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Pitié ! Alain PLATEL / Fabrizio CASSOL Les Ballets C. de la B. 2 représentations au Manège de Reims mardi 18 et mercredi 19 novembre 2008 à 20h30 sommaire de ce dossier pédagogique : Alain Platel Les Ballets C. de la B. Pitié ! Distribution Alain Platel à propos de Pitié ! Pistes pédagogiques Ressources documentaires Vos contacts au Manège

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Pitié ! Alain PLATEL / Fabrizio CASSOL

Les Ballets C. de la B.

2 représentations au Manège de Reims mardi 18 et mercredi 19 novembre 2008 à 20h30

sommaire de ce dossier pédagogique : Alain Platel

Les Ballets C. de la B. Pitié !

Distribution Alain Platel à propos de Pitié !

Pistes pédagogiques Ressources documentaires

Vos contacts au Manège

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Alain Platel Orthopédagogue1 de formation, Alain Platel fonde à Gand, dans les années 80, un collectif d'artistes malicieusement baptisé "les Ballets Contemporains de la Belgique", dont le nom s'allégera plus tard en Ballets C. de la B. Ses premiers spectacles, Stabat Mater (1984), Lichte Kavalerie (1985) et Mange p'tit coucou (1986) se caractérisent par des univers décalés et atypiques : un art naïf, fait de petits riens, à contre-courant de la "nouvelle vague" flamande qui rayonne sur les scènes internationales. Alain Platel observe le monde en dilettante amoureux des recoins, des marges, du hors-cadre. À partir de Bonjour madame, comment allez-vous, il fait beau, il va sans doute pleuvoir, etcetera (première pièce montrée en France au Théâtre de la Bastille en 1993), cette veine éclate dans une certaine banalité érigée en brillance. Alors que la Belgique s'enfonce dans de sordides affaires de pédophilie, A. Platel place l'enfance au cœur de sa démarche. Moder & Kind (1995) et Bernadetje (1997) avec sa scène d'autos tamponneuses, conçus avec l'écrivain Arne Sierens, mettent en scène des adolescents, et ceux-ci sont encore présents dans La Tristeza Complice (1996) et Iets op Bach (1998) où des musiques de Purcell et de Bach accompagnent un déferlement d'actions éperdument fêlées. Mettant à mal une certaine joliesse de la danse contemporaine, il se saisit des clichés d'une certaine pauvreté pour en faire la matière métaphorique de tous les reliefs de la vie, fussent-ils dérangeants. Mais le "réalisme" de Platel n'est en rien sociologique. Il consiste à saisir, dans une palette de tempéraments et de corps, les traits d'une vérité humaine ; le sordide et le magnifique, l'exhibition et l'intime, le tendre et l'ironique, la violence et la fragilité s'entrelacent dans un alliage unique de trivial et de sacré, de grotesque et de sublime. En créant Allemaal Indiaan (Tous des Indiens, 2000), à nouveau en compagnie d'Arne Sierens, Alain Platel annonce que ce sera son dernier spectacle. Il maintient toutefois sa compagnie, avec laquelle il produit Wolf en 2003 (repris à l’Opéra de Paris en 2005), puis Vsprs en 2005 (Théâtre de la Ville) et 2006 (Festival d'Avignon). Après Vsprs l’an passé le Manège de Reims reçoit de nouveau Alain Platel avec Pitié ! source : www.mouvement.net

Les Ballets C. de la B. Pour Platel et ses amis, le nom "Les Ballets Contemporains de la Belgique" constituait une riposte frivole aux conflits communautaires qui agitaient la Belgique au cours des années 80. En ce sens, ce nom est un exemple de mauvais français (on ne dit pas "de la Belgique", mais "de Belgique"). Mais d'autres considérations intervenaient aussi : "Les Ballets" en tant que prise de position à une époque où la danse contemporaine était nettement plus populaire que le ballet classique, et une dernière raison, mais non des moindres : le clin d'œil aux Ballets Russes légendaires qui ont conquis le monde dans les années 20. Dès les années 90, Platel décide de travailler également en dehors du collectif (avec des maisons gantoises telles que Het muziek Lod et Victoria), incitant ainsi les autres à suivre son exemple. Christine De Smedt, Hans Van den Broeck et Koen Augustijnen, parmi d'autres, font leurs preuves comme danseurs et chorégraphes. L'ancien collectif a ainsi fait place à un groupe de chorégraphes défendant chacun sa propre optique. Leurs grandes différences facilitent le fonctionnement de chacun au sein de la même organisation. Et pourtant, aux yeux du monde extérieur se dégage une espèce de style 1 L’orthopédagogue œuvre auprès des enfants, adolescents ou adultes qui apprennent différemment. Il / elle s’intéresse au développement global de l’apprenant. Dans le cadre de ses fonctions, l’orthopédagogue est appelé à prévenir, à identifier et à corriger les difficultés d’apprentissage. De plus, il / elle cherche à éveiller l’apprenant à son propre style d’apprentissage afin qu’il actualise ses stratégies cognitives et affectives et ainsi, développe sa confiance en lui. Source : Association des Orthopédagogues du Québec

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maison - populaire, anarchiste, éclectique, engagé - et un précepte collectif : cette façon de danser appartient au monde actuel et ce monde appartient à tous. Platel a été le directeur artistique des Ballets pendant une longue période et partage maintenant cette fonction avec Christine De Smedt. Le danseur et chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui a rejoint la troupe, tandis que Hans Van den Broeck a repris son autonomie. Soulignons que la diversité au sein de la compagnie répond à chaque instant à la flexibilité de la structure, et c'est très bien ainsi : la structure est au service de la création, et pas l'inverse. source : www.lesballetscdela.be et Hildegard De Vuyst, dramaturge.

Pitié ! « Je préfère ressentir la compassion plutôt que d'en connaître le sens » Saint Thomas d'Aquin « La compassion est le radicalisme de notre époque » Le Dalaï-Lama « Le nouveau spectacle du metteur en scène Alain Platel et du compositeur Fabrizio Cassol, co-auteurs du superbe vsprs (2006), a comme point de départ la Passion selon Matthieu. Ce chef-d'oeuvre de Bach, sublime transposition musicale de la Passion du Christ, fait partie de ces compositions auxquelles, en fait, on ne peut ni ne doit toucher. Mais Fabrizio Cassol ne se contente pas « d'adapter » l'oeuvre de Bach ; il écrit un tout nouveau récit. pitié ! n'est ni fidèle à la chronique de l'évangéliste, ni à sa version poétique créée par le librettiste de Bach. Cassol s'attache avant tout à exprimer la douleur d'une mère, rôle inexistant dans la Passion originale, face au sacrifice inévitable de sa descendance; le rôle du Christ étant ici transposé pour deux âmes jumelles à la destinée commune. Cette optique donne son sens et son orientation à la composition. À partir de ce choix, Cassol a opté pour une distribution à trois chanteurs : une soprano pour la mère et deux voix très proches entre elles (une alto/mezzo et un contre-ténor) pour les enfants. Le trio Aka Moon, constituant la base de l'orchestre, est complété de personnalités diverses, nomades et hautes en couleurs, telles que Magic Malik (flûte traversière et chant), Tcha Limberger (violon), Philippe Thuriot ou Krassimir Sterev (accordéon), et d'autres encore. Erbarme dich, l'une des arias les plus célèbres de la Passion tant du point de vue musical que du contenu, constitue l'un des points de départs de pitié !. Notre aptitude à compatir dépasse-t-elle le stade de la pitié ? « Compassion » est un mot tellement chargé ; la compassion est souvent assimilée à la condescendance. Mais n'est-ce pas ce que nous désirons parfois de tout coeur, lorsque la vie et la mort nous semblent trop lourdes à porter ? Le thème principal de la Passion selon Matthieu est toutefois l'ultime sacrifice que nous puissions consentir : celui de soi. Il pourrait sembler ridicule de demander ici et maintenant pour qui ou pour quoi l'on serait prêt à sacrifier sa propre vie. C'est pourtant une question qu'Alain Platel veut poser aux danseurs avec lesquels il veut continuer à développer la « danse bâtarde » dont il a fait sa marque de fabrique. Dans le prolongement de l'expérience de VSPRS, cette gestuelle tente d'offrir une

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transposition physique de sentiments impossibles à contenir, et elle cherche à transcender la dimension individuelle. » février 2008 Hildegard De Vuyst LA GRACE, CETTE ETRANGE AFFAIRE. Les temps modernes ont proclamé la mort de Dieu, mais le spirituel ferait-il retour dans l’imaginaire des artistes contemporains ? Alors que le Centre Pompidou consacre une vaste exposition aux « traces du sacré » dans l’art occidental, Alain Platel annonce sans autre forme de procès que son prochain opus, conçu tout comme vsprs avec le compositeur Fabrizio Cassol, prendra appui sur La Passion selon saint Matthieu de Bach ! Certes, les deux compères précisent qu’ils prendront quelque liberté avec la chronique de l’évangéliste comme avec la version poétique créée par le librettiste de Bach. Il n’empêche : le thème du sacrifice, qui est celui de la Passion, n’est pas éludé. Sacrifice d’enfants pour leur mère dans la partition de Fabrizio Cassol, pour voix et orchestre. Sacrifice du danseur interprète, questionné par Alain Platel avec dix virtuoses de cette élégance bâtarde que le chorégraphe des Ballets C. de la B. ne cesse de porter à l’apogée des ressources expressives du mouvement. Dans cette voie où la grâce apparaît décidément comme une étrange affaire, Platel cisèle « une transposition physique de sentiments impossibles à contenir » qui « cherche à transcender la dimension individuelle ». Suggérant ainsi que dans toute Passion, religieuse ou non, il y a com-passion, en partage d’humanité. Jean-Marc Adolphe Distribution Dansé et créé par : Elie Tass, Emile Josse, Hyo Seung Ye, Juliana Neves, Lisi Estaràs, Louis-Clément Da Costa, Mathieu Desseigne Ravel, Quan Bui Ngoc, Romeu Runa, Rosalba Torres Guerrero Chanté par: soprano: Claron Mc Fadden ou Laura Claycomb ou Melissa Givens alto/mezzo: Cristina Zavalloni ou Maribeth Diggle ou Monica Brett-Crowther contre-ténor: Serge Kakudji chant, flûte: Magic Malik Musique jouée par: Aka Moon Fabrizio Cassol – saxophone, Michel Hatzigeorgiou – fender bass, bouzouki, Stéphane Galland – drums, percussion, Airelle Besson ou Sanne Van Hek – trompette, Krassimir Sterev ou Philippe Thuriot – accordéon, Michael Moser ou Lode Vercampt – violoncelle, Tcha Limberger ou Alexandre Cavalière – violon Concept et mise en scène: Alain Platel Musique: Fabrizio Cassol : musique originale basée sur “la Passion selon Matthieu” de J.S. Bach Dramaturgie: Hildegard De Vuyst Production: Les Ballets C. de la B. Coproduction: Théâtre de la Ville (Paris), Le Grand Théâtre de Luxembourg, TorinoDanza, Ruhr Triennale 2008, KVS (Brussel) Avec le support exceptionnel de : Kunstencentrum Vooruit (Gent), Holland Festival (Amsterdam) Alain Platel à propos de pitié! « En fait, La passion selon Matthieu de Bach est une oeuvre à laquelle il ne faut pas toucher. Et pourtant c'est exactement ce que nous faisons, le compositeur Fabrizio Cassol et moi. Après vsprs, notre collaboration s'est encore intensifiée. Nous parlons énormément et il n’y a pas de désaccords entre nous. Fabrizio se met au service de la pièce. Il aborde l'orchestre de la même façon que moi les danseurs. Il cherche en permanence comment obtenir le maximum à partir de cet effectif, comment établir un équilibre entre les instruments et laisser tout le monde s'exprimer. Il a extrait l'essentiel de cette musique et l'a consolidé, soit en le simplifiant, soit en le rendant plus baroque. Ainsi Können Tränen a été épuré à l'extrême et sonne maintenant comme une

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plaie ouverte, un nerf à vif. Erbarme dich, en revanche, a été plongé dans un bain baroque aussi plein qu'un seau qui déborde. La fin de ce morceau est aussi très étonnante, car la mélodie reste suspendue sans accord final. Entre ces deux extrêmes se retrouvent toutes les variations possibles. Mais dans l'ensemble, je pense que l'original en sort renforcé, en fonction de l'usage que nous voulons en faire. Cela se résume en une phrase : dévoiler l'intérieur des choses. Voilà l'essentiel. L'émotion est plus importante que l'évocation de personnages. Fabrizio fait ressortir ce qui se trouve à l'intérieur, révélant les « entrailles » à travers sa musique, et non une idéalisation de la souffrance comme Bach. Passion Indépendamment de la question de savoir si l'histoire du Christ a eu lieu ou non, s'il faut y croire ou non, elle contient un message que l'on retrouve dans de nombreux récits : « Les gars, aimez-vous les uns les autres ». C'est tout ce qui compte. Et c'est d'une telle simplicité qu'il nous faut une vie entière pour le saisir. « Aime ton prochain comme toi-même ». C'est plutôt un message moral que religieux. Spécifiquement dans la Passion du Christ, le sujet de la Passion selon Matthieu, un autre aspect essentiel de l'existence humaine est évoqué : nous sommes sur terre pour mourir. Dans les différentes adaptations cinématographiques que nous avons vues avec les danseurs, le même dilemme apparaît : faut-il voiler ce simple fait ou le révéler dans toute sa cruauté ? Mel Gibson ou Pasolini ? La version brute s'accorde mieux à ma vision de la vie comme un terrible piège. La vie est belle, passionnante, captivante grâce à la culture, à ce qu'en font les gens, mais on a tout juste le droit d'en goûter l'espace d'un instant, puis c'est terminé. Le récit de la Passion met l'accent sur la souffrance. J'estime que c'est réaliste : l'être humain souffre plus qu'il ne prend du plaisir. Sous cet angle, les rapports avec la mère, celle qui transmet la vie, reprennent de l'importance. Même si les enfants sont conçus avec les meilleures intentions, toute naissance est une condamnation à mort. L'histoire de Jésus et de Marie en est une belle métaphore. Pour moi c'est une métaphore parce que cette mère ne se sacrifie pas pour son enfant. Elle ne porte pas sa croix ; elle se drape autour de lui comme une serpillière trempée de larmes. Une vraie mère prendrait la place de son fils. Au niveau conceptuel, une telle affirmation doit être délicate pour Fabrizio, car il vit un rapport parent/enfant – avec un adolescent difficile en pleine crise, qui plus est. Moi, je suis dans une position confortable pour affirmer de telles choses : je n'ai pas d'enfants. Mais j'ajouterai immédiatement que, même si l'image de la mère en tant que meurtrière reflète ma plus profonde conviction, elle n'implique aucune condamnation. Je suis juste fondamentalement révolté face à ce concept de « mortalité », également quand la vie prend une mauvaise tournure à cause d'un accident ou d'une maladie. Dans pitié ! il y a trois personnages principaux : la mère, le fils et la petite amie/petite soeur. La mère est une figure très statique, tandis que les deux autres manifestent une légère révolte. Le personnage de Jésus est très spécial. Le contre-ténor Serge Kakudji est profondément croyant. C'est étonnant que Serge croise notre route précisément maintenant, qu'il surgisse à ce moment précis de la jungle de Kinshasa. Le fait que ce garçon joue ce rôle est un merveilleux défi. Sa foi est totale, mais il n'a jamais tenté de donner un «avis» sur ce qui se passe avec et autour de lui. Il n'a aucun mal à appréhender, à interpréter tous les éléments de la pièce. Nous, nous sommes uniquement capables d'ironie ou de cynisme face à ce contenu. Ou alors nous ne le connaissons même pas, comme Quan, l'un des danseurs, originaire du Vietnam communiste et sans aucune affinité avec tout ce qui est « religieux ». Nous nous braquons souvent déjà à l'avance face à la religiosité « facile », mais Serge, lui, ne connaît pas cette attitude. Il est absolument sans défense par rapport à ce qui se passe autour de lui dans ce spectacle. Il ne va jamais discuter du style « Ah non, Jésus ne peut pas faire ça ». Pour faire le lien entre différents univers, sa présence est capitale. Il ajoute une dimension qui ferait défaut s'il n'était pas là : et si nous prenions cette histoire au sérieux ? Miséricorde Pourquoi est-il important de montrer la souffrance ? Pour intensifier la miséricorde, la compassion. Parfois, ces mots ont une connotation négative parce qu'on les voit comme des sentiments passifs qui ne mènent pas nécessairement au changement. Mais à mes yeux, la compassion, c'est l'amour du prochain. C'est ce qu'il y a de plus dur au monde si l'on veut s'y tenir de façon cohérente. Et c'est précisément ce sentiment-là que la démocratie chrétienne au niveau local et l'Église au niveau mondial ne prennent plus au sérieux ; ils se limitent à défendre leur propre identité étriquée. Cela me révolte. Quand on essaie de vivre et d'agir en vertu de la « compassion », le changement est possible. Quand on regarde le monde en sachant que nous avons tous un seul point commun, notre mortalité, avec tout ce que cela implique comme maladies et comme pertes, quand on comprend que personne n'est mieux loti que nous-mêmes dans ce domaine, cela peut avoir un effet sur la pensée et les actions. En ce qui me concerne, du moins, ça colore ma façon de travailler. Je suis sûr que les gens trouveront eux-mêmes des solutions. Et donc j'ai appris à attendre, ce qui donne aux autres la confiance nécessaire pour croire qu'ils peuvent contribuer au processus de création. Cette autonomie et cette assurance

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procurent à leur tour la liberté d'action nécessaire pour se remettre en question, ou encore la possibilité d'une interaction physique marquée par une grande intimité. Tout cela peut sembler un peu trop fumeux. Mais quand on pratique réellement la compassion, on n'est plus capable de raisonner comme un partisan de la NVA (un parti nationaliste flamand), on ne peut plus considérer l'autre avec condescendance. Je ne me fais pas d'illusions : les changements qu'il est possible de concrétiser lors du processus de répétition ne sont pas permanents. La « rechute » guette à chaque instant. Moi aussi, je suis parfois obligé d'aller cracher ma bile ailleurs. Mais dès qu'on y a goûté, on en redemande. C'est pourquoi je pense qu'à un certain moment, un processus irréversible se déclenche. J'espère qu'il se passe quelque chose pour le public, qu'il s'installe aussi une espèce de solidarité entre les spectateurs, fondée sur la conscience partagée que nous sommes tous égaux ; que nous allons tous mourir et que peut-être un sentiment de miséricorde en résulte. Un seul spectacle ou une seule image ne suffira pas à le déclencher, mais la façon dont chacun l'assimile personnellement pourrait y conduire. Je peux juste affirmer qu'en ce qui me concerne, mon sentiment de miséricorde envers l'humanité s'est intensifié en travaillant à des spectacles avec d'autres personnes. » Alain Platel Pistes pédagogiques > En éducation musicale on pourra travailler sur la partition de la Passion selon Matthieu de Bach et sur la musique baroque en général, sur la version, l’interprétation et déclinaison particulière qui en est donnée ici dans un esprit de fusion et de mélange des genres (que retrouve-t-on de l'esprit baroque dans la virtuosité d'Aka Moon et dans l'esprit manouche) ainsi que dans les contorsions et la gestuelle des interprètes danseurs. > Travail en philosophie et en lettres sur les notions de sacrifice, de don de soi et sur la question de l’individu au sein de la société. On pourra travailler à partir de quelques textes de références sur cette question : - On étudiera le mythe de Prométhée qui expose l'origine du sacrifice (Théogonie, Hésiode) - Travail sur le mythe d’Iphigénie (Iphigénie de Racine et Iphigénie à Aulis d’Euripide) - Daniel Boyarin, Mourir pour Dieu, l'invention du martyre aux origines du judaïsme et du christianisme, éd. Bayard, Paris, 2003 - René Girard, Le sacrifice, (éd. Bibliothèque nationale de France, Paris, 2003) « Le thème principal de la Passion selon Matthieu est toutefois l'ultime sacrifice que nous puissions consentir : celui de soi. Il pourrait sembler ridicule de demander ici et maintenant pour qui ou pour quoi l'on serait prêt à sacrifier sa propre vie. C'est pourtant une question qu'Alain Platel veut poser aux danseurs. » Hildegard De Vuyst

> En atelier de danse on pourra travailler sur la « danse batarde » propre à Alain Platel :« Plus globalement, la danse bâtarde est aussi une source d'inspiration inépuisable : on se transmet le matériel gestuel jusqu'à ce qu'il soit déformé et modifié, jusqu'à ce qu'il n'exprime plus l'identité de l'un ou de l'autre. Ce n'est pas moi qui l'ai inventée. Je sens plutôt que je fais partie d'un courant qui ouvre de nouvelles possibilités. Les individus ne sont pas identiques, le matériel gestuel d'un individu ne peut être identique à celui d'un autre. Les mélanger à plusieurs reprises, les faire passer par le moulin d'autres corps et d'autres personnalités, c'est comme faire des bébés ; ça se ressemble, mais ce n'est jamais identique. » Alain Platel > On pourra également aborder les particularités de la scène belge : l’énergie, la violence, l’esthétique du choc. La danse comme reflet et véhicule des valeurs de la société contemporaine, une danse manifeste. Utilisation des musiques, des vêtements, des accessoires, des décors, de la mode du moment.

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Ressources documentaires Dictionnaires, encyclopédies… La scène moderne - Encyclopédie mondiale des arts du spectacle dans la seconde moitié du XXe siecle Giovanni Lista ACTES SUD 1997 DICTIONNAIRE DE LA DANSE (nouvelle édition) Philippe Le Moal (sous la direction de) LAROUSSE 2008 Ouvrages généraux sur la danse 20 ans de danse en communauté française de Belgique CONTREDANSE asbl 1998 Le théâtre dansé de notre temps - Trente ans de l’histoire de la danse allemande KALLMEYERSCHE 1998 La danse au XXe siècle Marcelle Michel, Isabelle Ginot LAROUSSE 1998 Le langage de la danse Mary Wigman CHIRON 1990 (réédition) Être ensemble - Figures de la communauté en danse depuis le XXe siècle Claire Rousier (sous la direction de) CENTRE NATIONAL DE LA DANSE 2003 Deuxième Peau - Habiller la danse Rosita Boisseau Nadia Croquet (coordonné par) ACTES SUD 2005 Ouvrages spécialisés : artistes de la scène belge et européenne, de la génération d'Alain Platel ou développant une esthétique voisine… Jan Fabre - La discipline du chaos, le chaos de la discipline Emil Hrvatin ARMAND COLIN 1994 Rosas / Anne Teresa de Keersmaeker Guy Gypens, Sara Jansen, Theo Van Rompay (sous la direction de) LA RENAISSANCE DU LIVRE 2002 L’ÉNERVEMENT Jan Lauwers BOZAR BOOKS BY FONDS MERCATOR 2006 Transgression - un trajet dans l'œuvre de Jan Fabre (1996-2003) Geneviève Drouhet ÉDITIONS CERCLE D'ART 2004 Sidi Larbi Cherkaoui – rencontres Joël Kerouanton L'ŒIL D'OR 2004 Compagnie Mossoux-Bonté - rencontres et décalage LA LETTRE VOLÉE 2002 Cluster Sasha Waltz and Friends HENSCHEL 2007 KONTAKTHOF with ladies and gentlemen over “65” Pina Bausch L'ARCHE 2007 FILMER LA DANSE Jacqueline Aubenas (sous la direction de) LA RENAISSANCE DU LIVRE 2007 LA CHAMBRE D’ISABELLA suivi de LE BAZAR DU HOMARD Jan Lauwers ACTES SUD 2006 LES BALLETS C. DE LA B. Alain Platel LANNOO 2006 VSPRS Alain Platel LES BALLETS C. DE LA B. 2005 www.lesballetscdela.be

Nicolas Monteil

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Pour votre classe Les ateliers du regard (gratuit, dans la limite de la disponibilité des intervenants) Destinés aux scolaires (primaires et secondaires) qui viennent assister à un spectacle, les ateliers du regard désignent une action qui permet d’aiguiser la pratique du regard en cherchant à révéler à des enfants et adolescents leur propre savoir et à leur apprendre à exprimer un jugement clair. Ces ateliers se composent de trois moments : 1) Intervention d’1h30 dans la classe, afin de montrer aux élèves un montage d’extraits vidéo de pièces chorégraphiques à propos desquels il leur est demandé simplement de dire "ce qu’ils ont vu". Le rôle de l’intervenant est essentiellement de permettre aux élèves de développer une parole relative à leur regard. 2) L’enseignant emmène sa classe voir un spectacle au Manège de Reims. 3) L’intervenant revient dans la classe pour recueillir les impressions des élèves sur le spectacle, les aider à formuler celles-ci, à faire travailler leur mémoire visuelle et auditive. Des extraits du spectacle sont rediffusés et analysés. Pour vous Les après-midi POP (gratuit) A date fixe, des après-midi thématiques pour approfondir un sujet et croiser des expériences. Libre à vous d'en faire profiter vos élèves par la suite ! L'animation des après-midi POP (Portes Ouvertes aux Profs) est confiée à des artistes qui, chacun dans leur domaine, font référence. Pour vous il s'agit donc d'une occasion unique de rencontrer l'expérience artistique "à sa source". Le tout se passant de façon très conviviale autour d'un café-petits gâteaux, n'hésitez plus ! Réservation indispensable. Le programme des POP vous sera adressé par la poste. Les permanences du service éducatif : Les mercredi de 14 à 18h Nicolas Monteil, enseignant relais au Manège de Reims est là pour répondre à vos questions, vous aider à monter vos projets, proposer des pistes pédagogiques autour d’un ou plusieurs spectacles, élaborer un parcours du spectateur, à consulter le fonds documentaire du Manège de Reims qui contient plus de 200 ouvrages sur la danse, le cirque, les arts vivants. Vos interlocuteurs au Manège N'hésitez pas à nous contacter : Marie-France Millerioux, Céline Gruyer, responsables des relations avec le public : 03 26 47 98 72 [email protected] ou 03 26 47 97 70 [email protected] Nicolas Monteil, enseignant relais : permanence au Manège les mercredis après-midi de 14h à 18h : 03 26 47 97 70 ou au rectorat : [email protected]