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DOCUMENT STRATÉGIQUE DE CORDAID, SEPTEMBRE 2012 Intégration de genre dans le New Deal pour l’engagement dans les États fragiles

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DOCUMENT STRATÉGIQUE DE CORDAID, SEPTEMBRE 2012

Intégration de genre dans le New Deal pour l’engagement dans les États fragiles

2

Colophon

Le document de stratégie Intégration de genre dans le New Deal pour l’engagement dans les États fragiles est produit par le programme

Cordaid concernant le Leadership Féminin pour la Paix et la Sécurité (WLPS). Le programme a pour objet d’augmenter les capacités des

réseaux féminins et de donner plus de voix aux femmes locales dans les processus de paix et de sécurité. Cordaid aide les femmes à

améliorer leur situation quotidienne ainsi que celle de leurs communautés. Cette action se traduit par une meilleure sécurité, des rela-

tions de coopération et un meilleur accès aux services de base au niveau local. Cordaid mobilise et renforce les réseaux locaux féminins

dans les zones de conflit, leur donne plus de voix et promeut leur programmes sur les scènes nationale et internationale, et influence

les politiques afin qu’elles répondent à leurs difficultés et besoins.

Cordaid - L’Organisation Catholique pour l’Aide et le Développement (Cordaid) est une agence de développement néerlandaise opérant

dans le monde entier. Cordaid est membre de Caritas Internationalis et de la CIDSE. Nous combattons la pauvreté et l’exclusion dans

les États Fragiles et les zones de conflit. Afin de porter secours aux plus démunis et aux plus marginalisés, nous levons des fonds aux

Pays-Bas comme au niveau international. L’expertise Cordaid s’exerce dans quatre domaines de travail : La transformation des conflits,

la Santé et le Bien-être, la Réduction des risques de catastrophes & Aide d’urgence, et Entreprendre. Cordaid œuvre en étroite collabo-

ration avec 890 organisations partenaires dans 28 pays d’Afrique, d’Asie, du Moyen-Orient et de l’Amérique Latine pour une société

mondiale plus juste et équitable.

Creative Commons: Vous êtes libre d’utiliser le matériel de cette publication à des fins d’étude et d’éducation.

Veuillez mentionner Cordaid en source.

Researcher/Writer: Karen Barnes Robinson

Project Leader: Dewi Suralaga

Cover photo: Ton Koene/Hollandse Hoogte

Contact information:

Dewi Suralaga: Plaidoyer stratégique [email protected]

Erica Zwaan: Conseiller stratégique [email protected]

B.P.16440

2500 BK La Haye

Pays-Bas

Tel.: + 31 (0)70 3136300 www.cordaid.nl

3

Acknowledgements

Cordaid a initié et financé cette étude dans le cadre de son engagement à contribuer à l’évolution du programme des femmes, de la

paix et de la sécurité. Les résultats reflètent les objectifs d’influence politique de Cordaid, visant à rehausser les synergies entre le

développement et les femmes, les politiques et les pratiques de sécurité, afin d’assurer la mise en application entière et effective de

la Résolution 1325 du Conseil de sécurité de L‘ONU. Se baser sur les expériences et les perspectives directes des femmes locales en

tant que baromètre de développement, paix et sécurité, a toujours été d’une importance particulière pour Cordaid et constitue la pierre

angulaire de cette étude. Ce document de stratégie a été documenté et rédigé par Karen Barnes Robinson. Dewi Suralaga (Cordaid) a

dirigé le projet, et son soutien et ses contributions ont été précieuses tout au long de la préparation de ce document de stratégie.

La section 6 de ce document de stratégie est basée sur deux ateliers de validation qui se sont tenus en Afghanistan et Sud-Soudan en

août 2012. L’atelier de Kaboul a été organisé par le Réseau des Femmes d’Afghanistan (AWN) avec le soutien de Cordaid et a rassemblé

des organisations membres de l’ANW, des parlementaires afghanes et le point focal des OSC du Dialogue international sur la construc-

tion de la paix et le renforcement de l’État en Afghanistan. L’atelier de Juba a été organisé par Cordaid Soudan du Sud et a été facilité

par Stephen Pande. Il a rassemblé des organisations féminines, des organisations de la société civile œuvrant à la construction de la

paix et aux questions de développement, des représentants de l’Union Africaine et la coordination IDPS pour le Soudan du Sud. Nous

aimerions également exprimer nos remerciements et notre reconnaissance envers les femmes et hommes qui ont participé aux ateliers

de validation, partagé leurs points de vue et expériences, et qui ont contribué au traitement des questions prioritaires spécifiques du

pays de même qu’aux recommandations mises en lumière dans ce rapport.

L’auteur se joint à Cordaid pour exprimer leurs remerciements aux personnes suivantes qui ont contribué à ce rapport, par de pré-

cieuses remarques et apports, tout au long de son élaboration : Larry Attree (Saferworld), Afifa Azim (AWN), Melanie Greenberg (Alliance

for Peacebuilding), Erin McCandless (Journal of Peacebuilding and Development), Giulia Pasquinelli et Antonia Potter (EPLO), Jennifer

Salahub (North-South Institute) et Phil Vernon (International Alert). Enfin nous aimerions remercier nos collègues de Cordaid qui ont

participé à ce projet et l’ont soutenu de bien des façons : Paul van den Berg, Frederique van Drumpt, Jain Holsheimer, François Lenfant,

Bonnie Noorman, Frederica Ordelman, Akinyi Walender et Erica Zwaan.

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TABLE DES MATIÈRES

SOMMAIRE ANALYTIQUE 5

ACRONYMES 7

1. INTRODUCTION 8

2. DE PARIS À BUSAN : L’HISTORIQUE DU NEW DEAL 9

3. UNE PERSPECTIVE DE GENRE POUR LE NEW DEAL 11

3.1 LE GENRE ET LES PSG 12

3.2 LE GENRE ET LA PRIORITÉ 14

3.3 LE GENRE ET LA CONFIANCE 15

4. INTÉGRATION DE GENRE DANS LA MISE EN ŒUVRE DU NEW DEAL 17

4.1 ÉVALUATIONS DE FRAGILITÉ ET DÉVELOPPEMENT DU SPECTRE DE FRAGILITÉ 17

4.2 DÉVELOPPEMENT D’INDICATEURS POUR LES PSG 19

5. LA SOCIÉTÉ CIVILE SUR LE GENRE ET LE NEW DEAL : ÉTUDES DE CAS DE

L’AFGHANISTAN ET DU SOUDAN DU SUD 23

5.1 AFGHANISTAN 23

5.2 SOUDAN DU SUD 27

5.3 IMPLICATIONS DES ÉTUDES DE CAS POUR LA MISE EN ŒUVRE DU NEW DEAL 30

6. RECOMMANDATIONS 31

BIBLIOGRAPHIE 34

5

Le New Deal se fonde sur les engagements internationaux pré-

cédents tels que la Déclaration de Paris sur l’Efficacité de l’Aide

(2008) et le Programme d’Action d’Accra (2008), et fournit un

nouvel élan dans les efforts pour soutenir les pays en transition

vers la paix. Pourtant encore aujourd’hui, les aspects de genre

ont été largement absents malgré leur statut de thème transver-

sal, et une plus forte volonté politique. En conséquence, autant

l’accompagnement que les ressources sont nécessaires afin d’as-

surer qu’elles soient intégrées à la mise en œuvre de ce nouveau

et important programme mondial. La prépondérance donnée par

le New Deal sur le leadership du pays, l’appropriation locale et la

collaboration de nombreuses parties prenantes, révèle l’impor-

tance de la voix des femmes, de même qu’il crée la possibilité de

réaliser un programme plus intégral. A mesure que le New Deal

évolue et qu’il est mis en pratique, il représente aussi une oppor-

tunité de choix de progresser dans la mise en application de la

résolution 1325 du Conseil de Sécurité de l’ONU et d’autres enga-

gements sur les l’égalité des sexes pour lesquels peu de progrès

ont été réalisés au cours des dernières années.

L’égalité des sexes et la participation féminine sont, en ce sens,

cruciales pour la réalisation de quelques uns des objectifs ma-

jeurs du New Deal. Ainsi l’analyse en matière de genre est un

outil important pour comprendre quelques uns des concepts de

l’inclusion, des relations État-société et des dynamiques pré-

sentes dans ces contextes et qui émergent fortement au sein

du New Deal. Les trois principales composantes du New Deal

sont les objectifs de construction de la paix et de renforcement

de l’État (PSG) ; la PRIORITÉ qui concerne de nouvelles voies de

lancer, promouvoir et soutenir les transitions régies par les pays-

mêmes ; et la CONFIANCE qui définit comment les ressources et

l’aide pourront être gérées avec plus d’efficacité et de transpa-

rence, et comment les financements pourront être rationalisés

afin d’assurer de meilleurs résultats. Alors que toutes ces compo-

santes reflètent les questions pour lesquelles les organisations

féminines ont lutté pendant les dernières décades et qui sont au

premier plan dans le contexte des programmes pour les femmes,

la paix et la sécurité, elles ne reflètent pas les perspectives de

genre de façon adéquate (voir tableaux 1, 2 et 3).

Le New Deal et le travail actuel de soutien de la mise en applica-

tion de la résolution 1325 ONU couvrent des domaines similaires

et se complètent très étroitement, autant en substance qu’en

processus. Bien que la résolution 1325 ONU ait été adoptée de-

puis près de 12 ans, les progrès sont encore faibles. D’un autre

côté, le New Deal qui compte encore moins d’un an d’existence,

a déjà généré une dynamique et un soutien politique évidents, et

pour cette raison offre une opportunité de choix de faire avancer

les priorités liées aux femmes, la paix et la sécurité. Alors que le

pilotage du New Deal est engagé, il est opportun d’identifier les

points d’entrée afin de s’assurer, non seulement que ce pilotage

se fasse de façon intégrale et participative, mais aussi que tout

chevauchement avec tout processus de mise en application de

la résolution 1325 ONU soient identifiés et capitalisés. Pour les

mois à venir, il y a deux aspects de réalisation liés aux PSG qui

avanceront rapidement, et pour lesquels il sera particulièrement

important de s’assurer que les questions en matière de genre

soient intégrées à un stade précoce. Ce sont les évaluations de

fragilité conduites par les gouvernements du g7+ dans leur pays

pour identifier les causes et conséquences de la fragilité, ainsi

que le développement de l’outil du spectre de fragilité, et l’iden-

tification des indicateurs spécifiques aux pays pour chacun des

PSG qui seront introduits dans une éventuelle liste d’indicateurs

pour les PSG.

Le cadre analytique qui a été développé pour l’évaluation et le

spectre de fragilité, révèle quelques questions de pilotage liées

aux besoins et la vulnérabilité des femmes, ce qui signifie que

toute orientation ou méthodologie devra les prendre en compte, y

compris tous les ateliers et processus de consultation. Pourtant,

il n’apparaît pas clairement que la dynamique de genre soit re-

connue par le cadre des évaluations de fragilité en tant que cause

de conflit, de fragilité ou de résilience. Si c’était le cas, on pourrait

en arriver à une évaluation de fragilité différente et, plus impor-

tant encore, faire apparaître de nouvelles voies envers le renfor-

cement de la résilience. Il est capital de s’assurer que toutes les

questions pertinentes, y compris celles relevant de l’égalité des

sexes, soient identifiées dans les rapports d’évaluation et les do-

cuments « leçons apprises » pendant la phase pilote, pour qu’il y

ait plus de chance qu’elles soient incluses au sein du processus

de planning national (voir tableau 4).

Le second point d’entrée pour l’intégration de genre dans le

New Deal est le développement d’indicateurs au niveau pays

qui s’intègrent à la liste d’indicateurs au niveau mondial. Il est

d’importance vitale que les processus actuels de définition des

indicateurs pour chaque PSG engagent les femmes et aussi que

tout effort soit engagé pour intégrer les questions de genre dans

chacun des objectifs afin de s’assurer que ces questions soient

prises en compte en tant que mesures de réussite de la construc-

tion de la paix et du renforcement de l’État. Dans le cadre des

efforts de mise en application de la résolution 1325 ONU, les indi-

cateurs mondiaux pour les femmes, la paix et la sécurité, ont été

élaborés par l’ONU et le Réseau GNWP (Global Network of Women

Peacebuilders), et de nombreux pays ont également développé

des indicateurs nationaux pour leur Plan d’Action National sur la

résolution 1325 de l’ONU. Ces indicateurs existants couvrent un

éventail de domaines de pertinence pour les cinq PSG et en tant

Sommaire analytique

6

que tels pourraient être directement inclus au cadre de travail du

New Deal, ce qui non seulement renforceraient le processus mais

activeraient encore le suivi de leur mise en oeuvre en relation à la

résolution 1325 de l’ONU (voir tableau 5).

Le document relate également deux études de cas de l’Afgha-

nistan et du Soudan du Sud qui présentent les voix et opinions

de la société civile concernant les questions de genre et le New

Deal. Ces deux cas d’étude apportent des visions utiles sur la

signification d’une perspective de genre dans le New Deal dans la

pratique et ils portent l’attention sur quelques questions clés sur

lesquelles devraient se concentrer l’IDPS et les autres acteurs au

cours des prochains mois, à mesure que le pilotage du New Deal

se déploie (voir tableaux 6 et 7).

Le document met en avant les recommandations clés et les ac-

tions possibles qui pourraient être entreprises afin d’intégrer une

perspective de genre pendant que le pilotage du New Deal se dé-

roule aux cours des mois à venir. En bref :

• Intégrer une perspective de genre à tous les cadres analy-

tiques et les approches suivies pour la mise en application du

New Deal

• Intégrerlesquestionsdegenredanslesévaluationsdefragili-

té (page 17-19)

• Allouerdesfinancementsadéquatsauxbesoinsdesfemmes

et aux priorités liées au genre (page 15)

• S’assurer que tous les indicateurs développés pour le suivi

des PSG reflètent une perspective de genre et qu’ils soient dif-

férentiés par sexes (page 19-22)

• Donnerlaprioritéauxvoixfémininesetrenforcerlesengage-

ments avec la société civile en ce qui concerne la mise en ap-

plication du New Deal (page 32)

• Relier lamise en application du New Deal aux activités in-

ternes des pays concernant la mise en application de la réso-

lution 1325 de l’ONU et inversement.

• Améliorer lacommunicationet lacollaborationentre lesmi-

nistères afin d’assurer une approche mieux coordonnée dans

le traitement des questions en matière de genre dans les FCAS

• Assurerunhautniveaud’engagementetdevolontépolitique

afin de traiter les questions en matière de genre dans tous les

aspects du New Deal

Enfin, il est important de reconnaître que pour la communauté

internationale, et plus particulièrement pour l’égalité des sexes

dans les États fragiles ou affectés par un conflit, 2015 repré-

sente un moment charnière critique lorsqu’auront lieu les MDG,

le 15ème anniversaire de la résolution 1325 de l’ONU et Beijing

+20. Le New Deal est un important mécanisme d’établissement

d’une base de preuves, générant la connaissance et alignant la

pratique sur les engagements politiques afin d’assurer une ap-

proche sensible au genre dans la construction de la paix et le ren-

forcement de l’État, le renforcement de la position des femmes

dans les États fragiles ou affectés par un conflit, et la réalisation

des importants engagements mondiaux.

7

AWN Afghan Women’s Network (Réseau des Femmes Afghanes)

CEDAW Convention on the Elimination of All forms of Discrimination against Women

(Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes)

FCAS Fragile and conflict-affected states (États fragiles ou affectés par un conflit)

FSP Fragile States Principles (Principes sur les États Fragiles)

IDPS International Dialogue on Peacebuilding and Statebuilding

(Dialogue international sur la construction de la Paix et le renforcement de l’État)

GNWP Global Network of Women Peacebuilders

HLF High Level Forum (Forum de Haut Niveau)

MDGs Millennium Development Goals (Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)

MOWA Ministry of Women’s Affairs (Afghanistan) (Ministère aux Affaires Féminines)

NAP National Action Plan on UNSCR 1325 (Plan d’Action National sur la résolution 1325 de l’ONU)

NAPWA National Action Plan for Women of Afghanistan (Plan d’Action National pour les Femmes en Afghanistan)

OECD Organisation for Economic Cooperation and Development

(OCDE – Organisation pour le Développement et la Coopération Économique)

OECD-INCAF OECD International Network on Conflict and Fragility

(Réseau International OCDE pour les Conflits et la Fragilité)

PSGs Peacebuilding and Statebuilding Goals

(Objectifs de Construction de la paix et de renforcement de l’État)

UNSCR 1325 United Nations Security Council Resolution 1325 on Women, Peace and Security

(Résolution 1325 du Conseil de Sécurité de l’ONU)

VAW Violence against women (Violence contre les femmes)

Acronymes

8

Par l’adoption du New Deal pour l’engagement international dans

les États fragiles lors du quatrième Forum de Haut Niveau sur

l’Efficacité de l’Aide, à Busan l’année dernière, la communauté

internationale a convenu de la nécessité de nouveaux objectifs,

méthodiques et partenariats afin de répondre aux défis auxquels

doivent faire face les États fragiles et ceux affectés par un conflit

(FCAS). Le New Deal est l’aboutissement de plusieurs années de

dialogues et de consultations, et aujourd’hui on nourrit de hautes

espérances quant aux changements dans la façon dont l’aide est

fournie et gérée, afin qu’elle soutienne un processus intégral de

construction de paix et de renforcement de l’État qui finira par

aboutir à un développement durable dans ces pays. Pourtant,

malgré la montée de l’évidence et les engagements politiques

concernant la nécessité d’intégrer l’égalité des sexes dans ces

processus, le New Deal ne parvient pas à fournir d’orientation ou

de nouvelles idées dans ce domaine, constituant ainsi un fossé

de taille.

Par l’adoption de la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité de

l’ONU (RCSNU 1325) sur les femmes, la paix et la sécurité en oc-

tobre 2000, la communauté internationale reconnaissait que les

femmes ont le droit d’être impliquées et engagées dans les pro-

cessus de paix et de sécurité, de même qu’elle reconnaissait leurs

rôles et contributions potentielles. En parallèle à d’autres impor-

tants engagements tels que le CEDAW, la Plateforme d’Action de

Beijing et les Objectifs du Millénaire pour le Développement, il

existe maintenant un cadre normatif international établi sur

l’égalité des sexes. Au cours des dernières dizaines d’années,

des efforts accrus ont été déployés par les organisations inter-

nationales, les gouvernements et la société civile visant à sou-

tenir la voix des femmes, à construire leurs capacités et éliminer

les nombreux obstacles auxquels elles font face dans les États

fragiles ou post-conflit. Pourtant ces questions ne sont souvent

pas intégrées et de sérieuses inégalités subsistent. La résolution

1325 de l’ONU reste faible et très peu mise en application. Le

présent document de stratégie a pour objet de traiter ce manque

d’orientation et tenter de fournir des éclaircissements, à mesure

que le New Deal évolue dans sa mise en pratique, sur la façon

dont il peut devenir un mécanisme d’avancement dans la mise

en application de la résolution 1325 et autres engagements sur

l’égalité des sexes.

Le document de stratégie s’adresse primairement aux décideurs,

autant du g7+ que des gouvernements partenaires, impliqués

dans le développement du New Deal, ainsi qu’aux acteurs impli-

qués dans la mise en œuvre au niveau pays. Il est également per-

tinent pour les organisations de la société civile qui souhaitent

s’engager et soutenir la mise en œuvre du New Deal dans les pays

donateurs et les États fragiles ou affectés par un conflit. Enfin, il

fournira aux défenseurs des actions pour les femmes, la paix et

la sécurité, de nouveaux outils et points d’entrée pour la mise

en application de la résolution 1325 de l’ONU ainsi que des indi-

cations sur les possibilités de relier leurs efforts aux actions du

Dialogue international sur la construction de la Paix et le renfor-

cement de l’État (IDPS).

Ce document donnera un bref historique du développement du

New Deal, avant de fournir une analyse de genre des trois compo-

santes majeures, en soulignant les relations avec le programme

de la résolution 1325. Ce document comprend également deux

études de cas de la mise en œuvre du New Deal en Afghanistan et

au Soudan du Sud par la société civile.

1. Introduction

9

Au cours des dernières décades, la communauté internatio-

nale a commencé à reconnaître la nécessité de s’attaquer aux

spécificités de développement des États fragiles ou affectés par

un conflit (FCAS). On estime qu’environ 1,5 million de personnes

vivent dans des pays où la violence, l’instabilité et des gou-

vernances faibles, menacent leur sécurité et leurs moyens de

subsistance. Ces pays reçoivent aussi 30% du budget global

de l’aide au développement étrangère, mais selon le Rapport

mondial de développement 2011 sur les Conflits, la Sécurité et

le développement, aucun des États fragiles ou affectés par un

conflit ne réalisera un seul des Objectifs du millénaire pour le

développement (OMD).1 Le New Deal justifie les discussions

qui ont eu lieu au sein de l’IDPS depuis 2008 et est devenu

l’aboutissement de plusieurs années de négociation, dialogue

et constitution de ce consensus. Alors que cette politique se

concentre sur le New Deal, elle devrait être vue comme faisant

partie d’un plus large processus, comme une réorientation des

approches internationales de l’aide au développement englo-

bant la Déclaration de Paris et le travail du Dialogue internatio-

nal sur la construction de la Paix et le renforcement de l’État ;

un processus qui plonge même ses racines jusque dans la

Déclaration du Millénaire de 2000.

En 2005, la communauté internationale organisa le second

Forum de Haut Niveau (HLF) sur l’efficacité de l’aide dans lequel

la Déclaration de Paris fut adoptée. Cette dernière fut négociée

entre les gouvernements donateurs et receveurs, et elle identifia

quelques principes directeurs pour la fourniture et la gestion de

l’Aide au développement. La nécessité d’adapter ces approches

aux différents contextes des États fragiles a bien été reconnue

mais n’a pas été un élément majeur de la Déclaration.2 En 2007, il

devenait de plus en plus évident que les FCAS tardaient à accom-

plir les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), et

que les principes esquissés dans la Déclaration de Paris se révé-

laient difficiles à appliquer dans ce contexte. Afin de répondre à

la nécessité de nouvelles directives pour apporter dans les FCAS

une aide qui corresponde aux capacités et légitimité souvent

limitées de ces gouvernements, les Principes de bon engage-

ment dans les États fragiles ou affectés par un conflit, ou encore

Principes sur les États Fragiles (FSP) ont été ratifiés par les pays

de l’OCDE en 2007. Les FSP reconnaissent les défis spécifiques

des FCAS et la nécessité d’une spécificité contextuelle. Ils sont

centrés sur la minimisation de tout préjudice ou exclusion in-

volontaire et sur le maintien de réponses flexibles qui puissent

permettre un engagement à long terme souvent nécessaire dans

ces pays.

Les questions ont bénéficié d’une plus grande attention au cours

du 3ème HLF sur l’Efficacité de l’aide, qui s’est tenu à Accra en

2008 et qui adoptait le Programme d’Action d’Accra.3 Ce pro-

gramme est basé sur la Déclaration de Paris et en particulier dé-

ploie les actions additionnelles qui seront entreprises dans les

États fragiles, y compris les évaluations communes de gouver-

nance et de capacité, de soutien au développement de capacité

des fonctions majeures de l’État, de développement de modali-

tés flexibles de l’aide et de monitorage de la mise en application

des FSP. Pourtant, en dépit des références aux États fragiles dans

les documents issus des HLF et les FSP avalisés expressément, le

processus jusqu’alors était critiqué pour être surtout conduit par

les pays donateurs, laissant peu de place aux gouvernements des

États fragiles ou affectés par un conflit pour contribuer à la na-

ture même de ces documents ou comment ils devaient instruire

l’aide au développement. Cette critique mena au lancement du

Dialogue international sur la construction de la Paix et le renfor-

cement de l’État (IDPS) à Paris en décembre 2008.

L’IDPS rassemble les gouvernements des pays donateurs et des

État fragiles, assurant une plate-forme égalitaire de dialogue, de

coordination et de partenariat. La première réunion IDPS s’est

tenue à Dili en Avril 2012, suite à une série de consultations mul-

ti-intéressées et a résulté en la Déclaration de Dili, qui esquissait

une vision commune sur la prévention des conflits et sur certains

des défis auxquels se confrontent les FCAS. Un autre résultat clé

de cette réunion a été l’établissement du g7+ en tant que forum

officiel pour le dialogue et le développement des approches

communes.4 Le g7+, un réseau pour les États fragiles ou affectés

par un conflit, prévoit trois objectifs clés qui sont la présentation

d’une voix mondiale unifiée pour les États fragiles, la constitu-

tion de meilleurs partenariats et l’appropriation dans la coopé-

ration au développement, et le pourvoi en conseil politique.5

Conjointement aux membres du Réseau International sur les

Conflits et la Fragilité (OCDE-INCAF), ces gouvernements consti-

tuent les principaux membres de l’IDPS, bien que d’autres acteurs

tels que la société civile et les donateurs non conventionnels

2. De Paris à Busan : L’historique du New Deal

1 Banque Mondiale (2011) Rapport sur le développement mondial 2011: Conflit, Sécurité et Développement. Washington, DC: World Bank.2 Déclaration de Paris sur l’Efficacité de l’Aide, 2nd Forum Haut Niveau, Paris, 28 février 2 mars, 2005. http://www.oecd.org/development/evaluationofdevelopmentprogrammes/dcdndep/38245246.pdf3 Programme d’Action d’Accra, 3ème Forum Haut Niveau sur l’Efficacité de l’Aide, Accra, 2-4 Septembre, 2008. http://siteresources.worldbank.org/ACCRAEXT/Resources/4700790-1217425866038/AAA-4-SEPTEMBER-FINAL-16h00.pdf4 Plus ample information sur le g7+ à l’adresse www.g7plus.org.5 Voir Wim Naudé, 2012. What is the (New) Deal with Fragile States? Policy Brief No. 1. Helsinki: UNU Wider.

10

soient également engagés de diverses façons dans les actions

de l’IDPS.

La seconde réunion de l’IDPS a eu lieu à Monrovia, Libéria, en juin

2011. Cette réunion a produit la “Feuille de route de Monrovia” qui

pose les fondations des engagements que l’IDPS visait à ratifier

à Busan, et plus particulièrement les cinq objectifs de Monrovia

visant à poser les fondations de l’atteinte des OMD au niveau

pays et à guider l’action internationale.6 De même que la décla-

ration de Dili, ceci s’intègre directement dans le thème Conflit et

Fragilité qui était un sujet central des discussions au 4ème HLF

sur l’Efficacité de l’aide, à Busan en Décembre 2011, conduisant

à l’adoption du New Deal.

Le New Deal vise à aider  les États fragiles vers l’atteinte d’une

paix et d’un développement durables, et représente l’aboutisse-

ment d’un processus pluriannuel de reformulation de l’approche

de l’aide au développement dans les États fragiles ou affectés par

un conflit. Le New Deal est ambitieux dans ses objectifs et com-

bine trois éléments majeurs dont l’intention est de se concen-

trer sur le «quoi, qui et comment » d’une nouvelle approche de

l’engagement international dans les États fragiles.7 Ces éléments

sont les Objectifs de construction de la paix et de renforcement

de l’État (PSG), PRIORITÉ et CONFIANCE. Plus de quarante pays et

organisations ont aujourd’hui signé pour le New Deal, principale-

ment des membres du g7+ et de l’OCDE-INCAF, mais les organisa-

tions de la société civiles s’engagent aussi dans le processus par

le biais d’un réseau, coordonné par Cordaid.8

Même dans la relativement courte période de quelques années,

l’IDPS et l’aboutissement de son dialogue aujourd’hui, représen-

té en substance dans le New Deal, comptent plusieurs impor-

tantes réussites.9 Violence et Conflit font maintenant partie du

discours parmi les partenaires du développement et ceci a pris

un nouvel élan avec l’intérêt pour le débat post-ODM.10 La créa-

tion du g7+ a été une importante étape pour la réalisation d’une

plate-forme pour ces pays qui leur permet de développer une voix

commune et un consensus sur les défis clés auxquels ces pays

font face. Plus important encore, il a réintroduit la dimension

politique dans une discussion qui jusqu’à maintenant était lar-

gement technocratique. Ceci est particulièrement vrai en ce qui

concerne la prépondérance donnée aux politiques légitimes et

aux relations État-société dans l’ensemble du New Deal. Le défi

sera alors de transformer ces engagements en actions concrètes,

en particulier au cours de la période pilote sur 2012-2015.11 Pour

être exact, ce que signifie la mise en application du New Deal

n’est pas encore très clair, mais le pilotage actuel de différents

processus dans certains pays présente une importante opportu-

nité de tester les hypothèses et cadres qui ont été développés.

Pourtant, un des défauts majeurs du processus New Deal jusqu’à

maintenant a été l’impossibilité d’intégrer suffisamment une

perspective de genre dans les PSG, PRIORITÉ et CONFIANCE, ou

d’assurer que les besoins, priorités et participations des femmes

soient mises en avant. L’exclusion des questions de genre n’est

pas vraiment une surprise puisqu’elles n’étaient pas clairement

présentes dans la Déclaration de Paris (seule une référence sur

les aspects de genre en tant que question transversale) ou dans

les FSP (une mention dans le contexte de la non-discrimination).

En outre, selon une récente présentation des résultats du module

‘égalité des sexes’ de l’Enquête de Suivi 2011 de la Déclaration

de Paris, les pays donateurs et bénéficiaires ne parviennent pas

à allouer suffisamment de ressources pour permettre la mise en

œuvre de leurs politiques et engagements sur l’égalité des sexes.

Si le New DEal doit réellement signifier un changement dans la

façon dont le développement, la construction de la paix et le ren-

forcement de l’État doivent se dérouler, alors une des plus impor-

tantes stratégies pourrait être de placer les questions de genre en

tête et au centre du processus, plutôt qu’en tant que pièce rap-

portée à un stade ultérieur. Ceci serait réellement une nouvelle

façon de faire et aurait le potentiel d’amener un New Deal, non

seulement au bénéfice des femmes mais pour la société dans

son ensemble. La conclusion des séances d’information poli-

tique explorera le pourquoi de ces sujets et ce que cela implique.

6 La Feuille de route de Monrovia sur la construction de paix et le renforcement de l’état, Monrovia, juillet 2011. http://www.oecd.org/international%20dialogue/48345560.pdf. Les Objectifs de Monrovia couvrent des politiques légitimes, la sécurité, la justice, les fondements économiques, et revenus et services, et sont les précurseurs des objectifs sur la construction de paix et le renforcement de l’état qui seront discutés plus loin dans ce document.

7 Rachel Locke, 2012. Busan and Beyond: Implementing the “New Deal” for Fragile States, Issue Brief. New York: International Peace Institute, pp.3-4.8 Pour une liste actualisée des signataires du New Deal, voir: http://www.oecd.org/international%20dialogue/anewdealforengagementinfragilestates.htm#endorse9 Ces succès ont été adaptés de Interpeace, 2012. The International Dialogue on Peacebuilding and Statebuilding. In Brief.10 Voir par exemple Saferworld, 2012. Approaching post-2015 from a peace perspective. London Saferworld. http://www.saferworld.org.uk/downloads/pubdocs/1208%20

Saferworld%20brief%20-%20Approaching%20Post-2015%20From%20A%20Peace%20Perspective.pdf; International Alert, 2010. Working with the grain to change the grain: Moving beyond the Millennium Development Goals. London: International Alert. http://www.international-alert.org/sites/default/files/publications/MDG.pdf

11 A Busan, plusieurs gouvernements du g7+ engagés dans le pilotage du New Deal alors qu’en février 2012, 7 pays ont convenu de le faire en 2015: http://www.oecd.org/international%20dialogue/49687432.pdf.

11

Une brève revue des documents clés et résultats du Dialogue in-

ternational sur la construction de la Paix et le renforcement de

l’État mentionné plus haut, révèle que les questions de genre

ne sont pas fortement représentées malgré quelques mentions

dans la Déclaration de Dili, la Feuille de Route de Monrovia et le

New Deal lui-même (voir Encadré 1). Ceci est d’autant plus surpre-

nant que les droits des femmes sont plutôt bien placés dans le

Programme d’Action d’Accra dans lequel il est proposé que « Au

niveau des pays, les donneurs et les pays en développement se

concerteront et se mettront d’accord sur une série d’objectifs ré-

alistes dans le domaine de la construction de la paix et du renfor-

cement de l’État permettant de s’attaquer aux causes profondes

des conflits et de la fragilité des États et d’assurer la protection et

la participation des femmes. »12

Bien que les trois principaux documents produits par l’IDPS

contiennent également quelques passages concernant l’égalité

des sexes et les droits des femmes, l’IDPS n’a pas réussi à enga-

ger ces questions dans une voie structurelle telle que suggérée

par le Programme d’Action d’Accra, ni à fournir quelque recom-

mandation concrète sur la façon dont les questions de protection

et de la participation des femmes peuvent être entreprises. De

même, bien que la société civile se soit engagée dans l’IDPS et

ait produit plusieurs exposés de position et des recommanda-

tions pour le processus, aucune mise en relief ou perspective de

genre n’est reflétée dans leurs rapports ou briefings publiés.13

Dans les cas où les questions de genre ont été discutées dans les

réunions de la société civile, c’était pour indiquer que trop peu

est entrepris, ou la constatation d’un manque d’organisations

féminines dans le réseau plutôt que d’avancer quelque solution

ou recommandation concrète. Bien que ces omissions ne soient

pas vraiment une surprise, considérant l’intégration limitée des

questions de genre dans les discussions sur l’efficacité de l’aide

en général,14 c’est une opportunité manquée de faire du New Deal

une véritable nouvelle voie de s’engager au profit des États fra-

giles.

Encadré 1 : Extraits des formulations concernant le genre dans les documents clés de l’IDPS

Déclaration de Dili : Une nouvelle vision pour la construc-tion de la paix et le renforcement de l’État :•“Notre vision collective est de terminer et prévenir les

conflits et de contribuer au développement d’États

compétents et fiables qui répondent aux attentes et

aux besoins de leur population, en particulier aux be-

soins des groupes vulnérables et exclus, les femmes,

les jeunes et les enfants.”

•“[On accorde une] attention insuffisante portée à la pro-

tection des femmes et des enfants des conflits armés et

à la participation des femmes au processus de consoli-

dation de la paix et de renforcement de l’État. ”

•“Une attention particulière sera donnée aux questions

d’égalité des sexes, au rôle des femmes, et au potentiel

des jeunes dans tous les domaines ci-dessus [renfor-

cement des capacité, instruments d’aide, processus de

planification et dialogue politique].”

Feuille de route de Monrovia :• “Une attention particulière doit être portée aux [à la

sécurité des] groupes vulnérables, notamment les

femmes et les enfants.”

•“La prise en compte des femmes et des jeunes dans la

construction de la paix et le renforcement de l’État est

essentielle pour renforcer l’efficacité et la durabilité des

interventions.”

Le New Deal pour l’Engagement international dans les États fragiles:• “Des relations constructives entre l’État et la société

et l’autonomisation des femmes, des jeunes et des

groupes marginalisés en tant qu’acteurs clés pour la

paix, sont au cœur d’une Consolidation de la paix et

d’un renforcement de l’État réussis.”

•“Nousveilleronsàcequ’unsoutienspécifiquesoitci-

blé sur la promotion de la participation des jeunes et

des femmes au dialogue politiques et aux initiatives de

leadership”

3. Une perspective de genre pour le New Deal

12 Programme d’Action d’Accra, 2008, p. 6. 13 Pour les liens vers l’ensemble des documents d’instruction qui ont été préparés par Interpeace au nom de la plate-forme CSO impliquée dans l’IDPS, voir www.interpeace.org.14 Letty Chiwara et Maria Karadenizli, 2008. Mapping Aid Effectiveness and Gender Equality: Global Findings and Key Messages. New York: UNIFEM.

12

Un pilier du succès du New Deal sera donc la façon dont l’effec-

tivité des engagements concernant l’inclusion, la participation

et l’égalité, sera intégrée aux trois composantes majeures. La

prépondérance donnée par le New Deal au leadership du pays,

l’appropriation locale et la collaboration des nombreuses parties

prenantes, révèle l’importance de la voix des femmes, de même

qu’elle crée la possibilité de réaliser un programme plus inté-

gral. L’égalité des sexes et la participation féminine sont, en ce

sens, cruciales pour la réalisation de quelques uns des objectifs

majeurs du New Deal, et l’analyse de genre est un outil décisif

pour comprendre quelques uns des concepts de l’inclusion, des

relations État-société et des dynamiques présentes dans ces

contextes et qui émergent fortement au sein du New Deal. Si le

New Deal doit se montrer à la hauteur des attentes en tant que

nouveau mode d’aide et de soutien au développement dans les

FCAS, alors il devra assumer les problèmes et défis des stratégies

précédentes.

L’exclusion des questions en matière de genre du processus de

construction de la paix et de renforcement de l’État a été bien

documentée15, et il existe aussi un ensemble croissant d’outils

pratiques et d’évidences sur l’intégration des questions de genre

à différents aspects de construction de la paix et de renforce-

ment de l’État. Il est donc important que toutes ces leçons soient

considérées par les acteurs de la mise en œuvre du New Deal. Les

sections suivantes donnent quelque vues et informations sur la

façon dont la perspective de genre peut être intégrée à chacun

des trois composantes du New Deal, de même qu’elles apportent

des exemples des lieux où les activités existantes peuvent être

étendues afin d’étayer ces efforts.

3.1 Le genre et les PSG

La première et la plus importante des composantes du New Deal

est constituée par les Objectifs de construction de la paix et de

renforcement de l’État. Les PSG ont été d’abord évoqués dans

la Déclaration de Dili, puis élaborés plus avant dans la feuille de

route de Monrovia, et ont atteint leur formulation finale dans le

New Deal. Les PSG ont pour but de favoriser la progression vers

l’atteinte des OMD et fournissent un cadre de priorisation des

questions clés des FCAS. Les cinq PSG présentés dans le New

Deal sont les suivants :

• Légitimité politique : Encourager des accords politiques inclu-

sifs et la résolution des conflits.

• Sécurité : Établir et renforcer la sécurité des personnes

• Justice : Remédier aux injustices et accroître l’accès des per-

sonnes à la justice

• Fondements économiques : Créer des emplois et améliorer les

moyens de subsistance

• Revenus et services : Gérer les revenus et renforcer les capaci-

tés de prestation de services responsables et équitables

Tout comme les conflits affectent les hommes et les femmes de

façons différentes, les processus de construction de la paix et de

renforcement de l’État ont également un impact différencié. Les

questions présentées dans les PSG sont similaires à celles dé-

fendues par les organisations féminines au cours des dernières

dizaines d’années, et elles sont également importantes dans le

contexte des programmes pour les femmes, la paix et la sécurité,

alors que les PSG ne reflètent pas adéquatement les perspectives

de genre. Il est important de noter que s’il existe des questions

de genre qui doivent être traitées dans chacun des PSG, toutes

les questions concernées par les objectifs ont elles-mêmes diffé-

rentes implications et potentiels pour les hommes et les femmes,

et doivent être reconnues dans l’articulation des PSG. Le tableau

1 donne une indication de ce que les PSG pourraient être dans

une perspective de genre.

15 Voir pour un exemple: Castillejo, C. (2011) Building a state that works for women: Integrating gender into post-conflict state-building. Working Paper no. 107, Madrid: FRIDE; Cordaid (2010) Gender-responsive Peace and State-building: Changing the Culture of Power in Fragile States. Policy Brief, Cordaid; O’Connell, H. (2011) “What are the opportu-nities to promote gender equity and equality in conflict-affected and fragile states? Insights from a review of evidence”, Gender & Development, 19 (3): 455-466.

13

PSG Signification dans une perspective de genre

Légitimité politique •L’assisepolitiqueestélargieau-delàd’uneassiseélitaireafindedeveniruncontrat

social incluant les femmes et prenant en compte les aspects de genre

•Lesinstitutionssoutiennentlesdroitsdesfemmes,ettantleshommesquelesfemmes

sont en mesure de participer aux décisions à tous les niveaux, y compris dans la fonction

publique

•Lasociétécivile,ycomprislesorganisationsféminines,estengagéeetactive

•Lesprocessusderésolutiondesconflitsetderéconciliationbénéficientd’unlarge

ancrage et sont élaborés sur les efforts de paix de la population féminine de même qu’ils

tiennent compte des inégalités et de l’insécurité en matière de genre

•Desleadersfémininsreprésentantuneréellediversitéd’originesetd’identités(urbaine,

rurale, milieux aisés, défavorisés, etc) sont impliquées dans toutes les négociations

Sécurité •Comportementamélioré,efficacitéetfiabilitédesacteursdelasécuritéofficielsetinfor-

mels, en particulier en relation à la protection des femmes

•Attentionparticulièreauxbesoinsdesécuritéenmatièredegenreetàlavulnérabilité

spécifique des femmes et des filles

•Soutienpouruneparticipationréelleetentièredescommunautés,ycomprislesleaders

et réseaux féminins, dans l’élaboration des priorités et dispositions de sécurité

•Lasécuritéphysiqueestcomprisecommeunenécessitépourlasécuritééconomique

des femmes de même que leur accès à la participation politique, à l’éducation, à la

santé et autre services

Justice •Touteslesdoléances,injusticesetviolations,ycomprislesviolencessexuellesetfon-

dées sur le genre sont traitées par des processus de paix et de réconciliation

•Lesmécanismesjuridiquesofficielssontaccessibles,abordablesetgarantsdesdroits

des femmes

•Lesmoyensdeconciliationetdejugementtraditionnels,nongouvernementauxet

informels sont renforcés et alignés sur les normes des droits de l’homme internationaux,

avec une attention particulière pour les droits des femmes

Fondements économiques •Desopportunitésd’emploisontcrééesafinderéduirelesincitationsàs’engagerdans

la violence et les conflits ; les barrières à l’accès à la fonction publique pour les femmes

sont activement réduites

•Lesfinancementssontaccordésauxprojetsgénérateursderevenus,ycomprisquelques

solutions de gain rapide, en particulier pour les jeunes et les groupes marginalisés

•Uneprioritéproactiveestaccordéeauxfemmespourleurimplicationdanslessecteurs

publics et communautaires à prédominance de main-d’œuvre

•L’augmentationdelaproductivitéagricoleetledéveloppementdusecteurprivédomes-

tique favorisent les agricultrices et entrepreneurs féminins

Revenus et services •Desressourcessontcollectées,prioriséesetgéréesdefaçonàcontribueràdespresta-

tions de services plus équitables, en s’assurant que les plus vulnérables et marginalisés

aient accès à ces services

•Réductionactivedesbarrièresspécifiquesquiaffectentl’accèsauxservicespublicspour

les femmes et les filles

•Établissementd’unegestionfiableettransparentedesfondspublics,ycomprisau

moyen de l’intégration de la dimension du genre dans le budget

•Lesressourcesnaturellessontgéréesdefaçontransparenteafindebénéficieràtousles

membres de la société

Tableau 1 : Une perspective de genre dans les PSG16

16 Ce tableau expose les questions soulignées dans chacun des cinq Objectifs de Monrovia pour la construction de la paix et le renforcement de l’État. Voir en Annexe A la feuille de route de Monrovia sur la construction de la paix et le renforcement de l’État.

14

3.2 Le genre et la PRIORITÉ

Pour compléter les PSG, la composante suivante du New Deal se

centre sur le choix des acteurs de la construction de la paix et du

renforcement de l’État. La PRIORITÉ est principalement orientée

sur le développement de nouvelles voies d’engagement, l’ac-

centuation et le soutien des transitions pilotées et régies par les

pays, plutôt qu’imposées par les programmes de développement

des pays donateurs. Un des premiers et des plus importants élé-

ments de la PRIORITÉ est l’évaluation de fragilité, un outil que le

g7+ et l’OCDE-INCAF ont développé en commun, dans le but d’as-

sister les gouvernements à identifier les causes des conflits et de

la fragilité tout comme les sources de résilience. Ces évaluations

visent à engager le développement d’une vision et d’une plani-

fication spécifiques au pays pour être mis en œuvre au moyen

d’une entente qui rehaussera l’harmonisation et contribuera à

aligner les ressources des donateurs sur les priorités des pays.

Un autre élément clé de la PRIORITÉ est le soutien des processus

de dialogues politiques inclusifs dans lesquels tous les membres

de la société, y compris le gouvernement et la société civile, sont

en mesure de s’exprimer et de jouer un rôle dans la conduite de la

construction de la paix et du renforcement de l’État.

L’exclusion des femmes des espaces officiels signifie que même

dans les processus pilotés et régis par les pays, ces processus

sont aux mains d’une élite et que seul un groupe restreint d’ac-

teurs sont en mesure d’infléchir les programmes. Transformer ces

espaces pour les rendre plus inclusifs est un processus à long

terme difficile, directement lié à la mise en application complète

de la résolution 1325 de l’ONU mais, dans la mise en œuvre du

New Deal, différentes initiatives distinctes peuvent être entre-

prises en tant qu’étapes intermédiaires. En exemple, au cours

des deux dernières années, les UN Women, le «  Department

of Peacekeeping Operations », le Département des Affaires

Politiques et le Programme ONU de développement, ont soutenu

les ‘Journées portes ouvertes 1325’ qui chaque année réunissent

les femmes et les décisionnaires majeurs des opérations de

maintien de la paix et des missions de soutien de la construc-

tion de la paix du monde entier afin de convenir des priorités et

accentuer le rôle que les femmes peuvent jouer dans les proces-

sus de paix, de réforme du secteur de la sécurité, des réformes

légales et autres aspects de la construction de la paix et du ren-

forcement de l’État.17 Alors que ces Journées portes ouvertes 1325

sont précieuses pour l’évaluation et la prise de conscience des

besoins spécifiquement féminins, elles n’ont pas été intégrées à

une plus large planification nationale ni sérieusement prises en

compte par les gouvernements de ces pays. Il n’y a pratiquement

pas eu de retour ni de suivi avec les participants sur les questions

qu’elles ont pu soulever, ni quant à la façon dont ces questions

pourraient être assumées par l’ONU et autres acteurs, si bien que

l’incapacité de soutenir l’engagement émergeant, à l’inverse des

événements ponctuels, affecte fortement l’impact que ces événe-

ments peuvent avoir.

Une autre ressource potentielle pour l’identification des priorités

nationales dans le contexte du New Deal, est le développement

des PAN (Plan d’Action National) pour la mise en application de

la résolution 1325 de l’ONU dans plusieurs pays pilotes. Dans le

cadre du processus PAN, de nombreux pays ont également or-

ganisé de larges consultations et effectué des études de champ

afin d’identifier les priorités en relation avec la participation

politique, l’emploi, la sécurité et la justice, et les services. Par

exemple, au Soudan du Sud, une Évaluation Nationale des ques-

tions d’égalité hommes-femmes a été effectuée par le Réseau des

Femmes d’Ouganda au nom du ministère de la Parité, du Travail

et du Développement Social, en fin 2011, et l’Equipe Commune

de Donateurs a récemment lui aussi soutenu une étude de champ

sur la mise en application de la résolution 1325 de l’ONU. Ces

études sont de précieuses sources d’information et de données

de base qui peuvent être utilisées pour soutenir et instruire l’éva-

luation de fragilité effectuée en Soudan du Sud, mais aussi pour

identifier les domaines prioritaires et les indicateurs d’inclusion

dans le spectre de fragilité. Des processus similaires ont égale-

ment été lancés dans d’autres pays et la priorité des prochains

mois sera de s’assurer que ces efforts seront pleinement reliés

aux discussions plus larges concernant le renforcement de l’État

et la mise en œuvre du New Deal.

En effet, considérant que le New Deal souligne l’importance

d’avoir « une vision unique et un plan unique », il est nécessaire

de travailler plus avant sur les plans et stratégies existantes.

Ainsi, les différents efforts nationaux, régionaux et internatio-

naux de développement des Plans d’Action et des politiques de

mise en application de la 1325 peuvent être des ressources pré-

cieuses à cet égard. Bien plus d’efforts encore ont déjà été fait

dans le domaine des femmes, de la paix et de la sécurité dans le

but d’établir des plans stratégiques, des réseaux de soutien et

partenariats d’intéressés clés, des mécanismes de suivi et des

domaines identifiés de collecte de données qui pourraient être

déjà incorporées aux activités constituant le pilier PRIORITÉ du

New Deal. Ce sont là d’importantes ressources de base qui évite-

raient que les gouvernements et bailleurs démarrent le processus

de dialogue ou les priorités nationales clés à partir de rien. Le

tableau 2 suggère quelques points d’entrée pour l’intégration de

genre dans différents éléments de la PRIORITÉ.

17 Voir UN Women and UNDP, 2011. Women Count for Peace: the 2011 Open Days on Women, Peace and Security. New York: UN. http://www.unwomen.org/wp-content/uploads/2010/12/UN-Women-Open-Days-2011-Report.pdf et UNIFEM, DPKO, DPA and UNDP 2010. Women Count for Peace: the 2010 Open Days on Women, Peace and Secu-rity. New York: UN. http://www.unifem.org/attachments/products/WomenCount4Peace_OpenDays_Report_en.pdf

15

Éléments de PRIORITÉ Signification dans une perspective de genre

Évaluation de la fragilité

Une vision unique, un plan unique

Accord

Utilisation des PSG pour le suivi

Soutien au dialogue politique

•S’attacher à ce que toutes les évaluations soient instruites par une analyse de genre et

qu’elles soient effectuées en concertation avec la société civile, y compris les organisa-

tions féminines

•Favoriser la collecte de données de statistiques et d’enquêtes différentiées par sexes

•S’attacher à ce que les priorités de genre intègrent tout plan et vision national

•Encourager les espaces légitimes et inclusifs de dialogues pacifiques, ainsi que les op-

portunités dédiées pour les femmes de partager leurs idées et de discuter des priorités à

introduire dans ces espaces, au niveau local et national

•Renforcer les capacités de gestion des conflits au sein des organisations féminines

•Construire et renforcer des institutions de gouvernance inclusives, transparentes et légitimes

•S’attacher à ce que la société civile, y compris les groupes de femmes, soient en mesure

de s’engager dans, et de superviser les méthodes de dialogue politique, officiel ou non.

Tableau 2 : Une perspective de genre dans la PRIORITÉ

18 Voir par exemple, OCDE (2011) Supporting coherent and sustainable transition from conflict to peace, Draft Guidance. DCD/DAC(2011)41, 4 Novembre. Paris: OCDE.19 Clark, Cindy and Ellen Sprenger (2006) Where is the money for women’s rights? AWID.20 Hanny Cueva-Beteta, et al., 2010. What Women Want: Planning and Financing for Gender-Responsive Peacebuilding. New York: UN, p. 14.21 Nations Unies, 2010. “Rapport du Secrétaire Général sur la Participation des Femmes dans la construction de la paix,” A/65/354–S/2010/466, October 2010.

3.3 Le genre et la CONFIANCE

L’élément final du New Deal est résumé sous “CONFIANCE”. Cet

élément indique comment les ressources et l’aide seront gérées

plus efficacement et de façon plus transparente, et comment

les financements seront rationalisés pour assurer de meilleurs

résultats. Il est plus spécialement lié au programme d’efficacité

de l’aide. Tant la confiance entre le gouvernement et la popula-

tion, que la confiance entre le gouvernement et la communauté

internationale, sont des facteurs cruciaux du New Deal et seront

déterminants pour sa réussite. Soutenir la construction de la

paix et le renforcement de l’État peut représenter un risqué éle-

vé pour la communauté internationale, et le New Deal reconnaît

que des systèmes de gestion spécifiques et une réduction de la

volatilité de l’aide sont essentiels pour amoindrir ces risques.

Simultanément, renforcer les capacités des gouvernements et de

la société civile est tout autant crucial pour l’augmentation de la

transparence, la responsabilisation et la réactivité des structures

étatiques. De toutes les composantes du New Deal, la moindre

évidence concerne ce que doit devenir la CONFIANCE dans la pra-

tique, vu que la priorité est actuellement sur le développement

d’indicateurs pour les PSG et sur le cadre des évaluations de fra-

gilité.

Des accords de transition sont proposés comme de nouveaux

mécanismes pour le financement du relèvement post-conflit et

sont reliées au New Deal.18 Ces accords ont pour but d’améliorer

l’identification de priorités réalistes, la responsabilité mutuelle

et une gestion plus efficace des fonds communs. Dans l’objec-

tif d’apporter des fonds à l’égalité des sexes et aux droits des

femmes, au moyen d’un accord, il sera d’abord nécessaire d’iden-

tifier et de prioriser les sujets dans les évaluations de fragilité et

les processus de stratégie nationale, tel qu’il a été avancé dans la

section PRIORITÉ ci-dessus.

Le manque de disponibilité des fonds pour les organisations fé-

minines, comme pour les organisations communautaires ou de

base œuvrant à l’habilitation des femmes et à l’égalité des sexes,

est constamment avancé comme un défi.19 UN Women a effec-

tué une étude détaillée qui confirme que la plupart des types de

planification et cadres de résultats, ne comprennent pas d’indi-

cateurs ni d’activités qui incluent les femmes ou les questions

en matière de genre, et si elles sont inclues, elles ne sont pas

reliées à des allocations de budget adéquates.20 Des problèmes

comme le risque fiduciaire, des infrastructures réduites ou des

structures de gouvernance faibles peuvent créer un environne-

ment bien plus difficile pour les organisations féminines que

celui qui existe dans un contexte pacifique. Le défaut de fonds

durables et fiables, en particulier pour le soutien de base de frais

généraux et de recrutement, est constamment cité par les orga-

nisations féminines comme un obstacle à un travail effectif sur

la construction de la paix et le renforcement de l’État. Quelques

gouvernements et organisations ont réagi en créant des méca-

nismes de financement innovants tels que le Fonds néerlandais

OMD 3. Le secrétaire général de l’ONU a demandé à ce qu’au

moins 15% des fonds destinés par l’ONU à la construction de la

paix soit alloué aux programmes ayant pour objectif majeur l’ha-

bilitation des femmes ou l’égalité des sexes.21 Ces efforts doivent

encore générer quelque impact substantiel, mais intégrer l’égali-

té des sexes et les droits des femmes aux accords de transition

pourraient contribuer à améliorer les ressources des actions

pour les femmes, la paix et la sécurité, en garantissant que des

16

financements appropriés soient attribués à un stade précoce du

relèvement post-conflit.

L’initiative récente des études effectuées par le GNWP (Global

Network of Women Peacebuilders) et Cordaid est novatrice dans

sa focalisation sur les défauts de ressources et besoins qui ré-

sident à la base du manque de mise en application de la 1325

ONU, et propose un nombre de possibilités pour combler ces dé-

fauts de ressources.22 Avec le ministère de la Solidarité Nationale

des Droits de la Personne Humaine et du Genre du Burundi, les

organisations de la société civile du Burundi, les ONG interna-

tionales, les bailleurs de fonds et le secteur privé, le GNWP et

Cordaid ont conduit le pilotage d’un mécanisme de financement

multipartites innovant au Burundi afin de soutenir la mise en

œuvre de son PAN sur la résolution 1325 de l’ONU. Le Fonds ONU

pour la construction de la paix a également adopté un marqueur

de genre avec un objectif de 10% de tous les financements pour

soutenir la mise en application de la 1325 en octobre 2012.23

Alors que ces processus sont trop nouveaux et qu’il est encore

trop tôt pour évaluer leur impact, ils soulignent la nécessité de

garantir que toute aide et autres ressources soient allouées dans

un sens équitable envers les femmes.

Il est également important de noter que le poids de planification,

analyses et programmations en matière de genre retombent sur

les épaules des dispositifs féminins nationaux sans ressources

et marginalisés. La mise en œuvre du New Deal, par ailleurs,

semble être surtout sous la conduite des ministères des Finances

des pays ayant relativement plus de pouvoir et de ressources fi-

nancières à leur disposition. Il est important que les ministères

comme les organisations féminines soient engagés dans le dia-

logue concernant l’allocation, la gestion et la fourniture de l’aide,

de même que les manques de capacité soient résolus. En parti-

culier, les ressources financières et humaines adéquates comme

le soutien technologique devraient être allouées aux dispositifs

féminins nationaux et les gouvernements devraient s’engager

à assurer que le ministère du Genre ou des Affaires féminines

soient représentées dans les débats relevant de la mise en œuvre

du New Deal. Le tableau 3 ci-dessous résume quelques points

d’entrée pour l’intégration de genre dans différents éléments de

la CONFIANCE.

Éléments de CONFIANCE Signification dans une perspective de genre

Transparence

Prise de risques partagés

Utilisation et renforcement des dispo-sitifs nationaux

Renforcement des capacités

Aide au bon moment et de manière visible

•L’aideestallouéedefaçontransparenteetalignéesurlesprioritésnationales,aumoyen

d’une approche budgétaire intégrant la dimension du genre

•Lesrisquesassociésàlafournituredel’aidedanslesÉtatsfragilessontgérésetlasu-

pervision commune des fonds garantit l’adaptation de l’aide aux besoins des femmes

•Les mécanismes au niveau national sont soutenus, y compris les partenariats avec les organi-

sations féminines afin de renforcer la responsabilité mutuelle et l’alignement des ressources

•Lacapacitédetouslesacteursnationaux,ycomprislesorganisationsfémininesetles

dispositifs féminins nationaux, est renforcée

•Desressourcesadéquatessontallouéesauxactivitésorientéesfemmesetliéesaugenre

et des indicateurs sont créés dans les cadres de la planification nationale

•Renforcementdecapacitépourlesbudgétisationsintégrantladimensiondugenre.

22 Mavic Cabrera-Balleza et Nicola Popovic, 2011. Costing and financing 1325: examining the resources needed to implement UN Security Council Resolution 1325 at the national level as well as the gains, gaps and glitches on financing the women, peace and security agenda. Cabrera-Balleza M. et D. Suralaga, eds. New York/La Haye : GNWP/Cordaid.

23 Cabrera-Balleza et Popovic, 2011: p. 48.

Tableau 3 : Une perspective de genre dans al CONFIANCE

17

Le New Deal et le travail actuel de soutien de la mise en applica-

tion de la résolution 1325 ONU couvrent des domaines similaires

et se complètent très étroitement, autant en substance qu’en

processus. Bien que la résolution 1325 de l’ONU ait été adoptée

il y a près de douze ans, les progrès sont restés limités. Malgré

un mouvement féminin actif et passionné poursuivant la mise

en application de la résolution24, et malgré la prolifération des

engagements et plans internationaux, trop peu de changements

ont eu lieu pour les femmes.25 D’un autre côté, le New Deal qui

compte encore moins d’un an d’existence, a déjà généré une dy-

namique et un soutien politique évidents. Considérant les simi-

larités entre les deux programmes, le New Deal offre une grande

opportunité de mettre en avant les priorités liées aux femmes,

la paix et la sécurité. De même, si on portait une attention adé-

quate aux questions de genre dans le New Deal, il serait renforcé.

L’association de ces deux processus représente en fait une situa-

tion gagnant-gagnant.

Alors que le pilotage du New Deal est engagé, il est opportun

d’identifier les points d’entrée afin que, non seulement que ce

pilotage se fasse de façon intégrale et participative, mais aussi

que tout chevauchement avec tout processus de mise en appli-

cation de la résolution 1325 ONU soit identifié et capitalisé. Pour

les mois à venir, il y a deux aspects de réalisation liés aux PSG qui

avanceront rapidement, et pour lesquels il sera particulièrement

important de s’assurer que les questions de genre soient inté-

grées à un stade précoce. Ce sont :

•Les évaluations de fragilité conduites par les gouvernements

du g7+ dans leur pays pour identifier les causes et consé-

quences de la fragilité, ainsi que l’élaboration plus avant de

l’outil ‘spectre de fragilité’.

•L’identificationd’indicateurs spécifiques aux pays pour cha-

cun des PSG qui seront inclus à une éventuelle liste mondiale

d’indicateurs pour les PSG.

4.1 Évaluations de fragilité et dévelop-pement du spectre de fragilité

Les évaluations de fragilité sont conçues comme un outil qui

peut être utilisé par les gouvernements pour entretenir un dia-

logue constructif à travers les différents ministères et la société

civile, avec quelques contributions des représentants des dona-

teurs. Les évaluations ont pour objectif d’instruire des processus

de planification de stratégie et l’identification des priorités na-

tionales. Selon la guidance développée par le groupe de travail

de mise en œuvre du New Deal de l’IDPS, les pays qui pilotent le

New Deal doivent produire une évaluation de fragilité, compléter

le spectre de fragilité et produire un document de leçons apprises

afin d’instruire le déroulement futur des évaluations.

Le cadre analytique qui a été développé pour l’évaluation et le

spectre de fragilité, révèle quelques questions de pilotage liées

aux besoins et la vulnérabilité des femmes, ce qui signifie que

toute orientation ou méthodologie devra les prendre en compte,

y compris tous les ateliers et processus de consultation.26

Pourtant, il n’apparaît pas clairement que la dynamique de genre

soit reconnue par le cadre des évaluations de fragilité en tant que

cause de conflit, de fragilité ou de résilience. Si c’était le cas, on

pourrait en arriver à une évaluation de fragilité différente et, plus

important encore, faire apparaître de nouvelles voies dans le ren-

forcement de la résilience. Il est capital de s’assurer que toutes

les questions pertinentes, y compris celles relevant de l’égali-

té des sexes, soient identifiées dans les rapports d’évaluation

et les documents de leçons apprises pendant la phase pilote,

pour qu’il y ait plus de chance qu’elles soient incluses au sein

du processus de planification nationale. Le tableau 4 ci-dessous

indique quelques domaines que les évaluations de fragilité pour-

raient inclure. Des exemples plus spécifiques sont donnés dans

la section des études de cas en Afghanistan et au Soudan du Sud.

4. Intégration de genre dans la mise en œuvre du New Deal

24 Voir par exemple le travail d’organisations telles que PeaceWomen (www.peacewomen.org), the Global Network of Women Peacebuilders (www.gnwp.org) et WO=MEN, the Dutch Gender Platform (http://www.wo-men.nl/). 25 Par exemple, 37 pays ont adopté un Plan d’Action National pour guider leur mise en application de la 1325 ONU et plusieurs agences de l’ONU, l’OTAN, l’UE et autres organisations ont également développé des stratégies et directives pour un large éventail de questions concernant les femmes, la paix et la sécurité.26 Voir Piloting the Fragility Spectrum and identifying country-specific peacebuilding and statebuilding indicators, Interim Guidance Note, Juillet 2012.

18

PSG Exemple de possibilités à explorer dans les évaluations de Fragilité

Légitimité politique •Commentlesfemmessont-ellesreprésentéesdanslesstructuresdécisionnaires,ycom-

pris dans les structures coutumières ?

•Quelsmécanismesexistentpoursoutenirlaparticipationpolitiquedesfemmesdansles

structures de gouvernance aux niveaux local, régional et national ?

• Comment les questions de genre sont-elles traitées dans les accords de paix ou constitutions ?

•Quelleestlamesured’inclusiondanslesprocessusdedialoguepolitique ?

•Existe-t-ilquelquedimensiondegenredanslesfacteursdeconflitsetdeviolence ?

•Quellessortesd’activitéspopulairesdeconstructiondepaixetderéconciliationsont

conduites par des organisations féminines ?

Sécurité •Quelssontlesproblèmesdesécuritéenmatièredegenreetprioritésdesfemmes,des

hommes, des filles et des garçons ?

•Commentlessecteursdelasécuritéréagissent-ilsauxviolencesfaitesauxfemmes?

•Lasécuritésuit-elleuncodedeconduiteetopère-t-elledanslerespectdesdoitsdela

femme et des droits de l’homme ?

• Quelles sont les perceptions des hommes et des femmes quant à la sécurité et en quoi

diffèrent-elles ?

•Les femmes sont-elles représentées de façon effective dans les services de sécurité ?

Justice •Quelssontlanatureettypedelégislationsenmatièredegenreetenquellemesuresont-

elles mises en œuvre?

•Comment les femmes sont-elles représentées dans les organismes de défense des droits

de l’homme, les CVR, etc, et comment ces organismes traitent-ils les questions de genre ?

•Quellessontlesbarrièresenmatièredegenreàl’accèsàlajustice ?

•Quelestlerôledesloiscoutumièresdanslesjugementssurlesquestionsdomestiques

et familiales, y compris concernant le mariage et l’héritage ?

Fondements économiques •Enquellemesurelesfemmesont-ellesaccèsauxterresetauxcrédits ?

•Quelleestlarépartitiondel’emploiparsexesdanslessecteursofficieletinformel?

•Quellessontlesbarrièresenmatièredegenreauxinfrastructures?

•Quelrôlejouentlesfemmesdanslecommercetransfrontalier ?

•Dequellefaçonlechômagedesjeunestouche-t-illesgarçonsetlesfilles ?

Revenus et services •Quellessontlesbarrièresenmatièredegenreàl’accèsauxservices ?

•Quelles sont les différences de priorités à l’accès aux services entre hommes et femmes ?

•Quellessontlesdifférencesdecontributionsfiscalesentrehommesetfemmes ?

•Commentlacorruptionaffecte-t-elleleshommesetlesfemmes ?

•Lesfemmessont-ellessuffisammentreprésentéesdanslesservicespublicsetquelssont

leurs besoins spécifiques de renforcement de capacité ?

Tableau 4 : Suggestions en matière de genre à explorer dans les évaluations de fragilité

Le développement du spectre de fragilité est également lié aux

PSG et requiert des gouvernements en concertations avec les in-

téressés nationaux d’évaluer leur pays sur une échelle de 1 à 5

selon les différentes dimensions secondaires des PSG. Le spectre

n’est pas prévu comme modèle pourvu de critères déterminés

qui puissent être appliqués dans tous les contextes, mais plu-

tôt comme un outil au service des pays pour suivre leurs progrès

sur la voie d’une construction de la paix et d’un développement

plus durable. Les avancées vers l’égalité des sexes peuvent être

utilisées comme autant jalons de mesure des progressions dans

chacun des PSG, comme par exemple la conception et l’effective

mise en application des lois concernant les droits des femmes au

foncier ou à l’héritage des femmes, ou l’augmentation de capacité

des services de sécurité dans la réaction aux violences sexuelles,

pourraient être des indications significatives qu’un gouverne-

ment est en voie d’éloignement du côté fragile du spectre vers

une plus grande résilience. En effet, selon des études récentes,

un important indicateur d’instabilité d’un État est la façon dont

les femmes sont traitées, particulièrement en ce qui concerne

le niveau de violences faites aux femmes dans les sociétés qui

soutiennent la nécessité pour ces facteurs d’être intégrés à toute

mesure de fragilité intégrée au New Deal.27

Bien que le projet de rapport de l’évaluation de fragilité en

Soudan du Sud donne quelques références aux inégalités entre

hommes-femmes, par exemple dans le contexte des insécurités

27 Valerie M. Hudson, Bonnie Ballif-Spanvill, Mary Caprioli, and Chad F. Emmett, 2012. Sex and World Peace. New York: Columbia University Press.

19

spécifiquement féminines ou concernant la nécessité de ren-

forcer les lois de protection des droits des femmes, ces aspects

sont particulièrement absents de beaucoup de débats sur les

politiques d’inclusion ou sur les fondements économiques en

Soudan du Sud.28 Ceci peut refléter l’attitude des acteurs enga-

gés dans les évaluations, mais montre les besoins de garantir

que les femmes soient entendues et qu’un réel effort est fait pour

révéler comment les différences hommes-femmes peuvent pro-

voquer des conflits au niveau des familles ou de la communauté,

et entretenir des schémas d’exclusion de ressources ou d’habili-

tation aux niveaux officiel et national.

De larges concertations et dialogues sont essentiels pour la réus-

site des évaluations de fragilité. Le GNWP a facilité des ateliers et

sessions de formation au Népal, en Sierra Leone, aux Philippines

et autres pays afin d’améliorer la prise de conscience des priori-

tés et engagements liés aux droits des femmes, la paix et la sécu-

rité, et afin de renforcer la capacité de la société civile pour suivre

et conduire leurs gouvernements à s’engager dans la mise en ap-

plication de la 1325 ONU. De tels processus devraient être capita-

lisés et intégrés à tous les plans de mise en œuvre du New Deal

et ces organisations peuvent être des participantes majeures aux

processus du dialogue national.

Dans l’objectif d’utiliser les processus d’évaluations de fragili-

té comme points d’entrée de l’intégration d’une perspective de

genre dans le New Deal, les points suivants sont quelques unes

des possibilités d’avancée recommandées :

•S’assurerquelesleaderspolitiquesféminins,lesorganisa-

tions et réseaux féminins soient invités et participent active-

ment à tout atelier d’évaluation de fragilité.

•ŒuvreràlaprisedeconsciencesurleNewDealdansla

société civile, y compris au moyen des médias accessibles aux

femmes.

•Identifieretexploiterlesrésultatsd’inventairesetconcerta-

tions ayant déjà été effectués avec des groupes féminins sur

leurs priorités liées à la construction de la paix, le renforce-

ment de l’État et l’égalité des sexes, et s’assurer d’un engage-

ment et suivi soutenus avec les participantes.

•S’assurerquetoutdocumentdestratégiecomprenneles

questions spécifiques de droits des femmes et d’égalité des

sexes et que les coordinateurs possèdent les compétences

nécessaires pour diriger les débats sur ces questions durant

les ateliers.that facilitators have the necessary skills to elicit

discussion on these issues during the workshops

•Inclurel’inégalitédessexesetladiscriminationdesfemmes

en tant que critère de fragilité dans les dimensions subsi-

diaires du spectre de fragilité.

4.2 Développement d’indicateurs pour les PSG

Les PSG eux-mêmes sont d’importants objectifs, mais s’ils

doivent être des références utiles par lesquelles les FCAS peuvent

mesurer les progrès, le g7+ a collaboré avec d’autres membres de

l’IDPS pour développer un ensemble d’indicateurs. Le but était de

développer des indicateurs au niveau pays qui puissent alimen-

ter une liste d’indicateurs au niveau mondial, et qui pourraient

être utilisés ensuite par d’autres pays dans leurs évaluations et

spectres de fragilité. Si les droits des femmes et l’égalité des

sexes ne sont pas perçus comme mesures de réussite des PSG

et de plus, pouvant être intégrées aux indicateurs dans le déve-

loppement, il est peu probable qu’on en tienne compte dans les

années à venir ou qu’on les intègre à quelque PAN ou stratégie.

Le module sur l’égalité des sexes dans l’enquête de suivi 2011

de la Déclaration de Paris recommande que « tout cadre de suivi

sur l’efficacité de l’aide et du développement, après Busan, doit

intégrer pleinement les dimensions d’égalité des sexes dans les

indicateurs clés de suivi ».29 Il est essentiel que les acteurs clés

de la mise en œuvre du New Deal respectent cette recommanda-

tion lors de la finalisation des indicateurs dans les groupes de

travail au cours des prochains mois.

Il est d’importance vitale que les processus actuels de définition

des indicateurs pour chaque PSG engagent les femmes et que

tout effort soit engagé pour intégrer les questions de genre dans

chacun des objectifs. Il est prometteur de voir qu’un des para-

mètres de la sélection des indicateurs est qu’ils puissent être

différentiés par sexes.30 Dans beaucoup de cas, la capacité à le

faire sera limitée parce que peu de pays ont établi un système

efficace de collecte de données différenciées par sexes si bien

qu’un suivi étroit sera indispensable. Dans les cas ou l’informa-

tion nécessaire aux indicateurs est absente au niveau national, il

sera utile d’établir quelque modèle afin de réaliser un plus large

cadre d’investigation des ressources dans la collecte et l’analyse

de données différenciées par sexes.

A l’évidence, il ne sera pas facile de développer un ensemble

d’indicateurs qui puissent comprendre toute la complexité des

progrès à la mesure des PSG, qui soient pertinents pour la di-

versité de pays et de contextes, avec en outre la dimension de

l’égalité des sexes. Pourtant, ce genre de difficulté a déjà été ren-

contré en termes de mise en application de la 1325 ONU. On est

donc déjà en possession propositions d’indicateurs concernant

les femmes, la paix et la sécurité qui peuvent être utilisées.

28 Voir République du Sud-Soudan, ministère des Finances et du Planning Économique, 2012. New Deal Fragility Assessment, draft 0, Août 2012. Pour plus d’information sur les possibilités de traiter ces fragilités, voir section 6.2 du document.

29 OCDE, 2011. Findings from the Gender Equality Module of the 2011 Paris Declaration Monitoring Survey: Overview. Paris: OCDE, p1. http:// www.oecd.org/dac/genderequalityanddevelopment/49035956.pdf30 Draft Parameters for Peacebuilding and Statebuilding Indicators, Final draft, juillet 2012.

20

En 2009, la RSC 1889 de l’ONU appelait le Secrétaire Général

de l’ONU à fournir un ensemble d’indicateurs à utiliser au ni-

veau mondial pour tracer la mise en application de la résolution

1325.31 Le développement de ces indicateurs était conduits par

le Groupe de travail technique sur les indicateurs mondiaux pour

la résolution 1325 de l’ONU, et un ensemble final de 26 indica-

teurs a été présenté sous forme d’avant projet en avril 2010.32

Le Global Network of Women Peacebuilders (GNWP) a lui aussi

développé un ensemble d’indicateurs basés sur des concerta-

tions extensives avec des organisations partenaires d’un nombre

diversifié de FCAS, qu’il utilise pour coordonner la mise en appli-

cation de la résolution 1325 ONU au niveau national. Ces deux

ensembles d’indicateurs reproduisent différents éléments des

PSG et offrent nombre de suggestions utiles qui pourraient être

adoptées et intégrées au processus d’identification des indica-

teurs au niveau mondial et à ceux spécifiques au pays. L’Union

Européenne a elle aussi développé un ensemble d’indicateurs

pour coordonner la mise en application de son Approche Globale

pour la mise en œuvre de la résolution 1325. Beaucoup d’entre

eux sont pertinents, en particulier pour les pays donateurs.33

Considérant les difficultés de générer une volonté politique et

des ressources pour le suivi de la résolution 1325 de l’ONU, in-

tégrer ces indicateurs au processus du New Deal pourrait être

un moyen efficace de veiller à ce que la collecte des données se

fasse selon ces indicateurs.

Le tableau 5 donne une liste des indicateurs pertinents selon cha-

cun des PSG.

31 United Nations Security Council, 2009. Women, Peace and Security, S/RES/1889, 5 Octobre 2009. http://daccess-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N09/542/55/PDF/N0954255.pdf?OpenElement

32 Pour une liste des indicateurs, voir : United Nations Security Council, 2010. Women, Peace and Security: Report of the Secretary-General, S/2010/173. http://www.peacewomen.org/assets/file/Indicators/sg_report_on_1889-op17.pdf

33 Conseil de L’Union Européenne, 2010. Indicateurs pour l’Approche Globale Européenne de la mise en œuvre des résolutions 1325 et 1820 du Conseil de Sécurité de l’ONU, sur les femmes la paix et la sécurité, 11948/10. Bruxelles, 14 juillet 2010. http://www.consilium.europa.eu/ueDocs/cms_Data/docs/hr/news272.pdf

21

PSG Indicateurs mondiaux de la 1325 ONU Indicateurs GNWP pour la 1325 ONU34

Politiques inclusives

•Indicateur8 :Pourcentaged’accordsdepaixavecdesdispositionsspéci-

fiques afin d’améliorer la sécurité et le statut des femmes et des filles

•Indicateur11a :Représentationdesfemmesparmilesmédiateurs,négocia-

teurs et experts techniques dans les négociations officielles sur la paix

•Indicateur11b :Participationféminineaustatutd’observateurofficielen

début et en fin des négociations officielles de paix

•Indicateur12a :Participationfémininepolitiquedanslesparlementsetdans

les positions ministérielles

•Indicateur 12b : Participation politique féminine parmi les électeurs et les candidats

•Indicateur1 :Indicedeparticipa-

tion féminine dans la gouvernance

(pourcentage de femmes en hautes

positions dans les cabinets/conseils

de ministères, parlement, et autori-

tés territoriales)

•Indicateur12 :ventilationdesques-

tions de genre traitées dans les

accords de paix

Securité •Indicateur1a :Prédominancedesviolencessexuelles

•Indicateur1b :Schémasdeviolencessexuellesdanslessituationsdeconflit

et post-conflit

•Indicateur5b :Tauxd’intégrationdesmesuresdeprotectiondesdroitsdes

femmes et filles aux cadres politiques de la sécurité nationale

•Indicateur14 :Indicedesécuritéphysiquedesfemmesetdesfilles

•Indicateur16 :Niveaudeparticipationféminineàlajustice,lasécuritéetles

affaires étrangères

•Indicateur17 :Présencedemécanismesnationauxpourlecontrôledes

armes légères illicites

•Indicateur20 :Heuresd’entraînementparpersonnedupersonneldéci-

sionnaire dans les secteurs de la sécurité et de la justice, pour la réaction

adéquate aux cas de violence sexuelle ou fondée sur le genre

•Indicateur3 :Indicedeparticipa-

tion féminine dans les secteurs de

la sécurité et de la justice (taux de

femmes dans les secteurs de l’ar-

mée, la justice, à tous les niveaux)

•Indicateur7 :Nombredecasde

violences aux femmes rapportés et

pourcentage de cas examinés, dé-

férés et poursuivis, et pénalisés (du

total rapporté)

Justice •Indicateur3a :Lamesurederapportagedescasdeviolationdesdroits

des femmes et filles, déférés et examinés par les institutions des droits de

l’homme

•Indicateur3b :Nombreetpourcentagedefemmesdanslesinstitutions

d’État et les institutions nationales des droits de l’homme

•Indicateur15 :Lamesured’harmonisationentrelesloisnationalesdepro-

tection des femmes et des filles, et les normes internationales

•Indicateur16 :Niveaudeparticipationféminineàlajustice,lasécuritéetles

affaires étrangères

•Indicateur 19 : Pourcentage de cas de violence sexuelle et fondée sur le genre

contre les femmes et filles, qui sont rapportés, examinés et condamnés

•Indicateur20 :Heuresd’entraînementparpersonnedupersonneldéci-

sionnaire dans les secteurs de la sécurité et de la justice, pour la réaction

adéquate aux cas de violence sexuelle ou fondée sur le genre

•Indicateur 25 : Mesure de dispositions dans les Commissions de Vérité et Récon-

ciliation afin de tenir compte des droits et participation des femmes et filles

•Indicateur3 :Indicedeparticipa-

tion féminine dans les secteurs de

la sécurité et de la justice (taux de

femmes dans les secteurs de l’ar-

mée, la justice, à tous les niveaux)

•Indicateur5 :Nombreetpourcen-

tage de participation féminine dans

chaque type de révision constitution-

nelle ou législative

•Indicateur8 :Nombreetqualitédes

législations sensibles à l’égalité

entre hommes et femmes

•Indicateur9 :Nombreetnaturedes

dispositions/recommandations dans

les CVR et autres rapports juridiques

transitionnels sur les droits des

femmes

Fondements Économiques

•Indicateur18 :Pourcentagedebénéficesdesemploistemporairedansle

contexte des nouveaux programmes de relèvement économique, reçus par

les femmes et les filles

•Indicateur26a :Pourcentagedebénéficesdesprogrammesd’indemnisa-

tion, reçus par les femmes et les filles

•Indicateur26b :PourcentagedebénéficesdesprogrammesDDR,reçuspar

les femmes et les filles

•Indicateur11:Pourcentagede

femmes (et hommes) ayant reçu un

pack économique dans la résolution

des conflits et processus de recons-

truction

Revenus et services

•Indicateur21a :Tauxdemortalitématernelle

•Indicateur 21b : Pourcentages nets de scolarisation primaire et secondaire, par sexes

Tableau 5 : Application aux PSG des indicateurs de la 1325 ONU

34 Pour une liste des indicateurs clés sur la 1325 ONU développés par le GNWP, voir: http://www.gnwp.org/what-we-do/policy-advocacy/in-country-and-global-moni-toring-of-united-nations-security-council-resolution-1325/selected-core-indicators.

22

Il est essentiel de reconnaître que les indicateurs de dévelop-

pement pour les PSG ne sont pas qu’un pur exercice technique

mais qu’ils ont aussi une dimension politique.35 Il sera donc

d’autant plus difficile de veiller à ce que les questions de genre

soient reflétées dans l’ensemble final d’indicateurs puisque dans

les situations qui demandent des négociations politiques, nous

avons vu que les questions de genre tombent souvent au fond du

panier. Au niveau national, en août 2012, 37 pays avaient déve-

loppé un Plan d’Action National pour la mise en application de

la résolution 1325 de l’ONU. Beaucoup de ces pays connaissent

quelque forme d’indicateurs sur les domaines prioritaires en re-

lation à la promotion des droits des femmes et de l’égalité des

sexes dans les processus de paix et sécurité.

Dans le cas des FCAS, ces indicateurs ont été développés en ma-

jorité sur la base de processus consultatifs et participatifs, aug-

mentant la légitimité et l’appropriation. Par exemple, en 2009 et

2010, UN Women a organisé des ateliers avec des représentants

du gouvernement, des bailleurs et de la société civile dans des

pays tels que le Liberia et la Sierra Leone pour identifier les indi-

cateurs de priorité dans les contextes alimentant leur Plan d’Ac-

tion National, après avoir affiné la liste de plusieurs centaines à

un nombre plus gérable. Cette information est en conséquence

une ressource vitale pour l’IDPS puisqu’il procède par délibéra-

tions à propos des indicateurs possibles pour les PSG. Des indi-

cateurs provenant d’un PAN existant devrait également être in-

clus aux indicateurs de ce pays pour les PSG. Ceci permettra non

seulement de structurer la collecte de données et les rapportages

de progrès vers la paix et la sécurité, mais aussi de garantir que le

processus IDPS se révèle plus inclusif et qu’il prenne en compte

les points de vue d’un plus large éventail d’intéressés.

Les quelques recommandations données ci-dessous sont autant

de mesures visant à assurer une perspective de genre à chaque

indicateur développé pour les PSG avec une différenciation par

sexes.

•Impliquerlesorganisationsetréseauxfémininsdanslesdé-

bats en cours sur le développement d’indicateurs, et s’assurer

que les organisations de la société civile soient informées du

processus.

•Lesconseillerssurlesaspectsdegenreautantducôtédesdo-

nateurs que du g7+ devraient être impliqués ou pour le moins

consultés par le groupe de travail sur les indicateurs dans

toutes les concertations au niveau pays.

•Revoirlesindicateursquiontdéjàétédéveloppéspourguider

la mise en application de la résolution 1325 de l’ONU et, au-

tant que possible, intégrer ces indicateurs dans le processus

PSG.

•Soutenirlerenforcementdecapacitédesministèreschargés

des statistiques et de l’égalité des sexes afin de permettre une

plus large collecte et analyse des données différenciées par

sexes aux niveaux local et national.

35 Jamil Chade, 2012. The Conflict and Fragility Agenda post-Busan: Directions, Opportunities, Challenges, Geneva Peacebuilding Platform, Brief No. 2, p3.

23

Cette section du document de stratégie présente les questions

clés et les recommandations identifiées par les réseaux fémi-

nins et les organisations de la société civile en Afghanistan et au

Sud-Soudan, à travers l’étude des déclarations précédentes et

les documents stratégiques sur le droit des femmes et l’égalité

des sexes. Les sujets et recommandations ont été synthétisés et

ventilés en fonction des cinq PSG élaborés dans le New Deal, et

selon les éléments additionnels de PRIORITÉ et CONFIANCE. Ils

amènent une forte prise de conscience de certaines questions de

genre qui méritent d’être traitées dans le processus de construc-

tion de la paix et de renforcement de l’État dans ces deux pays.

Bien que le contexte de ces deux pays soit en constante évolu-

tion, nombre de ces sujets et recommandations qui avaient déjà

identifiés lors de précédentes concertations ou rapports par les

organisations féminines, restent les mêmes.36 Des priorités évi-

dentes ont déjà été identifiées par les activistes pour les droits

de la femme et les organisations de la société civile sur l’égalité

des sexes en lien à la transition, comme à toutes les négocia-

tions de paix possibles, et à la construction d’une paix durable

en Afghanistan et au Soudan du Sud. On peut donc dire que les

processus de sensibilisation aux questions de genre dans le New

Deal ne démarrent pas de rien. Il est hautement important que

la communauté internationale, les gouvernements et la société

civile des États fragiles se chargent des questions identifiées

par les participants des ateliers de validation, et qu’ils tiennent

compte des recommandations lors des efforts de mise en œuvre

et de pilotage du New Deal dans les prochains mois, et tout parti-

culièrement en raison du poids attribué aux processus assumés

par les pays.

Cordaid est convaincue que la réalisation de la paix et de la sé-

curité pour les femmes, dépend de la qualité d’écoute accordées

aux femmes des communautés locales, et de la priorité accor-

dée à leurs besoins et perspectives. Il est capital que les parte-

naires du New Deal comprennent clairement ce qu’impliquent la

paix, la sécurité et le développement ; ce qu’ils dignifient pour

les femmes et leurs communautés, plutôt que de suivre une ap-

proche par le haut pour définir ces questions au niveau natio-

nal. Pour cette raison, Cordaid a accompagné des organisations

partenaires en Afghanistan et au Soudan du Sud pour qu’elles

structurent les analyses et les recommandations mises en avant

dans ce document de stratégie.

Les études de cas suivantes sur l’Afghanistan et le Soudan du

Sud présentent les résultats des ateliers de validation organisés

à Kaboul et Juba en août 2012 et, en tant que tels, reflètent les

revendications et opinions des participants. En préparation des

ateliers, un document de synthèse a été rédigé pour chacun des

pays afin de pourvoir les ateliers des priorités clés et des recom-

mandations reprises des déclarations et études des activistes

féminins des deux pays. Ces synthèses ont constitué le substrat

des débats dans lesquels les participants ont pu discuter et vali-

der ces déclarations pour conclure à leur propre liste de priorités

et recommandations pour chacun des PSG.

Les ateliers ont été organisés par les bureaux de Cordaid et ses

partenaires des deux pays, qui ont ensuite établi les priorités

d’instructions et de participation des organisations et réseaux

féminins. D’autres intéressés ont également été invités à parti-

ciper. Les débats ont été conduits par des animateurs experts

qui ont su faire des ateliers une opportunité d’améliorer la prise

de conscience, parmi les organisations féminines, des implica-

tions du New Deal et des plans de mise en œuvre.37 Ces deux cas

d’étude ont apporté une compréhension précieuse de ce que la

perspective du genre dans le New Deal amènerait dans la pra-

tique. Ils révèlent les questions clés auxquelles l’IDPS et autres

acteurs doivent porter attention au cours des prochains mois, à

mesure que le pilotage du New Deal se déploie.

5.1 Afghanistan

Des dizaines d’années de conflit ont eu un impact très négatif

sur les femmes, dont le déplacement, le dénuement, la perte de

leur soutien de famille masculin, le manque d’accès à l’emploi et

l’éducation, et un haut niveau d’insécurité physique constante.

Les femmes sont également affectées par des pratiques cultu-

relles néfastes telles que bad et badal, mariages d’enfants et

maternités précoces qui entraînent de graves atteintes à leur

5. La société civile sur le genre et le New Deal : Études de cas de l’Afghanistan et du Soudan du Sud

36 Voir la bibliographie pour une liste étendue des ressources utilisées pour instruire les ateliers de validation en Afghanistan et au Sud-Soudan. Les questions prioritaires et recommandations mises en avant dans ces documents ont été synthétisées et intégrées au cadre de travail PSG qui a été présenté aux participants pour validation et pour d’éventuelles additions et amendements.

37 L’atelier de Juba, au Soudan du Sud a été dirigé par Stephen Pande, et celui de Kaboul, Afghanistan par le Résau des Femmes Afghanes.

24

santé, leur bien-être et leur habilité à participer pleinement à la

vie communautaire et publique. Perçues comme porteuses de

l’honneur de l’homme et de la communauté, les femmes sont

aussi fréquemment victimes de violences et d’abus lorsqu’elles

dépassent les limites de leur rôle, et n’ont que peu de possibili-

tés de changer leur statut social.

Malgré ces obstacles, quelques progrès remarquables ont été

réalisés en droits des femmes au cours des dernières dizaines

d’années. Une disposition sur l’égalité des sexes a été incluse

dans la nouvelle Constitution et les femmes ont maintenant le

droit de vote dans les élections. On compte un pourcentage de

25% de femmes dans la Chambre Basse du parlement et de 17%

dans la Chambre Haute. Ces femmes ont réussi à rehausser le

niveau de représentation politique féminine. Pourtant, de tels

pourcentages ne conduisent pas forcément à une plus grande ou

plus effective participation des femmes en raison des attitudes

discriminatoires et des réseaux informels ou des schémas de

pouvoir qui persistent et excluent encore les femmes. Un minis-

tère des Affaires Féminines (MOWA) et une Commission indépen-

dante sur les Droits de l’Homme ont été créés ; le gouvernement a

adopté un Plan d’Action National pour les femmes en Afghanistan

(NAPWA) et il a également signé la Convention sur l’Élimination

de Toutes Formes de Discrimination Contre les Femmes (CEDAW).

Pourtant, si l’on en croit de nombreux observateurs, ce progrès

pour le droit des femmes est fragile et largement théorique. Le

rapport de suivi de la mise en application de mesures concrètes

pour améliorer la position et le statut des femmes est maigre. Les

barrières structurelles, culturelles et institutionnelles demeurent.

Pour les femmes comme pour les filles, le périple vers l’égalité

est encore long.

Bien que 66% des femmes se sentent plus en sécurité qu’il y a

10 ans, selon une enquête menée par la Fondation Asia en 2011,

le soutien pour le droit des femmes s’étiole.38 Quant à la certi-

tude que le gouvernement afghan protège activement les droits

des femmes et les progrès réalisés, de nombreuses femmes

craignent que les droits des femmes puissent être sacrifiés pour

apaiser les extrémistes religieux ou par simple opportunisme po-

litique. En effet, alors que quelques progrès ont été réalisés pour

les femmes dans la sphère publique, leur statut dans le cercle

privé reste largement inchangé et a été régulièrement dégra-

dé en réaction négative au discours croissant sur les droits des

femmes. Plus particulièrement, les femmes sont très inquiètes

de la constante insécurité qui entrave leur mobilité et leurs pos-

sibilités limitées de travailler à l’extérieur de la maison d’accéder

à l’éducation.

L’Afghanistan porte actuellement toute son attention sur la pé-

riode de transition que constitue le départ des forces étrangères,

alors que les efforts constants de négocier un accord avec les

Talibans occupent pleinement les acteurs nationaux et interna-

tionaux. La transition est porteuse de risques tels que l’accrois-

sement de la violence et la diminution de l’influence du gouver-

nement central, avec pour conséquence la menace que les acquis

dans le domaine des droits des femmes ne soient pas protégés.

Il sera donc nécessaire de définir des référentiels de réussite de

la transition à la lumière de l’égalité des sexes, et de veiller à ce

que l’attention ne soit pas uniquement portée sur les questions

militaires ou sécuritaires mais aussi sur la gouvernance, la légis-

lation et les droits des femmes. La majeure partie des hommes

et femmes en Afghanistan soutiennent une solution politique au

conflit, mais certaines conditions préalables comme le renonce-

ment à la violence, la rupture des liens avec Al-Qaïda et le respect

de la Constitution doivent encore être remplies. On ne sait pas

encore avec certitude comment la communauté internationale

réagira si les Talibans posent des exigences qui amputeraient les

droits des femmes. Bien que les femmes aspirent à la paix, elles

aspirent tout autant à la justice et ne souhaitent ni ne supporte-

raient une paix qui se ferait aux dépens de leurs droits et de leur

liberté.

Les PSG : Priorités et recommandations identifiées par les femmes Afghanes

Le tableau 6 liste les priorités et recommandations clés identi-

fiées par les femmes Afghanes et autres participants aux ateliers

de validation à Kaboul.

38 Asia Foundation, 2011. Afghanistan in 2011: A Survey of the Afghan People.

25

Objectifs Questions prioritaires Recommendations

Légitimité politique •Défautdeloisetpolitiquesclairespourassureraux

femmes la participation et leadership politique

•Défautdevolontépolitiquederecruter30%de

femmes dans différentes structures gouvernemen-

tales

•Faiblesensibilisationquantàlaparticipationdes

femmes et l’importance de leur rôle dans la sphère

publique

•Dans le respect de la Constitution, établir une pro-

cédure pour la participation politique des femmes,

comme la garantie qu’elles puissent détenir 25% des

positions décisionnaires à différents niveaux dans

l’administration publique

•Réviser les lois pertinentes pour garantir que le rôle

des femmes dans la construction de la paix et le ren-

forcement de l’État soit identifié et soutenu

•Légaliser et appliquer les règles de service civil pour le

recrutement et l’enrôlement de 30% de femmes dans

les institutions d’État telles que le Haut Conseil de la

Paix, le secteur juridique, et les commissions indépen-

dantes comme la Commission Afghane Indépendante

pour les Droits de l’Homme, la Commission Électorale

et la Commission du Service Civil

Securité •Peud’actionvisantàarrêterlesviolencesfaitesaux

femmes et manque de volonté politique de faire

connaître et appliquer la loi sur les violences faites

aux femmes par les administrations concernées

•Leharcèlementsexueletlesdiscriminationsenvers

les femmes sont un obstacle majeur à la participa-

tion et la sécurité des femmes. On constate trop peu

de volonté des dirigeants politiques ou religieux

pour entreprendre ces problèmes.

•Lesmédiasdevraientêtreemployésplusefficace-

ment au soutien de l’habilitation des femmes.

•RenforcerlesUnitésJuridiquesSpécialeschargées

des Violences envers les Femmes pour que les

femmes en position précaire soient protégées

•RenforcerlacapacitédesUnitésd’UrgenceFamiliale

(FRU) du ministère de l’Intérieur afin de fournir un

meilleur service aux femmes victimes et en situation

de risque

•LobbypourunePoliceduHarcèlementToléranceZéro

afin de fournir un environnement sûr pour les femmes

travaillant à tous niveaux de l’administration et des

services, enseignement et espaces publics

•Menerdescampagnesdesensibilisationparles

médias, les autorités religieuses, mosquées et

autres plates-formes sur l’existence d’une Police du

Harcèlement Tolérance Zéro, les sévères répressions

des coupables, et la nécessité d’un environnement

sûr pour la participation sociale, économique et

politique des femmes

Justice •Pasdelienentrelessystèmesjuridiquesofficielset

informels en Afghanistan

•Enraisondumanquedesupervisiondusystèmejuri-

dique informel, la majorité des cas de justice sont

jugés au détriment des femmes ou des filles

•Lespratiquesculturellesetcoutumièresempêchent

les femmes de participer aux conseils / Jirgas même

lorsque ces conseils débattent de faits portant sur

les femmes

•IntroduiredesUnitésdeRésolutiondesConflits

au sein du système juridique officiel pour qu’elles

aient un contrôle direct sur les structures informelles

comme les jirgas et chouras, afin de réduire les

risques d’injustice envers les femmes

•Lobbypourl’inclusiondefemmesdanslesméca-

nismes judiciaires informels comme les chouras et

jirgas.

•Soutenirlesorganisationsfémininespourlemo-

nitorage des mécanismes judiciaires informels, en

particulier là où les institutions juridiques officielles

sont inopérantes. Les résultats de tout monitorage

devraient être utilisés pour inciter l’administration à

tenir compte des droits des femmes.

Tableau 6 : Résultats des ateliers de validation à Kaboul, Afghanistan

26

Fondements économiques

•Lesfemmesnebénéficientpasderevenuspropres

mais sont dépendantes des hommes de la fa-

mille, ce qui entraîne une insécurité économique

constante des femmes dans tout le pays.

•Ledéfautd’unestructurepermettantd’identifieret

de combler les manques de capacité a conduit à

une sérieuse pénurie d’emplois féminins au niveau

national.

•Lesprogrammesdegénérationderevenuspourles

femmes sont souvent limités et à court terme, ce

qui signifie que les femmes ne peuvent acquérir les

aptitudes et compétences nécessaires à saisir des

opportunités économiques durables.

•Financerdesformationsspécifiques,programmes

professionnels et renforcement de capacité pour

femmes afin d’augmenter leurs compétences et leur

accès à l’emploi dans des domaines comme la créa-

tion d’entreprise, l’agriculture, le marketing, etc.

•Organiser une évaluation des besoins pour les

hommes et les femmes afin de garantir aux femmes

l’accès au meilleur soutien économique possible dans

le secteur de l’éducation (enseignants et étudiants en

université), institutions gouvernementales, etc.

•Investirdansdesprogrammesspécifiquespourles

secteurs de l’agriculture, l’enseignement supérieur

et le commerce afin d’ouvrir l’accès à l’emploi et aux

revenus pour les femmes à différents niveaux

Revenus et services •Legouvernementn’utilisepasdebudgétisationqui

intègre la dimension du genre et la majorité des

plans et programmes destinés aux femmes ne sont

pas mis en application à temps

•Ilexisteunmanquedecoordinationefficacepour

mesurer et évaluer les résultats des programmes

d’habilitation des femmes

•Mettreenœuvredesmesuresdebudgétisationqui

intègre la dimension du genre pour garantir que les

financements publics bénéficient autant aux femmes

qu’aux hommes et pour que les budgets de dévelop-

pement soient présentés au Parlement

•Créerdesenvironnementsdetravailconviviauxet

confortables pour les femmes Des aménagements

tels que les toilettes pour femmes, cantines, salles

de prière et garderies sont hautement importants

•Soutenirlesorganisationsfémininespourinstaurer

des mécanismes de suivi pour la supervision des

allocations et subventions de soutien de l’accès aux

services publics, l’éducation, la santé, l’emploi, etc.

Intégration de genre dans la mise en œuvre du New Deal en Afghanistan

L’atelier de validation de Kaboul a été important, non seulement

parce qu’il a identifié les questions prioritaires et les recommanda-

tions des femmes afghanes et des représentants de la société civile,

mais aussi parce qu’il a hautement sensibilisé les participants sur

le New Deal comme sur les opportunités et points d’entrée émer-

geants. Le tableau 6 ci-dessus démontre combien les participants

ont souligné les besoins d’inclusion et de large participation, d’en-

gagement sur les questions relatives aux femmes et la nécessité de

relier les structures et processus existants aux efforts de construction

de la paix et de renforcement de l’État. Violence envers les Femmes

(VAW) a émergé comme étant une priorité majeure pour les PSG de

sécurité et de justice et se trouve aussi intimement liée à la mobilité,

la participation et les moyens de subsistance des femmes. Pourtant,

la VAW comme d’autres questions soulignées au tableau 6, ne sont

pas nouvelles mais ont été identifiées à plusieurs reprises par des

organisations féminines comme l’AWN. Si une évaluation de fragilité

est effectuée en Afghanistan, elle offrira une excellente opportunité

de garantir que ces questions soient reconnues, priorisées et inté-

grées au spectre de fragilité et aux indicateurs PSG.

Outre les suggestions à propos des PSG, les participants ont éga-

lement souligné un nombre de recommandations pour le suivi, le

développement d’un plan national et l’assurance d’un dialogue

inclusif. Quelques unes de ces recommandations sont les sui-

vantes :

•Soutenirlasociétécivile,enparticulierlesorganisations

féminines dans l’organisation des campagnes et concertations

au niveau district et village pour le partage d’informations et

la communication sur les progrès de la mise en œuvre du New

Deal.

•Établirunmécanismedesuividirigépardesmembresdela

société civile, y compris les organisations féminines afin de

suivre la mise en œuvre et l’impact du New Deal au niveau

national.

•Établiruncomitédecoordinationetdemonitorageparmiles

19 pays membres du g7+ afin de créer des opportunités pour

les délégations des pays, y compris les dirigeants féminins,

de visiter les autres pays du g7+ et de partager les leçons

apprises à propos du New Deal.

•Allouerdesfondsspéciauxpourrenforcerlescapacitésetles

connaissances des organisations féminines sur les questions

telles que la transparence, la responsabilité et le reportage,

et les cadres de suivi afin de les habiliter à accéder aux fonds

gouvernementaux pour leurs activités.

•Établirunmécanismedesuiviàl’intentiondesorganisations

féminines pour identifier et suivre l’impact des allocations de

budget par les gouvernements et les bailleurs visant à soutenir

l’habilitation des femmes et l’égalité des sexes.

27

5.2 Soudan du Sud

Le Soudan du Sud est le plus jeune pays du monde, établi à la

suite d’une longue guerre civile suivie d’un processus de tran-

sition, le 9 juillet 2011. Depuis la signature de l’Accord de Paix

Global (CPA) en 2005, la construction de l’État s’est développée à

une échelle sans précédent avec l’instauration de 37 ministères,

20 commissions, 10 autorités territoriales, un parlement natio-

nal et 10 législatures d’État. Pourtant, alors que l’établissement

des institutions officielles, le noyau dur de la construction de

l’État, se passe calmement, les facteurs d’un très bas niveau de

développement dans le pays, comme la constante insécurité et

les conflits, les institutions fragiles, la dépendance au pétrole, la

capacité extrêmement limitée du gouvernement et des disposi-

tifs de service public, continuent de frustrer les efforts vers un

Soudan du Sud durable et pacifique. Dans un tel contexte, la si-

tuation et le statut des femmes et des filles sont particulièrement

désespérés. Tel que le dit la célèbre phrase de John Garang « (Au

Soudan du Sud) les femmes sont les marginalisées des margina-

lisés ».

Au Soudan du Sud, peu de gens ont accès, ou même seulement

des liens, aux processus décisionnaires, et des dissensions non

résolues continuent à alimenter les conflits dans le pays (UNMISS

2012: 2). Bien que les femmes militent pour que leurs intérêts

et priorités soient intégrés au CPA et à la période de transition,

les questions liées à l’égalité des sexes, pas plus qu’une plus

large intégration politique, n’ont pas été considérées comme

prioritaires. Le Soudan du Sud présente un contexte très difficile

pour la construction de la paix et le renforcement de l’État. Les

inégalités entre hommes et femmes dans tous les aspects de la

vie politique, économique et sociale dans tout le pays, rendent

particulièrement difficiles la construction de l’État et d’une socié-

té pacifique.

Les femmes et les filles sont gravement sous-représentées dans

la vie politique et économique, et les normes discriminatoires re-

flètent et renforcent le faible statut que leur accorde la société du

Soudan du Sud. L’accès à la santé et à l’éducation est limité pour

les femmes et les filles ; elles ont peu accès aux décisions aux

niveaux domestique, communautaire ou même national ; les pra-

tiques coutumières discriminatoires comme le mariage précoce

et la polygamie sont très répandues ; les femmes sont particuliè-

rement vulnérables face aux violences sexuelles. Un des fonde-

ments clés de l’économie domestique et communautaire est le

paiement de la dot, qui confère puissance et statut aux membres

masculins de la famille, mais augmente la vulnérabilité et l’insé-

curité des filles en renforçant leur statut d’objet à valeur écono-

mique. Le système de dot a été affecté par des dizaines

d’années de guerre. Les montants ont augmenté pendant que les

ressources permettant de payer le bétail diminuaient, exacerbant

les conflits et la violence.

Pourtant, malgré l’exclusion et la discrimination auxquelles elles

doivent faire face au quotidien, les femmes du Soudan du Sud 39 ont joué un rôle vital dans leurs communautés tout au long du

conflit et de la transition en militant pour la paix, la démocratie et

l’égalité des sexes. Elles ont aussi parfois contribué au combat

en encourageant la participation au combat ou en prenant des

rôles auxiliaires dans les forces armées. Pendant les périodes de

guerre comme de paix, les femmes ont donc occupé et négocié un

espace propre dans la société, bien que cet espace soit contraint

et limité. Maintenant que le Soudan du Sud a émergé du conflit

et que les déplacés et émigrés reviennent et reconstruisent leurs

communautés, les normes et structures qui gouvernent l’ordre

social du Soudan du Sud doivent être renégociées, ce qui aura

des conséquences sur l’égalité des sexes comme sur la construc-

tion de l’État plus généralement.

Les PSG : Priorités et recommandations identifiées par les femmes du Soudan du Sud

Le tableau 7 liste les priorités et recommandations clés identi-

fiées par les femmes Soudan du Sud et autres participants à l’ate-

lier de validation à Juba.

39 Ce document utilise le concept du Soudan du Sud qui doit être également entendu comme incluant les femmes du Soudan méridional quand il réfère à la période pré-indépendance.

28

Objectives Questions prioritaires Recommendations clés

Politiques inclusives •Leseuilde25%dediscriminationpositivepourla

représentation féminine dans toutes les institutions

nationales et postes décisionnaires dans les sec-

teurs publics n’est pas encore pleinement réalisé

•Lesfemmes,leshandicapésphysiquesetlesjeunes

restent marginalisés dans le contexte administratif

et courant principal décisionnaire

•Ilestnécessaired’établiruneconstitutionorientée

population qui pourvoit à un cadre général de démo-

cratie, bonne gouvernance, droit et protection des

droits de l’homme (et des femmes)

•L’immuableculturemilitaristeempêchelesfemmes

d’accéder à un niveau égal aux hommes dans la

société

•Uneplusgrandesensibilitéciviqueestnécessaire

pour permettre une plus large participation féminine

•Garantirlacréationdemécanismesetprocessus

qui encouragent la réalisation d’un quota de 25%

de femmes basé sur le mérite, et qui décourage le

favoritisme

•Établirdesrelationsplusfortesentreleséliteset

la population pour garantir que les élites urbaines

représentent la totalité des femmes

•Éviterdes’engageravecungroupetroprestreint

de leaders féminins et créer un plus large espace

de participation féminine aux postes dirigeants et

décisionnaires

•Améliorerladémocratisationensoutenantledéve-

loppement de confiance entre les parties prenantes

des secteurs officiels et informels, et impliquer le

secteur privé dans la formulation et mise en œuvre

des politiques

Sécurité •DéfinirladémarcationNord-Sudetentreprendreles

problèmes des revenus du pétrole

•Lesescarmouchesinterethniquesetlesrivalités

communautaires, les suspicions et les malentendus

issus de la guerre continuent à détourner le dévelop-

pement

•Lahauteproliférationd’armesparmilescivilset

ex-combattants se traduit par une exacerbation de la

violence armée, des vols et des homicides

•L’insécuritéetlesviolencesarméesgénéralisées

avec une protection minimum des civils et de leurs

propriétés autant dans les zones urbaines que

rurales, et en particulier en lien avec la violence faite

aux femmes

•Volsdebétailparmilescommunautéspastorales

•Encouragerlaparticipationfémininedanslesinitia-

tives en cours de réforme du secteur de la sécurité

publique

•Créerdescentresd’accueilféminindanslespostes

de police pour traiter les besoins de protection fémi-

nine et favoriser des stratégies d’intervention rapide

•Engagerleshommesdanslescampagnesdedroit

des femmes et autres initiatives d’amélioration de la

sécurité des femmes

•Renforcerlesystèmejudiciaireetcréerdesforma-

tions pour les forces de sécurité sur leur rôle dans la

protection des citoyens, en mettant l’accent sur les

droits des femmes

•Encouragerlapolicedeproximitéetlesdialogues

entre les communautés et les autorités locales sur

la sécurité et aider les citoyens à gérer les points

sensibles

Justice •Nombrecroissantdecasd’impunitéparmileper-

sonnel de sécurité qui se rend souvent coupable de

viols, dégradations et atrocités envers les femmes,

et ne sont jamais sanctionnés

•Faibleaccèsàlajustice,enparticulierpourles

femmes et les populations rurales

•L’applicationlégitiméedudroitcoutumierimplique

certaines dispositions qui augmentent et perpétuent

les discriminations des femmes et filles

•Procéduresimpropresdenominationdesjugeset

totale négligence du quota de 25% de femmes dans

la justice

•EGarantirunestructurejuridiquetransparentedans

laquelle les nominations se font en toute transpa-

rence et basées sur le mérite; 25% de femmes parmi

les juges et magistrats

•Mettreenplaceuneconstitutionquigarantissela

séparation des pouvoirs dans les trois branches du

gouvernement et garantir la mise en application de

cette constitution

•Abolirlesloiscoutumièresafindemettrefinaux

pratiques qui entretiennent la discrimination des

femmes et bafouent leurs droits

•Rendredisponibleetaccessiblel’aidelégaleetgaran-

tir le financement des initiatives légales en faveur des

femmes

•EncouragerlespraticiensdesOSC,enparticulierles

femmes, à être formés comme assistantes juridiques

Tableau 7 : Résultats des ateliers de validation à Juba, Sud-Soudan

29

Fondements économiques

•Lesfemmesetplusspécialementcellesdeszones

rurales manquent du capital nécessaire pour monter

des petites entreprises

•Lechampd’actiondesopportunitéscommerciales

pour les citoyens et les investisseurs étrangers n’est

pas égal

•Destauxd’intérêtélevéssurlesprêtsdanslesinsti-

tutions de micro-finance et les banques représentent

le majeur obstacle pour les femmes

•Lesfemmesontuneconnaissancelimitéedel’identi-

fication et de la gestion d’entreprise durable

•Soutenirl’habilitationéconomiquedesfemmespar

l’épargne collective, les prêts modestes et les forma-

tions en gestion de micro-entreprises

•Promouvoirledéveloppementdusecteurprivéetdes

infrastructures pour le soutien de l’entrepreneuriat

•Accorderauxfemmesdesprêtsraisonnablesàdes

conditions abordables et surtout de faibles taux

d’intérêt

•Créerdesopportunitésd’emploienparticulierpour

les femmes rurales

Revenus et services •Ilexisteunmanquedepersonnelqualifiédansle

secteur des services (enseignants, médecins, infir-

mières, etc)

•Lescatastrophesnaturelles,surtoutlesinondations

et la sécheresse, augmentent la pauvreté existante

et empêchent l’accès aux services tels que l’ensei-

gnement et la santé

•Ladépendancedesservicescoutumierscommeles

herboristes et les médecins traditionnels représente

une difficulté

•Superviserl’utilisationdesrecettespubliquespour

garantir le soutien des femmes

•Établiruneautoritédesfondspublicsperformante

pour garantir une gestion efficace

Intégration de genre dans la mise en œuvre du New Deal au Sou-dan du Sud

Tout comme en Afghanistan, l’atelier de validation au Soudan

du Sud a été l’occasion d’augmenter la prise de conscience sur

le processus du New Deal et l’identification des questions prio-

ritaires et des recommandations liées aux questions de genre.

L’atelier de validation à Juba a démontré que la société civile du

Soudan du Sud a été activement impliquée dans diverses activi-

tés de sensibilisation sur les femmes, la paix et la sécurité, et a

commencé à exiger un espace propre de participation féminine

dans le processus de construction de la paix et de renforcement

de l’État, malgré le fait que le Soudan du Sud n’a obtenu son in-

dépendance qu’en 2011. L’évaluation de fragilité au Soudan du

Sud a déjà été effectuée. Elle a été dirigée par le ministère des

Finances et du Plan économique. Les questions en matière de

genre ne sont pas très bien intégrées au rapport d’évaluation,

bien que les questions de discrimination envers les femmes,

en particulier sur les lois coutumières soient évoquées dans le

contexte juridique. Les participants à l’atelier de validation ont

identifié un bien plus grand nombre de questions de priorité,

telles que les violences fondées sur le genre, les opportunités

économiques pour les femmes et la nécessité d’inclusion et de

participation réelle des femmes aux processus décisionnaires.

Bien qu’il puisse être trop tard pour traiter ces questions dans

l’évaluation de fragilité, elles peuvent encore être intégrées

au développement de tout plan national à venir, et des efforts

doivent être faits pour renforcer l’utilisation d’indicateurs en ma-

tière de genre dans la coordination de la finalisation des PSG.

Dans la discussion sur le suivi, le développement d’un plan na-

tional et d’un dialogue inclusif, les participants ont également

identifié un nombre recommandations et de domaines d’actions

nécessaires :

•Lesorganisationsfémininesetcellesvisantl’égalitédessexes

doivent renforcer leur engagement avec le ministère de la Pari-

té et avec d’autres ministères chargés du New Deal, comme le

ministère des Finances.

•Lesfemmesdoiventêtresoutenuesdansleurrôlededéfini-

tion des priorités clés des initiatives nationales telles que la

constitution, les négociations Nord-Sud et la résolution des

animosités interethniques persistantes.

•Valideretaccompagnerlamiseenapplicationdesrecomman-

dations faites par les femmes du Soudan du Sud, comme pour

les concertations de juin 2010 soutenues par UN Women.

•Pourvoiràunsoutienfinancieretinstitutionneldurablepour

les organisations et réseaux féminins afin de les habiliter à

établir un état des budgets et dépenses publiques, en particu-

lier en ce qui concerne les revenus du pétrole et des taxes.

•Legouvernementetlesdonateursdoiventeffectuerdeséva-

luations communes pour déterminer les meilleures approches

de programmation visant à impliquer les femmes dans les

initiatives communautaires majeures, et à renforces l’accès

des femmes aux services publics.

•Développerdesindicateursd’évaluationdel’implicationdes

femmes aux programmes et initiatives communautaires.

•SoutenirleMinistèreduGenre,desEnfantsetdelaProtection

Sociale dans la gestion du développement d’un plan national

en matière de genre dans le cadre du processus du New Deal.

30

5.3 Implications des études de cas pour la mise en œuvre du New Deal

Les ateliers de validation mettent en avant les questions impor-

tantes qui doivent être intégrées à mesure que la mise en œuvre

du New Deal avance, en particulier lorsqu’elles sont liées à l’éla-

boration des PSG et des futurs indicateurs ainsi qu’aux évalua-

tions de fragilité. Pourtant, les ateliers ont également souligné un

nombre de questions liées à la mise en oeuvre et qui sont briève-

ment décrites ci-dessous.

Les revendications des femmes doivent être priorisées et divers intéressés doivent être impliqués dans les concertations : A l’évi-

dence, il ressort des ateliers de validation que les réseaux et

organisations féminines de l’Afghanistan et du Soudan du Sud

ont déjà accompli un énorme travail d’identification des priori-

tés clés et des recommandations liées à leurs propres processus

de construction de la paix et de renforcement de l’État. Il est re-

marquable que les priorités et recommandations des femmes

diffèrent très sensiblement de celles qui, jusqu’à maintenant,

ont instruit les processus de construction de la paix et de renfor-

cement de l’État dans ces pays. Dans le cas du Soudan du Sud,

on observe une différence notable entre les questions émergeant

des ateliers de validation, qui se centrent sur les questions liées

à l’égalité de sexes et les droits des femmes, et celles révélées

en tant que priorités dans l’atelier d’évaluation de fragilité. Il est

donc essentiel de concentrer les efforts pour que les femmes

soient activement impliquées dans les concertations et que les

questions qu’elles identifient soient reflétées dans les résultats

du New Deal.

L’engagement des organisations de la société civile doit être ren-forcé : Une des difficultés pour l’IDPS a été de savoir comment en-

gager efficacement la société civile dans le processus.1 Jusqu’à la

seconde moitié de 2001, les conditions de participation n’étaient

pas égales. Les organisations de la société civile jouaient plus un

rôle d’observateurs externes ou participants secondaires que ce-

lui de membres clés du processus IDPS. Pourtant, depuis 2012, la

société civile a été invitée à participer pratiquement sur un pied

d’égalité ce qui est une évolution bienvenue. La pression du ca-

lendrier a été une autre source de difficultés. Les dates butoirs

impératives ont freiné la réalisation d’un consensus pour une

abondance d’acteurs et en particulier les OSC basées au Sud. Les

organisations de la société civile ont été maigrement financées et

n’étaient pas non plus représentatives d’un large groupe, surtout

dans les cas de temps de l’engagement courts, ne leur donnant

pas toujours la possibilité d’effectuer de larges concertations.2

Les ateliers de validation, au Soudan du Sud et en Afghanistan,

ont fourni une opportunité aux organisations de la société civile

d’étendre leurs connaissances au sujet du New Deal et de réflé-

chir à leurs possibilités de contribution au processus. Quelques

unes des suggestions avancées :

•Lesorganisationsdelasociétécivilequiontétablidesliens

avec le processus du New Deal doivent partager leurs connais-

sances et expériences avec les organisations féminines qui

cherchent à s’impliquer et augmenter leurs capacités liées à la

construction de la paix et le renforcement de l’État

•Ménagerdesfondsspécifiquespourciblerlerenforcementdes

capacités des organisations féminines pour qu’elles puissent

surveiller la transparence et la responsabilité du gouverne-

ment

•Lesorganisationsfémininesdoiventêtreencouragéesàexpri-

mer leurs problèmes d’identification des initiatives pouvant

encourager plus de femmes à participer aux décisions

•Fourniruneformationauxorganisationscommunautaires,en

particulier les groupes féminins pour leur permettre d’entre-

prendre le suivi et la sensibilisation au niveau de base

•Soutenirlamiseenréseauentrelesorganisationsdelasocié-

té civile aux niveaux local et national, et les réseaux féminins

internationaux et autres organisations qui soutiennent active-

ment la mise en œuvre du New Deal et de la 1325 ONU

•DévelopperdescampagnesmédiatiquesdanslesFCASpour

le soutien à la diffusion d’informations sur le New Deal et la

sensibilisation sur les questions prioritaires comme l’égalité

des sexes, y compris en dialectes locaux, et engager des per-

sonnes modèles locales et nationales sur ces questions

Les organisations de la société civile nécessitent plus de soutien au renforcement des capacités pour s’engager dans le processus de la mise en œuvre du New Deal : Les réactions des participants dans les

ateliers de validation ont été extrêmement positives. Elles reflétaient

un fort désir de la société civile de se faire entendre alors que leurs

gouvernements tracent de nouvelles voies vers la paix et le dévelop-

pement. En contraste, les organisations féminines se heurtent à un

nombre de restrictions et de défauts de capacité qui requièrent l’at-

tention, surtout des bailleurs de fonds, afin qu’elles puissent jouer

leur rôle essentiel de supervision et de militantes. Dans les évalua-

tions de fragilité, des moyens d’œuvrer à la mise en œuvre du New

Deal au niveau national seront instaurés et seront vraisemblable-

ment officialisés par la suite. Il est donc capital de veiller à ce qu’une

large sélection d’organisations de la société civile soit impliquée dès

le début et que les réseaux et organisations féminines soient adé-

quatement représentées. Bien qu’on puisse assister à une proliféra-

tion d’ateliers et de concertations dans le pays à tout moment, ces

événements doivent être reliés et s’informer mutuellement.

40 J Jennifer Erin Salahub, 2012. Sweetening the Deal: Adding Value to the New Deal for Fragile States through CSO Engagement, Policy brief. Ottawa: North-South Institute. http://www.nsi-ins.ca/images/documents/sweetening_the_deal_final_web.pdf

41 Interpeace, 2012. Dialogue international sur la construction de la paix et le renforcement de l’État. En Bref.

31

Ce document de stratégie a identifié un nombre de points d’en-

trée pour l’intégration d’une perspective de genre dans les diffé-

rents aspects du New Deal et de sa mise en œuvre dans les pays

pilotes. Les études de cas de l’Afghanistan et du Soudan du Sud

démontrent que beaucoup de travail a déjà été accompli par les

organisations féminines et les institutions qui les soutiennent

afin d’identifier, de prioriser et de défendre les questions clés.

On constate un grand intérêt de la part de la société civile qui

souhaite jouer un rôle plus actif dans le soutien de la mise en

œuvre du New Deal. Le tableau suivant résume les principales

recommandations qui ont été exprimées dans ce document et

mettent en relief les actions potentielles pouvant être entreprises

par différents intéressés pour traiter ces questions dans le cadre

du pilotage du New Deal au cours des prochains mois.

Tableau 8 : Résumé des recommandations clés et points d’action

6. Recommandations

Recommandations Actions suggérées

Intégrer une perspective de genre dans tous les cadres analytiques et les approches suivies pour la mise en application du New Deal.

•Exploiterlesindicateurspourla1325ONU,identifiésparlegroupedetravailUNWomen

et le GNWP

•Intégrerlessuggestionsdestableaux1et2danslecadreetdanslesméthodologiesdes

évaluations de fragilité

•Consulterlesdéclarationsetrapportsémisparlesorganisationsfémininessurlesques-

tions liées à la 1325 ONU (voir annexe A sur les sources pour l’Afghanistan et le Soudan

du Sud)

•Exploiterlesoutilsetbasesdepreuvessurl’intégrationdesquestionsdegenredansles

différents aspects de la construction de la paix et de renforcement de l’État.

Intégrer les questions de genre dans les évaluations de fragilité (page 17-19)

•S’assurerquelesleaderspolitiquesféminins,lesorganisationsetréseauxféminins

soient invités et participent activement à tout atelier d’évaluation de fragilité.

•ŒuvreràlaprisedeconsciencesurleNewDealdanslasociétécivile,ycomprisau

moyen des médias accessibles aux femmes.

•Identifieretexploiterlesrésultatsd’inventairesetlesconcertationsayantdéjàétéeffec-

tués avec des groupes féminins sur leurs priorités liées à la construction de la paix, le

renforcement de l’État et l’égalité des sexes

•S’assurerquetoutdocumentdestratégiecomprennelesquestionsspécifiquesdedroits

des femmes et d’égalité des sexes et que les coordinateurs possèdent les compétences

nécessaires pour diriger les débats sur ces questions durant les ateliers.

•Inclurel’inégalitédessexesetladiscriminationdesfemmesentantquecritèredefragili-

té dans les dimensions subsidiaires du spectre de fragilité.

Allouer des financements adéquats aux besoins des femmes et aux priori-tés liées au genre (page 15)

•Veilleràcequelesanalysesdegenreetexpertisesbudgétairesenmatièredegenre

soient accessibles aux personnes chargées de la planification et des programmes de

mise en œuvre dans les FCAS

•Allouerunniveauminimumdedépensespourlesprojetsdegenre(15%recommandé

par le Secrétaire Général de l’ONU) et veiller à ce que les questions de genre soient

mises en avant dans toutes les autres allocations

•Initieretfinancerdesmécanismesdefinancementcibléspoursoutenirl’égalitédes

sexes dans les FCAS

32

S’assurer que tous les indicateurs développés pour le suivi des PSG reflètent une perspective de genre et qu’ils soient différentiés par sexes (page 19-22)

•Impliquerlesorganisationsetréseauxfémininsdanslesdébatsencourssurledéve-

loppement d’indicateurs, et s’assurer que les organisations de la société civile soient

informées du processus.

•Lesconseillersspécialisésdansl’égalitéentrehommesetfemmesautantducôtédes

bailleurs que du g7+ devraient être impliqués ou pour le moins consultés par le groupe

de travail sur les indicateurs dans toutes les concertations au niveau pays.

•Revoirlesindicateursquiontdéjàétédéveloppéspourguiderlamiseenapplication

de la résolution 1325 de l’ONU et, autant que possible, intégrer ces indicateurs dans le

processus PSG.

•Soutenirlerenforcementdescapacitésdesministèreschargésdesstatistiquesetde

l’égalité des sexes afin de permettre une plus large collecte et analyse des données

différenciées par sexes aux niveaux local et national.

Donner la priorité aux voix féminines et renforcer les engagements avec la société civile en ce qui concerne la mise en oeuvre du New Deal (page 32)

•LesorganisationsdelasociétécivilequiontétablidesliensavecleprocessusduNew

Deal doivent partager leurs connaissances et expériences avec les organisations fémi-

nines qui cherchent à s’impliquer et à augmenter leur capacités liées à la construction

de la paix et au renforcement de l’État

•Miseàdispositiondesfondsspécifiquespourciblerlerenforcementdescapacitésdes

organisations féminines pour qu’elles puissent surveiller la transparence et la responsa-

bilité du gouvernement

•Lesorganisationsfémininesdoiventêtreencouragéesàexprimerleursproblèmes

d’identification des initiatives pouvant encourager plus de femmes à participer aux

décisions

•Fourniruneformationauxorganisationscommunautaires,enparticulierlesgroupes

féminins pour leur permettre d’entreprendre le suivi et la sensibilisation au niveau de la

population

•Soutenirlemiseenréseauentrelesorganisationsdelasociétécivileauxniveauxlocalet

national, et les réseaux féminins internationaux et autres organisations qui soutiennent

activement la mise en œuvre du New Deal et de la 1325 ONU

•DévelopperdescampagnesmédiatiquesdanslesFCASpourlesoutiendeladiffusion

d’informations sur le New Deal et sensibiliser sur les questions prioritaires comme

l’égalité des sexes, y compris en dialectes locaux, et engager des modèles locaux et

nationaux sur ces questions

Relier la mise en œuvre du New Deal aux activités internes des pays concernant la mise en application de la résolution 1325 de l’ONU et inversement.

•Utiliserlesévénementsdu12èmeanniversairedelarésolution1325del’ONUenoctobre

2012 comme une opportunité d’exploiter les questions soulevées dans ce document

stratégique

•Utiliserlesévaluationsdefragilitécommeunevoied’intégrerlesquestionssurles

femmes, la paix et la sécurité au centre du programme de construction de la paix et de

renforcement de l’État

•UtiliserlepilotageduNewDealcommeuneopportunitéd’accélérerlamiseenappli-

cation de l’agenda femmes, paix et sécurité, plus particulièrement dans le suivi des

progrès par les indicateurs qui relient les PSG à la 1325 ONU et au moyen du développe-

ment de mécanismes de financement innovants pour soutenir les programmes d’égalité

des sexes.

33

Enfin, il est important de reconnaître que pour la communauté in-

ternationale, et plus particulièrement en ce qui concerne l’égalité

des sexes dans les États fragiles ou affectés par un conflit, 2015

représente un moment charnière critique. 2015 sera l’année d’un

échéancier impératif de dates et anniversaires qui représente la

confluence de beaucoup d’engagements majeurs dont certains

seront renouvelés alors que d’autres viendront s’y ajouter.

Les plus pertinents de ces engagements pour les questions de

genre et le New Deal sont les accords et l’adoption possible d’un

cadre post-ODM, le 15ème anniversaire de la résolution 1325 de

l’ONU, et Beijing +20.1 Il est essentiel de commencer à poser les

fondements dès maintenant pour que le potentiel de ces enga-

gements soit réalisé. Le New Deal est un important mécanisme

d’établissement d’une base de preuves, générant la connais-

sance et alignant la pratique sur les engagements politiques

afin d’assurer une approche sensible au genre dans la construc-

tion de la paix et le renforcement des États. Si les questions de

genre sont intégrées dans PSG et les engagements de PRIORITÉ

et CONFIANCE, nous aurons une chance de voir de réels progrès

dans la mise en application de la 1325 ONU. Ceci assurera une

plus large légitimation et intégration de ces processus ainsi

qu’une plus grande égalité des sexes et meilleure habilitation

des femmes dans les États fragiles ou affectés par un conflit.

42 Beijing +20 réfère au 20ème anniversaire de l’adoption de la Plate-forme d’Action (PfA) lors de la 4ème Conférence Mondiale sur les Femmes à Beijing en 1995. La PfA définit 12 domaines d’action pour la promotion des femmes et l’égalité des sexes, accompagnés d’objectifs stratégiques et de recommandations. Une de ces plates-formes (plate- forme E), intitulée Femmes et conflits armés, recommandait qu’une perspective de genre soit incluse comme fil conducteur de toutes les politiques et programmes visant à la fin des conflits et à la construction de la paix. Les discussions portent actuellement sur la pertinence d’une 5ème Conférence Mondiale sur les Femmes afin de marquer cet événement majeur et accélérer les progrès de la PfA, mais les opinions parmi les gouvernements et la société civile restent très divisées sur la question.

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