Determinisme étendu !!

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Le déterminisme étendu pour mieux comprendre et prévoir Un pont entre science et philosophie pour la pensée rationnelle Daniel MARTIN

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Le dterminisme tendu pour mieux comprendre et prvoir Un pont entre science et philosophie pour la pense rationnelle Daniel MARTIN 2 3 Le dterminisme tendu pour mieux comprendre et prvoir Un pont entre science et philosophie pour la pense rationnelle Mise jour : 02/05/2011 Daniel MARTIN http://www.danielmartin.eu/contact.htm 4 Remerciements A Rene Bouveresse, dont la remarquable synthse de l'uvre de Karl Popper sur le rationalisme critique m'a fait gagner un temps prcieux, et dont la sympathie m'a soutenu dans les priodes de doute. A Herv Barreau, dont les critiques et suggestions m'ont permis d'viter bien des erreurs. A Andr Comte-Sponville, dont les textes et les objections m'ont beaucoup fait rflchir. 5 Objectifs de ce texte Celivremontredabordqueledterminismephilosophiquenetientpasses promesseslorsquilaffirmelapossibilitdeprdirelaveniretdereconstitueren pense le pass. Il montre ensuite comment les principes de causalit et du dterminisme scientifique se dduisent par induction de proprits fondamentales de lUnivers. Ilprciseensuitecesprincipes,etentendladfinitionpourquilsrgissentles propritsdvolutiondetouteslesloisdelanature.Cesloisrelventalorsdu dterminismetendu,quesadfinitionconstructivestructurecommeune axiomatique ; on prouve alors son unicit concernant les lois d'volution. Le livre montre, enfin, comment le hasard et le chaos ninterviennent dans la nature quedansdescasprcis,tousprisencomptedansledterminismetendu,et commentleslimitesdeprdictibilitproviennentaussidimprcisions,de complexits, d'indterminations et de refus de prcision de la nature. La pense rationnelle ayant besoin de comprendre et de prvoir pour dcider, a donc besoindeconnatreledterminismetendu.Apartirdavancesscientifiques rcentes en physique quantique et en gntique, le livre montre alors les limites de la possibilit de prdire des rsultats dvolution et dobtenir la prcision souhaite. Lelivretireensuitelesconsquencesdudterminismetendusurlapense rationnelle :malgrsonlibrearbitre, lhommerestedominpardesdsirs imposs parson inn,sonacquis etsoncontextedevie.Le livreexpliquecommentilpeut, malgr tout, suivre les prceptes du rationalisme critique de Karl Popper pour arriver des vrits scientifiques, et dans quelle mesure il peut comprendre le monde et se connatrelui-mme.Ilmontreaussilabsurditdenotionspseudo-scientifiques comme le principe anthropique . Le texte prsente aussi une solution au vieux problme philosophique de la cause premire ,enconjecturantunerestrictiondescontraintesdesdfinitionsdu dterminisme et de la causalit. Celivre,quiseveutaussifacilelirequepossible,estdoncunecontributionla penserationnelledestineauxintellectuelsdeculturepeuscientifiquequi souhaitentprofiterdeconnaissancesjourenmatiredephysiquequantique,de cosmologie, dinformatique et de gntique. La longueur du texte complet, environ 534 pages [Livre], fait quil est conseill de lire dabord l'introduction, 11 fois moins longue, publie la fois dans [Introduction] et au dbut de la 3e partie. [Livre] "Le dterminisme tendu pour mieux comprendre et prvoir Un pont entre science et philosophie pour la pense rationnelle"(534 pages) http://www.danielmartin.eu/Philo/Determinisme.pdf http://www.danielmartin.eu/Philo/Determinisme.htm(Internet Explorer recommand) [Introduction] "Hasard, chaos et dterminisme : les limites des prdictions" (50 pages) http://www.danielmartin.eu/Philo/Resume.pdf http://www.danielmartin.eu/Philo/Resume.htm 6 7 Conseils de lecture Sur les formules mathmatiques Cetextecontientbeaucoupdeformulesmathmatiquespourtreaussiprcisque possible ; le lecteur qui a les connaissances scientifiques ncessaires y trouvera les justifications de certaines affirmations concernant le dterminisme. Mais la lecture et lacomprhensiondecesformulesnesontpasindispensablescelledutexte ;le lecteurquin'apaslesconnaissancesncessairesousimplementpasenviede lire ces formules peut les sauter. Sur le style du texte et sa structure Untextephilosophiqueestsouventstructurcommeunromanavecpeudesous-titresintermdiaires,laissantaulecteurlesoindecomprendreoilenestdans l'enchanementdesides.Cetexte-ci,aucontraire,estfortementstructursous formedehirarchiedetitresetsous-titres,commeunrapportouuncours.Cela permet au lecteur de bien comprendre le sujet d'un paragraphe donn et de retrouver rapidement un passage dj lu. Sur la lecture l'cran Dans ses deux versions, PDF* et HTML**, ce texte est fait pour pouvoir tre lu sur un crand'ordinateurenprofitantdesnombreuxhyperliensdonnantaccsparsimple clicuneexplicationdeterme,uncomplmentd'informationouunerfrence bibliographiquesurInternet ;unautreclicpermettraensuitedereveniraupointde dpart ;celafonctionnemmedanslaversionPDF.Latabledesmatireselle-mme est un ensemble d'hyperliens permettant d'atteindre directement un passage. Enfin, la recherche d'un mot sur cran est infiniment plus facile et rapide que sur du papier,etl'extractiondepassagesdutextepourinsertiondansunautretexteest possible, alors qu'un texte sur papier exige une numrisation. Les rfrences dont le nom commence par un D comme[D1] sont la fin de la 1re partie ;cellesdontlenomcommenceparunMcomme[M4]sontlafindela2e partie ; celles qui sont des nombres entiers comme [5] sont la fin de la 3e partie. Pour viter de lire ce que vous savez dj Ledterminismetendusujetdecelivrefaitl'objetdela3epartiedel'ouvrage. Comme le dterminisme s'appuie sur le matrialisme, la dfinition et les implications du matrialisme et de son oppos, le spiritualisme, sont rsums dans la 2e partie. Et commeledbatentrematrialismeetspiritualismeabordel'existencedeDieu,les arguments en faveur de cetteexistence apports au cours des sicles sont dans la 1re partie. Donc : Si vous connaissez les trois types d'arguments invoqus au cours des sicles pour l'existence de Dieu - ou simplement si le problme de l'existence de Dieu ne vous intresse pas - sautez sans hsiter la 1re partie de l'ouvrage ; elle ne fait que rappeler ces preuves et en montrer l'absence de valeur. Si vous connaissez les dfinitions du matrialisme et du spiritualisme, ainsi que les arguments invoqus par les partisans de chacune de ces deux doctrines, sautez sans hsiter la 2e partie de l'ouvrage, qui ne fait que rappeler ces dfinitions et arguments avant d'introduire le dterminisme. 8 Si vous n'avez pas lu l'introduction, il est conseill de lire la 3e partie de l'ouvrage partir du dbut, parce qu'elle amne beaucoup de lecteurs remettre en question ce qu'ils savent sur le dterminisme, du hasard et du chaos. *Versions PDF : -en franais : http://www.danielmartin.eu/Philo/Determinisme.pdf -in English (obsolete): http://www.danielmartin.eu/Philo/Determinism.pdf **Versions HTML : -en franais : http://www.danielmartin.eu/Philo/Determinisme.htm -in English (obsolete): http://www.danielmartin.eu/Philo/Determinism.htm 9 Table des matires 1.O en sont les preuves de l'existence de Dieu ? ......................... 19 1.1Les dfinitions d'Andr Comte-Sponville ....................................................... 20 1.2Raisons psychologiques de croire en Dieu, science et lacit ..................... 21 1.3L'homme conoit Dieu son image ................................................................ 24 1.3.1Une contradiction fondamentale qui explique la volont de prouver l'existence de Dieu ............................................................................................... 24 1.4Comment s'assurer de l'existence de Dieu ? ................................................. 26 1.4.1Les preuves cosmologiques ............................................................................... 26 1.4.2Les preuves ontologiques ................................................................................... 27 1.4.3La preuve tlologique ........................................................................................ 28 1.4.4La raison morale de Kant .................................................................................... 29 1.5Des preuves sans valeur .................................................................................. 31 1.5.1Faiblesses de la causalit des preuves cosmologiques ................................... 31 1.5.1.1La contingence est une hypothse strile ............................................. 31 1.5.1.2Pas de preuve des qualits attribues Dieu ....................................... 31 1.5.1.3Conclusion sur les preuves cosmologiques .......................................... 31 1.5.2Faiblesse des preuves ontologiques .................................................................. 31 1.5.2.1Comprendre lerreur des preuves ontologiques..................................... 32 1.5.2.2Un exemple tir de l'arithmtique .......................................................... 33 1.5.2.3Un exemple cosmologique .................................................................... 33 1.5.2.4Gnralisation : le danger des raisonnements par induction ou analogie34 1.5.2.5Exemple mathmatique de la puissance dinvention de lesprit humain 34 1.5.2.6L'impossible universalisme culturel ou religieux .................................... 35 1.5.2.7Consquences de la multiplicit des religions ....................................... 37 1.5.3Faiblesse de la preuve tlologique ................................................................... 37 1.5.3.1Certains phnomnes de la vie rsultent du logiciel gntique ............. 38 1.5.3.2Faiblesse des arguments crationnistes ............................................... 38 1.5.3.3Psychologie du crationnisme ............................................................... 40 1.5.3.4La notion d'un Dieu crateur intelligent est contradictoire ..................... 40 1.5.4Il faut veiller ne manipuler que des concepts reprsentables ....................... 40 1.6Agnosticisme et athisme ................................................................................ 42 1.6.1Le pari de Pascal.................................................................................................. 42 1.6.2Athisme, positivisme et altruisme .................................................................... 43 1.6.3Existe, n'existe pas ou existe autrement ?......................................................... 43 1.7Conclusions ...................................................................................................... 45 1.8Rfrences ........................................................................................................ 46 2.Matrialisme et spiritualisme ......................................................... 48 2.1Matrialisme et spiritualisme : dfinitions ...................................................... 49 2.1.1Dfinition succincte du matrialisme ................................................................. 49 2.1.2Dfinition succincte du spiritualisme ................................................................. 49 2.1.3Ce qui oppose matrialistes et spiritualistes ..................................................... 49 2.1.4Qu'est-ce qui prcde l'autre : l'esprit ou la matire ? ...................................... 51 2.2Vie biologique, matrialisme et spiritualisme ................................................ 52 2.2.1Explication des phnomnes constats par une finalit suprieure ............... 52 2.2.2L'opposition entre matrialistes et spiritualistes .............................................. 53 10 2.2.3Explication matrialiste et niveaux d'abstraction .............................................. 54 2.3Arguments des spiritualistes contre le matrialisme .................................... 55 2.3.1La preuve tlologique ........................................................................................ 55 2.3.2Le reproche de contredire le deuxime principe de la thermodynamique ...... 55 2.3.2.1Notion d'entropie ................................................................................... 55 2.3.2.2Entropie de Boltzmann .......................................................................... 56 2.3.2.2.1Comprendre le deuxime principe de la thermodynamique57 2.3.2.3Cas d'un tre vivant ............................................................................... 58 2.3.2.4L'objection des spiritualistes et la rponse de Prigogine ....................... 58 2.3.2.5Les scientifiques spiritualistes dont l'intuition touffe la raison .............. 59 2.3.3Crationnisme contre volutionnisme : le dbat ............................................... 60 2.3.3.1Darwin et le rle du hasard dans l'volution .......................................... 60 2.3.3.2Arguments des scientifiques spiritualistes ............................................. 61 2.3.3.2.1La science moderne doit tre rejete pour dfaut de ralisme61 2.3.3.2.2La science moderne conduit au spiritualisme62 2.3.3.2.3Evolution peut-tre, mais par la volont de Dieu !63 2.4Comparaison du matrialisme et du spiritualisme ........................................ 64 2.4.1Le concept mme de ralit ultime (initiale) est dangereux ............................. 64 2.4.2Il faut adopter un concept de ralit utile........................................................... 64 2.4.2.1Convergence de la connaissance scientifique : exemple de l'astronomie65 2.4.3Objectivit ou subjectivit ................................................................................... 66 2.4.4Comment peut-on tre la fois intelligent et spiritualiste ? ............................. 67 2.4.5Limite des explications rationnelles. Matrialisme et morale ........................... 68 2.5Matrialisme et spiritualisme ne peuvent tre ni dmontrs ni infirms ..... 69 2.6La critique nietzschenne ................................................................................ 70 2.7Matrialisme et dterminisme .......................................................................... 73 2.7.1Rsum sur le matrialisme et prise de position .............................................. 73 2.8Rfrences ........................................................................................................ 77 3.Le dterminisme tendu - une contribution pour la pense rationnelle ......................................................................................... 80 3.1Prdiction d'volutions physiques .................................................................. 81 3.1.1Dfinition, promesses et critique du dterminisme philosophique ................. 81 3.1.1.1Dfinition et promesses du dterminisme philosophique ...................... 81 3.1.1.2Le dterminisme philosophique est contredit par des faits .................... 82 3.1.1.3Le postulat de causalit ......................................................................... 83 3.1.2Le dterminisme scientifique .............................................................................. 84 3.1.2.1Rgle de stabilit ................................................................................... 84 3.1.2.2Dfinition du dterminisme scientifique ................................................. 84 3.1.2.2.1Dterminisme des volutions rgies par des quations diffrentielles84 3.1.2.2.2Dterminisme des algorithmes et des programmes d'ordinateur85 3.1.2.3Dterminisme scientifique et obstacles la prdiction .......................... 85 3.1.2.3.1L'ignorance86 3.1.2.3.2L'imprcision86 3.1.2.3.3La complexit90 3.1.2.3.4Le hasard dans l'volution selon une loi de la nature92 3.1.2.4Consquences multiples d'une situation donne - Dcohrence ........ 102 3.1.2.5Il faut admettre les dualits de comportement ..................................... 103 3.1.2.6Chaos .................................................................................................. 103 3.1.2.6.1Dfinition103 3.1.2.6.2Conditions d'apparition d'une volution chaotique Srie de Fourier104 11 3.1.2.6.3Fluctuations faussement alatoires d'un phnomne apriodique106 3.1.2.6.4Exemples de phnomnes chaotiques110 3.1.2.7Turbulence .......................................................................................... 112 3.1.3Le dterminisme tendu .................................................................................... 113 3.1.3.1Proprits des lois de l'Univers ........................................................... 114 3.1.3.2Dfinition du dterminisme tendu ...................................................... 115 3.1.3.2.1Dfinition constructive du dterminisme tendu115 3.1.3.2.2Validit de cette approche116 3.1.3.2.3Universalit et unicit du dterminisme tendu117 3.1.3.2.4Limites de la rgle de stabilit du dterminisme117 3.1.3.3Stabilit des lois d'volution et situations nouvelles ............................ 118 3.1.3.3.1Apparition d'une loi d'volution118 3.1.3.3.2Restriction du postulat de causalit119 3.1.3.3.3Exemples d'apparitions119 3.1.3.3.4Consquences philosophiques120 3.1.3.4Conclusions sur le dterminisme tendu et la causalit ...................... 120 3.1.3.4.1Dterminisme tendu : un principe et un objectif120 3.1.3.4.2Causalit, dterminisme tendu et prdictions d'volution physique121 3.2Imprdictibilit de la pense humaine .......................................................... 123 3.2.1La barrire de complexit .................................................................................. 125 3.2.2Rigueur des raisonnements dductifs ............................................................. 125 3.2.3Champ d'application du dterminisme et de la causalit ............................... 125 3.3Complments philosophiques sur le dterminisme .................................... 127 3.3.1Trois cas de dterminisme ................................................................................ 127 3.3.2Symtrie temporelle et rversibilit du dterminisme traditionnel ................ 127 3.3.2.1Diffrence entre symtrie temporelle et rversibilit ............................ 128 3.3.2.2Phnomne irrversible ...................................................................... 129 3.3.2.3Exemple de loi symtrique par rapport au temps et rversible ............ 130 3.3.2.4Systme conservatif ou dissipatif Force conservative ou dissipative131 3.3.3Porte du dterminisme : locale ou globale .................................................... 131 3.3.3.1Principe de moindre action de Maupertuis .......................................... 132 3.3.3.2Principe de Fermat (plus court chemin de la lumire) ......................... 132 3.3.3.3Quasi-cristaux ..................................................................................... 132 3.3.3.4Dterminisme statistique ..................................................................... 133 3.3.3.5Variables complmentaires ................................................................. 133 3.3.3.6Conclusion sur le dterminisme global ................................................ 134 3.3.3.7Dterminisme des algorithmes et calculabilit..................................... 134 3.3.4Complments sur le dterminisme philosophique .......................................... 134 3.3.4.1Critique de l'enchanement des causes et des consquences ............ 135 3.3.4.1.1Une situation peut tre prcde ou suivie de plusieurs lois d'volution135 3.3.4.1.2Les transformations irrversibles contredisent le dterminisme philosophique136 3.3.4.2Dterminisme, mesures et objectivit .................................................. 136 3.3.4.3Dterminisme et libre arbitre de l'homme ............................................ 137 3.3.4.4Conclusions sur le dterminisme traditionnel ...................................... 137 3.4Pourquoi ce texte et les efforts qu'il suppose .............................................. 139 3.4.1Inconvnients de l'ignorance, avantages de la connaissance ....................... 139 3.4.2Quelques conseils pour apprendre .................................................................. 141 3.4.3Limite d'ambition de ce texte ............................................................................ 143 3.5Le dterminisme en physique ....................................................................... 145 3.5.1Systme et tat .................................................................................................. 145 3.5.1.1Degrs de libert d'un systme ........................................................... 145 12 3.5.1.1.1Equipartition de l'nergie entre les degrs de libert145 3.5.2Espace des phases Stabilit des lois physiques d'volution ...................... 146 3.5.2.1Reprsentation de l'volution d'un systme ........................................ 148 3.5.2.1.1Evolution d'un systme reprsente par des quations diffrentielles149 3.5.2.2Lignes de force d'un espace des phases et unicit de l'volution ....... 149 3.5.2.3Stabilit de l'volution d'un systme conservatif .................................. 151 3.5.2.4Considrations sur la prvisibilit de l'volution d'un systme ............ 151 3.5.2.5Systme dissipatif par frottements - Attracteur .................................... 151 3.5.2.6Systme dissipatif priodique avec change d'nergie Cycle limite . 152 3.5.2.7Systme volution quasi priodique ................................................. 153 3.5.2.8Dterminisme et prdictibilit des systmes Auto-corrlation .......... 154 3.5.2.9Imprdictibilit et hasard ..................................................................... 154 3.5.2.10Systmes apriodiques Attracteurs tranges ................................... 155 3.5.2.11Changement de loi d'volution par bifurcation Valeur critique .......... 156 3.5.3Etat quantique d'un systme ............................................................................ 158 3.5.3.1Vecteur d'tat ...................................................................................... 158 3.5.3.2Espace des tats ................................................................................. 158 3.5.3.3Ralit physique et reprsentation dans l'espace des tats ................ 158 3.5.3.4Espace des phases d'un champ et espace des tats associ ............. 159 3.5.3.5Equipartition de l'nergie dans un champ Stabilit des atomes ....... 160 3.5.4Les contradictions de la physique traditionnelle et de son dterminisme .... 160 3.5.5Des forces physiques tonnantes .................................................................... 161 3.5.5.1Evolution et transformation .................................................................. 162 3.5.5.2L'volution ncessite une interaction avec change d'nergie ............ 162 3.5.61re extension du dterminisme : fonctions d'onde et pluralit des tats ...... 163 3.5.6.1Un peu de mcanique quantique......................................................... 163 3.5.6.2De la contingence la probabilit ....................................................... 164 3.5.6.3Extension du dterminisme aux rsultats imprcis et probabilistes ..... 165 3.5.6.3.1Dualit onde-particule et dterminisme dual qui en rsulte166 3.5.6.3.2Trajectoire d'un corpuscule167 3.5.6.3.3Thorie de la rsonance chimique170 3.5.6.3.4Consquences pour le dterminisme170 3.5.6.4Equation fondamentale de la mcanique quantique (Schrdinger) ..... 172 3.5.6.4.1Impossibilit de dcrire des phnomnes sans symtrie temporelle174 3.5.6.4.2Inadaptation la gravitation et son espace courbe relativiste175 3.5.6.5Etats finaux d'un systme macroscopique .......................................... 175 3.5.72e extension du dterminisme : superpositions et dcohrence ................... 176 3.5.7.1Superposition d'tats et dcohrence ................................................. 176 3.5.7.2Superposition de trajectoires ............................................................... 177 3.5.7.3Conclusions sur la superposition d'tats ou de trajectoires ................. 177 3.5.7.4Dterminisme arborescent multi-univers de Hugh Everett .................. 178 3.5.83e extension du dterminisme : quantification et principe d'incertitude ....... 179 3.5.8.1Quantification des niveaux d'nergie et des changes d'nergie ........ 179 3.5.8.2Les trois constantes les plus fondamentales de la nature ................... 180 3.5.8.3Position et vitesse d'une particule ....................................................... 180 3.5.8.4Paquet d'ondes et talement dans le temps ........................................ 180 3.5.8.4.1Description d'un paquet d'ondes de matire180 3.5.8.4.2Etalement du paquet d'ondes de position d'une particule181 3.5.8.4.3Cas d'une onde de photon182 3.5.8.5Incertitudes sur les dterminations simultanes de 2 variables........... 183 3.5.8.6Remarques sur l'incertitude et l'imprcision ........................................ 184 3.5.8.6.1Origine physique de l'incertitude de Heisenberg lors d'une mesure186 13 3.5.8.7Incertitude contextuelle ....................................................................... 186 3.5.8.8Incertitude due l'effet Compton ......................................................... 187 3.5.8.9Mesures, incertitude et objectivit ....................................................... 187 3.5.8.9.1Toute mesure de physique quantique modifie la valeur mesure187 3.5.8.9.2Mesure souhaite et mesure effectue : exemple188 3.5.8.9.3Copie d'un tat quantique. Clonage par copie molculaire189 3.5.8.9.4Mesure grce un grand nombre de particules189 3.5.8.9.5Conclusions sur la ralit objective et la ralit mesurable en physique quantique190 3.5.8.9.6Contraintes de non-indpendance de variables191 3.5.8.9.7Objectivit des mesures192 3.5.8.9.8La mathmaticophobie et l'ignorance195 3.5.8.10Quantification des interactions et consquences sur le dterminisme 197 3.5.8.10.1Diffrence entre quantification et imprcision197 3.5.8.10.2Echanges quantifis d'nergie et conservation de l'nergie197 3.5.8.10.3Consquences de la quantification des interactions : extension du dterminisme198 3.5.8.10.4Quantification des vibrations - Phonons et frottements198 3.5.8.10.5Effets mcaniques et thermiques de la lumire199 3.5.8.10.6Effets photolectriques199 3.5.8.11Consquences des diverses imprcisions sur le dterminisme .......... 200 3.5.94e extension du dterminisme : lois de conservation et symtries ................ 202 3.5.9.1Invariance de valeurs, invariance de lois physiques ............................ 203 3.5.9.2Invariance de lois physiques par rapport l'espace et au temps ........ 203 3.5.9.3Invariances et lois de conservation ..................................................... 206 3.5.9.4Un vide plein d'nergie ........................................................................ 207 3.5.9.4.1Le vide de la physique quantique207 3.5.9.4.2Distance, temps, densit et masse de Planck208 3.5.9.4.3Le vide de l'espace cosmique210 3.5.9.4.4Expansion de l'Univers210 3.5.9.5Conclusions sur les symtries et lois de conservation ........................ 212 3.5.105e extension du dterminisme : complexit, imprvisibilit, calculabilit ..... 213 3.5.10.1Combinaison de nombreux phnomnes dterministes ...................... 213 3.5.10.1.1Mcanique statistique215 3.5.10.2Dterminisme + complexit = imprvisibilit........................................ 215 3.5.10.3Modlisation des systmes complexes ............................................... 216 3.5.10.4Analyse statistique de systmes complexes ....................................... 217 3.5.10.5Complexit et dcisions mdicales ..................................................... 218 3.5.10.6Rsultats remarquables de certains processus calculables ................ 220 3.5.10.6.1Algorithme de calcul de Pi - Suite alatoire de nombres entiers220 3.5.10.6.2Dynamique des populations221 3.5.10.7Dterminisme et dure ........................................................................ 223 3.5.10.7.1Nombres rels et problmes non calculables224 3.5.10.7.2Il y a infiniment plus de rels non calculables que de rels calculables226 3.5.10.7.3Propositions indcidables227 3.5.10.8Calculabilit, dterminisme et prvisibilit ........................................... 228 3.5.10.8.1Calculabilit d'une prdiction229 3.5.10.8.2Phnomnes dterministes consquences imprvisibles et erreurs philosophiques231 3.5.10.8.3Critique de la position de Popper sur le dterminisme231 3.5.10.8.4Calculabilit par limitations et approximations235 3.5.10.9Dterminisme et convergence des processus et thories ................... 236 3.5.10.10Logique formelle. Calcul des propositions. Calcul des prdicats ......... 237 14 3.5.10.10.1Logique formelle et logique symbolique237 3.5.10.10.2Calcul des propositions239 3.5.10.10.3Calcul des prdicats240 3.5.10.11Problmes insolubles. Thorme de Fermat. Equations diophantiennes241 3.5.10.12Certitude de l'existence d'une dmonstration dans une axiomatique .. 241 3.5.10.13Gnration de nombres "alatoires" avec une formule dterministe ... 242 3.5.10.14Attracteurs multiples ............................................................................ 243 3.5.10.15 Accidents de la rplication du gnome et volution vers la complexit ........................................................................................... 244 3.5.10.16Approche heuristique du dterminisme ............................................... 246 3.5.116e extension du dterminisme : irrversibilit ................................................. 247 3.5.11.1Evolution unidirectionnelle du temps ................................................... 247 3.5.11.2Radioactivit et stabilit des particules atomiques ou nuclaires ........ 248 3.5.11.3L'irrversibilit est une ralit, pas une apparence ............................. 250 3.5.11.4Dcroissance de l'entropie. Structures dissipatives. Auto-organisation250 3.5.11.5Programme gntique et dterminisme .............................................. 252 3.5.11.5.1Gnes et comportement humain253 3.5.11.5.2Renouvellement biologique et persistance de la personnalit253 3.5.11.5.3Evolution du programme gntique255 3.5.11.5.4Evolution d'une population256 3.5.11.5.5Evolution due une modification de l'expression de gnes257 3.5.11.5.6Conclusion sur le dterminisme gntique258 3.5.11.6Vie, organisation, complexit et entropie ............................................. 258 3.5.11.6.1Apparition de la vie et volution des espces259 3.5.11.6.2Preuves de l'volution darwinienne260 3.5.11.6.3L'obstination des tenants du crationnisme261 3.5.11.7Effondrement gravitationnel et irrversibilit. Trous noirs .................... 261 3.5.11.7.1Principe d'exclusion de Pauli262 3.5.11.7.2La masse limite de Chandrasekhar - Supernova263 3.5.11.7.3Les toiles neutrons264 3.5.11.7.4Les trous noirs265 3.5.11.7.5Masses et dimensions dans l'Univers266 3.5.11.7.6Attraction gravitationnelle au voisinage d'une toile effondre267 3.5.11.7.7Droulement dans le temps de la chute d'un corps vers un trou noir270 3.5.11.7.8Irrversibilit des fusions stellaires et d'un effondrement gravitationnel270 3.5.11.7.9Et en plus, un trou noir s'vapore !273 3.5.11.8Le Big Bang, phnomne irrversible ................................................. 273 3.5.12Univers plus de 4 dimensions ........................................................................ 274 3.5.137e extension du dterminisme : Relativit, coulement du temps ................. 275 3.5.13.1Relativit et irrversibilit .................................................................... 277 3.5.13.2Particules virtuelles. Electrodynamique quantique .............................. 278 3.5.14Attitude face au dterminisme .......................................................................... 279 3.5.14.1Consquences des lois de la nature sur le dterminisme ................... 279 3.5.14.1.1Validit des lois de la mcanique quantique l'chelle macroscopique279 3.5.14.1.2Le dterminisme tendu peut abolir les distances et les dures283 3.5.14.1.3Multiplicit des consquences possibles283 3.5.14.1.4Imprvisibilit de l'volution et de l'tat final284 3.5.14.1.5Difficult de prciser la situation de dpart ou le processus284 3.5.14.1.6Impossibilit de remonter l'arborescence de causalit285 3.5.14.1.7Irrversibilit285 3.5.14.1.8Relativit286 3.5.14.1.9Matrialisme et dterminisme des lois du vivant286 3.5.14.2Attitude recommande face au dterminisme ..................................... 286 15 3.5.14.2.1Critique des mthodes de rflexion de quelques philosophes franais287 3.5.14.2.2La libert d'esprit288 3.5.14.2.3L'ouverture d'esprit289 3.5.14.2.4Une loi est toujours vraie, elle ne peut tre probable290 3.5.14.2.5Le principe anthropique 290 3.6Niveaux d'abstraction et dterminisme ........................................................ 294 3.6.1Densit et profondeur d'abstraction ................................................................. 294 3.6.2Comprhension par niveaux d'abstraction ...................................................... 296 3.6.3Penser par niveaux d'abstraction ..................................................................... 297 3.6.3.1La machine de Turing .......................................................................... 298 3.6.3.2Hirarchies des langages de l'informatique ......................................... 298 3.6.3.3Penser la complexit par niveaux hirarchiques ................................. 299 3.6.3.4Complexit et processus d'abstraction et de mmorisation ................. 300 3.6.4Niveaux d'information biologique et dterminisme gntique ....................... 301 3.6.4.1L'information du logiciel gntique ...................................................... 302 3.6.4.2Etres vivants artificiels dfinis partir de leur seul code gntique..... 303 3.6.4.3Objections spiritualistes et leur rfutation ............................................ 303 3.6.4.4A chaque niveau fonctionnel son niveau logiciel ................................. 304 3.6.4.5Critres de valeur et d'efficacit et mcanismes d'valuation ............. 305 3.6.4.6Une signalisation permanente dans le cerveau ................................... 306 3.6.4.7Les deux niveaux du dterminisme physiologique .............................. 307 3.6.4.8Reconnaissance de formes, de structures, de processus et d'intentions307 3.6.4.9Intuition d'abord, justification aprs ..................................................... 309 3.6.4.10Evaluation permanente parallle de situations hypothtiques ............. 310 3.6.4.11Mmorisation et acquisition d'exprience - Dterminisme culturel ...... 310 3.6.4.11.1Mcanismes physiologiques de la mmoire310 3.6.4.11.2Acquisition d'exprience311 3.6.4.11.3La mmoire slective313 3.6.4.12Dsirs et satisfaction artificiels. Drogues ............................................. 314 3.6.4.13Des penses peuvent aussi se comporter comme des drogues ......... 314 3.6.5Mcanismes psychiques non algorithmiques ou imprvisibles .................... 315 3.6.5.1Dfinitions............................................................................................ 315 3.6.5.1.1Mcanisme psychique algorithmique315 3.6.5.1.2Mcanisme psychique dterministe316 3.6.5.2La conscience ..................................................................................... 317 3.6.5.2.1Quelques rappels317 3.6.5.2.2Conscience et action de l'esprit sur la matire318 3.6.5.2.3Conscience et pense non algorithmique319 3.6.5.2.4Conclusion sur le caractre algorithmique et dterministe de la conscience321 3.6.5.2.5La pense nat-elle du corps avec son cerveau ?322 3.6.5.2.6Le modle informatique de l'homme323 3.6.5.2.7Le fonctionnement de la conscience n'est pas souvent dterministe323 3.6.5.2.8Autres raisonnements humains inaccessibles un ordinateur324 3.6.5.2.9L'art de tromper ses adversaires. Les deux types d'incertitude324 3.6.5.3Recherches sur les stratgies de bluff et de dcision en ambiance d'incertitude ......................................................................................... 326 3.6.5.4Ne pas confondre comportements imprvisibles et libre arbitre .......... 326 3.6.5.5Ne pas confondre aptitude transgresser les rgles et libre arbitre ... 327 3.6.6Difficult d'expliquer un comportement macroscopique partir de phnomnes au niveau atomique ..................................................................... 328 3.6.7Dterminisme lors d'un changement de niveau .............................................. 328 3.6.7.1Phnomnes naturels ......................................................................... 329 16 3.6.7.2Phnomnes artificiels ........................................................................ 329 3.6.8Autonomie des niveaux et comprhension holistique .................................... 330 3.6.8.1Holisme ............................................................................................... 331 3.6.9Diffrences entre reprsentations mentales .................................................... 332 3.6.10Complexit, ouverture d'esprit et causes occultes ......................................... 334 3.7Le dterminisme du vivant ............................................................................. 337 3.7.1Dfinition du vivant ............................................................................................ 337 3.7.2Etres vivants et dterminisme .......................................................................... 337 3.7.3Possibilit thermodynamique d'une complexification naturelle .................... 337 3.7.4Modlisation informatique/physiologique du vivant ....................................... 338 3.7.4.1Transmission nerveuse : un mcanisme tout-ou-rien .......................... 338 3.7.4.1.1Principe338 3.7.4.1.2Fonctionnement effectif338 3.7.4.1.3Paralllisme339 3.7.4.1.4Adaptabilit339 3.7.4.2Organisation architecturale et organisation fonctionnelle .................... 340 3.7.4.3Algorithmes d'action et algorithmes d'valuation ................................. 340 3.7.5Possibilit de crer artificiellement un comportement vivant ........................ 341 3.7.5.1Synthse d'acides amins ................................................................... 341 3.7.5.2Gnie gntique .................................................................................. 342 3.7.5.3Modle informatique et fonctions de base de la vie............................. 342 3.7.5.3.1Non-dterminisme, imprvisibilit de l'homme et matrialisme342 3.7.5.4Ordinateur et comprhension .............................................................. 343 3.7.5.5Comprhension, imagination et certitude ............................................ 345 3.7.6Etre intelligent, dterminisme et prvisibilit .................................................. 345 3.7.6.1Equit, confiance, coopration et dterminisme psychologique .......... 347 3.7.6.1.1Le jeu "prends ou laisse"347 3.7.6.1.2Le point de vue de Kant349 3.7.6.2Concurrence entre raison et affects. Connaissances caches ............ 349 3.7.6.2.1Importance des automatismes dans la pense humaine352 3.7.6.2.2Coup de foudre352 3.7.6.2.3Connaissances caches353 3.7.6.3La concurrence entre raison et intuition .............................................. 354 3.7.6.3.1Le jeu du "Dilemme des voyageurs"354 3.7.6.3.2L'homme ne suit que les conclusions conformes ses valeurs355 3.7.6.3.3Un raisonnement critiquable356 3.7.6.3.4La science conomique est base sur un postulat contestable357 3.7.6.4Mcanismes de l'intuition .................................................................... 358 3.7.6.5Les deux tapes d'une dcision consciente ........................................ 358 3.7.6.6Tel est mon bon plaisir ........................................................................ 358 3.7.7Conclusion sur le dterminisme du vivant ...................................................... 359 3.8Le dterminisme dans les sciences socitales ............................................ 360 3.8.1Thories utilitaires des XVIIe et XVIIIe sicles .................................................. 360 3.8.2Craintes et regrets d'aujourd'hui ...................................................................... 360 3.8.3Une analogie entre volution darwinienne et conomie de march .............. 361 3.8.4La mondialisation, consquence de la concurrence ....................................... 362 3.8.4.1Lois de la physique et lois de l'conomie ............................................ 363 3.8.4.2Consquences conomiques de la mondialisation.............................. 364 3.8.4.3Mondialisation : causes et inconvnients pour l'homme ...................... 366 3.8.4.3.1L'homme, perptuel insatisfait qui accuse parfois la mondialisation367 3.8.4.3.2Frustration due aux dsirs insatisfaits et ractions368 3.8.4.4Accepter donc la mondialisation .......................................................... 368 17 3.8.5Evolution historique et morale naturelle .......................................................... 369 3.8.5.1La morale, sa naissance et depuis ................................................... 369 3.8.5.2Conclusion : il existe une morale naturelle .......................................... 372 3.9Critique du dterminisme ............................................................................... 373 3.9.1Conditions de prise en dfaut du dterminisme .............................................. 373 3.9.2Conclusion : il faut postuler le dterminisme .................................................. 374 3.9.3Critique de la mthode scientifique et de la vrit scientifique ...................... 375 3.9.3.1Les formalistes .................................................................................... 375 3.9.3.2Les intuitionnistes ................................................................................ 375 3.9.3.3Les platoniciens................................................................................... 376 3.9.3.4Les rationalistes du XVIIIe sicle ......................................................... 376 3.9.3.5Les empiristes ..................................................................................... 377 3.9.3.6Le rationalisme critique de Karl Popper ............................................... 377 3.9.3.6.1Dfinition d'une vrit scientifique378 3.9.3.6.2Dfinition d'une thorie applique un domaine pratique379 3.9.3.6.3Critres respecter pour qu'une thorie scientifique soit acceptable380 3.9.3.6.4Risques et inconvnients d'une vrit scientifique par consensus381 3.9.3.6.5Une thorie peut-elle tre probable ?382 3.9.3.6.6Dfinition d'une thorie scientifique objective382 3.9.3.6.7Comparaison du rationalisme critique avec l'empirisme382 3.9.3.6.8Polmique entre le rationalisme critique et le conventionalisme383 3.9.3.6.9Objection holistique la falsifiabilit384 3.9.3.6.10Les systmes interprtatifs384 3.9.3.6.11Sciences dures et sciences molles385 3.9.3.6.12Evolution d'une vrit, de la science et du monde selon Popper386 3.9.3.6.13Critique de la position de Popper sur le dterminisme387 3.9.3.7Le danger du dogmatisme ................................................................... 388 3.9.4La causalit peut-elle tre remise en question ? ............................................. 388 3.9.4.1Causalit et thorie de la Relativit ..................................................... 388 3.9.4.2Les objections au principe de causalit ............................................... 390 3.9.4.2.1Les objections contestant la mthode scientifique390 3.9.4.2.2L'objection philosophique dite de la cause ultime ou de la cause premire 391 3.9.4.2.3Les objections de multiplicit395 3.9.4.2.4Les objections de complexit et de chaos395 3.9.4.2.5L'objection de sparabilit395 3.9.4.2.6La lgitimit d'une recherche de causalit395 3.9.4.2.7Conjecture de restriction des contraintes du dterminisme et du principe de causalit396 3.10L'homme est-il libre malgr le dterminisme ? ..................................... 397 3.10.1L'homme est toujours insatisfait ...................................................................... 397 3.10.2Dterminants de la conscience et imprvisibilit de l'homme ....................... 397 3.10.3Dsirs conscients de l'homme et critres d'apprciation ............................... 398 3.10.4L'homme ne matrise ni ses valeurs, ni ses dsirs.......................................... 398 3.10.5Dfinitions du libre arbitre et de la libert ........................................................ 398 3.10.6Exclusions de la discussion qui suit sur le libre arbitre ................................. 399 3.10.6.1Exclusion de la transcendance ............................................................ 399 3.10.6.2Exclusion du libre arbitre total ............................................................. 400 3.10.6.3Exclusion de la libert d'indiffrence ................................................... 400 3.10.6.4Libert de penser ................................................................................ 401 3.10.7Le libre arbitre selon Sartre .............................................................................. 401 3.10.8Conclusion sur le libre arbitre .......................................................................... 402 3.10.9Libre arbitre, dterminisme et responsabilit .................................................. 403 18 3.10.9.1Point de vue spiritualiste ..................................................................... 403 3.10.9.2Point de vue matrialiste ..................................................................... 403 3.10.9.3La socit passe avant l'individu ......................................................... 403 3.10.9.4Pas de tyrannie de la majorit ............................................................. 404 3.10.9.5Morale naturelle, morale acquise et responsabilit de l'homme .......... 405 3.10.9.6Instabilit de l'ordre des valeurs morales, fragilit de nos jugements .. 406 3.10.9.7Conclusions sur les valeurs morales ................................................... 406 3.11Hirarchiser les reprsentations et les raisonnements ........................ 409 3.11.1Les 4 niveaux de contraintes d'une dcision d'action .................................... 409 3.11.2Adopter des reprsentations niveaux hirarchiques ................................... 412 3.11.2.1L'intrt des schmas pour structurer la connaissance ....................... 412 3.11.2.2Adquation des hirarchies aux arborescences de causalit .............. 412 3.11.2.3Occulter des niveaux empche la comprhension .............................. 413 3.11.2.4Structures hirarchiques, mmorisation et rflexion............................ 413 3.12Conclusions et recommandations pratiques......................................... 415 3.13Rfrences et complments.................................................................... 417 3.14Annexe : l'espace-temps de Minkowski ................................................. 517 3.14.1La relativit restreinte ........................................................................................ 517 3.14.2L'espace-temps .................................................................................................. 517 3.14.3Diagramme d'espace-temps .............................................................................. 517 3.14.4Intervalle d'espace-temps ................................................................................. 520 3.14.5Condition de causalit entre deux vnements............................................... 521 3.14.6Indpendance entre deux vnements et relation de causalit ..................... 522 3.14.7Conclusions sur la causalit ............................................................................. 525 3.14.8Remarque sur la simultanit ........................................................................... 525 3.14.9Ligne d'univers .................................................................................................. 526 3.14.10Relativit gnrale. Mouvement acclr. Inclinaison du cne de lumire ... 526 3.14.11Paradoxe du voyageur de Langevin ................................................................. 527 3.14.12Quadrivecteur nergie-impulsion ..................................................................... 528 3.15Scientifiques et philosophes cits ......................................................... 531 3.16Rsum des cas d'imprdictibilit.......................................................... 534 19 Premire partie 1.O en sont les preuves de l'existence de Dieu ? Un point de vue de scientifique "Roseau pensant. Ce n'est point de l'espace que je dois chercher ma dignit, mais c'est du rglement de ma pense. Je n'aurai point d'avantage en possdantdesterres.Parl'espacel'universmecomprendet m'engloutit comme un point ; par la pense je le comprends." Blaise Pascal - Penses [66] 20 1.1Les dfinitions d'Andr Comte-Sponville Le philosophe athe Andr Comte-Sponville crit dans [5], pages 80 et 16 : "J'entends par Dieu un tre ternel spirituel et transcendant ( la fois extrieur et suprieur la nature), qui aurait consciemment et volontairement cr l'univers. Il est suppos parfait et bienheureux, omniscient et omnipotent. C'est l'tre suprme, crateur et incr (il est cause de soi), infiniment bon et juste, dont tout dpend et qui ne dpend de rien. C'est l'absolu en acte et en personne." "J'appelle religion tout ensemble organis de croyances et de rites portant sur des choses sacres, surnaturelles ou transcendantes, et spcialement sur un ou plusieurs dieux, croyances et rites qui unissent en une mme communaut morale ou spirituelle ceux qui s'y reconnaissent ou les pratiquent." Comptetenudecesdfinitions,voyons quellessont lesraisonspsychologiquesde croire en Dieu de certains hommes. 21 1.2Raisons psychologiques de croire en Dieu, science et lacit Prminence des motions sur la raison Lesconnaissancesactuelles,issuesdesneurosciencesetdelapsychologie, permettent d'affirmer ce qui suit. L'esprit humain ne dclenche une action, geste ou pense, que pour satisfaire un besoin psychologique, rsultant d'un affect ou d'une motion subconsciente. J'agis ou je rflchis parce que j'ai faim, j'ai peur, je suis amoureux, j'ai soif de justice, j'ai besoin d'tre apprci, j'espre une rcompense, etc. Un processus de raisonnement est accompagn de jugements de valeur chaque tape, avec les affects qui en rsultent. De mme que chaque perception physique, chaque pense est immdiatement juge en fonction de ses consquences prvisibles, dont chacune est associe une ou plusieurs valeurs. C'est ainsi que notre cerveau fonctionne, c'est automatique et impossible empcher. La conclusion logique d'un raisonnement ne cause jamais une action ou une inaction dlibres ; elle ne peut que faire craindre ou esprer un rsultat, dont l'apprciation produira un affect qui justifiera une action. La raison de l'homme est un outil au service de ses affects, un outil au mme titre que sa force physique, et pas plus qu'elle. Les philosophes qui pensent que la raison est toute-puissante pour faire faire l'hommedeschoixcontrairessesdsirsprofondssetrompent,les neurosciences l'ontbiendmontraujourd'hui. L'hommeabienunlibrearbitre, maistouteslesdcisionsqu'ilcroitprendrelibrementsontsoumisesun ensemblehirarchisdevaleursassociesdesmotions[4],valeurset motions dont il n'est pas matre : l'homme peut faire ce qu'il veut, il ne peut pas vouloir ce qu'il veut. Pourquoi certains croient en Dieu Compte tenu de ce qui prcde, je ne vois que deux raisons psychologiques qui font que certains hommes croient en Dieu : Le besoin que le monde ait un sens, c'est--dire qu'on ait une rponse des questions comme : - Pourquoi y a-t-il quelque chose plutt que rien ? ; - Comment l'Univers est-il n ? ou (plus moderne) Qu'y avait-il avant le Big Bang ? ; - Pourquoi l'Univers est-il si complexe et si beau ? ; - Comment se fait-il que l'volution ait abouti ces merveilles de complexit que sont l'homme et l'environnement qui lui permet de vivre, et n'est-ce pas l preuve qu'elle a t guide par une volont dlibre au lieu d'tre le fait d'un hasard aveugle ? . Croire que la rponse cette dernire question est ncessairement Parce qu'il y a un Dieu s'appelle poser le principe anthropique. J'explique l'erreur deraisonnementlabasedecepostulatauparagraphe Leprincipe anthropique . 22 L'homme a un besoin instinctif de relier entre eux des faits, desvnements ou despensesdiverses,pourleurdonnerunestructureetsituercelle-cipar rapport d'autres connaissances qu'il a dj. L'absence de structure ou de lien avec des connaissances prexistantes induit instinctivement dans son esprit une craintedel'inconnuetdesdangersventuelsqu'ilpeutcomporter.Tousles hommessontainsi,depuisdesmilliersd'annesqueleurespritpense :ila besoin de sens. [D10] Expliquercequ'onnecomprendpaspar l'existenceet lavolontdeDieuvite de continuer chercher une rponse en restant dans l'incertitude. Et lorsque des hommesinfluents,prtresourois,disentcroirel'explicationdivine, lorsqu'autour de soi tout le monde y croit comme au Moyen Age, l'existence du Dieu crateur devient une vidence.Le besoin de valeurs bien dfinies, comme le Bien et le Mal, le Sacr et le Profane, le Juste et l'Injuste, la Charit et l'Indiffrence, etc. Dans un monde o le mal est invitable et source de tant de souffrances, l'homme peut se consoler en pensant que Dieu lui apportera le bonheur dans l'au-del. Face l'injustice, l'homme peut esprer la justice divine. Le pauvre peut esprer la charit, etc. On prte Dieu la dfense des valeurs positives auxquelles on veut croire et qui consolent.Lestextessacrsdfinissentdesrglesdemoraleetdesprincipes dejusticegrceauxquelslessocitsontpusedonnerdesrglesvieen commun acceptables et les hommes ont cr du lien social. Vrits et valeurs rvles contre science et lacit Au fur et mesure que le progrs desconnaissances, c'est--dire la science, faisait reculerl'ignorance,lebesoind'explicationdivinedumondediminuait.Peupeu, l'hommearemplaclesvritsrvles,ternellesetinfalsifiables[203],pardes vrits dmontres. Celles-ci sont vrifiables mme si chaque connaissance peut un jour tre remplace par une connaissance plus approfondie. La science explique ce qu'elle peut du monde sans jamais invoquer Dieu. Aufuretmesureduprogrsdessocits,c'est--direde leurs institutions etdes rgles de vie admises par leurs citoyens, le besoin devaleurs et rgles d'inspiration divineadiminu.Dansunedmocratiemoderne,onaremplacles loisprovenant de textes sacrs par des lois imagines et votes par des hommes. On a remplac desrglesdemoraleissuesdervlationsreligieuses(commel'abstinencede relations sexuelles hors mariage) par une tolrance limite seulement par le respect d'autrui.Onaremplacdestyrans RoiparlagrcedeDieu pardes gouvernementsissusd'lectionslibres,etdessocitsclassesprivilgies (comme la noblesse et le clerg) par des socits d'hommes gaux. La lacit n'est passeulementunetolrance,uneneutralitvis--visdecroyancesetpratiques religieusesdiverses,c'estaussietsurtoutleremplacementdevaleursrvleset imposes par des valeurs ngocies et votes. Historiquement,lesgrandesreligionsmonothistesonteudeuxrlesimportants danslessocitshumaines :unapportcultureletmoraletunliensocialentreles croyants, qui taient la grande majorit. Ces deux influences ont beaucoup diminu danscertainessocits :c'estlecasnotammentdelaFrance,etlesretombes sociologiques constates sont graves [D6]. 23 24 1.3L'homme conoit Dieu son image Jeneblasphmepas,jeconstate :leshommesprtentDieulesqualitsqu'ils n'ont pas assez ou pas du tout, mais qu'ils dsirent. Leur conception de Dieu est si anthropomorphiquequ'elleestparfoisnave ;onvoitbienqu'ellersultedeleur entendement,qu'ellereflteleursproblmes.Toutlafois,ilsconoiventDieu commeantrieurl'homme,Sacrature ;extrieurluilorsqu'Ill'acr,l'aide,le juge ou le punit ; et si semblable lui lorsqu'Il est jaloux de l'adoration d'autres dieux [D1].Etlamultiplicitdesreligionsquidurentdepuisdessiclesmontrequela mmequtedeshommesaeudesrponsesreligieusesdiverses,adaptesdes lieux et des habitudes de vie divers. Nous complterons ce point de vue ci-dessous. 1.3.1Une contradiction fondamentale qui explique la volont de prouver l'existence de Dieu Ilyaunecontradictionfondamentaledansleconceptmmed'unDieuinfiniment bon, avec Sa Providence qui intervient dans les situations graves o le mal pourrait prvaloir : comment se fait-il, alors, que l'on constate depuis toujours dans le monde autant de souffrances et d'injustices, et pourquoi Dieu laisse-t-il l'homme faire autant demal ?Lescroyantsontunerponsecettecontradiction : Dieulaisse l'hommesonlibrearbitre .Cetterponseatconue,l'vidence,pour innocenterDieu.Commeelleestcontraireaubonsens,lescroyantsnous demandent de renoncer tre logiques et chercher comprendre lorsqu'il s'agit de Dieu : Les voies du Seigneur sont impntrables [D3]. En somme, la religion est rvle et cette rvlation doit tre accepte sans tre soumise critique rationnelle. Lesgrandesreligionssontdoncdesreligionsrvles,c'est--direprsentes commevritspriori,acceptertellesquellessansdmonstration.Pourelles,la recherche de preuves logiquesde l'existence de Dieu- que nous allons aborder ci-dessous-n'adoncpasderaisond'tre.Sitantdereligieuxetdephilosophes croyants y ont travaill, c'tait seulement pour convaincre les non-croyants de croire. En France, par exemple, Pascal et Descartes y ont travaill toute leur vie. Alorsquedesparentscherchentprotgerleurenfant(quirisquedefairedes btises parce qu'il n'a pas encore l'ge de raison) en l'empchant de les faire, Dieu, notre Pre, nous laisse les faire, quitte nous punir ensuite La contradiction (appele traditionnellement le problme du mal ) est mme plus gravequeci-dessus.Dans[5]page122,AndrComte-Sponvillerapportequatre hypothses attribues Epicure : " Ou bien Dieu veut liminer le mal et ne le peut ; ou il le peut et ne le veut ; ou il ne le veut ni ne le peut ; ou il le veut et le peut. S'il le veut et ne le peut, il est impuissant, ce qui ne convient pas Dieu ; s'il le peut et ne le veut, il est mchant, ce qui est tranger Dieu. S'il ne le peut ni le veut, il est la fois impuissant et mchant, il n'est donc pas Dieu. S'il le veut et le peut, ce qui convient seul Dieu, d'o vient donc le mal, ou pourquoi Dieu ne le supprime-t-il pas ? La quatrime hypothse, la seule qui soit conforme notre ide de Dieu, est donc rfute par le rel mme (l'existence du mal). Il faut en conclure qu'aucun Dieu n'a cr le monde, ni ne le gouverne, soit parce qu'il n'y a pas de Dieu, soit 25 parce que les dieux (telle tait l'opinion d'picure) ne s'occupent pas de nous, ni de l'ordre ou du dsordre du monde, qu'ils n'ont pas cr et qu'ils ne gouvernent en rien..." Compte tenu de la contradiction fondamentale qui apparat avec le problme du mal, il a paru essentiel beaucoup d'hommes de vrifier si Dieu existe ou de prouver aux autres que c'est le cas. 26 1.4Comment s'assurer de l'existence de Dieu ? L'hommesefaitdeDieuuneimagetrshumaine,etpourtantsiabstraitequ'ilne peut en vrifier la validit et qu'il ne peut faire d'exprience qui prouve l'existence de Dieu ou son intervention. Il sait que Dieu ne relve pas les dfis des hommes. C'est pourquoi,depuisdesmillnaires,l'hommesedemandecommentseprouverlui -mme et ses semblables que Dieu existe. Lejudasme,puislechristianismeetenfinl'islamsontdesreligionsrvles. Chacune affirme l'existence de Dieu et prcise ses commandements en demandant l'hommedelescroiresansdmonstrationoupreuveexprimentale.Chacunea des textes sacrs qui citent la parole de Dieu sans preuve factuelle ou rationnelle, en demandant l'homme de faire acte de foi pour les croire. AvantlesicledesLumires[47](quiaprisfinavecledcsdeKant,en1804) seulsquelquesphilosophesetquelquessaintssesontproccupsdeconvaincre leurs semblables de croire en Dieuen apportant des preuves, ou ce qu'ils croyaient tredespreuves.Constatantl'absencedevaleurdecespreuves,pointsurlequel nous revenons plus bas, Kant a voulu reprendre zro l'tude du sujet et soumettre l'existence de Dieu - en mme temps que le reste de notre savoir - au tribunal de la raison . Il a crit en 1781 dans la prface de la Critique de la raison pure [M3] : "Notre sicle est particulirement le sicle de la critique laquelle il faut que tout se soumette. La religion, allguant sa saintet et la lgislation sa majest, veulent d'ordinaire y chapper ; mais alors elles excitent contre elles de justes soupons et ne peuvent prtendre cette sincre estime que la raison accorde seulement ce qui a pu soutenir son libre et public examen." On appelle "thodice" la partie de la mtaphysique qui traite de l'existence et de la nature de Dieu d'aprs les seules lumires de l'exprience et de la raison ; thodice est synonyme de thologie rationnelle. Ce chapitre est donc un texte de thodice. On peut regrouper les diverses preuves de l'existence de Dieu apportes au fil des sicles en trois catgories : Les preuves cosmologiques ; Les preuves ontologiques ; La preuve tlologique. 1.4.1Les preuves cosmologiques Schmatiquement,ces preuves reposentsurleraisonnementsuivant : l'existencedel'Universestincertaineparcequecontingente,c'est--direque l'Univers pouvait exister ou non. Mais je suis sr que quelque chose existe (moi par exemple, comme le remarquait Descartes en crivant je pense, donc je suis , ce quiprouvequ'uncertainniveaudeconnaissanceestpossible).Ilfautdonc ncessairement que ce qui existe ait t cr, donc qu'il existe un crateur, Dieu. Divers philosophes (Aristote, Avicenne, Maimonide, Saint Thomas d'Aquin) sont partis de la contingence du monde (c'est--dire du fait que le monde existe, 27 alors que cette existence n'tait pas obligatoire, qu'elle pouvait survenir ou non) pour en dduire qu'il y a une cause de cette existence, cause qui est Dieu. De mme, puisque le monde volue, il y a forcment une cause de cette volution, qui a elle-mme une cause, etc., la cause premire [16] tant Dieu. Ensomme,lapreuvecosmologiquereposesurlepostulatquel'existencede l'Universa ncessairement une cause ; etcomme la situation actuelle est due un enchanement de causes, la cause premire est alors appele Dieu. 1.4.2Les preuves ontologiques Schmatiquement, ces preuves reposent sur le postulat que l'essence prcde l'existence ,c'est--direqueleconceptnonphysique(transcendant)deDieuavec saperfectionprcdeetimposesonexistence,quienestunattribut,une consquence.(Unediscussionintressantedelapossibilitquel'essenceprcde l'existenceouquel'existenceprcdel'essenceestfournieparlecourttextede Sartre "L'existentialisme est un humanisme" [15].) Saint Anselme de Cantorbry (XIe sicle) a d'abord dfini Dieu comme un concept (c'est--dire une abstraction et non un objet matriel) tel que rien de plus grand ne puisse tre conu (c'est--dire dont l'essence a la proprit tre plus grand que tout ). A partir de cette dfinition, Anselme fait une dmonstration par l'absurde de l'existence concrte de Dieu : Si Dieu n'existait que dans la pense, si c'tait une abstraction pure, alors on pourrait concevoir quelque chose d'encore plus grand, le mme Dieu existant aussi concrtement, ce qui est contradictoire avec l'hypothse initiale. Donc Dieu existe aussi concrtement en tant qu'tre plus grand que tout ce qu'on peut voir ou concevoir. Anselmeutilisedonclefaitqueleconceptd'unDieuinfinimentgrandmais purement abstrait soit contradictoire pour en dduire que Dieu existe rellement : il dduit l'existence de Dieu de la dfinition qu'il en donne ! Cettepreuveestdite ontologique (motsignifiant quiatraitl'trelui-mme, c'est--dire sa possibilit, son existence, son essence, etc., et non sonapparence ).Elleconsistedduired'uneabstractionuneralit concrte, ce qui est une faute de raisonnement. Nous verronsplus bas, avec un exemplemathmatique,quel'hommepeutconcevoirunesuiteinfinie d'ensembles infinis, chacun plus grand, plus riche que tous ceux qui le prcdent danslasuite.Apartlespremiers,touscesensemblesinfiniscontiennentplus d'lments qu'il y a d'objets dans l'Univers. L'homme serait-il de ce fait l'gal de Dieu ?Serait-celunepreuvedel'affirmationque Dieuestenchaque homme ? . Le postulat qu'il peut exister physiquement quelque chose de plus grand que tout tait dangereux mme l'poque d'Anselme, car un contre-exemple tait connu depuis l'antiquitgrecque : dansl'ensemble desnombres entiersiln'existepas denombreplusgrandquetouslesautres(l'infinin'estpasunnombre).Donc qu'est-ce qui prouve qu'il existe un concept tel que rien de plus grand ne puisse se concevoir ? Dduire une existence physique d'une conjecture fausse est une erreur de raisonnement vidente. 28 Descartes utilise aussi une preuve ontologique lorsqu'il affirme que Dieu existe parce que lui, homme imparfait, conoit la perfection divine, concept qui ne peut lui tre inspir que par Dieu. Je doute, donc j'existe et je suis une chose qui pense ; or je pense quelque chose d'infini et de parfait, pense qui ne peut venir de moi seul qui suis fini et imparfait, donc elle vient de quelque chose d'infini et de parfait, Dieu ; donc Il existe . L'erreurfondamentaledespreuvesontologiquesestvidente,commel'amontr Kant :onnepeutpasdduireuneexistenceconcrte,c'est--direvrifiablepar l'exprience,d'uneessencequiestuneabstractionhumaine.L'existenced'un conceptdansl'espritd'unepersonnen'entranepasl'existencephysiquedel'objet correspondant. 1.4.3La preuve tlologique D'autresphilosophes(PlatonetAristote,sondisciple),constatantqu'ilyaunordre dans lemondeetnonledsordreabsolu,qu'ilyades loisdans lanature (comme cellesdumouvementprvisibledesastres) etqu'onytrouvebeaucoupdebeaut, ontrefusdecroirequec'taitll'effetduhasard.Ilsontaffirmquec'tait ncessairement le rsultat d'un dessein, d'une finalit, d'une volont, celle de Dieu. Latlologieestunedoctrinequiexpliquel'existencedel'Universparunbut, une intention extrieure lui. Cette intention est une cause finale, par opposition unecauseefficace.Lacausalitestditefinalelorsqu'elledsigneunbut atteindre ;elleestditeefficacelorsqu'elledsigneunliendterministeentre cause et effet. Latlologieestaussil'tudedesfins,notammenthumaines.Entantque doctrinesynonymedefinalisme,latlologies'opposeaumcanisme,qui conoitl'existencedeloisdelanaturesansvolontexternel'Univers,donc rgiesparledterminisme.Onpeutconsidrerlefinalismecommeun dterminisme qui traduit la volont et la puissance divine. La position actuelle de l'Eglise catholique En juillet 2005, le cardinal-archevque de Vienne, Mgr. Schnborn, a affirm que la position officielle de l'Eglise catholique explique l'existence du monde parl'argument tlologique,considrcommevident.Ilasoulignquecettepositionest incompatibleaveclathoriedarwiniennedel'volutiondesespcessousl'effetde mutations alatoires et de la survie des plus forts par slection naturelle[D4]. Or les scientifiquesprouventl'volutionnismedepuislesannes1920,encrantdes espcesmutantesartificiellesparunprocessusanalogueceluidesaccidents gntiques naturels ! En juillet 2007, le pape Benot XVI a pris une position claire sur deux points [D7] : Il existe de nombreuses preuves scientifiques en faveur de l'volution, qui apparat donc comme relle et qu'il faut accepter, contredisant ainsi Mgr. Schnborn ; 29 Mais l'volutionnisme ne rpond pas la question de la cration initiale du monde, sujet sur lequel l'Eglise affirme que la raison cratrice prcde toute chose et que le monde en est le reflet pens et voulu. Ensomme,l'Eglisesoutientunepositionspiritualisteetfinaliste.Enaffirmantque l'UniversatcrparDieu,ellesoutientaussil'argumentcosmologiquedeSon existence. 1.4.4La raison morale de Kant Les trois preuves prcdentes ne sont pas convaincantes. Etant croyant, Kant, le premiergrandphilosophequiaexpliquleurserreurs(voir"Critiquedelaraison pure"[M3]),aaussifourniunargumentnonrationnelpourpostulerl'existencede Dieudanssa"Critiquedelaraisonpratique"[M3].Ilyaexpliququevivrede maniremoralencessiteunefoienDieu,carseulunpouvoirdivinestenmesure de rcompenser la vertu avec du bonheur et de punir les mfaits. Kant affirme que les commandements de la morale imposent l'homme de faire son devoir, bien qu'il soit libre d'y manquer et que son gosme et ses penchants naturels l'y incitent. Voici ce que [5] dit de la morale page 36 : " la morale ne relve ni d'une dcision ni d'une cration. Chacun ne la trouve en lui qu'autant qu'il l'a reue (et peu importe au fond que ce soit de Dieu, de la nature ou de l'ducation) et ne peut en critiquer tel ou tel aspect qu'au nom de tel ou tel autre (par exemple la morale sexuelle au nom de la libert individuelle, la libert au nom de la justice, etc.). Toute morale vient du pass : elle s'enracine dans l'histoire, pour la socit, et dans l'enfance, pour l'individu. C'est ce que Freud appelle le surmoi, qui reprsente le pass de la socit, disait-il, au mme titre que le a reprsente le pass de l'espce." Lesrglesmoralesneseconoiventpas logiquementdansunmondematrialiste, c'est--dire rgi par une ncessit aveugle comme celle des lois de la physique et de l'conomie. Dans un tel monde, les dcisions de l'homme rsultent automatiquement decirconstancesphysiques,iln'estdoncpaslibre,doncpasresponsable,etses actions ne sont ni punies ni rcompenses dans l'au-del ; car il n'existe ni au-del ni Dieu. Ce sujet est abord en dtail dans la troisime Partie. Parcontre,cesrglesdeviennentcohrentesdanslecadred'unefoienDieu,ou d'unemoraleathe ;pournousOccidentauxellessontalors lesmmesquecelles de la religion, et leur origine est judo-chrtienne. Pour plus de dtails sur ce sujet, voir dans la 3e partie de cet ouvrage ce paragraphe. Kant affirme mme que les devoirs d'altruisme et d'universalit[D5] existent priori, rsultentdeladignitdel'hommeetn'ontpasbesoindejustificationlogique.Il rejetteaussilajustificationd'uncomportementvertueuxbasesurlacrainted'un chtiment ou l'espoir d'une rcompense, dans ce monde ou dans l'autre : celui dont le comportement n'est justifi que par "la carotte et le bton" n'a gure de mrite ! Kantpostuledoncl'existencepourl'hommed'undevoirimpratif,valeurmorale suprme qui se passe de justificationrationnelleet qui implique la bonne volont et 30 l'intentionpure,quelsquesoientlesrsultats.Chaqueindividudoitavoir intrioris ce devoir, qui doit faire partie des valeurs qui lui ont t transmises par ses parents et la socit. LaraisonmoraledecroiredeKantn'estdoncpasautrechosequ'unensemblede postulatsclairementnoncs,dontceuxdel'existencedeDieuetdelalibertde l'homme,indmontrables dans le cadre de la raison pure et faisant donc l'objet d'un choixpersonnel.Cesdeuxpostulatspeuventtreinvoqusparlescroyantspour fonderlamorale,quidoitguiderl'actiondeshommesensocit.Maislamorale, base sur la valeur suprme du devoir, peut s'en passer : un athe ou un agnostique peuvent tre aussi vertueux - ou peu vertueux - qu'un croyant. 31 1.5Des preuves sans valeur Les preuves cosmologiques et tlologiques partent de constatations exprimentales basessurnotremondepourendduirequ'ellesontncessairementunecause premire hors de ce monde, cause dfinie comme tant Dieu [16]. 1.5.1Faiblesses de la causalit des preuves cosmologiques Rappel :lapreuvecosmologiquereposesur lepostulatquel'existencedel'Univers et l'volution des situations ont ncessairement une cause, car l'Univers aurait pu ne pasexisteretlessituationsnepaschanger ;lacausepremiredel'Universetde son volution est alors appele Dieu [16]. 1.5.1.1La contingence est une hypothse strile Qu'est-cequiprouvequel'Universauraitpunepasexister ?Rien.Cedontonest sr, c'est qu'il existe. Imaginer une ralit diffrente de celle qu'on constate conduit desspculationsmtaphysiquessansvaleurrationnellecarellescontredisentle principe d'identit [16]. Exempledespculationssansissuecarnonvrifiablesexprimentalement : imaginer ce que serait l'Univers si l'espace avait 7 dimensions au lieu de 3, ou si l'attraction universelle n'existait pas, ou si le temps tant cyclique il n'y aurait ni dbut ni fin, donc aucun moment Dieu n'aurait pu crer le monde Etqu'est-cequiprouvequequelquechosequiexisteatcrpartird'autre chose ou de rien ? Rien, encore : le principe tout ce qui existe a t cr est un postulat, il ne peut tre prouv. Une chose ternelle - si elle existe - a toujours exist sans avoir t cre ; nonce de manire plus moderne, cette affirmation devient : Le temps a commenc avec l'Univers (c'est--dire avec leBig Bang), qui est un postulat que rien ne contredit dans l'tat actuel de notre science. Voiraussidanslatroisimepartie"L'objectionphilosophiquedite delacause ultime ou de la cause premire ". 1.5.1.2Pas de preuve des qualits attribues Dieu Les preuves cosmologiques dfinissent Dieu comme la cause premire (ultime) [16] del'existencedumondeetdesonvolution.Maismmesionadmetce raisonnement-l,rienneprouvequecettecausepremireaitlesqualitsqu'on attribue Dieu : toute-puissance, omniscience, bont, etc. 1.5.1.3Conclusion sur les preuves cosmologiques L'homme a tendance affirmer l'existence d'une cause pour tout ce qu'il constate et pourtoutcequ'ilconoit,parcequec'estplussimpleetplusrassurant.Baser l'existencedeDieusurlacontingencedel'Universetlacausalitn'estgure convaincant. Et de toute manire la causalit ne justifie pas les qualits de bont, de justice, etc. attribues Dieu. Les preuves cosmologiques sont donc sans valeur. 1.5.2Faiblesse des preuves ontologiques Rappel : la preuve ontologique affirme : Puisque je peux concevoir la perfection et l'infini, Dieu existe . 32 Kantdnoncelesraisonnementsdecetypecommeerrons,lesqualifiantde malheureuse preuve ontologique . En effet, ces raisonnements conoivent un tre parfait, tout-puissant, plus grand que tout, etc. (Dieu), puis affirment que parce qu'on l'a pens, il existe. Kant explique : Cent thalers [le thaler tait une pice de monnaie en argent] que j'imagine simplement ne contiennent pas la moindre pice de moins [dans ma pense] que cent thalers qui existent rellement, car c'est chose implique dans la nature synthtique des affirmations d'existence. Si ce n'tait pas le cas, la notion de ces thalers rels serait diffrente de celle de cent thalers possibles ; l'existence serait contenue dans la notion. Kantmontreparlqueleconceptdecentthalersrelsestlemmequele conceptdecentthalersimaginaires ;nousnepouvonsdoncpasdduirela ralit d'une chose de la pense de cette chose. 1.5.2.1Comprendre lerreur des preuves ontologiques LedfautqueKanttrouvedanslespreuvescosmologiques,ontologiqueset tlologiques,estunefautederaisonnementclassique.Elleconsistepartir dhypothsesvrifiablesdansuncontextedonnpourentireruneconclusionhors dececontexte.Eneffet,unepreuve logiquedelexistencedeDieusappuyantsur des certitudes vrifiables dans notre Univers ne peut tre construite pour un concept Dieu qui dpasse notre Univers, parce quIl existait avant et quIl la cr. (Un tel concept est dit transcendant). Lesprit humain peut faire - et fait - lextrapolation, mais celle-ci na pas valeur de preuve. C'est ainsi que nous verrons dans la 3e partie de cet ouvrage, en parlant duBig Bang et de la fraction de seconde qui le suit appele temps de Planck , que nousnepouvonspasparlerdecequis'estpasspendantcetemps-let fortioriavant,carlesloisdenotrephysiquenes'appliquaientpas ;enparler serait alors pure spculation. Lextrapolation hors de notre Univers ne permet pas, non plus, daffirmer queparce quIl est hors de notre Univers, Dieu nexiste pas. Notre raison est donc dans limpossibilit de conclure avec certitude lexistence ou lanon-existencedeDieu,quinepeutdonc trequ'un prioriquechacundenous peut postuler ou non. En somme, une preuve ontologique est forcment fausse parce qu'elle suppose que puisque la pense conoit quelque chose, ce quelque chose existe, c'est--dire que l'existence (concrte) est contenue dans l'essence (abstraite). Kant,pourtantcroyant,estallplusloin :ilamontrquelesconceptsdela mtaphysiquecommeDieuetl'mesontdesinventionsirrationnellesdel'esprit humain,desillusionsapparuesencherchantatteindredesvritsabsolues, universellesetgnrales,oulescausespremiresdesphnomnesnaturels.Ces vrits et causes premires sont des spculations inaccessibles la raison. L'erreur d'Anselme En plus de ces raisons de rejet de la preuve ontologique, le raisonnement d'Anselme estcritiquableparcequ'ilmanipulelanotionde"plusgrandquetout",quiimplique 33 une possibilit de comparer deux concepts, Dieu seulement abstrait et Dieu la fois abstrait et rel. Comme Kant l'a soulign dans la citation que nous venons de voir, un objet rel a, dans notre esprit, la mme reprsentation que l'abstraction de cet objet. Deuxobjetsquiontmmereprsentationmentalesontimpossi blesdistinguer, donc comparer sinon en les trouvant identiques. En outre, la notion de "plus grand que tout" est si vague qu'elle est parfois absurde. En fait elle n'a de sens qu' l'intrieur d'un ensemble ordonn, ce qui n'est pas le cas pour l'ensemble deux lments Dieu seulement abstrait et Dieu la fois abstrait et rel, dont les lments se confondent dans notre esprit. Et mme dans un ensemble ordonn comme celui des nombres entiers naturels, on sait depuis les anciens Grecs qu'il n'existe pas de nombre entier plus grand que tous les autres, l'infini n'tant pas un nombre entier. L'erreurd'Anselmeestencoretrsfrquentedenosjours,beaucoupdegens manquant de rigueur intellectuelle. Soit ils tiennent pour vraie une proposition quine l'estpas-oupastoujours,soitilsfontdesoprationsmentalescommela comparaisonsurdesobjetsoellesnes'appliquentpas.Larigueurmentale s'acquiertpeupeu,enpratiquantdesdisciplinescommelessciencesexacteset l'algorithmiqueinformatique,etenapprenantseconnatrepourprendrelemoins souvent possible des dcisions dictes par nos envies au mpris de notre raison. 1.5.2.2Un exemple tir de l'arithmtique Dans l'ensemble des fractions dont le numrateur et le dnominateur sont tous deux des entiers non nuls on peut toujours diviser une fraction A par une fraction B, ce qui donneunquotientQquiestunefraction :danscetensembledesfractions,la division est toujours possible. Sijemebasesurcettepossibilitpouraffirmerquedansunautre ensemble,celui desentiersnonnuls,ladivisionesttoujourspossible,jefaisuneerreur :danscet ensemble-l, le quotient de 3 par 5 n'existe pas, et mon affirmation est fausse : une rgleouunepossibilitvalabledanslepremierensemblenel'estpas ncessairement dans un ensemble diffrent. Cetexemplemontrequ'ilestdangereuxd'appliquerlesrglesd'undomaineun autre. En particulier, les lois de notre Univers n'ont aucune raison de s'appliquer en dehorsextrieurdontl'existencemmetantincertaine,rienneprouvequ'ilsoit rgiparlesmmeslois.Touteconclusionsurquelquechosed'externenotre Univers est donc pure spculation, sans valeur rationnelle. 1.5.2.3Un exemple cosmologique Cetexempleaide,luiaussi,comprendrel'erreurdespreuvesontologiques.Un certainnombredethoriesrcentesdastrophysiqueconcernantlanaissanceet lexpansion de notre Univers partir dun instant initial appel Big Bang prvoient la possibilit dexistence dautres univers, qui nous sont physiquement inaccessibles et le resteront jamais. Elles laissent ouverte la possibilit quun de ces univers soit gouvern par des lois physiques diffrentes des ntres, par exemple parce que des constantesfondamentalescommelavitessedelalumire"c"oulaconstantede gravitation "G" auraient des valeurs diffrentes. 34 Lexistencede telles loisnecontrediraitaucunelogiquehumaineetnemettraitpas en cause les lois physiques qui sappliquent chez nous. Si nous affirmions que parce que nous avons, dans notre Univers, des lois bien connues, dmontres et dont les quelesprdictionssontvrifiables,cesloissappliquentforcmenttoutautre univers, nous ferions une grave erreur. Demaniregnrale,lesconceptsabsolussontdangereux,parexemple lorsqu'ils'agitdeloisdelaphysiqueoudesesconstantes.C'estainsiquela Relativitnousapprendquelesmesuresdutempsetdeladistancesont relatives au mouvement d'un observateur et au champ de gravitation ; le temps et l'espace absolus de Newton ne sont que des approximations. Unautreexempledecetteerreurconsisteaffirmerquelesloisbiologiquesque nousconstatonssurnotreTerresappliquentforcmenttouteautreplante supportant de la vie dans lUnivers. Autre nonc quivalent : sur une autre plante, ladfinitionmmedelaviepeuttrediffrente.Enfin,surTerremme,ilyades tresvivantsappelsextrmophiles,quiviventdansdesconditionsextrmesde temprature (voisine de 100C), de salinit ou d'acidit. 1.5.2.4Gnralisation : le danger des raisonnements par induction ou analogie Lesexemplesci-dessussontdes gnralisations,basessur lacapacitde l'esprit humainraisonnerpar induction,c'est--diregnraliserpartird'exemples.Ce type de raisonnement est indispensable, car il permet de construire des abstractions et des modles de la ralit indispensables au fonctionnement de notre esprit. Mais il estaussidangereux,puisquecertainesgnralisationspeuventaboutirdes abstractionsoudesmodlesquisontfaux.C'estlecasdesamalgames,par exemple :sitroisreprisesj'airencontrdesGrecsquim'ontvol,jenepeux gnraliserenaffirmantquetouslesGrecssontvoleurs.Cetexempleesttrivial, maisilyapourtantbeaucoupdegensquicessentd'couterunepersonnequia nonc une fois ou deux seulement une opinion qu'ils n'approuvent pas Et que dire des raisonnements par analogie, o notre esprit nglige certains aspects delaralitpourconclurepartirdecertainsautresqu'unechoseest-ouse comporte - comme une autre 1.5.2.5Exemple mathmatique de la puissance dinvention de lesprit humain Pourcetexempleillustrantlapuissancedeconceptionetd'inventiondel'esprit humain,nousavonsd'abordbesoindeconnatrelenombred'lmentsde l'ensemble des parties d'un ensemble de N lments. Commenons par un cas particulier. Considrons l'ensemble de 3 lments {a, b, c}. L'ensemble de ses parties est l'ensemble {(a,b,c) ; (a,b) ; (a,c) ; (b,c) ; a ; b ; c ; rien}, qui a 8 lments. Nous remarquons que pour un ensemble de 3 lments le nombre d'lments de l'ensemble de ses parties est 23 = 8. CettepropritsegnralisefacilementunensembledeNlments,dont l'ensembledespartiescomprend2Nlments.Celasevoitenremarquantquele dveloppementdelasomme(1 + 1)Napourtermeslesnombresdecombinaisons possibles de N lments pris p la fois (nots CNp), p variant de 0 N : 2N = (1 + 1)N = CN0 + CN1 + CN2 + + CNp + + CNN,o CN0 = CNN = 1 35 Doncl'ensembledespartiesd'unensembledeNlmentscomprend2Nlments, nombre toujours plus grand que l'entier N > 0. On voit bien, du reste, que l'ensemble despartiesd'unensemblecomprend,enplusdetousleslmentsdecedernier, d'autres lments qui en sont des collections : il est donc "plus riche". Considronsprsentl'ensembledetouslespointsgomtriquesdel'Univers, chacun pris tous les instants du pass, du prsent et de l'avenir, c'est--dire tous les points du continuum espace-temps quadridimensionnel d'Einstein. Imaginons maintenantqu'enchacundespointsdececontinuumonconsidretoutesles propritsphysiquespossibles,mmes'ilyenauneinfinit :attraction gravitationnelle, champ lectrique, pression, temprature, etc. Lescouples{point,proprit}constituentleslmentsd'unensembleUquiala richessedel'Univers :ilestinconcevablequ'ilexiste,aexistouexisteradans l'Universmatrieluncouplequin'appartiennepasU ;siDieuacrl'Universet rgitsonvolution,ilacretrgittousleslmentsdeU.Toutobjet(relou imaginaire)del'UniversestunensembledecouplesdeU.Etl'esprithumainpeut concevoir l'ensemble P(U) des parties de U, qui regroupe forcment tous les objets quiontexist,existentouexisterontdansl'Univers(parexempletoutesses galaxies), ainsi que des regroupements de couples qui sont de pures abstractions. P(U) est donc plus riche que tout ce qui existe, a exist ou existera dans l'Univers. En concevant P(U), l'homme conoit quelque chose de plus grand que ce que Dieu a cr physiquement (dans notre Univers, parce qu' l'extrieur- s'il y a un extrieur - nousnesavonspasetnesauronsjamais).Etdanslasciencehumainedes mathmatiquesilexisteunethorie,ditedestransfinis,quidfinitunesuiteinfinie d'ensembles, chacun infiniment plus riche que le prcdent. En fait, la dmonstration ci-dessus repose sur l'hypothse que l'Univers cr par Dieuestd'unerichessedfiniepartirdecertainsensemblesdepointsetde proprits.Ladmonstrationmontrealorsquel'hommepeuttoujoursimaginer des ensembles plus riches que toutensemble fixe donn ; elle repose donc sur le fait que notre imagination n'a pas de limite. L'esprit humain peut donc laborer des concepts qui ne peuvent reprsenter quelque chosequiexistephysiquement,tellementilssontriches :cesontdoncdes abstractions pures. Sa conception d'un Dieu crateur qui existe rellement est donc suspecte : il se peut qu'elle corresponde une simple abstraction de l'esprit humain, comme l'ensemble P(U) prcdent. Mais les croyants objecteront ce raisonnement qu'en crant l'homme Dieu a conu aussisonessence,quicomprendlafacultdesonespritd'inventer,doncqu'ila prvu les transfinis, donc qu'il n'y a rien que l'homme puisse concevoir qui soit plus grand ou plus riche que Dieu, ou nouveau pour Lui 1.5.2.6L'impossible universalisme culturel ou religieux Je qualifie d' universelle une caractristique vraie en tous lieux, tout moment et pour tous les hommes, c'est--dire quel que soit le contexte humain. C'est ainsi que chacunedestroisreligionsmonothistesquesontlechristianisme,lejudasmeet l'islamconsidresarvlationetsesvaleurscommeuniverselles.Pourchacunde 36 leurscroyantstousleshommesdevraientavoirlesmmesvaleurs,celles qu'enseignelareligionlaquelleilcroit.(Nepasconfondreuniversel,universalit [D5] et universaux [168].) Malheureusement,iln'enestpasainsi :cestroisreligionsontbiendesvaleurs communes, mais leurs enseignements diffrent sur bien d'autres. Et ces diffrences ne sont pas limites au domaine de la foi, ce sont des diffrences culturelles. J'appelle ici culture par opposition nature ce qui est production humaine. En ce sens-l, une religion est une production culturelle, un sous-ensemble d'une culture particulire.Exemple :ilsuffitdelireunedemi-heureleCoranpourvoirquela religion musulmane provient de la culture d'un certain peuple du dsert d'Arabie, tel qu'il vivait aux environs du VIIe sicle [12]. Une culture ne peut tre universelle que si l'on suppose une nature humaine unique, suppositioncontrediteparlesfaitshistoriquesetgographiques.C'estainsique certainesvaleursmorales(permis/dfendu)etesthtiques(beau/laid)ontvari etvarientencoreselonlespoquesetlessocits.Exemples :lesopinionssurle cannibalisme ou la virginit, les canons de beaut fminine Il existe cependant des universaux culturels [168]. Puisquetouteculturecomprenddesvaleurs,croyancesetattitudesn'existantpas dans les universaux, et que toute religion est une production culturelle plus riche que ces universaux, il ne peut y avoir de religion universelle, tant pis pour les prtentions desreligionsmonothistes !Engnrallesvaleursmoralesd'unereligion(oules valeurs esthtiques d'une culture) ne sont donc valables que pour les fidles de cette religion-lou lespersonnes quiontcetteculture-l, paspour lesfidles desautres religions ou pour les athes, et pas pour les personnes qui ont d'autres cultures. Que certainesvaleurscommecellesdesuniversauxsoientcommunesplusieurs religionsnechangepasgrand-choseaucaractrerelatifdesreligionsetdes cultures. Le relativisme culturel, trs gnralement admis de nos jours par les intellectuels, a uneconsquenceimportante :ilestinadmissibledeserfrerauxvaleursd'une cultureoud'unereligionpourjugerdesvaleursd'uneautrecultureoud'uneautre religion ! En somme, nous ne voulons plus faire au dbut du XXIe sicle l'erreur faite jusqu'au dbut du XXe, lorsqu'on considrait en Europe les peuples d'Afrique, d'Asie ou d'Australie comme des sauvages et des mcrants, c'est--dire des arrirs bons coloniser dans leur propre intrt. Remarquesurlerelativismeculturel :lesuniversauxcomprennentdesvaleurs universellesparcequ'attacheslanotionmmed'trehumain ;detelles valeursnepeuventtreniesparaucuneculture.C'estainsiquechaquetre humain, quelle que soit sa culture, a droit au respect de son intgrit physique ; donc aucune culture - fut-elle traditionnelle en Afrique - ne justifie une mutilation commel'excisiondesfemmes.Ceuxqui,aunomdupolitiquementcorrect reprsentparlerespectdeculturestrangres,voudraientqu'ontolreen Francedespratiquescommel'excisionoulaprivationdefemmesdecertains droits fondamentaux se comportent comme des barbares. 37 Cequiprcdetenddoncauxdomainesculturelet religieuxla rgle quis'impose dansledomainelogiqueproposdel'existencedeDieu(Etreextrieurnotre Univers),existencequ'onnepeutdduiredeconstatationsfaitesdansnotre Univers : en matire de culture ou de religion, on ne peut juger les valeurs de l'une partir de celles d'une autre, ni d'un point de vue logique ni mme d'un point de vue moral. Toutcequ'onpeutfaire,titred'hypothsedetravail,c'estdesupposerque l'extrieurd'undomainesecomportecommel'intrieur,maiscen'estqu'une hypothse, un modlecommode dont les consquences sont vrifier mais sont par dfinition invrifiables concernant l'extrieur de l'Univers, donc Dieu. 1.5.2.7Consquences de la multiplicit des religions Les croyances religieuses ne sont pas vrifiables, mais les religions sont multiples et particulires. Or la vrit est une. Donc : Si on considre une religion, dans la totalit des vrits qu'elle rvle, comme ncessairement ou vraie ou fausse, alors il y a tout au plus une seule des multiples religions qui est vraie, toutes les autres tant fausses, tant pis pour leurs adeptes. Si on considre une religion comme pouvant tre partiellement vraie et partiellement fausse, on se dresse contre tous les croyants de chacune des religions, qui n'acceptent pas d'en discuter la moindre partie du dogme. Unecroyancereligieuseestdonc,parncessit,intolrante :ellerenietoutesles autres, les traite d'hrsies et leurs fidles d'hrtiques. Un fidle a donc le droit de ne pas croire sans preuve sauf lorsqu'il s'agit de sa religion : en matire de foi, il doit renoncertrerationnel.Ilyadesgensquitrouventuntelrenoncementinsultant pour leur intelligence, leur libert et leur dignit d'homme. 1.5.3Faiblesse de la preuve tlologique Pardfinition,uneactivittlologiqueestdirigeversunbut.Lestenantsd'une preuvetlologiquedel'existencedeDieu(appels"crationnistes")partentde l'vidence(poureux)d'unefinalitconstatabledansnotremonde,finalitqu'ils attribuent la volont divine et qu'ils considrent comme un dterminisme. Pour eux, et notamment l'Eglise catholique qui l'a raffirm en 2005 et encore en 2007 : Il est vident que le monde, avec ses lois physiques, et l'homme avec son me, ne sont pas le fruit du hasard, mais celui d'une volont divine, ce qui prouve l'existence de Dieu, origine de cette volont. Certains(maispaslepapeBenotXVI)s'opposentdoncl'interprtation darwiniennedel'volution,quiconjuguehasardlorsdesmutationsetrponseaux contraintes du milieu lors de la slection naturelle. HlaspourlescrationnistesetcommelepapeBenotXVIlui-mmel'adm