Des racines et des ailes

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Des racines et des ailes Aïcha Van Dun Illustrations de Mélisandre Lafond Allégories de la forêt boréale Habiletés sociales Estime de soi Impulsivité Gestion de la colère Autonomie

description

Ce recueil comprend cinq allégories mettant en scène d’attachants petits habitants de la forêt boréale. Des questions et des activités complètent l’ouvrage. Elles invitent l’enfant à s’engager activement dans un processus créatif et amusant qui l’aidera à développer des habiletés essentielles à son épanouissement.

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Des racineset des ailes

Aïcha Van DunIllustrations de Mélisandre Lafond

A l l é g o r i e s d e l a f o r ê t b o r é a l e

Habiletés sociales Estime de soi Impulsivité Gestion de la colère Autonomie

isbn 978-2-923827-17-9

Éditions Midi trentewww.miditrente.ca

Des racines et des ailes

« On ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes », dit le proverbe. C’est précisément ce que les allégories rassemblées dans ce recueil visent à offrir aux enfants : des racines, qui leur permettront de se sentir solides, aimés, de se faire confiance et d’affirmer leur identité, et des ailes, c’est-à-dire la capacité de développer des outils pour évoluer, être créatifs et s’épanouir pleinement.

Ce recueil comprend cinq allégories mettant en scène d’attachants petits habitants de la forêt boréale. Des questions et des activités complètent l’ouvrage. Elles invitent l’enfant à s’engager activement dans un processus créatif et amusant qui l’aidera à développer des habiletés essentielles à son épanouissement.

Aïcha Van Dun Détentrice d’une maîtrise en création littéraire, Aïcha enseigne la littérature au Cégep régional de Lanaudière à L’Assomption. Elle est également coach professionnelle certifiée en PNL et maman de deux petits trésors.

Petite Feuille se fait des amisHabiletés encouragées : surmonter sa timiditéet développer des aptitudes relationnelles

La grande aventure de Pissenlit Habiletés encouragées : se reconnaître une valeur personnelle et s’affirmer

Attention, Tourbillon !Habiletés encouragées : maîtriser son impulsivité, respecter les consignes et penser aux autres

La colérite de Petit TonnerreHabiletés encouragées : maîtriser sa colèreet l’exprimer sainement

Alto prend son envolHabiletés encouragées : devenir autonomeet réaliser des choses par soi-même

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Allégories de la forêt boréale

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Des racineset des ailes

Aïcha Van DunIllustrations de Mélisandre Lafond

A l l é g o r i e s d e l a f o r ê t b o r é a l e

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Avant-propos

Introduction

Petite Feuille se fait des amisHabiletés encouragées : surmonter sa timidité et

développer des aptitudes relationnelles

La grande aventure de Pissenlit Habiletés encouragées : se reconnaître une valeur

personnelle et s’affirmer

Attention, Tourbillon !Habiletés encouragées : maîtriser son impulsivité,

respecter les consignes et penser aux autres

La colérite de Petit TonnerreHabiletés encouragées : maîtriser sa colère et l’exprimer

sainement

Alto prend son envolHabiletés encouragées : devenir autonome et réaliser des

choses par soi-même

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Table des matieres

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Avant-propos

Ce livre s’adresse à vous chers parents, éducatrices en services de garde, ensei-gnants et autres intervenants passionnés, tout comme moi, par l’éducation ! Il répondra à de nombreux objectifs de la « grande personne » que vous êtes, cette « grande per-sonne » soucieuse du développement émotionnel, social et langagier des enfants. Celle qui souhaite favoriser l’acquisition d’habiletés personnelles, aider les enfants à nommer leurs émotions, inspirer des conduites pacifiques ou encore organiser des activités de socialisation.

Ce recueil répondra, par ailleurs, à plusieurs besoins de la « petite personne » joueuse et insouciante qui, j’en suis persuadée, vous habite tout autant ! Besoin de vous arrêter, par exemple, pour revisiter votre enfance, de faire plaisir aux enfants que vous aimez ou, plus simplement, de profiter d’une douce intimité avec eux…

C’est sur ces deux parties de vous que je compte pour plonger dans l’imaginaire débor-dant des enfants. Sur votre enthousiasme également ! Sur votre humour ! Sur votre sens de l’émerveillement et de la mise en scène ! Et plus spécialement, sur les riches couleurs de votre chaleureuse voix.

Vous aurez la chance de découvrir de quelle façon Éléonore s’identifie à Petite Feuille ou encore comment Mathis prend son envol avec Alto, le petit héronneau. Vous aurez le privilège de recueillir les confidences de Justine, de Thomas ou d’Alexandre, car par leurs vertus métaphoriques, les histoires ont cet étonnant pouvoir de délier les langues…

Je vous invite donc à découvrir la magie de ces histoires que j’ai pris plaisir à imaginer. Vous serez plongés dans la féérie de la forêt québécoise et de ses petites créatures si at-tachantes. Mais la magie, vous la trouverez aussi dans les yeux de vos enfants, dans leur écoute, dans leurs réactions et dans les belles opportunités d’enseignement et de change-ment qui s’offriront alors à vous.

Parlant de magie… Je sens qu’ils s’impatientent, ces petits cœurs qui éclairent votre vie. Assez bavardé. Bonne lecture !

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Introduction

« On ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes », dit le proverbe. C’est précisément ce que les allégories rassemblées dans ce recueil visent à offrir aux enfants : des racines, qui leur permettront de se sentir solides, aimés, de se faire con-fiance et d’affirmer leur identité, et des ailes, c’est-à-dire la capacité de développer des outils pour évoluer, être créatifs et s’épanouir pleinement.

S’il est tout naturel pour la plupart des enfants de se développer, d’interagir harmonieuse-ment avec les autres et de s’épanouir dans leur milieu, il arrive tout de même parfois que nous ressentions, comme éducateurs, le besoin de les soutenir dans le développement de certaines habiletés personnelles. En effet, un petit coup de pouce est parfois nécessaire afin que les difficultés, les conflits et les petits accrocs de leur vie soient sources de créativité et d’apprentissage. Et lorsque ce coup de pouce prend la forme d’une allégorie et que les modèles proposés aux enfants sont de petits animaux charmants et pleins de vie, alors la magie opère et les cœurs sont gagnés.

Les allégories, qu’on appelle aussi contes métaphoriques, contes pédagogiques, histoires thérapeutiques ou histoires pour grandir, sont en fait des histoires construites à l’aide d’une métaphore (c’est-à-dire une comparaison implicite) qui se poursuit tout au long du récit. Cette histoire renvoie l’enfant à lui-même, à son expérience réelle, dans une sorte d’effet de miroir. Les nombreuses représentations symboliques qui y sont dissimulées facilitent l’identification de l’enfant aux personnages, à leur vécu, à leurs valeurs, à leurs forces et sur-tout, à leurs émotions.

Par exemple, dans la première allégorie, un petit arbre timide est transplanté dans une grande forêt. Voici comment s’articule la métaphore sous-jacente à cette histoire.

ÉlÉments de l’histoire rÉalitÉs reprÉsentÉes

Petite Feuille .............................................................. L’enfant

Le jardinier ................................................................. Le parent

La maison du jardinier ........................................... Le lieu de résidence de l’enfant

La forêt ........................................................................ Le nouveau milieu de vie de l’enfant (ex. : école)

La grande épinette ................................................. L’adulte responsable de l’enfant (ex. : enseignante)

Les occupations de la vie en forêt .................... Les activités dans le nouveau milieu de vie

Les autres petits arbres ......................................... Les enfants du groupe

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Méconnaissables par l’enfant, ces représentations symboliques facilitent l’accès aux res-sources latentes de son inconscient. Du coup, cela lui permet de se projeter dans l’histoire et de progresser dans l’acquisition des habiletés ciblées. L’enfant évolue, avec ses petits héros, au gré de ses humeurs et au rythme qui lui convient. Cela explique en partie le fait qu’il demande souvent à réentendre l’histoire qui le touche. Cette écoute répétitive sem-ble agir à la manière d’un arrosage quotidien. Le petit jardinier en apprentissage veille aux besoins des fleurs que l’histoire a semées en lui.

Évidemment, les allégories de ce livre n’ont pas la prétention de transformer instan-tanément le petit timide en extraverti, l’enfant colérique en agneau ou l’enfant impulsif en moine tibétain. Toutefois, en plus d’amuser l’enfant, elles l’amènent à vivre des joies, des déceptions et des frustrations. Elles l’encouragent à affronter ses peurs et à surmonter des obstacles. Elles recadrent des situations fâcheuses et offrent un vaste choix d’attitudes. En somme, elles enrichissent le modèle du monde de l’enfant et c’est en ce sens qu’elles conduisent à une transformation…

Les thèmes abordés dans le recueil sont très variés. Ainsi, alors que Petite Feuille doit surmonter ses craintes pour s’intégrer à son nouveau milieu, Pissenlit la mouffette, quant à elle, va apprendre à se reconnaître une valeur personnelle et à se faire respecter. Tourbillon, l’ourson hyperactif, tente de maîtriser son impulsivité et il apprend à réfléchir avant d’agir. Le loup Petit Tonnerre aussi est aux prises avec des problèmes d’impulsivité, mais lui, c’est avec colère et agressivité qu’il réagit. Heureusement, il trouvera une ex-cellente manière de s’exprimer plus sainement. Dans la dernière histoire, le petit Alto apprendra à devenir autonome et à se débrouiller tout seul, sans ses parents, les grands hérons.

Des questions et des activités accompagnent chacune des allégories. Celles-ci per-mettent de vérifier la compréhension des enfants, mais surtout elles invitent ces derniers à s’engager activement dans un processus créatif et amusant qui les aidera à développer les habiletés ciblées. Si vous le désirez, vous pouvez trouver des accessoires pour animer la lecture. Vous pouvez aussi vous permettre plusieurs fantaisies en cours de route : imi-tez joyeusement les voix et les cris des petits personnages, reproduisez les sons de la forêt (le vent ou le bruit d’une branche d’arbre qui craque, par exemple), tremblez, volez, sautez… et invitez les enfants à en faire autant ! Ils seront ravis – et c’est ainsi qu’ils ap-prendront le plus.

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HabiLetés encouragées :

Surmonter sa timidité et développerdes aptitudes relationnelles

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Vous souvenez-vous de votre première rentrée scolaire ? Que la cour d’école semblait grande ! Comme il y avait du monde ! Votre cœur ne battait-il pas comme un tambour lorsque vous êtes entré pour la première fois dans votre classe ? Comment avez-vous réagi devant tous ces nouveaux visages ?

La première rentrée est un moment marquant dans la vie d’un enfant, comme le sont toutes les « premières fois » : les premières rencontres, les premiers essais de toutes sortes... Il est parfois difficile pour un enfant de vivre ces transitions, de prendre contact et d’établir une relation avec de nouvelles personnes, enfants ou adultes. Pourtant, plusieurs situations exigent une telle habileté : entrée dans un nouveau service de garde, pratique d’un loisir collectif, rencontre de la famille élargie, participation à un camp de jour, entrée à l’école, changement de quartier, accueil de nouveaux voisins, etc. Ils en vivent des transitions, nos enfants !

Cette allégorie enseigne aux enfants qu’il est possible de vaincre sa timidité pour faire connaissance avec de nouvelles personnes.

Petite feuille se fait des amis

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Il était une fois une toute petite pousse d’arbre, toute mignonne, toute timide, du nom de Petite Feuille. Elle était née dans un joli pot rouge, sur le rebord d’une fenêtre, de la graine d’un bel arbre qu’on appelle « peuplier ». Comme elle était heureuse chez elle ! Comme elle aimait le gentil jardinier qui prenait soin d’elle chaque jour.

Un matin, le jardinier emmena Petite Feuille dans une grande forêt. Il lui ex-pliqua que c’était un grand jour pour elle. Il avait trouvé un endroit où la petite pousse pourrait vivre, se faire de nouveaux amis et devenir un beau grand peuplier aux racines très solides. Petite Feuille allait donc rencontrer, pour la toute première fois de sa vie, d’autres petits arbres et découvrir plusieurs choses nouvelles.

L’endroit choisi, près d’une grande épinette, était charmant ! La petite pousse y serait mieux que sur le rebord d’une fenêtre. « Une maison, c’est bon pour les chiens et les chats, se disait le jardinier. Ma Petite Feuille a besoin du soleil, de la pluie et même du vent pour bien grandir… » Il est vrai que ses petites racines cherchaient à s’étendre. Et ses branches, comme toutes les branches du monde, rêvaient de toucher le ciel.

Petite feuillese fait des amis

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Le jardinier avait donc sorti le petit arbre de son pot. Dé-li-ca-te-ment. Pour ne pas abîmer ses petites racines. Sachant bien que les petits arbres, comme les en-fants, ont parfois peur du changement. Avant de la quitter, il l’avait plantée dans le sol frais de la forêt, en y mettant toute la douceur de son amour.

« Ne partez pas… Ne partez pas sans moi ! » pensa Petite Feuille en regardant le jardinier s’éloigner. Le jardinier se retourna pour lui envoyer un bisou volant. Il souleva ensuite son chapeau, comme pour lui dire « À bientôt ! », puis il alla travailler, laissant Petite Feuille toute seule.

Son jardinier parti, Petite Feuille se sentit abandonnée. À ses côtés, dans la forêt, quatre petits arbres espéraient pourtant faire sa connaissance. Ils semblaient pres-sés de l’entraîner dans leurs jeux ! Mais Petite Feuille n’avait pas le cœur à jouer. Très vite, elle s’imagina que son jardinier ne reviendrait plus jamais. Elle était triste. Son tronc se noua et ses petites feuilles rondes se mirent à s’agiter, froissées par le vent.

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Petite Feuille pleura durant trois jours ! Ses larmes l’empêchaient d’admirer les fleurs, les oi-seaux et les papillons. Quand elle s’arrêta enfin, les quatre petits conifères étaient retournés à leurs jeux. Ramo nourrissait les renardeaux. Rondin et Fagotin chassaient les papillons. Méli dirigeait l’opérette des corbeaux en brandissant sa ba-guette de chef d’orchestre. Croaaak ! Crocrocro-crocroaaak ! Curieuse, Petite Feuille les observa. Elle se dit : « Il faut se montrer calme pour nourrir des renardeaux, rapide pour chasser des papillons et ferme pour diriger des corbeaux. Mon jardinier ne m’a rien appris de tout cela ! Qui sait, il est peut-être parti pour toujours ! Je n’y arriverai jamais ! »

« Rassure-toi, dit la grande épinette. Quand la terre aura rendu tes petites racines plus fortes, la vie en forêt n’aura plus de secret pour toi ! D’ici là, les amis, faisons les présentations ! »

Alors, les quatre petits arbres s’approchèrent de Petite Feuille pour se présenter, en agitant joyeusement leurs branches.

« Bonjour ! Je m’appelle Ramo.

– Bonjour ! Je m’appelle Rondin… et voici Fagotin ! »

Méli, excitée d’avoir une nouvelle amie, offrit son plus beau sourire à Petite Feuille. Puis elle dit : « Bonjour ! Je m’appelle Méli. Et toi ? Comment t’appelles-tu ? »

Petite Feuille ne réussit pas à répondre. Jamais elle n’avait rencontré autant de monde à la fois ! Sous l’effet de la gêne, ses feuilles changèrent de couleur ! À l’intérieur de son petit tronc, son cœur cherchait à sortir pour s’enfuir en courant ! Affolée, elle se dit : « Mon jardinier ne m’a pas appris à me présenter aux petits arbres que je ne connais pas ! Qui sait, il est peut-être parti pour toujours ! Je n’y arriverai jamais ! »

5Est-ce que tes parents

t’ont déjà laissé seul avec des personnes que tu ne connaissais pas ? Si oui, comment as-tu réagi ?

Raconte-moi…

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Lorsque Méli s’avança pour serrer la branche de Petite Feuille, c’en fut trop ! Petite Feuille se mit à trembler ! Et bientôt, elle trembla si fort que ses feuilles tombèrent sur le sol.

À cet instant, Petite Feuille aurait bien aimé serrer la branche de Méli ! Mais sans ses feuilles, le courage lui manquait. Elle se sentait toute petite. Petite et timide, comme la petite graine qu’elle était autrefois. Aussi, elle restait plantée là, sans parler ni bouger, fixant, au sol, ses pauvres petites feuilles. Elle se dit : « Si seulement j’avais des aiguilles, comme Méli et les autres, je ne serais pas si timide ! Mon jardinier ne m’a pas appris à me faire des amis. Qui sait, il est peut-être parti pour toujours ! Je n’y arriverai jamais ! »

« Ne t’inquiète pas, dit la grande épinette. Quand la neige aura fait place au printemps, de nouvelles feuilles, toutes vertes, se mettront à pousser au bout de tes branches. »

Le cœur de Petite Feuille fut tout à coup rassuré. Méli en profita pour l’entraîner dans son jeu. « Je m’appelle Méli ! Je suis un mélèze ! déclara-t-elle en agitant sa baguette de chef d’orchestre. Et comme toi, je perdrai bientôt toutes mes aiguilles ! Tiens, ajouta-t-elle, je te prête ma baguette ! » Petite Feuille, qui avait grandi toute seule, n’avait jamais joué au chef d’orchestre. Elle eut tout de même envie d’essayer : « Je suis un peuplier et je m’appelle Petite-Feuille-qui-n’a-plus-de-feuilles ! »

5Pourquoi est-ce

parfois difficile de faire connaissance

avec un nouvel ami ?

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Sur ces mots, Méli éclata de rire ! Petite Feuille éclata de rire ! Et les autres petits arbres éclatèrent de rire ! Puis ils se mirent à chanter ensemble l’opérette des cor-beaux ! Croaaak ! Crocrocrocrocroaaak ! Il n’en fallait pas plus pour devenir amis.

L’hiver passa. Un beau matin de printemps, Petite Feuille remarqua de nouvelles feuilles sur ses branches. La grande épinette avait dit vrai. Quelle chance ! Le jour suivant, Petite Feuille et ses amis entendirent un bruit étrange. Crac, crac, crac, crac… faisaient les branches. C’était un bruit de pas que Petite Feuille reconnut aussitôt. « J’entends quelqu’un arriver ! J’entends quelqu’un arriver ! » s’écria-t-elle, le cœur battant comme un tambour.

« Ma petite pousse ! Comme tu as changé ! s’exclama bientôt le jardinier. Je vois que tu as profité du soleil, de la pluie et même de ce coquin de vent ! Laisse-moi te regarder… Comme tu es GRANDE ! Et tes racines sont en bonne santé ! Les voilà fortes et bien solides ! Ah ! Je suis fier de toi ! » « Il est de retour ! Il n’était pas parti pour toujours ! » pensa Petite Feuille, enfin rassurée. Folle de joie, elle enroula ses branches autour du cou de son jardinier et l’embrassa si fort que le pauvre homme en perdit son chapeau ! Puis elle s’empressa de lui raconter ce que la grande épinette lui avait appris dans la forêt.

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Quand elle eut tout raconté, Petite Feuille remarqua un pot sur le sol. Dans ce pot, elle découvrit un petit arbre que le jardinier planta en terre. Dé-li-ca-te-ment. Feuillu, comme elle, il avait l’air timide. « Cet arbre n’est pas un mélèze, comme Méli, affirma Petite Feuille, intriguée. Ce n’est pas non plus un peuplier, comme moi. Mais qu’est-ce que c’est ? » Le jardinier n’eut pas le temps de présenter le petit bouleau aux amis de la forêt, car Petite Feuille, excitée, se présenta sans plus attendre !

« Bonjour ! Je m’appelle Petite Feuille. Je te présente mes amis Méli, Ramo, Rondin et Fagotin. Et toi ? Comment t’appelles-tu ? »

Le petit nouveau ne répondit pas. Jamais il n’avait rencontré autant de monde à la fois ! Le jardinier quitta tout de même la forêt d’un pas confiant. Il était fier de Petite Feuille. En chemin, il envoya deux bisous. L’un à Petite Feuille, l’autre au petit nouveau qui, malgré sa timidité, souriait déjà. Une fois au loin, le jardinier souleva son chapeau. C’était sa façon de leur dire : « À bientôt ! »

5Peux-tu trouver un nom au

nouvel ami de Petite Feuille, le petit nouveau ?

La prochaine fois que tu vas rencontrer un nouvel ami,

comment cela va-t-il se passer ?

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inviter les enfants à dire « bonjour ! » sur différents tons. À voix basse, à voix haute, en pleurant, en riant, en éternuant, etc. refaites le même exercice avec d’autres expressions comme « enchanté ! », « Je suis content de te rencontrer ! » ou « Veux-tu être mon ami ? » Vous pourriez aussi enseigner le mot « bonjour » dans d’autres langues et vous familiariser avec les codes sociaux présents dans d’autres cultures.

Devant un miroir, inciter l’enfant à s’exercer à se présenter et à prendre contact avec une nouvelle personne.

1) s’approcher.

2) sourire.

3) se présenter en disant par exemple : « bonjour ! Je m’appelle Marguerite. et toi, comment t’appelles-tu ? »

Variante : placer les enfants en deux files qui se font face et leur demander de s’avancer, à tour de rôle, pour se présenter à leur vis-à-vis.

Demander à l’enfant de dessiner un arbre de la forêt boréale : le sapin. au milieu, il devra écrire son prénom ou dessiner son visage. au bout de chacune des branches seront représentées les personnes importantes de sa famille et dans chacun des cônes (communément appelés cocottes), il écrira le prénom ou dessinera des personnes avec qui il a fait connaissance récemment. il pourra ensuite compléter son dessin en illustrant d’autres éléments faisant partie de son environnement.

en forêt ou ailleurs, inviter les enfants à jouer à colin-maillard. expliquer que dans ce jeu, il faut faire confiance à ses sens et à ses intuitions, mais aussi aux autres participants. il faut également affronter ses craintes et prendre sa place dans le groupe.

Pour aller plus loin… activitÉs psychoÉducatives pour accompagner la lecture

et la comprÉhension de l’allÉgorie Petite Feuille se Fait des amis.

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