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NMB Nouveau Musée Bienne / Neues Museum Biel
Faubourg du Lac 52 / Seevorstadt 52 Case postale / Postfach 2501 Biel / Bienne
Documentation pédagogique
Karl Walser au Japon en 1908
Dans le cadre de l’atelier « Carnets du Japon » proposé durant les Semaines promotionnelles (18.9 - 17.11.2017)
Karl Walser, 1903, tiré de: Bernhard Kellermann, Sassa Yo Yassa,
Japanische Tänze, Berlin: Paul Cassirer, 1911
Médiation culturelle [email protected] Tél. : 032 322 24 64 www.nmbienne.ch
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Table des matières
Introduction ............................................................................................................... 3
Les circonstances immédiates du voyage au Japon .................................................... 4
Le japonisme .............................................................................................................. 4
Karl Walser et le Japon ............................................................................................... 5
Le Japon de l’ère Meiji (1868-1912) ........................................................................... 6
Le théâtre Nô et le théâtre Kabuki ............................................................................. 7
Bouddhisme et Shintôisme ........................................................................................ 9
Ressources pédagogiques ........................................................................................ 11
Culture japonaise .................................................................................................. 11
Géographie ........................................................................................................... 12
Techniques artistiques .......................................................................................... 12
Fiction/légendes ................................................................................................... 13
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Introduction
Karl Walser (1877-1943), né à Bienne et frère aîné de l'illustre poète Robert Walser, débute
tambour battant sa carrière de peintre à Berlin au début du 20e siècle. Il se fait rapidement un nom
comme illustrateur, il expose fréquemment aux côtés des grands noms de l'art allemand dans les
expositions de la Sécession berlinoise, travaille pour Max Reinhardt à la réalisation de décors de
théâtre, reçoit de nombreuses commandes pour des décors muraux. Karl Walser fait alors partie
des jeunes artistes les plus en vue à Berlin.
Karl Walser vers 1905, photographie
NMB Nouveau Musée Bienne (dépôt Fondation Gottfried Keller)
En 1908, il est envoyé durant quelques mois au Japon. Plusieurs dizaines d'aquarelles et de
dessins, ainsi que quelques tableaux à l'huile, réalisés durant ce voyage sont conservés. En
observateur très attentif, Walser dépeint le Japon traditionnel et l'on découvre un peintre très
original et plein de charme. Cette période peut à juste titre être considérée comme une des plus
fructueuses de sa carrière.
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Les circonstances immédiates du voyage au Japon En 1899, Karl Walser alors âgé de 22 ans s'établit à Berlin. Il parvient à vivre de sa peinture en
exécutant des décors monumentaux et des cartons pour des peintures sur verre. La rencontre
vers 1902 des cousins Bruno et Paul Cassirer, deux personnages clé de la scène artistique
berlinoise, constitue probablement un tournant dans sa carrière.
A partir de 1902, Karl Walser expose régulièrement dans le cadre de la Sécession berlinoise : ses
toiles côtoient alors celles des ténors de l'art allemand comme Max Liebermann, Lovis Corinth ou
encore Max Slevogt. Parallèlement, il devient rapidement un illustrateur reconnu et travaille pour
plusieurs éditeurs importants. Fin 1903, Walser rencontre le metteur en scène Max Reinhardt avec
qui il collabore dès lors régulièrement comme concepteur de décors et de costumes pour le
théâtre.
En 1908, un drame vient assombrir le tableau : l'amie de Karl Walser, Molly, se suicide en
présence de l'artiste quand elle se rend compte que celui-ci est épris d'une autre femme. Walser
supporte mal le choc et sombre dans la dépression. Pour l'aider à se remettre, et pour éviter un
possible scandale, l'éditeur et galeriste Paul Cassirer l'envoie alors pour quelques mois au Japon
en compagnie de l'écrivain Bernhard Kellermann (1879-1951).
Le japonisme Paul Cassirer n'est certainement pas un mécène totalement désintéressé. Il dirige en effet une
galerie d'art très influente à Berlin. De plus, en 1908, il vient de lancer sa propre maison d'édition.
En envoyant au Japon deux jeunes artistes prometteurs, il espère certainement que cet
investissement lui rapporte quelque chose. Comme il vient d'ouvrir sa propre maison d'édition,
Paul Cassirer prévoit certainement d’ajouter un titre porteur à son catalogue.
Et il est vrai qu'à la fin du 19e et au début du 20e siècle, le Japon, et l'Asie en général, sont à la
mode. Le japonisme n'épargne pas l'Allemagne. Des revues richement illustrées présentent le
Japon et la culture japonaise aux lecteurs allemands. Les récits de Lafcadio Hearn sont désormais
traduits en allemand et illustrés par le peintre Emil Orlik, qui a lui-même sillonné le Japon entre
1900 et 1901. Paul Cassirer participe d'ailleurs directement de ce phénomène puisqu'en 1902, il
expose dans sa galerie un choix d'estampes japonaises provenant de la prestigieuse collection
Bing de Paris.
A son retour, Bernhard Kellermann publie deux récits qui connaîtront un succès certain. Le
premier, Ein Spaziergang in Japan, orné d'une page de titre tirée d'un dessin de Karl Walser, est
épuisé peu de temps après sa sortie en 1910. Il sera réédité 5 fois jusqu'en 1924, pour un tirage
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global de 28'000 exemplaires, un record pour les éditions Paul Cassirer. Le second, Sassa Yo
Yassa. Japanische Tänze (1911) est orné de nombreuses illustrations d'après des dessins de
Walser et sera réédité 4 fois jusqu'en 1922.
Karl Walser et le Japon Les mois durant lesquels Karl Walser voyage au Japon correspondent à l'une des phases les plus
productives de sa carrière. Selon une source de l'époque (une lettre du secrétaire de Paul Cassirer
et la Société des beaux-arts de Zürich qui envisage en 1909 une exposition consacrée à Karl
Walser), on sait qu'il peignit 10 huiles de format moyen et environ 75 aquarelles. Le NMB Nouveau
Musée Bienne peut se targuer de conserver 4 huiles à sujets japonais, les seules connues à ce
jour. Les aquarelles et les dessins ont été dispersés dans plusieurs fonds.
Karl Walser, Fête près du fleuve, dans le quartier Pontocho à Kyôto, Huile sur toile, 49 x 64.6 cm
NMB Nouveau Musée Bienne (dépôt Fondation Gottfried Keller)
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Karl Walser, à son retour du Japon, a probablement remis l'intégralité de ses peintures et dessins
à Paul Cassirer qui avait financé le voyage. Ce dernier va organiser plusieurs expositions, à Zürich
mais également en Allemagne, qui seront bien accueillies par la critique. Par la suite en revanche,
les œuvres de Walser en rapport avec le Japon sont tombées dans l'oubli. Si l’on songe au fait
qu’une grande partie de la production de Karl Walser réalisée durant ses jeunes années
berlinoises a été perdue, cet ensemble prend une valeur toute particulière, d’autant plus que nous
sommes en présence de travaux de très haute qualité.
Les couleurs, les lumières, les reflets du Japon inspirent à Walser des œuvres à la fois intenses et
remplies de grâce. D’un point de vue purement stylistique, la ligne de Walser s’est assouplie, le
coup de pinceau s’est fait plus rapide. Ces changements sont déjà perceptibles avant le voyage au
Japon et sont très certainement dus à l’influence d’artistes tel Max Liebermann, un des ténors de
l'impressionnisme allemand dans l’entourage duquel Walser évolue. Ses œuvres « japonaises »
confirment cette tendance.
Comme bon nombre d'Occidentaux à la même période, Walser éprouve de la déception lorsqu'il
découvre un Japon déjà fortement modernisé. Pour lui, en « s'américanisant », le Japon
« authentique » court à sa perte. Et c'est ce Japon authentique qu'il cherche à transmettre au
travers de sa peinture, le Japon traditionnel. Il faut souligner les grandes qualités de dessinateur
de Walser : d’un coup de crayon très rapide, rehaussé ensuite d’aquarelle, il croque des instants
privilégiés, saisit l’élégance des formes.
Le Japon de l’ère Meiji (1868-1912) Au 17e siècle, le gouvernement shôgunal, de type militaire et dominé par les samuraï avait fermé
peu à peu le Japon aux étrangers jugeant le prosélytisme catholique menaçant pour son pouvoir.
Le Shôgun se donnait ainsi le monopole du commerce avec les marchands hollandais et chinois,
seuls étrangers autorisés à résider sous surveillance dans la presqu’île de Dejima à Nagasaki.
En 1854, sous la menace de navires américains, le Japon doit ouvrir ses ports au commerce
international. L’arrivée des étrangers provoque la chute du Shôgun en 1868 et la restauration du
pouvoir impérial après une période de guerre civile. L'empereur déplace alors la capitale de Kyôto
à Edo, qu'il rebaptise Tôkyô, la capitale de l’Est et entreprend de transformer le pays pour rivaliser
avec l'Occident. En l’espace d’un règne, connu sous le nom posthume de Meiji – « gouvernement
éclairé » – le Japon connaît une période de modernisation spectaculaire. Les structures de type
féodal et les privilèges des samuraï sont abolis. Avec l’aide de spécialistes étrangers, le Japon se
dote d’une armée moderne et d’industries compétitives. Le gouvernement institue un système
scolaire obligatoire. Les grandes réformes de la constitution côtoient des révolutions
vestimentaires où il est de bon ton de s’habiller à l’occidentale. Des maisons de pierres
apparaissent dans les villes aux côtés de nouvelles usines et du chemin de fer qui relie Tôkyô à
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Yokohama dès 1872. Les visiteurs occidentaux en quête d’exotisme viennent découvrir ce pays
mystérieux, mais, vers 1900 déjà, sont souvent déçus de découvrir un pays occidentalisé, avec
des structures touristiques prévues pour eux.
Le théâtre Nô et le théâtre Kabuki Le Nô fut créé à la fin du 14e siècle par la famille d’acteurs Kanze, sous le patronage du Shôgun
Ashikaga Yoshimitsu, et resta l’expression théâtrale privilégiée de la classe des guerriers
(samuraï). Il s’inspire des danses sacrées du Shintô (kagura) et des danses populaires des fêtes
agricoles (dengaku). Le jeu des acteurs, toujours des hommes, est très codifié, les costumes sont
somptueux, les décors symboliques. Les acteurs principaux masqués incarnent des personnages
réels ou des revenants, des démons. L’orchestre composé d’une flûte et de 3 tambours rythme les
chants du chœur qui déclame le texte poétique. On cherche à évoquer une émotion esthétique
chez le spectateur, un sentiment de grâce subtile (yûgen).
Le Kabuki reflète les goûts des bourgeois citadins, marchands et artisans (chônin). Le premier
théâtre Kabuki fut ouvert en 1604 par Okuni, « prêtresse » qui y donnait des spectacles érotiques.
Face au problème de prostitution, le gouvernement interdit la scène aux femmes en 1629.
Certains acteurs se spécialisèrent alors dans les rôles féminins (onnagata). Le Kabuki devint un
vrai genre théâtral et se libéra de l’influence du Nô par des inventions scéniques spectaculaires :
une scène tournante, des trappes et le « chemin de fleurs » (hanamichi) qui traverse la salle. Les
acteurs, représentés sur les estampes, étaient idolâtrés, tel Ichikawa Danjûrô I, qui inventa en
1673 le maquillage kumadori dont la couleur indique le genre de personnage. Les danses des
acteurs sont accompagnées par un orchestre de shamisen, de flûtes et de tambours.
Le Nô et le Kabuki ont été proclamés chefs-d’œuvre du patrimoine immatériel mondial par
l’UNESCO.
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Karl Walser, Scène de théâtre kabuki, Huile sur bois, 69.3 x 93.5 cm
NMB Nouveau Musée Bienne (dépôt Fondation Gottfried Keller)
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Bouddhisme et Shintôisme Le Shintôisme et le Bouddhisme sont les religions les plus importantes du Japon. Elles rythment la
vie quotidienne par leurs fêtes et leurs rites.
La première religion qui naît au Japon est le Shintôïsme ou Shintô qui signifie la « voie des
dieux ». Elle est de type chamanique : les dieux (kami) résident temporairement dans la nature ou
dans des objets. La mythologie compte 8 millions de dieux. La divinité principale est la déesse du
soleil Amaterasu qui est, selon la légende, l’aïeule de la famille impériale. Le calendrier japonais
est ponctué de fêtes populaires (matsuri) liées au culte Shintô et aux activités agricoles, où l’on
chante et danse avec des processions de sanctuaires (mikoshi).
Le Bouddhisme est introduit au Japon en 538 par une ambassade coréenne. La pensée de
Bouddha, né en Inde au 6e siècle av. J.C., avait transité par la Route de la Soie jusqu’en Chine et
en Corée. Après l’adoption du Bouddhisme par la cour japonaise, les deux religions vont cohabiter
et même se mêler. Elles se complètent également : le Shintô est plus tourné vers la vie d’ici-bas,
la pratique bouddhique peut apporter le salut de l’âme. Le Bouddhisme qui se développe parmi les
couches populaires est un Bouddhisme de foi où prononcer le nom du Bouddha permet d’espérer
renaître dans le Paradis bouddhique de la Terre Pure, tandis que la classe guerrière des samuraï
va adopter la doctrine de l’école Zen, plus rigoureuse.
La majorité des Japonais se dit bouddhiste et shintôïste, se mariant selon les rites Shintô et se
faisant inhumer dans les cimetières bouddhistes.
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Karl Walser, Procession religieuse à Kyôto, Huile sur bois, 69.2 x 92.7 cm
NMB Nouveau Musée Bienne (Fondation Gottfried Keller)
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Ressources pédagogiques
Documents disponibles dans les bibliothèques du réseau RBNJ, par ex. dans
les médiathèques de la HEP BEJUNE
Culture japonaise
A toi le Japon !
Pouyllau, Isabelle, Castanié, Julien, Ladousse, Camille
Toulouse : Milan, 2014
Aoki, Hayo & Kenji vivent au Japon
Messager, Alexandre
Paris : Ed. de La Martinière Jeunesse
2013
Aujourd'hui au Japon : Keiko à Tokyo
Clastres, Geneviève, Green, Ilya
Paris : Gallimard Jeunesse, 2010
Le Japon : un pays, des hommes, une culture
Loiret, Guillaume
Joblin, Jean-Pierre
Toulouse : Milan, 2015
Madame Mo, les fêtes japonaises : histoires, recettes et petits bricolages
Lafaye, Agnès
Moteki, Pascale
Arles : Picquier jeunesse
2013
Naomi, la petite japonaise
Baussier, Sylvie, Cocklico, Marion
Paris : Tourbillon, 2013
Tokyo family = Eine Familie aus Tokyo = Une famille de Tokyo [DVD + accès en ligne]
Yamada, Yoji, Hiramatsu, Emiko, Hisaishi, Joe, Fukasawa, Hiroshi, Yajima, Takashi
Ennetbaden : Trigon-Film, 2014
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Géographie
Atlas du Japon : une société face à la post-modernité
Pelletier, Philippe
Paris : Autrement, 2008
Le Japon
Lemaitre, Catherine, Michaud, David
[Paris] : Chêne, 2011
Japon : archipel de légendes
Maume, Aline
In: Géo : voir le monde autrement. - Paris. - No 427 (septembre 2014), p. 28-62
Japon touché au coeur : Fukushima
Baussier, Sylvie, Perrier, Pascale
Paris : Oskarson (Oskar jeunesse), 2011
Techniques artistiques
50 exercices pour découvrir Hokusai et la peinture asiatique
Gérodez, Jean-Claude
Paris : Eyrolles, 2014
250 motifs & design japonais : pattern sourcebook
Nakamura, Shigeki, Piquionne, Patrice
Paris : Fleurus
2009
L'ikebana : [l'art floral japonais]
Clément, Martine, Sollers, Philippe
[Paris] : Denoel, 1989
Inspiration Japon : 30 créations : origami, sahiko, furoshiki, couture
O, Maria
[Paris] : Dessain et Tolra
2011
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Le kirigami des débutants : 224 modèles faciles!
Chaponost : les Éd. de Saxe, 2014
Mon livre de haïkus : à dire, à lire et à inventer
Malineau, Jean-Hugues, Coat, Janik, 1972-
Paris : Albin Michel Jeunesse, 2012
Nouvelle encyclopédie de l'origami et des arts du papier
Brodek, Ayako, Verbèke, Ludivine
Paris : L'inédite, 2012
Mes petites kokeshi : broderie, couture, collage, pliage et autres techniques
Klam, Adeline, Guelpa, Emilie
[Paris] : Marabout, 2011
Fiction/légendes
La grande vague : Hokusai
Massenot, Véronique
Paris : L'Elan vert ; Marseille : CRDP de l'Académie d'Aix-Marseille, 2010
La poésie japonaise
Binet, Juliette, Hardy, Christophe
[Paris] : Mango
2007
Urashima Tarô : conte du Japon [kamishibaï]
[Delémont] : [Bureau de l'intégration des étrangers et de la lutte contre le racisme], [2009]
Bashô, le fou de poésie
Kerisel, Françoise, Clément, Frédéric, 1949-
Paris : Albin Michel Jeunesse, 2009
Yuki et les mille porteurs
Whelan, Gloria, Nascimbene, Yan, Troller, Fenn
[Paris] : Sorbier, 2008