Déplacements des femmes et sentiment d’insécurité à Bruxelles.

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Numéro 87, 1 er juin 2015. ISSN 2031-0293 L’égalité entre hommes et femmes en matière de déplacement dans la ville est loin d’être acquise. Un aspect de ce déséquilibre est lié au sentiment d’insécurité qui affecte plus spécifiquement les femmes. Cet article analyse la diversité, mais aussi l’ampleur avec laquelle se manifeste le sentiment d’insécurité des femmes dans leur manière de se déplacer en ville. Cette problématique invite à une réflexion sur l’intériorisation de la diffé- renciation sociale entre les sexes et sur la manière dont celle-ci affecte notre relation avec notre en- tourage, notamment dans un contexte d’anony- mat propre au milieu urbain. S’agissant d’une thématique émergente à Bruxelles, cet article pré- sente une analyse exploratoire basée sur des en- tretiens semi-directifs menés auprès de dix fem- mes vivant à Bruxelles. Marie Gilow travaille actuellement au bureau d’étude bruxellois Aménagement SC comme collabo- ratrice spécialisée en mobilité et caractéristiques socio-économiques des territoires. Après un master en sciences politiques et géographie, elle a poursuivi ses études par un master complémentaire en urbanisme et aménagement du territoire à l’Université Libre de Bruxelles, dont cet article synthétise le travail de fin d’études. Marie Gilow, [email protected] Benjamin Wayens (Secrétaire de rédaction), +32(0)2 211 78 22, [email protected] Déplacements des femmes et sentiment d’insécurité à Bruxelles: perceptions et stratégies Marie Gilow www.brusselsstudies.be la revue scientifique électronique pour les recherches sur Bruxelles Brussels Studies est publié avec le soutien d’Innoviris (Institut bruxellois pour la recherche et l’innovation)

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Déplacements des femmes et sentiment d’insécurité à Bruxelles: perceptions et stratégies.Auteure: Marie Gilow.© brusselsstudies.be et Marie Gilow.Revue scientifique électroniqueNuméro 87, 1er juin 2015

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  • Numro 87, 1er juin 2015. ISSN 2031-0293

    Lgalit entre hommes et femmes en matire de dplacement dans la ville est loin dtre acquise. Un aspect de ce dsquilibre est li au sentiment dinscurit qui affecte plus spcifiquement les femmes. Cet article analyse la diversit, mais aussi lampleur avec laquelle se manifeste le sentiment dinscurit des femmes dans leur manire de se dplacer en ville. Cette problmatique invite une rflexion sur lintriorisation de la diff-renciation sociale entre les sexes et sur la manire dont celle-ci affecte notre relation avec notre en-tourage, notamment dans un contexte danony-mat propre au milieu urbain. Sagissant dune thmatique mergente Bruxelles, cet article pr-sente une analyse exploratoire base sur des en-tretiens semi-directifs mens auprs de dix fem-mes vivant Bruxelles.

    Marie Gilow travaille actuellement au bureau dtude bruxellois Amnagement SC comme collabo-ratrice spcialise en mobilit et caractristiques socio-conomiques des territoires. Aprs un master en sciences politiques et gographie, elle a poursuivi ses tudes par un master complmentaire en urbanisme et amnagement du territoire lUniversit Libre de Bruxelles, dont cet article synthtise le travail de fin dtudes.

    Marie Gilow, [email protected] Wayens (Secrtaire de rdaction), +32(0)2 211 78 22, [email protected]

    Dplacements des femmes et sentiment dinscurit Bruxelles: perceptions et stratgies

    Marie Gilow

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  • Introduction

    1. La mobilit spatio-temporelle, faite de tous les dplacements lis aux activits des citadins, est considre comme un lment essentiel pour jouir des avantages quapporte le milieu urbain. Cest ainsi qu [a]ujourdhui, le Droit la ville dont parlait Henri Lefebvre en 1968, saccompagne dun droit la mobilit [Gibout, 2004]. Pour les femmes, la mobilit ne pourrait se penser sans lien avec ce sentiment intimement li leur prsence dans lespace public: le sentiment din-scurit, lment essentiel de leur exprience urbaine [Tacoli/Satter-thwaite, 2013]. Ce sont des travaux anglo-saxons fministes qui, les premiers, ont dmontr que les peurs personnelles des femmes exer-aient un impact limitant sur leur usage de lespace public en ville [Hanmer, 1987; Stanko, 1992]. En 2011, une enqute, intitule Vic-timation et sentiment dinscurit en le-de-France , a mis en lumire lcart entre hommes et femmes face au sentiment dinscurit dans les moyens de transport. Selon cette enqute, 43,4% des femmes au-raient peur dans le mtro, contre 19,1% des hommes [IAU dF, 2011]. Lingalit entre hommes et femmes face ce sentiment est ainsi fla-grante, dvoilant des relations asymtriques entre les sexes [Condon et al., 2005]. Prenant acte de ce dsquilibre, la Rgion bruxelloise a adopt, le 29 mars 2012, une ordonnance portant sur lintgration de la dimension du genre dans les politiques de la Rgion de Bruxelles-Capitale, sappliquant galement lurbanisme et la mobilit [Rgion de Bruxelles-Capitale, 2012]. Considrant qu Bruxelles cette probl-matique est encore mal connue, cet article entend apporter une contri-bution une meilleure comprhension de lusage et du vcu fminins dans lespace bruxellois, sous laspect de la mobilit quotidienne.

    1. Investiguer le sentiment dinscurit des femmes Bruxelles

    2. Dans une socit o la femme est toujours associe lespace domestique et marginalise dans les instances de pouvoir, le point de vue fminin peine se faire entendre, notamment dans le milieu de la mobilit qui est encore trs masculin, comme le souligne Claudine Lienard, coordinatrice de projet lUniversit des femmes Bruxelles [cit. dans Sirilma, 2011]. Ltude prsente ici entend explorer ce ca-

    ractre genr de la mobilit, en mettant en lumire limpact du senti-ment dinscurit sur les pratiques de la mobilit des femmes. 3. Plusieurs tudes se sont intresses au dcalage apparent entre sentiment dinscurit et inscurit relle des femmes. Dj en 1992, Elizabeth Stanko remarque que bien que les tudes traditionnel-les de victimisation rvlent que les jeunes hommes sont le groupe le plus expos aux actes de violence dans lespace public, les femmes expriment en moyenne trois fois plus souvent la peur du crime que les hommes [Stanko, 1992]. Ce dcalage nous invite nous interroger sur le lien entre le sentiment dinscurit et lidentit fminine. Il semble en effet, que le sentiment dinscurit est le fruit dun processus com-plexe : il est la fois la consquence dagressions relles envers les femmes qui chappent souvent aux statistiques lors quelles ne sont pas dclares la police, et rsultat dune intriorisation dune suppo-se vulnrabilit propre aux femmes.4. Ce sujet touche en tout cas directement la qualit de vie des femmes en ville car les restrictions qui les affectent quant lusage de lespace urbain ont une influence de taille sur leur autonomie et, de ce fait, sur leur accs lespace public [Lieber, 2008]. Ainsi, selon une tude mene sur le cas de la ville de Chicago [Yavuz, Walsh, 2010], la peur constituerait la raison la plus importante pour laquelle les femmes renoncent utiliser les transports publics. Plus proche de nous, le re-portage de ltudiante Sofie Peeters, Femmes de la rue, avait do-cument en 2012 les agressions verbales et gestuelles dont les fem-mes font objet au quotidien, en se promenant avec une camra cache dans le quartier Anneessens de Bruxelles. Ce reportage avait permis de sensibiliser lopinion publique au phnomne du harclement de rue, qui constitue un type dagression particulier envers les femmes. Op-rant comme des rappels lordre, qui laissent sous-entendre que des violences plus graves pourraient suivre, ces agressions renvoient aux femmes le signal que leur prsence nest pas accepte ou respec-te dans certains lieux publics [Gardner, 1995; Stanko, 1992]. Cepen-dant, notamment dans le contexte actuel de politiques scuritaires d-ployes dans lespace public, il importe de souligner que la question du sentiment dinscurit des femmes ne se rduit pas un problme de scurit qui demanderait une intervention scuritaire, comme le laisserait penser la proposition dun chevin bruxellois de sanctionner

    1Marie GILOW, Dplacements des femmes et sentiment dinscurit Bruxelles: perceptions et stratgies, Brussels Studies, Numro 87, 1er juin 2015, www.brusselsstudies.be

  • les auteurs de ces actes par une amende [RFI 01/08/2012]. La pro-blmatique ne se limite pas non plus un quartier ou un groupe so-cial. Le harclement de rue participe plutt dun ensemble dinterac-tions dans lesquelles autant lhomme que la femme performent leur identit de genre profondment ancre dans une socit structure par la dichotomie masculin/fminin, entrainant des consquences restricti-ves pour les femmes. Plus qu une interdiction de profiter librement de lespace public, le sentiment dinscurit conduit une restriction du champ des possibles et une multitude de limitations et de stratgies dvictions [Kramer/Mischau, 1993 ; Condon et al., 2005 ; Hanson, 2010]. Alors que la possibilit dtre mobile constitue plus que jamais une condition pour participer la vie sociale, se pose la question de leffet de ces restrictions sur le potentiel de mobilit des femmes, ce que Vincent Kaufmann appelle la motilit [2001].5. Sagissant dune problmatique encore peu formalise dans le contexte bruxellois, ltude prsente dans cet article revt un carac-tre exploratoire. Elle repose notamment sur une recherche qualitative fonde sur des entretiens individuels semi-directifs mens auprs de dix femmes vivant et se dplaant de manire autonome Bruxelles. A la diffrence des tudes quantitatives qui analysent les corrlations sta-tistiques, les tudes qualitatives sintressent davantage aux mca-nismes sous-jacents aux comportements et [] linterprtation que les acteurs font de leurs propres comportements [Alami et al., 2009]. Dans cette perspective, le choix des femmes enqutes rpond une volont de diversification des profils, afin de recueillir un ventail de t-moignages tout en faisant merger une ventuelle convergence entre les paroles de femmes. Cette diversit recherche touche autant lge (lge il varie entre 23 et 56 ans), aux pays dorigine (Belgique: 5, France: 2, Italie: 1, Turquie: 1, Roumanie: 1) qu loccupation (em-ploye, la recherche demploi, tudiante, mre au foyer, ...) et la situa-tion conjugale et familiale (marie ou non, avec ou sans enfants). Les femmes ont t introduites lenqute de la mme manire: elles ont t informes du sujet global du travail de recherche (mobilit des femmes et sentiment dinscurit Bruxelles), de son contexte (m-moire de fin dtude pour un master complmentaire en urbanisme et amnagement du territoire) et du fait que les entretiens seront enregis-trs, retranscrits et anonymiss. Les questions poses lors des entre-

    tiens portaient autant sur les reprsentations (la perception des l-ments qui suscitent un sentiment dinscurit, les ractions et le sens donn par lenqute) que sur les pratiques (les dplacements, les mo-tifs, les moyens de transports) des enqutes. 6. Pour investiguer une thmatique aussi sensible, lentretien non format semblait le mieux adapt, considrant que lexpression des peurs ncessite souvent une longue mise en condition pour se librer [Condon et al., 2005]. Cette mthode de recherche prsente le risque dintroduire un effet denqute : lintention avec laquelle lenquteur mne lentretien la recherche dinformations peut influencer lenqu-te en orientant, suggrant ou amplifiant certaines rponses. Dans une dmarche par entretiens approfondis, ce dsavantage est nanmoins largement compens par le caractre fin, nuanc et autorflexif des rponses dveloppes par les enqutes, aspects inatteignables par des mthodes standardises ou dtournes. Les rpondantes nont cess, au cours des entretiens, de sinterroger elles-mmes sur la na-ture mme de cette inscurit au sujet de laquelle il leur tait de-mand de sexprimer. Un autre choix mthodologique mrite dtre justifi: notre objectif tant dapporter un premier clairage sur la peur dans lespace public en tant quexprience fminine, et non de dcrire lensemble des manifestations sociales de ce sentiment ou la diversit de ses sources, nous avons interrog uniquement des femmes. Par consquent, nous ne nous prononcerons pas, dans le cadre de ce tra-vail, sur les convergences ou divergences entre les expriences fmini-nes et masculines du sentiment dinscurit, mme si un tableau com-plet sur cette question supposerait videmment dexplorer son versant masculin. Les conclusions tires des entretiens constituent ainsi des hypothses qui demandent tre approfondies par dautres travaux. 7. Loin de prtendre lexhaustivit, cette tude aspire donner un premier aperu de limpact du sentiment dinscurit des femmes sur leurs dplacements Bruxelles et invite mener une rflexion sur le lien entre ce sentiment et leur identit sociale fminine.

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  • 2. Se dplacer dans un contexte de sentiment dinscurit: des-siner une gographie de la ville au fminin

    8. Le sentiment dinscurit sintgre dans les dplacements des femmes diffrents niveaux et diffrents degrs dintensit. Il peut tout dabord conduire un renoncement la mobilit. La peur immo-bilise notamment certaines heures, dans certains lieux ou sans ac-compagnement. Gnralement, ces trois aspects sont lis; par exem-ple, pour viter un trajet de retour la nuit, sans renoncer pour autant une activit, certaines rpondantes prennent des mesures organisa-tionnelles spcifiques afin de dcaler ce dplacement au lendemain, lorsquil fera de nouveau jour: Jai une copine qui habite le quartier et comme a met vraiment longtemps pour rentrer, je demande souvent de dormir chez elle quand il y a une soire (Sarah, 23 ans). Certaines excluent un trajet pdestre; mme si un dplacement pied serait tout fait raisonnablement envisageable, la sortie se limite souvent aux ho-raires du dernier mtro ou du dernier bus : Cest pas que jvite dy aller, dner chez mon amie par exemple, mais je rentre forcment avec le dernier mtro. [] [P]our y aller pied, il faut passer par la Gare du Midi, et a, toute seule, je le ferais jamais (Valentina, 32 ans). Lor-ganisation dun accompagnement peut devenir la condition sine qua non pour participer un vnement ou une activit: [C]est sr que si je vois une confrence qui mintresse mais que cest Anneessens ou dans un coin perdu, ben, je vais pas y aller toute seule (Justine, 27 ans). Il faut bien se rendre compte du poids dune telle limitation : elle signifie, du moins certaines heures ou dans certains lieux, une perte dautonomie, qui ne peut tre compense que par des efforts organisa-tionnels supplmentaires. 9. Ensuite, les femmes sont souvent amenes effectuer leurs d-placements selon certaines modalits particulires, notamment en tant que pitonnes. En effet, la condition pitonne est particulirement sen-sible et rceptive au cadre physique, la personne tant totalement im-merge dans son environnement par sa (relative) lenteur et labsence de gabarit protecteur. Habites par ce malaise, les femmes sont por-tes vouloir traverser lespace le plus vite possible: Je crois que cest la Gare Centrale. Je sais pas si tu as vu, ce long couloir, quand tu rentres dans la gare et que tu dois aller vers le mtro, par l. Quand

    je passe par l, je passe tellement vite (Elena, 27 ans). La vitesse permet alors sinon dchapper au danger, en tout cas de svader plus rapidement de lespace angoissant. Lorsque lespace public nest plus que ce qui spare deux points de dpart et de destination, lobjectif est de le traverser le plus rapidement possible. Les autres activits et inter-actions possibles ne sont ainsi plus considres : [J]e prends mon chemin, et cest tout. Moi, je suis pas une femme qui regarde par ci et par l, parce que je fais attention moi (Cemre, 47 ans). On retrouve ici la modalit, frquemment observe, dapparition des femmes dans lespace public, le passing by, le fait de passer rapidement [Gardner, 1995]. Comme le conclut Raibaud, les femmes consomment moins despace public par rapport aux hommes, elles sont dans des cou-loirs , se dplaant simplement dun point un autre [Raibaud, cit. dans Gresuard, 2014].10. Par opposition la marche pied, le vlo peut devenirun refuge qui permet de retrouver une libert dans lespace public (Anne, 30 ans), dans la mesure o il permet dtre toujours sur la route (Sarah, 23 ans). Le moyen de transport le plus rassurant et confortable reste cependant la voiture : Je rentre dans la voiture, et tac, je ferme la porte. Et je suis dans la voiture en scurit. Enfin, je pense (Franoise, 50 ans). Elle offre un espace de confort, une bulle qui permet de sclipser de lespace public. Des tudes menes aux tats-Unis sur lemploi de la voiture, et notamment les 4x4, tablissent un lien entre la popularit de ce type de vhicules auprs des femmes et la peur du crime [Lauer, 2005]. Quel que soit son modle, lespace du vhicule ne serait pas tant valoris pour ses caractristiques physiques que parce quil accorderait ce privilge de traverser un terrain hostile, de se retirer de la socit et ainsi de gagner en scurit. 11. Enfin, une autre charge des dplacements quotidiens des femmes provient de la ncessit ressentie de choisir stratgiquement trajets, trajectoires et placements en vue dviter les dsagrments et dangers potentiels. Ainsi, la peur de certains lieux peut amener les femmes les viter en choisissant une trajectoire plutt quune autre, ce qui implique ce quune des rpondantes appelle les petits voyages supplmen-taires: des dtours pour viter les ruelles, ou certains arrts de mtro. Plus intuitif, peut tre, que le choix de trajectoire, est le choix de posi-tionnement dans lespace immdiat au moment du dplacement. Les

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  • entretiens montrent que dans un micro-espace, les femmes cherchent la proximit de certains lments, comme des groupes de personnes qui sortent en mme temps du mtro : Je cherche pas la proximit immdiate mais le fait de les avoir en vue, donc je vais essayer de mar-cher la mme allure queux pour pas me faire distancer (Franoise, 50 ans). Dautres vitent, au contraire, les lieux ou personnes redouts en les contournant, ce qui se manifeste dans une pratique aussi subtile que le changement de trottoir. Guy Di Mo parle ce sujet des murs invisibles (allusion aux plafonds de verre, ces obstacles tacites et implicites empchant lascension hirarchique des femmes dans le monde du travail) qui se dressent et dlimitent les espaces accessibles aux femmes. Enfin, ltat immobile lors de leurs dplacements nemp-che pas les femmes tenir une rflexion sur les positionnements les plus stratgiques et scurisants dans lespace ; ainsi, au cours dun trajet en bus, certaines se placent ct du chauffeur. Dans le mtro la nuit, dautres cherchent un emplacement qui permet de surveiller son entourage : Quand je prends le dernier mtro une heure du matin cest sr que, quand il y a pas grand monde sur les quais, jessaye de me placer contre la fin dun wagon pour pouvoir voir ce qui se passe (Judith, 27 ans). Ainsi, le choix du trajet, de la trajectoire et du position-nement se voient affects par le sentiment dinscurit, dessinant une gographie des dplacements urbains propre aux femmes. 12. Il ressort des tmoignages que la possibilit dadapter son com-portement aux angoisses lies aux dplacements est fortement dpen-dante des comptences sociales des individus, c'est--dire de leurs savoirs acquis et leurs capacits organisationnelles, comme la manire de programmer ses activits (recherche dinformations, ractivit, etc.), ainsi que de leurs ressources conomiques qui permettent laccs divers modes de dplacement (grce un abonnement, par exemple). On peut observer une ingalit daccs ces ressources conomiques et intellectuelles, laquelle engendre desmotilits diffrentes, et fait galement varier le degr auquel les femmes sont affectes et limites par le sentiment dinscurit. Sarah, par exemple, se sent rassure grce son abonnement Villo ! car cela lui permet de ne pas tre dpendante des transports et de ne pas tre condamne mar-cher pied. Elle affirme galement sappuyer sur les applications de son tlphone portable pour grer ses dplacements notamment noc-

    turnes, afin de faire le choix le plus judicieux : Jai les applications STIB et Villo ! , et je passe mon temps en soire regarder quand part le dernier bus ou quand arrive le prochain, pour calculer un peu mon temps. [...] Je pense que je suis devenue accro de ces applica-tions-l parce que a maide vraiment me dbrouiller en soire. Jus-tine, avant de prendre le mtro, fait des recherches pour savoir quelle sortie emprunter la station de destination. La possibilit davoir ac-cs une voiture personnelle semble un avantage important pour con-trebalancer leffet potentiellement limitant du sentiment dinscurit. En effet, Christine, 56 ans, affirmant tre trs peu affecte par un senti-ment dinscurit, est galement celle qui se dplace surtout en voi-ture . Afin de matriser leur mobilit quotidienne, certaines femmes vont, en amont, prendre en compte le sentiment dinscurit dans leur choix de lieu de rsidence. La peur va donc devenir un facteur influen-ant leur mobilit rsidentielle : Par exemple, je visite lun ou lautre appartement pour y habiter, et quand je regarde ladresse je pense oui mais tas vu, quand tu rentres tard le soir, tas vu la rue par laquelle il faut passer (Franoise, 50 ans). Or, de telles rflexions supposent la possibilit de soumettre le choix du lieu de rsidence non seulement au critre des prix immobiliers mais galement celui dune cartographie pralable des dplacements srs . Toutes ces femmes mobilisent donc des ressources conomiques (achat dun abonnement, dune voiture, choix dun logement ...) et intellectuelles (lire une carte, recher-cher de linformation sur internet ...) non ngligeables qui leur permet-tent dlargir le champ du possible structurellement affect par le sen-timent dinscurit.13. Cemre, 47 ans, a, quant elle, un niveau dinstruction extrme-ment faible, tant analphabte et disposant de ressources conomi-ques limites. Fille de paysans turcs, immigre en Belgique lge de dix-huit ans, elle fait partie dune classe sociale dfavorise. Cest aussi celle qui exclut de la manire la plus catgorique les sorties aprs huit heures du soir. Son identit fminine imbrique dautres paramtres pro-pres une socit traverse par une multitude de rapports hirarchi-ques, et qui faonnent, dans leur ensemble, la place que Cemre oc-cupe dans lespace bruxellois ainsi que les diffrences entre sa motilit et celle des femmes voques prcdemment.

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  • 3. Manires dinteragir et de se sentir dans lespace urbain

    14. Sil est moins visible sur le plan gographique, limpact du senti-ment dinscurit sur la manire dinteragir et de se sentir dans les-pace urbain savre tout aussi prgnant dans les tmoignages re-cueillis. Sengager dans lespace public avec un sentiment dinscurit signifie empiter un territoire qui est considr comme menaant, et dans lequel il ne faut ni sattarder, ni attirer lattention. Ainsi, un aspect important affectant la manire pour les femmes de se dplacer se situe au niveau de lattitude et de lapparence adoptes. Les vtements, les manires de marcher, les gestes, les regards, etc., sont penss comme des formes de communication qui doivent transmettre un message lentourage, celui de reculer ou en tout cas de ne pas approcher.15. Dans ces stratgies, il sagit en partie de dissimuler son identit fminine, notamment travers des vtements qui soient neutres, ce qui signifie le moins fminins possible: Je ne sais pas de nouveau si a me protge aussi, mais tu vois, dtre habille le plus neutre possi-ble pour quils remarquent pas si je suis une fille ou un garon (Valen-tina, 32 ans). Ces stratgies ne sont pas forcment vues comme effi-caces, mais elles montrent en tout cas que les femmes ont intrioris ce qui les rend vulnrables, savoir leur identit fminine. Cette vuln-rabilit peut aussi tre contrebalance par des dmonstrations de force et de courage: regarder dun air dtermin, avoir lair de savoir o je vais, mme si ce nest pas le cas (Judith, 27 ans), montrer que je suis ma route et quil ne faut pas membter (Anne, 30 ans), mettre un regard fch, dur (Rika, 45 ans)... Llment le plus important est dviter dattirer le regard masculin, qui semble tre la premire invita-tion au contact non voulu, en minimisant limpact sur son entourage et en feignant la non-accessibilit. Il importe de souligner le caractre con-traignant de ces attitudes, de ce devenir neutre, comme le nomme une rpondante (Elena, 27 ans). Prendre des airs dhostilit, de froideur, se mettre un masque qui dcourage tout contact potentiel... Ces atti-tudes excluent donc les contacts qui, en soi, pourraient tre les bien-venus. Cemre lexprime de la manire la plus forte : Et jamais je re-garde personne. [...] Moi, je fais trs attention. Parce que moi, je parle pas avec nimporte qui. [] Moi, je parle personne.

    16. Ces attitudes envers les autres vont de pair avec ces proccupa-tions tout fait intrieures que sont les ides, penses et motions nourrissant le sentiment dinscurit. Elles peuvent tre regroupes en diffrents tats desprit, typiques de lexprience des dplacements des femmes en ville. Expression de lanticipation dun danger imminent contre lequel il faut se protger, ltat dalerte consiste tre prte ragir et se dfendre tout moment, lorsquun environnement est vcu comme inscurisant. Le fait de se protger physiquement en se munissant dlments de dfense permet dans ces cas de se rassurer, et de sarmer mentalement: Quand je me sens pas laise je prends mes cls et je les mets entre mes doigts (Rika, 46 ans). Limpression de devoir surveiller ou scruter son environnement en permanence fait partie de cet tat dalerte. Les femmes affirment tre sur leurs gardes tout en analysant les personnes venant en face, en coutant les chos de voix lorsquelles traversent un passage ou en regardant par-dessus leur paule. Certaines parlent explicitement dune peur, dune an-goisse, du fait dtre stresses, ou de la mfiance qui les habite un moment ou un endroit de leur dplacement. Cette sensation est considrer comme limitation en soi, car sortir la peur au ventre repr-sente dj une restriction de taille [Condon et al. 2005]. 17. Ce que certaines femmes interroges nidentifient pas spontan-ment comme tant de lordre de linscurit est le sentiment de ma-laise, li la peur ou au fait dtre interpelles en tant que femmes. Il sagit l de lanticipation dune interaction impose unilatralement dans laquelle la femme risquerait de se retrouver sans possibilit de se dfendre, par manque de confiance ou de connaissance dune raction approprie, mais aussi par peur que la situation ne dgnre. En effet, rpondre de manire active ou agressive une tentative dapproche de la part dun homme signifie, pour une femme, rompre un contrat taci-te qui, selon Erving Goffman, lie hommes et femmes sur le rle des sexes dans les interactions dans lespace public. Ce contrat porte au-tant sur le jeu de galanterie, dans lequel lhomme a le rle de conqurir la femme, que sur la suppose non-agressivit de la femme, qui est, en revanche, plus labri de violence physique dans lespace public que les citadins masculins. Les femmes qui osent briser ces rgles tablies risquent de faire glisser une interaction banale gnante, voire humi-liante, mais sous contrle vers une situation imprdictible [Goffman

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  • 1977/2002]. Il semble que la crainte de ce glissement conduise la plu-part des femmes enqutes se conformer au comportement attendu de leur part, cest--dire faire profil bas. 18. Face ce sentiment dimpuissance, une autre stratgie observe est une forme de fermet passive qui se manifeste dans un tat des-prit de rsistance: tre dcide ne pas se laisser intimider. La mobili-t devient alors un enjeu en elle-mme: refusant de se laisser interdire une sortie ou imposer un choix modal par crainte dun danger, certai-nes femmes font, parfois, le choix oppos et se dplacent en toute conscience des risques potentiels, affirmant le principe dun gal droit la mobilit. 19. Quoi quil en soit, ces diffrents tats desprit qui accompagnent les dplacements des femmes apparaissent bien comme autant de limitations malicieuses car invisibles de leur vcu, comme de vritables entraves profiter pleinement de la vie urbaine: Cest pas agrable, tu vois, moi je me dis, je sors quand mme parce que je veux pas limi-ter ma vie. Mais quand mme, je sors, et parfois jai peur quand je sors, quand je rentre chez moi (Valentina, 32 ans).

    4. Aux sources du sentiment dinscurit fminin en milieu ur-bain

    20. Le sentiment dinscurit des femmes dcoule de la manire dont celles-ci peroivent les prsences masculines, particulirement dans le contexte danonymat propre au milieu urbain, ainsi que du rapport so-cial qui les lie eux.4.1. Perception des prsences masculines en milieu urbain21. Dun point de vue anthropologique, lanonymat urbain semble propice au sentiment dinscurit deux niveaux: celui de lAutre, cet inconnu imprvisible et incontrlable, mais aussi celui du Soi, de sa propre personne inconnue de cet entourage danonymes, dnue de tout lien protecteur. Dans son ouvrage La mise en scne de la vie quo-tidienne, Erving Goffman dmontre comment, face la difficult de connaitre la ralit sur les personnes croises en ville, chacun procde une activit de dcryptage de lautre, qui consiste en une analyse

    de la faade personnelle et de ses diffrents attributs perceptibles [Goffman, 1973]. Dans ce contexte de tensions latentes qui caractri-sent le milieu urbain, l activit de dcryptage, en soi propre tout citadin, conduit, les femmes plus particulirement, tenter didentifier parmi les inconnus qui croisent leur route ceux qui pourraient devenir des agresseurs potentiels. Tous les profils ne suscitent pas les mmes apprhensions, certaines prsences tant interprtes comme scuri-santes, dautres, au contraire, comme angoissantes ou stressantes. Ce que les prsences inscurisantes ont en commun est notamment leur identit masculine. En effet, lespace est peru et vcu de manire trs diffrente par les rpondantes selon quil est occup par des hommes de manire exclusive ou selon quil est partag avec des femmes. Cette crainte est en partie lie au fait que, contrairement la femme, lhomme est vu comme agresseur sexuel potentiel, le viol tant un crime particulirement redout par les femmes. Le sociologue Kenneth F. Ferraro a mis lhypothse que la peur du crime sexuel serait telle-ment profonde chez les femmes quelle couvre, au final, tous les do-maines de la vie, ce que Ferraro appelle leffet shadow [1996] : toute agression, notamment lorsquelle provient dun homme, est per-ue comme menaante car elle risque de se transformer en cette forme particulirement grave de violence. Cest en ce sens que lhomme en sa qualit masculine devient menaant et la femme ras-surante, par sa seule prsence qui attnue la domination masculine sur lespace. 4.2. La force de lide de faiblesse: la vulnrabilit fminine face lagressivit masculine22. Les tmoignages des femmes font ressortir quelles ont bien con-science du poids de limaginaire dans leur peur: se faire des films, a se passe dans la tte, cest purement psychologique... Les stratgies prsentes comme rassurantes sont souvent rejetes comme inutiles, leurs cibles tant prsentes comme purement fictives. Le sentiment dinscurit qui est lorigine de ces comportements est alors dnonc comme processus purement psychologique. La justifica-tion de comportements apparemment irrationnels ou estims exa-grs est considre par certaines comme un trait de caractre per-sonnel : je suis couillonne , je suis parano , jai toujours t comme a ... . Or, manifestement, la peur nest pas un trait de carac-

    6Marie GILOW, Dplacements des femmes et sentiment dinscurit Bruxelles: perceptions et stratgies, Brussels Studies, Numro 87, 1er juin 2015, www.brusselsstudies.be

  • tre individuel, mais une exprience partage. Comment alors expliquer cette force de lide de danger permanent vis--vis de lhomme et lin-capacit (ressentie) des femmes se dfendre en cas dagression ? Pour Pierre Bourdieu, la domination masculine, et la manire dont elle est impose et subie, est le fruit dune violence symbolique qui r-sulte de la communication autour des genres, gnrant une soumis-sion paradoxale [Bourdieu, 1998]. La violence symbolique, contraire-ment la violence physique, est fonde sur la reconnaissance de la domine de son infriorit. Cette forme de violence sexerce notam-ment travers des instruments de connaissance que partagent les deux sexes, et va dterminer la faon de penser autant du dominant que de la domine: de se penser soi-mme, et de penser le domi-nant. Ce processus produit lacceptation par la domine de sa condi-tion de soumission, ce qui permet quun tel rapport se prennise [Bourdieu, 1990]. Comme cette enqute le montre, la domination mas-culine dploie toute sa force dans un processus de dshistoricisation et de naturalisation des rles sexus [Raibaud, 2013] au terme duquel la femme est perue et se peroit comme tant vulnrable en soi. Le fait de lier la vulnrabilit fminine son corps, sa nature, em-pche la remise en question du rapport social dont il est lexpression et contribue donc prenniser la perception de la femme comme tant le sexe faible et vulnrable. Cette force de lide de la faiblesse fminine se marque dans lincapacit de nombreuses femmes penser et noncer le caractre genr de leurs expriences urbaines. Ce dont t-moigne galement cette tude effectue Bordeaux : une grande par-tie de femmes interroges sur les amliorations apporter pour dimi-nuer le caractre androcentrique de lamnagement de la ville, na pas su rpondre, acceptant en quelque sorte silencieusement leur condition et dniant les ingalits sexistes existantes dans lespace public [Hes-selle, 2013].

    Elments de rponse au niveau de la mobilit quotidienne des femmes Bruxelles

    23. Dans cet article, nous avons voulu montrer diverses facettes sous lesquelles le sentiment dinscurit affecte les comportements de mo-bilit des femmes. Il en ressort que les dplacements des femmes sont fonction de stratgies dadaptation et dviction quelles adoptent et qui constituent un frein leur usage de la ville en toute libert. Le sen-timent dinscurit devient lexpression dun sentiment de prsence non lgitime et tmoigne de la prsence marginalise des femmes dans lespace public. Malgr les limites mthodologiques lies entre autre au nombre relativement restreint de femmes enqutes dans le cadre de ce travail, les tmoignages permettent de prendre conscience dun vcu fminin particulier de lespace urbain et peuvent donner une impulsion la prise en compte de ce vcu dans la conception et lamnagement de lespace. Elles montrent galement tout lintrt porter un regard genr sur lusage de la ville et invitent investiguer ce champ dtude davantage dans le contexte bruxellois.24. Face la problmatique de linscurit des femmes et du partage ingal de lespace public entre les genres, de nombreux programmes damnagement proposent des rponses urbanistiques. Une tude ralise Toronto en 1989 sur le sentiment dinscurit des femmes dans plus de 65 stations de mtro et arrts dautobus a men les res-ponsables crer le service de descente entre deux arrts, offert en soire, permettant aux femmes de se rapprocher de leur destination. 25. En Belgique, la faible prsence fminine dans la planification et la gestion, notamment en matire de mobilit, reste encore flagrante. M-thodologiquement, les marches exploratoires pourraient constituer un outil intressant pour recueillir le point de vue fminin sur la percep-tion de lespace en vue de lintgrer dans des propositions damna-gement [SPP, 2006]. A Bruxelles, lassociation Garance effectue par exemple ce type denqutes de terrain et diffuse par la suite les multi-ples propositions recueillies pour rendre lespace public plus accueillant pour les femmes [Zeilinger/Chaumont, 2012]. Mobil2040 , qui se veut tre une tude prospective et pluridisciplinaire sur la mobilit Bruxelles lhorizon 2040, dnonce les ides reues autour de la dan-gerosit de lespace public pour les femmes, tout en proposant des

    7Marie GILOW, Dplacements des femmes et sentiment dinscurit Bruxelles: perceptions et stratgies, Brussels Studies, Numro 87, 1er juin 2015, www.brusselsstudies.be

  • mesures damnagement censes rendre lespace plus propice son utilisation partage. Parmi ces propositions figure, entre autres, une organisation de la mobilit qui offre des services ddis aux femmes comme les taxis roses (conduits par des femmes) [Mobil2040, 2014]. 26. Ces quelques expriences indiquent une prise en compte mer-gente du point de vue fminin dans lamnagement de lespace public. Les mesures infrastructurelles ou de gestion ne doivent cependant pas occulter le fait que le sentiment dinscurit des femmes rsulte fon-damentalement du rapport social ingal entre les genres, qui structure encore notre socit.

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    9Marie GILOW, Dplacements des femmes et sentiment dinscurit Bruxelles: perceptions et stratgies, Brussels Studies, Numro 87, 1er juin 2015, www.brusselsstudies.be

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    Innoviris, lInstitut Bruxellois pour la Recherche et lInnovation

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    Pour citer ce texte

    GILOW, Marie, 2015. Dplacements des femmes et sentiment dins-curit Bruxelles: perceptions et stratgies, In : Brussels Studies, Nu-mro 87, 1er juin 2015, www.brusselsstudies.be.

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    Remerciements

    Cet article a t labor en coopration avec Pierre Lannoy, sociologue et enseignant-chercheur lUniversit Libre de Bruxelles, et Patrick Frenay, gographe et urbaniste, matre de confrences lULB-EPB-BATir-Urba-nisme. Il fait suite un travail de fin dtude (Master complmentaire en Urbanisme et Amnagement du Territoire, ULB).

    10Marie GILOW, Dplacements des femmes et sentiment dinscurit Bruxelles: perceptions et stratgies, Brussels Studies, Numro 87, 1er juin 2015, www.brusselsstudies.be