DO YOU SPEAK good design #31 - L'École de design Nantes Atlantique a 20 Ans

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( #31 ) DO YOU SPEAK good design ? Certains anniversaires sont, plus que d’autres, des moments forts de bilan... Avoir 20 ans, c’est être encore très jeune, mais c’est déjà avoir beaucoup d’expé- riences ! Nous parions sur un avenir fidèle à l’audace exploratoire propre à la jeunesse dans son désir de changer le monde ! 1988-2008 20 ans de création L’école de design a vingt ans édition spéciale 20 ans

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(#31)DO YOU SPEAKgood des ign ?

Certains anniversaires sont, plus que d’autres, des moments forts de bilan...

Avoir 20 ans, c’est être encore très jeune, mais c’est déjà avoir beaucoup d’expé-riences !

Nous parions sur un avenir fidèle à l’audace exploratoire propre à la jeunesse dans son désir de changer le monde !

1988-200820 ans de création

L’école de design

a vingt ans

éd i t ion spéc ia le 20 ans

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édito

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do you speakgood design ?

développement

En dix ans, qu’est ce qui a changé dans la philosophie de l’école ? Avant nous formions des créatifs. Désormais, nous formons plutôt des professionnels de la création. Parce que la reconnaissance du design comme approche globale est de plus en plus au cœur des processus de concep-tion, de production et de commercialisation. Notre approche du design — il y en a d’autres —, est d’être au service des entrepri-ses, de générer de la valeur économique.

Vous présidez depuis l’été dernier le réseau international

d’écoles de design Cumulus qui fédère 124 établissements supérieurs de 40 pays, spéciali-sés design, art et média. Que représente cette présidence ?L’internationalisation est le gros enjeu des écoles de demain. Tous les établissements sont confrontés à la mondialisation. Et le système LMD (licence, maîtrise, doctorat) favorise les passerelles : trois ans de techni-que chez soi, deux ans de management dans un autre pays. Notre capacité à attirer des étudiants étrangers est une vraie gageure, et un impératif. Et si j’ai été élu à la présidence de Cumulus, c’est parce que je suis français... ce qui n’est pas rien dans le monde, même si la spécificité du design «made in France» n’est pas si évidente à cerner. Nous structurons nos étudiants autour de thématiques spécifiques, en partenariat avec les entreprises et les pôles de compétitivité : interfaces tangibles, mobilité raisonnée, nouvelles pratiques sociales, nouveaux mo-des d’alimentation...

Ces échanges entre établisse-ments supérieurs n’entraînent-ils pas un risque de standardisation

des formations en design, et donc des savoir-faire professionnels ? Nous devons revendiquer nos particulari-tés culturelles, bien entendu ! J’ai dit à la rentrée aux étudiants qu’ils n’ont pas d’autre choix que de maîtriser l’anglais pour être «global», puisque c’est la langue véhiculaire, tout en parlant correctement français pour être singulier, parler de leur propre culture.

Vous créez une antenne en Chine. C’est un effet de mode ? Pas du tout. C’est simplement pour décliner l’identité de la spécificité française, de l’école et de la région et l’adapter aux marchés chinois. Si demain nous voulons exister économiquement sur la carte du monde, il faut une identité spécifique. Le design est une partie de la réponse. Cette création d’une antenne en Chine, une fois que nous saurons comment gérer un établissement à distance, nous allons la poursuivre, en Inde, au Brésil. Nous sommes aussi sollicités une à deux fois par mois pour exporter notre savoir-faire : sélection, pédagogie, évaluation…

LA RECONNAISSANCE DU DESIgN COmmE APPROChE gLObALE

Créée en 1988 sous l’appellation «l’École de Design des Pays de la Loire», l’établissement a changé d’envergure depuis l’arrivée de Christian guellerin, en décembre 1997. Aujourd’hui Directeur général de «l’École de design Nantes Atlantique» et Président de l’association internationale Cumulus (réseau de 124 écoles d’art et de design), il a précédemment été Directeur d’écoles de gestion et de commerce et a enseigné à Paris 9 Dauphine, Paris 8 Saint-Denis, l’Université de Nantes et dans des écoles de commerce et d’ingénieurs. En quelques questions, faisons un bilan sur le positionnement de l’École de design Nantes Atlantique, devenue en quelques années le plus grand établis-sement privé de design en France (plus de 600 étudiants) et le seul à délivrer un diplôme visé par le ministère de l’Enseignement Supérieur.

Vous ouvrez un département recherche au sein de l’école. Dans une filière de formation au design, ce n’est pas un pléonasme ?Non, parce qu’il s’agit, au-delà du projet, de produire de la connaissance, de construire une expertise interne, qui nous servira à la transmission pédagogique. Cela devra nous conduire vers la recherche R&D en entreprise et à des partenariats avec des la-boratoires de recherche d’autres disciplines. Il y a beaucoup à faire car la recherche en design existe très peu en France : il n’y a pas d’université, de doctorat. Lié à une culture industrielle, le design a échappé à l’univer-sité. En France, c’est net. On est hors champ académique.

Quelles relations entretenez-vous avec les entreprises ? Il y a des entreprises qui ne se sont jamais frottées au design et en arrivent à découvrir bien des choses sur elles-mêmes. Nous les aidons dans la définition de problématiques. Nous n’avons pas d’obligation de résultats, hors nos objectifs pédagogiques. Cette approche nous a permis d’instiller une

culture du design et de générer une activité économique qui sert les entreprises ainsi que toutes les agences de design. Vu du côté de l’école, le nombre de diplômés nous importe moins que le nombre de ceux qui trouvent du travail, et pas pour deux ans, pour toute la suite de leur vie professionnelle. Par ailleurs, le centre de formation des apprentis de l’école (CFA Création et Inno-vation Industrielle) place ses élèves en al-ternance dans des PMI qui n’auraient jamais pensé intégrer le design dans leur activité. Depuis que nous avons ouvert ce centre de formation, spécialisé dans le design de produits, le design d’espace et la construc-tion bois, nous comptons cette année plus de 600 étudiants et apprentis.

Vous a-t-on reproché de concurrencer les bureaux de design professionnels ? Comme pour les junior-entreprises des grandes écoles, ce n’est plus un sujet polé-mique. Nous avons de nombreux exemples d’agences créées à partir d’une relation économique initiée ici, par ou pour des entreprises qui n’avaient jamais pensé au design. Nous commençons d’ailleurs à avoir

pour clients des agences de design qui nous font débroussailler le terrain. Des agences qui accueillent également nos étudiants en stage.

En quoi le design a-t-il changé d’image pour les entreprises ?On s’oriente vers la reconnaissance du design comme discipline de management. Le designer est capable de fédérer, de mettre autour de la table des métiers très différents, ingénieurs et sociologues par exemple, tech-niciens, graphistes, commerciaux… Ce n’est plus tant un technicien qu’un animateur au service du développement de projets.

C’est déjà le cas lors des études à l’École de design ? Entre philo et sociologie, ergonomie, anthropologie, technologie, physique, mathématiques, matériaux, plasturgie, arts appliqués… nous sommes dans la transversa-lité en permanence, c’est passionnant.

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1988 Formation en 4 ans de designer industriel

1996 Passage du diplôme de 4 à 5 ans d’études

1997 Homologation du diplôme de niveau II

1999 Formation continue en multimédia Membre du réseau international Cumulus

2000 Filière Hypermédia en 2 ans 2002 BTS Assistant en Création Industrielle en apprentissage Option design hypermédia en 5 ans Ouverture d’une classe internationale - 11 étudiants étrangers Reconnaissance par l’État Visa du diplôme par le Ministère de l’Enseignement Supérieur

2005 Double diplôme avec l’IAE BTS design d’espace Mastère Management, Design et Création avec Audencia Mastère Technologie du Bois et Éco-conception avec l’École Supérieure du Bois

2006 CFA Création et Innovation Industrielle BTS Systèmes Constructifs Bois Habitat 2007 Option design d’espace en 5 ans 26 modules de formation continue design 2008 Double diplôme avec l’ENSAM 2 Licences pro en partenariat avec l’Université de Nantes : (Édition Jeunesse Multisupports / Design, Matériaux et Modélisation)

2009 Option design graphique en 5 ans Mise en place de 6 options majeures en années 4 et 5

UN PANEL DE FORmAtIONS tOUjOURS PLUS LARgEproduit / hypermédia / espace /construction bois...

1988 - 2008 : DE 25 à 630 ÉtUDIANtS, mAIS IL NOUS REStE tANt à bÂtIR...

50 permanents

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Locaux ICAM Campus de la ChantrerieRue Lamoricière Agrandissement

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DirecteursPrésidents

Ils ont dirigé l’École de design

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0 7mateurs, Jacques Viénot, auquel j’ai consacré un livre paru aux Presses Universitaires de Rennes en 2006 et un article dans la revue américaine Design Issues. J’avais également eu l’occasion en 2002 de travailler à un chapitre sur le design pour les éditions Autre-ment (« 1950-2000, Arts contemporains »).

De la rue Lamoricière au campus de la ChantrerieEn 1992, Agnès Levitte qui était alors direc-trice, m’a proposé de prendre la responsabilité de l’encadrement pédagogique, fonction que j’assure toujours en tant que directrice des études parallèlement à l’enseignement. Et puis nous sommes passés de la rue Lamo-ricière à des locaux situés sur le campus de l’ICAM en 1992/93. Je me souviens d’une période de travail intense dans des conditions parfois difficiles, pour défendre la pertinence et le sérieux d’un enseignement supérieur en design industriel auprès des entreprises et pour être à la hauteur des enjeux attendus par la Chambre de Commerce et d’Indus-trie de Nantes, qui avait repris la gestion de l’école au début des années 90. À partir de 1996, Jean-Patrick Péché qui dirigeait l’agence Dia Design, a pris la coordination de l’enseignement du projet en remplace-ment de Stéphane Gouret, travaillant avec toute l’équipe des designers-enseignants, dont Jean-Yves Chevalier, Jean-Yves Guillet, David Balkwill, Anne Delfaut et Nicole Garo qui étaient déjà avec nous rue Lamoricière, ainsi qu’avec Jean-Luc Barassard, responsable des partenariats entreprise. L’année 1998 a été une année charnière. Ce fut l’arrivée de Christian Guellerin à la direction et notre troisième déménagement dans la nouvelle école de la Chantrerie. La dynamique insufflée par Christian nous a donné des ailes… Pour ma part, c’est cette dynamique qui m’a aidée à mener de front mon travail de directrice des études et mes recherches historiques.

Notre projet d’école était bien dans l’air du temps…La création de l’ENSCI (École Nationale Supérieure de Création Industrielle fondée en 1982), la création par Danielle Quarante d’une formation d’ingénieur-designer à l’Université Technologique de Compiègne, puis d’un DESS en design industriel/conception de produits dans ces mêmes années, étaient les signes d’une évolution affirmant la nécessité de dé-velopper les formations supérieures en design.

Enseigner le projet de designMa première lecture sur le design a été celle du livre d’un designer américain, Victor Papanek (« Design pour un monde réel », 1974 pour la parution française et 1970 pour la 1ère

Jocelyne LE BOEUFDirectrice des études depuis 1992

D’une école d’arts plastiques à une école de designJ’ai participé au projet de l’École de design depuis sa création en 1988. J’enseignais depuis plusieurs années l’histoire de l’art à l’École d’Arts plastiques des Pays de La loire, structure fondatrice de l’école actuelle. La directrice, Marianne Guyot de Nouël et son assistante Danielle Roussel, avaient déjà mis en place des classes préparatoires au concours de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. L’idée de créer une école de design a commencé à germer en 1987. Celle-ci s’est concrétisée avec l’arrivée de Paul Schmitt, qui venait des établissements Le Creuset où il avait contribué à défendre la valeur stratégique du design pour les entreprises. Il était l’auteur d’un programme, qui avait été présenté au Ministère de l’Industrie en 1987, sur la promotion du design auprès des acteurs économiques et politiques (dans le cadre de la création de Pôles de Promotion du design apparus dans ces années 1980). Devenu pré-sident de l’Association à l’origine de l’école, Paul Schmitt a été très actif pour défendre ce projet d’une orientation de notre formation vers le design industriel.

Do you speak good design ?Le mot design commençait à devenir à la mode, à tel point que pour beaucoup de personnes, le design industriel, apparut en fait au XIXe siècle, était né dans les années 1980. Je me souviens d’un article de la revue « Design Packaging », dans un numéro de 1989, qui s’intitulait « Do you speak good design ? » (titre repris beaucoup plus tard pour l’intitulé de notre revue d’école) avec une photo de Philippe Starck qui apparaissait dans un coin de sa « Psyché en tôle d’acier », avec sa casquette, ses lunettes noires et la main posée sur le menton…Starck a le mérite de faire parler du design français dans le monde entier, disaient certains. Mais pour d’autres, celui-ci trahissait le « vrai » métier, l’ « emballage » du discours masquant la réalité des pratiques profession-nelles. Le presse-citron Juicy Salif, conçu pour la firme italienne Alessi en 1988, symbolisait de fait un « design » s’appuyant sur l’aura culturelle conférée à un objet du quotidien par un designer qui aime raconter de belles histoires. Pas besoin que l’objet soit vraiment fonctionnel pour une stratégie de marché basée sur la communication. Il est symptoma-tique que le chapitre consacré à son ancienne collaboratrice, Matali Crasset, dans le catalo-gue « Moins et Plus » du Centre national des arts plastiques, soit intitulé « Communiquer

plus, dessiner moins » (2002). Évidemment on était loin du métier présenté dans le Plein Ouest (N° 36 de 1986) qui présentait le design dans la conception des chariots-élévateurs chez Manitou… Roger Tallon, qui a commen-cé une carrière de designer industriel dans les années 1950, s’insurgeait contre le fait qu’on parle toujours aussi mal du design en France. « Les médias abusent le public (…) On fait l’apologie de meubles qui ne se vendent pas (…) », disait-il (Revue Stratégies, n° 713, 24 sept. 1990). Ces articles font remonter à la surface mes recherches de l’époque pour tenter de comprendre le contenu pédagogi-que à construire…

De l’histoire de l’art à l’histoire du design industrielMa première mission dans cette transition entre les arts appliqués et le design industriel a été de créer un cours d’histoire du design qui m’a fait découvrir un terrain de recherche passionnant. Je me souviens d’avoir été plutôt studieuse pendant les vacances d’été !Ce que j’ai appris sur le design, à la fois sur le terrain de l’école, par la rencontre avec des professionnels et en étudiant l’histoire du design, m’a amenée à un travail spécifique de recherche universitaire sur le mouvement de l’Esthétique industrielle en France et plus particulièrement sur un de ses grands ani-

portraitshistoires croisées

UNE bELLE hIStOIRE, UNE DYNAmIQUE OUVERtE SUR LE FUtUR

Remerciements :Retracer un parcours de 20 ans serait trop long dans le cadre de ce petit article et je renvoie les lecteurs à la chronologie présentée dans la revue. En y pensant, je tiens à remercier les institutions qui nous ont soutenus, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Nantes sans laquelle nous n’existerions pas, La Région, la Métropole, le Conseil Général qui ont permis notre installation à la Chantrerie dans un bâtiment conçu pour l’école et ont rejoint à maintes reprises nos actions de valorisation du design. Je pense aussi avec reconnaissance au soutien et à l’engagement de nos présidents Paul Schmitt, Denis Batard, Jean-Pierre Cahingt, Yann Rolland, à tant d’enseignants d’autres écoles de design, à tant de designers professionnels qui nous ont aidés, souvent sans compter leur temps, à tant d’entreprises qui nous ont fait confiance. Je n’oublie pas non plus l’investissement précieux des pionnières du secrétariat, Roselyne Quesne qui est maintenant en retraite, Yvette Demoulin toujours fidèle au poste et toujours aussi rigoureuse dans ses missions, Agnès Le Provost, mon indispensable collaboratrice qui dirige maintenant le secrétariat pédago-gique, Christian Mouraud responsable de l’atelier maquette et qui a connu l’aventure de la rue Lamoricière… Jocelyne Le Boeuf

édition). J’étais alors étudiante en histoire de l’art et je n’avais du design qu’une très vague idée, celle en fait qui correspondait aux lieux communs des médias. J’avais ensuite oublié ce livre qui n’entrait pas dans notre programme… Je m’en suis souvenue lorsque la décision a été prise de quitter les arts appliqués pour aller vers le design… Le pamphlet de Victor Papanek à l’encontre d’un design « marketing » est caractéristique de l’effervescence critique des années 70. J’entrais dans le design par la porte de l’idéa-lisme moderne qui défend le designer comme un créateur responsable, « soucieux des vrais besoins de l’humanité ». Le livre de Brigitte Borja de Mozota («Design et Management, éd. d’organisation, 2001 – 1ère parution en 1990») m’a fait découvrir la facette entreprise et design management. Je comprenais mieux comment articuler toutes ces questions avec l’ouvrage de Jocelyn de Noblet («Design, Le Geste et le Compas», Somogy 1988) grâce à l’éclairage de l’histoire. Une date impor-tante a été aussi celle de ma rencontre avec Alain Findeli à Montréal en 1998. J’étais allée à Montréal pour un bilan pédagogique, suite à nos premiers échanges d’étudiants avec une université étrangère, mis en place en 1994. Je connaissais un peu le travail d’Alain en tant qu’enseignant chercheur, son charisme, à travers ses écrits et les témoignages admiratifs de nos étudiants. Mais les liens qui se sont établis à partir de cette rencontre m’ont introduite aux recher-ches internationales en design, dont nous étions encore loin en France. Ses écrits impré-gnés des questions éthiques, ainsi que ceux de Jean-Pierre Boutinet sur l’anthropologie du projet (directeur de l’Institut de sociologie et psychologie appliquées à l’Université catholique d’Angers et membre de notre conseil scientifique), auquel il m’avait adressée, ont été une source féconde d’enseignement pour penser le projet.

Les écrits théoriques et historiques d’un côté, le terrain des réalités professionnelles de l’autre, celui de l’enseignement au milieu… Depuis 20 ans, on parle moins du design que des métiers du design… Une étape importan-te a aussi été celle de la création d’une option hypermédia pilotée par Frédéric Degouzon avec lequel j’ai travaillé pour une intégration des programmes dans la formation en 5 ans. L’histoire a continué avec l’ouverture de trois BTS au sein d’un Centre de formation en apprentissage dirigé par Stéphane Gouret, l’intégration d’une option espace cette année et la perspective d’ouvrir une option de graphisme en 2009, la création d’une licence pro en partenariat avec l’IUT dont la maîtrise d’œuvre revient à Stéphane, l’ouverture d’une école en Chine, la mise en place de doubles diplômes avec l’IAE et l’ENSAM, le dévelop-pement de nouveaux programmes en années 4 et 5, la création d’un centre d’études pros-pectives, le développement de la Recherche… Au-delà des évolutions qu’il faut comprendre et anticiper, l’essentiel est cette conviction portée par l’ensemble de l’équipe, former des futurs designers, conscients de leur responsa-bilité économique, sociale et environnemen-tale au sein des entreprises et des services, capables de défendre des propositions novatrices et un positionnement éthique au service des humains.

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Dominique VITALProfesseur de dessin-couleur

Les techniques d’apprentissage du dessin ont encore de beaux jours

« J’aime dessiner, j’aime le dessin », il est à la fois technique et sensible, il matérialise, il est capable d’ouvrir un champ d’expérimentations personnelles, de révéler ce qui doit émerger ; il est le lien entre la pensée et sa formalisation, il offre toutes les possibilités d’aller retour entre soi et le monde, les autres ; il noue et dénoue des codes et des signes dans l’espace pour construire l’échafaudage d’une conception.La maîtrise du dessin n’est pas dans le savoir-faire du « beau dessin », elle est dans la cohérence d’un ensemble de codes où tout participe à communiquer sa pensée. Un bon dessin et un mot juste, voilà de quoi définir la base d’une communica-tion de projet, mais ça se nourrit de bien d’autres choses encore et la technique du dessin est indissociable de l’ensemble des approches plastiques et des techniques enseignées à l’École de design, il n’y a pas de technique isolée. La grande machine de la création doit s’animer de tous ses rouages. Cela fait de nombreuses années que j’enseigne à l’école : le dessin, le rough et les bases de la couleur... Ces techniques, essentielles et incontournables, ont encore de beaux jours devant elles, je le crois... Et je n’ai pas fini de scander : « Un regard rigoureux, une main libre », « L’ombre révèle la lumière », « Gardez une vision globale », « Appliquez les conventions graphiques », « Travaillez en plein et délié », « Plissez les yeux pour accentuer les contrastes », … au risque de radoter !

Jean-Yves CHEVALIERResponsable pédagogique, designer

Prof...essionnel et prof...esseur« Vingt ans déjà que l’on m’a proposé, je ne sais plus par quel hasard, de faire partie du Conseil d’Administration de la nouvel-lement créée École de design à Nantes. Plus par curiosité que par

intérêt, j’ai accepté. À l’époque je ne connaissais pas cet établis-sement mais j’étais « titillé » par le projet. Au bout d’un quart d’heure de session au Conseil, lorsque la directrice a demandé si quelqu’un connaissait une per-sonne susceptible de reprendre le cours de design, je me suis montré du doigt, ce qui excluait ma participation au Conseil d’Ad-ministration. Deux bonnes idées

en une : gagnant-gagnant !Donc me voilà « prof » de design depuis vingt ans : attitude logi-que puisque mon ancien maître en Allemagne me l’avait conseillé et mon père, qui s’y connaissait, formellement interdit... »

Paul SCHMITTPremier Président de l’École de design des Pays de la Loire(1988-1993)

Une école en correspondance avec l’économie du futur et les impératifs du présent

Ne nous retournons pas trop sur le passé : en transformant une École de Beaux Arts aussi sympathique que traditionnelle en École de design en 1988, je répondais peut-être aux tendances cachées des élèves mais surtout à ma réussite industrielle grâce au design balbu-tiant de l’époque 1970-1980.Bien sûr je me heurtais à la totale incompréhension des corps consti-tués du lieu, à l’exception de la Chambre de Commerce de Nantes. Le «design», du parisianisme !...Pourquoi pas un mot Français com-me le «style» ou le «créativisme» (tout droit sorti du Ministère de la Culture) par exemple ?

Revenons à aujourd’hui : l’École a réellement trouvé le cadre, le niveau et le fondement même du design en correspondance avec l’économie du futur sans rompre avec les impératifs du présent.

Je voudrais souligner les dangers à éviter pour l’avenir : - la tendance à «starifier» le rôle du designer. Par exemple Starck qui prône la disparition du designer car lui-même ne fait pas du design, mais du Stark ; et d’autres «vedettes» sui-vent aussi cette voie rémunératrice.- l’autre tendance, aussi destruc-trice, consiste à créer des objets ou des meubles baptisés design «en édition limitée», à des prix élevés. Pour moi tout cela est de «l’anti-design» et de la récupération financière.

Le design tel que le cultive l’École de design de Nantes doit s’ancrer dans la vie quotidienne d’aujourd’hui.

Dans mes entreprises j’ai eu le bonheur de faire travailler Raymond Loewy, J-L Barrault, Pierre Paulin ou Enzo Mari. Ce dernier, à qui je demandais quel avenir il souhaitait pour la cocotte en fonte qu’il avait dessinée me répondit : «J’aimerais, pendant 20 ans, retrouver ma créa-tion dans la cuisine de mes enfants et petits enfants. Puis après, j’en dessinerai une autre pour un nou-veau concept de cuisine...».

C’est le seul message que je puisse utilement transmettre.

Stéphane GOURETDirecteur du CFA et responsable de l’Année 1

Un designer pédagogique« J’ai rejoint l’école en 1993 en tant que responsable pédagogique des enseignements professionnels… J’avais 27 ans ! Tout jeune diplômé de l’ENSAAMA, j’avais pourtant alors 5 ans d’ex-périence professionnelle derrière moi, ayant inventé avant l’heure une formation en design par alternance en suivant ma forma-tion tout en travaillant chez In-terDesign, une agence parisienne. Cette expérience m’aura été utile lorsque je me suis trouvé à enseigner à des étudiants à peine plus jeune que moi et à encadrer des designers professionnels qui

avaient un parcours déjà bien rempli…L’école venait d’intégrer les locaux de l’ICAM, nous étions 6 permanents et il y avait une soixantaine d’étudiants en tout et pour tout. Le design n’était pas encore pleinement reconnu com-me il l’est aujourd’hui en France, nous devions encore prouver et démontrer le bien fondé de ce métier auprès des entreprises comme des institutions.j’ai eu la chance à l’école de pouvoir contribuer à un projet ouvert, évolutif et d’avoir dirigé plusieurs projets importants pour l’école : en 2001, création d’une première année dite “préparatoire” à la demande de Jocelyne Le Boeuf ; en 2002,

ouverture du premier btS Design en apprentissage en France ; en 2005, ouverture de la première section de design d’espace à l’école ; en 2006, création du CFA, le premier du genre en France, dédié aux métiers de la création et de l’innovation industrielle, grâce au choix ambitieux du Conseil Régional des Pays de la Loire de soutenir une politique économi-que tournée vers l’innovation ; en septembre 2008, ouverture de deux licences profes-sionnelles en partenariat avec l’Université de Nantes.L’école reste un creuset de créati-vité formidable et je suis certain de ne pas en avoir épuisé toutes les possibilités de création. J’y suis avant tout comme designer… »

Frédéric DEGOUZONResponsable du département recherche, ancien responsable des formations hypermédia

hypermédia, ou comment la culture numérique est entrée à l’école…« Je me souviens très bien de ce défi un peu fou lancé par Chris-tian Guellerin en octobre 2000 : créer de toutes pièces une filière nouvelle, exploitant les possibilités offertes par la technologie numérique, dans un établissement dont la lé-gitimité s’était construite autour du produit industriel. Nous étions dans ce qui n’était pas encore une bulle, dans une efferves-

cence nouvelle autour des usages à imaginer de cette grande in-terconnexion planétaire appelée Internet, ouverte au grand public quelques années auparavant. J’ai eu la chance d’avoir pu m’entou-rer d’une équipe de jeunes gens qui s’est constituée très vite : moins de 3 mois ! Malgré des parcours différents, nous parta-gions tous la même conviction intime que la technologie numé-rique allait bouleverser tout notre environnement matériel, social et culturel. Je pense aujourd’hui, malgré la dépression des années suivant l’éclatement de la « bulle Internet », malgré les erreurs et les naïvetés qui ont pu nous ani-mer parfois, que nous avions sans doute tout de même raison !En 2002, après deux promotions

pionnières, « hypermédia » est devenue une option d’un cycle de 5 ans, aux côtés du produit, grâce à l’intelligence de J. Le Bœuf et à la confiance de C. Guellerin. L’option a grandi en exigence, en maturité et en assurance, en posant la question du lien entre interface et service, hardware et software, objet tangible et sys-tème logique. La question de la légitimité du design d’in-teractivité ne se pose guère plus, mais les « hommes en noir » qui se réunissaient de façon presque secrète sont toujours là pour accompagner les étudiants et interroger leurs pratiques, dans un monde toujours plus investi par la technologie. »

Anne DELFAUTgraphiste

La proximité et l’écoute de chaque étudiant

Par paliers, l’école s’est métamorphosée... tout comme mes cours de typographie et de design graphique. Nous n’avons pas eu le loisir de ronronner !L’École de design rue Lamoricière, c’était l’esprit atelier, beaux arts.Dans une cour intérieure, les salles s’ouvraient sur un puits de lumière. Une ambiance à l’italienne ! Dans certains espaces de cours, des bassines recueillaient les fuites d’eau du toit ; d’autres salles se situaient dans un ancien appartement. Nous travaillions sur des tréteaux devant la cheminée en marbre. Les cours étaient alors très intimistes : 5 étudiants en dernière année ! Mon fléau de cette période était l’absentéisme, le design graphique était pour les étudiants sans lien avec le design produit… jusqu’à ce qu’ils s’aperçoivent de la part impor-tante de graphisme dans leur premier travail professionnel.Dans les locaux de l’Icam, le parfum de l’ingénieur.Ce ne fut pas un passage agréable, nous avons perdu la notion de famille, l’école a commencé à grandir et il a fallu mettre de la discipline parmi les étudiants (…) L’École a fait ses premiers échanges, ses premiers partenariats. Ce lieu a toujours été compris comme un strapontin.Le grand départ : l’entrée dans « nos locaux », sur le campus de la Chantrerie. Nous nous sommes retrouvés chez nous, la communauté s’est recréée. Malgré une promotion aujourd’hui de 150 étudiants en 1ère année, je pense avoir gardé la proximité et l’écoute de chaque étudiant et c’est chaque année un grand bonheur de voir toutes ces individualités s’ouvrir, s’épanouir et s’affirmer dans leur choix.

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11LA SEM RÉGIONALE DES PAYS DE LA LOIRENathalie Posier, Conseillère en design

L’école participe vraiment au développement d’une culture design en région et hors région« Sans la présence de l’école et son dynamis-me, mis en œuvre par les conférences, mani-festations, trophées, le message ne serait pas autant passé vers les entreprises. En créant toutes ces opportunités de stages pour ses étudiants, l’école est exemplaire : cette stra-tégie montre aux PME la valeur ajoutée et le facteur d’innovation octroyés par le design. Ça participe vraiment au développement d’une culture design en région mais aussi hors région. L’enjeu est d’ancrer nos jeunes talents sur nos territoires, tout en offrant des plus de différenciation, d’innovation aux entreprises vis à vis de l’offre standardisée des pays émergents. »

LE PÔLE ENFANT, CholetSamuel Leblond, Ex-chef de projet du Pôle de compétitivité Enfant

L’école a un rôle d’accélérateur« Avec la CCI, j’avais déjà travaillé avec l’École de design sur des vêtements profes-sionnels « intelligents ». Quant à l’univers de l’enfant, ça intéresse toujours les étudiants... Nous avons aussi cogité sur les Trophées du design, cette année élargis grâce au

réseau international Cumulus présidé par le directeur de l’école nantaise. Pour nous, dans un marché mondialisé où nous gardons en amont la valeur ajoutée — créativité et donc design, distribution et relation avec le client—, la production étant en aval, nous devons capitaliser nos éléments différen-ciants : culture, histoire, place accordée à l’enfant… Quel a été l’apport de l’École de design ? Bien sûr, les créateurs de mode ne l’ont pas attendu pour se lancer, et je ne suis pas sûr que l’École de design puisse apporter du conseil pertinent dans le stylisme, qui n’est pas son cœur de métier. Mais dans l’appro-che globale, le vêtement dans ses univers, ses espaces commerciaux, les boutiques, là, l’école a un rôle d’accélérateur. Et on n’en est qu’au tout début ! »

RADIS ET CAPUCINE, trélazéjean Sébastien griffaton, Directeur

grâce aux rencontres et réseaux de l’école, nous avons intégré deux pôles de compétitivité « Recevoir un Trophée du design en 2006 a été pour nous une surprise. J’avais déjà ac-cueilli des stagiaires de l’École de design et j’imagine que mon catalogue a dû circuler au sein de l’établissement. Nous faisions déjà du design sans le savoir en créant des formes, des emballages pour nos kits de plantation à base de graines, mais qu’une

« Cette cérémonie était l’occasion de renou-veler le soutien témoigné par les institutions au design, à la création et à l’innovation. L’installation sur le site d’Atlanpole la Chan-trerie a été particulièrement déterminante dans le développement de l’école. Cela a contribué à lui donner de nouveaux moyens, une nouvelle vitrine mais surtout à montrer à quel point le design était devenu une disci-pline reconnue telles les disciplines techno-logiques des prestigieuses écoles d’ingénieurs installées sur le site.Depuis 10 ans, l’École de design travaille avec de nombreuses écoles d’ingénieurs et de management en France et à l’étranger. Le design a cessé d’être « déviant » pour être pleinement intégré au cursus de tous les éta-blissements d’enseignement supérieur les plus prestigieux. L’École de design Nantes Atlan-tique s’est fait une place de choix parmi les écoles du Grand Ouest. Elle est l’une des deux écoles en France membres de la prestigieuse « Conférence des Grandes Écoles ».L’école contribue à faire rayonner la Région

et la Métropole en France et de plus en plus à l’international. Peu de régions possèdent une « école de design » qui participe au dévelop-pement des acteurs économiques installés sur le territoire. Peu d’écoles de design possèdent un réseau international de près de 150 éta-blissements dont les plus prestigieuses institu-tions en Europe, aux Etats-Unis ou en Asie.L’avenir de l’École de design est international. Notre tâche est duale. Le succès du projet de bâtir un phare de la création dans l’Ouest repose sur deux compétences : la capacité à attirer à Nantes des étudiants du monde en-tier, et celle de diffuser une culture française, et si singulière, de la création. Il s’agit de proposer des approches nouvelles et différen-tes au moment où la globalisation tend à la standardisation économique et culturelle.Tous les acteurs du territoire sont conscients de ces enjeux. Il convient de les remercier du soutien fidèle qu’ils apportent à l’École de design. »Christian guellerin, Directeur général de l’École de design

UNE ÉCOLE RECONNUE PAR LES PROFESSIONNELS Et LES INStItUtIONS

réseauxau coeur de l’économie régionale

Le 15 juin 2006, jacques Auxiette, Président de la Région des Pays de la Loire, Patrick maréchal, Président du Conseil général de Loire Atlantique, jean-marc Ayrault, Président de Nantes métropole, jean-François gendron, Président de la CCI de Nantes, inauguraient l’extension de l’École de design Nantes Atlantique implantée sur le site de la Chantrerie depuis 1998. Invités par Yann Rolland, Président de l’école, ils laissaient le soin à Yrjo Sotaama - Recteur de l’Université d’helsinki et Past-président du réseau international Cumulus - de couper le cordon inaugural.

école réputée remarque notre travail, c’était valorisant, même s’il n’y a pas eu à proprement parler d’impact grand public. L’attribution du trophée nous a donné une petite visibilité médiatique. Ensuite, un de nos produits, le pistolet à graines, a parti-cipé à l’exposition «Observatoire du design» à La Vilette avant de circuler dans le monde entier. Le prix a confirmé notre démarche d’entreprise vis à vis du design, et nous a amené à la 3D en déterminant notre besoin en logiciels. Par les rencontres et réseaux ouverts à cette occasion, nous avons intégré deux pôles de compétitité, le pôle enfant à Cholet et Végépolis à Angers. Depuis 2006, Radis et Capucine est identifiée comme entreprise innovante et nous recevons des propositions spontanées d’inventions, de développement.»

EVOLIS, beaucouzéYves Liatard, Directeur développement

L’école nous a permis de valoriser notre différence« En créant notre société d’imprimante pour cartes plastiques il y a huit ans et demi, nous nous sommes appuyé sur le design produit. Avant, nos concurrents réalisaient des imprimantes cubiques, sans couleurs. Nous avons d’ailleurs réveillé la concurren-ce… Le Trophée du design décroché en 2007 est un aboutissement de cette stratégie, c’est surtout une reconnaissance — pour la France essentiellement — de la qualité de la démarche et de l’efficacité du beau travail accompli. Cela permet de communiquer sur nous à travers des axes différents de nos circuits commerciaux. »

« Nous pouvons être fiers du travail accompli »Née d’une initiative privée, l’École de design des Pays de la Loire a très tôt été soutenue par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Nantes, en 1992. Chefs d’entreprises, nous savions combien le design, la création et l’innovation, dès lors qu’ils sont appliqués aux produits, aux emballa-ges, à tout ce que nous fabriquons et vendons, étaient déterminants pour oeuvrer au développement et à la pérennité de nos entreprises.20 ans après, la « globalisation », l’internationalisation des marchés, la concurrence avec les pays émergents rendent la pertinence du design encore plus patente. Le design est devenu une option stratégique pour les entreprises qui doivent être de plus en plus adap-tables aux évolutions sociologiques, technologiques et économiques.L’École de design est devenue « Nantes Atlantique » il y a dix ans et le soutien des CCI Nantes-St-Nazaire n’a jamais été pris en défaut. Cette école, membre de la Conférence des Grandes Écoles, est aujourd’hui l’un des établissements français les plus prestigieux dans son domaine. Soutenue fortement par Nantes Métropole, le Département de Loire-Atlantique et la Région des Pays de la Loire, elle est un atout-maître de la reconnaissance des capacités d’innova-tion des entreprises de notre territoire.En tant que CCI Nantes-St Nazaire, nous pouvons être fiers du travail que nous avons accompli aux côtés de l’École de design. Nous lui souhaitons de continuer à rayonner.

jean-François gendron, Président de la CCI de Nantes

Les échanges internationaux• 40 partenariats parmi les écoles du réseau international Cumulus.• 20 partenariats hors réseau Cumulus.• En 2008-2009 : 66 étudiants de 4e année par-tiront en séjour d’études ou en stage à l’étranger, dans 19 pays différents.• En 2008-2009 : nous accueillerons 50 étudiants étrangers, issus d’écoles de design des 4 coins du monde : Italie, Espagne, Corée, Mexique, Israël, Tchéquie, Hongrie, Pays Bas, Norvège, Lituanie, Allemagne, Estonie, Canada.

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13StAgES : L’EmbARRAS DU ChOIx

maud meudic, responsable du suivi des stages en entreprises

« Quelque cent trente étudiants du cursus long sont tous les ans en stage mais l’école est de plus en plus sollicitée pour placer des stagiaires.

Cette année, nous avons reçu plus de 160 offres de stages, émanant d’entreprises ou d’agences (45 % du Grand Ouest, 35 % de Paris). L’international représente 7 % des stages effectués.

À ces 160 propositions nous devons ajouter les stages prospectés et décrochés par les étudiants à leur initiative, en fonction de secteurs, de produits ou de projets qui les motivent. On s’imagine ainsi le nom-bre important de sociétés touchées chaque année par l’école et ses étudiants...

Les périodes de stage :- 2 mois en 3e année, en septem-bre/octobre, - 3 à 6 mois en 4e année, à l’étran-ger, de septembre à février,- 4 mois minimum en 5e année.Ce dernier stage est plus orienté vers la préintégration professionnelle, et une mission bien précise. Sou-vent, l’objectif des entreprises est dès le départ de recruter leur futur collaborateur : en septembre 2007, 50 % de ces stagiaires en fin d’étu-des sont d’ailleurs restés en poste, en CDD ou en CDI... Signe que leur présence a objectivé le besoin de leur poste et la légitimité de la démarche design.

Comment rémunérer un stagiaire ?Au minimum 30 % du smic pour les stages de plus de trois mois. Les grosses entreprises indemnisent plus correctement, autour du smic, notamment pour les 5e années.

Des journées de recrutement L’école convie des sociétés parte-naires pour des recrutements de stagiaires à Paris ou à Nantes. Ce jour-là, portfolios, books, CV et discours motivés sont de sortie. Mais les étudiants sont tellement sol-licités, qu’il faut aussi que l’entreprise les intéresse, avec une mission bien définie. Dans la filière hypermédia notamment, les étudiants sélection-nent vraiment leurs stages.»

DÉCATHLON, LillePhilippe Vahé, advanced design manager

Nous apprécions les valeurs de l’école, ses savoir-faire et ses savoir-être.« Décathlon vient chaque année recruter des stagiaires à Nantes (4). Nous apprécions les valeurs de l’école, ses savoir-faire bien sûr, mais aussi ses savoir-être. Au-delà du design, les étudiants touchent à la technologie, au marketing. Ce qui donne un état d’esprit plus humble que ce que j’ai remarqué dans les écoles de design de capitales, Paris, Londres… Les Nantais finissent par aimer l’entreprise, par en avoir envie. Cette modestie est aussi importante vis à vis des autres acteurs de la chaîne, après la création, qui doivent accepter le designer. Il faut créer de l’empathie. C’est moins du savoir-faire que de l’attitude, une qualité importante pour les designers en entreprises. Quand on fait du design d’objet, on ne dessine pas ce qu’on aime, mais ce qui entre dans les territoires d’une marque. Dans 95 % des cas, ce n’est pas pour ouvrir de nouveaux concepts, mais bien pour raffraîchir, redynamiser l’offre, de chaussures ou de vélos dans notre cas. Ce sont des objets qui communiquent, ce qui demande toute une analyse... il ne s’agit pas seulement de refaire du style. Quand je regarde les port-folios, je m’attache à ceux qui savent créer de la séduction sur les produits standards, de grande consommation. »

AGENCE MALHERBE, ParisCyril Ayroles, responsable retail

De bons designers industriels avec des acquis solides« Chez Malherbe, nous ne faisons que de l’architecture intérieure, mais nous avons besoin de designers qui apportent des réponses graphiques, d’objet, d’espace, à la croisée des questions de volume et d’échelle. J’ai déjà recruté une demi-douzaine de diplômés de l’école de Nantes car ce sont de bons designers industriels, avec des acquis solides. Ils maîtrisent bien les outils de rendu, (Illustrator, Photoshop) et sont très vite opérationnels. Ils sont plutôt sensibles à la forme, très réactifs dans les réponses créatives. »

INSERSION PROFESSIONNELLE,UN bON tAUx DE PLACEmENt

MANITOU, Ancenisthierry Lehman, designer intégré (1)

Pédagogie auprès des PmE« Séminaires, conférences, évenements…, la communication de l’école me paraît pertinente pour persuader de l’apport du design pour vendre mieux en développant mieux. Ces initiatives jouent bien leur rôle de pédagogie auprès des PME du Grand Ouest. Il s’agit toujours au début de « cas-ser » l’image du designer artiste, ou même styliste. Les actions de l’école permettent de faire passer le fait que le design intègre des critères d’ergonomie, de faisabilité, de coût, d’innovation, de concept, et de style...»

BEL’M, machecoulAnthony Durand, designer intégré (2)

Convaincre les commerciauxQuand vous avez été recruté, que représentait le design pour l’entreprise ? Pas grand chose, sauf pour le PDG Yann Rolland, déjà convaincu du bien fondé du design. Il faisait partie de mon jury de diplôme, à l’issue duquel il m’a aussitôt proposé d’intégrer cette entreprise de 150 salariés ! La première année, j’ai surtout fait de la pédagogie pour dire à quoi servait le design. Puis, avec les premiers produits plus contemporains, il a fallu convaincre les commerciaux. On m’a dit « C’est une porte de toilettes, ça ne marchera jamais ». Et puis, avec les chiffres qui parlent, ils ont commencé à y croire !Depuis presque 7 ans, la situation a-t-elle changé du côté des concur-rents ?Tous nos confrères, surtout des petites struc-tures, ont observé notre évolution. Ils font désormais appel à des agences de design.Quand vous avez intégré bel’m, vos camarades de promo ne vous ont pas dit que ça risquait d’être ennuyeux de concevoir des objets aussi frustres que des portes ? Je fais partie du club des designers inté-grés où l’on parle de nos entreprises, de nos expériences. Je me rends compte que d’autres, en charge de produits soit disant plus «sexy» ont moins de considération dans

leur entreprise. L’objet n’est pas forcément l’essentiel. D’autant que je pense passer du design opérationnel au design stratégique, à la réflexion sur la gamme, la typologie des produits…

HEULIEZ BUS, mauléonthierry Sauvaget, designer intégré (3)

Du stylisme au designComment avez-vous été embauché ? Mon directeur a voulu intégrer un designer, notamment pour restyler la gamme de nos véhicules. Un chantier de plus de trois ans. Avant que je ne sois recruté, en 2001, la société faisait appel ponctuellement à un designer extérieur. L’intégration a-t-elle été facile ? Il a fallu convaincre de la nécessité de passer du style au design, et donc d’intégrer la démarche le plus en amont possible, ce qui n’était pas dans la culture des métiers de la carrosserie. Au départ, on a eu du mal à me confier les architectures, qui étaient le fait des ingénieurs avec leur savoir-faire des matériaux et des ossatures. Je suis passé pour un artiste faisant des projets inex-ploitables. Ça a évolué. Le design permet maintenant de repenser le véhicule de trans-port comme un objet d’usage social dans la ville. L’innovation a été de vitrer les parties basses et hautes des véhicules pour profiter au maximum de l’ouverture sur la ville, de l’ensoleillement ou de la pluie. De nouvelles ambiances permettent de dépasser l’éclai-rage très blanc, peu feutré et peu reposant du néon.Comment trouver sa place et faire valoir le design comme élément plus déterminant que l’habillage final ? À travers les discussions au sein du club des designers intégrés, nous mesurons que nous avons tous un problème de reconnaissance de notre métier dans nos entreprises. Une question qui ne se pose pas aux ingénieurs. En fait, tant que nous n’avons pas sorti un produit où le design a eu sa place, il est difficile de lever les barrières. L’idéal, c’est la reconnaissance chiffrée sur les ventes, mais la reconnaissance verbale des clients a aussi son importance.

1

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2

Comment la profession est-elle vécue par les designers ? Quelles perspectives de carrières ? En créant le club des designers intégrés, l’École de design est au coeur de la réflexion sur le métier.

LE CLUb DES DESIgNERS INtÉgRÉS

Insertion professionnelle en chiffres (stats 2007) :• 80 % de placement à 6 mois, dont 30 à 50 % avant la sortie de l’école.• 29 % Paris-Ile de France / 18 % Pays de Loire / 43 % reste de la France / 10 % étranger.• 48 % designers intégrés / 21 % designers en agence / 31 % indépendants.• 63 % produit / 41 % graphisme / 24 % espace / 23 % packaging / 5 % hypermédia.

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FRANCE TELECOM, ParisCatherine benguigui, ingénieur Recherche & Développement

Plus de 10 ans de partenariat et d’exploration prospective« Le partenariat avec l’école a débuté en 1997, quand France Télécom a lancé son studio créatif. Nous avons appris beaucoup, et l’école aussi, je crois. Dans le partage et la collaboration, nous avons été au-delà des règles classiques du partenariat. Le premier projet était lié aux « vêtements communicants ». Nous réfléchissions sur le long terme, à dix/quinze ans, en travaillant sur l’imaginaire des utilisateurs, sur le geste comme interface et sur la notion d’« objets communicants ». C’étaient des sujets en rupture, à l’époque. Nous faisions des simu-lations du type Magicien d’Oz dans un genre d’appartement où nous étudiions les com-portements des usagers, leur parcours dans l’espace, en sollicitant leur créativité. Notre petite équipe est plutôt sciences humaines.

Les étudiants en design nous ont apporté la formalisation des objets, des rendus graphi-ques, une scénarisation des concepts. Évidemment cela nous coûte moins cher qu’une agence de design, mais c’était sur-tout une phase d’exploration prospective qui convient bien à l’école. Agences de design et projets d’étudiants sont complémentai-res. Avec les étudiants, nous apprécions la fraîcheur, la jeunesse désinhibée. Depuis huit ans, nous avons eu surtout recours à des binômes d’étudiants design produit et hy-permédia. C’est le regard qui nous intéresse, plus que le savoir-faire. Quoique je trouve les étudiants en 4ème année de plus en plus « balèzes », souvent au niveau des profes-sionnels. Aujourd’hui, cela porte ses fruits : l’Explocentre de France Telecom a embauché des designers. Nous ne désespèrons pas qu’il y ait aussi des embauches en R & D… »

CLARTÉ, LavalAlexandre bouchet, responsable R & D(Clarté : plateforme de Réalité Virtuelle au service des entreprises)

L’École de design et l’École des mines développent des méthodes de travail innovantes« À la base, c’est l’école qui nous a sollicités pour visualiser des mondes en 3D, au début de l’option hypermédia, il y a 5 ans. Les étudiants sont venus visualiser des projets sur maquette virtuelle à l’échelle 1, dans notre SASCube, un dispositif d’immersion totale dans l’environnement virtuel, premier du genre en France. Nous avons un second axe de collaboration, le projet VR4D (virtual reality for design), avec l’École de design et l’École des Mines qui va développer des mé-thodes de travail innovantes, pour concevoir en virtuel dès le départ du projet. Pour les espaces réduits (cabines de bateau, espaces de camping-cars), le designer est dedans et il évalue tout directement : mouvements, ergonomie, ressenti, ambiance, accessibilité... Nous avons comme partenaires les chantiers Aker Yards, Bénéteau pour la plaisance, ou Gruau, carrossier et aménageur de véhicules utilitaires. »

PARtENARIAtS PROSPECtIFS : PLUS DE 2000 PROjEtS ImAgINÉS PAR LES ÉtUDIANtS

ARCELOR PACKAGING, ParisCatherine jung, chef de projets

Les projets étudiés nous ont servi d’axes de communication« Nous avons sollicité l’école en fonction de nos besoins, bien identifiés. Pour montrer le potentiel de l’acier pour l‘emballage que nous fabriquons, nous avons demandé aux étudiants de travailler sur l’aérosol, la boîte de café, et des boîtes alimentaires, par exemple pour du saucisson sec ou des petits-pois. La sollicitation relève plus de la créativité et de la réflexion prospective qu’auprès d’un bureau de design à qui nous demanderions une réponse plus rapide et une vraie faisabilité industrielle. Avec l’École de design, pour ne pas polluer l’esprit, nous n’avons pas mis en avant les contraintes techniques, les lignes de fabrication, le coût. Histoire de sortir des sentiers battus. Les projets étudiés nous ont servi d’axes de communication avec des marques. »

LE CHOIX FUNÉRAIRE, Pleslin trigavouLudovic baux, directeur marketing

Nous avons recruté 5 designers issus de l’école« La collaboration avec l’école remonte à 2003. L’idée était de faire travailler de jeunes étudiants en design sur le cercueil. Ce qui nous a intéressé, c’est le regard neuf de jeunes et l’apport du design sur un produit réputé immuable et traditionnel. Nous avons laissé libre cours à leur imagination. Peu importe si ce n’était pas vraiment réalisa-ble... Le projet retenu a été présenté lors d’un salon professionnel à Paris. À l’issue de ce projet, nous avons recruté deux jeunes diplômés de l’École de design pour travailler sur les monuments funéraires, ce qui était très nouveau dans une entreprise bâtie autour du métier de marbrier et de tailleur de pierre. Aujourd’hui, l’un de ces designers est parti en Italie, l’autre en Suisse. Jusqu’ici, nous avons donc recruté cinq designers issus de l’école. »

Jean-Patrick PÉCHÉ, Directeur du designDepuis 1988, plus de 120 entreprises ont collaboré avec l’École de design dans le cadre de partenariats prospectifs, plus de 500 concepts sont produits chaque année. Notre méthodologie de projet nous permet de mener à bien des partenariats prospectifs dans des secteurs extrêmement diversifiés. à chaque fois nous menons en amont avec le partenaire un travail préparatoire qui permet de conjuguer ses attentes avec nos objectifs pédagogiques. Ensuite, notre démarche, qui se préoccupe d’abord de l’usage et du sens, produit une « forme » qui donne une vision innovante, mais souvent réaliste, à l’entreprise. C’est ainsi que l’École de design est devenue un des meilleurs « think tank » du grand Ouest !

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Sébastien Corre tPV 07

Simon joyauPaper chair

jean Christophe NaourProjet de fin d’études

Romain Eynardmonkey donkey

henri thébaultProjet de fin d’études

Patricia Dieng

jacomo

Yann ChevrierProjet de fin d’études

julien bracq Projet de fin d’études

Dorothée Kemeny

Projet de fin d’études

D. Faidy, j. Dumail Séminaire sémiologie

A. Lafontaine, A. Deshortstotem

morgan briandProjet de fin d’études

Olivier mérillon Projet de fin d’études

maxime Evrard Delta

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Les 3e annéesboutet

Nicolas Dubois

Fagor brandt

heidy ghernatiRabbit 3000

P. E. Roger, b. RongierProjet K-genda

20 ANS DE PROjEtS...

Arthur Senant Fagor brandt

Lise OrgebinSFR

julien David

Projet de fin d’études

mi-jin hong gaz de France

Olivier Worgague moulinex

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Quelques exemples de postes occupés par les diplômés : Lionel Averty, design manager, GROUPE SEB / Olivier Ribette, directeur, TRAM DESIGN ATLANTIC / Cynthia Bodin, designer produit, LEGO (Danemark) / Damien Charrier, designer produit, MAJORETTE / Fabien Grégoire, directeur, KENWOOD DESIGN CORPORATION (Tokyo) / Harold Noël, manager packaging, ESTÉE LAUDER / Alexia Perraud, designer produit, DOUDOU ET COMPAGNIE / Anne-Laure Rouault, chargée d’études design transport, SNCF / Julie Léone, technicienne design, WATERMAN / Briony Milman, designer industriel, STEELCASE INTERNATIONAL / Daisuke Sugasawa, designer produit, CHRISTOPHE PILLET / Cyril Terrien, designer produit, VEOLIA EAU / Nicolas Bataille, designer sonore, CONTINENTAL / Mikaël Queric, designer, DASSAULT SYSTÈMES / Fabien Rolland, designer junior, AKER YARDS / Coralie Raitière, manager d’équipe, L’ORÉAL PRODUITS DE LUXE INTERNATIONAL / François Vesin, chef de projet, CENT DEGRÉS...

Antoine guyotDESIGNER PRODUITDécathlon, Villeneuve d’AscqDenis Charrier et Vincent Pujos

DESIGNERS ASSOCIÉSAgence Sensipode, Nantes

basile huezDESIGNER D’ESPACE

Christian ghion Studio, Paris

thomas NicotDESIGN MANAGERRedcats (La Redoute), Roubaix

Pauline minguetDESIGNER PRODUITElium studio, Paris

Ionna Vautrin et guillaume Delvigne

DESIGNERS INDÉPENDANTSIndustreal, milan / Paris

LES DIPLÔmÉS EN POStE : à ChAQUE PERSONNALItÉ SA CARRIÈRE...

CURSUS BAC+5 EN CHINEmaud-Andréa bidet, resp. du développement en Chine

1er développement à l’international : la ChineAu-delà des échanges universitaires proposés à nos étudiants, l’école développe son rayon-nement international par la mise en place d’un programme de 2 ans en collabo-ration avec l’Université de Qingdao. À partir de 2008, ce programme accueillera une quinzaine d’étudiants issus pour moitié de notre école (Années 4 et 5) et de l’université partenaire chinoise. Il aura pour but de for-mer des designers capables de concevoir des produits destinés aux marchés chinois et de travailler en Chine. Au-delà de la préparation classique au diplôme, les étudiants auront des cours spécifiques au pays (chinois, marketing et droit chinois, stages en Chine). Le projet de l’école est très bien ac-cueilli par les professionnels chinois et français basés en Chine. Tout d’abord car nous sommes les premiers à le faire et ensuite parce que les besoins en ressources humaines dans ce domaine sont énormes. Il est aujourd’hui difficile pour une agence de design internationale basée en Chine de recruter des designers occidentaux (mauvaise connaissance de la langue, de la culture et du marché chinois).Nous croyons en ce projet car une chose est sûre : il y a des débouchés ! Le design d’espace est en plein boom : de nombreux

hôtels, magasins, usines, bureaux restent à aménager… et en design produit, tout reste à faire. Les designers chinois ont une très bonne maîtrise des outils informatiques mais l’idée de concept leur est bien souvent encore difficile à assimiler. Les designers français ont l’atout d’intégrer le projet de design dans son ensemble, de l’étude marketing à la production. La réussite en Chine de certains de nos anciens élèves nous le prouve. Au pays du « fast business », nous devons prôner le « good design » occidental !Consultez l’incontournable blog «china design» : http://chinadesign.lecolededesign.com

RECHERCHE ET DÉVELOPPE-MENT INTERNATIONALFrédéric Degouzon, resp. du service

Création d’un centre de ressourcesL’école planche sur la création du « Cumulus digital culture » au sein du réseau Cumulus auquel nous appartenons (124 écoles d’art et de design à travers le monde).Nous réfléchissons à un outil complémentaire, à la notion de plate-forme mutualisée, ou de centre de ressources des instituts de recherche en design avancé et prospectif. Il s’agit de mettre en commun les recherches en cours, les concepts autour des formes et usa-ges élaborés pour des travaux pédagogiques. Un site existe déjà regroupant les contributions de l’école et de la Domus Academy à Milan avec des connections avec toutes les écoles. www.cumulusdigitalculture.net

STRATÉGIE ENTREPRISESjean-Luc barassard, responsable du service

Notre cheval de bataille : la pro-motion du design managementPour instiller la culture du design dans des mondes économiques qui n’en ont pas encore mesuré les enjeux, l’École de design a mis en place plusieurs actions :- Les trophées du design : depuis sept ans, une vingtaine d’entreprises ont été récompensées afin de montrer que le design est bien une discipline au cœur des stratégies de l’entreprise. - La journée « Design développement » : une journée de conférences dédiée aux entreprises, aux designers et aux étudiants de 5e année (5e édition : le 21 novembre 2008).- La revue de veille : depuis deux ans, nous proposons un outil retraçant les grands faits marquants récents du design pour permettre aux entreprises d’actualiser leurs références. - 26 modules de formation continue en design ont été mis en place depuis fin 2007 : des formations de un à six jours permettant d’actualiser les compétences au sein des entreprises. « Le grand challenge du moment, c’est d’intégrer le design comme une stratégie, comme une culture d’entreprise. L’enjeu est d’intégrer au produit les usages, l’émotion que les ingénieurs ne savent pas mettre en équation ».

L’ÉCOLE DE DESIgN : tOUjOURS UNE IDÉE D’AVANCE

et demain ?l’international, des rencontres, des projets, ...

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(# 31) - jUIN 2008Édition spéciale 20 ans

LETTRE D’INFORMATION ÉDITÉE PAR :

L’École de design Nantes AtlantiqueAtlanpole La Chantrerie - Rue Christian-Pauc BP 30607 - 44306 NANTES Cedex 3Tél. : 02 51 13 50 70 - Fax. : 02 51 13 50 65www.lecolededesign.com

Directeur de la publication : Christian GUELLERINOnt participé à ce numéro : N. DE LA CASINIÈRE - E. BOURON - C. GUELLERIN - J. LE BOEUF - F. DEGOUZON - S.GOURET - JY. CHEVALIER - A. DELFAULT - D. VITAL - MA. BIDET - P. SCHMITT - N. PAPEIL - JP. PÉCHÉ.

loc notesbrèves bwww.cumulusassociation.org

CUMULUS S’ENGAGE EN SIGNANT LA DECLARATION DE KYOTO 28 Mars 2008, Kyoto

La conférence internationale Cumulus Kyoto 2008….. p2Le Design, pour un futur meilleur….. p3Programme de la conférence….. p4L association CUMULUS….. p5KYOTO DESIGN DECLARATION 2008 - Kyoto, 28 mars 2008*….. p6Contacts….. p8Les membres de Cumulus….. p9

Cumulus Association Internationale d’Universités et d’Ecoles d’Art, Design et Media

(# vendredi 11 avril 2008)

Michel ClaveauOutils du designer, méthodes de travail et de communication

(# conférence)

[ vendredi 11 avril / Salle SOTTSASS / 14h à 16h ]

Au travers de deux exemples d’études radicalement différentes, il présentera les outils du designer, les méthodes de travail et de com-munication utilisés dans les contextes propres à ces deux affaires.

Obligatoire pour les étudiants de 1ère année

Cas 1 Étude de design d’une gamme de générateurs hautes fréquences.

Cas 2 Réalisation d’un cahier de tendances pour l’horlogerie.

(# jeudi 15 mai 2008)

designers interactifs10 métiers du design numérique

(# conférence)

[ jeudi 15 mai / Amphi de l’École supérieure du bois / 18h15 ]

Cette conférence portera sur l’ouvrage « 10 métiers du design numérique » publié récemment par l’association « designers interactifs », groupement professionnel à vocation nationale, sur la définition de ces métiers.

Les métiers du design numérique sont ancrés dans un système évolutionniste. À travers leurs hybridations, découvrez un écosystème de nouveaux métiers constitués autour des services, des interfaces, et des objets connectés.

L’entrée est libre et gratuite, sur inscription.

Pour s’inscrire RDV sur le site de l’association :

www.designersinteractifs.com

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5e journée Design développement 21 novembre 2008«Design développement» est une journée d’échanges et de réflexions sur le design. Cette manifestation est destinée aux entreprises, dans le but d’éclairer les dirigeants, DRH, services R&D et marketing... sur la fonction design. Elle est organisée dans un esprit de convivialité, facilitant ainsi les rencontres entre designers, entreprises et jeunes diplômés.9 conférences sont réparties dans la journée. Plus d’infos sur :design-developpement.lecolededesign.com

Soutenances finales de diplômes 11 septembre et 16 octobre 2008Les étudiants de 5e année pré-senteront l’ensemble de leurs parcours devant un jury de profes-sionnels les 11 septembre (cursus 5 ans classique) et 16 octobre (pour ceux préparant le double diplôme avec l’IAE). Les soute-nances sont publiques, vous êtes cordialement invités à y assister.

CADI : hors sérieLe numéro hors série 2008 des cahiers de la recherche en design sort le 9 juin. Au programme, six experts témoignent sur les enjeux contemporains de leurs domaines, sur la place du design par rapport à ces préoccupations et sur leurs expériences de tuto-rat d’un étudiant en fin de cycle de l’École de design. Ont contribué à ce numéro : F. Kaplan, A. Hubert, P. Gauthier, M.T. Neuilly, B. Bachimont. Prix de vente : 5 euros. Contact : [email protected]

RécompensesArthur Senant, (5e année), a rem-porté le 2e prix du concours De Dietrich, dans la catégorie «petit électroménager». L’objectif était d’innover par le design,

dans le domaine de la cuisine. L’étudiant a proposé un produit innovant : un doseur universel.

12 étudiants de l’option hyper-média ont participé à l’épreuve «Virtual Fantasy» du salon Laval-Virtual. Ils avaient 36 h non stop pour concevoir un environnement 3D immersif et interactif sur le thème : «Imagi-ner la ville des séniors en 2030» ! Un troisième prix a été attri-bué à la «Bubblicious Team».

Blog : China-designMaud-Andréa Bidet, responsable du développement international de l’école en Chine tient depuis plus d’un an un blog de veille sur le design en Chine. Ce blog, destiné aux jeunes designers désireux de faire leurs armes en Chine, intéressera aussi ceux qui

souhaitent suivre de près l’ac-tualité design de la Chine.À consulter : articles économi-ques et marketing, témoignages de professionnels rencontrés en Chine, articles de réflexion sur le design en Chine, adresses et divers liens vers d’autres sites.Rendez-vous à cette adresse : chinadesign.lecolededesign.com

Formation continue design 26 modules de formation professionnelle autour des thé-matiques «pratiquer le design» et «manager le design» ont été mis en place depuis fin 2007.Vous souhaitez vous former ? Consultez le catalogue en ligne sur : www. lecolededesign.com >> formation continue >> programmes courts.

Déclaration de KyotoÀ l’occasion de la Conférence Internationale « Cumulus design conference Kyoto Japan 2008 », organisée par Cumulus et l’Université Kyoto Seika, l’École de design Nantes Atlantique, ainsi que les 123 autres membres du réseau Cumulus ont signé la Déclaration de Kyoto 2008. Les établissements s’engagent ainsi collégialement à partager une responsabilité globale dans la construction de sociétés durables, créatives et anthropo-centrées.

ÉchangesinternationauxIl n’y a jamais eu autant d’échanges... À la rentrée 2008, les 66 étu-diants de 4e année effectueront un semestre d’études ou un stage à l’étranger. Au total, ils fouleront les terres de 19 pays différents, dont plus de la moitié en dehors de l’Europe. Parmi ces étudiants, 8 rejoindront la Chine pour 2 ans, dans le cadre de notre nouveau programme en partenariat avec l’Université de Qingdao.En contrepartie, nous recevrons 50 étudiants étrangers sur les deux prochains semestres. La plupart intégreront la «classe internationale» (design produit) et les autres rejoindront les classes de 3e année des options hypermédia et espace.

ConférencesLes outils du designerMéthodes de travail et de communication du designer. michel Claveau

Images et sciences so-ciales : quelques usages possibles.Sylvain maresca, sociologue et professeur à l’Université de Nantes.

Présentation des 10 métiers du design numériqueLes designers interactifs

merchandisingLe merchandising au sein d’un grand groupe : le groupe l’Oréal. Mesurer l’importance de la direc-tion artistique et du design dans le milieu du luxe.Le groupe l’Oréal