Dossier pédagogique "Petites sirènes"

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PETITES SIRÈNES D’après le conte de Hans Christian Andersen Mise en scène Alexis Moati / Compagnie Vol Plané DOSSIER PÉDAGOGIQUE REPRÉSENTATIONS SCOLAIRES : du CM1 à la 5 ème Vendredi 3 octobre à 10h et 14h00 Les séances commencent à l’heure, nous vous prions de bien vouloir arriver avec 15 minutes d’avance et de vous présenter à l’accueil lors de votre arrivée. LA FAÏENCERIE-THÉÂTRE DE CREIL Allée Nelson, CS 50012, 60104 Creil Cedex 03 44 24 01 01 - www.faiencerie-theatre.com Direction Grégoire Harel D è s 8 a n s T H É Â T Â R E Petites sirènes © Julien Piffaut

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Petites sirènes D’après le conte de Hans Christian Andersen Mise en scène Alexis Moati / Compagnie Vol Plané. Un spectacle à découvrir jeudi 2 octobre - 20h30, à La Faïencerie-Théâtre de Creil. REPRÉSENTATIONS SCOLAIRES : du CM1 à la 5ème Vendredi 3 octobre à 10h et 14h00

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PETITES SIRÈNESD’après le conte de Hans Christian AndersenMise en scène Alexis Moati / Compagnie Vol Plané

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

REPRÉSENTATIONS SCOLAIRES :du CM1 à la 5ème

Vendredi 3 octobre à 10h et 14h00Les séances commencent à l’heure, nous vous prions de bien vouloir arriver avec 15 minutes d’avance et de vous présenter à l’accueil lors de votre arrivée.

LA FAÏENCERIE-THÉÂTRE DE CREILAllée Nelson, CS 50012, 60104 Creil Cedex03 44 24 01 01 - www.faiencerie-theatre.comDirection Grégoire Harel

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PETITES SIRÈNES D’après le conte de Hans Christian AndersenMise en scène Alexis Moati / Compagnie Vol Plané

Durée 1 heure

Scénographie Thibault VancraenenbroeckCostumes Aude Claire AmédéoLumières Ivan MathisUnivers sonore Josef AmerveilDramaturgie Céline-Albin FaivreRégie générale et régie lumière Sébastien BéraudAvec Fanny Avram, Léna Chambouleyron, Chloé Martinon

Production Espace des Arts, Scène nationale Chalon-sur-SaôneCoproduction Compagnie Vol PlanéAide à la coproduction et lieu de résidence Théâtre Durance – Château-ArnouxRésidence de création Théâtre Fontblanche, Ville de VitrollesVol Plané est aidé au projet par le Ministère de la Culture-Drac PACA / la Région PACA / le Conseil général 13 / la Ville de MarseilleAlexis Moati est artiste associé à l’Espace des Arts, Scène nationale Chalon-sur-Saône depuis janvier 2012 et pour 3 ans.

À VENIR

Informations pratiquesLa Faïencerie-Théâtre de CreilAllée NelsonCS 50012

60104 CREIL Cedex

Action culturelle // Education ArtistiqueClaire Chaduc03 44 24 95 [email protected]

Renseignements // RéservationsCaroline Porebski03 44 24 01 [email protected]

www.faiencerie-theatre.com

VASSILISSAFrédérike Unger et Jérome Ferron / Cie Étant donné

Représentations scolaires :Maternelles (MS) - CE1Jeu. 4 déc. – 9h15, 10h30, 14h00Ven. 5 déc. – 9h15, 10h30, 14h00

Mercredi 3 décembre18h00 >> Salle de La ManufactureDurée 30'

LES LIMBESÉtienne Saglio / Cie Monstres

Représentation scolaire :du CM1 à la 5ème

Jeudi 11 décembre – 14h00

Vendredi 12 décembre20h30 >> Grand ThéâtreDurée 55'

VOIR LE SPECTACLE EN FAMILLE :

Une représentation est donnée le jeudi 2 octobre à 20h30.

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À PROPOS DU SPECTACLELe théâtre pour tousDepuis que je suis petit, je vais au théâtre. Mes parents y passaient leur temps, c’était leur métier. Ils m’y emmenaient toujours avec l’intuition que même si ce n’était pas de mon âge, il y aurait toujours pour moi quelque chose à en tirer. Mon père, là-dessus ne s’est jamais trompé, je crois même que c’est en m’emmenant au théâtre qu’il m’a transmis le plus. Il me faisait partager sans rien dire son aventure, sa sensibilité, et je sais à présent que c’est en moi pour toujours.

L’époque était au théâtre politique. J’ai vu le Teatro Campesino avec un spectacle militant contre la drogue, dans des échafaudages, à 7 ans, Le Bal du Théâtre du Campagnol à 8 ans, le théâtre en occitan de la Carriera à 5 ans, Carmen de Peter Brook à 9 ans etc. La liste est longue et je ne me souviens pas de tout. Ce n’était pas ce qu’on appelle des spectacles pour enfants. Il y en avait presque pas à l’époque. Bien sûr, j’ai dormi parfois mais je me souviens que je recevais, je ne comprenais pas tout mais quand les spectacles étaient réussis, je recevais dans mon corps, je comprenais et je ressentais tout, même les sentiments complexes et ce qu’on appelle le second degré. Je sais que les enfants le sentent.

Je ne comprends pas ce qu’on appelle le théâtre jeune public. Pour moi, il n’y a qu’un théâtre. L’attente du petit spectateur et du grand est la même : qu’on lui raconte des histoires. La convention théâtrale est si enfantine « je viens voir des gens qui se déguisent et se prennent pour d’autres », c’est finalement si simple.Quand je suis au théâtre même à 42 ans, c’est à mon enfance que l’on s’adresse d’abord.Et puis le théâtre est l’espace ou l’on se rassemble petit, grands, parents, enfants. J’aime voir les regards des parents sur leur enfant qui regarde le spectacle. Quand je regarde mes fils voir un spectacle, c’est si beau, leurs émotions, leurs rires, je les comprends si bien à ces instants là. Du reste, les enfants regardent aussi leur parents pendant un spectacle, ils cherchent à comprendre, à les comprendre, à voir leurs émotions. On apprend beaucoup sur ses parents quand on les voit regarder. Ça marche dans les deux sens. La démarche de séparer le jeune public du reste est dans l’air du temps, il répond à un secteur, une économie, un marché. Bientôt un théâtre pour les vieux ou les handicapés ?

Mes spectacles cherchent à réunir, ils sont pour tous les publics. Je crois que Peter Brook disait que si une scène était réussie (il parlait de Shakespeare), un enfant de 5 ans pourrait rentrer dans le théâtre, arrêter ce qu’il est en train de faire, regarder et tout comprendre, tout sentir.

Que je travaille sur Peter Pan ou sur La Petite Sirène, je ne pense jamais à baisser le niveau, au contraire, je trouve la forme simple qui va contenir tous les niveaux et percuter le coeur.Au théâtre, le chemin le plus direct c’est le coeur et ça les enfants et les adultes en ont tous un.

Alexis Moati

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La Petite Sirène, un conte

Quand vous aurez quinze ans, disait la grand mère, vous aurez la permission demonter à la surface de la mer, de vous asseoir au clair de lune sur les rochers

et de voir les grands bateaux passer ; vous verrez des forêts, des villes !Hans Christian Andersen in La Petite Sirène, trad. Régis Boyer, Bibliothèque de la Pléiade, 1992, p.68

La Petite Sirène est l’un des cent soixante-six contes de Hans Christian Andersen qui furent édités, en 1837, dans le troisième cahier du premier recueil des Contes racontés aux enfants. Si Andersen a consacré autant d’énergie à ses contes, c’est parce qu’il ne les considérait pas uniquement comme un simple divertissement à l’intention des enfants : ils illustraient parfaitement ses théories esthétiques et poétiques et, surtout, ils exposaient assez crûment son âme.

À première vue, il s’agit d’une romance malheureuse et d’un sacrifice sublime. Pourtant, l’histoire d’amour de la petite sirène et du prince est bien anecdotique au regard des épreuves qu’elle va subir et qui auront valeur d’initiation. Elle devra perdre sa famille, sa voix et sa condition.

La petite sirène n’a pas de nom, seulement un âge : 15 ans. L’âge des métamorphoses. Le conte est une métaphore de l’adolescence, du passage de l’enfance à un âge où l’identité est une question cruelle, un vide qu’il faut remplir. Le monde que l’on connaît ne suffit plus, il faut partir. Le monde de l’enfance nous rejette,celui des adultes semble compromis, plein d’arrangements, il n’y a qu’une issue : l’absolu.

L’héroïne traverse trois des éléments : la mer, la terre et l’air. Ces éléments sont indissolublement liés à cette histoire ; ils sont tout autant des personnages centraux que les humains et les ondins ; et, à chaque élément, fait écho un ou plusieurs personnages, mais également divers niveaux de conscience de la petite sirène.

La quête d’absolu nourrit l’histoire d’amour et la dépasse. Ce qui fascine la petite sirène autant que le beau prince, c’est la possibilité d’avoir une âme immortelle. Cette quête de la condition humaine va guider tout le récit. Andersen nous interroge sur la nature et la présence en nous d’une âme.

Cette quête qui commence avec la fin de l’enfance, avec la curiosité éprouvée face au monde des hommes, finira dans le souffle de Dieu.

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La fableLa petite sirène, orpheline de mère, vit au fin fond des mers, auprès de son père (le Roi des Ondins), de sa grand-mère et de ses cinq soeurs. Fidèle à la coutume des sirènes, la nuit de ses quinze ans, elle monte à la surface de l’eau et tombe (ou ne fait-elle que le croire ?) éperdument amoureuse d’un jeune prince qu’elle sauve d’un naufrage. Envieuse de ce don que possèdent tous les humains – une âme éternelle – et mue par le désir de séduire le prince, la petite sirène fait un terrible pacte avec la sorcière qui vit dans le royaume de son père : elle échange sa voix contre une paire de jambes. Mais ce don a un prix : la sorcière lui coupe la langue, la privant ainsi de son bien le plus précieux, la voix ; et chaque pas qu’elle fera lui donnera la sensation de marcher sur un couteau tranchant. La sorcière lui précise également que, si elle ne peut se faire aimer du prince et s’il en épouse une autre, elle se transformera en écume sur la mer. Enfin, elle retrouve le prince, qui, seul, peut lui faire oublier la douleur intense causée par ses nouvelles jambes. Il la considère comme une enfant, lui accordant toute sa tendresse, mais il recherche dans une autre le visage de cette femme qui l’a sauvé du naufrage. Elle ne peut (ou ne veut) lui révéler son identité. Le prince finit par se marier avec une princesse d’alentour et la petite sirène se transforme en écume. Mais les filles de l’air, doubles inversés de ses soeurs aquatiques, viennent la chercher et elle devient l’une des leurs. Condamnée pour un temps à répandre le bien autour d’elle, elle vit l’espoir d’acquérir une âme éternelle et de participer, ainsi, au bonheur des humains…

De La Petite Sirène à Petites SirènesComment faire du théâtre avec un conte ? Telle était une des questions de début du projet. Comme Antoine Vitez, je suis convaincu que l’on peut faire théâtre de tout. Je suis comédien et mon entrée dans le théâtre est toujours celle de l’acteur. J’aime le théâtre, je n’aime pas que l’on me raconte comment Hamlet tue Polonius. Je veux voir Hamlet tuer Polonius. Je voulais parler de l’adolescence du passage de l’enfance à l’adolescence pour une jeune fille. Je voulais que le texte de ce spectacle puisse refléter l’esprit d’Andersen, qu’il soit le prolongement théâtral de sa littérature.J’ai donc demandé à Céline-Albin Faivre de faire l’adaptation scénique du conte. Mais cette adaptation devait venir du plateau, nous avons donc commencé à travailler en improvisation avec les trois interprètes.Nous avons ouvert trois chantiers : l’un sur la représentation de l’adolescence, le second sur le mouvement et l’écoute entre les trois actrices pour qu’elles puissent interpréter trois figures d’un seul personnage : la sirène, et le troisième était un chantier sur le texte du conte d’Andersen. Après l’ouverture de ces “ateliers“ nous sommes revenus au conte et à l’esprit d’Andersen en essayant de trouver “sa voix“.Dans un premier temps, nous avons mis le conte à la première personne du singulier. Il nous fallait dire “je” pour commencer à représenter la sirène. Nous avons affirmé son point de vue ; tout est vu par ses yeux comme dans le roman de Stefan Zweig, Lettre à une inconnue. Puis nous nous sommes aperçus que le conte était ternaire, qu’il avait trois temps : le passé, le présent, le futur, trois éléments : l’eau, la terre et le ciel, trois stades, trois niveaux de conscience, les uns imbriqués dans les autres. Pour traduire cela, il fallait une idée simple et concrète.Céline-Albin Faivre écrit donc, en aller-retour avec le plateau, un texte à trois voix qui correspondent aux trois stades de la sirène, où les points de vue de chacune s’assemblent pour n’en former qu’un : une adolescente d’aujourd’hui, une sirène et l’esprit d’une jeune fille (la fille de l’air du conte).Un texte qui se nourrit du conte, qui se veut de plus rapide, plus tranchant, moins verbal, et qui trouvera son aboutissement dans la voix de la jeune fille actuelle.

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Comment représenter ce qui ne peut pas l’être ?La question de la forme se présente très vite quand on décide de mettre en scène un conte au théâtre.Comment représenter le fond de la mer, les palais, les bateaux les différents décors dans lesquels se déroulent Petites Sirènes ?Je ne voulais surtout pas tuer l’imaginaire des spectateurs en imposant le mien. Je voulais que les mots du texte soient comme des graines qui germent dans la tête de chaque spectateur afin qu’ils fabriquent leurs propres images. Je me suis rendu compte assez vite qu’il fallait tout de même un support de projection pour rendre le public actif. Il fallait un dispositif et non un décor.Je voulais dès le départ travailler avec de l’eau qui est l’élément de départ du conte. Je me suis tourné assez vite sur les installations d’art contemporain. Je trouvais que le travail de certains artistes comme Bill Viola jouait magnifiquement avec l’eau et la perception. Le livre de Gaston Bachelard, L’eau et les songes, décline les différentes formes d’imaginaire que l’eau peut prendre : l’eau vive, les eaux profondes, les eaux dormantes, la vapeur d’eau etc.Je sentais dans ce conte la cohabitation d’une grande volonté de pureté et d’un pourrissement, une odeur de renfermé, d’humidité, de moisi. J’avais envie de travailler avec les différentes formes que l’eau pouvait prendre. Le travail sur l’eau a ensuite abouti à faire fuir le plafond du théâtre comme si il y avait une fuite, un dégât des eaux. Puis ces gouttes se font plus nombreuses et plus denses à mesure que l’on avance dans le conte et remplissent les contenants qui essaient de les récupérer.Durant les premières répétitions les costumes des adolescentes devenaient très importants, ils étaient des peaux mortes qui s’animaient lorsque les comédiennes les portaient. Nous avons donc travaillé avec Thibault Vancranaenbroeck sur un dispositif qui évoquerait le lit géant d’une adolescente, qui soit uniquement composé de vêtements : une mer de vêtements qui pourraient servir aux comédiennes à incarner les personnages, puis redevenir des habits informes accumulés qui évoqueraient en creux tous les corps désormais absents qui les ont portés quand ils étaient des adolescents. Tout finira par la pluie qui est l’élément qui relie la terre et le ciel.

Alexis Moati

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Extraits de la vidéo "Tristan's Ascension (The Sound of a Montain under a Waterfall)de Bill Viola. Au Grand Palais du 5 mars au 21 juillet. © Collection Pinault, photo Kira Perov (X3)

Bill Viola, Ascension, 2000, installation vidéo sonore, 10 minutes, performeur : Josh Coxx, Bill Viola Studio, Long Beach, Etats-Unis, Photo Kira Perov

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HANS CHRISTIAN ANDERSEN (1805-1875)

d'un mort que ses héritiers vendaient à l'encan, puis il en fit son lit nuptial, et c’est là que le futur orphelin, Hans Christian, naquit. Quel meilleur commencement pour un auteur de contes ?Il est des existences dont le récit est déjà gros de l’oeuvre à venir. Peut-être tout cela n’est-il qu’une illusion, car un écrivain est toujours orphelin – de naissance ou par conviction. Il doit donc devenir père et mère de l’âme qu’il couve. Andersen ne déroge pas à ce principe littéraire, souvent inavoué. Et c’est ainsi qu’il écrivit son autobiographie, imbue d’orgueil et touchante malgré tout, plusieurs fois, sous des formes différentes.Il avait coutume de dire que sa vie était un conte de fées. Tous les enfants tristes trouvent là, dans cette croyance, une consolation. Dieu sait également qu'Andersen avait eu une enfance des plus sombres et que ni les épreuves ni les déceptions ne lui furent épargnées plus tard ; et ce visage en forme de longue estafilade, d'où perlent le sang et les larmes qui irriguent chacun de ses contes, est plus révélateur qu’une pleine page de faits classés par ordre chronologique. Créature littérairement hermaphrodite, doté d’un coeur jamais comblé, qui bat le briquet en vain, Andersen est de la race des génies mélancoliques.D'un vague revers de main, on repousse souvent Andersen du côté des auteurs pour enfants, comme Barrie et Carroll, sans comprendre ce qui se trame à bas bruit dans leurs oeuvres. Du trio que j'ai nommé, Andersen était sans conteste le plus cruel. Les fins pleinement heureuses sont assez rares dans ses oeuvres.Seules la vertu et l’espoir – autres noms de la foi – éclairent cette nuit où la flamme d’une allumette fait vaciller, un instant seulement, les ombres de la mort. Certaines visions sont cauchemardesques et presque surréalistes, elles vous brûlent longtemps les yeux. Pourtant, Andersen a longtemps souffert de mauvaises traductions qui simplifiaient à outrance ses textes, mais ses merveilleux contes, dont le cousinage avec les oeuvres de Dickens est flagrant, étaient assez flamboyants pour résister à cela.Chez Dickens comme chez Andersen, se révèle une troublante poésie, cette étrange capacité à faire vivre des scènes domestiques derrière le voile de la magie, de la fantaisie, entre deux larmes. Les objets s'animent lorsque nous avons le dos tourné et la tragédie se vit dans le silence de cœurs sourds et muets. Le beau sapin est brûlé, la petite sirène se meurt, le juste est quelquefois récompensé et la vanité est souvent punie. Mais les contes d’Andersen sont garantis sans moraline ; il n'y a là rien d’autre qu'un coeur pur qui rétrécit, peu à peu, de plus en plus, mais continue à battre pour un Ailleurs.« L’histoire de ma vie, écrit-il, dira au monde ce qu’elle m’a appris : il existe un Dieu aimant qui organise toute chose en vue du meilleur. » Propos que notre époque n’est guère capable d’entendre et qui, cependant, révèle une force d’âme véritable, car le courage n’est pas tant de supporter l’épreuve que de ne pas laisser s’éteindre la soif du sublime et de l’infini, et ce, malgré elle.

Céline-Albin Faivre

Il faut l’imaginer sortant, soudain, une gigantesque paire de ciseaux de sa poche, sous le regard dérouté d’enfants, comme hypnotisés par ses gestes minutieux et rapides à la fois, lorsqu’il s’attelait, sans patron, au découpage en règle d’une feuille de papier qui allait devenir en quelques minutes une délicate oeuvre d’art. De la dentelle, dirait-on ; du papier troué ; modeste support d’une âme qui se délie autant en ajourant la matière qu’en la noircissant d’encre, voilà qui dit tout d’Andersen. Plein et vide, jour et nuit, masculin et féminin. On prétend que Dickens s’était inspiré de lui pour créer l’odieux personnage nommé Uriah Heep, un être plein de manières et de malice. Pourquoi pas ? Cela vaut toujours mieux qu’une biographie en forme de niche de columbarium, coincée entre deux pages d’une encyclopédie.Romanesque, et donc malheureux, Andersen l’est tout entier. Lorsque le père d'Andersen, un pauvre cordonnier, se maria, il acheta le catafalque ©

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Sources : Bibliographie, Filmographie et PhotographieTout d’abord il faut dire que toute cette matière accompagne les rêveries de l’équipe tout au long des répétitions du spectacle. Ces références définissent une ambiance un territoire de travail et sont un bain dans lequel on s’immerge.L’angle est clairement le passage de l’enfance à l’adolescence, cette période où l’on ferme la porte de la salle de bain, où l’on rêve sa vie et où naissent les histoires d’amour et les quêtes.

Bibliographie

• Texte de travail de la dramaturge du spectacle Céline-Albin Faivre et texte d’Alexis Moati “Le théâtre pour tous”.

• La Petite Sirène in Andersen Œuvres. Traduction Régis Boyer édition La Pléïade. C’est la bible sur Andersen. Il y a une traduction intégrale et fidèle. Céline-Albin Faivre et Alexis Moati ont utilisé cette traduction comme base du texte pour Petites Sirènes.

• La Petite Sirène in Andersen Contes. Traduction D. Soldi - Édition L’École des loisirs. Une version adaptée et plus concise. Moins complète que La Pléaïde mais plus accessible.

• Les Aventures d’Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll édition Librio. Incontournable quand on parle de grandir, la poésie de Caroll n’est pas du tout la même qu’Andersen mais le thème est semblable.

• Virgin suicides de Jeffrey Eugenides. Édition Points. Un grand livre illustrant très bien ce passage et cette fascination de la mort dans la jeunesse : la pureté pour toujours, ce que renvoie souvent un suicide d’adolescent : un refus d’accepter le monde qui leur est proposé.

• La Croisée des Mondes de Philip Pulmann. Géniale trilogie de Pulmann qui construit une belle métaphore du passage de l’innocence à la conscience à travers la quête d’une petite fille qui découvre qu’il y a plusieurs mondes qui cohabitent.

• Lettre à une inconnue de Stefan Zweig. Très beau récit épistolaire d’un amour qui ne s’est jamais dit, qui mène la protagoniste à la mort. Une quête d’absolu à travers une histoire d’amour. Très proche de La Petite Sirène.

• Paulina 1880 de Pierre-Jean Jouve. Récit d’un amour fou où la novice dépasse le maître.

• L'Eau et les rêves, de Gaston Bachelard. Ouvrage majeur sur l’eau et la poésie de ces différentes formes. Des eaux claires, brillantes où naissent des images fugitives, jusqu’aux profondeurs obscures, où gisent mythes et fantasmes.

Filmographie

• Pique-Nique à Hanging Rock de Peter Weir. Très beau film qui ressemble beaucoup à The Virgin suicides, des jeunes filles d’un pensionnat disparaissent dans une montagne.

• La Petite de Louis Malle. L’histoire d’une enfant élevée dans une maison close. Un film sur le passage, la perte de l’enfance, l’arrivée dans un monde d’adulte qui depuis longtemps fascine et au bout du compte déçoit (Ce film a fait scandale à l’époque).

• Man in the moon de Robert Mulligan. Un film sur le passage de l’enfance à l’adolescence, la solitude et de l’amour absolu que l’on peut avoir à 15 ans dans une Amérique puritaine.

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• A sweddish love story de Roy Anderson. Chef d’oeuvre absolu, Anderson arrive à mettre sa caméra à hauteur des adolescents pour saisir cette beauté invisible qui émane du couple principal deux ados blonds comme les blés qui sont d’une pureté magnifique. Le monde des adultes en prend pour son grade. Sur les mêmes thèmes, il y a les films de Larry Clark.

• La fille de 15 ans de Jacques Doillon. Doillon est, en France, le cinéaste de l’adolescence. Il sait filmer cet âge sans le juger en essayant de s’en rapprocher le plus possible, ici il réussit complètement.

• The Virgin suicides de Sofia Coppola. L’adaptation du livre cité plus haut. Lorsque l’on a lu le livre, le film fait pâle figure mais l’actrice principale Kirsten Dunst est géniale et incarne exactement la “présence absence” du personnage.

• À nos amours de Maurice Pialat. Pialat capte la vie d’une façon impressionnante. Il révèle Sandrine Bonnaire qui montre à quel point ce qu’on appelle la crise d’adolescence est aussi la crise des parents.

• Elephant de Gus Van Sant. Un film qui renouvelle la façon de raconter des histoires et qui garde et observe les adolescents à distance et sans jugement. Beau et terrible (film sur la tuerie de Colombine).

• Carrie de Brian de Palma. Film fantastique qui parle du passage de l’enfance à l’adolescence, la solitude et la violence de l’isolement.

PhotographiesDes images qui accompagnent la création de Petites Sirènes

• http://www.claudinedoury.com/en/portfolio_sasha.htmSérie sur sa fille, la photographie de l’affiche vient de cette série.

• http://www.marionpoussier.fr/?lng=frSérie un été sur les colonies de vacances, cette parenthèse enchantée que l’on a tous connu. Images trèsthéâtrales, le cadre sans doute.

• http://sallymann.com/selected-works/at-twelveLa photographe qui saisit le mieux le passage, c’est un très beau livre, mais qui peut mettre mal à l’aise.

L'ÉQUIPE

Alexis Moati Metteur en scèneAlexis Moati intègre en 1989 l’Atelier du Théâtre National de Marseille – La Criée, dirigé par Jean-Pierre Raffaelli. Il travaille avec des artistes tels que Memet Ullussoy, François Verret, Alain Knap. À la sortie de l’école, il fonde, avec dix acteurs de sa promotion, la compagnie L’Équipage. Il y travaille pendant cinq ans et joue Woyzeck, Lulu, Alpha Reine, Le chariot de terre cuite, Il y a quelque chose qui marche derrière moi et fait deux mises en scène : Zoa de Gilles Robic et Les Archanges ne jouent pas au flipper de Dario Fo. En 1995, il quitte la compagnie et travaille avec d’autres metteurs en scène tels que Hubert Colas, Pierre Laneyrie, Françoise Chatôt, Jeanne Mathis, Henry Moati, Jean Boillot… Il participe à de nombreux films et téléfilms. Parallèlement, il crée la compagnie Vol Plané avec Jérôme Beaufils au sein de laquelle ils produisent deux duos burlesques : Il y a quelque chose qui marche derrière moi et Drôle de silence. En 2001 il met en scène La nuit au cirque d’Olivier Py. En 2004, il traduit et met en scène Liliom de Ferenc Molnar, en collaboration avec Stratis Vouyoucas. En 2005-2006, il met en scène, avec Stratis Vouyoucas,

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Les larmes amères de Petra von Kant de R.W. Fassbinder, en coproduction avec le Théâtre du Gyptis. En 2006, il crée, Il y a quelque chose de très satisfaisant dans le monde moderne, un troisième duo burlesque, avec la collaboration de Jérôme Beaufils et Stratis Vouyoucas. En 2008, il monte avec Pierre Laneyrie Le Malade imaginaire de Molière. En 2010, il monte Peter Pan, ou le petit garçon qui haïssait les mères, adaptation par Andrew Birkin de la célèbre pièce de James Matthew Barrie. Ce spectacle a été filmé et diffusé sur Arte en décembre 2010 et 2011. En 2011, il monte avec Pierre Laneyrie L’Avare de Molière en coproduction avec le théâtre du Gymnase et l’Espace des Arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône.> Alexis Moati sera artiste associé à l’Espace des Arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône dès janvier 2012 et pour 3 ans.

Céline-Albin Faivre DramaturgeCréature ambidextre et bicéphale, Céline-Albin Faivre n’a que peu d’amours et de certitudes durables : son mari, sa fille, James Matthew Barrie et Cary Grant. Elle a consacré de nombreuses années de sa vie à une gigantesque et impossible thèse de philosophie (sous-titrée La peau-fiction), avant de l’achever (à moins que ce ne fût l’inverse !) et d’obtenir le grade de docteur en philosophie de la Sorbonne – titre pompeux qui évite à peu près tous les ennuis, sauf celui d’être quelquefois pris au sérieux ; mais cela constitue en toute circonstance un masque (curriculum vitae) parfait. Amoureuse de l’astre écossais James Matthew Barrie, elle consacre sa vie à la traduction de ses oeuvres complètes (publications chez Actes Sud et Terre de Brume) et ne ménage point sa peine afin qu’il obtienne, dans notre contrée, la reconnaissance qui lui est due. Helléniste et latiniste non distinguée, « victorianiste » dans l’âme et jusqu’à la moelle depuis l’enfance, étudie passionnément les classiques en langue anglaise et travaille à la publication de quelques génies anglais et écossais oubliés... Actuellement, sur son établi, une biographie peu ordinaire de James Matthew Barrie, un livre consacré à Cary Grant, ainsi que diverses oeuvres de fiction personnelles. A rencontré le tout aussi irréel Alexis Moati à la faveur d’une pièce, Peter Pan, le petit garçon qui haïssait les mères, qu’elle a traduite – et c’est ainsi que la vie est très bien faite !

Sources : Dossier pédagogique / Espace des arts Scène nationale de Chalon-sur-Saône / Wikipédia

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LA FAÏENCERIE-THÉÂTRE DE CREILAllée Nelson, CS 50012, 60104 Creil Cedex03 44 24 01 01 - www.faiencerie-theatre.comDirection Grégoire Harel

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Page 11: Dossier pédagogique "Petites sirènes"

Bertall

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Anne Anderson

Illustration in a collection of Anderson's Fairy tales.

Helen Stratton

Illustration in a collection of Anderson's Fairy tales.Helen Stratton

ILLUSTRATIONSVoici quelques illustrations de La petite sirène de sources diverses. Elles peuvent permettre de réaliser un travail en français à partir d’images séquentielles pour travailler sur la chronologie de l’histoire.

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Vilhelm Pedersen

Helen Stratton

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La Faïencerie-Théâtre de Creil est subventionnée par la Ville de Creil, le Conseil régional de Picardie, le Conseil général de l’Oise, le Ministère de la culture et de la communication (DRAC de Picardie), les Villes de Villers-Saint-Paul, de Montataire et de Nogent-sur-Oise et bénéficie du soutien de la CAC de l’ONDA et de l’acsé

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