Discours de Victorin Lurel au Congrès de Nouvelle-Calédonie

7/30/2019 Discours de Victorin Lurel au Congrs de Nouvelle-Caldonie

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Remerciements,

Je souhaite vous faire part en premier lieu

de lmotion et de la joie qui sont les

miennes dtre devant vous aujourdhui.

Joie dtre, enfin, en Nouvelle-Caldonie

prs de 6 mois aprs ma prise de fonction.

Cest une dcouverte forte pour moi, mme

si depuis 6 mois jai reu, Paris, les uns et

les autres. Votre pays ne mest donc pas

inconnu, mais il me manquait le principal :

venir sentir battre le cur, le pouls de la

Nouvelle-Caldonie, de ses communauts,

de ses institutions, de ses hommes et

femmes.


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Emotion, car ici sest tourne une page

douloureuse de notre histoire commune, ici,

en Nouvelle-Caldonie, nous avons vu ce

que la division avait de mortel pour les

socits, nous avons vu aussi ce quil fallait

de courage et dabngation, de part et

dautre, pour accepter de sengager

ensemble sur le chemin, long, parsem

parfois dobstacles et dembches, de la

rconciliation, de la concorde, bref, de

lespoir et du destin commun et partag.

Je veux ici rendre plus particulirement

hommage MM. Jacques LAFLEUR et Jean-

Marie TJIBAOU.


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Lun comme lautre engags dans des causes

et des combats essentiels, lun comme

lautre ddis ce quils estimaient juste,

lun comme lautre comprenant, aprs les

douloureux vnements qui ont dchir la

Nouvelle-Caldonie, quil faudrait travailler

ensemble, quil faudrait construire un

avenir commun, que rien ne se ferait de bon

sans les deux grandes communauts, que la

force et la tnacit de tous pouvaient tre

utiliss et orients pour le meilleur de la

Nouvelle-Caldonie.

Que leurs vies et leurs actes restent dans

nos mmoires, pour nous inspirer et nous

montrer la force qui peut natre de la

conjonction dtres dexception.


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Je tiens aussi saluer la mmoire de Charles

PIDJOT, disparu rcemment, et renouveler

ma sympathie envers ses proches et les

compagnons de son engagement politique.

Vous pourriez lgitimement vous

interroger : encore une visite ministrielle

ou prsidentielle, une de plus.

Vous pourriez vous demander sil ne sagit

pas encore dun rituel politique parisien :

venir, tre vu, et, au retour, dire jy tais .

Tel nest pas mon propos.


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La Nouvelle-Caldonie vient de vivre un

moment politique difficile, tendu. Je ne

sous-estime pas les tensions quil a pu

laisser crotre. Cest le jeu normal de la

dmocratie, le charme et la vigueur du

combat, livresse de la victoire, lamertume

de la dfaite.

Et aprs ?

Aprs, nous sommes toujours l, tous trois :

vous, les indpendantistes et les non-

indpendantistes de Nouvelle-Caldonie, et

nous, lEtat, engags dans le mme

processus, laccord de Nouma, engags

dans le mme navire, sur ce fleuve tantt

tumultueux, tantt calme, dont nous

connaissons la source tourmente, et dont


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nous navons pas encore invent le port de

destination, port auquel nous accosterons

ensemble.

Que de chemin parcouru ! Que dpreuves

affrontes ! Et il en reste encore, nous le

savons tous.

Dans cette priode de tension, vous avez pu

craindre que lEtat dlaissait la Nouvelle-

Caldonie, attendant, en quelques sortes,

que les choses se calment.

Il nen est rien, et il ne saurait en tre ainsi !


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Car lEtat que je reprsente devant vous

tous aujourdhui est, au mme titre que

vous, le garant des engagements pris par les

signataires historiques.

Il est acteur de ce processus et je vous le dis,

il est aussi amen tre non seulement

larbitre quidistant quand des blocages

apparaissent, mais aussi cette force

dimpulsion lorsquil faut les dpasser.

LEtat est l, et je puis vous assurer quil

mettra tout en uvre pour aider ses

partenaires caldoniens, pour les

accompagner et porter avec eux le destin de

la Nouvelle-Caldonie.


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Cest empreint de cette responsabilit que je

madresse vous aujourdhui. Laction de

lEtat sinscrit dans le respect de la lettre et

de lesprit de laccord de Nouma, sous

trois angles principaux :

Premirement, renforcer ou rtablir les

liens avec, et entre, ses partenaires

caldoniens ;

Deuximement, aider restaurer une

confiance que lapproche des chances

lectorales de 2014 pourrait menacer. Car

2014, ce nest pas une fin, cest un dbut,

louverture dune priode sensible, difficile,


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o tous, nous aurons faire preuve de

modration, dinventivit et de courage.

Troisimementenfin, appuyer la Nouvelle-

Caldonie, laccompagner dans ses projets,

lui apporter, quand cela savre ncessaire,

lexpertise de lEtat.

A ce titre, je me dois daborder la question

des transferts de comptences.

De nombreux transferts ont t mens

bien, les prsidents successifs du

Gouvernement de Nouvelle-Caldonie

savent le travail ardu, les ngociations

dlicates, les points de friction.


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Ah, les compensations ! On crirait sur le

sujet des thses, ou mme, parfois, des

mlodrames.

Mais en fin de compte, je crois pouvoir

affirmer que le travail que nous avons men

ensemble a t fructueux et bnfique pour

la Nouvelle-Caldonie. Des problmes

restent non rsolus, jy reviendrai.

Il y a aussi les transferts de comptences en

cours : laviation civile intrieure,

compter du 1er janvier 2013, le droit civil et

commercial compter du 1er juillet 2013.


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Le travail dextension du droit civil se

poursuit, Paris, conformment aux

demandes que vous avez faites. Des experts

ont t dtachs auprs du Gouvernement

de Nouvelle-Caldonie, pour accompagner

la transition.

Jai bon espoir que le travail engag sera

men bien, et cela, dans les dlais.

Il y a, enfin, les transferts de comptences

rsiduels, ceux de larticle 27 : audiovisuel,

enseignement suprieur, rgles relatives

aux collectivits locales.


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Je sais que la question se pose de savoir si

ces transferts de comptences sont

obligatoires ou facultatifs, ds lors quils

ncessitent, pour tre engags, une

demande en ce sens manant du Congrs.

Je vous le dis sans ambages, en toute

honntet : quon les considre comme

facultatifs ou obligatoires, ces transferts

forment partie du processus de laccord

de Nouma, et ne peuvent en tre dissocis.

Ils ont vocation tre mens, et lEtat sera

votre disposition lorsque vous dciderez de

vous engager dans ces transferts de

comptences.


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Je sais les craintes que certains peuvent

exprimer, relatives la faiblesse, parfois, de

laccompagnement de la Nouvelle-Caldonie

par lEtat, avant et surtout aprs les

transferts de comptence.

Cela nest pas acceptable !

Jai demand, et obtenu du Premier

Ministre, la cration dune structure

prenne charge des transferts de

comptence de la Nouvelle-Caldonie.

Cette structure, qui associera lEtat et le

Gouvernement de la Nouvelle-Caldonie,

aura trois missions :


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-Premirement, dfinir les modalits demise jour des branches du droit dj

transfres, je pense plus

particulirement au droit des

assurances, et, plus gnralement,

veiller au rglement des problmes

rencontrs une fois les comptences

transfres ;

-Deuximement, rgler les problmesposs lors de la phase de prparation

des transferts de comptences ;

-Troisimement enfin, sagissant destransferts de larticle 27, identifier les

questions susceptibles de poser des

difficults dans les domaines concerns,

de manire pouvoir les rgler au


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mieux lorsque vous dciderez de vous

engager dans ce processus

Une convention liera lEtat et la Nouvelle-

Caldonie, nous aurons loccasion den

prparer le contenu aprs le comit des

signataires.

Par ailleurs, nous avons tous, ici, prparer

ensemble la priode charnire qui

souvrira aprs les lections provinciales

de 2014.

A ce titre, lEtat continuera accompagner

ses partenaires caldoniens, sur deux

plans :


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Sagissant du premier, il vous appartiendra

de dfinir ensemble le schma stratgique

industriel de la Nouvelle-Caldonie. Fruit

dun diagnostic partag, de la confrontation

des stratgies et des priorits des acteurs

caldoniens, il devrait permettre dassurer

les retombes conomiques suffisantes

pour lensemble du pays, afin de permettre

aux gnrations futures de connatre un

dveloppement conomique satisfaisant.

Je tiens saluer ici le travail men par Mme

Anne DUTHILLEUL dans le cadre du comit

stratgique industriel. Son expertise et sa

disponibilit tmoignent de lengagement

de lEtat auprs de la Nouvelle-Caldonie.


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Je sais quil reste beaucoup faire pour

parvenir un schma stratgique industriel

consensuel, mais je ne peux que me fliciter

des conclusions constructives et

encourageantes du comit qui vient de se

tenir Nouma.

Sur le deuxime plan, lEtat, la demande

de ses partenaires, a mis en place une

mission dexpertise et dappui au comit

de pilotage relatif lavenir

institutionnel.

Cette mission, compose de MM. COURTIAL

et MELIN-SOUCREMANIEN, auxquels je


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tiens aussi rendre hommage ici, vient

dtre prolonge par la Premier Ministre.

Je ne puis que me fliciter du travail

novateur men par cette mission qui, en

prsentant diffrents schmas

institutionnels existant de par le monde,

sans prendre parti, vous donne une matire

rflexion dont je sais que, en temps voulu,

vous tirerez tous les fruits.

Je suis aussi venu vous dire que si lEtat

continuera vous accompagner dans les

domaines qui relvent de la comptence de

la Nouvelle-Caldonie, il nentend pas


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rester inactif dans les domaines qui

relvent de ses comptences.

Ainsi, la loi relative la rgulation

conomique en outre-mer, qui vient dtre

promulgue par le Prsident de la

Rpublique, prvoit que le Gouvernement

peut rglementer, par dcret, les tarifs

dune quinzaine de services bancaires

dits de base .

Jai du batailler, parfois au sein mme du

Gouvernement, pour faire aboutir cette

disposition. Que nentendait-on pas ! Nos

compatriotes ultramarins seraient de

mauvais payeurs, do des tarifs levs ; on


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menacerait lquilibre conomique des

banques ; on mettrait en pril lemploi !

Partout on ma servi ces arguments, partout

on ma fait valoir quil valait mieux sen

tenir des engagements de bonne

pratique ! Est-ce suffisant ? Certainement

pas !

Nous sommes en train de prparer un

dcret de mthode sur le sujet : le

Gouvernement privilgiera, dans un

premier temps, des ngociations ouvertes

sous lgide du reprsentant de lEtat, sur la

base dun constat et dune analyse objectifs


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faits par lIEOM, afin de parvenir un

accord de modration des tarifs bancaires.

Mais que lon ne sy trompe pas ! Si cette

ngociation, encadre dans un dlai

raisonnable, choue, alors le reprsentant

de lEtat transmettra au Gouvernement les

lments destins tre repris dans le

dcret de plafonnement.

Je privilgie la ngociation des acteurs. Mais

lEtat prendra toutes ses responsabilits en

cas de dfaillance de la ngociation.

Beaucoup des dispositions de la loi que jai

porte, si ce nest la plupart, ne sont pas


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applicables en Nouvelle-Caldonie, parce

quelles relvent de comptences qui sont

les vtres.

Il vous appartient, si vous le jugez utile, de

transposer dans votre rglementation celles

des dispositions de la loi que vous jugerez

adaptes la rsolution des problmes de

vie chre auxquels la Nouvelle-Caldonie

est confronte.

LEtat sera prsent pour vous aider et

accompagner dans une telle dmarche : les

problmes de vie chre sont les mmes

dans tous nos outre-mer, et il convient dy

porter les remdes ncessaires.


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A ce titre je tiens saluer la mise en place

au sein de votre Congrs de deux

commissions relatives ce sujet, dans la

droite ligne des accords sociaux et

conomiques daot 2012.

Un travail ardu vous attend, mais lEtat, par

ma voix, tient vous dire solennellement

quil sera prsent vos cts, dans le

respect des comptences qui sont les vtres.

Car lurgence sociale simpose nous tous,

et il faut y trouver des solutions.


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Le dispositif des emplois avenir nest pas,

lui non plus, applicable la Nouvelle-

Caldonie. Mais, si vous lestimez utile, il

vous appartiendra de transposer ces

dispositions dans votre lgislation, et je ne

verrais que des avantages ce que, par voie

de convention entre lEtat et la Nouvelle-

Caldonie, les modalits de soutien

financier de lEtat soient dfinies en

commun.

Je tiens, avant de conclure, vous faire part

dune inquitude qui est la mienne : le sort

de la jeunesse, et plus particulirement

celui de la jeunesse mlansienne.


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La question de lavenir de cette jeunesse, de

sa formation, de son accs lemploi, de son

insertion dans la socit de demain, elle est

dcisive pour la construction de ce pays.

Nous constatons tous des phnomnes de

marginalisation sociale qui, coupls une

rupture des liens traditionnels qui

unissaient les hommes au sein des tribus,

sont porteurs de signes inquitants.

Quelle que soit la voie qui sera choisie par

les no-caldoniens pour leur futur, la

question sociale restera pose, et il vous

appartiendra dy rpondre.


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Je veux ici vous dire que lEtat sera prsent

vos cts afin de faire en sorte que ces

questions, douloureuses pour toute la

socit caldonienne, trouvent une solution.

Je conclurai mon propos en vous

renouvelant mes remerciements pour

laccueil que vous, et au-del de vous, la

Nouvelle-Caldonie, me rservez.

Je sais la qualit des hommes que porte

cette terre, et cest confiant en leur capacit

trouver le chemin de la concorde que

jaborde cette premire visite qui, jen suis

sr, ne sera pas la dernire.

Je vous remercie

Discours de Victorin Lurel au Congrès de Nouvelle-Calédonie

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