Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR...

23
Jean-Louis Durand John Scheid «Rites» et «religion». Remarques sur certains préjugés des historiens de la religion des Grecs et des Romains / « Rites » and « Religion ». Remarks Around Some of the Préjudices Shared by Hi torians of the Religion of the Greeks and the Romans In: Archives des sciences sociales des religions. N. 85, 1994. pp. 23-43. Citer ce document / Cite this document : Durand Jean-Louis, Scheid John. «Rites» et «religion». Remarques sur certains préjugés des historiens de la religion des Grecs et des Romains / « Rites » and « Religion ». Remarks Around Some of the Préjudices Shared by Hi torians of the Religion of the Greeks and the Romans. In: Archives des sciences sociales des religions. N. 85, 1994. pp. 23-43. doi : 10.3406/assr.1994.1424 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1994_num_85_1_1424

description

Roman religion

Transcript of Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR...

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 1/23

Jean-Louis DurandJohn Scheid

«Rites» et «religion». Remarques sur certains préjugés des

historiens de la religion des Grecs et des Romains / « Rites »

and « Religion ». Remarks Around Some of the Préjudices

Shared by Hi torians of the Religion of the Greeks and the

RomansIn: Archives des sciences sociales des religions. N. 85, 1994. pp. 23-43.

Citer ce document / Cite this document :

Durand Jean-Louis, Scheid John. «Rites» et «religion». Remarques sur certains préjugés des historiens de la religion des Grecs

et des Romains / « Rites » and « Religion ». Remarks Around Some of the Préjudices Shared by Hi torians of the Religion of the

Greeks and the Romans. In: Archives des sciences sociales des religions. N. 85, 1994. pp. 23-43.

doi : 10.3406/assr.1994.1424

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1994_num_85_1_1424

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 2/23

Résumé

Le manque d'intérêt que la plupart des historiens des religions grecque et romaine accordent aux rites

remonte à deux théories. La majorité des historiens se réfère, à la suite de L. Deubner, G. Wissowa et

M.P. Nilsson, aux théories primitivistes développées par Tylor et l'Ecole de Cambridge, qui situaient le

système rituel à une époque primitive, prédéiste. D'autres historiens, comme G. Rohde, reproduisent

consciemment ou non les théories romantiques sur l'origine des religions, telle que K. O. Müller l'a par 

exemple définie : le ritualisme serait le résultat de la rupture du rapport originel immédiat à la divinité.

Dispensés dans les deux cas de s'interroger sur le sens des rites dans leur contexte quotidien, les

savants spéculent, non sans ambiguïtés, sur les rites originels, ou bien se contentent d'étudier les rites

attestés comme des fossiles de cette période. Des tendances nouvelles sont apparues après la guerre

(Dumézil, Vernant, Burkert) et se sont développées depuis, mais dans la plupart des cas le rite

bénéficie d'un intérêt parce qu'il sert de moyen pour poser d'autres questions.

Resumen

El poco interés manifestado por el estudio de los ritos de la mayor parte de los historiadores griegos y

romanos se explica por dos perspectivas teóricas. Por una parte, la mayoría de los historiadores se

refieren, siguiendo a L. Deubner, G. Wissiwq y M.P. Nilsson, a las teorías primitivistas desarrolladas por 

Tylos y la Escuela de Cambridge que sitúan el sistema ritual en una época primitica y predeista. Por 

otra parte, historiadores como G. Rohde reproducen consciente o inconscientemente las teorías

románicas sobre el origen de las religiones tal como K.O. Müller las ha definido : el ritualismo sería el

resultado de la ruptura de la relación original e inmediata a la divinidad. Estas posi-ciones hicieron que

los investigadores no sintiesen la necesidad de interrogarse sobre el sentido de los ritos en su contexto

cotidiano, lo que llevó a numerosos investigadores a especular, no sin ambigüedad, sobre los ritos de

origen o a contentarse de estudiar los ritos establecidos como «fósiles » de dicho período. Nuevas

corrientes se han manifestado después de la guerra (Dumézil, Vernant, Burket) y se han desarrollado

posteriormente, pero en la mayor parte de los casos el rito ha sido pensado como intermediario para

plantear otros interrogantes.

 Abstract

The lack of interest that most historians of the Greek and Roman religions accord to rites can be traced

to two theories. The majority of historians, having referred to L. Deubner, G. Wissowa and M. P.

Nilsson, take into account the primitivist theories developed by Taylor and the Cambridge School, who

situated the ritual system in a primitive, predeist epoch. Other historians, like G. Rohde, reproduce

consciously or not romantic theories of the origin of religions. K. O. Müller, for example, has defined it

thus: ritualism would be the result of the rupture of the original immediate relation to the divinity.

Exempted in these two cases from questioning the meanings of the rites in their daily context, the

erudite speculate - not without ambiguities - on the original rites, otherwise contenting themselves with

studying the rites attested as the fossils of that period. New tendencies appeared after the war (Dumézil,

Vernant, Burkert) and have developed since, but in most cases the rite attracts interest because itserves as a basis for further questioning.

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 3/23

Arch de Sc soc des Rel. 1994 85 janvier-mars) 23-43Jean-Louis DURAND John SCHEID

RITES ET RELIGION

REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG

DES HISTORIENS DE LA RELIGION DES GRECS

ET DES ROMAINS

Les rituels sont importants au même titre que les aures éléments une religion théologie mythologieittérature sacrée organisation sacerdotale

Dumézil Rituels indo-européens RomeParis 1954

Lorsque Theodor Mommsen qualifiait une des descriptions cultuelles lesplus précises de la religion romaine de curieuse confusion plutôt queconjonction de choses sacrées et de banquets il exprimait pas seulement un anticléricalisme peine déguisé mais également un jugement de valeur traditionnel sur la religion romaine Dédiée la lettre de la prescriptionrituelle observance austère du rite cette religion est pas sans rappeleraprès Theodor Mommsen Ludwig Preller Jean Réville ou Franz Cu-mont 2) le culte mosaïque le pharisianisme et le talmud Cette comparaisonpouvait certes se fonder sur le témoignage de Tertullien 3) mais elle dépendait surtout une représentation générale visant les religions ritualistesCelle-ci dépasse ailleurs le domaine proprement romain et participe également la construction de la figure de la religion grecque souvent limitée

malgré le témoignage contraire des sources la mythologie littéraire et laspéculation philosophique Les historiens de la religion romaine et italiqueopéraient ailleurs la même sélection dans les faits pour concentrer attentionsur les cultes dits orientaux censés véhiculer une nouvelle religiosité et surla philosophie

Le rite qui constituait essence des systèmes religieux du monde gréco-romain est ainsi objet une méconnaissance et un mépris profonds Seulsprévalent aux yeux de opinion commune les éléments conciliables avec laculture chrétienne le mythe les mystères les cultes dits orientaux et la spéculation philosophique Nous essaierons de montrer que ces représentations qu i se retrouvent dans les études majeures sur les religions grecque et

romaine sont déterminées par ethnologie naissante autant que par des thèmes

23

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 4/23

ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

remontant époque romantique et comme ceux-ci par le mouvement généralde mépris du rite qui traverse la culture européenne depuis le xvie siècleNous montrerons enfin comment un déplacement de la perspective relancédans des directions diverses mais partir une réévaluation générale du riteles recherches sur la vie religieuse des Grecs et des Romains

Ritus un terme révélateur

La traduction du terme ritus pose souvent des problèmes notamment

cause de imprécision des dictionnaires Le dictionnaire de Gaffiot utilisédans les lycées fran ais traduit ritus par rite cérémonie religieuseen gen. usage coutume Le sens premier est fondé sur quatre textes Var-ron De la langue latine 88 Ciceron Lois 20-21 et De la nature desdieux 51 Or on onsulte les passages invoqués ce est pas dutout ce sens du terme ritus que on trouve Le passage de Varron part unvers du poète tragique Pacuvius dans lequel il est question un personnagequi vole Alcyonis ritu la manière Alcyonè encyclopédiste préciseque expression signifie conformément la manière habituelle institutùmun oiseau et compare cette formule instruction donnée par un haruspice que chacun sacrifie selon sa coutume et aux services religieux célébrés pas le collège sacerdotal des decemvirs selon la coutume grecque etnon selon le rite romain Graeco ritu non Romano Son commentaire seconclut par le rappel que adverbe rite signifie valable correct commedans expression rite per ecus sacris les cérémonies sacra ayant été correctement célébrées Le passage de Varron prouve clairement que la notion

de cérémonie religieuse est-à-dire de rite au sens moderne est pas contenue dans ritus mais dans sacra ou des termes semblables caerimoniae religiones) et que ritus signifie manière traditionnelle de faire coutume Cesens de ritus est ailleurs conservé dans certains emplois du fran ais modernepar exemple dans messe selon le rite grec

Les trois passages de Ciceron auxquels on peut encore ajouter Lois19 paraissent première vue plus proches de la traduction de Gaffiot Lepremier passage Lois 19 est relativement ambigu Que on conserveles rites de la famille et des ancêtres Mais le commentaire donné parla suite de cet article des lois sacrées imaginées par Ciceron apporte pasune solution claire puisque ritus est traduit par religio Le seul indice onpeut tirer de ce commentaire est que le terme religio signifie plutôt règlereligieuse que religion Les autres passages ne sont cependant pas ambigus Un peu plus loin en 20) Ciceron précise De quelle manière etselon quelle coutume il faut accomplir ces actes tant titre privé titreofficiel que ceux qui ne le savent pas instruisent auprès des prêtres publicsCe passage est très intéressant pour notre enquête étymologique et pour lafigure du prêtre romain Quel était le rôle de celui-ci Etait-il un conservateurde toutes les liturgies image du prêtre catholique par exemple ou était-ilun spécialiste qui pouvait donner propos un service religieux des précisions sur le mode de la célébration Le nombre de cérémonies étant énormedans la religion romaine la première réponse nous paraît absurde Ladeuxième possibilité évoquée nous semble plus satisfaisante car les ritesest-à-dire les modes de célébrer le culte étant limités il faut considérer les

24

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 5/23

GRECS ET ROMAINS

prêtres romains plutôt comme des spécialistes des règles unifiant toutes lespratiques On peut supposer que les prêtres concernés sans doute les pontifesexer aient leur jurisprudence dans le cadre général de ces coutumes Malheureusement une lacune textuelle nous prive du commentaire que Ciceron don

nait de cet article mais en fait les termes employés offrent la clé duproblème puisque les prêtres sont censés révéler ceux qui ignorent quomodo rituque selon quelle manière modus ou coutume ritus il faut célébrer haec ceux-ci est-à-dire les actes religieux enumeres auparavantRedoublement de modus le terme ritus peut signifier uniquement coutumetradition et il ne peut être équivalent haec aux actes cultuels

Le troisième passage est encore plus clair même si la tradition manuscritene permet pas utiliser son témoignage En effet la prescription laconiqueque des ritus des ancêtres on pratique ce il de meilleur optuma

22 est donnée dans le commentaire 40 dans la version que on

pratique les meilleurs optumi Le texte lui-même ne permet donc pas dedécider

siCiceron recommandait

derespecter les meilleures règles optumi

ou ce il avait de meilleur dans ensemble des pratiques religieuses ancestrales optuma Le commentaire paraît cependant établir il gissaitplutôt du premier sens Ciceron rappelle en effet propos de la notion ambiguë de meilleur les deux réponses que oracle de Delphes donna auxAthéniens au sujet des pratiques religieuses religiones ils devaient observer oracle rendu fut Celles qui étaient dans la tradition des ancêtresin more motorum) Comme les Athéniens revinrent disant que usage mosmaiorum avait changé et ils demandaient parmi tant de coutumes moresdiverses celles ils devaient suivre de préférence oracle répondit La

Ce commentaire établit clairement il est pas question ducontenu des pratiques mais du mode de leur célébration de la coutume les

concernant ailleurs la version grecque de anecdote emploie le terme denomos et non celui de hiera

Autrement dit le problème est plus compliqué que les rédacteurs du dictionnaire Gaffiot ne ont supposé En fait leurs choix sémantiques qui sontdéterminés par usage moderne du terme rite ne sont pas isolés Contrairement aux glossaires antiques qu i traduisent ritus par ethos thrêskeia mosou consuetude 8) la plupart des dictionnaires modernes font les mêmes choixque le Gaffiot en citant ailleurs est significatif les mêmes textes sousdes rubriques différentes On peut ailleurs dire que dans la plupart desarticles de dictionnaire ou encyclopédie traitant de ritus la netteté des définitions données oppose la confusion des classements et des interpréta

tions des citations auteurs utilisées 10 Ce qui empêche pas tous cesauteurs de postuler une évolution du sens technique et ancien de conforme

la coutume celui de cérémonie religieuse acte religieux

article récent le plus substantiel qui été consacré au terme ritus celuique Karl-Heinz Roloff écrit en 1954(11 reflète la même conception etreconstruit en outre évolution qu i mène du sens primitif de ritus manièrede faire aux emplois désignant la pratique religieuse dans son ensembleIndépendamment du fait que sa démonstration linguistique et sémantique nepeut pas être acceptée 12 ) article de Roloff présente intérêt de révéleravec une parfaite clarté les raisons de cette étrange construction

époque de Ciceron écrit-il les rites sont pétrifiés et maintenus envie par pure piété Les rites sont devenus objet un culte comme le sont

25

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 6/23

ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

une idole ancienne ou un vieux temple et la notion de ritus été objectivéeépoque primitive on célébrait les actes cultuels selon telle ou telle cou

tume extérieure selon tel rite pour leur seule signification religieuseépoque historique on exécute les rites pour eux-mêmes 13 Cette reconstruction appuie sur une théorie générale de évolution religieuse que

Roloff emprunte Georg Ronde 14) mais qui remonte bien plus loin

Rite et religion

Georg Rohde distingue la phase primitive du sentiment religieux danslaquelle chaque conduite religieuse est produite non par une règle et uneobligation mais par une cause immédiate issue des liens instinctifs dehomme primitif avec le divin Quand ce lien est rompu et que les coutumes

ne sont plus comprises entièrement elles doivent être mémorisées et se transforment en ritus est-à-dire en tradition Au terme de cette évolution leculte ne peut plus exister sans le rite et immobilité de la tradition est lamarque caractéristique du sacré

Cette conception est attestée sous une forme légèrement différente chezGeorg Wissowa auteur un manuel qui est pas remplacé ce jour 15Wissowa décrit avec une précision parfaite la tradition religieuse romainemais ne se pose apparemment pas de question majeure sur son essence Ilaccepte les périodisations historiques remontant au système hégélien 16) etse borne constater dans la lignée de Theodor Mommsen que la religionromaine est fondée exclusivement sur des rites compliqués et un conservatismescrupuleux 17 Il se défend même dans introduction de la seconde éditioncontre accusation de donner de la religion romaine en raison un déficitde sensibilité pour la religiosité une présentation trop extérieure et tropconforme au droit pontifical après avoir mis en question universalisme unconcept comme celui de religiosité il signale en réponse que est peut-êtrela religiosité particulière des Romains qui donne cette impression non sespropres penchants 18 Bref le culte romain est privé de vie intérieure etcette tendance accentue depuis hellénisation de Rome partir du Ille siècleet depuis la restauration extérieure du culte traditionnel par Auguste audébut de ère chrétienne 19)

Toutefois si un savant aussi méticuleux que Wissowa peut se plier auxexigences de cette théorie est que sa conception du rite le permet Il prenden effet le rite au sérieux car il sait que ce sont bien ces actes et obligationsque les Romains appelaient religion En même temps cependant son enquêteparaît crédible parce il vait vidé le rite de sa substance Ce est enfin de volume il xplique sur cette position dans quelques lignes ouvrantla section consacrée aux actes cultuels 20 époque la plus ancienne écritWissowa les besoins religieux expriment dans toute une série actes rituelsqui paraissent capables de détourner par des moyens magiques les malheurset de favoriser la réalisation des choses désirées sans que aide de divinitéset de démons ne soit invoquée Dès que la représentation êtres supérieursdirigeant la destinée humaine est constituée les actes cultuels réalisent les

rapports avec la divinité et exécution des devoirs égard des dieux est

26

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 7/23

GRECS ET ROMAINS

ailleurs cette opposition exprime le titre de son manuel Religion undKultus der Römer le rite et la religion

Wissowa évacue donc la question de la signification des rites vers époqueprimitive des actes magiques sans dieux alors que son objet étude ce

sont les obligations rituelles qui naissent dès apparition de figures divinesOn reconnaît aisément derrière cette reconstruction des éléments de la

même théorie que celle qui sert appui Georg Rohde ou Karl-Heinz Ro-loff mais elle présente aussi une différence Alors que Rohde et Roloff con oivent acte religieux primitif comme un acte instinctif exprimant la relationavec la divinité et opposent au rite résultant de évolution/pour Wissowales actes primitifs sont les rites Ils sont essence magique et dépourvus detoute référence des êtres supérieurs et se transforment par la suite en obligation rituelle perdant peu peu leur substance Le résultat de ces théoriesest le même mais leur position quant la signification du rite et de sonévolution est différente Commen ons par explication de la position de Wis

sowaLa théorie en question pas été inventée par Wissowa Dans une

note 21 il renvoie propos de la strate rituelle de la vieille religion romaine Ludwig Deubner et William Warde Fowler 22 après cetteconception largement inspirée par ethnologie contemporaine évolution humaine parcourt une phase au cours de laquelle homme ne adresse pas auxdieux ou démons pour réaliser ses désirs et se libérer de ses peurs Dans cettephase primitive homme croit il st capable de réaliser ces actes par desrites que on qualifie hui de magiques mais qui ne possèdent riende surnaturel ses yeux Ces actes constituent la strate rituelle de la penséereligieuse 23) qui précède la phase de apparition du concept et de la figure

des divinités En décomposant les rites un certain nombre de vieilles fêtesromaines Deubner reconnaît un côté les fêtes sacrificielles concernantles dieux de autre les rites archaïques magiques hérités de époqueprimitive Ces derniers avaient en fait plus de signification cette dateet ils étaient sacralisés par la tradition Ainsi dans la religion de époquehistorique le rite magique et le rite sacrificiel se trouvent joints pacifiquement 24 Telle fut également la position défendue par Martin PerssonNilsson et Jane Ellen Harrison 25 La reconstruction donnée par WilliamFowler 26 dans un livre contemporain de article de Deubner reprend lesmêmes idées Il ajoute cependant que la systématisation des formes extérieuresdu culte liées apparition de la notion de puissances supérieures était réalisée par intervention une autorité centrale ou de prêtres

Ce est pas le lieu pour mettre en évidence les fondements conjecturauxde cette reconstruction il est encore nécessaire de le faire En tout cas dupoint de vue des religions du monde classique les opinions du groupe pri-mitiviste furent combattues en Allemagne par Walter Otto et ses élèves oupar Karola Vahlert et en France par Georges Dumézil 27) ce qui empêchepas la survie de ces idées de fa on plus ou moins consciente

Nous évoquerons un des problèmes que pose ce système Nous avonsvu que dans les vieilles fêtes on oppose rites magiques et rite sacrificielet que la période primitive des mentalités grecques et romaines appelle laphase rituelle Ces distinctions ne manquent pas de susciter des interrogations

On peut ainsi se demander quelle phase appartient le rite sacrificiel puisque en tant expression principale du culte aux dieux il oppose aux rites

27

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 8/23

ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

dits magiques Deubner 28 imagine certes dans sa stratification une sortede transfert des rites magiques vers acte sacrificiel notamment dans lesrites de purification qui occupent une place importante dans sa reconstructionMais tous les sacrifices ne sont pas purificateurs Fowler suit plutôt lessociologues fran ais mais rejette le refus de Mauss et de Hubert de distinguer

entre faits du système magique et faits du système religieux 29 ses yeuxles éléments magiques dans les rites religieux sont une survivance dont lasignification est perdue et qui oppose aux éléments religieux Fowler accepte pas non plus la position de Van Gennep 30) qui appelle magiques toutesles cérémonies religieuses par opposition aux théories qui constituent lesreligions De fa on significative Fowler note que tous les rites sont expression extérieure une pensée et que est par la pensée les théories ilfaut essayer de découvrir évolution de humanité les rites étant que desindices selon Fowler les sociologues fran ais accordent trop importanceaux actes extérieurs ce qui les conduit prendre pour de la magie vivantereal living magic ce qui est plus un fossile Autrement dit Fowler ad

met hypothèse de Hubert et de Mauss selon laquelle le sacrifice instaure unflux de force sacrée mais rejette dans le passé la conscience de cette actionépoque historique la notion du dynamisme de acte sacrificiel était

perdue et avait été remplacée par une notion il ppelle théologique Aurite magique succèdent obligation et la casuistique rituelles 31)

est sur ce schéma évolutionniste que Fowler et ceux qui pensent commelui fondent leur opinion que le système rituel romain était fossilisé et exprimait un conservatisme exarcerbé qui vidait la religion traditionnelle detoute substance La religion romaine est donc une structure pétrifiée dans laquelle se superposent diverses couches de rites les très anciens rites ditsmagiques et les rites plus récents mettant en cause des êtres supérieurs

époque magique ensemble de ces rites avait une signification maisépoque historique ce sens est perdu depuis longtemps notamment en raisonde activité sacerdotale

Cette théorie est déterminée par ethnologie aussi bien que par le folklore 32 Mais arrière-plan on devine également influence lointaine desthéories romantiques Ludwig Preller auquel Deubner se réfère explicitement 33) distingue trois phases dans la formation de la religion romaineLa phase la plus ancienne est celle de la religion de la nature animée Naturreligion und Naturbegeisterung Cette religion était plus pure que celledes phases suivantes La symbolique cultuelle était moins artificielle parceelle entretenait une proximité immédiate avec la nature où résident les

dieux 34 La deuxième phase correspond institution par le roi Numa desrègles cultuelles dans son système religieux compliqué la piété correspond

observation stricte des obligations rituelles Il avait pas écrit Prellerdans ce système une religion et une foi au sens du Nouveau Testament maisun légalisme de type phariséen 35 Cette tendance au formalisme et au service littéral qui rappelle le mosaïsme et le pharisianisme ne pouvait pasdépasser la conservation rigide de la tradition 36) et ce est partirde la troisième phase introduite par les Tarquins et Servius Tullius donctoujours époque archaïque) que évolution reprend grâce aux influencesétrusque et grecque 37)

Nous insisterons pas sur les influences hégéliennes diffuses qui se dé

cèlent derrière cette périodisation ni sur son caractère imaginaire 38 Ce qui

28

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 9/23

GRECS ET ROMAINS

nous intéresse est le lien que Preller dont ouvrage connu une grandeaudience établit entre les théories fondées sur ethnologie et les théories romantiques suffira de considérer brièvement la notion de symbole dans lefameux livre que Karl Otfried Müller écrit sur la mythologie où confluentla plupart des idées romantiques sur origine des religions

Le symbole est après Müller un signe extérieur visible sur lequel segreffent un sentiment ou une pensée époque primitive le lien entre lesigne et la représentation spirituelle est nécessaire et non gratuit car dans lelieu le temps et le peuple où il se constituait il existait une correspondanceparfaite entre le signifiant et le signifié la suite de évolution après queles différentes communautés primitives se furent mélangées les signes perdirent cette immédiateté et devinrent obscurs est partir de ce momentque naissaient des représentations plus complexes la mythologie le culteles idoles les mystères 39 Pour Müller le rite était un de ces symbolesIl représente par des actes extérieurs et visibles les sentiments des hommesdevant le divin et le culte des différents dieux est la symbolique de cesdieux 40)

On trouve donc chez Müller idée que les rites comme les autres formesde relations avec les dieux sont nés époque la plus reculée de histoirehumaine et que leur sens est progressivement obscurci mesure que seconstituaient les peuples et les nations La forme survécut et se pétrifiaesprit qui avait produite évanouit 41 Ces idées se retrouvent avecdes nuances chez de nombreux contemporains de Müller 42) mais ce dernieren distingue soit parce il efuse le mythe moderne de intervention desprêtres dans le passage du symbole naturel la mythologie et la règlecultuelle invoqué par Vo Creuzer Hermann ainsi que par exemple Fowler

Rohde ou Roloff soit parce que contrairement Welcker il estime quein

compréhension des symboles naturels est extrêmement ancienne même sile phénomène pas cessé de se poursuivre

Il est inutile aller plus loin Les exemples donnés montrent anciennetéde la représentation du rite comme un symbole vidé de son sens 43 Il enressort que les manuels les plus importants de religion grecque ou romainetout comme les études linguistiques du terme ritus véhiculent ces théoriesromantiques éventuellement sous une forme modernisée par la référenceethnologie et la sociologie Pour comprendre orientation générale desétudes sur les religions du monde ancien et éviter des contre-sens il convientde tenir compte de cet arrière-plan idéologique Intéressé par aspect insti

tutionnel et juridique de la religion romaine Wissowa se contente dein

terprétation mentionnée du fait rituel qui évacuait le problème du sens versla préhistoire entièrement attaché étude des règles rituelles il avait plusbesoin de justifier son intérêt pour ces rites creux autres historienscomme Ludwig Deubner William Fowler Martin Nilsson et bien plus tardencore Kurt Latte 44 et Albert Grenier 45 pour nommer les plus importantsintéressaient la religion de époque historique pour reconstituer le sensoriginel des rites dont ils exhumaient avec patience et fantaisie les stratessuccessives Enfin le fossile des religions ritualistes arrangeait la plupart deshistoriens anxieux établir peu de frais une évolution saine et nette etnotamment ceux entre eux qui évertuaient expliquer la christianisationdu monde romain Bref ce système explication arrangeait tout le monde et

entrait harmonieusement dans le thème général de insuffisance du rite Ou

29

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 10/23

ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

plutôt le rite ne pouvait être pris au sérieux que dans la préhistoire dans lessuperstitions des couches populaires 46 ou dans les colonies des empiresmodernes Et même un esprit aussi original que Jane Harrison qui allaitcontre-courant en soulignant importance des rites attribuait ceux-ciune

place transitoire dans évolution47

De ce point de vue histoireerudite des religions du monde classique est donc une illustration parmiautres un thème idéologique qu i domine les esprits depuis le xvie et lexvi siècle 48)

En fait les choses sont plus compliquées sans doute cause du poidsdu dogme anti-rituel Quelle que soit la position de tous ces auteurs ils tombent accord sur un point les religions grecque et romaine sont ritualistes

et les rites possèdent tel ou tel moment de histoire un sens Pour lesreligions constituées la question du sens est en règle générale évacuée versla préhistoire moins que on considère que sa rationalité est encore vivantedans les superstitions populaires ou dans la magie 49)

Quant explication des rites les opinions diffèrent On se réfère le plussouvent aux schémas évolutionnistes que nous venons évoquer Mais alorsque la plupart des antiquisants se contentent de la constatation que les ritua-lismes antiques étaient époque historique vidés de tout sens ce qui signifie ils les considèrent comme morts comme un droit sacré plutôt quecomme la vraie religion des Grecs ou des Romains les sociologues et quelques historiens sont allés plus loin Les sociologues ont dépassé les symboles

rituels pour construire ce que Fran ois Heran appelle une théorie de la méconnaissance et de inconscient 50) qui place le sens une action rituelleextérieur de celle-ci Cette position avait été celle de Jane Harrison 51

Dans une certaine mesure les historiens de antiquité qui privilégient dansla reconstruction de la religion exégèse des antiquaires et des philosophesou bien le monde formulaire du droit sacré comme Wissowa empruntent inconsciemment la même voie le plus souvent sous influence des schémasévolutifs christiano-centriques

Le rite unfait

réellement primitif

Les interprétations des primitivistes contiennent en fait davantageun simple schéma évolutif elles sont moins simples on ne le penseSouvent un rite est donné comme un fait contemporain et reconstruit partirdu contexte historique) alors que après les théories fondant analyse cesens est censé perdu depuis longtemps et être accessible au terme une

fouille stratigraphique Ainsi Kurt Latte écrit que le sacrifice romain estun sacrifice-don indépendamment des représentations qui ont engendré lesdifférents rites Parmi eux il de toute évidence des actes qui ont onnotera les présents pour mission accroître la force du dieu 52 Et Latte

expose le système de Van der Leuuw 53) inspiré par Hubert et Mauss sup-

30

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 11/23

GRECS ET ROMAINS

posant une circulation de force entre le sacrifiant et la divinité qui sertexpliquer les différents rites du sacrifice Ainsi immolano consiste aprèsLatte saupoudrer de farine salée échiné de la victime pour renforcer sapuissance Mächtigkeit) même il note que des éléments supplémentairescomme la volonté honorer la divinité se greffent sur le rite originel conformément la théorie de la stratification des sens)

Cet exemple suffit pour mettre en évidence étrange manipulation qui estopérée On évacue un côté le problème du sens vers le passé mais enmême temps on le donne comme toujours vivant La contradiction éclate chezKurt Latte quand il définit quelques pages plus loin le même rite de immolation comme une exécution symbolique du sacrifice ce qui après lescommentateurs anciens paraît effectivement être le sens premier de ensembledes gestes qui composent ce rite 54 inverse Wissowa considère cettemême séquence rituelle peut-être comme un acte de magie apotropaïquetoujours au présent 55 Au fond par mépris pour le ritualisme les tenantsde ces doctrines ne peuvent attribuer aux Anciens de tels comportements quedans le passé naïf des origines ce qu i empêche pas que leurs analyses constituent bel et bien une interprétation des rites de époque historique

Tous les antiquisants ont cependant pas suivi cette voie Malgré deslapsus comme celui que nous venons évoquer et qui révèlent influence

des primiti vistes Georg Wissowa est pas loin en fin de compte de laposition des sociologues quand il considère le culte public des Romainscomme un système obligations sociales est-à-dire quand il déplace le sensdes rites vers le jeu des règles juridiques Telle fut également approche deJane Harrison Nous avons vu que Karl Otfried Müller séparait le problèmedu développement des rites et donc de leur sens originel de histoire du

culte et de la mythologie Cette position lui permet effectuer un certainnombre de pas dans la direction une théorie symbolique des rites et dumythe Ainsi il considère que personne ne doutait du caractère symboliquedes actes rituels agenouillement abaissement du corps énonce très clairement la soumission spirituelle ce qui est réalisé avec une telle clarté parceque la langue elle-même ne peut exprimer le rapport spirituel que sous formede rapport spatial 56 De la même manière en mettant pour un temps entreparenthèses autres idées comme celle de expiation) il explique le sacrificecomme la représentation par octroi une part honneur retranchée de lanourriture humaine des sentiments de reconnaissance égard de la divinitéqui donne aux hommes leur nourriture quotidienne 57 Müller se refuse enprenant de fa on superstitieuse le signifiant pour le signifié déduire de

ces rites symboliques 58 origine du sacrifice Cela semble indiquer ilconsidère ceux-ci comme des signes gratuits exprimant des représentationsmentales autonomes par rapport aux données de époque des origines

Cette approche est très féconde et il est étonnant elle ait pas exercéune influence plus grande Elle ouvre une voie qui permet expliquer le ritualisme antique dans son présent historique sans devoir projeter celui-ci dansles temps inaccessibles des origines en le privant ainsi de tout contenu spirituel Mais il est certain que le mépris du rite fut pour quelque chose dansle relatif échec de cette approche puisque les historiens ont préféré pendantplus un siècle considérer le ritualisme comme un fossile pétrifié ou un balbutiement primitif du sentiment religieux dans la préhistoire comme dans les

religions historiques

31

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 12/23

ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

De impossible dignité du rite

Le plus important des manuels de religion grecque se fonde bien entendusur cette impossible dignité du rite qui est nécessairement renvoyé pour re

cevoir un quelconque sens une antériorité dont il suffit de repérer les catégories classificatoires et les couches stratigraphiques Les auteurs les plusproches de la perspective anthropologique nécessaire émergence du ritesont issus de la grande tradition sociologique fran aise et échappent curieusement pas cette puissante machine évacuer le rite Elle fait partie intégrante des instruments constitutifs de la discipline et ce quelle que soit laliberté esprit de ces authentiques précurseurs une approche adéquate durite

Pour Louis Gernet le culte de époque classique en Grèce intègre dansun système est une évidence du point de vue sociologique qui est le sienet idée constitue armature de sa grande synthèse Le génie grec dans lareligion 1932 Mais ce système est jamais pris en charge comme tel Pourlui en effet et de fa on très explicite analyser est retrouver du passé

un passé qui reste vivant car des valeurs anciennes ont été conservéesmoyennant les transpositions nécessaires On ne saurait mieux faire apparaître la contradiction repérée plus haut Les valeurs sont vivantes mais ellessont anciennes Et la variante sociologique de explication partout u-vre chez les antiquisants consistera retrouver des états esprit et de sentiments qui peuvent être mis en rapport avec certaines formes sociales quela religion nous fait apercevoir 59 est cette remontée qui est proprementexplicative

Ceci suppose évidence une fragmentation de objet incompatible avecune analyse de ce en quoi il consiste est-à-dire pour commencer agencement précis un ensemble gestuel cohérent et signifiant par lui-mêmeest-à-dire une syntaxe

Ainsi abordant le sacrifice 60 ) pièce centrale du système rituel deépoque classique il voit une synthèse aboutissant un ensemble organique mais partir de la juxtaposition éléments divers Ainsi perle sacrifice est un objet éclaté qui peut donner impression un systèmepassablement compliqué où prédomine le caractère technique Rien autrepour caractériser ce système explication ne peut que venir ailleurs

Pour finir en ce qui concerne le rituel on assiste dans cette uvre du

reste significative de la pratique générale de auteur une transposition dansle vocabulaire et les catégories de la sociologie la même méconnaissanceun sens inhérent au rite per comme ensemble défini par une cohérencepropre Et ce malgré la reconnaissance explicite du rite comme réalité vivantePlus une concession de historien-sociologue aux idées en usage chez lescollègues il agit de la mise en évidence des contraintes internes aux modesde pensée constitutifs de la discipline On ne saurait considérer ceci commeun reproche cet auteur avant-garde Mais contrairement ce qui se produira un peu plus tard avec Dumézil on chercherait vainement chez lui uneétude sur un rituel donné Les faits de rite isolés de leur contexte proprementrituel servent toujours des démonstrations concernant certains mécanismesgénéraux de la vie religieuse et les notions sur lesquels ils sont censés sefonder Le rite relève ainsi du détail et sert toujours comme tel dans une

32

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 13/23

GRECS ET ROMAINS

démonstration qui ne le concerne pas en tant élément un ensemble signifiant par lui-même Le rite chez Gernet comme chez autres ne pensepas il ne peut que renvoyer de la pensée

Le rite on le voit est pas ici proprement objet de mépris mais il est

pas possible même ceux qui en reconnaissent importance de éleverla dignité objet intellectuel autonome ayant ses propres règles de décryptage

Chez Henri Jeanmaire la figure du rite est un peu différente Le rite estincontestablement pour lui une forme analysable mais est dans le domainegrec une forme introuvable Il produit ainsi un livre extraordinaire dont objetest explicitement rituel Couroi et Courètes Essai sur éducation spartiateet sur les rites adolescence dans antiquité hellénique extraordinaire tantpar le projet que par la méthode 61 En apparence on serait tenté de diresous la contrainte des pratiques intellectuelles de son temps auteur partagetous les préjugés des antiquisants inhérents la discipline concernant le ritecomme objet approche autonome du rituel semble ici comme ailleurs blo

quée par le verrou épistémologique de évolutionnisme notion manipuléeailleurs avec des précautions emploi peu habituelles en ce domaine Cequi incite lire Jeanmaire soigneusement et même entre les lignes Le ritedans le cas grec se présente pour lui comme les débris le plus souvent informes ensembles irrémédiablement disparus 62 Mais il agit ensembles cohérents reconstituer les schémas rituels repérés renvoient cepassé aboli dont on atteint ainsi les survivances 63 Pour lu i encore

opposition classique entre des pratiques ritualistes et des pratiques propres développer le sens religieux 64 fonctionne pleinement Mais le ri-tualisme est pas pour autant condamné et ethnocentrisme est explicitementrejeté comme piège méthodologique Pour éviter ce piège il faut recourir aucomparatisme Et si les rites en Grèce ont perdu leur cohérence on peut reconstituer celle-ci en partant de complexes rituels et mythiques auxquelsaccorde la vie religieuse des anciens Grecs 65 Passons sur les justifications de cet accord où la métaphore tient souvent plus de place que argumentation Ce qui est ici exceptionnel est le goût manifeste pour analysedu rite qui exprime tout au long du chapitre trois Avec une pénétration peucommune Jeanmaire fait le tour des faits connus dans ensemble defrique sur institution de initiation et ses rites spécifiques La finesse desanalyses de détail bien au-delà du résumé et de examen des sources quasiexhaustive pour époque est remarquable Un seul exemple La brousse sentiecomme puissance est per ue comme trait caractéristique et élément indispensable du dispositif initiatique On insistera pas ce long chapitre est la

marque une sympathie intellectuelle unique dans ce champ études pouranalyse du rite Les choses sont claires si le rite est introuvable chez lesGrecs on atteint si on tient chez les autres Et répétons-le il étaitépoque exceptionnel tenir Mais malgré ce beau courage théorique Jean-maire ne parvient pas rencontrer le rite grec là où il est Pour le traitercomme objet propre il faut effectuer une translation nécessaire Comme grecle rite est impossible construire

Par sa démarche originale et restée isolée un helléniste de la générationsuivante mérite ici une mention spéciale Jean Rudhardt est en effet passébien près de la construction du rite comme objet intellectuel digne analyseDans les dernières pages de son beau livre au titre programmatique Notions

fondamentales de la pensée religieuse et actes constitutifs du culte dans la

33

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 14/23

ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

Grèce classique 66) il caractérise ainsi son approche Ce qui nous parusignificatif ou propre définir la fonction du rite ce est pas la nature niorigine des moyens il met en uvre mais la fa on dont ces moyensenchaînent et le résultat ils produisent 67 Mais le projet global deauteur empêche de pousser concrètement dans cette voie Pour lui en effet

historien doit reproduire ou mimer intérieurement et chacun des niveauxqui conviennent expérience religieuse un peuple pour éprouver en luicette cohérence et pressentir quelle intuition inspire comportements sentiments ou croyances il veut leur reconnaître un sens il veut apprécier lavaleur une religion pour ceux qui ont appliquée ou simplement lacomprendre 68 Une telle proximité par ailleurs impossible interdirait toutereconnaissance un sens La perspective phénoménologique.est contradictoireavec la distance anthropologique nécessaire la désillusion théorique decomprendre de intérieur Les systèmes rituels ont un sens sont comparablesentre eux mais cela ôte rien leur opacité en tant expérience intérieurede interprète Et la belle reconnaissance de auteur ne pas conduit

exégèse

Les rituels sont importants au même titre que les autres éléments unereligion 69

côté des anthropologues et sociologues 70) autres historiens de antiquité ont pris la voie ouverte par R.O Müller Nous nous bornerons évoquer trois noms celui de Georges Dumézil dont la démarche clairementrompu avec anti-ritualisme traditionnel et ceux de Jean Pierre Vernant et

de Walter Burkert dont influence est hui ominante sur le plan dehistoire religieuse Etant donné son importance le cas de Georges Dumézilsera développé plus longuement

Georges Dumézil avait le regard tourné vers les origines indo-européennes et son projet consistait rechercher explication ultime des représentations religieuses une société vivante donnée il cite sans commentairearticle de Karl-Heinz Roloff dans sa Religion romaine archaïque les rapportsavec école anthropologique fran aise avaient rendu très sensible aux ritesIl les utilisait certes comme des fossiles pour reconstruire des archétypesindo-européens mais il ne les jamais considérés comme morts On noteraabord que dans sa méthode analyse il existe pas de différence entre

mythes rites théologie et littérature sacrée 71 De toute évidence Dumézildéfend inconsciemment mais aussi sous influence de la linguistique uneconception du symbole 72 proche de celle de Müller Comme les autreséléments de la religion les rites constituent un langage destiné énoncer desreprésentations sur ordre des choses Il est significatif que Dumézil critiquedans des termes proches de ceux de Müller le primitivisme des collègues qui identifient signifiant et signifié 73)

Le projet principal de Dumézil la recherche de structures idéologiquestrifonctionnelles ou non le poussait accorder une grande importance auxactes et leur interprétation Se conformant au principe une démonstrationest acceptable que quand il pas de reste il prend en compte et in

terprète tous les éléments de la scène rituelle les gestes autant que les objets

34

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 15/23

GRECS ET ROMAINS

manipulés les attitudes autant que le cadre matériel La forme du sanctuairede Vesta est aussi important et chargé de signification que les prières quiadressent elle ou les mythes qui la concernent Avant de servir la reconstruction des éléments indo-européens de la religion romaine chaque riteest abord interprété dans son contexte historique

Ainsi il ne se contente pas de considérer les prescriptions et les interditsconcernant le flamine de Jupiter comme des survivances pétrifiées une phasehistorique antérieure 74) ou comme des précautions destinées protéger laforce magique du prêtre 75 ) mais il les interprète ensemble dans leurcontexte historique en fonction du statut du flamine et de la nature de sondieu 76 Les pieds du lit flaminal ne sont pas enduits de boue parceépoque archaïque le prêtre devait dormir par terre ou séjourner en permanence dans le bois sacré de son dieu 77 ) mais pour assurer la communicationphysique avec le sol romain 78 interdiction de paraître nu sous le soleille privilège de disposer un licteur de la chaise curule du siège au sénatimpossibilité de prononcer un serment sont considérés ensemble commeexpression symbolique de la fonction souveraine de Jupiter

un des exemples les plus nets de cette procédure est celle de interprétation des Matralia du 11 juin dont seuls quelques rites sommairementdécrits ont survécu 79 objectif de Dumézil était de prouver aide dece dossier il xistait Rome des traces de mythes concernant les dieuxattestés uniquement sous forme de rites 80 Nous en savons peu de chosesdes femmes entrent dans le sanctuaire de Mater matuta dont elles expulsentviolemment une esclave avant de bercer avec bienveillance les enfants deleurs urs Ces rites obscurs ont re on en doute de nombreuses interprétations que nous pouvons classer en deux groupes une part il leshistoriens comme Wissowa qui se contentent voir le souvenir unrapport de parenté préhistorique alors que les primiti vistes comme JamesFrazer ou Herbert Rosé ramènent ces conduites des invocations pour lacroissance des adolescents 81 et un rite de fertilité expulsion coup defouets de esclave)

Dumézil élève contre ces interprétations pour plusieurs raisons Nouspasserons sur les objections linguistiques qui sont importantes et sur le faitil écuse toute analyse qui repose sur la sélection un ou plusieurs faitssortis de leur contexte Le plus intéressant pour notre propos est le fait ilmette en cause le postulat de base que les Romaines ne comprenaient plusdu tout le sens intention de ce elles faisaient ou disaient et que grâceaux Wald- und Feldkulte et au Golden Bough grâce surtout au mana méla

nésien les modernes peuvent rétrospectivement les éclairer 82 Duméziltravaillait sur les rites des Matralia dès 1952 83 cette date il défendaitdéjà les mêmes opinions concernant les rites dans un livret sur les Rituelsindo-européens Rome notamment dans le chapitre consacré aux sacrifice dela vache pleine des Fordicidia 84 Il commence par rejeter les opinions deStefan Weinstock et de Jean âyet qu i interprétaient ce sacrifice de fa ontrès traditionnelle comme un rite de magie sympathique et contraignante

sans rapport avec un nom divin ni même avec un soup on activité divine 85 Des cérémonies comme celle-ci posent en effet après Dumézille problème de la signification des rites

Je ne prétends pas écrit-il que dans la conscience de beaucoup de Romains le mécanisme de cette cérémonie et de quelques autres ne se soit pas

35

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 16/23

ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

réduit une action automatique mais est là une servitude commune toutesles religions même les plus élevées dans la pratique il toujours desfidèles peu éclairés qui remplacent espérance théologique par une certitudeplus ou moins magique 86 Ce est évidemment pas sur leur témoignageil aut juger ni de la valeur de la religion considérée du ressort mystiquedes opérations elle prescrit dans ces appauvrissements dans ces simplifications on est sûr avance de trouver peu de chose et toujours la mêmechose La richesse et les différences apparaissent si comme il convient onadresse aux docteurs Croyons donc les docteurs romains et parlons de sacrifice 87)

Dumézil analyse donc en détail tout ce qui concerne le rite sacrificiel etle statut des animaux sacrifiés même il doit constater que ne possédantni rituels écrits ni commentaires nous ne savons quelle finesse théoriqueles prêtres avaient recours pour affirmer que ce sacrifice répond toutesles obligations 88 Mais la possibilité que des rites puissent servir

construire et transmettre des énoncés complexesest

pas exclue La comparaison avec les textes védiques relatifs au sacrifice accidentel de la vacheastâpadî doit prouver cette opinion elle devient possible elle e fondesur une structure complexe sur un ensemble précis de faits et de gestespermettant une comparaison terme terme ailleurs analyse des faits rituels interprète pas seulement les gestes et les objets concernés en fonctiondes mentalités et du contexte historiques mais recherche une fois ce travail

fait et avant tout quelque chose de plus profond qui les oriente les groupeen fait unité idéologie est-à-dire une conception et une appréciation desgrandes forces qui animent le monde et la société et de leurs rapports 89

Ce savoir sur ordre des choses est implicite dans les rites et il convient dese référer pour dégager ce sens implicite au discours explicite de la théologie

et de la mythologie Autrement dit il existe une homologie entre les énoncésdes rites et ceux des mythes ou des théologies Le rite ne transcrit pas lemythe il est ni antérieur ni postérieur celui-ci Il existe côté de récitscomme ceux qui concernent les Quinquatrus minusculae du 13 juin Le riteénonce et réalise un théologème une fraction de idéologie Il est significatif que Dumézil se réfère dans ses observations conclusives la magiesympathique les matrones reproduisent sur terre les actes mythiques qu(ela déesse accomplit dans le ciel et qui se traduisent nos yeux par la naissance des jours successifs 90 Dumézil pense manifestement Essai surla magie sans pour autant considérer les rites comme des fossiles ou desdrames mythiques

interprétation que Dumézil présente des rites des Matralia est conformece principe il nalyse les rites en tant que tels et essaie de les

comprendre en appuyant sur les hymnes védiques Usas On peut êtreconvaincu par ce rapprochement ou non et on peut en tirer des conclusionsdifférente des siennes 91) on peut également se demander si une civilisationpeut conserver intacts pendant des millénaires des séquences idéologiquescomme celles qui seraient actualisées par les rites examinés Il reste toutefoisque interprétation dumézilienne des Matralia rend justice autant que possible ensemble des rites connus la définition traditionnelle de la déesseet de sa fonction Mieux même elle réussit expliquer les rites et le mythedes Quinquatrus minusculae du 13 juin dont aucune interprétation convaincante avait encore été présentée

36

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 17/23

GRECS ET ROMAINS

Même si uvre de Dumézil ne peut pas être réduite cet aspect il endemeure pas moins que sa position explicite ou implicite égard des ri-tualismes classiques découlait de son approche globale des faits religieux Demême il progressivement précisé creusé et rendu complexes les struc

tures sur lesquelles portaient ses enquêtes comparatives de même il étéporté restaurer la signification du rite 92 intérêt pour le rite serait doncchez lui un effet de la recherche de preuves irrécusables Quoi il n soitau milieu de ce siècle Dumézil était relativement isolé dans cette sollicitudepour le rite considéré comme une structure vivante et remplie de sens Il futprogressivement rejoint par deux chercheurs et leurs élèves Jean-Pierre Ver-nant et Walter Burkert Dès instant où Jean-Pierre Vernant était fixé pourobjectif étudier la pensée des Grecs dans leurs actes autant que dans leursdiscours le rite devait bénéficier une attention accrue En nous limitant auxtravaux concernant la religion ce point de vue est décernable dès enquêtesur Hermès et Hestia 93) et sera fortement développé au cours des annéessoixante-dix par les travaux sur le sacrifice conduits avec un ensemble dechercheurs 94 Le sacrifice grec est analysé comme un partage et un repasconstituant le groupe social mais énon ant également le système des chosesles règles du partage transcrivent ordre des êtres et mettent chacun saplace Ces enquêtes qui concernaient au début davantage la pensée que lesrites ont suscité progressivement un développement spectaculaire de anthropologie des images est-à-dire surtout des représentations de rites 95) etun intérêt renouvelé pour les rites lois sacrées et autres règlements rituels

Walter Burkert partage avec les historiens des religions qui inspirent deDumézil et de Vemant intérêt pour le rite 96 Il analyse les rites de troispoints de vue fondés sur une connaissance exceptionnelle de la littérature

antique Sans exclure les approches fonctionnaliste et structuralisteil

conduit ailleurs de fa on exemplaire Burkert renoue cependant avec la recherche des origines des rites En essayant de reconstruire comme Dumézilles sociologues ou les primitivistes du début de siècle dans leurs projetsrespectifs les causes ultimes des actes rituels il inspire de la socio-biologiepour identifier notamment dans les rites du sacrifice dans le choc devant lespectacle de la mort la survivance des angoisses lointaines des hommes préhistoriques 97 Dans le cadre limité de ces remarques nous avons pasexaminer cet aspect de son uvre 98 Nous nous bornerons nous demandersi le projet proprement dit de Burkert ne le pousse pas dans une directioncontraire la restauration des rites Car malgré ses analyses fonctionnelleset structurales il paraît rejoindre la position de ceux qui cherchent derrièreles rites de époque historique une signification plus profonde et plus satisfaisante Ce sens ultime est pas cherché et trouvé dans un imaginaire chrétien ou en serait-ce une version nouvelle mais plutôt dans la naturehumaine dans cette continuité du vivant qui permet après Burkertidentifier les réactions et comportements primitifs que le culte permet dedominer par la ritualisation

Si on peut se féliciter de intérêt dont le rite bénéficie désormais onpeut toutefois se demander légitimement si on est aussi éloigné on nele pense des représentations du XIXe siècle Les trois approches esquisséesutilisent en fait le rite comme un indice autre chose les structures indo

européennes la pensée des Grecs ou les comportements naturels de hommea-t-on pas mis entre parenthèses les origines pour mieux revenir par la

37

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 18/23

ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

suite Ne cherche-t-on pas une fois de plus intérêt et le sens du riteextérieur de lu i Ce qui revient admettre implicitement que si on netrouve pas une grande représentation mettre derrière un rite ou une causenaturelle lointaine le rite autre intérêt que exister 99)

Jean-Louis DURANDC.N.R.S.

John SCHEIDC.N.R.S -E.P.H.E Sciences Religieuses

Paris

NOTES

MOMMSEN De collegis et sodaliciis Kiel 1843MOMMSEN Histoire romaine Paris 1854-56) tr fr rééd en 1985 II 981 cf aussi

1014 PRELLER Römische Mythologie 18823 127 sq et 142 VILLE La Religion

Rome sous les Sévères Paris 1886 144 CUMONT 1929 25 les Romains sont plus religieux

TERT De argument de prescription opposer aux hérésies 40

On pourrait encore ajouter les innombrables spéculations sur la religion étrusque

Ritus familiae patrumque servanto

Lois 27 Conserver la religion de la famille et des ancêtres cela revient étantdonné que les anciens sont ceux qui touchent de plus près aux dieux pratiquer la règle religieuse qui nous été en quelque sorte remise par les dieux traduction de Plinval avec retouches Pour le terme religio voir Schilling 1979 39-43

En 22 les manuscrits donnent la le on optuma mais en 40 ils donnent optumiLes deux traditions sont donc attestées et état actuel de établissement du texte ne permetpas de trancher

Pour les références voir GANSCHINIETZ Realencyklopädie der klassischen Altertumswissenschaft s.v Ritus 1972 mais article est nettement plus ancien) 924 20-50 qui veutconsidérer ces traductions comme des formations secondaires partir du terme ritu seul employéau début de notre ère

Ainsi le texte de Varron LL 88 commentant un vers de Pacuvius qui est censéfonder le sens de cérémonie pour Gaffiot est utilisé la fois comme référence pour le sens

religious observances rites ceremonies according to given rite on cite ici lecommentaire de Varron) et pour celui de According to the practice of in the manner ofon cite ici le vers de Pacuvius commenté) mode of behavior practice usage ways dansIe Oxford Latin Dictionnary alors il agit évidemment du même sens dans les deux cas

10 Jules TOUTAIN dans le Dictionnaire des Antiquités gecques et romaines de Darem-berg-Saglio 1877- s.v ritus 869 sq.) Ganschinietz dans la RE ERNOUT-A MEILLETDictionnaire étymologique de la langue latine s.v donne interprétation de Pestus WALDEJ.B HOFFMANN Lateinisches etymologisches Wörterbuch Heidelberg 1954 s.v ritus religiöserBrauch Ritus Zeremonie Gebrauch Sitte Gewohnheit Art

38

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 19/23

GRECS ET ROMAINS

11 Roloff 1954 article de OLZSCHA Die Etymologie von ritus dans Studi Etruschi 24 1955/6 319 sq. apporte rien de nouveau pour notre propos BENVENISTE Levocabulaire des institutions indo-européennes Paris 1969 100-101 examine aussi la signification originelle du terme ritus Il interprète comme ordre en appuyant sur lesrapprochements avec les termes formés sur la racine *ar- mais la longue de ritus rend ce rapprochement difficile

12 Un dépouillement complet des occurrences concernant le terme ritus copiées par Valérie Huet dans les fichiers du Thésaurus Linguae Latinae Munich été réalisé avec aidedes participants un séminaire E.P.H.E en 1991-2 Il en résulte que si on ne se laissepas déterminer par des arguments extérieurs rien empêche de conclure queau Ie siècleapr J.C au moins le sens de ritus reste manière de faire Le pluriel ritus signifiant dansce cas ensemble des traits marquants de la religion un peuple non ensemble des gestesrituels de cette religion Il est significatif que pour Roloff ce sont les textes déjà cités deCiceron qui engagent le développement du sens large de ritus autres savants placent le débutdu changement un peu plus tard et attribuent Ovide Ganschinietz RE s.v Ritus col 927sq.)

13 ROLOFF 1954 48 55

14 ROHDE Die Kultsatzungen der römischen Pont fices Religionsgeschichtliche Versuche und Vorarbeiten vol XXV) Berlin 1936 115 sq

15 WISSOWA Religion un d Kultus der Römer Handbuch der AltertumswissenschaftIV vol 5) Munich 19122

16 John SCHEID impossible polythéisme Les raisons un vide dans histoire de lareligion romaine dans SCHMIDT 1988 425-457

17 WISSOWA 1912 34 sq

18 WISSOWA 1912 VIII19 WISSOWA 1912 56-59 pour hellénisation 84 pour la restauration augustéenne20 WISSOWA 1912 40921 WISSOWA 1912 409 note

22 DEUBNER 1911 FOWLER 1911 Dans ce travail 322) Deubner résume les positionsdéfendues par lui et les savants qui partagent ses vues en se référant PRELLER un autre

livre de FOWLER The Roman Festivals Londres 1899) au Rameau or de PRAZERR.R MARETT The Threshold of Religion Londres 1909 article de KROLL sur RömischeReligion dans Religion in Geschichte und Gegenwart vol IV Tübingen 1930 2078-2085 et

Primitive Religion de Martin Nilsson Tübingen 1911 Un autre article de Kroll dans laréédition du volume de Schiele en 1930 2028-2085 sur la Römische Religion illustre lamême position FOWLER 1911 45 sq. dans un chapitre dont le nom est emprunté au livrede Marett cite parmi ses inspirateurs Westermark Tylor Frazer Robertson Smith et bien surMarett voir aussi FOWLER 1911 18-21

23 DEUBNER 1911 330

24 DEUBNER 1911 33025 NILSSON Griechische Feste Leipzig 1906 et 1911 voir note 21) HARRISON Pro

legomena to the Study of Greek Religion Cambridge 1903 Cf pour le groupe de CambridgeRobert ACKERMAN The Myth and Ritual School J.G Frajer and the Cambridge Ritualists

New York/London 1991 et pour appréciation de cette théorie de la magie maintenant H.SVERSNEL Some reflections on the relationship magic-religion dans Numen 38 1991 177-197

26 FOWLER 1911 voir ex 2-2127 VAHLERT Praedeismus und römische Religion Dissertation Francfort 1935 Voir

Jörg PKE Römische Religion bei Eduard Norden Die Altrömischen Priesterbücher im wissenschaftlichen Kontext der drei iger Jahre Marburg 1993 25 sq DUM ZIL souvent critiqué durement le primitivisme par exemple déjà dans Naissance de Rome Paris 1944

sq. et de fa on rétrospective dans Religion romaine archaïque Paris 19873 36-48

28 DEUBNER 1911 33129 Pour le sacrifice FOWLER 1911 169-191 pour les rites magiques 65 27

30 VAN GENNEP Rites de passage Paris 1909 17

31 FOWLER 1911 190

39

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 20/23

ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

32 Fowler par exemple après avoir considéré immobilisme de son village anglais jusla révolution industrielle rapproche la campagne italienne de son temps des communautés

latines antérieures la naissance de la cité 1911 10 sq.)33 DEUBNER 1911 322 De ses précurseurs Preller et Fowler il estime que un Preller

ne va pas assez loin et que autre est trop marqué par les esprits de la végétation de Mannhardt

34 PRELLER 1882 104 sq35 PRELLER 1882 p.126-12836 PRELLER 1882 p.142

37 PRELLER 1882 p.142 sq38 SCHEID 1988 Preller fonde sa reconstruction sur les sources littéraires anciennes plus

exactement sur les mythes romains des origines39 LLER 1825 238-261 notamment 257 sq Voir TIENNE Invention de

la mythologie Paris 1981227-229 pour la théorie mullérienne du mythe40 LLER 1825 258

41 LLER 1825 34342 On peut citer par exemple en suivant la liste donnée par Müller lui-même aux pages

316 et suivantes Heyne Vo Creuzer Hermann Welcker pour leurs conceptions voir BenedettoBRAVO Dieu et les dieux chez Creuzer et F.G Welcker dans SCHMIDT 1988 375-42443 Voir ci-dessous article de Fr HERAN 137-15244 LATTE 1960 13 sq avec la critique sévère mais non justifiée de la thèse de Karola

Vahlert45 GRENIER Le Génie romain dans la religion la pensée et art Paris première edit

en 1938 id. Les Religions étrusque et romaine Les Religions de Europe ancienne III) Paris1948

46 Voir par exemple FOWLER 1911 57 sq est dans ces représentations ainsi quedans la valorisation de la piété et de la sagesse populaires conservatoires de la piété originellepar les romantiques allemands il aut chercher origine du mythe moderne des survivancesreligieuses

47 SCHLESIER Ritual un d Mythos Zur Anthropologie der Antike heute dansFABER KYTZLER ed.) Antike heute Würzburg 1992 93-109 notamment 10448 Voir ci-dessous étude de Francis SCHMIDT 121-13649 On se reportera aux pages que Fritz Graf consacre dans le premier chapitre de son

livre sur la magie gréco-romaine sous presse) pour les problèmes rencontrés par les premierssavants travaillant sur les papyrus magiques grecs de telles pratiques ne pouvaient pas êtregrecques

50 Voir ci-dessous 137-15251 Voir SCHLESIER 1992 104 voir aussi la position exprimée par Paul VEYNE

Conduites sans croyances et uvres art sans spectateurs dans Diogene 143 1988 3-2252 LATTE 1960 375 avec un renvoi la 45 sq53 van der LEEUW Die do-ui-des-Formel in der Opfertheorie dans ARW 20 1920-

21 241-25354 LATTE 1960 387 pour le sens de Vimmolatio SCHEID 1990 333-33655 WISSOWA 1912 41756 LLER 1825 258

57 LLER 1825 258 sq Cette interprétation est pas si éloignée des théories contemporaines du sacrifice voir plus loin

58 LLER 1825 25959 GERNET 1932 31

60 GERNET 1932 183 sq61 JEANMAIRE 193962 JEANMAIRE 1939

63 JEANMAIRE 1939

40

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 21/23

GRECS ET ROMAINS

64 JEANMAIRE 1939 208

65 JEANMAIRE 1939 14966 RUDHARDT 195867 RUDHARDT 1958 30468 RUDHARDT 1958 306

69 DUM ZIL 195470 Victor TURNER Le Phénomène rituel Structure et contre-structure 1969) Paris 1990

BATESON La cérémonie du naven 1936) Paris 1986 voir aussi ci-dessous Fr HERAN137-152 et 22)

71 DUM ZIL 195472 En 1966 il demandait que on reprenne la question du symbole DUM ZIL 1987

43 sq73 LLER 1825 258 sq. DUM ZIL Naissance de Rome Paris 1944 sq. 1987

36-4874 Comme LATTE 1960 202 citant Herbert Rose pour une partie des prescriptions

75 Comme LATTE 1960 402 le fait pour une autre partie des tabous76 DUM ZIL 1987 163-16577 LATTE 1960 p.202

78 DUM ZIL 1987 16379 Pour tout ceci et la bibliographie DUM ZIL 1973 174-194 et surtout 305-330

1987 63-7580 II ne agit pas de drames mythiques mais de rites anciens puisque indo-européens

reproduisant la même structure queles mythes Usas ou des Quinquatrus minusculae81 On notera que contrairement aux théories défendues par Rosé sa reconstruction se

fait partir du nom de la déesse Matuta) et non un simple acte magique comme interprétation de expulsion

82 DUM ZIL 1973 31183 DUM ZIL 1973 305

84 DUM ZIL 1954 11-2585 DUM ZIL 1954 23 sq. n.6-8 pour la bibliographie86 II renvoie ici Mircéa Eliade Les techniques du yoga et au dernier chapitre de ses

Dieux des indo-européens Paris 195287 DUM ZIL 1954 13 sq

88 DUM ZIL 1954 14

89 DUM ZIL 195490 DUM ZIL 1973 328

91 On peut se demander par exemple si intervention de Mater matuta qui consisteraitfavoriser la naissance du jour après le solstice été pour lutter contre obscurité ne doit

pas être interprétée différemment comme ils ne réussissent inverser le cours du jourpartir du solstice hiver les rites servent plutôt exprimer un désir un fait plutôt uneintervention réelle de la déesse moins il agisse simplement de la représentation unelutte dramatique pour la naissance du jour au cours de la période de la décroissance autreproblème posé concerne le comparatisme indo-européen Est-ce simplement parce que Dumézilsait bien analyser et construire ses objets il met en évidence des structures homologues Etque faut-il conclure sur idéologie indo-européenne quand de telles homologies sont mises enévidence Voir le dossier consacré ces problèmes dans la RHR 208 1991 115-228

92 II serait intéressant étudier évolution de la conception du rite dans uvre deDumézil depuis sa période frazérienne aux uvres de maturité

93 J.P VERNANT Hestia-Hermès Sur expression religieuse de espace et du mouve

ment chez les Grecs 1963) dans id Mythe et pensée chez les Grecs Paris 1985 155-201cf également J.P VERNANT Religions histoires raisons Paris 1979 45 sq

41

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 22/23

ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

94 TIENNE J.P VERNANT La Cuisine du sacrifice en pays grec Paris 1979 pourle sacrifice romain SCHEID 1990 357-363 475-676 751-755 par ailleurs aussi GROTTANELLIC. PARISE N.F éd.) Sacrificio società nel mondo antico Bari 1988

95 J.L DURAND Sacrifice et labour en Grèce ancienne Essai anthropologie religieuseParis 1986 LISSARAGUE Un flot images une esthétique du banquet grec Paris 1987Fr FRONTISI-DUCROUX Le Dieu-masque Une figure du Dionysos Athènes Paris 1991 Onnotera aussi Essai analyse sémantique des rites grecs de Claude LAME dans Etudesde lettres III 1973 53-82

96 Voir exposé très clair Glaube un d Verhalten Zeichengehalt un d Wirkungsmachtvon Opferritualen dans RUDHARDT J. REVERDIN ed.) 0. Le Sacrifice dans Antiquité Entretiens de la Fondation Hardt XXVII) Vand uvres-Genf 1981 159-199

97 On se reportera également BURKERT Homo necans Interpretationen altgriechischer Opferriten und Mythen RGW 32) Berlin 1972 et BURKERT Anthropologie desreligiösen Opfers Die Sakralisierung de r Gewalt Munich 19832

98 Voir par exemple dans BURKERT 1981 le débat faisant suite sa communication

99 Nous ne nous occupons dans le cadre de cet article que des tendances établies dehistoire des religions et non des développements récents auxquels nous faisons allusion par

exemple dans les notes 49 84 85 On se reportera ces études pour une approche plus contemporaine des faits rituels

BIBLIOGRAPHIE

DEUBNER Zur Entwicklungsgeschichte der altrömischen Religion dans Neue Jahrbücherfür klassische Altertumswissenschaft 1911 321-335

DUM ZIL Rituels indo-européens Rome Paris 1954DUM ZIL Mythe et épopée III Histoires romaines Paris 1973DUM ZIL Religion romaine archaïque 1966) Paris 19873FOWLER W.W The Religious Experience of the Roman People from the Earliest Times to the

Age of Augustus 1911) rééd New York 1971GERNET et BOULANGER Le Génie grec dans la religion Paris 1932 rééd 1970JEANMAIRE Couroi et Courètes Essai sur éducation spartiate et sur les rites adolescence

dans antiquité hellénique Lille 1939LATTE Römische Religion Handbuch der Altertumswissenschaft vol 4) Munich 1960

LLER Prolegomena einer wissenschaftichen Mythologie Göttingen 1825PRELLER Römische Mythologie Berlin 18823 rééd 1966RoLOFF K.H Ritus Glotta 33 1954 36-65RUDHARDT Notions fondamentales de la pensée religieuse et actes constitutifs du culte Etude

préliminaire pour aider la compréhension de la piété athénienne au ive siècle Genève1958

SCHEID Romulus et ses frères Le collège arvale modèle du culte public dans la Rome desempereurs B.E.F.A.R no 275) Rome 1990

SCHILLING originalité du vocabulaire religieux latin 1971) dans id Rites cultes dieuxde Rome Paris 1979 30-53

SCHMIDT Fr éd. impensable polythéisme Etudes historiographie religieuse Paris 1988History Anthropology 1987

WissowA Religion und Kultus der Römer Handbuch der Altertumswissenschaft IV vol 5)Munich 19122 rééd 1971

42

7/16/2019 Durand, ScheiRITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG RITES ET RELIGION REMARQUES SUR CERTAI…

http://slidepdf.com/reader/full/durand-scheirites-et-religion-remarques-sur-certains-pr-jug-rites-et-religion 23/23

GRECS ET ROMAINS

Résumé

Le manque intérêt que la plupart des historiens des religions grecqueet romaine accordent aux rites remonte deux théories La majorité des historiens se réfère la suite de Deubner Wissowa et M.P Nilsson auxthéories primitivistes développées par Ty lor et Ecole de Cambridge qui situaient le système rituel une époque primitive prédéiste autres historienscomme Rohde reproduisent consciemment ou non les théories romantiquessur origine des religions telle que Muller par exemple définie leritualisme serait le résultat de la rupture du rapport originel immédiat ladivinité Dispensés dans les deux cas de interroger sur le sens des rites dansleur contexte quotidien les savants spéculent non sans ambiguïtés sur lesrites originels ou bien se contentent étudier les rites attestés comme desfossiles de cette période Des tendances nouvelles sont apparues après la guerreDumézil Vernant Burkert et se sont développées depuis mais dans la plupartdes cas le rite bénéficie un intérêt parce il ert de moyen pour poser

autres questions

Abstract

The lack of interest that most historians of the Greek and Roman religionsaccord to rites can be traced to two theories The majority of historians havingreferred to Deubner Wissowa and Nilsson take into account theprimitivist theories developed by Taylor and the Cambridge School who situated the ritual system in primitive predeist epoch Other historians like

Rohde reproduce consciously or not romantic theories of the origin of religions Müller for example has defined it thus ritualism would be theresult of the rupture of the original immediate relation to the divinity Exempted

in these two cases from questioning the meanings of the rites in their dailycontext the erudite speculate not without ambiguities on the original ritesotherwise contenting themselves to study the rites attested as the fossils of thatperiod New tendencies appeared after the war Dumézil Vernant Burkertand have developed since but in most cases the rite attracts interest becauseit serves as basis for further questioning

Resumen

El poco interés manifestado por el estudio de los ritos de la mayor partede los historiadores griegos romanos se explica por dos perspectivas te ricasPor una parte la mayor de los historiadores se refieren siguiendo Deub

ner Wissiwq Nilsson las teor as primitivistas desarrolladas porTylos la Escuela de Cambridge que sit an el sistema ritual en una épocaprimitica predeista Por otra parte historiadores como Rohde reproducenconsciente inconscientemente las teor as rom nicas sobre el origen de lasreligiones tal como Muler las ha definido el ritualismo ser el resultadode la ruptura de la relaci original inmediata la divinidad Estas posiciones hicieron que los investigadores no sintiesen la necesidad de interrogarsesobre el sentido de los ritos en su contexto cotidiano lo que llev numerososinvestigadores especular no sin ambigüedad sobre los ritos de origencontentarse de estudiar los ritos establecidos como siles de dicho per odoNuevas corrientes se han manifestado después de la guerra Dumézil VernantBurket se han desarrollado posteriormente pero en la mayor parte de loscasos el rito ha sido pensado como intermediario para plantear otros interro

gantes

43