Diaconie 2011
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DIACONIE 2011
« Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je
prendrai la cène avec lui et lui avec moi » Ap 3, 20
Rapport Annuel 2011 / DIACONIE 1
SESSION PASTORALE :
« LA DIACONIE, CARREFOUR DE LA TENDRESSE DE DIEU»
JANVIER 2010
La session pastorale du début 2010 a réuni tous les agents pastoraux du canton autour du thème de la diaconie : « La diaconie, carrefour de la tendresse de Dieu ». Le choix du thème s’est fait au Conseil Pastoral Cantonal et en coordination diocésaine, suite à la Session fribourgeoise « Heureux les pauvres » et en lien avec la préparation du Forum sur la Diaconie, le 29 mai 2010 à Neuchâtel. Cette session avait été préparée par plusieurs agents pastoraux engagés dans des services d’aumônerie d’hôpitaux, d’aumônerie de prisons, d’aide aux réfugiés, Caritas Genève ainsi que plusieurs prêtres et représentants de paroisses et Unions Pastorales. L’équipe de la diaconie du Var a offert une découverte de l’expérience des diaconies qui se développent en France. La force des témoins a fait partie intégrante de la session. Orientations pastorales : Toute l’Eglise locale est diaconale. Avec son évêque, elle est appelée à rester éveillée et attentive afin de servir une Parole de communion, de guérison et de libération. Elle apprend sur sa route pascale à s’arrêter avec les plus petits et les plus faibles et à rejeter toute forme d’exclusion. Elle cherche à vivre un temps d’accueil et de réconfort. Elle apprend à offrir avec charisme et compétence professionnelle les soins et les remèdes contre toute injustice et déni d’humanité. La diaconie de l’Eglise est un état d’esprit, de cœur et de corps, à la suite de son Seigneur qui a pris la dernière place. Le discernement entre « faire pour », « faire avec » et « naître avec » permet d’ajuster notre recherche du bien commun dans les domaines de plus en plus complexes de la justice et de la paix.
1
1 Session pastorale 2010, Rapport au CPC
GROUPE DIACONIE Dès le retour de la session s’est mis en place un groupe de réflexion sur le thème de la diaconie de Genève. Etaient présent les organisateurs de la session et le président du CPC. Progressivement le groupe de réflexion est arrivé à la conclusion que beaucoup de choses se faisaient déjà à Genève mais qu’il nous manquait peut-être un esprit commun, un souffle commun qui nous permettraient de mieux faire rayonner la Parole et le Souffle de l’Esprit… Le groupe a proposé de se concentrer sur trois points : - Créer un lieu et un temps où les personnes engagées en diaconie puissent s’asseoir pour prier ensemble et partager. Mission de communion. - Créer des événements cantonaux qui attirent l’attention de la population et fédèrent nos énergies. Mission d’éducation évangélique. - Améliorer le lien entre nos services de diaconie et nos paroisses et UP. Mission de rayonnement.
OBJECTIFS PASTORAUX
2011-2014:
SERVIR LE CHRIST DANS SON CORPS QUI SOUFFRE
ET DEVELOPPER LA DIACONIE
A TOUS LES NIVEAUX DE LA VIE DE L’EGLISE
Rapport Annuel 2011 / DIACONIE 2
LES MARDI DE LA DIACONIE
IMAGINER UN LIEU DE COMMUNION SANS HIÉRARCHIE
Depuis le commencement cet espace est œcuménique, l’AGORA et le Service Solidarité et Société se sont associés. C’est un moment privilégié où, prêtres, diacres, pasteur-e-s, laïc-que-s, évêques, migrants et migrantes sans-papiers, handicapé-e-s, sont tout
simplement là pour se rencontrer et se ressourcer. "Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos" (Mathieu 11, 28). Loin de réduire la diaconie à une tâche interne à l'Eglise dans le domaine social ou éducatif, le groupe emprunte l'idée d'Etienne Grieu. Celui-ci recourt à la lettre aux Philippiens pour donner un sens large à la diaconie. Il s'agit d'un "appel à laisser refaçonner notre existence avec les autres" selon l'initiative gracieuse de Dieu. Les interlocuteurs se présentent alors à nous, ce sont
les pauvres, les étrangers, les ennemis… les "différents", ceux qui nous dérangent…. " C'est l'enjeu de la rencontre qui est mis au centre: faire rencontrer des hommes entre eux et des hommes avec Dieu" explique Federica Cogo, aumônière à la prison de Champ Dollon à Genève.
Une fois par mois l'invitation est ouverte à toutes et à tous : une pause de midi différente: une demi-heure de prière silencieuse et un partage d'un repas simple dans la joie. Le mardi du mois de juin n’a pas ignoré la Journée d'actions et de revendications pour l'égalité entre femmes et hommes dans les faits "Femmes en mouvement. L'égalité absolument". Au programme, le moment de prière silencieuse animée par un groupe de femmes migrantes dans la Chapelle St-François, suivi d'un repas canadien dans le jardin de la Basilique de Notre Dame.
Rapport Annuel 2011 / DIACONIE 3
JOURNÉE MONDIALE DU REFUS DE LA MISÈRE
17 OCTOBRE
2 Collectif 17 octobre : Mouvement ATD Quart Monde ;
Centre de conseils et d’appui pour les jeunes en matière
de droits de l’Hommes (Codap) ; Amnesty International-
Uni Genève ; Mesemrom ; Association de Lutte Contre
les Injustices sociales et la Précarité (Alcip) ; Food First
Information and Action Network- section suisse (FIAN) ;
ECR Diaconie ; COTMEC.
En 2011, la Diaconie du canton de Genève a voulu
s’associer au collectif 17 octobre2. Dans le cadre de
la Journée mondiale du refus de la misère, un
week-end offrant un espace de parole aux
personnes concernées par la précarité à Genève a
été organisé du samedi 15 au lundi 17 octobre
2011 à Vernier en partenariat avec l’ABARC et
l’Association Latcho-Genève.
Née de l’initiative du père Joseph Wresinski et de
celle de plusieurs milliers de personnes de tous
milieux qui se sont rassemblées sur le Parvis des
Droits de l’Homme à Paris en 1987, cette journée
est officiellement reconnue par les Nations Unies
depuis 1992. Le message proclamé tous les 17
octobre est le suivant : " Là où des hommes sont
condamnés à vivre dans la misère, les Droits de
l’Homme sont violés. S’unir pour les faire
respecter est un devoir sacré. "
La journée a permis le dialogue entre personnes en
situation de pauvreté et autres personnes et
organisations d'horizons très divers. Le père
Wresinski insistait sur la nécessité absolue de
l'engagement fraternel de tous pour faire
respecter les droits
DONNER LA PAROLE Samedi, le Collectif 17 Octobre a réuni à une même
table un public divers de personnes en situation de
pauvreté, de membres associatifs et de
responsables politiques pour travailler ensemble
sur la thématique : « Nous avons un rêve pour un
monde meilleur où chacun aurait sa place ».
Cette rencontre a été l'occasion pour les personnes
qui vivent l'exclusion non pas de raconter leur vie
difficile à Genève mais de faire état de leur
combat permanent pour faire appliquer leurs
droits, et combattre la pauvreté au quotidien, en
développant des stratégies, des idées et des
propositions.
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Rapport Annuel 2011 / DIACONIE 4
Pour cela, l’outil choisi fut : le World Café, une
dynamique participative qui facilite l'échange et
permet à des groupes de co-créer autour de
différents thèmes. Le Collectif a fait un grand
effort pour reproduire un espace accueillant et
convivial où l'humain prime sur l'étiquette sociale
attribuée. Les personnes possèdent,
individuellement et surtout collectivement, la
sagesse et la créativité nécessaires pour faire face
à des
situations
complexes.
Chaque
table a
travaillé sur
plusieurs
questions
et a élaboré
différents
textes :
« La famille
est le
moteur de
nos vies et
un pilier
fondament
al de nos
sociétés. C’est pour elle, pour nos enfants, et pour
les générations à venir que nous souhaitons nous
rassembler pour faire changer les choses. »
« Tout d'abord, nous sommes convaincus que si
tout homme et toute femme n’est pas reconnu par
ses pairs dans son entièreté, leurs droits sont violés
et leur dignité bafouée. La reconnaissance nous
permet d’exister, d’avoir confiance en soi et de
mieux accepter les autres et leurs différences. »
« Il faut s’unir et partager nos connaissances, nos
informations et nos expériences. Cela, dans le but
de prendre conscience du monde qui nous entoure
et de permettre aux autres cette même prise de
conscience. Ce même partage permettrait à
chacun d’entre nous d’acquérir une réelle liberté
de choix éclairée. »
16 OCTOBRE: JOURNEE MONDIALE
DE L'ALIMENTATION Dimanche fut l'occasion de discuter du droit à
l'alimentation et plus précisément dans ce
domaine de la problématique de la spéculation.
C'est autour d'une table champêtre et dans une
ambiance chaleureuse que les participants ont
commencé la journée en dégustant et partageant
des spécialités kurdes et éthiopiennes préparées
par des femmes l’AGORA. Ce temps convivial fut
suivi de la projection du documentaire « Main
basse sur le riz » où Jean Crépu révèle de manière
simple, les facteurs qui ont conduit à l'explosion du
prix du riz en 2008, alors que cette céréale est
l'aliment de base pour la moitié de l'humanité.
Pour clore la journée M. Jean Ziegler a présenté
son livre : « Destruction massive, géopolitique de la
faim. » Un stand de produits agricoles locaux a
permis de faire le lien entre développement
durable, agriculture de proximité, santé, et éco-
responsabilité.
17 OCTOBRE A L’ONU Le Collectif a présenté ses objectifs à l’ONU auprès
de la Rapporteuse spéciale sur l’extrême
pauvreté et les droits humains, Mme Magdalena
Sepulveda Carmona pour faire entendre la
parole, faire connaître les actions et l’espoir des
personnes confrontées à l’injustice et à la
pauvreté. Faire reconnaître que leur voix et leur
participation de citoyens sont indispensables pour
créer une société respectueuse des droits
fondamentaux de chacun. Mettre en valeur les
expériences positives vécues au quotidien par les
plus démunis, acteurs avec tous ceux qui les
rejoignent, pour permettre de réelles
transformations dans la société, en premier lieu le
changement de regard.
Rapport Annuel 2011 / DIACONIE 5
RÉSEAU OUVERTURE AU MONDE
Le Réseau Ouverture au Monde a été créé par Anne Michèle Stern pour relier les organismes du Département Ouverture au Monde, les Unités pastorales et les divers groupements et créer ainsi une synergie de collaboration et de travail. Objectifs du Réseau :
• se connaître et s'épauler • partager ses expériences • collaborer sur les sujets proposés par les uns ou les autres • approfondir un thème
RENCONTRE ANNUELLE
Pour favoriser le contact, l'échange et le partage le Réseau Ouverture au Monde organise une fois par année une rencontre. Cette rencontre se veut amicale, fraternelle autour d'un repas simple. Au fil des années, des amitiés et des liens se sont tissés.
La soirée annuelle est devenue une date "traditionnelle" et incontournable pour l'Eglise genevoise. Cette "traditionnelle" soirée est appréciée par les différents acteurs de ce réseau. Chaque année la paroisse hôte fait connaître plus spécifiquement son travail, son dynamisme, ses initiatives et son engagement. La soirée 2010, « Notre réseau est riche ! » avait fini avec deux grandes demandes de la part des participants, d’une part des temps forts ouverts à tous à la fois spirituels et sociaux, et encore une réflexion sur comment concilier les beaux sermons à la réalité de l’ « extérieur ». Les Cercles de silence et l’action diaconale sur le thème des Roms sont nés de ces demandes. En 2011 le Département Ouverture au Monde a sondé les "envies" de menu pour le programme, et presque unanimement les personnes ont répondu, "quelle suite pour le Forum de Neuchâtel?" "C'était si magnifique" "C'est dommage qu'on l'oublie!". Le 17 mai a eu lieu la Rencontre annuelle du Réseau-Ouverture au Monde 2011, sous le thème : « Diaconie: de Neuchâtel… sur le terrain!"
Rapport Annuel 2011 / DIACONIE 6
«CHARITE VECUE, INCARNEE, REELLE ET HISTORIQUE"
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La soirée a démarré avec Michel Racloz, Responsable du département "Solidarité" dans l'Eglise catholique du canton de Vaud. "Il y a plusieurs pistes de travail », a-t-il dit, « mais il faut mettre l'accent sur l'importance d'une dynamique de réseau, de reconnaissance et de connaissance des acteurs et actrices". Michel a également souligné que tôt ou tard, le "diacre" doit se poser la question sur sa façon de vivre. "Notre mode de vie occidental repose très souvent sur l'exploitation d'autres populations".
DE LA GÉNÉROSITÉ À LA COMMUNION
"Pas de hiérarchie entre celui qui donne et celui qui reçoit, mais communion dans le besoin, et finalement, partage inespéré". Avec ces mots empruntés à Federica Cogo, Guy Musy a défini la diaconie. Le frère dominicain membre de la COTMEC a expliqué l'origine du mot diaconie et comment les tables de la parole et du pain sont complémentaires et indissociables depuis le commencement. "La parole du diacre ne peut pas plaire à tous et son sens de la justice et du
3 Mgr Bernard Genoud
partage solidaire peut lui valoir de sérieux ennuis".
TRAVAIL EN CARREFOUR : "OUVRIR LES PORTES ET LES FENÊTRES!"
Chaque participant a pu parler de son engagement et de son parcours professionnel. Autant d'expériences diverses, parallèles et complémentaires tissent un vaste réseau de valeurs insoupçonnables! "La rencontre sur le pas de la porte, ne peut pas nous laisser indifférents". "La rencontre avec l'autre nous transforme". "Cette transformation nous pousse à nous engager dans des actions concrètes". "La diaconie n'est pas sans risque". "Que faire de l'indignation qui naît en nous face à autant d'injustices?" "Se centrer dans le Christ pour se nourrir et transformer la société". Ce sont quelques pistes évoquées lors de la conclusion de la soirée.
« La diaconie, doit être l'affaire de tous. Elle n'est
pas réservée aux spécialistes… L'appel est
urgent ».
Mgr Bernard Podvin
Rapport Annuel 2011 / DIACONIE 7
RÉSEAU OUVERTURE AU MONDE
SOIRÉE MISSIO OPM
01 DÉCEMBRE 2011
MON EGLISE ? UN RÉSEAU D’ESPÉRANCE !
«Même en étant jeune et pauvre, notre Eglise diffuse l’Espérance. Nous pouvons surmonter toutes sortes de conflits –sociopolitiques, économiques et même culturels- qui conduisent à la déshumanisation des personnes. Depuis Vatican II et depuis la 2
ème rencontre des
évêques d’Amérique latine à Medellin en 1968, les laïcs –femmes, hommes, jeunes, enfants- sont les actrices et les acteurs majeurs au sein de notre Eglise….. Notre avenir est jalonné de défis et de difficultés, mais il est aussi rempli de beaucoup d’espérance, tout spécialement en considérant nos jeunes. » Mgr Pablo Schmitz, Ofm Ca
UNE SOIRÉE EN MUSIQUE Avec Missio OPM, la Communauté Hispanophone, le Délégué à la Mission diocésaine, le père José Demierre nous avons imaginé une rencontre avec les représentantes du Nicaragua à l’église du Sacré Cœur. Pendant la messe les quatre jeunes filles ont raconté leur travail dans les différents villages du pays. L’assemblée a particulièrement apprécié la simplicité avec laquelle elles ont expliqué comment elles vivent quotidiennement l’évangile, leur enthousiasme pour changer la vie d’autant de personnes et leur joie de vivre. La soirée s’est terminée en musique et tous les participants ont été invités à danser avec la délégation. Les paroissiennes avaient préparé des plats typiques des différentes régions d’Amérique latine.
Rapport Annuel 2011 / DIACONIE 8
JOURNÉE DE RÉFLEXION : «LE SILENCE: ARME DE LA NON-VIOLENCE»
29 JANVIER
L’invité d’honneur était le Frère Alain Richard, le fondateur des cercles de silence, impliqué dans des réseaux d'actions non violentes tels que les Brigades Internationales de la Paix, Pace e Bene et Franciscans International. Cet homme charismatique âgé de 86 ans, avoue "je suis très ému de cette flambée de mobilisation…L'histoire continue! C'est ensemble que nous pouvons défendre l'être humain parce que c'est urgent. Oui, c'est vraiment urgent!" La journée fut consacrée aux sans-papiers, et plus précisément aux apports dans l’économie genevoise des femmes sans papiers travaillant dans le secteur domestique. Diverses organisations qui oeuvrent sur la question à Genève étaient présentes, comme le Centre de Contact Suisses-Immigrés, la COTMEC, le Service Société et Solidarité de l'Eglise Protestante, l'AGORA, la communauté des hispanophones de Genève et Franciscains International. La matinée a été ouverte par Shirley, une femme bolivienne "sans-papiers", en Suisse depuis avril 2005. Qui a parlé des difficultés à se loger, à faire respecter les conditions convenues avec l’employeur, de la peur de l’expulsion… "Nous sommes reconnaissants à la Suisse qui nous donne du travail et nous tolère, mais nous devons dire clairement elle ne nous intègre pas". Giangiorgio Gargantini, du Syndicat interprofessionnel des travailleurs (SIT) qui accompagne depuis des années les "travailleurs sans statut légal", comme ils préfèrent s’appeler, a donné un tour d’horizon sur la situation genevoise.
PARTICIPER A LA DEFAITE DE LA VIOLENCE
C’est à partir de cette réalité que s’est exprimé Alain Richard. Il a lui-même initié, avec ses frères franciscains, un cercle de silence pour protester contre l’enfermement des "sans papiers" dans le centre de rétention proche de
Toulouse. Depuis octobre 2007, des dizaines ou des centaines de personnes se rassemblent ainsi chaque dernier mardi du mois sur la
place du Capitole, au cœur de la ville. Et de tels cercles se sont répandus dans toute la France – on en compte aujourd’hui 170 – et jusque dans le canton de Vaud.
"Chacun peut participer à la défaite de la violence!" a affirmé Alain Richard. Pour cela, il s’agit de prendre conscience de notre force intérieure, de la mobiliser et de l’unir à la force d’autres personnes. "La violence », a-t-il ajouté, « est le refus d’une relation. Or, le Dieu de Jésus-Christ et un Dieu de relation. Quand nous refusons la relation, nous refusons Dieu. Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas plus de chrétiens actifs contre la violence".
Une violence qui prend de multiples formes, par exemple celle de dispositions qui, pour être légales, n’en sont pas moins illégitimes. Dans la plupart des cas, elle a pour origine des peurs. "C’est pourquoi il importe de respecter nos adversaires. Nous ne pourrons avancer qu’avec l’aide de ceux qui s’opposent à nous. Notre silence et notre prière veulent rejoindre les sans-papiers, mais aussi ceux qui font la loi et ceux qui l’appliquent et ne sont pas tous satisfaits de ce qu’ils font. Ils imposent la violence parce qu’ils ne voient pas comment agir autrement." (apic/mb/bb)
Rapport Annuel 2011 / DIACONIE 9
LES CERCLES DE SILENCE
2011
Depuis janvier 2011, quatre autres cercles se sont organisés dans l’année. Les membres des Cercles de silence désirent aller au-delà des mots et des cris Les hommes et les femmes réunis ne bougent pas, ne martèlent aucun slogan, ne brandissent aucun poing et seuls quelques-unes et quelques-uns portent sur leurs dos des pancartes. "Nous invitons seulement chacun à écouter sa propre conscience et à découvrir que
nous pouvons être actifs dans la société sans être prisonniers d'une idéologie…", explique le frère Richard. Car "cela équivaudrait à affirmer la solution, imposer notre manière de voir." Le cercle dure une heure, une heure pour "dénoncer les traitements inhumains réservés aux migrants du seul fait qu’ils n’ont pas de papiers en règle" Une heure pour interpeller les consciences d’un pays, dont des lois, décrets et circulaires "brisent des vies
humaines et font voler en éclat des couples et des familles". Celui de décembre 2011 fut un cercle spécial, les autorités de nos trois Eglises (Eglise Catholique Romaine, Eglise Protestante de Genève et Eglise Catholique Chrétienne) se sont joint et ont partagé un repas préparé par des femmes « sans-papiers » de la paroisse hispanophone du Sacré-Cœur. "C'est une communion avec l'humanité souffrante, avec toute l'humanité et pas seulement avec les chrétiens. C'est aussi une protestation au cœur de la ville, dans le bruit de la circulation, au milieu des passants. Certains de ceux qui nous voient nous prennent peut-être pour des farfelus, pour d'autres, c'est bien" ; explique Mgr Pierre Farine, évêque auxiliaire de l'Église catholique romaine à Michel Bavarel pour l’APIC.
Rapport Annuel 2011 / DIACONIE 10
« L’Eglise ne fait pas de la
politique de parti, toutefois elle
prend parti. Tout homme et
toute femme annonçant
l’Evangile prend parti pour
l‘humain… Elle prend parti pour
ceux et celles qui ne sont pas
considérés dans un vis-à-vis,
mais comme objets. Elle appelle
à la solidarité là où certains
dépendent du soutien
d‘autrui. » Message des
évêques pour le 1er août 2011
LES ROMS
1. UNE RÉPONSE CHRÉTIENNE FACE À UNE LOI INJUSTE
LA SUITE DE LA SOIRÉE…
Après la grande soirée du 07 octobre 2010
"Les Roms à Genève : un temps d'échange et
de partage", la COTMEC, le Département
Ouverture au Monde, Mesemrom, Caritas et
le groupe Diaconie entre autres, se sont réunis
pour réfléchir et travailler en faveur d’une
population marginalisée et discriminée. Nous
nous sommes penchés sur leur vie
quotidienne et nous avons décidé quatre
lignes d’actions. Premièrement, nous avons
considéré les actions à
entreprendre concernant la loi
anti-mendicité. Parallèlement,
nous avons imaginé des
moments où la culture tsigane
serait mise en valeur. Nous
nous sommes rendus compte
que les genevois ne
connaissent pas vraiment les
Roms qu’ils côtoient dans les
rues, et nous avons pensé une
campagne d’affiches et une
table ronde autour de « Que
savons-nous des Roms ? » Et
pour finir nous sommes allés à
la rencontre des paroisses
confrontées à la cohabitation
avec cette population
marginalisée.
La loi anti-mendicité
Le fait de tendre la main pour faire appel à la
générosité des passants est condamné dans la
Cité de Calvin depuis le 30 novembre 2007. En
effet, ce jour, le Grand Conseil du canton de
Genève a voté la loi anti-mendicité. Cette loi
est non seulement inhumaine, mais inefficace,
stigmatisante, discriminatoire et onéreuse.
Le Tribunal pénal genevois a défini la
mendicité comme « tout comportement
tendant à récolter de l’argent ou de la
nourriture donnée en charité afin de
subsister. » En cas de non-paiement, l’amende
sera commuée en peine privative de liberté.
On peut donc être amendé et jeté en prison,
lorsque dans une situation de précarité on ose
solliciter la générosité des passants en
mendiant.
La loi réprimant la
mendicité à Genève est
appliquée uniquement
à l’encontre des Roms,
les autres populations
ne sont pas touchées
par ces dispositions.
Des milliers de
rapports de
contraventions pour
mendicité ont été
dressés à l’encontre
des 200 Roms qui y
vivent. "Ces mauvais
traitements et
l'absence totale
d'empathie pour une
population vivant dans
une extrême pauvreté,
tant dans leurs pays
d'origine que chez nous, révèle un processus
de déshumanisation qui seul permet de s'en
prendre sans état d'âme aux plus faibles",
dénonce Dina Bazarbachi, avocate.
Rapport Annuel 2011 / DIACONIE 11
En criminalisant la pauvreté, on porte atteinte
à la dignité de toutes les personnes qui vivent
dans la précarité en Suisse. L’application de
cette disposition légale est très onéreuse :
selon le Conseil d’Etat, la criminalisation de la
mendicité a coûté trois millions de francs à la
population genevoise pour 18 mois
d’application ! Selon, Dina Bazarbachi, "ce
chiffre est sous-évalué, sur les treize mille
contraventions délivrées à des mendiants, j'en
ai contesté dix mille, on est donc plus proche
des 20 millions si on veut suivre la règle de
trois utilisée par le Conseil d'Etat", explique-t-
elle. "Appliquer une loi a forcément un coût",
souligne Laurent Paoliello, porte-parole du
Département de la sécurité, de la police et de
l’environnement à Genève.
Aucune baisse du nombre de mendiants n’a
été observée depuis l’entrée en vigueur de
cette disposition légale. Par ailleurs, la
mendicité à Genève n’est pas le fait
d’organisations criminelles ; pas assez
rentable pour des réseaux mafieux. Le collectif
d’associations et services d’Eglise (entre
autres COTMEC, AGORA, Caritas, CSP,
Mesemrom, ATD-Quart monde…) terminera la
récolte des signatures fin mars 2012.
ENTRONS DANS L’AVENT…
La Bible connaît bien la mendicité, car il n’existait – au moment de sa rédaction - aucune protection sociale institutionnalisée. Les mendiants faisaient donc partie de la foule des pauvres, dont il est si souvent question dans les Ecritures. Se montrer attentif à leur sort relève donc de notre fidélité spirituelle, d’où ce résumé de la Loi que Jésus reprend de la Bible « Tu aimeras ton prochain comme toi-même! ». Il convient de rappeler que la mendicité représente une situation extrême jamais choisie, c’est la dernière possibilité de survie. En 2008, Genève a tenté de résoudre le problème de la mendicité en promulguant une loi infligeant des amendes convertibles en peines de prison. Ce dispositif légal qui vise à rendre les rues de Genève « propres en ordre » est choquant, car inhumain. Il s’est en outre révélé inefficace. De plus, la crise actuelle risque bien d’aggraver encore la situation. Bientôt ce ne seront plus quelques Roms ou quelques réfugiés dont l’asile a été refusé, qui tendront la main aux passants, mais bien des compatriotes n’arrivant plus à vivre, malgré l’aide sociale, dans une Cité devenue l’une des villes les plus chères d’Europe. Officiellement, les mendiants sont accusés de troubler l’ordre public. Ne viennent-ils pas en vérité troubler notre ordre moral, notre sens esthétique qui veut que la misère soit cachée. Ainsi devons-nous croire qu’un corps assis qui étend un bras prolongé d’un gobelet trouble l’ordre public de la République de Genève ? C’est-à-dire qu’il met en danger le fonctionnement de notre société ? En parlant des mendiants, ne faisons pas d’amalgame avec les personnes qui commettent ou projettent des actes répréhensibles ; ceux-là, disons-le clairement, relèvent de l’action de la police et de la justice comme tout délinquant. Face à la paupérisation et à la fragilisation de notre société, les Eglises chrétiennes de Genève affirment qu’une société ouverte a besoin d’un minimum de courage et de lucidité pour faire face à l’adversité. Isoler et mettre à l’écart les groupes sociaux fragilisés rend vains tous les élans de solidarité dont nous avons, par ailleurs de plus en plus besoin! Genève, le 28 novembre 2011 Mme Christine Hauri, Présidente du Synode Cantonal de l’Eglise Catholique chrétienne Mgr Pierre Farine, Evêque auxiliaire de l’Eglise Catholique romaine Mme Charlotte Kuffer, Présidente de l’Eglise Protestante
Rapport Annuel 2011 / DIACONIE 12
LES ROMS
2. SENSIBILISATION
UNE GRANDE FÊTE POPULAIRE
Le groupe de travail s'est investi auprès d'autres associations comme le CODAP et ATD Quart-monde entre autres pour fêter les 40 ans de la Journée Internationale des Roms, le 8 avril 2011 à Plainpalais. Au programme: match de football, contes tsiganes, musique et repas. Dans cette même ligne d'action, nous avons profité du passage dans la région d'un groupe hors du commun: Kesaj Tchavé. Pendant leur séjour à Genève, ils ont présenté leur projet dans une école primaire grâce à notre collaboration avec le corps enseignant et l’association des parents d’élèves de cette institution. Le groupe de travail avait aussi prévu un moment de partage et d'échange avec la population Rom qui vit à Genève. Et pour clôturer le tout, ils ont offert un magnifique spectacle à Genève dans l'aula du Collège Madame de Staël le 16 avril 2011. L'histoire du groupe démarre en 2000 dans les bidonvilles Roms de Kezmarok en Slovaquie, à l'initiative d'Ivan Akimov (musicien professionnel) et d'Helena Akimova (éducatrice de rue). Le collectif créé se veut d'abord une plate-forme ayant pour but d'aider, à travers la musique et la danse, les jeunes Roms en difficulté. Magie de la fée Kesaj, (fée tzigane qui prône l'idée selon laquelle pour recevoir de l'amour, il faut d'abord savoir en donner) ou simple destinée, la jeunesse, la générosité et le plaisir évident que le groupe prend sur scène, transformant chacun de ses spectacles en un moment rare et unique, lui font rapidement conquérir un vaste public n Slovaquie, puis en République Tchèque, Hongrie, Pologne, Italie, France ….
Rapport Annuel 2011 / DIACONIE 13
LES ROMS
3. CAMPAGNE D’INFORMATION
QUE SAVONS-NOUS DES ROMS ?
Mesemrom, la COTMEC et l'ECR ont investi durant les mois de mai et juin, l’espace public genevois avec une campagne de six affiches
intitulée : « Que savons-nous des Roms? ». Le dispositif visait à interpeller les passants sur leurs a priori à l’encontre de ces personnes.
Invasion? Non, moins de 0,05% de la population genevoise. Depuis 2004, les Roms roumains
en situation de précarité arrivent chaque année à Genève. Ils ne dépassent pas les 200 personnes. Pourtant, le mythe de l'invasion reste bien ancré dans les esprits... Les Roms mendiants ne sont qu’une partie visible de la transition politique et économique du communisme au libéralisme, qui touche les populations les plus précaires des pays de l’Est. En Roumanie par exemple, le taux d’émigration des Roms n’est pas supérieur à celui des autres Roumains.
Nomades? Non, sédentaires à plus de 90%. Visible depuis quelques années, la migration des populations roms venue des pays de l’Est n’a absolument rien à voir avec une culture « nomade », c’est une migration de survie liée à des contextes politiques et économiques précis (chômage, guerre de Yougoslavie, etc.) Plus généralement, il faut savoir également que les Roms sont
actuellement sédentaires à plus de 90% en Europe.
Musiciens? Souvent dans les films, parfois dans la vie. De Django Reinhardt aux Gipsy Kings, du Taraf de Haïdouks aux musiciens de rue anonymes, sans oublier les orchestres des films d’Emir Kusturica, il semble aller de soi que les Roms ont développé un lien tellement ténu avec l’expression musicale, que l’équivalence Rom=musicien paraît d’une évidence presque désolante. Or, les musiciens roms sont bien souvent des professionnels, issus de familles de musiciens. Beaucoup sont devenus les gardiens et
Le mot « Rom » signifie « homme
marié » en langue rom. Depuis 1971,
«rom » est aussi un terme politique
utilisé sous l’impulsion de militants
roms et d’institutions internationales.
Il désigne trois ensembles, les Roms,
Gitans et Manouches, ayant
probablement en commun une
origine, une histoire et une langue.
Depuis quelques années, ce terme est
passé dans le vocabulaire des médias
et du grand public. En réalité, d’autres
dénominations (Romanichels,
Bohémiens, Gens du voyage,
Tsiganes) sont utilisées selon les
situations, les lieux, les époques et les
locuteurs.
Rapport Annuel 2011 / DIACONIE 14
réinventeurs des traditions musicales, leur assurant une réputation mondiale comme l’illustre le flamenco.
Roms = Roumains? Non, mais 8% des Roumains et 1,5% des Européens sont roms.
Les statistiques sur le nombre de Roms en Europe varient notablement selon les sources. En effet, pour éviter toute
discrimination, certaines personnes préfèrent s’abstenir de mentionner leur appartenance à une communauté rom. D'autre part, les
statistiques ethniques sont interdites, en théorie, dans certains pays, par exemple en France et en Belgique, sur le principe d’indivisibilité de la nation républicaine. Malgré la relativité des chiffres, les Roms constituent, en nombre, la plus grande minorité d’Europe. Une telle prédominance témoigne de leur présence séculaire sur le sol européen. Ainsi, les statistiques mentionnées dans l’affiche nous permettent de préciser que les Roms ne sont pas forcément roumains, mais qu’ils sont, sans aucun doute, des Européens bien ancrés dans les régions où ils vivent depuis très longtemps.
Mendiants = fainéants? Non, exclus du marché du travail. Les ressortissants roumains et bulgares bénéficient de l’extension de l’accord sur la libre circulation des personnes, mais sont soumis à des quotas de permis et à la préférence nationale, et ce jusqu’en avril 2016.
Les Roms présents à Genève sont également confrontés à une langue qu'ils ne parlent presque pas, au manque de qualification et d’instruction : beaucoup sont analphabètes. Et n’ayant pu investir des secteurs de l’économie informelle, tels que les travaux domestiques - où la niche est déjà occupée par d’autres réseaux d’immigrés -, il ne leur reste donc que
la mendicité pour seule alternative.
Médiatisés? Oui, mais… si peu écoutés! Depuis 1990, les Roms commencent à être représentés dans les instances politiques, au
niveau national et européen. Pourtant les discours de ces élites sont très peu connus. Les médias préfèrent axer leurs caméras sur les Roms les plus précaires. Ce sont encore les médias qui véhiculent le mythe de la «Mercedes» déversant quotidiennement son lot de mendiants soumis à des réseaux mafieux... que même l’existence de rapports pourtant officiels de la police genevoise, ne suffit pas à démonter. La lutte contre les préjugés prendra des années, et dans cette tâche, nous avons tous une lourde responsabilité. Celle de vulgariser des informations fiables et qui correspondent davantage aux réalités vécues par les Roms eux-mêmes.
Rapport Annuel 2011 / DIACONIE 15
LES ROMS
4. ACCUEIL DANS LES PAROISSES
A partir d’octobre 2011, nous avons été appelés par 3 paroisses genevoises. Nous sommes allés à la rencontre de leurs conseils et des Roms qui dorment dans leurs parvis. En décembre 2011, en réponse à différentes interpellations, nous nous sommes réunis
paroissiens, membres de Mesemrom, Guylaine Antille responsable de la communication et la diaconie autour de notre évêque Mgr. Pierre Farine pour parler de l’expérience de la cohabitation « Roms - Paroissiens ».
La tension est réelle et palpable entre une volonté d’accueillir l’autre et les difficultés quotidiennes que cet accueil induit. Pas facile de s’assoir autour d’une table et d’avouer combien les pauvres qui dorment dans nos parvis nous dérangent. Premier écueil à notre volonté d’accueillir : la langue. On ne se comprend tout simplement pas, on ne parle pas la même langue et on a l’impression que les Roms ne veulent pas comprendre ce qu’on veut leur dire. On aimerait qu’ils soient gentils avec nous et qu’ils acceptent ce qu’on leur donne… mais ils veulent juste de l’argent…
Second obstacle : ils sont à nos yeux «très « sales » ou ne connaissent pas les bases d’hygiène. Où frapper pour trouver des solutions ? Et quelles solutions ? En tant que chrétiennes et chrétiens, nous aimerions vivre la radicalité de l’appel de Jésus : « Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a pas, et que celui qui à manger fasse de
même » (Lc 3,11). Donnez plutôt en aumône tout ce que vous avez, et tout sera pour pour vous (Lc 11, 41). Si un frère ou une sœur sont nus, s’ils manquent de leur nourriture quotidienne, et que l’un d’entre vous leur dise : « Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-
vous », sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il ? (Jc 2, 15-16) Il a aussi été question d’interpeller les autorités de la Ville de Genève pour trouver ensemble non pas une réponse à cette grande injustice mais des solutions à plus long terme (concernant les abris par exemple).La réalité des quotas dans les abris de nuit a choqué bon nombre de participants. En effet, en hiver, les Roms n’ont pas le droit de dormir plus de cinq nuits de suite dans les abris sauf si la température tombe au-dessus de 0 degré. Les paroisses du centre-ville sont pour la plupart confrontées à cette problématique. Tout est donc à construire et à inventer.
Il convient de rappeler que la migration des populations roms venus des pays de l’Est n’a absolument rien à voir avec une culture « nomade » mais qu’il s’agit bien d’une migration de survie liée à des contextes politiques et économiques précis. Depuis 2004, entre 40 et 200 Roms en situation de précarité et extrême pauvreté arrivent chaque année à Genève, avec la mendicité pour toute source de revenu. On se demande parfois si les Roms ne sont pas venus à Genève pour nous secouer et rappeler à nos églises l’option préférentielle pour les plus pauvres….
« Faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler dans la charité et
les œuvres bonnes » Lettre aux Hébreux
« … le verbe qui ouvre notre exhortation invite à fixer le regard sur l’autre, tout d’abord sur Jésus, et à
être attentifs les uns envers les autres, à ne pas se montrer étrangers, indifférents au destin des frères. »
(Message De Sa Sainteté Benoît XVI pour Le Carême 2012)
Rapport Annuel 2011 / DIACONIE 16
PERSPECTIVES ET DÉFIS
La consolidation de toutes les actions entreprises en 2011 semble une évidence. Nous avons construit des ponts il faut les utiliser, laisser passer le courant entre les différents acteurs et actrices pour répondre aux défis qui se présentent. « Nous rêvons d’une société où chacun et chacune ait sa place », nous l’avons avoué le 17 octobre 2011. Nous avons beaucoup à faire et surtout nous avons le devoir d’utiliser notre créativité.
Le travail avec les Roms, nous a permis d’aller vers l’autre, « le très différent », « le très pauvre » et « le très visible ». Nous nous sommes rendu compte combien la simple rencontre est difficile. Nous aimerions continuer à travailler en équipe sur cette problématique et nous rappeler quotidiennement de l’option préférentielle de nos églises pour les plus pauvres. Bien sûr que la diaconie à Genève n’est pas uniquement la population rom, nous aimerions aussi développer encore plus les moments de partage et d’échange avec les sans-papiers et les personnes qui vivent la précarité à Genève. Imaginer des moments forts autour du travail est aussi un de nos buts pour les prochaines années. Le Réseau Ouverture au monde continuera d’être notre aiguilleur dans nos actions. Notre travail se
veut avant tout, enraciné dans la réalité genevoise pour pouvoir regarder plus haut, imaginer d’autres réalités et aller plus loin dans nos engagements. Pour la diaconie, visiter et accueillir les gens dans la détresse, ce ne sont pas seulement des formes d'activité diaconale mais encore des moments de rencontre spirituelle avec "des anges sans le savoir" (Hb 13, 2).
Les Cercles de silence s’inscrivent dans une
démarche de solidarité visible et publique
avec l’humanité qui souffre, les sans-papiers,
les réfugiés, les requérants d’asile... Au cœur
de Genève les Cercles sont et seront notre
signe visible de communion avec l’autre. Le
frère Alain Richard, explique, « Si l’on est en
silence réellement, on est touché en vérité.
On approche alors la vraie compassion, celle
qui vient s’établir à l’intérieur de nous, comme
une paisible force intérieure… »
Les « mardi de la diaconie » nous offrent
l’espace si nécessaire de ressourcement, de
communion avec Dieu et nos collègues. Quel
bonheur de pouvoir se présenter comme des
êtres fragiles et avoir un espace où on ne doit
pas se cacher, juste être et recevoir.
« Celui qui se recentre sur Jésus Christ se pose réellement devant les défis du temps présent et rencontre
l’homme concret. Qui vit en communion avec Dieu ne peut être indifférent à son prochain. » Message des
évêques pour le 1er août 2011
« La caritas-agapè dépasse aussi les frontières de l’Église… elle impose l’universalité de l’amour
qui se tourne vers celui qui est dans le besoin, rencontré «par hasard», quel qu’il soit. » Benoit XVI