De la tribu à l'Usine-CNEPEOM - Province Nord · LA REUSSITE DES CHANTIERS-FORMATION DANS LA ZONE...
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Construire une usine de taille mondiale nécessite des têtes bien faites, des jambes et des bras aguerris. La démarche doit impulser la montée en compétence d’une jeunesse locale, dont une partie vit en tribu et qui ambitionne de faire sienne la dynamique du rééquilibrage territorial.
L’histoire de cette réussite est surtout celle de la conjugaison de multiples initiatives.
DE LA TRIBU A L’USINE
LA REUSSITE DES CHANTIERS-FORMATION DANS LA ZONE VKP
1 De la tribu à l’usine
LA REUSSITE DES CHANTIERS-
FORMATION DANS LA ZONE VKP
UN CONTEXTE HORS DU COMMUN
Signé le 1er février 1998, l’Accord de Bercy inscrit la réalisation d’une unité de traitement de nickel dans le Nord de la Nouvelle-Calédonie comme étant un élément fondateur du rééquilibrage territorial.
La co-entreprise Koniambo Nickel SAS (KNS), dont l’actionnariat est composé de la SMSP (51%) et de Glencore-Xstrata (49%) a ainsi démarré la construction de l’Usine du Nord suite à l’accord de bancarisation obtenu fin 2007. Celle-ci, de taille mondiale et d’un coût de plus de 5 milliards USD, entraine dorénavant la construction d’une agglomération autour des trois communes de Vo-Koné et Pouembout (zone VKP).
DES OPPORTUNITES A SAISIR
Les études ont estimé que la construction de l’usine et son impact sur la zone VKP génèreraient 760 emplois directs et 2550 emplois induits.
Pour ceux-ci, 24 métiers dédiés à la construction ont été considérés comme pouvant être accessibles aux personnes peu ou pas qualifiées, représentant un vivier non négligeable sur le territoire de la Province nord.
Leur insertion fait écho à la démarche politique d’une montée en compétences des salariés locaux.
Le défi :
� Faciliter l’accès aux emplois de la construction à un maximum de ressortissants de la Province nord par des formations adaptées aux publics et aux besoins
� Optimiser la dynamisation liée à la construction de l’Usine du Nord et
les possibilités de formation et d’insertion professionnelle
Intitulés des métiers 1. Arpenteur 13. Manœuvre 2. Buandier 14. Marin 3. Charpentier 15. Mécanicien & montage
d’équipement mécanique 4. Chaudronnier 16. Monteur de charpente 5. Coffreur-bancheur 17. Monteur en tuyauterie 6. Contremaître 18. Opérateur de niveleuse 7. Electricien 19. Opérateur d’engin 8. Elingueur 20. Opérateur d’équipement 9. Femme de ménage 21. Peintre 10. Ferrailleur 22. Plaquiste 11. Homme toutes mains 23. Soudeur spécialisé 12. Magasinier 24. Tallocheur
RELEVER LE
DEFI DE
L’INSERTION
De multiples contraintes
pouvaient laisser croire
le défi insurmontable.
Il aura fallu l’imagination
et l’audace de la
collectivité et d’un
industriel, l’implication
des partenaires, la soif
d’apprendre des jeunes,
pour que la tribu
rencontre l’industrie et
que des difficultés
naisse la réussite.
2 UN PUBLIC (PRE)JUGE INEMPLOYABLE
Face aux formidables opportunités liées à la construction du site industriel et à l’exploitation de l’Usine, il s’est agi de prendre en compte avec pragmatisme la situation en place :
- 85% de personnes peu ou pas qualifiées (niveau V, au mieux) - autant de garçons que de filles - une culture du salariat peu développée afin de viser l’employabilité de près de 500 personnes.
DES CONDITIONS PEU FAVORABLES
Le territoire de la Province nord est étendu, représente plus de la moitié du Pays, compte 199 tribus et 17 langues.
Les jeunes se trouvent en situation d’isolement, compte tenu de l’enclavement des tribus et d’un lien timide avec les structures de placement et d’insertion, malgré l’implantation de plusieurs antennes.
Les transports publics ou privés entre communes restent encore peu développés, les structures d’hébergement pour jeunes sont très rares et leurs capacités limitées.
Ces obstacles ont conduit la collectivité et ses partenaires à imaginer des solutions à la carte.
DES PARTENAIRES INVENTIFS
Une implication très forte de la collectivité a été nécessaire pour convaincre des partenaires n’ayant jamais mis en œuvre des chantiers-formation à cette échelle. Il s’est également agi de mettre autour de la table des acteurs peu habitués à conduire des actions communes (structures de placement et d’insertion/ agences d’intérim). L’enjeu et les défis ont pourtant permis de créer l’union sacrée.
ACTEURS ROLES DEFIJ Coordination administrative et logistique, suivi, financement du chantier CAP emploi/ MLIJ/ Agences intérims
Identification, information, mise en relation, suivi post- formation
Psychologue référent Positionnement des candidats KNS/ EK Gestion des modalités logistiques (sécurité, hébergement, transport) Entreprises/ Fédérations Définition des contenus pédagogiques et accueil des stagiaires
La nomination de référents au sein de chaque entité, particulièrement au sein de KNS, aura été un facteur de réussite, au regard du vivier de candidats à gérer et des nécessités de coordination de l’ensemble de la démarche. Au plan pédagogique, les partenaires se sont accordés pour sortir des sentiers battus et établir un programme « à la carte » : - la prise en compte du « savoir-être » (sécurité et règles du site, ponctualité, assiduité) avant même celle du
« savoir-faire »,
- des contenus et des durées adaptés à un public sortir du système scolaire et de ses rythmes,
- des modules techniques avec les comportements et gestes professionnels de base de 5 à 6 semaines en centre et une période en entreprise d’une durée identique sur le site industriel,
L’objectif était une mise en pratique au sein d’un chantier industriel de classe mondiale, employant plus de
6300 salariés au pic de la construction et très exigeant au plan de l’hygiène-sécurité.
3 Le processus a schématiquement été le suivant :
UNE MISE EN ŒUVRE INNOVANTE
VEHICULER L’INFORMATION L’étendue du territoire et la dispersion du public de l’insertion ont nécessité de faire se déplacer l’information et le recrutement jusque dans les communes de la Province nord.
Un bus aux couleurs de la DEFIJ-PN, cofinancé par l’Europe (IXème FED), a été à la rencontre des jeunes, pour la plupart inconnus des services d’insertion et de placements. Les Mairies pour fournir les salles, la DEFIJ et KNS pour informer, un psychologue référent pour positionner les candidats, Cap Emploi et la MLIJ pour effectuer les entretiens de recrutement directement in situ. Pour la première fois, la province Nord a eu recours à un plan de communication à part entière. Tous les supports ont été utilisés : radio, affichage, prospectus, goodies, presse locale et presse calédonienne.
ACCORDER DU CREDIT A DE L’EXPERIENCE « AU BLACK »
La plupart des candidats ont une expérience plutôt extra- professionnelle, informelle voire non-bancarisée. Le défi a été de les capitaliser et de les prendre en compte pour ne pas fermer les portes de l’insertion professionnelle. La démarche a nécessité de réinventer les prérequis, avec l’accord des représentations professionnelles et en tenant compte du contexte local.
MOBILISER FORTEMENT LES FINANCEMENTS
Plus de 228,16 millions CFP en trois ans (1,9 M€) pour former environ 350 personnes (hors frais logistiques, d’hébergement et de restauration). La province Nord comme principal contributeur (78%). Une participation de la Nouvelle-Calédonie de 25 millions CFP par an (0,2 M€) sur 2 ans. Les frais logistiques assurés par l’industriel.
Formations courtes en alternance :
Formation technique en centre + Formation pratique sur le site industriel
5 à 6 semaines x 2
De la technique
Avec des organismes de formation impliqués
De la pratique
Avec des entreprises jouant le jeu, impliquées et ayant
une vision à long terme
Des hommes et des femmes n’ayant pas forcément une expérience
professionnelle mais motivés avec une réelle volonté de s’insérer
4 ASSURER UNE COORDINATION SANS FAILLE La mise en œuvre des chantiers-formation a nécessité un réel effort de coordination, en raison de l’importance du projet et de la multiplicité des partenaires. Un Comité de pilotage et un Comité de suivi ont été mis en place à cet effet, à l’initiative de la collectivité. Le Comité de pilotage a réuni : le Cabinet politique de la province Nord, la DEFIJ, la Cellule Koniambo, KNS, Cap Emploi, les Chambres consulaires, les entreprises locales (Association Ecko), les agences d’intérim. Le Comité de suivi comptait une représentation technique de ces instances.
Très fréquentes au démarrage et en période de lancement, les réunions de ces comités se sont progressivement espacées. Les deux Comités ont fusionné en fin de dispositif.
DES RESULTATS A LA HAUTEUR DES AMBITIONS
� Bonne adéquation entre l’offre de formation et la demande des employeurs.
� Une montée en compétence des ressortissants du nord avec une évolution des certifications
� Expérience de partenariat
� Des pôles métiers qui conviennent aux besoins
� Des partenaires impliqués
� Des entreprises engagées et satisfaites des candidats
� Des organismes de formation satisfaits en général des candidats
� Un impact professionnel satisfaisant avec un taux d’accès à l’emploi à 82%
� Une contribution à la paix sociale au travers à l’accès à l’emploi
� Le dispositif a permis de maintenir une partie de la population du nord dans sa région
� Une grande proximité entre la collectivité, l’industriel et les chefs d’entreprise de la province nord
� Une mise en évidence des lacunes de la région en matière de transport urbain et de structures d’hébergement.
Comité de pilotage
Décisions stratégiques, examen des bilans, voies d’amélioration :
Synthèse des constats, des propositions et recommandations du comité de suivi
Appréciation et accompagnement de mesures d’adaptation sur les bases des recommandations du comité de suivi
Relais institutionnel
Ajustement/propositions
Comité de suivi
Suivi et bilan mensuel ou trimestriel :
Bilan sur la communication
Bilan opérationnel des partenaires, pour chacun des rôles (bilan pré-positionnement, bilan positionnement organismes de formation, entreprises d’accueil)
Bilan quantitatif (nombre de personnes en formation, nombre d’embauchées, ...) et qualitatif (pertinence du choix des métiers)
Constats/ propositions/ recommandations
5
CHIFFRES CLES
760 emplois directs potentiels
24 métiers visés
85% de personnes peu ou pas qualifiées
13 communes visitées
29 réunions d’information
166 candidats reçus en 2010
350 jeunes en chantiers-formation sur le site de Vavouto
10 à 12 semaines en alternance
82% d’accès à l’emploi
228,16 MCFP (1,9 M€) de frais pédagogiques
114,08 MCFP (0,95 M€) de frais logistiques et d’environnement
2 instances de pilotage et de suivi
1 élan collectif
Direction de l’Enseignement, de la Formation, de l’Insertion et de la Jeunesse (DEFIJ)
Anne CARREAU Directrice adjointe Formation, insertion des jeunes
Gina ETIENNE Chef de Service
Cellule Koniambo Accompagnement de l’Usine du Nord
Luc BATAILLÉ Chef de la Cellule Koniambo
Frédéric WAMAI Chargé de mission emploi-formation
Rédacteurs et contributeurs