Des Intonations Letonnes- Endzelins

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    J. Endzelin

    Des intonations lettonnesIn: Revue des tudes slaves, Tome 2, fascicule 1-2, 1922. pp. 56-68.

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    Endzelin J. Des intonations lettonnes. In: Revue des tudes slaves, Tome 2, fascicule 1-2, 1922. pp. 56-68.

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1922_num_2_1_1026

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_slave_1075http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1922_num_2_1_1026http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1922_num_2_1_1026http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_slave_1075
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    D E S . INTONATIONS LETTONNES,PAR

    J. ENDZELIN.

    Dans les parlers livoniensde Wolmar, Walk, Smilten, Serben,Wenden, Nitau, etc., et dans les parlers courlandais de Neuen-burg, Blieden, etc., qui sont territorialementspars des localitslivoniennesprcdemment cites,les syllabes longues sont su sceptibles de trois intonations: descendante( fallende), trane( gedehnte), rude ( gestossene ). Ces intonations ont ttudies en dtail et sur une base exprimentalepar Schmidt-Wartenberg (I.F., X, pp. 117 et suiv.), Bogorodickij[Revuedephontique,III, pp. i52 et suiv., et ... , LXVIII, pp. /160et suiv.), Plk'is (ibid., LXXII, pp. 20 et suiv.), Poirot (Vox,

    19, pp. 21 et suiv.; Acta soc.scient, fennicae,tome XLV, h, p. 6) et bele (. . . . . . ., XX, 2, pp. 162 et suiv.). Je puis donc me borner rsumer brivementles rsultats auxquels ces savantssont arrivs(1).

    L'intonationdescendantecommence par une lvation de lavoix et .s'achvepar un abaissement, ainsi par exemple dans ta du ,strbt

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    si , rags levain, sirds cur (avec un bref), rpuse ctexterne (avec un a long).

    Mon parler est celui de Wolmar; je ne distingueles trois intonations que dans les syllabesqui portent l accent principal , tandisque pour les autres syllabesla diffrence n'existe plus pour moientre l'intonationdescendante et l'intonation trane. Je dislinguedonc par exemplesju je semais de sju je liais, mais nonpas apsjuj'ensemenais , de apsjuje bandais , et je prononcedans les deux dernierscas le -- avecune mmeintonation plutt trane que descendante , parce qu'en lette en gnralet nommmentici c'est la premire syllabequi porte l'accentMon collgue P. Schmidt, parcontre, qui est un reprsentantduparler de Ronneburg, distinguebien encore l'intonationdescendante de l'intonation trane dans les syllabes radicales, qu'ellessoientaccentues ou non; mais il ne fait plus cette distinctiondansles syllabes suixales; et il prononce par exemple tlab (gn.sing.) du bon ct deta lab (nom. sing.) la bonne .

    Dans les syllabessufxalesl'intonation trane peut doncaussi remplacer l'intonationdescendante, et dans une partie desparlerscourlandais, qui sont dcrits par exempledans la grammairede Bielenstein, toutes les longues suffixalesont en principel ' in tonation rude.

    Dans la Livonie occidentale , par contre , ainsi que dans la Cour-

    lande occidentale et dans une partie de la Courlande centrale, iln'y a maintenantque deux intonations(abstraction faite d'intonat i o n s econdaires provoques par la chute des syllabes suivantes), savoir: l'intonation trane (ainsi dans trahs) et l'intonationrude (qui dans certains parlers a cependant plutt le caractred'une intonation descendante). En outre les longues qui dans largion de Wolmar ont l'intonationdescendante (ainsi drugsj sontprononcesl (par exemple dans la grammaire de Bielenstein)exactementcomme les longues qui ont Wolmar l'intonationrude (ainsi rangs}', draugs et rangs forment donc ici (mais non

    pas dans la rgion de Wolmar) une rime correcte (avec au ou,dialectement, avec au dans les deux mots). Cependant le fait quedans la Livonie occidentaleainsi que dans unepartie de la Cour-lande centrale il existait antrieurement, ct de l'intonationtrane et de l'intonation rude, une troisime intonation, estprouvpar le phnomne suivant. Dans la rgion de Wolmar lesgroupesar, er avec l'intonationdescendante ou trane ont maintenant une voyelle longue devant r (si entre ces groupes et la

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    d'Ulmann. D'autre part, les langues apparentes au letton semblentindiquer un systmeplus ancien de deux intonations.Aussi a-t-onsuppos pour le letton commun le systme des deux?intonationsparticulierau letton occidental, et on a compardirectementavecceluidu lituanien.

    Maiscette hypothseoffre des difficults insurmontables.Il faut en effet d'abord supposer que la coexistence,propre

    la rgion orientale,de truks, drugs : rangs provientd'une coexistence plus ancienne de Iraks: drugs: rags. C'est l sansdoute chosepossible et mme, commeon verra plus loin, trsprobable. Mais on ne saurait expliquer par l comment la coexistence de traks : drugs: rags serait rsultede la coexistencesuppose de traks : drags, rags, c'est--dire commentl ' in tonation rude aurait persist dans quelques mots tandis que danscertains autres elle aurait t remplace par une intonation descendante. On ne comprendraitnullement,en outre pourquoi auxformesdragset rags, qui ont la mmeintonationen letton occidental, correspondenten lituanien les formes dragaset rdugasdont l'intonation est diffrente. Les mmesdifficultsapparaissentsi l'on suppose pour le letton commun la coexistence,propre l'est, de truks, drugs: rags. On ne saurait donc partir que dela coexistence,qui s'est conserve Wolmar, des trois types traks:drugs: rags; il faut alors supposerqu' l'est l'intonationtrane

    s'est confondueavec l'intonation descendante, tandis qu' l'ouestl'intonation descendantes'est confondue avec l'intonation rude.Cette suppositionne se heurte aucune difficult, et en tout caselle est indispensable si l'on part des deux intonationspropresl'ouestet l'est. En outre la fusion de \ avec \ est dj tablie,du moins pour la Livonieoccidentale et la partie voisine de laCourlande centrale.

    Il ne reste maintenant qu' se demander si l'on peut arriver mettre d'accord la coexistence(conserve Wolmar) de trois intonations avec le systmede deux intonationsdans les langues p

    parentes A examen, la chosesemble possible. Si l'on comparedes mots lettons avecles formes lituaniennescorrespondantes, onobserveen effet que, dans la plupartdes cas, aux longuesdescendantes du lette correspondenten lituanien des longues intonesdouces ( geschleift) et inversement, ainsi: lett. gn. sing. tsde la = it. ts, gr. T>fr;lett. miss sac = it. malsas (sic ),serbe ; lett. suss sec = it. sasas, serbe ; lett.miezis, plur. mleii orge = it. mieii/s, plur. miiai; lett. roka,

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    GO J. ENDZELIN.

    . main = it. rankt . , serbe , .; pruss. . sing. rnkan; lett. vrve, ace. vrvi corde=lit. virv, ace.virv; lett. uss, ace. usi oreille= it. amis, ace.; lett. inrws, . virsu la partie suprieure == lit. virsns,ace. visu, serbe ; lett. /tl hurler = it. kaukti; lett. to-pam nous devenons = it. taihpame;lett. zosins le jars = it.isinas; lett. mizali, ace. mizalus l'urine = it. miala, ace.mizalus;lett. vl'ju je roule dans des directions diverses= it. vlioju(on trouvera d'autres exemples dans B.B., XXV,p. 2 63).

    Les exceptionsne manquent naturellementpas, comme parexemple : lett. berns enfant : lit. bernas valet ou lit. lakas champ : lett. laks. Mais toute autre interprtationdu rapportqui existe entre les intonations lettonneset lituaniennes comporleun nombre encore plusconsidrable d'exceptions, et l'on ne sauraitd'autre part concevoirdans ce domaine une rgle sans exceptions.Aussi bien, tant dans le domaine lituanien que dans le domainelette, les parlers ne sont-ilspas toujoursd'accord entre eux quant l'intonation.Ainsi, ct de lit. masas sac (=lett. miss}ontrouve chezKurschatmias filet foin ; ou, ct de lit. gimti(=lett. dzim)a natre, dans Jukevi (I, p. 70/i) gimti; ou, ct de lett. ( Wolmar) glta lit (=lit. dial. gultcK* gidt,ace. guta, chez Jukevi I, p. /189), en Gourlande occidentale

    gulta. C'est l, d'une part, l'effet de diverses formations analogiques de la priodeletto-lituanienne(par exemple, lit. dial. ghnti,pour gimti, d'aprs le prsentgimslu, I.F., XXXIII, p. 11); cepeut tre, d'autre part, l'effet d'une coexistenceancienne de racinesayant lammesignification,maisportant ou l accent circonflexeoul accent aigu. Des formes parallles se trouvent aussi en slave:rus. , serb. , ct du serb. , ou serbe , ct de lit. suns, ace. snu, etc.

    Le fait qu'aux longues descendantes du lette correspondentdeslongues douces (ascendantes) du lituanienest peut-tresurprenant,mais non pas inexplicable. Les longues accent circonflexeont eupeut-tre originellement uneprononciation mi-ascendante mi-descendante, qu'ils auraient garde en grec et en zmate. Unepareille intonationmi-ascendante mi-descendantea pu dvelopperen slave commun, en lette, et apparemment aussi en vieux prussien, une intonationdescendante, en haut-lituanien, par contre,une intonation ascendante ( douce ). Les dialectes lettons de la

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    Courlande occidentaleauraient ensuite transform cette intonationdescendante en une intonation rude.

    Auxlongues rudes (descendantes) du lituanien le lette rpond,par contre, dans quelques cas, par des longues tranes(faiblementascendantes), dans d'autres cas, par des longuesrudes.

    L'intonationtranese rencontrepar exempledans lett. ta ( nom.sing.) la lit. *t (d'o, sous l'accent, dial. ta, non accentu:l; cf. aussi lit. ger-ji la bonne et gr. tf laquelle ou -e desse ); lett. ace. plur. tus les ==lit. lus resp. tus (de tos,cf. aussigerosius les bons ), gr. tous; lelt. vrs homme, plur.yn = it. vras, plur. vrai, lett. brlis frre, plur. brl'i=\.brlis, plur. brliai; lett. lipa tilleul = it. liepa, serb. ;lett. vrna corneille==lit. vrna, serb. , russ. ;lett. saule soleil= it. saule; lett. karts perche= it. krtis;lett. drzt tailler (dans le bois) (ire pers. du plur. prsent dr-am) lit. droti (driiame) ; lett. lujuje rampe (dans d iffrentes directions) =lit. lndiioju; lett. rmju je chtre =lit. rmyju;lett. ldzinuje nivelle==lit. lginu; lett. svecinujesalue == lit. svtkinu; la ire pers. du plur. prsent stldm nouschauffons,sprdm nous donnonsplusieurs coups de pied,rdm nous montrons, lpm nous rapions , glstm nouscaressons(des mains) = it. ildome,sprdome,rdome, Uporne,glstome;lett. ksju je toussai = it. ksjau; lett. vcilisunAllemand==lit. vkietis; lett. ace. sing. mnesi la lune = it.mnesi;lett. derbas(gn. derbu) fianailles= it. derbos(gn.dcrybuy, lett. akuts (plur. akuti) barbe (des pis) =====lit- ako-tas (plur. akotaiy, lett. suntis (plur. sunsi) petit chien= it.untis (plur. unciai).

    L'intonationrude se trouve par exemple dans: lette niesli e ngrais = it. msla(cf. acc. m'lus}; lett. zis bouc lit. oifjs(cf. le gn. io); lett. ga/ tte ==lit. galv(cf. acc. gdlva);lett. or. dzsme

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    prt, smidju= it. smird'jau(cf. smircUiiije pue); lett. sdjuj'ai t assis= it. sd'jau(cf. ira pers.du sing. prs, s'diiu). Ontrouvera d'autres exemplesde syllabes radicales dans B.B., XXV,

    pp. 267 et suiv. Voici quelques exemplesde longues suffixalesrudes: lett. velnagazon coup = it. veln(cf. l'ace, vel'na};lett. nom. plur. pelki gris = it. pelki (cf. io nom. sing.pel'kas); ielt. gn. plur. ecsu= \t. ekci (cf. le nom. ekcios herse ); on pourra complterles indicationsdonnes ce sujeten consultant/.F. , , pp. 106 et suiv.

    Ces exempleset d'autres encore montrent que les syllabesportant l'aigu, qui sont frappesde l accent principal, sont prononcesdans les dialectesde la Lettonieoccidentaleet centrale avec uneintonation trane = faiblementascendante), tandis qu'en lituanien les longues de cette sorte ont l'intonation rude = descendante). Les dialectes lettons prcdemmentcits diffrent par ldu lituanienet concordentavecle slave commun, avec le grec etapparemment aussi avecle vieux prussien.Or, d'aprs ce qui vientd'tre dmontr plus haut, c'est sous forme d'intonationdescendante qu'apparat l'ancien aigu dans les dialectes de la Lettonieorientale. Par contre celles des longues portant l'aigu, qui autrefois, alors que l accent du mot lette n'tait pas encore H lapremire syllabe, prcdaientl'accent, ont actuellementdans laplupartdes dialectes lettons l'intonation rude,en raison du reculde l accent sur la premire syllabe. Cependant certains parlerslituaniens,de mmeque le dialecte tokaviendu serbe montrentque, lorsque l accent se transporte sur la premire syllabe, il enrsulte une intonation ascendanle.Et comme il a t not plushaut, dans une partie des dialectesde la Lettonie orientale esten effet une intonationascendanle.Commentcetteintonation ascendante a-t-elle dvelopp une intonation rude, c'est ceque l'on n'apas encore expliqu (je rappelle que, d'aprs Sievers, l'intonationrude danoise est une sorte d'intonationmusicale ascendante);maisle fait lui-mme nesaurait tre mis en question.

    En lituanien toutes les longues qui suivent l accent ont l'intonation escendante, tandis que toutes les longues qui le prcdentont l'intonation ascendanle, indpendamment de l'intonationo riginelle de ces longues. En lette de mme, commeil a t indiquplus haut, la diffrences'estperduedans les syllabessuffixales(parconsquent posttoniques) entre la prononciation descendante et laprononciationtrane. On pourrait donc s'attendre ce qu'en letteaussi des longuesprcdantanciennement l accent et portant main-

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    tenant le circonflexeaient pris, lors du recul de l'accentdu mot,l'intonation rude; mais cela est contredit dela faon la plus nettepar des formes, telles que: lett. kvlesi froment == lit. kvieia(tous les cas du pluriel accentuentla finale, et les formes du singulier sont extrmement rares); lett. lga salaire = it. alg(ace. alg); lett. osa anse=lit. as (ace. osa)', lett. tistra urore == lit. ausr (ace. outra); lett. brzda barbe = it. barzdi(ace. bafzd); lelt. dena jour = it. dien (ace. dina); lett.mita charogne==lit.mnit (ace. mata); lett. piesta pilon =lit. piesl (ace. pista); lett. zema hiver = it. iem (ace. ii-m); lett. dobe==\ii.duob(ace. dub) fosse; lett. zubss oie ==lit. asls (ace. zsi); lett. dross courageux==lit. drass (ace.drsu), etc. On pourrait objecter que, par exemple, le lette osas'est dvelopp d'un ancien*usa (lit. as) sous l'influencedel'ace, osu (=Iit. os). Ceci est contredit par les formes: lett.galva tte = it. galv (ace. glva); lett. nada argent = it.naud (ace. ndud); lett. peJa plante du pied = it. pd(ace.p'da); lett. sfiidra filament = it. skiedr copeau (ace. skle-dr). Si, par exemple,dans le paradigme du lette osa l'intonationde l'accusatifsinguliers'tait gnralise, on devrait s'attendre aumme phnomne pour le lette galva, etc., c'est--dire, d'aprsl'accusatif singulier*galvu=\it. glva, un nominatif singulier*galvaau lieu de galva. On ne saurait allguer ici le lette skla semence= it. sklfi (ace. s'kla): d'une part le lette skla peutcorrespondreau lituaniens'kla Kvdarna (d'aprs une communication par lettre de K. Buga) et dans le sermonnaircde Dauka,135 , g , 139,3,3,9,12, 15 9 , etc. , et d'autre part un *skla= it. skl, chez Kurschat) peut avoir t transformen skla

    par analogie de st semer (=lit. s'ti). II est vrai qu'on aaussi des formes telles que lett. lacis ours = it. lokjs (ace.I u); lett. salna gele de nuit ==lit. salna (ace. aln); lett.

    sarma frimas = it. arma (ace. ama); lett. zle herbe =====lit.iol (ace. le); lett. die sangsue n = le (ace. Mi); lett. vais blessure= it. vous (ace. vti); lett. sa//s doux= alds (ace. d'aprs Kurschat).Maissi le lette = it. as, le lette -a/-dans salnane peut s'tre dvelopp de faon purement phontiquede -al- prcdant l'accent toniqueet portant l'accent circonflexe. Si dans le lit. salnale circonflexedatedj du balte commun,

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    le lette salua doit peut-tre son intonation rude des formescommele nominatifplur. salti froids (=lit. salti, dont le nominatif sing. sdltas) et saltu (il) aurait froid(=lit. dial. saltu,dont infinitif dlli avoir froid). La forme lette sims gris(=lit. dial. sirmas,chezBga, Aist. Stud., I, p. 18) fait penser un ancien accentaigu de la racineradicaledu lette sarma, lesdeux racines tant parentes. A lette salas correspondlit. dial. sal-ds : ace. saldu (voirla dissertation de Specht, p. 3g). Le lelledle peut tre rapprochdu lette dt sucer, dont la racine estparente et qui a sans doute originellementl accent aigu; on peutaussi du lette zlerapprocherzellu il verdoierait = it. dial. zel-t (inf. zlti verdoyer). D'aprs tout cela il faut ncessairementsupposer que dans le lelte laciset vtsle rsulte aussi d'un ancien prcdant l'accentet ayant l'aigu; les accusatifslituaniensloki etvti sont peut-tre des formationsrcentes(pour *lhi, *vti) c orrespondant aux nominatifs lokys, volts, par analogie avec desformes comme, par exemple, ace. pili,asi: nom. pirslys,ausis.Il faut probablementaussi considrer commedes formations rcentes :gyvas vivant(chez Bga, Aist. Stud., I, p. Uo) et em.grynas (dans le dictionnaireds Jukevi, I, p. &71) ctdesformes normales gvas et grnas propre (cf. aussi lit. dial.ziTgaschezJukevic, I, p. 438 ct de zirgas coursier, nom.plur. irga= lette zirgi), etc. Que d'autre part la syllaberadicale avait autrefoisl'aigu dans le lette imuje vais (avec -wmpourun ancien -mi), ct de lit. eimi (3e pers. eti), c'est l choseprouve parle lette occ.it aller et le lit. dial. ita all (voirla dissertationde Specht, p. 38). Il faut donc supposer que dansle lette commun les longues prcdantl accent et ayant le c irconflexe taient diffrentes dans la prononciation des longuesprcdant l'accent toniqueet ayant l'aigu; cf. gr. maisons ct de la maison, elc.

    Cependant la rgle nonce plus haut sur le remplacementdeslongues aigus en lette a apparemmentbeaucoup d'exceptions.Mais que quiconque la rcusenousen fournisse une autre qui aitmoinsd'exceptions.Les exceptionsconstatess'expliquentd'ailleursfacilement.En lituanien toutes les formespersonnellesdes verbes(de verbes primaires l'infinitifdissyllabique et syllaberadicale intonation rude) ont actuellement uneaccentuationfixe de laracine, tandisqu'en lelte les verbescorrespondantsoffrent en partieune intonation trane, en partie une intonation rude; cf. par

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    exemple lit. sndudziu,sndudiiau,sndusiu,snmti tre assoupi =lett. snastet lit. udziu, dudziau, usiu, dusti tisser= ett. azu ast. Ici la diffrence d'intonation en letteest sans doute plus ancienne que accent fixe sur la racine enlituanien.L'ancienne accentuationde la finale s'est conservedansdes participeslituaniens,commelit. augs (cf. de Saussure, I.F.,nzeiger, pp. 159 et suiv.)= lett. dial. agus; lit. bgslett.dial. b gus(cf. russe); lit. duods= \ett. dial. dudus (cf.russe ils donneront). A l'intonation rudede lette azu, astcorrespondzem. audms tissage ( ct de sknims placenettoye s'opposant sMnti= lette H), voir /.F., XXXIII,p. 120. Lette brzi bouleaux , jri agneaux et tvi pres nesont pas d'accord avecles formes indiques par Kurschat: berza,

    ra, tva(nom. sing. brzas,ra, tvas), tandisqu'ils concordenttout--fait avecbriai dans la dissertationde Specht, p. 236, etc.,jrai Kvdarna (d'aprs K. Buga) et tvat chez Specht, ibid.,Dauka, Donaleitis, Mielcke, etc. Et ainsi se comporteaussi lit.spstai pige qui s'oppose lette spusticommelit. klnat m ontagnes chez Specht, loc. cit., Baranovski, Dauka, etc., s'oppose lit. kalnichezKurschat.Si cependant en face du singularetantumlit. sviestas le beurre , dont tous les cas accentuent actuellementl'initiale, le lette offre un svigts, ceci signifie d'aprs tout ce qui at dit, que lett. svistsrsulte de la forme plus ancienne *sviestas

    (l'aigu indique ici l accent du mot), qui a t supplant en lituanien par la formation rcente sviestas;cf. aussi le singularetantumlett. rs l'extrieur (qui doit tre jug de faon analogue) ctde lit. oran : ras (., XXI, 2 , p. 0). Lett. bridis est lit.briedis lan ce que Hl. dial. kurmys taupe (chez Buga, Aist.Stud., I, p. 1 7) est krmis ( Kurschat) = ett. kurtnis. Lett.zarna, bien qu'il ne soitpas en accord avecidrna (chez Kurschat) boyau , concorde cependantbien aveclit. arna(ace. zdrnj dansDusetos, etc. (d'aprs une communicationde K. Buga), de mmeavec loc. plur. iarnos dans les Contes lituaniens de Leskienet

    Brugmann(p. 236).Lette justa ceinture (en face de lit. josta) peut avoir tinfluenc dans son intonation par just ceindre. Lette lava,malka, da, sina (cf. russe crfaa), , uga, sluta, smilga(cf. lit. dial. smilg,ace. smila Tvere, d'aprs une communicat on e K. Buga) ont les mmesrapports aveclit. lvao couche ,mdlka bois, da peau , siena paroi, vlnks'na orme , oga

    TUDKSSLAVBS. 5

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    baie, loabalai , smilga (nom de plante) que skl chezKurschat) avec s'kla (chez Dauka, voir plus haut), ou bien querusse ponge avec serbe etc. Il en est de mmeaveclett. zirkles= it. irkls ciseaux (gn. zrkliu), cf. aussi lit. ct de aklbandage pour les pieds, etc. Lettenidrene concordepas avec nndr roseau (Kurschat), mais concordebienaveclit. dial. [n\endre(. [n]ndraj Linkmenes (d'aprs unelettre de K. Buga); il faut compareraveclett. cane martre nonla forme de Kurschatkidun, maiskiaunechezDonaleitis ( Metas,I,p. 166), et d'aprs K. Buga, Dusetos (mais ici avec acc.kianq,o le Schleifton est probablement rcent). De mmeictt. krss fourneau : lit. krsnis= it. Mtis(ace. klti) Duset

    o s 'aprs K. Buga) : (chez Kurschat) kl'tis (lett. klts) petit e ntrept . Si d'aprs Kurschattous les adjectifsdissyllabiquesaccentuenten lituanien dans la plupart des cas la finale, ceci estsans aucun doute une formation rcente propre au lituanien; j'aiindiqu des vestiges del'ancienne accentuationde la premiresyllabe de quelques adjectifs dans K.Z. , XLIV, pp. 5 a et suiv.Ainsi en lette la diffrence d'intonationentre agste haut , dzvsvivant, jaum jeune , kahts chaud, etc., d'une part, et gs long , pns plein , cars trou , balte blanc , etc., d'autrepart, est plus ancienne que l accent fixe sur la finale de la plupartdes casde lit. ugtas,'gvas,jdunas, karkas, ilgas,pllnas, kiduras,bdltas, etc. A lett. balts correspondent lit. bdltumas tacheblanche (K.Z. y XLIV, p. 5a ) et instr. plur. bltomis(chez Juke-vic, Liet. djnos, 1 135, vers 8 ; cf. aussi instr. plur. grnomischez Jukevi,Liet. svotb. djnos,n0>5 et 3 / , et le nom. sing.miclachez Donaleitis dans Lcskiens Lit.Leseb., p.53.).

    Dans les syllabessufixalesl'intonation rude a souventdpassen lette, par la voie de l'analogie, ses limites primordiales, parexemple dans sdl tre assis pour *sdt[it.sd'ti(voir/./*.,XXXIII, pp. 106 et suiv. Il en est quelquefois de mmeaussi dansdes syllabesradicales. Ainsi dans les itratifs et les causatifs,dontles reprsentants lituaniens sont cits dans la grammaire deKurschat(S 12).

    Ces formes lituaniennesont, dans le cas ola syllaberadicaleporte l accent aigu, l'accentfixe sur la racine: il faut donc attendrel'intonationtrane dans les formes lettonnes correspondantes. Onla trouve en effet dans toutes les formes isoles: lett. glstu jecaresse = it. glstau; lett. lpu je rapice= it. lpau; lett.

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    rdu je montre lit. rdau; et mmedialectalement,ceci pparat quelquefois dansdes verbes, ct desquels il existe desformes parentes intonation rude : lett. sprduje donne plusieurs

    coups==lit- sjmrdau (mais ct decela lett. dial. spaduavecun d'aprs spert donner des coups de pied); lett. grbstu jehappe, j'attrape= it. grbsau ( ct de lett. dial. grbstud'aprs grbt saisir ), lett. grazu je coupe plusieursfois = it.grdiau( ct de cela lett. dial. grazu d'aprs grizt couper),etc. Dans quelques casje ne connaisque la formation rcente avecl'intonation rude : lett. lastu je verse plusieursfois d'aprs lit verser : lit. Idistau, lett. skalduje fends plusieursfois d'aprssUelt fendre : lit. skdldau, etc. Les thmes du prsent en -stosemblentgalementavoir eu l'accentfixe sur la racine: les participescorrespondantsen -ni- offrent tous en lituanienl'accentuationde la racine, et cecise rattache la forme isole quant l'intonationde lell.mislu je meurs= it. mirstu; cf. aussi lett. grimstu jem'affaisse,sifgstu je suis maladif, vrgstu je languis, etc.(I.F., XXXIII, pp. 1 13 et suiv.). Si ct de cela, en lette,beaucoup de ces thmesdu prsent offrent maintenantl'intonationrude dela syllaberadicale, celle-cipeut provenirou biendu thmede l'infinitif et du prtrit ou bien de mots parents; ainsi parexemple: lett. lsluje romps (intrans.) qui doit son intonationrude peut-tre luzu je rompis, lzt rompre ou lau jebrise (trans.).

    D'aprs la rgle nonce plus haut, les formes aigu, qui onttoujours t rnonosyllabiqnes,ont ncessairementl'intonationIrane; ainsi par exempleta la (pour ne non, voir I.FXXXIII, p. io 5). D'autresformes intonationrude et actuellementmonosyllabiques, qui ne doiventpas leur intonation rude desformes parentes, rsultent d'oxytonsdissyllabiques, ainsi par exemple lett. tris trois aveclit. trys, de *triis= ieuxslavetrje. Siprimitivementl'intonationtrane alternaitdans un paradigmeavec

    l'intonation rude (par exemple : nom. sing. galva tte = it.galv ct de l'ace, sing. *gaJvu=ih. gdb), c'est d'ordinairel'intonation rudequi a t gnralise (donc maintenantace.sing.galvu). Dans deux verbes seulement, ce que l'on en sait, ontrouve encore actuellementen dialecteles deux intonations: dansquelques dialectesde la Courlande occidentale(ainsi Dondangen)on trouve ct de ininilif dut donner = erbe ;

    5.

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    ailleurs on prononce dut) la 3e pers. du prs, dud(cf. russe ils donneront); et Lisohn(dans la Livonie orientale),o, commedans tous les dialectes orientaux est devenu\ ona

    encore ct de l'infinitif net prendre, la pers. sing. duprtrit nmu a je pris (problablement pour un plus ancienemu). Par ailleurs dans ce verbe (comme dans son synonymejemt) le lette oriental et central ont gnralisl'intonationrude,tandis qu' l'ouest l'intonation trane a t gnralise (cf. aussisnigt passer, Wolmar, etc., ct de snigt en Courlandeoccidentale, etc.).

    J'ai donn des exemples lettes de mtatonie (I.F, XXXIII,pp. 107 et suiv.).

    J'ajoute PUi nom d'un hameau Aulenberg (en Livonie),

    qui est situ sur la rivirede Paka.Riga,dcembre1991.