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  • RfRentiel

    Dmarche diagnostique gnrale devant une cphale chronique

    quotidienne (CCQ) Prise en charge dune CCQ chez le migraineux : cphale par abus

    mdicamenteux et migraine chroniqueRecommandations de la SfeMC, Anllf et SfetD

    leS CAhieRS De lA SfetD

    no3

  • i. Prambule. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 I.1 Demandeurs des recommandations . . . . . . . . . . . 3

    I.2 Thme des recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . 3

    I.3 Patients concerns . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

    I.4 Professionnels concerns . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

    I.5 Grades des recommandations

    et mthodologie de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

    ii. Cphales chroniques quotidiennes . . . 5 II.1 Dfinitions et pidmiologie . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

    II.2 Dmarche diagnostique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

    II.3 Sevrage mdicamenteux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

    iii. Cphale par abus mdicamenteux . . 18 III.1 Dfinition de la cphale par abus mdicamenteux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

    III.2 pidmiologie de la cphale par abus mdicamenteux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

    III.3 Traitement de la cphale par abus mdicamenteux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

    III.4 Prvention de la cphale par abus mdicamenteux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

    iV. Migraine chronique . . . . . . . . . . . 26 IV.1 Dfinition de la migraine chronique . . . . . . . . . . 26

    IV.2 pidmiologie de la migraine chronique . . . . . . 26

    IV.3 Traitement de la migraine chronique . . . . . . . . . 28

    IV.4 Prvention de la migraine chronique . . . . . . . . . 32

    V. Particularit des CCQ chez les enfants et adolescents . . . . . 33

    Annexe 1 : Composition du groupe de travail . . . . . . . 34

    Annexe 2 : Composition du groupe de lecture. . . . . . . 35

    Annexe 3 : Agenda migraine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

    Rfrences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

    SOMMAiRe

  • 1Nous reproduisons ici les recommandations sur la prise en charge dune cphale chronique

    quotidienne parues dans la Revue Neurologique sous la rfrence : Lantri-Minet M, Demarquay G,

    Alchaar H, Bonnin J, Cornet P, Douay X, et al. Dmarche diagnostique gnrale devant une

    cphale chronique quotidienne (CCQ) - Prise en charge dune CCQ chez le migraineux :

    cphale par abus mdicamenteux et migraine chronique / Recommandations de la SFEMC,

    ANLLF et SFETD. Revue Neurologique 2014 ; 170(3) : 162-76. doi : 10.1016/j.neurol.2013.09.00.

    La rfrence princeps doit tre utilise pour toute citation de cet article. Nous remercions les

    ditions Elsevier Masson de nous avoir donn leur autorisation.

    Dmarche diagnostique gnrale devant une cphale chronique

    quotidienne (CCQ) Prise en charge dune CCQ chez le migraineux :

    cphale par abus mdicamenteux et migraine chronique

    Recommandations de la SFEMC, ANLLF et SFETD

    Auteurs :

    Lanteri-Minet Michel 1,2, Demarquay Genevive 3, Alchaar Haiel 4, Bonnin

    Jacques 5, Cornet Philippe 6, Douay Xavier 7, Dousset Virginie 8, Graud Gilles 9,

    Guillouf Valerie 10, Navez Malou 11, Radat Franoise 8, Radenne Simone 12,

    Revol Anne 13, Valade Dominique 14, Donnet Anne 15,2.

    1. Dpartement dvaluation et de traitement de la douleur, hpital Cimiez, btiment Mossa, 4, avenue Reine-Victoria, 06000 Nice, France

    2. Inserm/UdA, U1107, Neuro-Dol Clermont-Ferrand, facult de mdecine, BP 38, 28, place Henri-Dunant, 63001 Clermont-Ferrand, France

    3. Service de neurologie, hpital de la Croix-Rousse, hospices Civils de Lyon, 103, grande rue de la Croix-Rousse, 69004 Lyon, France

    4. Cabinet priv, 73, boulevard de Cimiez, 06000 Nice, France

    5. Cabinet priv, 3, rue Henri Matisse, 91100 Corbeil Essonnes, France

    6. Cabinet priv, 90, rue Jean-Pierre-Timbaud, 75011 Paris, France

    7. Cabinet priv, 3, avenue Henri-Delecaux, 59130 Lambersart, France

    8. Unit de traitement de la douleur chronique, CHU de Bordeaux, 1, place Amlie-Raba-Lon, 33076 Bordeaux, France

    9. Service de neurologie, hpital Rangueil, 1, avenue du Pr-Jean-Poulhs, TSA 50032, 31059 Toulouse cedex, France

    10. Centre dvaluation et de traitement de la douleur, CHRU, avenue Georges-Clemenceau, 14033 Caen cedex 9, France

    11. Centre dvaluation et de traitement de la douleur, hpital Bellevue, CHU, pavillon 50, 42055 Saint-Etienne, France

    12. Cabinet priv, 13, place dAligre, 75012 Paris, France

  • 213. Cabinet priv, 1, chemin du Penthod, 69300 Caluire, France

    14. Centre urgence cphales, hpital Lariboisire, 2, rue Ambroise-Par, 75010 Paris, France

    15. Centre dvaluation et de traitement de la douleur, hpital de la Timone, boulevard Jean-Moulin, 264, rue Saint-Pierre, 13385 Marseille, France

  • 3i. Prambule

    I.1 Demandeurs des recommandations

    Ces recommandations ont t demandes par la Socit Franaise dEtudes des

    Migraines et Cphales (SFEMC), la Socit Franaise dEtude et de Traitement

    de la Douleur (SFETD), et lAssociation des Neurologues Libraux de Langue

    Franaise (ANLLF).

    I.2 Thme des recommandations

    Ces recommandations concernent les cphales chroniques quotidiennes

    (CCQ). Elles sont le fruit de lactualisation des recommandations sur les CCQ

    publies par la Haute Autorit de Sant (HAS) en 2004 (HAS 2004). Considrant

    les donnes factuelles accumules depuis 2004, cette actualisation a conduit

    proposer de nouvelles recommandations sur la dmarche diagnostique

    gnrale devant une CCQ et la prise en charge dune CCQ survenant chez

    un patient migraineux en considrant plus particulirement la cphale par

    abus mdicamenteux et la migraine chronique qui sont les deux situations

    cliniques les plus frquentes en pratique. Ces recommandations viennent

    ainsi complter les recommandations professionnelles sur la Prise en

    charge diagnostique et thrapeutique de la migraine chez ladulte et chez

    lenfant : aspects cliniques et conomiques publies par lAgence Nationale

    dAccrditation et dEvaluation en Sant en 2002 (ANAES 2002) et rvises par

    la SFEMC en 2013 [1].

    I.3 Patients concerns

    Ces recommandations concernent essentiellement la dmarche diagnostique

    gnrale devant une CCQ de ladulte, et lorsque la CCQ survient chez un

    migraineux la prise en charge des cphales par abus mdicamenteux ainsi que

    celle de la migraine chronique. La littrature sur les CCQ de lenfant est plus pauvre.

    Le groupe de travail a cependant dgag quelques particularits concernant la

    dmarche diagnostique devant une CCQ de lenfant et deladolescent.

  • 4I.4 Professionnels concerns

    Les cibles professionnelles des recommandations sont tous les mdecins, les

    pharmaciens et les autres professionnels de sant.

    I.5 Grades des recommandations et mthodologie de travail

    les recommandations proposes ont t classes en grade A, B ou C selon les

    modalits suivantes :

    une recommandation de grade A est fonde sur une preuve scientifique tablie

    par des tudes de fort niveau de preuve comme des essais comparatifs randomiss

    de forte puissance et sans biais majeur et/ou mta-analyses dessais comparatifs

    randomiss, analyses de dcision bases sur des tudes bien menes ;

    une recommandation de grade B est fonde sur une prsomption scientifique

    fournie par des tudes de niveau intermdiaire de preuve, comme des essais

    comparatifs randomiss de faible puissance, des tudes comparatives non

    randomises bien menes, des tudes de cohorte ;

    une recommandation de grade C est fonde sur des tudes de moindre

    niveau de preuve, comme des tudes cas-tmoins, des sries de cas.

    En labsence de prcisions, les recommandations proposes sont fondes sur un

    accord professionnel (AP) entre les membres du groupe de travail. Labsence

    de niveau de preuve ne signifie pas que les recommandations labores ne

    sont pas pertinentes et utiles. Labsence de preuve doit inciter engager des

    tudes complmentaires lorsque cela est possible.

    La mthodologie utilise par la SFEMC, la SFETD et lANNLF a t la mthodologie

    AGREE II [2,3]. Un groupe de travail compos de membres de la SFEMC, SFETD,

    de lANLLF et de professionnels de sant indpendants de ces socits a t

    constitu (annexe 1). Les recommandations rdiges par ce groupe de travail ont

    t values par un groupe de lecture compos de membres de la SFEMC, SFETD,

    de lANLLF et de professionnels de sant indpendants de ces socits ainsi que

    par des reprsentants dassociation de patients (AFVD) (annexe 2). Initialement,

    ce projet a t soumis la HAS, mais cette dernire a rcus la majorit des

    membres du groupe de travail au motif de leurs liens dintrt qui, conformment

    la mthodologie utilise, ont t dclars. La SFEMC, la SFETD et lANNLF ont

    dcid de produire en leurs noms propres cette rvision des recommandations.

  • 5ii. Cphales chroniques quotidiennes

    II.1 Dfinitions et pidmiologie

    ii.1.1 Dfinition des cphales chroniques quotidiennes (CCQ)

    Les cphales chroniques quotidiennes (CCQ) se dfinissent par la prsence

    dune cphale survenant au moins 15 jours par mois depuis au moins trois

    mois (AP). Le consensus retient le seuil de 15 jours avec cphale par mois, le

    terme quotidien tant un terme dusage.

    Les CCQ nont pas t individualises en tant quentit nosographique dans

    les trois ditions successives de la classification internationale des cphales

    [4, 5, 6, 7] car il sagit de lexpression clinique que peuvent prendre diverses

    cphales.

    Les CCQ sont habituellement assimiles aux CCQ primaires et doivent tre

    diffrencies des CCQ secondaires (Figure 1) qui peuvent tre causes par de

    nombreuses tiologies. La prise en charge des CCQ secondaires est diffrente

    de celles des CCQ primaires et, hormis pour celle secondaire un abus

    mdicamenteux survenant chez le migraineux, elle ne fait pas lobjet des

    prsentes recommandations. De mme, ces recommandations ne concernent

    pas les CCQ primaires de courte dure dont la principale est lalgie vasculaire de

    la face chronique. Les CCQ primaires sont dans la pratique assimiles aux CCQ

    de longue dure, qui sont dfinies comme des CCQ primaires dont les pisodes

    cphalalgiques sont dune dure suprieure 4 heures sans traitement.

    Les CCQ primaires sont reprsentes par la migraine chronique (tableau

    1), les cphales de tension chronique (tableau 2), lhemicrania continua

    (tableau 3) et la CCQ de novo (tableau 4]. Le diagnostic de ces entits repose

    sur les critres diagnostiques de la version beta de la troisime dition de la

    classification internationale des cphales que vient de publier lIHS en juillet

    2013 (ICHD-III beta) [7].

  • 6Tableau 1

    Critres diagnostiques de la migraine chronique dfinis par linternational

    headache Society [7]

    A. Cphale prsente au moins 15 jours par mois depuis au moins

    3 mois.

    B. Cphale survenant chez un patient ayant prsent au pralable au

    moins 5 crises de migraine sans aura et/ou de migraine avec aura

    C. Cphale prsente au moins 8 jours par mois et rpondant aux critres

    C et D de la migraine sans aura, et/ou aux critres B et C de la migraine

    avec aura et/ou rpondant un traitement par triptan ou ergotamine

    D. Cphale non attribuable une autre cause

    NB : critres C et D de la migraine sans aura :

    C. Cphale ayant au moins deux des caractristiques suivantes :

    - unilatrale

    - pulsatile

    - modre ou svre

    - aggrave par les activits physiques de routine, telle que la monte ou

    la descente descaliers

    D. Associ la cphale, prsence dau moins lun des caractres suivants :

    - nauses et/ou vomissements

    - photophobie et phonophobie

    NB : critres B et C de la migraine avec aura :

    B. Au moins une des expressions cliniques de laura (totalement rversibles)

    suivantes :

    - visuelle

    - sensorielle

    - phasique et/ou dysarthrique

    - motrice

    - tronc crbral

    - rtinienne

  • 7C. Au moins deux des quatre caractristiques suivantes :

    - au moins une des expressions cliniques apparaissant progressivement

    en au moins 5 minutes et/ou au moins deux des expressions cliniques se

    succdant

    - chaque expression clinique durant de 5 60 minutes

    - au moins une des expressions unilatrale

    - cphale survenant pendant laura ou la suivant dans les 60 minutes

    Tableau 2

    Critres diagnostiques de la cphale de tension chronique dfinis par

    linternational headache Society en 2013 [7]

    A. Cphale prsente au moins 15 jours par mois depuis au moins 3 mois

    et rpondant aux critres B,C et D

    B. Cphale durant des heures ou pouvant tre continue

    C. Cphale ayant au moins deux caractristiques suivantes :

    localisation bilatrale

    type de pression ou de serrement (non pulsatile)

    dintensit lgre modre

    non aggrave par les activits physiques de routine comme la marche

    ou la monte descaliers

    D. Prsence des deux lments suivants

    pas plus dun lment suivant : photophobie, phonophobie ou nauses

    lgres

    ni nauses modres ou svres ni vomissements

    E. Cphale non attribuable une autre cause

  • 8Tableau 3

    Critres diagnostiques de lhemicrania continua dfinis par linternational headache Society en 2013 [7]

    A. Cphale unilatrale rpondant aux critres B-D.

    B. Cphale prsente depuis plus de 3 mois avec des exacerbations

    dintensit modre ou svre

    C. Prsence dau moins un des deux critres suivants :

    au moins un des signes suivants ipsilatraux la cphale

    injection conjonctivale et/ ou larmoiement

    congestion nasale et/ou rhinorrhe

    dme palpbral

    sueur du front et du visage

    rougeur du front ou du visage

    sensation de plnitude de loreille

    myosis et/ou ptosis

    agitation motrice ou aggravation de la douleur avec les mouvements

    D. Rponse complte des doses thrapeutiques dindomtacine

    E. Cphale non attribuable une autre cause

    Tableau 4

    Critres diagnostiques de la cphale chronique quotidienne de novo dfinis

    par linternational headache Society en 2013 [7]

    A. Cphale persistante, rpondant aux critres B-D.

    B. Dbut prcisment dat par le patient et caractre continu et sans

    rmission de la douleur apparaissant en moins de 24 heures

    C. Cphale prsente depuis plus de 3 mois

    D. Cphale non attribuable une autre cause

  • 9Figure 1 :

    Arbre dcisionnel des CCQ

    Cphales chroniquesquotidiennes (CCQ)

    >15 j/mois

    Cphales chroniquesquotidiennes (CCQ)

    de longue dure > 4 h

    Cphales chroniquesquotidiennes (CCQ)

    secondaires

    Cphales chroniquesquotidiennes (CCQ)

    primaires

    Cphales chroniquesquotidiennes (CCQ)

    de courte dure < 4 h

    Migrainechronique

    Cphale de tension chronique

    Cphale chronique de novo

    Hemicrania continua

    Rares

    ii.1.2 pidmiologie des CCQLpidmiologie des CCQ concerne leur prvalence et incidence, leur

    retentissement lchelle individuelle et leur retentissement lchelle socitale.

    II.1.2.1. Prvalence et incidence

    La prvalence de lensemble des CCQ est comprise entre 2,5 et 4 % de la

    population)[8, 9, 10]. En France, celle-ci a t estime 3 % de la population

  • 10

    ge de plus de 15 ans [11]. Lincidence des CCQ nest pas connue, mais une

    tude nord-amricaine a dmontr que 2,5 % des sujets souffrant de migraine

    pisodique dveloppent une CCQ en une anne [12] .

    La prvalence de la migraine chronique est plus difficile estimer en raison

    des modifications rcentes des critres diagnostiques de cette pathologie

    [5, 6, 7]. Une analyse de la littrature publie en 2010 montrait des chiffres

    de prvalence globale compris entre 1,4 et 2,2 % [13]. En France, 1,7 % des

    adultes prsenteraient une migraine chronique sans abus mdicamenteux et

    0.8 % une migraine chronique associe un abus mdicamenteux [14, 15] .

    La cphale de tension chronique a une prvalence estime entre 0,6 % [8] et

    3,3 % [9].

    La CCQ de novo et lhemicrania continua sont des cphales rares en population

    gnrale dont la prvalence exacte est inconnue.

    II.1.2.2 Retentissement individuel des CCQ

    Les CCQ reprsentent une pathologie handicapante avec un retentissement

    important sur la vie quotidienne. Le retentissement fonctionnel dcrit par les

    patients souffrant de CCQ est plus important que celui des sujets souffrant

    dune cphale pisodique (voir pour revue [16]). Ce retentissement est encore

    plus marqu si un abus mdicamenteux existe et si la CCQ a des caractristiques

    smiologiques migraineuses. Le retentissement fonctionnel de la CCQ peut

    tre apprhend au moyen de questions simples (portant sur le handicap

    induit dans les activits des sphres familiale, sociale et professionnelle) et

    de lagenda des cphales tenu par le patient. Ce retentissement fonctionnel

    peut tre quantifi au moyen dchelles de handicap dont les plus utilises,

    parmi celles dont on dispose dune traduction franaise valide, sont les

    chelles HIT-6 et MIDAS dont lusage est dj recommand pour lvaluation

    de la migraine pisodique [1]. Le retentissement fonctionnel des CCQ est trs

    frquemment associ un retentissement motionnel qui est galement

    plus important chez les patients souffrant dune CCQ que chez les patients

    souffrant dune cphale pisodique, particulirement chez ceux dont la

    CCQ sassocie un abus mdicamenteux et/ou sexprime avec une smiologie

    migraineuse. Les dimensions de ce retentissement motionnel peuvent tre

    anxieuse et/ou dpressive. Il doit tre apprhend par des questions simples

    et tre idalement quantifi au moyen dchelles. Lchelle de retentissement

    motionnel la plus adapte la pratique courante est lchelle HAD qui est

  • 11

    valide en langue franaise et qui est dj recommande pour lvaluation de

    la douleur chronique en ambulatoire (Haute Autorit de Sant 2008) et celle

    de la migraine pisodique [1]. La consquence du retentissement fonctionnel

    et/ou motionnel est une rduction de la qualit de vie. Cette altration de la

    qualit de vie doit tre apprhende globalement lors de la consultation mais

    elle est rarement quantifie en pratique, lutilisation dchelles telle lchelle

    SF-36 tant rserve la recherche clinique.

    II.1.2.3. Retentissement socital des CCQ

    Limpact conomique des CCQ est important en raison de cots directs induits

    par la consommation des ressources de soins (consultations, hospitalisations,

    examens para-cliniques et consommation mdicamenteuse) et de cots

    indirects secondaires la baisse de productivit professionnelle.

    En France, les cots directs induits par les CCQ ont t estims 1900 millions

    deuros [17]. Peu de donnes prcises sont disponibles quant aux cots

    indirects gnrs par les CCQ mais la perte de productivit induite par les CCQ

    est significativement suprieure celle des cphales pisodiques, notamment

    en cas de migraine chronique et/ou dabus mdicamenteux [16].

    II.2 Dmarche diagnostiqueChez un patient souffrant de CCQ, la dmarche diagnostique comprend

    plusieurs tapes successives.

    ii.2.1 Diagnostic positif de la CCQ

    La premire tape est de poser le diagnostic de CCQ qui correspond une

    cphale prsente depuis au moins 15 jours par mois depuis au moins trois

    mois. Lors de la premire consultation, le nombre exact de jours avec cphale

    peut tre difficile prciser si le patient na pas tenu un agenda au pralable

    car il peut alors sous-estimer ou surestimer ce nombre. Dans ce cas, aprs avoir

    limin une cphale secondaire (cf. II.2.2), il est recommand de demander

    au patient de tenir un agenda afin de prciser ce nombre (AP). Cet agenda,

    rapport lors de la consultation suivante, permet de confirmer ou dinfirmer le

    diagnostic de CCQ (annexe 3).

  • 12

    Terrain et antcdents mdicaux

    apparition de la CCQ chez un sujet de plus de 50 ans

    absence de cphale primaire pralable lapparition de la CCQ

    apparition de la CCQ dans un contexte pathologique (noplasie,

    maladie systmique)

    apparition de la CCQ pendant la grossesse ou le post-partum

    apparition de la CCQ depuis la prise dun mdicament

    Caractristiques de la cphale

    dbut rcent de la CCQ (moins dun an)

    dclenchement des cphales par la toux, un effort physique ou une

    manuvre de Valsalva

    caractre postural (prsente en orthostatisme, disparaissant en

    dcubitus)

    association des symptmes neurologiques (hormis ceux de laura)

    Donnes de lexamen clinique

    anomalies lexamen clinique, dme papillaire au FO

    ii.2.2 limination dune CCQ secondaire

    Les lments cliniques devant faire suspecter une CCQ secondaire sont rsums

    dans le tableau 5 [18]. La suspicion de CCQ secondaire doit amener la ralisation

    dexamens complmentaires comprenant une imagerie crbrale (idalement

    imagerie par rsonance magntique [IRM] encphalique, ou par dfaut scanner

    crbral avec injection) et selon lge et les donnes de lexamen clinique, un

    bilan biologique comprenant un bilan inflammatoire sanguin et/ou une analyse

    du liquide cphalo-rachidien aprs une ponction lombaire (AP).

    Tableau 5

    lments devant faire suspecter une CCQ secondaire [adapt de 18]

    ii.2.3 Dtermination de la nature de la cphale sous-jacente

    Les CCQ primaires compliquent dans la majorit des cas une cphale primaire

    pisodique. Linterrogatoire doit dterminer la nature de la cphale primaire

    sous-jacente qui correspond le plus souvent une migraine ou une cphale de

    tension (ou lintrication de ces deux cphales).

  • 13

    Cette tape repose sur lanamnse, le diagnostic sappuyant sur les critres de

    lICHD-III beta [7] de la migraine et de la cphale de tension (AP). Cette tape

    peut-tre difficile et ce nest parfois que lvolution qui permet didentifier la

    nature de la cphale initiale.

    ii.2.4 Recherche dun abus mdicamenteux et de son origine

    La dfinition de labus mdicamenteux repose sur le nombre mensuel de jours

    avec une prise dantalgiques ou danti-migraineux de crise, valu sur une

    priode de 3 mois. Comme pour le nombre de jours avec cphale, lutilisation

    dun agenda sur lequel le patient note ses prises mdicamenteuses est ncessaire

    pour confirmer labus mdicamenteux (AP). Labus mdicamenteux est dfini

    par une prise rgulire et frquente : au moins 15 jours par mois pour une

    prise dantalgiques non opiodes (paractamol, aspirine, anti-inflammatoires

    non-strodiens) et au moins 10 jours par mois pour une prise dopiodes,

    dergots, de triptans, dantalgiques associant plusieurs principes actifs et/ou

    en cas dutilisation combine de plusieurs mdicaments par le patient [7] (AP).

    Le motif de la prise mdicamenteuse doit tre pris en compte. Une surconsom-

    mation mdicamenteuse peut tre secondaire des pisodes cphalalgiques

    frquents, ou lintrication de cphale avec dautres phnomnes douloureux

    (par exemple une pathologie musculo-squelettique) (AP).

    Il est galement important de rechercher si labus mdicamenteux est

    support par une prise anticipatoire des mdicaments lie lanxit, voire

    des phnomnes de dpendance (AP).

    ii.2.5 Recherche des autres facteurs de risque de CCQ

    Linterrogatoire doit rechercher, indpendamment de labus mdicamenteux, les

    facteurs de risque de CCQ qui ont t identifis lors des tudes pidmiologiques :

    anxit gnralise, pisode dpressif avr, vnements biographiques

    stressants, douleurs musculo-squelettiques, troubles ventilatoires du sommeil et

    excs pondral (AP). Bien quil ne soit pas dmontr que la prise en charge de

    ces facteurs de risque modifie lvolution des CCQ, la prise en charge de ces

    facteurs doit tre ralise (AP).

    ii.2.6 Synthse diagnostique dune CCQ chez un migraineux

    La migraine tant la cphale primaire sous-jacente le plus souvent associe

    une CCQ, la suite de cette dmarche ne concernera que la synthse diagnostique

  • 14

    dune CCQ chez un migraineux. Deux situations peuvent se rencontrer :

    De manire rare, le patient na pas dabus mdicamenteux quand il se prsente

    la consultation ; il sagit dun patient prsentant une migraine chronique

    sous rserve que les critres diagnostiques de lICHD-III beta soient prsents.

    Dans le cas le plus courant, il sagit dun patient migraineux en CCQ se

    prsentant avec un abus mdicamenteux. En dpit de labsence de donnes

    factuelles dmontrant sa pertinence, il existe un consensus faisant de la

    ralisation du sevrage* en antalgiques et/ou en antimigraineux spcifiques

    un pralable incontournable la prise en charge dun patient migraineux

    en CCQ se prsentant avec un abus mdicamenteux (AP). Ce sevrage*

    permettra de dterminer le diagnostic final, savoir : migraine chronique

    en cas de persistance de la CCQ deux mois aprs le sevrage ou cphale par

    abus mdicamenteux si la CCQ a disparu deux mois aprs le sevrage (AP). Le

    sevrage est galement utile car il permet de retrouver une meilleure efficacit

    du traitement de crise et du traitement prophylactique [19] (grade C).

    * Le terme sevrage sera utilis dans ces recommandations pour dfinir larrt de la surconsommation mdicamenteuse quil y ait ou non une dpendance mdicamenteuse.

    II.3 Sevrage mdicamenteux

    Les donnes factuelles sont insuffisantes pour recommander un protocole de

    sevrage particulier (AP). Aucune tude na compar un sevrage brutal un

    sevrage progressif. Aucune diffrence na t mise en vidence entre un sevrage

    ralis avec une approche non pharmacologique et un sevrage ralis avec une

    approche pharmacologique [20] mais des donnes non contrles plaident

    pour une supriorit de lassociation de ces deux approches [21] (grade C). De

    mme, la comparaison du sevrage ralis en ambulatoire et de celui ralis en

    milieu hospitalier a montr une efficacit similaire [22, 23] (grade B). Aucune

    tude na valu spcifiquement un traitement prophylactique lors du sevrage

    mdicamenteux (cf. revue dans [24]). Enfin, concernant le traitement de la

    cphale de rebond, lvaluation de lefficacit de la prednisolone a donn des

    rsultats tantt ngatifs [25] (grade B) tantt positifs [26, 27] (grade B) et aucun

    autre traitement na t valu dans des conditions contrles (cf. revue

    dans [24]). Cest notamment le cas de traitements par voie parentrale qui ont

    t proposs en association au sevrage, en particulier aux Etats-Unis, et qui

    concernent la dihydroergotamine [28, 29] et le valproate de sodium [30].

  • 15

    En pratique le sevrage est le plus souvent ralis en ambulatoire, sachant

    que dans certaines situations il peut tre ralis lors dune hospitalisation en

    premire intention (AP).

    ii.3.1 Sevrage mdicamenteux en ambulatoire

    Actuellement, une majorit de patients souffrant de CCQ associe un abus

    mdicamenteux bnficie dun sevrage mdicamenteux en ambulatoire.

    Le sevrage ambulatoire peut-tre brutal ou progressif (AP), ses modalits

    devant tre adaptes individuellement en fonction du patient, de son mode de

    vie et du (ou des) mdicament(s) utilis(s) en excs (AP). Le sevrage ambulatoire

    doit tre associ un traitement prophylactique antimigraineux (AP). Les

    prcdentes recommandations franaises positionnaient lamitriptyline

    comme le traitement de rfrence dans cette situation (HAS 2004). Cette

    recommandation reposait sur un consensus professionnel considrant

    labsence de donnes factuelles. Depuis, des donnes contrles ont montr

    une efficacit prophylactique dans cette situation pour le topiramate [31, 32]

    (grade B) et, considrant ces donnes, le topiramate devrait tre le traitement

    pharmacologique proposer en premire intention. Nanmoins, la robustesse

    de ces donnes peut tre discute car elles ont t obtenues dans des tudes

    qui avaient inclus des patients souffrant de migraine chronique associe ou

    non un abus mdicamenteux et il existe un consensus faisant que tout

    traitement de fond antimigraineux valid dans la migraine pisodique peut

    tre propos (AP). Comme dans le traitement de la migraine pisodique, le

    choix du traitement prophylactique repose sur les comorbidits, les traitements

    antrieurement utiliss et les effets indsirables potentiels (cf. [1]).

    ii.3.2 Sevrage mdicamenteux hospitalier

    Le sevrage mdicamenteux hospitalier est une modalit plus rare. Ses indications

    sont : limpossibilit pour le patient deffectuer le sevrage en ambulatoire,

    lanciennet de labus, labus impliquant plusieurs classes pharmacologiques,

    une dpendance comportementale et/ou une comorbidit psychiatrique et la

    iatrognie de labus (AP).

    Le sevrage mdicamenteux hospitalier est brutal ds le premier jour de

    lhospitalisation (AP). Du fait de sa brutalit, le sevrage hospitalier saccompagne

    dune cphale de rebond qui peut durer entre 2 et 10 jours mais dont les

    caractristiques (dlai dapparition, svrit et dure) dpendent de la nature

  • 16

    du (ou des) mdicament(s) impliqus dans labus (prcoce et peu svre

    pour les triptans, tardif et plus svre pour les opiodes) [33] (grade C). Cette

    cphale de rebond peut sassocier une symptomatologie digestive (nauses

    et/ou vomissements) et une hyperesthsie sensorielle importantes tmoignant

    de sa nature migraineuse. Cette cphale de rebond peut galement sassocier

    une exacerbation de lanxit avec irritabilit. Aucune donne factuelle

    nest disponible quant la manire de prendre en charge cette cphale de

    rebond (cf. supra) et, dans la pratique, les attitudes diffrent dune quipe

    lautre sachant que le principe gnral est dans la mesure du possible de ne

    pas proposer de traitement pharmacologique [24] afin de respecter le principe

    du sevrage mdicamenteux.

    Les prcdentes recommandations franaises proposaient lamitriptyline par

    voie parentale comme traitement devant tre associ au sevrage hospitalier.

    Bien que son niveau de preuve soit faible, cette recommandation reste

    majoritairement applique en France, sachant que ses modalits de mise en

    place (posologie et dure) sont adaptes individuellement (AP).

    ii.3.3 Accompagnement non pharmacologique du sevrage mdicamenteux

    Quil soit ralis en ambulatoire ou en milieu hospitalier, le sevrage

    mdicamenteux doit tre accompagn dune dmarche ducative qui a trois

    objectifs principaux (AP). Elle doit permettre au patient de comprendre la

    relation entre la prise excessive de mdicament de crise et lentretien de la

    CCQ. Elle doit galement permettre au patient de contrler une ventuelle

    prise anticipatoire de ces mdicaments. Enfin, si le patient prsente des

    cphales de tension entre ses crises migraineuses, elle doit lui permettre de

    mieux distinguer la nature de la cphale lorsquelle dbute afin de ne traiter

    que les crises migraineuses.

    En rfrence aux recommandations de la prise en charge de la migraine

    pisodique [1], la relaxation-gestion du stress, le retro-contrle biologique

    et la thrapie cognitivo-comportementale ont leur place dans le cadre dune

    prise en charge psycho-comportementale (AP).

    Dans le cas particulier dune authentique dpendance, notamment aux

    opiodes, un avis voire une prise en charge addictologique peut-tre

    ncessaire (AP).

  • 17

    ii.3.4 Synthse lissue du sevrage

    La ralisation dun sevrage mdicamenteux montre que la moiti des patients

    migraineux souffrant dune CCQ associe un abus mdicamenteux voit

    lexpression de la cphale redevenir pisodique deux mois aprs un sevrage

    effectif faisant considrer labus mdicamenteux comme la cause de la CCQ

    alors que lautre moiti voit la CCQ persister faisant envisager cet abus comme

    une consquence [19] (grade C).

    Quelles que soient ses modalits de ralisation, le sevrage mdicamenteux,

    quand il est effectif, permet ainsi de confirmer le diagnostic a posteriori.

    si la CCQ a disparu deux mois aprs un tel sevrage et que la migraine est

    revenue une expression pisodique (< 15 jours avec cphale/mois) le

    diagnostic de cphale par abus mdicamenteux est confirm (AP).

    a contrario, si la CCQ persiste deux mois aprs la ralisation dun sevrage

    bien conduit, le diagnostic de migraine chronique est pos (AP).

    Outre sa valeur diagnostique, le sevrage permet probablement de rendre le

    traitement prophylactique de la migraine plus efficient [34].

    Cependant, dans certains cas, ce sevrage nest pas effectif (impossibilit

    complte du sevrage ou rapparition de labus mdicamenteux avant les deux

    mois requis). Dans cette situation, il est recommand de refaire un sevrage

    avec dautres modalits (notamment mise en place dun sevrage hospitalier

    si le premier a t ralis en ambulatoire). Si plusieurs sevrages restent non

    effectifs, il est recommand de considrer le patient comme souffrant dune

    migraine chronique (AP).

  • 18

    iii. Cphale par abus mdicamenteux

    III.1 Dfinition de la cphale par abus mdicamenteux

    La cphale par abus mdicamenteux est une CCQ qui affecte des sujets

    souffrant pralablement dune cphale primaire dexpression pisodique

    chez qui lusage excessif du traitement de crise induit la transformation de

    lexpression pisodique vers une expression chronique et entretient ensuite

    la CCQ. La cphale primaire sous-jacente est dans la grande majorit des

    cas une migraine, plus rarement une migraine associe une cphale de

    tension ou une cphale de tension isole. Il est important de rappeler que

    les patients douloureux chroniques et qui consomment quotidiennement

    des antalgiques ne dveloppent pas de cphales par abus mdicamenteux

    sils ne souffrent pas dune cphale primaire alors que cela peut-tre le cas

    sils sont pralablement cphalalgiques [35,36,37] (grade C).

    Dans la deuxime dition de la classification internationale des cphales

    [5] rvise en 2006 [6] qui a individualis cette entit, labus mdicamenteux

    est dfini par le nombre de jours avec consommation dun traitement

    de crise, quelle que soit sa quantit journalire (tableau 6), ce nombre tant

    valu sur trois mois conscutifs. En fonction des classes mdicamenteuses,

    diffrents seuils ont t proposs : au moins 15 jours par mois pour une prise

    dantalgiques non opiodes (paractamol, aspirine, anti-inflammatoires

    non-strodiens) et au moins 10 jours par mois pour une prise dopiodes,

    dergots, de triptans, dantalgiques associant plusieurs principes actifs et/ou

    en cas dutilisation combine de plusieurs mdicaments par le patient (AP).

    La prsence dune cphale par abus mdicamenteux ne peut tre voque

    que si la surconsommation mdicamenteuse est rgulire (Figure 2 (AP).

    Ces seuils nont pas t modifis dans la version beta de la 3e dition de la

    classification internationale des cphales [7].

  • 19

    Chaque ligne horizontale reprsente un agenda sur un mois et chaque trait vertical un jour avec consommation dun traitement de crise. Dans les deux cas, le patient prsente un abus mdicamenteux avec une consommation de traitement de crise 15 jours dans le mois. Dans le premier cas, la cphale par abus mdicamenteux est suspecte du fait de la rgularit des prises. Dans le second cas, la cphale par abus mdicamenteux est peu probable du fait de lintervalle prolong entre les priodes avec prises mdicamenteuses et au cours duquel le patient ne prsente aucune cphale de rebond. Ce schma a une vise didactique ; la consommation mdicamenteuse pouvant tre trs fluctuante, il convient en pratique de raisonner si possible sur une priode de trois mois.

    En dpit de sa survenue chez des sujets souffrant de cphale primaire, la

    cphale par abus mdicamenteux est par dfinition une cphale secondaire.

    Comme toute cphale secondaire, son traitement est la suppression de sa

    cause faisant quelle doit conduire un sevrage mdicamenteux qui seul permet

    la confirmation du diagnostic par le retour une expression cphalalgique

    pisodique (AP). Lefficacit de ce sevrage faisait partie intgrante des critres

    diagnostiques de la cphale par abus mdicamenteux de la deuxime dition

    de la classification internationale des cphales [5] (cf. tableau 6). Lefficacit

    du sevrage mdicamenteux en tant que critre diagnostique de la cphale

    par abus mdicamenteux a t supprime dans la rvision de cette 2e dition

    [6], cette suppression ayant t confirme dans la version beta de la 3e dition

    de la classification internationale des cphales [7] (cf. tableau 6). Cependant,

    en pratique quotidienne, face un patient souffrant de CCQ associe un

    abus mdicamenteux, la ralisation du sevrage est ncessaire (cf. II.2.6) (AP).

    Figure 2

    Modalits de prise mdicamenteuse et cphale par abus mdicamenteux

  • 20

    A. Cphale prsente au moins 15 jours par mois chez un patient ayant

    une cphale pr-existante

    B. Abus* rgulier depuis plus de 3 mois dun ou de plusieurs mdicaments

    pouvant tre utilis(s) comme traitement des cphales

    C. Non attribuable une autre cause

    Tableau 6

    Cphale par abus mdicamenteux selon lihCD-iii beta [7]

    * Labus mdicamenteux est dfini par le nombre de jours avec consommation dun traitement de crise quelle que soit sa quantit journalire, ce nombre tant valu sur trois mois conscutifs. En fonction des classes mdicamenteuses, diffrents seuils sont considrs : au moins 15 jours par mois pour une prise dantalgiques non opiodes (paractamol, aspirine, anti-inflammatoires non-strodiens) et au moins 10 jours par mois pour une prise dopiodes, dergots, de triptans, dantalgiques associant plusieurs principes actifs et/ou en cas dutilisation combine de plusieurs mdicaments par le patient.

    III.2 pidmiologie de la cphale par abus mdicamenteux

    La cphale par abus mdicamenteux est difficile apprhender sur le

    plan pidmiologique du fait des modifications successives des critres

    diagnostiques et de la ncessit dun sevrage mdicamenteux pour affirmer sa

    prsence, la ralisation dun tel sevrage tant difficilement vrifiable dans les

    tudes en population gnrale.

    iii.2.1 Prvalence et incidence de la cphale par abus mdicamenteux

    La prvalence de la cphale par abus mdicamenteux est estime 1 %

    de la population gnrale adulte [revue dans 38]. En France, une tude en

    population gnrale adulte a estim 0,8 % la prvalence des migraineux

    souffrant de CCQ associe un abus mdicamenteux [15, 16]. Lincidence

    de la cphale par abus mdicamenteux nest pas connue en population

    gnrale.

  • 21

    iii.2.2 facteurs de risque de la cphale par abus mdicamenteux

    Sur le plan sociodmographique, les cphales par abus mdicamenteux

    sont plus frquentes chez les femmes et dans les milieux socio-conomiques

    dfavoriss [revue dans 38].

    Labus mdicamenteux caractrisant la cphale par abus mdicamenteux peut

    concerner tous les traitements de crise utiliss par les migraineux. Nanmoins,

    une large tude pidmiologique longitudinale conduite en population

    gnrale nord-amricaine a montr que les migraineux prsentaient un risque

    globalement plus lev de dvelopper une CCQ si leur traitement de crise tait

    constitu de mdicaments non recommands (opiodes, barbituriques) [12].

    Cette tude a galement montr quil existait un lien plus complexe entre le

    risque de dvelopper une CCQ et la nature pharmacologique du traitement de

    crise utilis par les migraineux ds lors qutait considre la frquence des crises.

    Ainsi, les triptans et les AINS ne sont pas associs un risque accru de dvelopper

    une CCQ lorsque le migraineux qui les utilise souffre dune migraine pisodique

    basse frquence (

  • 22

    dpendance dans la cphale par abus mdicamenteux est support par un

    dysfonctionnement du cortex frontal [revue dans 44] qui a t confirm par

    des tudes en neuro-imagerie [45, 46] et de neuropsychologie [47] (grade B).

    Linteraction entre la nature des classes pharmacologiques impliques dans

    labus et les facteurs de risque psychopathologiques a conduit Saper et Lake

    proposer deux types de cphale par abus mdicamenteux [48]. Le type I

    correspondrait des sujets ne prsentant pas de troubles comportementaux,

    ayant une faible comorbidit anxio-dpressive et utilisant des mdicaments

    non psychoactifs alors que le type II correspondrait des sujets prsentant

    une dpendance associe une importante comorbidit anxio-dpressive et/

    ou utilisant des mdicaments psychoactifs.

    iii.2.3 Retentissement individuel de la cphale par abus mdicamenteux

    Toutes les tudes pidmiologiques ont montr que labus mdicamenteux est

    un des dterminants important du retentissement individuel des CCQ [revue

    dans 16].

    Peu de donnes sont disponibles pour prciser, au-del de linduction et de

    lentretien de la CCQ, la iatrognie de labus mdicamenteux au cours des

    cphales par abus mdicamenteux, sauf en ce qui concerne les triptans dont

    la pharmacovigilance est rassurante avec deux tudes cas-tmoins [49, 50]

    ayant montr que labus de triptans ntait pas associ une augmentation

    du risque de survenue dvnements indsirables cardio-vasculaires (garde C).

    Malgr la pauvret de ces donnes factuelles, il est recommand dvaluer

    la iatrognie ventuelle (en particulier digestive, rnale et hpatique) de

    labus mdicamenteux, notamment si labus concerne des antalgiques non

    spcifiques souvent disponibles sans prescription (AP).

    iii.2.4 Retentissement socital de la cphale par abus mdicamenteux

    A linstar du retentissement individuel, toutes les tudes pidmiologiques

    ont montr que labus mdicamenteux est un des dterminants importants du

    retentissement socital des CCQ [revue dans 16].

  • 23

    III.3 Traitement de la cphale par abus mdicamenteux

    iii.3.1 Donnes factuelles

    Les donnes factuelles sont insuffisantes pour recommander un protocole de

    sevrage particulier (cf. chapitre II.3) (AP).

    iii.3.2 Stratgie thrapeutique

    En dpit de labsence de donnes factuelles dmontrant sa pertinence, il

    existe un consensus faisant de la ralisation du sevrage en antalgiques et/ou

    en antimigraineux spcifiques un pralable incontournable (cf. chapitre II.3)

    la prise en charge dun patient migraineux en CCQ se prsentant avec un

    abus mdicamenteux (AP). Ce sevrage, quil soit ralis en ambulatoire ou

    en milieu hospitalier, permettra de dterminer le diagnostic final, savoir :

    migraine chronique en cas de persistance de la CCQ deux mois aprs le sevrage

    ou cphale par abus mdicamenteux si la CCQ a disparu deux mois aprs le

    sevrage. Le sevrage est galement utile car il permet de retrouver une meilleure

    efficacit du traitement de crise et du traitement prophylactique [34] (grade C).

    Dans le cas dun sevrage mdicamenteux non efficace avec persistance de

    la CCQ deux mois aprs un sevrage mdicamenteux bien conduit, le patient

    doit tre considr comme souffrant dune migraine chronique sous rserve

    que les critres ICHD-III beta soient prsents et le patient trait comme tel

    (chapitre IV).

    Dans le cas dun sevrage mdicamenteux efficace avec le retour une

    expression pisodique de la migraine, confirmant donc la cphale par abus

    mdicamenteux, ltape ultrieure est le suivi du patient en vue de prvenir

    la rechute qui est une rapparition de la CCQ avec abus mdicamenteux.

    Le taux de rechute varie de 0 49 % selon les tudes et ne dpend pas des

    modalits de sevrage [revue dans 38]. Les facteurs de bon pronostic sont un

    abus initial en AINS et/ou triptans [51] et labsence de comorbidit anxieuse

    et/ou dpressive [52] correspondant au type I dfini par Saper et Lake (AP). Les

    facteurs de mauvais pronostic sont linverse un abus mdicamenteux initial

    important et concernant les opiodes, ainsi quune consommation associe de

    substances psychoactives non antalgiques (tabac, alcool, benzodiazpines)

  • 24

    [53], et lexistence de troubles du sommeil [54], lensemble de ces lments

    correspondant au type II de Saper et Lake (AP).

    Les rechutes surviennent majoritairement dans la premire anne faisant

    suite au sevrage [revue dans 38] (grade C) imposant un suivi rgulier pendant

    cette priode (AP). Le traitement prophylactique choisi pour accompagner le

    sevrage doit tre maintenu sous rserve quil soit bien tolr (AP). En cas de

    mauvaise tolrance, le choix du nouveau traitement prophylactique repose

    sur les recommandations de prise en charge de la migraine pisodique

    [1] (AP). Lors de ce suivi, il est essentiel de rappeler tous les patients la

    ncessit de tenir un agenda prospectif (permettant le recueil de toutes

    les cphales et de tous les mdicaments antalgiques et antimigraineux

    spcifiques) et de ne pas utiliser le traitement de crise plus de deux jours par

    semaine de faon rgulire [1] (AP). Ces consignes peuvent tre enseignes

    au patient dans le cadre de programmes dducation thrapeutique qui ont

    t dvelopps par certaines quipes (AP). Pour les patients prsentant une

    comorbidit anxieuse et/ou dpressive et, a fortiori, chez ceux ayant des

    troubles comportementaux, une prise en charge non pharmacologique est

    indispensable (AP). En fonction de la svrit de ces lments, cette prise

    en charge peut aller de la simple relaxation une prise en charge cognitivo-

    comportementale (AP).

    III.4 Prvention de la cphale par abus mdicamenteux

    La prvention de la cphale par abus mdicamenteux chez les migraineux repose

    sur la prise en charge de la migraine pisodique selon les recommandations de

    bonnes pratiques [1] (AP).

    Il est tout particulirement important dinsister sur :

    la tenue dun agenda,

    la ncessit pour le patient de connatre la notion de pr-abus dfinie par la

    prise dun traitement de crise au moins deux jours par semaine depuis plus

    de trois mois,

    limportance de la recherche dune comorbidit anxieuse pouvant conduire

    des prises mdicamenteuses anticipatoires,

  • 25

    limportance dapprendre au patient distinguer dventuelles cphales

    tensives sintercalant entre ses crises migraineuses afin de ne pas traiter

    systmatiquement tout pisode cphalalgique ds son dbut.

    Il est par ailleurs important de sensibiliser le migraineux au risque de

    consommation de substances psychoactives (tabac, caf, th, coca-cola),

    ainsi quau risque de prise dantalgiques pour un problme douloureux

    chronique, en particulier musculo-squelettique, autre que la migraine ; cette

    prise dantalgiques pouvant tre le facteur inducteur de la cphale par abus

    mdicamenteux (AP).

    Enfin, les troubles du sommeil devront tre dpists afin de prvenir une

    automdication par des benzodiazpines et/ou hypnotiques (AP).

    A linstar des programmes dducation thrapeutique proposs pour prvenir

    la rechute de la cphale par abus mdicamenteux (cf. supra), des quipes

    ont galement dvelopp des programmes dducation thrapeutique qui

    peuvent tre proposs aux patients souffrant de migraine pisodique afin de

    prvenir le dveloppement dune cphale par abus mdicamenteux (AP).

  • 26

    iV. Migraine chronique

    IV.1 Dfinition de la migraine chronique

    La migraine chronique est une entit dindividualisation rcente. Depuis cette

    individualisation en 2004 [5], les critres diagnostiques ont t plusieurs fois

    modifis, aboutissant aux critres de rfrence qui sont ceux de la version beta

    de la troisime dition de la classification internationale des cphales [7]

    (tableau 1).

    La version beta de la troisime dition de la classification internationale des

    cphales a individualis la migraine chronique en tant que forme clinique de

    la migraine et non comme une complication de la migraine pisodique. Elle a

    galement modifi les critres de la migraine chronique afin dintroduire le fait

    que la migraine chronique peut galement sexprimer par des auras. Ainsi, cette

    version propose que la CCQ survienne chez un migraineux dont la maladie tait

    antrieurement pisodique avec une expression sans et/ou avec aura (critre

    B). De mme, dans cette version, la smiologie migraineuse de la CCQ peut-

    tre celle de la migraine sans aura et/ou celle de la migraine avec aura (critre

    C). Par ailleurs, cette version a supprim labus mdicamenteux du critre D

    (ce critre indiquant simplement quune autre cause de CCQ a t carte), le

    comit en charge de cette nouvelle version de la classification proposant quun

    patient migraineux souffrant de CCQ associe un abus mdicamenteux soit

    diagnostiqu avec les deux diagnostics : migraine chronique et cphales par

    abus mdicamenteux. Cette version de la classification confirme donc la ncessit

    denvisager un sevrage en premier intention devant cette situation clinique.

    IV.2 pidmiologie de la migraine chronique

    A linstar de la cphale par abus mdicamenteux, lpidmiologie de la

    migraine chronique est difficile tudier pour deux raisons principales. La

    premire rsulte des modifications successives des critres diagnostiques faisant

    que peu de donnes ont t tablies avec pour rfrence les derniers critres.

    La seconde dcoule de la difficult apprhender sur le plan pidmiologique

    la situation dune CCQ associe un abus mdicamenteux qui impose le

    sevrage mdicamenteux pour pouvoir ventuellement confirmer le diagnostic

  • 27

    de migraine chronique. Cette dernire difficult concerne particulirement les

    tudes ralises en population gnrale.

    iV.2.1 Prvalence et incidence de la migraine chronique

    Selon une revue rcente de la littrature, la prvalence de la migraine

    chronique varie de 1,4 % 2,2 % [13]. En France, une tude en population

    gnrale adulte a estim la prvalence de la migraine chronique 1,7 %,

    [15]. Lincidence de la migraine chronique nest pas connue, mais une tude

    nord-amricaine a dmontr que 2,5 % des patients souffrant de migraine

    pisodique dveloppaient une CCQ lors dune anne de suivi longitudinal [18].

    iV.2.2 facteurs de risque de la migraine chronique

    Lpidmiologie analytique a permis didentifier des facteurs de risque de

    la transformation dune migraine pisodique vers une migraine chronique

    [revue dans 55, 56]. Certains de ces facteurs sont non modifiables : la race

    caucasienne, le sexe fminin, lge, le faible niveau socio-conomique, la

    sparation conjugale et les antcdents de traumatismes crniens. Dautres

    sont modifiables : la frquence des crises migraineuses (avec une relation entre

    la frquence des crises et la probabilit de dvelopper une migraine chronique

    qui nest pas linaire et un seuil de majoration du risque partir de 3 crises par

    mois), laugmentation de lindex de masse corporelle, labus mdicamenteux

    en traitement de crise, labus en cafine, les vnements biographiques

    stressants et le ronflement nocturne. Dautres facteurs de risque potentiels

    sont galement discuts : lexistence dune allodynie cutane, les comorbidits

    avec un tat pro-inflammatoire et un autre syndrome douloureux chronique

    notamment dorigine musculo-squelettique.

    iV.2.3 Retentissement individuel de la migraine chronique

    Les tudes pidmiologiques consacres au retentissement individuel de

    la migraine chronique ont t ralises dans les suites de celles consacres

    aux CCQ et elles ont toutes confirm que le retentissement fonctionnel, le

    retentissement motionnel, et laltration de la qualit de vie associs la

    migraine chronique sont significativement suprieurs ceux associs la

    migraine pisodique [revue 15 ; 57 ; 58].

  • 28

    iV.2.4 Retentissement socital de la migraine chronique

    Comme pour le retentissement individuel, les tudes pidmiologiques

    consacres au retentissement socital de la migraine chronique ont confirm

    un impact conomique significativement plus important de la migraine

    chronique par rapport la migraine pisodique [revue dans 15]. Une tude

    rcente visant valuer limpact conomique de la migraine chronique dans

    cinq pays europens, dont la France, a montr que les cots directs annuels

    pour un migraineux chronique sont 2 4 fois suprieurs ceux induits par

    un migraineux pisodique [59]. Il a galement t dmontr que la perte de

    productivit induite par la migraine chronique est suprieure celle de la

    migraine pisodique [58].

    IV.3 Traitement de la migraine chronique

    iV.3.1 Donnes factuelles

    Lapproche thrapeutique de la migraine chronique repose sur un traitement

    prophylactique et il existe un consensus dexperts suggrant que les

    traitements prophylactiques de la migraine pisodique peuvent tre utiliss

    pour traiter la migraine chronique [60]. Nanmoins, il nexiste aucune donne

    factuelle dmontrant leur efficacit. De plus, depuis une dizaine annes, des

    dveloppements cliniques ont t raliss spcifiquement dans lindication

    du traitement prophylactique de la migraine chronique, sappuyant plus

    ou moins sur les recommandations mthodologiques spcifiques proposes

    par lInternational Headache Society [61]. Au-del de ces particularits

    mthodologiques, il est important dinsister sur le biais dinterprtation que

    peut induire lhistoire naturelle de la migraine chronique telle quelle a t

    dmontre par lapproche pidmiologique. Ainsi, une tude pidmiologique

    nord-amricaine ralise en population gnrale a montr que 26 % des sujets

    souffrant de migraine chronique voluent spontanment vers une expression

    pisodique de leur migraine sur deux annes de suivi longitudinal [62].

    La prgabaline, la zonisamide et la memantine ont t rapportes comme

    possiblement efficaces mais dans des tudes ouvertes [63, 64, 65, 66]. Le

    valproate de sodium, la gabapentine, la tinazidine, la fluoxtine, lamitriptyline

    et levetiracetam ont t valus dans des tudes contrles ayant inclus

    des patients souffrant de migraine chronique mais galement des patients

  • 29

    souffrant de cphale de tension chronique sans permettre de confirmer leur

    potentiel thrapeutique respectif [67, 68, 69, 70, 71, 72].

    Les dveloppements cliniques ayant conduit des tudes contrles ddies

    spcifiquement la migraine chronique concernent : le topiramate, la toxine

    botulinique de type A et la stimulation du nerf grand occipital.

    IV.3.1.1 Topiramate

    Deux tudes thrapeutiques contrles [31, 32] ont montr une efficacit du

    topiramate significativement suprieure au placebo (grade A), cette efficacit

    tant similaire que les sujets prsentent ou pas un abus mdicamenteux associ

    [73] (grade B). La taille de leffet thrapeutique restait modeste (topiramate

    vs placebo : 6,4 + 5,8 jours/mois vs. 4,7 + 6,1 jours/mois [31] ; 3,5 + 6,3 jours/mois

    vs. 0,2 + 4,7jours/mois [32]). Par ailleurs, le profil de tolrance observ dans

    ces deux tudes tait comparable celui observ dans les tudes ayant valid

    lutilisation du topiramate dans la prophylaxie de la migraine pisodique.

    Cependant, le topiramate prsente des effets secondaires non ngligeables,

    en particulier au niveau central, pouvant limiter lutilisation de cette molcule.

    Enfin, lassociation du propranolol au topiramate ne sest pas rvle

    significativement plus efficace que le topiramate seul [74] (grade A) sachant quil

    existe un consensus pour envisager un avenir possible dautres prophylaxies

    pharmacologiques combines dans la migraine chronique [75] (AP).

    IV.3.1.2 Toxine botulinique de type A

    Il y a une dizaine dannes, plusieurs tudes thrapeutiques contrles

    consacres la prvention de la migraine pisodique nont pas permis de

    dmontrer un effet antimigraineux de la toxine botulinique de type A [76,

    77, 78, 79, 80] (grade A). Une analyse a posteriori de certaines des donnes

    ainsi colliges rapportait que les sujets souffrant de migraine pisodique

    haute frquence pouvaient bnficier de ce traitement [80]. Ces donnes ont

    suggr une efficacit potentielle de la toxine botulinique de type A dans

    la migraine chronique et a conduit un dveloppement clinique spcifique

    dans cette indication. Ce dveloppement, intitul PREEMPT, a repos sur

    deux tudes de phase III [81, 82] dans lesquelles ont t inclus 1384 patients

    randomiss pour recevoir soit 155 U de toxine botulinique de type A, soit un

    placebo administrs en intramusculaire dans 31 sites cphaliques et cervicaux.

    Dans la premire tude ralise uniquement aux USA, le critre principal

    dvaluation initialement choisi tait le nombre dpisodes cphalalgiques et il

  • 30

    na pas permis de diffrencier la toxine botulinique de type A du placebo [81].

    Aprs information des autorits (Food and Drug Administration), le nombre

    de jours avec cphales a t substitu au nombre dpisodes cphalalgiques

    et, sur ce critre, la toxine botulinique de type A sest avre significativement

    suprieure au placebo [81] (grade B). Dans la second tude ralise aux USA et

    en Europe, le nombre de jours avec cphale, utilis comme critre principal

    dvaluation, a permis de montrer que la toxine botulinique de type A tait

    suprieure au placebo [82] (grade A). Par ailleurs, une analyse combine des

    rsultats de ces deux tudes a dmontr une supriorit significative de la

    toxine botulinique de type A qui a concern les diffrents critres dvaluation

    portant sur la cphale, mais galement des critres globaux portant sur

    limpact de la migraine chronique [83] (grade A).

    Nanmoins, la magnitude de leffet thrapeutique tait modeste [84] et le

    maintien de laveugle na pas t vrifi lissue de ces tudes. Lanalyse

    combine des rsultats de ces deux tudes ne portant que sur les sujets qui

    prsentaient un abus mdicamenteux linclusion (65,3 % des sujets) a mis en

    vidence une diffrence statistiquement significative en faveur de la toxine

    botulinique de type A sachant que cette analyse na ce jour t prsente

    que sous la forme dune communication [85]. Par ailleurs, les deux tudes nont

    tonnement pas objectiv de rduction significative de la consommation en

    traitement de crise. En dpit de difficults mthodologiques lies des critres

    dvaluation principaux non similaires, la comparaison indirecte de leffet

    thrapeutique de la toxine botulinique de type A et du topiramate, na pas mis

    en vidence de diffrence significative (rduction du nombre de jours mensuels

    avec probable migraine ou avec migraine de 8,8 pour la toxine botulinique de

    type A et 6,4 pour le topiramate) [60] (grade C). Cette comparaison indirecte a

    montr une incidence moindre deffets indsirables avec la toxine botulinique

    de type A (29.4 % versus 12.7 % placebo) quavec le topiramate (65.0 % versus

    42.9 % placebo) [60] (grade C).

    IV.3.1.3 Stimulation du nerf grand occipital

    A ce jour, les observations de 500 patients souffrant de migraine chronique

    et ayant t traits par stimulation du nerf grand occipital ont t rapportes

    dans la littrature avec une amlioration pour 56 % dentre eux [86]. Trois

    cent quarante-huit dentre eux ont t traits dans le cadre de trois tudes

    contrles. La premire, dnomme PRISM et qui na t rapporte que sous la

    forme dune communication [87], concernait des patients souffrant de migraine

  • 31

    chronique mais galement de migraine pisodique haute frquence et a t

    ngative sur le critre dvaluation principal qui tait la rduction du nombre

    mensuel de jours avec migraine (grade C). La deuxime, dnomme ONSTIM

    et concernant uniquement des patients souffrant de migraine chronique, a

    galement t ngative sur le critre dvaluation principal composite qui

    tait une rduction de 50 % du nombre mensuel de jours avec cphale ou

    une rduction de lintensit douloureuse dau moins 3 points sur une chelle

    de Lickert en 11 points [88] (grade C). La troisime tude, ne concernant que

    des patients souffrant de migraine chronique, na pas permis de diffrencier la

    stimulation active de la stimulation sham sur le critre dvaluation principal

    qui tait le pourcentage de sujets avec une rduction dau moins 50 % de

    lintensit douloureuse moyenne mesure sur une chelle visuelle analogique

    [89]. Nanmoins, dans cette dernire tude, la stimulation active tait

    significativement suprieure la stimulation sham en termes de pourcentage

    de rpondeurs dfinis par une rduction de 30 % de cette intensit sachant

    que tous les autres critres dvaluation secondaires (en particulier nombre

    mensuel de jours avec cphale, retentissement fonctionnel sur lchelle MIDAS

    et qualit de vie) taient en faveur de la stimulation du nerf grand occipital

    (grade B). En termes de tolrance, la stimulation du nerf grand occipital reste

    invasive notamment du fait de la ncessit dune anesthsie gnrale pour

    raliser limplantation de llectrode et du stimulateur. Elle expose galement

    au risque de migration de llectrode (6,8 24 % dans les tudes contrles).

    Enfin, ce jour, lefficacit et la scurit demploi de la stimulation du nerf

    grand occipital nont pas t values au-del de 3 mois.

    iV.3.2 Stratgie thrapeutique

    Un consensus dexperts suggre que les traitements prophylactiques

    pharmacologiques et non pharmacologiques valids dans la migraine

    pisodique peuvent tre utiliss dans la migraine chronique [60]. Nanmoins,

    considrant les donnes factuelles, le traitement prophylactique de premire

    intention de la migraine chronique devrait tre le topiramate (AP) qui dispose

    en France dune AMM dans la prophylaxie de la migraine sans considration

    de sa forme clinique.

    En labsence defficacit, dintolrance ou de contre-indication de ces

    traitements, il est recommand de raliser une valuation au sein dune quipe

    spcialise (AP).

  • 32

    Ce nest qu lissue de cette valuation, que peut tre ventuellement

    discute lindication dun traitement par toxine botulinique de type A et/ou

    par stimulation du nerf grand occipital (AP). Cependant, il convient dinsister

    sur le fait que la toxine botulinique de type A ne dispose pas en France dune

    AMM spcifique dans cette indication et quune demande de Recommandation

    Temporaire dUtilisation propose par la SFEMC a t refuse par lANSM. De

    plus, le cot-efficacit de cette approche est toujours discute et aucun critre

    prdictif de rponse na pu tre identifi. Ces dernires limites sont encore plus

    importantes pour la stimulation du nerf grand occipital du fait de son cot et

    de son caractre invasif, sachant que sur le plan rglementaire cette approche

    dispose dun marquage CE.

    IV.4 Prvention de la migraine chronique

    Lpidmiologie analytique a permis didentifier des facteurs de risque

    modifiables de la transformation dune migraine pisodique vers une

    migraine chronique [revue dans 55, 56]. Ces facteurs sont : la frquence

    des crises migraineuses (avec une relation entre la frquence des crises et la

    probabilit de dvelopper une migraine chronique qui nest pas linaire et un

    seuil de majoration du risque partir de 3 crises par mois), laugmentation

    de lindex de masse corporelle, labus mdicamenteux en traitement de crise,

    labus en cafine, les vnements biographiques stressants et le ronflement

    nocturne. Dautres facteurs de risque modifiables potentiels sont galement

    discuts : lexistence dune allodynie cutane, les comorbidits avec un tat

    pro-inflammatoire et un autre syndrome douloureux chronique notamment

    dorigine musculo-squelettique.

    Lidentification de tels facteurs conduit intuitivement envisager une possible

    prvention de la migraine chronique par leur contrle (AP). Nanmoins, il

    nexiste pas de donne factuelle robuste recueillie dans des tudes contrles

    qui atteste de lefficience dun tel contrle.

  • 33

    V. Particularit des CCQ chez les enfants et adolescents

    La dfinition des CCQ chez lenfant et ladolescent, de mme que

    lpidmiologie [90], sont les mmes que chez ladulte (AP). Lpidmiologie,

    la dmarche diagnostique est galement similaire celle propose ladulte,

    mais il est important dinsister sur les particularits observes chez lenfant et

    ladolescent :

    la dure de la phase de transformation de la cphale primaire pisodique

    en CCQ qui est plus courte que chez ladulte (entre 17 et 23 mois) voire

    absente. Dans ce dernier cas, le diagnostic diffrentiel avec les cphales

    chroniques secondaires ou la cphale chronique quotidienne de novo peut

    tre difficile [91] ;

    limportance des vnements biographiques stressants et svres (abus

    sexuels dans lenfance, conflits familiaux, problmes de sant ou dcs dun

    des parents, difficults dans la scolarit) ;

    labus mdicamenteux qui porte le plus souvent sur des antalgiques non

    spcifiques : paractamol et AINS de faon prfrentielle ; sachant quil

    existe souvent un abus en cafine coupl sous la forme dune consommation

    excessive de soda ;

    limportance lors de la prise en charge prophylactique des traitements

    non mdicamenteux coupls lapproche pharmacologique; cette prise

    en charge sadressant la fois lenfant, aux parents, mais galement

    linstitution scolaire (AP).

  • 34

    Annexe 1 Composition du groupe de travail

    Dr Haiel ALCHAAR Neurologue, ANLLF

    Dr Jacques BONNIN Mdecin Gnraliste

    Dr Philippe CORNET Mdecin Gnraliste

    Dr Anne DONNET Neurologue, SFEMC

    Dr Xavier DOUAy Neurologue, ANLLF

    Dr Virginie DOUSSET Neurologue, SFETD

    Dr Genevive DEMARQUAy Neurologue, SFEMC

    Dr Gilles GRAUD Neurologue, SFEMC

    Dr Valrie GUILLOUF Pdo-psychiatre, SFETD

    Dr Michel LANTERI-MINET Neurologue, SFETD

    Dr Malou NAVEz Anesthsiste, SFETD

    Dr Franoise RADAT Psychiatre, SFETD

    Dr Simone RADENNE Mdecin Gnraliste

    Dr Anne REVOL Neurologue, ANLLF

    Dr Dominique VALADE Neurologue, SFEMC

  • 35

    Annexe 2 Composition du groupe de lecture

    Dr Jean-Pierre ALIBEU Anesthsiste-Ranimateur

    Dr Pauline BOULAN-PREDSEIL Neurologue

    Pr Nathalie BRION Thrapeute

    Dr Frdrique BRUDON Neurologue

    Dr Sylvie CHAUVET Mdecin gnraliste

    Mme Martine CHAUVIN Association de Patients (AFVD)

    Dr Christelle CREACH Neurologue

    Dr Emmanuelle DE DIEGO Mdecin gnraliste

    Dr Faycal DEROUICHE Neurologue

    Dr Valrie DOMIGO Neurologue

    Dr Glwadys FONTAINE Mdecin gnraliste

    Dr Magali GARNIER-BUDAI Neurologue

    Dr Pierric GIRAUD Neurologue

    Dr Colette GOUJON Neurologue

    Dr Evelyne GUEGAN-MASSARDIER Neurologue

    Dr Saad KASSNASRALLAH Neurologue

    Dr Anne-Sabrine KOSKAS-SERGENT Mdecin gnraliste

    Dr Jean-Louis LAJOIE Griatre

    Dr Xavier LAQUEILLE Psychiatre

    Dr Dominique LATINVILLE Neurologue

    Pr Claire LE JEUNNE Interniste

    Dr Alberta LORENzI-PERNOT Neurologue

    Dr Christian LUCAS Neurologue

    Dr Gina LUTz Neurologue

    Dr Hlne MASSIOU Neurologue

    Dr Jean-Philippe MULLER Neurologue

    Dr Bndicte NOELLE Neurologue

    Dr Virginie PIANO Mdecin gnraliste

    Dr Eric SALVAT Mdecin gnraliste

    Dr Vincent SORIOT Mdecin gnraliste

  • 36

    Annexe 3 Agenda migraine

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    Jours

    Janvier

    D i fD Mdicaments D i fD Mdicaments D i fD

    fvrier Mars Avril Mai Juin

  • 37

    fD Mdicaments D i fD Mdicaments D i fD Mdicaments

  • 38

    Rfrences

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