur, de nombreux progrès en matière d’hygiène et de salubrité qui inspirent le

ministre de l’éducation nationale, Jules Ferry. Ce dernier, en effet, remplaça les cours de

catéchisme par des cours d’hygiène ; enseignement portant sur les effets néfastes des

microbes et des virus, et sur l’importance d’éloigner les déchets des habitations afin d’éviter

leur entrée en contact.

Arrive également la révolution industrielle qui a pour conséquence d’augmenter de façon

considérable la quantité de déchets difficilement biodégradable comme le verre. La

production journalière de déchet à Paris est alors de 200 grammes en 1872. La composition

des poubelles se modifie. Ainsi, ces dernières sont moins riches en agents fertilisants et les

agriculteurs, qui jusque là prélevaient et recyclaient près de la moitié des ordures, sont de plus

en plus séduits par les engrais chimiques comme le salpêtre, les nitrates de soude ou les

phosphates.

Fin 1883, Eugène Poubelle, préfet de Paris, oblige les propriétaires à mettre à disposition,

dans leurs locations, des récipients munis d’un couvercle pour éviter les renversements. Les

contenants doivent être gérés par les concierges qui doivent les sortir et les rentrer en fonction

des horaires de collecte des ordures. A cet effet, des efforts de sensibilisation au niveau de la

population sont effectués, mais les concrétisations tardent à se faire sentir. Ce n’est que

cinquante ans plus tard que les récipients seront réellement fermés. Cette collecte prévoyait la

contenance des poubelles selon les besoins (40 à 120 litres), mais également le tri des résidus

en trois sortes : les matières putrescibles ; les papiers et chiffons ; et les matières comme le

verre, la céramique et les coquilles d’huîtres.

La purification par le feu prônée par le mouvement pasteurien a pour suite la création de la

première usine d’incinération destinée à la combustion des ordures, près de Paris. Il faudra un

siècle pour que les conditions de travail soient acceptables, c'est-à-dire peu polluantes et sans

risque direct pour les employés. En effet, à cette époque, les déchets étaient directement jetés

Chapitre I : Les Déchets 13

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dans le feu, ce qui dégageaient d’épaisses fumées, directement respirées par les ouvriers et

rejetées dans la nature.

Au XXe siècle, le nettoyage des rues et l’acheminement des déchets vers les centres de

traitement sont organisés par des entreprises privées et des chiffonniers. Dans certaines villes,

les détritus sont acheminés par péniches (Londres, Amsterdam) ; près du littoral, c’est loin des

côtes qu’ils sont jetés, ne défiant pas toutefois les courants marins. En Autriche, la collecte

s’effectue via un système de poubelles échangeables, où « les récipients pleins et fermés sont

ramassés et échangés contre des contenants vides » (Gouilliard & Legendre, 2003, p. 19). En

France et dans les pays anglo-saxons, le tout-à-l’égout et les broyeurs d’éviers sont beaucoup

utilisés, conduisant à une pollution des rivières. Sur le continent américain, l’enfouissement

des ordures s’avère la solution préférée dans la mesure où l’espace n’est pas une contrainte.

Ainsi, à partir des années 1920, les lieux destinés à l’enfouissement des ordures sont choisis

avec soin et « dans les années 1970, 300 à 400 sites verront le jour chaque année aux Etats-

Unis » (Gouilliard & Legendre, 2003, p. 19). Il apparaît donc, suite à une économie en forte

croissance, que la gestion des déchets au XXe siècle s’avère peu respectueuse de

l’environnement, conséquence que nous devons assumer de nos jours.

En 1934, Fernand Rey invente la benne à ordures permettant une compression automatique

des déchets. Les poubelles sont peu à peu fabriquées en plastique afin de diminuer les bruits

lors de leur collecte. Durant les années 30, certaines usines d’incinération s’équipent d’un

réseau de valorisation destiné à chauffer les villes comme à Villeurbanne et Stalingrad.

Entre les deux guerres mondiales la production de déchets est quelque peu limitée mais à

partir des années 1950, la société de consommation inversera la situation. Ainsi, en 1950

chaque français produisait 200 kg/an d’ordures et ce phénomène ne va aller qu’en

s’accélérant : dix ans plus tard ce sera 220 kg/an ; en 1972 255 kg/an ; en 1991 360 kg/an…

En 2002, une étude menée par MSI (Marketing Research for Industry Ltd) fait part de la

production des déchets ménagers en France, en 2001 et des prévisions jusqu’en 2007. Et d’ici

2020, rappelons que la production de déchets par habitant d’un pays membre de l’OCDE sera

de 640 kg (OECD, 2004). Le tableau ci-après retrace cette évolution.

Chapitre I : Les Déchets 14

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Tableau 1 : Production de déchets ménagers et assimilés en France en millions de tonnes

Type de déchets 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007Ordures ménagères 34,1 34,4 34,7 35 35,4 35,8 36,2Déchets collectifs 14,7 15,7 16,4 16,9 17,6 18 18,6Total 49,3 50 51,1 51,9 53 53,8 54,8Source : Tiré de l’ouvrage de Gouilliard et Legendre, Déchets ménagers, Economica, 2003, p. 41

Les données résumées dans ce tableau mettent en évidence la production croissante de déchets

en France. Il en est de même dans les autres pays développés dont la société de consommation

et le développement de la grande distribution, qui va de paire avec l’apparition des

emballages, sont responsables de cette augmentation fulgurante.

En 1959, un décret stipule que les collectivités de plus de 10 000 habitants sont tenues de

ramasser elles mêmes leurs ordures. Des systèmes ingénieux, comme en Espagne et en Suède,

prévoient une collecte pneumatique où les sacs poubelles sont conduits dans des tuyaux

souterrains grâce à de violents courants d’air. Le système étant très coûteux, il ne sera utilisé

que dans les zones à forte densité d’habitation.

Suite aux crises énergétiques des années 70, la notion de gaspillage et le concept de

valorisation prennent davantage d’importance. La population devient consciente que

l’environnement est une ressource non renouvelable et qu’il est nécessaire de revoir ses

modes de consommation. C’est durant cette période de crise qu’apparaîtra le concept

d’écologie industrielle, détaillé un peu plus loin dans cet essai. Par ailleurs, la loi du 15 juillet

1975 accordera une définition légale au terme déchet et imposera aux collectivités de plus de

500 habitants une collecte, au minimum hebdomadaire.

La décennie 90, quant à elle, est marquée par un élargissement des considérations

« écologiques » et augmente les options techniques le développement des filières de

valorisation énergétique et matière des déchets. Cette période signe également, la fin du « tout

décharge » et du « tout incinération » suite à une série de normes environnementales et

sanitaires1 (Ademe-Adit, 2003). D’autre part, en Allemagne, l’ordonnance Töpfer de 1991,

sera le premier texte imposant aux industriels, mettant des produits emballés sur le marché, de

reprendre les emballages lorsqu'ils deviennent des déchets. Il s’agit de la première exécution

du principe pollueur/payeur qui recommande une limitation des détritus en volume et en

1 Néanmoins, il convient de relativiser ces données, car à la vue des résultats présentés un peu plus bas, ilapparaît que la mise en décharge reste très pratiquée par certain pays.

Chapitre I : Les Déchets 15

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poids. En effet, la hausse de l’urbanisation et la hausse des commodités pour manger (ready-

to-eat, fast food…) et des nouvelles façons de commercialiser sont autant de causes de cet

accroissement des emballages. Pour illustrer ce fait, en 1994, 32% des français déjeunaient

sans se mettre à table, d’où la nécessité toujours croissante d’emballages alimentaires

(Gouilliard & Legendre, 2003, p. 23).

Cette analyse historique était nécessaire afin de percevoir et de comprendre avec justesse

l’évolution des modes de gestion des déchets qui a fait naître, au fil du temps, une réelle

problématique. Nous l’avons compris, le problème des déchets a toujours existé, ceci est dû à

des modes de gestion différents, mais aussi à des divergences de classifications d’un pays à un

autre.

II. LES DIFFERENTES CLASSIFICATIONS DES DECHETS

La terminologie relative aux déchets est différente selon les pays. Ainsi, la terminologie

française mêle les origines, les caractéristiques mais aussi les modes de gestion alors que la

législation européenne classe les déchets selon leur degré de dangerosité. Ceci est d’autant

plus problématique que les industries se basent sur cette terminologie pour gérer leurs

déchets, et que cette gestion peut s’avérer particulièrement difficile si les divergences sont

trop importantes. Avant d’introduire les différents modes de gestions des déchets proposés

aux industries et de mettre des chiffres sur le gisement actuel des déchets, la partie suivante

s’attachera à expliquer les définitions et les classifications possibles, afin de mieux

comprendre les concepts utilisés tout au long de cette étude.

A. Les définitions

Le manque d’uniformité, en matière de gestion des déchets, au sein des pays membres de la

Communauté européenne s’est traduit par l’adoption de la directive 75/442/CEE le 15 juillet

1975. Il s’agit du premier texte qui confère un statut juridique au déchet en lui accordant une

définition précise. Ainsi, selon l’article 1 de cette même directive, le terme déchet se définit

comme « toute substance ou tout objet dont le détenteur se défait ou a l’obligation de se

défaire en vertu des dispositions nationales en vigueur » (Gouilliard & Legendre, 2003, p. 42).

Chapitre I : Les Déchets 16

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En France, suite à cette directive européenne, le premier texte donnant une définition précise

du déchet est la loi du 15 juillet 1975. L’article 1er de cette loi défini comme déchet « tout

résidu d’un processus de production, de transformation ou d’utilisation, toute substance,

matériau, produit ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou que son détenteur

destine à l’abandon » (Gouilliard & Legendre, 2003, p. 25). A noter qu’au Québec, le

ministère de l’Environnement a supprimé la notion de « déchet » pour la remplacer par

« rebus », estimant que cette dernière était moins péjorative.

D’autre part, selon l’article 2 de la loi du 15 juillet 1975,

« Toute personne qui produit ou détient des déchets, dans des conditions de nature à

produire des effets nocifs sur le sol, la flore et la faune, à dégrader les sites ou les

paysages, à polluer l'air ou les eaux, à engendrer des bruits et des odeurs et d'une façon

générale à porter atteinte à la santé de l'homme et à l'environnement, est tenue d'en

assurer ou d'en faire assurer l'élimination » (Loi n°75-633 du 15 juillet 1975 relative à

l'élimination des déchets et à la récupération des matériaux ).

Enfin, selon ce même article, qui est repris dans le Code de l’environnement (Article L. 541-

2), la tâche d’élimination des déchets « comporte les opérations de collecte, transport,

stockage, tri et traitement nécessaires à la récupération des éléments et matériaux réutilisables

ou de l'énergie, ainsi qu'au dépôt ou au rejet dans le milieu naturel de tous autres produits

dans des conditions propres à éviter les nuisances »1.

La directive européenne du 18 mars 1991 précise et complète la définition du 15 juillet 1975 :

« toute substance ou tout objet figurant à l’annexe I dont le détenteur se défait ou dont il a

l’intention ou l’obligation de se défaire » (ADEME-ADIT, 2003, p. 28).

Par cette définition, la composition du déchet est mise en avant comme critère d’identification

et implique par conséquent qu’une matière abandonnée, ne figurant pas à l’annexe I, ne

constitue pas un déchet. Toutefois, cette approche est relativement floue puisqu’elle ne fait

pas de distinction entre les « déchet » et les « sous-produit » ou les « matière première

secondaire ». De ce fait, certaines entreprises font passer des déchets pour des sous-produits

afin de les soustraire à la loi (Ademe-Adit, 2003).

1 Loi n°75-633 du 15 juillet 1975 relative à l'élimination des déchets et à la récupération des matériaux.Disponible sur Internet à l’adresse suivante : http://www.admi.net/jo/loi75-633.html (consulté le 14 janvier2006).

Chapitre I : Les Déchets 17

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En décembre 2005, la Commission européenne a présenté sa nouvelle stratégie des déchets.

Cette dernière a pour but de réviser la directive cadre 75/442/CEE, adoptée en 1975, et de

mettre l’accent sur la prévention des déchets et la définition de normes de recyclage.

Néanmoins, cette future directive ne modifiera pas la définition même de « déchet », et donc

n’éclaircira pas la distinction entre « déchet » et « sous-produit » et ce, « malgré une demande

insistante de réglementation de la part des industriels » (Wemaëre, 2006, p. 80). En effet, de

nombreux litiges ont pour origine une incompréhension de la définition européenne des

déchets. C’est particulièrement le cas dans le secteur du transport, puisque que la circulation

d’un matériau considéré comme une matière première secondaire n’est pas soumise aux

mêmes lois que celle des déchets (Ademe-Adit, 2003). La proposition de directive prévoit

donc de préciser les conditions dans lesquelles un déchet devient une matière première

secondaire dans l’article 11. A cette fin, deux conditions seront nécessaires (Wemaëre, 2006,

p. 80) :

- La reclassification de déchet en produit ne devra pas provoquer d’impacts

environnementaux globalement négatifs ;

- Un marché devra exister pour les produits, matériaux ou substances secondaires.

Par ailleurs, la jurisprudence retient, comme critère essentiel au reclassement en matière

secondaire, qu’un déchet cesse d’être un déchet suite à une opération de réutilisation, de

recyclage ou de valorisation.

La plupart des pays ont adopté une loi sur les déchets dès les années 1970, renouvelée par la

suite dans les années 90. C’est notamment le cas au Danemark, en France, en Grande-

Bretagne, aux Pays-Bas, aux Etats-Unis et au Japon. D’autres ont légiféré dans les années 80

et révisé leurs textes dix ans plus tard (comme en Allemagne, en Suisse ou au Québec) et trois

pays n’ont promulgué une loi que tardivement (dans les années 1990), poussés par l’Union

européenne. Il s’agit de l’Espagne, de l’Italie et de l’Autriche (ADEME-ADIT, 2003). Vous

trouverez dans les annexes suivantes un résumé des différentes législations relatives à la

gestion des déchets dans ces pays :

Annexe 1 : Adoption des textes réglementant la gestion des déchets

Annexe 2 : Les principales lois régulant la gestion des déchets et leur contenu

Chapitre I : Les Déchets 18

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En conclusion, les problèmes de terminologie sont à l’origine d’incompréhensions de la part

des pays membres de la Communauté européenne et des entreprises. Par conséquent, il

apparaît évident qu’une terminologie commune et unique doit être employée afin de mieux

gérer les déchets. La partie suivante illustrera un exemple de classification des déchets

auxquelles les entreprises doivent répondre en fonction de leurs productions. Il s’agit de la

classification européenne, mais comme précédemment, chaque pays dispose de sa propre

classification, ce qui ne facilite pas l’uniformité et l’efficacité d’une gestion écologique des

déchets.

B. La classification des déchets en Europe

En Europe, ce n’est qu’en 1967 qu’apparaît le premier texte relatif aux questions

environnementales décrivant les substances considérées comme étant dangereuses. Il sera

ensuite suivi de la directive 75/442/CEE du 15 juillet 1975, laquelle donne une définition du

terme « déchet » (Cf. partie précédente). La vision européenne classe les déchets en deux

catégories : les déchets non dangereux et les déchets dangereux.

L’annexe I de la directive 91/156/CEE du 18 mars 1991 établi une classification des déchets

en cinq catégories selon leur provenance ou leur utilisation précédente. Le détail de cette

classification se trouve en : Annexe 3 : Classification européenne des déchets

La directive 67/548/CEE du 27 juin 1967 a été le premier texte mentionnant les substances

considérées comme dangereuses ; elle concerne principalement la classification, l’emballage

et l’étiquetage des matières. Quant à elle, la directive 91/689/CEE du 12 décembre 1991

énonce une définition précise et uniforme des déchets dangereux :

« déchets figurant sur une liste qui sera établie conformément à la procédure prévue à

l’article 18 de la directive 75/442/CEE et sur la base des annexes 1 et 2 de la présente

directive. Ces déchets doivent posséder une ou plusieurs des caractéristiques énumérées

à l’annexe 3. Cette liste tiendra compte de l’origine et de la composition des déchets et,

le cas échéant, des valeurs limites de concentration » (Gouilliard & Legendre, 2003, p.

46).

Chapitre I : Les Déchets 19

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Chapitre I : Les Déchets 20

L’annexe I de la directive91/689 recense les déchets considérés comme dangereux en fonction

de leur nature ou de leur activité productrice, tandis que l’annexe III reprend la liste des

propriétés physicochimiques de la directive 67/548 en la complétant. Ces données sont

récapitulées sous forme de tableau à l’Annexe 3 : Classification européenne des déchets. Par

extrapolation, les déchets non dangereux sont tous ceux qui ne sont pas définis comme l’étant

par la directive 91/689.

C. La classification des déchets selon l’ADEME

En France, la classification des déchets est effectuée par l’Agence De l’Environnement et de

la Maîtrise de l’Energie (l’ADEME). Selon l’ADEME, les déchets sont classés en trois

catégories principales : les déchets : municipaux, les déchets industriels et les déchets

agricoles. Afin de ne pas trop détailler cette classification, ne concernant que la France, le

détail de celle-ci se trouve à l’Annexe 4 : Les différentes catégories de déchets selon

l’ADEME. Néanmoins, le graphique ci-après illustre la hiérarchie adoptée par l’ADEME.

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III. LES DIFFERENTS MODE DE GESTION DES DECHETS

Toujours dans le souci de clarifier les concepts utilisés dans cette étude, la partie suivante

illustrera les aspects concrets de la gestion des déchets, à savoir la collecte et les modes de

traitement. Cette analyse permettra par la suite d’établir un jugement sur les méthodes les plus

efficaces et écologiques, et de mettre en avant les modes de traitement qui seraient les plus

facilement transposables aux principes de l’écologie industrielle.

Dans tous les pays, la gestion des déchets est basée sur les principes de gestion intégrée, avec

toutefois, quelques variations dans la hiérarchie établie. « Les responsables politiques de la

plupart des pays industrialisés prennent très au sérieux la bonne gestion des déchets, dite

intégrée » (Ademe-Adit, 2003, p. 7). Par ailleurs, « les pays qui ont légiféré le plus tôt ne

présentent pas systématiquement les meilleurs résultats, comme la Grande-Bretagne ou les

Etats-Unis par exemple » (ADEME-ADIT, 2003, p. 71).

A. La gestion de la collecte des déchets

La gestion de la collecte des déchets constitue la première étape de l’élimination des déchets

ménagers. Cette dernière est organisée par les municipalités et doit tenir compte d’un certain

nombre de points comme le mode de ramassage, les différents contenants de déchets, les

véhicules de transport, etc., lesquels figurent à l’Annexe 5 : La gestion de la collecte des

déchets.

« La récupération [des déchets], qui suppose une collecte séparée ou un tri, permet de

valoriser les matériaux ou l’énergie contenus dans les déchets, de limiter leur apport

dans les installations de traitement, ou de leur faire suivre une filière de traitement

spécifique » (Desachy, 1996, p. 32).

Une fois les déchets collectés et acheminés par les véhicules de collecte, il sont regroupés et

stockés dans des stations de transit (centre de transfert) dans l’attente d’être transférés par des

véhicules de grande capacité (camion gros porteur, chemin de fer…) vers un centre de

1 Les tableaux illustratifs de l’étude ADEME-ADIT (2003) ne sont pas tous numérotés. Ainsi, à partir de la page7, l’étude intègre six pages sans qu’elles soient numérotées et reprend au chapitre 2 à la page 8 (qui correspond à la 14ème page sur le fichier PDF).

Chapitre I : Les Déchets 22

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traitement. Les stations de transit existent lorsque les installations de traitement sont éloignées

des zones de collecte et permettent des économies de coûts de transport, notamment en zones

rurales.

Une fois les déchets séparés, par les différents types de collecte, il est nécessaire de réaliser un

tri supplémentaire. Les centres de tri ont pour objet d’exécuter cette tâche, car les déchets sont

souvent altérés par des matériaux indésirables, les rendant alors incompatibles avec les

conditions de valorisation. D’autre part, les centres de tri doivent conditionner l’ensemble de

des déchets en vue de les transporter vers l’unité de traitement.

B. Les différents modes de traitement des déchets

En France, ce sont les plans départementaux de gestion des déchets qui coordonnent

l’ensemble des actions de collecte menées par les pouvoirs publics et les organismes privés. Il

est important de distinguer la gestion des déchets ménagers de la gestion des déchets

industriels, qui par leurs contenus, implique des modes de traitement différents. L’analyse

suivante étudiera cette distinction et exposera les principaux modes de traitement des déchets,

à savoir :

- La valorisation de matière par le réemploi, la réutilisation ou le recyclage ;

- La valorisation organique par le compostage ou la méthanisation ;

- La valorisation énergétique ;

- L’enfouissement.

Selon Gouilliard & Legendre (2003), ces modes de traitement sont complémentaires dans la

mesure où ils produisent tous des refus ou des déchets secondaires pouvant être réutilisés.

Par ailleurs, la valorisation matière se définit, selon la loi du 13 juillet 1992, comme « le

réemploi, le recyclage ou toute autre action visant à obtenir, à partir des déchets, des

matériaux réutilisables ou de l'énergie ». Il s’agit donc d’utiliser les déchets comme une

source de matière première, appelés alors matière secondaire, comme source énergétique.

Chapitre I : Les Déchets 23

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A. La valorisation de matière par le réemploi, la réutilisation ou le recyclage

1. Le réemploi

Le réemploi consiste à utiliser une nouvelle fois un produit ou objet usagé, pour un usage

analogue à celui de sa première utilisation ou pour une autre utilité, sans qu’il y ait de

traitement intermédiaire (Gouilliard & Legendre, 2003). Il s’agit, en d’autres termes, de

prolonger la durée de vie du produit avant qu'il ne devienne un déchet tout en limitant les

processus de transformation du produit. Il permet donc une réduction de l’utilisation de

ressources naturelles et donc, des impacts négatifs sur l’environnement. Exemple : la

consignation des bouteilles qui sont à nouveau remplies après leur nettoyage.

2. La réutilisation

La réutilisation consiste à utiliser de nouveau un déchet, pour un usage différent de son

premier emploi. Exemple : l’utilisation de pneus usagers pour protéger la coque des bateaux.

Les centres de recyclage ont pour mission de promouvoir la réutilisation ou le réemploi.

Ainsi, après avoir récupéré les déchets dans les déchèteries ou par apport volontaire des

particuliers, les déchets sont triés, nettoyés, réparés pour pouvoir être revendus. Les centres

réalisant de telles opérations sont souvent des organismes à but non lucratif, vecteurs de

développement local et durable, encourageant la protection de la nature, la création d’emplois

viables, l’éducation et la sensibilisation des citoyens.

3. Le recyclage

Le recyclage désigne la réintroduction d’un matériau contenu dans un déchet dans le cycle de

production, en remplacement total ou partiel d'une matière première neuve (Gouilliard &

Legendre, 2003). Par exemple, utiliser les bouteilles cassées et les refondre pour en faire des

bouteilles neuves.

Selon la norme ISO 14 041, les critères de recyclage en « boucle fermée » sont rencontrés

lorsqu’un produit est réutilisé après la fin de sa durée de vie (utile) tout en maintenant ses

propriétés matérielles inhérentes (Peck, 2003). Quant au recyclage en « boucle ouverte », il

est une option dans laquelle les propriétés matérielles du produit sont modifiées lors du

processus de recyclage (Peck, 2003). Par ailleurs, le « souscyclage » (downcycling) renvoi au

recyclage dit en « boucle ouverte », durant lequel les propriétés matérielles du produits sont

Chapitre I : Les Déchets 24

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réduites fonctionnellement lors du processus, comparée à une matière vierge ou à une matière

recyclée en « boucle fermée » (Cf. Annexe 6 : Cascades de déchets versus recyclage).

Cette méthode confère une véritable valeur aux déchets permettant de réaliser des économies

de coût, d’énergie et de matière. Les déchets recyclables sont alors triés par catégories de

matériaux : papiers/cartons, verre, plastiques, métaux… Par ailleurs, on parle de valorisation

matière pour les matériaux récupérés lors de l’incinération des déchets (mâchefer,

ferrailles…). Ces derniers sont par la suite traités afin de récupérer les matières qu’ils

contiennent et peuvent être utilisés comme sous-couche routière (Gouilliard & Legendre,

2003).

Exemples :

- Le recyclage du verre permet d’économiser « 100 kg d’équivalent pétrole par tonne de verre

recyclé » ;

- Une tonne de papier/carton recyclée permet d'économiser 200 kg de pétrole et 100 m3 d’eau ;

- Une tonne de plastique recyclée et transformée en poudre, paillette ou granula permet

d’économiser 700 à 800 kg de pétrole brut ;

o 3 bouteilles en plastique recyclées = un bonnet et une écharpe ;

o 11 bouteilles en plastique recyclées = 1 arrosoir ;

o 200 bouteilles en plastique recyclées = 1 poubelle de 350 litres.

- Le recyclage de l’aluminium a l’avantage de pouvoir être réutilisable à 100% et à l’infini et il

consomme 95% d’énergie en moins que sa fusion à l’état brut ;

o 19 000 boîtes de conserve = 1 voiture ;

o 670 cannettes = 1 vélo.

Source : Gouilliard & Legendre, 2003, p. 70-72.

L’Annexe 7 : Organisation des filières de recyclage des produits en fin de vie récapitule les

filières de recyclage recensées dans les pays étudiés par l’ADEME et l’ADIT. Certaines,

comme l’emballage, sont des filières traditionnelles présentes dans tous les pays étudiés.

D’autres sont absentes de certains pays (plastiques en Grande-Bretagne), ou ne traitent qu’une

part des produits concernés. Il existe également des filières très spécifiques (moquette aux

Etats-Unis). Leur mode de fonctionnement est résumé brièvement selon : la réglementation,

l’organisme chargé du suivi, les résultats, les particularités (ADEME-ADIT, 2003).

La valorisation de matière par le réemploi, la réutilisation ou le recyclage fait partie des

modes de traitement préconisés par les principes de l’écologie industrielle, à savoir, la

Chapitre I : Les Déchets 25

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fermeture des boucles de matières et la minimisation de l’usage des ressources. Le second

mode de valorisation, constitue, quant à lui, une élimination plus « naturelle » des déchets.

B. La valorisation organique par le compostage ou la méthanisation

Définition : « Utilisation pour amender les sols de compost, digestat ou autres déchets

organiques transformés par voie biologique » (ADEME : Traitement et valorisation).

Dans le milieu naturel, la transformation de matières organiques peut se faire de deux

manières : le compostage et la méthanisation. Néanmoins, cette dégradation peut être

maîtrisée industriellement et appliquée aux déchets ménagers. De ce fait, l’élimination des

déchets est réduite au profit de la valorisation, et peut être utilisée par les agriculteurs en tant

qu’engrais.

L’utilisation des ordures ménagères brutes nécessite au préalable une opération de tri au

moyen d’une collecte sélective. La Fraction Fermentescible des Ordures Ménagères (FFOM)

est essentiellement constituée de déchets alimentaires, de déchets verts et de papier/cartons

(Gouilliard & Legendre, 2003). Ce type de valorisation permet une réduction de 45 à 50% du

volume des déchets (Gouilliard & Legendre, 2003).

1. Le compostage

Le compostage correspond à la décomposition de matière organique grâce à des micro-

organismes présents dans l’eau et l’oxygène (aérobie). Cette décomposition engendre un

dégagement de vapeur d’eau et de dioxyde de carbone, et donne naissance à un résidu

composé de matières organiques et de minéraux appelé compost ou amendement organique

(CRDP d’Amiens1). Le compost peut s’effectuer de différentes manières :

- A l’extérieur, en amas, pendant deux à trois mois pour un compostage lent et naturel ;

- Dans des enceintes spécifiques durant une quinzaine de jours pour un compostage

accéléré ;

1 Centre Régional de Documentation Pédagogique d’Amiens. Filière déchets. Disponible à l’adresse suivante : http://crdp.ac-amiens.fr/enviro/dechets/dechets_maj_solution_p2_3.htm#1 (consulté en décembre 2005)

Chapitre I : Les Déchets 26

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- A l’aide de vers de terre ou lombrics (le lombricompostage) qui favorisent la

minéralisation des matières organiques et leurs transformations.

Pratiqué depuis des siècles par les fermiers (Cf. partie sur l’historique des déchets), le

compostage s’est longtemps limité aux déchets verts. Désormais, son champ d'utilisation a été

élargi à d'autres types de déchets (les déchets de l’industrie agro-alimentaire, les boues des

stations d’épuration, les effluents d'élevage et les FFOM à condition qu’elles aient été triées

correctement au préalable (Gouilliard et Legendre, 2003).

De nos jours, les différents procédés utilisés se distinguent par les modes de fermentation, qui

peuvent être soit en cellules ouvertes ou en andains1 (déchets verts, boues), soit en digesteur2 .

Dans le dernier cas, on observe à la fois une production un gaz (le biogaz) et la production

d’un solide - le compost (Miquel, 1999).

Selon Gérard Miquel (1999), la qualité du compost dépend de la matière entrante. Lorsqu'il

est de bonne qualité, le compost est un produit stabilisé, hygiénique et riche en humus,

comparable à un terreau. Par ailleurs, l'appellation « compost » regroupe deux sous produits :

- le « compost » à proprement dit : riche en minéraux (azote, phosphore, potassium),

notamment lorsque le compost est issu des boues ;

- « l'amendement organique » : issus du même processus de fabrication, mais moins

riche (part fermentescible des ordures ménagères, déchets verts...).

A cet effet, plusieurs pays ont instauré ou préparent un label qualité afin de rassurer les

utilisateurs. Par ailleurs, son utilisation peut être très réglementée selon les pays : épandage

interdit suivant les saisons ou les zones ; les producteurs sont tenus de mentionner les

quantités produites, vendues, et leur composition afin d’optimiser l’utilisation du compost

(Ademe-Adit, 2003).

Toujours d’après Gérard Miquel (1999), la valorisation organique par le compostage

représente un gisement considérable et sous exploité. En effet, les matières organiques

constituent le premier composant des déchets municipaux ; mis en décharge, elles dégagent

du méthane qui s’avère nocif s’il n'est pas capté et valorisé. Le compost reste donc une

1 Andain : du latin ambitus, pourtour ; alignement de foin ou de céréales fauchés et déposés sur le sol (Le Petit Larousse, 1996).2 Digesteur : cuve à l’intérieur de laquelle on provoque la fermentation anaérobie de boues résiduaires ou dedéjections animales en vue de produire du méthane (Le Petit Larousse, 1996).

Chapitre I : Les Déchets 27

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solution à considérer pour le traitement des déchets ménagers, déchets qui ne peuvent guère

être valorisés dans les processus industriels. En effet, l’incinération des ordures ménagère

n’est pas efficiente, car ces matières ont un faible dégagement de pouvoir calorifique, en

rapport avec le volume important (Miquel, 1999). Le compostage n’est donc pas une solution

à retenir pour développer l’écologie industrielle, mais doit toutefois être développé pour les

raisons citées précédemment.

2. La méthanisation

Proche du compostage, l’opération de méthanisation consiste à transformer des matières

organiques en conditions anaérobies (sans oxygène), produisant à la fois un gaz combustible,

appelé biogaz (mélange de gaz carbonique et de méthane), et un amendement organique.

Comme pour le compost, cette fermentation est le résultat de l'activité microbienne naturelle

ou contrôlée (Miquel, 1999).

Les installations de traitement de méthane doivent, pour bien fonctionner, effectuer un tri

préalable des ordures pour ne retenir que la partie organique (CRDP d’Amiens). Il existe en

Europe une soixantaine d’installations de ce type, notamment en Allemagne, aux Pays-Bas et

en Belgique. En France, plusieurs dizaines d’installations traitant les boues de stations

d’épuration, fonctionnent sur ce principe (CRDP d’Amiens).

Les sources d’émission du biogaz sont multiples (Miquel, 1999) :

- Les boues des stations d'épuration : le biogaz produit est riche en méthane, en

hydrogène sulfuré, mais aussi en métaux lourds ;

- Les industries agro-alimentaires et les agriculteurs (lisier de porc) ;

- Plus rarement du compostage (puisque ce dernier nécessite un traitement avec apport

d'air). Toutefois, il existe aujourd'hui des procédés mixtes qui permettent la production

d'amendement organique et de biogaz ;

- Le biogaz de décharge, issu du dépôt des déchets fermentescibles.

Il est à noter que le biogaz est avant tout un gaz naturel relativement toxique contribuant à

l'effet de serre. En effet, la décomposition des plastiques, des lessives et autres déchets, donne

naissance à du gaz carbonique, et surtout du méthane, lequel est 35 fois plus toxique que le

gaz carbonique (Miquel, G. 1999). De ce fait, l'idée d’organiser sa fabrication de façon

industrielle par la méthanisation permet un meilleur contrôle.

Chapitre I : Les Déchets 28

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L'avantage de la méthanisation par rapport au compostage est qu’elle n'entraîne que très peu

d'odeurs puisque le traitement se fait dans une cuve hermétique. Toutefois, ce processus est

plus cher. Enfin, comme pour le compostage, cette méthode de valorisation présente un fort

potentiel peu exploité. Néanmoins, il semblerait que le train soit en marche dans les pays

européens, notamment en Allemagne, pays très actif dans ce créneau (Miquel, G. 1999).

C. La valorisation énergétique

La valorisation énergétique consiste à utiliser une source d'énergie résultant de l’incinération

ou de la thermolyse. Ces modes de traitement des déchets sont tout à fait applicables dans un

système industriel appliquant les principes de l’écologie industrielle puisqu’ils permettent de

récupérer l’énergie de la combustion.

1. L’incinération avec valorisation énergétique

L’opération d’incinération consiste à brûler des déchets hétérogènes dans des fours aménagés

à cet effet en fonction de leurs caractéristiques : composition des ordures, taux d’humidité,

pouvoir calorifique (Gouilliard & Legendre, 2003) (Cf. Annexe 8 : Le processus

d’incinération).

La Communauté européenne considère que l’incinération des ordures n’est une valorisation

énergétique que lorsque les déchets se substituent à une matière première combustible,

comme par exemple dans les cimenteries (Cf. Annexe 9 : La valorisation énergétique de

pneus hors d’usage dans une cimenterie) :

« La combustion de déchets constitue donc une opération de valorisation lorsque son

objectif principal est que les déchets puissent remplir une fonction utile, en tant que

moyen de produire de l’énergie, en se substituant à l’usage d’une source d’énergie

primaire qui aurait dû être utilisée pour remplir cette fonction » (Arrêt C 228/00 et

C 458/00 de la Cour de Justice de la Commission européenne dans Gouilliard &

Legendre, 2003, p : 83).

L’énergie produite à partir de la combustion peut donc être récupérée sous forme de chaleur

ou d’électricité (c’est ce qu’on appelle la cogénération) par les entreprises qui s’alimenteront

Chapitre I : Les Déchets 29

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directement à cette source d’énergie, réduisant alors leur dépendance envers les ressources

non renouvelables. Il s’agit là d’un principe important prôné par l’écologie industrielle.

Par ailleurs, afin d’éviter une déperdition de chaleur et pour pouvoir utiliser au maximum

cette production d’énergie, l’utilisateur devra être suffisamment proche de l’usine

d’incinération. D’autre part, il devra avoir des besoins en harmonie avec la production

variable de l’usine d’incinération, qui est dépendante des flux d’approvisionnement.

Actuellement, il s’agit du deuxième mode de traitement des déchets ménagers, après la mise

en décharge, dans les pays européens. Le poids de l'incinération comme mode de traitement,

face à l'abandon de la mise en décharge des déchets ménagers devrait se renforcer dans le

temps. Toutefois, les autorités publiques se heurtent à des difficultés croissantes lors de

l’implantation d’une nouvelle usine (syndrome du pas dans ma cours). En effet, en dépit des

améliorations techniques, cette option demeure très controversée en raison des risques qu’elle

entraîne sur la santé et l'environnement, risques qui sont pourtant maîtrisés aujourd'hui

(Miquel, 1999).

2. La thermolyse

La thermolyse (ou pyrolyse) est une technique qui allie recyclage et valorisation énergétique.

Après avoir été broyés, séchés et criblés, les déchets ne sont pas brûlés, mais chauffés, à

moyenne température (450 à 750°) en conditions d’anaérobies (Gouilliard & Legendre, 2003).

L'absence d'air et la chaleur entraînent une séparation des matières organiques en deux parties

(Miquel, 1999) :

- Un composant solide : Ce composant est formé de cendres, de matières minérales et

de carbone qui n'ont pas été détruites par la chaleur du four (métaux ferreux et non ferreux,

verre, céramiques...). Après séparation physique du verre et des métaux, on obtient un

composant solide de thermolyse, le « coke », qui s'apparente à un charbon (composé de 30 à

40% de cendres) pouvant être valorisé en sidérurgie ou cimenterie.

- Un gaz combustible chaud : Constitué d'une partie pouvant être liquéfiée ou

transformée en huile (vapeurs d'essence, vapeurs d'eau) et d'une partie qui reste à l'état gazeux

(hydrogène, méthane, oxyde de carbone, hydrocarbures...). La partie non condensable est

brûlée afin de détruire les dioxines résiduelles et il est possible d’influencer la production de

gaz ou de matériaux solides suivant la température du four.

Chapitre I : Les Déchets 30

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Ainsi, la valorisation énergétique constitue le mode de traitement des déchets le plus facile à

appliquer en vue d’une réutilisation de l’énergie issue de la combustion des déchets,

notamment des déchets industriels. En effet, en se plaçant à proximité d’une telle installation,

les entreprises peuvent tout à fait substituer leur consommation d’énergie non renouvelable

pour alimenter leurs systèmes de production, ou du moins s’en servir comme complément.

D. L’enfouissement1

Enfin, le dernier mode de traitement des déchets est l’enfouissement, méthode la moins

écologique de toute puisque le déchet n’est ni réutilisé, ni valorisé. Ce mode de gestion

s’applique essentiellement aux déchets ultimes dont aucune solution, à l’heure actuelle, n’a

été trouvée.

Depuis 2002, le stockage des déchets ultimes se fait dans des Centres de Stockage des

Déchets Ultimes, installations classées en deux catégories :

- Les CSDU de classe 1

Ces centres reçoivent les déchets industriels spéciaux nécessitants au préalable une

stabilisation physicochimique, afin d’éviter des impacts négatifs sur l’environnement. Ils

doivent être placés sur un terrain imperméable et être équipés d’une unité de stabilisation,

mais aussi de dispositifs de rétention et de récupération des substances polluantes (Gouilliard

& Legendre, 2003).

- Les CSDU de classe 2

Ces centres sont habilités à stocker les déchets ménagers ultimes dont la fraction valorisable

et les DIB ont été préalablement extraits. Comme pour les centres de classe 1, ils doivent être

installés sur un terrain présentant un contexte géologique convenable. Ils sont exploités durant

une vingtaine d’années, puis couverts pendant trente ans et suivis par un programme post-

exploitation.

1 D’après l’ouvrage de Gouilliard & Legendre, « Déchets ménagers », paru en 2003 chez Economica.

Chapitre I : Les Déchets 31

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Pour conclure cette partie, il apparaît que les modes de traitement les plus écologiques sont la

valorisation matière, organique et énergétique. Recommandés par les principes de l’écologie

industrielle, la réutilisation, le recyclage et la valorisation énergétique des matières permettent

la fermeture des boucles de matière et d’énergie, diminuant ainsi les dépendances en

ressources non renouvelables et diminuant les rejets dans l’environnement. Dans la mesure où

les modes de traitement les plus respectueux de l’environnement sont désormais identifiés, il

convient à présent d’observer : si ce sont eux qui sont le plus appliqués dans la réalité, quelles

sont les pratiques de gestion dans les entreprises. La partie suivante s’attachera donc à dresser

un portrait de la situation des déchets (production et modes de gestion).

IV. BILAN DU GISEMENT DES DECHETS

Les statistiques relatives aux déchets ne permettent pas de dresser un bilan objectif de la

situation dans le monde : abondance de décharges sauvages, défaut de répertoires statistiques

nationaux, hétérogénéité des nomenclatures, difficultés de communication au sein de la

profession, lacunes dans l'approche marketing, mais aussi et surtout, le transfert des déchets

industriels qui peuvent faire l’objet d’un commerce international (Véolia, 20051 ; Bournay,

2006).

1 Onyx-Véolia environnement. Année non précisée. « Une industrie à la recherche de son marché ». Disponible à l’adresse suivante : http://www.durable.veolia.com/fr/autour/dossiers/dechet-recyclage/industries-dechets/,consulté le 05/03/05.

Chapitre I : Les Déchets 32

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A. La production globale de déchets

Figure 2 : Production globale de déchets en 2002

Source : Véolia environnement Source : Bournay, 2006, p. 27.

Le premier graphique illustre une production annuelle de déchets ménagers en Europe

équivalente à celle des États-Unis. La production de déchets municipaux par habitant et par an

se situe entre 383 et 566 kg, hormis aux Etats-Unis où elle est de 764 kg1 (ADEME-ADIT,

2003). Toutefois, sans doute pour des raisons relatives à des différences de recueil statistique,

la production de déchets industriels européens (tous secteurs confondus) est trois fois

supérieure à celle des Américains. Les deux graphiques mettent en évidence le fait que les

déchets industriels dépassent largement le volume de déchets ménagers : selon les pays, ils

représentent entre 60% (États-Unis) et 95% (Finlande) des déchets produits (Véolia

environnement).

1 Chiffres supplémentaires : la production de déchets municipaux par habitant et par an est de : 418 kg auQuébec, 566 kg aux Pays-Bas, 558 kg au Danemark, 560 kg en Grande-Bretagne, 507 kgen Italie, 467 kg enFrance, 435 kg en Allemagne (ADEME-ADIT, 2003).

Chapitre I : Les Déchets 33

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En Europe, plus de 3 000 millions de tonnes de déchets sont produits chaque année. « Cela

équivaut à 3,8 tonnes par habitant en Europe occidentale, à 4,4 tonnes par habitant dans

l’ECO1 et à 6,3 tonnes par habitants dans l’EOCAC2 » (Agence européenne pour

l’environnement, 2003, p. 42).

Ainsi, la production de déchets augmente de façon constante et les prévisions estiment que la

situation n’est pas prête d’évoluer, en dépit des efforts de prévention réalisés. Toutefois, il

convient d’approfondir ce bilan et de détailler les modes de gestion des déchets selon leur

origine, ce à quoi s’attacheront les parties suivantes.

B. La production de déchets municipaux

1. La production totale

Selon le rapport Addressing the Economics of Waste effectué par l’OCDE3, la génération de

déchets municipaux continue d’augmenter dans les pays membres entre 1990 et 2000, non

seulement en termes absolus, mais aussi par personne. Cela signifie donc que la croissance de

la population n’est pas l’unique origine de cette augmentation puisqu’elle n’est que de 8% sur

la période. En effet, la génération de déchets municipaux a augmenté de 14% durant la

période, passant de 530 à 605 millions de tonnes alors que l’augmentation per capita n’est

que de 6% (de 509 à 540kg).

Le graphique ci-dessous, réalisé par Véolia environnement4, fait ressortir une production de

déchets ménagers, par habitant et par an, qui varie de un à cinq : 200 kg environ pour un

Slovaque contre une tonne pour un Canadien.

1 ECO (Europe Centrale et Orientale) : Bulgarie, Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne,Rép. Tchèque, Rép. Slovaque, Roumanie, Slovénie, Turquie, Albanie, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Ex-Rép.Yougoslave de Macédoine, Serbie et Monténégro.2 EOCAC (Europe Orientale, du Caucase et de l’Asie Centrale) : Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie,Kazakhstan, Kirghizistan, Moldavie, Ouzbékistan, Fédération de Russie, Tadjikistan, Turkménistan, Ukraine.3 OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques4 Etude réalisée par Onyx (division propreté de Véolia environnement, n°2 mondial de la gestion des déchets)qui a tenté de dresser un bilan international de la production et de la gestion des déchets dans 28 pays.

Chapitre I : Les Déchets 34

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Figure 3 : Production de déchets ménagers par habitant en 2002

Source : Véolia environnement

Selon ce même rapport, ces différences peuvent être expliquées par divers facteurs qui

influencent la génération et les types de déchets :

- La croissance économique couplée avec l’enrichissement de la population ;

- La croissance de la population et les différentes classes d’âges : les personnes âgées de

25 à 64 ans produisent plus de déchets ;

- La hausse du nombre de ménages de taille plus réduite : si le nombre de ménages

augmente, leur taille diminue, ce qui engendre une augmentation des emballages de

petite taille (consommation unitaire) ;

- L’urbanisation croissante de la population : les citadins ont souvent des revenus

supérieurs aux populations rurales ; ils consomment donc davantage, d’où des

gisements de déchets plus importants mais plus facilement gérables ;

- La structure de la consommation a évolué, conduisant à la fois à une réduction de

certains déchets, et à l’augmentation d’autres (ordinateurs) ;

- Les habitudes socioculturelles sont très différentes d’un pays à un autre. Ainsi, dans

les pays scandinaves, la population, plus sensible à l’environnement, choisira des

produits plus écologiques, lesquels généreront moins de déchets et seront plus

facilement recyclables. A contrario, d’autres pays sont moins disciplinés et choisissent

des produits en fonction de leur mode de vie (nourriture prête à consommer,

comprenant plus d’emballages).

Chapitre I : Les Déchets 35

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Néanmoins, ces facteurs sont parfois contradictoires. Ainsi, en Irlande et en Corée,

l’augmentation des déchets est due, à la fois, à une forte augmentation du Produit National

Brut (PNB) et de la consommation privée : le PNB irlandais s’est accru de 61% entre 1995 et

2000, et les déchets municipaux ont augmentés de 42% (OECD, 2004, p. 25). Le graphique

ci-dessous illustre cet état de fait : la production des déchets est fonction du revenue.

Figure 4 : "Plus on est riche, plus on jette"

Source : Bournay, 2006, p. 27.

Selon l’étude menée par l’Agence européenne pour l’environnement, la collecte des déchets

municipaux varie considérablement d’un pays à l’autre : de 685 kg/habitant en Islande à

105 kg/habitant en Ouzbékistan. Par ailleurs, les déchets ménagers représentent environ 14%

du total des déchets produits en Europe. Malgré les objectifs de stabilisation, les déchets

municipaux « augmentent encore dans la plupart des pays d’Europe occidentale et, dans une

moindre mesure, dans les pays de l’ECO et de l’EOCAC » (Agence européenne pour

l’environnement, 2003, p. 41).

Chapitre I : Les Déchets 36

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2. La gestion des déchets municipauxFigure 5 : La gestion des déchets municipaux dans les pays de l'OCDE

La gestion des déchets municipaux dans lespays de l’OCDE

6%16%

11%

9%58%

CompostageDéchargeRecyclageIncinération avec valorisation énergétiqueIncinération

Source : OECD, 2004, p. 28

Le graphique ci-dessus illustre que 58% des déchets municipaux sont encore mis en décharge

dans les pays de l’OCDE en 2004, contre 11% incinérés avec récupération de l’énergie. Ces

résultats sont bien décevants alors que, seuls 26% des déchets sont traités par des méthodes de

traitement écologiques. Plus en détail, les résultats se décomposent de la manière suivante :

a) La mise en décharge

Il convient de souligner que si la majorité des déchets sont encore mis en décharges dans les

pays de l’OCDE, « à l'exception de quelques pays, à forte densité de population comme

Singapour, ou ayant diversifiés leurs filières » (Véolia environnement), cette méthode de

traitement est de moins en moins utilisées au bénéfice de la valorisation (recyclage,

incinération avec valorisation énergétique, compostage).

Chapitre I : Les Déchets 37

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Figure 6 : Taux de stockage en décharge des déchets municipaux

Source : ADEME-ADIT, 2003, p. 4.

Le graphique ci-dessus illustre le taux de stockage des déchets municipaux déposés en

décharge. Ce dernier peut être décomposé en trois groupes :

- Les pays ayant un taux de stockage inférieur à 20% : en raison d’un espace peu

disponible pour les sites, seuls certains types de déchets peuvent être entreposés ;

- Les pays au taux de stockage moyen (30-40%) : l’accès est limité aux déchets traités ;

- Enfin, les pays ayant un fort taux de mise en décharge : plus de 80% au Québec et

Grande-Bretagne, 55% pour la France et les Etats-Unis.

Selon Gouilliard & Legendre (2003), les pays européens peuvent être répartis en trois

catégories en matière de gestion des déchets :

- Les initiateurs : l’Allemagne, l’Autriche et les Pays-Bas ;

- Les suiveurs : le Danemark, l’Espagne et la France ;

- Les attentistes : l’Italie et la Grande-Bretagne.

Les pays membres de l’Union européenne ont pour obligation de réduire progressivement la

quantité de déchets mis en décharge. . A cette fin, la réglementation stipule que « le stockage

est réservé aux seuls déchets ultimes en France, aux déchets non recyclables aux Pays-Bas,

aux déchets traités en Italie, aux déchets non combustibles en Autriche et au Danemark. Les

autres déchets doivent donc être recyclés ou incinérés »1 (ADEME-ADIT, 2003, p. 29-30).

Aux Etats-Unis et au Québec, en raison des grands espaces, le stockage en décharge est

1 Néanmoins, comme nous venons de le constater par ce graphique, l’Italie et la France ont des taux très élevés.

Chapitre I : Les Déchets 38

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beaucoup pratiqué et l’ouverture de nombreux sites est prévue au Québec (Cf. Annexe 10 :

Réglementation ou objectifs concernant le stockage en décharge). Toutefois, les décharges des

grandes métropoles sont à saturation obligeant à transporter les déchets sur de grandes

distances ce qui est contraire aux principes de l’écologie industrielle, qui prône la proximité.

« Ainsi, les déchets de la ville de New York sont transportés jusqu’en Pennsylvanie et en

Virginie où ils sont mis en décharge après avoir transité par les stations de transfert du

New Jersey (…) Quant aux déchets de Montréal, ils sont stockés dans les zones rurales

avoisinantes, provoquant de vives tensions locales » (ADEME-ADIT, 2003, p. 30-31).

b) L’incinération

A l’inverse, les pays pratiquant peu la mise en décharge ont en revanche développé

l’incinération. Le graphique ci-dessous illustre, dans les mêmes pays étudiés précédemment,

le taux d’incinération des déchets municipaux en 2003.

Figure 7 : Taux d'incinération des déchets municipaux

Source : ADEME-ADIT, 2003, p. 5.

Ainsi, des pays comme la Suisse, le Danemark et le Japon incinèrent au minimum 50% de

leurs déchets (78% au Japon selon les chiffres du rapport de l’OCDE de 2004). Le taux

d’incinération reste faible (inférieur à 20%) en Allemagne, en Autriche, en Espagne, en Italie,

en Grande-Bretagne ainsi qu’aux Etats-Unis et au Québec (OECD, 2004 ; ADEME-ADIT,

2003). (Cf. Annexe 11 : La gestion des déchets municipaux au Japon et aux Etats-Unis). Ces

Chapitre I : Les Déchets 39

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résultats illustrent bien que l’incinération, qui peut s’avérer très intéressante si la chaleur

dégagée lors de la combustion est récupérée, n’est pas très répandue dans certains pays. A

noter que les pays en tête (>40%) sont des pays dont la politique environnementale est bien

établie et/ou dont les gouvernements incitent à développer l’écologie industrielle.

c) Le recyclage et le compostage

Aux Pays-Bas, en France, en Autriche et au Danemark, le recyclage et le compostage

absorbent entre 50% et 60% des déchets ménagers (OECD, 2004). Voici les résultats détaillés :

Le recyclage

Figure 8 : Taux de recyclage/compostage des déchets municipaux

Source : ADEME-ADIT, 2003, p. 6.

D’après le graphique ci-dessus, il apparaît que les pays ayant le plus recours à une

valorisation matière et organique, sont l’Autriche, les Pays-Bas, la Suisse et l’Allemagne,

avec plus de 40% des déchets municipaux traités. La France et le Québec arrivent loin

derrière avec un taux inférieur à 20%.

Par ailleurs, selon le rapport de l’OCDE (2004), les taux de recyclage diffèrent selon le type

de matière (>80% pour le métal ; 35-40% pour le verre ; 40-55% pour le papier et le carton) et

selon les pays : en Irlande, par exemple, le taux de papier et carton recyclé n’est que de 10%

comparé à l’Allemagne qui en recycle plus de 70%. D’une manière générale, les pays

scandinaves, tout comme la Belgique, la Suisse, l’Autriche et l’Allemagne, recyclent

Chapitre I : Les Déchets 40

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davantage que les pays méditerranéens membres de l’OCDE (Grèce, Portugal, Espagne et

Turquie). D’autre part, il semblerait qu’au-delà d’un certain niveau de recyclage, les taux

stagnent et diminuent. Cela signifie que chaque pays a un taux de recyclage maximal qui sera

vite atteint par l’efficacité technique et économique.

Le compostage

Dans les pays européens étudiés, 7 à 17% des déchets municipaux sont compostés. Le

compostage individuel est encouragé dans tous les pays, car il contribue à limiter la quantité

de déchets ménagers collectés par les services municipaux traditionnels. Ainsi, l’Espagne est

le pays où le compostage constitue le mode de valorisation matière le plus important (17%

des déchets municipaux). Ceci s’explique en partie par un besoin important des sols agricoles

en amendement organique. En Autriche, ce taux s’élève à 15% des déchets municipaux, et a

été obtenu grâce à la mise en oeuvre de diverses formules : compostage individuel, collecte à

domicile des déchets de cuisine, des déchets verts triés, ou encore apport volontaire de

déchets biodégradables divers (Ademe-Adit, 2003, p. 24).En Allemagne, le compost obtenu

est utilisé à 80% dans le secteur agricole et l’aménagement des espaces verts. La vente aux

particuliers est promue par des opérations marketing et une offre de services diversifiée :

livraisons, ensachage, réalisation de mélanges, etc. (Ademe-Adit, 2003).

Au Japon, les enfants sont sensibilisés à la pratique du compostage dès la petite école, qui

organise des programmes alliant la récupération des déchets alimentaires issus des repas à la

cantine, à des activités de jardinage. La réussite de ce mode de sensibilisation est telle qu’elle

a été reprise dans de nombreux établissements scolaires aux Etats-Unis et en Europe (Ademe-

Adit, 2003).

Le détail de l’analyse statistique sur les modes de traitement les plus couramment utilisés en

gestion des déchets municipaux a révélé, que la mise en décharge restait très répandue (50%

des cas). A contrario, les pays pratiquant peu ce mode de traitement ont un taux d’incinération

plus élevé ; ces pays ont en général une ouverture « éco-industrielle » plus développée.

Néanmoins, il faut souligner que le recyclage et le compostage sont les méthodes les moins

utilisées, avec seulement 15%1 des déchets traités : le potentiel de ces modes de traitement est

largement inexploité. Dès lors, il convient d’effectuer la même analyse pour les déchets

industriels afin de vérifier si la gestion des déchets est plus écologique.

1 Calcul établie à partir du graphique « La gestion des déchets municipaux dans les pays de l’OCDE », p. 38.

Chapitre I : Les Déchets 41

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C. La gestion des déchets industriels

Une analyse des déchets industriels détaillée s’avère en réalité très difficile en raison du

manque de données communiquées par les industries ou les organismes. L’analyse suivante se

contentera donc d’énumérer les types de déchets rencontrés et les problèmes qu’ils engendrent.

1. Les différents types de déchets solides industriels

Comme nous l’avons vu, la production de déchets est liée à la croissance économique et au

produit national brut. Ainsi, la Corée, qui a connu une croissance rapide durant la dernière

décennie, a vu croître de façon considérable ses déchets. D’autre part, les déchets industriels

varient en fonction de la structure industrielle de chaque pays : les industries qui produisent le

plus de déchets sont les industries chimiques, les usines à papier, l’industrie du fer et de

l’acier.

Le graphique ci-dessous illustre les émissions rejetées dans l’air selon le type d’industrie

selon les critères défini par l’U.S. Ressource Conservation and Recovery Act ». Ainsi, il

apparaît que les activités de production/fabrication sont les plus émettrices, bien avant le

secteur minier et l’industrie pétrolière.

Figure 9 : Origine des émissions de déchets solides dans les activités industrielles en Pg1

Production(6,5)

Déchetsmunicipaux

(0,18)

Agriculture(1)

Autres (0,13)

Pétrole etgaz (1,4)

Exploitationminière (1,7)

Source : tiré de l’ouvrage de Graedel & Allenby (1995), p. 208.

1 Unité de mesure appelée le picogramme (Pg). 1 Pg = 10-15 kg ; 1kg = 1015 Pg.

Chapitre I : Les Déchets 42

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Les processus industriels engendrent déchets dont les principales sources sont les suivantes

(Graedel & Allenby, 1995, p. 207-211) :

- Les métaux lourds tels que l’arsenic, le plomb, le cadmium, le mercure et le sélénium.

Ces métaux lourds se déposent par la suite dans les sols ou les rivières ;

- Les déchets de plastiques : les déchets thermoplastiques sont relativement faciles à

réutiliser à l’intérieur de l’installation dans laquelle ils ont été générés. En effet, ils peuvent

être facilement introduits dans les flux de matières vierges. Toutefois, si ces derniers sont trop

dégradés pour pouvoir être recyclés, ils doivent être incinérés en vue de récupérer l’énergie ;

- Les déchets de papier/carton : ce type de déchet est facile à recycler, mais souvent à

l’extérieur des usines où ils ont été générés. Dans la mesure du possible, l’utilisation de

papier/carton doit être minimisée et l’utilisation de matière recyclée doit être privilégiée par

rapport à la matière vierge. Par ailleurs, chaque emballage entrant dans une usine doit être

récupéré par son fournisseur ;

- Les déchets biologiques : ces derniers concernent principalement l’industrie

pharmaceutique, mais l’introduction d’ingénierie génétique suppose que la génération de ce

type de déchet sera plus répandue dans le futur. Lors de l’élimination, il est important que

chaque déchet biologique généré ne soit pas une source d’infection, d’où la nécessité d’une

gestion de l’élimination prudente ;

- Les déchets radioactifs : certains de ces déchets sont utilisés dans les industries pour la

fabrication d’équipement médical ou de détecteur de fumée. Dans la mesure où, la fabrication

de produits contenant de telles substances génère à son tour des déchets radioactifs, leur

utilisation doit être évitée à moins que leurs caractéristiques soient essentielles. Dans ce cas,

la quantité de matières doit être minimisée au maximum et l’élimination doit être

rigoureusement suivie ;

- Les boues : de nombreuses industries produisent des boues qui ne leur sont d’aucune

utilité et qui ne peuvent être consignées pour l’élimination. La minimisation de la production

de ces boues est du ressort du designer et de l’ingénieur de processus qui ont mis en fonction

l’usine. Des efforts doivent donc être fournis pour trouver une utilisation de ces boues, en

interne comme en externe, ce qui peut nécessiter quelque fois, l’ajout de procédés

additionnels ;

- Les déchets mixtes : la principale règle pour gérer ce type de déchets est d’essayer de

n’en générer aucun, ce qui exige la séparation des déchets mixtes en groupes de matières.

Chapitre I : Les Déchets 43

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Ainsi, tant que les déchets solides peuvent être subdivisés, il sera plus facile de les recycler à

l’intérieur de l’usine, ou de les vendre à un autre utilisateur.

Il est évident, suite à la lecture des différents déchets produits par les activités industrielles,

que leur gestion doit s’avérer complexe, d’où une source élevée de problèmes.

2. Les problèmes liés aux déchets industriels

Si la convention de Bâle (créée en 1989 par les Nations Unies) vise à réduire les mouvements

transfrontaliers de déchets dangereux, elle vise également à en minimiser la production.

Néanmoins, le volume de déchets en mouvement déclaré a été multiplié par quatre entre 1993

et 2001, la majorité étant classée comme « dangereux » (Bournay, 2006). En Europe, la

production de déchets dangereux s’est accrue dans plusieurs pays, et atteint désormais 1% de

la production totale de déchets : « plusieurs pays de l’UE font état de taux de récupération des

déchets dangereux supérieurs à 40% (Agence européenne pour l’environnement, 2003, p.42).

Malgré cette convention, 70% des pays signataires ne transmettent pas de statistiques (en

raison de la complexité des procédures et de méthodes d’évaluations différentes selon les

pays), y compris des pays comme la Norvège « dont la politique environnementale se veut

pourtant très en pointe » (Bournay, 2006, p.26). Selon le rapport de l’OCDE (2004), comme

les industries gèrent elles-mêmes, à la source, leurs déchets, les données sont confidentielles

et difficiles à obtenir (OECD, 2004, p. 31). D’autre part, il est à noter que de nombreux pays

refusent encore de ratifier les conventions relatives à la gestion des déchets (Cf. Carte en

Annexe 12 : Les conventions encore largement ignorées).

Contrairement aux idées reçues, les impacts environnementaux liés aux déchets dans les pays

de l’OCDE ont diminué durant les dix dernières années (OECD, 2004). En effet, des

règlementations considérables relatives à la mise en décharge et aux standards d’émissions de

l’incinération ont été entreprises. Ceci est particulièrement vérifiable dans les pays européens

à travers leurs directives sur la mise en décharge, l’incinération, la gestion des déchets

électroniques et des véhicules en fin de vie, le contenu de produit à substance dangereuse

(mercure, cadmium), etc. Ces mesures étaient nécessaires au vu des résultats analysés

précédemment. Par ailleurs, les technologies de contrôles des émissions d’incinérations

(dioxine) et des sites de décharges sont particulièrement efficaces de nos jours. Le Royaume-

Uni, par exemple, a diminué ses émissions de dioxine de 90% entre 1990 et 1997 (OECD,

Chapitre I : Les Déchets 44

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2004, p. 31). Néanmoins, certains problèmes subsistent. Aussi, dans de nombreux cas les

capacités d’entreposage sont insuffisantes (au Royaume-Uni, en Allemagne, au Japon ou en

Irlande), que ce soit dans les décharges ou dans les sites d’incinération. Là encore le

syndrome du « pas dans ma cours » (not in my backyard) fait surface, puisque la population

refuse les expansions d’entreposage, obligeant ainsi des sites à fermer. A l’inverse, au Pays-

Bas, les capacités d’entreposage sont telles, qu’il faut amortir au maximum les installations,

ce qui augmente le transport de déchets et donc les impacts environnementaux qui s’en

suivent (OECD, 2004).

Il faut également souligner que le renforcement des normes environnementales (depuis les

années 1980) par les pays occidentaux incitent les entreprises à diriger leurs déchets dans des

pays moins rigoureux en terme de politique environnementale. Ce trafic s’est dirigé, dans un

premier temps, vers les pays d’Afrique, puis vers les pays d’Europe de l’Est et de l’ex-URSS.

Désormais, la circulation des déchets s’est plus ou moins recentrée vers les pays producteurs

de déchets, en raison d’un marché potentiellement attractif aux yeux des industriels (Bournay,

2006). Mais ce n’est pas tout : certains pays occidentaux envoient en Afrique ou en Asie

(Chine, Inde) des déchets à démanteler ou à recycler, dont le traitement serait trop coûteux ou

trop polluant chez eux (Cf. Carte en Annexe 13 : Les déchets électroniques et les cargos

empoisonnent l’Asie). C’est le cas notamment avec les déchets électroniques, dont le volume

augmente de façon considérable, dont la durée de vie est en baisse constante et dont les

composants sont hautement toxiques, ou encore des cargos (et le porte-avion français le

Charles de Gaulle « chargé » d’amiante). Les conséquences, sont évidentes et non

négligeables : les ouvriers travaillent et manipulent des substances dangereuses, sans

protection, et mettent ainsi leur santé et l’environnement en danger.

Un autre problème concernant le traitement des déchets (dangereux) est qu’il nécessite des

technologies et des infrastructures de pointe, que les pays pauvres ne peuvent guère financer.

En guise d’exemple, la production d’énergie nucléaire génère une grande quantité de déchets

hautement radioactifs, susceptibles d’être dangereux pour l’environnement et la santé

humaine, et qui ne peuvent être éliminés faute de solution acceptable. Le cas est d’autant plus

problématique dans les pays de l’EOCAC qui recensent de nombreux sites d’élimination de

déchets dangereux, mal isolés du reste de l’environnement, en raison de lacunes financières et

gouvernementales (Cf. Cartes en Annexe 14 : Les grandes atteintes à l’environnement et

Annexe 15 : Dangers radioactifs, chimiques et biologiques en Asie Centrale).

Chapitre I : Les Déchets 45

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En addition, les erreurs managériales du passé sont encore source de contamination des sols et

des nappes phréatiques. Le coût de gestion des déchets, que ce soit au niveau local ou

national, est généralement difficile à évaluer. En conséquence, les autorités locales imposent

un prix de gestion des déchets qui ne prend pas en compte les externalités environnementales

et qui ne fournit pas une base cohérente pour l’utilisation des différentes méthodes de gestion

(OECD, 2004). Ces coûts de gestion des déchets varient énormément d’un pays à un autre, et

d’une région à une autre (dans le même pays) selon les conditions locales. Au Japon, le coût

de gestion des déchet s’élève à 160 €/hab/an ; en Autriche il s’élève à 100 €/hab/an et pour les

autres pays européens, il varie de 30 à 75 €/hab/an1 (Ademe-Adit, 2003). De ce fait, il serait

judicieux que la législation internationale définisse et instaure une définition et des quotas de

recyclage selon les caractéristiques locales, régionales, sociales et culturelles. C’est

notamment le cas en Autriche où les taxes d’enfouissement dépendent du risque potentiel des

déchets et de l’installation du site. L’évaluation des acteurs impliqués tout au long du cycle de

vie du produit reste encore vague, d’où la difficulté à identifier les pollueurs en accord avec le

principe de « pollueur/payeur ». Les études coûts/bénéfices des différentes méthodes de

gestion des déchets ont révélé que le recyclage était plus onéreux que l’incinération et

l’enfouissement. En conséquence, comme il s’agit de la méthode la plus verte, les

gouvernements encouragent ce type de solution. Toutefois, l’internalisation des coûts sociaux

et environnementaux fait encore défaut sur certains points. En effet, les charges sont, en

général, insuffisantes pour couvrir les coûts de gestion des déchets et n’incitent pas les

citoyens à réduire leur propre production de déchets ou à recycler. C’est pourquoi, selon le

rapport de l’OCDE (2004), il pourrait être intéressant d’instaurer une taxe en fonction du

poids de déchets rejeté par les ménages, afin de les responsabiliser (principe du

pollueur/payeur étendu aux ménages)2. Néanmoins, il faut reconnaître que ce type de mesure

incite les producteurs de déchets à rejeter leurs résidus illégalement, ce qui engendre des coûts

aux autorités locales.

Pour conclure ce chapitre, et suite aux analyses effectuées, il apparaît que les modes de

traitement des déchets de certains pays restent très pollueurs. Si les années 90 ont été

1 Conversion en dollar canadien au 27/03/06: 160 € = 225,60 $CAN ; 100 € = 141 $CAN ; 30-75 € = 42,3-105,75 $CAN/habitant/an. Néanmoins, comme il a été précisé à plusieurs reprises, ces données sont à interpréteravec prudence dans la mesure où les recueils statistiques ne sont pas exhaustifs.2 Cf. chapitre III, principe de participation.

Chapitre I : Les Déchets 46

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marquées par une prise de conscience générale de la nécessité d’une gestion durable,

induisant de profonds changements dans le domaine de la gestion des déchets, les

modifications tardent à se faire ressentir. Toutefois, il est très difficile de dresser un véritable

bilan de la situation sur les différents types de déchets (production, tendance) en raison du

manque de données fiables et comparables entre les différents pays. Les chiffres révèlent que

les déchets sont encore, en grande majorité, stockés en décharge et que les techniques de

valorisation sont sous exploitées. De plus, les termes « déchets » et « dangereux » évoluent,

selon les règlementations et les pays, et les données les plus détaillées concernent

généralement les déchets municipaux, qui ne comptent que pour 14% environ de la

production totale de déchets (OECD, 2004). Il devient donc impératif de d’uniformiser les

définitions, les critères et les modes de traitement à l’échelle internationale (ex : européenne et

américaine) afin d’éliminer les divergences entre les pays et atteindre une responsabilité

globale. Par ailleurs, il est nécessaire de repenser la production en tenant compte de la fin de

vie du produit, de traiter les déchets au niveau local (pour minimiser leur transport), de les

revaloriser en tant qu’intrants dans les systèmes de productions, mais d’abord et avant tout, de

maîtriser la consommation de matière et d’énergie. Les principes de l’écologie industrielle

répondent à cette problématique et peuvent servir de base au développement durable. Le

chapitre suivant cherchera à démontrer la pertinence de cette discipline qui ne se limite pas

seulement à une meilleur gestion des déchets, mais qui vise également à modifier en

profondeur les modes de production et de consommation, tout en diminuant la quantité de

ressources utilisée dans les processus de production, et en intégrant, dès la conception,

l’objectif de maîtrise des déchets et la réutilisation de leurs composants.

Chapitre I : Les Déchets 47

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Chapitre 2 : L’Ecologie Industrielle

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 48

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La civilisation industrielle et la société de consommation conduisent à l’abondance des biens

et l'élévation du niveau de vie ; désormais « on ne répare plus, on jette et on remplace ».

Depuis les années 60 la population prend conscience de la pollution générée par les déchets et

critique le modèle de croissance industrielle, jugé peu respectueux de l'environnement. Le

problème est toujours là, plus près d’un demi-siècle plus tard. Oubliée l’expression de

Lavoisier : « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » ? Comment convaincre les

industriels que la production de déchets est une perte de matière et d’énergie ; comment les

convaincre qu’il est impératif d’intégrer la variable « écologie » dans leurs méthodes de

gestion ? Comment gérer les ressources et les rebus d’une façon plus verte ? L’écologie

industrielle offre une panoplie d’outils pertinents pouvant relever ce défi environnemental. En

se basant sur les écosystèmes naturels, ce concept vise à modifier en profondeur les processus

de production en vue de les rendre plus harmonieux avec leurs environnements. Après avoir

démontrer la pertinence d’un tel concept, il sera alors possible de faire des recommandations

pour le mettre en application. Ainsi, dans une première partie (I), ce chapitre fera un bref

historique de l’écologie industrielle pour comprendre les origines du mouvement. La seconde

partie (II), s’attachera à définir et à expliquer les considérations de la discipline, tandis que la

troisième partie détaillera les différents courants de pensée. Les parties IV et V traiteront des

principes de l’écologie industrielle et de leurs applications. Enfin, dans une dernière partie,

des critiques seront émises.

I. HISTORIQUE DE L’ECOLOGIE INDUSTRIELLE

Le terme « écologie industrielle » fut utilisé pour la première fois en 1970, dans le titre d’un

journal peu publié. Ce terme reflétait alors le fait que les activités industrielles avaient un

impact négatif sur la nature. A la même époque, le ministère de l’industrie et du commerce

japonais utilisait cette métaphore pour proposer un modèle restructurant le système industriel

japonais, et réduire les dépendances énergétiques.

En 1983, un petit livre (L’Ecosystème Belgique : Essai d’écologie industrielle) utilise cette

expression pour décrire la vision de l’économie belge en termes de flux de matières et

d’énergies plutôt qu’en termes de flux économiques et monétaires (Ehrenfeld, 2004).

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 49

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En 1987, le rapport « Brundtland » de la Commission Mondiale sur l’Environnement et le

Développement entame le dialogue sur le développement durable et annonce la nécessité

d’avoir une réglementation environnementale plus stricte.

Suite aux révélations de ce rapport, les auteurs Frosch & Gallopoulos publient, en 1989, un

article (Strategies for Manufacturing) dans lequel ils appellent à une restructuration de

l’industrie sous la forme d’un écosystème. Ils apportent l’idée selon laquelle les systèmes

industriels pourraient être plus efficaces si leurs flux matériels prenaient pour modèle les

écosystèmes naturels. “The use of energies and materials is optimized, wastes and pollution

are minimized, and there is an economically viable role for every product of a manufacturing

process” (Frosch & Gallopoulos, 1989, p. 152). Dans cet écosystème, les matières (incluant

les déchets) évoluent à travers une multitude de processus de production interconnectés. Les

déchets peuvent donc être réduits drastiquement et la demande pour les matières dites vierges

peut, elle aussi, être réduite. La publication de cet article survint aux Etats-Unis lors de la

prise de conscience sur une durabilité compromise à long terme des ressources terrestres. Ce

fut également un catalyseur pour le colloque tenu par l’académie nationale des sciences (US

National Academy of Sciences) dans les années 1990 qui fut annoncée comme l’événement

fondateur du champ moderne de l’écologie industrielle (Ehrenfeld, 2004).Dès lors, de

nombreuses études sur l’interrelation entre les activités technologiques et industrielles, et les

impacts environnementaux sont publiées dans le monde entier, et plus particulièrement en

Europe du nord. Néanmoins, la majorité de cette littérature se concentre sur l’étude du secteur

manufacturier, et peu d’entres s’intéressent aux sciences de l’administration.

A la même époque, l’industrie est rapidement affectée par une augmentation des coûts de

conformité environnementale, augmentation perçue comme inefficace

« environnementalement » et économiquement parlant. En réponse aux pressions, l’industrie

électronique américaine commence à mettre en place un certain nombre de pratiques basées

sur les principes de l’écologie industrielle, notamment sur le principe de « Design For

Environment ». Toutefois, dans le reste du pays, le concept est largement ignoré,

contrairement aux pays européens (comme les Pays-Bas, l’Allemagne et la Suède), où se

développent des structures intégrées basées sur la durabilité.

En 1997, le champ accroît son identification internationale par la création d’une publication

Journal of Industrial Ecology -un journal désormais très respecté par les scientifiques et les

pairs- qui se consacre entièrement au développement de ce domaine. En parallèle, et en

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 50

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accord avec les théories de Frosch & Gallopoulos, des efforts d’application et de

compréhension du modèle sont effectués. Les travaux effectués en contexte biologique et les

apprentissages qui en résultent doivent pouvoir être transposés aux systèmes économiques

industriels, en vertu des théories récentes sur l’écologie industrielle.

Au fur et à mesure de l’accroissement des publications sur l’écologie industrielle, des abus

sont constatés concernant l’utilisation du terme générique « écologie industrielle ». Ainsi, les

définitions relatives à ce sujet sont nombreuses et varient selon les courants de pensée. La

partie suivante a pour objectif de donner un éventail de ces interprétations, dans le but d’offrir

une vision plus claire du concept.

II. DEFINITIONS

A. De nombreuses interprétations

Selon Boons & Roome (2001), le champ de l’écologie industrielle est défini par l’utilisation

d’une métaphore. Dans la mesure où une métaphore est normative, elle fournit, dans le cadre

de l’écologie industrielle, des modèles et des perspectives sur les facteurs et les évènements

observés, comme les activités industrielles et les flux en résultant. Par ailleurs, le véritable

enjeu d’une métaphore n’est pas de discerner ce qu’elle est capable d’expliquer, mais

d’explorer les différentes manières d’appliquer un phénomène ; ce à quoi s’attachera cette

étude. Une définition générale du concept, et accessible à tous pourrait être la suivante :

« L’écologie industrielle recherche une optimisation à l’échelle de groupes

d’entreprises, de filières, de régions, et même du système industriel dans son ensemble.

Pour ce faire, elle favorise la transition du système industriel actuel vers un système

viable, durable, inspiré par le fonctionnement quasi cyclique des écosystèmes naturels »

(Encyclopédie Wikipédia).

… néanmoins, il convient de l’approfondir. Selon Tranchant et al. (2004, p. 203) « L’écologie

industrielle appréhende les activités industrielles comme les écosystèmes particuliers,

caractérisés par des flux de matières, d’énergies et d’informations ».

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 51

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Aussi loin que la métaphore sur l’écologie industrielle est concernée, au moins une de ces

définition est basée sur la notion normative que les écosystèmes industriels devraient être

bâtis pour fonctionner de la même manière que les écosystèmes naturels (Boons & Roome,

2001). Ainsi, dans Industrial Ecology, Graedel & Allenby (1995) définissent l’écologie

industrielle comme suit :

“Industrial ecology is the means by which humanity can deliberately and rationally

approach and maintain a desirable carrying capacity, given continued economic,

cultural, and technological evolution. (…) It is a systems view in which one seeks to

optimize the total materials cycle from virgin material, to finished material, to

component, to product, to obsolete product, and to ultimate disposal” (Braden &

Allenby, 1998, p. 40 ; Graedel & Allenby, 1995, p. 9).

Dans cette définition, les termes « délibérément » et « rationnellement », indiquent clairement

que l’intention du champ multidisciplinaire de l’écologie industrielle est de fournir les bases

technologiques et scientifiques, pour arriver à un développement global (durable), à l’opposé

d’autres alternatives dont la conception est plus hâtive et coûteuse.

Boons & Roome (2001) soutiennent, entre autre, que l’écologie industrielle n’est pas

uniquement un champ d’étude, mais également un champ de pratique. Alors que ces deux

aspects sont souvent séparés, White reste fidèle à cette définition :

“Industrial ecology is the study of the flows of material(s) and energy in industrial and

consumer activities, of the effects of these flows on the environment, of the influences

of economic, political, regulatory, and social factors on the flows, use and

transformation of resources. The objective of industrial ecology is to understand better

how we can integrate environmental concerns into our economic activities.” (Boons &

Roome, 2001, p. 53).

En conclusion, cette discipline a inspiré de nombreux auteurs en quête d’un nouveau modèle

de développement économique, d’où une multitude d’interprétations du concept. Toutefois,

tous ces auteurs s’accordent pour reconnaître au moins trois éléments principaux (Erkman,

2004 ; Tranchant et al. 2004) :

- Il s’agit d’une vision globale et intégrée de tous les composants du système industriel

et de leurs relations avec la Biosphère ;

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 52

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- Le domaine d’étude de l’écologie industrielle est composé des flux et des stocks de

matière et d’énergie liés aux activités humaines, contrairement aux approches usuelles

qui ont une vision plus monétariste ;

- Enfin, l’évolution à long terme des grappes technologiques-clés (c'est-à-dire la

dynamique technologique), constitue un élément crucial favorisant la transition du

système industriel actuel en un système plus viable.

La partie suivante s’attachera à dévoiler « l’ouverture d’esprit » dont fait preuve l’écologie

industrielle en prenant en considération une multitude de disciplines dans son champ

d’analyse, dans le but d’intégrer tous les paramètres.

B. L’écologie industrielle : un véritable champ multidisciplinaire

L’écologie industrielle incorpore de nombreuses disciplines : la recherche mêlant

l’approvisionnement et l’utilisation d’énergie ; les nouvelles matières ; les nouvelles

technologies et les nouveaux systèmes technologiques ; les bases scientifiques ; l’économie ;

les règlementations ; la gestion et les sciences sociales (Braden & Allenby, 1998). Il serait

alors correct de la qualifier de « science de la durabilité ».

La sociologie, les sciences politiques, la psychologie et l’anthropologie peuvent également

fournir d’importantes contributions à l’étude des écosystèmes industriels, qui, à l’opposé des

écosystèmes naturels, sont constitués par des acteurs capables de planifier des actions de

prévoyance et d’appliquer des symboles. Par exemple, le concept des déchets est différent

suivant que les pays soient développés ou non. Ce qui est considéré comme un déchet ou une

matière valorisable diffère selon les cultures. “Waste management, then, is always dependent

on its spatial, cultural, social and temporal context” (Korhonen et al., 2004, p.292). Par

ailleurs, l’ultime difficulté pour l’étude de l’écologie industrielle, est l’intégration des

différentes perspectives, puisqu’il s’agit d’un champ multidisciplinaire. Une première étape

consisterait donc à définir quels sont les domaines clés de la discipline où les études devraient

supporter le développement de la théorie. En effet, il est pertinent d’identifier les zones où la

recherche traditionnelle sur l’écologie industrielle peut avoir une contribution significative,

afin de développer davantage d’études (organisationnelles et managériales) relatives aux

questions environnementales et de durabilité (Korhonen et al., 2004).

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 53

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D'après Boiral et Kabongo (2004, p. 2-3), « … la mobilisation de [ces] savoirs

interdisciplinaires et transversaux [permettent] aux entreprises de se doter d’un véritable

noyau de compétences dont la finalité dépasse le cadre strict des actions environnementales ».

Selon ces mêmes auteurs,

« … ces compétences s’articulent principalement autour de la maîtrise de savoir-faire

associés à cinq principaux domaines : les procédés et l’innovation technologique, la

variabilité des flux de matières résiduelles utilisées, la formation des employés, le

contrôle des aspects environnementaux et la connaissance des filières de valorisation ».

(Boiral et Kabongo, 2004, p. 19).

Ainsi, la mobilisation et la combinaison de ces savoir-faire associées aux cinq domaines

décrits sont susceptibles de déboucher sur un avantage concurrentiel.

Par ailleurs, il est important de préciser que le champ d’étude de l’écologie industrielle est

basé sur des disciplines scientifiques et technologiques existantes, et non sur des politiques ou

des systèmes de programmation industriel. De ce fait, l’écologie industrielle n’est pas

normative mais s’efforce d’être objective1. Elle est suggérée pour mieux servir les missions et

la philosophie managériale, en utilisant la nature comme un modèle ou une vision pour

développer la société (Korhonen et al., 2004). Néanmoins, ces mêmes auteurs dénoncent le

fait que peu d’études relatives à l’écologie industrielle cherchent à « comprendre les défis que

cela implique pour les organisations » (Boiral & Kabongo, 2004, p.2). En effet, l’essentiel des

travaux ignorent « les enjeux stratégiques, humains et organisationnels sous-jacents aux

efforts de réduction et de valorisation des matières résiduelles » (Boiral & Kabongo, 2004,

p.2). Il s’agit là d’un véritable enjeu auquel cette étude tentera d’apporter une contribution

(Cf. Chapitre III).

Après avoir défini et compris les idées prônées par ce concept, la partie suivante s’attachera à

illustrer les liens entre les écosystèmes naturels et le système industriel.

1 Cf. la position d’Allenby dans l’approche réformiste : III. Les 4 courants de pensée de l’écologie industrielle.

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 54

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C. Du système industriel à l’écosystème industriel

Boons & Roome (2001) citent Checkland qui désigne par « systèmes naturels », les systèmes

qui proviennent de l’origine de l’univers ainsi que les procédés de leurs évolutions. Pour

contraire, l’écosystème industriel, est un système social combinant les conceptions humaines

des « systèmes naturels » avec les activités humaines du système.

Les auteurs Frosch & Gallopoulos développent l'idée selon laquelle il devrait être possible

d’avoir des méthodes de production industrielle dont l’impact sur l’environnement serait

limité. Selon eux, l’hypothèse sur laquelle repose l’écologie industrielle est qu’il est possible

de percevoir le système industriel comme un cas particulier d’écosystème (l’écosystème

industriel). Ce dernier peut alors être comparé à un ensemble de flux et de stocks de matières,

d’énergies et d’informations qui repose sur les ressources et services fournis par la biosphère,

dont il constitue un sous-système (Frosch & Gallopoulos, 1989).

« Dans le système industriel traditionnel, chaque opération de transformation,

indépendamment des autres, consomme des matières premières, fournit des produits

que l'on vend et des déchets que l'on stocke ; on doit remplacer cette méthode simpliste

par un modèle plus intégré: un écosystème industriel. (...) Un écosystème industriel

pourrait fonctionner comme un écosystème biologique: les végétaux synthétisent des

substances qui alimentent les animaux herbivores, lesquels sont mangés par les

animaux carnivores, dont les déchets et les cadavres servent de nourriture à d'autres

organismes » (Frosch & Gallopoulos, dans Erkman, 2004, p. 2).

Dans le même ordre d’idées, Erkman (philosophe et biologiste suisse), pense que les

environnementalistes se sont depuis longtemps préoccupés des conséquences de l’activité

industrielle, notamment en étudiant les effets de la pollution sur les écosystèmes. Toutefois, le

fonctionnement du système industriel en tant que tel restait à l’extérieur du champ d’analyse.

« …dès le début de l’écologie scientifique, les chercheurs ont reconnu que le substrat

biophysique des activités humaines obéit aux mêmes lois que les écosystèmes naturels

et que, par conséquent, le système industriel peut être considéré comme un sous-

système de la Biosphère » (Erkman, 1998, p. 41).

Dans L’Ecosystème Belgique : Essai d’écologie industrielle, Erkman, considère la sphère

industrielle (regroupant les activités humaines ayant pour objet l’exploitation de matières

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 55

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premières, de sources énergiques et leur transformation en biens de production et de

consommation) comme partie intégrante de la biosphère.

Dès lors, se pose une double problématique : au niveau des intrants, dans la mesure où les

ressources naturelles sont limitées, et au niveau des extrants, car toute production induit des

déchets. Actuellement, les systèmes industriels utilisent des ressources non renouvelables

(énergies fossiles) et émettent beaucoup d’émissions qui polluent au-delà de l’industrie elle-

même. Les systèmes industriels dégagent des flux sortants (de matière et d’énergie) linéaires,

qui épuisent les ressources naturelles, et génèrent des déchets et des émissions que les

écosystèmes environnants ne peuvent assimiler sans dérèglements. En se basant sur

l’évolution des écosystèmes naturels, le système industriel doit développer des cycles de

matières et des énergies en cascade basés sur une utilisation durable des ressources naturelles

renouvelables et des déchets (Korhonen et al., 2004)1(Cf. Annexe 16 : Le développement des

écosystèmes comme une métaphore pour la durabilité des systèmes économique et industriel).

Il s’agit donc d’une solution très intéressante pour résoudre le problème des déchets

développé précédemment. En effet, dans cette vision idéalisée, les déchets provenant du

système doivent se substituer aux matières renouvelables, ou non renouvelables, du système

extérieur. Ainsi, la quantité de déchets et d’émissions rejetés dans la nature est réduite puisque

ces derniers deviennent une ressource utilisée ayant une valeur économique positive

(Korhonen et al., 2004). Des gains potentiels sont alors envisageables dans les trois

dimensions du développement durable : économique, social et environnemental.

Toutefois, les opposants de l’écologie industrielle soutiennent que les matières premières (du

côté des intrants), les déchets, la gestion des émissions et les coûts de contrôles (du côté des

extrants), peuvent être réduits alors que de nouvelles opportunités de marché peuvent naître

pour des produits ayant moins d’impacts environnementaux. Tranchant et al. (2004), quant à

eux, mettent en évidence plusieurs caractéristiques de l’écologie industrielle qui contrastent

avec les spécificités des écosystèmes :

- L’énergie solaire, motrice des écosystèmes, est une énergie illimitée dans le temps ;

- Les éléments nutritifs sont disponibles grâce au processus de décomposition qui utilise

une fraction importante du flux énergétique ;

1 Les cycles de matières et les énergies en cascade existent grâce aux réseaux de coopération entre les entreprisesmanufacturières, les entreprises d’énergie et les autres acteurs incluant l’agriculture, la foresterie…

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 56

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- Dans les écosystèmes naturels le gaspillage est rare : peu de matières ne peuvent être

recyclées ou absorbées de façon constructive ;

- Les substances toxiques concentrées sont générées et utilisées localement ;

- Chaque individu appartenant à une espèce d’un écosystème est en interaction et en

interdépendance avec les autres espèces ;

- Les écosystèmes sont résistants et stables grâce à la diversité des espèces qui sont en

relation de coopération et de compétition (voir le point précédent) ;

- Les relations sont entretenues autorégulées et non contrôlées.

Par ailleurs, plusieurs auteurs, dont Erkman (1998), considèrent que le système industriel

actuel est immature/« juvénile » dans sa relation avec la nature, ce qui le rend incompatible

avec le fonctionnement des écosystèmes naturels. Pour pallier à cette idée, il est nécessaire de

trouver une utilisation des ressources plus efficace et plus proche du modèle naturel, en

organisant les activités industrielles en processus cyclique pour diminuer au maximum les

déchets.

En résumé, l’écologie industrielle vise à réorganiser le système industriel en vue de le faire

évoluer vers un fonctionnement plus compatible avec les écosystèmes naturels et ce, à long

terme. Il s’agit d’un cadre conceptuel offrant des outils permettant la planification du

développement économique, qui propose également des moyens pour mieux gérer les

ressources en vue d’atténuer l’impact des activités humaines sur l’environnement. Ce cadre

conceptuel s’avère tout à fait pertinent pour atteindre les objectifs de développement durable,

notamment pour les pays en voie de développement.

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 57

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Avant de passer à des illustrations plus concrètes de l’écologie industrielle, il est important

d’aborder les différentes courants de pensée qui, comme en économie, régissent les politiques

de mise en application des principes de la discipline. La partie suivante exposera donc les

différentes visions, qui sont au nombre de quatre.

III. LES QUATRE COURANTS DE PENSEE DE L’ECOLOGIE INDUSTRIELLE

Selon Opoku (2004), il existe quatre perspectives qui s’inspirent de la théorie et de la

littérature sur l’écologie industrielle : l’approche radicale (radical approach), l’approche

pragmatique (pragmatic approach), l’approche réformiste douce (soft reformist approach) et,

l’approche technocrate (technocracy approach). A l’heure actuelle, il est difficile de trouver

une véritable différence entre ces approches : quelques fois, elles se combinent ; d’autres fois,

les distinctions sont claires.

A. L’approche « réformiste douce »

Selon cette approche, les économies de marché désirant se moderniser doivent considérer

leurs besoins à long terme pour se développer tout en respectant l'environnement ; et doivent

donc se concentrer sur les progrès technologiques réduisant les impacts environnementaux

découlant de la production et de la consommation. En d’autres termes, l’écologie industrielle

s’apparente à un processus de réorientation, pouvant être appelé « la modernisation

écologique », puisqu’elle considère le rôle des acteurs industriels dans la conception et

l’implémentation de nouvelles politiques (comme l’Extension de la Responsabilité du

Producteur). Bien qu’un changement radical ne puisse se produire, l’amélioration progressive

dans l’atteinte de l’éco-efficacité est en cours. A ce sujet, lors du sommet de Johannesburg de

2002, l’éco-efficacité a été considérée comme étant le noyau stratégique pour la mise en

œuvre de changements des modèles non durables (Okopu, 2000).

B. L’approche technocrate

Cette perception se construit sur la conviction que le monde social est à l’origine rationnel, et

donc que ce dernier peut être expliqué par des méthodes scientifiques. En général, les

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 58

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défenseurs de cette position rejettent les critères idéologiques et moraux et préfèrent converser

sur le processus décisionnel d’une manière plus pragmatique.

Allenby, grand partisan de cette position, affirme que les questions scientifiques et

technologiques ne peuvent être adéquatement comprises sans notion, relativement objective,

de la culture, de l’économie et du contexte social dans lesquelles elles sont ancrées (Boons &

Roome, 2001). Selon lui, l’écologie industrielle ne doit pas devenir un outil normatif mais

plutôt une discipline objective. En effet, celle-ci ne permet pas de sélectionner l’usage des

données et d’imposer des idéologies absolues dans des systèmes réels complexes (Opoku,

2004 ; Allenby, 1999), mais plutôt de faire une évaluation objective des problèmes. De ce fait,

les différentes disciplines1 doivent être inclues dans le champ d’étude de l’écologie

industrielle, puisqu’elles déterminent le contexte à l’intérieur duquel le concept prend place et

le traite de manière objective. A cet effet, Allenby (1999) distingue l’écologie industrielle de

la vision du développement durable qu’il considère comme normatif puisqu’il est relié aux

systèmes politiques et culturels (Opoku 2004). Selon lui, l’écologie industrielle2 ne devrait

pas devenir un phénomène culturel ou un exercice normatif dans les politiques correctives

comme l’est devenu le développement durable (Allenby, 1999b).

C. L’approche radicale

Alors que le principal courant de pensée de l’écologie industrielle supporte une approche

réformiste de la société, Ehrenfeld suggère un changement radical de l’ordre social en vue

d’atteindre la durabilité.

Selon Ehrenfeld, l’idée sous jacente du développement prend forme dans les arguments

économiques néoclassiques, qui égalisent le bien être humain au niveau des rendements

économiques et qui supposent une croissance ininterrompue (Ehrenfeld, 2000). Le rapport de

Brundtland définie la rareté comme une disponibilité réduite de substituts à un prix

compétitif. Ehrenfeld, quant à lui, « offre un concept très différent de la durabilité » (Opoku,

2004, p. 324) :

1 Cf. partie précédente : II/ B : L’écologie industrielle : un véritable champ multidisciplinaire2 Allenby (1999) perçoit l’écologie industrielle comme un champ d’étude objectif reliant des disciplinesscientifiques et traditionnelles pour la recherche et le développement.

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 59

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“Sustainability is a possible way of living or being in which individuals, firms,

governments, and other institutions act responsibly in taking care of the future as if it

belonged to them today, in equitably sharing the ecological resources on which the

survival of human and other species depends, and in assuring that all who live today

and in future will be able to satisfy their needs and human aspirations” (Ehrenfeld,

2000, p.233).

Un mot clé de cette définition est responsability, signifiant que chaque action prise doit

générer, au préalable, une estimation des actions potentiellement nuisibles à la durabilité. Il

s’agit là d’une définition radicale de la durabilité, alors que les concepts du rapport de

Brundtland sont fortement enracinés dans le paradigme social et ont une vision plus

économique. A contrario, la définition d’Ehrenfeld est centrée sur les acteurs du système. Et

la durabilité est, selon lui, la seule possibilité pour que l’homme et les autres espèces vivantes

puissent toujours prospérer sur Terre (Opoku, 2004). Toutefois, la véritable dissimilitude

entre les deux définitions réside dans le fait que, contrairement au développement durable, la

durabilité permet de se défaire de notre organisation sociale actuelle.

D. L’approche pragmatique

Une approche pragmatique est une approche fondée sur l’action, la pratique et/ou l’étude des

faits, intégrée aux politiques publiques et industrielles et ayant une perspective holistique1 des

problèmes environnementaux. Elle appelle donc de nouvelles politiques directionnelles

innovantes et cohérentes alignant la finance, l’économie sur des bases internationales. Selon

Ayres (Opoku, 2004), pionnier du métabolisme industriel, les politiques publiques peuvent

être conçues dans le but d’intégrer les intérêts environnementaux. Sa principale proposition

consiste à affecter les taxes sur le travail à la consommation de ressources et à la pollution. En

conséquence, les coûts de travail seraient réduits et le coût des ressources augmenterait. Ce

type de politique devrait avoir pour effet, dans le temps, de stimuler la croissance au moyen

de gains de productivité sur les ressources, plutôt qu’au moyen des gains sur la main d’œuvre

(Opoku, 2004).

1 Holistique, Holisme : doctrine épistémologique selon laquelle, face à l’expérience, chaque énoncé scientifiqueest tributaire du domaine tout entier dans lequel il apparaît (le Petit Larousse Illustré, 1996).

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 60

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Autre partisan de cette approche, le sociologue allemand, Joseph Huber (2000), qui propose

trois stratégies pour un développement durable : la suffisance (sufficiency), le rendement

(efficiency) et l’uniformité (consistency).

La « suffisance », dans son sens le plus radical, signifie une auto limitation des besoins

matériels, le retrait de l’économie du libre marché mondial et une distribution égalitaire des

ressources. Toutefois, en opposition à cette pensée, les industries ont opté pour une stratégie

du « rendement » qui tient compte, à la fois, de la croissance économique et de l'adaptation

écologique de la production industrielle1. Enfin, la troisième stratégie, l’« uniformité », est

comparable à l’écologie industrielle. En effet, Huber (2000) décrit l’écologie industrielle

comme un éventuel fournisseur de cohérence, d’uniformité dans le processus vers la

durabilité. Pour ce dernier, l’écologie industrielle fonctionnerait comme un médiateur entre

les aspects macro et micro de la production et de la consommation (Opoku, 2004).

Ces trois stratégies doivent être combinées pour mettre en place des priorités d’utilisation des

ressources, de manière uniforme et à long terme, tout en étant productif et en respectant les

limites à ne pas dépasser (Huber, 2000 ; Opoku, 2004).

En résumé, la première approche (réformiste douce) place les intérêts des acteurs au devant

des intérêts environnementaux et favorise seulement la continuation ou un changement

incrémental de la société (Korhonen et al., 2004 ; Opoku, 2004). L’approche « technocrate »,

quant à elle, rejette le fait que la discipline puisse avoir une position normative et

recommande un changement radical du système politique tout en considérant les intérêts des

acteurs. Enfin, les deux dernières approches placent l’environnement au premier rang. Avec

une forte emphase sur le potentiel normatif de l’écologie, l’approche « radicale » appelle à un

changement du système (intégration de nouveaux rôles et règles aux acteurs de la société),

tandis que l’approche « pragmatique » est en faveur d’un ajustement continu du système

politique actuel. Toutes ces idées peuvent être résumées par le tableau suivant :

Système inchangé Système réformé

L’intérêt environnemental prime Approche pragmatique Approche radicale

L’intérêt des acteurs prime Approche réformiste Approche technocrate

Source : tableau adapté de la publication d’Opoku, 2004, p.326.

1 Une amélioration de l’utilisation des matières et de l’énergie permet d’augmenter simultanément la productivitédes ressources, de la main d’œuvre et du capital

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 61

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La connaissance de ces différents courants de pensée est fondamentale pour appliquer les

outils et les approches de l’écologie industrielle. En effet, selon les positions idéologiques la

stratégie diffère, ce qui a pour conséquence de réduire les stratégies ayant une vision unifiée.

Il est donc important d’expliciter ces positions auprès des acteurs. En effet, la seule étude des

flux de matières et d’énergies est insuffisante pour informer les gestionnaires sur la manière

dont ils doivent opérer de façon « durable ». En conséquence, les acteurs doivent être

continuellement attentifs à la manière dont l’écologie industrielle peut être conceptualisée

(Opoku, 2004).

Enfin, les principes de l’écologie industrielle ne peuvent être implantés à grande échelle que

s’il y a des politiques qui les supportent, si la structure institutionnelle permet aux principes

d’être introduits, et si les principes technologiques sont en place. La partie suivante

s’intéressera donc à ces principes.

IV. PRINCIPES ET OBJECTIFS DE L’ECOLOGIE INDUSTRIELLE

A. Le métabolisme industriel

L’approche du métabolisme industriel1 constitue un préalable au concept d’écologie

industrielle. Ce dernier cherche à refléter quantitativement et qualitativement la dimension

physique des activités économiques, à savoir la dynamique des flux et stocks de matières et

énergies, liée aux activités humaines, de leur extraction jusqu’à leur retour dans les processus

biogéochimiques2. Il se traduit par l’élaboration de bilans de masse, l’estimation des flux et

des stocks de matières… (Erkman, 1998).

En d’autres termes, l’écologie industrielle prend la nature pour modèle en cherchant à imiter

ses cycles et ses écosystèmes, a contrario de l’approche conventionnelle qui sépare le monde

industriel de la biosphère et la considère comme un fournisseur. L’écologie industrielle se

veut être une alternative à l’approche « end-of-pipe » qui traite les impacts des activités

humaines de façon linéaire, cloisonnée et en fin de processus - selon une « stratégie

administrative sectorielle » (Erkman, 2004, p.3) -, au détriment d’une vision plus large. En

1 Métabolisme industriel : correspond à l’ensemble des composantes biophysiques du système industriel.2 Biogéochimique : En écologie, le cycle biogéochimique est le passage alternatif d'un élément de l'étatorganique à l'état minéral, et dont les différentes phases se déroulent au sein de la biosphère (EncyclopédieWikipédia : http://fr.wikipedia.org ).

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 62

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guise d’exemple, l’incinération des déchets solides permet une réduction de volume

considérable ; toutefois, le stockage des cendres issues de l’opération contamine les sols et les

nappes phréatiques, et pollue l’atmosphère. La solution end-of-pipe consiste alors à installer

des filtres, mais le problème reste le même puisqu’il convient à terme de les éliminer ! Cette

approche s’avère donc insuffisante pour pallier les problèmes environnementaux, et coûteuse

à long terme, d’où l’adoption par les entreprises d’une vision globale et intégrée de tous les

composants du système industriel et de leurs relations avec la biosphère (l’écologie

industrielle).

Les études menées sur le métabolisme industriel concernent généralement des flux de

matières ayant une valeur économique directe. De ce fait, cette approche ne prend pas en

compte l’extraction de minerais, de combustion des fossiles etc. qui sont nécessaires et qui ont

des impacts sur l’environnement. Toutefois, elle permet d’aborder le problème de la

substituabilité, mettant en évidence le fait que la technologie et le marché parviennent

toujours à trouver un substitut à l’épuisement de ressources et à la dégradation de

l’environnement (ex : le remplacement du pétrole par l’hydrogène). Cependant, certains

« services environnementaux » qui permettent le maintient de la vie sur Terre, ne sont pas

substituables. « Le danger à long terme réside dans la perturbation des cycles de la Biosphère

et non dans l’épuisement des ressources naturelles ou les désagréments de la pollution. »

(Erkman, 1998, p. 77). De ce fait, le métabolisme industriel peut s’avérer pertinent pour servir

de base au développement de stratégies de lutte contre la pollution et mettre en place des

systèmes préventifs.

Selon Boons & Roome (2001), l’écologie industrielle ne décrit pas seulement la manière dont

les systèmes industriels opèrent, mais suggère également que ces mêmes systèmes opèrent

dans le but d’atteindre une configuration durable. Toutefois, une question demeure : est ce

que la discipline peut s’étendre au delà de son métabolisme actuel et passer de l’analyse

descriptive des flux de matières et d’énergies, vers une structure prescriptive, offrant des

solutions concrètes et des mesures pratiques pour les politiciens et les gestionnaires (Boons &

Roome, 2001 ; Korhonen et al., 2004) ? S’il est difficile d’établir un écosystème industriel

parfait, il est toutefois nécessaire que les industriels et les consommateurs modifient leurs

habitudes s’ils veulent conserver ou améliorer leur niveau de vie sans avoir à souffrir de la

dégradation environnementale. Il convient donc de définir des principes et des outils concrets

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 63

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pour gérer ces systèmes de façon écologique, lesquels seront développés dans la partie

suivante.

B. Les quatre grands axes d’actions de l’éco-restructuration

On entend par « éco-restructuration » l’action de restructurer le système industriel en vue de

le rendre plus compatible avec la Biosphère sur le long terme (Erkman, 2004 ; Tranchant et

al., 2004). Il s’agit d’une stratégie permettant de passer d’un écosystème « juvénile », se

caractérisant par des flux d’énergies et de matières rapides avec un taux faible de recyclage,

vers un écosystème « mature » où ces même flux seront plus faibles et le taux de recyclage

plus élevé. (Erkman, 1998). Selon Tranchant et al. (2004), l’éco-restructuration (la mise en

œuvre de l’écologie industrielle) repose sur quatre étapes principales :

1. Optimiser l’usage des ressources, c'est-à-dire valoriser systématiquement les

déchets : en se basant sur le modèle des chaînes alimentaires des écosystèmes naturels, cela

revient à créer des réseaux d'utilisation des ressources dans les systèmes industriels, de

manière explicite et systématique : les résidus d’une entreprise deviennent une ressource pour

un acteur.

2. Fermer les cycles de matières et la minimiser les émissions, c'est-à-dire minimiser

les pertes par dissipation : d’une manière général, la consommation et l'utilisation des produits

pollue davantage que l’opération de fabrication elle-même puisque les produits ont tendance à

se dissiper totalement ou partiellement dans l'environnement. Il s'agit donc de concevoir de

nouveaux produits/services afin de réduire cette dissipation.

3. Dématérialiser l'économie, c'est-à-dire minimiser les flux de matières et d'énergies

tout en fournissant des services, au moins équivalents. Grâce aux progrès techniques, il est

possible de fabriquer des objets plus légers, et donc moins gourmand en matières et

d’énergies.

4. Décarboniser l’énergie, c'est-à-dire réduire la dépendance envers les énergies non

renouvelables : le carbone sous forme d’hydrocarbures d’origine fossile (charbon, pétrole,

gaz) est à l’origine de nombreux problèmes écologiques tels que les gaz à effet de serre, le

smog, les marées noires, les pluies acides, etc. Pour rendre la consommation de ces énergies

moins dommageable, il est nécessaire de se diriger vers des énergies moins riches en carbone

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 64

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fossile, comme les énergies renouvelables, ou encore de les « bannir » de notre

consommation.

Concrètement, cela se traduit par les objectifs et principes suivant (Graedel & Allenby, 1995) :

- Les industries doivent utiliser le minimum de matières et d’énergies dans leurs

produits, leurs processus et leurs services ;

- Les industries doivent choisir en priorité les matières « abondantes » et non toxiques

lors de la conception de leurs produits ;

- Les industries doivent satisfaire la majorité de leurs besoins au moyen de flux recyclés

(internes ou externes) plutôt qu’au moyen de nouvelles matières premières extraites,

même dans le cas de matières communes ;

- Tous les procédés et les produits doivent être dessinés en vue de préserver l’utilité des

matières utilisées, notamment en concevant des équipements modulables et en re-

fabriquant ;

- Tous les produits doivent être conçus de manière à pouvoir être utilisés pour créer

d’autres produits utiles à la fin de leur vie ;

- Des interactions « fermées » doivent être développées avec des fournisseurs de

matières, des clients et des représentants d’autres industries, ayant les mêmes objectifs

de développer des coopérations pour minimiser les emballages, le recyclage et la

réutilisation des matières.

En travaillant avec de tels objectifs et principes, les entreprises rendront, de manière

graduelle, leurs opérations compatibles avec les écosystèmes naturels. A l’heure actuelle,

certaines firmes appliquent déjà ces règles écologiques, souvent sous forme de réseaux. La

partie suivante vous exposera leurs modes de fonctionnement.

V. PARCS ET RESEAUX INDUSTRIELS

En dépit des croyances sur l’incompatibilité des marchés et du développement durable, un

certain nombre d’études de cas illustre les liens interindustriels de recyclage qui se sont

développés en Europe et en Amérique du nord durant la dernière décennie.

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 65

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L’écosystème naturel n’est pas capable de planifier les actions et les comportements de ses

acteurs. A contrario, les écologistes industriels sont aux prises avec de sérieuses distinctions

et se questionnent pour développer des politiques, planifier et gérer des principes et des

guides stratégiques pour des écosystèmes industriels complexes, qui ne sont pas isolés, mais

incluent différents acteurs de la société ayant différentes valeurs, intérêts et préférences

(Korhonen et al., 2004). Selon Korhonen et al. (2004), la vision de l’écosystème industriel de

type III est la meilleure pour atteindre une durabilité comparée au système actuel, car elle se

base sur des théories originaires des sciences naturelles et de l’ingénierie (Cf. Annexe 16 : Le

développement des écosystèmes comme une métaphore pour la durabilité des systèmes

économique et industriel). Reste à savoir s’il est possible d’atteindre un état durable en

pratique avec de tels concepts. A ce sujet, seuls quelques exemples d’écosystèmes industriels

existent et très peu d’entre eux sont documentés.

A. La symbiose de Kalundborg

« De même que dans les écosystèmes naturels, certaines espèces se nourrissent des déchets ou

des organismes d’autres espèces, on pourrait imaginer un processus similaire de valorisation

des déchets entre différents agents économiques » (Erkman, 2004, p. 5). Dans son ouvrage,

Erkman (1998) fait une synthèse du plus ancien des écosystèmes industriels : Kalundborg au

Danemark. Kalundborg est une petite ville industrielle de vingt mille habitants, qui doit

l’essentiel de ses richesses à son fjord, l’un des seuls à rester accessible en hiver.

L’origine du développement industriel de la ville remonte aux années 1950, où une centrale

électrique et une raffinerie de pétrole se sont implantées. Au fur et à mesure, les entreprises

ont commencé à échanger leurs déchets (vapeur d’eau et eaux à différentes températures et

degrés de pureté) et des sous-produits. Un processus commercial basé sur les intérêts et la

négociation s’est alors peu à peu installé, obéissant aux lois du marché (ventes directes ou

échanges de procédés).

La symbiose de Kalundborg comprend cinq partenaires majeurs reliés entre eux par un réseau

de pipelines. Il s’agit de la centrale électrique Asnaesvaerket (la plus grande du pays) ; de la

raffinerie de pétrole Statoil (également la plus grande du Danemark) ; de la société de

biotechnologies Novo Nordisk (un des plus grand producteurs d’enzymes industriels et

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 66

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d’insuline au monde) ; de la société de panneaux de construction en gypse, Gyproc ; et de la

municipalité de Kalundborg.

L’eau représente le « déchet » le plus valorisé de la symbiose. En effet, la raffinerie Statoil

fournit de l’eau usée pour refroidir la centrale électrique, qui elle-même revend de la vapeur

d’eau à la raffinerie, à Novo Nordisk, à Gyproc et à la municipalité pour son réseau de

chauffage urbain à distance. En 1990, la centrale électrique a mis en service une unité de

désulfurisation lui permettant de produire du gypse, dès lors utilisé comme matière première

par Gyproc, qui était auparavant obligé de l’importer d’Espagne. Par ailleurs, le gaz

excédentaire produit par la raffinerie est utilisé par Asnaesvaerket et Gyproc. Le schéma

suivant retrace l’ensemble des échanges effectués par la symbiose de Kalundborg.

Figure 10 : La symbiose de Kalundborg

Source : Erkman, 2004 p. 4.

Il serait laborieux d’énumérer tous les échanges qui se sont mis en place au cours des années.

Toutefois, un résumé des avantages environnementaux et économiques du parc éco-industriel

est intéressant à faire. La symbiose a en effet permis :

- Une réduction de la consommation des ressources de pétrole et de charbon ;

- Une réduction des polluants et des émissions de gaz à effet de serre ;

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 67

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- Une réutilisation des déchets de cendres (pour la construction routière), de soufre

(pour la fabrication d’acide sulfurique), de gypse, etc. ;

- Des avantages économiques substantiels (amortissement moyen inférieur à cinq ans,

revenus annuels élevés…)1.

Le total des bénéfices économiques de ces échanges est estimé entre 12 et 15 millions de

dollars par an (Heeres et al., 2004).

Les enseignements tirés de cette expérience sont de trois ordres. Il s’agit, dans un premier

temps, d’un processus spontané qui s’est progressivement développé sur des bases

commerciales. En effet, chaque livraison de « déchets » entre les différents partenaires font

l’objet d’une « négociation séparée et confidentielle » (Erkman, 1998, p.27). Dans un second

temps, il est à noter que le succès de ce système repose en grande partie sur les relations de

confiance entre les partenaires. Il s’agit d’un prototype du concept de part éco-industriel basé

sur l’idée que la coopération est un facteur d’évolution et d’innovation. En effet, le succès de

ce type de partenariat croisé repose sur la confiance, la coopération, la proximité et la

complémentarité des entreprises associées, ce qui facilite les contacts informels (Tranchant et

al., 2004 ; Boiral et Jolly, 1997). En encourageant la coopération entre les firmes, l’écologie

industrielle se différencie des efforts, plus traditionnels, qui se concentrent sur les firmes

individuelles pour « verdir » l’industrie. En effet, en coopérant avec chaque écosystème

industriel, les entreprises peuvent améliorer leurs performances environnementales par des

mesures pouvant augmenter leurs marges de profit et leur avance potentielle de

développement économique (Deutz & Gibbs, 2004). Enfin, il est important de reconnaître que

cette symbiose est efficace, car les entreprises sont à la fois différentes et complémentaires.

Pour reproduire un tel système autre part, il serait nécessaire de favoriser des « panachages

industriels » propices aux échanges (Erkman, 1998).

Néanmoins, cette symbiose n’est pas sans critique. En effet, selon Erkman (1998), le nombre

restreint de partenaires et le transport des déchets par pipelines entraîne une certaine rigidité

dans le système. Par ailleurs, en cas de modifications (même mineure) dans les procédés de

fabrication, certains déchets pourraient vite manquer entraînant une perturbation du système

en entier. Il en serait le même si un partenaire venait à cesser ses activités : la fiabilité des

approvisionnements est un problème général. En addition, il est à noter quelques distorsions

1 Source : Erkman, 1998.

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 68

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économiques : n’étant pas desservie par un gazoduc pour prévenir de la concurrence au

chauffage à distance, la municipalité de Kalundborg a mis en place un système de chauffage

par vapeur d’eau qui est nettement plus onéreux pour les habitants qu’un système de

chauffage à gaz traditionnel. Enfin, il est à noter qu’une telle symbiose engendre des

difficultés quant à l’intégration de petites et moyennes entreprises dans la mesure où, leur

capacité de production ou d’absorption de sous-produits est plus faible que celle des grands

joueurs de la symbiose.

Comme le souligne Chertow (Deutz & Gibbs, 2004, p.360), « nous en sommes qu’à l’aire

primaire des symbioses industrielles et le modèle de Kalundborg ne doit pas être vu comme

un parc éco-industriel sine qua non »1. Dès lors il convient de se pencher sur les autres parcs

afin de comprendre leur stratégie et d’avoir des exemples concrets de ces applications.

B. Les parcs éco-industriels

1. Définitions

Sur le modèle de Kalundborg sont apparus les parcs éco-industriels (eco-industrial park).

Tout comme la définition de l’écologie industrielle, la notion de parc éco-industriel est en

évolution constante. Toutefois, les principes directeurs restent les mêmes : la communauté, la

coopération, l’efficacité, les ressources et le système. Voici quelques une des définitions

relatives à ce concept.

« Un parc éco-industriel est un système industriel qui conserve les ressources naturelles

et économiques ; réduit les coûts de production, de matériaux, d’énergie, d’assurance et

de traitement ; améliore l’efficacité des opérations, la qualité, la santé au travail et

l’image ; et fournit des opportunités pour la génération à venir pour l’utilisation et la

vente de matériels usagés » (Côté & Hall dans Côté & Cohen-Rosenthal, 1998, p.

182)2.

1 Textes originaux : « … we are at the earliest stages of industrial symbiosis and that the model of the full-blownindustrial ecosystem provided by the industrial district in Kalundborg, Denmark, should not be viewed as thesine qua non for eco-industrial parks » (Deutz et Gibbs, 2004, p.360).2 “An eco-industrial park is an industrial system which conserves natural and economic resources; reducesproduction, material, energy, insurance and treatments costs and liabilities; improves operating efficiency,quality, worker health and public image; and provides opportunities for income generation from use and sale ofwasted materials.”

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 69

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Communauté d’entreprises qui « En travaillant conjointement, (…) poursuit un avantage

collectif qui est plus important que la somme des avantages individuels que chaque

compagnie aurait réalisée en maximisant ses intérêts personnels » (Lowe et al. dans Côté &

Cohen-Rosenthal, 1998, p. 182 ; Heeres & Vermeulen., 2004, p. 985).

Enfin, selon le President’s Council on Sustainable Development, un parc éco-industriel est

« un système industriel basé sur des échanges de matières et d’énergies planifiés, qui cherche

à minimiser l’utilisation d’énergie et de matière première, à minimiser le gaspillage, et à

construire des relations économiques, écologiques et sociales durables » (Côté & Cohen-

Rosenthal, 1998, p. 182 ; Deutz et Gibbs, 2004, p. 350)1.

A la lecture de ces définitions, il est vite possible de faire le rapprochement avec les principes

prônés par l’écologie industrielle. En d’autres termes, les parcs éco-industriels sont la

réalisation de ces fondements.

Toutefois, selon Erkman (2004), la notion de « parc » ne doit être comprise au sens d’une

zone géographique délimitée. En effet, un parc éco-industriel peut très bien inclure une

municipalité voisine ou une entreprise éloignée s’il n’est pas en mesure de valoriser ou traiter

les déchets sur place (Erkman, 1998). C’est pourquoi on parle de plus en plus de « réseaux

éco-industriels », ces derniers ayant pour objectif de valoriser systématiquement l’ensemble

des déchets (ressources) dans une zone géographique donnée. Cependant, le réseau

d’installations (élimination, traitement et valorisation des résidus) doit être élaboré le plus

près possible du lieu de production, afin de minimiser les risques inhérents au transport et les

impacts environnementaux (Cf. exemple des décharges de Montréal) : il s’agit du principe de

proximité.

Une idée voisine des parcs éco-industriels est celle des « biocénoses industrielles ». Par

définition, une biocénose est une « association d’animaux et de végétaux qui vivent en

équilibre dans un milieu biologique donné » (le Petit Robert, 1991). Ce concept peut être

étendu aux systèmes industriels en cherchant à déterminer les associations d’activités. A titre

d’exemple, il est possible d’envisager toute une série de complexes éco-industriels autour des

centrales thermiques (qui sont un élément clé des biocénoses industrielles), afin d’utiliser

1 “An industrial system of planned materials and energy exchanges that seeks to minimize energy and rawmaterials use, minimize waste, and build sustainable economic, ecological and social relationships.”

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 70

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l’énergie auparavant gaspillée. A cet effet, les unités de co-génération permettent de produire

à la fois de la chaleur et de l’électricité à partir de la biomasse (Erkman, 2004).

2. Le développement des parcs éco-industriels

Dès lors, une floraison de projets de parcs éco-industriels a vu le jour, principalement aux

Etats-Unis (Baltimore, Brownsville et Cape Charles), mais aussi au Canada, en Hollande

(Rotterdam), au Danemark (Den Bosch, Moerdijk), en Autriche (Graz) et dans les pays

asiatiques, qui perçoivent l’écologie industrielle comme une stratégie essentielle à la

compétitivité économique.

En France, des initiatives de parcs éco-industriels sont présentes aussi bien dans des petites

entreprises (PMI/PME) que dans des grands groupes. Ainsi, dans l’Aube, une entreprise de

charcuterie produit sa propre vapeur à partir des déchets de graisse, ce qui lui permet de

réaliser des économies de recyclage et de coûts énergétiques. Il s’agit là d’une initiative à

échelle réduite. A une plus grande échelle, les centrales thermiques du groupe EDF

(Electricité De France) valorisent du gypse et des cendres en cimenterie, et les eaux chaudes

issues des centrales nucléaires sont utilisées par des fermes horticoles et aquacoles. Le groupe

a également entrepris une étude des flux entrants et sortants des secteurs industriels français

afin de créer une base de données proposant des services de valorisation des déchets auprès

des entreprises (Campagnolle, 2003). Des études sont également menées par les groupes Gaz

de France et Véolia, afin de détecter les synergies possibles entres les diverses activités

économiques (Erkman, 2004).

En Amérique du Nord, des réseaux industriels, souvent sous forme d’initiatives privées ont vu

le jour sur la Côte Est (Boston) et Ouest (Silicon Valley), ou en Caroline du Nord (réseaux

spécialisés en textile et mobilier). Au Canada des parcs industriels à caractère écologique

existent, comme le projet « Industrial park as an Ecosystem » dans le parc industriel de

Burnside, ou le district industriel de Portlands à Toronto. D’autres exemples, mais plus limités

comme en Ontario avec Sarnia (symbioses entre une industrie pétrochimique, une usine de

gomme synthétique, des installations pétrochimiques et une station de génération de courant

électrique) et Bruce Energy Center (Erkman, 2004) ; dans les régions de Montréal, en

Colombie Britannique, ou encore à Halifax (Campagnolle, 2003).

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 71

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En Asie, des initiatives ont été réalisées. Au Japon, la ville de Fujisawa renferme un parc éco-

industriel qui comprend également des habitations et des commerces. D’autres villes, comme

Kokubo et Kawasaki, ont transformé peu à peu leurs zones industrielles en parcs éco-

industriels sous l’impulsion des patrons locaux dans le but d’améliorer le traitement des

déchets, mais aussi de bénéficier de synergies. En Chine, les autorités publiques tentent

d’inciter les petits producteurs à vendre leurs sous-produits aux parcs éco-industriels selon des

principes de production propre. Aux Philippines, avec l’aide des Nations Unies, des parcs ont

été créés et, en Thaïlande vingt-huit zones industrielles sont en transformation pour répondre

aux principes de l’écologie industrielle. L’application des principes de l’écologie industrielle

dans les pays d’Asie est souvent préconisée par les pays occidentaux qui ont pris conscience

de leurs erreurs passées. Néanmoins, le message n’est pas toujours évident à communiquer,

car des pays comme la Chine estiment qu’ils ont droit, eux aussi, à consommer. Le débat est

ouvert, reste à savoir si l’écologie industrielle est un véritable outil pouvant relever le défis

environnemental, ou si elle sert de prétexte économique. Le point suivant dressera quelques

idées relatives à ces débats.

3. Discussions autour du concept de parc éco-industriel

Selon Deutz & Gibbs (2004), les parcs éco-industriels sont des initiatives de politiques locales

qui tendent à mettre en application les principes de l’écologie industrielle. Ces deux auteurs

constatent que les parcs éco-industriels sont souvent utilisés par les autorités locales comme

un outil marketing dans le développement (ou re-développement) économique, accompagné

ou pas d’engagements profonds envers un développement durable. Leur analyse démontre que

dans tous les parcs étudiés, les buts économiques sont clairs et précis. Les autorités locales

peuvent également être utilisées, selon Korhonen et al. (2004), comme un réseau d’acteurs

fournissant des supports politiques et de gestion, aussi bien informationnels qu’éducationnels,

pour les participants de l’écosystème industriel. Ces mêmes autorités ont aussi le pouvoir

d’exécuter un planning d’utilisation des décharges et/ou influencer la localisation d’une

entreprise.

Dans le même ordre d’idées, Heeres & Vermeulen (2004) soulignent qu’un des objectifs les

plus important pour les parcs américains est la création d’emplois à l’échelle locale : le facteur

économique est privilégié au facteur environnemental. A l’inverse, dans les parcs éco-

industriels danois, les projets sont initialement prévus à des fins économiques et

environnementales. Ils avancent également que l’implantation d’associations d’entrepreneurs

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 72

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et d’employés au sein du parc industriel permet d’assurer une participation active des

membres de l’industrie, alors que la participation du gouvernement à un niveau local ou

régional tend à rendre passives les entreprises1.

Côté & Cohen-Rosenthal (1998) concluent sur la nécessité, pour un parc éco-industriel,

d’avoir une « approche système » qui prenne en compte la compréhension des quantités, aussi

bien que les caractéristiques physiques et chimiques des matières et des flux d’énergies, à

l’intérieur comme à l’extérieur du parc, en plus des aspects économiques et managériaux.

Cette approche système se traduit, elle aussi, par une série de règles à tenir en vue de la

réussite du projet, qui seront traitées dans le point suivant.

4. Pour une réussite des parcs éco-industriels

L’article de Côté & Cohen-Rosenthal (1998, p. 188) aboutit à une série de onze spécificités

(donc quelques unes sont reprises ci-dessous) à prendre en considération pour gérer

correctement un parc éco-industriel. Ainsi, comparé à un parc industriel traditionnel, un parc

éco-industriel se doit de :

- Maximiser l’efficacité énergétique et minimiser les matières grâce au design des

installations, à la co-génération et au « cascading », à la réutilisation, au recyclage et à

la valorisation ;

- Améliorer continuellement la performance environnementale des affaires individuelles

(et de la communauté dans son ensemble) et avoir un système de régulation flexible

qui encourage les entreprises à atteindre leurs objectifs de performance ;

- Utiliser un système de gestion de l’information qui facilite les flux de matières et

d’énergies à l’intérieur d’une boucle plus ou moins fermée ;

- Créer un mécanisme pour former et éduquer les gestionnaires et les salariés aux

nouvelles stratégies, outils et technologies, afin d’améliorer le système ;

- Orienter sa stratégie marketing pour attirer des entreprises qui puissent « combler» les

niches, et développer d’autres affaires.

Par ailleurs, la littérature perçoit souvent la formation de réseaux d’affaires, basés sur

l’amélioration des performances environnementales et financières, comme une étape préalable

1 En effet, les politiciens considèrent davantage le projet comme une initiative permettant la création d’emplois,plutôt que de le voir comme un programme permettant d’améliorer les performances économiques etenvironnementales des entreprises.

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 73

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essentielle à la création d’un complexe éco-industriel. D’autre part, le succès de

développement d’un parc éco-industriel nécessite, selon Heeres & Vermeulen (2004), la

participation active de tous les actionnaires : agences gouvernementales locales, régionales ou

nationales ; représentants d’entreprises locales et futurs tenants d’un parc ; chambre de

commerce ; représentant du personnel ; institutions éducatives ; divers professionnels comme

des ingénieurs, architectes, écologistes, etc.

En résumé, il n’y a pas une seule et unique bonne façon de développer un parc éco-industriel.

L’objectif primaire d’un projet de parc éco-industriel ne doit pas être la création d’échanges

de flux physiques, mais bien l’établissement d’un projet de partages (Heeres & Vermeulen,

2004). A cet effet, plus les entreprises du réseau sont proches, plus les échanges

environnementaux et financiers seront efficients. L’efficacité et le succès ne dépendent pas

seulement des performances du parc en matière environnementale, mais aussi et surtout de sa

compétitivité : la viabilité économique du parc détermine son succès ou son échec. De ce fait,

de bonnes performances environnementales et économiques sont un moyen d’assurer la

compétitivité par les coûts, en écartant les concurrents dont la gestion des déchets est plus

coûteuse (Côté & Cohen-Rosenthal, 1998).

Si Kalundborg est un modèle de réussite, les entreprises ont tendance à se concentrer sur la

reproduction de connexions existantes, et non sur l’apprentissage qu’elles peuvent en tirer

(Côté & Cohen-Rosenthal, 1998). Pour preuve, la symbiose de Kalundborg n’a pas été

dessinée comme un parc éco-industriel, mais s’est développée graduellement au cours des

décennies, alors que les participants ont découvert que l'établissement d’échanges d'énergies

et de résidus aboutissait à des bénéfices économiques pour l’ensemble des parties impliquées.

Une telle réussite repose, comme il a été dit, sur l’adoption de principes. Pour ce faire

l’entreprise devra utiliser différents outils, différentes démarches lors de ses opérations

courantes, lesquels l’aideront à être plus écologique. La partie suivante s’attachera à énumérer

certains d’entres eux afin d’apporter encore plus de concret à cette discipline.

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 74

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VI. LA MISE EN ŒUVRE DES PRINCIPES DE L’ECOLOGIE INDUSTRIELLE

Les méthodes et outils utilisés par l’écologie industrielle sont multiples : l’Analyse de Cycle

de Vie (soutenue au sommet de Johannesburg) ; l’éco-conception (Design For Environment) ;

l’Analyse des Flux de Matières ; les tableaux d’Input-Output, etc.

L’écologie industrielle, par sa structure analytique, fournit des politiques

d’approvisionnement plus flexibles et durables, et des politiques de développement plus

fructueuses qu’à l’ordinaire. « … le concept met l’emphase sur l’importance de trouver et

d’incorporer de nouvelles données et des nouvelles pratiques, comme la compréhension

physique, biologique et les phénomènes de changements » (Opoku, 2004, p. 321).

Selon Peck (2003), il y a trois groupes d’instruments. Le premier liste les formes de modèles

et d’analyses des systèmes techniques pour l’application dans un contexte de métabolisme

industriel (analyse du cycle de vie, analyse des flux matériels). Le second groupe comprend

les approches supportant l’implantation de systèmes de prévention de la pollution (P2), la

fabrication propre « environnementalement » (environnementally clean manufacturing), la

production propre et les bilans de masse. Enfin, le troisième groupe comprend les activités qui

supportent et dirigent la création de parcs éco-industriel. Leur application sera différente selon

l’échelle. Ainsi, l’éco-conception et la prévention de la pollution seront plus utilisées au

niveau « micro », c'est-à-dire à l’échelle du produit ou du service. La symbiose industrielle

(éco-parc) et les tableaux physiques d’input/output seront davantage utilisés à une échelle

« méso », c'est-à-dire à un niveau régional. Enfin, l’écologie industrielle pourra être pratiquée

à l’échelle nationale ou globale (macro) grâce aux tableaux physiques d’input/output.

La norme ISO 14 001 et le dispositif d’Eco-audit européen (EMAS1) invitent les entreprises à

organiser et formaliser leur management environnemental et à communiquer sur leur

performance dans ce domaine. Selon Reverdy (2005), la norme ISO 14 001 se résume à des

principes managériaux tels que : l’engagement de la direction ; une planification des

améliorations ; une formalisation de la conduite des procédés ; l’organisation d’actions

préventives et correctives ; et la formation du personnel. En effet, il s’agit d’un outil

permettant aux entreprises de déployer, en interne, une politique d’intégration « à la source »

des exigences environnementales (Reverdy, 2005). Le dispositif EMAS, quant à lui, exige la

1 EMAS (Environmental Management and Audit Scheme) : système permettant aux organisations de s'engagervolontairement pour évoluer et améliorer leurs performances environnementales.

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 75

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transparence sur la performance environnementale de l’entreprise via « une déclaration et

l’amélioration continue des performances » (Reverdy, 2005, p. 188).

Toutefois, les théories de gestion environnementales inter-organisationnelle s’étendent au-

delà des théories associées aux pratiques comme la norme ISO 14001 et l’EMAS (Korhonen

et al., 2004). En effet, ce type d’outil n’est pas forcément garant des pratiques écologiques de

l’entreprise ; il s’agit avant tout d’une logique documentaire qui n’améliore pas

systématiquement les performances environnementales de la firme (Boiral, 2005c). De ce fait,

tout dépend de la culture d’entreprise, de la volonté des dirigeants, de la participation du

personnel : de l’adhésion commune.

L’analyse du cycle de vie, sans doute l’outil le plus utilisé par l’écologie industrielle, retrace

les flux d’énergies et de matières tout au long du cycle de vie du produit. Les résultats

analytiques sont présentés sous forme de calculs quantitatifs qui améliorent les impacts

potentiels de ces flux sur l’environnement. Moins fréquemment, les résultats sont également

utilisés pour faire des suggestions d’améliorations. Cet outil peut être étendu à la gestion du

cycle de vie pour :

- Développer une politique stratégique d’affaires environnementales ;

- Etablir une série de tâches et d’objectifs ;

- Identifier les tâches et responsabilités dans les organisations tout au long du cycle de

vie ;

- Informer les organisations et les actionnaires ;

- Considérer les structures organisationnelles, les modes de gestions, les capacités et les

cultures dans la chaîne ;

- Chercher à atteindre les objectifs avec des mesures pratiques.

Un outil similaire à l’analyse du cycle de vie est « l’écobilan », qui peut aider les entreprise

lors du processus de décision pour : concevoir les produits, choisir les procédés et définir les

stratégies industrielles. Ces derniers constituent une démarche systématique dont l’objet est

d’évaluer les impacts environnementaux, y compris sur les ressources naturelles, en rapport

avec un produit ou service, tout au long de sa durée de vie (de l’extraction des matières

premières à l’élimination des déchets). En parallèle, les industries peuvent adopter un

« écolabel » qui a pour objectif de garantir aux consommateurs une qualité écologique au

produit qu’ils achètent et « une reconnaissance officielle au producteur » (Desachy, 1996 ;

Boyer et Poisson, 1992, p. 108).

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 76

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Par ailleurs, le procédé d’implantation d’un programme d’introduction d’écologie industrielle

peut être facilité par l’utilisation de diagrammes de Pareto (Graedel & Allenby, 1995). Cette

approche générale consiste à choisir une variable dépendante, d’intérêt substantiel, et de la

comparer avec la participation des différentes entités de l’entreprise. Par exemple, l’utilisation

d’une substance toxique dans la fabrication est comparée dans plusieurs processus de

fabrication de la même installation. Si le processus numéro 1 utilise plus de substances

toxiques que les autres processus, alors les priorités d’améliorations devront être portées sur

ce dernier. De cette façon, les diagrammes de Pareto assistent les gestionnaires à prioriser

leurs actions pour introduire les principes de l’écologie industrielle dans leurs opérations de

fabrication.

Comme il a été précisé au préalable, l'enjeu de l’écologie industrielle consiste à restructurer

en profondeur le système industriel pour tenter de le faire évoluer vers un mode de

fonctionnement viable à long terme, compatible avec la Biosphère. Pour tendre vers cet

objectif, une stratégie opérationnelle peut être mise en place, parfois nommée « éco-

restructuration ». Cette dernière préconise, entre autres, la valorisation des déchets par la

création de réseaux d'utilisation des ressources et des déchets dans les écosystèmes industriels

(cf. partie quatre grands axes de l’éco-restructuration).

L’écologie industrielle exige également de prendre en compte différents aspects économiques,

politiques, sociaux et culturels qui déterminent le cadre structurel et les modalités du

fonctionnement industriel1. Il s’agit donc d’établir un cadre théorique rigoureux qui mette en

valeur la nécessité, d’un point de vue économique, de tenir compte des effets de l’activité

humaine sur l’environnement. Cela passe par exemple par une évaluation de la durabilité de la

croissance plus complète, incluant les actifs naturels, l’épuisement des ressources et la

dégradation environnementale induisant une perte de revenus pour les générations futures. En

effet, le système actuel d’évaluation omet de tenir compte de la dépréciation des actifs

naturels.

Sur le plan juridique et politique, l’écologie industrielle aide les gouvernements à prendre des

décisions fondées sur les données scientifiques et les objectifs de la stratégie mondiale pour le

développement durable, permettant ainsi une meilleure cohérence des politiques

gouvernementales à l’échelle mondiale. Différents instruments politiques sont utilisés : les

1 Cf. partie II/ B : L’écologie industrielle : un véritable champ multidisciplinaire de ce même chapitre.

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 77

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instruments administratifs et les instruments économiques. Les premiers incluent des

campagnes d’information pour modifier l’attitude du public ; des moyens institutionnels

(comme la communication d’entreprises) et, des moyens juridiques privés et publics. Les

instruments économiques, quant à eux, se réfèrent aux taxes, subventions, ou aux dépôts de

quotas d’émissions commercialisables (permis de polluer). Par ailleurs, la combinaison d’une

politique gouvernementale active et volontaire avec des actions proactives de la part des

entreprises est nécessaire.

Une des approches politique, déjà considérée par la législation européenne, consiste à étendre

la responsabilité du producteur (ERP) tout au long de son cycle de vie du produit, incluant la

gestion des déchets après l’utilisation, la collecte, la valorisation et le recyclage. L'objectif de

cette solution consiste à alléger la charge financière des collectivités locales relative à la

gestion des déchets et, de responsabiliser les producteurs et les consommateurs. Ces principes

sont en voie de s’étendre au-delà des pays européens. Ainsi, le plan d’action québécois

prépare un projet de loi (102) dans cette optique (actuellement, la gestion des déchets est

entièrement à la charge du citoyen, via la municipalité) (Ademe-Adit, 2003). Aux Etats-Unis,

une campagne nationale tente de responsabiliser les fabricants de déchets d’équipements

électriques et électroniques à cet effet. Par ailleurs, en l’absence de réglementation, « les

initiatives prises par les producteurs pour la récupération et le recyclage des équipements sont

souvent le résultat des actions menées par des groupes de pression et les mesures particulières

engagées par un fabricant servent ensuite d’argument commercial » (Ademe-Adit, 2003, p.

32). Le Japon, dont la taxe ne couvre que 6% des coûts, prévoit lui aussi de généraliser la

responsabilité du producteur en obligeant les fabricants de déchets à organiser la reprise et

l’élimination de leurs produits.

D’autre part, l’écologie industrielle ajoute des moyens techniques ou structurels

supplémentaires, tels que des infrastructures technologiques ou organisationnelles pouvant

déboucher à un certain modèle d’action (Opoku, 2004). Selon Ehrenfeld, intégrer les notions

d’écologie industrielle revient à établir des règles concernant l’innovation de produits et

services plus durables pour l’environnement, tels que : fermer la boucle matérielle ; utiliser

l’énergie de manière efficace, l’employer en cascade ; éviter le renversement des

métabolismes, éliminer les matières ou déchets qui empêchent les composantes du système de

se développer ; et dématérialiser (Ehrenfeld, 2000). En effet, en complétant les dispositifs

traditionnels de planification publique, les mécanismes de cette discipline permettent de créer

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 78

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des normes et des règlements spécifiques, fondés sur un état de connaissances précis des

enjeux, des défis et des risques de la gestion durable des ressources.

Pour ce qui a trait aux standards environnementaux, les multinationales (de plus en plus

nombreuses), fabricant des produits dans différentes installations à travers le monde, rejettent

l’approche d’une conformité minimale avec les standards environnementaux locaux. De la

sorte, des standards uniformes ne peuvent être appliqués de manière homogène à travers le

monde dans la mesure où les situations locales et les options diffèrent (Graedel & Allenby,

1995). En conséquence, l’approche idéale pour une entreprise n’est pas d’adopter une

perspective environnementale uniforme, mais bien d’encourager l’application intelligente de

ces standards, en prenant en considération les conditions locales. Ainsi, la prévention de la

pollution peut s’avérer plus efficiente si elle se concentre sur des réseaux régionaux

d’entreprises, comme le préconise l’écologie industrielle. Vu dans cette perspective, une

prévention étendue de la pollution peut constituer une première étape à l’établissement d’un

réseau industriel où les effluents d’un processus servent de matières premières à un autre

processus (Heeres & Vermeulen, 2004).

Enfin, la gestion inter-organisationnelle en vu d’atteindre la durabilité peut être difficile. En

effet, en dépit de la diversité des acteurs (réseau public/privé), de leur coopération et de la

présence de diverses organisations, la complexité du réseau augmente et peut engendrer des

conflits d’intérêts. Il en est de même pour les intérêts et les préférences d’une firme

individuelle qui peuvent être contraires à ceux des autres entreprises du réseau. En

conclusion, il est conseillé que les entreprises soient capables de diversifier leurs opérations,

pour pouvoir coopérer avec les différents acteurs.

En bref, le concept d’écologie industrielle rassemble toute une panoplie d’instruments qui

peuvent être utilisés à diverses échelles. Et si l’écologie industrielle ne fait pas explicitement

partie de la politique des entreprises, certaines d’entres elles sont néanmoins familiarisées

avec les bases du concept et emploient des consultants à cette fin (Korhonen et al., 2004).

Toutefois, il convient de souligner que « la théorie, malgré sa pertinence, peine à se

concrétiser » en raison de problèmes techniques, financiers et légaux qu’elle engendre

(Campagnolle, 2003). La dernière partie de ce chapitre s’attardera donc à développer ces

limites.

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 79

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VII. LES LIMITES DE L’ECOLOGIE INDUSTRIELLE

En effet, même si l’écologie industrielle favorise le développement durable par sa

polyvalence, il s’agit d’une approche avant-gardiste qui n’est pas encore beaucoup très

appliquée par les ministères. La liste ci-dessous énonce les critiques les plus couramment

avancées :

- Certains auteurs considèrent que l’idée de prendre la nature pour modèle dans le but

de réorganiser le système industriel est floue ;

- Bien que plusieurs projets soient en cours (parcs éco-industriels), les données

permettant de montrer que l’écologie industrielle est un système viable font défaut ;

- A cause de « l’effet de rebond »1 , l’écologie industrielle ne réduit pas nécessairement

les flux de matières ;

- Selon certains auteurs, l’écologie industrielle ferait apparaître une dépendance envers

les déchets ou sous-produits « ce qui pourrait s’avérer dangereux si des barrières

analogues aux barrières entre espèce ne sont pas développées pour éviter le recyclage

et la propagation de composants indésirables » (Tranchant et al. p. 207) ;

- D’autre part elle pourrait également étouffer l’innovation et encourager une

dépendance envers les combustibles fossiles ;

- Sa vision à long terme est en contradiction avec les acteurs économiques et sociaux

qui ont une vision à court terme. De plus cette vision à long terme du concept renvoie

à une forte interdisciplinarité, alors que la culture scientifique actuelle et l’organisation

des structures institutionnelles et économiques demeurent très sectorielles et

compartimentées ;

- Enfin, un besoin crucial d’intégration entre l’écologie industrielle et l’éducation se fait

ressentir entre les disciplines.

Ces craintes ne pourront être dissipées que lorsque les données manquantes seront réunies et

que les coûts véritables seront déterminés. Néanmoins, il convient de reconnaître les

débouchés et enjeux pour les sociétés d’adopter une telle ligne de conduite. Ces derniers sont

1 L’effet rebond exprime le constat qu’une amélioration des procédés industriels en termes d’efficacité écologique se traduit, paradoxalement, par une augmentation de la consommation matérielle dans la mesure où labaisse du prix de revient dégage un revenu supplémentaire disponible pour de nouvelles consommations. SelonEhrenfeld (2004), l’effet rebond peut contrebalancer une bonne partie des bénéfices potentiels de l’éco-efficience.

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 80

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résumés sous forme de points à l’Annexe 17 : Les débouchés et enjeux de l’écologie

industrielle pour la planification et l’usage du territoire.

En conclusion, le concept d’écologie industrielle présente deux caractéristiques principales :

Premièrement, il donne une vision globale des interactions entre la société industrielle et la

Biosphère en intégrant l'économie, les sciences, l'écologie scientifique, la géographie,

l'aménagement du territoire et de nombreuses autres disciplines. Deuxièmement, pour certains

auteurs, il s’agit d’une démarche qui vise à donner un contenu opérationnel à la notion de

développement durable (Boiral, 2004).

Les outils pratiques de l’écologie industrielle, comme l’analyse du cycle de vie, la

coopération inter organisationnelle et les réseaux, sont fondamentaux pour la compréhension

et l’identification des problèmes, d’ordre sociaux et environnementaux, ainsi que leurs

conséquences. Toutefois, il est à souligner que ces outils s’apparentent souvent à des

principes généraux que les industries appliquent de façon plus ou moins réfléchie. Il s’agit là

d’une lacune de la discipline qui tend à ignorer les réelles conditions d’application et les défis

organisationnels que soulève l’application de tels principes. En effet, la mise en œuvre d’une

telle logique repose sur la mobilisation de savoirs multidisciplinaires afin de reconsidérer

l’activité de l’entreprise en fonction des possibilités de valorisation des déchets.

L’apprentissage de nouvelles valeurs et de nouveaux comportements sont alors au centre de la

vision de l’entreprise (Boiral et Kabongo, 2004). Enfin, l'écologie industrielle implique que

l'initiative vienne des entreprises tout autant que des autres acteurs sociaux, dans la mesure où

une meilleure utilisation des ressources accroît les performances et la compétitivité : ce à quoi

s’attachera la partie suivante.

Chapitre II : L’Ecologie Industrielle 81

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Chapitre 3 : Vers une gestion plus écologique des déchets

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 82

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Le chapitre I de cette étude faisait un état de la gestion des déchets et avançait le fait que

certaines méthodes de gestion avaient un potentiel de valorisation sous exploité, au profit de

méthodes plus polluantes. Le chapitre II, quant à lui, présentait une discipline scientifique

encore peu appliquée dans les systèmes économiques : l’écologie industrielle. Cette dernière

prend pour modèle le fonctionnement des écosystèmes naturels et cherche à le transposer sur

le système industriel afin de le rendre plus viable et durable. Pour cela, elle cherche à

minimiser les flux de matières vierges et d’énergies, en préconise la réutilisation. Suite aux

constats suivants, le dernier chapitre tentera d’analyser les modifications managériales à

effectuer au sein des entreprises pour appliquer les principes de l’écologie industrielle. Les

politiques de mise en oeuvre doivent être fondées sur l’éducation, la formation et la

sensibilisation des acteurs (employés et citoyens). A terme, ces acteurs économiques doivent

acquérir des valeurs, normes et règles tant culturelles, que sociales ou politiques. Ainsi, dans

une première partie, un certain nombre de préceptes seront énumérés, dans l’objectif de guider

la gestion quotidienne des opérations. La seconde partie tentera, une fois de plus, de persuader

les gestionnaires d’intégrer au quotidien une telle ligne de conduite dès la conception de leurs

produits, dans toutes les fonctions de l’entreprise. Enfin, la dernière partie s’intéressera aux

aspects managériaux qu’une telle politique suppose.

I. POUR ASSURER UN DEVELOPPEMENT DURABLE : LES PRINCIPES A

ADOPTER

La mise en œuvre de l’écologie industrielle repose sur l’adoption de principes qui doivent

régir les comportements de production et de consommation des acteurs du système, afin qu’ils

développent une véritable conscience citoyenne (de façon durable). Les préceptes qui vont

suivre se basent sur des théories qui, une fois modélisées, constituent un modèle, une règle ou

un objectif à atteindre par les organisations. La partie suivante identifiera trois théories

s’appliquant au domaine de l’écologie industrielle et au secteur des déchets : la théorie du

risque, de la responsabilité et de l’engagement. De chacune d’elles découlent un certain

nombre de principes dont les plus importants à comprendre et à adopter seront détaillés.

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 83

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A. La théorie du risque

Toute activité inhérente au secteur industriel et à la valorisation des déchets présente un

certain nombre de risques pour l’homme et l’environnement (opérations de fabrication ; tri,

collecte, transport, traitement…). Afin de limiter ces risques, plusieurs principes ont été

établis, dont le principe de précaution et de prévention qui sont liés.

1. Le principe de précaution

Les origines du mot précaution sont issues du latin praecautio, composé de prae (avant) et

cautio (garde). Il s'agit du principe le plus important, qui consiste à adopter des mesures

prévisionnelles en vu d’éviter les risques, même lorsqu’ils ne sont pas précisément définis. A

l’origine, le champ d’application de ce principe concernait l’environnement puis il a été élargi

aux risques sanitaires et alimentaires et maintenant économique et politique (ex : le

terrorisme).

La déclaration de Rio de 1992 le définit comme suit: « en cas de risques de dommages graves

ou irréversibles, l’absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour

remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de

l’environnement » (Gouilliard & Legendre, 2003, p.53).

Dans le droit environnemental, le principe de précaution s’applique au niveau international

depuis le traité d’Amsterdam de 1992. D’autre part, ce principe s’intègre parfaitement aux

objectifs de développement durable puisqu’il prend en compte le principe d’équité entre les

générations. Les mesures prises doivent être temporaires, équilibrées et économiquement

acceptables.

Un des exemples pouvant être cité est l’inquiétude face aux changements climatiques qui a

conduit à l’adoption de mesures pour diminuer les gaz à effet de serre. En effet, compte tenu

de l'inertie du système climatique, ne pas agir aujourd'hui revient à prendre le risque d’être

confrontés à des dommages inestimables dans les décennies à venir.

2. Le principe de prévention

Le deuxième grand principe lié à la théorie du risque est là prévention, dont l’origine du terme

provient du latin proeventio qui signifie action de devancer.

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 84

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Selon Olivier Boiral, (1998b, p.30), « la prévention (ou les mesures préventives) désigne les

moyens mis en oeuvre pour empêcher des effets nuisibles de se produire en agissant à la

source des problèmes ». Le principe est également repris par la Charte de l’Environnement

dans les formes suivantes : « Art. 3. - Toute personne doit, dans les conditions définies par la

loi, prévenir les atteintes qu’elle est susceptible de porter à l’environnement ou, à défaut, en

limiter les conséquences » (Charte de l’environnement).

Ainsi, la prévention ne se contente pas de traiter, réduire ou éliminer les émanations en fin de

processus, mais consiste à réduire les rejets de contaminants, de polluants et donc de déchets

en agissant à la source des procédés de production. Par conséquent, cette démarche passe par

des aspects techniques (installations de nouveaux équipements) mais aussi, et surtout,

humains (formation du personnel, modification des rythmes de travail, nouvelles habitudes

productives, implication nécessaire de la direction) même si ces derniers sont mis en place

plus tardivement, car plus coûteux en temps et en ressources financières (Boiral, 1998b).

Appliquée au domaine de l’écologie industrielle, la prévention tend à préférer la récupération

et le recyclage (la minimisation des déchets et la minimisation des matières vierges) plutôt

que l’élimination.

En d’autres termes, la prévention intervient lorsque la menace est connue, alors que dans le

principe de la précaution il y a une incertitude. Si des connaissances ultérieures démentent

cette menace, la mesure de précaution n’a plus lieu d’être.

La deuxième théorie applicable à une gestion écologique est la responsabilité des entreprises

face à leurs opérations.

B. La théorie de la responsabilité

Les entreprises, génératrices de nuisances de tous types, sont responsables devant la justice et

la population, et se doivent de communiquer sur leurs modes de gestion. Pour ce faire, on

recense trois grands principes.

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 85

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1. Le principe pollueur/payeur/consommateur

« La tragédie des biens communs », cette expression désigne la dégradation environnementale

provenant de l’utilisation, par un grand nombre d’individus, d’une ressource commune en

accès libre. Sans régulation, l’actif environnemental est un bien libre, c'est-à-dire qu’il est

disponible en grande quantité et que son prix est nul. Par conséquent, puisque son coût est

égal à zéro, une utilisation excessive se manifeste. Il est donc nécessaire de rétablir

l’allocation des ressources entre les différents agents (Hung, 2005).

Selon Hung (professeur d’économie à l’université Laval), les externalités représentent l’écart

entre les coûts privés (supportés par les entreprises) pris en compte par les agents

économiques lors de leurs décisions et, les coûts sociaux que ces décisions font supporter à la

collectivité. Les externalités négatives sont donc les effets découlant des activités de

l’entreprise (et non souhaités), comme la pollution, et dont les conséquences retombent sur la

collectivité.

Elaboré dans les années 70 par l’OCDE, le principe pollueur/payeur/consommateur préconise

une internalisation des coûts qui consiste à faire supporter à l’entreprise polluante la

différence entre le coût social et le coût privé, ce qui la conduira à un optimum de pollution1.

Concrètement cela se traduit par une augmentation du prix du bien vendu par le pollueur qui

répercute l’augmentation du coût sur son prix. De ce fait, cela engendre, dans un premier

temps, une diminution de la demande du bien chez le consommateur puis, dans un second

temps, une diminution de la production chez le producteur et par la même, une réduction de la

pollution. En conclusion, l’externalité est internalisée, c'est-à-dire prise en compte par le

pollueur, puis par le consommateur via le prix (Hung, 2005 ; Graedel & Allenby, 1995).

Par exemple, dans le domaine des emballages ménager, l’application de ce principe

transforme l’industriel en intermédiaire. Ce dernier doit payer aux sociétés agréées

(EcoEmballage en France) une contribution en fonction des emballages qu’il met sur le

marché, mais il répercute ce montant sur le prix du produit sous forme d’une « contribution

environnementale ». Au final, c’est au consommateur qu’incombe la charge financière

d’élimination des déchets d’emballages ! Ce principe peut également se traduire par le

1 L’optimum de pollution correspond au point de rencontre entre la réduction marginale de la pollution etl’augmentation marginale des coûts.

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 86

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paiement d’une taxe sur les émissions de polluants et/ou la mise en place de systèmes de

prévention et de contrôle des pollutions (Graedel & Allenby, 1995).

Appliqué au domaine des déchets, et plus particulièrement celui des déchets municipaux, le

principe du pollueur/payeur/consommateur peut s’avérer tout aussi efficace. Ainsi, la

« Review of the Community Strategy for Waste Management » a publié en 1999 un rapport sur

la prévention et la minimisation des déchets. Ce rapport traite des différentes stratégies

élaborées dans des pays membres de l’Union Européenne1 et examine quelques unes des

meilleures pratiques de minimisation des déchets (industriels et ménagers) ce qui permet de

constater le degré d’implication des différents pays. Ainsi, une des études de cas de ce

rapport, étudie une municipalité française (les Sorinières) qui a cherché à réorganiser son

système de collecte des déchets de manière à responsabiliser ses habitants quant à la quantité

produite. L’ancien système de collecte ne prenait pas en compte la quantité produite par

habitant, et la taxe d’enlèvement des ordures ménagères ne couvrait pas entièrement le coût de

l’opération. Le nouveau système de collecte, quant à lui, responsabilise chaque ménage en

leur demandant de trier leurs déchets (papier, verre, plastiques et autres). L’innovation

majeure de ce système a consisté à remplacer l’ancienne taxe par une redevance incluant tous

les coûts relatifs à l’enlèvement des ordures ménagères. Ainsi, chaque habitant est lié par un

contrat et, est facturé de façon individuelle en fonction du volume de déchet qu’il a produit et

du nombre de collecte effectué. Après une année de test, le nouveau système fut adopté. Par

cette mesure, la commune a pu démontrer qu’il était possible de diminuer la production des

déchets et leur coût de traitement à la source, tout en responsabilisant ses habitants.

Le principe suivant a trait à l’importance, pour les organisations, de communiquer.

2. Le principe de transparence

Ce principe reconnaît le droit de participation et d’information à toute personne qui le désire

et offre la possibilité à l’observateur de juger de la pertinence des informations fournies. Ce

droit doit être garanti aux moyens de communication afin de sensibiliser le public, comme la

diffusion de publications et rapports, l’organisation d’actions de formation des parties

prenantes, des évaluations à l’aide d’indicateurs (ex : le taux de rejet de gaz à effet de serre

d’une machine par tonne de produit fabriqué). Il va de soi de telles déclarations se faire sur

1 Notamment en Belgique, au Danemark, en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne et en Grande-Bretagne

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l’honneur et de façon loyale tout au long de la durée des opérations (principe de confiance ou

de bonne foi).

Selon Boiral, la coopération inter-organisationnelle, les actions vertes, les actions de

préventions de crise ainsi que« la prise en compte des attentes des parties prenantes et la

valorisation des actions environnementales auprès de ces dernières peuvent déboucher sur des

gains économiques significatifs » (Boiral, 2005, p. 181). L’entreprise a donc tout intérêt à

communiquer sur ses agissements.

En guise d’exemple, et à l’échelle locale, le maire d’une municipalité a pour obligation de

présenter annuellement un rapport sur le coût de la gestion des déchets ménagers. Par ailleurs,

en France, Adelphe et EcoEmballage1 doivent sensibiliser les citoyens et les former au tri

sélectif.

3. Le principe de traçabilité

La traçabilité revient à identifier un produit et à reconstituer son parcours dans le circuit,

depuis sa production jusqu’à son élimination, dans le but de dépister les dangers et leurs

causes. Appliqué aux déchets industriels, le principe de traçabilité se matérialise au moyen

d’un « bordereau de suivi des déchets » qui précise la provenance, les spécificités, la

destination et les moyens de collecte, de transport, de stockage et d’élimination du produit. A

l’échelle de l’écologie industrielle, ce principe se traduit par l’analyse de cycle de vie du

produit en vu d’améliorer les processus de fabrication ou les caractéristiques même du

produit.

Les trois principes ci-dessus tendent à responsabiliser les gestionnaires, mais aussi les

citoyens, afin d’arriver à une responsabilité globale. Toutefois, l’atteinte d’une conduite

écologique passe nécessairement par l’action et l’engagement : la troisième théorie.

1 Adelphe est la société agréée par les pouvoirs publics français pour la valorisation des déchets d’emballagesménagers. EcoEmballage organise, supervise et accompagne le tri des emballages ménagers.

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C. La théorie d’action

Il est capital que tous les agents économiques (entreprises et ménages) agissent à leur échelle

et en fonction des pouvoirs qui leurs sont conférés. Ainsi, un certain nombre de principes

doivent organiser leurs actions :

1. Le principe de solidarité

Ce premier principe se justifie par la définition même du développement durable qui suppose

une répartition équitable des ressources

« La liberté exige, en contrepartie, la solidarité : l’abus de liberté se fait au

détriment d’autrui » (ABC communautaire dans Gouilliard & Legendre, 2003, p. 58).

D’après cette définition, la solidarité se traduit par une répartition uniforme et équitable des

avantages et des inconvénients. Au niveau mondial, il s’agit de prendre en compte avec plus

de justesse les pays du Sud et la lutte contre la pauvreté. A l’échelle locale, il s’agit de trouver

des moyens de développement s’appuyant sur des ressources existantes.

Intervient alors le concept de développement durable et la question d’éthique sociale et

d’équité intra/inter générationnelle, puisqu’en l’absence d’une distribution équitable des

ressources, l’objectif de durabilité ne pourra être atteint. Ce dernier point met en évidence les

problèmes pratiques de la mise en œuvre de l’écologie industrielle comme peuvent le

souligner certains auteurs (Hartwick, 19771). En effet, l’application des principes d’écologie

industrielle dans les pays en développement s’avère indispensable pour créer des conditions

de production et de consommation viables. Cependant, comme le souligne J. M. Severino,

« ce sont les acteurs économiques du Nord qui font vivre ce mouvement, alors que les plus

grands enjeux sociaux et environnementaux de demain sont au Sud » (Severino, 2005, p. 5).

Par ailleurs, il est à noter que le sujet fait débat en ce qui concerne la perception d’une telle

approche par les acteurs locaux : difficulté éthique, coût prohibitif pour des « acteurs fragiles

aux carences technologiques importantes »2. De ce fait, de tels principes peuvent être perçus

comme une « arme protectionniste », « une barrière commerciale (…) dont le résultat est de

freiner l'investissement et l'emploi dans les PED » (Severino, 2005, p. 5). Ainsi, selon

1 Hartwick, 1977, cité par Hung, 2005.2 Le coût d’une certification est considérable : jusqu'à 20 000 dollars pour un audit environnemental (Severino,2005).

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Tranchant et al. (2004), il serait recommandé d’intégrer, dans un premier temps, les principes

de l’écologie industrielle dans des programmes ciblant des domaines clés de l’économie tels

que l’agriculture, l’énergie et la gestion des déchets. Cependant, un manque de sensibilisation,

de personnel qualifié et de collaboration entre les rares experts locaux dans cette discipline

rend la concrétisation du concept difficile. Par conséquent, il serait judicieux de prévaloir les

aspects sociaux, culturels, institutionnels et politiques plutôt que les aspects techniques

(Tranchant et al., 2004) et développer des aides internationales pour réduire les coûts

engendrés.

2. Les principes de participation et de subsidiarité

A l’échelle « macro », les Etats et les collectivités locales doivent « inévitablement »

s’engager, afin de minimiser leurs pollutions qui ont un impact sur la terre entière. Le

protocole de Kyoto illustre bien ce principe. A l’échelle « micro », des programmes d’actions

doivent être opérés et la population doit être consultée. Enfin, de manière à ce que la prise de

décision soit la plus proche possible des citoyens, elle doit être prise par les acteurs les plus

compétents. Ainsi, dans les domaines qui ne peuvent être régis par une action communautaire,

les Etats devront exercer leurs droits.

Comme le souligne Erdmenger (2003), les achats publics sont un outil important dans la

réalisation d'objectifs de politique autre que la défense ; alors pourquoi ne pas les utiliser

comme un outil de défense environnementale ?

“Local authorities have immense purchasing power. (…)Should they place their muscle

in buying sustainability, and in investing their pension funds in sustainable corporations

and activities, they would move the planet towards health, security and improved

environmental welfare” (Professor Tim O’Riordan1).

Cependant, pour la grande majorité des pays et des villes, le potentiel d’achats « verts » par

les autorités publiques reste malheureusement inexploité. Barth & Fischer (Erdmenger, 2003)

recommandent aux directives européennes d’intégrer les considérations environnementales de

façon plus fréquente. De plus, l’achat « vert » des autorités publiques peut supporter le

développement de produits innovants, par la création de la demande ou peut encourager les

1 Professor Tim O’Riordan: School of Environmental Sciences, UEA, Norwich. Citation disponible sur àl’adresse suivante: http://www.greenleaf-publishing.com/catalogue/buying.htm, consultée le 23/02/2006.

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fournisseurs à innover. Ainsi, en Allemagne, les villes ont réduit le prix de l’énergie solaire

sur le marché en les achetant pour leurs piscines municipales. Selon ces mêmes auteurs, si

l’on prend en considération l’élargissement de l’Union Européenne et l’émergence rapide des

pays de l’Est et d’Europe Centrale, il existe un grand potentiel pouvant influencer le

développement des achats « verts ».

Certains iront dire que ces principes peuvent « freiner l’activité économique, soit par un

encadrement trop strict, soit au contraire par la création d’obligations nouvelles » qui aurait

pour conséquence de dissuader les investisseurs. Alors que d’autres argumentent que, dans la

mesure où « ces principes figurent dans le code de l’environnement, [ils doivent donc] être

inscrits dans les lois environnementales » (Viel, 2003, p. 8 ; Gouilliard et Legendre, 2003,

p.53). Etre conscient de la théorie et des principes existants est une chose ; les adopter et faire

en sorte que tout le monde partage ces valeurs en est une autre. Ce dernier point est pourtant

essentiel à la réussite d’une politique environnementale. En effet, les transformations dans le

cycle de production et des déchets ne doivent pas seulement être technologiques ; tous les

agents doivent être mobilisés et apprendre à réduire leur production de résidus. Par ailleurs,

ces modifications ne doivent pas être perçues comme une contrainte, mais bel et bien comme

une opportunité, un moyen de se démarquer de ses concurrents. La partie suivante tentera, une

fois de plus, de persuader les organisations (et donc les gestionnaires) de l’importance

d’intégrer au quotidien une telle ligne de conduite.

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II. INTEGRER LA VARIABLE « ECOLOGIE » AUX FONCTIONS DE

L’ENTREPRISE

Les pratiques de l’écologie industrielle peuvent se concrétiser de façons multiples et les

principes s’y référents sont nombreux. Par ailleurs, les entreprises ont souvent pour objectif

premier de saisir des opportunités d’affaires et leurs gestionnaires à réfléchir en termes de

profits. En effet, ces derniers sont souvent réticents à investir dans un système de gestion

environnementale pensant que les retombées seront tardives et difficilement mesurables. Les

points qui vont suivre réfuteront cet argument.

A. L’Ecologie Industrielle comme source de profit

Les initiatives de traitement des déchets sont multiples. Le recyclage constitue une solution

parmi d’autres, mais bien qu’il soit en progression constante, il est désormais distancé par la

croissance de la production de déchets. Cette méthode peut certes contribuer à stabiliser et/ou

diminuer les flux de matières, elle n’en décroît pas forcément la production.

Par ailleurs, certains pensent que le recyclage, sous sa forme actuelle, est une activité

polluante, consommant beaucoup d’énergie et dissipant de nombreuses substances dans

l’environnement. Effectivement, le recyclage ne préserve les ressources que s’il remplace

l’usage de matière neuve ; il ne protège l’environnement que si son impact sur

l’environnement est moindre que la production de la matière première. Il faut également

prendre en considération que la matière neuve ne se remplace pas si facilement (ex : les

plastiques, qui sont le résultat de divers mélanges de résines, requièrent la séparation de

chaque élément). De plus, si l’on considère les déchets comme une matière première, il faut

tenir compte du fait que celle-ci soit en compétition avec la matière nouvelle. D’autre part,

l’idée peu paraître commune, mais l’économie actuelle a tendance à encourager « et même à

imposer l’usage de produits neufs et de substances vierges » (Erkman, 1998, p. 81). Peu

d’entreprises considèrent leurs déchets comme des richesses gaspillées. Trop souvent le

recyclage est plus une excuse environnementale face au gaspillage qu’une véritable solution.

En conséquence, l’objectif n’est pas d’augmenter le volume des déchets à recycler, mais de

réduire le volume de déchets produits. Devant de telles considérations, il est désormais

nécessaire de convaincre les producteurs qu'un produit recyclable puisse, à terme, devenir une

matière première secondaire et non un déchet à détruire, en d’autres termes :

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- Travailler dès la conception sur un produit dont les matières pourront être valorisables

et en évitant la destruction systématique et onéreuse des déchets ;

- Transformer les résidus des activités humaines pour les réinsérer dans un circuit

économique ou les restituer à la nature de la façon la moins dommageable.

Si certaines entreprises ont déjà de telles valeurs, il est à noter que ces attitudes « vertes »

n’ont pas été mises en œuvre à des fins strictement environnementales. En effet, les initiatives

s’inscrivant dans une logique d’écologie industrielle sont avant tout une réponse logique à des

impératifs stratégiques (productivité, compétitivité). Boiral & Kabongo (2004, p.187) ont

souligné le fait que : « l’écologie industrielle ne semble avoir d’intérêt (…), que par rapport

aux opportunités de profit qu’elle est susceptible d’engendrer et non en tant que pratique

innovante à vocation environnementale ». Dès lors, les actions réalisées résultent, non pas

d’une volonté d’appliquer des principes environnementaux, mais du fait que ces activités sont

un moyen d’améliorer la productivité et la compétitivité de l’entreprise : « cette perspective

win-win est souvent appelée l’hypothèse de Porter » (Boiral, 2005b, p. 168). Cette dernière

conteste le postulat selon lequel les dépenses environnementales alourdissent les charges de

l’entreprise, et affirme au contraire que ces investissements stimulent et tendent à « améliorer

la position concurrentielle des firmes les moins polluantes sur les marchés internationaux »

(Boiral, 2005b, p. 169). En conséquence, l’adoption de considérations environnementales par

les firmes devrait être encouragée par les autorités publiques et les gestionnaires qui verraient

là un moyen d’améliorer leur productivité d’une manière plus « écologique ».

Néanmoins, les entreprises restent encore relativement insensibles à cette théorie même si leur

métier est en rapport direct avec la récupération et la valorisation de matières résiduelles

(Boiral & Kabongo, 2004). Elles ont tendance à négliger la valorisation des déchets comme

ressources en n’y voyant pas toujours une richesse. Dans la même lignée, King & Lenox font

le postulat suivant : “The more a firm prevents waste, the higher its financial performance

(…). The less a firm treats waste onsite, the higher its financial performance” (King & Lenox,

2002, p. 291).

Comme le déclare Hawken, « nous devons nous soumettre à l’idée que les déchets sont des

ressources et éliminer la notion de déchet de notre système de production industrielle » (dans

Boiral & Kabongo, 2004, p.175). Les actions environnementales des entreprises réduisent les

impacts environnementaux et sont, par conséquent, sources d’opportunités pour les

entreprises qui peuvent ainsi améliorer leur positionnement concurrentiel. Dès lors, elles

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peuvent se positionner durablement sur les marchés grâce à leurs savoir-faire, déboucher sur

des innovations technologiques, améliorer leur image de marque, réduire leur consommation

d’énergies et de matières… (Persais, 2002 ; Boiral, 2005b). Par ailleurs, la mise en œuvre

d’une stratégie pro environnementale, tend à stimuler l’émergence de solutions innovantes,

qui sont autant d’atouts dans un contexte hyper concurrentiel. En guise d’exemple,

l’entreprise BMW, grâce à une conception adaptée de ses véhicules, permettant un processus

efficient de désassemblage pour le recyclage, a bénéficié d’une avance par rapport à ses

concurrents. Il en découle, selon Persais (2002), une modification du fonctionnement de

l’organisation permettant à l’entreprise d’acquérir des compétences1 organisationnelles faisant

naître une culture du changement. Ainsi, comme le souligne Hart : une stratégie basée sur une

relation harmonieuse entre l’entreprise et l’environnement peut déboucher sur un avantage

concurrentiel durable (in Persais, 2002). Les entreprises ont donc tout intérêt à considérer

cette dimension dans la mesure où, la préoccupation environnementale des citoyens se

renforce et, que les règlementations deviennent de plus en plus sévères. Par ailleurs,

l’acquisition de savoir-faire dans la conduite de systèmes productifs (maîtrise des dispositifs

de sécurité et de prévention) permet à l’entreprise de diminuer les risques environnementaux.

Selon Persais (2002), la théorie de l’avantage compétitif basé sur la relation entre l’entreprise

et l’environnement repose sur : la prévention de la pollution, la reconnaissance de

responsabilité vis-à-vis du produit - tout au long de son cycle de vie et, sur l’intégration du

concept de développement durable (Cf. les différentes théories et principes développés en I).

Par la mise en œuvre d’une stratégie durable, l’entreprise participe activement au

développement de la société tout en préservant les écosystèmes naturels. Cette démarche

« éthique » tend à renforcer l’image de marque de l’entreprise et constitue un véritable atout

économique dans la mesure où les consommateurs et les investisseurs sont de plus en plus

sensibles aux questions environnementales. Le groupe Ikea, par exemple, n’hésite pas à

écarter des appels d’offres si les fabricants de meubles ne sont pas capables de fournir les

informations relatives à leur politique environnementale.

1 Selon Persais (2002), les compétences correspondent à des aptitudes au niveau de l’organisation issues del’association de ressources complémentaires et d’une bonne coordination. Difficilement imitable par sa natureintangible, une compétence sera considérée comme « stratégique » si elle est indispensable à l’activité de l’entreprise, c'est-à-dire si elle est rare et transversale à la chaîne de valeur. Quant à elle, l’expression « corecompetence » traduit la dimension stratégique d’une compétence clé, c'est-à-dire son aptitude à influencer le devenir de la firme.

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Toutefois, selon Boiral (2005b), la corrélation entre les actions environnementales et la

productivité reste très controversée en raison de la complexité des enjeux environnementaux

et des analyses coûts-bénéfices peu objectives (bénéfices difficilement quantifiables). King &

Lenox (2001), vont même jusqu’à souligner qu’il n’est aucunement prouvé que les entreprises

qui se dirigent vers des secteurs plus propres améliorent leur performance financière. Dans le

même ordre d’idées, Walley & Whitebread (1994), préfèrent préconiser une maximisation de

l’efficience et de l’efficacité des dépenses en matières environnementales, plutôt que de parler

d’approche win-win. Selon ces derniers auteurs, l’approche prônée par Porter ne donne que

des solutions « magiques », alors qu’en réalité, les entreprises font face à des problèmes

environnementaux de plus en plus complexes, et qui leur coûtent de plus en plus cher. En

effet, du fait de législations de plus en plus restrictives, les situations win-win se font de plus

en plus rares. De ce fait, il est préférable, selon Walley & Whitebread (1994) d’adopter une

vision centrée sur la valeur, c'est-à-dire, définir les actions environnementales en fonction de

leur impact sur la valeur de l’entreprise et identifier l’ensemble des actions possibles.

Toutefois, il ne faut pas reculer devant de tels propos ; la coopération entre les acteurs peut

effectivement faciliter les démarches.

B. Coopérer

La mise en œuvre de politiques environnementales peut être facilitée lorsque les coûts

afférents sont répartis et les risques associés, partagés entre plusieurs entreprises ou lorsque

des transferts de connaissances sont opérés.

L'originalité de l’écologie industrielle, par rapport aux autres outils classiques de gestion

environnementale (recyclage, dépollution, technologies propres, etc.), réside dans sa

mobilisation multidisciplinaire. En effet, l’écologie industrielle est capable de combiner des

approches sectorielles et transversales en développant : des politiques de développement, des

parcs éco-industriels, de nouvelles formes de partenariat, etc., et ce, à l’échelle de la filière ou

de groupements d'industries. Ainsi, comme le proposent Boiral & Jolly (1997) : pour relever

le défi environnemental, les entreprises ont tout intérêt à coopérer sous forme d’alliance ou de

collaboration. Des relations étroites doivent donc s’établir entre les industriels et les

gestionnaires de déchets, afin que la fabrication et l'élimination des produits génèrent le moins

de résidus possible. La mise en œuvre de telles structures traduit, en quelque sorte, une

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volonté grandissante des entreprises d’apparaître comme des acteurs sociaux responsables. De

plus, en raison du coût et de la globalité des enjeux environnementaux, tout laisse à penser

que les alliances et les collaborations sont appelées à se développer.

La coopération n’est pas la seule solution pour faciliter le défi environnemental ; les

ingénieurs doivent également travailler sur une conception du produit qui intègre la variable

écologie tout au long de son cycle de vie.

C. Optimiser la conception des produits

En 1991, une étude menée par l’université de Carnegie Mellon (Graedel & Allenby, 1995) a

estimé qu’en 2005, quelques 150 millions d’ordinateurs obsolètes, sans aucune matière

facilement recyclable, seront mis au rebut. Si l’on considère toutes les autres machines,

réfrigérateurs et tout autres produits actuellement en utilisation, et non conçus pour le

recyclage, le stock de matières potentiellement irrécupérables est énorme. Il est donc crucial

pour la viabilité de nos sociétés de recourir à un design prenant en considération le recyclage

des matières en fin de vie du produit (Graedel & Allenby, 1995).

En effet, les produits et processus industriels qui sont fabriqués de nos jours dicteront, au-delà

des dix prochaines années, la plupart des interactions entre l’industrie et l’environnement. Il

est donc fondamental qu’ils soient conçus par des ingénieurs qui prennent davantage en

compte les interactions futures entre l’industrie et l’environnement (Opoku, 2004). A cet

effet, l’écologie industrielle est un cadre stratégique pouvant guider le développement de

politiques de produit et leur conception. En regardant le système économique/écologique

comme un tout, cette discipline offre une définition solide de l’éco-efficience (produire plus

de valeur avec moins d’impacts environnementaux) (Ehrenfeld, 1997).

Une raison supplémentaire pour que les industries adoptent de tels principes, est la tendance

des gouvernements et des consommateurs d’exiger ou d’avoir des préférences pour des

produits qui incorporent la philosophie d’une telle démarche. En guise d’exemple, le

gouvernement américain exige que toutes ses agences achètent des produits fabriqués à partir

de matières recyclées et encourage les fournisseurs à participer à des programmes de

valorisation des déchets (Graedel & Allenby, 1995).

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1. Optimiser la conception des processus de fabrication et des produits

Même si les produits n’ont pas été conçus à l’origine avec des caractéristiques d’utilisation

optimales, une nouvelle conception est envisageable et doit être implantée si l’opportunité se

présente. Il est alors possible, et indispensable, de travailler en amont avec les industriels, dès

la conception des produits pour anticiper et minimiser la génération de résidus durant leur

durée de vie d’utilisation, et mieux les valoriser (Graedel & Allenby, 1995). Selon Erkman

(1998, p. 82), « la priorité devrait aller au design de produits conçus dès le départ pour être

intégralement recyclés, de préférence à l’approche end-of-pipe, qui chercherait à résoudre ce

problème (…) en perfectionnant les seules techniques de recyclage ». En effet, la politique de

conception des produits joue un rôle central sur les flux de matières dans l’environnement.

Auparavant, les designers avaient pour unique et étroit critère de performance, la satisfaction

du consommateur. Ajouter le contexte écologique, via les cycles de vie, leur permet de voir

au-delà (Ehrenfeld, 1997).

Selon Ehrenfeld (1997), le design est une série d’actions prises afin de transformer les

activités quotidiennes, peu satisfaisantes, en une série d’actions modifiant la structure actuelle

et dans la direction désirée : nouvelles technologies, structures organisationnelle, compétences

humaines. En conséquence, les designers doivent être conscients des erreurs de direction

(passées et donc présentes), et doivent s’engager à modifier ce contexte. En d’autres termes, le

design peut, à la fois modifier l’utilisation du produit, de manière à ce qu’elle soit en

harmonie avec l’environnement et, modifier les produits de manière à les rendre plus

recyclables une fois leur fin de vie utile. Exemple de modification simple à accomplir :

ajouter des symboles d’identification des standards d’ISO qui permettent une identification

plus facile, aidant au recyclage (Graedel & Allenby, 1995).

A cet effet, la notion de cycle de vie offre à l’entreprise un outil d’analyse et de planification

et le transpose au produit écologique (Frois, 1997) :

- Durant la phase de lancement, l’entreprise devra choisir ses matériaux en prenant soin

d’en réduire les quantités et en définissant une nomenclature attentive à l’environnement ;

- Lors de la phase de croissance (ou de fabrication du produit), l’unité de production ne

devra utiliser que des procédés non polluants et économe en énergie ;

- Durant la phase de maturité (et donc de consommation du produit), l’entreprise devra

veiller à ne pas occasionner d’impacts environnementaux ;

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- Enfin, lors de la phase de déclin (ou de destruction), l’entreprise devra récupérer,

réutiliser et recycler ses produits (les trois R).

L’enjeux du cycle de vie écologique est d’utiliser des procédés non polluants et économes en

énergie permettant une diminution des coûts, et donc, une augmentation des profits.

L’emphase doit être mise sur la phase de déclin (permettant une fermeture de la boucle), qui

était, jusque là, mis de côté par l’économie. Selon Frois (1997), les dépenses occasionnées par

de tels changements devront être perçues comme un investissement.

Pour ce qui a trait aux processus de fabrication, nombre d’entre eux produisent des déchets

solides dont la plupart résultent du processus lui-même, ou du design de la machine (Graedel

& Allenby, 1995). Si un déchet est généré, et particulièrement, s’il est mis au rebut, alors il

viole un des principes fondamental de l’écologie industrielle, à savoir : toutes les molécules

entrant dans une installation de fabrication doivent, le maximum possible, quitter cette

installation en tant que produit vendable. En conséquence, le processus des flux de déchets

doit être conçu en vu de faciliter la valorisation et le recyclage. L’objectif consiste donc à

dessiner des machines, des matières et des produits, de telle manière que la fabrication de

résidus peut être réutilisée, ou dans l’installation ou transférée dans une autre installation (en

pratique, un grand pourcentage de ces « déchets ponctuels » est recyclé dans l’installation où

ils ont été générés). Selon Graedel & Allenby (1995), la re-conception de process et la

substitution de matières nécessitent d’être considérés, et le recyclage de toutes les matières

étrangères, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’installation, doit être l’objectif

principal pour le designer de process.

Les efforts de recherche et de développement de nouveaux produits doivent donc être axés sur

plusieurs aspects :

- Le produit, dès sa fabrication, durant son utilisation et lors de son élimination, ne doit

pas accroître la quantité et la toxicité des déchets, et les risques de pollution ;

- Les nouveaux procédés de fabrication doivent engendrer moins de déchets et de

polluants ;

- Le développement de techniques de traitement et de valorisation doit être plus

écologique.

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 98

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Le point suivant s’attardera davantage sur le design idéal que chercheront à transposer les

entreprises lors de la conception de leurs produits.

2. Les objectifs du design en vue du recyclage (designing for recycling)1

Le concept de l’écologie industrielle apporte beaucoup d’importance à la cyclisation des

matières à leurs niveaux les plus purs et utiles. Par conséquent, il est important, pour recycler

une matière en particulier, de la dégrader le moins possible, afin d’éviter de perdre ses utilités.

Le design idéal permet la rénovation et l’amélioration du produit, en changeant un faible

nombre d’assemblages et en recyclant ceux qui ont été remplacés. La meilleure solution est

un design qui nécessite le remplacement du produit tout en permettant, à la plupart des sous-

ensembles, d’être récupérés et recyclés en de nouveaux produits. A contrario, la solution à

éviter consiste à séparer les matières du produit (lors de la récupération) et à injecter de

nouvelles matières ou de l’énergie à l’intérieur du flux industriel : l’élimination du produit,

sans possibilité de le recycler, n’est pas une alternative acceptable selon les principes de

l’écologie industrielle.

Un autre objectif pour la conception d’un produit consiste à éviter d’utiliser des matières

toxiques. En effet, l’extraction, la fabrication et la dissémination de ces matières, durant les

processus industriels, joue un rôle important dans le recyclage du produit, puisque la présence

de matières toxiques est un obstacle au désassemblage et à la réutilisation éventuelle. En

conséquence, lorsque des matières toxiques sont utilisées dans la fabrication d’un produit,

elles doivent être facilement identifiables et les composants qu’elles contiennent doivent

pouvoir être facilement séparables (comme le cadmium, le mercure et le nickel contenus dans

des batteries).

Par ailleurs, nous l’avons vu, une autre considération importante est de minimiser le nombre

de matières différentes et le nombre de composants utilisés. Ainsi, à chaque fois qu’un

designer utilise différents ensembles de matières, il doit expliquer leurs modes de séparation

afin d’éviter une perte de temps, dans la mesure où les coûts de main d’œuvre sont une

barrière importante au recyclage. Une manière d’appliquer ceci consiste à minimiser

1 Selon Graedel & Allenby (1995).

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 99

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l’emballage des produits, d’utiliser le moins possible de matières dans l’emballage et, si

possible, d’encourager les clients à retourner l’emballage1.

Selon Peck (2003), la seule solution pour que l'humanité maintienne une croissance

économique et réduise les impacts environnementaux, nécessite que l’augmentation des flux

de services finaux soit générée à partir d’un flux décroissant d’intrants non renouvelables.

Ainsi, pour réaliser cela de manière durable, il doit y avoir une combinaison de

dématérialisation des produits combinée à une augmentation du recyclage des matières non

renouvelables. Différentes approches sont alors possibles. Il est possible de prolonger la durée

de vie du produit tout en permettant une réduction de consommation des matières. Mais

encore, d’améliorer le design pour obtenir un produit plus léger avec des matières

semblables : pour cela l’analyse du cycle de vie peut être nécessaire afin de prouver l’ampleur

du changement. Par exemple, l’essieu arrière (d’une voiture) en aluminium plus léger peut

avoir besoin d’une masse métallique inférieure à son équivalent en acier ; toutefois la

production d’aluminium vierge consomme plus de ressources. De ce fait, l’avantage

environnemental dépend de l’usage du véhicule qui, plus léger, consomme moins de carburant

et donc réduit toutes les ressources relatives à la consommation associées à ce composant.

Les trois points traités ci-dessus aboutissent à la conclusion suivante. Il est indispensable que

les industriels travaillent en amont, dès la conception des produits pour anticiper et minimiser

la génération de résidus durant leur durée de vie d’utilisation. Par ailleurs, suite à une telle

conduite, la fonction marketing devra user de son pouvoir de communication et jouer sur les

attributs du produit auprès de ses consommateurs pour inciter l’achat de produits « verts ».

D. Le marketing écologique

Les différentes activités de récupération et de valorisation reflètent l’engagement de

l’entreprise, voire son caractère avant-gardiste, pour soutenir la cause environnementale.

Ainsi, en éliminant les gaz C.F.C. des aérosols, les phosphates des lessives, le mercure des

1 Le recyclage des emballages par les fournisseurs peut prendre différentes formes. Dans le cas de produitsliquides qui arrivent en bouteilles ou en tonneaux, les containers peuvent être retournés après usage, aplatis, ouencore mieux, remplis avec des produits chimiques pour être recyclés par les fournisseurs. Pour les emballagessolides, incluant les boites, les palettes en bois, les enveloppes en plastique, les mousses de rembourrage, lescarcasses en métal et toutes autres matières, il est impératif que les entreprises travaillent avec leurs fournisseurspour minimiser et recycler ces matières (Graedel & Allenby, 1995).

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 100

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piles, les solvants des peintures, etc., les entreprise prouvent, via des écobilans, que leurs

consommations d’énergie diminue et se constituent une image écologique (Frois, 1997).

Selon les représentants des parcs éco-industriels interrogés dans l’étude de Deutz & Gibbs

(2004), le thème de l’écologie pourrait être un élément attractif pour les clients. Ainsi, certains

parcs (Devens, Londonderry et Cape Charles) ont développé des publicités autour des

principes de l’écologie industrielle. Cependant, petite anecdote, ces publicités ont été plus

attractives pour les financements publics en provenance de comtés extérieurs que pour les

investisseurs locaux (Deutz & Gibbs, 2004).

Les désirs des consommateurs et les pressions concurrentielles sont incorporés de manière

efficace dans les systèmes industriels de prise de décision. Néanmoins, les intérêts et les

informations des scientifiques environnementaux, des ONG et des individus, ne sont entendus

que partiellement (Graedel & Allenby, 1995). Reste à savoir comment ces flux d’informations

peuvent être utilisés pour promouvoir l’écologie industrielle. La technique de promotion la

plus efficace serait d’écouter les préférences des consommateurs qui deviennent de plus en

plus exigeants environnementalement parlant. Désormais, les désirs des consommateurs

envers des produits manufacturés épousant les directives de l’écologie industrielle incitent

fortement les entreprises à produire ce type de produits. De ce fait, puisque les

consommateurs peuvent influencer leurs demandes auprès des entreprises, ces dernières

peuvent exiger la même chose envers leurs fournisseurs. L’inverse est également vrai : les

entreprises ont le pouvoir d’agir en profondeur sur les attitudes des consommateurs puisque

les marques font partie de leur mode de vie. Elles peuvent donc communiquer dans l’objectif

d’informer ces derniers, afin qu’ils modifient leurs comportements.

Le mix écologique unit la fonction marketing à l’écologie

Le terme « marketing écologique » réunit les notions de système écologique et de politique

marketing. Si le premier revendique des ressources renouvelables et un développement

durable basé sur une boucle fermée - de la conception à la destruction ; le deuxième ignore la

fin du cycle de vie du produit et s’intéresse essentiellement aux phases de production et de

consommation.

Sous peine d’être sanctionnée, l’entreprise se voit contrainte d’offrir, via son marketing-mix

(produit, prix, communication et distribution), des réponses satisfaisantes à ses

consommateurs. Elle doit consolider une image écologique et miser sur la durée. En effet, le

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 101

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développement d’un mode de consommation « vert » et son élargissement à certaines

catégories socio professionnelles de la population, illustre la volonté des citoyens de se servir

de leurs comportements d’achat pour soutenir la cause environnementale. En conséquence, la

prise en compte des facteurs écologiques devient un élément déterminant pour la

compétitivité et le développement des entreprises qui ne veulent plus voir leur marque

associée à la pollution (Persais, 2002). Assurément, la pollution peut être un frein pour les

clients, qui auront une réticence à acheter un produit qui pollue. Par ailleurs, une marque

associée à la pollution occasionne rapidement une image négative (Frois, 1997) ; il est donc

impératif que les firmes investissent dans la communication pour rassurer leur entourage.

Selon Boiral, « la prise en compte des parties prenantes dépend de compétences relationnelles

et de politiques marketing qui ont un caractère discrétionnaire » (Boiral, 2005, p. 181). Il est

donc du ressort des entreprises de développer des compétences en marketing pour écouter le

marché et connaître les besoins et les attentes des consommateurs. La fonction marketing sera

alors chargée de communiquer sur la sensibilité écologique et promouvra l’image d’une

entreprise respectueuse de l’environnement (Frois, 1997). Dès lors, le positionnement

commercial misera sur l’attribut écologique du produit, élaboré à partir de matières recyclées,

permettant ainsi de se démarquer face à la concurrence (Boiral et Kabongo, 2004).

Par ailleurs, les entreprises auront besoin de compétences stratégiques et commerciales pour

développer la filière et la commercialisation de produits élaborés à partir de déchets (Boiral et

Kabongo, 2004). Elles devront donc constituer des équipes commerciales chargées, entre

autres, d’expliquer la composition, le mode de stockage et de transport des déchets, mais aussi

d’assurer un approvisionnement régulier et de qualité.

Un lien écologique est donc établi entre les différentes fonctions de l’entreprise. Ainsi, la

fonction marketing sera chargée de répertorier les attentes des consommateurs et de leur

communiquer la politique écologique de l’entreprise. La fonction fabrication adaptera ses

processus de production en fonction des attentes des consommateurs (si une matière engendre

un impact négatif sur l’environnement, elle sera remplacée). Quant à la fonction recherche et

développement, elle étudiera les modifications à apporter sur les produits et les procédés en

s’inspirant des cycles de vie du produit (Cf. partie sur l’éco-conception). Lors des deux

dernières phases, les ingénieurs sont habilités à sélectionner des matières respectueuses de

l’environnement, allant de leur extraction à leur valorisation en fin de vie. Ainsi, en fonction

des informations communiquées par le service marketing, ils pourront privilégier une

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 102

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approche « monomatériau » qui aspire à résoudre la fin de cycle de vie des produits en vue de

faciliter leur tri et leur recyclage (Frois, 1997). Les emballages en polypropylène, par

exemples, permettent de globaliser dans une même matière le contenant, l’étiquetage et le

mode de fermeture, d’où un recyclage facile1.

Pour ce qui a trait au prix, les entreprises devront retenir une base économique et écologique.

Ce prix environnemental tiendra compte des charges issues des différentes phases du cycle de

vie écologique, tels que les coûts de recherche et de développement, les frais liés à une

fabrication attentive à l’environnement, et les coûts liés aux étapes de récupération et de

valorisation des déchets. Toutefois, les firmes peuvent se heurter à un problème lorsque le

prix d’un produit écologique dépasse celui d’un produit traditionnel ne respectant pas les

« normes » environnementales. Ces dernières devront donc se justifier pour que le marché

n’élimine pas leur produit. Néanmoins, selon Boyer et Poisson, « le surcoût écologique n’est

qu’un inconvénient à court terme : tout va concourir à le réduire ou à le transformer en

argument commercial » (Boyer et Poisson, 1992, p. 114). D’autre part, l’efficacité

environnementale (économies de ressources, de matériels) n’est d’aucune utilité si le produit

est finalement rejeté par le marché (mal positionné, etc.) et trop peu de partisans de l’écologie

industrielle prennent en considération ce fait, pourtant essentiel (Côté & Cohen-Rosenthal,

1998).

Par ailleurs, il est important de souligner que les entreprises ne retirent pas systématiquement

un bénéfice de leur attitude pro-environnementale, que ce soit d’un point de vue financier ou,

du point de vue de leur notoriété. En effet, l’opinion publique peut être sceptique vis-à-vis des

discours « écologiques » de certaines firmes, c’est la raison pour laquelle ces dernières ont

tendance à intégrer l’écologie comme une « norme interne de fonctionnement », pouvant

également servir d’argument commercial sur le marché international (Persais, 2002, p. 214).

L’auteur souligne également que seule une stratégie anticipative (axée sur la volonté

d’améliorer les produits dès la phase de conception) peut avoir des effets positifs sur

1 Il s’agit donc, pour l’entreprise de faire un choix. Soit elle continue à emprunter les mêmes matières polluantesau risque de se faire écarter du marché. C’est le cas par exemple du PVC qui est synonyme de dégradationenvironnementale. Pour cette raison, un pays comme l’Allemagne refuse d’importer les bouteilles d’eau minéralefrançaises, car lors de leur incinération, les PVC rejettent de l’acide chlorhydrique et de la dioxine. Soit, elle privilégie une approche « monomatériau », facilitant le recyclage et permettant de réaliser des gainséconomiques. Toutefois, selon Frois (1997), il est à souligner que si le PVC est vilipendé, il permet néanmoinsde réaliser des économies d’énergie1, de charges logistiques (transport, poids, volume dans les décharges) etévite le gaspillage de ressources végétales (forêt).

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 103

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l’innovation pouvant conduire l’entreprise à un avantage concurrentiel. En effet, une stratégie

réactive, c'est-à-dire basée sur le souci de diminuer les impacts négatifs, est insuffisante.

L’intégration de tels principes permet le développement de savoir-faire renforçant la position

concurrentielle de l’entreprise. « L’entreprise qui choisit d’adopter l’écologie comme un de

ses principaux axes de développement, met en œuvre des ressources et développe des

compétences dans les trois domaines que sont la technologie, l’organisation et la

communication » (Persais, 2002, p. 212). En conséquence, ce type de démarche est globale et

ne peut pas fonctionner si l’organisation est cloisonnée. Ces questions doivent faire partie

intégrante de la stratégie organisationnelle de l’entreprise. Néanmoins, bien que se concentrer

sur les flux physiques est important pour le développement durable, la théorie de l’écologie

industrielle doit également considérer la dimension humaine, c'est-à-dire concevoir que les

acteurs (entreprises, organisations, individus…) entraînent des flux (Ehrenfeld, 2000 ; Boons

& Roome, 2001 ; Korhonen et al., 2004). La dernière partie de cette étude s’attardera à

développer les impacts sur la gestion des ressources humaines d’une telle politique.

III. LA DIMENSION HUMAINE ET SOCIALE

Selon Boons & Roome (2001), les écosystèmes industriels ne sont pas simplement des

écologies. ; ils sont conduits et guidés par les humains à travers leurs actions. En d’autres

termes: “Industrial ecologies are, therefore, more precisely viewed as human ecologies”

(Boons & Roome, dans Korhonen et al., 2004, p. 292). En effet, la seule analyse descriptive

du métabolisme industriel, et de ses effets sur les écosystèmes, est inadéquate pour atteindre

un réel changement de pratiques vers le développement durable. Les outils analytiques de

l’écologie industrielle peuvent fournir des inventaires sur la situation présente des flux

matériels et énergétiques, ou des scénarios illustrant les visions futures souhaitées. Cependant,

selon Korhonen et al. (2004), le changement actuel vers ces futures visions et le mouvement

vers une situation plus durable n’arriveront pas sans comprendre et influencer les

comportements humains, et nécessiteront la formation de mesures concrètes, implantées dans

les pratiques des décideurs, des entreprises et des individus.

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 104

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Dans le même ordre d’idées, pour Reverdy la mise en place d’un système de management

environnemental ne sera bénéfique que « si les acteurs sont capables de lui donner un sens, et

de construire des dispositifs de management appropriés et acceptables » (Reverdy, 2005, p.

203). Par ailleurs, Boiral et Kabongo vont employer l’expression « management des savoirs »

pour illustrer le « processus d’acquisition, de diffusion et de production de connaissances

permettant à une organisation de s’adapter collectivement aux changements de

l’environnement et de promouvoir de nouvelles pratiques » (Boiral et Kabongo, 2004, p.177).

Ainsi, il apparaît évident que l’entreprise doit être proactive et mette en place un système de

veille réglementaire analysant les réglementations environnementales au stade de leur

élaboration, pour s’y conformer avant leur entrée en application. Selon Frois (1997), la

création d’un service Environnement n’a pas seulement pour objectif de réaliser des contrôles

et de diminuer les nuisances, mais également d’être proactif. Il doit démontrer « la volonté de

l’entreprise à concilier économie et écologie » (Frois, 1997, p.128). L’entreprise doit pouvoir

anticiper les évolutions et trouver des solutions technologiques innovantes qui tiennent

compte des contraintes environnementales, économiques et socioculturelles. Cette démarche

préventive peut se traduire, par des aspects techniques (installation d’équipements

performants) mais surtout, par des aspects humains comme la formation du personnel et la

responsabilisation (dans le but d’avoir de bonnes habitudes de production) et l’implication de

la direction. Pour mettre en œuvre une telle politique de gestion, l’analyse suivante s’appuie

sur le modèle « PODC » de Fayol : Planifier, Organiser, Diriger et Contrôler.

A. La direction

La première composante du modèle étudiée sera l’action de « Diriger », et dans ce cas précis,

diriger selon une politique environnementale. Pour se faire, l’implication des hauts dirigeants

doit être maximale afin d’atteindre une meilleure performance environnementale. Ces derniers

doivent prendre des engagements en fonction des principes de prévention qu’ils ont fixés et de

l’obtention d’améliorations continues de la réglementation : les points clés de la philosophie

de l’entreprise (Boiral, 2005). « De façon plus générale, les questions environnementales et

les performances dans ce domaine doivent être considérées comme une composante

essentielle de l’évaluation de l’efficacité des dirigeants et des entreprises » (Boiral, 2005b,

p.181).

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 105

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En outre, il est important que la direction affirme ses objectifs au travers d’une politique de

communication diffuse. Celle ci peut être réalisée en interne, entre les différents niveaux et les

différentes fonctions de l’entreprise par publications de rapports, de journaux, etc. ; et en

externe, en rendant ces mêmes publications disponibles au public.

Par ailleurs, les actionnaires ne doivent pas simplement inclure des membres standard mais

également des ONG qui se sentent concernées par des questions environnementales, comme

les déchets et la pollution. Désormais, les actionnaires se soucient davantage des critères extra

financiers dans leurs choix d’investissements. En effet, les ratios classiques financiers sont

dorénavant insuffisants pour anticiper les performances d’une entreprise. D’autres critères,

comme la cohérence sociale et la vision environnementale de l’entreprise, sont intégrés

puisqu’ils contribuent, à terme, à asseoir sa rentabilité. A ce sujet, l’indice de risque

« éthique », ou encore le développement d’agences de notations spécialisées, répondent aux

besoins d’informations des investisseurs, aussi bien dans des domaines sociaux,

qu’environnementaux.

Les firmes ont, dès lors, pris conscience de la nécessité d’avoir des comportements

responsables et acceptent l’idée d’un regard impartial sur leurs activités (Persais, 2002). La

production de déchets est davantage perçue par les actionnaires comme une manière

proactive de générer de nouveaux marchés pour les flux qui n’avaient auparavant pas de

valeur. Les initiatives de développement éco-industriel ne sont pas perçues comme le simple

moyen d’augmenter l’éco-efficience des entreprises participantes, mais aussi comme une base

pour une nouvelle forme de développement local et régional (Korhonen et al., 2004). En

considérant cette valeur, les déchets peuvent être une source d’affaires, d’opportunités et de

profit pour les entreprises (d’un écosystème industriel) qui coopèrent de manière proactive

avec leurs actionnaires rendant ainsi, la chaîne de valeur plus « verte (Korhonen et al., 2004 ;

Boiral & Kabongo, 2004).

Une fois la Direction de l’entreprise bien établie, la seconde action consiste à Planifier.

B. La planification

La planification consiste à définir les objectifs et les moyens de mise en œuvre de la politique

d’entreprise. Dans le cadre d’une politique environnementale, les rôles et les responsabilités

doivent être clairement définis afin de faciliter l’efficacité de la gestion. Parce que le

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 106

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conformisme peut mener à des comportements dangereux pour les humains ou pour

l’environnement, les employés travaillant sur des équipements automatisés doivent être

responsabilisés en raison des risques que peuvent représenter ces technologies (Boiral,

1998a). Dans le même ordre d’idées, « la flexibilité et les possibilités d’adaptation rapide au

changement de situation et à l’imprévu sont favorisées par l’autonomie conférée aux acteurs

considérés a priori comme des acteurs intelligents » (Avenier, 1993, p. 82).

D’autre part, il est important que la communication interne, entre les services et les autres

entités (filiales, partenaires, entreprises du réseau industriel…), soit efficace et productive. Il

est donc conseillé que l’expérience des entités soit partagée pour obtenir de meilleurs

résultats. En effet, le partage des connaissances est prépondérant dans la mesure où les

technologies actuelles sont de plus en plus poussées, et qu’une erreur humaine ou une

défaillance technique peuvent rapidement engendrer une catastrophe écologique et humaine.

Une fois que les rôles et responsabilités sont attribués aux différents acteurs, il convient

d’Organiser les opérations de l’entreprise. Pour être opérationnelle, l’entreprise devra, d’abord

et avant tout, former son personnel aux différentes tâches, mais aussi organiser les démarches

à effectuer en cas de crise.

C. L’organisation

1. La formation

Jusqu’ici, les travaux réalisés sur l’écologie industrielle se sont essentiellement basés sur

l’analyse des flux de la métaphore « écologique » et l’on observe un manque d’intégration de

ces recherches scientifiques aux études managériales. Pourtant, il serait pertinent d’identifier

les aires de recherches où l’écologie industrielle pourrait contribuer à développer davantage

d’études managériales et organisationnelles relatives à la gestion environnementale et au

développement durable. Une analyse critique du développement de l’écologie industrielle en

pratique pourrait fournir une base pour mieux comprendre le potentiel de ce concept et les

impacts sur les politiques managériales. Alors que les champs académiques semblent

proliférer sans fin, enseigner de nouveaux paradigmes dans les pratiques industrielles devient

beaucoup plus difficile. En effet, davantage de travaux sont exigés pour démontrer les

bénéfices qu’apporterait l’écologie industrielle dans le monde quotidien des affaires, que le

strict nécessaire pour supporter la création d’un nouveau champ académique.

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 107

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Quelques écoles ont mis en place un diplôme universitaire relatif à l’écologie industrielle.

Néanmoins, selon Ehrenfeld (2004), les bases culturelles économiques de la plupart de ces

écoles produisent aveuglément des liens entre les activités d’affaires et les systèmes naturels.

Ainsi le programme de la Norwegian University of Science and Technology (NTNU),

enjambe la frontière entre les vieilles structures universitaires et le nouveau champ de

l’écologie industrielle, reflétant ainsi les réalités pratiques d’introduire un nouveau

programme. Ailleurs dans le monde, la faible normalisation de l’écologie industrielle dans les

universités reste évidente. Quelques programmes ont été mis en place, centrés ou basés sur

l’écologie industrielle, comme par exemple l’école de Yale (Yale School of Forestry and

Environmental Management), l’université de Troyes en France et le Mount Royal College en

Alberta (Ehrenfeld, 2004). Néanmoins, bien que ces programmes signalent une légère

institutionnalisation de la gestion écologique, les progrès sont minimes, avec pas ou peu

d’enseignement relatif à cette discipline dans la plupart des universités. Pourtant, il s’agit bien

d’une discipline dont le champ de recherche est légitime et pertinent si l’on en croit le succès

des différentes conférences ou de son journal et qui est indispensable à la formation des futurs

employés.

Au sein de l’entreprise, le personnel, au travers de sa connaissance des processus de

production, est utilisé comme ressource afin d’améliorer la consommation de matières

premières et les rejets de polluants et contaminants des procédés. De ce fait, il doit être

sensibilisé à la politique de l’entreprise, aux aspects environnementaux, à ses responsabilités

et aux conséquences d’une non-conformité. En effet, les flux de matières résiduelles à

valoriser sont rarement standardisés que ce soit au niveau de leur composition, qu’au niveau

de leur dimension ou encore, de la régularité de leur approvisionnement. En conséquence, leur

maîtrise exige des adaptations continues. En guise d’exemple, les auteurs Boiral et Kabongo

(2004), exposent le cas d’une cimenterie qui, pour remplacer ses combustibles traditionnels,

utilise pas moins de trente matières résiduelles différentes. Ces déchets ne sont pas

interchangeables et leur valorisation nécessite la prise en compte de nombreux paramètres

(valeur calorifique, entreposage, dimension, toxicité…), afin de s’ajuster en permanence (Cf.

Annexe 9 : La valorisation énergétique de pneus hors d’usage dans une cimenterie).

La formation du personnel présente un double enjeu :

- Stratégique : si l’on considère les retombées de l’investissement (motivation, hausse

de productivité …), de plus en plus nécessaires afin que l’entreprise reste compétitive ;

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 108

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- Environnemental : dans la mesure où, en cas d’erreur technique de sa part, les

conséquences sur la nature peuvent être désastreuses.

A l’heure actuelle, la prise en compte des questions environnementales dans les entreprises

requière un effort en termes de formation et de sensibilisation du personnel. Actuellement, les

formations effectuées sont le plus souvent axées sur une recherche de productivité et/ou de

qualité, répondant aux objectifs financiers de l’entreprise, plutôt qu’à des questions

environnementales. En effet, selon Pierre Frois, « l’économie et l’écologie s’opposent

légitimement sur la rationalité du système de production, la rentabilité de l’activité, le secret

de certaines décisions et le profit immédiat » (Frois, 1997, p. 163). La formation du personnel

est néanmoins nécessaire pour que ce dernier adopte/acquière de bonnes habitudes de travail,

que ce soit en termes de rejets (déchets ou pertes de polluants), ou de recherche et

développement (éco-conception). En effet, la diminution de la pollution dans son ensemble,

nécessite des programmes techniques où la connaissance des procédures et des effets sur

l’environnement, est l’exigence minimale évitant des impacts environnementaux aux

conséquences lourdes.

Selon Boiral (1999), il existe trois types de formation :

- La formation standard : la sensibilisation du personnel à l’environnement réalisée

engendre un faible coût. Rapide à mettre en place, elle n’est, par conséquent, pas très

précise quant au contexte de travail et nécessite une formation complémentaire ;

- La formation ad hoc : plus poussée que la précédente, elle traite de façon plus

approfondie les problèmes écologiques. La formation est basée sur une évaluation

environnementale de l’entreprise. Cependant, le transfert des compétences est limité et peu

adapté aux besoins spécifiques des individus ;

- La formation sur mesure : il s’agit d’une mise en pratique des connaissances

acquises dans le milieu du travail. Sa mise en œuvre repose sur la participation des

travailleurs qui élaborent des programmes en fonction des différents corps de métiers.

L’approche participative des employés permet d’obtenir des résultats concrets.

A la lecture de ces trois types de formation, il apparaît évident que la formation sur mesure est

la plus efficace. En effet, elle est adaptée aux besoins du personnel, car son développement

repose sur des procédures précises et répond directement aux exigences de l’entreprise. Il est

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 109

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donc important que les employés aient une bonne connaissance du produit

fabriqué/manipulé/transporté afin de pouvoir réagir rapidement en cas de problème (crise).

Même si ce type de formation est coûteux, la spécificité est nécessaire et sera vite rentabilisée

dans les années à venir.

En guise d’exemple, l’entreprise américaine Interface, spécialisée dans la fabrication de

moquette, a créé des groupes de travail pour favoriser l’engagement de ses employés. Par la

création de ces groupes, l’implication des travailleurs dans la réduction des déchets, du

gaspillage et dans l’amélioration des procédés a été sollicitée. De plus, un programme de

formation a été mis en place pour promouvoir un véritable esprit d’équipe et un partage des

connaissances. Toutes ces initiatives ont permis une économie de coûts significative et une

réduction des déchets et des consommations de matières premières, permettant une

augmentation des revenus de l’entreprise (Boiral et Kabongo, 2004).

En conclusion, la formation du personnel doit faire partie intégrante du système de gestion

environnemental. Les valeurs éthiques, la culture de l’entreprise envers des principes

écologiques y font pour beaucoup, toutefois, l’acquisition de comportements, d’habitudes de

travail, de procédures pour la mise en œuvre d’un tel système passe par la participation du

personnel. Il est donc important que les travailleurs soient mobilisés dans cette démarche afin

de faire de l’environnement une responsabilité collective. Par ailleurs, il faut considérer que la

sensibilité aux valeurs écologiques constitue une tendance majeure : les individus sont

doublement concernés par ces préoccupations dans leur vie « active » de travailleur et dans

leur vie de citoyen. Et comme le dit Ehrenfeld : les actions de base prendront place dans la

sphère privée, c'est-à-dire, chez les acteurs qui souhaiteront prendre leurs responsabilités

(Ehrenfeld, 2000 ; Opoku, 2004).

2. La prévention et la gestion de crise

Enfin, il est recommandé aux entreprises d’avoir un plan systématique d’intervention en cas

de rejet/fuite/déversement de déchets/contaminants, que l’impact environnemental soit mineur

ou majeur. Pour gérer au mieux ces situations et éviter, ou réduire, les conséquences

humaines et environnementales, la mise en place d’une « cellule de crise » est un outil

indispensable.

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 110

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Vorburger Julia Ecologie Industrielle et Valorisation des DéchetsMBA Gestion Internationale 2006

La dernière composante du PODC de Fayol consiste à contrôler les opérations effectuées par

le personnel tout au long du processus de fabrication.

D. Le contrôle

A cet effet, l’entreprise doit mette en place, avec son personnel, des évaluations périodiques

dans le but de vérifier si les différents services de l’organisation respectent leurs

engagements : si les objectifs sont atteints ; s’il y a des écarts par rapport aux normes ; et en

cas de « non-conformités » au système, les identifier et les corriger… dans le but d’être

toujours plus efficace en matière environnementale (Boiral, 2005). Par ailleurs, tout ceci doit

être communiqué en interne comme en externe

Sous la série de règles qui gouverne les comportements d’affaires (la croissance, la réduction

des coûts, l’externalisation…), les entreprises ont tout intérêt à adopter des pratiques

volontaires durables. Selon certains auteurs, le seul changement incrémental n’est pas

suffisant pour évoluer vers la durabilité : il est nécessaire de changer de paradigme

(Ehrenfeld, 2000 ; Opoku, 2004 ; Korhonen et al., 2004). Les entreprises doivent prendre

conscience de l’importance du facteur humain dans leur politique. Ainsi, l’implication de la

direction ; des formations poussées et sur mesure ; la valorisation des connaissances tacites ;

la valorisation des apports et des suggestions des employés ; des échanges réguliers

d’informations entre les différents employés et à l’externe, sont autant d’attitudes à adopter

pour la gestion des ressources humaines.

Selon Reverdy (2005), le principal objectif est de réussir à intégrer les exigences

environnementales au cœur du système industriel. Qu’elle que soit la démarche

environnementale retenue, cette dernière doit avant tout reposer sur le souci de respecter les

écosystèmes naturels et la santé humaine, plutôt que de se subordonner à des considérations

économiques. « Le respect de ces valeurs fondamentales dans toute société n’ayant pas de

prix, il impose des dépenses qui ne doivent pas être jugées uniquement selon des critères

économiques » (Boiral, 2005, p. 181).

Chapitre III : Vers une Gestion plus Ecologique des Déchets 111

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Vorburger Julia Ecologie Industrielle et Valorisation des DéchetsMBA Gestion Internationale 2006

CONCLUSION

Les résultats de cette étude ont permis de mieux comprendre la problématique liée aux

déchets et la façon dont l’écologie industrielle peut y répondre. En effet, si les technologies

ont fait de l'activité de propreté un secteur industriel à part entière, leurs évolutions sont

désormais insuffisantes pour pallier à l’augmentation des déchets, et aux pollutions

qu’engendrent leurs modes de traitement. Par ailleurs, les données communiquées à ce sujet

restent peu publiées, mais il en ressort toutefois une gestion dont le potentiel de valorisation

est largement inexploité, où la mise en décharge reste la solution la plus fréquente.

Pour parvenir à diminuer ces gisements, l’écologie industrielle s’avère être un concept

pertinent. En prenant pour modèle les écosystèmes naturels, elle œuvre pour l'avènement d'un

système industriel plus élégant, c'est-à-dire capable de générer plus de richesses avec moins

de ressources et moins d'impacts sur la Biosphère. Ainsi, grâce à l’analyse des flux et des

cycles du système industriel et naturel, le concept vise à modifier en profondeur les modes de

production et de consommation dès la conception des produits, en réduisant la quantité de

ressources utilisées lors du processus de production, et en maîtrisant les déchets et la

réutilisation de leurs composants (principe de l’éco-conception).

La mise en application de l’écologie industrielle implique l’adoption et le respect de principes

dont l’objectif, pour l’entreprise, consiste à devenir proactive et à adopter une démarche

préventive au quotidien. L’essentiel de cette recherche a permis d’illustrer la pertinence, les

enjeux, mais aussi les avantages dont pourront bénéficier les organisations en appliquant une

telle ligne de conduite et en mobilisant leur personnel à cette fin. En effet, grâce à l’adhésion

des ses employés (tout au long de la chaîne de production), l’entreprise peut devenir

« citoyenne » et élargir ses objectifs et priorités en vue d’intégrer, dans ses opérations, des

préoccupations écologiques qui constituent une dimension essentielle de sa responsabilité

sociale et de sa légitimité au sein de la communauté (Boiral, 1997b). Par ailleurs, les

politiques managériales sont largement inexplorées dans la littérature sur l’écologie

industrielle ; cette recherche a, entre autre, parcouru quelques thèmes et questions liés aux

deux disciplines. Comme le souligne Korhonen et al. (2004), coopération, participation,

réseaux et communauté sont des concepts clés pour le développement d’une science

impliquant la responsabilité sociale des entreprises.

Conclusion 112

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Dans la mesure où l’écologie industrielle constitue une nouvelle pratique de management

environnemental, les résultats de cette étude demeurent préliminaires et font ressortir le

besoin d’approfondir la coopération entre les communautés de recherches de cette discipline

et de la gestion organisationnelle. Des recherches ultérieures pourraient notamment se

pencher sur les facteurs qui encouragent au développement de compétences

environnementales, à l’adhésion des employés aux valeurs écologiques, ou encore à

l’évaluation des performances dans ce domaine, dans la mesure où ces pratiques

organisationnelles semblent être une composante essentielle à une gestion écologique.

Si l’écologie industrielle n’est pas la solution miracle au développement durable, elle n’en

demeure pas moins une base prometteuse. En effet, tout laisse à penser que la mondialisation

de l’économie et les engagements pris dans le cadre du sommet mondial pour le

développement durable créent l’opportunité de développer une intégration de l’environnement

plus efficace dans la conception de politiques d’entreprise. Néanmoins, actuellement, peu de

stratégies ont dépassé le stade de la formulation. De plus, dans le contexte actuel de

globalisation des marchés et de recherche de profits (…), reste à savoir si les entreprises

seront prêtes à entendre un tel discours et à adopter de telles mesures. Force est de constater

que les accords mondiaux sont remplis d’échappatoires permettant aux corporations de placer

leurs intérêts pour la profitabilité à l’écart des questions environnementales. Pour certaines

entreprises, le désir d’abattre les obstacles au libre commerce sera toujours plus fort que le

sentiment de responsabilité envers l’environnement.

Conclusion 113

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Annexe 114

Table des Annexes

Annexe 1 : Adoption des textes réglementant la gestion des déchets ..........................................115

Annexe 2 : Les principales lois régulant la gestion des déchets et leur contenu..........................116

Annexe 3 : Classification européenne des déchets.......................................................................117

Annexe 4 : Les différentes catégories de déchets selon l’ADEME .............................................120

Annexe 5 : La gestion de la collecte des déchets .........................................................................127

Annexe 6 : Cascades de déchets versus recyclage .......................................................................129

Annexe 7 : Organisation des filières de recyclage des produits en fin de vie..............................132

Annexe 8 : Le processus d’incinération .......................................................................................138

Annexe 9 : La valorisation énergétique de pneus hors d’usage dans une cimenterie ..................140

Annexe 10 : Réglementation ou objectifs concernant le stockage en décharge...........................141

Annexe 11 : La gestion des déchets municipaux au Japon et aux Etats-Unis..............................142

Annexe 12 : Les conventions encore largement ignorées ............................................................143

Annexe 13 : Les déchets électroniques et les cargos empoisonnent l’Asie .................................144

Annexe 14 : Les grandes atteintes à l’environnement..................................................................145

Annexe 15 : Dangers radioactifs, chimiques et biologiques en Asie Centrale ............................146

Annexe 16 : Le développement des écosystèmes comme une métaphore pour la durabilité des

systèmes économique et industriel ...............................................................................................147

Annexe 17 : Les débouchés et enjeux de l’écologie industrielle pour la planification et l’usage

du territoire...................................................................................................................................148

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Annexe 3 : Classification européenne des déchets

1. Les déchets non dangereux

L’annexe I de la directive 91/156/CEE du 18 mars 1991 établi une classification des déchets en cinq

catégories49.

Sous catégorie 1 : - Toute matière, substance ou produit dont l’utilisation est interdite par la loi ; - Produits hors normes ; - Produits périmés.

Sous catégorie 2 : - Matières accidentellement déversées, perdues ou ayant subi tout autre incident, y compris

toute matière, équipement, etc., contaminés par suite de l'incident en question ; - Matières contaminées ou souillées par suite d'activités volontaires (résidus d'opérations de

nettoyage, matériaux d'emballage, conteneurs…) ; - Matières contaminées (huile souillée par des PCB50…).

Sous catégorie 3 : - Éléments inutilisables (batteries hors d'usage, catalyseurs épuisés...) ; - Substances devenues impropres à l'utilisation (acides et solvants contaminés, sels de trempe

épuisés...) ; - Produits qui n'ont pas ou plus d'utilisation pour le détenteur (articles mis au rebut par les

agriculteurs, les ménages, les bureaux, les magasins, les ateliers...).

Sous catégorie 4 : - Résidus de production ou de consommation non spécifiés ci-après ;- Résidus de procédés industriels (scories, culots de distillation...) ; - Résidus de procédés antipollution (boues de lavage de gaz, poussières de filtres à air, filtres

usés...) ; - Résidus d'usinage/façonnage (copeaux de tournage ou de fraisage...) ; - Résidus d'extraction et de préparation des matières premières (résidus d'exploitation minière

ou pétrolière…).

Sous catégorie 5 : - Matières, substances ou produits contaminés provenant d'activités de remise en état de

terrains ; - Toute matière, substance ou produit qui n'est pas couvert par les catégories ci-dessus.

49 La liste suivante a été réalisée à partir de l’annexe 1 « Catégorie des déchets » de la directive 91/156/CEE50 PCB, Poly Chloro Biphényle : composé aromatique dont la décomposition à chaud peut produire des furannes(composé hétérocyclique existant dans le goudron de sapin) et des dioxines (Le Petit Larousse, 1996).

Annexe 117

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2. Les déchets dangereux : caractéristiques de danger pour les déchets Caractéristiquedes substances Signe Définitions

ExplosivesE

Substances et préparations pouvant exploser sous l'effet de la flamme ou qui sont plussensibles aux chocs ou aux frottements que le dinitrobenzène51.

ComburantsO

Substances et préparations qui, au contact d'autres substances, notamment desubstances inflammables, présentent une réaction fortement exothermique.

Facilementinflammables

F+

Substances et préparations pouvant s’échauffer et enfin s’enflammer à l’air enprésence d’une température normale sans apport d’énergie, ou solides, pouvants’enflammer facilement par une brève action d’une source d’inflammation et quicontinue à brûler ou à se consumer après l’éloignement de la source d’inflammation,ou à l’état liquide dont le point d’éclair est inférieur à 21°C, ou gazeuses qui sontinflammables avec l’air à une pression normale, ou qui, en contact avec l’eau ou l’airhumide, développent des gaz facilement inflammables en quantité dangereuses.

InflammablesF

substances et préparations liquides, dont le point d'éclair est égal ou supérieur à 21 °Cet inférieur ou égal à 55 °C.

ToxiquesT(+)

substances et préparations (y compris les substances et préparations très toxiques)qui, par inhalation, ingestion ou pénétration cutanée, peuvent entraîner des risquesgraves, aigus ou chroniques, voire la mort.

NocivesXn

substances et préparations qui, par inhalation, ingestion ou pénétration cutanée,peuvent entraîner des risques de gravité limitée.

CorrosivesC

Substances et préparations qui, en contact avec des tissus vivants, peuvent exercerune action destructrice sur ces derniers.

IrritantesXI

Substances et préparations non corrosives qui, par contact immédiat, prolongé ourépété avec la peau ou les muqueuses, peuvent provoquer une réaction inflammatoire.

Cancérigène nd Substances et préparations qui, par inhalation, ingestion ou pénétration cutanée,peuvent produire le cancer ou en augmenter la fréquence.

Infectieux ndmatières contenant des micro-organismes viables ou leurs toxines, dont on sait oudont on a de bonnes raisons de croire qu'ils causent la maladie chez l'homme ou chezd'autres organismes vivants.

Tératogène ndSubstances et préparations qui, par inhalation, ingestion ou pénétration cutanée,peuvent produire des malformations congénitales non héréditaires ou en augmenter lafréquence.

Mutagène nd Substances et préparations qui, par inhalation, ingestion ou pénétration cutanée,peuvent produire des défauts génétiques héréditaires ou en augmenter la fréquence.

Ecotoxique nd substances et préparations qui peuvent présenter des risques immédiats ou différéspour une ou plusieurs composantes de l'environnement.

Substances et préparations qui, au contact de l'eau, de l'air ou d'un acide, dégagent un gaz toxique ou très toxique.

Substances et préparations susceptibles, après élimination, de donner naissance, par quelque moyen que ce soit, à uneautre substance, par exemple un produit de lixiviation, qui possède l'une des caractéristiques nommées ci avant.Source : d’après l’ouvrage de Gouilliard & Legendre, 2003, p. 45-46.

51 Le Benzène est un liquide incolore, volatil et combustible, obtenu à partir du pétrole ou de la houille (Le PetitLarousse, 1996).

Annexe 118

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Vorburger Julia Ecologie Industrielle et Valorisation des DéchetsMBA Gestion Internationale 2006Le Catalogue Européen des Déchets (CED) a lui aussi établi une liste des déchets considérés comme

dangereux ou non, qu’ils soient destinés à l’élimination ou à la récupération. En vigueur depuis le

1er janvier 2002, il est régulièrement actualisé. Ce catalogue sert de base d’application aux directives

européennes relatives à la gestion des déchets et permet une meilleure clarté et sécurité juridique

aux acteurs communautaires.

La hiérarchie utilisée par le catalogue se décompose en :

- 20 catégories d’origine (chapitres) ;

- 111 regroupements intermédiaires (sections) ;

- 839 rubriques de déchets dont 404 sont dangereuses (code déchet).

Chaque déchet est désigné par un code à six chiffres :

- la catégorie d’origine : (les deux premiers chiffres) précise le secteur d’activité, le procédé

ou les propriétaires dont le déchet est issu (ex : le chapitre 20 désigne les déchets produits

par les ménages) ;

- le regroupement intermédiaire : (3ème et 4ème chiffre) est déterminé par l’origine ou la nature

du déchet (ex : 20 02 = Déchets de jardins et de parcs provenant des ménages) ;

- la désignation complète : (les deux derniers chiffres) lorsque le déchet est considéré comme

dangereux, il est suivi d’une astérisque * (ex : 19 07 02* = lixiviats52 de décharges contenant

des substances dangereuses).

52 Lixiviation : (du latin lixivium, lessive) opération qui consiste à faire passer lentement un solvant à travers un produitpulvérisé et déposé en couche épaisse, pour en extraire un ou plusieurs constituants solubles (dans Le Petit Larousseillustré, 1996).

Annexe 119

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Vorburger Julia Ecologie Industrielle et Valorisation des DéchetsMBA Gestion Internationale 2006

Annexe 4 : Les différentes catégories de déchets selon l’ADEME53

1. Les déchets municipaux

Ils correspondent à « l’ensemble des déchets dont l'élimination (au sens donné par les textes

législatifs) relève de la compétence des communes » (Gouilliard et Legendre, 2003, p. 28) et sont

subdivisés en huit catégories :

Sous catégorie 1 : les déchets des ménages

Définition : « déchets provenant de l'activité domestique des ménages et dont l'élimination relève

généralement de la compétence des communes ».

Ils sont collectés en porte-à-porte ou en apport volontaire et représentent quasiment la moitié des

déchets municipaux. Ils incluent entres autres :

- Les ordures ménagères :

« Déchets issus de l'activité domestique quotidienne des ménages et pris en compte par les collectes

usuelles ou séparatives. Toutefois l'usage actuel répond encore souvent à la définition suivante :

déchets pris en compte par la collecte traditionnelle des déchets ». Sont donc exclus les déchets

encombrants et dangereux.

- les déchets encombrants des ménages :

« Déchets provenant de l'activité domestique des ménages qui, en raison de leur volume ou de

leur poids, ne peuvent être pris en compte par la collecte usuelle des ordures ménagères et

nécessitent un mode de gestion particulier. Ils comprennent notamment des biens d'équipement

ménagers usagés54 (matelas, électroménagers…), des déblais, des gravats, des déchets verts issus

des ménages. Il s'agit le plus souvent de déchets occasionnels ».

53 Hiérarchie, réalisée à partir du site Internet de l’ADEME (http://www.ademe.fr ) et de l’ouvrage de Gouilliard et Legendre, « Déchets ménagers », paru en 2003 chez Economica.54 Les biens d’équipement ménagers usagés comprennent également les Déchets d'Equipements Electriques etElectroniques (DEEE), c'est-à-dire, les déchets d'équipements électriques ou électroniques incluant tous leurscomposants, sous-ensembles et consommables spécifiques. A cet effet, on distingue les produits "blancs"(électroménager), des produits "bruns" (TV, vidéo, radio, Hi-fi) et des produits gris (bureautique, informatique).Source : ADEME

Annexe 120

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Vorburger Julia Ecologie Industrielle et Valorisation des DéchetsMBA Gestion Internationale 2006

Sous catégorie 2 : les déchets dangereux des ménages

Définition : « Déchets provenant de l'activité des ménages qui ne peuvent être pris en compte par la

collecte usuelle des ordures ménagères, sans créer de risques pour les personnes ou pour

l'environnement ».

Ces déchets présentent une ou plusieurs caractéristiques de l’annexe I (propriétés qui rendent les

déchets dangereux) du décret 2002-540 relatif à la classification des déchets. Ainsi, ils peuvent être

explosifs, corrosifs (acides), nocifs, toxiques, irritants (ammoniaque, résines), comburants

(chlorates), facilement inflammables, ou d'une façon générale dommageables pour l'environnement.

Par ailleurs, il est possible d’utiliser les termes « déchets ménagers spéciaux » ou « déchets toxiques

en quantités dispersées » (DTQD). Ces derniers comprennent :

- les emballages partiellement vidés de leur gaz sous pression, de produits d'entretien et de

bricolage (peintures, solvants ...), ou de jardinage (produits phytosanitaires ...) ;

- les déchets de soin (seringues...) ;

- les huiles de vidange ;

- certaines piles, accumulateurs, lampes fluorescentes, thermomètres contenant des métaux

lourds ;

- les déchets encombrants (réfrigérateurs ou congélateurs avec CFC).

Pour ce qui est du traitement des Déchets d’Activité de Soins (DAS) qui proviennent des hôpitaux,

cliniques… et qui comportent des risques infectieux (car tranchant ou piquant), l’incinération et/ou

la désinfection constitue un préalable à l’emprunt de la filière classique d’élimination des ordures

ménagères. Ils sont toutefois à distinguer des déchets dangereux produits par les laboratoires, dont

l'organisation de l'élimination est différente.

Sous catégorie 3 : les Déchets Ménagers et Assimilés (DMA)

Définition : « Déchets issus de l'activité domestique des ménages ou déchets non dangereux

provenant des entreprises industrielles, des artisans, commerçants, écoles, services publics,

hôpitaux, services tertiaires » et qui sont collectés et éliminés dans les mêmes conditions que les

ordures ménagères.

Annexe 121

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Vorburger Julia Ecologie Industrielle et Valorisation des DéchetsMBA Gestion Internationale 2006La commune peut être responsable de leur ramassage et de leur traitement selon le niveau de

prestation qu’elle aura choisi.

Sous catégorie 4 : les déchets de nettoiement

Définition : « Déchets provenant du balayage des rues et autres espaces publics, mais aussi du

vidage des corbeilles disposées sur les voies publiques ». Ils comprennent en outre les déchets des

marchés et des plages.

Sous catégorie 5 : les déchets de l’assainissement collectif

Définition : « Déchets résultant du fonctionnement des dispositifs d'épuration et de l'entretien des

réseaux d'évacuation des eaux usées et pluviales ».

Ils comprennent entres autres, les boues de stations d'épuration, les déchets de dégrillage, les

graisses de station d'épuration, les boues de curage d'égouts, de bassins de décantation et fossés. Par

ailleurs, l'entretien des cours d'eau n’est pas assuré par l'assainissement collectif à moins qu’ils ne

fassent partie du réseau.

Sous catégorie 6 : les déchets verts

Définition : « Matières végétales issues de l'exploitation, de l'entretien ou de la création de jardins

ou d'espaces verts publics et privés ainsi que les déchets organiques des activités horticoles

professionnelles ou municipales, à l'exception des supports de culture ».

Les déchets verts des ménages ne sont pas inclus dans cette catégorie mais dans les déchets

encombrants et les ordures ménagères. Les déchets vers des entreprises ne sont, eux non plus, pas

compris dans cette catégorie.

Par ailleurs, une distinction est faite entre :

- Les déchets verts des collectivités : issus l'entretien et du renouvellement des espaces verts

des collectivités territoriales, des organismes publics et parapublics ;

- Les déchets fermentescibles : composés de matières organiques biodégradables comme les

déchets putrescibles, les papiers et cartons, des textiles sanitaires non synthétiques et les

bois ;

Annexe 122

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Vorburger Julia Ecologie Industrielle et Valorisation des DéchetsMBA Gestion Internationale 2006

- Les déchets putrescibles : sont les déchets fermentescibles susceptibles de se dégrader

naturellement dès leur production comme les épluchures de légumes, les déchets de viande,

de tontes de gazon qui sont difficilement stockables.

Sous catégorie 7 : les déchets inertes

Définition : « Déchets qui ne subissent aucune modification physique, chimique ou biologique

importante ».

Selon la directive 1999/31/CE du conseil du 26 avril 1999,

« Les déchets inertes ne se décomposent pas, ne brûlent pas et ne produisent aucune autre

réaction physique ou chimique, ne sont pas biodégradables et ne détériorent pas d'autres

matières avec lesquelles ils entrent en contact, d'une manière susceptible d'entraîner une

pollution de l'environnement ou de nuire à la santé humaine ».

Sous catégorie 8 : les déchets ultimes

Définition, selon la Loi du 13 juillet 1992 (modifiant la loi de juillet 1975) :

« Déchet, résultant ou non du traitement d'un déchet, qui n'est plus susceptible d'être traité dans les

conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction de la part valorisable

ou par la réduction de son caractère polluant ou dangereux ».

Les déchets ultimes comprennent les déchets dont la part récupérable et les éléments polluant ont

déjà été extraits. Depuis juillet 2002, seuls les déchets ultimes peuvent être mis en décharge.

2. Les déchets industriels

Les déchets industriels se subdivisent en trois sous catégories.

Sous catégorie 1 : les déchets industriels inertes

Définition : « Déchets qui sont susceptibles d’aucune évolution physique, chimique ou biologique

importante ».

Annexe 123

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Vorburger Julia Ecologie Industrielle et Valorisation des DéchetsMBA Gestion Internationale 2006Ils proviennent principalement des chantiers des travaux publics et du bâtiment et sont composés de

béton, de ciment, de verre, de certains matériaux d’isolation…

Sous catégorie 2 : les Déchets Industriels Banals (DIB)

Définition : ils sont constitués des déchets qui ne sont pas générés par les ménages, et qui ne sont ni

dangereux ni inertes.

Ainsi, ils sont issus des activités économiques et commerciales et regroupent principalement des

déchets d’emballages (palettes, plastiques, cartons…), de productions (chutes, rebus, résidus de

toutes sortes) et des produits usagés (invendus, produits hors service…).

Leurs élimination relève du producteur et on des collectivités, même si parfois elles les ramassent en

compensation d’une redevance spéciale.

Sous catégorie 3 : les déchets dangereux

Définition : « Ce sont les déchets des entreprises qui, en raison de leurs propriétés dangereuses, sont

indiqués dans la nomenclature par un astérisque. Ils ne peuvent pas être déposés dans des

installations de stockage recevant d'autres catégories de déchets » (Art. L 541-24 du Code de

l'environnement).

Appelés auparavant déchets industriels spéciaux (DIS), ce type de déchets est spécifique aux

activités industrielles et ses caractéristiques physico-chimiques, à caractère nocif ou toxique,

imposent que leur traitement soit effectué dans des unités agrées à cela.

Les déchets industriels spéciaux peuvent être classés en trois genres :

- les déchets organiques : comme les hydrocarbures, les goudrons, les solvants usagés… qui

sont souvent traités par incinération ;

- les déchets inorganiques liquides ou semi-liquides : comme les acides de bases, les bains de

traitement de surface des métaux (qui contiennent des métaux lourds ou des cyanures), ou

encore les acides de décapage. Ces derniers sont traités par voie physicochimique,

traitements qui ont pour effet de neutraliser et de réduire la toxicité pour en faciliter

l’élimination ou la valorisation (neutralisation et séparation des éléments, oxydation);

Annexe 124

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- les déchets minéraux solides : tels que les sables de fonderie, les sels de trempe cyanurés...

doivent être mis en décharge ou stockés en profondeur suivant le degré de toxicité.

3. Les déchets agricoles

Les déchets agricoles comprennent à la fois les déchets issus de l’industrie agroalimentaire que les

déchets issus de l’agriculture, de la sylviculture et de l’élevage. Ils sont subdivisés en cinq sous

catégories :

Sous catégorie 1 : les Emballages Vides de Produits Phytosanitaires (EVPP)

Définition : ils regroupent les emballages (sacs, bidons vides) qui ont contenus des engrais, des

herbicides et des pesticides, et sont considérés comme des déchets dangereux.

Sous catégorie 2 : les Produits Phytosanitaires Non Utilisables (PPNU)

Définition : ce sont des produits destinés à protéger les cultures contre les parasites, les maladies, les

plantes concurrentes…comme les pesticides, herbicides, insecticides… dont le détenteur n’a plus

l'utilité (parce qu’ils sont périmés, interdits d’usage, désuets…), et les destinent donc à l'abandon.

Sous catégorie 3 : les Films Plastiques Agricoles Usagés (FPAU)

Définition : « regroupent l'ensemble des films plastiques destinés à être utilisés pour un usage

agricole ou horticole, à l'exception des films d'emballages vendus solidairement de leur contenu »

tels que ceux utilisés pour les serres, l’ensilage, le paillage...

Les FPAU présentent la particularité d’être composé en plus de souillure du à leur utilisation ou à

leur ramassage (eau, terre, paille…) dont le taux moyen est de 50% (chiffre ADEME).

Sous catégorie 4 : les résidus liés aux activités d’élevage

Il s’agit, entres autres, de l’épandage qui doit être limité en nitrates pour ne pas minimiser les

impacts négatifs sur les aquifères55 sous-jacents.

Sous catégorie 5 : les déchets verts

55 Aquifère : terrain perméable, poreux, permettant l’écoulement d’une nappe souterraine et le captage de l’eau (Dans Le Petit Robert).

Annexe 125

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Vorburger Julia Ecologie Industrielle et Valorisation des DéchetsMBA Gestion Internationale 2006Il s’agit des biodéchets issus des récoltes (paille, tonte…) et aux déjections animales (fumiers,

lisiers…).

La classification ci-dessus était basée sur les données et les définitions de l’ADEME. Toutefois, il

est envisageable d’établir une autre hiérarchie des déchets où les trois grandes catégories (déchets

municipaux, industriels et agricoles) sont conservées mais où les sous catégories des déchets

municipaux varient quelque peu. Néanmoins, nous n’entrerons pas dans le détail de cette

classification car elle est peu utilisée.

Annexe 126

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Annexe 5 : La gestion de la collecte des déchets

1. Les différents modes de récupération

a) Le tri à la source

La collecte séparative nécessite au préalable un tri des ordures, soit à la source lorsqu’il est réalisé

par les ménages, soit dans un centre de tri lorsque les déchets sont collectés mélangés. Dans le cas

du tri à la source, il est nécessaire que l’usager ait plusieurs récipients et qu’une collecte séparative

soit effectuée en parallèle.

b) La collecte en porte à porte

Ce type de collecte s’effectue de la même manière qu’une collecte classique d’ordures ménagères et

suppose une implication réduite des citoyens. En effet, les habitants doivent simplement disposer, en

bordure des voies de circulation ou dans des locaux destinés à leur stockage, les récipients contenant

leurs ordures.

c) La collecte par apport volontaire

Elle consiste à mettre à disposition de la population des lieux de réception, convenablement choisis

(en centre ville ou en périphérie) de façon à permettre une desserte satisfaisante de la population. Ce

lieu doit être aménagé de colonnes ou de conteneurs spécifiques, régulièrement vidés. Cette

méthode fait largement appel à la collaboration et au civisme des citoyens dans la mesure où il s’agit

d’un apport volontaire.

La déchetterie, espace aménagé où les particuliers peuvent déposer certains de leurs déchets, est un

point de collecte complémentaire. Sont autorisés, le dépôt de déchets encombrants, certains déchets

ménagers spéciaux (batteries, peintures, huiles usagées…) et certains déchets valorisables (métaux,

plastiques…).

d) La collecte séparative

Elle consiste à rassembler les produits valorisables, en particulier les emballages, dans un ou

plusieurs bacs ou conteneurs. Les collectes séparatives peuvent être réalisées en porte à porte ou en

apport volontaire.

Annexe 127

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2. La collecte en vue du traitement

a) Les récipients de collecte

Dans 70% des cas, la collecte sélective en porte à porte se fait à l’aide d’un bac unique (Miquel,

1999). Il existe néanmoins d'autres formules comme des petits bacs individuels (formule très utilisée

en Amérique du nord mais qui ne facilite pas la mécanisation), ou des conteneurs à deux

compartiments : pour le verre et un autre pour les autres déchets propres et secs.

b) Les véhicules de collecte

Ces derniers dépendent des conditions locales comme : le type d’habitat (individuel ou collectif,

rural ou urbain) ; les types de récipients de collecte ; les distances à parcourir et le relief des zones à

desservir.

Il existe de ce fait plusieurs types de véhicules :

- Les remorques tractées et les camions : utilisés principalement en zone rurale, lorsque la

quantité de déchets est faible;

- Les bennes à compression : équipées d’une trémie56 pour la réception des déchets et d’un

système de tassement permettant d’absorber un volume de déchets trois à quatre fois

supérieur au volume du caisson ;

- Les bennes à compression avec système de préhension : semblables aux précédentes, elles

comprennent en plus un système mécanique de levage et de vidage adapté aux différents

bacs roulants ;

- Les camions à caissons amovibles : équipés de leviers, ils servent au transport et à la mise en

place des conteneurs de grande capacité.

56 Trémie : réservoir en forme de pyramide quadrangulaire tronquée et renversée faisant partie d’une machine de triageou de broyage (Le Petit Larousse, 1996).

Annexe 128

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Annexe 6 : Cascades de déchets versus recyclage57

Connelly et Koshland dénonce le fait que certains matériels, juste parce qu’ils sont réutilisés, sont

définis à tort comme recyclés (Peck, 2003). Ils proposent que le terme générique de « réutilisation »

soit subdivisé en trois catégories, représentées sur la figure suivante.

Source: Peck, 2003, p. 82.

Les cascades (souvent mentionné comme un recyclage en « boucle ouverte »), se produisent

lorsqu’un matériel déjà consommé est dirigé vers une matière de base, de qualité inférieure, et

consommé par la suite. La « re-circulation » représente une situation où un matériel non consommé

est réutilisé indéfiniment ; enfin, la « revalorisation » représente la situation où le terme

« recyclage » est valable. Cela inclut des cas où les matières consommées retrouvent, partiellement

ou entièrement, leur état avant consommation. Pour plus de précision, ils divisent la catégorie de

revalorisation en recyclage partiel, dans lequel la qualité des déchets est augmentée, mais les déchets

ne retrouvent pas entièrement leur état avant la consommation ; et le recyclage dans lequel les

déchets retrouvent entièrement leur état de « pré-consommation ». Il est à noter que, même si la

tombée en cascade de déchets réduit dans l’ensemble la demande en ressources, elle ne permet pas

un retour d'exergie au matériel qui a été modifié lors du processus de consommation. En

conséquence, la tombée en cascade ne peut pas établir un cycle de matières fermé. Un déchet en

cascade ne peut pas retourner dans l'économie dans son état de « pré-consommation ». De ce fait, le

nouveau matériel doit être produit en vue de remplacer l'application que le matériel avait dans sa

57 Source : Peck, 2003

Annexe 129

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Vorburger Julia Ecologie Industrielle et Valorisation des DéchetsMBA Gestion Internationale 2006première durée de vie et, une utilisation appropriée, de qualité inférieure, doit être disponible pour le

produit « cascadé ».

La fermeture des boucles58

Source : Peck, 2003, p. 92.

La figure ci-dessus tente de capturer un certain nombre des voies possibles qu'un produit ou un

matériel en fin de vie peut prendre lorsqu’il rentre à nouveau dans le système. Elle tente également

de montrer comment diverses options ouvertes du cycle matériel peuvent représenter un processus

de transition vers une économie en boucles fermées.

Différentes stratégies de fermeture des boucles existent. La première retrace la relation entre

l’énergie nécessaire pour le recyclage et la fonctionnalité du produit recyclé dans son état revalorisé.

La seconde retrace la relation entre le processus de recyclage avec les structures de production et de

consommation existant dans l’économie. Elle est représentée par les boucles 3 et 4 qui ont des

avantages à court terme dans la société industrielle dans laquelle elles préservent les structures

économiques existantes. Par ailleurs, puisqu'elles ne rendent pas l'exergie à la matière enlevée lors

58 Source : Peck, 2003, p. 114.

Annexe 130

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Vorburger Julia Ecologie Industrielle et Valorisation des DéchetsMBA Gestion Internationale 2006du processus de consommation, elles ne peuvent donc pas établir un cycle matériel fermé, ni

constituer une cascade, ou recyclées. Les boucles 1 et 2, quant à elles, ont le potentiel d’être plus

perturbatrices. La boucle 1 en particulier, représentant la réutilisation et la re-fabrication, traite

principalement avec le recyclage de composants « grand public », et englobe les mouvements

d’écarts des modèles existants de consommation. La boucle 2 représente les mouvements vers le

recyclage en boucles fermées. L’exergie perdue dans le processus de consommation est restaurée et

le produit recyclé atteint son état de « pré-consommation ». Toutefois, il est à noter que cette

approche présente un élément perturbateur puisqu’elle peut entrer en concurrence directe avec

l’industrie de matières vierges.

Les exigences en teneur en produits recyclés, comme dans le papier journal, le verre, les sacs

poubelle en plastique, la fibre de verre, les emballages rigides, etc., fournissent également un

stimulus direct au développement de boucles matérielles (cycles).

Annexe 131

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Annexe 7 : Organisation des filières de recyclage des produits en fin de vie

Ce tableau récapitule les filières les plus intéressantes recensées dans les pays étudiés par l’ADEME

et l’ADIT. Certaines, comme l’emballage, sont des filières traditionnelles présentes dans tous les

pays étudiés. D’autres sont absentes de certains pays (plastiques en GB) ou ne traitent qu’une part

des produits concernés. Il existe également des filières très spécifiques (moquette aux Etats-Unis).

Leur mode de fonctionnement est résumé brièvement : réglementation, organismes chargés du suivi,

résultats, particularités, dans la mesure des informations obtenus lors de l’étude (cette liste n’est pas

exhaustive).

Source : ADEME-ADIT, 2003, p. 28-35.

Filière et paysoù elle existe

(1/8)Détails, particularités

EmballagesLa filière existedans les 12 paysétudiés

- Allemagne : inventeur du « point vert » (DSD, 1991) ; accords volontaires + ordonnance (1997) ; certaines consignes obligatoires

- Autriche : label ARA ; accords volontaires ; emballages de boissons à usage multipleconsignés

- Danemark : taxe verte sur les emballages en vue de limiter certaines matières ou de promouvoir le réemploi

- Espagne : loi (1997) + décret (1998) ; déchets d’emballages inclus dans le Plan National (2001-2006) ; l’organisme Ecoembes gère les emballages « point vert » ; des objectifs de verre réutilisé (pour 2004) ; organisme o pour le verre

- France : décret (1992) ; Éco-emballage ; Adelphe ; Cyclamed : emballages et produits pharmaceutiques non consommés

- Grande-Bretagne : réglementations (1997, 1998)- Italie : décret (1997) ; conventions avec les divers consortiums regroupés dans le

CONAI (Comieco, Rilegno, Coreve, Corepla, Cial, CNA)- Pays-Bas : décret (1997) ; collectés et recyclés par des entreprises privées - Suisse : ordonnance sur les emballages boisson (2000) : consigne obligatoire sur le

verre à usage unique ; écobilans par le groupe de grande distribution Migros : denombreux emballages sont reconçus ; plastique prédominant (incinéré au final)

- Japon : loi (1995, appliquée totalement en 2000) ; collecte du verre par couleurs ; collecte séparée du papier et du carton ; collecte séparée des divers plastiques prévue ; à Tokyo (Suginami), taxe sur les sacs plastiques fournis aux consommateurs

- Québec : des consignes sur les emballages métalliques, plastiques et verre- États-Unis : pas de réelle filière au niveau fédéra ; dans quelques États seulement :

consignes sur les boîtes de boisson ou le verre ; des initiatives municipales ; le réemploi est promu par l’EPA

Papier / carton La filière existedans les 12 paysétudiés

- Allemagne : l’apport volontaire et le ramassage à domicile font le succès de la collecte

- Danemark : accord (1994, révisé en 1998) ; ramassage séparé du carton prévu - Espagne : emballages seulement- France : protocole d’accord (1998) : pouvoirs publics, collectivités, papetiers,

récupérateurs

Annexe 132

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- Italie : compris dans la filière emballage- Pays-Bas : traitement aux frais des producteurs si collecte publique ; logo de

recyclabilité ; collectés et recyclés par des entreprises privées- Japon : collecte séparée du papier et du carton - Québec : mesures intégrées au dispositif « Plan d’actions » - États-Unis : des initiatives privées (industriels, sociétés de service) ; produit le mieux

recyclés (58%). VerreLa filière existedans les 12 paysétudiés

- Allemagne : collecte du verre par couleurs (blanc, vert, brun)- Autriche : collecte séparée verre blanc-verre coloré - Danemark : le recyclage de cette matière doit encore être amélioré ; il est

actuellement promu- Espagne : collecte uniquement du verre d’emballage ; société Ecovidrio surtout dans

3 Communautés autonomes- Grande-Bretagne : les plus mauvais résultats de recyclage en Europe (15 %) - Italie : convention avec le consortium COREVE - Pays-Bas : collecté et recyclé par des entreprises privées ; fondation Kringloop Glas - Suisse : recyclage particulièrement efficace (91 % de la consommation)- Japon : collecte par couleurs - Québec : la moitié est triée par couleurs

Plastiques Lafilière existe dans tous les pays étudiés saufen Grande-Bretagne

- Allemagne : meilleur pays recycleur (environ 30 % des plastiques y sont recyclés)- Danemark : les 3/4 sont incinérés- Pays-Bas : une grande partie (environ 60 %) est incinérée ; collectés et recyclés par

des entreprises privées- Suisse : fort usage des plastiques (réutilisés) dans l’emballage ; seul le PET est

recyclé, 75 % des plastiques sont incinérés - Japon : le recyclage concerne essentiellement le PET

PVC - Autriche : reprise des tuyauteries et fenêtres, réutilisés par les fabricants- Danemark : accord (1991) ; objectifs par types pour éviter l’incinération ; séparé en 2

fractions : recyclable et éliminés en décharges- Pays-Bas : le PVC en provenance du bâtiment est collecté

Filmsplastiquesagricoles

- France : projet d’accord volontaire ou, à défaut, de décret- Pays-Bas : les films plastiques sont à la charge des importateurs/producteurs

Piles etaccumulateurs.La filière existedans tous les pays étudiés sauf en Grande-Bretagne

- Allemagne : ordonnance ; collecte séparée ; consigne sur les batteries au Pb ; organisme GRS pour les piles

- Autriche : accords volontaires ; taxe à l’achat ; réglementation (teneur en Hg) plus sévère que la Directive ; organisme Forum environnemental pour les piles

- Danemark : meilleure collecte séparée prévue ; accords pour les accus au Pb ; deux ordonnances ; taxes à l’achat

- Espagne : Directive transposée en 2000 ; classées déchets dangereux, donc inclusesdans les Plans Spéciaux

- France : toutes les piles et accumulateurs des ménages sont repris par les distributeurs et les fabricants depuis le 1/1/2000 ; environ 20 organismes conventionnés par l’Etat

- Grande-Bretagne : transposition de la Directive à l’étude ; piles : collecte quasi inexistante ; batteries : recyclage en progrès

- Italie : collecte municipale pour les piles ; batteries au Pb : collectées par le consortium Cobat (financé par les fabricants importateurs)

- Pays-Bas : inclus dans les petits déchets chimiques des ménages (KCA) ; collectemunicipale ; fondation STIBAT

- Suisse : retour obligatoire à un point de vente ou de collecte ; TEA payée par les fabricants/importateurs

- Japon : collecte séparée ; classées déchets dangereux

Annexe 133

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- Québec : collectes municipales ou aux points de vente (classées déchets dangereux)- États-Unis : programme de reprise de tous les types de piles rechargeables par une

association de fabricants, à la base du Battery Act (1996) ; certains États ont des réglementations plus strictes que la réglementation fédérale.

DEEE (déchetsd'équipementsélectriques etélectroniques)

La filière existedans tous les pays étudiés saufen Grande-Bretagne et au Québec

- Allemagne : ordonnance (1998) ; collecte séparée ; reprise sur les réfrigérateurs ; la Directive sera appliquée fin 2002 ; des accords sur les CFC

- Autriche : collecte séparée et traitement aux frais des communes ; norme sur leur recyclage par les acteurs de la branche ; accords volontaires pour les réfrigérateursBretagne et au Québec

- Danemark : meilleure collecte séparée prévue (redevance des ménages augmentée en conséquence) ; accord sur l’élimination des appareils comportant du CFC (réfrigérants)

- Espagne : pris en compte par le Plan National, instruments légaux en cours - France : projet en cours (prévu pour 2004) ; ENVIE (entreprise de réinsertion) :

organise la collecte des produits bruns avec Darty et certaines collectivités ; les statutsde Screlec prévoient la possibilité d’assumer la responsabilité financière des producteurs

- Grande-Bretagne : application de la Directive en préparation ; les réfrigérateurs sont mal recyclés (pb avec les SDO) car les installations sont inadaptées, ce qui génère une crise

- Italie : accord en cours (produits blancs) ; reprise payante par les communes (ce qui entraîne des rejets illégaux) ; produits bruns peu recyclés

- Pays-Bas : collecte municipale ou par les vendeurs / réparateurs ; frais de traitement inclus dans le prix d’achat ; même les petits appareils ménagers sont collectés (rasoirs,moulins à café…) ; deux réseaux : Association néerlandaise pour la gestion des produits « metalectro » et Nederland-ICT Association

- Suisse : ordonnance OREA (reprise obligatoire par les commerçants) ; diverses taxes - Japon : loi (1998, entrée en vigueur en 2001) ; coût de la collecte et du traitement

supporté par le consommateur - Québec : seulement reprise des cartouches d’encre de reproduction (immeubles de

bureaux)- États-Unis : une initiative (2001) des fabricants, agences gouvernementales et

défenseurs de l’environnement pour un plan de gestion national, en cours ; beaucoup d’initiatives d’origine privée (entreprises, fondations, associations, réseaux…)

Ordinateurs et Bureautique

- France : ordinateurs : quelques initiatives de fabricants pour la reprise ; bureautique : la marque RETOUR délivrée par l’ADEME garantit la reprise par les fournisseurs ; par ailleurs CONIBI assure la collecte et le recyclage d’équipements de certains fournisseurs

- Pays-Bas : la fondation SCO collecte les ordinateurs qui fonctionnent- Japon : les ordinateurs des professionnels tombent sous la loi de 1998 sur les DEEE,

mais pas ceux des particuliers (à l’étude) ; coût de la collecte et du traitement inclus dans le prix d’achat

- États-Unis : des initiatives (payantes) de certains fabricants ; interdiction dans certaines décharges ; un consortium fait actuellement le point sur les divers modes de gestion de la filière

VHU (véhiculeshors d’usage)

- Allemagne : ordonnance (1997) + accord volontaire ; reprise gratuite (véhicules de moins de 12 ans) ; certains VHU sont revendus en Pologne après remise en état

- Autriche : accord volontaire ; reprise gratuite depuis 1992 (si achat neuf ou occasion) - Danemark : meilleure collecte prévue ; une centaine d’établissements de

démantèlement- Espagne : inclus dans les Plans Spéciaux (déchets dangereux) ; la transposition de la

Directive est en cours ; mise en place de centres de traitement en cours, appelés

Annexe 134

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CARD- France : collectés ; un accord entre les pouvoirs publics et les acteurs de la filière

existe depuis 1993 pour promouvoir la valorisation de 85 % de matière ou énergie Suisse Japon

- Grande-Bretagne : application de la Directive en cours ; les centres de traitementexistants (au nombre de 2 500) devront être améliorés techniquement et certifiés

- Italie : collectés ; projet global d’intégration des filières des matériaux récupérés - Pays-Bas : accord (1991) et réglementation conjoints ; taxe « visible », payée par les

constructeurs, qui pourrait être étendue aux autres pays européens ; les véhicules commerciaux ne sont pas gérés ; organisme : ARN

- Suisse : TAR sur les voitures neuves (appliquée aux importateurs et répercutée sur le consommateur) ; aucune installation de traitement : l’accumulation des VHU depuis1992 pose problème ; fondation IGEA

- Japon : projet de loi imposant une taxe pour financer le démantèlement (prévu pour2004) ; actions intensives des constructeurs en vue de faciliter le recyclage des VHU

- États-Unis : pas de législation ni d’accords ; seulement des conseils de la part des constructeurs envers leurs revendeurs et ingénieurs

Pneumatiques - Allemagne : pas de réglementation ; valorisés en cimenterie ou rechapés- Autriche : accords volontaires ; taxe à l’achat ; reprise de la moitié de la production

par les cimentiers (valorisation énergétique)- Danemark : accord (1995) ; taxe pour le financement de la reprise et du traitement ;

organisme Fondation environnementale de l’industrie du pneu France Italie- Espagne : inclus dans les Plans Spéciaux (déchets dangereux), instruments légaux en

cours ; jusque là : stockés en attente - France : décret du 29/12/2002 ; création de Aliapur pour assurer la responsabilité des

producteurs- Italie : accord en cours ; consortium ARGO- Pays-Bas : décret (1995) ; reprise chez les revendeurs ou les garagistes, à la charge du

client ; organisme BEM - Québec : programme (1996) avec mesures prioritaires ; droit environnemental à

l’achat d’un pneu neuf pour le financement du recyclage- États-Unis : mise en décharge interdite dans 33 États et taxe de financement dans plus

de 30 États ; 45 % sont incinérés (cimenteries, papeterie)Huiles et lubrifiants

- Allemagne : réglementation ; coût du traitement inclus dans le prix d’achat ; reprisepar le distributeur

- Danemark : taxe sur la vidange - Espagne : ordonnance (1989, amendée en 1990) ; valorisation énergétique majoritaire

; système fiscal à l’étude pour financer des actions environnementales- France : filière gérée par l’ADEME (indemnisation des collecteurs) ; TGAP prélevée

à l’achat ; collecte par collecteurs agréés ; régénérées ou incinérées (cimenteries)- Grande-Bretagne : réglementation prenant fin en 2001 (déchets dangereux) ; en

cours de reconsidération car trop de valorisation énergétique et pas assez de recyclage- Italie : collectés et recyclés par le consortium COOU, financé par les producteurs et

importateurs- Pays-Bas : décret (1993) ; inclus dans les 18 petits déchets chimiques des ménages

(KCA, avec logo) - Québec : collectes municipales ou aux points de vente (déchets dangereux)

Déchets de construction(DC)

- Allemagne : des accords volontaires, régionaux et fédéraux- Autriche : collectés par l’association ÖBRV - Danemark : accord volontaire, recyclés à 81 % - Espagne : inclus dans les Plans Spéciaux (déchets dangereux), instruments légaux en

cours- France : circulaire de mise en place des plans départementaux de gestion du bâtiment

Annexe 135

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- Italie : pas de réglementation particulière et pas d’accord malgré l’existence d’ungroupe de travail (1998-1999)

- Pays-Bas : depuis 1997, interdiction totale de stocker ces déchets ; seule une taxe élevée doit en limiter le stockage ; pas de réelle filière, mais des taux de recyclage très élevés (90 %)

- Japon : loi (2000) ; collecte (avec tri et recyclage) obligatoire à partir de mai 2002- Québec : plan en cours ; filière peu active- États-Unis : aucune réglementation fédérale ou locale ; des initiatives en provenance

de fabricants et fournisseurs de matériaux de constructionPVC du bâtiment

- Autriche : reprise des tuyauteries et fenêtres, réutilisés par les fabricants- Pays-Bas : décret

Encombrants(monstres)

- Danemark : collectés - Espagne : très faible collecte, inclus dans le Plan National, instruments légaux en

cours- France : collectés sur points de collecte ou à la demande par les collectivités ou repris

par les distributeurs - Pays-Bas : collectés, puis redistribués dans leurs filières d’appartenance pour

traitement ; réglementation en cours pour impliquer financièrement les producteurs (ce serait possible dans 50 % des cas)

Huilesalimentaires

- Espagne : huiles végétales collectées et recyclées- Italie : huiles végétales (consortiums CONOE) et animales (consortium CONOGE)

collectéesDéchets de boucherie et carnés

- Espagne : inclus dans les Plans Spéciaux (déchets dangereux) ; instruments légaux en cours

Médicaments - France : médicaments non utilisés et leurs emballages ; organisme responsable : CYCLAMED

- Pays-Bas : inclus dans les 18 petits déchets chimiques des ménages (KCA, avec logo) - Québec : collectes municipales ou aux points de vente (déchets dangereux)

Phytosanitaires - France : produits phytosanitaires agricoles et horticoles et leurs emballages ; organisme responsable : ADIVALOR

- Pays-Bas : inclus dans les 18 petits déchets chimiques des ménages (KCA, avec logo) - Québec : collectes municipales ou aux points de vente (déchets dangereux)

Solvants,peintures,pesticides

- Allemagne : des accords pour les solvants- France : certains solvants, peintures et certains consommables de l’industrie du jet

d’encre bénéficient de la marque RETOUR assurant la reprise par le fournisseur (consommables et bureautique)

- Suisse : taxes pour les entreprises utilisatrices, exemption si certaines mesures sontprises

- Québec : collectes municipales ou aux points de vente (déchets dangereux) ; des initiatives privées (entreprises)

- États-Unis : compris dans l’Universal Waste Rule (1995)Déchetsphotographiques

- France : appareils photographiques jetables ; organisme : « Collectif du Recyclage »,aussi conventionné dans le cadre du décret « piles » ;

- Italie : accord (1999) sur les appareils photographiques jetables - Pays-Bas : inclus dans les 18 petits déchets chimiques des ménages (KCA, avec logo) - Japon : recyclés en interne chez Konica par exemple

Lampes et tubesélectriques

- Autriche : des consignes, avec reprise- Pays-Bas : inclus dans les 18 petits déchets chimiques des ménages (KCA, avec logo) - Québec : collecte pour les immeubles de bureaux seulement - États-Unis : compris dans l’Universal Waste Rule (1995)

Bois M é t aux - Autriche : bois et métaux d’emballage collectés ; conteneurs à métaux

Annexe 136

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Vorburger Julia Ecologie Industrielle et Valorisation des DéchetsMBA Gestion Internationale 2006

TextilesDans la plupartdes pays étudiésces déchets sont collectés et recyclés, aumoinspartiellement

- Danemark : bois traités collectés depuis avril 2001 - Espagne : bois et métaux d’emballage seulement- France : plan Bois-Energie ; textiles collectés par des entreprises ou des associations- Italie : consortium Rilegno pour le bois ; collecte des textiles ; 1er recycleur européen

d’aluminium (consortium CIAL) ; traverses ferroviaires collectées localement (accordFS / région Émilie-Romagne)

- Pays-Bas ; bois collecté et recyclé par des entreprises privées ; textiles collectés pardes organismes de charité (Armée du Salut) et recyclés par le privé ; fondation Bos en Hout pour le bois

- Québec : résidus forestiers (bois) compostés ; les métaux d’origine industrielle,collectés à grande échelle, comprennent aussi les carcasses d’automobiles ; textiles : filière liée à l’économie sociale

Moquette - États-Unis : recommandation fédérale sur le taux de PET recyclé dans les fibres polyester ; quelques projets au niveau d’États (Floride, Georgie) ; des initiatives de fabricants et revendeurs en vue de leur rénovation

COUNA(courrier non adressé)

- Espagne : obligation d’utiliser du papier recyclé (depuis 2000)- France : projet en cours - Grande-Bretagne : accord volontaire (routeurs, agences de communication,

fédération du papier, association du marketing direct DMA)Livres / journaux

- Grande-Bretagne : accord volontaire (éditeurs)- Japon : reprise par le distributeur ou par des organisations spécialisées - Québec : programme d’aide sociale : mise en place d’un réseau de collecte et

réemploi (aide financière ministérielle)

Annexe 137

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Annexe 8 : Le processus d’incinération59

A leur arrivée, les déchets sont déversés dans une fosse maintenue sous dépression pour éviter la

dispersion des poussières et le dégagement d’odeurs. Un grappin60 permet le mélange de la matière

et le chargement des fours (Gouilliard & Legendre, 2003). Par la suite, les déchets entrent dans le

four. Il existe plusieurs types de fours :

Les fours à grille, à rouleaux ou tournants

Les déchets sont placés en couche mince sur un plan incliné qui permet leur progression. Dans le

four à grille (permettant le passage d'air à travers la couche des déchets), les déchets sont brûlés

pendant deux à trois heures à une température allant de 750°C à 1000°C.

Les fours tournants s’utilisent principalement pour les déchets industriels (les métaux détérioreraient

la grille et les déchets en fondant). Les déchets sont introduits dans le four dont le processus

d’aération est longitudinal, permettant d'optimiser les mélanges (déchets/air) à des températures

supérieures (1 200°C).

Les fours à lits fluidisés

Même si plusieurs techniques sont proposées (four à lit fluidisé dense, rotatif ou circulant), le

principe est le même. Il consiste, après avoir broyé les déchets, à les introduire dans le four où ils

seront maintenus en suspension grâce à une injection d’air, parmi des produits inertes permettant

une bonne homogénéisation des déchets et de la température (Gouilliard et Legendre, 2003). Cette

technique est essentiellement utilisée pour l’incinération de combustibles de mauvaise qualité tels

que les charbons et la tourbe.

Cette technique permet un meilleur rendement énergétique, d’où une meilleure combustion malgré

des températures inférieures à celles de l'incinération en four à grille. Par contre, ce type de

combustion génère plusieurs résidus intermédiaires (les cendres sous chaudière et les cendres de

pré-dépoussiérage) nécessitant un traitement particulier. Elle permet également une plus grande

réduction du volume de déchets à traiter et génère moins de résidus en bout de process. Toutefois,

59 Source : Gouilliard et Legendre, « Déchets ménagers », paru en 2003 chez Economica : 87-91.60 Grappin : accessoire de matériel de levage pour saisir des objet et des matériaux (Le Petit Larousse, 1996).

Annexe 138

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Vorburger Julia Ecologie Industrielle et Valorisation des DéchetsMBA Gestion Internationale 2006l’opération s’avère très polluante et doit être menée correctement afin d’éviter un transfert de

pollutions (poussières, gaz, odeurs, dioxines…). A cet effet, les normes de rejet dans l’atmosphère

exigent, entres autres, un dépoussiérage des fumées, une neutralisation des gaz acides et un

traitement des métaux lourds.

Les résidus solides résultant de l’incinération des déchets représentent environ 10% du volume et 25

à 30% du poids. Ils se répartissent en deux catégories :

- les mâchefers : pouvant être valorisés dans la construction de route, ou stockés en décharge

de classe 2 ;

- les résidus d’épuration des fumées : qui doivent être stockés et stabilisés en décharge de

classe 2 ou de classe 1 pour les plus toxiques.

La valorisation énergétique par incinération n’est qu’une utilisation partielle de ce mode de

traitement ; il s’agit d'une suite utile (souhaitable) de l'incinération, mais ce n’est pas son but.

Annexe 139

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VorburgM

Annexe

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Annexe 9 : La valorisation énergétique de pneus hors d’usage dans une cimenterie61

L’industrie du ciment, grande consommatrice d’énergie, est un très bon candidat pour la valorisation

énergétiquement des déchets. En effet, la préparation du ciment nécessite une température

avoisinant les 1 450°C pour faire réagir chimiquement les matières calcaires, argileuses et autres.

Les principaux déchets susceptibles d’intéresser les cimenteries comme apport énergétique,

relativement à leur pouvoir calorifique équivalent à celui du charbon, sont : les pneus, les huiles, les

solvants.

La solution alternative de brûler des pneus semble être acceptable puisqu’elle permet de se

substituer à des énergies non renouvelables telles que le charbon, le pétrole et le gaz. Par ailleurs,

cette solution présente des avantages économiques dans la mesure où les coûts d’approvisionnement

énergétiques sont diminués (relativement aux combustibles fossiles).

L’étude, effectuée au Québec, révèle que si la valorisation énergétique des pneus (comme

combustibles industriels) est autorisée, il n’en reste pas moins qu’elle doit être « utilisée en dernier

ressort ou lorsqu’il n’y a pas d’autres solutions » pour les autorités publiques (Bredin, 1997, p. 231).

N. Bredin (1997), démontre alors que les concentrations annuelles dues à une utilisation de pneus en

tant que combustible de substitution dans une cimenterie contamine peu les sols, et ce, dans un

rayon de 5 km autour de la cimenterie. Toutefois, comme le souligne N. Bredin dans sa thèse, « la

solution qu’est la valorisation énergétique pour éliminer les pneus et les déchets ne doit toutefois pas

être un frein au développement d’autres solutions comme le recyclage et la réduction à la source »

(Bredin, 1997, p. 233).

61 Source : Bredin, N. 1997. « Etude de l’impact de la valorisation énergétique de pneus hors d’usage, dans une cimenterie, sur les émissions gazeuses par modélisation de la dispersion atmosphérique ». Thèse de Doctorat en Génie Chimique. Université de Sherbrooke. Bibliothèque nationale du Canada, Ottawa.

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Annexe 11 : La gestion des déchets municipaux au Japon et aux Etats-Unis

La gestion des déchets municipaux au Japon

Source : Source : OECD, 2004, p. 29.

La gestion des déchets municipaux aux Etats-Unis

Source : Source : OECD, 2004, p. 29.

Annexe 142

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Annexe 12 : Les conventions encore largement ignorées

Bournay, E. 2006. « Déchets, les recycleurs et les recyclés ». Le Monde Diplomatique. L’Atlas.

Hors série Février : 26-27.

Annexe 143

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Annexe 144

Bournay, E. 2006. « Déchets, les recycleurs et les recyclés ». Le Monde Diplomatique. L’Atlas.

Hors série Février : 26-27.

Annexe 13 : Les déchets électroniques et les cargos empoisonnent l’Asie

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Annexe 15 : Dangers radioactifs, chimiques et biologiques en Asie Centrale

Source : Bovet, P. 2006. « Qui cause les accidents industriels ? ». Le Monde Diplomatique.

L’Atlas. Hors série Février 2006 : 24-25.

Annexe 146

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Annexe 16 : Le développement des écosystèmes comme une métaphore pour la

durabilité des systèmes économique et industriel

Source: Korhonen et al., 2004. “Management and policy aspects of industrial ecology: an emerging research agenda”. Business Strategy and Environment 13(5): p.291.

Annexe 147

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Annexe 17 : Les débouchés et enjeux de l’écologie industrielle pour la

planification et l’usage du territoire62

Pour les collectivités territoriales :

- Connaissance et meilleure maîtrise des flux physiques du territoire,

- Réduction des pollutions locales (bénéfices de santé publique),

- Production d'indicateurs territoriaux de développement et de pollution,

- Valorisation des ressources locales,

- Création d'emplois stables et diversifiés,

- Réduction des risques naturels,

- Meilleure connaissance du tissu économique local (interaction et partenariats avec les

entreprises),

- Attraction de nouvelles activités dites « durables »,

- Développement de nouveaux métiers liés à la gestion environnementale,

- Relocalisation d'activités à proximité de ressources nouvellement identifiées,

- Recrutement d'entreprises innovantes,

- Diminution des coûts de traitement des déchets (mise en décharge et incinération),

- Promotion de nouvelles filières de recyclage et de valorisation,

- Attractivité du territoire augmentée,

- Contribution au développement d'activités de réinsertion.

Pour les entreprises :

- Création de nouvelles compétences au travers de partenariats et de services

mutualisés,

- Coûts d'élimination et de traitement des déchets diminués,

- Meilleure utilisation des ressources et des énergies et diminution des coûts associés,

- Génération de revenus par la vente de sous-produits,

- Amélioration des systèmes de gestion environnementale,

- Réduction des risques industriels,

- Amélioration de l'image de l'entreprise,

- Accès à des programmes de financement publics et à des fonds privés.

Pour la communauté :

62 Enumération issue du Pôle Français d’écologie industrielle, disponible à l’adresse : http://www.france-ecologieindustrielle.fr/index.php, consulté le 14/01/06.

Annexe 148

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L’enjeu pour les collectivités locales concerne essentiellement le développement économique.

En effet, la valorisation des flux de matière et d’énergie sur une zone géographique donnée

peut attirer des entreprises pour tirer profit de ressources non, ou sous-utilisées (chaleur,

vapeur d’eau, sous-produits divers). En conséquence, l’écologie industrielle « pourrait devenir

un outil crucial pour planifier le développement [économique], et donc gérer le territoire à

différentes échelles » (Erkman, 2004, p. 6).

« L’écologie industrielle contribue à l’émergence d’une dynamique locale, véritable

impulsion vers la mise en œuvre d’un projet collectif de développement durable pour le

territoire » (Pôle Français d’écologie industrielle63.

Source : Pôle Français d’écologie industrielle, 2006.

- Amélioration de la qualité de vie,

- Meilleure cohésion sociale,

- Création d'activités de réinsertion,

- Réduction des risques sanitaires,

- Amélioration des infrastructures collectives,

- Développement d'une main d'oeuvre locale et qualifiée,

- Mise en œuvre opérationnelle du développement durable.

Pour l’environnement :

- Réduction des pollutions locales, régionales et globales,

63 Ibid.

Projet territorial de développement durable

Dynamique sociale

Développement économique et social

Stratégie d’écologie industrielle

Permet

Maîtrise del’économie physique

Annexe 149

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- Réduction des émissions de gaz à effet de serre,

- Développement de solutions environnementales innovantes,

- Utilisation plus rationnelle des ressources naturelles,

- Amélioration des systèmes de management environnementaux,

- Maintien des écosystèmes naturels,

- Limitation de l'impact environnemental des flux et des stocks de matière et d'énergie,

- Valorisation des ressources locales, etc.

Annexe 150

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