Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué...

19
N°87 Janvier - février mars 2018 L 11889 - 87 - F: 5,00 - RD Interviews Sugaray Rayford Eric Sardinas Josselin Leroy Carlos Elliott Jr Watermelon Slim Nico Wayne Toussaint Brigitte Nakachdjian DOSSIER Denis Gauthier Garagiste et créateur amateur de guitares métalliques SAGA Chuck Berry Partie 2

Transcript of Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué...

Page 1: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

L 11889 - 87 - F: 5,00 € - RD

N°87Janvier - févriermars 2018

L 11889 - 87 - F : 5,00 € - RD

Interviews

Sugaray RayfordEric SardinasJosselin LeroyCarlos Elliott JrWatermelon SlimNico Wayne ToussaintBrigitte Nakachdjian

DOSSIER

Denis Gauthier Garagiste et créateur amateur

de guitares métalliques

SAGA

Chuck BerryPartie 2

Blu

es

MA

GA

ZIN

E -

87

- j

an

vie

r -

fév

ier

- m

ars

20

18

VENDREDI 6 AVRIL

www.salaisebluesfestival.fr

SAMEDI 7 AVRIL

renseignement :04 74 29 00 80

reservation :04 74 29 45 26

#salaiseBluesfestival

concerts / expo / apéro blues

stage guitare et voix

concert jeune public

SALAISE SUR SANNE- fOYER Laurent BOUVIER -

du 23 marsau 7 AVRIL

21 h

21 h

Sofie Reed

oliver Gotti

otis taylor

eric BiBB

Page 2: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

SOMMAIRE N°87janvier - février - mars 2018

2 > ABONNEMENT

3 > EDITO

4 > Interview

CARLOS

ELLIOTT JR

9 > Compte Rendu

GARTEMPE BLUES

FESTIVAL 2017

10 > Interview

JOSSELIN LEROY

15 > Compte Rendu

BLUES D’AUTOMNE

EN RABELAISIE

16 > Interview

NICO WAYNE TOUSSAINT

20 > Compte Rendu

BLUES IN QUEYSSAC

21 > Compte Rendu

COGNAC BLUES PASSIONS

24 > Dossier

DENIS

GAUTHIER

30 > Compte Rendu

LA LUCIOLE

32 > Interview

SUGARAY RAYFORD

36 > Compte Rendu

LE BUIS BLUES

FESTIVAL

38 > Saga

CHUCK

BERRY

52 > Interview

BRIGITTE

NAKACHDJIAN

GRÉSIBLUES FESTIVAL

55 > Compte Rendu

BLUES EN CHENIN

56 > Compte Rendu

BOOGIE WOOGIE

LA ROQUEBROU

58 > Interview

ERIC

SARDINAS

61 > Compte Rendu

BAGNOLS

BLUES

FESTIVAL

62 > Interview

WATERMELON SLIM

67 > Compte Rendu

JAZZ À VIENNE

68 > LES ALBUMS BLUES MAG 2017

69 > Compte Rendu

BLUES DES 2 RIVIÈRES

70 > LA LETTRE ET L’ESPRIT

72 > L’HARMONICA DE GREG

74 > LE STEEL DES AUTRES

76 > LA BATTERIE DE BEEN’S

78 > BLUES BOOKS

80 > SÉLECTION DVD

81 > CD À LA TENTATION

96 > SURFIN’BLUES

44

16

32

58

38

24

62

Page 3: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

OUL’ALBUM

D’EL JOSÉ AND THE HIBBIE BLUES

BACK ON TRACKOffert par El José et Blues Magazine

pour un abonnement d’un an

ABONNEMENTABONNEZ-VOUS À BLUES MAGAZINE

ET RECEVEZ EN CADEAU DE BIENVENUE *

* Offre réservée aux nouveaux abonnés (dans la limite des stocks disponibles)

FRANCE > 16 € FRANCE > 30 €1 AN (4 NUMÉROS) 2 ANS (8 NUMÉROS)

AUTRES PAYS > 19 €

CD/DVD

AUTRES PAYS > 33 €Je souscris abonnement de an(s) à partir du n°

Nom Prénom AdresseCode postal VilleTél E-mail

Comment avez-vous découvert Blues magazineKiosqueRadio

RelationsPresse

ConcertsAutre

Coupon à renvoyer accompagné de votre règlement à BLUES Magazine abonnements :Bernard Monnot - 10 rue Louis Delamarre - 95880 Enghien

1 AN Back On Track2 ANS Devil On TV

L’ALBUM DE

BALKUN BROTHERSDEVIL ON TV

Offert par Dixiefrog et Blues Magazine pour un abonnement de deux ans

Page 4: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

N°87 janvier-février-mars 20184

InterviewPré p aré e et ré al i s é e p ar G ré g ory H ul i nPhot os © A l ai n H i ot

SALUT TOUT LE MONDE, JE SUIS CARLOS ELLIOT JR, MUSICIEN DE BLUES DE COLOMBIE,

AMÉRIQUE LATINE. JE JOUE DANS LE STYLE COUNTRY BLUES DU NORD MISSISSIPPI…

C’EST AVEC CES QUELQUES MOTS QUE L’ARTISTE A ENTAMÉ SA 1ÈRE TOURNÉE

EUROPÉENNE, PAR UN CONCERT DE PLUS DE 2H30, T RANSFORMANT LE VIP

DE ST NAZAIRE EN JUKE JOINT ENDIABLÉ, AVANT DE SE PRÊTER, AVEC ENTHOUSIASME,

À CETTE CONVERSATION.

Page 5: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

5 N°87 janvier-février-mars 2018

Interview Carlos EllIott Jr

Blues Magazine > Plongeons un peu dans ton passé... Y avait-il des musi-ciens dans ta famille ? Carlos Elliot Jr > Non. En fait, ma famille n’était pas trop liée à la musique, à l’exception de ma grand-mère, qui jouait de la guitare à une époque. C’était sa passion, mais elle n’avait pas un bon instrument pour progresser. Aussi, elle était très fière de me voir jouer. Je vivais dans la maison de ma grand-mère. C’est le lien le plus proche entre ma famille et la pratique de la musique. Par ailleurs, nous avions l’habitude d’écouter des œuvres classiques et traditionnelles de Colombie, de la musique populaire locale, de la musique pour danser.

BM > En tant que Colombien, qu’est-ce qui t’a amené à choisir le Blues comme moyen d’expression musicale ?CEJ > Il y a toujours eu de la musique dans ma vie. Depuis mon enfance, j’ai eu des connections avec la musique et j’ai commencé à jouer avec des instruments. Jeune, je me suis inté-ressé à la musique et j’ai d’abord commencé par jouer de la guitare, avant d’apprendre la flûte (à accord unique, ou mellow flute). Cela a été un aller retour permanent entre les deux instruments. Dans un 1er temps, j’ai été attiré par la scène locale Rock. Dans ma ville, il y avait une station de diffusion Radio télévisée, ce qui nous permettait d’échanger de la musique entre amis, en enregistrant des cassettes et des CD. J’ai donc débuté sur la scène Rock, puis je me suis ensuite intéressé aux racines de cette musique et, naturellement, je me suis plongé dans le Blues. J’avais besoin de savoir ce qu’était vraiment le Blues. J’ai donc décidé de me rendre aux États-Unis pour rencontrer les véritables acteurs de ce style musical. De nos jours, tout évolue si vite, il fallait donc que je

me rende sur place. J’ai juste pris le risque de m’exprimer à travers un style traditionnel de Blues et, pour cela, j’ai voulu ressentir les choses et apprendre à jouer avec feeling.

BM > Quel artiste t’a marqué lors de ta découverte du Blues ?CEJ > J’ai longtemps écouté une cas-sette audio, avec différentes choses enregistrées dessus, parmi lesquelles des chansons d’Howlin’ Wolf qui, pour moi, restera toujours le plus grand Bluesman. Howlin’ Wolf a été ma connection directe au Blues. Il l’est toujours. Nombreux sont mes amis, comme Tim Rutherford, Big Jack, RL Burnside, qui reconnaissent son influence. Il a été une si grande inspiration pour nous tous !

BM > Pourquoi as-tu adopté le style Mississippi Hill Country Blues ?CEJ > La 1ère fois que je me suis rendu dans le Mississippi, j’ai rencontré certaines personnes et, par chance, celles qu’il fallait pour tout savoir du style Hill Country Blues. Robert Belfour fut une rencontre majeure. Je suis allé le voir jouer une fois à Clarksdale, Mississippi. Cela a tout changé dans ma vie. J’ai pu vérifier à quel point cette musique était telle-ment semblable à ce que je ressentais dans mon esprit et dans mon cœur. C’était initiatique. Ce voyage dans le Mississippi n’était pas, à proprement parlé, une tournée : je voyageais, je jouais et j’apprenais. Cela m’a per-mis de comprendre et de ressentir les connections existantes entre la musique des Américains natifs, des Indiens et des Afro-américains dans cette région du nord du Mississippi, avec la musique dansante tradition-nelle des campagnes en Colombie. Il y a des similitudes dans le rythme et le feeling, plus que dans la mélodie elle-même.

BM > À part Howlin’ Wolf, quels sont les musiciens que tu as le plus écoutés ? CEJ > En fait, mes goûts ont évolué avec le temps. Depuis le début, j’ai toujours eu beaucoup d’attirance pour le Blues de Junior Kimbrough.

J’ai pris le nom de Junior en son hommage. Il a clairement orienté ma façon de ressentir le Blues. Je ne l’ai pas rencontré. Il est décédé avant que je fasse mon voyage dans sa région. Mais, j’ai pu jouer sa musique avec ses amis, ses enfants et petits enfants, avec lesquels je demeure lié. J’ai plusieurs fois joué avec Cameron Kimbrough, un de ses petits-fils. J’ai également fré-quenté son fils, Robert Kimbrough Sr. Il est un de mes meilleurs amis du Mississippi, avec le bassiste Earl Little Joe Ayers, qui a joué avec Junior Kimbrough depuis les 60’s. Trenton Ayers, son fils, est égale-ment bassiste et joue avec Cedric Burnside. Le guitariste est aussi le fils de Little Joe Ayers. Lightnin Malcom est aussi un de mes amis proches et un de mes maîtres, il m’a appris beaucoup, notamment le jeu en duo. C’est le milieu quoi, une partie de l’Histoire...

BM > Y a t’il des liens entre la mu-sique traditionnelle colombienne et le Blues ? CEJ > Pas directement. Mais tu peux entrevoir des liens par le feeling et la joie dégagés par ces musiques. Ce n’est pas lié à la façon de jouer, mais à ce que tu ressens. J’ai appris comment on ressent les choses dans le Mississippi, et comment interpré-ter musicalement cela. Mais quand je suis à la campagne, dans mon pays, les gens viennent dans les soi-rées pour danser, et ils ont le même état d’esprit vis à vis de la musique, même si cette musique n’a pas la même forme sonore. Dans l’ouest de mon pays, on retrouve quand même certaines choses qui viennent de la communauté originaire d’Afrique, et qui se sont mélangées avec cer-tains motifs rythmiques tradition-nels colombiens, formant ainsi un style semblant finalement relati-vement proche du Mississippi Hill Country Blues. Le Mississippi Hill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et, lorsqu’elle est arrivée dans les collines, elle s’est propagée et mêlée à la communauté

Page 6: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

Sugaray rayford rEVENaIT EN CE dÉBuT oCToBrE

au fESTIVaL BLuES d’auToMNE EN raBELaISIE.

CE fÛT doNC L’oCCaSIoN dE LuI dEMaNdEr QuELQuES

PETITES PrÉCISIoNS Sur SoN dErNIEr aLBuM,

TrÈS SouL, ET d’ÉCHaNgEr dE faÇoN TrÈS INTÉrESSaNTE

Sur L’aCTuaLITÉ auX uSa.

32 N°87 janvier-février-mars 2018

InterviewPréparée et réalisée par Alain HiotPhotos © Alain HiotTraduction réalisée en live par Marie Jérôme (On The Road Again)

Page 7: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

33 N°87 janvier-février-mars 2018

Interview SUGARAY RAYFORD

BM > Hello Sugaray, cela fait environ 6 ans que l’on te voit régulièrement en France. Est-ce un pays que tu appré-cies tout particulièrement ?SR > O ui com p l è t em ent ! E n f ai t , cel a a é t é une v rai e chance q ue m a f em m e, Pam , rencont re A uré l i e R oq uet d e O n T he R oad A g ai n, q ui a p erm i s q ue j e f as s e m a 1 è re t ourné e i ci , av ec un g roup e f ranç ai s . C ’ é t ai t l a 1 è re f oi s q ue j e j ouai s en d ehors d es U S A d ep ui s t rè s l ong t em p s , et l a F rance es t un p ay s av ec l eq uel ’ai, maintenant, une raie a finité,

et d ans l eq uel j ’ ai m e v eni r j ouer. C ’ es t d ev enu un p eu m a 2 nd e m ai s on !

BM > Oui, on voit d’ailleurs que tu commences à avoir beaucoup d’amis, rencontrés régulièrement sur les fes-tivals français.SR > E f f ect i v em ent , j ’ y croi s e b eau-coup d e g ens b i ens , av ec q ui j ’ ai d e

raies a finités et une raie compli-ci t é q ui accent ue, encore, l e p l ai s i r d e rev eni r. D u coup , j e com m ence à b i en connaî t re l a cul t ure d u p ay s et s a g as t ronom i e ( ri res ) , et l ors q ue j ’ arri v e, j e p eux al ors m e d é t end re et m e d i re : O uf, ç a y est j e suis à la maison !

BM > Tu viens de sortir un album Soul qui diffère du côté Blues et Rhythm’n Blues que l’on te connaissait jusqu’à présent. Est-ce dû uniquement à la sollicitation de Luca Sapio, ou envisa-geais-tu, toi-même, un jour ou l’autre un album de ce type ?SR > Mes p ré cé d ent s al b um s é t ai ent ef f ect i v em ent p l us B l ues . Mai s s ur l e d erni er, S outhside, i l y av ai t d é j à d es chos es p l us S oul , et on l ’ av ai t é cri t av ec R al p h C art er av ec cet t e env i e d ’ a l l er un p eu p l us v ers ce s t y l e. S ouv ent , on p ens e B l ues = C hi cag o B l ues , al ors q ue ce n’ es t q u’ une p et i t e p art i e p arm i t ant d ’ aut res , et q u’ el l e n’ es t p as rep ré s ent at i v e d e l ’ ens em b l e d es U S A . D ans l a m ouv ance act uel l e d e l a j eune g é né rat i on, on es t m oi ns d ans ce B l ues t rad i t i onnel C hi cag o, m ai s p l ut ô t d ans un s t y l e i ncl uant b eaucoup d ’ aut res i nf l uences . D u coup , cet al b um es t d û , b i en s û r, à l a p rop os i t i on d e L uca, m ai s c’ es t é g a l em ent q uel q ue chos e q ui m e

corres p ond , car j e d é t es t e ê t re m i s d ans une cas e. L a m us i q ue ne p eut p a s rent rer d ans d e s cas e s ! L a m us i q ue, c’ es t d e l ’ é m ot i on, d u res -s ent i , q uel q ue chos e q ue l ’ on a env i e d e p art ag er av ec, b i en ent end u, cer-taines tendances ou in uences, mais av ant t out q ue l ’ on res s ent en s oi . L ors q ue L uca a é cri t cet al b um , i l l ’ a f ai t p our m oi , car i l m ’ av ai t d é j à v u s ur s cè ne, et cel a m e corres p ond d onc t rè s b i en. D e ce f ai t , i l n’ y a p as d e b arri è re p our un aut re p roj et S oul , B l ues , Jaz z ou aut re, t ant q ue cel a corres p ond à ce q ue j e s ui s et ce q ue j e res s ens .

BM > La sonorité globale de ce CD rappelle beaucoup les sons de la Stax. Cela fait-il partie de tes influences ? Écoutais-tu des artistes comme Sam & Dave ou Otis Redding ?SR > O ui b i en s û r, m ai s j ’ ai b eaucoup d’in uences di érentes comme l G reen, T ed d y Pend erg ras s , F red d y Mercury , E art h W i nd & F i re, et p l ei n d ’ aut res encore, av ec d es p art i es t rè s v ari é es , p arf oi s p our l a v oi x , p arf oi s p our l e ry t hm e. D ans cet al b um , l es t ex t es m ’ ont p art i cul i è rem ent t ou-ché , en m e ram enant d es s ouv eni rs d e l ’ é p oq ue où j e chant ai s l e G os p el d ans l es é g l i s es . S i non j ’ es s ai e d e ne p as t rop é cout er, à l ’ ex cè s , t ous ceux q ui m ’ ont i ns p i ré , car on a t end ance, ens ui t e, à t rans f orm er m al g ré s oi s a p rop re nat ure.

BM > Tu évoques le Gospel, cela pour-rait-il faire l’objet d’un futur album ?SR > Mon ent ourag e p roche m ’ a s ouv ent p os é cet t e q ues t i on, m ai s l e G os p el es t , p our m oi , q uel q ue chos e d e t rè s s acré , p as f orcé m ent d ’ ai l l eurs au t i t re rel i g i eux d e l a chos e, m ai s p l ut ô t d ans t out cet es p ri t q u’ am è ne l a m us i q ue. L ors q ue j e chant e, j e ne s ui s p l us t out à f ai t m oi , j e m ’ ad res s e, b i en ent end u, au p ub l i c, m ai s i l y a aus s i t out e une p art i e t rè s s p i ri t uel l e, q ui m e ram è ne aux at t aches p ro-f ond es q ue j ’ ai av ec m es ancê t res et ce q u’ i l s ont p u v i v re. L e G os p el es t p l us com p l i q ué p our m oi q ue l e B l ues , car c’ es t q uel q ue chos e q ue j ’ ai ab ord é av ec m a g rand -m è re, et q ui es t p l us di ficile à parta er, au ourd’ ui, a ec l e p ub l i c. D onc, j e ne d i s p as non à

Page 8: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

Compte renduT ex t e d e D i d i er F ouq ues ol l e et C hri s t op he Dameuh L eb œ ufPhot os © L ew i s B arl et ( C om ’ on K us t om ) et D i d i er F ouq ues ol l e

N°87 janvier-février-mars 201836

L a 1 è re s oi ré e d é m arre d ans l e p arc d u C hâ t eau d e T houron ( 8 7 ) , av ec l e d uo d e g ui t ari s t e hel v é t i co-m auri ci en The Two p our un B l ues R oot s f es -t i f , t ant ô t d oux , t ant ô t b rut al , t ei nt é d e l ’ ex ot i s m e et d e l ’ hum our d u chan-t eur. L ’ as s i s t ance es t s ous l e charm e. Pui s , Wax & Boogie Rhythm Combo m et l e f eu d ans un B oog i e end i ab l é p our un s et m é m orab l e. C es B arcel onai s nous f ont oub l i er q ue, ce s oi r, en E s p ag ne, d es … ont g â ché s l a f ê t e. L ’ aud i t oi re conq ui s l es en rem er-ci e l arg em ent .Pour l a 2 nd e j ourné e, c’ es t v ers l e cent re d u v i l l ag e d e S t -Jouv ent q ue s e d i ri g ent l es f es t i v al i ers . U ne b el l e d é couv ert e, J essie Lee & The Alchemists, une j eune f em m e rav i s s ant e av ec une v oi x ex t raord i -nai re et un t oucher d e g ui t are à f ai re p â l i r p l us d ’ un g ui t ari s t e. U n B l ues p é t i l l ant , j oué p ar d es m us i ci ens é m é ri t es , q ui d onne t out s on s ens au nom d u g roup e. C ’ es t l a ré v é l a-t i on d u w eek -end . S ’ en s ui t Big Dez et s on g ros B l ues t ei nt é R ock q ui f ai t d ans er l e p ub l i c. I l i nv i t e J essie Lee pour un duo ma nifi que, puis le uit ari s t e P ac o Swampini s ur un

2 nd t i t re, t erm i nant l e s how en ap o-t hé os e. U ne b el l e s oi ré e s ous l e s i g ne d u B l ues f ranç ai s .L e 3 è m e j our, ret our au v i l l ag e d u B ui s . D è s l ’ ap rè s -m i d i , l es 1 è res not es s ort ent d e l a G rang e et cont i nueront d ’ y ré s onner j us q ue t ard d ans l a nui t av ec l es j am s d es m us i ci ens . Pour l ’ i ns t ant , s p ect acl e p our enf ant s , Momo le p’ tit harmo d e Cadijo , au m i l i eu d es ex p os d e p ort rai t s d e B l ues m en d u p ei nt re J orge Ramirez , d es g ui t ares et ci g ar-b ox d u l ut hi er Olivier Gaussem et d e l ’ ex p o Les légendes du Blues d e J acky Beaugeois. À 1 9 h, l e b al es t l ancé av ec l es l auré at s d e l ’ E uro-p ean B l ues C hal l eng e 2 0 1 3 , l e d uo i t al i en Max ( cht / g t r) & Veronica ( cht / k az ou/ uk ul é l é / w as hb oard ) , q ui rem p l aç ai t H at F i t z & C ara, f orf ai t d e d erni è re m i nut e. U n s et acous t i q ue t ei nt é B l ues , H i l l b i l l y et R ag t i m e d es 3 0 ’ s , d ans une am b i ance enj oué e q ui rav i t l e p ub l i c. S ui v ent l es Pol onai s Two Timers , un s t y l e B l ues R ock p l us l ourd , p l us g ras , q u’ i l s d é cri v ent eux -m ê m es com m e d u B l ues G rung e.

U ne ry t hm i q ue q ui b as t onne, d es ri f s d e g ui t are rag eurs , un j eu d ’ harm o harg neux , s ans ret enue, et l a v oi x p ui s s ant e d u chant eur ont ret ourné l es s p ect at eurs . L ’ i nt ens i t é b ai s s e d ’ un cran, m a i s l e s nor v é g i ens d ’ Eric S l im Z ahl & The South West Swingers , v ai nq ueur d e l ’ E B C 2 0 1 6 , s ont à l a haut eur d e l eur s t at ut : un s et d e haut e v ol é e, d ans un s t y l e B l ues p l us t rad i t i on-nel , t ei nt é B oog i e et R hy t hm ’ n B l ues .

our le fi nal, lues sauce sudiste a ec l es C al i f orni ens d e Robert J on & The Wreck . U n B l ues chaud , em m ené p ar l a v oi x d u l ead er, un j eu d e g ui t are i nv ent i f q ui , en s l i d e, ne m anq ue p as d e nous rap p el er l ’ A l -l m an B rot hers B and , une ry t hm i q ue carré e, l e t out rel ev é d ’ une t ouche d e cl av i er.U ne f oi s d e p l us , l e B B F a d é m on-t ré q u’ i l é t ai t un d es f es t i v al s i ncon-t ournab l es d e l ’ é t é , at t i rant un p ub l i c d e p l us en p l us nom b reux . U n g rand m erci à L aurent B ourd i er et , nat urel -l em ent , à t out l es b é né v ol es p our l eur eng ag em ent . À l ’ anné e p rochai ne.

AVEC UNE PROGRAMMATION

INTERNATIONALE, ATYPIQUE ET

DE GRANDE FACTURE, LE BUIS BLUES

FESTIVAL SE DEVAIT D’ATTIRER UN

PUBLIC ENTHOUSIASTE. CE FÛT CHOSE

FAITE, POUR UN RECORD D’AFFLUENCE,

AVEC PLUS DE 2000 FESTIVALIERS

SUR 3 JOURS. LE BBF A ATTEINT

SON OBJECTIF, SOUS LES CIEUX

CLÉMENTS DU LIMOUSIN.

© DIDIER FOUQUESOLLE

Veronica

Sbergia

Wax & Boogie Rhythm Combo

The Two

Big Dez

Eric Slim Zahl

(The South West

Swingers)

Jessie Lee & The Alchemists

Robert Jon & The Wreck

Page 9: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

TEXTE TITRE BREVES TEXTE

Texte brèvesTEXTE TITRE BREVES TEXTE TITRE BREVES

Texte brèves

37 N°87 janvier-février-mars 2018

BrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèves

BrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèves

PROBLEME A CAUSE DE STATUES DES BLUES BROTHERS

Dans un camping aux USA, un propriétaire avait placé sur la terrasse de son emplacement

faisant face un canal reliant deux lacs, une statue en résine des Blues Brothers. Depuis près de 20 ans, ces statues ont été une attraction pour les plaisanciers qui empruntaient le canal. Tout se passait donc bien, jusqu’au jour où l’administrateur du camp a demandé, pour une raison obscure, de déplacer ces deux statues. L’alerte faite fin août, par le

propriétaire sur sa page Facebook, a fait l’objet de dizaines de milliers de protestations sur les réseaux sociaux. La tempête d’indignations virtuelles n’a pas permis de trouver un consensus. Les deux statues passeront l’hiver dans le garage dudit propriétaire, et elles seront utilisées, ailleurs, l’été prochain, pour des actions humanitaires dans la même région… Et Trump dans tout ça ?

4EME BLUES CHALLENGE FRANÇAIS

La finale du 4ème

Challenge Blues Français s’est déroulée le 16 août à La Charité-sur-Loire, dans le cadre du Festival Blues en Loire. 6 formations étaient sur la scène de La Halle Aux Grains pour tenter de gagner leur billet pour l’European Blues Challenge à Hell, en Norvège en mars 2018) et l’International Blues Challenge de Memphis en janvier 2018 : The Blue Butter Pot (duo) - Flo Bauer Blues Project (groupe) - Wild Time with Mathis Haug Featuring Stephan Notari (duo) - Aurélien Morro & The Checkers (groupe) - Slawek Duo (duo) - Kathy Boyé & The DTG Gang (groupe).Après délibération, le jury a délivré son verdict :Kathy Boyé & The DTG Gang (European Blues Challenge) Wild Time with Mathis Haug featuring Stephan Notari (International Blues Challenge)Aurélien Morro & The Checkers (International Blues Challenge)

LE BLUES A L’UNIVERSITE

Le Blues s’est installé à l’Université de Chicago, sur le campus de Hyde Park, avec un nouveau festival de 3 jours, qui s’est tenu mi-octobre au Centre des Arts Reva & David Logan. Les concerts ont été accompagnés de conférences et discussions avec des artistes comme Billy Branch, et par la projection d’un film sur la vie de Paul Butterfly, l’harmoniciste

né en 1942 et décédé en 1987 à Woodstock. Pour les organisateurs, cette nouvelle manifestation se veut être le point de départ d’autres évènements à destination des étudiants, pour leur faire connaitre, tout au long de l’année, des musiciens Blues qui ont façonné la musique moderne, mais qui ont disparu avec leur histoire.

THE BEST OF MUDDY WATERS REEDITE

A l’approche du 60ème anniversaire de la sortie du 1er disque de Muddy Waters, The Best of Muddy Waters, paru en 58, une réédition vinyle est sortie en novembre chez Geffen/UMe. Cette réédition, la 1ère depuis plus de 30 ans, reprend les enregistrements réalisés entre 1948 et 1954 par Muddy Waters pour Chess Records. Entre le 1er morceau et le dernier (I Just Want To Make Love To You et I Can’t Be Satisfied) qui, par leur intitulé résument une des thématiques de la musique Blues, la réédition comporte les morceaux passés de mains en mains entre les générations, tels que Long Distance Call, Rollin’ Stone et Hoochie Coochie, et qui ont influencé la musique d’aujourd’hui.

Page 10: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

N°87 janvier-février-mars 201838

IN MY DAY AND TIME MY MUSIC WAS CONSIDERED SUPERBDutchman - Chuck Berry 2017

CHUCK B E RR Y2ème PARTIE

Sag

a Sag

a Sag

a Sag

a Sag

a Sag

a Sag

aSaga CHUCK BERRYPar Gérard BickelPochettes et iconographies © Gérard Bickel

Page 11: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

39 N°87 janvier-février-mars 2018

GOLDEN HITSL e 2 0 s ep t em b re 1 9 6 6 , C huck B erry m et l es p i ed s p our l a 1 è re f oi s d ans l e s t ud i o T echni s oni c d e Mercury à C l ay t on, Mi s s ouri . I l es t ent ouré d e 2 de ses fi d les compa nons, o nnie

o nson au piano électrique et à l ’ org ue, et l e b at t eur E b b i e H ard i e, renf orcé d e Q ui ncy Macon ( g ) , F orres t F ri ers on ( b ) et C arey E nl ow ( s t ) . B erry m et en b oî t e 4 t i t res d e s a com p os i t i on, l ’ i n s t rum ent a l Campus Cookie qui ne erra le our qu’en , Mum’ s The W ord et My Tambourine, p ub l i é s p ar l a s ui t e s ur l ’ al b um From S t. Louie to Frisco en

, plus la ace de son er 4 5 t ours Mercury Laugh And Cry. L e l end e-main, a ec la m me équipe, il réenre istre de nou elles ersions de de s es anci ens hi t s C hes s , Maybellene, S chool Day, S w eet Little S i x teen, Johnny B. G oode, Memphis, Roll O ver Beethoven et Rock’ n Roll Music , t ous d es t i né s à l ’ a l b um G olden Hits. 3 aut res t i t res p our ce L P, Thirty Days, Back I n The U S A et une nou eauté Club Nitty G ritty s ont cap t é es l e 2 6 oct ob re, tou ours à Cla ton, a ec o nson, F r i ers on et l e b at t eur E ug ene W as hi ng t on. L ors d e cet t e s é ance s ont aus s i enreg i s t ré s Around And Around et 2 aut res d e s es cré at i ons , O h Captain et Misery, encore réser ées p our From S t. Louie to Frisco. e our sui ant, les 4 m us i ci ens s ont d e ret our d ans l e s t ud i o p our l e recy -cla e de autres classiques d e l a p é ri od e C hes s , Carol, Almost G row n, Brow n E yed Handsome Man, Let I t Rock et Reelin’ And Rockin’ , m ai s s eul Carol es t ret enu p our l e

G olden Hits. Let I t Rock res t era d ans les tiroirs usqu’en , les autres seront ra outées en onus a ec Around And Around s ur l a ré é d i -t i on C D d e G olden Hits ( Mercury

en . n no em re es t p ub l i é s on 1 er s i m p l e Mercury a ec Club Nitty G ritty et l e s l ow B l ues Laugh And Cry ( Mercury

. Club Nitty G ritty es t un b on m orceau d ans ant , rem i x é en s t é ré o p ar C huck B erry d ans s on studio, sur un équipement mpe , sur lequel il énum re les di érentes d ans es à l a m od e d es s i x t i es . C e 4 5 tours, qui propose de ses meilleurs morceau qu’il ient de ra er, ait un f l op ! L ’ al b um Chuck Berry’ s G olden Hits ercur / Mercury 1 2 4 0 3 3 F rance) cont e-nant les nou elles ersions de ses classiques et sa nou eauté Club Nitty G ritty sort en mars . ur l e rect o d e l a p ochet t e, une p hot o en m é d ai l l on d e B erry d at ant d es 5 0 ’ s et aucune m ent i on i nf orm ant qu’il s’a t de réenre istrement. Ce disque de reprises au o t du our, a ec éc o et ré er ération, n’est pas raiment con aincant, m me si quelques c ansons comme Memphis ou Carol s’en sortent ien. ’a out d u s ax op hone s ur Rock And Roll

Music n’ ap p ort e p as g rand -chos e et l’utilisation d’un or ue par o nnie

o nson sur Maybellene n’ é t ai t p as f orcé m ent une b onne i d é e. L e p i re es t s a rel ect ure d e Back I n The U S A a ec ses impro isations et ses yeah yeah super us. la m me période, C ess en profi te pour ressortir les composit i ons ori g i nal es s ur un d oub l e al b um Berry’ s G olden Decade ( C hes s 1 5 1 4 ) .

OLYMPIAL e m oi s p ré cé d ant l a s ort i e d e s on 1 er al um pour sa nou elle fi rme, C uc err re ient en urope du

au é rier , pour une série de concerts en n leterre, qui se termineront à la Ca ern de i erpool. l es t accom p ag né p ar l es C anad i ans S t rang ers , g roup e é p hé m è re d e l a Colom ie ritannique résidant alors en n leterre. e é rier, i l f ai t une es cal e à Pari s p our un nou eau Musicorama à l ’ O l y m -p i a. S es accom p ag nat eurs s e p ro-d ui s ent en 1 è re partie a ec di érents g roup es b eat d ans l ’ i nd i f f é rence d u pu lic. me si l’ l mpia n’a pas f ai t l e p l ei n, C huck f ai t un t ri om p he d è s s on ent ré e en s cè ne, en f ai s ant s on t rad i t i onnel p as d u canard s ur Johnny B. G oode que la salle reprend en cœ ur. I l n’ a plus besoin de chan-ter ; le public entonne à sa place les paroles de S w eet L i t t l e S i x t een que Chuck rythme du pied. Chut chut chut demande-t-il ; puis c’ est W e W e H ours . I l semble brusque-ment électrocuté, se convulsionne en sortant des notes magnifi ques de son instrument. O lé O lé, passons à

Le 6 août 1966, un discret petit article du magazine musical Billboard informe ses lecteurs, que Chuck Berry a signé, en juin, un contrat de 3 ans, avec la major Mercury. C’est Quincy Jones qui a effectué le travail d’approche pour Mercury. Chuck Berry ne résistera pas à la confortable avance proposée par le label, dont on ne connaîtra jamais le montant exact. Tu reviendras dans 3 ans lui prédit Leonard Chess, le jour où il quitte ses anciens patrons, en bons termes, sur une poignée de main.

39 N°87 N°87 janvier-février-mars 2018

son instrument. O lé O lé, passons à son instrument. O lé O lé, passons à son instrument. O lé O lé, passons à

Maybellene, S chool Day, S w eet Little S i x teen, Johnny B. G oode, Memphis, Roll

Rock’ n Roll , t ous d es t i né s à l ’ a l b um

. 3 aut res t i t res p our Thirty Days, Back I n The

Club Nitty s ont cap t é es l e 2 6 oct ob re,

tou ours à Cla ton, a ec o nson, F r i ers on et l e b at t eur E ug ene W as hi ng t on. L ors d e cet t e s é ance

Around s ont aus s i enreg i s t ré s Around et 2 aut res d e s es

O h Captain et encore réser ées

From S t. Louie to . e our sui ant, les

4 m us i ci ens s ont d e ret our d ans l e s t ud i o p our l e recy -cla e de autres classiques

Carol, Almost G row n, Brow n E yed Handsome Man, Let I t Rock

Rockin’ , m ai s Rockin’ , m ai s Rockin’ es t ret enu p our l e

Around et 2 aut res d e s es

Sag

a Sag

a Sag

a Sag

a Sag

a Sag

a Sag

a

Saga CHUCK BERRY

Chuck Berry et les Rhythm Checkers, Olympia Février 1967

COLL

D G

ENTN

ER

Page 12: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

IL EST LA TÊTE D’AFFICHE DE LA 1ÈRE ÉDITION DE CE NOUVEAU FESTIVAL,

ENTIÈREMENT DÉDIÉ AU BLUES, QUI SE TENAIT LE 14 JUILLET DERNIER DANS

LA PETITE VILLE DE TRILJ, EN CROATIE, NON LOIN DES STATIONS BALNÉAIRES

DE SPLIT. NOUS AVONS EU LE PLAISIR DE RENCONTRER ERIC SARDINAS,

GÉNIE DU SLIDE ET DU DOBRO, QUELQUES HEURES AVANT SON LIVE.

ERIC SARDINAS

N°87 janvier-février-mars 201858

InterviewPhotos, interview et traduction : Jérôme Tournay

HEADLINER @ TRILJ BLUES FESTIVAL

Page 13: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

Blues Magazine > Salut Eric. Avec Big Motor, vous êtes actuellement en tournée en Europe, ici en Croatie, dans la ville de Trilj, puis un gros festival à Zagreb, et en Italie avec ses festivals d’été. Comment te sens-tu aujourd’hui ? Eric Sardinas > Je m e s ens v rai m ent b i en. A v ec t ous ces f es t i v al s d e B l ues , t out es ces occas i ons q ue nous av ons eu d e v oy ag er, t ous ces end roi t s q ui m et t ent en av ant l a m us i q ue, p as s eul em ent l e B l ues , m ai s l e R ock , l e B l ues R ock … ç a a t ouj ours é t é un p l ai s i r av ec ces rencont res et ce p ar-t ag e d e l a m us i q ue. D e p l us , j ’ ai un sentiment spécifi que au ourd’ ui, av ec ce nouv eau f es t i v al . C ’ es t à une nai s s ance q ue nous as s i s t ons , et c’ es t un p ri v i l è g e d e f ai re p art i e d e l a 1 è re p ag e d e cet t e hi s t oi re.

BM > Déjà 6 albums sont disponibles, de Treat Me Right à Boomerang. Comment définis-tu le son d’Eric Sardinas et Big Motor ? Est-ce du Delta Blues vraiment Roots, du Glam Rock avec des morceaux de Hard Rock, ou du Blues pur, mais actuel ?

BM > Tu as démarré la guitare à l’âge de 6 ans, et tu as appris en écoutant les enregistrements, sur vinyles, des plus grandes légendes du Blues des dé-buts, Charlie Patton, Big Bill Broonzy, Elmore James et Muddy Waters. Comment un jeune garçon de 6 ans, né en Floride, tombe dans le Blues le plus pur et le moins accessible à une oreille non avertie ? ES > E h b i en, j e s ui s né d ans l e S ud . E t com m e un j eune g arç on né d ans l e s ud d es É t at s -U ni s , l a m us i q ue a t ouj ours é t é p ré s ent e aut our d e m oi . I l y av ai t t ouj ours q uel q ue chos e q ui t ournai t , d e m ani è re t rè s aud i b l e et t rè s cl ai re d ans l a m ai s on. J’ ai g rand i en é cout ant d u B l ues , d es cl as s i q ues d u R ock , d u F unk , d e l a S oul d e l a Mot ow n… Pour m oi , t out ç a é t ai t nor-m al . Ma m è re ai m ai t b eaucoup t out e cet t e m us i q ue, c’ es t el l e q ui en m et -t ai t t out e l a j ourné e. S a col l ect i on d e v i ny l es é t ai t … at t end s d eux s econd es , j e corri g e m on l ang ag e… s a col l ect i on d e v i ny l es é t ai t une bonne collection. D onc, t rè s j eune, j ’ ai é t é ex p os é , et j ’ ai p u d é couv ri r et ap p ré ci er ce q ue j ’ ent end ai s . Q uand j ’ ai eu 6 ans , m on 1 er cl as s i q ue, c’ é t ai t E l v i s . Pui s t u v oi s , t out s ’ es t enchaî né . T u ai m es ce q ue t u é cout es , t u v eux p ouv oi r l e rep ro-d ui re, et p ui s t u cont i nues d e creus er d ans ces chos es q ui t e f ont v i b rer.

BM > Tu es un maître du Dobro et du jeu en Open Tuning. Pourquoi as-tu choisi le Dobro comme instrument de prédilection ?ES > Je ne p ens e p as av oi r choi s i l e D ob ro, c’ es t l e D ob ro q ui m ’ a choi s i ! I l y a un t ruc q ue j ’ ai m e d ans l e s on d u ré s onat eur et , en l e p rat i q uant , i l n’ y a p l us q ue ç a q ui t rouv ai t é cho d ans ce q ue j e f ai s ai s . C ’ é t ai t ç a ! I l n’ y av ai t q ue ç a q ue j ’ ap p ré ci ai s , c’ é t ai t d ans m es orei l l es . E n é cou-t ant l a m us i q ue, j ’ ai com p ri s q u’ i l y av ai t une connex i on ent re l e v ocal et l e s on l e s on p res q ue hum ai n d u D ob ro. E t i l y a une connex i on ent re l a m us i q ue j oué e et l ’ hi s t oi re q ui es t racont é e, t out es t l à . E n m e rend ant com p t e d e t out ç a, j ’ ai d ’ ab ord é p ous é com p l è t em ent cet as p ect t rè s t rad i -t i onnel , p ui s j ’ ai p ous s é l e v i ce en l ui d onnant l a p os s i b i l i t é d e f ai re l es

d eux . S i t u m e v oi s j ouer, t u t e rend ras com p t e q ue j e p eux j ouer com m e ç a, d e m ani è re t rad i t i onnel l e, f aç on D el t a et t rè s t ranchant , ou b i en d e m ani è re acous t i q ue, p res q ue cl as s i q ue, av ec un s on p l ai s ant et chal eureux , m ai s q ue j e p eux é g al em ent p ous s er l e cot é p oi s s eux et R ock en p ui s s ance.

BM > Ton dernier album, intitulé Boomerang, se concentrait sur le fait que tout évènement à une iner-tie, puis un retour sous la forme de conséquences, tout comme le Blues. Travailles-tu sur un nouvel album et, si oui, quel serait le sujet principal ? ES > B i en s û r, t ouj ours . Je ne p eux p as com p t er t out ce q ui s e p as s e et l a m us i q ue q ui s e p ré p are en b ack s t ag e. T u s ai s , p our Treat Me Right, q ui é t ai t l e 1 er al b um , c’ es t p res q ue l e g enre d ’ al -b um q ue t u n’ as p l us env i e d ’ ent end re p arl er une f oi s q ue t u l ’ as f ai t . O n é t ai t à C hi cag o, on av ai t 6 0 0 $ et nos com -p os i t i ons . O n a t rouv é un s t ud i o, on a p ay é un i ng é s on p our nous enreg i s -t rer. À cet i ns t ant , i l é t ai t i m p ort ant p our nous d ’ enreg i s t rer ces com p o-s i t i ons et d ’ en f ai re un al b um . Mai s b on, c’ es t l a m us i q ue, c’ es t C hi cag o, et t u s ai s , t u d onnes 6 0 0 $ . . . au ni v eau q ual i t é , t u en as p our 6 0 0 $ ! F ai re d e l a m us i q ue, c’ es t ê t re honnê t e m ai s c’ es t aus s i p rend re l e t em p s q u’ i l f aut p our q ue l es t i t res p ui s s ent d é g ag er l e m ei l l eur d e ce q ui es t j oué et chant é . 6 al b um s p l us t ard , p l ei n d e nuances et d e s ent i m ent s ont é t é é v oq ué s , et on t rav ai l l e t ouj ours s ur d e nouv el l es chos es , d e nouv el l es nuances et d e nouv eaux s ent i m ent s , t ouj ours .

jeu en Open Tuning. Pourquoi as-tu

i l n’ y a p l us q ue ç a q ui t rouv ai t é cho

t ant l a m us i q ue, j ’ ai com p ri s q u’ i l y

l a m us i q ue j oué e et l ’ hi s t oi re q ui es t racont é e, t out es t l à . E n m e rend ant

t i onnel , p ui s j ’ ai p ous s é l e v i ce en l ui

ES > Je p ens e q ue l a f aç on av ec l aq uel l e j e m e d é f i n i s d ans l a m us i q ue, et av ec l aq uel l e nous nous ex p ri m ons av ec B i g Mot or, c’ es t d u… E n f ai t , i l f aut q ue j e t e d i s e q uel q ue chos e, en t ant q u’ art i s t e. D ans l e B l ues , q ue ce s oi t l e s on d e C hi cag o, d e Mem p hi s , d u D el t a ou d u T ex as , p eu i m p ort e l a f orm e. L e t ruc, c’ es t q u’ i l f aut q ue t u ai es q uel q ue chos e à d i re. C ’ es t q uel q ue chos e q ui ne p eut s e f ai re q u’ av ec honnê t et é . E n m é l an-g eant l e B l ues et l e R ock , en f ai t , c’ es t m a f aç on d ’ ê t re en p has e av ec ce q ue j ’ ai à d i re, et ê t re honnê t e av ec m on am our p our l e B l ues . Ç a m e p erm et d ’ aj out er une é nerg i e et d es com p o-s ant es m us i cal es av ec l es q uel l es j e s ui s à l ’ ai s e. E t c’ es t m a f aç on d e f ai re d u B l ues . C ’ es t m a v oi e d ans l e B l ues , t out s i m p l em ent .

Interview ERIC SARDINAS

59 N°87 janvier-février-mars 2018

d eux . S i t u m e v oi s j ouer, t u t e rend ras

Page 14: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

InterviewPré p aré e, ré al i s é e et t rad ui t e p ar D om i ni q ue B oul ayPhot os © Mi k e L at s chi s l aw

N°87 janvier-février-mars 201862

Blues Magazine > Tout d’abord Bill, je vais te demander l’origine de ton sur-nom ?Watermelon Slim > E h b i en, aut ref oi s j ’ ai t rav ai l l é d ans l es cham p s . U n j our, al ors q ue j e m e t rouv ai s d ans un cham p , en t rai n d e m ang er un m orceau d e p as t è q ue q ue j ’ av ai s cuei l l i , j ’ ai s ent i au f ond d e m a p oche q ue j ’ av ai s un harm oni ca s ur m oi .

J’ ai reg ard é l ’ i ns t rum ent , p ui s l e m orceau d e f rui t et , s oud ai n, d ans un as , ’ai su que e possédais un nom ap p rop ri é p our l e B l ues . Je s ui s W at erm el on S l i m d ep ui s j ui l l et 1 9 8 0 .

BM > Tu as joué avec des artistes fa-meux. Que peux-tu me dire concernant Country Joe, j’ai en mémoire le célèbre I Feel Like I’m Fixin To Die qu’il interpréta

CELA FAISAIT QUELQUES ANNÉES QUE JE MOURRAIS

D’IMPATIENCE À L’IDÉE DE RENCONTRER CE SACRÉ

PERSONNAGE. IL FAUT DIRE QUE LE BLUES N’EST PAS

LE MILIEU PROPICE À LA RENCONTRE DE MIDINETTES,

DE STARLETTES OU DE ROCK STARS DES DEUX SEXES.

C’EST, EN EFFET, PLUS SOUVENT À DES ÉCORCHÉS VIFS

QUE L’ON A À FAIRE, TOUT DU MOINS, À DES GENS AU

PASSÉ, CHARGÉ D’EXPÉRIENCES DIGNES D’INTÉRÊT ! JE

N E L’AI DÉCOUVERT QUE SUR LE TARD AVEC SON OPUS

WATERMELON SLIM & THE WORKERS, 2006. IL EN AVAIT

DÉJÀ COMMIS PLUSIEURS AUPARAVANT, PUISQU’IL

DÉBUTA SA CARRIÈRE EN 1973. EN 2017, IL EN EST

À SON 12ÈME ALBUM…

QUELQUES QUESTIONS À BILL

HOMANS ALIAS WATERMELON

SLIM

Interview WARTERMELON SLIM

Page 15: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

à Woodstock et lors d’une tournée en France. Il était également militant contre la guerre du Vietnam ?WS > C ’ es t v rai , t u as p arf ai t em ent rai s on. C ’ é t ai t un l ead er d ans l e com -b at cont re l a g uerre d u V i et nam . I l a d ’ ai l l eurs ré é d i t é l ’ une d e m es chans ons s ur une com p i l at i on d i s co-g rap hi q ue q ui ne rep renai t q ue d es chans ons à p rop os d e cet t e t erri b l e g uerre cont re l aq uel l e nous m i l i t i ons . N ous av i ons al ors b es oi n d ’ un m ax i -m um d e cont ri b ut i ons , et cel l e d e Joe n’ a p as é t é né g l i g eab l e !

BM > Me permets-tu d’établir un paral-lèle avec Woody Guthrie…WS > W ood y G ut hri e d i s ai t d e s a g ui -t are q ue c’ é t ai t une arm e p our t uer l es f as ci s t es . J’ ai m oi -m ê m e com -b at t u l es f as ci s t es l ors q ue m on p è re t rouv a l a m ort l ors d e l a 2 nd e g uerre mondiale. e porte fi rement une ci cat ri ce s ur m a j am b e, q ui es t l e s ouv eni r d ’ une b ag arre av ec d es naz i s l ors d ’ une conv ent i on d e l a nat i on répu licaine. ls a aient été fi nancés p ar l ed i t com i t é p our l a ré é l ect i on d u Pré s i d ent p our harcel er l es m i l i t ant s d u Mouv em ent A nt i G uerre. L ors d es é chauf f ouré es , j ’ ai b al ancé l ’ un d e ces f achos d ans une cl ô t ure b arb el é e. L a p l up art d ’ ent re eux é t ai ent p arv enus à s ’ é chap p er d es l i eux d es hos t i l i -t é s , m ai s j ’ ai q uand m ê m e ré us s i à en chop er un, et à l e m et t re s ur l e d os p ar t erre !

BM > Et ton public, excepté pour ton

talent indéniable, vient-il pour ta musique ou parce que tu es un chanteur engagé qui a un message à délivrer ?WS > E n ré a l i t é , j e p ens e q u’ i l s v i ennent d av ant ag e p our l a 2 nd e rai -s on é v oq ué e. Je ne p ens e p as q ue j e s oi s un m us i ci en s p é ci al em ent t al en-t ueux et d oué p our l a m us i q ue. Par cont re, c’ es t v rai q ue j e s ui s cap ab l e d ’ ex p r i m er, av ec conv i ct i on, d es chos es t rè s p rof ond es à t rav ers m es chans ons . C ’ es t cel a q ui at t i re m on pu lic, qui le ait ré éc ir.

BM > Quelles sont les similitudes et dif-férences entre les Workers d’hier et tes musiciens actuels ?WS > T u s ai s , en f i n d e com p t e, l a not i on d e t rav ai l ci rcul e à t ra-v ers l es d eux f orm at i ons . Je s erai t ouj ours un t rav ai l l eur. Je s ui s un m em b re d e l a cl as s e ouv ri è re et l e res t erai j us q u’ à m a m ort ! L a p l us g rand e p art i e d e m a carri è re p ro-f es s i onnel l e, j e l ’ ai p as s é e com m e chauf f eur rout i er. C ’ es t d ans cel l e-l à

q ue j ’ ai p as s é l e p l us d e t em p s , et l e nom d e l ’ orches t re, auj ourd ’ hui , W at erm el on S l i m et l es T ruck ers , re te et résume cette partie de ma carri è re p rof es s i onnel l e.

BM > Après 12 albums, tu as toujours quelque chose de nouveau à dire. Peux-tu nous explique pourquoi celui-ci est le meilleur ?WS > T out d ’ ab ord , j e p ré ci s e q u’ i l a é t é enreg i s t ré au C anad a. S ans d out e l a rai s on p our l aq uel l e c’ es t une com -b i nai s on, s ans p ré cé d ent , d ’ A m eri ca, d e C anad i ana et d e m us i q ues i s s ues d es Prem i ers A m é ri cai ns nat i f s d e ce cont i nent . Je ne connai s p as , à v rai d i re, d ’ aut res ex em p l es d e cet t e t ri p l e com b i nai s on s ur d i s q ue.

BM > Tu peux jouer aussi bien en acous-tique, avec quelques musiciens, qu’avec une formation électrique toute entière. Quelle différence fais-tu entre ces deux manières différentes de jouer ?

Interview WARTERMELON SLIM

63 N°87 janvier-février-mars 2018

Page 16: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

L’HARMONICA de GregPar G reg S z l ap cz y ns k i

N°87 janvier-février-mars 201872

Muddy Waters, Long Distance CallLONG DISTANCE CALL EST UN BLUES LENT ET LANGOUREUX DE

MUDDY WATERS, QUE J’ADORE CHANTER SUR SCÈNE. SON CLIMAT

M’INSPIRE, SES SILENCES M’INVITENT À UN DIALOGUE ENTRE LA

VOIX ET L’HARMONICA. DANS CE GENRE DE MORCEAU, ON PEUT

EXPLORER TOUTES LES NUANCES, TOUTE LA PALETTE DE SONS

ET D’HUMEURS. ALORS, POURQUOI NE PAS TENTER UNE VERSION

DÉNUDÉE À L’EXTRÊME ? UN HARMONICA, UNE VOIX… ET C’EST TOUT

! C’EST LE DÉFI QUE JE VOUS PROPOSE AUJOURD’HUI !

Un morceau en solo Tous ceux qui jouent de l’harmonica, et qui osent l’avouer, se frottent, tôt ou tard, lors d’un diner en famille ou une sortie avec des copains, à cette question qui tue : Tu peux nous jouer quelque chose ? À part quelques notes de Blues ou un Oh When The Saints pour amuser la galerie, on est vite à court d’idées. Ce n’est pas du tout facile de jouer de l’harmonica sans être accompagné, et rares sont les harmonicistes qui le tentent ! Si vous cherchez de l’inspiration, je vous conseille l’album Alone With The Blues de Keith Dunn, où vous trouverez 14 titres déclinés, uniquement, à l’harmonica et à la voix..

Le rythme et l’harmonie Pour bien réussir le défi, nous devons nous appuyer sur un canevas rythmique et harmonique. On va le faire en prenant la structure d’un Blues lent en 12 mesures. Essayez d’intérioriser le rythme en imaginant un battement régulier. Au début, aidez-vous en tapant le rythme avec le pied sur tous les temps et en comptant les mesures : 1, 2, 3, 4, 1, 2, 3, 4… Ensuite, on va suggérer l’harmonie, en marquant à l’harmonica les changements d’accords. On ne joue que la tonique de chaque accord (la note qui donne le nom à l’accord). Répétez cet exercice jusqu’à ce que vous soyez à l’aise avec ces 12 mesures. N’ayez pas peur du vide, le silence fait partie de la musique, et vous n’avez pas besoin de le combler. Tout ce qui compte, c’est de garder le rythme et de jouer les notes sur le 1er temps de chaque mesure.

© Y

AN

N C

HA

RLES

La voix Maintenant, nous allons travailler la voix. Il faut arriver à insérer la ligne mélodique dans le canevas rythme/harmonie que nous venons de voir. Ecoutez Long Distance Call de Muddy Waters pour vous imprégner de la mélodie. Bien sûr, dans le Blues il y a beaucoup d’improvisations. Les phrases ne sont pas chantées toujours pareil, le placement est un art très personnel, qui demande de l’expérience. Pour simplifier, essayez de faire en sorte que les mots SAY, PLEASE, HEAR, EASE tombent sur le 3ème temps de la mesure. Comptez 1, 2, (You SAY you love me darling), 1, 2, (PLEASE, call me on the phone sometime), 1, 2, 3, 4, 1, 2, 3, 4.

1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4G C G G7

A 2 2 2S 1

1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4C C G G

A 2 2S 1 1

1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4D7 C G C G D7

A 1 2 2 1S 1 1

Page 17: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

BLUES books

N°87 janvier-février-mars 201878

BLUES books

JIMI HENDRIX, LE ROI DE LA GUITAREGILLIAN G. GAARE/P/A

Jimi Hendrix aurait eu 75 ans le 27 novembre 2017. Un prétexte presque accessoire pour justi-fier du 6ème volume de la collec-tion Toute l’Histoire d’E/P/A, qui a en commun avec ses prédécesseurs non pas une frise à compléter sur le dos carré, mais une qualité d’écriture jamais prise en défaut, à laquelle la traduction de Céladon éditions et la relecture de Yazid Manou ne sont pas étrangères. On peut, d’ailleurs, s’étonner que ce dernier, guitar-héraut de l’enfant vaudou en France, n’ait pas plongé dans le grand bain de l’écriture d’un ouvrage sur son Dieu. Gillian G. Gaar, trop jeune pour avoir approché Hendrix de son vivant, expose soigneusement les versions, parfois contradictoires, de faits peu documentés, qui sont légions, avant que le guitariste gaucher, James Marshall, change de prénom. Les étapes de pré-starification des deux côtés de l’Atlantique sont également plus détaillées que dans le biopic All Is By My Side (2014), qui avait laissé plus d’un freak sur sa faim. Signalons enfin, que si la plupart des salles de province visitées par Hendrix, listées en annexe, ont sombré corps et biens (cinéma Le Rio, à Nancy, 14/10/66), ce n’est pas le cas du Twenty Club de Loison-sous-Lens (05/03/67), désormais salle Cuvelier, dont Jack Lang a dévoilé la plaque commémorative en 2005. Le point de départ d’un nouveau pèlerinage ?

Jean-Christophe Baugé

PINK FLOYD - THEIR MORTAL REMAINSAUBREY POWELL, MARK BLAKE ET AL.Michel Lafont

The Piper At The Gates Of Dawn, 1er LP qui a survécu au milieu psychédélique d’où il est sorti, et aussi malheureusement à son auteur principal, Syd Barrett, a 50 ans. À cette occasion, s’est tenue la rétrospective Pink Floyd - leurs dépouilles mortelles au V&A Museum de Londres du 13/05 au 01/10/2017. Les archives personnelles et les trésors cachés du groupe, qu’Aubrey Powell - cofondateur avec Storm Thorgerson du studio de graphisme Hipgnosis, et commissaire de l’exposition - a rassemblés pour la 1ère fois, sont consultables en 2D dans cet ouvrage luxueux… car revêtu d’une couverture lenticulaire qui fait exploser le prisme de Dark Side Of The Moon, 3ème disque le plus vendu de tous les temps. Il est rappelé que la musique de chaque album s’interprète à des niveaux aussi multiples que l’image qui l’enveloppe : de la poignée de main de l’homme d’affaire en flammes (Wish You Were Here), au cochon volant au-dessus de la centrale à charbon de Battersea (Animals), qui fermera en 1983. C’est l’époque où, absence de mémoire numérique oblige, la seule parole des musiciens fait foi et alimente ou défait les légendes sur l’utilisation des synthés analogiques EMS (UK) et Moog (USA) de Richard Wright, ou de la Strat blanche 54 - n° de série 0001 - de David Gilmour. Magnifique.

Jean-Christophe Baugé

BRITISH ROCK1968-1972 : POP, ROCK, GLAMCHRISTOPHE DELBROUCKÉditions Le Castor astral, Prix TTC 24 €

Ceci est le 3ème tome sur le British Rock de Christophe Delbrouck, après le tomes 1 1956-1964 et le tome 2 1965-1968. L’auteur s’at-tarde ici sur la scène londonienne, entre 1968 et 1972 (nous sommes sur la fin des Beatles et les pro-blèmes des Stones, dont la mort de Brian Jones), et l’émergence de nouveaux groupes qui vont devenir des acteurs majeurs de la musique anglaise, comme Led Zeppelin, The Who, Ten Years After, Joe Cocker, Rory Gallagher, Yes… C’est aussi

l’époque des grands festivals, Woodstock, bien sûr, mais aussi l’Île de Wight ou le raté d’Altamont.L’info sur le cinéma : on n’oublie pas Orange Mécanique, Easy Rider, Tommy… L’auteur raconte aussi l’histoire de l’industrie musicale et ses abus, ainsi que des détails sur des groupes éphémères et leurs dis-cographies… et nombres d’anecdotes, plus ou moins croustillantes.Ces ouvrages sont devenus incontournables et nous font prendre conscience de l’importance de cette nouvelle musique dans cette période bénie, où les jeunes faisaient l’amour sans se poser de ques-tions, où il suffisait de traverser la rue pour trouver du boulot. Époque de changement radical, choc de générations, où la jeunesse prenait son indépendance, non sans quelques bleus.

Christian Le Morvan

Page 18: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

Sélection DVD

N°87 janvier-février-mars 201880

THE ROLLING STONESSTICKY FINGERSLIVE AT THE FONDA THEATRE 2015Universal / Eagle vision CD/DVDDans la collection From The Vault, regroupant les concerts historiques des Rolling Stones, Universal nous offre un nou-veau volume enregistré au Fonda Theatre en Californie, cadre intime, contrastant avec les grands stades. Pour la première et unique fois, le groupe jouait l’intégralité de l’album au succès gigantesque : Sticky Fingers, qui lançait la tournée Zip Code Tour et la réédition de l’album.

Le concert se décline en DVD, Blu-ray, Triple vinyles + DVD et en digipack CD+DVD, à mon avis, le plus intéressant est le DVD, offrant des interviews du groupe entre quelques titres, et l’on garde le CD (qui rassemble tous les titres du concert) pour le salon où la voiture.

Bien filmé et bien enregistré, la magie opère dès les premières notes. Ce DVD mérite cet achat, ne serait-ce que pour ce concert intégral de se sublime album.

Christian Le Morvan

JEFF BECKLIVE AT THE HOLLYWOOD BOWLEagle Rock / UniversalDVD-double CDEn 2016, Jeff Beck fêtait ses 50 ans de carrière ! À cette occasion, il investissait le Hollywood Bowl de Los Angeles pour un unique concert parcourant sa carrière, de ses débuts avec les Yardbirds, For Your Love, puis sous son nom, Beck’s Bolero, jusqu’à son dernier album Loud Hailer. Au cours de ce concert, il invita quelques grands artistes à le rejoindre sur scène, Billy Gibbons, Jimmy Hall, Jan Hammer, Steven Tyler, mais les deux grands moments sont Let Me You avec Buddy Guy, et I’d Rather Go Blind, superbe interprétation de Beth Hart, émotion garantie avec ces deux artistes. Beck laisse le chant libre à ses invités, en restant au second plan, l’humilité des grands ! Il interprète quelques reprises, dont un excellent Cause We’ve Ended As Lovers de Stevie Wonder et A Day In The Life de Lennon-McCartney… Et pour terminer, tout ce beau monde se retrouve sur scène, reprenant Purple Rain, dans un hommage émouvant à Prince, qui nous avait quittés quelques mois avant ce concert.

Ce concert restera une belle célébration de l’homme à la Stratocaster blanche, qui se situe dans le haut sur la liste des meilleurs guitaristes de la planète.

Christian Le Morvan 6 Rue du Verger - 91510 Lardy (RER ligne C) - Tél : 01 69 27 40 25http://perso.wanadoo.fr/le-pelical91

Page 19: Denis Gauthier SALAISE SUR SANNE - BLUES · PDF fileHill Country Blues a évolué de la même façon que la musique dans mon pays : la musique était dans les plaines du Delta et,

81 N°87 janvier-février-mars 2018

CD à la tentation

AURÉLIEN MORRO & THE CHECKERSFRENCH QUARTERMayco Prod - Inouïe DistributionAutant vous le dire de suite, pour moi, cet album est l’un des meilleurs qu’il m’ait été donné d’écouter cette année ! Tout y est absolument somptueux, la production est excellente, les cuivres sont énormes, le piano déchire, les chorus d’Aurélien sont toujours aussi précis et parfaitement à propos, les com-pos sont originales, avec un petit accent souvent Funky, par-ticulièrement jouissif. Bref, cet album, c’est du vrai plaisir en barres ! Ça groove à mort à chaque mesure, à un point tel qu’il est rigoureusement impossible d’écouter ce CD assis dans son fauteuil ! Quand la tête balance de gauche à droite et que les pieds battent la mesure, alors, nul besoin de commentaires superflus, c’est que c’est vraiment du très bon ! S’ils ne vont pas en finale de l’International Blues Challenge à Memphis, en janvier prochain, eux qui seront nos représentants pour 2018, c’est que le jury aura du persil dans les oreilles ! En conclusion, un énorme coup de cœur pour moi et, sans conteste, l’un des meilleurs albums de l’année !

Alain Hiot

ALTERED FIVE BLUES BANDCHARMED & DANGEROUSBlind Pig Records BPCD 5169Pour son 4ème opus, le quintet de Milwaukee, Wisconsin, s’est associé à Blind Pig Records, un des plus grands labels de Blues au monde. L’album, sorti en août 2017, produit et mixé à Nashville, Tennessee, par Tom Hambridge (Buddy Guy, George Thorogood, James Cotton…), qui est aussi le bat-teur du groupe, réunit Mark Solveson (bs), Raymond Tevich (claviers), Jeff Schroedl (gtr) et la grosse voix de baryton de Jeff Taylor. 13 titres originaux, en 48’, couvrent toute la gamme Blues, Blues-Rock et Rhythm’n Blues. Après le titre éponyme, un Rock enjoué Mint Condition, puis Three Forks, une version de l’histoire du Delta Blues de 1938 sur Robert Johnson. Steve Cohen, invité, y ajoute un superbe solo d’harmo, émouvant. On remarque un riff de guitare pointu sur On My List To Quit. En plage 5, If Your Heart Went Public, Blues lent chicagoan, suivi du Boogie Gonna Lose My Lady et d’un excellent Blues Cookin’ In Your Kitchen. Le puissant Three Alarm Desire et le Rock lourd Rotten, avant de conclure sur Look What You Made Me Do, chanson Blues traditionnelle qui apporte une fin parfaite à un album qui pourrait, d’ores et déjà, figurer parmi les meilleurs sorties Blues pour les fêtes.

Jean-Marcel Laroy

ALBERT CASTIGLIAUP ALL NIGHTRuf RecordsOn est dans la continuité d’Albert Castiglia, dernier guitariste, ne l’oublions pas, de Junior Wells… Sur ce 7ème album, le guitariste est expressif, et le trio qu’il mène est une machine puissante, avec un batteur et un bassiste au niveau des plus grands modèles (il va jusqu’à les comparer à des légendes, comme Jack Bruce ou Mitch Mitchell). Il nous livre, ici, son meilleur album. Il y invite la crème de la tribu Ruf, avec Mike Zito, producteur du CD et déjà présent sur Big Dog, signataire, lui aussi, d’un très bel album l’an passé, et Sonny Landreth sur 95 South… Très beau timbre de voix et solo de guitare sur Quit Your Bitching, un superbe low down Blues, et sur Unhappy House Of Blues, morceau co-composé par lui et Cyril Neville, où Johnny Sansone tient l’harmonica... Le son du Dockside Studio, déjà retenu sur le précédent album, est superbe.

Natalia et Patrice de Rendinger

AUTOMATIC CITYBONGOES & TREMOLOESStag-O-Lee2ème album de ce groupe hexagonal de Blues d’ici, d’ailleurs ou même de l’espace. Je préférerais, person-nellement, que ce qu’ils ramènent d’ailleurs et de l’espace reviennent de toute urgence ici, car ce groupe / album sont une véritable révélation ! Le 1er opus, One Bath Of Blues, est sorti chez Stag-O-Lee Records, en 2016, tout comme celui-ci. On avait, il y a quelque temps, l’habitude de qualifier de déjanté toute ce qui différait quelque peu de la gamme pentatonique et des 12 mesures. C’est certes de cela qu’il s’agit dans le cas présent, mais cela respire la nouveauté, l’originalité et l’esprit du Blues ! Les lascars jouent du Blues et du Rhythm’n Blues, en utilisant quelques instruments baroques en plus de ceux habituellement utilisés, et cela confère, tout de suite, un petit air original ! Ils reprennent des morceaux de Willie Dixon, Billy Boy Arnold, Chuck Berry à leur sauce et, croyez-moi, celle-ci est épicée à point ! Leurs propres compositions fusionnent parfaitement avec leurs reprises. Une formation à découvrir de toute urgence.

Dominique Boulay