Draft du Rapport de la Mission Conjointe d'évaluation à Ngele ......Rapport de la mission...

Human Right MONUSCO

Rapport de la mission conjointe d’évaluation de la situation des réfugiés centrafricains identifiés dans la

localité de Ngele Rive, secteur de Banda en territoire de Bosobolo (district du Nord Ubangi)

Date de la mission : Du 22 au 24 août 2012 Destination de la mission : Localité de Ngele Rive, Groupement de Gobu, Secteur de Banda, Territoire de

Bosobolo, District de Nord Ubangi en Province de l’Équateur (RDC) Composition de l’équipe : MONUSCO (Affaires Civiles, Radio Okapi, Bureau Conjoint des Nations Unies aux

Droits de l’Homme, Police des Nations Unies, Sécurité et 5 casques bleus Egyptiens comme escorte), OCHA, UNHCR (unité de Protection et unité de Services Communautaires), AIRD, Commission Nationale pour les Réfugiés (CNR) et la section CMIC de FARDC.

Chef d’Equipe : Affaires Civiles de la MONUSCO-Mbandaka SOMMAIRE I. Contextes et justification de la mission II. Objectifs de la mission III. Méthodologie utilisée IV. Résultats attendus V. Participants VI. Situation sécuritaire VII. Mouvements des populations VIII. Évaluation sectorielle

Rapport de la mission conjointe d’évaluation de la situation des réfugiés centrafricains identifiés dans la localité de Ngele, secteur de Banda en territoire de Bosobolo (district du Nord Ubangi) Page 1

1. Contexte et justification de la mission

Depuis le mois de juin 2012, de nombreuses institutions, ONG et agences du système des Nations Unies dont la Croix Rouge du District du Nord Ubangi, la Direction Générale des Migrations (DGM), la Commission Nationale pour les Réfugiés (CNR), l’UNHCR, MSF et OCHA ont partagé diverses informations faisant état des mouvements transfrontaliers des populations qui fuient des attaques des rebelles en République Centrafricaine (RCA) pour se réfugier de ce coté de la rivière Ubangi en République Démocratique du Congo (RDC). Selon ces informations, un Chef rebelle Tchadien dénommé Baba Laddé, entré en rébellion depuis 1998 avec son mouvement le Front Populaire pour le Redressement (FPR), sèmerait la terreur au Sud de la Centrafrique. Pour rappel, en mars 2003, il avait participé à la conquête du pouvoir aux cotés de l’actuel président Centrafricain (Mr François BOZIZÉ) ; mais quand ce dernier accéda au pouvoir, il n’aurait plus respecté les accords signés avec Baba Laddé. En janvier 2012, les armées tchadiennes et centrafricaines auraient lancé une offensive contre ses bases situées au Centre Nord de la RCA, ce qui aurait obligé Baba Laddé et ses hommes de se diriger vers le Sud de la RCA ; une zone où opère déjà le groupe rebelle Ougandais de la LRA (Lord Resistance Army) de Joseph KONY.

En mi-juin 2012, la Croix Rouge du Nord Ubangi avait lancé un appel actif à l’endroit des humanitaires pour venir en aide aux 1 230 personnes venues de la RCA pour se réfugier dans les villages situés dans la zone de santé de Bili (territoire de Bosobolo, district du Nord Ubangi).

Par ailleurs, dans son rapport mensuel de juin 2012, OCHA-Équateur confirmait l’information du HCR selon laquelle : « 1 234 personnes de nationalité centrafricaine (168 ménages) dont 724 enfants, 284 femmes et 226 hommes ont traversé la frontière depuis le 24 mai dernier, pour se réfugier dans les localités de Ngele et Kedja, dans le Territoire de Bosobolo, District du Nord-Ubangi. Ces personnes viennent des villages de Gbasiki et Ngbatamba en République Centrafricaine et affirment avoir fui des attaques répétées d’hommes armés ». Selon ce rapport, les sources administratives locales avaient rapporté des besoins les plus urgents en termes d’abris et biens non alimentaires, de soins médicaux, d’eau, hygiène et assainissement, de protection, de nutrition ainsi que de vivres. La mort d’un bébé a déjà été rapportée. L’effectif des sites augmenterait avec de nouvelles arrivées et des naissances. Les autorités provinciales avaient alors sollicité un appui des humanitaires pour une assistance rapide à ces personnes. Ces Centrafricains conditionnent leur retour à la sécurisation et la pacification de leurs villages par le gouvernement centrafricain, ce qui laisse présager un long déplacement. Dans le même rapport, OCHA note aussi que le HCR a identifié depuis novembre 2011, environs 572 autres réfugiés centrafricains venus du village Danga en RCA, fuyant les attaques des éléments de la LRA et qui sont par contre installés dans la localité de Bakundu en territoire de Libenge dans le District du Sud-Ubangi. Ceux-ci ont déjà bénéficié des kits d’abris d’urgence ainsi que d’une distribution ponctuelle de vivres et NFI par le HCR et ses partenaires, mais beaucoup sont malades et il y a de nombreux enfants malnutris parmi eux. Pour le HCR, un autre groupe des réfugiés se serait dirigé vers Pandu, chef lieu du secteur Banda en territoire de Bosobolo.

En juillet 2012, la CNR et le Commissaire de District du Nord Ubangi s’étaient rendus à Pandu et à Ngele, où ils avaient enregistré à travers la DGM environs 1 861 personnes de nationalité centrafricaine (mais le rapport de cette mission n’a pas été partagé). Cette mission avait présumé que l’effectif de ces réfugiés et le nombre de leurs sites d’installations au bord de la rivière Ubangi continueront à augmenter ; étant donné que les rebelles continuent à opérer le long de la même rivière du coté de la RCA.

En début août 2012, l’ONG Médecins Sans Frontière (MSF) basé à Mbandaka a organisé une mission dans les différents sites des réfugiés tant en territoire de Libenge qu’en territoire de Bosobolo et a estimé que dans le site de Bakundu (territoire de Libenge en district du Sud Ubangi) : il y a 814 réfugiés répartis dans 162 ménages, venus de la RCA depuis novembre 2011. Par contre, dans les 3 sites des réfugiés situés dans le village de Ngele Rive (territoire de Bosobolo en district du Nord Ubangi) : il y a au total 1 078 réfugiés repartis comme suit : 714 personnes au site de Ngele-Watamba, 227 personnes au site de Ngele-Kanana et 137 personnes au site de Ngele-Gbasiki. MSF a affirmé que les besoins les plus urgents pour ces réfugiés sont en termes de l'eau potable (Wash), abris (NFI), santé et protection.


C’est ainsi que la communauté humanitaire de Mbandaka avait recommandé l’organisation d’une mission conjointe (MONUSCO, Agences UN, ONG et Services étatiques) d’évaluation multisectorielle à Ngele et à Pandu. Pour se faire, l’appui logistique de la MONUSCO en termes de vol spécial a été jugé indispensable.

Figure 1. Carte localisant la zone de Ngele en territoire de Bosobolo

2. Objectifs de la mission

- Evaluer les conséquences humanitaires des mouvements transfrontaliers des populations de la RCA vers la RDC en termes des risques de protection.

- Evaluer la situation sécuritaire et l’accessibilité physique (route ou rivière) des zones de Ngele et de Pandu, ainsi que les besoins humanitaires prioritaires des réfugiés et de la communauté hôte.

- Evaluer l’état des tensions intercommunautaires dans les zones de Ngele et de Pandu.

3. Méthodologie utilisée

La mission s’est réalisée du 22 au 24 août 2012. Le 22 août, les participants (MONUSCO, OCHA, FARDC) ont quitté Mbandaka pour Gemena pendant qu’un staff HCR et le représentant de la CNR sont venus de Dongo. Ainsi, une réunion d’harmonisation de méthodologie à utiliser a été tenue, au cours de laquelle le rapport de la mission de CNR du mois de juillet 2012 à Pandu et à Ngele a été distribué aux participants. Dans la soirée, un autre groupe composé du staff HCR venu de Libenge accompagné d’un staff de l’AIRD avait rejoint l’équipe. Le jeudi 23 août 2012, l’équipe conjointe d’évaluation s’est rendu à Ngele Rive et la méthodologie adoptée consistait à :

- Tenir des séances de travail et de discussions successivement avec les autorités locales, les réfugiés et les populations des communautés d’accueil ;

- Consulter les registres ou fiches d’enregistrement des populations auprès de la DGM, des autorités locales ou des leaders des réfugiés ;

- Visite des sites ciblés ; - Interviews des réfugiés en 3 Focus groups d’environs 30-40 personnes : (a) Chef de village, leaders

des réfugiés, hommes chefs de ménage et femmes leaders ; (b) les femmes et jeunes filles et (c) les hommes et jeunes garçons.

- Mise en commun et analyse des données.


4. Résultats attendus

- Une meilleure analyse de la situation humanitaire sur base des informations fiables est réalisée en vue des plaidoyers auprès des bailleurs pour mobiliser les ressources nécessaires.

- Les risques de protection sont identifiés. - Le degré/niveau de vulnérabilité atteint par les réfugiés et les populations autochtones est réévalué. - Des recommandations appropriées (inventaire des actions à entreprendre) aux acteurs humanitaires,

autorités locales et gouvernement pour une meilleure assistance des vulnérables sont formulées. - Un réseau permettant un contact régulier dans la zone pour le suivi de la situation est établi.

5. Participants

N° NOMS ET POST NOMS ORGANISATION NUMERO DE TEL. Email

01 Désiré LUKUSA BUBI CAS/ MONUSCO 0818648746 [email protected] 02 Toussenel CHERY BCNUDH/ MONUSCO 0819014779 [email protected] 03 Jolie Laure MBALIVOTO OCHA 0992906634 [email protected] 04 Traoré MAMADOU MOUSSA UNPOL/ MONUSCO 0816897321 [email protected] 05 Col. NGOLELA LUKADI CMIC-FARDC 0991151622 [email protected] 06 José MUDIATA CNR-Dongo 0810676877 [email protected] 07 Yattara SEKOU ABBA AIRD 0970793019 [email protected] 08 Maxime MONWANOU UNPOL/ MONUSCO 0971489908 [email protected] 09 Alex MBAKA Sécurité/ MONUSCO 0997701005 [email protected] 10 Seydou NSUNDI NDIAY UNHCR 0816312269 [email protected] 11 Toussaint BALAY LOKONO UNHCR 0998910857 [email protected] 12 Alain SHULUNGU Human Right/ MONUSCO 0815084481 [email protected] 13 Jean Michel LYBHULA Radio Okapi/ MONUSCO 0818996129 [email protected] NB : Du retour de Ngele Rive, d’où nous avons reçu des informations concordantes selon lesquelles il n’y avait aucun refugié à Pandu (63km Nord Est de Ngele) ; une réunion de concertation entre les membres de la mission s’était tenue à Gemena et à l’unanimité, il a été décidé d’annuler la mission de Gemena-Pandu. Nous avions finalement compris que, c’est à l’issue de sa mission avec le CNR en juillet dernier, que le Commissaire de District du Nord Ubangi avait proposé le site de Pandu (chef lieu du Secteur Banda) comme endroit idéal pour la relocalisation des réfugiés centrafricains installés au bord de la rivière Ubangi.

6. Situation sécuritaire

Dans la localité de Ngele Rive (Groupement de Gobu, Secteur de Banda, Territoire de Bosobolo, District de Nord Ubangi), la situation sécuritaire est calme et aucun incident n'a été signalé sur le territoire de la RDC. Cependant, les réfugiés qui se trouvent dans le site que la mission a visité (Ngele-Kanana) proviennent du village Gbasiki, qui se trouve dans la sous-préfecture de Damara, préfecture de Bimbo en République Centrafricaine. Ils ont dit avoir fui des attaques, pillages et exactions dont ils ont été victimes de la part des éléments armés qu’ils avaient des difficultés à identifier avec précision tandis que d’autres évoquaient le nom du chef rebelle Baba Laddé (qu’ils reconnaissent par le fait qu’ils sont enturbannés, portent des tenues militaires, parlent l’arabe et sont armés).

Le village Gbasiki, situé à environ 4km à l’Ouest de Ngele-Rive de l’autre coté de l’Ubangi, a été attaqué plus d’une fois. D’abord, le 20 mars 2012 à 11heures, les éléments qui appartiendraient au groupe du chef rebelle Baba Laddé avaient attaqué ce village de la RCA ; ce qui avait entrainé le déplacement de tous les villageois sur le sable de l’île Bembe-Gbasiki de la rivière Ubangi à la frontière entre la République Centrafricaine et la RDC, où ils s’étaient installés. La deuxième attaque a eu lieu le 18 mai 2012 vers 21 heures (selon les réfugiés interrogés, tandis que le chef de village de Ngele Rive fait mention de la date du 25 mai 2012), alors que la rivière Ubangi était en décrue, lesdits rebelles avaient réussi à traverser à pied pour attaquer encore ces personnes déplacées sur l’île de Bembe-Gbasiki.

Au cours de ces attaques, les assaillants tiraient des coups de feu en l’air pour créer la panique et après la fuite des populations, ils avaient copieusement pillé les biens et l’argent des villageois, 2 personnes qui n’avaient pas fui ont été torturées, plus de 6 femmes ont été violées et un homme qui cherchait à fuir par


pirogue avait trouvé la mort par noyade. C’est ainsi qu’après un temps de refuge dans la forêt, une partie de ces réfugiés sont venus s’installer au site de Ngele-Kanana (le 29 mai 2012) alors que l’autre partie est restée sur place à Bembe-Gbasiki, puisque les pluies ayant repris ; la rivière Ubangi a encore repris son lit.

D’après les réfugiés, les militaires de la Force Armée de la Centrafrique (FACA) basés à 7km de leur village Gbasiki, ne sont pas intervenus quand leur village était attaqué et même après, ils ne s’y ont pas été déployés ni organisé des patrouilles. C’est pourquoi, les réfugiés ont peur de retourner chez eux. En juillet 2012, il y aurait eu échange des tirs entre les éléments supposés appartenir à Baba Laddé et un groupe des Mbororo ; une fois encore, les militaires de la FACA n’ont pas intervenu.

Notons que, la rivière Ubangi constitue la seule barrière naturelle qui protège jusqu’ici les réfugiés des sites de Ngele-Kanana, de Bembe et de Watamba contre les attaques de ces rebelles.

Recommandations :

- Toute mission à Ngele par voie aérienne ou fluviale doit se faire en respectant les normes MOSS en vigueur en RD Congo ;

- Faire un plaidoyer pour le déploiement des militaires FARDC et des éléments de la PNC dans la zone ;

- Pour des raisons sécuritaires, la relocalisation de ces réfugiés à l’intérieur de la RDC se justifie compte tenu de la petite distance qui les sépare des assaillants.

7. Mouvements des populations

Il convient de bien distinguer 3 différents mouvements transfrontaliers des populations de la RCA vers la RDC :

a) En novembre 2011 : il y a eu d’après le HCR environs 572 réfugiés centrafricains fuyant les attaques des éléments de la LRA au village Danga en RCA, qui se sont installés dans la localité de Bakundu en territoire de Libenge dans le District du Sud-Ubangi. En août 2012, MSF a trouvé que leur effectif avait augmenté à 814 personnes reparties dans 162 ménages.

b) En mai 2012, suite à l’attaque du village Gbasiki par les éléments de FPR de Baba Laddé, un autre mouvement des populations a eu lieu vers la localité de Ngele Rive. Les données de MSF montrent qu’il y a 227 personnes au site de Ngele-Kanana et 137 personnes au site de Ngele-Gbasiki. Mais, il a été rapporté à la mission que l’effectif à Ngele-Kanana a augmenté jusqu’à près de 800 personnes.

c) Un autre groupe des réfugiés venus du village Ngbatamba se trouve installé au site de Watamba à 7km au Nord de Ngele Rive, accessible seulement par voie fluviale. MSF y avait compté 714 personnes.

Il est à noter que les différents enregistrements de ces réfugiés ont été faits parfois en l’absence de certains qui étaient partis en forêt pour y réaliser des activités de survie (cueillette, ramassage, chasse, pêche, …).

8. Evaluation Sectorielle

1) Abri et NFI

Problèmes majeurs identifiés - Abris de mauvaise qualité et en nombre insuffisant ; - La difficulté d’accès aux matériaux de construction ; - Manque notable des NFI de base (bâches, couvertures, moustiquaires, habits et ustensiles de

cuisine).


Figure 2. Type d'abri de fortune construit par les réfugiés centrafricains à Ngele-Kanana

Recommandations

- Construction des abris d’urgence en faveur des personnes extrêmement vulnérables parmi lesquelles figurent les femmes seules et chefs des ménages, les personnes âgées...

- Appui à la construction des abris d’urgence en faveur de ces réfugiés. - Distribution des kits NFI d’urgence (bâches, couvertures, moustiquaires, habits et ustensiles de

cuisine). - Envisager une relocalisation de ces réfugiés afin de faciliter l’inscription de leurs enfants à

l’école pour l’année scolaire prochaine 2012-13. Action : Cluster Abris/NFI, le Gouvernement Congolais et l’UNHCR.

2) Eau, Hygiène et Assainissement

Problèmes majeurs identifiés - Absence de sources d’eau potable dans la zone (tant pour les populations locales que pour les

réfugiés) fait que la Rivière Ubangi reste la seule source d’approvisionnement en eau de boisson. Et pourtant, ces eaux constituent aussi une source de contamination car on y pêche, on s’y lave et cette rivière sert aussi de latrine pour tous ces réfugiés.

- Pas de savon, ni des récipients pour la conservation de l’eau ; - Manque de latrines, même à base des matériaux locaux. Les réfugiés ont dit qu’ils ont été

dépouillés de tous leurs outils pouvant les aider à creuser les trous et construire des latrines ; - Absence des notions relatives à l’hygiène et assainissement du milieu.

Recommandation

- Distribution des kits WASH pour le traitement d’eau ; - Sensibiliser les réfugiés aux mesures relatives à l’hygiène et assainissement du milieu ; - Distribuer des kits hygiéniques (récipients pour la conservation de l’eau, désinfectants d’eau,

savons, etc.) ; - Fournir des kits de construction pour latrines (matériels et équipements) ; - Sensibiliser et encourager les réfugiés pour construire les latrines pour les extrêmes vulnérables. Action : Cluster WASH.

3) Education

Problèmes majeurs identifiés - Tous les enfants des réfugiés et ceux des populations locales de Ngele-Rive qui sont à l’âge

de scolarité ne vont pas à l’école et cette situation ne changera pas pour la prochaine rentrée scolaire 2012-13.

- La seule école primaire existant dans la zone se trouve au village Ngele-Route (à environ 10km de Ngele-Rive) et est inaccessible pour les enfants des réfugiés.


Recommandations - Envisager, le plus vite possible, une relocalisation de ces réfugiés afin de faciliter

l’inscription de leurs enfants à l’école pour l’année scolaire prochaine 2012-13. Action : Gouvernement Congolais et l’UNHCR.

4) Logistique

Problèmes majeurs identifiés - Le village Ngele-Rive, le site des réfugiés de Ngele-Kanana aussi bien que les autres sites des

réfugiés sont difficilement accessibles par voie terrestre (sauf par moto à partir de Bili et Pandu et par pirogue pour les sites de Bembe-Gbasiki et de Watamba). En dehors de l’utilisation de l’hélicoptère pour y accéder, ces sites sont accessibles uniquement par voie fluviale (rivière Ubangi) à partir de la ville de Zongo.

Recommandations - Réaliser une évaluation/prospection de l’axe fluvial Zongo-Bakundu-Ngele-Watamba en se

servant des baleinières des commerçants de Zongo, par exemple. Action : Gouvernement provincial, MONUSCO et l’UNHCR.

5) Santé

Problèmes majeurs identifiés - Existence de plusieurs maladies au sein des communautés hôtes et des réfugiés : épilepsie,

paludisme, filarioses, maladies diarrhéiques, infections respiratoires aigues (IRA). Depuis leur arrivée sur le lieu (site de Kanana), 10 naissances ont été déjà a enregistrées. Les enfants et les femmes enceintes manquent de médicaments pour le suivi de leur état de santé. Le stock de médicaments que MSF avait apporté sur le lieu, lors de sa dernière descente, est déjà épuisé.

- Le seul centre de santé de la zone se trouve au village Ngele-Route (à environ 14km du site de Kanana) et est difficilement accessible pour les réfugiés.

- Bien qu’il y ait présence d’un infirmier parmi les réfugiés, ces derniers achètent les médicaments chez des commerçants ambulants sur prescription de celui-ci.

- Depuis l’arrivée de ces réfugiés en RDC, il y a déjà eu 2 cas de décès d’enfants de moins de 5 ans suite à la fièvre et à la diarrhée.

Recommandations - Disponibiliser des kits médical pour la prise en charge des maladies ci-haut énumérées. - Installer une structure médicale de campagne et y affecter les ressources humaines et

matérielles conséquentes. - Mettre en place un circuit d’approvisionnement en intrants médicaux de base. - Organiser le circuit de référencement. - Former les agents de santé communautaire. - Envisager, le plus vite possible, une relocalisation de ces réfugiés afin de faciliter l’accès des

réfugiés aux structures sanitaires appropriées. Action : Cluster Santé, le Gouvernement Congolais et l’UNHCR

6) Nutrition

Problèmes majeurs identifiés - Au site de Ngele Kanana, 6 cas suspects d’enfants malnutris ont été identifiés par l’inspection

visuelle. - Absence d’un programme nutritionnel dans la zone


Recommandations - Réaliser rapidement une évaluation ou enquête nutritionnelle au sein des enfants, femmes

enceintes et allaitantes de la zone. - Mettre en place un programme nutritionnel sur base des résultats de cette évaluation/

enquête. Action : Cluster Nutrition et Cluster sécurité alimentaire

7) Protection

Problèmes majeurs identifiés - Absence totale dans la zone de Ngele des forces de sécurité (Police nationale congolaise et

FARDC) ainsi que des instances judiciaires susceptibles de régler les différends. La rivière Ubangi constitue la seule barrière naturelle qui protège les populations locales ainsi que les réfugiés des sites de Ngele-Kanana, de Bembe et de Watamba contre les attaques des groupes armés qui opèrent au Sud de la RCA dont le FPR et la LRA.

- Proximité périlleuse des sites d’accueil des réfugiés d’avec leurs localités d’origine (plus au moins 4km de l’autre coté de la rive en RCA).

- Absence totale d’intervention dissuasive du côté des autorités centrafricaines, ce qui laisse supposer le contrôle de leurs contrées d’origine par les assaillants (des coups de feu ayant été entendus dans ladite zone au mois de juillet 2012).

- Incident dénoncés au cours de la mission : plus de 6 femmes violées dont certaines filles, 2 personnes torturées. Toutes sont restées sans assistance médicale, psychosociale ni juridique.

- Du côté des enfants, à part l’interruption de l’année scolaire, la mission a du dénombrer 15 enfants non accompagnés et enfants seuls (ENA et ES) dont 12 garçons et 3 filles.

- Par rapport à la proposition de leur relocalisation, ces réfugiés qui en étaient informé par le CCD du Nord Ubangi depuis juillet 12 ont dit en être pour mais qu’ils souhaiteraient de rester aux environs d’une rivière pour y réaliser la pêche qui est leur principale activité.

Besoins urgents identifiés

- Il se pose un besoin urgent de sécurisation de tous les sites où se trouvent localisés les réfugiés (Bakundu en territoire de Libenge et les 3 sites de Ngele en territoire de Bosobolo).

- L’enregistrement de tous les réfugiés centrafricains et l’octroi officiel du statut des réfugiés à ces personnes que s’avèrent impératifs pour une meilleure protection et assistance.

- Une relocalisation, le plus vite possible, de ces réfugiés vers un site plus accessible, sécurisant et réunissant les conditions d’un environnement protecteur devra être envisagé pour une meilleure assistance et suivi de leur situation.

Recommandations - Déployer rapidement des forces de sécurité (PNC et FARDC) dans la zone. - Organiser une mission d’enregistrement de toutes ces personnes ayant fui les attaques des

groupes armés du Sud de la RCA et qui se sont disséminées à travers différents sites pour une maitrise de leur effectif.

- Organiser une distribution ponctuelle des vivres et NFI ainsi qu’une assistance médicale en tenant compte du degré de vulnérabilité des réfugiés.

- Leur octroyer officiellement le statut des réfugiés. - Relocaliser, le plus rapidement possible, ces réfugiés vers un lieu plus sécurisant et protecteur

en tenant compte de leurs spécificités. Cette opération devra se faire progressivement en privilégiant les plus vulnérables.

- Organiser la prise en charge des victimes des violences sexuelles et celles des tortures. - Mettre en place des mécanismes d’accompagnement des ENA et des ES. Action : Gouvernement Congolais, Cluster Protection et l’UNHCR


8) Sécurité Alimentaire

Problèmes majeurs identifiés

- La communauté d’accueil de Ngele-Rive, qui compte environs 320 personnes, a accueillie plus de 1 000 personnes centrafricaines. Déjà avec des ressources alimentaires très limitées pour satisfaire ses besoins alimentaires, le stock de nourriture de la communauté d’accueil s’épuise déjà très rapidement et il y a risque que les 2 groupes (population locale et réfugiés) se retrouvent dans une situation de crise alimentaire aiguë ; si cette situation persiste.

- La non disponibilité des aliments pour tous : les réfugiés ont dit qu’ils ne se nourrissent que des feuilles de manioc et ses tubercules ; ils n’ont pas accès aux marchés fonctionnels.

- Dans ces sites des réfugiés, les principaux moyens de subsistance sont la pêche (avec les moyens de bord), les ramassages, la chasse et la cueille en forêt. Les populations locales et les réfugiés n’ont pas suffisamment des outils aratoires, ni intrants de pêche, ni des semences appropriés pour assurer leur autosuffisance alimentaire.

- Le chef de la localité Ngele-Rive a octroyé un lopin de terre aux réfugiés de Kanana pour leurs cultures. Cependant, ceux-ci n’ont pas d’outils aratoires ni semences pour emblaver toute cette superficie.

- Les groupes de population les plus affectés parmi ces centrafricains sont les enfants et les femmes enceintes et allaitantes.

- La mission a identifié environs 6 cas suspects de malnutrition parmi les enfants des réfugiés. - Les réfugiés se trouvent dans un état de vulnérabilité avancé car ils sont arrivés sans ressources. - Le marché local qui ne se tient que le mercredi, n’arrive pas à couvrir les besoins locaux.

Recommandations

- Organiser urgemment des distributions générales des vivres tant pour les réfugiés que pour la population locale.

- Distribuer des semences, matériels aratoires et intrants de pêche tant pour les réfugiés que pour la population locale.

- Négocier avec le chef de localité afin d’étendre l’espace alloué aux champs des réfugiés. Action : FAO et PAM.

Fait à Mbandaka, le 28 août 2012

Le rapporteur Désiré LUKUSA (Officier des Affaires Civiles-MONUSCO)


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