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Déversements d'hydrocarbures : Lutte en eaux intérieures Lignes directrices relatives aux bonnes pratiques en matière de gestion des accidents et du personnel d’intervention d’urgence

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Rapport 514 de l’Association internationale des producteurs d’hydrocarbures et de gaz (IOGP)

Date de publication : 2015

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Les photographies de couverture nous ont été aimablement cédées par : BP ; au centre : Site internet de l'U.S. EPA OSC ; à droite : USCG, 2005

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Cette publication fait partie de la série des Guides de bonnes pratiques de l’IPIECA-IOGP, qui résume lesopinions actuelles en matière de bonnes pratiques sur des sujets variés relatifs à la préparation et la luttecontre les déversements d’hydrocarbures. Cette série vise à harmoniser les pratiques et les activités dusecteur, à informer les parties prenantes et à servir d’outil de communication pour promouvoir lasensibilisation et l’éducation.

Cette série met à jour et remplace la célèbre « Oil Spill Report Series » de l’IPIECA, publiée entre 1990 et2008. La série de guides couvre des sujets qui sont applicables aux activités d’exploration comme deproduction, ainsi qu’aux activités de transport maritime ou terrestre.

Les révisions sont entreprises dans le cadre du Projet de coopération industrielle de l'IOGP-IPIECA dans le cadre de la lutte contre la pollution par les hydrocarbures (le JIP, « Oil Spill Response Joint IndustryProject »). Le JIP a été créé en 2011 pour valoriser les enseignements en matière de la préparation et lalutte contre les déversements d’hydrocarbures de la marée noire d’avril 2010 dans le golfe du Mexique.

Remarque sur les bonnes pratiques

Les « Bonnes pratiques » dans le contexte du JIP sont l’énoncé de directives, de pratiques et deprocédures internationalement reconnues qui permettront à l’industrie du pétrole et du gaz d’assurerdes performances acceptables en matière de santé, de sécurité et d’environnement.

Les bonnes pratiques pour un sujet particulier seront amenées à évoluer au fil du temps à la lumière des innovations technologiques, de l’expérience pratique et de l’amélioration des connaissancesscientifiques, ainsi que des changements politiques et sociaux.

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Préface

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Table des matières

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Introduction 4

Vieillissement et devenir des hydrocarbures 5

Processus de vieillissement 5

Étalement 5

Évaporation 5

Dissolution 6

Dispersion naturelle 6

Émulsification 6

Photo-oxydation 6

Sédimentation 6

Biodégradation 7

Immersion 7

Déversements à terre 7

Les environnements aquatiques 8continentaux

Impacts écologiques 9

Sensibilité 11

Impacts socio-économiques 11

Prélèvement d'eau potable et d'eau industrielle 11

Perturbation du trafic 12

L’Évacuation de la population 12

Gestion de la lutte 13

Enjeux en matière de santé et de sécurité 15

Analyse des avantages environnementaux 15nets (NEBA) en fonction des options de luttes envisagées

Techniques de lutte 17

Confinement et récupération 17

Déversements sur la neige et la glace 21

Absorbants 21

Produits solidifiants 22

Brûlage contrôlé in-situ 22

Nettoyage de la zone littorale ou des rives 24

L'évaluation de la zone littorale ou des rives 24

Techniques de nettoyage 24

Nettoyage en surface et produits de lavage 27

Biodégradation 28

Hydrocarbures immergés 28

Résumé 30

Lectures recommandées 31

Remerciements 32

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La plupart des déversements d'hydrocarbures les plus importants et les plus marquants de histoire sontsurvenus en milieu marin. Cependant, les déversements en eaux intérieures ou à terre sont cependantplus nombreux que les déversements marins. La plupart des techniques classiques de lutte contre lesdéversements d'hydrocarbures ont été à l'origine conçues en vue d'une application au large ou sur lescôtes. Alors que certains principes de base régissant la lutte contre les déversements d'hydrocarburessont les mêmes peu importe le lieu du déversement, les techniques de lutte contre les déversementd'hydrocarbures nécessitent un certain niveau d'adaptation. Le présent Guide de bonnes pratiquesentend fournir un aperçu de la lutte contre les déversements d'hydrocarbures en eaux intérieures,identifier les similitudes avec la lutte en milieu marin et souligner les enjeux propres aux déversementsd'hydrocarbures en eaux intérieures.

Ce guide traite de la lutte contre les déversements d'hydrocarbures en eaux intérieures, dans le cadredesquels des opérations sont mises en œuvre pour garantir la sécurité, réduire la propagation immédiateet la menace représentée par un déversement et déployer les techniques de nettoyage de l'hydrocarburedéversé. Il se concentre tout particulièrement sur les déversements dans des environnements aquatiques,tout en fournissant des informations supplémentaires sur les environnements terrestres voisins. Il netraite pas des possibles actions de réhabilitation qui peuvent être envisagées lorsque l'hydrocarbure acontaminé les sols.

Les environnements aquatiques visés par le présent guide englobent les rivières et les ruisseaux, les lacs et les étangs, les zones humides et les estuaires ainsi que les côtes et rivages associés.

A l'exception de rares déversements d'hydrocarbures de grande envergure, de plus grandes quantitésd'hydrocarbures sont déversées en cumulé dans les eaux intérieures et à terre qu’en milieu maritime etcôtier. Les déversements en eaux intérieures impliquent fréquemment des produits raffinés, bien queprès de la moitié de ces déversements majeurs concernent les hydrocarbures bruts. Généralement, laplupart de ces déversements impliquent des installations fixes plutôt que des installations de transport,même si des ruptures de pipeline ont été à l'origine de déversements à terre parmi les plus importants.

Le présent guide décrit dans un premier temps le vieillissement, ledevenir et les effets des hydrocarburesdéversés. Les effets socio-économiques des déversements en eaux intérieures ou à terre sont égalementtraités, suivis par une analyse des enjeux en termes de gestion de la lutte et des techniques de lutte.

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Introduction

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Les pétroles bruts se composent d’un grand nombre de composés chimiques. Il s’agit principalementd’hydrocarbures, composés exclusivement d’hydrogène et de carbone. Les hydrocarbures peuvent êtreclassés en fonction de leur poids moléculaire ou de la longueur de la chaine de carbone. La majorité deshydrocarbures composant les produits bruts contiennent de 5 à 35 atomes de carbone.

Les hydrocarbures peuvent être classés dans les catégories suivantes :l les alcanes (dont les paraffines)— composés de chaines carbonées saturées sans double liaison ;l les alcènes (oléfines)—composés de chaines carbonées avec au moins une double liaison ;l les naphtènes (cycloalcanes)—composés de cycles de carbone, avec au plus quatre cycles par

composé ; etl les aromatiques —composés d'un ou plusieurs cycles de carbones non saturés avec des doubles

liaisons alternées.

Les proportions relatives de ces composés chimiques varient en fonction des produits bruts et expliquentla large variété de propriétés physiques caractérisant les hydrocarbures bruts. La majorité deshydrocarbures composant les pétroles bruts sont des alcanes et des cycloalcanes, qui peuvent prendre laforme de liquides volatils ou de substances liquides et solides non volatils (cires) en fonction de leur taille(nombre d 'atomes de carbone) et de la température ambiante. Les produits hydrocarbonés représententdifférentes fractions dérivées du raffinage des pétroles bruts.

Les aromatiques légers composés d'un seul cycle constituent les composés les plus toxiques. Il s'agit principalement de benzène, de toluène, d'éthylbenzène et de xylène (BTEX). Les composésaromatiques d'un ou plusieurs cycles sont appelés hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et sont pour la plupart toxiques. Il s'agit notamment du naphtalène (deux cycles), de l'anthracène (trois cycles) et du benzo(a)pyrène (cinq cycles). La plupart des aromatiques sont appelés asphaltenes.Ces composés peuvent contenir du soufre, de l'oxygène et de dérivés azotés et peut parfois présenterdes faibles teneurs en métaux.

Processus de vieillissement

Les hydrocarbures déversés font l'objet de processus naturels qui transforment les hydrocarbures(vieillissement) et modifient son devenir et son comportement. Les processus de vieillissement affectantles hydrocarbures dans les environnements aquatiques sont présentés ci-dessous.

Étalement

Les hydrocarbures liquides s’étalent à la surface de l'eau pour former des nappes très fines dontl'épaisseur moyenne est d'environ 0,1 mm. Les hydrocarbures les plus épais forment des nappes d’uneépaisseur de 1 - 2 mm et les plus légers forment des irisations de 0,1 µm d’épaisseur. Les hydrocarburesde faible densité s’étalent plus rapidement que les hydrocarbures les plus lourds, ce qui signifie que leshydrocarbures raffinés les plus légers s’étaleront plus rapidement que la plupart des hydrocarbures bruts.En fonction du lieu du déversement et de la quantité d'hydrocarbures, son étalement peut être limité parla surface disponible. Les vents et les courants sont susceptibles de fragmenter les hydrocarbures lors deleur étalement, les rivières à débit rapide étant susceptibles de transporter les hydrocarbures en avalrelativement rapidement. Les eaux intérieures de petite taille seront concernées par la contamination du rivage rapide par les hydrocarbures. Leur petite taille facilite l’identification du déversement et le suivide la nappe.

Évaporation

Les hydrocarbures les plus légers, possédant les chaînes les plus courtes (composés en principe de moinsde 12 atomes de carbone) sont susceptibles de s'évaporer sous l'effet des conditions ambiantes. Ceprocessus dépend de la température. Une grande proportion de l'essence, les hydrocarbures bruts légerset les fiouls légers est susceptible de s'évaporer durant les premières heures et les premiers jours quisuivent le déversement. Il est peu probable que les composés lourds constituants les hydrocarbures bruts

Vieillissement et devenir des hydrocarbures

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et des fiouls lourds s'évaporent, si bien que les quantités évaporées a l'occasion d'un déversementpeuvent être mineures. Immédiatement après un déversement impliquant des hydrocarbures brutsmoyens ou des produits raffinés, les concentrations en vapeurs peuvent être si élevées qu'elles peuventgénérer des risques pour la santé ou des risques d'incendie. Les hydrocarbures résiduels, aprèsévaporation des composés légers, sont plus visqueux, ce qui pourrait compliquer les activités de lutte.

Dissolution

Certains hydrocarbures se dissolvent dans l'eau. Cependant, moins d'1% des hydrocarbures bruts serontdissous. La plupart des hydrocarbures qui se dissolvant sont les aromatiques légers et les composéspolaires contenant de l'oxygène, du soufre ou de l'azote. Ces composés sont également très volatils etdès lors tendent à s'évaporer plutôt qu'à persister dans l'eau. La solubilité des hydrocarbures est plusimportante dans les eaux douces qu'en mer, et augmente plus la concentration en matière organiquedissoute est élevée.

Dispersion naturelle

Sous l'action des courants et des vagues, les hydrocarbures sont susceptibles de se fractionner en petitegouttelettes dans la colonne d'eau. La plupart des gouttelettes sont suffisamment grandes pourremonter rapidement à la surface. Dès lors, en général, seule une faible part des hydrocarbures seradispersée naturellement, bien que dans quelques cas de déversement maritimes, lors de tempêtes avecdes vents violents et une mer agitée, la quasi-totalité des hydrocarbures déversés aient été dispersésnaturellement. Les eaux intérieures se retrouvent rarement dans de telles conditions.

Émulsification

Les gouttelettes d'hydrocarbures dispersées naturellement retournant à la surface sont susceptiblesd'emprisonner de l'eau dans la nappe de surface pour former une émulsion. L'émulsion augmentesignificativement la viscosité des hydrocarbures déversés ce qui rend plus difficile les activités derécupération. Les hydrocarbures émulsionnés sont en outre moins touchés par les autres processus de vieillissement comme l'évaporation, la dispersion et la biodégradation. Une émulsion peut êtrecomposée à 80 % d'eau, le volume apparent des hydrocarbures pouvant être multiplié par 4 ou 5. La formation d'émulsions stables (persistantes) nécessite des composés lourds comme les asphaltènes et des résines. Dès lors, la plupart des produits raffinés légers (l'essence et les fiouls légers) nes’émulsionneront pas, ou alors formeront des émulsions instables (non persistantes). L'émulsificationconstitue l’un des principaux processus de vieillissement affectant les déversements marins de pétrolesbruts et de fiouls lourds dans la mesure où l'énergie générée par l'océan incorpore très efficacement l'eaudans les hydrocarbures. L'émulsification est peu probable dans les eaux douces, même dans le cas dedéversements d'hydrocarbures lourds, dans la mesure où la forte énergie de mélange ne perdure passuffisamment longtemps pour générer les émulsions stables vues en mer.

Photo-oxydation

La lumière du soleil oxyde les hydrocarbures. Ce processus touche moins d'1 % des hydrocarburesdéversés et fait virer au gris les hydrocarbures fortement altérés. Sous l'effet de ce processus, lescomposés oxydés deviennent plus solubles.

Sédimentation

Il est possible que les hydrocarbures adhèrent aux particules solides contenus dans l'eau. Dans les eaux à teneur élevée en limons, les hydrocarbures déversés se lient aux sédiments en suspension, pourprésenter une flottabilité neutre dans une masse d'eau et/ou couler au fond. Les particules très fines, en particulier les particules argileuses, sont susceptibles de se lier aux hydrocarbures, permettant ainsiaux bactéries de biodégrader les hydrocarbures. La sédimentation est susceptible d’être significative

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pour les déversements d'hydrocarbures survenant durant des inondations, lorsque les eaux contiennentdes quantités élevées de particules en suspension. Au cours de certains déversements, la quantitéd'hydrocarbures en surface a été significativement réduite du fait de ce processus.

Biodégradation

Les bactéries utilisent les hydrocarbures déversés pour se nourrir et dégradent ses composés pour lestransformer en hydrocarbures plus simples et, au final, en dioxyde de carbone et en eau. Ce processusimplique la présence de substances nutritives (et notamment d'azote et de phosphore) et d'oxygène. Les hydrocarbures les plus lourds (comme les asphaltènes) se dégradent très lentement, voire pas du tout. La biodégradation dans les masses d'eau douce calmes ayant une faible réoxygénation,est susceptible de causer un appauvrissement en l'oxygène, ralentissant ainsi la dégradationdes hydrocarbures.

Immersion

Les hydrocarbures frais sont généralement moins denses que l'eau et flotteront dès lors a la surface.Cependant, les processus d'altération tendent à augmenter la densité des hydrocarbures et de générerdes situations dans lesquelles les hydrocarbures sont susceptible d’être immergés. Un tel processusconcerne tout particulièrement les hydrocarbures très lourds, dont la densité initiale est relativementélevée. L’immersion des hydrocarbures est en outre plus probable dans les eaux douces qui sont moinsdenses que l'eau de mer.

Déversements à terre

Les déversements d'hydrocarbures à terre terrestres sont susceptibles de mettre les hydrocarbures encontact avec les sols et les nappes phréatiques ainsi qu'avec les masses d'eau de surface. A la surface des sols, certains processus de vieillissement comme l'évaporation, sont actifs alors que d'autres, commel'émulsification et la dispersion, sont inactifs. Les hydrocarbures s’étalent, mais leur étendue est trèsdépendante de la topographie et de la rugosité de la surface. Le niveau de biodégradation dépend dutaux d'humidité et de la teneur en substances nutritives. Les déversements sous terre contaminant lessols et les nappes phréatiques sont peu soumis aux processus de vieillissement. La teneur en oxygène est généralement limitée si bien que la biodégradation est ralentie. Les hydrocarbures adhèrent au sol, et les autres processus de vieillisement sont quasiment inactifs. Le présent guide n'aborde pas letraitement des sols et des nappes phréatiques contaminées.

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Pour les besoins du présent guide, les environnements ou les habitats aquatiques continentaux englobent :l les rivières et les ruisseaux, les lacs et les étangs ainsi que les zones humides,l les masses d'eau estuariennes et les littoraux, etl les habitats des rives et des berges incluant les substrats rocheux, les structures artificielles, le sable,

les mélanges de sable et de gravier, les côtes végétalisées et les vasières.

Les grandes masses d'eau continentales, comme les Grands lacs d'Amérique du Nord et le lac Victoria en Afrique, sont traversées par des vagues et des courants. Cependant, comparés aux océans, cescourants sont généralement faibles, la puissance des vagues dépendant des vents locaux et ne générantaucune houle. Les marées sont faibles ou inexistantes, les fluctuations du niveau des eaux dépendant de l'apport en eau et des taux d'évaporation. Les rives sont généralement plus étroites que les côtesmaritimes. Les petits lacs et étangs sont susceptibles de présenter des taux de renouvellement limités. Le niveau d’eau est susceptible de varier suite aux effets des saisons et/ou des inondations. Si les taux debrassage des eaux sont faibles, la teneur élevée en substances nutritives et les niveaux bas en oxygèneen découlant sont susceptibles d'avoir un impact sur les vitesses de biodégradation des hydrocarburesdéversés. Les lacs situés à des latitudes plus élevés sont susceptibles de geler en hiver. Même les lacs lesplus grands sont susceptibles de geler de manière substantielle, la couverture de glace le long des rivesétant un phénomène courant.

Les grandes rivières peuvent présenter des débits variables. Ils peuvent être élevés en fonction dessaisons et provoquer d'importantes inondations. Les rivières situées dans les environnements estuarienssont souvent sujettes aux marées et peuvent avoir des niveaux de salinité variés. Certaines rivières ontdes chenaux multiples, des îles se trouvant parfois au milieu. En outre, certaines présentent un débitcontrôlé en raison de la construction d'écluses et de digues. La charge sédimentaire peut être élevée. Des zones inondables aux dimensions variables associées avec des zones humides et des eauxstagnantes peuvent également être présentes.

Les petites rivières et les ruisseaux peuvent être peu profonds, leur débit pouvant être puissants, avec descascades et des rapides, ou à l’inverse des correspondre à des chenaux très lents. Dans les climats froids,ils sont susceptibles de geler en hiver. Les chenaux peuvent contenir des quantités variables de débris etde sédiments.

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Les environnements aquatiques continentaux

Site

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De fortes pluies ont provoqué undéversement qui a conduit à lacontamination de la végétation lors desinondations qui ontsuivies.

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Impacts écologiques

L'exposition de l'environnement aux hydrocarbures peut générer plusieurs types d'effets. Deux conceptsclés doivent être pris en compte : la vulnérabilité (le potentiel d'exposition) et la sensibilité (la réactivitéface à l'exposition). La sensibilité des habitats exposés et des organismes est cruciale pour déterminer leseffets d'un déversement sur l'environnement. Les caractéristiques des habitats qui ont une incidence surle niveau de sensibilité incluent :l la diversité et l'abondance des espèces ;l les conditions météorologiques extrêmes et les types de précipitations ; etl la quantité d'eau en circulation et le lessivage.

L'exposition aux hydrocarbures peut avoir d eux types de conséquences sur les animaux et la végétation :1. De nombreux composés des hydrocarbures présente une toxicité aigüe (de court terme et létale)

ou chronique (de long terme et sublétale), si bien qu'une exposition à des concentrations suffisantespour une durée suffisamment longue pourrait provoquer des impacts voire la mort des plantes et desanimaux. La toxicité consécutive à l'ingestion ou l'inhalation résulte principalement des composésBTEX et HAP dans la mesure où ils sont très solubles dans l'eau, notamment les composés BTEX. Les hydrocarbures bruts légers et les produits pétroliers (gasoil, kérosène, diesel, et fuel numéro 2)contiennent des quantités importantes de c composés et sont dès lors plus toxiques que leshydrocarbures plus lourds qui contiennent que des quantités moindres de ces composés. Cescomposés aromatiques sont également les composés des hydrocarbures les plus facilement altérés´.En outre, au fil du déversement les hydrocarbures vieillissent et deviennent par conséquent moinstoxique. Les HAP persistent dans l'environnement plus longtemps que les composés BTEX, leurprésence générant une toxicité à plus long terme.

2. Les plantes et les animaux recouverts par d'épaisses couches d'hydrocarbures, risquent être englués.L’engluement surviendra plus probablement dans le cas de déversement de fuels ou d'hydrocarburesbruts lourds, notamment s'ils sont émulsionnés, en raison de leur viscosité plus importante et de leurpotentiel d'adhérence. Ces hydrocarbures lourds sont susceptibles de persister pendant longtemps etde causer des perturbations écologiques, leur toxicité demeurant néanmoins réduite.

Ils peuvent avoir des effets indirects comme l’altération de la diversité et de l'abondance des espècessuite au déversement. Par exemple, l'élimination des animaux brouteurs dans un habitat donné résultantde la toxicité ou l’engluement généré par un hydrocarbure pourrait entrainer une augmentation de lavégétation jusqu'à ce que l'équilibre écologique soit rétabli. Les opérations agressives ou invasives denettoyage peuvent également nuire aux habitats. Il conviendra de prendre les précautions nécessaires en sélectionnant les techniques de lutte, afin de s'assurer que le résultat global générera une valeurajoutée par rapport à l'absence d'intervention.

Les impacts sur les habitats terrestres et marins sont évalués en fonction de leur gravité et la vitesse de régénération.

La régénération des habitats dépend :l de l’ampleur de la contamination et de sa persistance,l des caractéristiques et du vieillissement des hydrocarbures déversés,l des circonstances du déversement (et notamment les conditions météorologiques), etl des techniques et tactiques de lutte utilisées.

La régénération des espèces dépend :l des vitesses de reproduction, etl des vitesses de recolonisation depuis les habitats voisins.

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Les effets des hydrocarbures sur les différentes catégories d'organismes sont synthétisés ci-dessous. De manière générale, les organismes peuvent accumuler des hydrocarbures depuis l'eau et l'airenvironnants, et via l'ingestion de nourriture et de sédiments contaminés. Les concentrations enhydrocarbures qui peuvent être trouvées dans les organismes reflètent les propriétés physico-chimiquesdes hydrocarbures en question, les conditions environnementales, les caractéristiques des organismesexposés et de leur position dans le réseau trophique.

l Les bactéries : Bien que certains hydrocarbures sont dès le début toxiques à l'égard des bactéries, de nombreuses bactéries les utilisent comme source de nourriture et, en conséquence, contribuer àl'élimination des hydrocarbures de l'environnement. Dans les zones agricoles, mais aussi dans leszones urbaines et suburbaines présentant un potentiel de ruissellement élevé, les teneurs ensubstances nutritives dérivés des engrais sont en principe élevés, ce qui augmente la probabilité d'uneeutrophisation et d'une baisse de la teneur en oxygène même sans qu'un déversement ne survienne.

l Les algues : Les algues d'eau douce et des zones estuariennes sont affectées par toute exposition àdes composés volatils légers et extrêmement toxiques contenus dans de nombreux hydrocarbures.Cependant les populations d'algues se régénèrent en principe très rapidement. Le niveau de toxicitéaiguë chute rapidement au fil du vieillissement des composés toxiques. Une augmentation descyanobactéries (qui fixent l'azote) fournit les substances nutritives permettant de stimuler lacroissance de nouvelles algues. Les microorganismes (zooplancton) qui se nourrissent sur les alguespérissent généralement sous l'effet de la toxicité des hydrocarbures déversés. La chute des niveaux de prédation subséquentes permet la repopulation de l'habitat par les algues.

l Les invertébrés : Ces animaux sont susceptibles de ressentir les effets de la toxicité aigüe et chroniquerésultant de l'exposition à un déversement d'hydrocarbures. Les effets sublétaux (chroniques) nuironttout particulières à la croissance et la reproduction. Suite à un déversement, la densité et la diversitédes populations d'invertébrés sont susceptibles d’être altérés sensiblement, les changements dans les populations pouvant remettre en cause la survie des organismes situés plus haut dans laréseau trophique.

l Les poissons : Au contraire des espèces marines qui peuvent, au grand large, éviter un déversement, il est possible que les poissons d'eau douce ne soient pas aptes à éviter les hydrocarbures déversésdans une petite masse d'eau. Une augmentation de la mortalité des poissons a été signalé suite à desdéversements survenus dans des eaux douces de taille limitée, ce qui pourrait être le résultat direct de la toxicité des hydrocarbures ou être une conséquence indirecte de la teneur réduite en oxygène.Les poissons sont en mesure de stocker les hydrocarbures dans leur tissus mais aussi de lesmétaboliser. Les expositions à court terme peuvent dès lors générer des effets à long termes.

l Les amphibiens : La peau perméable des amphibiens les rend plus vulnérables à la contaminationque les reptiles. Le plus grand risque auquel sont exposés ses animaux est celui d’un engluementconsécutif à un contact physique ou à la toxicité consécutive à l'ingestion d’hydrocarbures.

l Les mammifères et les oiseaux : Ces animaux sont tout aussi vulnérables au contact physique et àl'ingestion d'hydrocarbures via le lissage des plumes et la consommation de proies ou de plantescontaminées. L’engluement des animaux par les hydrocarbures nuit gravement à leur fourrure et leursplumes, provoquant hypothermie voire leur mort. Ces blessures sont souvent très visibles à l'occasionde la lutte contre le déversement et sont susceptibles de susciter l'inquiétude du public. Certainesespèces sont capables de sentir les hydrocarbures et de les éviter.

l La végétation : La contamination est susceptible d'affecter bien plus que les plantes elles-mêmes. Les animaux vivant parmi les plantes sont susceptibles d’être exposés aux hydrocarbures à l'occasionde leur interaction avec les plantes. Les hydrocarbures sur les plantes peuvent être remobilisé lors des changements du niveau des eaux ou lors des précipitations ou est susceptible être transporté parles animaux et de générer une contamination secondaires.

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Sensibilité

La sensibilité des habitats aux hydrocarbure intègre plusieursfacteurs, notamment : les processus d'élimination naturellepotentiels, la productivité biologique et la capacité derégénération après la contamination, l'usage socio-économiquede l'habitat, et la facilité à éliminer les hydrocarbures. Ces facteurspeuvent être appliqués pour classer le niveau global desensibilité des habitats dans le cadre de l'Indice de sensibilitéenvironnemental (ESI). Si son application est couranteconcernant les habitats marins, l'ESI a également été appliquéaux rives et berges des eaux douces.

L'ESI s'appuie généralement sur une échelle de 1 à 10 afind'indiquer une sensibilité accrue. Un exemple est fourni par le tableau 1.

Les écologistes distinguent plusieurs types de zones humides en eau douce et notamment les marais, les marécages et lestourbières. Pour les équipes d'intervention, ces différences ontsouvent peu d'importance. Les zones humides continentales (ESI 10A et 10B) se composent des marais, des marécages et destourbières. Dans ces habitats, l'eau peut être stagnante, la teneuren oxygène basse et la teneur en substances nutritives élevée. Des teneurs en oxygène basses sont rares au sein des zoneshumides littorales du fait des échanges d'eau pendant les marées.La dégradation aérobique des hydrocarbures est plus difficilequand la teneur en oxygène est faible.. Les sédiments meublesconstituant de telles zones humides soulève des difficultés spécifiques dans le cadre des techniques delutte, dans la mesure où les activités de nettoyage sont ici susceptibles d'aggraver les dégâts causés.

Impacts socio-économiques

Prélèvement d'eau potable et d'eau industrielle

Une préoccupation majeure pour les déversements continentaux, concerne la contamination potentielledes installations de captage d'eau potable et des sources de prélèvement de l'eau industriel. Les troisprincipales voies d'exposition sont :l les hydrocarbures sont déversés directement sur les eaux de surface qui constituent les sources et les

réserves en eau,l les eaux de ruissellement contaminées par les hydrocarbures depuis les routes - s'écoulant jusqu'aux

zones humides ou se déversant directement dans les zones humides qui font officesd’approvisionnement en eau des nappes d’eau souterraines, et

l les hydrocarbures déversés pénètrent les sols et migrent vers les eaux souterraines.

Les captages d'eau potable des communes, les captages d'eau de refroidissement utilisées par lescentrales électriques industrielles et les autres points de prélèvements industriels et agricoles peuventutiliser l'eau de surface. La protection de ces captages d'eau constitue souvent un objectif majeur desopérations de lutte terrestre.

Une opération majeure visant à la protection des captages d'eau a été entreprise en janvier 1988lorsqu'une cuve de stockage, située en Pennsylvanie (États-Unis), contenant environ 3,9 millions degallons américains (14 800 m3) de fioul s'est effondrée Environ 750 000 gallons de fuel déversés ontatteint la rivière Monongahela à environ 25 miles en amont de Pittsburgh. Les hydrocarbures se sontmélangés à la colonne d'eau en traversant les digues, les températures froides et la large couverture de

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Tableau 1 L'échelle ESI

L'ESI Le type de côtes

1A Côtes rocheuses exposées

1B Côtes artificielles en dur exposées

2 Côtes rocheuses en pente douce

3 Les escarpements érodés dans les sédimentsnon consolidés

4 Plages de sable

5 Plages de sable et de graviers

6A Plages de graviers

6B Enrochements

7 « Tidal flat » exposé (vaste étendue de sablesouvent couverte à marrée haute)

8A Côtes rocheuses abritées

8B Côtes artificielles en dur abritées

9A Talus / berges basses abritées et végétalisées

9B Bancs de sable / vasières

10A Zones humides (végétation herbeuse)

10B Zones humides (végétation forestière)

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glace limitant le potentiel d'évaporation. Comme les hydrocarbures ont parcouru 200 miles, le long desrivières Monongahela et Ohio, les captages d'eau potable ont été fermés (certains pendant une semaine),et les communautés, grandes comme petites ont dû trouver des sources d'eau alternatives jusqu'à ce queles concentrations en hydrocarbures mesurées dans la rivière diminuent pour atteindre des niveaux sûrs.Un effort de suivi important du déplacement des hydrocarbures, conjugué à un programme desensibilisation destiné à alerter les communautés sur la menace représentée par la contamination, a contribué à renforcer la protection des communautés.

Perturbation du trafic

De nombreux déversements terrestres sont relativement petits et surviennent sur ou à côté des routes ou des voies ferrées. Eu égard au niveau de priorité accordé aux routes, les opérations de lutte dans le casd'un camion renversé vise habituellement à rétablir un niveau de sécurité satisfaisant, à nettoyer lachaussée, et à la rouvrir au trafic. La plupart des services de lutte contre les incendies possèdent unesolide expérience en matière de lutte contre les renversements de camions ou les déraillements de trainsdéversant du fioul et/ou des produits raffinés ou encore, quoique plus rarement, des hydrocarburesbruts. En cas de déversement de gazole, les sapeurs-pompiers appliqueront dans un premier temps de lamousse extinctrice afin de supprimer les vapeurs volatiles d'hydrocarbures et limiter le risque d'incendie.

L'urgence liée à la réouverture des routes expliquesouvent que les hydrocarbures déversés soientt lessivéset entraîne souvent l'accumulation de mousses sur lescotés de la route ou dans les caniveaux dans le cadredes opérations de nettoyage des routes. La mousseextinctrice contient un surfactant qui peut disperser leshydrocarbures dans l'eau. Dans le cas où le mélanged'hydrocarbures et de mousse s'écoulerait jusqu'à unruisseau ou une rivière, il pourrait générer une pollutionnon intentionnelle et propager les hydrocarbures surune vaste surface. Si possible, le personnel de luttedevra limiter le ruissellement ou récupérer ces liquidesafin d'éviter toute contamination secondaire.

La perturbation du trafic constitue en outre une conséquencefréquente du transport du personnel de lutte, du personneld'assistance et des équipements sur le site d'intervention.L’accès par la route peut être limité afin de faciliter l’accès dupersonnel de lutte, afin de sécuriser le site, de fournir un site de stockage temporaire et d'établir des zones de stockage de matériel.

L’Évacuation de la population

Lorsqu'un déversement d’hydrocarbures survient dans des eauxà proximité d'un quartier résidentiel, les habitants et les autrespersonnes situés à proximité pourront être évacuées pour desraisons de santé et de sécurité, à savoir l'impact potentiel surl'eau distribuée. La prise en charge des besoins des membres la communauté en nourriture et en eau et leur logementpeuvent représenter un effort important. Le nettoyage desinfrastructures souillées peut s'avérer difficile et fastidieux.

Les services locaux de santé peuvent être mobilisés par lesservices de lutte afin de permettre l'identification des niveauxacceptables de vapeurs d'hydrocarbures dans les zonesrésidentielles ou les installations commerciales / industrielles,et afin de déterminer leur date de réouverture.

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Ci-dessus : uncamion-citernerenversé perturbant la circulation sur une autoroute.

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Gestion de la lutte

Les principes de base régissant la gestion des incidents sont les mêmes pour tous les déversements : l les actions en cours et futures sont proposées sur la base d’une analyse de l'accident en suivant les

plans de lutte contre les déversement d'hydrocarbures,l les objectifs de lutte et les actions sont définis et approuvés par les membres de l’organisation

en charge de la luttel les équipes de terrain sont dirigés par le personnel opérationnel, etl les activités logistiques et financières sont mises en œuvre en appui aux opérations.

Les activités de lutte sont mises en œuvre peu importe la complexité de l'accident, et que le déversementsoit géré par une vaste organisation formelle ou un petit groupe d'intervenants.

Dans de nombreux pays, les autorités publiques mènent et coordonnent la lutte contre un déversementd'hydrocarbures, le gouvernement exigeant du responsable du déversement de l'indemniser au titre desefforts investis et de l'assistance fournie. La gestion d'un accident est souvent confiée à un représentantde l’état provenant en général d’une agence réglementaire, de police ou militaire. Dans certains pays, le responsable du déversement est tenu d'intervenir à ses propres frais et sous la direction desreprésentants de l’état. Idéalement, les participants travailleront ensemble dans le cadre d'un effetcoordonné et harmonisé afin de limiter les effets écologiques et socio-économiques.

Comme la plupart des déversements d'hydrocarbures terrestres sont relativement petits, l'envergure des opérations de lutte sur terre est dès lors limitée, de telles opérations étant généralement confiées àdes petites équipes sur site. Une différence notable entre la gestion des déversements terrestres et lagestion des déversements marins réside dans le fait que les premiers intervenants proviennent souventdes organes municipaux concernés à savoir des organismes de lutte contre les incendies ou la police.Lors de déversements liés à un accident de la route, ces organismes locaux mettent souvent en œuvrel'intégralité des opérations de lutte sans ressources externes (comme les organisations de lutterégionales, provinciales, étatiques ou nationales). Cependant, il est vraisemblable qu'un accident majeursurpassera rapidement les capacités et l'expertise locales, les représentants locaux devant alors êtreappuyés voir remplacés par des intervenants extérieurs. Les organismes régionaux et locauxresponsables des opérations de lutte contre les déversements d’hydrocarbures terrestres sontsusceptibles d’être différentes de celles en charge des déversements en mer.

Les déversements terrestres peuvent survenir sur des sites différents - le long d'une autoroute, d'une voieferrée, d'une rivière ou d'un pipeline - théoriquement, à tous les endroits ou un hydrocarbure est produit,utilisé ou transporté. Les organisations de lutte doivent se préparer pour couvrir de vastes zonesgéographiques accueillant une plus grande variété d'habitats que la haute mer :l De nombreux déversements terrestres surviennent au sein d'installations fixes, si bien que la

planification d'urgence contre les déversements d'hydrocarbure sera spécifique au site concerné. Les scénarios peuvent être élaborés, les plans de lutte détaillés, les capacités de lutte appropriéesmises à disposition ou identifiées, les communautés peuvent être mobilisées et les exercices organisésafin de se préparer aux accidents potentiels propres à l'installation en question.

l Les déversements liés aux activités de transport sont plus difficiles à prédire et planifier. Les pipelines,les voies ferrées et les routes représentent des sites privilégiés où les accidents peuvent survenir. La planification d'urgence contre les déversement d'hydrocarbures devra couvrir de vastes zonesgéographiques de manière appropriée afin de mettre à disposition les ressources de lutte nécessaires.

l Les ressources disponibles pour la lutte sont en principe regroupés sur ou à proximité des installationsou des ports principaux. En outre, il est possible que les intervenants soient basés à une distanceimportante du site de déversement.

La probabilité que des déversements d'hydrocarbure terrestres surviennent à proximité de zoneshabitées est relativement élevée, les impacts sur le public pouvant se faire immédiatement ressentir. Les demandes du public exigeant une lutte rapide et efficace peuvent être pesantes et surpasser lesressources publiques.l Dans le cadre des déversements d'hydrocarbures plus petits, un simple confinement (empêcher les

hydrocarbures de se propager ou d'atteindre les cours d'eau) constitue l'objectif primordial de la lutte.De simples engins de génie civil (bulldozers, pelleteuse, etc.) sont souvent appropriés pour confiner le déversement. Des camions de pompage peuvent être utilisés pour aspirer les hydrocarbures et sonten principe des ressources facilement accessibles car utilisés à d'autre fins.

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l Il est possible que les équipements spécialisés de lutte contre les déversements d'hydrocarbures,comme les barrages flottants et les récupérateurs, soient stockés à plusieurs heures du site dedéversement, ce qui pourrait provoquer des retards considérables dans le lancement d'opérationscomplètes de lutte.

Il convient de faire preuve de diligence lorsque le recours aux modèles de dérive de napped’hydrocarbures est envisagé dans le cadre de la lutte en eaux intérieures ou à terre. La plupart de cesmodélisations sont préparées afin de prévoir l'évolution et le transport des nappes dans les eauxouvertes (océans et mers intérieures) et ne sont pas adaptés aux déversements sur les rivières, lesruisseaux et les lacs, ou sur terre. Des calculs simples permettent de suivre la progression d'undéversement d'hydrocarbures en aval en fonction du courant. Ces calculs ne tiennent pas compte despertes par sédimentation ou arrivage sur les les berges du fleuve, en particulier dans les méandres. Des modèles peuvent être appliqués aux rivières afin de prédire la dynamique et l'envergure de lacontamination en aval, cependant, il est possible que leur résolution ne permette pas de générer desrésultats fiables.

Le processus de hiérarchisation de la lutte au moyen des techniques d'évaluation de la pollution dulittoral en vue du nettoyage s'applique aux habitats maritimes et continentaux. Il est possible que cesméthodes d'évaluation aient besoin d’être adaptées du fait des différents types de côte concernés par un déversement en zone continentale, et dans la mesure où l'incidence des marées se substitue auxfluctuations possibles résultant de débits d'eau variables.

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Une opération delutte contre undéversementd’hydrocarburesmenée à proximité de résidences privées.

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Enjeux en matière de santé et de sécurité

La sécurité des équipes de lutte et de la communauté affecté constitue la priorité première durant lesopérations de lutte contre un déversement d'hydrocarbures. Les dangers auxquels les intervenantssont exposés incluent les dangers physiques (comme les glissements, les trébuchements et les chutes)et chimiques (comme l'hydrocarbure déversé). Le niveau de dangers auquel sont exposés lesintervenants dépend de quatre facteurs principaux :l les propriétés et la composition de l'hydrocarbure déversé,l les circonstances environnementales au moment du déversement d'hydrocarbure et durant la lutte,l l'emplacement et les types d'opérations (y compris leur durée), etl les mesures mises en œuvre pour réduire l'exposition.

L'évaporation peut générer des concentrations élevées en vapeurs inflammables. Le risque incendie doitêtre sérieusement pris en compte notamment dans le cas des déversements d'hydrocarbures bruts légerset de produits raffinés légers (notamment le gasoil). Une des premières opérations mises en œuvredurant la lutte contre un déversement d'hydrocarbure consiste à surveiller les limites d'explosivité deshydrocarbures volatiles, dans la mesure où les hydrocarbures bruts et le gasoil contiennent souvent desteneurs en aromatiques légers élevées.

Le public (et le personnel de lutte) à proximité du déversement d'hydrocarbures est susceptible d’êtreexposé à des composés volatiles s'évaporant de l'hydrocarbure. Les produits chimiques soulevant desinquiétudes sont les aromatiques légers, ainsi que le sulfure d'hydrogène et les autres mercaptans (lescomposés organiques qui comporte un atome de soufre). Les aromatiques légers s'évaporentrapidement, sont très toxiques et peuvent provoquer des cancers en cas d'exposition prolongée à desdoses importantes. Les aromatiques légers sont si volatiles que les concentrations constituant un dangerpersistent pendant quelques heures seulement, hormis à basse température et dans des conditions où lacirculation d’air est limitée. Les fuels plus lourds, cependant, contiennent des concentrations biens moinsélevées d'aromatiques légers, si bien que les déversements de ce type d'hydrocarbures ne génèrent quetrès rarement des niveaux dangereux dans l’atmosphère.

Le sulfure d'hydrogène et les autres composés soufrés ne sont pas cancérogènes mais sont très toxiques.Le nez de l'homme peut détecter ces composés à des concentrations très faibles. Les composés soufréscausent des irritations bien avant d'atteindre des niveaux toxiques. Cependant, comme notre capacité àdétecter les odeurs est rapidement neutralisé, les hydrocarbures déversés contenant des composéssoufrés doivent être gérés avec prudence. Les teneurs en soufre dans les hydrocarbures bruts varientlargement. Certains bruts posent peu de problèmes, cependant ceux qui en posent présentent de gravesproblèmes de santé même à des concentrations non toxiques, en raison de leur effet très irritant (par ex.des maux de tête et des nausées etc.).

Pour en savoir plus sur la gestion de la sécurité et la façon dont le personnel de lutte est protégé contreles risques potentiels, veuillez consulter le guide de bonnes pratiques de l'IPIECA-IOGP intitulé Santé etsécurité des intervenants sur un déversement d’hydrocarbures (IPIECA-IOGP, 2012).

Analyse des avantages environnementaux nets (NEBA) en fonction des options de luttes envisagées

L'Analyse des avantages environnementaux nets (NEBA) en fonction des options de luttes envisagéesconstitue un processus mis en œuvre par la communauté des intervenants afin choisir les meilleuresoptions de lutte qui permettront de réduire les impacts des déversements d’hydrocarbures sur lescommunautés et l’environnement – voir le Guide des bonnes pratiques de l’IPIECA-IOGP sur la NEBA(IPIECA-IOGP, 2015e). Elle nécessite de faire preuve de diligence et de jugement afin comparer lesrésultats probables de l’utilisation de différentes techniques de lutte eu égard aux recommandations surles tactiques les plus efficaces formulées par les spécialistes en NEBA / dans le cadre des luttes passées. La NEBA s'articule en principe autour de la procédure définie dans le tableau 2 de la page 16, qui doitêtre mise en œuvre avant tout déversement dans le cadre de la planification de lutte contre undéversement d'hydrocarbure. Le processus de NEBA

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NEBA en pratique

L'exemple simplifié de NEBA ci-dessous soulève la question du recours au brûlage in-situ (voir lespages 22 - 23) dans une zone humide souillée :

l Il se peut que les hydrocarbures déversés soient collectées dans des retenues en quantité importante,ce qui faciliterait leur combustion. Cependant, le brûlage créera une fumée noire inesthétique, lacombustion risquant de détériorer et/ou détruire la végétation contaminée située au-dessus duniveau de l'eau de surface.

l Les opérations de nettoyage à la main ou mécaniques traditionnelles peuvent détruire la végétation(par ex. après l'élimination du sédiment souillé et de la végétation souillée). Les équipements utiliséset le personnel de lutte risquent de piétiner et d'enfoncer ou involontairement les hydrocarbures dans le sol, vers les racines où les effets de l'exposition seront susceptibles de générer des dommagesà plus long terme.

l Quel est le degré de contamination et le potentiel de régénération attendu pour les zoneshumides souillées ?

l Quel est l'efficacité des options de lutte en termes d'élimination des hydrocarbures ?l Dans quelle mesure cet habitat est-il unique et quelle est la sensibilité saisonnière de ces plantes ?l Le brûlage in-situ contrôlé et les options de récupération mécaniques (voir la section suivante sur les

Techniques de lutte) doivent être comparées entre elles mais aussi avec la possibilité de « ne rien faire »associé à un suivi de la régénération naturelle de la zone humide.

Ces questions dans le cadre du NEBA peuvent être préalablement évaluées et intégrées au planificationd'urgence contre les déversements d'hydrocarbures. Un tel plan favorise en outre la mise en œuvre d'un processus décisionnel efficace, les équipements et le personnel étant identifiés, les zones destockage de matériel sélectionnées et les besoins prioritaires en termes de protection satisfaits. Lesconsidérations relatives au NEBA sont également applicables durant un accident donné, afin de guider le processus d'évaluation des circonstances du déversement et des options de lutte mais aussi d'estimerles résultats potentiels.

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Tableau 2 Les différentes étapes du processus NEBA

Étapes du NEBA Description

Compiler et évaluerles données

La première étape consiste à identifier le lieu du déversement et la direction dans laquelle il dérivera sous l’action des courants et des vents – au moyen des modèles existants de trajectoire des déversements hydrocarbures. Il peutégalement être utile de savoir comment les hydrocarbures « vieilliront » durant sa dérive. Il s’agit là d’un des volets de la collecte et l’évaluation des données disponibles.

Prédire les résultats La seconde étape consiste à évaluer les cibles qui seront affectés par les hydrocarbures déversés en l’absence detoute intervention. Ceci pourra inclure les ressources écologiques offshore, côtières et littorales, ainsi que lesressources socio-économiques.

L’efficacité et la possibilité de mise en œuvre des différentes stratégies de lutte devront également être évaluées. Ce point traite des techniques de lutte, des modalités pratiques de leur utilisation et de la quantité hydrocarburesqu’elles permettront de récupérer ou de traiter. Dans le cas où les zones menacées comprendraient des habitatscôtiers sensibles aux hydrocarbures, la lutte contre le déversement d’hydrocarbure en mer visera à empêcher quel’hydrocarbure n’atteigne ces habitats. En se basant sur les expériences passées, il sera plus facile d’identifier lestechniques de lutte les plus efficaces. Les aspects logistiques et opérationnels devront constituer une partieimportante du processus NEBA appliqué à toutes les techniques d’interventions faisables.

Obtenir descompromis équilibrés

Les avantages et les inconvénients des possibles stratégies de lutte seront pris en compte, évalués et pondérés en fonction de leurs impacts sur les cibles écologiques et socio-économiques afin de comprendre et d’équilibrer les compromis

Sélectionner lesmeilleures options de lutte

Dans le cadre de la dernière étape du processus, la (les) technique(s) d’intervention sera (seront) adoptée(s) dans le cadre des plans de lutte contre les déversements d’hydrocarbures afin de réduire les impacts potentiels dudéversement sur l’environnement et de favoriser la la réhabilitation de la zone touchée le plus rapidement possible.

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Techniques de lutte

L'ensemble des techniques de lutte adaptées aux déversements en eaux intérieures ne sont pas lesmêmes que celles applicables au déversements en mer. Les équipements volumineux de confinement et de récupération (par ex. les barrages de confinement et les récupérateurs) utilisés dans le cadre desdéversements en mer ne sont généralement pas adaptés aux masses d'eaux continentales plus petites.Cependant, des équipements de confinement et de récupération plus petits, habituellement utilisés àproximité des côtes dans le cadre des déversements côtiers, seront adaptés à de nombreuses eauxintérieures. S'il est envisagé d'avoir recours aux barrages, des tactiques spécifiques de déploiementdoivent être prises en compte notamment lorsque le débit d’eau est élevé.. S'agissant des hydrocarburescontaminant les rives d’eaux douces, la récupération manuelle des hydrocarbures constitue l'approche la plus courante dans de nombreux pays. L'utilisation de dispersants est généralement limitée aux zones maritimes dont la profondeur est supérieure à une valeur minimale et située à une distance définie dela côte. Dans ces zones, la dilution dans la colonne d’eau est susceptible de réduire rapidement l'impactdes hydrocarbures dispersés et de faciliter la biodégradation. En outre, les dispersants ne sontgénéralement pas formulés pour être utilisés en eau douce et, en tant que tels, sont beaucoup moinsefficaces dans ce contexte. Dès lors, cette technique n'est en principe pas envisagée dans le cadre de lalutte en eaux intérieures. Le brûlage in-situ contrôlé peut cependant être adaptée dans un large éventaild'habitats continentaux

Les procédures et processus de prise en charge de la la faune souillée sont pratiquement identiques dansle cas des déversements en eaux intérieures ou maritimes. Les animaux souillés à l'occasion desdéversements en eaux intérieures peuvent inclure les animaux d'élevage et de compagnie.

Les déchets souillés peuvent être collectés, stockés et éliminés conformément à la législation applicable. Les principes régissant la réduction et le tri des déchets s'appliquent. À l'inverse desdéversements offshore :l les liquides récupérés dans le cadre des déversements au sein d'installations fixes peuvent être

recyclées et reversés dans les cuves de stockages des installations, etl les sols contaminés peuvent être excavés ou restaurés in situ.

Les hydrocarbures des déversements mineurs sont souvent récupérés au moyen d'absorbants, desquantités relativement importantes de déchets solides contaminés devant alors être éliminées. La plupartdes pays se sont dotés d’une législation considérant ces déchets comme dangereux, requérant ainsi desniveaux élevés d'analyse et de suivi lors de leur traitement.

La restriction de l’accès à certains sites pour des raisons de sécurité et le maintien du public à distance deséquipes de nettoyage et de l'hydrocarbure peut s'avérer difficile si l'hydrocarbure a contaminé ou leurterre ou leur propriété. La participation du public et des élus locaux dans le processus décisionnel peut serévéler intense et détourner l'attention des responsables de la lutte des considérations opérationnellesinhérentes au nettoyage des hydrocarbures. Les défis auxquels est confronté l'équipe de gestion de lalutte incluent le relogement des familles, l'approvisionnement en eau potable, la réouverture des routes et le traitement des réclamations pour les dommages et les pertes de revenus subis.

Confinement et récupération

Le confinement des hydrocarbures déversés qui seront ensuite récupérés manuellement oumécaniquement constitue de loin la technique de lutte en eaux intérieures la plus utilisée. Les conceptssont simples, la plupart des intervenants ne nécessitant pas d'équipement spécial - ce qui constitue unfacteur important lorsqu’un déversement d'hydrocarbures survient à une distance considérable d'unstock d'équipement de lutte spécialisé. Le confinement consiste à empêcher les hydrocarbures déversésde se propager et les concentrer en quantité suffisante pour faciliter sa récupération. Les typesd'équipement utilisés peuvent être des matériaux de construction locaux, des équipements deterrassement ou encore des versions plus petites des barrages ou des récupérateurs utilisés dans le casdes déversements offshores ou côtiers.

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La plupart des déversements en eaux intérieures touchent dans un premier temps les terres.Le personnel de lutte souhaite en tout premier lieu éviter que les hydrocarbures ne s'écoulent dans des eaux de surface ou pénétrent dans le sol. En cas de déversement sur les surfaces imperméables, le personnel de lutte construira des talus ou d'autres barrières afin d'assurer le confinement deshydrocarbures. Des barrages absorbants ont été utilisés aux mêmes fins dans le cadre de déversementsmineurs. Les réseaux de collecte des eaux pluviales sont souvent protégés et bloqués à par descouvercles ou des plaques en les lestant auparavant avec des sacs de sable.

Les petits ruisseaux et les canaux sont souvent endigués à l'aide de matériaux locaux de constructioncomme l'argile ou le gravier. C'est tout particulièrement utile lorsque les barrages de confinement nesont pas immédiatement disponibles ou ne peuvent être déployés dans la mesure où le ruisseau est tropétroit, le courant trop puissant ou la profondeur insuffisante. Des barrages permettant l’écoulement del’eau du fond des rivières sont souvent équipés d’un système de tuyau installés à travers le barrage. Ceci permet le passage de l'eau tout en retenant l'hydrocarbure en surface en vue de sa collecte. Sur lescours d'eau rapides, les tuyaux doivent seulement être placés sur le fond du cours d'eau pour permettre à l'eau de passer. Il est important que le débit d’eau soit suffisant, car, dans le cas contraire, les barragespourraient être emportés. En ce qui concerne les cours d'eau peu profonds, dans lesquels les barragesconstruits doivent conduire à une élévation du niveau d'eau, les tuyaux pourront être coudés, lesextrémités situées en aval permettant ainsi de réguler le niveau d'eau. L'écoulement accru résultant de

droite : des tas deterre utilisés pourcontenir du gasoildéversé.

À l'extrême droite :des absorbantsutilisés pour confinerdes hydrocarbures en vue de leurrécupération.

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À droite, ci-contre : unbarrage doté de tuyauxcoudés afin relever leniveau de l'eau et s'assurerque les hydrocarburesseront retenues afin d’être collectés.

À droite : un barrageconstruit à l'aide deplanches de contreplaqué.

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la pluie ou la neige est susceptible de surpasser la capacité de ces installations temporaires, c'estpourquoi il est conseillé de suivre les conditions météorologiques afin de d'assurer que les barragespeuvent être construits de manière adéquate, entretenus et en mesure de préserver leur intégrité.L'emplacement de ces barrages doit être choisi si bien que les eaux ne puissent inonder les terrainsadjacents et ne soient à l’origine de contaminations secondaires en amont du barrage.

Des plaques de contreplaqués peuvent être utilisées de manière efficace pour bloquer les caniveaux, lesfossés et les petits cours d'eau. Elles seront placées sur les rivages du cours d'eau et sécurisées. Dans lecas où de l'eau s'écoulerait dans le lit du ruisseau ou le fossé, elles peuvent être surélevées pour créer unecirculation d’eau au fond du cours d’eau. Certains barrages en bois peuvent être préconstruits et insérésou cela est nécessaire ou construits sur site. Ils seront toujours dotés d'une section centrale qui pourraêtre relevé ou rabaissée afin de contrôler le niveau de l'eau et retenir les hydrocarbures. Comme pour lesautres techniques de barrage, le fonctionnement de ces structures doit être surveillé afin d'identifier lesmodifications des flux et maintenir leur intégrité structurelle.

Les barrages flottants de confinement sont conçus pourretenir les hydrocarbures flottants sur l'eau. Des barragesflottants de différentes tailles sont disponibles et s’adaptentà toutes sortes de conditions. Les petits barrages flottantssont généralement utilisés sur les rivières et les ruisseauxdans la mesure où ils présentent un franc-bord relativementbas et sont faciles à manipuler.

Les propriétés physiques de l'écoulement d’eau en-dessousd'un barrage de confinement sont telles que des vitessesd'eau très faibles (même en-dessous d'un nœud ou0,5 mètre par seconde) sont en mesure de provoquerd’entraîner les hydrocarbures sous le barrage. Enconséquence, les barrages de confinement sontgénéralement déployés en biais de la direction des courantsafin que la vitesse effective de l'eau soit réduite et d’éviter les pertes d'hydrocarbure. Cependant, même les barrages très inclinés par rapport au courant ne sauraient maintenir des hydrocarbures si les courants sont supérieurs à trois nœuds (1,5 mètre par seconde). Lorsque la vitesse et la direction des courants varient en raison des cycles de marée estuariens, les inondations ou les autres variationsnormales de l'eau, il peut être difficile de déployer des barrages de confinement qui continueront deretenir les hydrocarbures en mouvement. Les forces exercées sur les barrages de confinement par ledébit d'eau sont puissantes, si bien que des équipes qualifiées sera nécessaire pour le déploiementréussi d'un ou plusieurs barrages dans une configuration adaptée, ainsi que pour assurer unemaintenance régulière du barrage. Dans certains cas, comme les inondations, il peut s'avérer peu

Ci-dessous : des barragesflottants utilisés pourexclure un hydrocarburedes chenaux latéraux.

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À gauche : des barragesutilisés pour orienter leshydrocarbures vers unpoint de collecte.

Ci-dessous, à droite :un déflecteur est utiliséafin de maintenir lebarrage flottant selonun angle donné.

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pratique de déployer des barrages tout en garantissant la sécurité des travailleurs. Les barragesdéployés doivent être contrôlés périodiquement afin de s'assurer de leur bon fonctionnement et êtreajusté si nécessaire.

Les barrages flottants peuvent être déployés afin de protéger les ressources sensibles contre l'arrived’hydrocarbures ou d'orienter ceux-ci vers un point de collecte. Par exemple, des barrages dedéflection peuvent être utilisés afin de détourner les hydrocarbures des zones relativement petitesmais particulièrement sensibles comme les captages d'eau. Plusieurs barrages peuvent êtreéchelonnés le long d'un cours d'eau afin d'atteindre de tels objectifs. Les barrages doivent êtreancrés afin de rester en place. Le déploiement de longues sections de barrages selon uneconfiguration adaptée à l'aide d'ancres et de cordes peut s'avérer difficile et fastidieux. Lesdéflecteurs des barrages utilisant la puissance du débit d'eau afin de maintenir le barrage en placeont été développés.

Pour certains accidents survenant sur de grandes rivières, où il s'estavéré difficile de déployer un barrage de manière efficace. Danscertains cas, des barges ont été mises en place sur les berges derivière pour faire office de protection. Les hydrocarbures sonttoujours susceptibles d’être entrainés sous les barges. Les bargesdoivent donc être orientés selon le courant, comme dans le cas desbarrages de confinement.

La récupération des hydrocarbures déversés peut simplementconsister en l’utilisation de camions de pompage. Les camions de pompage sont tout particulièrement efficaces lorsqu'ils sontconnectés à des récupérateurs d'hydrocarbures ou d'autresdispositifs de récupération, bien qu'ils puissent être utilisés seulslorsque l'hydrocarbure est accessible et concentré en couchesépaisses. Cependant, un tuyau d'aspiration installé sur un camion de pompage est en mesure de récupérer des quantités importantesd'eau. Les volumes d’'eau ainsi récupérés peuvent augmentersignificativement les moyens à mettre en œuvre pour le traitementet l’'élimination.

Les récupérateurs les plus courants sont des dispositifs oléophiles où les hydrocarbures sont adsorbésà la surface du récupérateur. Les quantités d'eau collectées avec les hydrocarbures sont alors réduites.Parmi ces dispositifs, les récupérateurs à tambours et à disques sont particulièrement utilisés. Lescordes à cordes étant plus utilisés sur des sites comportant des débris volumineux. Pour les opérationsles plus simples, les récupérateurs dotés d'une tête d'aspiration qui se posent bien à plat peuvent êtreutilisés afin de limiter la quantité d'eau récupéré. Les stocks d'équipement de lutte locaux contiennentgénéralement les types de récupérateurs les plus susceptibles d’être efficaces sur les hydrocarbures etdans les rencontrés au niveau local.

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Ci-dessous, à gauche :un récupérateuroléophile à tambours.

Ci-dessous, à droite :cordes oléophiles au milieu denombreux débris.

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Ci-dessous : uncamion de pompageutilisé en combinaisonavec un récupérateurà tambours afin de récupérer leshydrocarburesdéversés.

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Les hydrocarbures déversés dans les eaux stagnantes peuvent être concentrésdans un site donné pour sa récupération en l’orientant à l’aide de jets d’eau. Le but est de repousser les hydrocarbures vers lesbarrages de confinement et les récupérateurs. Il convient de faire attention à ne pas mélanger leshydrocarbures dans la colonne d’eau où il pourrait entrer en contact et s'accrocher aux sédiments et dèslors être plus difficile à éliminer.

Déversements sur la neige et la glace

Détecter la présence d'hydrocarbures sous des couches de neige ou de glace peut s'avérer compliqué.Percer des trous dans la glace semble être la seule technique viable permettant de détecter la pollution à l’heure actuelle. Les technologies de télédétection permettant de détecter les hydrocarbures endessous des couches de glace ont fait l'objet de recherches, un certain nombre de techniquesprometteuses ayant été identifiées, sans pour autant avoir étéutilisées par la communauté impliquée dans la lutte.

Une fois détectés, les hydrocarbures qui se déplacent à la surfacede l’eau, sous la glace, peuvent être récupérés en découpant dessillons dans la glace. Il est également possible d’insérer despanneaux de contreplaqué dans la glace selon des anglesappropriés afin d'orienter les hydrocarbures (comme avec lesbarrages de confinement) là où ils pourront être récupérés.Des tronçonneuses peuvent être utilisées pour découper la glace,les risques pour la sécurité inhérents à l'utilisation de tels outilsdans des conditions défavorables nécessitant le port de tenuesvestimentaires encombrantes de protection contre le froid,devront être traités.

Pour en savoir plus, consultez le site internet du Programme decoopération industrielle sur les technologies de lutte contre lesdéversements d'hydrocarbures en milieu Arctique (IOGP, 2012).

Absorbants

Les absorbants (matériaux qui sont en mesure d'absorber ou adsorber les hydrocarbures) sontfréquemment utilisés pour collecter les hydrocarbures sur des surfaces planes et dures. Lors dedéversements mineurs, il peut s'agir de la seule méthode de récupération possible. Les hydrocarburesdéversés sur les routes peuvent générer des surfaces glissantes et doivent être éliminés avant touteréouverture de la route. Souvent, des particules minérales (comme le sable, la vermiculite, les mélangesd'argile) sont utilisés car elles sont peu onéreuses et peuvent être facilement appliqués et collectées.

L'utilisation de bottes de paille ou autres barrages absorbants constitueune technique de récupération possible, notamment si seuls desmatériaux naturels sont disponibles. Des clôtures en treillis métalliquepeuvent être installées à travers des voies navigables étroites et à faibledébit afin de maintenir en place les matériaux absorbants placés enamont et de contenir et absorber les hydrocarbures flottant alors quel'eau continue de s'écouler à travers le barrage. Ces barrières nepeuvent arrêter le débit de quantités importantes d'hydrocarburesmais peuvent absorber des quantités moindres d'hydrocarbures. La paille est le matériau le plus fréquemment utilisé mais d'autresmatériaux absorbants peuvent être utilisés. Un enjeu opérationnelmajeur concerne la récupération, le traitement et l'élimination desabsorbants contaminés. Le brulage contrôlé sur site constitue parfoisune option.

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Ci-dessous : un sillondécoupé dans laglace permettant auxhydrocarbures deremonter à la surfaceet de s'écouler vers unpoint de collecte.

Des intervenantsrécupèrent lesabsorbants qui ont été utilisés pour nettoyer uneroute souillée.

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Des absorbants synthétiques traditionnels sont souvent utilisés pour confiner et récupérer leshydrocarbures. Ils peuvent être placés à l'extérieur des réseaux d’évacuation d’eau et le long des barragesde confinement afin d'adsorber des petites quantités d'hydrocarbures. S’ils sont utilisés en trop grandnombre, ils peuvent constituer un problème en termes de récupération et d'élimination des déchets.Dans certains cas le recours à la récupération mécanique ou au brûlage contrôlé sur site est plus efficace.Les absorbants usés et souillés sont des déchets qui doivent généralement être éliminés en tant quedéchets dangereux. Les exigences logistiques liées à leur acheminement vers le site de déversement, leur utilisation, leur récupération et leur élimination du site doivent être prises en compte à l'avance.

Produits solidifiants

Les solidifiants sont des produits qui se mélangent avec l’hydrocarbure et l’immobilisent. Ils secomposent de polymères secs en vrac qui fondent partiellement lorsqu'ils entrent en contact avec leshydrocarbures, et qui sont censés lier ou encapsuler l'hydrocarbure. Les hydrocarbures lourds et visqueuxainsi que les hydrocarbures émulsionnés ne réagissent pas bien en raison du faible niveau de pénétrationet de mélange. Les fabricants recommandent souvent de les appliquer sur les hydrocarbures déverséssous forme de poudres. Ces poudres peuvent s'avérer difficiles à récupérer sur l'eau mais sont plus facilesà appliquer et à récupérer dans le cadre des déversements plus petits sur terre ou sur les substrats durs.

Les solidifiants peuvent également être appliqués à l’intérieur des barrages de confinement, des coussinsou des boudins jetables etc. et puis être récupérés comme des absorbants. Ils créent des liens plus fortsavec les hydrocarbures que les absorbants et ne laissent pas s’écouler les hydrocarbures comme ce peutêtre le cas des absorbants. Ils peuvent permettre d’eliminer les irisations d'hydrocarbures de la surface del'eau. Il se peut que certaines législations restreignent l'utilisation de solidifiants, notamment ceux sousforme de poudre.

Brûlage contrôlé in-situ

Il existe de nombreux cas dans lesquels les hydrocarbures déversés ont été accidentellement misà feu, détériorant ainsi installations et navires. Cependant, le brûlage mis en place de manièreréfléchie permet de limiter la propagation des hydrocarbures déversés, d'éliminer rapidementles hydrocarbures de la surface de l'eau, de la neige ou de la glace et dès lors de réduire lesconséquences pour l’environnement comme le montre la NEBA. Le brulage contrôlé sur terre estfréquemment utilisé avec une grande efficacité en Amérique du Nord.

Le brûlage contrôlé in-situ est habituellement envisagé lorsque l’accès au site contaminé est limité oulorsqu'il est nécessaire d'éliminer rapidement les hydrocarbures. Il est possible que les équipementsmécaniques ne soient pas en mesure d'accéder au site du déversement si, par exemple, le terrain esttrop escarpé, boisé ou humide. Alors que les opérations de nettoyage mécaniques sont susceptibles de

Ci-dessus, à gauche :des bottes de pailleutilisées pourmaintenir et absorberde faibles quantitésd'hydrocarbures.

Ci-dessus, à droite :l'élimination de paillesouillée par brûlage sur site.

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nécessiter un temps considérable, les brulages contrôlés sont en mesure d'éliminerdes quantités importantes d'hydrocarbures en seulement quelques heures. Ce gainde temps peut s'avérer critique notamment dans le cas où de fortes pluies seraientsusceptibles de permettre aux hydrocarbures de se répandre dans des zones pluslarges ou plus sensibles. Il convient également de prendre en compte l'éliminationdes déchets. Si des quantités importantes de déchets étaient générées et/ou aucunsite d'élimination approprié n'était disponible, le brûlage contrôlé in-situ estsusceptible de constituer la meilleure option d'élimination des hydrocarbures.

Les zones humides et les autres environnements sensibles risquent être endommagéspar les actions intrusives des intervenants de la lutte. L'humidité des sols est un facteurpouvant empêcher l’accès de l'équipement au site et de renforcer le potentiel denuisance des opérations mises en œuvre par les intervenants. Cependant l'humiditéprotégera les racines des plantes et le sol contre la chaleur produite par le brûlage.

Lorsque le brûlage contrôlé est envisagé, il convient de garder à l'esprit les considérations suivantes :l La sécurité : rle personnel de lutte et le public doivent être protégés contre tout risque de l'étalement

de l'incendie. Souvent, les services locaux de lutte contre les incendies sont présents afin d'humidifierla végétation environnante et de prévenir l'étalement du feu au delà de la zone contaminée parles hydrocarbures.

l La mise à feu : des méthodes simples et sûres doivent être privilégiées. Des fusées éclairantes, despistolets de détresse, des torches ainsi que des brûleurs à propane ont été utilisées avec succès.

l L'humidité : de nombreux écosystèmes résistent à la chaleur produite par les incendies dans lamesure où les feux sont partie intégrante de leur cycle de vie (par ex. les zones humides). Cependant,la chaleur produite par un hydrocarbure en feu peut être si intense que même ces plantes ne sont pasen mesure d'y résister. Les niveaux élevés d'humidité sont dès lors désirables, en particulier afin deprotéger les racines contre le stress suscité par la chaleur et limiter le risque de l'étalement del'incendie au-delà de la zone souillée.

l La saison : à des latitudes élevées, le brûlage en hiver génère souvent des dommages environnemen-taux moindres dans la mesure où de nombreuses plantes sont dormantes et recouvertes de neige. Les brûlages dans les conditions caractéristiques de la fin de l'été peuvent susciter un stress auprèsdes plantes dans la mesure où elles sont toujours en train de constituer leurs réserves de nourriture.

l Les conditions météorologiques : les conditions météorologiques non prévisibles sont susceptiblesde générer des risques en matière de sécurité lors d'un brulage contrôlé. Des vents faibles etconstants, sans menace de tempête ou de fronts météorologiques sont souhaitables dans la mesureoù de telles conditions réduisent le risque de l'étalement du feu. Les inversions de températureatmosphérique sont susceptibles de piéger le panache de fumée et ne sont donc pas désirables dansla mesure où elles restreignent la dispersion de la fumée.

l La collecte des résidus : des hydrocarbures non brulés persistent quasi-systématiquement après lebrulage. Si les quantités sont suffisantes, les hydrocarbure non brûlés pourront être collectés et brûlésà nouveau. Les résidus des hydrocarbures bruts brûlés peuvent avoir des consistances variables : desstructures goudronneuses à friables. Ces résidus doivent être collectés. Sur l'eau, les hydrocarburessoumis à des brûlages intenses peuvent générer des résidus qui coulent après avoir refroidi et nesauraient être abandonnés.

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Un brûlage in-situcontrôlé dans unetourbières. La poudreblanche est unproduit ignifuge.

Ci-dessous à gauche :la neige et la glaceprotègent cette zonehumide contrel'exposition auxhydrocarbures etfavorise le contrôle de l’incendie.

Ci-dessous, à droite :un large panache de fumée qui s’élèveau-dessus d'une zonehumide en feu.

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Nettoyage de la zone littorale ou des rives

L'évaluation de la zone littorale ou des rives

Les opérations d’évaluation de la pollution du littoral (ou des rives) – également appelées techniqued’évaluation de la pollution du littoral en vue du nettoyage (SCAT) - constituent une composanteessentielle des opérations de lutte. Les informations recueillies par les équipes d’évaluation sont utiliséespar les responsables des opérations de lutte afin de définir les objectifs, les priorités, les contraintes et lescritères de validation. Elles sont essentielles pour appuyer les opérations de planification, la prise dedécision et la mise en œuvre d’un programme effectif d’intervention sur le littoral.

Les opérations d’évaluation de la pollution du littoral sont organisées dans les eaux intérieures afin de :l définir et documenter l'ampleur et la nature de la contamination du littoral ou des rives,l identifier et documenter le type et les caractéristiques fluviales ou lacustres à l’intérieur de la zone

touchée,l émettre des recommandations sur les critères de validation du traitement et les techniques de

traitement générant un bénéfice environnemental net sur la base de faits scientifiques avérés,l fournir un soutien au cours des opérations de traitement permettant de s’assurer que le personnel

en charge du nettoyage du littoral ou des rives comprend les attentes et les inquiétudes desresponsables des opérations de lutte,

l définir une procédure de finalisation une fois les opérations terminées, etl impliquer les représentants concernés afin d’avoir un consensus tout au long des interventions sur

le littoral et les rives.

Pour en savoir plus sur l'élaboration et la mise en œuvre des évaluations SCAT, consultezLe Guide de bonnes pratiques de l'IPIECA-IOGP sur les techniques d’évaluation de la pollution du littoralen vue du nettoyage (SCAT) (IPIECA-IOGP, 2014). Les principes régissant les SCAT peuvent être appliquésde la même manière aux accidents en zones côtières ou dans les eaux intérieures. Pour favoriser lastandardisation et privilégier une approche systématique de l'évaluation et de la collecte des donnéesopérationnelles, une série de formulaires de collecte de données sur les habitats continentaux a étéélaborée (ORG, 2014).

Pour assurer une mise en œuvre efficace du SCAT, une équipe d'intervenants dédiés maîtrisant lesobjectifs et la terminologie doit être mobilisée. Cette équipe doit être entièrement intégrée à l'équipe degestion de la lutte afin de s'assurer que leurs données sont utilisées en appui du processus décisionnel.

Techniques de nettoyage

Les techniques de nettoyage des rives des rivières et lacs souillées ont certaines similitudes avec leslittoraux maritimes (pour en savoir plus sur ces derniers, consultez le Guide de bonnes pratiques del'IPIECA-IOGP sur les techniques de nettoyage des littoraux souillés (IPIECA-IOGP, 2015a)). Le terme« nettoyage » est dans ce contexte appliqué de manière extensive et inclut les différentes techniques de lavage, l'élimination manuelle et mécanique des hydrocarbures ainsi que l'élimination de lavégétation contaminée et des débris souillés. Ces opérations peuvent permettre ou non d'éliminerl'intégralité de l'hydrocarbure des berges et des rives. L'envergure des opérations de lutte est susceptiblede varier pour les déversements mineurs, les techniques devant être adaptées aux circonstancesspécifiques du déversement.

Alors que les marées et les vagues dominent généralement la relation entre les littoraux marins et lacontamination par les hydrocarbure, ce sont les vagues pour les lacs et les débits d'eau dans les ruisseauxet les rivières qui dominent les interactions rives-hydrocarbures dans les eaux intérieures. La tendancedes systèmes d'eau douce à être plus confinés que les environnements marins implique une dilutionmoindre des hydrocarbures dans l'eau et un potentiel de dérive plus faible. En conséquence lesconcentrations en hydrocarbures peuvent être plus importantes dans les eaux intérieures contaminées.

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De nombreux habitats continentaux ont été transformés par les hommes, notamment dans le cadre desconstructions urbaines et suburbaines, le développement d'installations commerciales et industrielles, etl’agriculture. En conséquence, il est possible que la configuration naturelle ait complètement disparue ouqu'elle ait été substantiellement modifiée. Ces facteurs peuvent résulter sur un niveau moindre depréoccupation à l'égard de la sensibilité écologique de tels habitats à l'exposition aux hydrocarbures, destechniques de nettoyage plus agressives étant envisageables.

Alors que les littoraux maritimes sont classifiés en fonction de la nature de l’estran, les habitats terrestressont classés de la façon suivante :l Les rives des lacs sont classifiés en fonction de la typologie de la partie de la berge soumise à l'action

des vagues. Cette zone est similaire aux estrans maritimes et incluent l’étage supralittoral,médiolittoral, infralittoral et les zones submergées (en-dessous desquelles les plantes enracinéesarrêtent de se développer).

l Les berges des cours d’eau des rivières sont classées en fonction de la hauteur d’eau, et incluent leszones au-delà de la rive (plaine d’inondation), la partie supérieure et inférieure des berges, et leszones situées entre les méandres(bancs exposés dans le cours d’eau).

Sous les effets des marées, les littoraux maritimes sont généralement plus larges que les rives et lesberges des eaux intérieures. En eau douce, un rivage d’une largeur d'un mètre sera considéré commelarge alors que dans un contexte marin il sera considéré comme étroit. Les rives des eaux douces incluentdes formes diverses de substrats : vase, argiles et autres sédiments et des rives végétalisées.

La variation du niveau des eaux dans l'environne marin est souvent prévisibles (par ex. celles causées parles marées) alors que les variations des niveaux d'eau douce peuvent être imprévisibles (par ex. cellescausées par les tempêtes et les précipitations). Ces variations imprévisibles du niveau des eaux peuventdramatiquement affecter les opérations de nettoyage ainsi que l'élimination naturelle des hydrocarbures.Les petits ruisseaux et les eaux peu profondes sont susceptibles d’être souillés dans leur intégralite,nécessitant ainsi un nettoyage ´du lit du cours d'eau de berge à berge. Les effets écologiques del'étalement des hydrocarbures doivent être mis en balance avec le dommage potentiel résultant del'élimination manuelle et mécanique et l'option de laisser une quantité déterminée d'hydrocarbures sedégrader naturellement.

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Élimination deshydrocarbures d'unezone humide souilléespar un fuel lourd - lespalettes sont utiliséespour prévenir leseffets du piétinement.

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Toutes les techniques de nettoyage peuvent s'avérer intrusives et endommager les habitats, même enl'absence d'hydrocarbures. Il est conseillé d'identifier les techniques privilégiées à l'avance lors de lapréparation des plans de lutte contre les déversements d'hydrocarbures, lorsqu’il est possible deconsulter les ouvrages de bonnes pratiques pour choisir les meilleures techniques en eaux intérieures etsur les rivages associés. Durant la lutte, un NEBA informel et rapide (voir la page 15) peut être utilisé pourconfirmer que les décisions prises sont appropriées en matière de sélection des techniques de lutte,permettant de s'assurer que de telles actions sont faisables au niveau opérationnel et moins intrusives àl'égard de l'environnement. Une synthèse des effets relatifs des techniques de lutte physiques utilisées àl'égard des habitats et des rivages d'eau douce en l'absence d'hydrocarbures est proposé dans letableau 3, à la page 26.

Nettoyage en surface et produits de lavage

Certains produits de lavage sont des produits augmentant le niveau de facilité ou d'efficacité avec lequelles hydrocarbures sont éliminés au contact de l'eau. Les hydrocarbures sont lavé, ou re-mobilisés, depuisla sur une surface dure contaminée, puis confinés par des barrages et collectés par des récupérateurs oudes absorbants. Ces produits sont conçus pour être utilisé sur des hydrocarbures très lourds, et sur dessubstrats durs qui ne peuvent être nettoyés grâce au seul rinçage à l'eau, leur utilisation ne constituantpas une technique de lutte primaire. Ils ne sont pas très efficaces sur les substrats poreux comme lesberges sableuses et les marécages.

De nombreux produits de lavage sont vendus en vue du nettoyage en surface, certains étant adapté à unusage ménager. Cependant, seulement un faible nombre présente une toxicité aquatique peu élevée et

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a) Enrochementsouillé et barrageabsorbant au bord de l'eau.

b) Pulvérisation d'unagent nettoyantdes côtes.

c) Rinçage après unepériode de contact.

d) Enrochementnettoyé.

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n'entraîne pas la dispersion des hydrocarbures nettoyés. Comme ces agents nettoient de manièreefficace, certains sont utilisés pour nettoyer les équipements de lutte souillés dans des installations de décontamination.

Leur utilisation par les intervenants locaux et notamment les sapeurs-pompiers n’est pas récent,notamment afin d'éliminer les hydrocarbures rapidement des routes et des autres surfaces dures. La priorité est de réouvrir rapidement les zones pavées en vue d'une utilisation par le public en toutesécurité. Cependant, il convient de restreindre la remobilisation des hydrocarbure nettoyés ou dispersé.

Les meilleurs produits sont ceux qui présentent une toxicité aquatique réduite tout en demeurantefficace. Ils requièrent souvent une période de contact afin d'interagir avec les hydrocarbures avant êtrerincés avec de l'eau. En conséquence, ils ne peuvent être utilisés de manière efficace en présence devagues ou par temps de pluie dans la mesure où l'eau lavera le produit sur la surface souillé avant qu'il ait le temps de faire effet et de mettre les hydrocarbure en suspension.

Biodégradation

Bien qu'il ne s’agisse pas d'une technique de lutte contre le déversement censée limiter la propagationde l'hydrocarbure et le récupérer, les activités de nettoyage à long terme pourraient inclure desopérations de biorestauration. Les micro-organismes qui dégradent les hydrocarbures existent partout etont besoin d'une quantité suffisante oxygène et de substances nutritives, notamment d'azote et dephosphore, pour se développer. Dans les eaux intérieures stagnantes, où la circulation d’eau est limitée,comme les zones humides, les marécages, les étangs et les lacs, un important afflux d'hydrocarbures estsusceptible de nuire aux micro-organisme, l’oxygène et les substances nutritives pouvant se raréfierrapidement. La biodégradation des hydrocarbures dispersés est plus facile et plus rapide sur la fractionsoluble des hydrocarbures. Cependant, il s'agit d'une situation atypique dans la mesure où la plupart descomposés hydrocarbonés ne sont pas très solubles dans l'eau ou peuvent être insolubles. Les composésles plus solubles sont les composés légers constituant les produits raffinés, les hydrocarbures bruts trèslégers et les carburants à base d'éthanol.

Si des quantités importantes de composés solubles (par ex. dans les produits raffinés) sont disponiblespour les micro-organismes, la croissance rapide pourrait réduire la disponibilité en oxygène dissous dansles petites masses d'eau et causer l'hypoxie, ralentissant ainsi la croissance des micro-organismes etaffectant les autres espèces aquatiques. La diminution drastique de la quantité d’oxygène dissous peutêtre létale pour les poissons. Des études ont montré que l'application d'engrais accélérait la vitesse dedégradation lorsqu’il y avait un manque de substances nutritives. Cependant, ceci peut égalementprovoquer l'eutrophisation, augmentant ainsi le potentiel d'hypoxie.

La biodégradation n'est pas une nouvelle technologie de lutte. Elle survient naturellement, peuimporte qu'elle ait été stimulée ou non par l'application de substances nutritives. La vitesse debiodégradation dépend de quatre facteurs clés : les substances nutritives, l’oxygène, la températureambiante, et le degré local de contamination. Une contamination légère peut être dégradée enl'espace de quelques semaines ou d'une saison. Plusieurs mois sont nécessaires pour dégrader lescouches épaisses d'un hydrocarbure contaminant le rivage. De fait, il ne s'agit pas d'une technique delutte mais plutôt d'un processus sur lequel on peut s’appuyer une fois que la plus grande partie deshydrocarbures ait été éliminée grâce aux autres techniques de nettoyage.

Il peut être difficile de parvenir à un accord sur les critères de validation des activités de nettoyage,dans la mesure où les parties prenantes estiment dans un premier temps qu’il est requis et appropriéque l'intégralité des hydrocarbures soient éliminés par le nettoyage. Cependant, la capacité duprocessus naturel de biodégradation de morceler la majorité des composés hydrocarbonés constitueun facteur essentiel dans le cadre du NEBA et doit être intégré à l'analyse en comparaison des impactsnégatifs potentiels des autres opérations de nettoyage.

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Hydrocarbures immergés

Plusieurs difficultés doivent être surmontés lorsque des hydrocarbures très denses sont immergés dansles eaux douces. L'identification des hydrocarbures immergés peut s'avérer difficile dans la mesure où ilsne sont plus visible. Il est possible d’identifier les zones de dépôt probables au préalable en analysant lamasse d'eau (bathymétrie) et l'hydrologie des eaux de surface (par exemple, les retenues d’eau desméandres dans le cas d'une rivière, à la périphérie des rebords d'un lac, ou les dépressions dans le lit ducours d'eau). Il convient ensuite d'analyser et d'examiner les hydrocarbures. Dans certains cas, desmodifications dans les températures ambiantes ou le fait des saisons peuvent provoquer l'apparitiond’irisations en surface, qui peuvent être signaler la présence d’hydrocarbures immergés. L'utilisationd’absorbants en écheveaux ou en feuilles fixés à un poids et traînés au fond du cours d'eau peut s'avérerutile afin de localiser les hydrocarbures immergés.

Le nettoyage peut inclure l'agitation et l'aération du lit de la rivière ou du lac afin de stimuler laremobilisation des hydrocarbures, ceux-ci étant ensuite récupérés après arrivage sur les rives. Le dragagedu sédiment souillé doit également être prise en compte. Dans tous les cas, le traitement deshydrocarbures immergés devrait constituer un projet à long terme allant bien au-delà de la phased'urgence de l’accident.

OIL SPILLS: INLAND RESPONSE

U.S

. EPA

Pompage d'eau dansle sédiment d'unerivière afin de libérerles hydrocarburesimmergés et de leremonter en surface.

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Résumé

Les déversements dans les eaux intérieures ou à terre sont généralement beaucoup plus petits envolume mais plus fréquents que les déversements dans les eaux maritimes et côtières. Ces déversementsn'attirent pas le même niveau d'attention de la part du grand public et des médias par rapport auxdéversements majeurs en mer.

La lutte contre les déversements d'hydrocarbures en eaux intérieures ou à terre est régie par les mêmesprincipales que la lutte contre un déversement en mer, cependant il y a des différences significatives. Les déversements en eaux intérieures et à terre, même les plus petits, affectent souvent directement lepublic de manière plus étroite que les déversements de même taille survenus en milieu marin. Il y aégalement plus de chance qu'ils impliquent des produits raffinés, et soulèvent immédiatement desinquiétudes en termes de sécurité non seulement en raison de la proximité directe des communautésmais aussi en raison des craintes spécifiques sur les vapeurs toxiques les risques d'incendie. Lesdéversements peuvent survenir près des maisons et des entreprises, le long des autoroutes, dans lesvilles et les villages. Cette proximité peut, et souvent doit, orienter les priorités en termes de lutte,y compris :l prévenir l'exposition aux hydrocarbures des installations d'eau potable,l surveiller les vapeurs d'hydrocarbures et les panaches de fumée afin de garantir la santé et la sécurité

publique, et sécuriser les zones d'exclusion opérationnelles,l prévenir l'exposition du bétail et des animaux de compagnie aux hydrocarbures, et l limiter la perturbation des transports sur les voies navigables et considérer l’évacuation temporaire

des riverains et la fermeture des entreprises, si nécessaire.

La lutte, notamment dans le cadre des petits déversements, peut être mise en œuvre et/ou superviséeuniquement par les autorités locales. La lutte contre les déversements d'hydrocarbures mineurs peut être menée à terme par quelques intervenants seulement et peut être généralement être terminéerapidement, dans la mesure où les zones géographiques susceptibles d’être affectées sont plus limitées.Lorsque des hydrocarbures sont déversés depuis des installations fixes ou d'autres ressources, il estpossible déclencher planification d'urgence contre le déversement d'hydrocarbures basé sur desscénarios réalistes, permettant une amélioration du niveau de communication et de coordinationpendant la lutte.

L'industrie a analysé les déversements en eaux intérieures et à terre et les opérations de lutte associéespour développer un guide sur les techniques de lutte prenant en compte le type d'hydrocarbure et lasensibilité des habitats. Ce guide vise à décrire les différentes techniques de lutte qui sont efficaces etgénèrent un bénéfice net pour l’environnement.

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OIL SPILLS: INLAND RESPONSE

Lectures recommandées

API-NOAA (1994). Inland Oil Spills: Options for Minimizing Environmental Impacts of Freshwater SpillResponse. American Petroleum Institute and National Oceanic and Atmospheric Administration,Washington DC, June 1994. http://response.restoration.noaa.gov/sites/default/files/shoreline_countermeasures_freshwater.pdf

CEDRE (2009). Use of Sorbents for Spill Response: Operational Guide. Centre of Documentation, Research and Experimentation on Accidental Water Pollution, Brest, France.www.cedre.fr/en/publication/operational-guide/sorbent/sorbent.php

Energy Institute (2004). Inland waters oil spill response: a guidance document incorporating the strategiesand techniques for responding to inland surface water oil spills in the UK. London, April 2004.www.energypublishing.org/publication/ei-technical-publications/environment/oil-spills/inland-waters-oil-spill-response-a-guidance-document-incorporating-the-strategies-and-techniques-for-responding-to-inland-surface-water-oil-spills-in-the-uk

IOGP (2012). Arctic Oil Spill Response Technology Joint Industry Programme (website).www.arcticresponsetechnology.org

IPIECA-IOGP (2012). Oil spill responder health and safety. IPIECA-IOGP Good Practice Guide Series, Oil Spill Response Joint Industry Project (OSR-JIP). IOGP Report 480. http://oilspillresponseproject.org

IPIECA-IOGP (2014). A guide to oiled shoreline assessment (SCAT) surveys. IPIECA-IOPG Good Practice Guide Series, Oil Spill Response Joint Industry Project (OSR-JIP). IOGP Report 504.http://oilspillresponseproject.org

IPIECA-IOGP (2015). Response strategy development using net environmental benefit analysis (NEBA). IPIECA-IOPG Good Practice Guide Series, Oil Spill Response Joint Industry Project (OSR-JIP). IOGP Report 527. http://oilspillresponseproject.org

IPIECA-IOGP (2015a). A guide to oiled shoreline clean-up techniques. IPIECA-IOPG Good Practice GuideSeries, Oil Spill Response Joint Industry Project (OSR-JIP). IOGP Report 521.http://oilspillresponseproject.org

ORG (2014). Inland SCAT Forms available for download at the ‘Shoreline Cleanup Assessment Technique’website provided and maintained by Owens Response Group: www.shorelinescat.com/Inland.html

OSRL (2013). Inland Operations Field Guide: An operational guide to the containment and recovery of oil spillsin the inland environment. Oil Spill Response Limited, Southampton, UK, September 2013.www.oilspillresponse.com/technical-development/technical-field-guides

Sergy, G. and Owens, E. H. (2011). ‘Differences and Similarities in Freshwater and Marine Shoreline Oil SpillResponse’. In Proceedings of the International Oil Spill Conference, March 2011, Vol. 2011, No. 1, pp. abs62.http://ioscproceedings.org/doi/full/10.7901/2169-3358-2011-1-62

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Le texte du présent guide a été rédigé par David Fritz de HDR Inc et édité par Alexis Steen (ExxonMobil)et Peter Taylor (Petronia).

Remerciements

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L’IPIECA est l’association internationale de l’industrie pétrolière pour lasauvegarde de l’environnement et les questions sociales. Elle développe,diffuse et promeut les bonnes pratiques et les connaissances afin de per-mettra à l’industrie d’améliorer son impact sur l’environnement et lasociété ; elle constitue le principal canal de communication de l’industrieavec les Nations-Unies. Grâce à ses groupes de travail conduits par lesmembres et à sa direction, l’IPIECA rassemble l’expertise collective desentreprises et associations pétrolières et gazières. Sa position unique dansl’industrie permet à ses membres de répondre efficacement aux enjeuxessentiels environnementaux et sociaux.

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